Page 385 - LE MANUEL DE LA BIBLE

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SECTION II - Difficultés scripturaires. (Suite)
§ 150. Difficultés d'interprétation et contradictions résultant des
termes employés pour l'expression de certaines vérités.
- Il semble
quelquefois y avoir opposition et contradiction dans la manière dont
certaines doctrines sont énoncées et certains devoirs prescrits; dans ce cas,
il importe de bien distinguer le sens littéral du sens figuré, et d'expliquer ou
de compléter le sens d'un passage par les indications de l'autre.
a.
Quelquefois les mots d'un seul des passages doivent être pris dans un
sens figuré. - Vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie (Jean, V, 40)
semble contradictoire avec: Nul ne peut venir à moi si le Père ne le tire (VI,
44). D'après le premier de ces passages, l'homme serait obligé de croire; il
pourrait croire, mais il ne le veut pas; d'après le second au contraire, il
semblerait que l'homme ne puisse pas croire. Est-ce le manque de pouvoir
ou le manque de volonté qui doit être pris au figuré? S'agit-il de la
puissance matérielle ou de la puissance morale; l'un et l'autre sens serait
fondé sur l'Ecriture. Abija ne pouvait point voir à cause de sa vieillesse (1
Rois, XIV, 4). Les matelots ne pouvaient gagner la terre (Jonas, I, 13). Les
frères de Joseph ne pouvaient lui parler avec douceur (Gen., XXXVII, 4).
Comment pouvez-vous dire de bonnes choses étant méchants (Matth., XII,
34.) ? Dans ces deux derniers passages il s'agit, non d'une impuissance
physique, mais d'une forte propension, d'un penchant; et c'est aussi dans ce
sens que notre Seigneur emploie le mot pouvoir; la grâce du Seigneur peut
seule subjuguer le penchant de l'homme vers le mal; mais ce penchant,
résidant dans la volonté, est un péché. Il en est de même de tous les
passages où il est parlé de Dieu en termes appropriés à la faiblesse des
conceptions humaines. - Voyez aussi Matth., XI, 14, et Jean, I, 21.
D'autres fois ce sont les mots des deux passages qui doivent être pris au
figuré.
b.
Les assertions générales d'un passage doivent être limitées par les
expressions plus restreintes d'un autre passage. - Luc, XVI, 18. Marc, X, 11,
12, le divorce est défendu d'une manière absolue; mais, Matth., V, 32; XIX,
9, il est permis pour le cas de l'adultère; et, 1 Cor., VII, 15, l'époux fidèle est
autorisé à se séparer de son conjoint infidèle, si celui-ci le désire et le
demande. - Voyez de même Gen., XIII, 17; XXIII, 17, 18. Actes, VII, 5.
c.
Quelquefois les mêmes mots ont, en différents passages, un sens
différent; il est difficile dans ce cas de trouver le moyen de les déterminer
l'un par l'autre. - Matth., XVIII, 21, 22, le pardon des offenses est
commandé d'une manière absolue; Luc, XVII, 3, 4, il ne l'est que si le frère