CHAPITRE XIII.


A.D. 1069

LA REINE MARGARET—CONFÉRENCE AVEC LES PASTEURS DE CULDEE.

Nous laissons encore une fois le champ sinistré — la bataille du guerrier avec ses vêtements roulés dans le sang — et Entrez dans l’armoire royale, où l’on retrouve dans un jeu plein et énergique ces forces subtiles qui font plus pour façonner le caractère d’un peuple et fixer ses destinées, que les rudes luttes de l’épée qui se portent avec tant de bruit, et remplissent un si grand espace dans histoire. Les combattants qui nous précèdent ne sont pas des guerriers en cotte de mailles qui portent une visière de fer et manient Glaive en acier. Au contraire, il y a devant nous une dame royale, royale dans l’air comme dans d’une personne avenante, d’une manière douce et gracieuse. Autour d’elle, il y a un groupe de des ecclésiastiques au visage pâle et à la voix douce, aux manières courtoises et à l’aspect étranger : et debout en rangée, face à eux, se trouve un petit corps de clergé colombien, des hommes aux traits graves, dans les habits habituels de leur ordre sacré. Ils sont vêtus d’un capuchon, robe de laine grise et sandales. Leur langue est gaélique. C’est leur langue maternelle.

L’endroit où cette société s’est réunie est la tour Malcolm à Dufermline. La force et non la magnificence a été consultée dans le l’érection de ce donjon. Il est fort, massif et carré, et ses murs, qui sont de grande épaisseur, sont construits à partir de blocs taillés. Son site ajoute à sa force et à sa sécurité. Il est placé sur un plateau rocheux, autour duquel à l’ouest et au sud, la nature, comme dans la prévision que les rois de l’Écosse devaient un jour habiter, a creusé une formidable ravin, de soixante-dix pieds de profondeur, sa face hérissée de rochers et son fond le lit d’un ruissellement d’été, qui, en hiver, se transforme en torrent, et tonne avec des rugir. Derrière, vers la terre, s’élève un bouquet d’arbres, hauts et forts de tige, comme pour barrer l’avance de l’ennemi, et ombrager de leur feuillage d’été les pensionnaires royaux de la « Tour de la Forêt. » C’était tout à fait digne de la demeure d’un roi dans un pays instable. et pourtant ce n’était que le début de ce qui allait bientôt devenir une magnifique palais et un somptueux monastère, et qui, après avoir abrité quatre rois d’Ecosse, ont ont laissé leurs murs brisés et en ruine comme des monuments commémoratifs de notre époque du style dans lequel notre Les monarques étaient logés au XIe siècle.

Un jour, alors que Malcolm Canmore se reposait dans son un messager lui apporta la nouvelle que la famille royale d’Angleterre était arrivée dans son pays. et que le vaisseau qui les transportait était amarré dans le Forth, presque au-dessous les fenêtres de son palais. Malcolm se hâta de se rendre sur le rivage, à environ six milles de là, et l’invita à les illustres exilés dans son château. Chassé d’Angleterre par la terreur de Guillaume le Conquérants, ils étaient venus se jeter sous la protection du monarque écossais. Le groupe se composait d’Eadgar Aetheling, héritier du trône d’Angleterre, de sa mère Agatha, et ses sœurs Margaret et Christina. Avec eux, formant leur suite, vint un nombre considérable de nobles anglo-saxons. La haute naissance et les grands malheurs de ceux qui à qui l’on voit Malcolm Canmore tendre la main de bienvenue et ouvrir la voie à son château, s’adressait d’une manière touchante à quelqu’un qui avait lui-même été déshérité et forcé de manger le pain d’un exilé et chercher la protection d’étrangers. De la fête maintenant devenir des invités dans le palais du roi Malcolm, l’un d’entre eux en particulier commença à trouver grâce aux yeux du vaillant monarque. Il s’agissait de Margaret, la sœur aînée d’Eadgar Aetheling. Ceci La dame royale apporta avec elle à la cour de Malcolm le raffinement et la grâce du sud, à quoi elle ajouta ce que ni les cours ni le climat ne peuvent donner, la douceur de caractère et une grande bonté de cœur. Elle possédait une intelligence vigoureuse, une volonté ferme, une d’une nature sympathique et d’une éloquence gracieuse et abondante. Ces dotations de l’esprit et de la caractère la distinguait, sans doute, des jeunes filles écossaises de ce temps-là, qui avaient pas les occasions pour Margaret d’acquérir du raffinement et du polissage. Deux siècles Auparavant, l’Écosse pouvait se vanter d’avoir une civilisation plus profonde et plus riche que l’Angleterre. Il n’y a pas eu de un puissant principe de raffinement au cœur de la nation écossaise, mais l’influence de l’élément Culdee avait décliné, et la rudesse de la terre septentrionale avait a recommencé à s’affirmer. Dès le jour où Margaret y entra, il y eut une nouvelle lumière la « tour forestière » de Dunfermline, et un nouvel éclat sur la face de sa maître. Margaret devint l’épouse de Malcolm Canmore et la reine d’Écosse. Le mariage en tira les conséquences les plus importantes pour la nation écossaise.

