CHAPITRE XII.


1057-1087 apr. J.-C.

MALCOLM CANMORE ET WILLIAM THE CONQUÉRANT.

L’Ecosse était à l'aube de grands changements. Le jour où Malcolm Canmore a pris place sur le Lia-Fail à Scone et prit la couronne de ses ancêtres, on peut dire que c’était le premier jour de la nouvelle ère. La guerre contre les Vikings était maintenant derrière les Écossais. Ils avaient apporté leur la nationalité et l’indépendance de ces champs sanglants non seulement intactes, mais plus consolidé que jamais. Mais la nation n’avait pas encore fait sa sortie définitive du raffinage Les feux du champ de bataille : les luttes qui l’attendaient étaient de nature et de d’un caractère plus élevé que ces rudes luttes qui avaient exercé leur force jusqu’à présent. La bataille passée avait duré deux siècles ; celui qui venait devait continuer à quatre cents années, et pour y vaincre, il faudrait plus de patience et une plus grande patriotisme qui avait suffi pour remporter la victoire sur les champs précédents.

Les nouveaux envahisseurs ne devaient pas venir vêtus de cottes de mailles et brandissant une lance ; Ils devaient apparaître dans le doux costume des ecclésiastiques pacifiques. C’était un mode de guerre que les Écossais simples d’esprit ne comprenaient pas. C’était plus facile pour les résister aux haches de guerre du Danois plutôt qu’aux sophismes du prêtre. Armées de Des hommes au pas furtif, avec des couronnes tondues, les mains jointes en prière, et les yeux levés, comme s’ils daignaient ne pas considérer la terre qu’ils foulaient, ou qu’ils convoitaient quoi que ce soit, si traverser la Tweed, et, sans livrer une seule bataille rangée, devaient prendre possession du pays et répandirent leurs tentes sur les bords de ses rivières, et s’approprièrent ses les prairies et les pâturages comme leur héritage particulier, laissant les parties les plus stériles, la lande nue et les montagnes Rocheuses, aux enfants de la terre. Pour une invasion comme les Écossais du XIe siècle n’étaient que mal préparés. L’huile de Columba’s La lampe était épuisée, sa flamme s’était éteinte, et il en résulta que les hommes qui avaient hardiment à la rencontre des Danois et les chassa de leurs côtes, ou les jeta en Écosse graves, n’offraient probablement qu’un faible combat aux champions d’un arrogant ecclésiastique, et à la fin courbent le cou devant une autorité qui prétendait être divine.

Pendant un court laps de temps, cependant, cette bataille a été ajourné. D’autres soucis attirèrent l’attention de Malcolm, la « grosse tête » et ses Écossais, qui, bien qu’ils eussent été vaillants dans le combat des armes, étaient devenus tièdes dans cet autre combat qu’ils avaient pour mission spéciale de soutenir avec ce grand puissance qui foulait aux pieds l’indépendance de toutes les nations, et qui allait la mettre joug sur leur cou. Relatons d’abord brièvement ces événements préliminaires avant Venons-en à la plus grande bataille de l’au-delà.

Nous sommes le 14 octobre 1066, et les chevaliers et les guerriers que Guillaume, duc de Normandie, a conduits à travers la mer, se rassemblent sur le champ de Hastings. La bataille qui est sur le point d’être engagée entre Harold et William est pour le couronne d’Angleterre. Avec la fin de ce jour sanglant vient la fin de la vie et du règne de le roi d’Angleterre. Harold est étendu comme un cadavre sur le champ de bataille, et sa couronne est passée à le conquérant Guillaume. Dans le court, costaud, aux traits de fer, à la pensée profonde et à la parole lente Duc normand, les Anglais ont trouvé un maître. Ils virent sans effroi le sceptre entrer sa main forte ; mais quand il commença à devenir une barre de fer, ils savaient ce que le Normand La victoire sur le champ de bataille d’Hastings importa, et resta épouvanté devant la perspective qu’elle avait ouverte. Néanmoins, le tyran de Normandie était le meilleur ami de l’Angleterre de ce temps-là. Guillaume trouva le pays sans unité, et par conséquent sans puissance : il se transférait son sceptre d’une main faible à l’autre ; il gaspillait son sang dans des batailles inutiles, et son patriotisme dans les luttes de partis. Le progrès lui était devenu impossible ; mais quand Guillaume se leva, ce misérable antagonisme d’intérêts et de partis, qui tirait L’Angleterre en morceaux, a eu une fin. Faction s’enfuit devant lui. Angle, Saxon et Danois, auxquels nous devons maintenant ajouter les Normands, qui ont commencé à se rassembler et à grandir en un seul peuple, et maintenant l’Angleterre entame sa grande carrière.

