SON EXPANSION ET SA CORRUPTION
Titre : Histoire de l’Église (volumes 1-3)
Auteur : J. H. Kurtz
Traducteur : John Macpherson
Corrections et mise en page par Jean LeDuc
Janvier 2024
La Bibliothèque Biblique Etrangère.
Édité par le révérend W. Robertson Nicoll, M.A., LL.D.
Des heures encore.
Par Richard Rothe. Traduit de l’anglais par Jane T. Stoddart. Avec un essai introductif du révérend John Macpherson, M.A.
Commentaire biblique sur le livre des Psaumes.
Par le professeur Franz Delitzsch, de Leipzig. Extrait de la dernière édition spécialement révisée par l’Auteur. Traduit par le révérend David Eaton, M.A. En trois volumes.
Manuel d’introduction au Nouveau Testament.
Par Bernhard Weiss. Traduit par Mlle Davidson. En 2 vol.
Histoire de l’Église.
Par le professeur Kurtz. Traduction autorisée, de la dernière édition révisée, par le révérend J. Macpherson, M.A. En 3 vol.
Sermons choisis de Schleiermacher.
Traduit de l’anglais par Mary F. Wilson.
Un commentaire sur le livre d’Isaïe.
Par le professeur Franz Delitzsch. Traduit par le révérend James Denney, B.D. En 2 vol.
LONDRES : HODDER ET STOUGHTON, 27, PATERNOSTER ROW.
PROFESSEUR KURTZ.
TRADUCTION AUTORISÉE À PARTIR DE LA DERNIÈRE ÉDITION RÉVISÉE PAR L'
LE RÉVÉREND JOHN MACPHERSON, M.A.
TROIS VOLUMES EN UN.
DEUXIÈME ÉDITION.
Londres:
HODDER ET STOUGHTON,
27, RANGÉE PATERNOST.
MDCCCXCI., MDCCCXCII., MDCCCXCIII.
Butler & Tanner, The Selwood Printing Works,
Frome et Londres.
Le lecteur anglais est ici en présence d’une traduction de la neuvième édition d’un ouvrage qui a paru pour la première fois en 1849, et a obtenu une place des plus distinguées, on pourrait dire presque un monopole, comme manuel d’histoire de l’Église dans les universités allemandes. Depuis 1850, date de la parution de la deuxième édition, dont une traduction anglaise a été largement utilisée en Grande-Bretagne et en Amérique, Le Dr Kurtz a accordé une grande attention à l’amélioration de son livre. L’augmentation de la taille n’a pas été causée par une amplification verbeuse, mais par une nécessité urgente ressentie par l’auteur lorsqu’il a utilisé les vastes matériaux que ces dernières années ont étalés devant l’étudiant en histoire. En 1870, le Dr Kurtz a pris sa retraite de son poste de professeur et s’est consciencieusement consacré à la rédaction de chaque édition successive de son manuel jusqu’au point atteint par les toutes dernières études de son propre pays et d’autres pays. Dans sa préface à la neuvième édition de 1885, il prétend avoir apporté des améliorations très spéciales à la présentation de l’histoire des trois premiers siècles, où l’on fait largement usage des brillantes recherches de Harnack et d’autres érudits distingués de l’époque.
Dans l’exercice de la discrétion qui lui a été accordée, le traducteur s’est aventuré dans une innovation qui, il l’espère, sera généralement reconnue comme une amélioration très importante. L’édition allemande comporte souvent des pages consacrées à la littérature des grandes divisions, et un espace considérable est ainsi occupé au début de la plupart des sections ordinaires, ainsi qu’à la fin de beaucoup de sous-sections. Les livres nommés dans ces listes sont presque exclusivement des ouvrages et des articles allemands parus dans des périodiques allemands. L’expérience a montré que la reproduction de telles listes dans une édition anglaise est tout à fait inutile pour l’étudiant ordinaire et extrêmement répugnante pour le lecteur, car elle interfère sérieusement avec la continuité du texte. Le traducteur s’est donc aventuré à supprimer complètement ces listes, en les remplaçant par des ouvrages anglais standard soigneusement sélectionnés et connus de lui-même, à partir desquels des informations détaillées sur les sujets traités dans les différents paragraphes peuvent être obtenues. Il les a nommés dans des notes de bas de page aux endroits où de telles références semblaient nécessaires et les plus susceptibles d’être utiles. Les étudiants qui connaissent l’allemand à fond au point de pouvoir se référer à des livres et à des articles de spécialistes allemands n’éprouveront aucune difficulté à utiliser l’édition allemande de Kurtz, dans laquelle de nombreuses listes de cette littérature sont données.
Le premier volume anglais est une reproduction sans retranchement de l’original ; mais dans le second volume, on s’est efforcé de rendre le manuel plus commode et plus utile aux étudiants britanniques et américains, en abrégeant légèrement quelques-uns de ces paragraphes qui donnent des détails minutieux sur l’œuvre de la Réforme dans diverses provinces allemandes. Mais là aussi, on a pris soin de n’omettre aucun fait d’intérêt ou d’importance. On n’a pas ménagé ses efforts pour donner à l’édition anglaise une forme qui lui permette d’occuper le premier rang parmi les manuels d’histoire de l’Église que l’original occupe indubitablement en Allemagne.
JOHN MACPHERSON.
Findhorn, juillet 1888.
INTRODUCTION. |
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Idée et tâche de l’histoire de l’Église. |
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Répartition de l’histoire de l’Église selon le contenu. |
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Les différentes branches incluses dans un cours complet de l’histoire de l’Église. |
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Les différentes branches de l’histoire de l’Église. |
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Répartition de l’histoire de l’Église selon les périodes. |
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Sources et auxiliaires de l’histoire de l’Église. |
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Littérature des sources. |
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Littérature des sciences auxiliaires. |
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Histoire de l’histoire générale de l’Église. |
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Jusqu’à la Réforme. |
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Les 16e et 17e siècles. |
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Le 18ème siècle. |
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Le 19ème siècle. |
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Le 19e siècle ― Suite. |
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� |
Le 19ème siècle s’est poursuivi. |
||
HISTOIRE DE LA PRÉPARATION AU
CHRISTIANISME.
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Le point de vue de l’histoire universelle. |
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Paganisme. |
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Le caractère religieux du paganisme. |
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Le caractère moral du paganisme. |
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La culture intellectuelle dans le paganisme. |
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La philosophie hellénique. |
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L’État païen. |
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Judaïsme. |
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Le judaïsme sous l’éducation spéciale de Dieu par la Loi et la Prophétie. |
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Le judaïsme après la cessation de la prophétie. |
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Les synagogues. |
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Pharisiens, Sadducéens et Esséniens. |
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Samaritanisme. |
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Rapports entre judaïsme et paganisme. |
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Influence du paganisme sur le judaïsme. |
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� |
Influence du judaïsme sur le paganisme. |
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La plénitude du temps. |
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L’HISTOIRE DES DÉBUTS. |
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Caractère de l’histoire des commencements. |
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I. LA VIE DE JÉSUS. |
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Jésus-Christ, le Sauveur du monde. |
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Année de naissance et année de mort de Jésus. |
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Les premiers témoins non bibliques du Christ. |
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II. L’ÂGE APOSTOLIQUE. |
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Le ministère des apôtres devant Paul. |
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Le ministère de l’apôtre Paul. |
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Les autres apôtres après l’apparition de l’apôtre Paul. |
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� |
L’épiscopat romain de Pierre. |
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L’apôtre Jean. |
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Jacques, le frère du Seigneur. |
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Les dernières légendes des apôtres. |
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Constitution, culte et discipline. |
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Les charismes de l’âge apostolique. |
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La Constitution de l’Église-Mère à Jérusalem. |
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La Constitution des Églises pauliniennes. |
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L’Église dans les épîtres pauliniennes. |
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Offices de la congrégation et de la spiritualité. |
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La question de la position originelle de l’épiscopat et du presbyterium. |
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Culte chrétien. |
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Vie chrétienne et discipline ecclésiastique. |
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Les hérésies à l’âge apostolique. |
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Le judaïsme chrétien et le Concile des Apôtres. |
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� |
La base apostolique de la doctrine. |
||
� |
Faux enseignants. |
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PREMIÈRE DIVISION.
(La naissance
du formalisme contre la liberté de l’Esprit) |
|||
Contenu, distribution et limites de ces périodes. |
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PREMIÈRE
SECTION. |
|||
Contenu, distribution et limites de cette période. |
|||
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L’âge post-apostolique. |
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L’âge de l’Église vieille-catholique. |
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Le point de transition d’un âge à l’autre. |
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I. LA RELATION DU PAGANISME EXTRA-CHRÉTIEN ET DU JUDAÏSME AVEC L’ÉGLISE. |
|||
La propagation du christianisme. |
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Persécutions des chrétiens dans l’Empire romain. |
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Claude, Néron et Domitien. |
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Trajan et Hadrien. |
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Antonin le Pieux et Marc Aurèle. |
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Septime Sévère et Maximin Thrax. |
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Dèce, Gallus et Valérien. |
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Dioclétien et Galère. |
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Maximinus Daza, Maxence et Licinius. |
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Écrits controversés du paganisme. |
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Satire de mortte peregrini de Lucien. |
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Adorateurs d’un âne. |
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Polémique proprement dite. |
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Tentative de reconstruction du paganisme. |
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Apollonius de Tyane. |
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Néo-platonisme. |
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Réaction juive et samaritaine. |
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Disciples de Jean. |
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Les hérésiarques samaritains. |
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Dosithée. |
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Simon le Magicien. |
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Ménandre. |
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II. DANGER POUR L’ÉGLISE DE LA PART D’ÉLÉMENTS PAÏENS ET JUIFS À L’INTÉRIEUR DE SON PROPRE PALE. |
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Le gnosticisme en général. |
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Gnosticisme. |
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Les problèmes de la spéculation gnostique. |
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Distribution. |
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Sources d’information. |
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Le gnosticisme chrétien païen. |
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Cérinthe. |
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Le gnosticisme de Basilide. |
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� |
Irénée Esquisse du basilidenisme. |
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Le gnosticisme valentinien. |
||
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Deux divisions de l’école Valentinienne. |
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Les Ophites et les sectes apparentées. |
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La Gnose des Ophites. |
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Sectes antinomiques et libertines. |
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Les Nicolaïtes. |
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Les Simoniens. |
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Les Carpocrates. |
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Les Prodiciens. |
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Saturninus. |
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Tatien et les Encratites. |
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Marcion et les Marcionites. |
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Les disciples de Marcion. |
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Hermogène. |
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L’ébionisme et le gnosticisme ébionitique. |
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Nazaréens et Ébionites. |
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Les Elkésaïtes. |
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La série d’écrits pseudo-clémentins. |
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Homélie XX Clementis. |
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Recognitiones Clementis. |
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Épitom . |
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Le système doctrinal pseudo-clémentin. |
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Manichisme. |
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Le Fondateur. |
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Le système. |
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Constitution, culte et missionnarisation. |
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III. LE DÉVELOPPEMENT DOCTRINAL ET L’ACTIVITÉ APOLOGÉTIQUE DE L’ÉGLISE. |
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La littérature théologique de l’âge post-apostolique, A.D. 70 à 170. |
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Les débuts de la littérature patristique. |
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La théologie de l’âge post-apostolique. |
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Les soi-disant Pères Apostoliques. |
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Clément de Rome. |
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b. |
Barnabas. |
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Pasteur Hermas. |
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d. |
Ignace, évêque d’Antioche. |
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et. |
Polycarpe, évêque de Smyrne. |
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Papias, évêque de Hiérapolis. |
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Épître à Diognète. |
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La Didachè ou l’enseignement des douze apôtres. |
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Les écrits des premiers apologistes chrétiens. |
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Écrits existants d’apologistes de l’âge post-apostolique. |
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Justin Martyr. |
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b. |
Tatien. |
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Athénagores. |
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Théophile, évêque d’Antioche. |
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Hermias. |
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La littérature théologique de l’âge vieux-catholique, A.D. 170 à 323. |
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Les écoles et les tendances théologiques. |
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1. Les Pères de l’Église écrivent en grec. |
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Enseignants de l’Église de type asiatique. |
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Irénée. |
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b. |
Hippolyte. |
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Les enseignants de l’Église d’Alexandrie. |
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Pantanus. |
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Titus Flavius Clément. |
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c. |
Origine. |
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d. |
Denys d’Alexandrie. |
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Grégoire Thaumaturgue. |
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Pamphile. |
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Enseignants de l’Église de langue grecque dans d’autres quartiers. |
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Hégésippe. |
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Caïus de Rome. |
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c. |
Sextus jules l’Africain. |
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d. |
Méthode. |
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Lucien de Samosate. |
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2. Les Pères de l’Église écrivent en latin. |
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Les Enseignants de l’Église d’Afrique du Nord. |
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Chypriote. |
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Divers écrivains ecclésiastiques utilisant la langue latine. |
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Minucius Félix. |
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Commodus. |
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Novatien. |
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Arnobius. |
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Victorinus de Pettau. |
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Lucius Lactance. |
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La littérature apocryphe et pseudépigraphique. |
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De vieilles prophéties païennes. |
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Pseudépigraphes de l’Ancien Testament. |
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Livre d’Hénoch. |
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Assumptio Mosis. |
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Quatrième livre d’Esdras. |
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Livre des Jubilés. |
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Pseudépigraphes d’origine chrétienne. |
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Histoire d’Assenath. |
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Les Testaments du XII. Patriarches. |
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Ascensio Isaia et Vision d’Isaia. |
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Spelunca thesaurorum. |
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Apocryphes et Pseudépigraphes du Nouveau Testament. |
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Évangiles apocryphes. |
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II. |
Histoires et légendes apocryphes des apôtres. |
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Monographies apocryphes. |
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III. |
Épîtres apostoliques. |
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Apocalypses apocryphes. |
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Constitutions apostoliques. |
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Les Actes des Martyrs. |
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Les controverses doctrinales de l’âge vieux-catholique. |
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Les questions trinitaires. |
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Les Alogians. |
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Les Théodotiens et les Artémonites. |
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Praxée et Tertullien. |
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Les Noatiens et Hippolyte. |
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Bérylle et Origène. |
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Sabellius ; Denys d’Alexandrie ; Denys de Rome. |
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Paul de Samosate. |
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Chiliasme. |
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IV. CONSTITUTION, CULTE, VIE ET DISCIPLINE. |
|||
L’organisation interne de l’Église. |
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La continuation des dotations charismatiques jusqu’aux temps post-apostoliques. |
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Le développement de la hiérarchie épiscopale. |
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Les offices ecclésiastiques réguliers de l’âge vieux-catholique. |
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Clergé et laïcs. |
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Les Synodes. |
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Rapports personnels et épistolaires. |
||
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L’unité et la catholicité de l’Église. |
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La primauté romaine. |
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L’administration du baptême. |
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La préparation à recevoir le baptême. |
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La formule baptismale. |
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L’administration du baptême. |
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La doctrine du baptême. |
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La controverse sur le baptême des hérétiques. |
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Le culte public et ses diverses parties. |
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� |
L’Agape. |
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La Missa Catechumenorum. |
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La Missa Fidelium. |
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La Disciplina Arcani. |
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La doctrine de la Cène du Seigneur. |
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La théorie sacrificielle. |
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L’utilisation de l’Écriture. |
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Formation d’un canon du Nouveau Testament. |
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La doctrine de l’inspiration. |
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Hymnologie. |
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Fêtes et saisons des festivals. |
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Les fêtes de l’année chrétienne. |
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Les controverses pascales. |
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L’institution ecclésiastique du jeûne. |
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Les bâtiments de l’église et les catacombes. |
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Les catacombes. |
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Les antiquités des catacombes. |
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L’art pictural et les catacombes. |
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Représentations picturales et artistiques. |
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Symboles significatifs. |
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Figures allégoriques. |
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� |
Figures paraboliques. |
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� |
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Photos historiques des types d’O.T. |
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Figures de l’Histoire de l’Évangile. |
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� |
� |
Figures liturgiques. |
|
La vie, les mœurs et la discipline. |
|||
� |
Morale et mœurs chrétiennes. |
||
� |
La discipline pénitentielle. |
||
� |
Ascétisme. |
||
� |
Paul de Thèbes. |
||
� |
Début de la vénération des martyrs. |
||
� |
Superstition. |
||
La Réforme montaniste. |
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Le montanisme en Asie Mineure. |
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� |
Le montanisme à Rome. |
||
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Le montanisme dans l’Afrique proconsulaire. |
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Le principe fondamental du montanisme. |
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L’attitude du montanisme à l’égard de l’Église. |
||
Divisions schismatiques dans l’Église. |
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� |
Le schisme d’Hippolyte à Rome vers J.-C. Débloquer le niveau 220. |
||
� |
Le schisme de Felicissimus à Carthage en apr. J.-C. Débloquer le niveau 250. |
||
� |
Le schisme du prêtre Novatien à Rome en apr. J.-C. Débloquer le niveau 251. |
||
� |
Le schisme de Mélèce en Égypte en J.-C. Débloquer le niveau 306. |
||
|
|||
I. L’ÉGLISE ET L’ÉTAT. |
|||
Le renversement du paganisme dans l’Empire romain. |
|||
� |
La légende romaine du baptême de Constantin. |
||
� |
Constantin le Grand et ses fils. |
||
� |
Julien l’Apostat (A.D. 361 à 363). |
||
� |
Les derniers empereurs. |
||
� |
Polémiques païennes et apologétiques. |
||
� |
La religion des hypsistaires. |
||
L’Empire chrétien et le droit ecclésiastique. |
|||
� |
Le Jus Circa Sacra. |
||
� |
L’institution de la Synodes œcuméniques. |
||
� |
Ordonnances canoniques. |
||
� |
Ordonnances de l’Église pseudépigraphique. |
||
� |
Les ordonnances de l’Église apostolique. |
||
II. MONACHISME, CLÉRICALISME ET HIÉRARCHISME. |
|||
Monachisme. |
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La biographie de saint Antoine. |
||
� |
L’origine du monachisme chrétien. |
||
� |
Monachisme oriental. |
||
� |
Monachisme occidental. |
||
� |
Institution des couvents. |
||
� |
L’ascèse monastique. |
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Monachisme anti-ecclésiastique et hérétique. |
||
Le clergé. |
|||
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Formation du clergé. |
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L’injonction du célibat. |
||
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Offices ecclésiastiques ultérieurs. |
||
� |
Propriété de l’Église. |
||
La Constitution patriarcale et la primauté. |
|||
� |
La Constitution patriarcale. |
||
� |
La rivalité entre Rome et Byzance. |
||
Histoire de la Chaire romaine et de ses prétentions à la primauté. |
|||
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De Melchiade à Jules, A.D. 310 à J.-C. Débloquer le niveau 352. |
||
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De Libère à Anastase, A.D. 352 à J.-C. Débloquer le niveau 402. |
||
� |
D’Innocent Ier à Zosime, A.D. 402 à A.D. Débloquer le niveau 418. |
||
� |
De Boniface Ier à Sixte III, apr. J.-C. 419 à J.-C. Débloquer le niveau 440. |
||
� |
De Léon le Grand à Simplicius, A.D. 440 à J.-C. Débloquer le niveau 483. |
||
� |
De Félix III à Boniface II, apr. J.-C. 483 à J.-C. Débloquer le niveau 532. |
||
|
De Jean II à Pélage II, apr. J.-C. 532 à J.-C. Débloquer le niveau 590. |
||
|
De Grégoire Ier à Boniface V, A.D. 590 à J.-C. Débloquer le niveau 625. |
||
|
D’Honorius Ier à Grégoire III, apr. J.-C. 625 à J.-C. Débloquer le niveau 741. |
||
III. SCIENCE ET LITTÉRATURE THÉOLOGIQUES. |
|||
Les Ecoles Théologiques et leurs Représentants les plus célèbres. |
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|
Les écoles et les tendances théologiques. |
||
|
|
Aux 4ème et 5ème siècles. |
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|
des 6ème et 7ème siècles. |
|
1. LES ENSEIGNANTS LES PLUS IMPORTANTS DE LA L’ÉGLISE DE L’EST. |
|||
|
Le représentant le plus célèbre de l’ancienne école alexandrine Eusèbe. |
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|
Pères de l’Église de la Nouvelle École d’Alexandrie. |
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|
Athanase. |
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|
Les trois grands Cappadociens. |
|
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|
Basile le Grand. |
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|
|
Grégory Nazianze. |
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|
|
Grégoire de Nysse. |
|
|
et. |
Apollinaire. |
|
|
|
Didyme l’aveugle. |
|
|
g. |
Macaire Magnès. |
|
|
|
Cyrille, patriarche d’Alexandrie. |
|
|
|
Isidore de Péluse. |
|
|
|
Mystiques et philosophes. |
|
|
|
Macaire le Grand ou l’Ancien. |
|
|
|
Marcus Hermit. |
|
|
|
Synésius de Cyrène. |
|
|
|
Némésius, évêque d’Émèse. |
|
|
|
Énée de Gaza. |
|
|
Les Antiochiens. |
||
|
|
Eusèbe d’Émèse. |
|
|
|
Diodore de Tarse. |
|
|
|
Jean d’Antioche (Chrysostome). |
|
|
d. |
Théodore, évêque de Mopsuestia. |
|
|
|
Polychronius, évêque d’Apamée. |
|
|
|
Théodoret, évêque de Cyrus. |
|
|
Autres enseignants de l’Église grecque au cours des 4ème et 5ème siècles. |
||
|
|
Cyrille, évêque de Jérusalem. |
|
|
|
Épiphane, évêque de Salamine. |
|
|
|
Palladius. |
|
|
|
Nilus. |
|
|
Pères de l’Église grecque des VIe et VIIe siècles. |
||
|
|
Johannes Philoponus. |
|
|
|
Denys l’Aréopagite. |
|
|
c. |
Leontius Byzantinus. |
|
|
|
Maxime le Confesseur. |
|
|
|
Johannes Climacus. |
|
|
|
Johannes Musk. |
|
|
|
Anastase Sinaïta. |
|
|
Pères de l’Église syrienne. |
||
|
|
Jacob de Nisibe. |
|
|
|
Aphraates. |
|
|
|
Éphraïm le Syrien. |
|
|
|
Ibas, évêque d’Édesse. |
|
|
|
Jacob, évêque d’Édesse. |
|
2. LES DOCTEURS LES PLUS IMPORTANTS DE L’ÉGLISE D’OCCIDENT. |
|||
|
f. |
Pendant la période de la controverse arienne.
a. Jul.
Firmicus Maternus. |
|
|
g. |
Ambroise, évêque de Milan. |
|
|
|
Ambrosiaster. |
|
|
|
Pacianus, évêque de Barcelone. |
|
|
pendant la période de la controverse origéniste. |
||
|
|
Jerome. |
|
|
b. |
Tyrannius Rufinus. |
|
|
|
Sulpicius Severus. |
|
|
|
Pierre Chrysologus, évêque de Ravenne. |
|
|
Le héros de la controverse sotériologique – Augustin. |
||
|
Œuvres d’Augustin. |
||
|
|
Traités philosophiques. |
|
|
|
Traités dogmatiques. |
|
|
|
Traités controversés. |
|
|
|
Traités apologétiques. |
|
|
|
Œuvres exégétiques. |
|
|
Les disciples et les amis d’Augustin. |
||
|
|
Paulin, diacre de Milan. |
|
|
|
Paul Orose. |
|
|
|
Marius Mercator. |
|
|
|
Prosper Aquitanicus. |
|
|
|
César, évêque d’Arelate. |
|
|
|
Fulgentius, évêque de Ruspe. |
|
|
Pélagiens et semi-pélagiens. |
||
|
|
Pelagius. |
|
|
|
Semi-pélagiens ou Massiliens.
a. Johannes
Cassianus. |
|
|
Les enseignants de l’Église les plus importants parmi les papes romains. |
||
|
|
Léon le Grand. |
|
|
|
Gélase Ier. |
|
|
|
Grégoire le Grand. |
|
|
Les conservateurs et les continuateurs de la culture patristique. |
||
|
|
Boèce. |
|
|
|
Magnus Aurelius Cassiodorus. |
|
|
|
Denys l’Exigus. |
|
Branches de la science théologique et de la poésie chrétienne. |
|||
|
Théologie exégétique. |
||
|
Théologie historique. |
||
|
Théologie systématique. |
||
|
|
Apologétique. |
|
|
|
Polémiques. |
|
|
|
Dogmatique positive. |
|
|
|
Morale. |
|
|
Théologie pratique. |
||
|
Poésie chrétienne. |
||
|
Poésie latine chrétienne. |
||
|
Poésie de l’Église nationale syrienne. |
||
|
L’histoire légendaire de Cyprien. |
||
IV. CONTROVERSES DOCTRINALES ET HÉRÉSIES. |
|||
Le développement de la doctrine en général. |
|||
|
|
||
La controverse trinitaire, A.D. 318 à 381. |
|||
|
Victoire préliminaire de l’Homoousia, A.D. 318 à 325. |
||
|
Victoire de l’eusébianisme, A.D. 328 à 356. |
||
|
Victoire de l’homoiousianisme, A.D. 357 à 361. |
||
|
Victoire finale du Credo de Nicée, A.D. 361 à 381. |
||
|
Les Pneumatomachiens, A.D. 362 à 381. |
||
|
La littérature de la controverse. |
||
|
Développement post-nicéen du dogme. |
||
|
Schismes à la suite de la controverse arienne. |
||
|
|
Le schisme mélétien d’Antioche. |
|
|
|
Le schisme des lucifériens. |
|
|
|
Le schisme de Damase et d’Ursace à Rome. |
|
Les controverses origénistes, A.D. 394 à 438. |
|||
|
Les moines des déserts scétiques et nitriens. |
||
|
La controverse en Palestine et en Italie, A.D. 394 à 399. |
||
|
La controverse d’Alexandrie et de Constantinople, A.D. 399 à 438. |
||
La controverse christologique. |
|||
|
La controverse apollinaire, A.D. 362 à 381. |
||
|
Christologie des écoles théologiques opposées. |
||
|
La controverse dyprosopique ou nestorienne, A.D. 428 à 444. |
||
|
La controverse monophysite. |
||
|
|
Eutychianisme, A.D. 444 à 451. |
|
|
II. |
Tentatives impériales d’union, A.D. 451 à 519. |
|
|
III. |
Décrets de Justinien, A.D. 527 à 553. |
|
|
IV. |
Les Églises monophysites. |
|
|
La controverse monothélite, A.D. 633 à 680. |
||
|
Le cas d’Honorius. |
||
Les controverses sotériologiques, A.D. 412 à 529. |
|||
|
Historique préliminaire. |
||
|
La doctrine d’Augustin. |
||
|
Pélage et sa Doctrine. |
||
|
La controverse pélagienne, A.D. 411 à 431. |
||
|
La controverse semi-pélagienne, A.D. 427 à 529. |
||
Réapparition et remodelage des sectes hérétiques antérieures. |
|||
|
Manichéisme. |
||
|
Priscillianisme, A.D. 383 à 563. |
||
V. LE CULTE, LA VIE, LA DISCIPLINE ET LA MORALE. |
|||
Culte en général. |
|||
|
|
||
Fêtes et saisons pour le culte public. |
|||
|
Le cycle hebdomadaire. |
||
|
Heures et jeûnes trimestriels. |
||
|
Le calcul de Pâques. |
||
|
Les fêtes de Pâques. |
||
|
Les fêtes de Noël. |
||
|
L’année ecclésiastique. |
||
|
L’Église jeûne. |
||
Culte des saints, des reliques et des images. |
|||
|
Le culte des martyrs et des saints. |
||
|
L’adoration de Marie et d’Anne. |
||
|
Adoration des anges. |
||
|
Adoration des images. |
||
|
Culte des reliques. |
||
|
La réalisation des pèlerinages. |
||
La dispensation des sacrements. |
|||
|
Administration du baptême. |
||
|
La doctrine de la Cène. |
||
|
Le sacrifice de la messe. |
||
|
L’administration de la Cène du Seigneur. |
||
L’adoration publique en mots et en symboles. |
|||
|
Les Saintes Écritures. |
||
|
Les Credo de l’Église. |
||
|
|
Le Credo de Nicée-Constantinople. |
|
|
|
Le Symbole des Apôtres. |
|
|
|
Le Credo d’Athanase. |
|
|
Lecture de la Bible à l’église et prédication. |
||
|
Hymnologie. |
||
|
Psalmodie et musique d’hymne. |
||
|
La liturgie. |
||
|
Vêtements liturgiques. |
||
|
Actes symboliques dans le culte. |
||
|
Processions. |
||
Lieux de culte public, bâtiments et œuvres d’art. |
|||
|
La Basilique. |
||
|
Basiliques séculières. |
||
|
Le style de la coupole. |
||
|
Bâtiments accessoires et spéciaux. |
||
|
Mobilier d’église. |
||
|
Les arts graphiques et plastiques. |
||
Vie, Discipline et Morale. |
|||
|
Discipline de l’Église. |
||
|
Mariage chrétien. |
||
|
La maladie, la mort et l’enterrement. |
||
|
Purgatoire et messes pour les âmes. |
||
Réformateurs hérétiques. |
|||
|
Audiens et Apostoliques. |
||
|
Protestations contre la superstition et les observances extérieures. |
||
|
Protestations contre la surestimation de la doctrine. |
||
Schismes. |
|||
|
Le schisme donatiste, A.D. 311 à 415. |
||
|
Le Concilium Quinisextum, A.D. Débloquer le niveau 692. |
||
VI. L’ÉGLISE EN DEHORS DE L’EMPIRE ROMAIN. |
|||
Opérations missionnaires en Orient. |
|||
|
L’Église éthiopienne-abyssinienne. |
||
|
L’Église perse. |
||
|
L’Église arménienne. |
||
|
Les Ibères. |
||
La contre-mission des mahométans. |
|||
|
Le principe fondamental de l’islam. |
||
|
La place providentielle de l’islam. |
||
TROISIÈME SECTION. |
|||
I. Développements de l’Église grecque en combinaison avec l’Église occidentale. |
|||
L’iconoclasme de l’Église byzantine (A.D. 726 à 842). |
|||
|
Léon III, l’Isaurien, apr. J.-C. 717 à 741. |
||
|
Constantin c. J.-C. 741 à 775. |
||
|
Léon IV, Chazarus, A.D. 775 à 780. |
||
|
Léon V., l’Arménien, A.D. 813 à 820. |
||
Division entre les Églises grecque et romaine et tentatives d’union, A.D. 857 à 1453. |
|||
|
Fondation du schisme, A.D. Débloquer le niveau 867. |
||
|
Léon VI, le Philosophe, apr. J.-C. 886 à 911. |
||
|
Achèvement du schisme, A.D. Débloquer le niveau 1054. |
||
|
Tentatives de retrouvailles. |
||
|
Andronic III. Palæologus et Barlaam. |
||
|
Concile de Florence. |
||
|
Décadence de l’Empire byzantin. |
||
II. Développements dans l’Église d’Orient sans la coopération de l’Église d’Occident. |
|||
Science et littérature théologiques. |
|||
|
Renouveau des études classiques. |
||
|
Aristote et Platon. |
||
|
Scolastique et mysticisme. |
||
|
Les branches de la science théologique. |
||
|
Éminents théologiens. |
||
|
Barlaam et Josaphat. |
||
Controverses doctrinales aux XIIe-XIVe siècles. |
|||
|
Questions dogmatiques. |
||
|
La controverse hésychaste, A.D. 1341-1351. |
||
Constitution, Culte et Vie. |
|||
|
Le schisme arsénien, A.D. 1262-1312. |
||
|
Culte public. |
||
|
Monachisme. |
||
|
Efforts à la Réforme. |
||
Hérétiques dualistes. |
|||
|
Les Pauliciens. |
||
|
Les Enfants du Soleil. |
||
|
Les Euchites. |
||
|
Le Bogomili. |
||
Les Églises nestoriennes et monophysites de l’Orient. |
|||
|
Les nestoriens persans. |
||
|
Églises monophysites. |
||
|
Les Maronites. |
||
|
La légende du prêtre Jean. |
||
Les Églises slaves adhérant à la Confession grecque orthodoxe. |
|||
|
Slaves dans les provinces grecques. |
||
|
Le Chazari. |
||
|
Les Bulgares. |
||
|
L’Église russe. |
||
|
Sectes russes. |
||
|
Efforts des Romains pour l’union. |
||
DEUXIÈME DIVISION. |
|||
Caractère et divisions de cette période du développement. |
|||
|
Le caractère de l’histoire médiévale. |
||
|
Périodes de l’histoire de l’Église du Moyen Âge germano-romain. |
||
PREMIÈRE
SECTION. |
|||
I. Fondation, propagation et limitation de l’Église allemande. |
|||
Le christianisme et les Allemands. |
|||
|
La prédisposition des Allemands pour le christianisme. |
||
|
Adoption sans opposition du christianisme. |
||
|
Mode de conversion dans l’Église de ces temps. |
||
La victoire du catholicisme sur l’arianisme. |
|||
|
Les Goths dans les terres du Danube. |
||
|
Les Wisigoths en Gaule et en Espagne. |
||
|
Les Vandales en Afrique. |
||
|
Les Suèves. |
||
|
Les Bourguignons. |
||
|
Les Rugiens. |
||
|
Les Ostrogoths. |
||
|
Les Lombards en Italie. |
||
|
Les Francs en Gaule. |
||
Victoire des Romains sur l’ancienne Église britannique. |
|||
|
La conversion des Irlandais. |
||
|
La mission en Ecosse. |
||
|
Les particularités de l’église celtique. |
||
|
La mission romaine chez les Anglo-Saxons. |
||
|
Missions celtiques chez les Anglo-Saxons. |
||
|
L’élément celtique chassé de l’Église anglo-saxonne. |
||
|
Propagation et renversement de l’Église britannique sur le continent. |
||
|
Renversement de l’ancien système britannique dans l’Église iro-écossaise. |
||
La conversion et la romanisation de l’Allemagne. |
|||
|
Sud-Ouest de l’Allemagne. |
||
|
Sud-Est de l’Allemagne. |
||
|
Nord-Ouest de l’Allemagne. |
||
|
L’œuvre missionnaire de Boniface. |
||
|
L’organisation effectuée par Boniface. |
||
|
Hérésies confrontées par Boniface. |
||
|
La fin de Boniface. |
||
|
Une estimation de Boniface. |
||
|
La conversion des Saxons. |
||
Les Slaves dans les pays allemands. |
|||
|
Les Carantaniens et les Avars. |
||
|
L’Église morave. |
||
|
Les débuts du christianisme en Bohême. |
||
Les nations scandinaves. |
|||
|
Ansgar. |
||
|
Le successeur d’Ansgar : Rimbert. |
||
Le christianisme et l’islam. |
|||
|
L’islam en Espagne. |
||
|
L’islam en Sicile. |
||
II. LA HIÉRARCHIE, LE CLERGÉ ET LES MOINES. |
|||
La papauté et les Carolingiens. |
|||
|
La période de la fondation des États de l’Église. |
||
|
Étienne III, A.D. 768 à 772. |
||
|
|
Hadrien Ier, apr. J.-C. 772 à 795. |
|
|
Charlemagne et Léon III, apr. J.-C. 795 à 816. |
||
|
Louis le Pieux et les Papes de son temps. |
||
|
Les fils de Louis le Pieux et les papes de leur temps. |
||
|
La légende de la femme papesse Jeanne. |
||
|
Nicolas Ier et Hadrien II. |
||
|
Jean VIII. et ses successeurs. |
||
|
La papauté et les nationalités. |
||
Le rang de métropolitain. |
|||
|
La position des métropolites en général. |
||
|
Hincmar de Reims. |
||
|
Métropolites dans d’autres pays. |
||
Le clergé en général. |
|||
|
Le Clergé supérieur. |
||
|
Le clergé inférieur. |
||
|
Célibat obligatoire. |
||
|
Vie canonique. |
||
Monachisme. |
|||
|
Benoît de Nursie. |
||
|
Benoît d’Aniane. |
||
|
Couvents. |
||
|
Les Grands Monastères. |
||
|
Pratiques monastiques chez le clergé. |
||
|
Les Stylites. |
||
La propriété des églises et des monastères. |
|||
|
Les revenus des églises et des monastères. |
||
|
Le système de bénéfices. |
||
Législation ecclésiastique. |
|||
|
Anciens recueils de droit ecclésiastique. |
||
|
Le recueil des décrétales du Pseudo-Isidore. |
||
|
Détails de l’histoire de la falsification. |
||
|
L’édit et la donation de Constantin. |
||
III. L’ÉGLISE ET LE PEUPLE. |
|||
Culte public et art. |
|||
|
Liturgie et prédication. |
||
|
Musique d’église. |
||
|
Le sacrifice de la messe. |
||
|
Le culte des saints. |
||
|
Heures et lieux pour le culte public. |
||
|
Architecture et peinture ecclésiastiques. |
||
Coutumes nationales, vie sociale et discipline ecclésiastique. |
|||
|
Superstition. |
||
|
Éducation populaire. |
||
|
Poésie populaire chrétienne. |
||
|
Condition sociale. |
||
|
Pratique du droit public. |
||
|
Discipline ecclésiastique et exercices pénitentiels. |
||
IV. LA THÉOLOGIE ET SES COMBATS. |
|||
Érudition et science théologique. |
|||
|
Souverains de la lignée carolingienne. |
||
|
|
|
Charlemagne, A.D. 768 à 814. |
|
|
|
Louis le Pieux, A.D. 814 à 840. |
|
|
|
Charles le Chauve, A.D. 840 à 877. |
|
Les théologiens les plus distingués de l’époque précarolingienne. |
||
|
|
La France mérovingienne. |
|
|
|
Sud des Pyrénées. |
|
|
|
Angleterre. |
|
|
Les théologiens les plus distingués du siècle de Charlemagne. |
||
|
|
Alcuin. |
|
|
|
Paulus Diaconus. |
|
|
|
Théodulf, évêque d’Orléans. |
|
|
|
Paulin, patriarche d’Aquilée et évêque Leidrad de Lyon. |
|
|
|
Hatto, abbé de Reichenau. |
|
|
Les théologiens les plus distingués du siècle de Louis le Pieux. |
||
|
|
Agobard de Lyon. |
|
|
|
Claude, évêque de Turin. |
|
|
|
Jonas d’Orléans. |
|
|
|
Amalarius de Metz. |
|
|
|
Christian Druthmar. |
|
|
|
Rabanus Magnentius Maurus. |
|
|
|
Walafrid Strabon. |
|
|
Les théologiens les plus distingués du siècle de Charles le Chauve. |
||
|
|
Hincmar de Reims. |
|
|
|
Paschasius Radbertus. |
|
|
|
Ratramnus. |
|
|
|
Florus Magister. |
|
|
|
Haymo, évêque de Halberstadt. |
|
|
|
Servatus Lupus. |
|
|
|
Remigius d’Auxerre. |
|
|
|
Regius de Prüm. |
|
|
9. |
Anastase Bibliothecarius. |
|
|
|
Euloge de Cordoue. |
|
|
11. |
Joannes Scotus Erigena. |
|
|
Les écoles monastiques et cathédrales. |
||
|
Diverses branches de la science théologique. |
||
|
|
Exégèse. |
|
|
|
Théologie systématique. |
|
|
|
Théologie pratique. |
|
|
|
Théologie historique. |
|
|
La culture anglo-saxonne sous Alfred le Grand, A.D. 871 à 901. |
||
Controverses doctrinales. |
|||
|
La controverse adoptionniste, A.D. 782 à 799. |
||
|
Controverse sur la procession du Saint-Esprit. |
||
|
La controverse eucharistique, A.D. Débloquer le niveau 844. |
||
|
Controverse sur la conception de la Vierge. |
||
|
La controverse prédestinarienne après J.-C. 847 à 868. |
||
|
La controverse trinitaire, A.D. Débloquer le niveau 857. |
||
Efforts après la Réforme. |
|||
|
L’opposition carolingienne au culte des images, A.D. 790 à 825. |
||
|
Agobard de Lyon et Claude de Turin. |
||
DEUXIÈME
SECTION. |
|||
I. La propagation du christianisme. |
|||
Entreprises missionnaires. |
|||
|
Le champ de mission scandinave. |
||
|
Danemark. |
||
|
Suède. |
||
|
Les Norvégiens. |
||
|
Dans le groupe d’îles du Nord-Ouest. |
||
|
Le champ missionnaire slavo-magyar. |
||
|
Les pôles. |
||
|
Hongrie. |
||
|
Les races Wendes. |
||
|
Poméranie. |
||
|
