Chapitre XXVII.COLUMBANUS EN ITALIE — SA GRANDE PROTESTATION CONTRE LA PAPAUTÉ — SA LETTRE AU PAPE BONIFACE IV. — FONDE BOBBIO. Nous avons suivi Colomban à travers le Alpes. Au-dessus de lui s’étend maintenant le ciel de l’Italie, et autour de lui se trouvent plus d’une ville et d’un fleuve, renommés dans l’âge héroïque de Rome, et suggérant à Culdee cultivé la vertu et le patriotisme d’un jour antérieur, en contraste avec la vénalité et la pusillanimité qui ont conduit à la chute du grand empire. Le Romain jadis invincible avait disparu, et le barbare Lombard avait disparu. Entrez dans sa chambre : là où César faisait loi, Alboin balançait son sceptre. Ainsi passe la gloire des États ; et c’est ainsi que les empires créés par l’épée tombent par l’épée ; mais le royaume, en l’érection à laquelle Colomban eut le privilège de prendre part, fut de celles que les armes de personne n’eurent conquérant devrait jamais renverser. La devise sur la bannière sous laquelle il combattait était la suivante : de même que celle qui reste à cette heure écrite sur les murs de la mosquée Sainte-Sophie à Constantinople : « Ton règne, ô Christ, est éternel Royaume », — un pronostic inconscient du Turc, on pourrait penser que L’islam doit encore céder le sceptre au christianisme. Colomban n’était que depuis peu de temps l’Italie, quand il apprit que son ennemie, Brunhilde, était tombée du pouvoir, et que le trône était maintenant occupé par Clotaire II, un souverain ami des Culdee l’évangélisation, et en particulier à Colomban lui-même. Cela lui a ouvert le chemin du retour à son monastères, s’il se sentait enclin à revenir. Ses enfants dans les Vosges lui envoyèrent un invitation pressante à venir vivre parmi eux, et à présider les églises et les écoles qu’il avait lui-même plantées, et qui recommençaient à prospérer. Mais ses nouveaux environnements avaient jeté de nouvelles lumières sur le chemin du devoir. Une main divine l’avait conduit dans ce pays. Beaucoup de choses qu’il n’aurait jamais dû comprendre dans le lointain Les Vosges, et le Bodensee séquestré se dévoilaient ici à la lumière du jour. Un mystérieux s’élevait dans le fauteuil de l’évêque romain, qui, si on le laissait se développer en pleine Il prévoyait qu’un jour éteindrait la foi et écraserait la liberté de la vie. l’église chrétienne. Colomban était l’homme qu’il fallait, et il était venu à la bonne heure. Il a été pour sonner un cri d’alarme de ce qui allait arriver. Il doit d’abord réprimander l’évêque de Rome qu’il montait comme Lucifer, et qu’à moins qu’il ne revienne sur ses pas, mais il était temps, il devait tomber comme Lucifer. Et deuxièmement, il doit montrer aux peuples de la chrétienté l’esclavage qui se préparait pour eux, et les exhorter à résister devant le Le joug était devenu trop fort pour être brisé. Il était là, d’ailleurs, pour tenir la porte ouverte à l’armée de Culdee qui s’avançait derrière lui, à qui Colomban devait léguer le après qu’il fut allé dans sa tombe. Il frappa le premier coup, et la base de l’armée l’armée de Culdee s’y précipita et soutint longtemps la lutte contre les paganismes gothiques et Corruptions romaines. C’est aux enseignements de ces hommes que l’Église de Milan conserva son indépendance vis-à-vis de Rome jusqu’au XIe siècle, et que Le christianisme a prospéré dans une certaine pureté apostolique dans le nord de l’Italie, longtemps après il avait été grossièrement corrompu en beaucoup d’endroits, tant au sud qu’au nord des Alpes. Nous avons un noble relique du christianisme d’avant la Réforme de l’Italie subalpine dans le vaudois Église. L’occasion s’offrit bientôt à Colomban de élevez la voix. Huit ans seulement avant son arrivée, un décret impérial avait installé le Evêque de Rome, souverain spirituel de la chrétienté. Ce n’est pas pour fortifier le christianisme mais pour se fortifier que Phocas, l’usurpateur et le meurtrier, conféra ce prodigieux dignité sur Boniface III. Il s’agissait simplement d’un élément de la politique de l’État. La résidence de l' l’empereur était alors à Constantinople, et qui était si bien fait pour remplir sa place à Rome, et de concilier les provinces du monde occidental, à la domination de l’empereur absent, Le pasteur suprême de l’Église ? Phocas plaça donc Boniface dans sa chaise vide. L’influence