Guillaume avait rempli sa mission. Il avait le grand peuple anglais de l’avenir, et aurait dû se reposer content avec ce qu’il avait accompli. Mais comme presque tous les hommes qui ont été les favoris de la fortune, et ont été visités avec un succès soudain et débordant, William ne savait pas quand il avait terminé son travail et était arrivé à la limite au-delà de laquelle aucun effort de l’ambition et aucune force ou habileté dans les armes ne pouvaient le porter. Et maintenant, nous sommes ramenés à l’Ecosse, dont l’indépendance et la nationalité ont de nouveau été mises en péril par le triomphe des armes normandes en Angleterre.

Il n’est pas facile de déterminer s’il s’agissait d’un Malcolm Canmore ou le monarque anglais qui était à blâmer pour la guerre féroce qui éclatait maintenant entre l’Angleterre et l’Ecosse. Il est certain qu’il n’y a pas de chapitre plus sanglant dans toute la Histoire des frontières des deux royaumes que celle que nous sommes appelés à écrire brièvement. Il y avait des motifs intéressés de part et d’autre qui poussaient à une politique de guerre. William pourrait que ses conquêtes anglaises n’étaient pas assurées tant qu’il ne les aurait pas enfermées dans les quatre mers, et pouvait étendre son sceptre de la Manche au Pentland Frith. Et c’était le cas tout aussi naturel pour le roi d’Écosse de chercher à se fortifier contre les redoutables danger qui s’était soudain élevé sur sa frontière méridionale en expulsant le Normand de la trône d’Angleterre, et sur lequel s’asseyait un rejeton de ses anciens rois. Malcolm a été tout ce qu’il y a de plus d’autant plus ouvert à ce soupçon par les circonstances que l’héritier du trône d’Angleterre n’était pas son beau-frère. Et pourtant, il ne semble pas qu’il s’agisse de Malcolm mais de William qui a pris l’initiative de cette entreprise.

Edgar Aetheling, le représentant de la famille royale d’Angleterre, résidait maintenant à la cour de Malcolm Canmore. Comment en est-il venu à Qu’il en soit ainsi, nous le verrons tout de suite. Guillaume le Conquérant a vu le danger pour son trône dans le Edgar s’enfuit à la cour d’Écosse, et demanda que le fugitif royal fût abandonné. Plutôt que de se rendre entre les mains de son ennemi, le prince qui avait jeté sous sa protection, Malcolm risquerait la couronne, le royaume et tout le reste. Son refus l’orgueilleux souverain de l’Angleterre, et sa colère s’enflamma encore en voyant Malcolm ouvre les portes de son royaume à la foule des nobles saxons qui, chassés de L’Angleterre, par la terreur de Guillaume, avait afflué en Écosse. Enivré de succès, le Le Conquérant traiterait le petit pays comme il avait traité le plus grand : il ajoutez-le à ses possessions anglaises, et des deux pays faites une seule Angleterre. Son Les armes victorieuses avaient déjà accompli un plus grand exploit.

Guillaume envoya son armée, mais n’arriva pas personne. D’après les chroniqueurs anglais, la principale autorité pour ces événements guerriers, il confia le commandement de ses troupes à un comte Roger. Le lieutenant de William n’a jamais revint lui dire comment il avait spé. À l’approche de la frontière écossaise, son armée fut mise en déroute et dispersé, et lui-même tué par ses propres soldats, en expiation de son manque d’habileté ou de son manque de succès. Guillaume envoya une armée plus nombreuse, en donnant le commandement au comte de Glo’ster. Glo’ster a perpétré une quantité atroce de sacs et de pillages alors qu’il avança vers le nord, mais ne remporta aucune victoire. Devant lui s’étendait un pays champenois, où les la charrue était à l’œuvre, et les villages souriaient ; Derrière lui s’étendait une terre dévastée, jonchée de cadavres, et noirci par la fumée des habitations en flammes.

