Page 124 - ISRAEL EST L

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monde. Pourtant, sa place est relative. Dès les premières
générations, les communautés l'ont quitté de loin,
désormais tendues vers une autre cité, “descendue du
ciel”: la Jérusalem Céleste. Le fait que la mort de Jésus ait
lieu à Jérusalem permet déjà de supposer que la ville a été
pour quelque chose dans ce dénouement tragique. Sans
revenir sur le projet de Luc pour qui la montée à
Jérusalem est le but de la vie de Jésus, remarquons que,
pour les trois autres évangélistes, Jérusalem est sans
équivoque la ville qui refuse d’accueillir Jésus. Ainsi dit
l'apôtre Jean:
«Il est venu chez les siens; et les siens ne
l'ont point reçu.» (Jean 1:11)
.
Jérusalem est donc la ville du refus et d'opposition, la
contrepartie de sa réalité spirituelle comme ville de la paix
et de réconciliation. Pour Marc, cela se voit à plusieurs
indices, de plus en plus marqués depuis l’entrée de Jésus
à Jérusalem jusqu’à sa mort. Jésus se heurte d’abord aux
autorités juives (Marc 11:27–12:40). Il dénonce alors un
culte et des pratiques religieuses perverties (Marc 13:24-
27), puis prédit la chute de la ville et la profanation de son
Temple (Marc 13:14-20). Mais le voile déchiré du Temple
montre que la fonction sacrée du sanctuaire est désormais
révolue (Marc 15:33-38). Pour Marc, Jérusalem est sortie
de l’histoire. Matthieu amplifie le thème en l’intégrant à
l’enfance de Jésus: on se souvient qu’Hérode s’allie aux
grands-prêtres et aux scribes de la ville (Matthieu 2:3) et
qu’à leur retour, les mages évitent Jérusalem. Chez Jean,
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