sacerdotale de l’un serait un appui au pouvoir impérial de l’autre, et la chaise sur les bords du Tibre soutiendrait le trône chancelant de Byzance. Ainsi pensa Phocas ; et sa politique a été poursuivie, au détriment infini des États et des églises, par les rois d’Europe pendant 1200 ans ; elle n’est pas non plus encore désuète. Nous pouvons Imaginez combien Culdee a dû être surprenant pour les simples et les esprits spirituels spectacle qui rencontra son regard lorsqu’il entra en Italie : une chaise changée en trône, un pasteur transformé en monarque, qui, au lieu de prêcher l’Évangile, occupait avec des soucis et des ambitions politiques, imposait des impôts, réglait les finances, et donner des ordres pour l’enrôlement des soldats et les mouvements des troupes ! Et maintenant, nous entendons la voix de Colomban clair et fort, et en vérité il n’y a pas de son incertain dans le son de la trompette qui retentisse à travers l’Italie. L’occasion la plus immédiate de l’intervention de Colomban fut ce que l’on sait dans l’histoire comme « la Controverse des Trois Chapitres ». Pour voir comment cela se rapporte à notre sujet, et surtout comment il met en lumière de la manière la plus claire possible l’indépendance de l’Église de Culdee, et son refus explicite de se soumettre aux diktats de la le Siège romain en matière de foi, il faut s’occuper un peu de cette dispute. Au milieu du VIe siècle, trois pères éminents : Théodore de Mopsueste, Théodoret et Ibas d’Odessa, condamné comme hétérodoxe par un concile à Constantinople (553 apr. J.-C.), aujourd’hui appelé le cinquième concile œcuménique. Le quatrième concile général, celui de Chalcédoine, avait approuvé les écrits de ces Pères comme orthodoxes. L’influence de l’Empereur Justinien, cependant, obtint, comme nous l’avons dit, la condamnation de leurs écrits comme exécrable et blasphématoire, et poursuivant sa victoire sur les trois évêques, Justinien, par l’emprisonnement et l’exil, obligea Vigile, évêque de Rome, à concourir à la condamnation sentence du concile de Constantinople. La question était de condamner la trois Pères justes et justes, ou faux et iniques ? — divisa l’Église. Nous J’ai vu de quel côté Rome se rangeait. De quel côté le Celtic a-t-il agi, c’est-à-dire le L’église de Culdee, prends-le ? A-t-elle suivi le sillage de Rome ? Loin de là. Elle a rendu son verdict du côté des trois Pères, et dans la condamnation de Rome. Nous ne voyons aucune croyance dans le l’infaillibilité de la chaire de Pierre ici ; aucune soumission à la prétendue suprématie papale. Le cardinal Baronius fait ressortir très clairement l’indépendance de l’Église de Culdee à cet égard. en même temps qu’il réprimande sévèrement cette église pour avoir osé différer de Rome. Le cardinal dit : « Par la malice de l’esprit malin, il arriva que l’Église irlandaise, qui jusque-là avait été bien cultivée, était couverte d’une végétation dense sombre, ayant fait naufrage parce qu’il n’a pas suivi le sillage de l’aboiement de Pierre, qui navigue à la tête de tous, montrant le chemin vers le port du salut... Pour tous les évêques qui étaient en Irlande se levèrent unanimement, avec le zèle le plus ardent, pour la défense des Trois Chapitres. Et quand ils apprirent que l’Église de Rome avait a adopté la condamnation des Trois Chapitres, et a fortifié le cinquième synode par son d’accord, ils ajoutèrent aussi cette impiété supplémentaire, qu’ils se séparèrent de la même. Et ils demeurèrent très longtemps dans cet état, prenant pitié de ceux qui suivaient le cinquième synode comme des égarés du droit chemin de la foi. [1] Le sens clair de cette métaphorique est que le jugement de l’Église scoto-irlandaise dans cette controverse était en opposition absolue avec celle de Rome, et y ajoutait cette impiété plus grande, « que elle s’est séparée de la communion romaine », c’est-à-dire qu’elle a excommunié le Pape et tous ses adhérents, et continua « très longtemps à errer de la droite chemin. Oui, elle continua jusqu’au milieu du XIIe siècle, lorsque les soldats d’Henri II, traversant la Manche, repoussa les Irlandais dans le giron romain au point de leurs épées. Jusqu’ici, Baronius, écoutons maintenant Colmbanus. Il arrive en Italie en 612, huit ans seulement, comme nous l’avons dit, après la le titre d'« évêque