Nous devons nous attarder quelques instants dans le contemplation d’une femme qui a eu une si grande part dans le façonnement de l’Écosse de la siècles suivants, et cette influence n’a peut-être pas encore tout à fait disparu. Reine Margaret possédait sans aucun doute une grande décision et une grande élévation d’âme. Debout entre deux Elle était représentative des deux, combinant ce qu’il y avait de meilleur dans l’une, avec pas mal de de ce qu’il y avait de pire dans l’autre. Elle était pieuse, mais pas selon le type du Colomban Église. Elle est allée chercher ses idéaux de dévotion et ses modèles de sainteté dans les déserts de la Thébaïde plutôt qu’à l’école de Colomba et aux « anciens d’Iona ». Son La religion était une règle à suivre, une formule à observer, plutôt qu’une spontanément dans une vie de bonnes œuvres, et un caractère de la vertu évangélique. Margaret n’a pas tenu compte du fait que les bonnes relations avec Dieu sont clé de toutes les bonnes relations avec l’homme. Une grande partie du culte de Margaret consistait en cela « exercice corporel qui ne profite pas à grand-chose ». Chaque année, elle observait un jeûne littéral de quarante jours avant l’avènement de Pâques, et un autre d’égale durée à Noël Rond. Combien il est plus facile de revêtir le corps d’un sac que l’âme d’une pénitence ! Combien il est plus facile de déchirer le vêtement que de déchirer le cœur, de frapper la poitrine que de briser en morceaux l’idole enchâssée en elle !

Dans le credo de Margaret, les bonnes œuvres occupaient une place plus élevée que la foi. Nous ne nous étonnons pas qu’elle se soit trompée dans le bon ordre des deux. C’était l’erreur commune de son âge. L’enseignement de Paul sur ce point avait été Luther n’était pas encore arrivé pour proclamer à la chrétienté que « ce n’est pas la les bonnes œuvres qui font l’homme de bien, mais l’homme de bien qui fait les bonnes œuvres. Ceci vérité, nous craignons que Margaret ne l’ait pas comprise. Elle a rempli sa vie de belles et vertueuses Actes. Il faut le reconnaître, à moins que Mgr Turgot, son ami et son confesseur, ne nous a donné une romance pure et simple au lieu d’une vie. Sa biographie, telle qu’elle est sort de sa plume, c’est celle d’une femme parfaite ! C’est la vie de quelqu’un dans le caractère duquel Il n’y avait pas d’imperfection, dans l’âme de laquelle aucune vertu ne manquait, dans le comportement de laquelle aucune vertu ne manquait. jamais défaut ou défaut n’a été trouvé ; c’est la vie de celui qui n’a pas laissé un jour sans son acte de charité, et il n’y a pas d’heure sans acte de piété. Une belle image si seulement elle est vraie ! Nous Demandez-vous : Est-ce une vie possible ? Il va sans dire que Mgr Turgot n’a pas donné la vraie Margaret. Comment donc la juger ? Nous prendrons Malcolm La reine de Canmore, telle que Turgot l’a peinte, revêtue de vertus comme les autres reines de bijoux, et voyez s’il est vrai que dans ce caractère parfait il n’y a ni défaut ni défaut ni faute. Le défaut radical de la piété de la reine Margaret, osons-nous le croire, c’est que Il est irréprochable. Elle s’élève à l’idéal de Mgr Turgot, il est bas. C’est sensuel, La meilleure moitié de sa religion est un développement extérieur, et non le travail d’un principe intérieur. Il est rigide et artificiel. Il a l’odeur de moisi de la religion du pharisien, et comme le sien aussi, cela se fait devant les hommes. L’impression qu’il laisse, c’est que des bonnes œuvres qui font la bonne femme, suivies bien sûr d’une récompense à être comptés non pas de grâce, mais de dettes.

