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Il commença à prophétiser vers la cinquième année de la captivité de
Jéhojakim (I, 2), c'est-à-dire pendant le règne de Sédécias, et il continua au
moins jusqu'à la vingt-septième année de sa propre captivité (XXIX, 17).
L'année de sa première prophétie est ainsi la trentième du règne de
Nabopolassar et de l'ère de la réforme de Josias. C'est probablement à cette
circonstance que se rapporte le chiffre indiqué I, 1, ou bien à la trentième
année de son âge (cf. Nomb., IV, 3). L'influence dont il jouissait ressort des
nombreuses visites qui lui étaient faites par des anciens, désireux de
connaître les révélations que Dieu lui confiait (VIII, 1; XIV, 1; XX, 1).
Ses écrits dénotent une vigueur remarquable, et l'on voit qu'Ezéchiel était
bien qualifié pour lutter contre le peuple de col roide et de coeur dur, auprès
duquel il était envoyé. Ce qui le caractérise surtout, c'est le parfait accord
entre son ministère et sa vie toute entière il n'agit, ne parle, ne pense qu'au
point de vue de son oeuvre toujours il se souvient qu'il est prophète. Sous ce
rapport, ses écrits contrastent singulièrement avec ceux de Jérémie, son
contemporain, qui plus d'une fois raconte son histoire ou donne essor à ses
impressions personnelles. On voit cependant, par les quelques mots
consacrés à la mort de sa femme, qu'il était susceptible de sentir vivement.
Le point central de tous ses oracles, c'est la destruction de Jérusalem.
Quelques-unes de ses prophéties sont antérieures, les autres postérieures à
cet événement. Son but principal est d'abord d'appeler à la repentance ses
compatriotes endormis dans une trompeuse sécurité, de les prémunir
contre l'espérance illusoire que le secours de l'Egypte leur permettra de
secouer le joug de Babylone (XVII, 15-17. Cf. Jér., XXXVII, 7), et de les
prévenir enfin que la destruction de la ville et du temple est non-seulement
inévitable, mais prochaine. Après cet événement, il s'occupe surtout de
consoler les exilés en leur promettant, par le secours de Dieu, la délivrance,
le retour dans leur patrie et la reconstruction de la ville et du temple; il leur
fait entrevoir aussi, pour relever leur courage, de nouvelles bénédictions.
Entre ces deux grandes divisions de son livre, c'est-à-dire du chapitre XXV
au XXXIIe, nous avons des prophéties contre des peuples étrangers,
prononcées pour la plupart dans l'intervalle entre la première nouvelle du
siège de Jérusalem par Nébucadnetsar et la nouvelle de la prise de la ville
(XXIV, 2; XXXIII, 21). - Les dates de ses prophéties sont en général
clairement indiquées.
Haevernick divise en neuf sections distinctes le livre d'Ezéchiel, et ces
sections sont assez naturelles pour qu'on puisse croire qu'elles ont été dans
la pensée du prophète lui-même.