universel » avait été conféré à Boniface par décret impérial. Colomban s’installe à Milan et commence des efforts d’évangélisation parmi les Lombards. La controverse des « Trois Chapitres » fait toujours rage, et Aigilulf, roi des Lombards, le prie de faire une remontrance au pape, l’exhortant, à diriger la barque de Pierre, à éviter les virements de bord et les déplacements qui ont provoqué tant de scandales. Colomban tomba d’autant plus facilement dans le piège du roi proposition, parce qu’il y voyait l’occasion de justifier sa propre église en se prononçant l’action de Rome. Il s’assit et écrivit une épître à Boniface IV, qui remplissait le fauteuil pontifical. Aux oreilles accoutumées, comme celles du Pape, au chant des sirènes d’adulation, les paroles honnêtes du missionnaire de Culdee ont dû tomber avec l’étourdissante la force d’un coup de tonnerre. En lisant la lettre de Colomban, nous avons l’impression que Luther tient la plume. Certes, jusqu’au seizième siècle, nous ne rencontrons rien qui respire un seul une indépendance plus forte ou un protestantisme plus intransigeant que ce fameux épître. Le missionnaire de Culdee donne au Pape tous ses titres légaux, puis produit :
C’est là que se trouve, tout d’abord, le credo de la L’Église scoco-irlandaise est incontestable. Sur le témoignage de son fils le plus distingué dans la VIIe siècle, cette église ne contenait rien « au-delà de l’enseignement des évangélistes et des les apôtres. Il n’y a pas un mot ici des « traditions des Pères ». ou les « décrets des conciles », qui forment une si grande partie du credo de Rome à l’époque. aujourd’hui. « Vous, successeurs des saints apôtres », dit Colomban. Vous, en tant que l’office d’évêque dans la même ville, mais n’étant donc pas dévolu à la les pouvoirs et les prérogatives particuliers des apôtres, et encore moins ces prérogatives supérieures, que les Papes s’arrogent, bien que les apôtres ne l’aient jamais revendiqué alors. Colomban Et de poursuivre :
Colomban ne pouvait pas reconnaître Boniface comme « Chef de l’Église », mais il n’a pas remis en question un seul instant son droit d’être « Chef du scandale ». Il est également assuré ici que l’Église de Rome peut perdre la foi apostolique ; non, il est clairement suggéré qu’elle avait déjà fait ainsi, et que son titre d'« apostolique » avait expiré ; et Colomban le met à si elle n’entend pas les pas qui s’approchent du PRINCE des pasteurs qui viennent à la convoquer à un règlement de comptes ? Passons à Colomban :
Quelqu’un pourrait-il mieux définir le catholicisme ? que ce protestant du VIIe siècle ? Les orthodoxes et les vrais catholiques sont ceux qui ont toujours persévéré avec zèle dans la vraie foi. Il en va de même pour le récit de Culdee l’homme qui prétendait avoir le monopole du catholicisme.Colomban va encore plus loin :
Ce passage regorge de délicates touches de sarcasme, comme le fait toute l’épître. « L’aurige de tête et le vrai Père, c’est-à-dire Christ. C’est lui qui a envoyé l’Évangile aux compatriotes de Colomban par ses deux coursiers radieux, Pierre et Paul, parlant dans leurs écrits inspirés, et non pas cet autre qui s’intitule lui-même, par la grâce de Phocas, « Tête universelle et Père. « Avec nous », dit Colomban, parlant au nom des Écossais de Irlande, « nous sommes dévoués à la chaire de saint Pierre ». non, sûrement, à la chaire de Boniface, qui était « souillé d’hérésie », mais à la chaire de saint Pierre ; qui n’était autre que la confession de foi faite par Pierre. Seulement tant que les Papes Ils ont conservé la foi de Pierre et se sont assis dans la chaire de Pierre. C’est ce qu’affirme Colomban, comme l’affirme le l’extrait suivant s’affichera. Et même avec la gloire de cette foi autour d’elle, Rome était deuxième à Jérusalem. Cela montre clairement le genre de Tête que Colomban attribuait à Rome. C’était une direction d’honneur, et non d’autorité. C’était Jérusalem d’abord, Rome prochain; et à la fois pour des raisons de piété et de respect, et non pour une nomination divine. Et cet honneur et cette dignité, dit-il à l’évêque romain, ne lui resteraient pas un jour plus longtemps qu’il n’a conservé la vraie foi. La chaire de Pierre qui n’avait pas la foi de Pierre n’était pas mieux que la chaise de l’augure romain ou du druide païen.