S’occuper de la veuve et de l’orpheline comme Margaret et de distribuer son pain à l’affamé, étaient des actes vraiment chrétiens, et jaillissaient sans doute de ce principe qui est la source de toutes les bonnes œuvres. On ne peut pas en dire autant, mais d’autres services dans lesquels la reine Margaret a fait preuve d’une grande régularité et d’une grande dévotion, comme, par exemple, en lavant chaque jour les pieds de tant de pauvres ou de Vagabonds. « Quand l’office des Matines et des Laudes fut terminé, dit Turgot, Elle, retournant dans sa chambre, avec le roi lui-même, lava les pieds de six pauvres, et leur donnait de quoi soulager leur pauvreté. Il s’agissait d’une Le devoir spécial du chambellan d’amener ces pauvres gens tous les soirs avant la l’arrivée de la reine, afin qu’elle les trouvât prêts quand elle viendrait les attendre eux. 1

Nous aimons mieux l’acte avec lequel Margaret commença la journée. C’est plus authentiquement gentil. « Quand c’était le matin », dit-elle biographe, 2 elle se leva du lit et consacra un temps considérable à la prière et à la lecture des Psaumes, et en lisant les Psaumes, elle accomplit l’œuvre de miséricorde suivante. Elle a ordonné que neuf les petits orphelins tout à fait démunis qu’on lui amènerait à la première heure du jour, et qu’un peu d’aliments mous, tels que les enfants de cet âge tendre, devraient être préparé pour eux. Quand ces enfants eurent été convenablement nourris, il s’ensuivit le trois cents personnes dans la salle royale, et quand elles eurent été assises à « le roi d’un côté, dit Mgr Turgot, et la reine d’autre part, l’autre s’attendait à Christ dans la personne de ses pauvres, et les servait de nourriture et de nourriture. boisson. La reine Margaret observait ponctuellement les « jours saints » et heures dans les litanies prescrites de la « Sainte Trinité », de la « Sainte Croix » et « Sainte Marie », comme aussi dans la récitation du Psautier, et dans le l’audition de cinq ou six messes. Après ces offices prolongés, elle « servit de nouveau vingt-quatre pauvres gens, qu’elle a nourris. 3 Ses jeûnes étaient fréquents et très fréquents. rigoureux; En fait, elle a affaibli et finalement brisé sa constitution par ses abstinences.

Il y a beaucoup d’artificialité et de labeur dans tout ceci; mais en ce qui concerne le bien accompli, il n’y a finalement que très peu de chose. La puissance et la grandeur d’une vie naissent des principes sur lesquels elle est fondée. L’homme qui plantes à la base de la société un grand principe qui est un remède permanent à son un principe qui régénère la société dans son ensemble, et pas seulement profite à quelques-uns de ses membres, c’est le véritable bienfaiteur. Les bonnes actions de Margaret étaient des allègements locaux et temporaires, et non des réformes durables. Ils n’étaient qu’une goutte d’eau dans l’océan les nécessités de l’Ecosse, et elles étaient au centuple contrebalancées par le mal qu’elle lorsqu’elle a planté au cœur de la nation écossaise un principe qui était à la base guerre avec toutes les forces d’élévation qui, jusqu’à son époque, avaient agi sur le pays. Elle a fait reculer l’Ecosse.

Peu à peu, Margaret prit en main des poids plus lourds que la distribution de l’aumône du palais. Elle a essayé de jouer le rôle de la réformateur national. L’Écosse avait besoin d’une réforme ; C’était la vraie idée. Cela seul permettrait ramener la grande Écosse de l’époque colombienne. Margaret pourrait faire l’aumône à tous les mendiante dans les domaines de son mari. Elle pourrait laver les pieds de tous les vagabonds de la Royaume : que serait mieux l’Écosse ? Le lendemain ou l’année suivante apporterait plus mendiants et plus vagabonds. Elle ne faisait que rouler la pierre de Sisyphe. Ce dont l’Écosse avait besoin c’était de rallumer sa lampe mourante, afin que les hommes qui trébuchaient dans l’obscurité pussent voir où se trouvait leur bonheur, et trouver leur chemin vers lui. Margaret, dans son zèle erroné, était plus susceptibles d’éteindre cette lampe que de la rallumer.

