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l'un comme dans l'autre système, quelques-uns ajoutent le rétablissement des
Juifs dans leur patrie.
L'accord des différents systèmes va encore plus loin dans les détails. Tous
rapportent sans scrupule à l'Eglise les promesses de bénédictions spirituelles
faites à la dispensation évangélique; tous reconnaissent que le règne de la
justice aura son côté visible, aussi bien que son côté spirituel, qu'il modifiera
d'une manière avantageuse les relations sociales, et qu'il exercera une
heureuse influence sur la société humaine.
La première classe ou école d'interprètes admet tous ces points principaux, et
elle s'en tient là. Elle part de l'idée que les Juifs étaient un type, et que sous ce
rapport leur mission est terminée; que la distinction entre les Juifs et les
Gentils a été formellement abolie; que notre dispensation est toute spirituelle;
elle ajoute, en outre, que si les prophéties devaient être prises à la lettre, elles
nous ramèneraient à la restauration pure et simple du judaïsme, c'est-à-dire à
un système qui appartient plus à l'enfance qu'à la majorité, de l'Eglise; elle
insiste sur ce que ces prophéties, en tant qu'elles concernent le rétablissement
des Juifs, ne sont pas reproduites dans le Nouveau-Testament, et que
plusieurs au contraire, qui semblent se rapporter aux Juifs comme nation,
sont appliquées dans le Nouveau-Testament à l'Eglise ou à la conversion des
Juifs (Actes, II, 17-21. Rom., XI, 26), et elle en conclut qu'une interprétation
spirituelle de tous les oracles ayant une portée de ce genre, est plus conforme à
la teneur et à l'esprit des Ecritures.
La seconde classe va plus loin. Les interprètes qui la représentent le mieux
admettent que ce raisonnement est vrai, mais ils ajoutent qu'il ne renferme pas
toute la vérité. lis font remarquer que les promesses de bénédictions
spirituelles ont été en grande partie réalisées d'une manière littérale; que, dans
les deux dispensations, il est parlé des Juifs comme étant encore des objets de
dilection, “à cause des pères;” que plusieurs prophéties sont encore non
accomplies, celles, par exemple, qui parlent d'Israël et de Juda en termes
inapplicables au premier retour de l'exil, et celles qui ont été écrites plus tard
(Esaïe, XI, 12. Osée, III, 15. Zach., XIV); que le texte de ces prophéties, quoique
souvent applicable d'une manière générale à l'Eglise chrétienne, ne saurait être
considéré comme épuisé, par cette application, sans une violence manifeste
faite aux règles les plus ordinaires du langage, que plusieurs prophéties ayant
déjà reçu un accomplissement dans l'histoire juive ou dans l'Eglise chrétienne,
comme Esaïe, XIII, 9, 10; XXV, 8. Aggée, II, 6. sont représentées dans le
Nouveau-Testament comme réservées à une réalisation encore à venir (1 Cor.,
XV, 54. Héb., XII, 26. Matth., XXIV); et ils concluent de tous ces faits que,