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dont le sol est bon, et qui produira tout ce que l'on voudra, pourvu qu'on le
travaille et qu'on lui donne tous les soins qu'il exige.
Il nous est bon aussi que la vérité se trouve répandue, et pour ainsi dire
éparse, dans les différents livres de la Bible; cela nous apprend d'abord à n'en
négliger aucun, ensuite à ne pas séparer la doctrine de la morale, ni la foi des
oeuvres.
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§ 77. Trois conséquences.
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1°
En ne nous présentant pas la vérité sous une forme systématique, en nous
obligeant au contraire à chercher, à sonder, à coordonner, en faisant appel au
travail individuel, l'Ecriture-Sainte condamne de fait le système d'autorité dont
Rome nous offre le modèle le plus exact, système qui peut plaire, parce qu'il
flatte l'indolence naturelle de l'homme et son apathie dans la recherche de la
vérité, mais qui empêche de parvenir à un résultat sérieux et appréciable.
2°
Une théologie systématique fondée sur la Bible est peut-être le degré le plus
parfait de connaissance, mais n'est pas réellement essentielle à la piété. On
peut se sentir attiré par tout ce qui nous est dit dans l'Ecriture de la bonté de
Dieu; on peut aimer le Rédempteur à cause de son amour, se confier en ses
promesses, se nourrir de sa Parole, régler sa vie sur ses directions, et
cependant n'avoir aucune doctrine bien systématique et ne rien comprendre
aux termes techniques de la théologie. Cette vie de piété et d'amour, cette
soumission à la Providence, cette imitation de Jésus-Christ, est la chose
principale; combinée avec la science, elle constitue un homme vraiment saint
et vraiment sage; mais la vraie sainteté et la vraie sagesse peuvent se
rencontrer en dehors de toutes vues systématiques et scientifiques.
3°
Les catéchismes ont en général pour but de présenter la vérité sous une
forme scientifique, de définir la foi, d'en maintenir l'unité. C'est là leur
avantage, c'est aussi là leur défaut. Ils ne s'adressent qu'à l'intelligence, sous
une forme logique, sèche, presque sans applications, sans exemples, sans
modèles, et par conséquent sans vie et sans puissance. Ils ont leur place
marquée dans l'enseignement de la jeunesse, mais ils sont bien loin de suffire