Néanmoins, la reine de Malcolm Canmore sa main à l’œuvre de réforme de l’Église écossaise. Nous retournons au conseil dans le Palais de Dunfermline, convoquée par les ordres de son mari, pour « accoucher » en cette question. Il était composé de quelques pasteurs culdee d’un côté, et de trois Anglais ecclésiastiques d’autre part, choisis et envoyés par Lanfranc, archevêque de Cantorbéry, à la demande de Margaret. 4 L’archevêque, lui-même un savant contestataire, connaissait les hommes qu’il fallait pour envoyer une mission de ce genre, où un royaume devait être gagné aux intérêts pontificaux. Le La reine prit la tête du débat, mais comme elle ne pouvait parler que le saxon et les Culdees, ne comprenait pas d’autre langue que le gaélique, Malcolm, qui pouvait parler les deux langues avec la même a servi d’interprète. La conférence a duré trois jours. Margaret ne tarda pas à le laisser faire vu qu’elle visait à une réforme sur le modèle de Cantorbéry, c’est-à-dire de Rome. La restauration de l’ancienne église écossaise n’était pas ce qu’elle désirait. Ce qu’elle cherchait et qu’on espérait accomplir, c’était plutôt son renversement, et l’érection d’un ecclésiastique dans sa chambre. « Constatant, dit Mgr Turgot, que beaucoup de Il existait dans la nation écossaise des pratiques contraires à la règle du droit la foi et les saintes coutumes de l’Église universelle, elle fit tenir de fréquents conciles afin que, d’une manière ou d’une autre, elle puisse, par le don du Christ, apporter ceux qui s’étaient égarés dans la voie de la vérité. Parmi ces conseils, le plus importante est celle où, pendant trois jours, elle combattit avec un très petit nombre de ses amis les défenseurs d’un système pervers avec l’épée de l’Esprit, c’est-à-dire avec la Parole de Dieu. C’était comme si une seconde Helena était là. 5

En ce qui concerne les points soulevés au cours du débat, Mgr Turgot donne avec beaucoup de plénitude et de force les défections dont on accuse le Clergé de Colomban, mais il omet de donner avec la même plénitude ses explications et de ses défenses. Il permet à la reine Margaret et à ses assesseurs saxons d’être entendus, mais il ferme la bouche aux les pasteurs de Culdee, ou ne leur laisse la liberté de répondre que dans la mesure où ils s’inclinent en signe d’assentiment. Il peut être très judicieux de la part de Mgr Turgot d’ordonner ainsi le silence à l’une des parties. Mais dans une conférence qui dure trois jours, il est absurde de supposer que le porte-parole ait été le tout d’un seul côté. Pourtant, le fait qu’un débat ait eu lieu est en soi un facteur très important l’admission, comme nous le verrons tout de suite.

Les points soulevés étaient les suivants : l’uniformité des le jeûne du Carême, l’observance du sabbat, la pratique du mariage, célébration de l’Eucharistie, et le temps de l’observance de Pâques. Les Écossais L’Église et son clergé furent accusés sur tous ces points, comme étant dans l’erreur et ayant besoin de être « ramenés dans la voie de la vérité ». N’est-ce pas là un aveu clair que le À la fin du XIe siècle, l’église de Colomban occupait encore un terrain séparé de Rome? qu’elle refusait de recevoir les lois et coutumes romaines, et qu’elle n’était pas soumise à la juridiction romaine, mais au contraire conserva son ancienne indépendance ? Et ne coupe-t-elle pas l’herbe sous le pied de ceux qui prétendent que les À cette époque, l’Église était, et avait été pendant quelques siècles auparavant, une avec l’Église de Rome dans la doctrine et le culte ? Certes, la reine Margaret n’aurait pas convoqué une conférence pour réaliser l’union entre deux Églises, si elles n’étaient déjà qu’une seule et même Église ? Un plus grand nombre de la preuve qu’il ne pouvait y avoir de l’indépendance et de l’antiromanisme de la Église écossaise du XIe siècle.

Regardons d’un peu plus près le points de divergence entre les deux Églises, tels qu’ils ont été mis en évidence au cours de cette discussion. La Reine a ouvert la conférence en insistant sur l’uniformité du rite comme étant essentielle pour l’uniformité de la doctrine. « Tous ceux qui servent Dieu dans une seule foi avec les catholiques l’Église, dit Margaret, ne doit pas s’écarter de cette Église par des des usages farfelus. 6 Aucune Église n’a si souvent employé cet argument, et aucune Église ne l’a fait aussi souvent l’a contredit par son exemple en tant qu’Église romaine. À l’intérieur d’elle, pâle, une uniformité de fer Le rite a toujours existé avec une latitude d’opinion sans bornes. Mais le point à noter c’est que la remontrance de Margaret ne porte en elle ni dans le rite ni dans la foi l’Église colombienne et l’Église romaine étaient-elles d’accord.