L’œuvre missionnaire parmi les Finlandais et les Lituaniens. |
||
|
L’Estonie, la Livonie et la Courlande. |
||
|
Les Prussiens. |
||
|
Lituanie. |
||
|
Le champ missionnaire mongol. |
||
|
Le champ missionnaire de l’Islam. |
||
Les croisades. |
|||
|
La première croisade, A.D. Débloquer le niveau 1096. |
||
|
La deuxième croisade, A.D. Débloquer le niveau 1147. |
||
|
La troisième croisade, A.D. Débloquer le niveau 1189. |
||
|
La quatrième croisade, A.D. Débloquer le niveau 1217. |
||
|
La cinquième croisade, apr. J.-C. Débloquer le niveau 1228. |
||
|
La Sixième, A.D. 1248, et septième, apr. J.-C. 1270, Croisades. |
||
L’islam et les juifs en Europe. |
|||
|
L’islam en Sicile. |
||
|
L’islam en Espagne. |
||
|
Les Juifs en Europe. |
||
II. — La hiérarchie, le clergé et les moines. |
|||
La papauté et le Saint-Empire romain germanique dans les nationalités allemandes. |
|||
|
La pornocratie romaine et l’empereur Otton Ier, † apr. J.-C. Débloquer le niveau 973. |
||
|
Le temps d’Otton II, III, A.D. 973 à 1002. |
||
|
Otton III. ; Pape Sylvestre II. |
||
|
De Henri II au synode de Sutri, A.D. 1002 à 1046. |
||
|
Henri III et ses papes allemands, après J.-C. 1046 à 1057. |
||
|
La papauté sous le contrôle de Hildebrand, A.D. 1057 à 1078. |
||
|
Grégoire VII, apr. J.-C. 1073 à 1085. |
||
|
Différend de Grégoire avec Henri IV. |
||
|
L’idée centrale de la politique de Grégoire. |
||
|
Victor III. et Urbain II, apr. J.-C. 1086 à 1099. |
||
|
Paschalis II, Gélase II, et Calixte II, après J.-C. 1099 à 1124. |
||
|
Controverse sur les investitures anglaises. |
||
|
Le temps de Lothaire III. et de Conrad III, après J.-C. 1125 à 1152. |
||
|
L’époque de Frédéric Ier et d’Henri VI, apr. J.-C. 1152 à 1190. |
||
|
Alexandre III, apr. J.-C. 1159 à 1181. |
||
|
L’époque du roi Henri II et de Cœlestine III, apr. J.-C. 1154 à 1198. |
||
|
Innocent III, apr. J.-C. 1198 à 1216. |
||
|
―― Quatrième concile du Latran de l’apr. J.-C. Débloquer le niveau 1215. |
||
|
Le temps de Frédéric II et de ses successeurs, A.D. 1215 à 1268. |
||
|
Innocent IV et ses successeurs, A.D. 1243 à 1268. |
||
|
L’époque de la maison d’Anjou jusqu’à Boniface VIII, apr. J.-C. 1288 à 1294. |
||
|
Nicolas III. à Cœlestine V, A. D. 1277 à 1294. |
||
|
Pouvoir temporel des papes. |
||
Le clergé. |
|||
|
Le Collège romain des cardinaux. |
||
|
L’importance politique du clergé supérieur. |
||
|
Les évêques et le chapitre de la cathédrale. |
||
|
s’efforce de réformer le clergé. |
||
|
La Pataria de Milan. |
||
Ordres et institutions monastiques. |
|||
|
Rejetons des bénédictins. |
||
|
|
Les Frères de Clugny. |
|
|
|
La Congrégation des Camaldolites. |
|
|
|
L’Ordre de Vallombrosa. |
|
|
|
Les Cisterciens. |
|
|
|
La Congrégation des monastères écossais. |
|
|
Nouveaux ordres monastiques. |
||
|
|
L’Ordre de Grammont. |
|
|
|
L’Ordre de Saint-Antoine. |
|
|
|
L’Ordre de Fontevraux. |
|
|
|
L’Ordre des Gilbertins. |
|
|
|
L’Ordre des Chartreux. |
|
|
|
L’Ordre des Prémontrés. |
|
|
|
L’Ordre Trinitaire. |
|
|
|
L’Ordre Cœlestine. |
|
|
Les débuts de l’Ordre franciscain jusqu’à J.-C. Débloquer le niveau 1219. |
||
|
Les franciscains de J.-C. 1219 à J.-C. Débloquer le niveau 1223. |
||
|
Les franciscains de J.-C. Débloquer le niveau 1223. |
||
|
Divisions du parti au sein de l’Ordre franciscain. |
||
|
L’Ordre dominicain ou prédicateur. |
||
|
Les règles constitutionnelles dominicaines. |
||
|
Les ordres féminins. |
||
|
|
Religieuses dominicaines. |
|
|
|
Religieuses de Sainte-Clara. |
|
|
Les autres ordres mendiants. |
||
|
Confréries pénitentielles et tertiaires des ordres mendiants. |
||
|
Guildes ouvrières d’un ordre monastique. |
||
|
L’Ordre Spirituel des Chevaliers. |
||
|
|
Les Templiers. |
|
|
|
Les Chevaliers de Saint-Jean. |
|
|
|
L’Ordre des Chevaliers Teutoniques. |
|
|
|
Les Chevaliers de la Croix. |
|
|
Frères du pont et mercédaires. |
||
III. La science théologique et ses controverses. |
|||
La scolastique en général. |
|||
|
Dialectique et mysticisme. |
||
|
Les bases philosophiques de la scolastique dialectique. |
||
|
Les pépinières de la scolastique. |
||
|
Les époques de la scolastique. |
||
|
Le droit canonique. |
||
|
Littérature historique. |
||
Le Sæculum Obscurum : le Xe siècle. |
|||
|
Études classiques ― Allemagne ; Angleterre. |
||
|
―― Italie ; France. |
||
Le XIe siècle. |
|||
|
Les scolastiques les plus célèbres de ce siècle. |
||
|
|
Fulbert. |
|
|
|
Bérenger de Tours. |
|
|
|
Lanfranc. |
|
|
|
Hildebert de Tours. |
|
|
|
Anselme de Cantorbéry. |
|
|
|
Anselme de Laon. |
|
|
|
Guillaume de Champeaux. |
|
|
|
Guibert de Nogent. |
|
|
La controverse de l’Eucharistie de Bérenger, A.D. 1050 à 1079. |
||
|
Controverses d’Anselme. |
||
Le XIIe siècle. |
|||
|
Le concours sur le sol français. |
||
|
|
Le côté dialectique du Golfe―Peter Abælard. |
|
|
|
―― Enseignements d’Abælard. |
|
|
II. |
Le côté mystique du golfe - Saint-Bernard de Clairvaux. |
|
|
III. |
Combler le fossé du côté du mysticisme. |
|
|
IV. |
Combler le fossé du côté de la dialectique. |
|
|
La controverse sur le sol allemand. |
||
|
Théologiens d’une tendance éminemment biblique et ecclésiastique-pratique. |
||
|
|
Alger de Liège. |
|
|
|
Rupert de Deutz. |
|
|
|
Hervæus. |
|
|
4. |
Jean de Salisbury. |
|
|
|
Walter de Saint-Victor. |
|
|
|
Innocent III. |
|
|
Philosophes humanistes. |
||
Le XIIIe siècle. |
|||
|
Les écrits d’Aristote et de ses interprètes arabes. |
||
|
Théorie d’une double Vérité. |
||
|
L’apparition des ordres mendiants. |
||
|
Distingués scolastiques franciscains. |
||
|
Éminents scolastiques dominicains : Albert le Grand. |
||
|
―― Thomas d’Aquin. |
||
|
Réformateurs de la méthode scolastique ― Raimund Lull. |
||
|
―― Roger Bacon. |
||
|
théologiens de tendance biblique et pratique. |
||
|
|
César de Heisterbach. |
|
|
|
Guillaume Peraldus. |
|
|
|
Hugo de Saint-Caro. |
|
|
|
Robert de Sorbon. |
|
|
|
Raimund Martini. |
|
|
Précurseurs des mystiques spéculatifs allemands. |
||
IV. L’Église et le peuple. |
|||
Culte public et art. |
|||
|
La liturgie et le sermon. |
||
|
Définition et nombre des sacrements. |
||
|
Le sacrement de l’autel. |
||
|
Pénitence. |
||
|
Extrême-onction. |
||
|
Le sacrement du mariage. |
||
|
Nouveaux festivals. |
||
|
La vénération des saints. |
||
|
Sainte Ursule et ses 11 000 vierges. |
||
|
Hymnologie. |
||
|
Musique d’église. |
||
|
Architecture ecclésiastique. |
||
|
Loges maçonniques libres. |
||
|
Statuaire et peinture. |
||
Les coutumes nationales et la littérature nationale. |
|||
|
La chevalerie et la paix de Dieu. |
||
|
Coutumes populaires. |
||
|
Deux saints royaux. |
||
|
Preuves de sainteté. |
||
|
|
Stigmatisation. |
|
|
|
Bilocation. |
|
|
Culture religieuse du peuple. |
||
|
La littérature nationale. |
||
Discipline ecclésiastique, indulgences et ascétisme. |
|||
|
Interdiction et interdiction. |
||
|
Indulgences. |
||
|
La doctrine de l’Église dans l’au-delà. |
||
|
Flagellation. |
||
Mystiques féminines. |
|||
|
Deux prophétesses rhénanes du XIIe siècle. |
||
|
Trois prophétesses de Thuringe du XIIIe siècle. |
||
V. Opposition hérétique à l’autorité ecclésiastique. |
|||
Les protestataires contre l’Église. |
|||
|
Les Cathares. |
||
|
―― Leurs systèmes théologiques. |
||
|
Les Pasagians. |
||
|
Hérétiques panthéistes. |
||
|
|
Amalrich de Bena. |
|
|
|
David de Dinant. |
|
|
|
Les Ortlibariens. |
|
|
Hérétiques apocalyptiques. |
||
|
Joachites gibelines. |
||
|
Réformateurs révolutionnaires. |
||
|
|
Les Pétrobrusiens. |
|
|
|
Arnold de Brescia. |
|
|
3. |
Les Pastorelles. |
|
|
|
Les Frères Apostoliques. |
|
|
Amateurs de réforme. |
||
|
|
Tanchelm. |
|
|
|
Eon de Stella. |
|
|
Les Vaudois. |
||
|
|
Leur origine. |
|
|
2. |
leurs divisions. |
|
|
3. |
Tentatives de catholicisation. |
|
|
4. |
Les Sociétés Françaises. |
|
|
|
―― Une origine alternative. |
|
|
5. |
La branche lombarde-allemande. |
|
|
6. |
Relations entre les Vaudois et les sectes anciennes et contemporaines. |
|
L’Église contre les manifestants. |
|||
|
La croisade des Albigeois, A.D. 1209 à 1229. |
||
|
L’Inquisition. |
||
|
Conrad de Marbourg et les Stedinger. |
||
TROISIÈME
SECTION. |
|||
I. La hiérarchie, le clergé et les moines. |
|||
La papauté. |
|||
|
Boniface VIII et Benoît XI, apr. J.-C. 1294-1304. |
||
|
La papauté pendant l’exil babylonien, A.D. 1305-1377. |
||
|
Jean XXII, apr. J.-C. 1316-1334. |
||
|
Benoît XII, apr. J.-C. 1334-1342. |
||
|
Innocent VI à Grégoire XI, apr. J.-C. 1352-1378. |
||
|
Le schisme papal et le concile de Pise, A.D. 1378-1410. |
||
|
Le concile de Constance et Martin V, A.D. 1410-1431. |
||
|
Eugène IV et le concile de Bâle, A.D. 1431-1449. |
||
|
Sanction pragmatique, A.D. Débloquer 1438. |
||
|
Nicolas V à Pie II, apr. J.-C. 1447-1464. |
||
|
Paul II, Sixte IV et Innocent VII, apr. J.-C. 1464-1492. |
||
|
Alexandre VI, apr. J.-C. 1492-1503. |
||
|
Jules II, apr. J.-C. 1503-1513. |
||
|
Léon X, apr. J.-C. 1513-1521. |
||
|
Revendications papales à la souveraineté. |
||
|
La Curie pontificale. |
||
Le clergé. |
|||
|
L’état moral du clergé. |
||
|
Abbés Commendataires. |
||
Ordres et Sociétés monastiques. |
|||
|
Les ordres bénédictins. |
||
|
Les franciscains. |
||
|
Les Observants et les Conventuels. |
||
|
Les Dominicains. |
||
|
Les Augustins. |
||
|
John von Staupitz. |
||
|
Renversement des Templiers. |
||
|
Nouvelles commandes. |
||
|
|
Hiéronymites. |
|
|
|
Jesuates. |
|
|
|
Minima. |
|
|
|
Religieuses de Sainte-Brigitte. |
|
|
|
Annoncer l’ordre. |
|
|
Les Frères de la Vie Commune. |
||
II. La science théologique. |
|||
La scolastique et ses réformateurs. |
|||
|
Jean Duns Scot. |
||
|
Thomistes et Scotistes. |
||
|
Nominalistes et réalistes. |
||
|
Casuistique. |
||
|
Le fondateur de la théologie naturelle : Raimund de Sabunde. |
||
|
Nicolas de Cues. |
||
|
Théologiens bibliques et pratiques.-- |
||
|
|
Nicolas de Lyre. |
|
|
|
Antonin de Florence. |
|
|
|
Jean Trithème. |
|
Les mystiques allemands. |
|||
|
Maître Eckhart. |
||
|
Mystiques de la Haute-Allemagne d’après Eckhart. |
||
|
L’ami de Dieu dans les hautes terres. |
||
|
Nicolas de Bâle. |
||
|
Henry soupira. |
||
|
Henri de Nördlingen. |
||
|
Mystiques des Pays-Bas. |
||
|
|
Jean de Ruysbroek. |
|
|
|
Hendrik Mande. |
|
|
|
Gerlach Peters. |
|
|
|
Thomas à Kempis. |
|
III. L’Église et le peuple. |
|||
Le culte public et l’éducation religieuse du peuple. |
|||
|
Jeûnes et festivals. |
||
|
Prédication. |
||
|
La Biblia Pauperum. |
||
|
La Bible en langue vernaculaire. |
||
|
Catéchismes et livres de prières. |
||
|
La danse macabre. |
||
|
Hymnologie. |
||
|
Musique d’église. |
||
|
Reliques légendaires. |
||
Littérature nationale et art ecclésiastique. |
|||
|
La littérature nationale italienne. |
||
|
La littérature nationale allemande. |
||
|
Le drame sacré. |
||
|
Architecture et peinture. |
||
Mouvements populaires. |
|||
|
Deux saints nationaux. |
||
|
La Pucelle d’Orléans, A.D. 1428-1431. |
||
|
Lollards, flagellants et danseurs. |
||
|
Les Amis de Dieu. |
||
|
Sociétés libertines panthéistes. |
||
Discipline de l’Église. |
|||
|
Indulgences. |
||
|
L’Inquisition. |
||
|
La Bulle « In Cœna Domini ». |
||
|
Poursuites contre les sorcières. |
||
IV. Tentatives de réforme. |
|||
Tentatives de réformes dans la politique de l’Église. |
|||
|
La guerre littéraire entre impérialistes et curialistes au XIVe siècle. |
||
|
―― Suite. |
||
|
Conseils réformateurs du XVe siècle. |
||
|
Les Amis de la Réforme en France au XVe siècle. |
||
|
|
Peter d’Ailly. |
|
|
|
Jean Charlier (Gerson). |
|
|
|
Nicolas de Clemanges. |
|
|
|
Louis d’Aleman. |
|
|
Amis de la réforme en Allemagne. |
||
|
|
Henri de Langenstein. |
|
|
|
Théodorich ou Dietrich de Niem. |
|
|
|
Grégoire de Heimbourg. |
|
|
|
Jacob de Jüterboyk [Jüterbock]. |
|
|
|
Cardinal Nicolas de Cues. |
|
|
|
Félix Hemmerlin. |
|
|
|
La Réforme de l’empereur Sigismond. |
|
|
Un apostat italien du Parti libéral de Bâle : Æneas Sylvius Piccolomini. |
||
|
Réformes de la politique ecclésiastique en Espagne. |
||
Efforts évangéliques de réforme. |
|||
|
Wiclif et les Wiclifites. |
||
|
Précurseurs du mouvement hussite. |
||
|
|
Conrad de Waldhausen. |
|
|
|
John Milicz de Cremsier. |
|
|
|
Matthias de Janow. |
|
|
John Huss de Hussinecz. |
||
|
―― Recteur de l’Université de Prague. |
||
|
―― Concile de Constance ; Procès; Exécution. |
||
|
―― Ses enseignements. |
||
|
Calixtines et Taborites. |
||
|
Les Frères de Bohême et de Moravie. |
||
|
Les Vaudois. |
||
|
|
Lombards-Vaudois allemands. |
|
|
2. |
Vaudois français. |
|
|
Les réformateurs hollandais. |
||
|
|
John Pupper de Goch. |
|
|
|
John Ruchrath de Wesel. |
|
|
|
John Wessel. |
|
|
|
Nicholas Russ. |
|
|
Un réformateur italien, Jérôme Savonarole. |
||
Le renouveau de l’apprentissage. |
|||
|
Humanistes italiens. |
||
|
Humanisme allemand ― Université d’Erfurt. |
||
|
―― Autres écoles. |
||
|
John Reuchlin. |
||
|
Epistolæ obscurorum virorum. |
||
|
Desiderius Erasmus de Rotterdam. |
||
|
L’humanisme en Angleterre. |
||
|
L’humanisme en France et en Espagne. |
||
|
L’humanisme et la Réforme du XVIe siècle. |
||
TROISIÈME DIVISION. |
|||
Caractère et distribution de l’histoire moderne de l’Église. |
|||
PREMIÈRE
SECTION. |
|||
I. La Réforme. |
|||
Les débuts de la Réforme de Wittenberg. |
|||
|
Les années de préparation de Luther. |
||
|
Les thèses de Luther sur J.-C. Année 1517. |
||
|
Prierias, Cajetan, et Miltitz, A.D. Années 1518 et 1519. |
||
|
La Dispute de Leipzig, A.D. Année 1519. |
||
|
Philip Melanchthon. |
||
|
George Spalatin. |
||
La période de conflit de Luther, A.D. Années 1520 et 1521. |
|||
|
Les trois principaux écrits de Luther sur la Réforme, A.D. Année 1520. |
||
|
La bulle papale d’excommunication, A.D. Année 1520. |
||
|
Érasme, A.D. Année 1520. |
||
|
La controverse de Luther avec Emser, A.D. 1519-1521. |
||
|
L’empereur Charles Quint. |
||
|
Le régime alimentaire à Worms, A.D. Année 1521. |
||
|
Luther à Wittenberg après la Diète. |
||
|
L’exil de la Wartburg, A.D. Années 1521 et 1522. |
||
|
L’attitude de Frédéric le Sage à l’égard de la Réforme. |
||
Détérioration et purification de la Réforme de Wittenberg, A.D. 1522-1525. |
|||
|
Le fanatisme de Wittenberg, A.D. Années 1521 et 1522. |
||
|
Franz von Sickingen, A.D. Années 1522 et 1523. |
||
|
Andrew Bodenstein de Carlstadt, A.D. Années 1524 et 1525. |
||
|
Thomas Münzer, A.D. Années 1523 et 1524. |
||
|
La guerre des paysans, A.D. Années 1524 et 1525. |
||
Amis et ennemis de la doctrine de Luther, A.D. 1522-1526. |
|||
|
Diffusion des idées évangéliques. |
||
|
« La somme de l’Ecriture Sainte » et son auteur. |
||
|
Henri VIII. et Erasmus. |
||
|
Thomas Murner. |
||
|
« Onus ecclesiæ ». |
||
Développement de la Réforme dans l’Empire, A.D. 1522-1526. |
|||
|
La Diète à Nuremberg, A.D. Années 1522 et 1523. |
||
|
La Diète à Nuremberg, A.D. Année 1524. |
||
|
L’assemblée de Ratisbonne, A.D. Année 1524. |
||
|
Les nobles évangéliques, A.D. Année 1524. |
||
|
La Ligue Torgau, A.D. Débloquer 1526. |
||
|
Le régime alimentaire de Spires, A.D. Débloquer 1526. |
||
Organisation des Églises Provinciales Evangéliques, A.D. 1526-1529. |
|||
|
L’organisation de l’Église de l’électorat saxon, A.D. 1527-1529. |
||
|
L’organisation des Églises de Hesse, A.D. 1526-1528. |
||
|
Organisation des autres Eglises provinciales allemandes, A.D. 1528-1530. |
||
|
La Réforme dans les villes du nord de l’Allemagne, A.D. 1524-1531. |
||
Martyrs de la vérité évangélique, A.D. 1521-1529. |
|||
La vie privée et publique de Luther, A.D. 1523-1529. |
|||
|
Œuvres littéraires de Luther. |
||
|
Le point de vue de Döllinger sur Luther. |
||
La Réforme en Suisse allemande, A.D. 1519-1531. |
|||
|
Ulrich Zwingli. |
||
|
La Réforme à Zürich, A.D. De 1519 à 1525. |
||
|
Réforme à Bâle, A.D. 1520-1525. |
||
|
La Réforme dans les autres cantons, A.D. 1520-1525. |
||
|
Épidémie anabaptiste, A.D. Année 1525. |
||
|
Dispute à Baden, A.D. Débloquer 1526. |
||
|
Dispute à Berne, A.D. Année 1528. |
||
|
Victoire complète de la Réforme à Bâle, Saint-Gall et Schaffhouse, A.D. Année 1529. |
||
|
Le premier traité de Cappel, A.D. Année 1529. |
||
|
Le second traité de Cappel, A.D. Année 1531. |
||
La controverse sacramentaire, A.D. 1525-1529. |
|||
La protestation et la confession des nobles évangéliques, A.D. 1527-1530. |
|||
|
L’incident de la meute, A.D. Années 1527 et 1528. |
||
|
L’attitude de l’empereur, A.D. 1527-1529. |
||
|
Le régime à Spires, A.D. Année 1529. |
||
|
La Conférence de Marburg, A.D. Année 1529. |
||
|
La Convention de Schwabach et le landgrave Philippe. |
||
|
La Diète d’Augsbourg, A.D. Année 1530. |
||
|
La Confession d’Augsbourg, 25 juin apr. J.-C. Année 1530. |
||
|
Les conclusions de la diète d’Augsbourg. |
||
Incidents des années après J.-C. 1531-1536. |
|||
|
La fondation de la Ligue de Schmalcald, A.D. 1530, 1531. |
||
|
La paix de Nuremberg, A.D. Année 1532. |
||
|
L’évangélisation du Wurtemberg, A.D. Années 1534 et 1535. |
||
|
La Réforme en Anhalt et en Poméranie, A.D. 1532-1534. |
||
|
La Réforme en Westphalie, A.D. 1532-1534. |
||
|
Troubles à Münster, A.D. Années 1534 et 1535. |
||
|
Extension de la ligue de Schmalcald, A.D. Année 1536. |
||
|
Le Concordat de Wittenberg de J.-C. Année 1536. |
||
Incidents des années après J.-C. 1537-1539. |
|||
|
Les articles de Schmalcald, A.D. Année 1537. |
||
|
La Ligue de Nuremberg, A.D. Année 1538. |
||
|
L’intérim de Francfort, A.D. Année 1539. |
||
|
La Réforme en Saxe albertine, A.D. Année 1539. |
||
|
La Réforme dans le Brandebourg et les États voisins, A.D. Année 1539. |
||
Tentatives d’union de l’A.D. 1540-1546. |
|||
|
Le double mariage du landgrave, A.D. Année 1540. |
||
|
La Conférence religieuse de Worms, A.D. Année 1540. |
||
|
La Conférence religieuse de Ratisbonne, A.D. Année 1541. |
||
|
La Déclaration de Ratisbonne, A.D. Année 1541. |
||
|
L’évêché de Naumburg, A.D. Années 1541 et 1542. |
||
|
La Réforme à Brunswick et dans le Palatinat, A.D. 1542-1546. |
||
|
La Réforme dans l’électorat de Cologne, A.D. 1542-1544. |
||
|
Les difficultés de l’empereur, A.D. 1543, 1544. |
||
|
Régime alimentaire à Spires, A.D. Année 1544. |
||
|
Différences entre l’empereur et les nobles protestants, A.D. Années 1545 et 1546. |
||
|
Mort de Luther, A.D. Année 1546. |
||
La guerre de Schmalcald, l’intérim et le concile, A.D. 1546-1551. |
|||
|
Préparatifs de la guerre de Schmalcald, A.D. Année 1546. |
||
|
La campagne sur le Danube, A.D. Année 1546. |
||
|
La campagne sur l’Elbe, A.D. Année 1547. |
||
|
Le Concile de Trente, A.D. 1545-1547. |
||
|
L’Augsbourg Interim, A.D. Année 1548. |
||
|
L’exécution de l’intérim. |
||
|
Le Leipzig ou Little Interim, A.D. Année 1549. |
||
|
Le Concile de nouveau à Trente, A.D. Année 1551. |
||
Maurice et la paix d’Augsbourg apr. J.-C. 1550-1555. |
|||
|
L’état des choses en A.D. Année 1550. |
||
|
L’électeur Maurice, A.D. Année 1551. |
||
|
Le Pacte de Passau, A.D. Année 1552. |
||
|
Mort de Maurice, A.D. Année 1553. |
||
|
La paix religieuse d’Augsbourg, A.D. Année 1555. |
||
L’Allemagne après la paix religieuse. |
|||
|
La Consultation des Vers, A.D. Année 1557. |
||
|
Deuxième tentative de réforme dans l’électorat de Cologne, A.D. Année 1582. |
||
|
Les empereurs allemands, A.D. 1556-1612. |
||
La Réforme en Suisse romande. |
|||
|
Les prédécesseurs de Calvin, A.D. 1526-1535. |
||
|
Calvin avant son ministère genevois. |
||
|
Le premier ministère de Calvin à Genève, A.D. 1536-1538. |
||
|
Le deuxième ministère de Calvin à Genève, A.D. 1541-1564. |
||
|
Les écrits de Calvin. |
||
|
La doctrine de Calvin. |
||
|
La victoire du calvinisme sur le zwinglianisme. |
||
|
Successeur de Calvin à Genève. |
||
La Réforme dans d’autres pays. |
|||
|
Suède. |
||
|
Danemark et Norvège. |
||
|
Courlande, Livonie et Estonie. |
||
|
Angleterre : Henri VIII. |
||
|
―― Édouard VI. |
||
|
―― Élisabeth. |
||
|
Irlande. |
||
|
Écosse. |
||
|
―― John Knox. |
||
|
―― La reine Marie Stuart. |
||
|
―― John Knox et la reine Marie Stuart. |
||
|
Pays-Bas. |
||
|
France. |
||
|
|
―― |
|
|
|
―― |
|
|
―― |
||
|
|
―― |
|
|
|
―― |
|
|
―― |
Persécution des huguenots. |
|
|
―― |
Le mariage sanglant – Massacre de la Saint-Barthélemy. |
|
|
―― |
||
|
|
―― |
|
|
|
―― |
|
|
Pologne. |
||
|
Bohême et Moravie. |
||
|
Hongrie et Transylvanie. |
||
|
Espagne. |
||
|
Italie. |
||
|
―― Aonius Palearius. |
||
|
Bernardino Ochino. |
||
|
|
Pierre Martyr Vermilius. |
|
|
|
Peter Paul Vergerius. |
|
|
|
Cœlius Secundus Curio. |
|
|
|
Galeazzo Carraccioli. |
|
|
|
Fulvia Olympia Morata. |
|
|
La protestantisation des Vaudois. |
||
|
Tentative de protestantisation de l’Église d’Orient. |
||
II. Les Églises de la Réforme. |
|||
Le caractère distinctif de l’Église luthérienne. |
|||
Controverses doctrinales dans l’Église luthérienne. |
|||
|
La controverse antinomique, A.D. 1537-1541. |
||
|
La controverse d’Osiander, A.D. De 1549 à 1556. |
||
|
Controverse d’Æpinus ; Controverse kargienne. |
||
|
Les Philippistes et leurs adversaires. |
||
|
La controverse de l’adiaphoriste, A.D. 1548-1555. |
||
|
La controverse majoritaire, A.D. De 1551 à 1562. |
||
|
La controverse synergique, A.D. 1555-1567. |
||
|
La controverse flacienne sur le péché originel, A.D. 1560-1575. |
||
|
La doctrine luthérienne de la Cène du Seigneur. |
||
|
Le cryptocalvinisme dans sa première étape, A.D. 1552-1574. |
||
|
Le Pacte de Francfort, A.D. 1558, et l’Assemblée des Princes de Naumburg, A.D. Année 1561. |
||
|
La Formule de la Concorde, A.D. Année 1577. |
||
|
Deuxième étape du cryptocalvinisme, A.D. 1586-1592. |
||
|
La controverse Huber, A.D. 1588-1595. |
||
|
La controverse Hofmann à Helmstadt, A.D. Année 1598. |
||
Constitution, culte, vie et science dans l’Église luthérienne. |
|||
|
La Constitution ecclésiastique. |
||
|
Culte public et art. |
||
|
Chant d’église : Luther et les premiers auteurs. |
||
|
―― Auteurs ultérieurs. |
||
|
Chant choral. |
||
|
Science théologique. |
||
|
Littérature nationale allemande. |
||
|
Missions auprès des païens. |
||
Le développement intérieur de l’Église réformée. |
|||
|
La Constitution ecclésiastique. |
||
|
Culte public. |
||
|
Les puritains anglais. |
||
|
―― Les Brownistes. |
||
|
Science théologique. |
||
|
Philosophie. |
||
|
Une entreprise missionnaire. |
||
Calvinisation des Églises nationales luthériennes allemandes. |
|||
|
Le Palatinat, A.D. Année 1560. |
||
|
Brême, A.D. Année 1562. |
||
|
Anhalt, A.D. Année 1597. |
||
III. La déformation. |
|||
Caractère de la déformation. |
|||
Mysticisme et panthéisme. |
|||
|
Schwenkfeld et ses disciples. |
||
|
Agrippa, Paracelse et Weigel. |
||
|
Franck, Thamer et Bruno. |
||
|
Les sectes libertines panthéistes des spirituels. |
||
|
Les Familistes. |
||
Anabaptisme. |
|||
|
Le mouvement anabaptiste en général. |
||
|
Le point de vue de Keller sur l’histoire anabaptiste. |
||
|
Les anabaptistes suisses. |
||
|
Les anabaptistes d’Allemagne du Sud. |
||
|
Les anabaptistes moraves. |
||
|
Les anabaptistes vénitiens. |
||
|
Les anciens apôtres de l’anabaptisme dans le nord-ouest de l’Allemagne. |
||
|
|
Melchior Hoffmann. |
|
|
|
Bague Melchior. |
|
|
Jan Matthys de Haarlem. |
||
|
La catastrophe de Münster, A.D. Années 1534 et 1535. |
||
|
Menno Simons et les mennonites. |
||
Antitrinitaires et Unitariens. |
|||
|
Les antitrinitaires anabaptistes en Allemagne. |
||
|
Michel Servet. |
||
|
Antitrinitaire italien et autres avant Socinus. |
||
|
Les deux Socins et les Sociniens. |
||
IV. La Contre-Réforme. |
|||
Le renforcement interne et le renouveau de l’Église catholique. |
|||
|
Les Papes devant le Concile. |
||
|
Les Papes du temps du Concile. |
||
|
Les Papes après le Concile. |
||
|
L’infaillibilité papale. |
||
|
La prophétie de saint Malachie. |
||
|
Réforme des anciens ordres monastiques. |
||
|
Nouvelles commandes pour les missions intérieures. |
||
|
La Compagnie de Jésus – Fondation de l’Ordre. |
||
|
―― Constitution. |
||
|
―― Le système doctrinal et moral. |
||
|
L’influence des jésuites sur le culte et la superstition. |
||
|
Méthodes d’éducation et institutions des Jésuites. |
||
|
Controverses théologiques. |
||
|
Littérature théologique. |
||
|
Art et poésie. |
||
|
Les mystiques espagnols. |
||
|
La vie chrétienne pratique. |
||
Missions à l’étranger. |
|||
|
Missions aux Indes païennes, aux Indes orientales et en Chine. |
||
|
―― Japon. |
||
|
―― Amérique. |
||
|
Églises schismatiques de l’Orient. |
||
Tentative de régénération du catholicisme romain. |
|||
|
Tentatives de régénération en Allemagne. |
||
|
Dans toute l’Europe. |
||
|
la Russie et les Grecs unis. |
||
DEUXIÈME
SECTION. |
|||
I. Relations entre les différentes Églises. |
|||
L’Est et l’Ouest. |
|||
|
Espoirs catholiques romains. |
||
|
Espoirs calvinistes. |
||
|
Constance orthodoxe. |
||
Catholicisme et protestantisme. |
|||
|
Conversions de princes protestants. |
||
|
La restauration en Allemagne et dans les pays voisins. |
||
|
la Livonie et la Hongrie. |
||
|
Les huguenots en France. |
||
|
Les Vaudois dans le Piémont. |
||
|
Les catholiques d’Angleterre et d’Irlande. |
||
|
Efforts syndicaux. |
||
|
La prophétie de Lehnin. |
||
Luthéranisme et calvinisme. |
|||
|
Calvinisation de Hesse-Cassel, A.D. Entre 1605 et 1646. |
||
|
Calvinisation de Lippe, A.D. Année 1602. |
||
|
L’électeur de Brandebourg devient calviniste, A.D. Année 1613. |
||
|
Tentatives d’union. |
||
Anglicanisme et puritanisme. |
|||
|
Les deux premiers Stuarts. |
||
|
Le Commonwealth et le Protecteur. |
||
|
La Restauration et l’Acte de Tolérance. |
||
II. L’Église catholique romaine. |
|||
La papauté, la monasse et les missions étrangères. |
|||
|
La papauté. |
||
|
Les Jésuites et la République de Venise. |
||
|
Les libertés gallicanes. |
||
|
Galilée et l’Inquisition. |
||
|
La controverse sur l’Immaculée Conception. |
||
|
La dévotion du Sacré-Cœur de Jésus. |
||
|
Nouvelles congrégations et ordres. |
||
|
|
Congrégation bénédictine de Saint-Banne. |
|
|
|
Congrégation bénédictine de Saint-Maur. |
|
|
|
Les Pères de l’Oratoire de Jésus. |
|
|
|
Les Piaristes. |
|
|
|
L’Ordre de la Visitation de Marie. |
|
|
6. |
Les Prêtres des Missions et les Sœurs de la Charité. |
|
|
|
Les Trappistes. |
|
|
|
Les Religieuses anglaises. |
|
|
La propagande. |
||
|
Missions à l’étranger. |
||
|
Aux Indes orientales. |
||
|
En Chine. |
||
|
Commerce et industrie des Jésuites. |
||
|
Un apostat du judaïsme. |
||
Quiétisme et jansénisme. |
|||
|
François de Sales et Madame Chantal. |
||
|
Michael Mills. |
||
|
Madame Guyon et Fénelon. |
||
|
Mysticisme teinté de théosophie et de panthéisme. |
||
|
Le jansénisme dans sa première phase. |
||
La science et l’art dans l’Église catholique. |
|||
|
Science théologique. |
||
|
Histoire de l’Église. |
||
|
Art et poésie. |
||
III. L’Église luthérienne. |
|||
L’orthodoxie et ses batailles. |
|||
|
Controverses christologiques. |
||
|
|
La controverse entre les cryptistes et les kénotistes. |
|
|
|
La controverse Lütkemann. |
|
|
La controverse syncrétiste. |
||
|
La controverse piétiste dans sa première phase. |
||
|
Littérature théologique. |
||
|
Dogmatique. |
||
La vie religieuse. |
|||
|
Mysticisme et ascétisme. |
||
|
Mysticisme et Théosophie. |
||
|
Chant sacré. |
||
|
―― Sa transition au 17e siècle. |
||
|
Musique sacrée. |
||
|
La vie chrétienne du peuple. |
||
|
Missions. |
||
IV. L’Église réformée. |
|||
La théologie et ses batailles. |
|||
|
Préliminaires de la controverse arminienne. |
||
|
La controverse arminienne. |
||
|
Conséquences de la controverse arminienne. |
||
|
Les controverses coccéiennes et cartésiennes. |
||
|
―― Suite. |
||
|
Littérature théologique. |
||
|
Théologie dogmatique. |
||
|
La controverse des apocryphes. |
||
La vie religieuse. |
|||
|
l’Angleterre et l’Ecosse. |
||
|
―― Révolutionnaires politiques et sociaux. |
||
|
―― Littérature dévotionnelle. |
||
|
Pays-Bas. |
||
|
―― Voëtiens et Coccéiens. |
||
|
la France, l’Allemagne et la Suisse. |
||
|
Missions à l’étranger. |
||
V. Partis anti- et extra-ecclésiastiques. |
|||
Sectes et fanatiques. |
|||
|
Les Sociniens. |
||
|
Les baptistes du continent. |
||
|
|
Les baptistes hollandais. |
|
|
|
Les baptistes moraves. |
|
|
Les baptistes anglais. |
||
|
Les Quakers. |
||
|
―― Suite. |
||
|
La Constitution Quaker. |
||
|
Labadie et les Labadistes. |
||
|
―― Suite. |
||
|
Sectes fanatiques. |
||
|
Sectes russes. |
||
Philosophes et libres-penseurs. |
|||
|
Philosophie. |
||
|
―― Suite. |
||
|
Libres-penseurs, Angleterre. |
||
|
―― Allemagne et France. |
||
TROISIÈME
SECTION. |
|||
I. L’Église catholique en Orient et en Occident. |
|||
L’Église catholique romaine. |
|||
|
Les Papes. |
||
|
Anciens et nouveaux ordres. |
||
|
Missions à l’étranger. |
||
|
La Contre-Réforme. |
||
|
En France. |
||
|
Conversions. |
||
|
La deuxième étape du jansénisme. |
||
|
L’Église vieille-catholique aux Pays-Bas. |
||
|
Suppression de l’Ordre des Jésuites, A.D. Année 1773. |
||
|
Mouvements anti-hiérarchiques en Allemagne et en Italie. |
||
|
Littérature théologique. |
||
|
En Italie. |
||
|
La contribution germano-catholique à l’illumination. |
||
|
La contribution française à l’illumination. |
||
|
La Révolution française. |
||
|
Les pseudo-catholiques, les abrahamites ou les déistes de Bohême. |
||
|
―― Les Frankistes. |
||
Les Églises orientales. |
|||
|
L’Église d’État russe. |
||
|
Sectes russes. |
||
|
L’Église d’Abyssinie. |
||
II. Les Églises protestantes. |
|||
L’Église luthérienne avant « l’Illumination ». |
|||
|
Les controverses piétistes après la fondation de l’Université de Halle. |
||
|
―― Doctrines controversées. |
||
|
Théologie. |
||
|
Efforts unionistes. |
||
|
Théories du droit ecclésiastique. |
||
|
Chant d’église. |
||
|
Musique sacrée. |
||
|
La vie chrétienne et la littérature de dévotion. |
||
|
Missions auprès des païens. |
||
L’Église des Frères moraves. |
|||
|
Le fondateur de la Fraternité morave. |
||
|
La fondation de la Confrérie. |
||
|
Le développement de la confrérie jusqu’à la mort de Zinzendorf, A.D. 1727-1760. |
||
|
Le plan et l’œuvre de Zinzendorf. |
||
|
De nombreuses extravagances. |
||
|
La grandeur de Zinzendorf. |
||
|
La Confrérie sous l’administration de Spangenberg. |
||
|
Les particularités doctrinales de la Fraternité. |
||
|
Les particularités de l’adoration parmi les frères. |
||
|
Vie chrétienne de la Fraternité. |
||
|
Missions auprès des païens. |
||
L’Église réformée avant l’Illumination. |
|||
|
L’Église réformée allemande. |
||
|
L’Église réformée en Suisse. |
||
|
L’Église réformée néerlandaise. |
||
|
Méthodisme. |
||
|
―― Suite. |
||
|
Littérature théologique. |
||
Nouvelles sectes et fanatiques. |
|||
|
Fanatiques et séparatistes en Allemagne. |
||
|
Les sociétés inspirées de Wetterau. |
||
|
J. C. Dippel. |
||
|
Séparatistes de tendance immorale. |
||
|
Le swedenborgianisme. |
||
|
Sectes néo-baptistes. |
||
|
Nouvelles sectes quakers. |
||
|
Sectes prédestinariennes-mystiques. |
||
Religion, théologie et littérature de l'« illumination ». |
|||
|
Le déisme, l’arianisme et l’unitarisme dans l’Église anglaise. |
||
|
|
Les Déistes. |
|
|
|
Les soi-disant ariens. |
|
|
|
Les derniers Unitariens. |
|
|
Franc-maçonnerie. |
||
|
L'« Illumination » allemande. |
||
|
|
1. |
Ses précurseurs. |
|
2. |
L’époque de Frédéric le Grand. |
|
|
3. |
La réaction de Wöllner. |
|
|
La théologie de la transition. |
||
|
La théologie rationaliste. |
||
|
Le surnaturalisme. |
||
|
Mysticisme et Théosophie. |
||
|
La philosophie allemande. |
||
|
La littérature nationale allemande. |
||
|
Pestalozzi. |
||
La vie de l’Église à l’époque de « l’Illumination ». |
|||
|
Le recueil de cantiques et la musique d’église. |
||
|
Personnages religieux. |
||
|
Sectes religieuses. |
||
|
L'« illumination » rationaliste en dehors de l’Allemagne. |
||
|
Sociétés missionnaires et Entreprise missionnaire. |
||
QUATRIÈME
SECTION. |
|||
I. Généralités et introduction. |
|||
Enquête sur les mouvements religieux du XIXe siècle. |
|||
La culture du XIXe siècle en relation avec le christianisme et l’Église. |
|||
|
La philosophie allemande. |
||
|
―― Suite. |
||
|
Les Sciences ; Médicament. |
||
|
Juristes; Historiens; Géographie; Philologie. |
||
|
Littérature nationale―Allemagne. |
||
|
―― Suite. |
||
|
―― Autres pays. |
||
|
Éducation populaire. |
||
|
Art. |
||
|
La musique et le drame. |
||
Relations et négociations entre les Églises. |
|||
|
Tendances romanisantes chez les protestants. |
||
|
L’attitude du catholicisme à l’égard du protestantisme. |
||
|
Controverse romaine. |
||
|
Projets d’union catholique romaine. |
||
|
Projets d’Union Grecque Orthodoxe. |
||
|
Vieux projets d’union catholique. |
||
|
Conversions. |
||
|
―― L’affaire Mortara. |
||
|
―― Autres conversions. |
||
|
Le centenaire de Luther, A.D. Année 1883. |
||
II. Le protestantisme en général. |
|||
Rationalisme et piétisme. |
|||
|
Rationalisme. |
||
|
Pietism. |
||
|
Le mouvement religieux de Königsberg, A.D. 1835-1842. |
||
|
La controverse Bender. |
||
L’Union évangélique et la séparation luthérienne. |
|||
|
L’Union évangélique. |
||
|
La séparation luthérienne. |
||
|
La séparation dans la séparation. |
||
Confédération évangélique. |
|||
|
La Société Gustave-Adolphe. |
||
|
La conférence d’Eisenach. |
||
|
L’Alliance évangélique. |
||
|
L’Alliance de l’Église évangélique. |
||
|
La Ligue évangélique. |
||
Luthéranisme, mélanchthonisme et calvinisme. |
|||
|
Luthéranisme au sein de l’Union. |
||
|
Luthéranisme en dehors de l’Union. |
||
|
Mélanchtonianisme et calvinisme. |
||
Le « Protestantenverein ». |
|||
|
L’Assemblée protestante. |
||
|
La propagande « protestantenverein ». |
||
|
souffrances endurées. |
||
|
―― À Berlin. |
||
|
―― Dans le Schleswig-Holstein. |
||
Disputes sur les formes de culte. |
|||
|
Le recueil de cantiques. |
||
|
Le Livre des Chorals. |
||
|
La liturgie. |
||
|
Les Saintes Écritures. |
||
Théologie protestante en Allemagne. |
|||
|
Schleiermacher, A.D. 1768-1834. |
||
|
L’ancienne théologie rationaliste. |
||
|
Rationalisme historico-critique. |
||
|
Le surnaturalisme. |
||
|
Le surnaturalisme rationnel. |
||
|
Théologie spéculative. |
||
|
L’école de Tübingen. |
||
|
Strauß. |
||
|
La théologie médiatrice. |
||
|
Théologiens luthériens. |
||
|
Exégètes de l’Ancien Testament. |
||
|
Professeurs d’université. |
||
|
La théologie confessionnelle luthérienne. |
||
|
―― Suite. |
||
|
―― Suite. |
||
|
Confessionnalisme réformé. |
||
|
La théologie protestante libre. |
||
|
Dans le département de l’Ancien Testament. |
||
|
Dogmatiques. |
||
|
Ritschl et son école. |
||
|
―― Adversaires. |
||
|
Écrivains sur le droit constitutionnel et l’histoire. |
||
Missions à domicile. |
|||
|
Institutions. |
||
|
L’Ordre de Saint-Jean. |
||
|
Le prédicateur itinérant Gustav Werner dans le Wurtemberg. |
||
|
Sociétés bibliques. |
||
Missions à l’étranger. |
|||
|
Sociétés missionnaires. |
||
|
l’Europe et l’Amérique. |
||
|
Afrique. |
||
|
―― Livingstone et Stanley. |
||
|
Asie. |
||
|
Chine. |
||
|
Polynésie et Australie. |
||
|
Missions auprès des Juifs. |
||
|
Missions parmi les Eglises orientales. |
||
III. Le catholicisme en général. |
|||
La papauté et les États de l’Église. |
|||
|
Les quatre premiers papes du siècle. |
||
|
Pie IX, apr. J.-C. 1846-1878. |
||
|
Le renversement des États pontificaux. |
||
|
Le prisonnier du Vatican, A.D. 1870-1878. |
||
|
Léon XIII. |
||
Divers ordres et associations. |
|||
|
La Compagnie de Jésus et les ordres apparentés. |
||
|
Autres Ordres et Congrégations. |
||
|
Le Pius Verein. |
||
|
Les différents syndicats allemands. |
||
|
Omnipotence du capital. |
||
|
Les Missions Catholiques. |
||
|
―― Sociétés missionnaires. |
||
Mouvements catholiques libéraux. |
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|
Tendances mystico-iriques. |
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|
Tendances évangéliques-revivales. |
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|
Tendances libérales-scientifiques. |
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Tendances radicales-libérales. |
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|
Tentatives de réforme dans le gouvernement de l’Église. |
||
|
Tentatives de fondation d’églises catholiques nationales. |
||
|
Église nationale italienne. |
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|
Le Français, Charles Loyson. |
||
L’ultramontanisme catholique. |
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|
La propagande ultramontaine. |
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|
Miracles. |
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|
Stigmatisations. |
||
|
―― Louise Lateau. |
||
|
Pseudo-Stigmatizations. |
||
|
Manifestations de la Mère de Dieu en France. |
||
|
Manifestations de la Mère de Dieu en Allemagne. |
||
|
Canonisations. |
||
|
Découvertes de reliques. |
||
|
Le sang de saint Janvier. |
||
|
La procession bondissante à Echternach. |
||
|
La dévotion du Sacré-Cœur. |
||
|
Amulettes ultramontaines. |
||
|
Éloquence ultramontaine de la chaire. |
||
Le Concile du Vatican. |
|||
|
Historique préliminaire du Concile. |
||
|
L’organisation du Conseil. |
||
|
Les délibérations du Conseil. |
||
|
Acceptation des décrets du Concile. |
||
Les Vieux-Catholiques. |
|||
|
Formation et développement de l’Église vieille-catholique dans l’Empire allemand. |
||
|
―― Suite. |
||
|
Les Vieux-Catholiques dans d’autres pays. |
||
Théologie catholique, surtout en Allemagne. |
|||
|
Hermès et son école. |
||
|
Baader et son école. |
||
|
Günther et son école. |
||
|
John Adam Möhler. |
||
|
Jean Jos. Ignat. par Döllinger. |
||
|
Les principaux représentants de la théologie systématique. |
||
|
Les principaux représentants de la théologie historique. |
||
|
Les principaux représentants de la théologie exégétique. |
||
|
Les principaux représentants de la nouvelle scolastique. |
||
|
Le Congrès des érudits catholiques de Munich, 1863. |
||
|
Revues théologiques. |
||
|
Les papes et la science théologique. |
||
IV. Rapports de l’Église avec l’Empire et avec les États. |
|||
La Confédération germanique. |
|||
|
Décret de la Commission impériale, 1803. |
||
|
Le prince-primat de la Confédération du Rhin. |
||
|
Le Congrès de Vienne et le Concordat. |
||
|
Le Parlement de Francfort et le Congrès épiscopal de Wurtzbourg de 1848. |
||
Prusse. |
|||
|
l’Église catholique jusqu’à la fin du conflit de Cologne. |
||
|
L’âge d’or de l’ultramontanisme prussien, 1841-1871. |
||
|
L’Église évangélique en Vieille-Prusse jusqu’en 1848. |
||
|
L’Église évangélique en Vieille Prusse, 1848-1872. |
||
|
L’Église évangélique en Vieille Prusse, 1872-1880. |
||
|
―― Suite. |
||
|
L’Église évangélique dans les provinces annexées. |
||
|
―― À Hanovre. |
||
|
―― En Hesse. |
||
Les petits Länder du nord de l’Allemagne. |
|||
|
Le Royaume de Saxe. |
||
|
Les duchés saxons. |
||
|
Le Royaume de Hanovre. |
||
|
Hesse. |
||
|
Brunswick, Oldenbourg, Anhalt et Lippe-Detmold. |
||
|
Mecklembourg. |
||
Bavière. |
|||
|
La politique ecclésiastique bavaroise sous Maximilien Ier, 1799-1825. |
||
|
La politique ecclésiastique bavaroise sous Louis Ier, 1825-1848. |
||
|
La politique ecclésiastique bavaroise sous Maximilien II, 1848-1864, et Louis II. |
||
|
Tentatives de réorganisation de l’Église luthérienne. |
||
|
L’église de l’Union dans le Palatin du Rhin. |
||
Les petits États du sud de l’Allemagne et l’Alsace et la Lorraine rhénanes. |
|||
|
La province de l’Église de Haute-Rhin. |
||
|
Les troubles catholiques à Bade jusqu’en 1873. |
||
|
Les troubles protestants à Baden. |
||
|
Hesse-Darmstadt et Nassau. |
||
|
Dans le Wurtemberg protestant. |
||
|
L’Église catholique dans le Wurtemberg. |
||
|
Le territoire impérial d’Alsace et de Lorraine depuis 1871. |
||
Ce qu’on appelle le Kulturkampf dans l’Empire allemand. |
|||
|
L’agression de l’ultramontanisme. |
||
|
Conflits occasionnés par la protection des vieux-catholiques, 1871-1872. |
||
|
Luttes sur les questions d’éducation, 1872-1873. |
||
|
Le Kanzelparagraph et la loi jésuite, 1871-1872. |
||
|
Les lois ecclésiastiques prussiennes, 1873-1875. |
||
|
Opposition aux lois prussiennes de mai. |
||
|
Participation au conflit pris par le Pape. |
||
|
Le conflit autour de l’encyclique Quod nunquam de 1875. |
||
|
Ouvertures pontificales pour la paix. |
||
|
Preuve de la volonté de réconciliation du gouvernement prussien, 1880-1881. |
||
|
Négociations conciliatrices, 1882-1884. |
||
|
Reprise des mesures de conciliation de part et d’autre, 1885-1886. |
||
|
Conclusion définitive de la paix, 1887. |
||
|
Procédure indépendante des autres gouvernements allemands. |
||
|
|
Bavière. |
|
|
|
Wurtemberg. |
|
|
|
Se baigner. |
|
|
4. |
Hesse-Darmstadt. |
|
|
|
Saxe. |
|
Autriche-Hongrie. |
|||
|
L’émigration du Zillerthal. |
||
|
Le Concordat. |
||
|
L’Église protestante en Cisleithan, en Autriche. |
||
|
L’opposition cléricale au Tyrol. |
||
|
Les universités autrichiennes. |
||
|
Les lois ecclésiastiques autrichiennes, 1874-1876. |
||
|
L’Église protestante dans les provinces de Transleithan. |
||
Suisse. |
|||
|
L’Église catholique en Suisse jusqu’en 1870. |
||
|
Le conflit de Genève, 1870-1883. |
||
|
Conflit dans le diocèse de Bâle-Soleure, 1870-1880. |
||
|
L’Église protestante en Suisse alémanique. |
||
|
L’Église protestante en Suisse romande. |
||
Pays-Bas et Belgique. |
|||
|
Pays-Bas unis. |
||
|
Le Royaume de Hollande. |
||
|
―― Suite. |
||
|
―― Suite. |
||
|
Le Royaume de Belgique. |
||
|
―― Suite. |
||
|
―― Suite. |
||
|
L’Église protestante. |
||
Les pays scandinaves. |
|||
|
Danemark. |
||
|
Suède. |
||
|
Norvège. |
||
Grande-Bretagne et Irlande. |
|||
|
L’Église épiscopale d’État. |
||
|
Les tractariens et les ritualistes. |
||
|
―― Suite. |
||
|
Le libéralisme dans l’Église épiscopale. |
||
|
Protestants dissidents en Angleterre. |
||
|
Mariages écossais en Angleterre. |
||
|
L’Église d’État écossaise. |
||
|
Cas d’hérésie écossaise. |
||
|
L’Église catholique en Irlande. |
||
|
Le mouvement fénien. |
||
|
L’Église catholique en Angleterre et en Écosse. |
||
|
Congrégations luthériennes allemandes en Australie. |
||
France. |
|||
|
L’Église française sous Napoléon Ier. |
||
|
La Restauration et le Royaume Citoyen. |
||
|
L’Église catholique sous Napoléon III. |
||
|
Les Églises protestantes sous Napoléon III. |
||
|
L’Église catholique dans la IIIe République française. |
||
|
Le « Kulturkampf » français, 1880. |
||
|
―― Suite. |
||
|
Les Églises protestantes sous la IIIe République. |
||
Italie. |
|||
|
Le Royaume de Sardaigne. |
||
|
Le Royaume d’Italie. |
||
|
L’évangélisation de l’Italie. |
||
|
―― Suite. |
||
l’Espagne et le Portugal. |
|||
|
L’Espagne sous Ferdinand VII. et Maria Christina. |
||
|
L’Espagne sous Isabelle II, 1843-1865. |
||
|
L’Espagne sous Alphonse XII, 1875-1885. |
||
|
L’évangélisation de l’Espagne. |
||
|
L’Église au Portugal. |
||
Russie. |
|||
|
L’Église nationale orthodoxe. |
||
|
L’Église catholique. |
||
|
L’Église évangélique. |
||
la Grèce et la Turquie. |
|||
|
L’Église orthodoxe de Grèce. |
||
|
Massacre des chrétiens syriens, 1860. |
||
|
La lutte ecclésiastique bulgare. |
||
|
L’Église arménienne. |
||
|
Le traité de Berlin, 1878. |
||
États-Unis d’Amérique. |
|||
|
Confessions protestantes anglaises. |
||
|
Les confessions luthériennes allemandes. |
||
|
―― Suite. |
||
|
Confessions germano-réformées et autres confessions germano-protestantes. |
||
|
L’Église catholique. |
||
Les États catholiques romains d’Amérique du Sud. |
|||
|
Mexique. |
||
|
Dans les républiques d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud. |
||
|
Brésil. |
||
V. Adversaires de l’Église et du christianisme. |
|||
sectaires et enthousiastes dans les domaines russes catholiques romains et orthodoxes. |
|||
|
Sectes et fanatiques dans le domaine catholique romain. |
||
|
|
L’Ordre des Nouveaux Templiers. |
|
|
|
Saint-Simoniens. |
|
|
|
Aug. Comte. |
|
|
4. |
Thomas Pöschl. |
|
|
|
Antoniens. |
|
|
|
Les Adamites. |
|
|
|
David Lazzaretti. |
|
|
Sectes et fanatiques russes. |
||
|
―― Suite. |
||
sectaires et enthousiastes dans le domaine protestant. |
|||
|
La propagande méthodiste. |
||
|
L’Armée du Salut. |
||
|
Baptistes et Quakers. |
||
|
Swedenborgiens et Unitariens. |
||
|
manifestations extravagantes et fanatiques. |
||
|
Sectes communistes chrétiennes. |
||
|
|
Harmonites. |
|
|
|
Communistes de la Bible. |
|
|
Communautés d’exode millénariste. |
||
|
|
Séparatistes géorgiens. |
|
|
|
Chiliastes bavarois. |
|
|
3. |
Communauté Amen. |
|
|
|
Communautés de temples allemands. |
|
|
La Communauté du « Nouvel Israël ». |
||
|
L’Église catholique apostolique des Irvingites. |
||
|
Les Darbyites et les Adventistes. |
||
|
Les mormons ou les saints des derniers jours. |
||
|
―― Suite. |
||
|
―― Suite. |
||
|
Les Taepings en Chine. |
||
|
―― Suite. |
||
|
Les spirites. |
||
|
Théosophisme ou occultisme. |
||
Socialisme et communisme antichrétiens. |
|||
|
Les débuts du communisme moderne. |
||
|
Le saint-simonisme. |
||
|
Owenistes et Icariens. |
||
|
L’Association internationale des travailleurs. |
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|
La social-démocratie allemande. |
||
|
Le nihilisme russe. |
||
|
|||
|
|||
|
|||
|
Pendant que le traducteur travaillait à partir de la neuvième édition de 1885, une dixième édition avait paru en 1887, sur laquelle son attention n’a malheureusement été attirée que tout récemment. Les principales additions et modifications affectant le Vol. II. se produisent en 98, 108, 119 et 147. En ce qui concerne la section traitant de l’anabaptisme, des modifications importantes ont été apportées au texte, de sorte que 147 correspond exactement à sa forme la plus récente et la plus parfaite dans l’original. Comme l’impression du volume était alors très avancée, il était impossible de traiter ainsi des sections précédentes, mais les étudiants trouveront dans la table des matières des références à la traduction intégrale dans l’appendice des passages où des modifications importantes ont été introduites.