Une troisième armée, plus nombreuse que la première deuxièmement, Guillaume aurait envoyé contre l’Écosse. Le commandement fut donné à son frère Odon, ancien évêque de Beyaux, fut créé comte de Kent. Odon n’eut pas plus de succès que ses prédécesseurs. Après avoir glané ce qui restait du butin de ces provinces, Odon fut revenant vers le sud chargé de butin, lorsque Malcolm tomba dessus, dispersa son armée avec grand carnage, et retourna en Écosse avec des troupes de misérables captifs à sa suite. Cependant Guillaume était incapable de s’apercevoir qu’il avait entrepris une tâche au-delà de ses moyens. pouvoir.

Au lieu de s’éteindre, la guerre a acquis une nouvelle vie. Le puissant monarque avec lequel le roi d’Écosse soutenait ce combat sentait maintenant le nécessité d’y mettre toutes ses ressources, et les flammes éclatèrent en plus véhémence et sur une zone plus large. La chronique saxonne nous dit qu’en l’an 1072 Guillaume vint en personne en Écosse, envoya sa flotte dans le Tay, et marcha sur son débarqua des troupes autour de Stirling à Abernethy, et là il s’entendit avec Malcolm, le Roi d’Écosse.

Il y a un consentement des historiens anglais comme cette marche en Écosse de Guillaume le Conquérant. Il reçoit une certaine apparence de probable du fait qu’en 1072 il avait fait une conquête de l’île d’Ely, et que cela lui donner le loisir de lever une armée et de frapper à la racine de tous ses dangers en soumettre l’Ecosse. Les Anglais disent qu’il entra en Écosse par le Galloway, les provinces de Durham et Northumberland étant tellement dépeuplés et ravagés qu’ils ne pouvaient subsister l’armée dans sa marche à travers eux. Ailred,1 Abbé Rivaux, dit qu’il traversa Lothian et Stirlingshire, traversant le Forth par la Carse, la grande porte d’entrée dans la division septentrionale du royaume d’Écosse. Florence de Worcester nous dit que il pénétra jusqu’à Abernethy, dont la flotte se trouvait dans le Tay. Ni l’un ni l’autre roi ne pouvait se sentir à l’aise vue des combats. Si Guillaume était vaincu, il ne pouvait espérer ramener son armée en Angleterre. Si Malcolm était battu, la perte de la bataille pourrait être pour lui la perte de son royaume. Cela donne de la vraisemblance à l’affirmation des chroniqueurs anglais, dans laquelle le Les Écossais sont d’accord avec eux pour dire qu’une paix a été conclue entre les deux princes. que Malcolm « devint l’homme de Williams », c’est-à-dire pour les possessions qu’il possédait en Angleterre, et qu’il donna Duncan, son fils aîné de sa première femme, Ingibiorg, comme otage. Le jeune homme était alors âgé d’une dizaine d’années. À la suite de cette transaction William, nous sommes Il revint en Angleterre avec son armée.

Nous ne devrions que nous méfier et même dégoûter nos lecteurs en s’attardant plus avant sur ces raids, dont les récits sont si divers, si confus, et tellement contradictoire. Une seule chose est certaine à leur sujet, même l’immense la destruction de la vie humaine qu’ils ont occasionnée. La zone de leur dévastation s’est agrandie et contractés tour à tour. Maintenant, la lutte se bornerait à un district malheureux ; alors il s’étendrait et couvrirait tout ce qui est aujourd’hui le Yorkshire, enveloppant de flammes le villes de Durham et de York. Anon il prendrait une direction vers l’ouest, laissant ses empreintes rouges sur le Cumberland, et transformant les eaux de la Solway en sang. Encore une fois, il reviendrait vers l’est, et maintenant c’était la Humber qui était obscurcie par la fumée des villes en feu et des Villages. Le vieux Siméon de Durham a peint les tristes spectacles avec lesquels les hommes de Ces parties étaient à l’époque familières. Les récoltes, nous dit-il, ont été balayées, les les arbres ont été abattus, les villes ont été livrées aux flammes, et leurs habitants à l’épée, et, ce qui est le plus triste, des groupes de jeunes gens et de jeunes femmes ont été emmenés pour devenir des esclaves et des esclaves de leurs ravisseurs écossais. Le résultat de ce terrible conflit fut que le Les frontières des deux royaumes étaient fixées à peu près comme elles l’avaient été avant le commencement. Le ligne de démarcation a été tracée à travers Stanmore Moor, où une croix a été érigée, affichant sur son sculpté les armes des deux rois, et disant à chacun : « Jusqu’ici ton sceptre peut être étirée, mais pas au-delà.