La Reine accusa ensuite les Culdee d’avoir est tombé dans une grave hétérodoxie en ce qui concerne le jeûne du Carême. « Notre Seigneur jeûnait quarante jours, insista Margaret, il en est de même de l’Église romaine ; mais les Écossais, par refusant de jeûner les sabbats du Carême, abréger leur jeûne à trente-six jours. Margaret leur dit qu’ils avaient péché en abrégeant ainsi ce jeûne. Margaret, s’il y en a une, avait le droit d’appeler les Culdees à se repentir de cette odieuse transgression, elle-même était si exemplaire dans l’observance du devoir de jeûner. D’après Turgot, les pasteurs professèrent la pénitence et un amendement promis.

Nous doutons fort de l’exactitude de Déclaration de Turgot à ce sujet. La présomption historique est contre l’évêque. Le Les pasteurs de Culdee n’étaient pas susceptibles de professer la pénitence ou de promettre des amendements dans une affaire en qu’ils ont été pleinement acquittés aux yeux de leur Église. Il est important d’observer c’est là que l’Église d’Écosse suivait les usages orientaux dans ses jeûnes et ses fêtes, et par les ordonnances de l’Église d’Orient, tous les jeûnes étaient sévèrement interdits le jour du sabbat (samedi) et le jour du Seigneur (dimanche).7 D’ailleurs, le « jeûne » n’était pas le plus méritoire observant aux yeux des Culdee ce qu’elle était aux yeux de la reine Margaret. Même qu’ils n’ont pas pu profiter pleinement de la liberté que l’Évangile aux chrétiens, surtout en ce qui concerne les mortifications corporelles et les cérémonies observances, ils n’auraient pas alourdi leur conscience, nous sommes disposés à le croire, avec un jour de plus ou un jour de moins dans l’affaire, ou se considéraient eux-mêmes et leurs semblables Les membres de l’église ont été exclus du royaume des cieux parce qu’ils ont jeûné trente-six jours seulement au lieu de quarante, dans le saint temps du carême.

Après cela, la question de Culdee s’est posée l’observance, ou plutôt la négligence, du Jour du Seigneur. « C’était une autre coutume de dit Turgot, de négliger la révérence due au Jour du Seigneur en se consacrant à toutes sortes d’affaires mondaines, comme ils l’ont fait à d’autres jours.8 Il s’agit d’un On est surpris d’apprendre que le clergé colombien était tombé si bas sur ce point vital. S’ils avaient changé le jour du repos sacré en un jour de travail ordinaire : s’ils attelaient la charrue, travaillaient à la faux, rapportaient la moisson à la maison et faisaient tout leur travail ce jour-là, comme le paroles de Turgot semblent laisser entendre qu’elles méritaient en vérité la censure la plus sévère que Margaret pourrait administrer. La question, cependant, est susceptible d’une explication satisfaisante. Le pratiques des Églises d’Orient et d’Occident différaient considérablement en ce qui concerne l’observance du sabbat, ou plutôt en ce qui concerne le jour qu’ils observent comme celui du saint repos et l’adoration. Le samedi était le sabbat ou le jour saint de l’Église d’Orient : pas en effet à la l’exclusion complète du premier jour de la semaine, où ils avaient coutume de chanter des hymnes et célébrer le service divin. L’Église d’Occident observait le Jour du Seigneur ou le dimanche. La Grande-Bretagne, y compris l’Ecosse, a reçu sa première évangélisation de l’Orient, et elle continua à suivre généralement les usages de l’Église d’Orient. L’historien Socrate, Parlant des heures habituelles de la réunion publique des membres de l’Église orientale, appelé le Sabbat et le Jour du Seigneur, c’est-à-dire le samedi et le dimanche, « le fêtes au cours desquelles la congrégation avait l’habitude de se réunir dans l’église pour services divins. 9 Dans l’Église irlandaise primitive, nous trouvons des traces de cette coutume, c’est-à-dire de l’observance de la Le samedi est le jour du repos hebdomadaire et de l’adoration. Nous en trouvons aussi des traces dans l’histoire de l’Église écossaise.

Un exemple bien connu est celui de Columba, rapporté par Adamnan. Étant arrivé à son dernier jour, il a dit que ce jour s’appelle le Sabbat, ce qui signifie repos ; et aujourd’hui j’entrerai dans mon repos. Il mourut comme il l’avait prédit, le Samedi, à minuit. Cet aspect de la question disculpe complètement le clergé colomban de l’accusation assez grave, dont il semble à première vue rougir, que Turgot contre eux, et sert à faire ressortir le fait que les Culdees ont prétendu relation avec une église plus ancienne que Rome.