John Macpherson.
Findhorn, mars 1889.
L’Église chrétienne doit être définie comme la communion une, aux multiples branches, composée de tous ceux qui confessent que Jésus de Nazareth est le Christ qui, dans la plénitude des temps, est apparu comme le Sauveur du monde. C’est la tâche particulière de l’Église de rendre l’œuvre salvifique du Christ toujours plus féconde pour toutes les nations et tous les individus, dans toutes les conditions de vie et à toutes les étapes de la culture. C’est la tâche de l’histoire de l’Église de décrire le cours du développement par lequel l’Église dans son ensemble, ainsi que ses départements spéciaux et ses diverses institutions, est passée, depuis le moment de sa fondation jusqu’à nos jours ; montrer quels ont été les progrès et les régressions de l’Église, comment elle a été favorisée et entravée ; et de raconter l’histoire de sa détérioration et de son renouvellement.
Le traitement de l’histoire de l’Église, en raison de ses multiples ramifications, exige une distribution de son matériel, d’une part, selon des périodes déterminées, au cours desquelles le but visé jusqu’ici dans tout le cours du développement a été pratiquement atteint, de sorte que soit des phénomènes entièrement nouveaux prennent de l’importance, soit les anciens vont dans une direction tout à fait différente ; d’autre part, selon les diverses phases de l’effort et du développement, qui, dans le temps, évoluent les unes à côté des autres. Lorsque cette dernière méthode de division est adoptée, nous pouvons encore choisir entre deux modes de traitement différents. Premièrement, nous pouvons traiter avec les Églises nationales, dans la mesure où elles sont indépendantes et ont suivi une direction spéciale ; ou avec des églises particulières, qui sont nées de la scission de l’église universelle à cause d’une différence importante dans la doctrine, le culte et la constitution. Deuxièmement, nous pouvons grouper notre matériel selon les divers domaines de l’activité historique, qui sont essentiels à la vie intellectuelle et spirituelle de toutes les Églises et confessions nationales, et qui sont donc communs à tous, bien que dans des Églises différentes, de manière caractéristique et à des degrés divers. Il résulte cependant de l’idée même de l’histoire, surtout de celle de l’histoire universelle de l’Église, que la répartition selon les périodes doit être le trait directeur de toute l’exposition. En même temps, tout ce qui pourra être mis en évidence de temps à autre, conformément aux autres principes d’arrangement, sera influencé matériellement par le cours de l’histoire et formellement par la facilité offerte à l’examen par le mode de traitement suivi.
2.1. Les diverses branches comprises dans un cours complet de l’histoire de l’Église. — L’Église chrétienne s’est donné pour tâche d’absorber tous les peuples et toutes les langues. C’est pourquoi elle est possédée d’un désir ardent d’élargir ses frontières par la conversion de toutes les races non chrétiennes. La description de ce qui aide ou entrave cette entreprise, l’histoire de la propagation et de la limitation du christianisme, est donc une composante essentielle de l’histoire de l’Église. Puisque, de plus, l’Église, pour assurer sa subsistance et son bien-être, doit s’efforcer d’atteindre une position légalement déterminée à l’extérieur, ainsi qu’une articulation, une combinaison et un ordre fermes et harmonieux à l’intérieur, il appartient évidemment aussi à notre science de donner l’histoire de la constitution ecclésiastique, à la fois de la place que l’Église occupe dans l’État. et le rapport qu’il entretient avec l’État ; et aussi de ses propres arrangements internes par la superordination, la subordination et la coordination, et par la discipline et la législation de l’Église. Non moins essentiel, et même plus important pour le développement réussi de l’Église, est la construction et l’établissement de la vérité salvifique. Dans les Saintes Écritures, l’Église possède en effet la source et l’étendard, ainsi que la puissance et la plénitude toutes-suffisantes de toute connaissance salvatrice. Mais les paroles de l’Écriture sont esprit et vie, semences vivantes de connaissance, qui, sous la protection du même Esprit qui les sème, peuvent et seront développées de manière à produire une moisson de plus en plus abondante ; C’est pourquoi la plénitude de la vérité qui les habite se fait connaître plus simplement, plus clairement, plus pleinement, et devient toujours plus féconde pour toutes les étapes et toutes les formes de la culture, de la foi, de la science et de la vie. C’est pourquoi l’histoire de l’Église est tenue de décrire la construction de la doctrine et de la science de l’Église, de suivre son cours et les déviations qui s’en sont éloignées jusqu’à l’hérésie, chaque fois qu’elles apparaissent. L’Église a en outre besoin d’une forme de culte public comme expression nécessaire des sentiments et des émotions des croyants envers leur Seigneur et Dieu, comme moyen d’édification et d’instruction. L’histoire du culte de l’Église est donc aussi une composante essentielle de l’histoire de l’Église. C’est aussi le devoir de l’Église d’introduire dans la vie pratique et les coutumes du peuple cette nouvelle énergie spirituelle dont elle est la possédante. Et c’est ainsi que l’histoire de la vie chrétienne parmi le peuple en vient à être incluse dans l’histoire de l’Église comme un constituant supplémentaire de la science. De plus, il y a aussi ici, en conséquence de la nature et du but du christianisme en tant que levain (Matt. xiii. 33), un compte rendu des effets produits sur elle par le développement de l’art (dont diverses branches, l’architecture, la sculpture, la peinture, la musique, ont un rapport direct avec le culte chrétien), et de même sur la littérature nationale, la philosophie et la science profane en général ; Et aussi, inversement, une estimation de l’influence de ces formes de culture laïque sur l’état de l’Église et de la religion ne doit pas être omise. L’ordre de succession dans le traitement historique de ces phases sous lesquelles la vie de l’Église se manifeste ne doit pas être déterminé de la même manière pour tous les âges selon un schéma logique abstrait. Pour chaque période, il convient d’adopter l’ordre de succession qui donnera le plus d’importance aux questions qui ont été mises en avant, et qui exigera ainsi un traitement rapide et détaillé dans l’histoire de cette époque.
2.2. Les différentes branches de l’histoire de l’Église. — Les parties constitutives de l’histoire de l’Église qui ont déjà été énumérées sont d’une telle importance qu’elles pourraient aussi être traitées comme des sciences indépendantes, et en effet, pour la plupart, elles ont souvent été traitées ainsi. De cette façon, non seulement un traitement plus exact des détails est rendu possible, mais aussi, ce qui est plus important, la science particulière si limitée peut être interprétée d’une manière naturelle selon des principes fournis par elle-même. L’histoire de la propagation et de la limitation du christianisme prend alors une forme distincte sous le nom d’Histoire des missions. L’histoire séparée de la constitution, du culte et des coutumes ecclésiastiques est connue sous le nom d’archéologie chrétienne, qui est en effet, sous le rapport du titre et du contenu, un conglomérat indéfini d’éléments hétérogènes restreints d’une manière purement arbitraire aux premiers âges. Le traitement de ce département exige donc que nous entreprenions la tâche scientifique de distinguer ces éléments hétérogènes, et de les mettre à part pour un examen séparé ; suivant ainsi le cours de leur développement jusqu’à nos jours, comme l’histoire de la constitution, du culte et de la culture de l’Église. L’histoire du développement de la doctrine se divise en quatre divisions :
Comme conclusion et résultat de l’histoire de l’Église à des périodes particulières, nous avons la science de la statistique ecclésiastique, qui décrit l’état de l’Église par rapport à tous ses intérêts tel qu’il se présente à un moment particulier, « comme une tranche coupée transversalement de son histoire ». Les travaux les plus importants dans ces départements sont les suivants :
Histoire des missions.―
Brown, « Hist. de Propag. du Christ. parmi les païens depuis la Réforme. 3e éd., 3 vol., éd., 1854.
Warneck, « Esquisses de l’Hist. de Prot. Miss. » Edin., 1884.
Smith, « Courte Hist. du Christ. Mademoiselle. Edin., 1884.
Histoire de la papauté.
Ranke, « Histoire de la papauté aux XVIe et XVIIe siècles. » 2 vol., Lond., 1855.
Platina (Lib. du Vatican), « Vies des papes ». (1481). Trad. par Rycaut, Lond., 1685.
Bower, « Hist. des papes ». 7 vol., Lond., 1750.
Bryce, « Saint Empire romain. » Lond., 1866.
Creighton, « Hist. de la papauté pendant la Réforme ». Vol. I.-IV, à partir de l’A. D. 1378-1518, Lond., 1882-1886.
Janus, « Le Pape et le Concile ». Lond., 1869.
Pennington, « Époques de la papauté ». Lond., 1882.
Histoire du monachisme.
Hospinianus [Hospinian], “De Monachis.” Etc., Tigur.,�1609.
Maitland, « L’âge des ténèbres ». Lond., 1844.
Histoire des conciles.
Hefele, « Hist. des conciles ». Vol. I.-III, à A.D. 451, Éd., 1871-1883. (Œuvre originale allemande rapportée au Concile de Trente, exclusivité.)
Le droit de l’Église.
Haddan et Stubbs, « Councils and Eccl. Documents illust. Eccl. Hist. de Gr. Brit. et d’Irlande. 3 vol., Lond., 1869 et suiv.
Phillimore, « Droit ecclésiastique ». Lond., 1873.
Archéologie.―
Par Cath. Didron, « Le Christ. Iconographie; ou, Hist. du Christ. L’art en M. A. » Lond., 1886.
Par Prot. Bingham, « Antiq. du Christ. l’Église. 9 vol., Lond., 1845.
« Dictionnaire du Christ. Antiquités. » Ed. par Smith & Cheetham, 2 vol., Lond., 1875 ff.
Histoire des doctrines.
Neander, « Hist. du Christ. Doct. 2 vol., Lond.
Hagenbach, « Hist. du Christ. doctrines. 3 vol., Edin., 1880 f.
Shedd, « Hist. du Christ. Docteur. 2 vol., Edin., 1869.
Symbolique et polémique.
Winer, « Confessions de la chrétienté ». Éd., 1873.
Schaff, « Credo de la chrétienté ». 3 vol., Edin., 1877 et suiv.
Möhler, « Symbolisme : une Expos. de la Doct. Différences entre catholiques et protestants. 2 vol., Lond., 1843.
Patrologie et histoire de la théologie. Littérature.―
Dupin, « Nouvelle histoire des écrivains ecclésiastiques ». Lond., 1696.
Cave, « Script. Eccl. Hist. Lit. » 2 vol., Lond., 1668.
Fabricii, “Biblioth. Græca.” 14�vols., Hamb.,�1705; “Biblioth. Mediæ et infinæ Latin.” 6�vols., Hamb.,�1734.
Teuffel, « Hist. de Rom. Lit. » 2 vol., Lond., 1873.
Histoire des sciences théologiques.
Buddæus, « Isagoge Hist. Theol. ad Theol. Univ. Lps., 1727.
Räbiger, « Encyclopédie de théologie ». 2 vol., Edin., 1884.
Dorner, « Hist. of Prot. Theol. » 2 vol., Edin., 1871.
Histoire de l’exégèse.
Davidson, « Herméneutique sacrée ; y compris l’Hist. de l’interprétation biblique depuis les premiers Pères jusqu’à la Réforme. Éd., 1843.
Farrar, « Hist. de l’interprétation ». Lond., 1886.
Histoire des mœurs.
« L’éthique chrétienne » de Wuttke. Vol. I, « Hist. de l’éthique ». Éd., 1873.
Biographies.―
“Acta Sanctorum.” 63�vols. fol., Ant.,�1643�ff.
Mabillon, “Acta Ss. ord. S. Bened.” 9�vols. fol., Par.,�1666�ff.
Flaccius [Flacius], « Catalogue. Testium Veritatis. �1555.
Piper, « Vies des dirigeants de l’Église universelle ». 2 vol., Edin.
Smith et Wace, « Dict. of Chr. Biog. » etc., 4 vol., Lond., 1877 et suiv.
Dans l’histoire de la culture mondiale, trois étapes historiques du développement universel se succèdent : l’orientale, l’orientale, l’anglo-allemande et l’époque teutono-romane. Le royaume de Dieu devait entrer dans chacun d’eux et avoir en chacun un caractère distinct, afin d’assurer un développement aussi complet que possible. L’histoire de la préparation au christianisme dans l’histoire de la théocratie israélite se déplace dans le sens de la culture orientale. L’histoire des débuts du christianisme embrasse l’histoire de la fondation de l’Église par le Christ et ses apôtres. Ces deux éléments constituent ensemble l’histoire biblique qui, en tant que branche d’étude indépendante recevant un traitement séparé, doit être traitée ici simplement d’une manière brève et introductive. Cela est également vrai de l’histoire de la culture païenne à côté et après la fondation de l’Église. L’histoire de l’Église, proprement dite, le développement de l’Église déjà fondée, commence donc, selon notre conception, avec l’âge post-apostolique, et à partir de ce moment-là, poursuit son cours en trois divisions principales. L’Église antique achève sa tâche en assimilant complètement les éléments apportés par les formes gréco-romaines de la civilisation. Dans l’Église teutono-romane du Moyen Âge, l’appropriation et l’amalgame des anciens modes de pensée classiques avec les tendances modernes éveillées par son environnement immédiat ont été réalisés et achevés. D’autre part, le développement de l’histoire de l’Église depuis la Réforme a reçu son impulsion de la culture teutono-chrétienne qui a eu la maturité et une forme indépendante qui lui ont été assurées par la Réforme. Cette distribution selon les diverses formes de civilisation nous paraît si essentielle, que nous nous proposons d’y emprunter notre principe pour l’organisation de l’histoire de notre Église.
La répartition chronologique du matériel peut être représentée dans les grandes lignes suivantes :
Première Section, A.D. 70 à J.-C. 323, jusqu’à la victoire finale du christianisme sur le paganisme gréco-romain, l’âge post-apostolique et l’âge vieux-catholique.
Deuxième section, à partir de J.-C. 323 à J.-C. 692, jusqu’à la fin finale du développement œcuménique de la doctrine en A.D. 680, et l’apparition de ce qui s’est avéré être un éloignement durable entre les Églises d’Orient et d’Occident en A.D. 692, qui fut bientôt suivie par l’alliance de la papauté avec les Francs au lieu de l’empire byzantin ; l’Église œcuménico-catholique, ou l’Église de l’Empire romain-byzantin.
Troisième section, à partir de J.-C. 692 à J.-C. 1453, jusqu’au renversement de Constantinople. Languissement et décadence de l’ancienne vie ecclésiastique dans l’Empire byzantin ; rupture complète et vaines tentatives d’union entre l’Est et l’Ouest. L’Église de l’Empire byzantin.
Première section, IVe-IXe siècle.― depuis les débuts de la vie ecclésiastique teutonique jusqu’à la fin de l’âge carlovingien, apr. J.-C. Chapitre 911. L’âge teutonique.
Deuxième section, 10e-13e s. ― jusqu’à Boniface VIII, apr. J.-C. 1294 : essor des institutions médiévales : la papauté, le monachisme, la scolastique ; L’Allemagne au premier plan du mouvement ecclésiastique et politique.
Troisième section, 14-15e siècles.― jusqu’à la Réforme apr. J.-C. 1517 ; détérioration et effondrement des institutions médiévales ; La France au premier plan du mouvement ecclésiastique et politique.
Première section, 16ème siècle. L’âge de la Réforme évangélique-protestante et de la Contre-Réforme catholique romaine.
Deuxième section, 17e siècle. L’âge de l’orthodoxie du côté protestant et les efforts continus après la restauration du côté du catholicisme.
Troisième section, 18e siècle. L’âge de l’avancement de l’Illuminisme dans les deux Églises, le Déisme, le Naturalisme, le Rationalisme.
Quatrième section, 19e siècle. L’âge de la vie chrétienne et ecclésiastique renaissante. l’unionisme, le confessionnalisme et le libéralisme en conflit du côté protestant ; la renaissance de l’ultramontanisme en conflit avec le pouvoir civil du côté catholique. En opposition aux deux Églises, des tendances panthéistes, matérialistes et communistes se répandent.
Les sources de l’histoire de l’Église sont en partie originales, sous la forme d’inscriptions et de documents anciens ; en partie dérivée, sous la forme de traditions et de recherches concernant des documents primitifs qui ont entre-temps été perdus. Les inscriptions qui remontent aux temps les plus reculés sont d’une plus grande importance pour l’histoire de l’Église que les sources dites muettes, par exemple les bâtiments d’église, les meubles, les images ; mais de la plus haute importance sont les documents officiels existants, par exemple les actes et les décisions des conciles ecclésiastiques, les décrets et édits des papes, les décrétales, les bulles, les brefs, les lettres pastorales des évêques, les actes civils et les décrets concernant les questions ecclésiastiques, les règles des ordres spirituels, les règles monastiques, les liturgies, les écrits confessionnels, les épîtres des officiers ecclésiastiques et civils influents, des rapports de témoins oculaires, des sermons et des traités doctrinaux rédigés par des docteurs de l’Église, etc. En ce qui concerne les questions qui ne sont pas déterminées par les documents originaux existants, les traditions et les recherches historiques antérieures ou ultérieures doivent remplacer ces documents perdus. Les sciences auxiliaires de l’histoire de l’Église sont celles qui sont indispensables à l’estimation critique et au criblage, ainsi qu’à la compréhension globale des sources de l’histoire de l’Église. C’est à cette classe qu’appartiennent les branches suivantes : la diplomatie, qui enseigne comment estimer l’authenticité, l’exhaustivité et la crédibilité des documents en question ; la philologie, qui permet de comprendre les langues des sources ; Géographie et Chronologie, qui nous permettent de connaître les scènes et les périodes où et quand les incidents relatés dans les documents originaux ont été mis en scène. Parmi les sciences auxiliaires au sens large, l’histoire de l’État, du droit, de la culture, de la littérature, de la philosophie et de la religion universelle peut également être comprise comme indispensable en raison de leur lien intime avec le développement ecclésiastique.
4.1. Littérature des sources.―
Inscriptions:
de Rossi, « Inscriptt. Chr. urbis Rom. » Vol. I. II, Rome, 1857.
Collections de Conseils :
Harduin [Hardouin], “Conc. coll.” (to A.D.�1715), 12�vols., Par.,�1715.
Mansi, « Conc. nova et ampl. cou. 31 vol., Flor., 1759.
Actes pontificaux :
Jaffe, « Regesta pont. Rom. (à J.-C. 1198), 2e éd., Brl., 1881.
Potthast, « Regesta pont. Rom. (A.D. 1198-1304), 2 vol., Brl., 1873.
Les Décrétales pontificales dans « Corp. jur. Canonici. » éd., Friedberg, Lips., 1879.
“Bullarum, diplom. et privil. SS. rom. pont.” Taurenensis editio, 24�vols., 1857�ff.
Nussi, “Conventiones de reb. eccl. inter s. sedem et civ. pot. initæ.” Mogunt.,�1870.
Règles monastiques :
Holstenii, “Cod. regul. mon. et. can.” 6�vols., 1759.
Liturgies:
Daniel, « Cod. liturge. Eccl. Univ. 4 vol., Leipz., 1847 et suiv.
Hammond, « Liturgies anciennes », Oxf., 1878.
Symbolique :
Kimmel, « Ll. Symb. eccl. Orient. Iéna., 1843.
Danz, « Ll. Symb. eccl. Rom. Cath. Weimar, 1835.
Hase, « Ll. Symb. eccl. D’un autre côté, il n’y a Éd. III, Leipz., 1840.
Niemeyer, « Coll. Conf. eccl. Réf. Leipz., 1840.
Schaff, « Credo de la chrétienté ». 3 vol., Lond., 1882.
Martyrologes :
Ruinart, « Agissez mince. Mars. 3 vol., 1802.
Assemanni [Assemani], “Acta SS. Mart. orient. et occid.” 2�vols., Rome,�1748.
Pères et enseignants de l’Église grecque et latine :
Migne, “Patrologiæ currus completus.” Ser.�I., Eccl. Græc., 162�vols., Par.,�1857�ff.; Ser.�II., Eccl. Lat., 221�vols., Par.,�1844�ff.
Horoy, « Media ævi biblioth. patriste. (à partir de J.-C. 1216 à 1564), Paris, 1879.
« Corpus Scriptorum eccl. lat. » Vindob., 1866 et suiv.
Grabe, « Spicilegium SS. Pp. et Hærett. » Sæc. I.-III., 3 vol., Oxford, 1698.
Routh, « Reliquiæ sac ». 4 vol., Oxford, 1814 et suiv.
« Bibliothèque chrétienne d’Anté-Nicée ; un recueil de toutes les œuvres des Pères de l’Église chrétienne avant le concile de Nicée. 24 vol., Edin., 1867 et suiv.
Anciens écrivains de l’Orient :
Assemanus [Assemani], “Biblioth. orient.” 4�vols., Rome,�1719.
Écrivains byzantins :
Niebuhr, « Corp. scr. hist. Byz. » 48 vol., Bonn, 1828 et suiv.
Sathas, « Biblioth. Græc. Med. ævi. Vol. I.-VI., Athènes, 1872 et suiv.
4.2. Littérature des sciences auxiliaires.
Diplomatique:
Mabillon, « De re diplomatique ». Éd. ii., Par., 1709.
Philologie:
Du Fresne (du Cange), « Glossarium ad scriptt. med. et infim. Latin. 6 vol., Par., 1733 ; Nouvelle éd., Henschel et Favre, en cours de publication.
Du Fresne, “Glossarium, ad scriptt. med. et infim. Græc.” 2�vols., Leyden,�1688.
Suiceri, « Thesaurus ecclesiast. e patribus græcis. Ed. ii., 2 vol., Amst., 1728.
Géographie et statistiques :
Mich. le Quien, “Oriens christianus in quatuor patriarchatus digestus.” 3�vols., Par.,�1704.
Chronologie:
Nicolas, « La chronologie de l’histoire ». 2 éd., Lond., 1838.
“L’art de verifier les dates, by d’Antine.” Etc., ed.�by Courcelles, 19�vols., Par.,�1821-1824.
Le premier écrivain de l’histoire de l’Église proprement dite est Eusèbe, évêque de Césarée, † 340. Au cours du Ve siècle, certains membres de l’Église grecque ont poursuivi son œuvre. L’Église d’Occident ne s’engagea pas si tôt dans des entreprises de ce genre, et se contenta de traductions et de reproductions des matériaux qui lui étaient parvenus des Grecs au lieu d’entreprendre des recherches originales. Au Moyen Âge, en raison du lien étroit qui existait entre l’Église et l’État, les Scriptores historiæ byzantinæ grecs, ainsi que les histoires nationales latines, les biographies, les annales et les chroniques, sont de la plus haute importance en tant que sources d’information sur l’histoire de l’Église de leur temps. C’est la Réforme, cependant, qui a d’abord éveillé et inspiré l’esprit d’une véritable recherche critique et d’un traitement scientifique de l’histoire de l’Église, car l’appel des réformateurs aux pratiques et aux institutions pures des premiers jours de l’Église exigeait un exposé historique faisant autorité de la fondation de l’Église, ce qui obligeait l’Église catholique à s’engager dans les études nécessaires à cette fin. Cependant, l’Église luthérienne et l’Église catholique, jusqu’au milieu du XVIIe siècle, se sont contentées des productions volumineuses des deux grands pionniers de l’histoire de l’Église, Flacius et Baronius. Par la suite, cependant, l’émulation dans l’étude de l’histoire de l’Église a été excitée, ce qui a sans aucun doute, au cours du XVIIe siècle, été poursuivi avec le plus de succès dans l’Église catholique. Par suite de la plus grande liberté qui régnait dans l’Église gallicane, ces études prospérèrent remarquablement en France, et furent poursuivies avec un succès exceptionnel par les Oratoriens et l’Ordre de Saint-Maur. Les théologiens réformés, surtout en France et aux Pays-Bas, ne sont pas restés loin derrière eux dans la lutte. Tout au long du XVIIIe siècle, les performances de l’Église luthérienne sont à nouveau mises en avant, tandis qu’une rivalité louable conduit les réformés à imiter leurs excellences. Dans le cas des catholiques, au contraire, le zèle et la capacité qui, au XVIIe siècle, avaient remporté de nouveaux lauriers dans le domaine de l’honneur, étaient maintenant tristement estropiés. Mais à mesure que le rationalisme se répandait dans le domaine de la doctrine, le pragmatisme se répandait dans le domaine de l’histoire de l’Église, qui se fixait comme idéal le plus élevé de l’écriture historique l’art de déduire tout dans l’histoire, même ce qu’il y a de plus élevé et de plus profond en elle, de la coopération de la fortune et de la passion, de l’arbitraire et du calcul. Ce n’est qu’au XIXe siècle, lorsque l’on revint à l’examen minutieux des autorités originales, et que l’on en vint à considérer comme la tâche de l’historien de donner une conception et un exposé de la science aussi objectifs que possible, que cette tendance erronée fut arrêtée.
5.1. Jusqu’à la Réforme. — L’histoire de l’Église d’Eusèbe, qui remonte jusqu’à notre ère. 324, a été dans une certaine mesure continuée par sa Vita Constantini, jusqu’à J.-C. 337 ( 47, 2). L’histoire de l’église de Philostorgius, qui s’étend de J .-C. 318-423, qui ne nous est parvenu que par des fragments cités par Photius, était une production du parti arien d’une certaine importance. Au cours du 5ème siècle, cependant, l’histoire de l’église d’Eusèbe s’est poursuivie jusqu’à J.-C. 439 par le catholique Socrate, avocat à Constantinople, écrit dans un style simple et impartial, mais pas tout à fait dépourvu de critique, et avec une certaine mesure de libéralité, et jusqu’à J.-C. 423, par Sozomène, également avocat à Constantinople, qui plagie en grande partie Socrate, et est, dans ce qui est le sien, sans critique, crédule et aimant à détailler des anecdotes ; et jusqu’à J.-C. 428 par Théodoret, évêque de Cyrus en Syrie, qui produit beaucoup de matériaux utiles sous la forme d’autorités originales, se bornant cependant, comme ses deux prédécesseurs, presque exclusivement aux affaires de l’Église d’Orient. Au VIe siècle, Théodore, lecteur à Constantinople, fit un recueil d’extraits de ces ouvrages, continuant l’histoire jusqu’à son époque après J.-C. Débloquer le niveau 527. Nous n’en avons que des fragments conservés par Nicéphore Callisti. La suite d’Évagre d’Antioche, s’étendant à partir de J.-C. 431-594, se caractérise par la prudence, l’érudition et l’impartialité, ainsi que par une orthodoxie zélée et une croyance sans critique dans le merveilleux. Des éditions complètes de tous ces ouvrages ont été publiées par Valesius (Par., 1659) et Reading (Cantab., 1720), dans chaque cas en 3 vol. Dans l’Église latine, Rufin d’Aquilée traduisit l’œuvre d’Eusèbe et l’agrandit avant que les continuations des trois historiens grecs eussent paru, en la portant jusqu’à son époque après J.-C. 395 d’une manière tout à fait dépourvue d’esprit critique. Sulpicius Severus, prêtre de la Gaule, écrivit vers la même époque son Historia Sacra, en deux livres, depuis la création du monde jusqu’à notre ère. Débloquer le niveau 400. Au VIe siècle, Cassiodore fusionna en un seul traité en 12 livres, au moyen d’extraits, les œuvres des trois continuateurs grecs d’Eusèbe, sous le titre Hist. ecclesiastica tripartita, qui, combiné avec l’histoire de Rufin, est resté jusqu’à la Réforme dans l’usage courant comme manuel. Une histoire de l’Église écrite au VIe siècle en syriaque, par l’évêque monophysite, Jean d’Éphèse, qui aimait morbide le miraculeux, nous a d’abord été connue sous une forme abrégée de la troisième partie embrassant l’histoire de son propre temps. (Ed. Cureton, Oxf., 1853. Trad. en anglais par Payne Smith, Oxford, 1859.) ― Appartenant à l’église latine du moyen âge, Haymo de Halberstadt mérite d’être nommé écrivain de l’histoire universelle, vers J.-C. 850, s’appuyant principalement sur Rufin et Cassiodore. On peut dire la même chose de l’ouvrage intitulé Libri XIII. historiæ ecclesiasticæ, écrit par l’abbé Odericus Vitalis en Normandie, vers l’an J.-C. 1150, qui forme dans l’ensemble la production la plus honorable du moyen âge. Dans les 24 livres de l’histoire de l’Église du bibliothécaire dominicain et pontifical, Tolomeo de Lucques, composé vers J.-C. 1315, l’histoire de l’Église est conçue comme s’il s’agissait simplement d’un commentaire historique sur les lois et les canons ecclésiastiques alors en vigueur, comme une tentative, c’est-à-dire d’incorporer dans l’histoire toutes les fictions et les falsifications, que le Pseudo-Isidore au IXe siècle (87, 2-4), Gratien au XIIe siècle, et Raimundus [Raimund] de Penneforti [Pennaforte] au XIIIe siècle (99, 5), avait forgé dans le droit canonique. Vers la fin du XVe siècle, sous l’influence de l’humanisme, on s’éveilla çà et là au sentiment de la nécessité d’une procédure critique dans le domaine de l’histoire de l’Église, qui avait fait défaut tout au long du Moyen Âge. Toujours dans l’Église grecque, au XIVe siècle, Nicéphore Calliste de Constantinople écrivit un traité sur l’histoire de l’Église, qui remontait jusqu’à notre ère. 610, dépourvu de goût et sans aucune indication de puissance critique.
5.2. Les XVIe et XVIIe siècles. — Vers le milieu du XVIe siècle, l’Église luthérienne a produit un volumineux ouvrage d’histoire de l’Église, les soi-disant Siècles de Magdebourg, composé par un comité de théologiens luthériens, à la tête duquel se trouvait Matthias Flacius, d’Illyrie à Magdebourg. Cet ouvrage se composait de 13 volumes in-folio, dont chacun embrassait un siècle. (Eccles. Hist., integram eccl. ideam complectens, congesta per aliquot studiosos et pios viros in urbe Magdb. Bas., 1559-1574.) Ils s’appuient tout au long sur des études minutieuses des autorités originales, produisent de nombreux documents jusque-là inconnus et, avec une polémique impitoyablement amère contre la dégénérescence doctrinale romaine, s’occupent avec une diligence particulière du développement historique du dogme. En réponse à cela, l’oratorien romain César Baronius publia ses Annales ecclesiastici, en 12 vol. in-folio, descendant jusqu’à J.-C. 1198 (Rome, 1588-1607). Cet ouvrage suit entièrement les lignes catholiques romaines et est tout à fait biaisé et partial, et cherche d’une manière tout à fait non critique, par toutes sortes d’ingéniosité, à justifier les positions romaines ; cependant, comme communiquant beaucoup de documents jusqu’ici inconnus, et à d’autres inaccessibles, il doit être considéré comme une production importante. Il obtint à son auteur le chapeau de cardinal, et l’avait presque élevé à la chaire de saint Pierre. Dans l’intérêt d’une recherche savante et éprise de vérité, elle a été vivement critiquée par le franciscain Antoine Pagi (Critica hist-chronol. 4 vol., Antw., 1705), porté au XVIIe siècle à partir de l’A.D . 1198-1565, en 9 vol. par Oderic. Raynaldi, au 18ème siècle après J.-C. 1566-1571, en 3 vol. par de Laderchi, et au 19e siècle jusqu’à J.-C. 1585 en 3 vol. par August Theiner. Une nouvelle édition a été publiée par Mansi (43 vol., 1738 et suiv.), avec la suite de Raynaldi et la critique de Pagi. Le cours fut ouvert en histoire générale de l’Église par le dominicain Natalis Alexander, homme instruit, mais écrivant dans un style scolastique rigide (Selecta hist. eccl. capita et diss. hist. chron. et dogm. 24 vol., Par., 1676 sq.). Cette première édition, à cause de son gallicanisme, fut interdite à Rome ; une autre plus tardive de Roncaglia de Lucques, avec des notes rectificatives, a été laissée passer. Le Nain de Tillemont, avec la conscience de sa foi janséniste, a rendu compte de l’histoire de l’Église primitive dans une série d’autorités soigneusement choisies (Mémoires pour servir à l’hist. eccl. des six premiers siècles, justifiés par les citations des auteurs originaux. 16 vol., Par., 1693 et suiv.). Bossuet écrivit, pour l’instruction du Dauphin, ce que Hase a appelé « une histoire ecclésiastique du monde avec une dialectique éloquente et une perspicacité dans les voies de la Providence, comme si le sage évêque de Meaux avait été dans les secrets non seulement des conseils du roi, mais aussi des conseils de Dieu » (Discours sur l’hist. universelle depuis le commencement du monde jusqu’à l’empire de Charles M. Par., �1681). Claude Fleury, dans le but de l’édification, procède par périodes fluides et diffuses (Histoire ecclst. 20 vol., Par., 1691 sq.). ― L’histoire de l’Église de France (A.D. 1580) attribué, probablement erronéÀ Théodore de Bèze, le successeur de Calvin, il marque le début de l’écriture de l’histoire ecclésiastique dans l’Église réformée. Au cours du XVIIe siècle, il s’est assuré une place d’honneur dans le département de l’histoire de l’Église, en particulier en raison de ses recherches spéciales (160, 7). mais aussi, dans une certaine mesure, dans le domaine de l’histoire générale de l’Église. J. H. Hottinger surcharge son Hist. ecclst. N. T. (9 vol., fig., 1651 et suiv.) en traînant l’histoire du judaïsme, du paganisme et même du mahométisme, avec beaucoup de choses hors de propos de ce genre. Les œuvres de Friedr lui étaient supérieures. Spanheim (Summa hist. eccl. Leyd., 1689) Jas. Basnage (Hist. de l’égl. 2 vol., Rotd., 1699). Le plus important de tous fut la critique acerbe des Annales de Baronius par Isaac Casaubon (Exercitt. Baronianæ. Lond., 1614), et par Sam. Basnage (Exercitt. hist. crit. Traj., 1692 ; et Annales polit. ecclst. 3 vol., Rotd., 1706).
