Page 1039 - Dictionnaire Westphal

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le passage de la 2 e personneplus personnelle à la 3 e plus générale, que la
modificationcontraire. Cette différence est d'ailleurs très secondaire.
2.
Il y a dans
Matthieu huit béatitudes et dans Le quatreseulement, suivies de quatre malédictions
correspondantes. Luc nerapporte que les 1 re, 2 e, 4 e et 8 e béatitudes de Matthieu
Pourquoi? Ilest évident que les béatitudes spéciales à Matthieu sont
authentiques.Elles ont bien le timbre des paroles de Jésus. Mais peut-
êtren'appartenaient-elles pas primitivement au Sermon sur la Montagne. Eneffet si
Jésus avait prononcé ces huit béatitudes groupées commeelles sont rapportées dans
Matthieu, on comprendrait mal pourquoi Luc enaurait laissé tomber quatre. Il est plus
simple d'admettre que lesbéatitudes 3, 5, 6 et 7 ont été prononcées dans des
circonstancesindéterminées et que Matthieu les a rattachées aux quatre béatitudes
duSermon sur la Montagne.
3.
Dans les béatitudes 1 et 4, communes aux
deuxévangiles, une légère différence de forme modifie le sens d'une façonnotable. Luc
dit: «Heureux les pauvres», Matthieu «les pauvres
enesprit».
Luc dit: «Heureux ceux qui
ont faim», Matthieu «ceux qui ont faimet soif
de la justice».
Quelle est la forme
originale?a)En faveur de la priorité de Matthieu on invoque l'ébionisme de Lucc'est-à-
dire sa tendance à glorifier la pauvreté (voir Luc). On faitremarquer surtout que les
béatitudes de Matthieu, qui font dépendre lebonheur d'une attitude intérieure et non
des circonstancesextérieures, sont beaucoup plus dans l'esprit de Jésus que celles
deLuc. Il serait bien étonnant que ce fût un copiste qui eût enrichi etspiritualisé les
paroles de Jésus.b)En faveur de la priorité de Luc on fait remarquer que la forme
plusbrève et plus paradoxale de Luc est beaucoup plus dans la manière deJésus.
D'autre part, la tradition a tendance à atténuer lesdéclarations sévères pour les rendre
plus acceptables, plutôt qu'àles renforcer. On ajoute que Matthieu a pu interpréter les
paroles de Jésusdans leur sens spirituel sans être infidèle à sa pensée, tandis quesi
Luc avait fait le contraire et avait délibérément matérialisé lapensée de Jésus, ce serait
une véritable trahison. C'est lui faireinjure que de l'accuser d'ébionisme.c)Il semble
que d'une part la forme de Luc est plus dans la manière deJésus et que, d'autre part,
la spiritualisation de Matthieu est bien dansson esprit. Ainsi nous trouverions dans
Matthieu les vérités cachées sousune forme plus ramassée et plus paradoxale dans
Luc. Luc c'est ladéclaration frappée en médaille, faite tout d'abord; Matthieu
c'estl'explication. «Lu c'est le texte, Matthieu c'est le commentaire.»D'ailleurs, on peut
fort bien admettre que l'explication ne vient pasde l'évangéliste, mais de Jésus lui-
même. Très souvent, il revenaitsur une première affirmation brève et générale et la
développait.C'est ce que nous voyons même dans la 8 e béatitude (verset 11), quiest
reprise et expliquée par lui dans le verset 12. La piété chrétienne, à travers les siècles,
s'est nourrie desbéatitudes. «C'est là, dit Luther, une introduction belle, douce,pleine
d'amour à la doctrine et à la prédication de Jésus. Il neprocède pas comme Moïse ou
les docteurs de la loi par des ordres, desmenaces, des terreurs, mais de la manière la
plus affectueuse, laplus propre à attirer les coeurs et par de gracieuses