L’Église romaine suivait l’usage occidental, c’est-à-dire qu’il observait, non pas le septième, mais le premier jour de la semaine, le jour du Seigneur, le jour de la résurrection, comme le jour du repos et du saint culte. Ce que Margaret souhaitait, c’était amener les Culdees à adopter cette pratique, et ainsi les mettre en conformité avec la et l’Église de l’Ouest.

Les coutumes matrimoniales des Écossais étaient les suivantes : adopté en revue lors de cette conférence. Là encore, nous sommes surpris par le langage fort de la reine, comme si les Écossais étaient plongés dans d’affreuses immoralités par leur culdéisme. « Ensuite, elle prouva, dit Turgot, combien c’était abominable, oui plus fuyait les fidèles que la mort elle-même, c’était le mariage illicite d’un homme avec son belle-mère, ainsi que le frère survivant prendrait pour épouse la veuve du frère décédé.10 Nous avons là un autre lien entre les Culdéens et l’Orient, et une autre preuve que le christianisme des Écossais ne leur est pas venu par Rome. Il a été enjoint à l’Ancien Testament, dans certaines circonstances, qu’un homme épouse la veuve de son frère décédé. C’est pour cela que les Écossais sont ici blâmés. Leur véritable offense, c’est que nous sommes persuadés, consistait en leur opposition à la loi matrimoniale de Rome. L’Église de Rome élargissait son code des « degrés prohibés », elle transformait le mariage en une sacrement, et déclarant illégaux tous les mariages qui n’ont pas été ainsi célébrés ; bref Elle se servait du mariage comme d’un instrument d’asservissement de la société, et dans la accusations portées contre les Écossais à ce sujet, nous retraçons une autre tentative de la part de Rome pour les amener à se soumettre à son joug.

La pureté des Écossais est attestée par Alcuin, écrivain anglais du IXe siècle. « Les Écossais, dit-il, sont menaient une vie des plus chastes, au milieu de leurs occupations mondaines, par des considération. Mais on dit qu’aucun de leurs laïcs ne se confesse aux prêtres, que nous croire avoir reçu du Christ notre Dieu le pouvoir de lier et de délier ensemble avec les saints apôtres. 11Et ce qui est encore plus significatif, en ce qui concerne l’outrage allégué mariage par les chrétiens irlandais et écossais, c’est ce qui est dit dans la Vie de Malachie, au XIIe siècle. « L’usage le plus salutaire de la confession, dit-il, « le sacrement de la confirmation et le contrat de mariage », par lequel saint Malachie signifie le sacrement romain du mariage, « tout ce qu’ils étaient auparavant soit ignorant ou négligé, Malachie a institué de nouveau. 12

Comprendre que les Écossais n’observaient pas l’ordonnance du mariage doit contredire toute l’histoire de l’Écosse, bien que Giraldus C’est ainsi que Cambrensis a représenté la question. Et même Lanfranc et Anselme l’ont préféré même accusation, aussi absurde que calomnieuse. Sedulius estime que le mariage entre ces choses qui « sont des dons, mais non spirituels ». 13 L’Église de Rome, cependant, ne sait rien de ces mariages.

Enfin se posa la question suprême de la eucharistie. Le sacrement de la Cène dans l’église d’Occident avait depuis longtemps cessé d’être le simple ordonnance commémorative qu’on voit à sa première célébration dans la chambre à Jérusalem ; mais elle n’était pas encore devenue ce cérémonial de pompe et de mystère qu’elle devait devenir un jour, et dont elle se rapprochait rapidement. Rien aurait enchanté Margaret au point de bannir le simple « Souper » de Culdee, et par la splendeur lyrique de l’Eucharistie romaine, parce que rien ne le ferait sceller définitivement la soumission des Écossais à l’autorité de Rome. C’était le cœur de la controverse. C’est ici que le grand coup doit être porté.

— La reine, dit Turgot, maintenant soulevé un autre point ; elle leur demanda d’expliquer pourquoi il se faisait que le jour de la fête de Pâques ils ont négligé de recevoir le sacrement du Corps et du Sang du Christ, selon la l’usage de la sainte et apostolique Église ? La réponse des Culdee, comme l’a dit Mgr Turgot l’a rapporté, c’est qu’ils sentaient leur indignité si profondément qu’ils craignaient de « Approchez-vous de ce mystère » Cela ne peut pas avoir été toute leur réponse, car chacun d’entre eux voit que ce sentiment d’indignité les aurait tenus éloignés de la sainte table, seulement le jour de Pâques, mais tous les jours et en tous lieux. Maintenant, nous savons que les Culdees célébraient l’Eucharistie dans leurs propres églises, et célébraient Pâques selon leur propre calcul. Bien plus, on en a fait l’objet d’une accusation à un stade ultérieur de cette même controverse, qu’ils ont célébré ce sacrement, bien que d’une manière déplaisante Margaret, parce que non pas « selon l’usage de la sainte et apostolique Église ».