5.3. Le XVIIIe siècle. — Après la publication de l’Opus palmare de Magdebourg, l’étude de l’histoire de l’Église est passée à l’arrière-plan dans l’Église luthérienne. C’était George Calixtus († apr. J.-C. 1658) et les controverses syncrétistes qu’il provoqua et qui éveillèrent de nouveau l’intérêt pour de telles recherches. Gottfr. Le colossal traité d’Arnold intitulé Unparteiische Kirchen- und Ketzerhistorie (2 vol. fol., Frkf., 1699), qui ne reconnaissait guère le christianisme que dans les hérésies et les sectes fanatiques, donna une puissante impulsion à l’esprit de recherche et au traitement généreux des adversaires. Cela porta ses fruits dans les tentatives iréniques et conciliantes de Weismann de Tübingen (Introd. in memorabilia ecclst. 2 vol., Tüb., 1718). L’étoile brillante, cependant, dans le firmament de l’histoire de l’Église au XVIIIe siècle était J. Lor. v. Mosheim à Helmstedt [Helmstadt] et à Göttingen, se distinguèrent par leurs recherches approfondies, par leur pouvoir divinatoire de perspicacité, et par une exécution brillante et une facilité artistique dans l’emploi d’un noble style latin (Institutionum hist. ecclst. Libri IV. Helmst., 1755 ; trad. en anglais par Murdock, éd. par Reid, 11e éd., Lond., 1880). J. A. Cramer, à Kiel, a traduit Einl. in die Gesch. de Bossuet. d. Welt u. d. Relig., avec une suite qui traitait avec un soin particulier de la théologie du moyen âge (7 vol., Leipz., 1757 et suiv.). J. Sal. Semler, dans Halle, a ébranlé, avec une critique morbide et sceptique, beaucoup d’opinions traditionnelles de l’histoire de l’Église qui avaient été considérées auparavant comme inattaquables (Hist. eccl. selecta capita. 3 vol., Halle, 1767 et suiv. ; Versuch e. fruchtb. Auszugs d. K. Gesch. 3 vol., Halle, 1773 et suiv.). D’autre part, Jon. Mat. Schröckh de Wittenberg a produit un gigantesque ouvrage sur l’histoire de l’Église, qui se caractérise par de patientes recherches, et qui donne, dans la mesure où les moyens à sa portée le permettaient, un exposé clairvoyant, tempéré et correct des faits (Christl. K. G. 45 vol., Leipz., 1772 et suiv., les deux derniers vol. par Tzschirner). Le ministre d’État du Wurtemberg, le baron von Spittler, a esquissé un Grundriss der K. Gesch., dans des déclarations courtes et intelligemment exprimées, qui, dans de nombreux cas, n’étaient pas mieux que des caricatures (5e éd. par Planck, Gött., 1812). Henke de Helmstedt [Helmstadt] suivit ses traces, qui, tout en reconnaissant pleinement la bénédiction morale que le vrai christianisme avait apportée à l’humanité, décrivit néanmoins l’Allg. Gesch. der Kirche » comme s’il s’agissait d’une galerie d’aberrations religieuses et morales et d’étranges développements (6 vol., Brsweig., 1788 et suiv. ; 5e éd. révisée et continuée par Vater en 9 vol.). ―Dans l’Église réformée, Herm. Venema, de Franeker, le Mosheim de cette église, s’est distingué par la base documentaire complète qu’il a donnée à son exposé, écrit dans un esprit conciliant (Institut. hist. eccl. V. et N. T. 7 vols., Leyd., 1777 et suiv.). Dans l’Église catholique, Roïko de Prague, favorisé par les tendances réformatrices de l’empereur Joseph II, a pu impunément exprimer ses vues anti-hiérarchiques dans une déclaration presque cynique et franche (Einl. in d. chr. Rel. u. K. G. Prague, 1788).
5.4. Le 19e siècle. Dans sa Handb. d. chr. K. G., publ. en 1801 (dans la 2e éd. contin. par Rettberg, 7 vol., Giessen, 1834), Chr. Schmidt de Giessen soutenait expressément que la condition suprême et même la seule d’un traitement correct de l’histoire consistait dans l’étude directe des documents originaux et dans une exposition vraiment objective des résultats qui en découlent. Par objectivité, cependant, il entendait l’indifférence et la froideur du sujet par rapport à l’objet, ce qui doit inévitablement rendre la représentation dure, incolore et sans vie. Gieseler de Göttingen, † 1854, loua ce mode de traitement par son excellente exécution, et dans son Lehrbuch (5 vol., Bonn, 1824-1857 ; trad. anglaise, « Compendium de l’histoire de l’Église ». 5 vol., Edinb., 1846-1856), un chef-d’œuvre de premier ordre, qui soutient, explique et amplifie l’exposé admirablement condensé de l’auteur par des extraits habilement choisis des documents, ainsi que par une critique originale et réfléchie du texte. Un traitement modéré, objectif et documentaire de l’histoire de l’Église est également donné dans le Handbuch d’Engelhardt d’Erlangen (5 vol., Erlang., 1832 et suiv.). Parmi les compendias, le plus populaire était l’Universalgeschichte d. K. de Stäudlin, de Göttingen (Hann., 1807 ; 5e éd. par Holzhausen, 1833). Il fut remplacé par le Lehrbuch of Hase, of Jena (Leipz., 1834 ; 10e éd., 1877 ; trad. anglaise de la 7e éd. germ., New York, 1855), qui est un exposé généralement prégnant et de bon goût artistique, avec des caractéristiques souvent excellentes et frappantes, une perception subtile et de nombreuses références à des sources documentaires. Les Vorlesungen de Schleiermacher, † 1834, publiés après sa mort par Bonell (Brl., 1840), supposent une connaissance des matériaux habituels et présentent d’une manière fragmentaire les grandes lignes du développement de l’Église. Le Lehrbuch de Niedner (2e éd., brl., 1866) se distingue par un esprit philosophique, un traitement indépendant, un jugement impartial et une richesse de contenu avec omission de la matière coutumière, mais gâché par la raideur et la maladresse scolastiques de son style. Gfrörer’s († 1861) Kirchengeschichte (7 vol. jusqu’à J.-C. 1000, Stuttg., 1840) traite le christianisme primitif comme un pur produit de la culture de l’époque, et ne connaît pas de principes mobiles dans le développement historique de l’église chrétienne, mais l’égoïsme clérical, les intérêts politiques, les machinations et les intrigues. Néanmoins, le livre, surtout dans la partie traitant du moyen âge, offre un compte rendu frais et vivant des recherches parmi les documents originaux et des résultats nouveaux, bien que même ici l’auteur ne retienne pas tout à fait son penchant excessif pour des combinaisons trop subtiles. Après son entrée dans l’Église catholique, ses travaux dans le domaine de l’histoire de l’Église se limitèrent à une volumineuse histoire de Grégoire VII, qui peut être considérée comme une continuation de l’histoire de son Église, l’œuvre antérieure n’ayant atteint que ce point. Baur de Tübingen commença la publication de traités monographiques sur des périodes particulières, allant jusqu’à la Réforme (3 vol., 2e éd., Tüb., 1860 et suiv.), une continuation jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. (publié par son fils F. Baur, 1863), ainsi qu’un autre volume traitant du 19e siècle. (publ. par son gendre Zeller, 2e éd., 1877). Ces œuvres de cet infatigable Les enquêteurs font preuve d’une maîtrise approfondie de l’immense masse de documents, avec des critiques subtiles et, dans de nombreux cas, la première création de nouveaux points de vue. L’énorme production de Böhringer (Die Kirche Christi und ihre Zeugen, oder Kirchengeschichte in Biographien. 24 vol., Zur., 1842 ; 2e éd., Zur., 1873), sur la base d’une étude indépendante des différentes époques jusqu’à la Réforme, caractérise au moyen de portraits détaillés les personnalités éminentes de ces périodes. Dans la seconde édition, entièrement remaniée avec l’aide de ses deux fils, on trouve la preuve d’une recherche plus strictement critique et d’un état d’esprit judiciaire, de sorte que le caractère essentiellement panégyrique de la première édition est considérablement modifié. Les conférences de Rothe, éditées après sa mort, avec des ajouts de ses restes littéraires, par Weingarten (2 vol., Hdlb., 1875) sont assez fragmentaires parce que la matière historique habituelle était souvent fournie par Gieseler, Neander ou Hase. L’ouvrage est d’une grande valeur dans les départements de la Constitution et de la Vie de l’Église, mais à d’autres égards il ne répond pas du tout à l’attente que l’on pourrait avoir à l’égard de productions portant un nom aussi honoré ; Cependant, les notes éparses et brèves du savant éditeur sont tout à fait solides et savantes.
5.5. Presque en même temps que Gieseler, Aug. Neander de Berlin, † 1850, commença la publication de son Allg. Gesch. D. chr. Kirche en xi. divisions jusqu’à J.-C. 1416 (Ham., 1824-1852. Engl. Transl. 9 vol., Edin., 1847-1855), par lequel le terrain a été creusé dans une autre direction. Fortement influencé par le mouvement religieux qui, depuis les guerres d’indépendance, avait inspiré les esprits les plus nobles de l’Allemagne, et sympathisant avec la théologie du sentiment de Schleiermacher, il défendit les droits de la piété subjective dans le traitement scientifique de l’histoire de l’Église, et chercha à la rendre féconde pour l’édification en tant que commentaire de vastes proportions sur la parabole du levain. Avec un plaisir particulier, il retrace les développements de la vie intérieure, montre ce qu’il y a de chrétien dans les manifestations même mal conçues et condamnées par l’Église, et se sent en grande partie repoussé par l’ecclésiastique objectif, comme par une ossification de la vie chrétienne et la cristallisation du dogme. De la même manière, il sous-estime l’importance des coefficients politiques et apprécie peu les influences esthétiques et artistiques. L’exposition s’étend trop souvent sur des détails ennuyeux et devient quelque peu monotone, mais elle est de tous côtés éclairée par une connaissance directe des sources originales. Son érudit, Hagenbach de Bâle, † 1874, rassembla sous une forme recueillie les conférences qu’il prononça devant un public cultivé sur plusieurs périodes de l’histoire de l’Église, de manière à fournir un traité traitant de l’ensemble du domaine (7 vol., Leipz., 1868). Ces conférences se distinguent par un exposé lumineux, intéressant, parfois assez large, mais toujours inspiré d’un esprit chrétien chaleureux et d’un jugement circonspect, inclinant vers un latitudinarianisme confessionnel doux. Ce qui, même du côté confessionnel et ecclésiastique, avait été jusqu’à un certain point négligé par Néandre, en raison de sa tendance à l’intériorité qui caractérise la piété subjective et pectorale, a été développé par Guericke de Halle, † 1878, un autre des savants de Neander, dans son Handbuch (2 vol., Leipz., 1833 ; 9e éd., 3 vol., 1866 ; trad. angl. « Manuel de Ch. Hist. ». Edinb., 1857), par la contribution de sa propre appréciation enthousiaste de l’Église luthérienne dans une déclaration forte mais maladroite ; au-delà de cela, cependant, le caractère unilatéral du point de vue de Néandre n’est pas surmonté, et bien que, parallèlement à l’exposé de Néandre, les matériaux et les estimations d’autres points de vue soient utilisés avec diligence, et souvent les mots mêmes incorporés, le résultat général n’est modifié à aucun égard essentiel. Écrit avec la même vigueur et portant l’empreinte d’un esprit ecclésiastique plus libre, le Handbuch de Bruno Lindner (3 vol., Leipzig, 1848 sq.) suit avec une diligence particulière le cours du développement historique de la doctrine, et met également l’accent sur l’influence des facteurs politiques. C’est ce même but qui est tenté dans un traitement détaillé avec une production abondante de documents faisant autorité dans le Handbuch de l’auteur du présent traité (vol. I. en trois divisions, dans une 2e éd. ; vol. II. 1, jusqu’à la fin de l’ère carlovingienne. Mitau, 1858 et suiv.). Milman (1791-1868), historien ecclésiastique anglais de premier ordre (« Hist. of Chr. to Abolit. de Pag. dans Rom. Emp. 3 vol., Londres, 1840 ; « Histoire du christianisme latin au pontificat de Nicolas V. » 3 vol., Londres, 1854), se montre, surtout dans ce dernier ouvrage, LearD’un point de vue libéral et éloquent, il réussit parfaitement à esquisser les caractères et à présenter des tableaux vivants de la culture générale et des conditions sociales des différentes périodes dont il s’occupe. Les Vorlesungen de R. Hasse [Hase], publiés après sa mort par Köhler (2e éd., Leipz., 1872), forment un traité sans prétention, qui ne présente guère de trace de l’influence de l’enseignement de Hegel sur leur auteur. Köllner de Giessen rédige une Ordnung und Uebersicht der Materien der chr. Kirchengeschichte, Giess., 1864, ouvrage assidu, bien arrangé et bien tassé, mais un peu sec et informe. H. Schmid d’Erlangen a augmenté son Lehrbuch abrégé (2e éd., 1856), en un Handbuch de deux volumes volumineux (Erlang., 1880) ; et O. Zöckler de Greifswald a contribué au Handbuch d. theolog. Wissenschaften (Erlang., 1884 ; 2e éd., 1885) rédigea par lui un excellent résumé chronologique de l’histoire de l’Église. Le Handbuch d’Ebrard (4 vol., Erlang., 1865 et suiv.) s’efforce de donner une expression adéquate à cet esprit authentique de la conception réformée de l’écriture historique en mettant en relation organique l’histoire de l’Église et l’histoire des doctrines. La tentative est faite, cependant, comme Hase l’a exprimé, avec une tendance paradoxale plutôt qu’orthodoxe. L’esprit et l’esprit de l’Église réformée nous sont présentés sous une forme plus tempérée, plus douce et plus impartiale, inspirée par le pectoralisme de Néandre, dans le Handbuch de J. J. Herzog d’Erlangen, † 1882 (3 vol., Erlang., 1876), qui prend le nom d’Abriss ou Compendium. Cet ouvrage s’est fixé le but un peu trop ambitieux de remplacer les productions de Gieseler et de Neander, qui, comme trop diffuses, ont malheureusement rebuté beaucoup de lecteurs, par un nouveau traité qui devrait exposer les progrès importants dans le traitement de l’histoire de l’Église depuis leur temps, et donner une esquisse plus concise de l’histoire universelle de l’Église. L’Histoire du Christianisme du professeur Chastel, de Genève, (5 vol., Par., 1881 et suiv.), dans ses premiers volumes, occupe le point de vue de Néander, et nous manquons souvent l’estimation minutieuse des résultats les plus importants des recherches ultérieures. En ce qui concerne l’histoire moderne de l’Église, malgré tous les efforts d’objectivité et d’impartialité, les sympathies théologiques sont tout à fait apparentes. D’autre part, dans l’Histoire complète de l’Église chrétienne de Philip Schaff (en 8 vol., Edinb., 1885, remontant jusqu’à Grégoire VIII, A.D. 1073), les riches résultats des recherches postérieures à l’époque de Néandre sont pleinement et prudemment élaborés en harmonie avec les principes généraux de la vision de l’histoire de Néandre. Herzog’s Realencyclopædie für protest. Theol. u. Kirche, en particulier dans sa 2e éd. par Herzog et Plitt, et après la mort de l’un et de l’autre, par Hauck (18 vol., Leipz., 1877 et suiv.), s’est distingué dans le département de l’histoire de l’Église par les contributions d’écrivains nouveaux et puissants. Lichtenberger, ancien professeur de théologie à Strasbourg, aujourd’hui à Paris, a produit dans son Encyclopédie des sciences religieuses un ouvrage français digne d’une place à côté de celui d’Herzog. Le Dictionnaire de la biographie, de la littérature, des sectes et des doctrines chrétiennes au cours des huit premiers siècles, édité avec une circonspection et un soin admirables par le Dr Wm. Smith et le professeur Wace, se combine avec une plénitude et une richesse de contenuUn examen approfondi des sources originales n’a jamais été atteint auparavant. (4 vol., Lond., 1877 et suiv.) Les Tables chronologiques pour l’histoire de l’Église de Weingarten (Zeittafeln z. K.G. 2e éd., Brl., 1874) sont très utiles aux étudiants comme les plus récentes et les meilleures aides de ce genre.
5.6. Dans l’Église catholique d’Allemagne aussi, une grande activité s’est manifestée dans le domaine de l’histoire de l’Église. Tout d’abord, dans l’histoire générale de l’Église, nous avons l’œuvre diffuse du converti von Stolberg (Gesch. d. Rel. Jesu, 15 vol., jusqu’à J.-C. 430, Hamb., 1806 et suiv., continuée par von Kerz, vol. 16-45, et par Brischar, vol. 46-52, Mayence, 1825-1859), s’étendant sur des détails hortiatoires et non critiques. L’élégant ouvrage de Katerkamp (K. G., 5 vol., jusqu’en 1153, Münst., 1819 et suiv.) le suivit, inspiré d’un esprit semblable et doux, mais conçu d’une manière plus strictement scientifique. Libéral, dans la mesure où cela pourrait être sans rompre avec la hiérarchie, est le Handbuch der K. G. (3 vol., Bonn, 1826 et suiv. ; 6e éd. par Ennen, 2 vol., 1862), par I. Ign. Ritter. Le Gesch. d. Chr. Rel. u. d. K. (8 vol., jusqu’à 1073, Ravensb., 1824 et suiv.) de Locherer rappelle l’œuvre de Schröckh à d’autres égards que par son volume. Une conception résolument ultramontaine de l’histoire de l’Église, avec de fréquents éclairs d’esprit vif, apparaît pour la première fois dans le Handbuch de Hortig (2 vol., Landsh., 1826). Döllinger en 1828 publ. en tant que 3e vol. de cet ouvrage, un Handbuch d. Neuern K.G., qui, avec une tendance similaire, a pris un ton plus sérieux. Ce théologien entreprit par la suite un travail tout à fait nouveau et indépendant, d’une plus grande portée, qui reste encore incomplet (Gesch. d. chr. K., I. 1, 2, en partie jusqu’à J.-C. 630, Landsh., 1833-1835). Ce travail, avec une apparente libéralité, exposait les fables notoires de la littérature historique romaine ; mais, d’un autre côté, avec une brillante ingéniosité, il s’efforçait soigneusement de conserver intact tout ce qui, d’après les principes et les vues ultramontaines, pouvait sembler susceptible d’une justification, même partielle. Son Lehrbuch (I. II. 1., Rgsb., 1836 et suiv.), qui ne descend que jusqu’à la Réforme, traite la question de la même manière, et se borne à un simple exposé de faits reconnus. Dans l’intervalle, J. A. Möhler, par ses premières œuvres monographiques, et plus encore par sa grande influence en tant que professeur à Tübingen, a fait naître l’espoir de l’ouverture d’une nouvelle époque dans le traitement de l’histoire de l’Église catholique. Il se présentait comme étant en sympathie spirituelle avec les formes et les moyens de la science protestante, bien qu’en opposition et en conflit résolu avec son contenu, maintenant son adhésion fidèle à tous les éléments essentiels au catholicisme romain. Cependant, sa mort prématurée, le † 1838, empêcha ce maître de publier son histoire complète. C’est ce qu’a fait près de trente ans après sa mort Gams, qui a publié l’ouvrage tiré de ses papiers posthumes (K. G., 3 vol., Rgsb., 1867 et suiv.), avec beaucoup d’amendements ultramontains. Il montre tous les défauts d’un tel patchwork, avec ici et là, mais relativement, très peu de cas fructueux. Des traces de son influence apparaissent encore dans l’esprit qui imprègne le Lehrbücher issu de son école, par Alzog († 1878) et Kraus. L’Universalgeschichte d. K., par J. Alzog (Mayence, 1841 ; 9e éd., 2 vol., 1872 ; trad. en anglais, 3 vol., Lond., 1877), était, dans ses premières éditions, étroitement associé aux conférences de son maître, n’ayant même pas honte de puiser parfois dans les fontaines fraîches et étincelantes de Hase quelque chose pour ses propres prairies pourtant un peu desséchées, mais dans ses éditions ultérieures, il devint toujours plus moqueux.Il est indépendant, plus complet dans ses recherches, plus frais et plus vif dans son exposé, faisant en même temps un effort louable de modération et d’impartialité de jugement, bien que son adhésion au point de vue catholique devienne de plus en plus stricte jusqu’à ce qu’elle atteigne son point culminant dans l’acceptation du dogme de l’infaillibilité papale. La 10e éd. de son travail parut en 1882 sous la direction de Kraus, qui contribua beaucoup à sa correction et à son achèvement. Le Lehrbuch de F. Xav. Kraus de Fribourg (2e éd., Trèves, 1882) est sans aucun doute, parmi tous les manuels catholiques romains actuels, le plus solide au point de vue scientifique, et, bien que diplomatiquement réservé et soigneusement équilibré dans l’expression de ses opinions, l’un des plus libéraux, et il se distingue par un mode de traitement aussi habile qu’instructif. D’autre part, le théologien würzburgien, J. Hergenröther (depuis 1879 cardinal et conservateur des archives pontificales à Rome), qui représente l’attitude normale de confiance implicite dans le Vatican, a publié un Handbuch (2 vol. en 4 parties, Freib., 1876 et suiv. ; 2e éd., 1879, avec un supplément : Sources, Literat., and Foundations). Dans cet ouvrage, il puise dans les riches réserves de son érudition reconnue, qui, cependant, l’abandonne souvent étrangement dans le traitement de l’histoire de la théologie protestante. C’est un exposé habile et instructif, et il est très juste qu’on puisse le représenter comme « une histoire de l’Église, oui, du monde entier, vue à travers des lunettes romaines correctement placées ». Bien au-dessous de lui en importance scientifique, mais dans l’ultramontanisme obstiné bien au-dessus de lui, se trouve le Lehrbuch de H. Bruck [Brück] (2e éd., Mayence, 1877). Une production beaucoup plus solide est présentée dans le Dissertatt. selectæ in hist. ecclst. du Prof. B. Jungmann de Louvain, qui traite dans l’ordre chronologique des partis et des controverses importants de l’histoire de l’Église, en particulier du développement historique de la doctrine, d’une manière approfondie et en se référant à des documents originaux, non sans une préjugé en faveur du Vaticanisme (vol. I.-III, Ratisb., 1880-1883, jusqu’à la fin du IXe siècle.). Le Kirchenlexikon de Wetzer et Wette (12 vol., Freib., 1847 et suiv.) a acquis une place de choix en raison des articles sur l’histoire de l’Église rédigés par les érudits catholiques les plus éminents, conçus pour la plupart dans l’esprit scientifique de Möhler. La 2e édition de Kaulen (Freib., 1880 et suiv.), très copieuse et admirablement exécutée, sous les auspices du cardinal Hergenröther, est conçue dans un esprit beaucoup plus résolument papiste-vatican, qui souvent ne craint pas de maintenir et de justifier même les productions les plus flagrantes de la superstition, de l’illusion et de la crédulité médiévales, comme fondées sur des faits historiques indubitables. Beaucoup plus importante est la recherche historique dans l’Hist. Jahrbuch der Görres-Gesellschaft, édité à partir de 1880 par G. Hüffer, et à partir de 1883 par B. Gramich, qui se présente comme « un moyen de réconciliation pour les historiens avec qui le Christ est le point médian de l’histoire et l’Église catholique l’institution ordonnée par Dieu pour l’éducation du genre humain ». ― Dans l’Église de France, voici les productions les plus importantes : l’Hist. de l’égl. de Berault-Bercastel (24 vol., Par., 1778 sq.), qui a eu de nombreux continuateurs français et aussi un traducteur allemand (24 vol., Vienne, 1784 sq.) ; l’Hist. ecclst. depuis la création, etc., du baron Henrion, éd. par Migne (25 vol., Par., 1852 et suiv.) ; et la compilation très diffuse, entièrement consacrée à la glorification de la papauté et de ses institutions, Hist. universelle de l’égl. Cath. de l’abbé français de Louvain Rohrbacher (29 vol., Par., 1842 et suiv. ; dont une traduction anglaise est en cours de publication). Enfin, l’exposé scientifiquement minutieux du vieux catholique J. Rieks, Gesch. d. chr. K. u. d. Papstthums, Lahr., 1882, bien qu’à certains égards partial, peut être mentionné comme méritant d’être remarqué pour son impartialité générale et son amour de la vérité.
Le point médian des époques et des développements de la race humaine est l’incarnation de Dieu dans le Christ. C’est avec elle que commence, c’est sur elle que repose la plénitude des temps (Gal., iv, 4), et c’est vers elle que toute l’histoire préchrétienne est dirigée comme anticipée ou progressive. Cette préparation a son origine dans le berceau même de l’humanité, et se sépare bientôt dans les deux directions du paganisme et du judaïsme. Dans le premier cas, nous avons le développement de facultés et de capacités purement humaines ; Dans ce dernier cas, ce développement se poursuit par une révélation divine continue. Les deux voies de développement, qui se distinguent non seulement par les moyens, mais aussi par la tâche entreprise et le but visé, se suivent l’une à côté de l’autre, jusqu’à ce que, dans la plénitude des temps, elles soient unies dans le christianisme et y apportent les fruits et les résultats de ce qui était essentiel et caractéristique dans leurs divers développements séparés.
La race primitive de l’homme, entourée de formes riches et luxuriantes de la nature, a mis cette abondance de puissance primordiale à la place du Dieu personnel et supramondain. Entouré d’une telle plénitude inépuisable de vie et de plaisirs, l’homme en vint à considérer la nature comme plus digne de sacrifice et de révérence qu’un Dieu personnel retiré au loin dans les hauteurs supramondaines. C’est ainsi qu’est né le paganisme quant à ses traits généraux : un recentrage sur soi-même dans les profondeurs de la vie de la nature, une déification de la nature, un culte de la nature (Rom. i. 21 sq.), donc la religion de la nature, selon laquelle, aussi, son caractère moral est déterminé. C’est surtout par le biais de sa culture intellectuelle que le paganisme a apporté une aide préliminaire à l’Église pour l’accomplissement de sa tâche intellectuelle. Et même l’empire païen, avec ses efforts pour la domination universelle, ainsi que les relations commerciales actives dans l’ancien monde païen, contribuèrent à préparer la voie de l’Église.
7.1. Le caractère religieux du paganisme. — Les pouvoirs cachés de la vie de la nature et de l’âme, non pas appréhendés intellectuellement sous la forme d’une connaissance abstraite, mais saisis dans la pratique immédiate, et développés dans la spéculation et le mysticisme, dans la magie naturelle et la divination, et appliqués à tous les rapports de la vie humaine, semblaient des révélations de l’esprit éternel de la nature. et, principalement grâce à l’intervention de personnalités éminentes et sous l’influence de diverses particularités géographiques et ethnographiques, il a produit de multiples systèmes de religion de la nature. Commune à tous, et profondément enracinée dans la nature du paganisme, est la distinction entre la religion ésotérique des prêtres et la religion exotérique du peuple. Le premier est essentiellement un panthéisme idéal spéculatif ; Ce dernier est pour l’essentiel un polythéisme mythique et cérémoniel. Le développement religieux du paganisme n’a cependant pas été dépouillé de tout élément de vérité. Mis à part les restes fortuits de la révélation divine primitive, qui, diversement déformés lors de leur transmission par les canaux païens, peuvent être à la base ou être influencés dans ses systèmes religieux, le développement de la religion de la nature, semblable à une serre chaude, a anticipé plus d’une vérité religieuse qui, dans la voie de la révélation divine, ne pouvait arriver à maturité que lentement et tardivement. mais il l’a pervertie et déformée à un tel point qu’elle n’était guère mieux qu’une caricature. C’est à cette classe qu’appartiennent, par exemple, les théories panthéistes de la Trinité et de l’Incarnation, la reconnaissance dualiste de la réalité du mal, etc. C’est aussi à cela qu’appartient en particulier l’offrande de victimes humaines qui a été pratiquée dans toutes les religions de la nature sans exception, un cri d’agonie terrible et dans une certaine mesure prophétique de la part d’hommes abandonnés de Dieu, qui est d’abord atténué sur le Golgotha en hymnes de joie et d’action de grâces. Il est rendu témoignage de la puissance et de l’énergie avec lesquelles les religions de la nature, à l’époque de leur floraison, ont pris possession et régné sur l’esprit et les émotions des hommes, par les sacrifices et les auto-inflictions sans exemple, tels que les hécatombes, les offrandes d’enfants, les mutilations, la prostitution, etc., auxquels ses adeptes se sont soumis, et non moins le charme presque irrésistible qu’elle a exercé encore et encore sur le peuple d’Israël pendant tout le cours de leur histoire antérieure. Il s’ensuit aussi que la religion du paganisme ne consiste pas en mensonges éhontés et en pures illusions. Il y a des éléments de vérité dans les mensonges, qui ont donné ce pouvoir à la religion de la nature. Il y a des anticipations de rédemption, bien qu’elles aient été perverties par le démon, ce qui lui a conféré ce charme. Il y a des phénomènes mystérieux de magie naturelle et de devin qui semblaient établir leur caractère divin. Mais le culte de la nature avait le destin de tout développement précoce et contre nature. La vérité fut bientôt engloutie par les mensonges, le pouvoir de développement et de vie, dont on exigeait plus qu’il n’était possible de donner, fut bientôt consommé et épuisé. Les fleurs sont tombées avant que les fruits n’aient pris. Les mystères et les oracles, la magie et les devins, devinrent des formes vides, ou des organes de fraude intentionnelle et de friponnerie commune. Et c’est ainsi qu’il arriva qu’un harauspex ne pouvait en regarder un autre sans rire. L’incrédulité se moquait de tout, la superstition prenait ses formes les plus absurdes et les plus insensées, et les religions d’un type bâtard irrationnel cherchaient en vain à raviver un paganisme sans nerfs et sans âme.
7.2. Le caractère moral du paganisme. — Le caractère religieux et le caractère moral vont toujours de pair. C’est ainsi que la vie morale des peuples païens était sérieuse, puissante et vraie, ou relâchée, défectueuse et perverse, dans la même proportion que la vie religieuse de la même époque. Les fautes morales du paganisme découlent de ses fautes religieuses. C’était une religion du présent, à laquelle on attribuait donc sans hésitation toutes les imperfections du présent. De cette façon, la religion perdit tout son pouvoir de relever les hommes de la boue et de la poussière qui les entouraient. Les mythes en partie immoraux sanctionnés ou excusés par l’exemple des dieux sont les immoralités les plus grossières. En tant que type et modèle de la puissance reproductrice dans la vie déifiée de la nature, la satisfaction de la convoitise était souvent le point central et principal du service divin. L’idée de l’humanité pure manquait totalement au paganisme. Elle ne pouvait arriver qu’à la conception de la nationalité, et ses vertus n’étaient que les vertus des citoyens. En Orient, le despotisme écrasait, et en Occident de féroces antipathies nationales étouffaient la reconnaissance des droits universels de l’homme et du rang commun des hommes, de sorte que l’étranger et l’esclave n’étaient admis à avoir aucune prétention. Comme la valeur de l’homme n’était mesurée que par sa position politique, l’importance de la femme était totalement négligée et répudiée. Sa position n’était tout au plus que celle de la servante de l’homme, et elle était abaissée jusqu’aux profondeurs les plus basses de l’Orient à cause de la polygamie qui régnait. Malgré toutes ces grandes et profondes fautes morales, le paganisme, à l’époque de son épanouissement et de sa puissance, du moins dans les domaines de la vie morale, tels que la politique et les affaires municipales, où le panthéisme et le polythéisme n’exerçaient pas leur influence relaxante, avait conservé encore beaucoup de sérieux moral élevé et une énergie étonnante. Mais lorsque la religion de leurs pères, réduite au vide et à l’impuissance, cessa d’être l’âme et la porteuse de ces départements de la vie, tout pouvoir moral leur fut également retiré. La détérioration morale atteignit son point culminant à l’époque dissolue des empereurs romains. Dans cet état indescriptible de dégénérescence morale, l’Église a trouvé le paganisme, lorsqu’elle a commencé sa régénération spirituelle du monde.
7.3. La culture intellectuelle dans le paganisme. — La culture intellectuelle du paganisme a acquis à l’égard de l’Église une double signification. D’une part, il offre un motif et, d’autre part, il présente une balise d’avertissement. La science et l’art païens, dans la mesure où ils possèdent une influence généralement cultivatrice et présentent à l’Église chrétienne un type spécial d’imitation, ne sont que les résultats ultimes de l’activité intellectuelle qui s’est manifestée chez les Grecs et les Romains dans la philosophie, la poésie et l’écriture historique, qui ont dans deux directions, quant à la forme et quant au contenu, devenir le modèle de l’Église chrétienne, en préparant et en brisant son chemin. D’une part, ils ont produit des formes pour l’exercice de la vie intellectuelle, qui, par leur exactitude et leur clarté, par leur variété et leur multiplicité, ont fourni aux nouveaux contenus intellectuels du christianisme un moyen de son exposition et de son expression formelles. Mais, d’un autre côté, ils ont aussi produit, à partir d’une profonde réflexion et d’une recherche sur la nature et l’esprit, l’histoire et la vie, des idées et des réflexions qui ont diversement formé une anticipation des idées de rédemption et préparé le terrain pour leur réception. Cependant, l’influence que les formes orientales de culture ont eue sur le développement et la construction de l’histoire de la rédemption s’était déjà épuisée sur le judaïsme. Ce que le symbolisme de l’orientalisme avait apporté au judaïsme, c’est-à-dire la forme sous laquelle les contenus divins communiqués par la prophétie de l’Ancien Testament devaient être présentés et déployés, la dialectique du paganisme classique l’était au christianisme, dans laquelle l’enveloppe symbolique du judaïsme devait être déchirée et la pensée de la rédemption divine devait être manifestée et saisie sous sa forme purement intellectuelle. L’influence du paganisme sur l’Église qui avançait dans l’autre sens, comme fournissant une image de ce qui devait être évité, n’était pas moins représentée par la culture orientale que par la culture classique des Grecs et des Romains. Ici, c’était exclusivement le contenu, et même le contenu impie anti-chrétien, la substance spécifiquement païenne de la philosophie païenne, de la théosophie et de la mystérosophie, qui, au moyen de formes de culture tolérées, cherchaient à pénétrer et à paganiser complètement le christianisme. Pour le paganisme, hautement cultivé, mais qui s’enorgueillissait de l’arrogance de sa sublime sagesse, le christianisme, par la profondeur suggestive duquel il avait d’abord été attiré, paraissait tout à fait trop simple, non philosophique, non spéculatif, pour satisfaire aux exigences supposées de la culture de l’époque. Il fallait, pensait-on, fructifier et enrichir par la sagesse collective de l’Orient et de l’Occident avant que la religion puisse en vérité se présenter comme absolue et parfaite.
7.4. La philosophie hellénique. — Ce qui est vrai de la culture gréco-romaine en général sous ses aspects matériels et formels, qu’elle a puissamment influencé le christianisme qui est en train de s’épanouir, est particulièrement vrai de la philosophie grecque. Considérée comme une préfiguration du christianisme, la philosophie grecque présente un côté négatif dans la mesure où elle a conduit à la dissolution du paganisme, et un côté positif dans la mesure où, en fournissant la forme et le contenu, elle a contribué à la construction du christianisme. Dès son origine, la philosophie hellénique a contribué au processus négatif en sapant la foi du peuple dans le paganisme, en préparant le renversement de l’idolâtrie et en conduisant le paganisme à adopter une vision découragée de son propre avenir. C’est avec Socrate, mort en 399 av. J.-C., que la préfiguration positive du christianisme de la part de la philosophie grecque apparaît pour la première fois de manière décisive. Son humble confession d’ignorance, sa revendication de sagesse sur le Γνῶθι σεαυτόν, le fait de faire remonter ses pensées et ses aspirations les plus profondes aux suggestions divines (son Δαιμόνιον), sa grave résignation aux circonstances et son espérance joyeuse en un avenir plus béni, peuvent certainement être considérés comme de faibles anticipations et des adumbrations prophétiques des phénomènes de la foi et de la vie chrétiennes. Platon, qui mourut en 348 av. J.-C., avec un pouvoir spéculatif et poétique indépendant, transforma les indices épars de la sagesse de son maître en une théorie de l’univers articulée de manière organique, qui, dans sa profondeur d’anticipation, se rapprochait plus de la théorie chrétienne de l’univers que toute autre en dehors de la portée de la révélation. Sa philosophie conduit les hommes à apprécier sa nature liée à Dieu, l’emmène au-delà du visible et du sensible jusqu’aux prototypes éternels de toute beauté, de toute vérité et de toute bonté, dont il s’est éloigné, et éveille en lui un profond désir de ses biens perdus. En ce qui concerne la matière, Aristote, mort en 322 av. J.-C., n’est pas aussi étroitement lié au christianisme que Platon, mais en ce qui concerne la forme, il a beaucoup plus nettement influencé la pensée logique et la systématisation des sciences chrétiennes ultérieures. Dans ces deux cas, cependant, on atteint la plus haute élévation de la pensée philosophique des Grecs, considérée en elle-même aussi bien que dans son influence positive et constructive sur l’Église. De même que la philosophie jusque-là, consciemment ou inconsciemment, avait travaillé à la dissolution de la religion du peuple, elle se mit à opérer son propre renversement, et porta à une conscience toujours plus profonde, plus complète et plus claire l’estimation désespérée du monde par rapport à lui-même. C’est ce que montrent le plus significativement les trois écoles philosophiques qui se sont le plus répandues à l’entrée de l’Église dans le monde gréco-romain, l’épicurisme, le stoïcisme et le scepticisme. Épicure, mort en 271 av. J.-C., cherche dans sa philosophie le plus grand bien dans le plaisir, ne reconnaît dans le monde qu’un jeu de fortune, regarde l’âme comme mortelle, et suppose que les dieux, dans leur bienheureuse retraite, ne se soucient plus du monde. Le stoïcisme, fondé par Zénon, mort en 260 av. J.-C., opposa au déisme épicurien un panthéisme hylozoïste, fit dépendre le développement du monde de l’inaltérable nécessité du destin, qui amena une conflagration universelle, d’où jaillit à nouveau un nouvel esprit mondial.De plus, il n’y a pas d’autre moyen d’empêcher les gens de suivre une trajectoire similaire. Regarder le plaisir avec mépris, mépriser la douleur, et, en cas de nécessité, mettre fin à une vie stérile par le suicide, voilà le cœur de toute sagesse. Lorsqu’il a atteint un tel niveau dans la maîtrise de lui-même et du monde, le sage est son propre dieu, trouvant en lui-même tout ce dont il a besoin. Enfin, en conflit avec le stoïcisme surgit le scepticisme de la Nouvelle Académie, à la tête de laquelle se trouvaient Arcésilaüs, mort en 240 av. J.-C., et Carnéade, mort en 128 av. J.-C. Cette école renonçait à toute connaissance de la vérité comme à quelque chose de réellement inaccessible, et dans la modération (ἐποχή) de chaque opinion, elle plaçait la somme de la sagesse théorique, tandis qu’elle considérait que la somme de toute la sagesse pratique consistait dans l’évidence de tout effort passionné ou excitant.
7.5. L’État païen. — Dans le grand effort du paganisme pour se racheter par ses propres ressources et selon son bon plaisir, la tentative a finalement été faite par la concentration de toutes les forces en une seule puissance colossale. Rassembler en un seul point toutes les facultés mentales et corporelles de toute la race humaine, et par elles aussi toutes les puissances de la nature et les produits de toutes les zones et de toutes les terres, et les soumettre à une seule volonté, puis reconnaître dans cette volonté la représentation personnelle et visible de la divinité, c’était là le paganisme mû par une nécessité intérieure. De là s’éleva une lutte, et par suite de l’opiniâtreté avec laquelle elle fut menée, un royaume après l’autre fut renversé, jusqu’à ce que le point culminant fût atteint dans l’empire romain. Pourtant, même cet empire a été brisé et dissous lorsqu’il a été combattu par la puissance spirituelle du royaume de Dieu. Comme toutes les entreprises du paganisme, cette lutte pour la souveraineté absolue avait un double aspect ; c’est ainsi que sont mises en évidence les voies propres des hommes et les voies de Dieu, les buts non divins des hommes et les résultats bénis que le gouvernement de Dieu sur le monde pourrait leur assurer. Nous avons d’abord à nous occuper ici de l’empire universel romain, mais les puissances qui se sont succédé ne sont que des rajeunissements et de puissantes continuations de l’effort de la puissance antérieure, et il en est de même de tout État qui est vrai de l’empire romain. Son importance en tant que préparateur de la voie pour l’Église est précisément celle-ci : par suite de l’articulation du monde en une grande organisation étatique, les divers stades et éléments de culture trouvés parmi les diverses races civilisées jusque-là isolées, ont contribué maintenant à une civilisation universelle, et une circulation rapide du nouveau sang vital poussé par l’Église dans les veines des nations a été rendue possible et facile. Avec une puissance spéciale et un succès universel, les exploits d’Alexandre le Grand dans cette direction avaient fait un commencement, qui atteignit la perfection sous l’empire romain. La prédominance toujours croissante d’une langue, le grec, qui, à l’époque du commencement de l’Église, était parlée et comprise dans toutes les parties de l’empire romain, qui semblait, comme une suspension temporaire de la ruine de la confusion des langues qui accompagnait la montée du paganisme (Gen. XI), célébrer son retour à la faveur divine, appartient aussi de manière prééminente à ces influences préparatoires. Et de même que l’État païen recherchait la concentration de toutes les forces, l’industrie et le commerce, mus par le même principe, recherchaient la concentration des richesses et des profits. Mais comme l’entreprise mondaine pour ses propres fins ouvrait des voies pour le commerce universel à travers les déserts et les mers, et visitait pour le commerce les pays et les climats les plus éloignés, elle servait involontairement et involontairement les desseins supérieurs de la grâce divine en ouvrant une voie pour la propagation du message de l’Évangile.
Dans un pays qui, comme le peuple lui-même, combinait le caractère de l’exclusivisme insulaire avec celui d’une position centrale dans le monde antique, Israël, en raison du rôle qu’il était appelé à jouer dans l’histoire universelle, devait être le récepteur et le communicateur des révélations de Dieu sur son salut, devait vivre tranquillement et à l’écart. n’ayant pas grand-chose à voir avec les affaires du monde ; ayant, d’autre part, l’assurance de la promesse de Dieu que les désastres menacés par l’amour païen de la conquête et de l’oppression seraient évités. Cette position et cette tâche n’ont en effet été que trop souvent oubliées. Les Israélites ne se mêlaient que trop souvent des affaires du monde, dont ils ne s’occupaient pas. Ce n’est que trop souvent, en s’éloignant de leur Dieu, qu’ils se sont rendus semblables aux nations païennes en religion, en culte et en conversation, de sorte que, pour être corrigés et punis, ils ont souvent dû être mis sous un joug pesant. Pourtant, le reste de la semence sainte (Ésaïe. iv. 3 ; VI, 13) qui n’a jamais fait entièrement défaut, même en temps d’apostasie générale, ainsi que la longanimité et la fidélité de leur Dieu, ont assuré la réalisation complète de la vocation d’Israël, même si la masse non spirituelle du peuple a finalement rejeté la rédemption offerte.
