Page 317 - LE MANUEL DE LA BIBLE

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attaque contre Babylone, et la complète destruction de cette puissante cité sont
annoncées comme un seul et même événement, sans que rien indique qu'il
s'écoulera mille ans entre la conquête des Perses et la disparition de cette ville.
- Ainsi encore, Esaïe, X et XI, le prophète annonce que les Juifs seront délivrés
du joug de l'Assyrie; et il confond dans son langage cette délivrance avec celle
qui aura pour auteur le Messie. - Esaïe, Michée, Osée, Ezéchiel et Jérémie
confondent de même ces deux événements, sans indiquer cependant la part
que le Messie prendra à l'un et à l'autre. - Zacharie, qui vivait après l'exil,
rapproche la délivrance spirituelle de l'Eglise, encore bien éloignée, de la
délivrance bien moins éloignée des Juifs sous Alexandre et sous les Maccabées.
- Quand il est parlé de l'humiliation du Messie et de la gloire qui doit suivre, il
est bien rarement fait allusion au temps qui doit s'écouler avant l'établissement
de son règne. L'une et l'autre sont rapprochées presque dans un même verset
(Zach., IX, 9, 10). Joël confond de la même manière la descente du Saint-Esprit
aux jours de la Pentecôte, et son effusion dans les derniers temps (II, 28 et
suiv.).
Quelquefois des dates précises sont révélées aux prophètes, comme pour le
séjour d'Abraham et de sa postérité en Egypte (Gen., XV, 13), - les soixante-
cinq ans de répit accordés au royaume d'Ephraïm (Esaïe, VII, 8), la durée de la
captivité de Babylone (Jér., XXIX, 10). Mais plus ordinairement les prophètes
ignorent les temps et les moments, comme Pierre nous le dit, et comme
Zacharie le reconnaît (Zach., XIV, 7. 1 Pierre, I, 10- 12).
Souvent aussi, au lieu d'être représentés comme successifs, les événements
sont entrelacés l'un à l'autre, fondus comme s'il s'agissait d'un seul fait. Les
derniers chapitres d'Esaïe, et quelques-unes des prophéties de notre Seigneur
sur la ruine de Jérusalem et le jugement dernier (Matth., XXIV, 28, 29) en sont
les plus frappants exemples.
B. Quant au langage.
L'avenir étant ainsi représenté par des visions et sous une dispensation où les
types abondaient, il n'est pas étonnant que la prophétie soit souvent exprimée
en un langage figuré, allégorique et symbolique. Si les oracles avaient été
présentés dans un langage simple et littéral, ils auraient manqué leur but, ou
l'on aurait essayé de prévenir et d'empêcher leur accomplissement, ou bien, au
contraire, on l'aurait provoqué par des moyens humains, et dans l'un comme
dans l'autre cas, la prophétie accomplie n'aurait plus été une preuve de son
origine divine. D'ailleurs, comme toutes les choses terrestres fournissent des
images pour peindre et décrire les choses spirituelles, l'économie juive en