513
SECTION Ve. - Les livres poétiques
(Psaumes, Cantique des cantiques, Ecclésiaste).
§ 62. L'Ecclésiaste. L'auteur, l'objet et le plan de l'Ecclésiaste.
- Le nom
français de ce livre est emprunté des Septante; il signifie proprement en hébreu
le “prédicateur,” celui qui convoque et rassemble un auditoire pour lui adresser
la parole.
Le grand roi, auteur de ce livre, bien qu'il eût reçu de Dieu une sagesse
extraordinaire, avait fini, sous l'influence des sens, par se détourner de Dieu, et
mettre son bonheur dans des jouissances sensuelles et des pratiques idolâtres
(1 Rois, XI, 1-13); mais il reconnut plus tard sa folie et son égarement, et l'on
suppose que l'Ecclésiaste est le recueil de ses expériences passées. Peut-être
même fit-il une confession publique de ses péchés, et les vérités proclamées
dans ce livre furent-elles exprimées, prêchées, professées publiquement par lui.
Sa réputation de sagesse attirait de toutes parts à sa cour des nationaux et des
étrangers, et après les avoir scandalisés par ses dérèglements, il leur devait
une réparation publique qui ne laissât aucun doute sur la manière dont il
comprenait
le
monde
et
ses
rapports
avec
Dieu.
Le grand objet de ce livre est évidemment de faire ressortir la complète
insuffisance de toutes les choses terrestres, richesses, honneurs, sciences,
affections, pour procurer à l'homme un bonheur solide, véritablement digne de
ce nom. L'Ecclésiaste veut, en montrant la vanité des choses terrestres et qui
n'ont que l'apparence, amener les hommes à rechercher le seul bien réel et
permanent, la crainte de Dieu et la communion avec lui. Vanité des vanités,
voilà sa première leçon. Crains Dieu et garde ses commandements, voilà sa
dernière, la conclusion de son livre. - Pour atteindre son but, l'auteur donne un
abrégé pittoresque et dramatique de sa vie, rappelant non-seulement les faits
extérieurs, mais encore les phases successives de ses expériences morales
dans la poursuite du bonheur, et le faisant avec une vivacité d'expressions qui
ne permet pas toujours de bien distinguer le vieil homme qui se souvient et le
nouvel homme qui se repent. Il montre aussi, mais sur le second plan de son