C’est concluant en ce qui concerne l’avis de Colunbanus et de l’Église de Culdee sur la revendication de Rome au pouvoir exclusif. Colomban l’éclaire. Vous, l’Église romaine. dit Colomban, affirment que les « clefs » qui Pierre a reçu de son Seigneur, il vous l’a transmis, et à vous seul, et c’est pourquoi, que vous possédez la prérogative exclusive d’ouvrir et de fermer aux hommes le royaume de À l’heure actuelle, il n’y a C’est une arrogance inouïe – la pensée même vous coule. Ceux-ci « clés », Pierre ne les a pas reçues pour lui-même, ni pour vous, mais pour nous TOUS. Il a été le père-abbé, non seulement de l’Église romaine, mais de toutes les Églises. Nous avons tous un l’intérêt commun pour lui, et nous tous qui avons ce que Pierre avait, c’est-à-dire un droit confession de foi, ont le même pouvoir d’ouvrir et de fermer qu’il avait. C’était le sien Confession de foi qui a fait de Pierre un portier et un porteur de clefs, et l’église seule qui conserve la foi de Pierre, s’assied dans la chaire de Pierre, et manie l’épée de Pierre. Le passage est une revendication distincte de la part de l’Église celtique à la pleine égalité avec l’ensemble et à l’entière indépendance de l’Église de Rome. L’épître de Colomban à Boniface IV. est l’un des monuments les plus nobles de l’Antiquité. C’est un spécimen du vernis classique, le et la puissance intellectuelle qui s’épanouissait dans les écoles d’Iona et de l’Irlande à cet âge-là. C’est plus : c’est un monument durable du christianisme apostolique qui formait le credo des églises écossaises d’Irlande et d’Écosse. Son sarcasme est Raffiné, mais tranchant. Sa logique porte la raison captive ; son honnêteté et son courage sont au-delà de tout éloge, considérant que lorsqu’il a été écrit de l’Orient et de l’Occident, la flatterie se déversait sur l’homme que Phocas avait mis à la tête de l’Église universelle. Dans l' au milieu des centaines d’évêques qui grimacent et rampent au pied de la chaire papale, Colomban se tient debout. Mais le couronnement de l’excellence de ce manifeste, c’est sa morale sérieux. On voit le doigt de la Providence en ordonnant qu’un tel manifeste soit émis à cette époque. C’était un appel lourd et solennel à Rome à l’aventure, pas un pas plus loin dans son nouveau chemin ; et c’était un appel tout aussi lourd et solennel aux nations de l’Europe d’abandonner sa communion et de sortir de son ombre si Rome refusait de réforme. Ni Rome ni les nations n’ont tenu compte de l’avertissement. Le premier, siècle par siècle, s’éloigna de la simplicité et de la pureté du christianisme, s’élevant plus haut et plus haut dans l’empyrée du pouvoir politique, et celui-ci s’enfonça rapidement dans les ténèbres et la servitude. Néanmoins, le manifeste du grand Culdee n’a pas été vain, pas plus que son Les mots tombent par terre. L’épître de Colomban se trouvait sur le une notification publique d’une apostasie dans laquelle presque toutes les églises avaient est allé tête baissée, et après avoir été négligé pendant mille ans, Luther l’a fait naître, et, en substance, il l’a publié une seconde fois à l’audition de la chrétienté réunie à la Régime alimentaire des vers. Il a été ratifié par la suite lors de la PROTESTATION à jamais mémorable de la Princes allemands à Spires. Il vit dans la Réforme. Et cela traversera les âges et les âges impérissable monument que l’église réformée est l’ancienne, et que l’église de la Pontife le Nouveau. Le premier a son institution du Christ, le second du Christ. Phocas. Quand Colomban posa sa plume après écrivant son épître, ou plutôt ses trois épîtres, car, outre sa lettre à Boniface IV. il en écrivit deux au pape Grégoire ; on peut dire qu’il acheva son ouvrage. Il a vécu après ces deux années et fonda le monastère de Bobbio, dans une gorge des Apennins entre Milan et Gênes. Il mourut à Bobbio, en 615, et l’on y voyait encore son tombeau au XVIIe siècle, lorsqu’elle fut visitée et décrite par le savant Mabillon. 1. Baron. Annales, Tom. VII., AN. 566, col. 619. Coloniæ Agrippinæ, 1609. 2. Ut ergo honore apostolico non careas Conserva Fidem Apostolicaam. 3. L’un des titres du Pape lorsque le l’épître a été écrite. 4. Vigilius non bene vigilavit. 5. Les Églises plus jeunes, c’est-à-dire qui reçu la foi plus tard. 6. Epistola S. Columbani ad Bonifacium Papam IV. Maxima Bibliotheca Bibliotheca Veterum Patrum.. Tom. xii. p28 et suiv. Lugduni, 1677.
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