8.1. Le judaïsme sous l’éducation spéciale de Dieu par la Loi et la Prophétie. — Abraham a été choisi comme un seul individu (Ésaïe, liv. 2), et, en tant que créateur de quelque chose de nouveau, Dieu a fait sortir d’un sein stérile la semence de la promesse. En tant que sauveur et rédempteur de la misère existante, il a délivré le peuple promis de l’oppression de l’esclavage égyptien. En Terre Sainte, la famille doit travailler à son propre développement, mais pour que la famille puisse s’étendre sans restriction en une grande nation, il était nécessaire qu’elle descendît d’abord en Égypte. Moïse conduisit le peuple ainsi discipliné hors de la terre étrangère, et lui donna une constitution, une loi et un culte théocratiques comme moyens d’accomplir leur appel, comme modèle et maître d’école conduisant à la perfection future (Gal. iii. 24 ; La sortie d’Égypte fut la naissance de la nation, le don de la loi au Sinaï fut sa consécration en tant que nation sainte. Josué a posé la dernière condition d’un peuple indépendant, la possession d’un pays à la mesure de la tâche de la nation, une terre à eux qui éveillerait les sentiments patriotiques. Or, la théocratie, sous la forme d’une institution purement populaire sous la protection du sacerdoce, aurait pu et dû porter du fruit, mais la période des Juges prouve que ces deux facteurs de développement n’étaient pas suffisants, et c’est ainsi que deux nouveaux organismes font leur apparition ; l’ordre prophétique en tant qu’office distinct et régulier, constitué dans le but d’être une bouche pour Dieu et une conscience pour l’État, et l’ordre royal pour la protection de la théocratie contre les maux du dehors et pour l’établissement de la paix à l’intérieur de ses frontières. Par les succès de David, la théocratie atteignit un haut degré d’importance politique, et par la construction du temple par Salomon, la forme typique du culte atteignit le point culminant de son développement. Cependant, en dépit de la prophétie et de la royauté, le peuple, s’éloignant de plus en plus de sa véritable vocation, n’était pas capable, extérieurement et intérieurement, de maintenir le haut niveau. La division du royaume, les querelles et les conflits internes, leur enchevêtrement non théocratique dans les affaires du monde, la tendance croissante à s’éloigner du culte de Jéhovah et à s’engager dans le culte des hauts lieux, des veaux et de la nature, appelaient sans cesse les jugements divins, en conséquence desquels ils devinrent la proie des païens. Pourtant, cette discipline n’a pas été vaine. Cyrus décréta leur retour et leur organisation indépendante, et même la prophétie fut accordée pour un temps à la communauté restaurée pour son établissement et sa consolidation. Dans ces développements politiques, la prophétie, en plus de son intérêt immédiat pour son propre temps en ce qui concerne l’enseignement, la discipline et l’exhortation, a donné à la promesse du salut futur son expression la plus complète, apportant un rayon lumineux de réconfort et d’espoir pour éclairer les ténèbres d’un présent sombre. Les souvenirs qui s’estompent des temps heureux des brillantes victoires de David et du règne glorieux et pacifique de Salomon formèrent les bases des délimitations du futur royaume messianique, tandis que les désastres, les souffrances et l’humiliation du peuple pendant la période de sa décadence donnèrent une impulsion aux aspirations messianiques d’un Messie souffrant pour les péchés du peuple et prenant sur Lui toute sa misère. Et maintenant, après qu’elle eut accompli son but principal, la prophétie fut réduite au silence, pour n’être réveillée que sous une forme complète et définitive lorsque la plénitude des temps serait venue.
8.2. Le judaïsme après la cessation de la prophétie. — Le temps était venu où le peuple élu, affranchi de la discipline immédiate de la révélation divine, mais muni des résultats et des expériences d’un riche cours d’instruction, et accompagné de la loi comme d’un maître d’école et de la lumière de la parole prophétique, devait lui-même accomplir le but de sa vocation. La guerre d’extermination qu’Antiochus Épiphane, dans son fanatisme païen, mena contre le judaïsme, fut heureusement et victorieusement repoussée, et une fois de plus la nation gagna son indépendance politique sous les Maccabées. Finalement, cependant, en raison de la corruption croissante de la famille régnante des Maccabées, ils ont été pris au piège par l’artisanat de l’empire romain. La persécution religieuse syrienne et l’oppression subséquente des Romains excitèrent l’esprit national et l’attachement à la religion de leurs pères à l’exclusivisme le plus extrême, à la haine fanatique et au mépris orgueilleux de tout ce qui était étranger, et transformèrent l’espérance messianique en une simple attente politique et frénétiquement charnelle. La vraie piété disparaissait de plus en plus dans un légalisme et un cérémonialisme pointilleux, dans une suffisance vaniteuse et une confiance orgueilleuse dans ses propres bonnes œuvres. Les prêtres et les scribes s’efforçaient d’encourager cette tendance et d’accroître l’insensibilité des masses à la spiritualité de la rédemption qui approchait, en multipliant et en exagérant les règles extérieures et en interprétant de manière perverse l’Écriture. Mais en dépit de toutes ces tendances pervertissantes et d’une grande portée, il y avait encore dans l’obscurité tranquille une plantation sacrée du véritable Israël (Jean i. 47 ; Luc, i, 6 ; ii. 25, 38, etc.), comme un jardin de Dieu pour la première réception du salut en Christ.
8.3. Les synagogues. — L’institution des synagogues a été de la plus haute importance pour la propagation et le développement du judaïsme post-exilien. Ils avaient leur origine dans la conscience qu’à côté de la continuation du culte symbolique du temple, un ministère de la parole pour l’édification au moyen de la révélation de Dieu dans la loi et des prophètes était, après le retrait de la prophétie, d’autant plus un besoin et un devoir pressant. Mais ils ont aussi fourni une pépinière pour l’effort d’élargir et de rétrécir la loi de Moïse par les règles rabbiniques, pour la tendance au légalisme extérieur et à l’hypocrisie, pour l’arrogance nationale et les attentes messianiques charnelles, qui en sont sorties dans la vie du peuple. D’autre part, les synagogues, surtout en dehors de la Palestine, parmi la dispersion, ont acquis une signification considérable pour l’Église en raison de leur tendance missionnaire. Car ici, où chaque sabbat l’écriture sainte de l’Ancien Testament était lue dans la traduction grecque de la Septante et expliquée, une occasion opportune était donnée aux païens aspirant au salut de se familiariser avec les révélations et les promesses de Dieu dans l’Ancienne Alliance, et ici il y avait déjà une place pour les premiers ministres de l’évangile. d’où ils pouvaient transmettre leur message à une multitude de gens rassemblés parmi les Juifs et les Gentils. (Schürer, « Hist. du peuple juif au temps de Jésus-Christ ». Div. II., vol. 2., « L’école et la synagogue », p. 44-89, Edin., 1885.)
8.4. Pharisiens, Sadducéens et Esséniens. La tendance stricte, traditionnellement légaliste et charnellement particulariste du judaïsme post-exilien avait ses représentants et ses partisans dans la secte des pharisiens (פְרוּשִׁים, ἀφωρισμένοι), ainsi appelée parce que leur principal effort était de maintenir la séparation la plus stricte de tout ce qui est païen, étranger et cérémoniellement impur. Par leur zèle ostentatoire pour la loi, leur mépris pour tout ce qui n’est pas juif, leurs principes démocratiques et leur patriotisme arrogant, ils gagnèrent le plus complètement la faveur du peuple ; ils partageaient le mauvais sort des princes Maccabées, et devinrent les ennemis les plus acharnés des Hérodiens, et nourrissaient une haine fanatique ardente contre les Romains. Ils exerçaient une telle influence dans les synagogues que les noms de scribes et de pharisiens étaient considérés comme presque synonymes, et même dans le sanhédrim, ils obtenaient de nombreux sièges. À l’époque de Jésus, les écoles de Hillel et de Shammaï se disputaient, la première plaidant pour des vues quelque peu laxistes, en particulier en ce qui concerne le divorce et l’obligation de prêter serment, tandis que la seconde insistait sur l’interprétation la plus rigoureuse de la loi. L’un et l’autre, cependant, étaient d’accord dans la reconnaissance de la tradition orale, le παραδόσεις τῶν πατέρων, comme une autorité contraignante et un complément essentiel à la loi de Moïse. En opposition directe avec eux, les Sadducéens, par sympathie pour les aspirations du peuple, abandonnant complètement les traditions sacrées et se liquant aux Hérodiens et aux Romains. Le nom les désignait à l’origine comme les descendants de l’ancienne aristocratie du temple représentée par la famille du grand prêtre Tsadok, et, en conséquence de la similitude de son entre צַדּוּ יִם et צַדּיִ יִם, exprimait leur prétention à être considérés comme essentiellement et vraiment justes en raison de leur adhésion extérieure à la loi mosaïque. Partant du principe que la vertu, en tant qu’acte libre de l’homme, a en elle sa propre valeur et sa propre récompense, de même que le vice a en elle son propre châtiment, ils ont rejeté la doctrine d’un jugement futur, nié la doctrine d’une résurrection, l’existence des anges et des esprits, et la doctrine de la prescience divine.2 Les Esséniens, qui ne sont pas mentionnés dans la Bible, mais nommés par Philon, Josèphe et Pline l’ancien, forment une troisième secte. Leur nom est probablement dérivé de חֲסֵא, pieux. Le germe originel de leur société se trouve dans des colonies distinctes sur les bords de la mer Morte, qui se tenaient à l’écart des autres Juifs, et reconnaissaient même entre elles quatre degrés différents d’initiation, chaque ordre étant strictement séparé des autres. Un membre n’était reçu qu’après un noviciat de trois ans, et s’engageait à garder secrets les mystères de l’ordre. Communauté des biens dans les différentes communautés et clans, repas en commun accompagnés de cérémonies religieuses, prières fréquentes le matin avec le visage tourné vers le soleil levant, lavages et nettoyages souvent répétés, application assidue à l’agriculture et à d’autres occupations pacifiques, s’abstenant de l’usage de la chair et du vin, du commerce et de toute activité guerrière, L’esclavage et la prestation de serments, peut-être aussi l’abstinence du mariage dans les ordres supérieurs, étaient les principales conditions d’appartenance à leur association. Le sabbat était observé avec une grande rigueur, mais les sacrifices de sang étaient abolis, et toute onction d’huile était considérée comme polluante. Cependant, ils maintenaient toujours un lien avec le judaïsme en envoyant des cadeaux au temple. Jusqu’à présent, l’ordre peut être considéré à juste titre, comme il l’est par Ritschl, comme une exagération spiritualisante de l’idée mosaïque du caractère sacerdotal qui avait grandi indépendamment sur le sol juif, et en fait surtout comme une tentative de réaliser l’appel énoncé dans Exode. xix. 5, 6, et répudié dans Exode. xx. 19, 20, à tous les Israélites pour être un sacerdoce spirituel. Mais lorsque, d’autre part, les Esséniens, selon Josèphe, considéraient le corps comme une prison dans laquelle l’âme déchue de son existence éthérée doit être enfermée jusqu’à ce que, libérée de ses chaînes par la mort, elle retourne au ciel, cela ne peut guère s’expliquer comme provenant d’autre chose que d’une source païenne. en particulier des influences largement répandues du néo-pythagorisme ( 24). Lucius (1881) dérive le nom et cherche son origine chez les Asidéens, les Hassidim ou les Pieux, dans 1 Macc. ii. 42 ; vii. 13 ; et 2 Macc. xiv. 6. Il est également très frappant de constater que la théorie de Hilgenfeld, soigneusement pesée et habilement soutenue (Ketzergesch., pp. 87-149), selon laquelle leur descendance doit être retracée à partir des Récabites kénites (Jér. xxxv. ; Juges, I, 16), et leur nom de la ville de Gerasa, à l’ouest de la mer Morte, appela aussi Josèphe Essa, où les Récabites, abandonnant leur vie sous la tente, formèrent une colonie. À l’époque de Flavius Josèphe, les Esséniens étaient au nombre d’environ quatre mille. À la suite de la guerre des Juifs, qui leur causa la détresse, ainsi qu’aux chrétiens, ils furent amenés à des relations amicales avec le christianisme ; mais même en adoptant les doctrines chrétiennes, ils portaient encore avec eux beaucoup de leurs principes antérieurs (28, 2, 3).3
Les Samaritains, qui sont venus à l’existence à l’époque du renversement du royaume d’Israël, à partir du mélange d’éléments israélites et païens, désiraient la communion avec la colonie juive qui revenait de la captivité babylonienne, mais ils en ont été repoussés à cause de leurs multiples compromis avec la pratique païenne. Et bien qu’un Juif expulsé nommé Manassé ait purifié leur religion autant que possible des éléments païens, et leur ait donné un temple et un ordre de culte sur le mont Garizim, cela n’a fait qu’augmenter la haine des Juifs contre eux. S’accrochant fermement au judaïsme qui leur avait été enseigné par Manassé, les Samaritains n’ont jamais adopté les raffinements et les perversions du judaïsme ultérieur. Leurs attentes messianiques restaient plus pures, leur particularisme moins sévère. S’ils étaient ainsi rendus capables de former une appréciation plus impartiale du christianisme, ils étaient aussi enclins, dans l’ensemble, à cause de la haine et du mépris qu’ils avaient à endurer de la part du judaïsme pharisaïque, à regarder avec faveur le christianisme méprisé et persécuté comme ils l’avaient été eux-mêmes (Jean, iv, 41 ; Actes VIII, 5 et suiv.). D’autre part, l’élément syncrétique-païen, qui prospérait encore dans le Samaritanisme, a montré son opposition au christianisme par des tentatives réactionnaires positives (25, 2).4
La conquête du monde par Alexandre le Grand a mis en relation les éléments culturels les plus divers de l’Antiquité. Le judaïsme en dehors de la Palestine, la diaspora, vivant au milieu des influences de la culture païenne ou hellénique et des façons de voir les choses, pouvait encore moins se retirer du courant syncrétique de l’époque. Les Juifs d’Asie de l’Est entretenaient un lien plus étroit et une affinité spirituelle avec le rabbinisme palestinien exclusif, et l’élément païen, qui pénétrait ici dans leurs conceptions religieuses, devint, principalement par le Talmud, la propriété commune du judaïsme post-chrétien. Mais le paganisme aussi, aussi méprisable que le judaïsme lui paraissait, était sensible aux influences juives, impressionné par les contenus religieux plus profonds du judaïsme, et bien que seulement sporadiques, les exemples d’une telle influence n’étaient en aucun cas rares.
10.1. L’influence du paganisme sur le judaïsme. — C’est en Égypte qu’elle atteignit sa plus grande force, centre spécial et source des tendances syncrétiques de l’époque. Se constituant par l’adoption de la culture grecque et surtout de la philosophie platonicienne une base de culture plus universelle, l’hellénisme juif s’épanouissit à Alexandrie. Après Aristobule, qui écrivit Ἐξηγήσεις τῆς Μωυσέως, vers 170 av. J.-C., que l’on ne trouve plus que dans un fragment d’autorité douteuse, et l’auteur du Livre de la Sagesse, le principal représentant de cette tendance fut le Juif alexandrin Philon, contemporain du Christ. Son platonisme, enrichi d’éléments tirés de la révélation de l’Ancien Testament et des doctrines des Esséniens, a, sur bien des points, porté sa spéculation jusqu’aux confins mêmes du christianisme, et a formé un échafaudage pour la philosophie chrétienne des Pères de l’Église. Il enseignait que toutes les nations ont reçu une part de la vérité divine, mais que le véritable fondateur et père de toute vraie philosophie était Moïse, dont la législation et l’enseignement formaient la source d’information même pour la philosophie grecque et la mystérosophie. Mais ce n’est qu’au moyen de l’interprétation allégorique que de telles profondeurs peuvent être découvertes. Dieu est τὸ ὄν, la matière τὸ μὴ ὄν. Un monde intermédiaire, correspondant au monde platonicien des idées, est le κόσμος νοητός, composé d’innombrables esprits et puissances, d’anges et d’âmes d’hommes, mais liés ensemble en une unité dans et issue de la Parole de Dieu, qui, en tant que λόγος ἐνδιαθετός, a été embrassé en Dieu de toute éternité, sortant de Dieu comme le λόγος προφορικός pour la création du monde (pensée et parole). Le monde visible, à cause de l’impuissance physique de la matière, est une représentation imparfaite de l’κόσμος νοητός, etc. Sur la base de l’écrit De vita contemplativa attribué à Philon, les Therapeutæ, ou adorateurs de Dieu, qui y sont mentionnés, avaient été considérés comme une secte ascétique contemplative apparentée aux Esséniens, affectée d’un esprit philosophique alexandrin, vivant une sorte de vie monastique dans le voisinage d’Alexandrie, jusqu’à ce que Lucius (Strassb., 1879) les retire du domaine de l’histoire à celui du roman utopique conçu à l’appui d’une théorie spéciale. Ce savant a prouvé que l’écrit auquel il est fait allusion ne peut pas être attribué à Philon, mais qu’il doit avoir été composé vers la fin du IIIe siècle dans l’intérêt du monachisme chrétien, dont il présentait une apologie idéalisante. Ceci, cependant, a été contesté par Weingarten, dans Herzog, x. 761, pour de bonnes raisons, et l’origine du livre a été attribuée à une période peu après Philon, lorsque le judaïsme hellénistique a été soumis à une grande variété d’influences religieuses et philosophiques.5
10.2. Influence du judaïsme sur le paganisme. — L’État païen s’est montré généralement tolérant envers le judaïsme. Alexandre le Grand et ses successeurs, les Ptolémées, et dans une certaine mesure aussi les Séleucides, ont permis aux Juifs le libre exercice de leur religion et divers privilèges, tandis que les Romains ont permis au judaïsme de se classer comme une religio licita. Néanmoins, les Juifs étaient universellement méprisés et haïs. Tacite les appelle despectissima pars servientium, teterrima gens ; et même la meilleure classe d’écrivains, tels que Manéthon, Justin, Tacite, a donné cours aux histoires les plus absurdes et aux calomnies malveillantes contre eux. En opposition à ceux-ci, l’historien juif Flavius Josèphe s’efforça de vaincre les préjugés des Grecs et des Romains contre sa nation, en leur présentant son histoire et ses institutions sous le jour le plus favorable. Mais d’un autre côté, la traduction grecque de l’Ancien Testament, appelée la Septante, ainsi que la multitude des synagogues juives qui, pendant la période romaine, étaient dispersées dans le monde entier, offraient à tous les païens qui s’y intéressaient l’occasion de découvrir par un examen et une recherche personnels les principes caractéristiques du judaïsme. Par conséquent, quand nous considérons l’état de corruption absolue du paganisme, nous ne pouvons pas nous étonner que le judaïsme, malgré tout le mépris qui a été jeté sur lui, ait attiré, en raison de son antiquité et de la simplicité sublime de son credo, de la signification de son culte et de ses promesses messianiques, beaucoup des meilleurs païens aspirants. qui n’étaient plus satisfaits de leurs formes de religion si dégradées. Et bien qu’il n’y ait eu que quelques-uns d’entre eux qui se soient inscrits comme « prosélytes de la justice », entrant dans la communauté juive en se soumettant au rite de la circoncision, le nombre des « prosélytes de la porte » qui, sans observer toute la loi cérémonielle, ont entrepris d’abandonner leurs idoles et d’adorer Jéhovah, dans tous les rangs de la société, principalement des femmes, et c’est précisément parmi eux que le christianisme a trouvé l’accueil le plus chaleureux et le plus amical.
La plénitude des temps anciens était venue lorsque l’aube d’une ère nouvelle a éclaté sur les montagnes de Judée. Tout ce que le judaïsme et le paganisme avaient pu faire pour préparer la voie à cette nouvelle ère avait maintenant été fait. Le paganisme lui-même était conscient de son impuissance et de son inaptitude à satisfaire les besoins religieux de l’esprit humain, et partout où il n’était pas tombé dans l’incrédulité morne ou la superstition sauvage, il luttait et agonisait, aspirant à quelque chose de meilleur. De cette façon, négativement, un chemin a été préparé pour l’église. Dans la science et l’art, aussi bien que dans la culture intellectuelle en général, le paganisme avait produit quelque chose de grand et d’impérissable ; Et si inefficaces qu’elles eussent en elles-mêmes pour rendre à l’homme la paix qu’il avait perdue et qu’il recherchait maintenant, elles pouvaient devenir efficacement utiles à de telles fins lorsqu’elles étaient subordonnées au vrai salut. Et jusqu’à présent, le paganisme a été une aide positive pour l’église. L’impression qu’une crise dans l’histoire du monde était proche était universelle parmi les Juifs et les Gentils. La prise de conscience profonde de la nécessité était un présage du temps de l’accomplissement. Tous les vrais Israélites attendaient le Messie promis, et même dans le paganisme, l’antique espérance du retour de l’âge d’or avait été remise au premier plan, et avait, grâce aux saintes écritures et aux synagogues des Juifs, obtenu un nouveau terrain d’appui et une direction définie. L’État païen, lui aussi, a apporté sa propre contribution à la préparation de la voie de l’Église. Un seul sceptre et une seule langue unissaient le monde entier, une paix universelle régnait, et les relations commerciales les plus étendues donnaient l’occasion d’une diffusion facile et rapide de la vérité salvatrice.
La convenance, dans un traité d’histoire générale de l’Église, de séparer le temps de Jésus et le temps des apôtres, qui y sont étroitement liés, de l’histoire du développement de l’Église, et de leur donner une place distincte sous le titre d’histoire des commencements, repose sur le fait qu’à cette époque, nous avons les germes et les principes de tout ce qui suit. La capacité unique des apôtres, résultant d’une illumination et d’une dotation spéciales, rend ce qu’ils ont fait d’une importance vitale pour tout développement ultérieur. Dans notre estimation de chaque forme ultérieure de l’existence de l’Église, nous devons revenir à la doctrine et à la pratique du Christ et de Ses Apôtres comme norme, non pas comme à une forme finalement achevée qui a épuisé toutes les possibilités de développement, et a rendu tout progrès et toute croissance ultérieurs impossibles ou inutiles, mais plutôt comme aux germes et aux commencements authentiques de l’Église. de sorte que non seulement ce qui, dans le développement ultérieur, s’est avéré avoir existé sous la même forme au commencement est reconnu comme authentiquement chrétien, mais aussi ce qui est considéré comme un développement et une croissance de cette forme primitive.
« Mais quand la plénitude des temps fut venue, Dieu envoya son Fils, fait d’une femme, fait sous la loi, pour racheter ceux qui étaient sous la loi, afin que nous recevions l’adoption de fils » (Gal. iv. 4, 5). Conformément aux annonces prophétiques, il naquit à Bethléem en tant que Fils de David, et, après que Jean-Baptiste, le dernier des prophètes de l’ancienne alliance, eut préparé son chemin par la prédication de la repentance et le baptême de repentance, il commença dans la trentième année de son âge son accomplissement par la vie et l’enseignement de la loi et des prophètes. Avec douze disciples choisis, il parcourut le pays des Juifs, prêchant le royaume de Dieu, aidant et guérissant, et confirmant par des miracles et des signes sa mission et sa doctrine divines. Les pharisiens le contredisaient et le persécutaient, les sadducéens le méprisaient, et le peuple oscillait entre les acclamations et les exécrations. Après trois ans d’activité, au milieu des hosannas de la multitude, il fit son entrée royale dans la ville de ses ancêtres royaux. Mais la même foule, déçue dans ses attentes messianiques politiques et charnelles, s’éleva quelques jours plus tard au cri : Crucifie-le, crucifie-le ! C’est ainsi qu’il a souffert, selon le bon plaisir du Père, la mort de la croix pour les péchés du monde. Le Prince de la vie, cependant, ne pouvait pas être retenu contre la mort. Il fit sauter les portes de l’Hadès, ainsi que les barrières de la tombe, et ressuscita le troisième jour. Pendant quarante jours, il s’attarda ici-bas, promit à ses disciples le don de son Saint-Esprit et les chargea de prêcher l’Évangile à toutes les nations. Puis, lors de son ascension, il a pris la forme divine dont il s’était dépouillé pendant son incarnation, et il est maintenant assis à la droite de la puissance en tant que chef de son église et Seigneur de tout ce qui est nommé dans le ciel et sur la terre, jusqu’à ce que visiblement et dans la gloire, selon la promesse, il revienne au rétablissement de toutes choses.
13.1. En ce qui concerne l’année de la naissance et l’année de la mort du Rédempteur, aucun résultat absolument certain ne peut être atteint maintenant. La chronologie chrétienne habituelle construite par Denys l’Ancien au VIe siècle, employée pour la première fois par Bède le Vénérable, et mise en usage officiel par Charlemagne, suppose l’année 754 après J.-C. comme la date de naissance du Christ, ce qui est évidemment faux, puisque, en A.D. En 750 ou 751, Hérode le Grand était déjà mort. Zumpt prend la septième, les autres la troisième, la quatrième ou la cinquième année avant notre ère. La durée du ministère public du Christ a été fixée par de nombreux Pères de l’Église, conformément à Ésaïe lxi. 1, 2, et Luc iv. 19, à un an, et il a donc été supposé que Christ a été crucifié à l’âge de trente ans (Luc, III, 21). Les synoptiques ne parlent en effet que d’une seule Pâque, la dernière, pendant le ministère du Christ ; mais Jean (ii. 13 ; vi. 4 ; xii. 1) parle de trois, et aussi d’ailleurs (v. 1) d’un ἑορτὴ τῶν Ἰουδαίων.
13.2. Parmi les témoins non bibliques du Christ, le plus ancien est probablement une épître syrienne de Mara à son fils Sérapion, écrite, selon Cureton (« Spicileg. Syriacum. Lond., 1855), vers A.D. Débloquer le niveau 73. Le père, très cultivé dans la sagesse grecque, mais mécontent d’elle, écrit de l’exil des paroles de consolation et d’exhortation à son fils, dans lesquelles il place le Christ à côté de Socrate et de Pythagore, et l’honore comme le sage Roi, par la mort duquel les Juifs avaient amené sur eux le renversement rapide de leur royaume, qui voudrait, mais, bien qu’ils soient tués, vivez éternellement dans le nouveau pays qu’il vous a donné. C’est aussi à cette période qu’appartient le témoignage de l’historien juif Josèphe, qui, dans ses parties probablement authentiques, loue Jésus comme un faiseur de miracles et un maître de sagesse, et témoigne de sa mort sur la croix sous Pilate, ainsi que de la fondation de l’Église en son nom. La correspondance du Christ avec Abgar, prince d’Édesse, qui supplie le Christ de venir à Édesse pour le guérir et qui est consolé par le Seigneur par l’envoi d’un de ses disciples après son ascension, est nettement et entièrement fausse. Ce document a été communiqué pour la première fois par Eusèbe (Hist. Eccl., i. 13) des Archives d’Édesse dans une traduction littérale du syriaque, et se trouve également dans le livre syrien Doctrina Addæi (32, 6). De même genre sont les Acta Pilati apocryphes, ainsi que la forme païenne qui a péri ( 22, 7), comme la forme chrétienne qui existe encore ( 32, 4). Une épître de Lentulus, prétendant provenir d’un Romain résidant en Palestine dans des conditions d’intimité avec Pilate, contenant une description de l’apparition du Christ, est citée, et même alors comme un faux, par Laurentius Valla dans son écrit sur la Donation de Constantin. Puisqu’en beaucoup de détails elle s’accorde avec la description de la personne du Christ donnée dans l’Histoire de l’Église par Nicéphore Calliste (5, 1), conformément au type qui prévalait alors parmi les peintres byzantins, on peut à juste titre le considérer comme une retouche latine apocryphe de cette description datant du XVe siècle. À Édesse, on savait qu’il existait une image du Christ au IVe siècle (selon le Doctr. Addéi), qui a dû y être apporté par les messagers d’Abgar, qui l’avaient recueilli à Jérusalem. Au IVe siècle, il est fait mention d’une statue du Christ, d’abord par Eusèbe, qui l’avait lui-même vue. Celle-ci aurait été mise en place à Panéas par la femme guérie de la perte de sang (Matt. ix. 20). Il représente une femme implorant de l’aide, agenouillée devant la haute figure d’un homme qui lui tend la main, tandis qu’à ses pieds surgit une herbe médicinale. Selon toute vraisemblance, cependant, il s’agissait simplement d’une figure votive dédiée au dieu de la guérison, Esculape. La légende qui a cours depuis le Ve siècle du mouchoir de Véronique marqué de sueur – ce nom étant dérivé soit de vera icon, la vraie ressemblance, soit de Bernice ou Beronice, le nom donné dans les légendes apocryphes à la femme avec la perte de sang – sur lequel était imprimé le visage du Rédempteur qui avait été essuyé par lui, est probablement né de la transposition à d’autres incidents de l’histoire légendaire d’Édesse. Sur l’occurrence de transferts similaires, voir 57, 5.
Après que l’apostolat eut été de nouveau élevé au nombre significatif de douze, au milieu de manifestations miraculeuses, l’Esprit Saint fut répandu sur les disciples qui attendaient et qui étaient rassemblés le jour de la Pentecôte, dix jours après l’Ascension du Seigneur. C’était l’anniversaire de l’église, et ses premiers membres ont été gagnés par la prédication de Pierre à la multitude émerveillée. Grâce au ministère des apôtres, qui se bornèrent d’abord à Jérusalem, l’Église grandit chaque jour. Cependant, une vive persécution de la part des Juifs, à commencer par l’exécution du diacre Étienne, les dispersa, de sorte que la connaissance de l’Évangile se répandit dans toute la Palestine, jusqu’en Phénicie et en Syrie. Philippe a prêché avec des résultats particulièrement heureux en Samarie. Pierre commença bientôt une série de visites à travers le pays des Juifs, et à Césarée reçut dans l’église par le baptême la première famille païenne, celle de Corneille, qui y avait été préparée d’avance par une vision. En même temps, il s’éleva indépendamment à Antioche en Syrie une congrégation chrétienne, composée de Juifs et de Gentils, grâce à la grande ardeur des Gentils pour le salut. Le lévite Barnabas, homme d’une foi forte, fut envoyé de Jérusalem, prit sur lui le soin de cette église et fortifia son propre ministère en s’assurant Paul, le pharisien converti, comme son collègue. Ce grand homme, quelques années auparavant, par l’apparition du Christ sur le chemin de Damas, avait été changé d’un persécuteur fanatique en un ami zélé et un promoteur des intérêts de l’Église. C’est ainsi que la mission apostolique se divisa en deux sections différentes, dont l’une était purement juive et avait pour centre et point de départ l’église mère de Jérusalem, tandis que l’autre, venant d’Antioche, s’adressait à un auditoire mixte, et surtout aux païens.
Il est difficile de déterminer avec exactitude chronologique le début ( 13, 1) ou la fin de l’âge apostolique. Pourtant, nous ne pouvons pas nous tromper en prenant A.D. 30 comme le commencement et l’apr. J.-C. 70 à la fin de cette période. La dernière date parfaitement certaine et incontestée de l’âge apostolique est le martyre de l’apôtre Paul en apr. J.-C. 64, ou peut-être apr. J.-C. 67, voir 15, 1. Nous avons de bonnes preuves que Jacques l’Ancien est mort vers l’an J.-C. 44, et Jacques le Juste vers l’an J.-C. 63 ( 16 et 3), que Pierre a souffert le martyre en même temps que Paul ( 16, 1), qu’à peu près à la même époque ou peu de temps après que la plupart des autres apôtres eurent été, selon toute probabilité, déjà ramenés chez eux, du moins en ce qui concerne leur vie et leur œuvre après les jours de Paul, nous n’avons pas la moindre information qui puisse prétendre à être considérée comme historique. L’apôtre Jean constitue la seule exception à cette affirmation. Selon d’importants témoins du milieu et de la fin du IIe siècle (16, 2), il commença son champ de travail spécial en Asie Mineure après la mort de Paul, et continua à y vivre et à y travailler, avec l’interruption temporaire d’un exil à Patmos, jusqu’à l’époque de Trajan , après J.-C. 98 à 117. Mais les données insuffisantes que nous possédons sur la nature, le caractère, l’étendue, le succès et les conséquences de son activité apostolique sont en partie, sinon tout à fait incroyables, intéressantes seulement comme anecdotes, et en partie tout à fait fabuleuses, et par conséquent peu propres à nous justifier, simplement à cause d’elles, d’assigner la fin du premier ou le début du deuxième siècle à la fin de l’âge apostolique. Nous sommes donc ramenés à l’année de la mort de Paul comme indiquant approximativement la fin de cette période. Mais comme l’année précise de cet événement est sujette à discussion, l’adoption du nombre rond 70 peut être recommandée, d’autant plus qu’avec cette année, où le dernier vestige de l’indépendance nationale juive a été perdu, l’opposition entre le christianisme juif et le christianisme païen, qui avait prévalu tout au long de l’âge apostolique, fait son apparition sous une nouvelle phase (28).
Mis à part pour l’œuvre de l’Église par la prière et l’imposition des mains, Paul et Barnabas partirent d’Antioche pour leur premier voyage missionnaire en Asie Mineure, après J.-C. 48 à 50. En dépit de beaucoup d’opposition et de persécutions réelles de la part des Juifs enragés, il fonda des églises mixtes, composées principalement de chrétiens païens, comprenant des congrégations à Antioche en Pisidie, Iconium, Lystres et Derbé. Lorsque Paul entreprit son deuxième voyage missionnaire, A.D. De 52 à 55, Barnabé se sépara de lui à cause de son refus d’accepter la compagnie de son neveu Jean-Marc, qui les avait abandonnés lors de leur premier voyage, et s’embarqua avec Marc pour une mission indépendante, en commençant par son pays natal, Chypre ; on ne sait rien du succès de cette mission. Paul, d’autre part, accompagné de Silas et de Luc, avec lesquels Timothée fut également associé plus tard, traversa l’Asie Mineure, et serait ensuite retourné à Antioche si une vision nocturne à Troas ne l’avait amené à s’embarquer pour l’Europe. Là, il fonda des églises à Philippes, Thessalonique, Bérée, Athènes et Corinthe, puis retourna en Syrie par l’Asie Mineure. Sans un long intervalle, il entreprit son troisième voyage missionnaire en l’an 2000. 55-58, accompagné de Luc, de Tite et de Timothée. Le centre de son activité ministérielle pendant cette période était Éphèse, où il fonda une église avec un grand nombre de membres. Son succès fut extraordinaire, de sorte que l’existence même du paganisme en Asie Mineure fut sérieusement menacée. Chassé par le soulèvement d’une foule païenne, il traversa la Macédoine, se rendit en Illyrie, visita les églises de Grèce, puis se rendit à Jérusalem pour l’accomplissement d’un vœu. C’est là que sa vie, menacée par les Juifs excités, fut sauvée en étant mis en prison par le capitaine romain, puis envoyé à Césarée, après J.-C. Débloquer le niveau 58. Un appel à César, auquel il avait droit en tant que citoyen romain, lui valut d’être envoyé à Rome, où, à partir du printemps de l’an J.-C. 61 ans, vécut et prêcha pendant plusieurs années, subissant une forme légère d’emprisonnement. La suite de sa vie et de son ministère reste singulièrement incertaine. Des travaux et des fortunes ultérieures des compagnons de travail de Paul, nous ne savons absolument rien.
On peut accepter comme un fait bien authentifié et incontestable que Paul a souffert le martyre à Rome sous Néron. Ceci est établi par le témoignage de Clément de Rome ―μαρτυρήσας ἐπὶ τῶν ἡγουμένων οὕτως ἀπηλλάγη τοῦ κοσμοῦ, et est expliqué et confirmé par Denys de Corinthe, cité dans Eusèbe, et par Irénée, Tertullien, Caïus de Rome (16, 1). D’autre part, on se demande si cela a pu se produire pendant l’emprisonnement dont il est question dans les Actes des Apôtres, ou pendant un emprisonnement ultérieur. D’après la tradition de l’Église à laquelle Eusèbe a donné cours (Hist. Eccl., ii. 22), et qui, même de nos jours, a été maintenue par de nombreux érudits compétents, Paul fut libéré de son premier emprisonnement romain peu de temps avant l’explosion de la persécution des chrétiens par Néron en J.-C. 64 ( 22 et 1), et il fit un quatrième voyage missionnaire qui se termina par son arrestation une seconde fois et sa décapitation à Rome en J.-C. Débloquer le niveau 67. Cependant, les preuves qui sont offertes à l’appui de cette assertion sont d’un caractère très douteux. Paul certainement en A.D.58 avait l’intention (Rom. xv. 24, 28), après un court séjour à Rome, de se rendre en Espagne ; et quand, de sa prison à Rome, il écrivit à Philémon (v. 22) et aux Philippiens (i. 25 ; ii. 24), il crut que l’espérance qu’il chérissait de recouvrer sa liberté se réaliserait ; mais il n’est plus question d’un voyage en Espagne. car, apparemment, d’autres projets de voyage tout à fait différents sont dans son esprit. Et en effet, les circonstances peuvent facilement être conçues comme surgissant pour anéantir de telles espérances et produire en lui cet esprit de résignation désespérée, qu’il exprime dans 2 Tim. iv. 6 et suiv. Mais les paroles de Clément de Rome, chap. 5 : δικαιοσύνην διδάξας ὅλον τὸν κόσμον καὶ ἐπὶ τὸ τέρμα τῆς δύσεως ἐλθών, etc., sont trop indéfinies et rhétoriques pour être considérées comme un témoignage certain en faveur d’un voyage missionnaire espagnol. La référence incomplète dans le Fragment Muratorien ( 36, 8) à une profectio Pauli ab Urbe ad Spaniam proficiscentis peut être considéré comme un témoignage plus direct, mais ce n’est probablement rien de plus qu’une réminiscence de Rom. xv. 24, 28. Beaucoup plus important, et même presque concluant, dans la direction opposée, est l’absence totale, non seulement de toute la littérature patristique, mais aussi de toute la littérature apocryphe des IIe et IIIe siècles, de toute allusion à un quatrième voyage missionnaire ou à un second emprisonnement de l’Apôtre. L’assertion d’Eusèbe introduite par un vague λόγος ἔχει ne peut guère être considérée comme l’emportant sur cette objection. Par conséquent, la majorité des enquêteurs modernes se sont prononcés en faveur de la théorie de l’emprisonnement unique. Mais alors se pose la question importante de savoir si les épîtres à Timothée et à Tite, se réclamant de Pauline, avec les voyages auxquels elles sont faites référence ou présupposées, et les résidences de l’Apôtre et de ses deux assistants, peuvent trouver une place dans le cadre du récit des Actes des Apôtres, et si oui, ce que peut être cet endroit. Pour répondre à cette question, ces enquêteurs ont des points de vue différents. Parmi ceux qui ne peuvent renoncer à leur conviction que les épîtres pastorales sont authentiques, les uns les attribuent à la résidence de l’apôtre de près de trois ans à Éphèse, d’autres à l’emprisonnement de Césarée qui a duré deux ans et demi, et d’autres à l’emprisonnement romain de près de trois ans. D’autres encore, considérant ces expédients comme inadmissibles, nient l’authenticité des épîtres pastorales, celles-ci leur ayant paru dignes de soupçon pour d’autres motifs.
Ce n’est qu’en ce qui concerne le plus distingué des apôtres que nous avons reçu des récits dignes de foi. Jacques, frère de Jean, à une époque reculée, en apr. J.-C. 44, mourut en martyr à Jérusalem. Pierre fut forcé par cette persécution de quitter Jérusalem pour un temps. Son inclination et son appel spécial le désignaient comme l’apôtre des Juifs (Gal. ii. 7-9). Son ministère en dehors de la Palestine s’exerçait, d’après 1 Pierre 1, dans les pays voisins de la mer Noire, et, d’après le chap. v. 13, il s’étendait jusqu’à Babylone. La légende selon laquelle, en même temps que la décapitation de Paul, il aurait souffert la mort par crucifixion sous Néron à Rome (Jean xxi. 18, 19), est douteuse ; et l’on peut aussi se demander s’il est jamais allé à Rome, tandis que l’histoire selon laquelle il a été évêque de Rome pendant vingt-cinq ans jusqu’au moment de sa mort est tout à fait fabuleuse. Jean, selon la tradition de l’Église, prit l’Asie Mineure comme champ de travail spécial, après qu’elle eut été privée de son premier apôtre par la mort martyre de Paul, fixant sa résidence à Éphèse. À la tête de l’Église-mère de Jérusalem se tenait Jacques le Juste, le frère du Seigneur. Il semble n’avoir jamais quitté Jérusalem et a été lapidé par les Juifs entre J.-C. 63 à 69. En ce qui concerne le reste des apôtres et leurs compagnons de travail, nous n’avons que des traditions légendaires d’une description extrêmement indigne de foi, et même celles-ci nous sont parvenues sous des formes très imparfaites et corrompues.
16.1. L’épiscopat romain de Pierre. — La tradition veut que Pierre, après avoir occupé pendant quelques années la charge d’évêque à Antioche, devint le premier évêque de Rome, occupant cette charge pendant vingt-cinq ans (A.D. 42-67), et a souffert le martyre en même temps que Paul, a son origine dans la série d’écrits apocryphes hérétiques, d’où sont sortis, à la fois le roman des Homélies et des Reconnaissances clémentines ( 28, 3), et les Actes ébionites de Pierre ; mais il n’atteignit sa forme complète qu’à la fin du IVe siècle, après avoir été transplanté dans le sol de la tradition ecclésiastique par les Acta Petri et Pauli (32, 6). Ce qui assura principalement la validité et le développement de cette tradition, ce fut l’effort, toujours croissant à Rome, de revendiquer au nom de l’épiscopat romain comme successeur légitime et héritier de toutes les prérogatives prétendument conférées à Pierre dans Matt. xvi. 18, un titre de primauté sur toutes les églises ( 34, 8 ; 46, 3 et suiv.). Mais que Pierre n’avait pas vraiment été à Rome en tant que prédicateur de l’Évangile avant l’an de notre ère. 61, lorsque Paul est venu à Rome en tant que prisonnier, est évident par l’absence de toute référence à ce fait dans l’épître aux Romains, écrite en J.-C. 58, ainsi que dans le dernier chapitre des Actes des Apôtres. D’après les Actes, Pierre, dans l’apr. J.-C. 44 était en prison à Jérusalem, et selon Gal. II, il y était encore en Jésus-Christ. Débloquer le niveau 51. D’ailleurs, selon le verdict unanime de la tradition, tel qu’il est exprimé par Irénée, Eusèbe, Rufin et les Constitutions apostoliques, ce n’est pas Pierre, mais Linus, qui fut le premier évêque de Rome, et ce n’est qu’à l’égard de l’ordre de ses successeurs, Anaclet et Clément, qu’il y a une incertitude ou une divergence réelle. Ceci, en effet, ne nous empêche nullement d’admettre une apparition de Pierre à Rome aboutissant à son martyre. Mais les témoignages en sa faveur ne sont pas de nature à rendre sa réalité historique incontestable. Que Babylone soit mentionnée dans 1 Pierre v. 13 comme le lieu où cette épître a été composée, ne peut guère être utilisé comme un argument sérieux, car la supposition que Babylone est une désignation symbolique de Rome comme le centre du paganisme anti-chrétien, bien que tout à fait concevable et largement courante dans l’église primitive, n’est en aucun cas démontrable. Vers la fin du premier siècle, Clément de Rome rapporte le martyre de Pierre aussi bien que celui de Paul, mais il ne dit même pas qu’il eut lieu à Rome. D’autre part, on trouve des déclarations claires et sans équivoque dans Denys de Corinthe, à propos de J.-C. 170, puis dans Caïus de Rome, dans Irénée et Tertullien, d’après que Pierre et Paul ont exercé ensemble leur ministère et ont souffert le martyre ensemble à Rome. Ces déclarations, cependant, sont entremêlées de dates manifestement fausses et fabuleuses à un tel degré que leur crédibilité est rendue extrêmement douteuse. Cependant ils prouvent que déjà vers la fin du second siècle, on croyait à l’histoire des deux apôtres qui souffrirent ensemble le martyre à Rome, et que quelques-uns, dont Caïus nous parle, prétendaient connaître leurs tombes et avoir leurs ossements en leur possession.
