le dieu Râ à Héliopolis,le dieu Kern à Thèbes, le dieu Mentu à Hermonthis,
étaientreprésentés sous la forme d'un taureau. Les Babyloniensreprésentaient ainsi
Adad, le dieu de la pluie fécondante, et lesAraméens Hadad (dieu qui était adoré aussi
chez les Hittites). Dansle monde égéen, le Dionysos crétois, dieu de la végétation et de
lavie, était aussi figuré sous la forme d'un taureau. On ne peut doncpoint s'étonner
qu'Israël, dans ses temps primitifs, ait fait de mêmepour son propre Dieu (voir
l'épisode du taureau d'or au pied duSinaï, Ex 32,De 9, et le taureau érigé par
Jéroboam à Dan et àBéthel, 1Ro 12:29,2Ro 10:29). Cette représentation,inconciliable
avec le culte jéhoviste instauré par Moïse, futconstamment combattue par les
prophètes. S'appuyant sur une ressemblance phonétique, certains savants ontidentifié
le
reêm
biblique avec l'antilope oryx (arabe
rîm
),qui habite les solitudes voisines de la
Palestine. Mais cet animal nerépond pas aux descriptions de la Bible. Les LXX ont
rendu
reêm
par
monokéros
et en ont fait un animal fabuleux unicorne (la«licorne» de
nos vieilles versions, et du Psautier, jusqu'à Mart. etOst.). Le
reêm
est en réalité un
bovidé bicorne. La Bible décritsa grande force, sa férocité, ses cornes redoutables (No
23:22,De33:17,Ps 22:22 92:11,Esa 34:7, cf. Job 39:12-15). Ps 29:6le met en parallèle
avec le boeuf domestique. D'après Esa 34:7,il était agréé pour le sacrifice. Il ne peut
s'agir du buffle indien(voy. plus haut), mais plutôt d'un des grands bovidés sauvages
quipeuplaient jadis les forêts de la Palestine et dont quelques dentsont été découvertes
dans une station ossifère du Liban: le bison etl'aurochs. Le bison
(bison bona-susovl
bosurus),
aux cornescourtes et fortes, souvent appelé aujourd'hui aurochs et confondu
àtort avec
l'urus
de César, n'a plus que quelques descendants dansles forêts de
Lithuanie et dans quelques recoins perdus du Caucase.Le vrai aurochs ou boeuf
ancien des Germains existait encore au tempsde César, qui le décrit sous le nom
d'urus,
corruption d'aurochs
(De Bello Gallico,
6:28). C'est le
bos primi-genius
desnaturalistes. Ce bovidé, aujourd'hui éteint, d'où proviennentpeut-être nos boeufs à
longues cornes, était une bête énorme auxcornes longues et puissantes. Les rois
d'Assyrie, qui chassaient cefauve presque aussi redoutable que le lion, l'ont représenté
surleurs monuments; une inscription de Salma-nasar III dit: «Je foulaiaux pieds son
pays, comme un
rimoû.»
C'est certainement le
reêm
Pour le «boeuf sauvage»
(teô)
de De
14:5 etEsa 51:20, voir Antilope. E. D.