Guillaume le Conquérant eut alors le loisir de combien il avait facilement conquis l’Angleterre, et combien il avait été complètement déconcerté dans sa tente de se rendre maître de l’Ecosse. N’y avait-il pas là autre chose que de la bravoure pourrait expliquer ? Quand il songeait au brillant succès qui avait accompagné ses armes dans la et les répugnants humiliants qu’ils avaient subis dans l’autre, ne s’est-il pas que la Puissance, à qui appartient l’issue de la bataille, ne se bat pas toujours à l’écart du « plus gros bataillon », et que les armes ne sont pas l’arbitre suprême de la le destin des royaumes et des monarques ? Que William le sache ou non, c’est une vérité des plus sûres. Nous Aujourd’hui, on peut voir très clairement quel malheur cela aurait été pour les deux royaumes si Guillaume réussit à soumettre le pays du nord à son emprise. Nous aurions en effet dû nous n’aurions pas eu d’Ecosse. On peut dire qu’une Ecosse Nous aurions quand même dû avoir, non pas en tant que nationalité distincte, mais en tant que partie intégrante de la un plus grand pays à former des deux. C’est vrai : nous aurions dû avoir les montagnes, et les straths, et les rivières d’Ecosse. Le sol n’aurait pas été anéanti par ses l’absorption en Angleterre ; mais l’esprit des Écossais le ferait. C’est son esprit et non son acres qui forment l’Ecosse. L’Écosse ne pouvait profiter à l’Angleterre autrement qu’en préservant son feu celtique, son obstination teutonne et sa bravoure nordique, et en veillant à ce que son L’amour de l’indépendance et son esprit philosophique de réflexion ne doivent pas s’éteindre. L’Angleterre avait besoin d’un tel voisin pour la stabiliser, et lui servir d’équilibre en matière de religion et de religion. politique. Toutes ces caractéristiques nationales auraient été écrasées hors de l’Ecosse par sa soumission à l’emprise de fer de Guillaume le Conquérant, et la perte n’aurait pas été moins grande pour l’Angleterre que pour le pays du nord lui-même.

La faute de ces guerres furieuses et sanglantes peut, à notre avis, être équitablement distribuée à parts égales entre les Anglais et les Écossais souverain. Ces incursions avaient sans doute leur initiative dans l’ambition, mais le Le motif originel se perdit bientôt dans le désir de représailles et de vengeance qui grandissait plus fort à chaque nouveau raid. La palme de la victoire ne peut être revendiquée ni par l’un ni par l’autre. William s’est précipité sur la frontière écossaise pour être brisé par le choc, et Malcolm balayé comme un tourbillon en Northumbrie pour n’y parvenir que des expéditions infructueuses. On peut dire des deux rois qu’ils sema le labeur et le sang, et moissonna la cendre. L’éloge de la bravoure, si la bravoure Dans un tel concours, on peut appeler une vertu qu’elle doit être décernée au souverain du Nord. C’était une chose audacieuse de la part d’un roi d’un petit pays comme Malcolm de s’opposer à un puissant conquérant comme Guillaume de Normandie. Les ressources des deux hommes étaient très inégal. Après avoir enterré une hostie dans le cimetière qu’étaient devenus les comtés frontaliers, Malcolm pouvait difficilement en élever un autre dans les villages éparpillés et à peine les vallons et les montagnes peuplés d’Ecosse. Guillaume était plus avantageusement placé. Avec l’Angleterre riche et populeuse derrière lui, avec les plaines de Normandie, terreau d’armées, où le monarque anglais pouvait aussi jeter n’importe quel nombre d’hommes sur la lance écossaise, sachant que s’ils étaient massacrés, comme tant d’armées l’avaient fait avant eux, il pouvait rapidement les remplacer grâce à l’approvisionnement en domaines — anglais et français — auxquels il avait accès.


Notes de fin de page

1. Ailred met les mots suivants dans le bouche de Walter l’Espec, « Angliae victor Willelmus per Laodoniam, Calatriam, Scotiam usque ad Abenith penetraret.


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