16.2. L’apôtre Jean.—Peu de temps après la mort de Paul, l’apôtre Jean s’installa à Éphèse, et là, avec la pause temporaire causée par son exil à Patmos (Apoc. i. 9), il continua à présider l’église d’Asie Mineure jusqu’à sa mort à l’époque de Trajan (A.D. 98 à 117). Cela repose sur la tradition ecclésiastique qui, selon Polycrate d’Éphèse (Eus., Hist. Eccl., v. 24) et Irénée, un disciple de Polycarpe (Eus., iv. 14), a été exposée pour la première fois pendant les controverses de Pâques (37, 2) au milieu du IIe siècle par Polycarpe de Smyrne, et a été acceptée comme incontestable à travers tous les âges jusqu’au nôtre. D’après Irénée (Eus., III, 18), son exil eut lieu sous Domitien ; la traduction syrienne de l’Apocalypse, qui a été faite au VIe siècle, l’a attribuée à l’époque de Néron. Mais vu que, sauf dans Apocalypse i. 11, ni dans les Écritures du Nouveau Testament, ni dans les écrits et les fragments existants des Pères de l’Église du deuxième siècle avant Irénée, une résidence de l’apôtre Jean à Éphèse n’est affirmée ou supposée, tandis que Papias (30, 6), selon Georgius Hamartolus, un chroniqueur du IXe siècle, qui avait lu l’ouvrage de Papias, aujourd’hui perdu, déclare expressément que l’apôtre Jean a été tué « par les Juifs » (comp. Matt. xx. 23), ce qui indique la Palestine plutôt que l’Asie Mineure, les critiques modernes ont nié la crédibilité de cette tradition ecclésiastique, et ont attribué son origine à une confusion entre l’apôtre Jean et un certain Jean le Presbytre, que nous rencontrons pour la première fois dans le Fragment de Papias cité dans Eusèbe sous le nom de μαθητὴς τοῦ κυρίου. D’autres encore, tout en considérant la résidence de l’Apôtre à Éphèse comme bien établie, ont cherché, en raison des différences de style et de style général de pensée dans l’Apocalypse johannique d’une part, et dans l’Évangile et les Épîtres johanniques d’autre part, à les assigner à deux μαθηταὶ τοῦ κυρίου du même nom, et en attribuant l’Apocalypse au presbytre et l’Évangile et les épîtres à l’Apôtre, ils expliqueraient ainsi le séjour à Éphèse. C’est la voie généralement suivie par les théologiens de la médiation de l’école de Schleiermacher. Les critiques libéraux avancés de l’école de Baur attribuent l’Apocalypse à l’Apôtre et l’Évangile et les Épîtres au Presbytre, ou bien au lieu de l’Apôtre supposent un troisième Jean inconnu par ailleurs. La théologie orthodoxe conservatrice maintient à nouveau l’unité de paternité de tous les écrits johanniques, explique la diversité de caractère perceptible dans les différentes œuvres par un changement de la part de l’Apôtre du point de vue judéo-chrétien primitif (Gal., II, 9), qui est encore maintenu dans l’Apocalypse, au point de vue universaliste idéal assumé dans l’Évangile et les Épîtres, et il est enclin à identifier le prêtre de Papias avec l’apôtre. Même chez Tertullien, nous rencontrons la tradition selon laquelle, sous Néron, l’apôtre avait été jeté dans une cuve d’huile bouillante, et dans Augustin, on nous dit comment il vida une coupe empoisonnée sans souffrir de mal. C’est une histoire charmante, du moins, que celle de Clément d’Alexandrie qui raconte la fidélité des soins pastoraux que le vieil apôtre prit d’un jeune homme qui était tombé au point de devenir un chef de brigands. C’est aussi de ce genre que l’apôtre raconte l’histoire de l’apôtre par Jérôme, comment, dans l’extrême faiblesse de la vieillesse, il dut être transporté dans les assemblées de l’assemblée, et avec de faibles accents ne put que murmurer : Petits enfants, aimez-vous les uns les autres. Selon Irénée, lorsqu’il rencontra par hasard l’hérétique Cérinthe ( 27, 1) Dans le bain, il s’est immédiatement précipité dehors pour éviter tout contact avec lui.
16.3. Jacques, frère du Seigneur. — Le nom de Jacques fut porté par deux des douze disciples de Jésus : Jacques, fils de Zébédée et frère de Jean, qui fut mis à mort par l’ordre d’Hérode Agrippa Ier. (Actes xii. 2) à propos de l’A.D. 44, et Jacques, fils d’Alphée, sur lequel nous n’avons pas d’autres renseignements. Un troisième Jacques, désigné dans Gal. i. 19 comme le frère du Seigneur, qui, selon Hégésippe (Eusèbe, Hist. Eccl., II, 23), à cause de son accomplissement scrupuleux de la loi, reçoit le titre de Juste, se rencontre dans les Actes, XII, 17 ; xv. 13 ; xxi. 18, et est reconnu par Paul (Gal. i. 19 ; ii. 9-12) comme le président de l’église de Jérusalem. Selon Hégésippe (31, 7), il était dès son enfance naziréen, et peu de temps avant la destruction de Jérusalem, les Juifs de la Pâque ayant désiré de lui un témoignage contre le Christ, et lui ayant plutôt donné un témoignage puissant en sa faveur, il fut précipité du haut d’un pinacle du temple, lapidé, et enfin, alors qu’il priait pour ses ennemis, tué par les coups d’une massue de foulon. Selon Josèphe, cependant, Ananus, le grand prêtre, après le rappel du proconsul Festus et avant l’arrivée de son successeur Albinus, ainsi que d’autres hommes hostiles à Jacques, le condamnèrent à la hâte et le firent lapider, vers l’an J.-C. Débloquer le niveau 63. En ce qui concerne la personne de ce dernier Jacques, trois théories différentes ont été proposées.
Mais le fait que les frères de Jésus sont tous et toujours expressément distingués de ses douze apôtres, et qu’ils forment un groupe extérieurement et intérieurement séparé d’eux (Matt. xii, 46 ; Marc iii. 31 ; Luc, VIII, 19 ; Jean II, 12), s’oppose résolument à cette idée. Dans Jean VII, 3, 5, ils sont, à une époque où Jacques, fils d’Alphée, et Judas, frère de Jacques, étaient déjà dans l’apostolat, décrits comme incrédules, et ce n’est qu’après le départ du Seigneur, qui, après sa résurrection, apparut à Jacques (1 Cor., xv. 7), que nous les rencontrons, bien qu’ils fussent déjà distingués des douze, se tenant dans la communion la plus étroite avec la communauté chrétienne des croyants (Actes, I, 14 ; 1 Corinthiens, ix, 5). D’ailleurs, selon Matt. XXVIII, 19, aucun des douze ne pouvait assumer la présidence permanente de l’Église mère, et Hégésippe non seulement connaît πολλοὶ Ἰάκωβοι, et donc sûrement plus de deux, mais fait entrer Jacques dans sa charge à Jérusalem d’abord μετὰ τῶν ἀποστόλων.
16.4. Les légendes ultérieures des Apôtres. — La tradition qu’après l’ascension du Seigneur, ses disciples, dont le nombre avait été porté à douze (Actes I, 13), en accomplissement de l’ordre de leur Seigneur (Matt. XXVIII, 18), avaient une région spéciale pour le travail missionnaire assignée par tirage au sort à chacun, et aussi l’autre tradition, selon laquelle, avant leur départ définitif de Jérusalem, après un séjour de sept ou douze ans, ils élaborèrent d’un commun accord des règles de culte, de discipline et de constitution adaptées aux exigences de la chrétienté universelle, qui prirent forme vers le milieu du IIe siècle et donnèrent lieu à l’origine de nombreuses histoires apocryphes des Apôtres (32, 5, 6). ainsi que des livres apocryphes de l’ordre de l’Église (43, 4, 5). La question de savoir si une partie quelconque, et si oui, combien, des diverses déclarations contradictoires des histoires et légendes apocryphes des apôtres au sujet de leurs champs de mission et de leurs fortunes diverses, peut être considérée comme une véritable tradition descendant de l’âge apostolique, doit être laissée en suspens. Quoi qu’il en soit, les draperies légendaires et l’embellissement de réminiscences authentiques et occasionnelles sont au plus haut degré fantastiques et fabuleux. Anciennes du moins, selon Eusèbe, sont les traditions de Thomas ayant prêché en Parthie, d’André en Scythie et de Barthélemy dans l’Inde ; tandis que dans les traditions ultérieures, Thomas figure comme l’apôtre de l’Inde (32, 5). L’affirmation d’Eusèbe, appuyée par de nombreuses autorités anciennes, que l’apôtre Philippe exerça son ministère depuis Hiérapolis en Phrygie jusqu’en Asie Mineure, provient peut-être de la confusion de l’apôtre avec l’évangéliste du même nom (Actes, XXI, 8, 9). Une histoire de l’apôtre Barnabé, attribuée à Jean-Marc, mais qui ne date en réalité que du Ve siècle, se rattachant aux Actes xv. 39, raconte comment il a mené sa mission et souffert le martyre dans son pays natal de Chypre ; tandis qu’une autre série de légendes, appartenant probablement à la même époque, fait de lui le fondateur de l’église de Milan. Jean-Marc, fils de la sœur de Barnabé, qui apparaît dans Col. iv. 10 ; 2 Timothée, iv, 11 ; et Philem. 24, comme le compagnon de travail de l’apôtre Paul, dans 1 Pierre v. 13 comme compagnon de Pierre à Babylone, et, selon Papias, a écrit son évangile à Rome comme l’amanuensis de Pierre, est honoré, selon une autre tradition très largement reçue, citée par Eusèbe d’après une Chronique appartenant à la fin du deuxième siècle, d’où aussi Julius Africanus a tiré des informations, comme le fondateur et le premier évêque de l’église d’Alexandrie, etc., etc.
Liée sous Christ en un tout articulé, l’Église doit, par la coopération de tous ses membres, conditionnés et déterminés par leur position, leur talent et leur vocation, à s’édifier et à croître (1 Cor. xii. 12 et suiv. ; Éph. i. 22 f.). Le développement sera ainsi assuré au talent naturel et à l’appel spirituel par l’octroi de dons spéciaux de grâce ou de charisme. La première forme de communion entre les Églises chrétiennes, aussi bien dans les Églises chrétiennes juives que dans les Églises chrétiennes païennes, était d’un caractère tout à fait libre ; modelée et attachée à des formes d’organisation déjà existantes et légitimées, ou, du moins, tolérées par l’État, mais tout en étant inspirées et levées par un esprit chrétien libre. Poussé par la nécessité, qui se fait sentir dans toutes les fédérations sociales, de reconnaître la supériorité, l’infériorité et l’égalité, dans laquelle sa propre sphère et sa propre tâche seraient assignées à chaque membre, et où l’empiétement et le désordre seraient évités, un conseil ecclésiastique collégial fut bientôt formé par un pacte libre, dont les membres, tous égaux en droits, seraient bientôt formés. étaient appelés πρεσβύτεροι en considération de leur caractère personnel, et ἐπίσκοποι en considération de leurs fonctions officielles. C’est à eux qu’incombait une attention et un soin particuliers à l’égard de tout ce qui pouvait affecter les intérêts communs de l’Église, à la gestion des biens qui devaient être réalisés et dépensés pour les services religieux, aux moyens nécessaires à l’entretien des pauvres, ainsi qu’à l’administration de la justice et de la discipline. Mais à côté de ceux-ci, il y avait d’autres fonctions plus indépendantes, dont les titulaires n’allaient pas comme les membres de l’ancienne comme le choix des églises, mais avaient plutôt l’édification spirituelle de l’église qui leur était assignée comme l’œuvre de leur vie par un appel divin spécial et une dotation charismatique du don d’enseignement. C’est à cette classe qu’appartiennent, outre les apôtres et les assistants des apôtres, les prophètes, les pasteurs et les docteurs.
17.1. Les Charistiques de l’Âge Apostolique nous sont présentés dans 1 Cor. xii. 4 et suiv. comme signes (φανερώσεις, v. 7) de la présence de l’Esprit de Dieu agissant dans l’Église, qui, s’attachant à la dotation naturelle et impliquant un libre abandon personnel à leur influence, et se manifestant à divers degrés d’intensité depuis le naturel jusqu’au surnaturel, ont qualifié certains membres de l’Église des pouvoirs nécessaires et désirables pour l’édification et l’extension de la communauté chrétienne. Dans les versets 8 à 11, les charismes sont classés en trois classes au moyen de l’ἑτέρω répété deux fois.
En plus de ces trois choses sont mentionnées, au verset 28, ἀντιλήψεις, le soin des pauvres, des malades et des étrangers, et κυβερνήσεις, le gouvernement de l’Église. La distinction essentielle entre le parler en langues et la prophétie consiste, selon 1 Cor. xiv. 1-18, en ce que, tandis que celle-ci est représentée comme une inspiration par l’Esprit de Dieu, agissant sur la conscience, la νοῦς du prophète, et n’ayant donc pas besoin d’autres explications pour la rendre applicable à l’édification de la congrégation, la première est représentée comme une parole extatique, totalement incontrôlée par le νοῦς de l’instrument humain, mais employant les organes humains de la parole, γλῶσσαι, qui laisse l’assemblée hors de vue et s’adresse directement à Dieu, de sorte qu’aux versets 13-15 elle est appelée προσεύχεσθαι, n’étant rendue intelligible à l’auditoire qu’au moyen de l’interprétation charismatique des hommes immédiatement mis en œuvre dans ce but par l’Esprit de Dieu. Dans Rom., XII, 6-8, bien que les charismes y soient énumérés avec encore plus de détails, de manière à inclure même la manifestation de la miséricorde avec joie, le γλώσσαις λαλεῖν fait défaut. Il semblerait donc que cette sorte de manifestation spirituelle, sinon exclusivement (Actes, II, 4 ; x. 46 ; xix, 6 ; Marc, xvi, 17), mais avec une tendresse particulière, qui n’a nullement été recommandée par l’apôtre, a été encouragée dans l’église de Corinthe. Le parler en langues tout à fait unique qui eut lieu le jour de la première Pentecôte (Actes, II, 6, 11) ne doit certainement pas être compris comme impliquant que les Apôtres aient été qualifiés, temporairement ou définitivement, pour parler dans les différentes langues et dialectes de ceux qui étaient présents de tous les pays de la dispersion. Cela signifie probablement simplement que le pouvoir a été conféré aux locuteurs de parler en langues et qu’en même temps un don analogue de l’interprétation des langues a été conféré à ceux qui ont entendu (Comp., Actes ii. 12, 15, avec 1 Cor. xiv. 22 sq.).
17.2. La Constitution de l’Église Mère à Jérusalem. — L’idée qui s’est répandue dans le savant ouvrage de Vitringa, De synagoga vetere, publié en 1696, que la constitution de l’Église apostolique était modelée sur le modèle des synagogues, n’est plus sérieusement envisagée aujourd’hui. Non seulement en ce qui concerne les églises pauliniennes entièrement ou principalement composées de chrétiens païens, mais aussi en ce qui concerne les églises palestiniennes de chrétiens purement juifs, aucune preuve à l’appui d’une telle théorie ne peut être trouvée. Il n’y a aucune sorte d’analogie entre les fonctionnaires de l’Église et les ἀρχισυνάγωγοι qui étaient essentiellement caractéristiques de toutes les synagogues, tant en Palestine que parmi la dispersion (Marc v. 22 ; Luc, viii, 41, 49 ; Actes xiii. 15 ; xviii. 8, 17), et nous ne trouvons rien qui corresponde aux ὑπήρεται ou officiers inférieurs de la synagogue (Luc, IV, 20). D’un autre côté, les fonctionnaires des Églises chrétiennes, qui, d’après les Actes VI, sont des diacres, et aussi plus tard, d’après les Actes XI, 30, de πρεσβύτεροι, ou anciens de l’Église de Jérusalem, occupaient une place à côté des Apôtres dans le gouvernement de l’Église, sont sans analogie dans les synagogues. Le πρεσβύτεροι τοῦ λαοῦ mentionné dans Matt. xxi. 23 ; xxvi. 3 ; Actes iv. 5 ; XXII. 5, etc., n’exerçaient pas un ministère d’enseignement et d’édification dans les nombreuses synagogues de Jérusalem, mais une autorité législative, judiciaire et civile sur toute la communauté juive en tant que membres du Sanhédrin, de grands prêtres, de scribes et d’anciens. Cependant, même entre ceux-ci et les anciens de l’église chrétienne, il existe une grande différence. Les anciens juifs sont en effet des représentants du peuple, et ont en tant que tels un siège et un vote au conseil suprême, mais aucune voix n’est autorisée au peuple lui-même. Dans le concile de l’Église chrétienne, au contraire, en ce qui concerne toutes les questions importantes, les membres de tous les croyants sont convoqués pour la consultation et la délivrance (Actes 6, 2-6 ; xv. 4, 22). Une plainte de la part des membres hellénistiques de l’Église que leurs pauvres étaient négligés a conduit à l’élection de sept hommes qui devraient prendre soin des pauvres, non pas par les apôtres, mais par l’Église. Celle-ci est communément considérée, mais à tort, comme la première institution du diaconat. À ceux qui furent alors choisis, pour lesquels les Actes (xxi. 8) n’ont pas d’autre désignation que celle des « sept », le διακονεῖν τραπέζαις ; mais ils n’étaient pas et ne furent pas appelés diacres dans le sens officiel, pas plus que les Apôtres, qui continuèrent encore, selon le v. 4, à exercer le διακονία τοῦ λόγου. Lorsque l’âpre persécution qui suivit la lapidation d’Étienne eut dispersé l’Église dans les pays voisins, ils partirent aussi en même temps de Jérusalem (Actes VIII, 1), et Philippe, qui était maintenant le plus remarquable d’entre eux, n’officia plus plus qu’en tant qu’évangéliste, c’est-à-dire en tant que prédicateur itinérant de l’Évangile, dans la région autour de sa propre maison à Césarée (Actes VIII, 5 ; XXI, 8 ; comp. Éphésiens iv, 11 ; 2 Tim., iv, 5). Lors de la réorganisation de l’Église de Jérusalem, les Apôtres, qui commencèrent à apprécier plus clairement leur propre appel spécial (Matt. XXVIII, 19), se consacrèrent de plus en plus à la prédication de l’Évangile même en dehors de Jérusalem, et ainsi devint le besoin urgent d’un tribunal faisant autorité pour la conduite des affaires de l’Église, même pendant leur absence. Dans l'Il semblerait, d’après Actes XI, 30, que ceux qui exerçaient leur ministère auprès des pauvres, choisis probablement parmi les plus honorables des premiers croyants (Actes, II, 41), passèrent dans un collège de prêtres constitué par lui-même. À la tête de ce collège ou conseil se tenait Jacques, le frère du Seigneur (Gal. i. 19 ; ii. 9 ; Actes xii. 17 ; xv. 13 ; XXI, 15), et après sa mort, selon Hégésippe, un proche parent du Seigneur, Siméon, fils de Clopas, comme descendant de David, fut choisi à l’unanimité pour lui succéder. Le titre épiscopal, cependant, tout comme celui de diacre, se rencontre pour la première fois dans le Nouveau Testament dans la région des missions pauliniennes, et dans la terminologie des églises palestiniennes, nous n’entendons parler que de presbytres en tant qu’officiers de l’église (Actes xv. 4, 6, 22 ; xxi. 18 ; Jacques v. 14). Dans 1 Pierre v. 2, cependant, bien que ἐπίσκοπος n’apparaisse pas encore comme un titre officiel, la fonction officielle de l’ἐπισκοπεῖν est attribuée aux presbytres (voir 17, 6). Il s’agit d’Hégésippe, vers J.-C. 180, qui donne d’abord le titre d’évêque de Jérusalem à Jacques, d’après les Clémentins ( 28, 3) Dix ans auparavant, il l’avait déjà désigné ἐπισκόπων ἐπίσκοπος.
17.3. La Constitution des Églises pauliniennes. S’appuyant sur les travaux de Mommsen et de Foucart, d’abord Heinrici et peu après le théologien anglais Hatch7 a élaboré la théorie selon laquelle la constitution des églises qui étaient entièrement ou principalement composées de chrétiens païens était calquée sur ces règles d’associations commodes, ouvertes ou élastiques sous lesquelles les diverses guildes hellénistiques prospéraient si bien (θίασοι, ἔρανοι), associations pour la naturalisation et la promotion de modes de culte étrangers, souvent orientaux. De la même manière, l’Église chrétienne de Rome, à des fins sociales et sacrées, utilisait les formes d’association employées dans la Collegia ou Sodalicia, qui s’y trouvaient en grand nombre, en particulier dans les sociétés funéraires dans lesquelles ces deux fins étaient combinées (collegia funeraticia). Dans l’un et l’autre cas, donc, l’Église, en s’attachant à des modes d’association déjà existants, reconnus par l’État ou tolérés comme inoffensifs, a assumé une forme d’existence qui la protégeait contre les soupçons du gouvernement, et en même temps lui donnait l’espace et le temps d’une construction indépendante selon son caractère et son esprit particuliers. Comme dans ces associations helléniques, tous les rangs, même ceux qui, dans la société civile, étaient séparés les uns des autres par des barrières infranchissables, trouvaient l’admission, et alors, dans l’élaboration des statuts, l’accueil des confrères, l’exercice de la discipline, possédaient des droits égaux ; Comme, de plus, la pleine connaissance de leurs mystères et la participation à leur exercice n’étaient accessibles qu’aux initiés (μεμυημένοι), cependant, dans l’exercice du culte exotérique, les portes étaient ouvertes avec hospitalité, même aux ἀμυήτοι ; comme certains jours ceux qui appartiennent au cercle étroit se réunissent pour prendre part à un festin commun ; tout cela se trouve aussi dans l’église de Corinthe, naturellement inspirée par un esprit chrétien et enrichie de contenus chrétiens. L’Église a aussi sa fête religieuse commune dans son Agape, son mystère dans l’Eucharistie, son initiation au baptême, par l’administration duquel le service divin est divisé en deux parties, l’une ésotérique, à laquelle seuls les baptisés doivent participer, l’autre exotérique, un service ouvert à ceux qui ne sont pas chrétiens. Tous les grades (Gal., III, 28) ont le même droit à l’admission au baptême, tous les baptisés ont des droits égaux dans la congrégation (cf. 17, 7). Il est évident, cependant, que le lien entre les églises chrétiennes et ces associations païennes ne doit pas être conçu comme si, parce que, dans un cas, les distinctions de rang étaient abolies, elles l’étaient aussi dans l’autre ; ou que, parce que, dans un cas, les fêtes religieuses étaient observées, cela donnait le premier indice quant à l’observance de l’Agapè chrétienne ; ou que, parce et de la manière dont on y célébrait un service mystérieux dont tout ce qui était à l’extérieur était strictement exclu, de même ici aussi a été introduit un service eucharistique exclusif. Ces observances doivent plutôt être considérées comme ayant grandi indépendamment de l’être le plus intime du christianisme ; Mais l’Église ayant trouvé certaines institutions inspirées d’un esprit tout différent, mais extérieurement analogues et sanctionnées par l’État, elle s’appropria, autant que possible, leurs formes d’organisation sociale, afin de s’assurer les avantages de la protection civile. Que même de la part des païens, jusque dans la seconde moitié du IIe siècle, la communauté chrétienne ait été considérée comme un type spécial des communautés de mystères, c’est ce que montre la satire de Lucien, De morte Peregrini ( 23, 1), où la description des communautés chrétiennes, dans lesquelles son héros a joué un rôle pendant un certain temps, est pleine de termes techniques qui étaient courants dans ces associations. « C’est aussi, dit Weingarten, expressément reconnu dans l’Apologétique de Tertullien, c. 38, 39, écrit à propos de J.-C. Jusqu’à la fin du IIe siècle, l’Église chrétienne fut organisée d’après les règles de la Collegia funeraticia, afin de pouvoir réclamer à l’État les privilèges des Factiones licitæ. Il est démontré que les dispositions relatives à l’enterrement et les institutions chrétiennes qui s’y rattachent ont été soigneusement subsumées sous des formes qui ont été admises comme légales.
17.4. Si nous nous en tenons aux épîtres de l’Apôtre les plus anciennes et les plus authentiques, nous constatons que l’autonomie de l’Église en ce qui concerne l’organisation, le gouvernement, la discipline et l’administration intérieure est mise en évidence comme la base même de la constitution. Il ne se mêle jamais de ces questions, ordonnant et prescrivant de sa propre autorité, mais toujours, soit personnellement, soit en esprit, seulement en tant qu’associé à leurs assemblées (1 Cor. v. 3), délibérant et décidant en commun avec elles. Ainsi, son importance apostolique ne se manifeste pas dans le fait qu’il adopte l’attitude d’un seigneur (2 Cor. i. 24), mais celle d’un père (1 Cor. iv. 14 sq.), qui cherche à amener ses enfants à former pour eux-mêmes des jugements indépendants et virils (1 Cor. x. 15 ; xi. 13). Il ne semble pas qu’il y ait eu d’officiers réguliers et fixes à Corinthe jusqu’à l’époque où la première épître a été écrite, vers l’apr. J.-C. Débloquer le niveau 57. Une diversité de fonctions (διαιρέσεις διακονιῶν, 1 Cor. xii. 4) est ici déjà trouvée, mais pas encore définitivement attachée à des offices distincts et réguliers (1 Cor. vi. 1-6). C’est toujours l’accomplissement volontaire de ces ministères, d’une part, et la reconnaissance d’une piété et d’une fidélité particulières, conduisant à une soumission volontaire, d’autre part, d’où l’idée de la charge a pris son essor, et d’où elle a tiré son caractère spécial. Cela est particulièrement vrai d’un genre particulier de ministère (Rom. xvi. 1, 2) qui a dû bientôt se développer comme quelque chose d’indispensable aux églises chrétiennes dans toutes les régions helléniques et romaines. Nous voulons parler du rôle joué par le mécène, qui était si profondément enraciné dans la vie sociale de l’Antiquité classique. Les affranchis, les étrangers, les prolétaires, ne pouvaient pas en eux-mêmes posséder des biens et n’avaient aucun droit à la protection des lois, mais devaient être associés en tant que clientes à un patronus ou patrona (προστάτης et προστάτις) qui, dans des circonstances difficiles, leur fournirait conseil, protection, soutien et défense. De même que dans les associations de culte grecs et romains, cette relation s’était enracinée depuis longtemps et était l’une des choses qui contribuaient le plus matériellement à leur prospérité, de même dans les églises chrétiennes, la nécessité de la reconnaître et de la mettre en œuvre devenait d’autant plus urgente que le nombre de membres pour lesquels un tel soutien était nécessaire augmentait (1 Cor. i. 26-29). Phœbé est chaudement recommandé dans Rom. xvi, 1, 2, comme un chrétien προστάτις, à Cenchrées, le port de Corinthe, parmi les nombreux clients duquel l’apôtre lui-même est mentionné. De nombreuses inscriptions dans les catacombes romaines témoignent de l’impression profonde que ce système social a faite sur l’organisation, en particulier de l’église romaine, jusqu’à la fin du premier siècle, et de l’aide qu’il a apportée pour rendre cette église permanente. À plus forte raison sommes-nous en droit d’y rattacher le προϊστάμενος ἐν σπουδῇ (Rom. xii, 8), et de donner à ce passage le sens suivant : quiconque représente quelqu’un comme patron, qu’il le fasse avec diligence. Elle a donc été provoquée en partie par le cours naturel des événements, et en partie par l’effort de faire correspondre l’organisation ecclésiastique avec les associations religieuses grecques et romaines approuvées par l’État par les employés.De même forme ou de même nom, il n’y a pas d’autre moyen d’y parvenir. Dans les communautés plus anciennes, surtout dans les capitales, comme Thessalonique, Corinthe, Rome, etc., les chefs des familles des premiers croyants atteignaient une position d’autorité tout à fait unique, comme à Corinthe ceux de la maison de Stéphanas, qui, selon 1 Cor. xvi. 15, comme l’ἀπαρχὴ τῆς Ἀχαΐας εἰς διακονίαν τοῖς ἁγίοις ἔταξαν ἑαυτούς. Cet honneur était également accordé aux plus utiles des patrons choisis et à d’autres, qui possédaient évidemment les dons de κυβερνήσεις et d’ἀντιλήψεις, et ceux qui, les premiers, d’une manière informelle, s’étaient acquittés de leurs fonctions officielles les avaient amendés même après leur mort par une élection formelle. D’autre part, les Églises qui surgirent à une époque ultérieure furent probablement pourvues immédiatement de tels offices sous la direction et avec le consentement de l’Apôtre ou de ses assistants apostoliques (1 Tim. v. 9 ; Tit. i. 5).
17.5. Offices de congrégation et de spiritualité. — Tandis qu’alors, jusqu’à l’apr. J.-C. Il n’y avait pas encore à Corinthe d’offices ecclésiastiques proprement dits, et l’Apôtre n’a donné aucune injonction pour les introduire définitivement, il nous est dit dans Actes xiv. 23 que, dès l’ère chrétienne de J.-C. 50, lorsque Paul revint de son premier voyage missionnaire, il ordonna par la prière et le jeûne des anciens ou des presbytres dans les églises d’Asie Mineure qu’il avait précédemment fondées. Or, il est tout à fait concevable que, dans ces cas, il ait adhéré plus étroitement à la constitution presbytérale déjà existante de l’Église-mère de Jérusalem (Actes XI, 30), qu’il ne l’a fait par la suite en fondant et en donnant une constitution aux églises des villes européennes, où peut-être les circonstances et les exigences étaient entièrement différentes. Quoi qu’il en soit, il est tout à fait certain que l’Apôtre, en quittant les églises récemment formées, a eu soin de les laisser dans un état organisé, et l’auteur des Actes a exprimé le fait de manière proleptique dans des termes qu’il connaissait lui-même et qui étaient courants à son époque. La première à donner des renseignements sur les offices de congrégation distincts et indépendants, ainsi que sur les noms qui avaient été alors attribués à ces offices, est l’épître aux Philippiens, écrite pendant l’emprisonnement romain de l’apôtre. Au chap. i. 1, il envoie son salut apostolique et sa bénédiction πᾶσι τοῖς ἁγίοις τοῖς οὖσιν ἐν Φιλίπποις σὺν ἐπισκόποις καὶ διακόνοις.8 L’épiscopat et le diaconat apparaissent ici comme les deux catégories d’offices de la congrégation, dont il y a plusieurs représentants dans chaque congrégation. C’est dans ce qu’on appelle les épîtres pastorales que, pour la première fois, nous trouvons appliqué dans les communautés chrétiennes païennes le titre de presbytre qui avait été la désignation habituelle du président dans l’église mère de Jérusalem. Ce titre, tout comme dans Actes xx. 17, 28, est sans aucun doute considéré comme identique à celui d’évêque (ἐπίσκοπος) et est utilisé comme alternative (Ttit. i. 5, 7 ; 1 Tim. iii. 1 ; iv. 14 ; v. 17, 19). De l’identité pratique des qualifications des évêques (1 Tim. iii. 1) ou des diacres (v. 12 sq.), il suit que leurs vocations étaient essentiellement les mêmes ; et, d’après la signification étymologique de leurs noms, il semblerait que les évêques aient été chargés de gouverner, d’administrer et de surveiller, et les diacres de servir, d’assister et d’accomplir les détails en tant qu’auxiliaires subordonnés. Il est démontré par Rom. xvi. 1, que même dès l’ère de l’A. J.-C. 58, le besoin d’un ordre féminin d’aides s’était fait sentir et avait été satisfait. Lorsque, plus tard, cet ordre eut pris le rang d’un office régulier, il devint de règle que seules les veuves au-dessus de soixante ans devaient être choisies (1 Tim., v. 9). Nous sommes introduits dans un ordre tout à fait différent d’autorités ecclésiastiques dans Éphésienne, iv, 11, où nous avons nommé au premier rang des apôtres, dans le second des prophètes, dans le troisième Evangélistes, et dans le quatrième, Pasteurs et Docteurs. Ce que l’on entend ici par Apôtres et Prophètes est tout à fait évident (34, 1). De 2 Tim. iv. 5 et Actes xxi, 8 (viii. 5), il s’ensuit que les évangélistes sont des prédicateurs itinérants de l’Évangile et des assistants des Apôtres. Il est plus difficile de déterminer exactement les fonctions des pasteurs et des enseignants et leur relation avec les offices réguliers de la congrégation. Leur introduction dans Éphésiens iv. 11, comme constituant ensemble une quatrième classe, ainsi que l’absence du terme Pasteur dans le passage parallèle, 1 Cor. XII. 28, 29, présuppose une connexion si étroite des deux ordres, l’un ayant le soin des âmes, l’autre les devoirs de la prédication et de la catéchèse, que nous supposons sans hésiter que les deux étaient, sinon toujours, du moins généralement, unis dans la même personne. Ils ont généralement été identifiés avec les évêques ou les presbytres. Dans Actes xx. 17, 28, et dans 1 Pi. v. 2-4, les presbytres sont expressément appelés pasteurs. L’ordre de l’ἡγούμενοι dans Héb. xiii. 7, οἵτινες ἐλάλησαν ὑμῖν τὸν λόγον τοῦ θεοῦ, a également été considéré comme identique à celui des évêques. En ce qui concerne ce dernier ordre, une confusion apparaît déjà dans Actes xv, où les hommes qui, au v. 22, sont expressément distingués des anciens (presbytres) et au v. 32 sont rangés comme prophètes, sont encore appelés ἡγούμενοι. Nous devrions également être amenés à conclure de 1 Cor. XII. 28, que ceux qui avaient les qualifications d’ἀντιλήψεις et de κυβερνήσεις, fonctions appartenant certainement aux évêques ou aux presbytres en tant qu’officiers administratifs et diocésains, sont cependant personnellement distingués des apôtres, des prophètes et des docteurs. Or, il est expressément enjoint dans le Tit. 1, 9, que dans le choix des évêques, on prenne un soin particulier à ce qu’ils aient la capacité d’enseigner. Dans 1 Tim. v. 17 Un double honneur est exigé pour les καλῶς προεστῶτες πρεσβύτεροι, s’ils travaillent aussi ἐν λόγῳ καὶ διδασκαλίᾳ. Ce passage, cependant,L’enseignement n’appartenait pas toujours et en toutes circonstances, ni même ex professo, aux fonctions spéciales du président de la congrégation ; que c’était plutôt dans des circonstances particulières, où peut-être ces dons n’étaient pas du tout ou pas en assez grande abondance ailleurs, que ces devoirs d’enseignement étaient assumés en plus de leur propre travail officiel de présidence (προϊστάναι). La ligne de démarcation entre les deux ordres, les évêques et les diacres d’une part, et les pasteurs et les enseignants d’autre part, consiste dans la nature fondamentalement différente de leur appel. Les premiers étaient des offices de congrégation, les seconds, comme ceux des apôtres et des prophètes, étaient des offices spirituels. Les premiers étaient choisis par la congrégation, les seconds avaient, comme les Apôtres et les Prophètes, un appel divin, bien que, selon Jacques III, ce ne soit pas sans la volonté consentante de l’individu et la capacité charismatique d’enseigner, mais pas dans la même mesure absolue. Les premiers étaient attachés à une congrégation particulière, les seconds étaient, comme les Apôtres et les Prophètes, avant tout des docteurs itinérants et avaient, comme eux, la tâche d’édifier les Églises (Eph. iv. 12, εἰς οἰκοδομὴν τοῦ σώματος τοῦ ριστοῦ). Mais, tandis que les apôtres et les prophètes posaient les fondations de cet édifice sur Christ, la principale pierre angulaire, les prédicateurs et les docteurs devaient continuer à bâtir sur le fondement ainsi posé (Éphésiens ii. 20). Une place et une importance sont assurés sans aucun doute à ces trois offices spirituels, dans la mesure où ils continuent d’être des offices itinérants, par l’exemple du Seigneur dans l’envoi préliminaire des douze dans Matthieu x, et des soixante-dix disciples dans Luc x.
17.6. La question de la position originelle de l’épiscopat et du presbyterium, ainsi que de leurs relations l’un avec l’autre, a reçu trois réponses différentes. Selon la théorie catholique romaine, qui est aussi celle de l’Église épiscopale anglicane, l’organisation cléricale et hiérarchique du IIIe siècle, qui donnait à chacune des grandes communautés un évêque comme président avec un certain nombre de prêtres et de diacres qui lui étaient soumis, existait comme une institution divine dès le début. Le Nouveau Testament en atteste sans équivoque, et, comme il ressort de la première épître de Clément de Rome (ch. 42, 44, 57), le fait n’avait jamais été contesté jusqu’à la fin du premier siècle, que les évêques et les presbytres sont identiques. La force de cette objection, cependant, est censée être obviée par le subterfuge selon lequel, si tous les évêques étaient effectivement des prêtres, tous les presbytres n’étaient pas des évêques. L’ineptie d’une telle esquive est évidente. Dans Phil. i. 1, l’apôtre, se référant à cette église particulière, a salué non pas un, mais plusieurs évêques. D’après les Actes XX, 17, 28, tous les prêtres de l’unique communauté d’Éphèse sont faits évêques par le Saint-Esprit. De plus, Tit. i. 5, 7 exclut inconditionnellement une telle distinction ; et selon 1 Pi. v. 2, tous ces presbytres devraient être ἐπισκοποῦντες. En opposition à cette théorie, qui reçut la sanction du concile de Trente, les vieux théologiens protestants maintinrent l’identité originelle des deux noms et offices. À l’appui de cela, ils pouvaient se référer non seulement au Nouveau Testament, mais aussi à Clément de Rome et à l’enseignement des douze apôtres (34, 1). où, comme dans Phil. i. 1, seuls les évêques et les diacres sont nommés comme officiers de la congrégation, et tels qu’ils sont nommés par le libre choix de la congrégation. Ils peuvent également indiquer le consensus des Pères de l’Église et des enseignants de l’Église les plus respectés des temps ultérieurs. Chrysostome (Hom. ix. in Ep. ad Tim.) dit : οἱ πρεσβύτεροι τὸ παλαιὸν ἐκαλοῦντο ἐπίσκοποι καὶ διάκονοι ριστοῦ, καὶ οἱ ἐπίσκοποι πρεσβύτεροι. Jérôme (ad Tit. i. 5) dit : Idem est presbyter qui et episcopus et antequam diaboli instinctu studia in religione fierent ... Communi Presbyterorum Concilio Gubernantur Ecclesiæ. Augustin, et d’autres pères de l’Église des IVe et Ve siècles, ainsi qu’Urbain II. en apr. J.-C. 1091, Petrus [Pierre] Lombardus et le décret de Gratien, peuvent tous être cités comme soutenant le même point de vue. Après une telle identification de la personne et de la fonction, l’existence des deux noms doit être expliquée à partir de leur signification en tant que mots, en supposant que le titre ἐπίσκοπος, qui est apparu parmi les églises païennes-chrétiennes, indiquait davantage le devoir officiellement requis, tandis que le titre πρεσβύτερος, qui est apparu parmi les églises judéo-chrétiennes, indiquait davantage le caractère honorable de la personne (1 Tim. v. 17, �19). Le développement ultérieur d’un épiscopat monarchique est tout à fait concevable comme ayant eu lieu dans le cours naturel des événements (34, 2). La troisième théorie est celle proposée par Hatch, d’Oxford, en A.D. 1881, chaleureusement approuvé et vigoureusement exécuté par Harnack. D’après cette théorie, les deux noms en question répondent à une double distinction qui apparaît dans les tribunaux ecclésiastiques : au collège des prêtres était dévolu le gouvernement de la communauté, avec l’administration de la loi et de la discipline ; sur les évêques et leurLa surveillance et l’administration de la communauté dans le sens le plus large du mot, y compris son culte, et avant tout et principalement le soin fraternel des pauvres, des malades et des étrangers, ainsi que la collecte, la conservation et la distribution de l’argent nécessaire à ces fins. Au fil du temps, les deux organisations furent réunies en une seule, car les évêques, en raison de leur place et de leur travail éminemment importants, obtinrent dans le consistoire non seulement un simple siège et un vote, mais aussi la présidence et la voix prépondérante. En établissant cette théorie, on fait remarquer que dans le gouvernement et l’administration des fédérations de l’époque à des fins sociales et religieuses dans les districts ruraux ou dans les villes, à l’imitation desquelles l’organisation des communautés chrétiennes s’est formée, on trouve aussi cette double distribution, et que les administrateurs des finances de ces sociétés n’avaient pas seulement le titre d’ἐπίσκοποι, mais avaient aussi le siège du président dans leurs assemblées (γερουσία, βουλή), ce qui, cependant, n’est pas tout à fait concluant, car il est démontrable que ce titre était également porté par les fonctionnaires judiciaires et politiques. D’autre part, il est également souligné que, conformément à l’opinion modifiée présentée dans les Épîtres pastorales, les Actes et l’Épître de Clément de Rome, la conscience de la diversité originelle de l’appel des deux offices a été maintenue tout au long du IIe siècle, dans la mesure où une distinction théorique entre les évêques et les prêtres a souvent été affirmée. Or, en premier lieu, il ne peut guère y avoir de sujet de discussion sur la question de savoir si l’administration des biens, avec le soin des pauvres (ἀντιλήψεις) comme tâche principale, aurait pu réellement gagner une place aussi supérieure en respectabilité, en influence et en importance à celle du gouvernement de la congrégation (κυβερνήσεις), ou si l’autorité qui embrassait les fonctions d’un banc judiciaire, Une cour de discipline et une cour d’équité n’ont pas plutôt pris le pas sur ce qui était occupé dans l’administration des biens et le soin des pauvres. Mais avant tout, nous devrons examiner les écrits du Nouveau Testament, en tant que témoins relativement anciens de la question des faits aussi bien que de l’usage de la langue, et voir ce qu’ils ont à dire sur le sujet. Cela doit être fait même par ceux qui voudraient que la composition des Épîtres pastorales et des Actes soit retirée de l’âge apostolique. Dans ces écrits, cependant, il n’y a nulle part un fondement solide et sûr accordé à cette théorie. On a supposé, en effet, qu’il n’est fait mention que des évêques et des diacres dans Phil., 1, parce que c’est par eux que le présent des Philippiens avait été apporté à l’apôtre. Mais étant donné que, dans le cas où il existait actuellement à Philippes, à côté des évêques, un collège de prêtres, l’omission de ceux-ci dans la salutation de cette épître, dont le but principal était de donner une consolation et un encouragement apostoliques, et qui ne se réfère avec reconnaissance qu’à la fin, ch. iv. 10, à la contribution envoyée, aurait été préjudiciable pour eux, nous devons supposer que les évêques et leurs assistants, les diacres, étaient les seuls titulaires d’office existant alors dans cette communauté. Ainsi, ce passage est aussi contre qu’en faveur de la limitation de la charge épiscopale à l’administration économique. Souvent, comme il est fait mention dans le Nouveau Testament d’un ἐπισκοπεῖν et d’un διακονεῖν dans et au-dessus de la communauté, ce never se rapporte spécifiquement et exclusivement à l’administration des biens et au soin des pauvres. Il est en effet supposé dans les Actes XI, 30, que le soin des pauvres est un devoir du prêtre ; de même le charismatique soin des malades est exigé des presbytres dans Jacques v. 14 ; et en 1 Pet. v. 2 Les presbytres sont décrits comme ἐπισκοποῦντες ; en 1 Pet. ii. 25 On parle du Christ comme ἐπίσκοπος τῶν ψυχῶν ; dans Actes i. 20, l’office apostolique est appelé ἐπισκοπή, tandis que dans Actes i. 25 et souvent, surtout dans les épîtres pauliniennes, il est désigné comme διακονία.9― Suite, 34, 2.
