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Ces observations de détail n'ont nullement pour but d'ébranler la juste
confiance qu'inspirent, dans leur ensemble les traductions de la Bible,
spécialement en langue française. Non-seulement elles portent. sur des points
tout-à-fait secondaires, mais encore les diverses améliorations que nous
venons d'indiquer peuvent être faites aisément par chacun, à l'aide soit du
simple bon sens, soit d'un peu d'attention, soit des passages parallèles. Mais il
n'en reste pas moins vrai que tout ce qui peut tendre à établir ou constater la
complète intégrité du livre de Dieu doit être désiré et doit être fait.
Rendons grâces à Dieu de ce qu'il nous a donné une révélation écrite, l'Écriture
au lieu de la tradition, un livre qui reste toujours le même au milieu des
mouvements et des fluctuations diverses de la pensée et de la conscience
humaine. Si la société, si même l'Eglise vient à déchoir de la foi, si les dogmes
s'altèrent, si la vérité se voile, si la morale est faussée, le désordre ne peut
subsister longtemps, le livre de la Réformation est là. Mais n'oublions pas aussi
le respect avec lequel nous devons l'étudier; c'est Dieu qui nous parle, comme il
parlait à Adam dans le jardin, à Israël dans le désert, de Moïse sur la
montagne, à saint Jean dans l'île de Pathmos. Cette Parole qui est devant nous,
c'est cette même voix puissante de laquelle les Israélites désiraient qu'elle ne
leur fût plus adressée, et dont Esaïe disait, dans le sentiment de son indignité:
“Malheur à moi, car je suis un homme souillé des lèvres!” Écrite, elle est moins
redoutable que parlée; mais elle n'est ni moins vraie, ni moins sérieuse, ni
moins solennelle. La facilité que nous avons à consulter les oracles de Dieu
peut nous devenir en piège, et quand nous les lisons chaque jour, nous
pouvons trop aisément oublier que la Bible n'est pas un livre comme un autre.
Il nous faut suppléer par le recueillement et la prière aux émotions que la voix
de l'Eternel produisait en ceux qui l'entendaient aux premiers siècles du
monde, et nous rappeler que les paroles que nous lisons ne sont point les
paroles d'un de nos semblables, mais celles de notre Créateur, de celui qui sera
un jour notre juge.