557
§ 78. Le livre de Joël.
L'auteur et le livre. - La Bible ne nous dit pas autre
chose de Joël, sinon qu'il était fils de Péthuel; la tradition est également
muette à son sujet. On croit qu'il était de la tribu de Ruben, et l'on peut
conclure de ses écrits qu'il vécut dans le royaume de Juda, probablement
pas plus tard que le règne d'Hosias (810 à 758); car, quand le prophète
parle des ennemis de son pays, il nomme les Phéniciens, les Philistins, les
Iduméens et les Egyptiens (III, 4-19), et il ne fait aucune allusion à l'Assyrie
ni à Babylone; ce qu'il eût certainement fait, si ces deux vastes empires
eussent déjà été redoutables pour Israël. Tout le livre indique d'ailleurs que
le prophète vivait à une époque où le peuple de Juda n'était pas encore
tombé dans cette dépravation qui plus tard amena sur lui de si terribles
châtiments. Sans doute le coeur d'Hosias s'était déjà élevé pour sa perte;
mais, quoique présentés sous une forme historique, les maux décrits par le
prophète semblent, plutôt appartenir à l'avenir qu'au présent. Joël était
contemporain d'Osée et d'Amos; et de même que ces derniers s'adressaient à
Israël, pour lui il s'adressa surtout à Juda.
Dans le premier chapitre (I à II, 11), le prophète décrit, avec une grande
énergie une prochaine désolation du pays, l'invasion de plusieurs armées de
sauterelles et une affreuse sécheresse, voulant sans (Joute représenter par
ces images les calamités qui sont l'accompagnement et la suite des
invasions étrangères.
Puis il exhorte le peuple à la repentance, à la prière et au jeûne (Il, 12-17),
l'assurant que, dans ce cas, les malheurs qui le menacent seront éloignés et
que des bénédictions spirituelles abondantes lui seront accordées. Il
annonce en termes exprès l'effusion du Saint-Esprit (II, 18-31. Actes, Il, 1-
21; X, 41-48) et la destruction de Jérusalem. Ce dernier tableau est peint de
si vives couleurs qu'il semble, en quelque mesure, nous faire assister au
jugement dernier (Il, 30. Matth., XXIV, 29).
Au chapitre III, il prédit le rassemblement des nations dans la vallée de
Josaphat (le jugement de l'Eternel) et leur destruction, l'établissement de
Jérusalem comme la sainte cité, et le glorieux état de paix et de prospérité
dont jouira l'Eglise aux jours du Messie.
Son style est remarquablement clair et élégant, obscur seulement vers la fin
dont les beautés sont comme voilées par des allusions à des événements
non encore accomplis. La double destruction, prédite I à Il, 11, la première
par les sauterelles, la seconde par des ennemis dont elles étaient les avant-
coureurs, est racontée en des termes à la fois métaphoriques et