17.7. Culte chrétien.—Même à Jérusalem, où les ordonnances du temple étaient encore observées, les besoins religieux de la communauté chrétienne exigeaient que des services séparés d’un caractère nettement chrétien soient organisés. Mais de même que les offices juifs de ce temps-là se composaient de deux parties : le ministère de la parole pour l’instruction et l’édification dans les synagogues, et le service symbolique d’un caractère typique et sacramentel dans le temple, le service chrétien fut de la même manière, dès le début, divisé en une partie homilétique-didactique et une partie eucharistique-sacramentelle. en raison de la présence de ceux qui n’étaient pas chrétiens, devait avoir, tout comme le service de la synagogue, à côté de son but principal d’instruire et d’édifier la congrégation, une tendance missionnaire déterminée et délibérément planifiée. L’église de Jérusalem célébrait d’abord ces offices du matin dans l’une des salles du temple, où le peuple avait coutume de se rassembler pour prier (Actes ii. 46 ; iii. 1, 11) ; mais, plus tard, ils ont été détenus dans des maisons privées. Dans les églises païennes, il semble qu’elles aient eu lieu dès le début dans des maisons privées ou dans des salles louées à cet effet. L’office consistait en la lecture de portions de l’Ancien Testament et, plus tard, de parties des épîtres apostoliques et des évangiles, et en relation avec ceux-ci, de discours doctrinaux et hortatoires, de prières et de chants de psaumes. Il est plus que probable que la liberté d’enseigner, qui avait prévalu dans les synagogues (Luc, II, 46 ; iv, 16 ; Actes xiii. 15), était également permise dans les assemblées similaires de chrétiens juifs (Actes viii. 4 ; xi. 19 ; Jacques iii. 1) ; et on peut conclure de 1 Cor. xiv. 34 que c’était aussi la pratique dans les congrégations païennes et chrétiennes. L’apparente contradiction de l’interdiction faite aux femmes en tant que telles de parler, alors que dans 1 Cor. xi. 5 il semble qu’il soit permis, ne peut s’expliquer qu’en supposant que, dans le passage dont il est question de la femme dont il est question de prier ou de prophétiser, c’est prier dans une extase, c’est-à-dire parler en langues (1 Cor. xiv. 13-15), ou prononcer des annonces prophétiques, comme les filles de Philippe (Actes, XXI, 9), et que la permission ne s’applique qu’à de tels cas, dont le caractère exceptionnel, ainsi que leur caractère temporaire, en tant que dons charismatiques et miraculeux, empêcheraient qu’ils ne servent de précédents pour les femmes qui s’engagent dans un discours public régulier (1 Thess. v. 19). Dans 1 Cor. xiv. 24 Les ἰδιῶται (synonymes de ἀμύητοι dans les statuts des associations religieuses helléniques) sont mentionnés comme admis avec les ἀπίστοι aux offices didactiques, et, selon le v. 16, ils avaient une place qui leur était assignée séparément de la congrégation proprement dite. Nous sommes ainsi amenés à voir en eux les croyants non initiés ou non encore baptisés, c’est-à-dire les catéchumènes. — La partie sacramentelle de l’office, dont la séparation d’avec la partie didactique a été rendue nécessaire à cause de sa nature et de son but, et se trouve donc dans les églises pauliniennes aussi bien que dans l’église de Jérusalem. était scrupuleusement restreint dans son observance, dans les églises juives et païennes, à ceux qui étaient dans la pleine communion de l’église chrétienne (Actes ii. 46 ; 1 Corinthiens xi. 20-23). La célébration de la Cène du Seigneur (δεῖπνον κυριακόν, 1 Cor. xi. 21), selon le modèle du repas de l’institution, consistant en un repas pris en commun, accompagné d’une prièreLe chant d’un hymne, qui plus tard fut appelé Ἀγάπη, comme l’expression de l’amour fraternel (Jude v. 12), était le centre et la fin de ces offices du soir. Les éléments de la Cène du Seigneur étaient consacrés à leur but sacramentel par une prière de louange et d’action de grâce (εὐχαριστία, 1 Cor. xi. 24 ; ou εὐλογία, 1 Cor. x. 16), ainsi qu’une récitation des paroles de l’institution qui contenaient une proclamation de la mort du Christ (1 Cor. xi. 26). Cette prière a été suivie d’un baiser fraternel.10 Dans le service du chant, ils utilisaient en apparence, outre les psaumes, des hymnes chrétiens et des doxologies (Eph. v. 19 ; Col. iii. 16).11―Le Les services homilétiques et eucharistiques ont d’abord été célébrés tous les jours ; à une période ultérieure au moins tous les dimanches.12 En effet, très bientôt, à côté du sabbat et parmi les chrétiens païens, au lieu de celui-ci, le premier jour de la semaine, comme le jour de la résurrection du Christ, commença à être observé comme une fête.13 Mais il n’y a encore aucune trace de l’observance d’autres fêtes. Il n’est pas possible de prouver avec précision que le baptême des enfants ait été une pratique apostolique, mais il n’est pas improbable qu’il en ait été ainsi.14 Le baptême était administré par immersion complète (Actes VIII, 38) au nom du Christ ou de la Trinité (Matt. xxviii. 19). Le charisme de la guérison des malades s’exerçait par la prière et l’onction d’huile (Jacques v. 14). D’autre part, la confession des péchés, même en dehors du service public, était recommandée (Jacques v. 16). Communication charismatique de l’Esprit et admission à la charge dans l’Église15 s’accomplissait par la prière et l’imposition des mains.16
17.8. Vie chrétienne et discipline ecclésiastique. — Conformément au commandement du Seigneur (Jean, XIII, 34), l’amour fraternel, en opposition à l’égoïsme de la vie naturelle, était le principe de la vie chrétienne. La puissance de l’amour juvénile, favorisée par l’attente répandue du retour rapide du Seigneur, s’efforça d’abord de trouver une expression appropriée dans l’Église mère de Jérusalem par la résolution volontaire d’avoir leurs biens en commun, effort qui, sans préjudice de son importance spirituelle, se révéla bientôt impraticable. D’autre part, les églises païennes aisées prouvèrent leur amour fraternel par des collectes pour ceux qui étaient pauvres à l’origine, et spécialement pour l’église de Jérusalem qui avait souffert du malheur particulier de la famine. Les trois fléaux moraux invétérés de l’ancien monde, le mépris des nationalités étrangères, l’avilissement de la femme et l’esclavage, ont été vaincus, selon Gal., 3, 28, par une élévation graduelle du sentiment intérieur, sans aucune lutte violente contre les lois et les coutumes existantes, et la conscience de l’appartenance commune à l’unique tête dans le ciel a sanctifié toutes les relations de la vie terrestre. Même à l’époque apostolique, le miroir lumineux de la pureté chrétienne était sans doute obscurci par des taches de rouille. L’hypocrisie (Actes v.) et la variance (Actes VI) dans des cas isolés sont apparues très tôt dans l’Église mère ; mais le premier fut puni d’un jugement terriblement sévère, le second fut vaincu par l’amour et la douce raison. Dans les riches églises païennes, telles que celles de Corinthe et de Thessalonique, un esprit mondain sous forme de volupté, d’égoïsme, d’orgueil, etc., a fait son apparition, mais a été ici aussi déraciné par l’exhortation apostolique et la discipline. Si quelqu’un causait un scandale public en s’écartant sérieusement de la vraie doctrine ou de la conduite chrétienne, et qu’en dépit des conseils pastoraux persistait dans son erreur, il était chassé par le jugement de l’Église, mais le pénitent était reçu de nouveau après que sa sincérité avait été prouvée (1 Cor. v. 1 ; 2 Cor. ii. 5).
Lorsque le christianisme commença sa carrière de conquête du monde par la prédication de l’apôtre Paul, les représentants de la culture intellectuelle de l’ancien monde adoptèrent à son égard une attitude d’indifférence totale, ou d’hostilité vive, ou de promptitude à accepter des éléments chrétiens, tout en conservant avec eux beaucoup de leurs anciennes notions. De ce mélange d’éléments hétérogènes naquit une fermentation qui fut la mère féconde de nombreuses hérésies.
18.1. Le christianisme juif et le concile des apôtres. — Le Seigneur avait commandé aux disciples de prêcher l’Évangile à toutes les nations (Matt. XXVIII. 19), et ainsi ils ne pouvaient douter que le monde païen tout entier ne fût appelé à recevoir l’héritage de l’Église ; mais se sentant liés par les déclarations de l’Ancien Testament concernant la validité éternelle de la loi de Moïse, et n’ayant pas encore pénétré toute la signification de la parole de Christ (Marc v. 17), ils pensaient que l’incorporation au judaïsme par la circoncision était encore une condition indispensable pour être reçus dans le royaume de Christ. L’helléniste Étienne représentait une tendance plus libérale (Actes, VI, 14) ; et Philippe, également helléniste, prêchait au moins occasionnellement aux Samaritains, et les apôtres reconnurent son œuvre en faisant descendre Pierre et Jean (Actes VIII, 14). D’autre part, il fallait une révélation divine immédiate pour convaincre Pierre qu’un païen assoiffé de salut était tout aussi apte au royaume de Dieu (Actes x). Et même cette révélation resta sans influence décisive sur l’entreprise missionnaire proprement dite. C’étaient des Juifs hellénistiques qui prirent finalement l’audace de se consacrer sans réserve à la conversion des Gentils à Antioche (Actes XI, 19). Pour y favoriser le mouvement, les Apôtres envoyèrent Barnabé, qui y entra de toute son âme, et s’associa en Paul un ouvrier encore plus capable. Après que le succès notable de leur premier voyage missionnaire eut justifié leur revendication et leur appel en tant qu’apôtres des Gentils, l’arrivée de zélotes juifs dans l’église d’Antioche provoqua l’envoi de Paul et de Barnabas à Jérusalem, vers l’an prochain. 51, afin de régler enfin cet important différend. Au cours d’un concile des Apôtres qui s’y réunissait, Pierre et Jacques le Juste décidèrent que les convertis païens n’étaient tenus d’observer que certaines restrictions légales, et celles-ci, comme il semble d’après les conditions posées (Actes, XV, 20), d’un genre semblable à celles imposées aux prosélytes de la porte. Un arrangement conclu à cette époque entre les deux apôtres d’Antioche et Pierre, Jacques et Jean, conduisit à la reconnaissance des premiers comme apôtres des Gentils et des seconds comme apôtres des Juifs (Gal. ii. 1-10). Néanmoins, au cours d’une visite à Antioche, Pierre s’exposa à la censure pour incohérence pratique et faible connivence avec le fanatisme de certains chrétiens juifs, et dut se faire dire la vérité à ce sujet très clairement par Paul (Gal. ii, 11-14). La destruction du temple et la cessation conséquente de l’ensemble du culte juif ont conduit à la disparition progressive du christianisme juif non sectaire et à son amalgame avec le christianisme païen. Le reste du judaïsme, qui, encore dans l’état altéré des choses, continuait à s’accrocher à ses principes et à sa pratique, prit de plus en plus le caractère d’une secte et dériva dans une hérésie ouverte. (Comp. 28).
18.2. La base apostolique de la doctrine. — La nécessité de fixer les récits apostoliquement accrédités de la vie du Rédempteur par des documents écrits, a conduit à l’origine des Évangiles. Le lien continu des apôtres missionnaires avec les Églises qu’ils ont fondées, ou même leur autorité de surintendance générale, a suscité les épîtres doctrinales apostoliques. Un début de collecte et de diffusion générale des écrits du Nouveau Testament s’est fait à une date précoce par la communication de ceux-ci faite par une église à une autre (Col. iv. 16). Il n’y avait pas encore de confession de foi comme norme d’orthodoxie, mais la voie a été préparée en adoptant Matt. XXVIII. 19 comme confession par les candidats au baptême. Paul a établi la justification par la foi seule (Gal. i. 8, 9), et Jean, l’incarnation de Dieu en Christ (1 Jean iv. 3), comme des éléments indispensables dans une confession chrétienne.
18.3 Faux enseignants. — Le premier ennemi que le christianisme eut à affronter fut le judaïsme pharisaïque ordinaire avec sa doctrine traditionnelle stéréotypée, sa justice sans vie, ses préjugés nationaux déraisonnables et ses attentes messianiques perverses et charnelles. Son shibboleth était l’obligation pour les païens d’observer la loi cérémonielle mosaïque, le sabbat, les règles concernant les viandes, la circoncision, comme condition indispensable du salut. Cette tendance a son origine dans l’Église mère de Jérusalem, mais elle y a été très tôt condamnée par le Concile apostolique. Ce parti n’en poursuivait pas moins l’apôtre Paul sur tous les points avec une inimitié amère et de viles calomnies. On peut peut-être déjà trouver des traces d’une manifestation d’un esprit sadducéen ou sceptique dans la négation de la résurrection qui, dans 1 Cor. Paul s’y oppose. D’autre part, très tôt, la philosophie grecque s’est confondue avec le christianisme. Apollos, juif d’Alexandrie philosophe cultivé, avait d’abord conçu le christianisme du côté spéculatif, et l’avait prêché sous cette forme avec éloquence et succès à Corinthe. Paul n’a pas contesté l’admissibilité de ce mode de traitement. Il s’en remet au verdict de l’histoire (1 Corinthiens III, 11-14) et met en garde contre une surestimation de la sagesse humaine (1 Corinthiens II, 1-10). Parmi beaucoup de chercheurs de sagesse à Corinthe, si peu que cela ait été voulu par Apollos, la simple prédication positive de Paul perdit pour cela la faveur dont elle avait joui auparavant. C’est peut-être là que l’on trouve les premiers commencements de cette faction quadruple du parti qui s’éleva dans l’église de Corinthe (1 Cor. I). Les judaïstes firent appel à l’autorité de l’apôtre Pierre (οἱ τοῦ Κηφᾶ) ; les chrétiens païens étaient divisés en partis d’Apollos et de Paul, ou par l’adoption du nom orgueilleux de οἱ τοῦ ριστοῦ, cherchaient à se libérer de la reconnaissance de toute autorité apostolique. Paul s’oppose avec succès à ces divisions dans son épître aux Corinthiens. L’appréhension d’une croissance menacée d’enseignants gnostiques est d’abord exprimée dans les discours d’adieu de l’apôtre Paul aux anciens d’Asie Mineure (Actes, XX, 29) ; et dans l’épître aux Colossiens, ainsi que dans les épîtres pastorales, ce ψευδώνυμος γνῶσις est expressément opposé comme se manifestant dans l’adoption de la théosophie, de la magie et de la théurgie orientales, dans une ascèse arbitraire qui interdisait le mariage et restreignait l’usage de la nourriture, dans une connaissance secrète imaginaire de la nature et de l’ordre des puissances et des esprits célestes, et la volatilisation idéaliste des doctrines chrétiennes concrètes, comme celle de la résurrection (2 Tim. ii. 18). Dans la première épître de Jean, encore, cette forme spéciale de la Gnose est signalée qui niait l’incarnation de Dieu en Christ au moyen de conceptions docétiques ; et dans la deuxième épître de Pierre, ainsi que dans l’épître de Jude, nous avons l’attention attirée sur les excroissances antinomiques, l’immoralité effrénée et la luxure gratuite dans le développement des vues magiques et théurgiques. Il ne faut cependant pas oublier que la critique moderne a, pour de nombreux motifs, contesté l’authenticité des écrits du Nouveau Testament que nous venons de nommer, et qu’elle a attribué la première apparition de la gnose hérétique au commencement du deuxième siècle. Les Nicolaïtes de l’Apocalypse (III. 5, 14, 15, 20) semblent avoir été une secte antinomique d’origine chrétienne païenne, répandue plus ou moins dans les églises d’Asie Mineure, peut-être sans aucun arrière-plan gnostique, qui, en opposition directe et intentionnelle à la décision du Concile apostolique (Actes xv. 29), a pris part à des fêtes sacrificielles païennes (comp. 1 Cor. x.), et justifié ou du moins excusé pour l’impureté charnelle.
Au tout début de l’ère apostolique, l’esprit universaliste du christianisme avait déjà brisé les limites particularistes du judaïsme. Une fois que la vérité substantielle du salut divin se fut débarrassée de l’enveloppe judaïste dans laquelle le noyau avait mûri, les éléments de culture qui étaient arrivés à maturité dans le monde gréco-romain furent utilisés comme moyens de donner aux idées chrétiennes une expression plus complète et plus claire. La tâche à entreprendre maintenant était le développement du christianisme sur le modèle de la culture gréco-romaine, ou l’expansion de l’apostolicité de l’Église dans la catholicité. L’ancienne Église du monde romain et byzantin s’est acquittée de cette tâche, mais ce faisant, le solide développement catholique évangélique a rencontré à chaque instant des éléments d’un catholicisme faux, parce que non évangélique. Le centre de tous les mouvements de l’histoire de l’Église se trouve donc dans l’empire teutono-romain-slave. L’Église romaine conserva et augmenta son importance en s’attachant à ce nouvel empire, et en entreprenant sa formation et son éducation spirituelles. D’autre part, l’Église byzantine, tombant dans un état de stagnation intérieure, et pressée de l’extérieur par les forces de l’Islam, tombe en décadence en tant qu’Église nationale.
L’histoire de cette première étape du développement de l’Église se divise en trois périodes. La première période remonte jusqu’à Constantin le Grand, qui, en apr. J.-C. 323, assura au christianisme et à l’église une victoire finale sur le paganisme. La deuxième période nous ramène à la fin de l’élaboration catholique ou œcuménique universelle de la doctrine à laquelle l’Église est parvenue sous sa vieille forme classique de culture, c’est-à-dire à la fin de la controverse monothélite (52, 8). par le sixième concile œcuménique à Constantinople en apr. J.-C. Débloquer le niveau 680. Mais dans la mesure où le Concilium quini-sextum de l’apr. J.-C. 692 entreprit simplement l’achèvement des travaux des deux synodes œcuméniques précédents en ce qui concerne la constitution et le culte de l’Église, et comme ici les premières bases furent posées pour la grande division de l’Église en Orient et en Occident (63, 2), nous préférons faire A.D. 692 la limite de clôture de la deuxième période. La conclusion de la troisième période se trouve dans le renversement de Constantinople par les Turcs en J.-C. Débloquer 1453. Les deux premières périodes se distinguent évidemment l’une de l’autre en ce qui concerne l’état extérieur de l’Église. Avant l’époque de Constantin, il vit et développe sa force au milieu de l’oppression et de la persécution de l’État païen ; sous Constantin, l’État lui-même devient chrétien et l’Église jouit de tous les avantages, de tous les soins et de tous les progrès que la protection terrestre peut offrir. Parallèlement à toute cette splendeur mondaine, cependant, un tempérament mondain fait son chemin dans l’Église, et en échange de sa protection de l’Église, l’État assume une seigneurie autocratique sur elle. Même dans le développement intérieur et éminemment doctrinal de l’Église, les deux périodes de cet âge sont essentiellement distinguées l’une de l’autre. Alors que l’Église s’efforçait de n’adopter que les formes de culture de l’ancien paganisme, tout en rejetant sa substance impie, il arrivait trop souvent que les idées païennes se mêlaient au christianisme, et qu’elle était menacée d’un danger similaire du côté du judaïsme. C’était donc la tâche spéciale de l’Église, au cours de la première période, de résister à l’empiétement des éléments juifs et païens antichrétiens. Dans la première période, le perfectionnement de son propre contenu doctrinal authentiquement chrétien était encore une question purement subjective, ne reposant que sur l’autorité personnelle des docteurs de l’Église particulière. Dans la deuxième période, en revanche, l’Église universelle, représentée par des synodes œcuméniques pleins de pouvoirs, procède à l’établissement et à l’établissement d’un système de doctrine objective-ecclésiastique, œcuménique-catholique, constituant un développement intégral de la vérité en opposition au développement unilatéral de l’enseignement hérétique subjectif. Mais ce faisant, la culture de l’ancien monde gréco-romain a épuisé ses forces. Le degré de développement qu’ils étaient capables de fournir à l’Église était maintenant achevé, et son avenir devait être recherché parmi les nouvelles nationalités d’origine teutonique, romane et slave. Tandis que l’empire byzantin, et avec lui la gloire de l’ancienne église d’Orient, était pressé et menacé par l’Islam, un nouvel empire s’élevait en Occident dans une vigueur juvénile et devenait l’organe d’une nouvelle phase de développement dans l’histoire de l’église ; unTandis que l’Église d’Occident luttait après un point nouveau et plus élevé de son développement, l’Église d’Orient s’enfonçait de plus en plus profondément sous l’oppression extérieure et la faiblesse intérieure. La division de l’Église en une division orientale et une division occidentale, qui devint imminente à la fin de la deuxième période, et qui s’accomplit effectivement au cours de la troisième période, coupa l’Église d’Orient de l’influence de ces nouvelles forces vitales, politiques aussi bien qu’ecclésiastiques, et qu’elle aurait pu autrement, peut-être, ont partagé avec l’Occident. Par le renversement de l’empire romain d’Orient, le dernier soutien de sa splendeur et même de son activité vitale lui fut enlevé. Ici aussi s’achève l’histoire de l’Église dans la lignée des formes classiques purement antiques de la culture. Les restes de l’Église d’Orient n’étaient plus capables d’un développement historique vivant sous l’oppression de la domination turque.
De même que l’histoire des débuts de l’Église a été traitée par nous sous deux divisions, de même la première période de l’histoire de son développement peut être divisée de la même manière en l’âge post-apostolique, qui s’étend jusqu’au milieu du deuxième siècle, et l’âge de l’Église vieille-catholique, qui se termine avec l’établissement de l’Église sous et par Constantin. et à ce moment-là passe à l’âge de l’Église œcuménique catholique ou de l’Église impériale byzantine-romaine. — Comme l’âge post-apostolique a été occupé à s’efforcer de s’approprier et de posséder d’une manière plus complète et plus vigoureuse les vérités salvatrices transmises par les Apôtres, et présente comme le résultat de ses luttes, de ses erreurs et de ses victoires, l’Église vieille-catholique comme une unité, Solidement liée de l’intérieur, strictement libre de toute contrainte de l’extérieur, l’Église vieille-catholique s’avance vers de nouveaux conflits, de nouveaux échecs et de nouveaux succès, au moyen desquels les bases sont jetées pour son perfectionnement futur par son établissement par l’État dans l’Église impériale œcuménique catholique.20
20.1. L’âge post-apostolique. — Le péril auquel l’Église a été exposée par l’introduction d’éléments judaïstes et païens avec ses nouveaux convertis a été beaucoup plus grave non seulement que l’esprit juif de persécution, écrasé comme il l’était dans l’impuissance par le renversement de l’indépendance nationale juive, mais aussi que la persécution du paganisme anti-chrétien qui, à cette époque, n’était engagée que sporadiquement. Ce péril était d’autant plus menaçant que l’Église occupait une époque particulière. Depuis la suppression de la direction personnelle des Apôtres, ce contrôle a fait défaut, ce qui n’a été repris qu’à une époque ultérieure par l’établissement d’un canon du Nouveau Testament et l’établissement d’une règle normative de foi, ainsi que par la formation d’une constitution hiérarchique et épiscopale. Dans tous les conflits qui occupèrent cette époque, le premier et le principal point fut donc de préserver l’intégrité et la pureté du christianisme apostolique traditionnel contre les idées juives et païennes antichrétiennes que les nouveaux convertis s’efforçaient d’y importer de leur vie religieuse antérieure. Ces idées judaïques ainsi importées donnèrent naissance à l’ébionisme ; ces idées païennes ont donné naissance au gnosticisme (26-28). Et de même que le christianisme païen paulinien, dans la mesure où il a été embrassé sous cette période (30, 2), Il a remporté la victoire sur le christianisme juif modéré et non hérétique, celui-ci s’est de plus en plus assimilé au premier et y est progressivement passé (28, 1). Ajoutez à cela le besoin, de plus en plus pressant, de passer au crible la littérature chrétienne primitive qui n’était pas encore uniformément reconnue et qui était passée à l’usage ecclésiastique (36, 7, 8) par l’établissement d’un canon du Nouveau Testament ; c’est-à-dire la nécessité d’un recueil d’écrits admis comme étant d’origine apostolique pour occuper désormais le premier rang comme étalon et fondement pour les besoins de l’enseignement et du culte, et pour former un rempart contre le flot de pseudépigraphes hérétiques et non hérétiques qui menaçaient la pureté de la doctrine (32). De plus, la nécessité non moins pressante de la construction d’une règle de foi universellement valable ( 35, 2), comme un lien intellectuel d’union et une marque de reconnaissance pour toutes les églises et tous les croyants dispersés sur la surface de la terre. D’autre part, dans la victoire de l’épiscopat sur le presbytérianisme et dans l’introduction d’une constitution synodale pour le conseil et la résolution, la première étape de la formation d’une organisation hiérarchique a été atteinte (34). Enfin, la dernière action dissolvante de cette époque fut la suppression de l’esprit prophétique fanatique et de l’esprit rigoriste fanatique, qui, atteignant son apogée dans le montanisme, s’opposait principalement à la tendance qui apparaissait déjà de plusieurs côtés à atténuer la sévérité inébranlable de la discipline ecclésiastique, à apporter des modifications à la constitution, à la vie et à la conversation conformément aux coutumes sociales du monde. et de s’installer, par mépris du prompt retour du Seigneur, si confiant dans les premiers chrétiens, dans une satisfaction facile dans la jouissance des biens terrestres (40, 5).
20.2. L’âge de l’Église vieille-catholique. — La désignation de l’Église chrétienne universelle comme catholique date de l’époque d’Irénée, c’est-à-dire du commencement de cette seconde partie de notre première période. Ce nom caractérise l’Église comme celle qui s’est universellement répandue et reconnue depuis l’époque des Apôtres, et stigmatise ainsi toute opposition à l’Église unique qui seule repose sur le fondement sûr de l’Écriture sainte et de la pure tradition apostolique, comme appartenant aux multiples sectes particularistes hérétiques et schismatiques. L’Église de cette époque particulière, cependant, a été désignée comme l’Église vieille-catholique, par opposition à l’Église œcuménique catholique de la période suivante, ainsi qu’aux Églises catholique romaine et grecque-catholique, en lesquelles l’Église œcuménique catholique a ensuite été divisée.
Au début de cet âge, l’ébionisme hérétique aussi bien que l’ébionisme non hérétique peut être considéré comme virtuellement supprimé, bien que l’on puisse encore en trouver quelques maigres vestiges. La période la plus brillante du gnosticisme, aussi, lorsque le danger le plus grave du paganisme au sein de la pâleur chrétienne sous la forme de la théosophie et de la mystérosophie helléniques et syro-chaldaïques menaçait l’Église, était déjà passée. Mais dans le manichéisme ( 29) Il apparut, au cours de la seconde moitié du IIIe siècle, un nouveau péril d’un genre non moins menaçant, inspiré par le parséisme et le bouddhisme, auquel l’Église, sur le terrain des bases solides déjà posées, put résister avec des armes puissantes. D’autre part, l’élément païen au sein de l’église s’affirmait de plus en plus résolument (39, 6) par l’intrusion de la superstition magico-théurgique dans la doctrine catholique de l’efficacité des sacrements et des actes sacramentels de l’Église (58). Mais maintenant aussi, avec Marc Aurèle, le paganisme en dehors du christianisme tel qu’il s’incarne dans l’État romain, commence la guerre d’extermination contre l’Église qui étendait de plus en plus ses frontières. Une telle manifestation d’hostilité, cependant, n’a pas été en mesure de soumettre l’Église, mais a plutôt conduit, sous et par Constantin le Grand, à la christianisation de l’État et à l’établissement de l’Église. Dans le même temps, l’organisation épiscopale et synodale-hiérarchique de l’Église s’est développée plus complètement par l’introduction d’un ordre de métropolites, puis dans la période suivante, elle a atteint son apogée dans la pentarchie oligarchique des patriarches (46, 1). et dans l’institution des synodes œcuméniques (43, 2). Par la condamnation et l’expulsion du montanisme, dans lequel le développement intérieur de l’âge post-apostolique a atteint sa conclusion spéciale et distinctive, l’effort pour naturaliser le christianisme parmi les coutumes sociales de la vie mondaine a certainement été légitimé par l’Église, et pouvait maintenant être mené sans restriction d’une manière plus large et plus complète. Dans les controverses trinitaires aussi, dans lesquelles se sont engagés plusieurs théologiens éminents, le premier pas a été fait dans l’élaboration œcuménique et ecclésiastique de la doctrine qui a occupé et dominé toute la période suivante (49-52).
20.3. Le point de transition d’un âge à l’autre peut sans hésitation être fixé à l’A.D. Débloquer le niveau 170. Voici les données les plus importantes à cet égard. La mort d’environ J.-C. 165 de Justin Martyr, qui marque le point culminant atteint dans l’âge post-apostolique, et forme aussi la transition vers l’âge vieux-catholique, et Irénée, florissant quelque part vers l’âge après J.-C. 170, qui fut le véritable inaugurateur de ce dernier âge. En outre, nous arrivons aux débuts des controverses trinitaires vers l’an 170. Finalement, le rejet du montanisme de l’Église catholique universelle s’effectua vers l’an 170 au moyen de l’institution synodale appelée à l’existence dans ce but précis.
Au milieu de toutes les persécutions que l’Église eut à subir pendant cette période, elle se répandit à pas rapides dans tout l’empire romain, et même bien au-delà de ses limites. Édesse, capitale du royaume d’Osrhoëne en Mésopotamie, avait, dès J.-C. 170, un prince chrétien, nommé Abgar Bar Maanu, dont les monnaies furent les premières à porter le signe de la croix. Nous voyons le christianisme prendre pied en même temps en Perse, en Médie, en Bactriane et en Parthie. Au IIIe siècle, on trouve des traces de sa présence en Arménie. Paul lui-même se rendit en Arabie (Gal. i. 17). Au IIIe siècle, Origène reçut une invitation d’un ἡγούμενος τῆς Ἀραβίας, qui souhaitait recevoir des informations sur le christianisme. Une autre fois, il accepta un appel de ce pays pour régler un différend ecclésiastique (33, 6). D’Alexandrie, où Marc avait exercé son ministère, la foi chrétienne se répandit dans d’autres parties de l’Afrique, à Cyrène et parmi les races coptes, voisines des Égyptiens proprement dits. L’Église de l’Afrique proconsulaire, avec Carthage pour capitale, était en relation étroite avec Rome. La Maurétanie et la Numidie avaient, même au IIIe siècle, tant d’Églises, que Cyprien put réunir à Carthage un synode de quatre-vingt-sept évêques. En Gaule, il y avait plusieurs églises florissantes composées de colonies et de docteurs d’Asie Mineure, comme les églises de Lyon, de Vienne, etc. Plus tard, sept missionnaires enseignants de la foi chrétienne sortirent d’Italie pour se rendre en Gaule, parmi lesquels se trouvait Denys, connu sous le nom de saint Denis, le fondateur de l’église de Paris. Les colonies romaines des provinces du Rhin et du Danube comptaient plusieurs congrégations florissantes dès le IIIe siècle.
La vacuité et la corruption du paganisme étaient le négatif, la puissance divine de l’Évangile était le positif, le moyen de cette merveilleuse extension. Cette puissance divine s’est manifestée dans le zèle et l’abnégation des enseignants et des missionnaires chrétiens (34, 1). dans la vie et la marche des chrétiens, dans l’amour fraternel qu’ils ont montré, dans la fermeté et la confiance de leur foi, et surtout dans la joie avec laquelle ils ont affronté la plus cruelle des morts par le martyre. Le sang des martyrs était la semence de l’Église, et ce n’était pas une circonstance inouïe que les bourreaux de ces témoins chrétiens devinrent leurs successeurs dans la noble armée des confesseurs.
La loi des Douze Tables avait déjà interdit l’exercice de cultes étrangers dans l’empire romain (Religiones peregrinæ, Collegia illicita), car la religion était exclusivement une affaire d’État et entrait le plus intimement dans toutes les relations civiles et municipales, et c’est pourquoi tout ce qui menaçait la religion nationale était considéré comme mettant nécessairement en péril l’État lui-même. Des considérations politiques, cependant, ont conduit à accorder aux nations conquises le libre usage de leurs propres formes de culte. Cette concession n’aida pas matériellement le christianisme après qu’il eut cessé, au temps de Néron, d’être régulièrement confondu par les autorités romaines avec le judaïsme, comme cela avait été le cas au temps de Claude, et que le judaïsme, après la destruction de Jérusalem, en eut été nettement distingué. Il proclama publiquement son intention de déloger complètement toutes les autres religions, et la rapidité avec laquelle il se répandit montra avec quelle énergie ses intentions furent exécutées. L’étroite camaraderie et la fraternité qui régnaient parmi les chrétiens, ainsi que leurs assemblées exclusives et, en temps de persécution, même secrètes, éveillaient le soupçon qu’ils avaient des tendances politiques. Leur retrait des services civils et militaires à cause des cérémonies païennes qui s’y rattachaient, en particulier leur refus de brûler de l’encens devant les statues de l’empereur, ainsi que la fermeté de leur foi, qui était à l’épreuve de toute violence et de toute persuasion, leur retrait du monde, etc., étaient considérés comme des preuves de leur indifférence ou de leur hostilité au bien-être général de l’État. comme une raideur invincible, comme la contumace, la sédition et la haute trahison. La populace païenne voyait dans les chrétiens les ennemis sacrilèges et les mépriseurs de leurs dieux ; et la religion chrétienne, qui était sans temples, sans autels et sans sacrifices, leur paraissait un pur athéisme. Les calomnies les plus horribles, que dans leurs assemblées (Agapæ) les immoralités les plus viles ont été pratiquées (Concubitus Œdipodei), que des enfants ont été tués et que la chair humaine a été mangée (Epulæ Thyesteæ, comp. 36, 5), ont été facilement crus. Tous les malheurs publics étaient ainsi attribués à la colère des dieux contre les chrétiens, qui les traitaient avec mépris. Non pluit Deus, duc ad Christianos ! Les prêtres païens aussi, les serviteurs du temple et les faiseurs d’images étaient toujours prêts, dans leur intérêt commun, à éveiller les soupçons du peuple. Dans de telles circonstances, il n’y a pas lieu de s’étonner que le feu de la persécution de la part du peuple païen et de l’État païen ait continué à faire rage pendant des siècles.
22.1. Claude, Néron et Domitien. — À propos de l’empereur Tibère (apr. J.-C. 14-37), nous rencontrons chez Tertullien la tradition sans aucun doute, selon laquelle, impressionné par l’histoire que lui racontait Pilate, il proposa au Sénat d’introduire le Christ parmi les dieux, et sur le rejet de cette proposition, menaça les accusateurs des chrétiens d’un châtiment. La déclaration dans Actes xviii. 2, que l’empereur Claude (A.D. 41-54) expulsé de Rome tous les Juifs et avec eux de nombreux chrétiens, est illustré d’une manière très circonstancielle par Suétone : Claudius Judæos impulsore Chresto assidue tumultuantes Roma expulit. Les tumultes entre les Juifs et les Chrétiens, qui eurent lieu vers l’an 51 ou 52, donnèrent lieu à ce décret. La première persécution des chrétiens par un souverain romain, dirigée contre les chrétiens en tant que tels, a été perpétrée par l’empereur Néron (A.D. 54-68) en l’an 64, à la suite d’une conflagration de neuf jours à Rome, dont l’origine était communément attribuée par le peuple à l’empereur lui-même. Néron, cependant, rejeta la faute sur les chrétiens haïs, et leur fit subir les cruautés les plus ingénieusement conçues. Cousus dans des peaux d’animaux sauvages, ils étaient jetés dehors pour être dévorés par les chiens ; d’autres étaient crucifiés, ou enveloppés et enduits de poix, ils étaient fixés sur des pointes acérées dans les jardins impériaux où le peuple se réunissait pour contempler de magnifiques spectacles, et y mettaient le feu pour éclairer la nuit (Tac., Ann., xv. 44). Après la mort de Néron, la légende se répandit parmi les chrétiens, qu’il n’était pas mort, mais qu’il s’était retiré au-delà de l’Euphrate, pour revenir bientôt en tant qu’Antéchrist. La persécution de Néron semble s’être limitée à Rome, et avoir pris fin avec sa mort. 81-96) que les chrétiens ont été pour la première fois soumis à la confiscation de leurs biens et au bannissement pour impiété ou refus de se conformer à la religion nationale. Probablement aussi, l’exécution de son propre cousin, le consul Flavius Clemens [Clément], à cause de son ἀθεότης et de son ἐξοκέλλειν εἰς τὰ τῶν Ἰουδαίων ἔθη (Dion Cass., lxvii. 14), ainsi que le bannissement de la femme de Clément, Flavia Domitilla (A.D. 93), c’était vraiment à cause de leur attachement à la foi chrétienne ( 30, 3). Ce dernier, du moins, est prouvé par deux inscriptions dans les catacombes qu’il était indubitablement chrétien. Domitien insista pour avoir des renseignements sur la signification politique du royaume du Christ, et amena de Palestine à Rome deux parents de Jésus, petits-fils de Jude, le frère du Seigneur, mais leurs mains excitées par le travail le convainquirent que ses soupçons n’étaient pas fondés. L’empereur philanthrope Nerva (A.D. 96-98) rappelait les exilés et n’écoutait pas ceux qui criaient amèrement contre les chrétiens, mais le christianisme continuait après aussi bien qu’avant une religo illicita, ou plutôt était maintenant considéré comme tel, après qu’il eut été plus nettement séparé du judaïsme.23
22.2. Trajan et Hadrien.—Avec Trajan (A.D. 98-117), que les historiens décrivent à juste titre comme un souverain juste, sérieux et doux, les persécutions des chrétiens entrent dans une nouvelle phase. Il renouvela l’ancienne prohibition stricte des sociétés secrètes, hetæræ, qui pouvait facilement s’appliquer aux chrétiens. En conséquence de cette loi, Pline le jeune, en tant que gouverneur de Bithynie, punissait de mort ceux qui étaient accusés comme chrétiens, s’ils n’abjuraient pas le christianisme. Mais ses doutes ayant été éveillés par le grand nombre de personnes de tous les rangs et de tous les âges et des deux sexes contre lesquelles des accusations étaient portées, et à la suite d’un examen minutieux, qui montra que les chrétiens étaient moralement purs et politiquement indignes de soupçon et qu’ils n’étaient coupables que d’un attachement obstiné à leur superstition, il demanda des instructions précises à l’empereur. Trajan approuva ce qu’il avait fait et ce qu’il proposait ; les chrétiens ne devaient pas être recherchés et les accusations anonymes ne devaient pas être prises en considération, mais ceux qui étaient formellement plaints et condamnés, s’ils refusaient obstinément de sacrifier aux dieux et de brûler de l’encens devant les statues de l’empereur devaient être punis de mort (A.D. 112). Ce rescrit impérial a longtemps maintenu la norme légale de la procédure judiciaire à l’égard des chrétiens. La persécution sous Trajan s’étendit même à la Syrie et à la Palestine. À Jérusalem, le vieil évêque Siméon, successeur de Jacques, accusé comme chrétien et descendant de David, après avoir été cruellement flagellé, mourut martyr sur la croix en l’an J.-C. Débloquer le niveau 107. Le martyre de l’évêque d’Antioche, Ignace, eut lieu, selon toute vraisemblance, sous le règne de Trajan (30, 5). Un édit de tolérance supposé avoir été publié à une époque ultérieure par Trajan, dont une copie existe en syriaque et en arménien, est maintenant prouvé comme apocryphe. 117-138), le peuple commença à procéder d’une manière tumultueuse à l’exécution des chrétiens à l’occasion des fêtes païennes. Sur la représentation du proconsul d’Asie, Serenius Granianus, Hadrien publia un rescrit adressé à son successeur, Minucius Fundanus, contre de tels actes de violence, mais les exécutions continuèrent toujours selon les formes de la loi. Cependant, l’authenticité du rescrit, tel qu’il a été donné à la fin de la première Apologie de Justin Martyr, a récemment été contestée par beaucoup. À Rome même, entre J.-C. 135 et apr. J.-C. En 137, l’évêque Télesphore, avec beaucoup d’autres chrétiens, tomba comme victime de la persécution. La tradition du IVe siècle, selon laquelle Hadrien voulait construire un temple au Christ, est totalement dépourvue de fondement historique. Ses dispositions défavorables envers les chrétiens apparaissent clairement par là, qu’il fit construire un temple de Vénus à l’endroit où le Christ fut crucifié, et une statue de Jupiter sur le rocher du sépulcre, afin de souiller les lieux que les chrétiens tenaient pour les plus sacrés.
22.3. Antonin le Pieux et Marc Aurèle. — Sous Antonin le Pieux (apr. J.-C. 138-161), les accusations tumultueuses du peuple contre les chrétiens, à cause des visites de peste en beaucoup d’endroits, furent renouvelées, mais l’empereur modérément disposé chercha à les protéger autant que possible de la violence. Cependant, le rescrit Ad Commune Asiæ, qui porte son nom, est très probablement d’auteur chrétien. 161-180) qui fut, à la fois en tant qu’homme et en tant que souverain, l’une des plus nobles figures de l’Antiquité. Cependant, dans l’orgueil de sa sagesse stoïque, méprisant totalement l’enthousiasme des chrétiens, non seulement il laissa libre cours à la haine populaire, mais il introduisit aussi le système de l’espionnage, donnant aux délateurs les biens confisqués des chrétiens, et permettant même l’usage de la torture, afin de les contraindre à se rétracter, et donna ainsi lieu à des triomphes sans exemple de l’héroïsme chrétien. À Rome, le noble apologiste Justin Martyr, dénoncé par son adversaire le philosophe Crescens, après une cruelle et sanglante flagellation, mourut sous la hache du bourreau vers l’an J.-C. 165 ( 30, 9).― Dans En ce qui concerne une persécution très sévère endurée par l’église de Smyrne, nous en possédons un rapport original envoyé par cette église à une église qui lui est étroitement liée, agrémenté de détails légendaires ou interpolé, qu’Eusèbe a incorporé dans son histoire de l’Église. La substance de celui-ci est une description de la mort glorieuse en martyr de leur vieil évêque Polycarpe (30, 6), qui, parce qu’il refusait de maudire le Seigneur qu’il avait servi pendant quatre-vingt-six ans, fut obligé de monter sur le bûcher funéraire, et tout en se réjouissant au milieu des flammes, reçut la couronne du martyre. Selon l’histoire, les flammes se rassemblèrent autour de lui comme une voile pleine de vent, et lorsqu’un soldat le perça de son épée, soudain une colombe blanche s’envola ; De plus, l’Esprit glorifié est également apparu à un membre de l’Église dans une vision, vêtu d’un vêtement blanc. Eusèbe situe la date de la mort de Polycarpe peu de temps avant J.-C. Débloquer le niveau 166. Mais comme il a été démontré par Waddington, sur la base d’un examen d’inscriptions récemment découvertes, que le proconsul d’Asie, Statius Quadratus, mentionné dans le rapport de l’église de Smyrne, n’occupait pas cette charge en J.-C. 166, mais en apr. J.-C. 155-156, les autorités les plus importantes en sont venues à considérer soit A.D. 155 ou apr. J.-C. 156 comme date de son martyre. Cependant, certains dont les opinions sont dignes de respect refusent d’accepter ce point de vue, soulignant l’absence de cette déclaration chronologique dans le rapport d’Eusèbe et son inconciliabilité avec les faits par ailleurs bien étayés, que Polycarpe était en visite à Rome en J.-C. 155 ( 37, 2), et que le calcul du jour de sa mort dans le rapport comme ὄντος σαββάτου μεγάλου conviendrait en effet à la Pâques de J.-C. 155, ainsi que celle d’A.D. 166, mais pas celle d’A.D. Débloquer le niveau 156.24 La légende de la Legio fulminatrix, que dans la guerre contre les Marcomanni en A.D. Les prières des soldats chrétiens de cette légion firent venir la pluie et le tonnerre, et sauvèrent ainsi l’empereur et son armée du danger de périr par la soif, après quoi cette loi modifiée contre les accusateurs des chrétiens fut publiée, a, en ce qui concerne la première partie, son fondement dans l’histoire, seulement que les païens, d’autre part, attribuèrent le miracle à leur prière à Jupiter Pluvius.25―En ce qui concerne la persécution de Lyon et de Vienne en J.-C. 177, nous possédons aussi un rapport contemporain de l’église chrétienne de ces lieux ( 32, 8). L’évêque Pothinus, dans sa quatre-vingt-dixième année, tomba sous les effets des tortures qu’il continua pendant plusieurs jours dans une prison répugnante. La jeune et tendre esclave Blandina fut flagellée, son corps brûlé sur une chaise de fer chauffée au rouge, ses membres déchirés par des bêtes sauvages et enfin sa vie ôtée ; mais, malgré toutes ses tortures, elle continuait à répéter sa joyeuse confession : « Je suis chrétienne et rien de méchant n’est toléré parmi nous. » Sous des agonies semblables, le jeune Pontique, dans sa quinzième année, fit preuve du même héroïsme. Les cadavres des martyrs furent entassés dans les rues, jusqu’à ce qu’enfin ils fussent brûlés et leurs cendres dispersées sur le Rhône. Commode (A.D. 180-192), le fils de Marc-Aurèle, qui, sous tous les autres rapports, était tout à fait déshonorant, influencé par sa maîtresse Marcia, se montra enclin, par l’exercice de sa clémence, à remettre les sentences des chrétiens. La persécution de Scillita dans l’Afrique du Nord, pendant la première année du règne de Commode, dans laquelle le martyr Spératus souffrit, avec onze compagnons, fut exécutée conformément à l’édit de Marc Aurèle.
