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un type du grand salut qui est en Christ, comme une figure du voyage du
peuple racheté de Dieu vers la Canaan céleste, sous la conduite et la
direction de leur grand Dieu et Sauveur (Esaïe, XXXII, 2; XLII, 16; LI, 11).
Parmi les dispensations les plus remarquables de la Providence rapportées
dans cette histoire, il faut noter avant tout la manière merveilleuse dont
Dieu inclina le coeur de plusieurs rois païens, Cyrus, Darius, Artaxercès, à
favoriser et à protéger son peuple, et à l'aider dans l'oeuvre de sa
restauration (I, IV, VI et VII). Il faut admirer aussi comment Dieu déjoua
l'opposition des Samaritains, le décret de Darius, qui en fut la conséquence,
étant beaucoup plus favorable encore que n'avait été celui de Cyrus (Esdras,
I, et V, VI). Un autre fait, non moins caractéristique des soins attentifs et
minutieux de la Providence dans l'accomplissement de ses promesses, se
trouve dans cette circonstance, que, tandis que des colonies étrangères et
païennes s'étaient établies dans le royaume de Samarie, de manière à
prévenir et empêcher le retour de ses anciens habitants, le royaume de Juda
était resté à peu près inoccupé et n'avait conservé que les débris de ses
anciens habitants, tellement que le retour des Juifs et la restauration du
pays put s'effectuer de la manière la plus facile et la plus naturelle.
Différent à cet égard de Néhémie, Esdras paraît s'être fixé à Jérusalem. On
raconte qu'il atteignit un âge fort avancé, l'âge de Moïse, cent vingt ans. Les
Juifs l'estiment, comme restaurateur de leur culte, presque à l'égal de
Moïse, leur législateur. Il exerça le pouvoir civil pendant environ douze ans.
On voit par le livre d'Aggée qu'il remplissait avec zèle les fonctions sacrées
de son ministère, et qu'il fut en beaucoup de choses, et notamment pour la
régénération du peuple, le collaborateur énergique de Néhémie, qui lui
succéda comme gouverneur du pays.
Il parait à peu près certain que c'est lui qui a formé la collection définitive
des livres sacrés et ainsi fixé le canon de l'Ancien-Testament.
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§ 97. Aggée (520 à 518 avant Christ).
- On suppose généralement
qu'Aggée est né dans la captivité et qu'il a quitté Babylone avec Zorobabel
(Esdras, II, 2). Il est le premier des trois prophètes qui furent suscités de
Dieu au retour de l'exil pour fortifier les Juifs et les exhorter; il eut pour
mission spéciale d'encourager Zorobabel et Jésuah, le souverain
sacrificateur, à recommencer les travaux du temple, interrompus depuis
près de quatorze ans par les Samaritains et par d'autres adversaires, dont
les artifices ne tendaient à rien moins qu'à réduire à néant le décret de
Cyrus (Esdras, IV, 24). Bien que ces obstacles matériels eussent fini par être
écartés, les Juifs montraient peu d'empressement à reprendre le travail du