Jérusalem. Les livres des Prophètes ne sont que larédaction, par eux-mêmes ou par
leurs disciples, de résumés plus oumoins étendus de quelques-uns des discours où
s'exprima l'actionardente de leur ministère. En bien des cas, ils ont été recueillissans
ordre et dans des conditions qui nous rendent difficile, parfoismême impossible, de
nous faire une idée de ce que fut la vie de ceshommes de Dieu. Le livre des Psaumes,
recueil des cantiques du peuplejuif, n'est que la réunion de plusieurs collections de
chants oùs'était exprimée depuis le temps de David, à travers tous lessiècles, la piété
individuelle et collective. Il va sans dire que ceslivres, une fois écrits, ont eu une action
souvent très grande sur ledéveloppement religieux d'Israël. Il n'en demeure pas moins
quepartout et toujours la révélation de Dieu, la réaction du peuple,l'expérience des
croyants, la religion vivante du peuple élu dans sesmilieux fidèles, ont précédé et
provoqué le livre que nous lisonsdans l'A.T. Ceci est un fait capital qui nous explique
comment il sefait que ce Livre renferme en même temps que la part de
Dieu:manifestation divine dans l'histoire, la part de l'homme:interprétation parfois
erronée donnée par l'écrivain à l'interventiond'En-haut. Le N.T. a eu la même origine et
le même développement que l'A.T.Jésus, à notre connaissance, n'a rien écrit. Il n'a
laissé aucun codereligieux à ses disciples. Il a fondé ici-bas le Royaume de Dieu parsa
parole révélatrice (voir Révélation) et par son exemple, par lebaptême et par la Cène,
puis il a ordonné à ses disciples de luiservir de témoins «jusqu'aux extrémités de la
terre». Jésus a vécu,il a exercé son ministère, il a été crucifié et il est ressuscité. Ila
lancé ses apôtres à la conquête du monde, et ceux-ci ont entreprisleur tâche, soutenus
par l'Esprit que Jésus leur avait promis, alorsqu'il n'existait aucun des livres du N.T.
La plus ancienne page duN.T. que nous possédions, la première lettre de Paul, est
postérieured'au moins deux ans au Synode de Jérusalem, c-à-d. à l'assemblée
quidonne à l'Eglise universelle sa première organisation. Ce n'est doncpas le N.T. mais
la révélation du Christ qui a fait l'Église, uneÉglise vivante, agissante, progressive,
réalisée sur terre juivecomme sur terre païenne en des types divers, parfois
contradictoires,Église qui mettait peu à peu en oeuvre toutes les ressources
del'Évangile sous l'impulsion de l'Esprit, mais qui n'était pas pourcela exempte de
tâtonnements et d'erreurs. Cette Église apostoliqueprêchait l'Évangile, mais n'avait pas
pour loi des documents qui nevinrent qu'après, expressions de la foi et recueils
providentiels dela révélation. Ainsi s'explique que les livres du N.T. ne se donnentpas
comme la charte constitutive de l'Église, mais apparaissent dansla plupart des cas très
clairement comme des ouvrages occasionnels,des oeuvres épistolaires nées de
circonstances locales et destinées àrépondre aux besoins particuliers des individus ou
des communautés.Quand leurs auteurs tenaient la plume, il n'entrait en rien dans
leurintention de légiférer pour toutes les Églises de tous les temps.Lorsqu'on a compris
cet ensemble de faits et replacé les écrits duN.T., comme ceux de l'A.T., dans le cadre
qui les a vus naître, unetriple conclusion s'impose:
1.
que la religion dont la Bible est
le document sacré n'est pas néede la Bible qui lui rend témoignage et dont la