Quel était le but de l’accusation portée contre contre le clergé de Culdee, et quelle a été l’attitude réelle qu’ils ont adoptée sur la question de l’Eucharistie dans cette controverse ? Le rapport de Turgot n’a mis en évidence ni l’un ni l’autre. Le L’accusation n’était pas qu’ils aient négligé l’observance du sacrement de la Cène. Leur Les opposants savaient qu’ils ne l’avaient pas fait. On les accusait d’avoir refusé de s’y joindre la célébration de l’eucharistie sur les autels romains le jour de Pâques. Pourquoi? Ils « craignaient », disaient-ils, de « s’approcher de ce mystère », c’est-à-dire qu’ils craignaient d’approcher ces tables de communion sur lesquelles la « Cène » était devenue le sacrement du « Corps et du Sang » du Christ dans un autre sens que celui de son institution. Innocent III. n’avait pas encore promulgué le dogme de la transsubstantiation, mais après deux siècles de discussions, la croyance à ce mystère s’était enracinée dans le l’esprit du monde romain, et les Culdees hésitaient à compromettre leur propre foi ou à faire du mal conscience en se joignant à cette fête avec ceux qui croyaient que c’était la la chair et le sang littéraux du Christ qu’ils savaient n’être que du pain et du vin. Par conséquent, il est c’est qu’ils ont évité la table eucharistique de l’église de la reine Margaret.

Si les Culdees « craignaient » les « mystère » présenté sur les autels de Margaret, la reine à son tour fut choquée à la simplicité de la « Cène » telle qu’on la voit sur les tables de communion de Culdee. « Il y avait certains endroits en Ecosse, dit Mgr Turgot, c’est-à-dire qu’il y avait des Culdee chapelles et cellules, « dans lesquelles les messes étaient célébrées selon une sorte de rite barbare contraire à l’usage de toute l’Église. 14 L’Evêque ne dit pas ce que sont ces « rites barbares » mais nous n’avons aucune difficulté à le deviner. C’étaient les tables de communion en bois de les Culdees : c’étaient les vases de fabrication domestique utilisés dans la célébration de la Le souper, et l’habit de laine ordinaire du pasteur officiant de Culdee. Ceux-ci sont tous « étaient donc contraires à l’usage de toute l’Église », « barbare ». La même accusation aurait pu être portée contre la première Cène en la chambre haute de Jérusalem. « Enflammé par le zèle de Dieu, dit l’Evêque, « La Reine tente d’extirper et d’abolir cette coutume, de sorte que dorénavant, de la dans toute l’Ecosse, il n’y avait pas une seule personne qui osât continuer la Nous devons comprendre ici le bon Evêque comme énonçant ce qu’il souhaité ou espéré que ce débat se produira à la suite de ce débat, plutôt que d’affirmer ce qu’il savait être le fait. Elle nous est parfaitement connue, et ne pouvait pas ne pas l’être Mgr Turgot, s’il avait pris la peine de s’informer lui-même, que les Culdees écossais, beaucoup d’entre eux, au moins, ont gardé leur Eucharistie après les « barbares » formule de leur église, et il l’a fait pendant deux cents ans après que toutes les personnes qui figurent dans cette conférence étaient allés dans leurs tombes.

Illustrons ce point par une lumière latérale. Les Culdees irlandais du XIIe siècle sont peints de couleurs encore plus odieuses que les Scots du onzième, et cela nous aide à déterminer le poids à attacher aux charges contre les seconds de constater que les premiers sont accusés d’être plongés dans la même barbarie et impiété avec les Ecossais, simplement parce qu’ils préféraient les usages apostoliques de l’église primitive aux inventions romaines des temps postérieurs. Saint Bernard, en parlant de la Réforme mise en place par Malachie lorsqu’il devint évêque de Connor, dit : « Alors cet homme de Dieu sentait qu’il n’était pas établi au-dessus des hommes, mais au-dessus des bêtes. Jamais auparavant il rencontra des hommes dans une telle barbarie ; Jamais il n’avait trouvé des hommes aussi obstinés contre morales, si mortelles aux rites, si impies à la foi, si sauvages aux lois, si raides contre la discipline ; Chrétiens de nom, païens en réalité. On n’en a pas trouvé un seul qui paierait la dîme ou les prémices ; faire des confessions ; demander des pénitences, ou les donner ; ou contracter des mariages légaux. Qu’est-ce que le champion de Dieu devait faire maintenant ? . . . Enfin Cependant, la férocité cède, la barbarie commence à céder ; Des rites sauvages sont accomplis et les rites romains sont introduits ; Les usages de l’église sont partout les sacrements sont dûment célébrés, les confessions sont faites, le concubinage Disparaît; Bref, toutes choses sont tellement changées pour le mieux qu’aujourd’hui, nous pourrions bien dire de cette nation : « Ceux qui, dans le passé, n’étaient pas un peuple, sont maintenant le peuple de Dieu. 15 Ceci est concluant en ce qui concerne la barbarie dont se livrent les Écossais et les Irlandais Les églises de cette époque ont été accusées. Cette barbarie consistait dans leur simplicité. Leurs accusateurs, qui ne voyaient rien de barbare dans la transsubstantiation, avec tout cela y est sous-entendue. J’ai été choqués de voir la Cène administrée dans les éléments simples de du pain et du vin. À leurs yeux, aucune barbarie n’égalait cela.

