Page 1206 - Dictionnaire Westphal

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BIBLE (Commentaires sur la)
Un commentaire (lat.
commentarius,
de
commentari--
méditer)est un ensemble continu
de notes et d'explications sur toutes lesparties d'un ouvrage; on peut aussi l'entendre
d'une expositiondéveloppée des vérités qui y sont contenues. Plus un livre
estimportant, plus il est ancien, surtout quand il a été composé dans unmilieu
étranger et différent de nous par les moeurs comme par lalangue, et plus les
commentaires sont nécessaires pour expliquer lestermes employés, ou pour nous
ramener au cadre dans lequel l'ouvragea été conçu. On comprend dès lors que la
Bible, le livre importantentre tous parmi ceux que l'antiquité nous a légués, et dont les
deuxparties ont été écrites loin de nos contrées, dans des langues mortesou
transformées, ait inspiré d'innombrables commentaires fournissantdes
éclaircissements sur les langues hébraïque, araméenne et grecque,ainsi que sur les
lieux, les faits, les usages, les notions du peupledont la Bible nous parle et des nations
avec lesquelles ce peupleétait entré en contact. Négliger ce que les commentaires
bibliquesnous apprennent, c'est se vouer à une ignorance qui ouvre la voie àla
superstition. Le commentaire peut s'appliquer aux questions dephilologie et d'histoire,
ou se proposer un but pratiqued'édification. Ses moyens sont
l'exégèse
(du grec
exêgesis,
explication), science qui s'occupe de l'étude grammaticale destextes, du sens
des termes, de la construction des phrases, de lalinguistique comparée, et la
critique
(voir ce mot). Avant la venue de J.-C, la Bible hébraïque ayant dû être traduiteen
araméen, les Juifs entreprirent des commentaires sur nos livressaints, qui donnèrent
naissance aux
Targums
(voir ce mot). LesPères de l'Église commentèrent aussi le N.T.
sous forme d'homélies.Le premier commentaire proprement dit, expliquant chaque
livre,verset par verset, fut celui d'Origène (185-253), dans les milieuxchrétiens le grand
maître de l'interprétation allégorique desEcritures. (cf. Ga 4:24) Il y fut entraîné par
ses étudesphilosophiques, bien qu'il ne se réclame pas de Philon. L'origine decette
forme de commentaire est dans la croyance que «sous le senslittéral du récit se cache
un autre sens», et que «la narration ditautre chose que ce que les termes signifient»
(Mangenot). Telle étaitla conviction de siècle Thomas
(Sont. Théol.,
1 q. 19, a. 10).
Onsaisit aisément combien le souci de trouver partout dans l'Écritureun sens typique,
prophétique ou caché pouvait détourner lescommentateurs de l'interprétation littérale,
naturelle, historique,et les égarer dans la fantaisie. Cette recherche du sens
allégorique,très en honneur déjà chez les rabbins et chez plusieurs Pères del'Église, a
nui pendant longtemps à une sainte connaissance de laBible. Siècle après siècle, les
savants rabbins et les docteurschrétiens rivalisèrent de science pour résoudre les
problèmes decomposition, d'histoire et de doctrines que pose le texte sacré. Chezles
Juifs, la
Mischna,
interprétation de la loi mosaïque, estcommentée à son tour et
devient le
Talmud
(voir ce mot). Plustard, le rabbin Aben-Esra (Mort en 1165), les
grands philologues dela Provence et du Languedoc au XIII e siècle, les Kimchi, les
Jarchi,Samuel Tibbon, etc., et le rabbin Isaac Abra-banel (Mort en 1509)furent