Cette conférence au palais royal de Dunfermline était clairement « l’heure de la tentation » pour l’Écosse et son Église. La foi d’Iona ou l’autorité de Rome gouvernera-t-elle désormais ? terre? L’Ecosse oubliera-t-elle son passé ? Dira-t-elle que Colomba était un imposteur ? Que le la gloire d’Iona n’était qu’une illusion et une moquerie, et ce n’est qu’à ce moment-là que la vraie lumière s’était levée sur les Écossais ? C’est à cette question que l’Ecosse a été invitée à répondre la chambre royale de Dunfermline. Toute cette autorité royale, cette flatterie royale, le prestige ecclésiastique et l’habileté du dialecte pouvaient faire pour impressionner les pasteurs de Culdee et d’influencer leur décision. Se conformer à Iona, c’était encourir le froncement de sourcils du pouvoir, et invitent un avenir sombre avec la persécution. Aller à Rome, c’était ouvrir la route l’avancement et l’honneur. La tentation de l’Éden semblait s’être renouvelée dans le salle de conférence de Dunfermline. Les Culdee avaient été conduits, pour ainsi dire, dans un jardin de qui produisait toutes sortes de fruits agréables à l’œil et doux au goût des ambitieux Ecclésiastiques. Ils étaient montrés en perspective, dignités, titres, principautés, évêchés, émoluments, en un mot, tous les fruits d’or qui ornent les arbres qui fleurissent sur le Sept collines, et boire des eaux du Tibre. Que de fascination et d’enchantement le beau spectacle maintenant convoqué sous leurs yeux ont possédé pour ces pasteurs, « ces habitants au-delà des limites du monde habitable ! » Ils ont été invités à cueillir et à manger, et ont été assurés que le jour où ils l’ont fait, leurs yeux s’ouvriraient et ils comprendraient tous les mystères et seraient remplis de puissances et grâces célestes. La Tentatrice était une reine. On la voit tendre l’or pomme. Les Culdees l’accepteront-ils ? Quand le rideau tombe sur la scène, la religion de Rome est considérée comme celle de la cour d’Écosse, mais pas encore celle de la nation écossaise.


Notes

1. Vie de sainte Margaret, reine d’Écosse, par Turgot, évêque de St Andrew’s, traduit du latin par William Forbes-Leith, S.J., , p. 61. Édimbourg, 1884.

2. La Vie de sainte Margaret de Turgot, , p. 61.

3. Ibid., p. 63.

4. La Vie de sainte Margaret de Turgot, à la p. 44. Lettre de Lanfranc à la reine Margaret, Migne Patres Latini, Saec. xi. col. 549.

5. Vie de Margaret par Turgot, p. 100. 44.

6. La Vie de sainte Margaret de Turgot, à la p. 45.

7. Le christianisme primitif de Cave, Partie I., chap. vii. P. 175. Lond., 1672.

8. Vie de sainte Margaret par Turgot, p. 49 et 50.

9. Hist. Eccl., lib. vi., c. 8. Voir aussi le Christianisme primitif de Cave, Partie I, chap. vii.

10. Vie de sainte Margaret par Turgot, à la p. 57.

11. Alcuin, Epist., 26. Huissier citante.

12. Vie de Malachie par Bernard, v. 12. 8.

13. Sédul. Sur l’épître aux Romains, chap. i. Quod donum Quidem sit, non tamen spirituale, ut nupitae.

14. Vie de sainte Margaret par Turgot, à la p. 48.

15. Celle de Bernard, chap. viii


Retour au sommaire