22.4. Septime Sévère et Maximin Thrax.―Septime Sévère (A.D. 193-211), qu’un esclave chrétien, Proculus, avait guéri d’une maladie par l’onction d’huile, fut d’abord décidément favorable aux chrétiens. Même en A.D. Après son entrée triomphale à Rome, il les prit sous sa protection personnelle, lorsque la clameur populaire, qu’une telle fête était propre à exciter, s’éleva contre eux. De même, la persécution judiciaire qui, quelques années plus tard, apr. J.-C. 200, son adjoint en Afrique du Nord a poursuivi sa lutte contre les chrétiens sur la base des lois existantes parce qu’ils refusaient de sacrifier au génie de l’empereur, qu’il n’a peut-être pas pu empêcher. D’autre part, il l’a fait lui-même, en A.D. 202, publia un édit qui interdisait les conversions au judaïsme et au christianisme. La tempête de persécution ainsi excitée était donc dirigée d’abord et surtout contre les catéchumènes et les néophytes, mais souvent aussi, outrepassant la lettre de l’édit, elle se retourna contre les chrétiens plus anciens. La persécution semble s’être limitée à l’Égypte et à l’Afrique du Nord. À Alexandrie, Léonidas, le père d’Origène, fut décapité. L’esclave Potamiène, célébrée autant pour sa pureté morale que pour sa beauté, fut accusée par son maître, dont elle avait refusé de satisfaire les mauvaises passions, comme chrétienne, et fut livrée aux gladiateurs pour être maltraitée. Elle réussit cependant à se défendre contre la pollution, puis, avec sa mère Marcella, elle fut lentement plongée dans la poix bouillante. Le soldat, nommé Basilide, qui aurait dû exécuter lui-même la sentence, embrassa le christianisme et fut décapité. La persécution faisait rage avec autant de violence que de cruauté à Carthage. Une jeune femme d’une famille noble, Perpétue, dans sa vingt-deuxième année, malgré l’emprisonnement et les tortures, et bien que l’enfant dans ses bras et son père païen en pleurs appelassent l’affection de son cœur, resta fidèle à sa foi, et fut jetée pour être jetée sur les cornes d’une vache sauvage, et mourir du poignard d’un gladiateur. L’esclave Felicitas qui, dans la même prison, est devenue mère, a fait preuve du même courage au milieu de souffrances similaires. La persécution couva, tout au long du règne de Septime, se manifestant par des explosions sporadiques séparées, mais ne se renouvela pas sous son fils et successeur Caracalla (A.D. 211-217), qui, à d’autres égards, pendant son règne, souillé de cruautés multiples, fit peu d’honneur aux influences chrétiennes dont il avait été entouré dans sa première jeunesse (« lacte Christiano educatus », Tert.). ― Que le christianisme ait une place parmi les religions insensées favorisées par Élagabal ou Héliogabale (A.D. 218-222), était une absurdité qui lui assurait néanmoins la tolérance et la tranquillité. Sa seconde femme, Séverine ou Sévérité, à qui Hippolyte dédia son traité Περὶ ἀναστάσεως, fut la première impératrice amie des chrétiens. Alexandre Sévère (A.D. 222-235), embrassant un noble éclectisme, plaça parmi ses dieux domestiques l’image du Christ, ainsi que celles d’Abraham, d’Orphée et d’Apollonius de Tyane, et se montra bien disposé envers les chrétiens ; tandis qu’en même temps sa mère, Julia Mammæa, encourageait et faisait progresser la scholaD’après les études d’Origène, il n’y a pas d’autre moyen d’empêcher que l La parole d’or du Christ, Luc VI, 31, était inscrite sur la porte de son palais. Son meurtrier, Maximinus Thrax (A.D. 235-238), par opposition même à son prédécesseur, devint aussitôt l’ennemi des chrétiens. Percevant clairement la haute importance du clergé pour la survie de l’Église, son édit de persécution était dirigé uniquement contre eux. Cependant la position impériale qu’il avait usurpée n’était pas assez sûre pour lui permettre d’exécuter ses desseins jusqu’aux extrémités. Sous Gordien, les chrétiens eurent du repos, et Philippe l’Arabe (apr. J.-C. 244-249) les favorisa si ouvertement et si décidément, qu’on en vint à penser qu’il avait été chrétien lui-même.
22.5. Dèce, Gallus et Valérien. — Peu de temps après l’avènement de Dèce (apr. J.-C. 249-251), en l’an 250, une nouvelle persécution éclata qui dura sans interruption pendant dix ans. Ce fut la première persécution générale, dirigée d’abord contre les chefs reconnus des Églises, mais elle s’étendit bientôt à tous les rangs et dépassa toutes les persécutions précédentes par son étendue, le caractère délibéré de son plan, la détermination rigide avec laquelle elle fut menée et les cruautés de son exécution. Dèce était un souverain prudent, un homme sérieux de la vieille école, doué d’une volonté indomptable. Mais c’est précisément ce qui l’a conduit à la conclusion que le christianisme, en tant que système impie et opposé aux intérêts de l’État, devait être sommairement supprimé. Tous les moyens possibles, tels que la confiscation des biens, le bannissement, les tortures sévères ou la mort, ont été essayés afin d’inciter les chrétiens à céder. Un grand nombre de personnes gâtées par la longue paix dont ils avaient joui cédèrent, mais d’un autre côté, des foules de chrétiens, poussées par le désir ardent de la couronne du martyre, se rendirent joyeusement à la prison et au bûcher. Ceux qui tombaient, les lapsi, étaient classés comme les Thurificati ou Sacrificati, qui, pour sauver leur vie, avaient brûlé de l’encens ou sacrifié aux dieux, et Libellatici, qui, sans le faire, avaient acheté un certificat aux magistrats attestant qu’ils l’avaient fait, et Acta facientes, qui avaient publié des documents donnant de fausses déclarations concernant leur christianisme. Ceux-là étaient appelés confesseurs qui professaient publiquement le Christ et restaient fermes sous la persécution, mais s’échappaient avec la vie ; ceux-là ont été appelés Martyrs qui, témoignant par leur sang, ont souffert la mort pour la foi qu’ils professaient. L’Église romaine pouvait se vanter d’avoir toute une série d’évêques qui furent victimes de la tempête de la persécution : Fabianus [Fabien] après J.-C. 250, et Corneille en 250 apr. J.-C. 253, probablement aussi Lucius en 253. 254, et Stephanus en 254 apr. J.-C. Débloquer le niveau 257. Et comme à Rome, de même aussi dans les provinces, des troupes entières de confesseurs et de martyrs ont trouvé une mort joyeuse, non seulement parmi le clergé, mais aussi parmi les membres généraux de l’Église. 251-253), la persécution continua, excitée de nouveau par les fléaux et la famine, mais fut à bien des égards limitée par l’embarras politique. Valérien [Valérien] (A.D. 253-260), d’être un partisan des chrétiens, a commencé à partir de J.-C. 257, sous l’influence de son favori Macrianus, pour se montrer un persécuteur déterminé. Les pasteurs chrétiens furent d’abord bannis, et comme cela n’eut pas l’effet escompté, ils furent ensuite punis de mort. C’est aussi à cette époque que l’évêque de Carthage, Cyprien, qui, sous Dèce, s’était retiré pendant une courte période en s’enfuyant dans le désert, s’empara de la couronne des martyrs. De même, dans A.D. 258, souffrit Sixte II. de Rome. L’évêque romain fut bientôt suivi par son diacre Laurentius, un héros parmi les martyrs chrétiens, qui indiqua au gouverneur avare les malades, les pauvres et les orphelins de la congrégation comme les trésors de la congrégation.Il a ensuite été brûlé vif sur un feu de charbon incandescent. Mais le fils de Valérien, Gallien (A.D. 260-268), par un édit adressé aux évêques, abolit les statuts spéciaux de persécution promulgués par son père, sans toutefois reconnaître formellement, comme on le dit souvent à tort, le christianisme comme Religio licita. Après cela, les chrétiens jouirent d’un repos de quarante ans ; pour la persécution cruelle des chrétiens sous Claude II, (A.D. 268-270) s’est avéré être une pure fable des Actes apocryphes des martyrs ; et aussi la persécution planifiée par Aurélien (A.D. 270-275), vers la fin de son règne, fut empêché par son assassinat commis par un officier païen.
22.6. Dioclétien et Galère.—Quand Dioclétien (apr. J.-C. Il fut proclamé empereur par l’armée de Chalcédoine, il choisit Nicomédie en Bithynie comme résidence et transféra la conduite de la guerre au général Maximien Herculius avec le titre de César, qui, après la fin de la campagne en deux apr. J.-C. 286, fut élevé au rang d’Auguste ou co-empereur. De nouveaux harcèlements de l’intérieur et de l’extérieur conduisirent les deux empereurs en A.D. 286 pour nommer deux Césars, ou sous-empereurs, qui, par leur adoption, étaient assurés de la succession au rang impérial. Dioclétien prit le gouvernement de l’Orient, et céda l’Illyrie jusqu’au Pont à son César et à son gendre Galère. Maximien entreprit le gouvernement de l’Occident et livra la Gaule, l’Espagne et la Bretagne à son César, Constance Chlore. Selon les martyrologes, il y avait toute une légion, appelée Legio Thebaica, qui se composait de soldats chrétiens. Cette légion était à l’origine stationnée en Orient, mais a été envoyée à la guerre contre les Gaulois, parce que ses membres refusaient de prendre part à la persécution de leurs frères. Après avoir subi deux décimations sans résultat, on dit que Maximien laissa cette légion, composée de 6 600 hommes, avec son commandant saint Maurice, pour être abattue dans le col d’Agaunum, aujourd’hui appelé Saint-Moritz, dans le canton du Valais. Selon Rettberg,26le germe historique de cette tradition consiste dans une tradition rapportée par Théodoret comme ayant son origine au Ve ou au VIe siècle, dans une lettre d’Eucherius, évêque de Lyon, sur le martyre de saint Maurice, qui, sous le nom de Tribunus Militum, fut exécuté à Apamée avec soixante-dix soldats, par les ordres de Maximien. Dioclétien, en tant qu’empereur aîné et suprême, était un homme d’État et un dirigeant actif, bienveillant et clairvoyant, mais aussi un adepte zélé de l’ancienne religion régénérée par les influences néo-platoniciennes (24, 2). et, en tant que tel, il était enclin à tenir le christianisme pour responsable d’un grand nombre des troubles intérieurs de son royaume. Cependant, il fut empêché d’interférer avec les chrétiens par la politique de tolérance qui avait prévalu depuis l’époque de Gallien, ainsi que par son propre tempérament bienveillant, et surtout par la considération politique d’un grand nombre de la population chrétienne. Sa propre femme Prisca et sa fille Valeria avaient elles-mêmes embrassé le christianisme, ainsi qu’un grand nombre d’entre eux, et ceux-ci les plus vrais et les plus dignes de confiance, parmi les membres de sa maison. Cependant les importunités incessantes et les soupçons chuchotés de Galère ne furent pas sans succès. En apr. J.-C. Il promulgua le décret que tous les soldats devaient prendre part aux rites sacrificiels, et obligea ainsi tous les soldats chrétiens à se retirer de l’armée. Au cours d’un long séjour à Nicomédie, il finit par obtenir de l’empereur qu’il ordonne une seconde persécution générale ; mais même alors Dioclétien persistait à ce qu’il n’y eût pas de sang versé. Cette persécution a commencé en J.-C. 303 avec l’ordre impérial de détruire l’église majestueuse de Nicomédie. Peu de temps après, un édit fut publié interdisant toutes les assemblées chrétiennes, ordonnant la destruction des églises, l’autodafé des Saintes Écritures, et privant les chrétiens de leurs charges et de leurs droits civils. Un chrétien déchira l’édit et fut exécuté. Un incendie se déclara dans le palais impérial et Galère blâma les chrétiens pour l’incendie, et les accusa également de conspiration contre la vie de l’empereur. Une persécution commença alors à faire rage dans tout l’empire romain, la Gaule, l’Espagne et la Bretagne seules échappant entièrement grâce à la faveur de Constance Chlore qui gouvernait ces régions. Toutes les tortures et tous les modes de mort imaginables ont été pratiqués, et de nouveaux et plus horribles appareils ont été inventés de jour en jour. Dioclétien, qui survécut jusqu’à J.-C. 313, et Maximien, abdiquèrent le rang impérial qu’ils avaient détenu conjointement en A.D. Débloquer le niveau 305. Ils furent remplacés par ceux qui avaient été auparavant leurs Césars, et Galère, devenu le chef des Augustes, proclama Césars, Sévère et Maximinus Daza, les ennemis les plus furieux des chrétiens, de sorte que l’orage de persécution, qui avait déjà commencé à s’apaiser dans une certaine mesure, fut ranimé en Italie par Sévère et en Orient par Maximin. Puis, afin de mettre tous les chrétiens en contact inévitable avec les rites idolâtres, Galère en apr. J.-C. 308 avaient arrosé toutes les victuailles des marchés avec du vin ou de l’eau qui avaient été offerts aux idoles. Pris d’une terrible maladie, la mortification commençant dans son corps vivant, il finit par admettre l’inutilité de tous ses efforts pour extirper le christianisme, et peu de temps avant sa mort, de concert avec son collègue, il publia dans apr. J.-C. 311, édit formel de tolérance, qui permettait à tous les chrétiens le libre exercice de leur religion et réclamait en retour leur intercession pour l’empereur et l’empire. Pendant cette persécution d’une cruauté sans exemple, qui dura sans interruption pendant huit ans, beaucoup de nobles preuves furent données de l’héroïsme chrétien et de la joie que le martyre inspirait. Le nombre des Lapsi, quoique encore considérable, était en proportion beaucoup moins élevé que sous la persécution de Dèce. Combien de vérité, s’il y en a une, dans l’affirmation ultérieure des Donatistes (63, 1), que même l’évêque romain, Marcellinus [Marcellus] (A.D. 296-304), et ses prêtres, Melchiade, Marcellus et Sylvestre, qui étaient aussi ses successeurs dans l’épiscopat, avaient renié le Christ et sacrifié aux idoles, ne peuvent être déterminés maintenant. Augustin nie l’accusation, mais même le Catalogue félicien des Papes rapporte que Marcellinus [Marcellus] pendant la persécution devint un Thurificatus, ajoutant, cependant, l’atténuation, qu’il souffrit peu de temps après, saisi d’une profonde pénitence, le martyre. L’ordre de livrer les écrits sacrés a donné naissance à un nouvel ordre d’apostats, les soi-disant Traditores. Beaucoup ont eu recours à un subterfuge en livrant des écrits hérétiques au lieu des livres sacrés et en tant que tels, mais l’esprit sérieux de l’époque ne les traitait pas comme meilleurs que des traducteurs.27
22.7. Maximinus Daza, Maxence et Licinius. — Après la mort de Galère, il fut remplacé par le Dace Licinius, qui partagea avec Maximin le gouvernement de l’Orient, le premier prenant la partie européenne, le second la partie asiatique avec l’Égypte. Constance Chlore était mort après J.-C. Galère avait donné au César Sévère l’empire d’Occident. Mais l’armée proclama Constantin, fils de Constance, empereur. Il s’établit également en Gaule, en Espagne et en Grande-Bretagne. Maxence, fils de l’empereur Maximien qui avait abdiqué, revendiqua l’empire d’Occident, fut proclamé Auguste par les prétoriens, reconnu par le sénat romain, et, après le renversement de Sévère, régna en Italie et en Afrique. Il soutint de tout cœur la tentative d’expulsion des chrétiens de la part de plusieurs villes importantes, et recommanda la mesure sur des tablettes d’airain. Il interdit la construction d’églises, punit beaucoup d’entre eux par des amendes et des déshonneurs, leur infligea dans certains cas des douleurs corporelles et même la mort, et donna une sanction officielle à la perpétration contre eux de toutes sortes d’énormités scandaleuses. Les Acta Pilati, un pseudépigraphe païen rempli des calomnies les plus grossières sur la passion du Christ, ont été largement diffusés par lui et présentés comme un livre de lecture pour les jeunes dans les écoles publiques. Constantin, qui avait hérité de son père, en même temps que son éclectisme néo-platonicien, sa tolérance à l’égard des chrétiens, assura aux professeurs de la foi chrétienne de son royaume le calme le plus parfait. Maxence, lui aussi, les laissa d’abord tranquilles ; mais la rivalité et l’inimitié qui augmentaient chaque jour entre lui et Constantin, le favori des chrétiens, l’attirèrent dans des relations étroites avec le parti païen et dans la sympathie de leur esprit persécuteur. En apr. J.-C. 312 Constantin mène son armée au-delà des Alpes. Maxence lui opposa une armée composée en trois divisions ; mais Constantin poussa victorieusement et brisa les forces de son adversaire devant les portes de Rome. Prenant la fuite, Maxence se noya dans le Tibre, et Constantin régna alors seul sur tout l’Empire d’Occident. À Milan, il eut une conférence avec Licinius, à qui il donna en mariage sa sœur Constantia. Ils publièrent conjointement un édit en apr. J.-C. 313, qui tolérait toutes les formes de culte dans tout l’empire, autorisait expressément la conversion au christianisme et ordonnait la restitution aux chrétiens de toutes les églises qui leur avaient été enlevées. Peu de temps après, une bataille décisive eut lieu entre Maximin et Licinius. Le premier fut vaincu et prit la fuite. Les relations amicales qui avaient subsisté entre Constantin et Licinius firent peu à peu place à l’éloignement et furent finalement remplacées par une hostilité ouverte. Licinius, en manifestant son zèle de persécuteur, s’identifia avec le parti païen, et Constantin se rangea du côté des chrétiens. En apr. J.-C. Une guerre éclata entre ces deux-là, comme une lutte pour la vie et la mort entre le paganisme et le christianisme. Licinius fut renversé et Constantin fut maître de tout l’empire (42, 2). Eusèbe dans sa Vita Constantini rapporte, sur la base probablement d’une déclaration sous serment de l’empereur, que lors de l’expédition contre Maxence en < apr. J.-C.20> 312, après avoir prié pour obtenir l’aide des puissances supérieures, alors que le soleil se couchait, il vit dans le ciel une croix brillante au soleil avec une inscription brillante : τούτῳ νίκα. Pendant la nuit, le Christ lui apparut en songe et lui ordonna de prendre la croix comme étendard au combat et avec elle d’aller au combat confiant dans la victoire. Dans son Histoire de l’Église, Eusèbe ne fait aucune mention de cette tradition de la vision. D’autre part, il y a ici le fait, contesté par les critiques, qu’après la victoire sur Maxence, l’empereur avait érigé sa statue dans le Forum romain, avec la croix à la main, et portant l’inscription : « Par ce signe de salut, j’ai délivré votre ville du joug du tyran. » Ce qui est certain, c’est que l’étendard impérial, qui portait le nom inexpliqué de Labarum, portait le signe de la croix avec le monogramme du nom du Christ.
Les écrivains païens, dans leurs œuvres publiées, portaient des jugements malveillants et méprisants sur les chrétiens et le christianisme (Tacite, Pline, Marc Aurèle et le médecin Galien), ou, comme le rhéteur Fronton, les argumentaient par de violentes invectives ; tandis que l’esprit populaire se déchaînait en représentant le christianisme par la parole et par l’image comme le culte dévot d’un âne. Mais même le talentueux satiriste Lucien de Samosate se contentait de ridiculiser les chrétiens en les traitant d’imbéciles insensés. Le premier et aussi le plus important de tous les avocats vraiment païens fut Celse, qui, au IIe siècle, avec une subtilité brillante et un sarcasme cinglant, chercha à prouver que la religion des chrétiens était le comble même de la déraison. En ce qui concerne l’habileté, la finesse et l’amertume de la polémique, il est suivi de près par le néo-platonicien Porphyre. Bien au-dessous de l’un et de l’autre se trouve Hiéroclès, gouverneur de Bithynie. Contre de telles attaques, les enseignants chrétiens les plus célèbres ont pris le terrain en tant qu’apologistes. Ils réfutaient les calomnies et les accusations des païens, exigeaient le fair-play pour les chrétiens, justifiaient le christianisme par la démonstration de sa vérité intérieure, le témoignage que lui rendaient la vie et la marche des chrétiens, son établissement par des miracles et des prophéties, son accord avec les déclarations et les aspirations des philosophes les plus profonds, dont ils retraçaient la sagesse médiatement ou immédiatement de l’Ancien Testament. et d’autre part, ils cherchaient à montrer le néant des dieux païens, et la perversité religieuse aussi bien que morale du paganisme.
23.1. La Satire De Morte Peregrini de Lucien prend la forme d’un récit donné par Lucien à son ami Cronius du cynique Peregrinus Proteus qui s’est immolé par le feu pendant les Jeux Olympiques de J .-C. 165, dont il a été lui-même témoin. Peregrinus est décrit comme un homme bas et méprisable, parricide et coupable d’adultère, de vice contre nature et d’ivrognerie, qui, s’étant enfui de sa maison en Palestine, s’est joint aux chrétiens, a appris leur θαυμαστὴ σοφία, est devenu leur prophète (34, 1), Thiasarque ( 17, 3) et Synagogeus, et comme tels exposèrent leurs écrits sacrés, composa et adressa lui-même aux villes grecques les plus célèbres beaucoup d’épîtres contenant de nouvelles ordonnances et lois. Lorsqu’il fut jeté en prison, il fut l’objet des attentions les plus extravagantes de la part des chrétiens. Leurs γραΐδια et χῆραι (diaconesses) le soignaient avec le plus grand soin, δεῖπνα ποικίλα et λόγοι ἱεροί (Agapæ) étaient célébrés dans sa prison, ils le chargeaient de présents, etc. Cependant, à sa sortie de prison, parce qu’il avait mangé une sorte de viande interdite (chair offerte aux idoles), il a été expulsé par eux. Il se jeta alors dans les bras des cyniques, voyagea comme l’apôtre de leurs vues à travers le monde entier, et finit sa vie dans sa folle soif de gloire en se jetant volontairement sur le bûcher des funérailles. Lucien raconte avec un ricanement dédaigneux comment les gens superstitieux ont supposé qu’il y avait eu un tremblement de terre et qu’un aigle s’est envolé de ses cendres en criant : Je l’ai perdue la terre, je m’envole vers l’Olympe. On crut à cette fable, et l’on dit encore que quelquefois on voit Peregrinus vêtu d’un vêtement blanc comme un esprit. — Aulus Gellius rapporte sans doute qu’un Cynique Peregrinus vivait à cette époque, qu’il qualifie de vir gravis et constans. C’est aussi ce que dit l’apologiste Tatien, qui se moque en lui de la prétention des philosophes païens à s’émanciper de tous les besoins. Mais ni l’un ni l’autre ne sait rien de son christianisme ou de sa mort par le feu. Il est néanmoins concevable que Peregrinus ait eu pendant quelque temps des liens avec le christianisme ; mais sans cette hypothèse, il semble probable que Lucien, dans une satire qui, sous l’influence combinée des antipathies personnelles et de classe, visait d’abord et principalement à stigmatiser le cynisme dans la personne de Pérégrinus, placerait le christianisme à côté de lui comme ce qui lui paraissait avec son mépris du monde et son abnégation de lui-même être un nouveau. peut-être plus noble, mais ce n’est encore qu’une espèce de cynisme. De nombreux traits de la caricature qu’il donne de la vie, des actions et de la mort de Pérégrin semblent avoir été tirés par lui de la vie de l’apôtre Paul aussi bien que du récit du martyre d’Ignace, et surtout de celui de Polycarpe (22, 3).28
23.2. Les adorateurs d’un âne (Asinarii) était un terme d’opprobre qui s’appliquait à l’origine et depuis les temps les plus reculés aux Juifs. Ils cherchaient maintenant à le faire transférer aux chrétiens. Tertullien parle d’un tableau exposé publiquement à Carthage qui représentait un homme vêtu d’une toge, avec les oreilles et le sabot d’un âne, tenant un livre à la main, et portant cette inscription : Deus Christianorum Onochoetes. Ce nom est diversement lu. S’il est lu comme ὄνου χοητής, il signifie asini sacerdos. À côté de cela, nous pouvons placer le tableau, appartenant probablement au IIIe siècle, découvert en J.-C. 1858 gratté sur un mur parmi les ruines d’une école pour les esclaves impériaux, qui ont ensuite été fouillés. Il représente un homme avec une tête d’âne suspendue à une croix, et au-dessous la caricature d’un adorateur avec les mots écrits de la main d’un écolier ; Alexamenos adore Dieu (A. σεβετε θεον) ; Il s’agit évidemment de la dérision d’un jeune chrétien par un compagnon païen. Le grattage sur un autre mur nous donne probablement la réponse du chrétien : Alexamenos fidelis.
23.3. Polémique proprement dite.
Tous ses adhérents les plus réfléchis avaient depuis longtemps reconnu que le paganisme devait subir une réforme et une reconstruction en profondeur s’il devait continuer à exister. À l’âge d’Auguste, un effort a été fait pour renforcer le néopythagorisme au moyen de la théurgie et de la magie. Le principal représentant de ce mouvement était Apollonius de Tyane. Au IIe siècle, on tenta de revivifier les rites secrets des anciens mystères, de Dea Syra et de Mithra. Mais tout cela n’a pas suffi. Ce qu’il fallait, c’était la mise en place d’un système païen qui répondrait aux besoins religieux des hommes dans la même mesure que le christianisme avec son surnaturalisme, son monothéisme et son universalisme l’avait fait, et qui dépouillerait les absurdités et les impuretés qui avaient défiguré la religion populaire. Une telle régénération du paganisme a été entreprise au début du troisième siècle par le néoplatonisme. Mais même cela n’était pas plus capable que ne l’avaient été les polémiques païennes d’arrêter la carrière victorieuse du christianisme.
24.1. Apollonius de Tyane en Cappadoce, contemporain du Christ et des Apôtres, était un philosophe, un ascète et un magicien estimé par le peuple comme un faiseur de miracles. En tant qu’adhérent sincère de la doctrine de Pythagore, qu’il imitait également dans son habillement et sa manière de vivre, revendiquant la possession des dons de prophétie et de miracle, il assuma le rôle d’un réformateur moral et religieux de la religion païenne de ses pères. Accompagné de nombreux érudits, enseignant et accomplissant des miracles, il a voyagé à travers l’ensemble du monde alors connu jusqu’à ce qu’il atteigne le pays des merveilles de l’Inde. Il s’installa enfin à Éphèse où il mourut à un âge avancé, ayant au moins dépassé sa quatre-vingt-seizième année. À la demande de l’impératrice Julia, épouse de Septime Sévère, au IIIe siècle, Philostrate l’Ancien composa sous la forme d’un roman en huit livres basé sur des sources écrites et orales, une biographie d’Apollonius, dans laquelle il est représenté comme un homologue païen du Christ, qui est par ailleurs complètement ignoré, le surpassant dans la plénitude de la vie. doctrine et pouvoirs miraculeux.30
24.2. Dans le néo-platonisme, par la combinaison de tout ce qu’il y avait de plus noble et de meilleur dans la religion exotérique et ésotérique, dans la philosophie, la théosophie et la théurgie des temps anciens et ultérieurs en Orient et en Occident, nous sommes confrontés à une religion universelle dans laquelle la foi et la connaissance, la philosophie et la théologie, la théorie et la pratique, étaient si parfaitement unies et réconciliées, et tous les besoins religieux étaient si pleinement satisfaits, qu’en comparaison de sa richesse et de sa plénitude, la gnose aussi bien que la foi, le culte et les mystères des chrétiens ont dû sembler unilatéraux, banals et incomplets. Le premier qui introduisit et loua cette tendance, qui se pratiqua dans trois écoles successives de philosophie, l’Alexandrine-romaine, la syrienne et l’Athénienne, fut l’Alexandrin Ammonius Saccas, ce surnom étant dérivé de son métier de portier. Il vécut et enseigna à Alexandrie jusqu’à environ J.-C. Débloquer le niveau 250. Il chercha à réunir dans une unité supérieure les philosophies platonicienne et aristotélicienne, donnant à la première une autorité normative, et il n’hésita pas à enrichir son système par l’incorporation d’idées chrétiennes. Sa connaissance du christianisme lui venait de Clément d’Alexandrie et d’Origène, dont il avait été le professeur de philosophie. Porphyre affirme en effet qu’il avait été auparavant chrétien lui-même, mais qu’il était revenu au paganisme à une époque ultérieure de sa vie. Le plus distingué de ses disciples, et aussi le plus talentueux et le plus profond de tous les néo-platoniciens, était Plotin, qui était en A.D. 254 professeur de philosophie à Rome, et mourut en A.D. Débloquer le niveau 270. Son système philosophico-théologique, dans ses traits caractéristiques, est une combinaison de l’antithèse platonicienne du monde fini des sens et du monde éternel des idées avec la doctrine stoïcienne de l’âme du monde. Le fondement éternel de tout être est l’unique bien supramondain, inintelligible et indescriptible (τὸ ἕν, τὸ ἀγαθόν), d’où rayonnent tous les stades de l’être ; premier; l’esprit ou le monde des idées (νοῦς, κόσμος νοητός), le type éternel de tout être ; et puis, à partir de là, l’âme du monde (ψυχή) ; et de là, finalement, le monde des phénomènes. La frange la plus extérieure de cette évolution, dont les formes deviennent de plus en plus imparfaites à mesure qu’elles s’éloignent du sol originel, est la matière, de même que l’ombre est la frange la plus extérieure de la lumière. Il est conçu comme le fini, le fugace, voire comme le mal en soi. Mais si imparfait que soit le monde des sens, il n’en est pas moins le véhicule du monde idéal et, à bien des égards, pénétré par les idées, et l’éclairage qu’elles lui confèrent lui donne sa beauté. En conséquence de ces rayons qui brillent dans le domaine des idées, toute une vaste hiérarchie de formes divines s’est élevée, avec d’innombrables démons, bons et mauvais, qui laissent place à l’incorporation de tous les êtres divins des mythologies grecque et orientale. De cette façon, les mythes qui étaient en partie immoraux et en partie fantastiques peuvent être réhabilités en tant que couvertures symboliques d’idées spéculatives. Les âmes des hommes, elles aussi, proviennent de l’âme éternelle du monde. Par leur transition, cependant, dans le monde des sens, ils sont entravés et entravés par la corporéité. Ils achèvent eux-mêmes leur rédemption par l’émancipation des liens des sens au moyen de l’ascétisme et de la pratique de la vertu. De cette façon, ils assurent un retour dans le monde idéal et la vision du bien suprême, parfois comme des moments d’union mystique extatique avec ce monde, même pendant cette vie terrestre, mais une continuation éternellement ininterrompue de celui-ci n’est atteinte qu’après l’émancipation complète de tous les liens de la matière.31―Plotin' le savant le plus célèbre, qui écrivit aussi sa vie, rassembla et arrangea ses restes littéraires, fut Porphyre. Il enseigna également à Rome et y mourut en 1944. Débloquer le niveau 304. Son ἐκ τῶν λογίων φιλοσοφία, un recueil d’énoncés oraculaires, était un complément positif à sa polémique contre le christianisme ( 23, 3), et il offrit au paganisme un livre de révélation, une bible païenne, comme Philostrate avait auparavant cherché à dépeindre un sauveur païen. D’une plus grande importance pour le développement de la scolastique médiévale fut son Commentaire sur les œuvres logiques d’Aristote, publié dans plusieurs éditions de l’Organon aristotélicien. 333, fut le fondateur de l’école syrienne. Le développement qu’il donna à la doctrine néo-platonicienne consista principalement dans l’incorporation d’une mythologie et d’une théurgie orientales fantastiques. Cela lui valut aussi la réputation d’être un magicien.―Enfin, l’école athénienne avait en Proclus, qui mourut en A.D. 485, son représentant le plus distingué. Tandis que, d’une part, il suivait la voie ouverte par Jamblique pour développer des caprices sur les démons et les fantaisies théurgiques, d’autre part, il donnait à son école une impulsion dans le sens de la culture savante et encyclopédique. Les Pères de l’Église philosophes, dont le chouchou était Platon, ont pris connaissance de ses vues philosophiques à partir de leur reproduction relativement pure rencontrée dans les œuvres des néo-platoniciens plus anciens. L’influence de leur doctrine mystico-théosophique, en particulier telle qu’elle est véhiculée dans les écrits du Pseudo-Denys (47, 11), est particulièrement perceptible dans la mystique chrétienne du moyen âge, et s’est de là transmise aux temps modernes.32
Le judaïsme de l’âge apostolique, dans sa forme la plus caractéristique, était profondément hostile au christianisme. Les pharisiens et la masse du peuple, dans l’attente d’un Messie politique, s’offusquèrent d’un Messie crucifié par les païens (1 Corinthiens i. 13) ; leur orgueil national a été blessé par l’octroi de l’égalité aux Samaritains et aux païens, tandis que leur droiture légale et leur fausse piété ont été exposées et censurées par les enseignements du christianisme. De l’autre côté, les Sadducéens ne se sentaient pas moins appelés à lutter jusqu’à la mort contre le christianisme avec sa doctrine de la résurrection (Actes iv. 2 ; xxiii. 6). Le même sentiment d’hostilité régnait généralement parmi les dispersés. La communauté juive de Bérée (Actes XVII, 2) est louée comme une agréable exception à la règle générale. Enfin, en A.D. 70 La destruction s’abattit sur le peuple de l’alliance et sur la ville sainte. L’église chrétienne de Jérusalem, agissant sur un avertissement prononcé par le Seigneur (Matt. XXIV. 16), trouva un lieu de refuge dans la ville de montagne de Pella, de l’autre côté du Jourdain. Mais lorsque le Pseudo-Messie, Bar-Cochba (Fils d’une étoile, Nombres xxiv. 17), souleva toute la Palestine contre la domination romaine, en J.-C. Les chrétiens palestiniens qui refusèrent d’aider ou de reconnaître le faux Messie, durent à nouveau endurer une persécution sanglante. Bar-Cochba fut vaincu en A.D. Débloquer le niveau 135. Hadrien ordonna alors qu’aucun Juif n’entrât sous peine de mort dans l’Élie Capitoline, la colonie romaine qu’il avait fondée sur les ruines de Jérusalem. À partir de ce moment-là, ils furent privés de tout pouvoir et de toute possibilité de persécution directe des chrétiens. D’autant plus grand qu’ils se réjouissaient des persécutions des païens et qu’ils s’empressaient d’exhorter les païens à des mesures extrêmes. Dans leurs séminaires, ils donnaient libre cours aux mensonges et aux calomnies les plus horribles sur le Christ et les chrétiens, qui se répandaient aussi parmi les païens. D’un autre côté, cependant, ils ont intensifié leur propre attitude antichrétienne et ont cherché à se protéger contre la marée montante du christianisme en étranglant tout mouvement spirituel sous une masse d’interprétations et de jugements traditionnels des hommes. Les écoles de Tibériade et de Babylone ont été les pépinières de ce mouvement, et le Talmud, dont la première partie, la Mishna, a pris naissance à cette époque, marque l’achèvement de cette auto-pétrification antichrétienne du judaïsme. Les disciples de Jean, eux aussi, adoptèrent une attitude hostile à l’égard du christianisme et formèrent un groupe distinct sous le nom d’hémérobaptistes. En même temps que les premiers succès de la mission apostolique, un courant s’installa parmi les Samaritains pour mettre le christianisme en échec et mat par l’établissement de nouvelles religions. Dosithée, Simon le Magicien et Ménandre firent leur apparition ici avec des prétentions à la messianité, et furent plus tard désignés hérésiarques par les Pères de l’Église, qui croyaient qu’ils trouvaient en eux les germes de l’hérésie gnostique (26 et suiv.).
25.1. Disciples de Jean.—Même après la décapitation de leur maître, les disciples de Jean-Baptiste maintinrent une société séparée, et firent des reproches aux disciples de Jésus à cause de leur manque de discipline ascétique stricte (Matt. ix. 14, etc.). Les disciples de Jean dans les Actes (xviii. 25 ; xix. 1-7) étaient probablement des Juifs hellénistes, qui, lors de leurs visites aux fêtes, avaient été désignés par Jean vers le Christ, annoncé par lui comme Messie, sans avoir aucune information sur les développements ultérieurs de la communauté chrétienne. Vers le milieu du IIe siècle, cependant, les Homélies de Clémentine ( 28, 3), dans lequel Jean-Baptiste est désigné ἡμεροβαπτίστης, parle de disciples gnostiques de Jean, qui peuvent être identiques aux hémérobaptistes, c’est-à-dire à ceux qui pratiquent le baptême quotidiennement, d’Eusèbe (Hist. Eccl., iv. 22). Ils sont probablement issus d’une coalition d’Esséniens ( 8, 4) et les disciples du Baptiste qui, devenus orphelins par la mort de Jean, refusèrent obstinément de se joindre aux disciples du Christ. — Nous n’entendons plus parler d’eux jusqu’à ce que le missionnaire carmélite Jean de Jésus en Perse tombât sur une secte appelée à tort Chrétiens de Saint-Jean ou Nazoréens.33 Des informations authentiques sur la doctrine, le culte et la constitution de cette secte qui compte encore une centaine de familles, ont été obtenues pour la première fois au 19ème siècle par un examen de leur littérature sacrée très complète, écrite dans un dialecte araméen très similaire à celui du Talmud babylonien. Le plus important de ces écrits, ce qu’on appelle le Grand Livre (Sidra rabba), appelé aussi Ginza, c’est-à-dire thésaurus, a été fidèlement reproduit par Petermann sous le titre de Thesaurus s. Liber magnus, etc., 2 vol., Berl., 1867. , signifiant γνῶσις τῆς ζωῆς. Dans leur système religieux extrêmement compliqué, ressemblant à bien des égards à la Gnose Ophite (27, 6) et le manichéisme ( 29), cet Éon prend la place du médiateur céleste dans le salut du monde terrestre. Parmi ceux qui n’en avaient pas, cependant, ils s’appelaient eux-mêmes Subba, Sabéens de צבא ou צבע pour baptiser. Bien qu’ils ne puissent pas être identifiés d’emblée avec les disciples de Jean et les hémérobaptistes, un lien historique entre eux, porteur d’influences gnostiques et païennes orientales, est hautement probable. Le nom sabéen lui-même le suggère, mais plus encore la position qu’ils attribuent à Jean-Baptiste en tant que seul vrai prophète face à Abraham, Moïse, Jésus et Mahomet. En tant qu’adhérents de Jean-Baptiste, rejetés par les Juifs, les anciens disciples de Jean avaient un caractère anti-juif et, par leur propre rejet du Christ, un caractère anti-chrétien. Cependant, en déplaçant leur résidence à Babylone, ils devinrent tellement dépendants de la mythologie, de la théosophie et de la théurgie syro-chaldéennes qu’ils sombrèrent complètement dans le paganisme, et ainsi leur opposition au judaïsme et au christianisme se transforma en haine fanatique et en calomnie horrible.34
25.2. Les hérésiarques samaritains.
Le judaïsme et le paganisme importés dans l’Église se sont avérés plus dangereux pour elle que la tempête de persécution qui s’est déchaînée contre elle de l’extérieur. Ébionisme ( 28) était le résultat de la tentative d’incorporer dans le christianisme le particularisme étroit du judaïsme ; La gnose hérétique ou gnosticisme était le résultat de la tentative de mélanger avec le christianisme les notions religieuses de la mythologie païenne, de la mystérial, de la théosophie et de la philosophie. Ces deux tendances, en outre, se sont combinées dans un ébionisme gnostique, dans la direction duquel l’essénisme peut être considéré comme une étape transitoire (8, 4). À bien des égards, le manichéisme ( 29), qui a surgi à une époque ultérieure, est liée au gnosticisme du christianisme païen, mais aussi par son caractère et sa tendance très différents de celui-ci. L’Église devait employer toutes ses forces pour se préserver de ce mélange de fantaisies religieuses et pour purifier ses champs des mauvaises herbes qui étaient semées de tous côtés. En ce qui concerne l’ébionisme et ses développements gnostiques, c’était une tâche relativement facile. Le gnosticisme du christianisme païen était beaucoup plus difficile à traiter, et bien que l’église ait réussi à vaincre l’herbe dans ses champs, beaucoup de ses graines sont restées cachées pendant des siècles, à partir desquelles des pousses ont poussé de temps en temps de manière tout à fait inattendue (54, 71, 108). Cette lutte a néanmoins conduit à l’avancement de l’Église de bien des manières, en éveillant en elle le sens des exigences scientifiques, en l’incitant à lutter plus vigoureusement pour la vérité et en la dotant d’un esprit plus généreux et plus libéral. Il avait appris à mettre une gnose chrétienne à la place de l’hérétique, un usage juste et salutaire de la spéculation et de la philosophie, de la poésie et de l’art, à la place de leur mauvais usage, et avait ainsi permis au christianisme de réaliser sa destination universelle.
26.1. Le gnosticisme était profondément enraciné dans une tendance intellectuelle puissante et caractéristique du premier siècle. La conviction persistante que le monde antique s’était épuisé et n’était plus capable de résister à sa menace de renversement, prévalait maintenant et poussait les penseurs les plus profonds à adopter le syncrétisme le plus audacieux et le plus grandiose que le monde ait jamais vu, dans le mélange de tous les éléments auparavant isolés et hétérogènes de la culture, comme une tentative finale de rajeunissement de ce qui était devenu ancien (25).). Même à l’intérieur des frontières de l’Église, ce syncrétisme, favorisé par l’esprit dominant de l’époque, influençait ceux qui avaient une culture supérieure, à qui la doctrine ecclésiastique de cette époque ne semblait pas faire assez de cas des principes théosophiques et de la pensée spéculative, tandis que le culte de l’Église semblait aride et stérile. De la fusion des mythes cosmologiques et des philosophèmes du paganisme oriental et grec avec des éléments historiques chrétiens dans le creuset de sa propre spéculation, il est né de nombreux systèmes d’une sorte fantastique supérieure de philosophie religieuse, qui ont été inclus sous le nom commun de gnosticisme. L’élément païen est, dans l’ensemble, l’élément dominant, dans la mesure où, dans la plupart des systèmes gnostiques, le christianisme n’est pas représenté comme la conclusion et l’achèvement du développement du salut donné dans l’Ancien Testament, mais souvent simplement comme la continuation et le point culminant de la religion païenne de la nature et du culte païen des mystères. L’attitude de cette gnose hérétique à l’égard de l’Écriture sainte était diverse. Au moyen d’une interprétation allégorique, quelques-uns s’efforçaient d’en prouver leur système ; d’autres ont préféré déprécier les apôtres comme falsificateurs de la doctrine originelle purement gnostique du Christ, ou remodeler les écrits apostoliques selon leurs propres vues, ou même produire une bible de leur cru d’après les principes de leurs propres écoles sous la forme de pseudépigraphes gnostiques. Chez eux, cependant, pour la plupart, la tradition de la sagesse ancienne en tant que doctrine secrète communiquée était plus élevée que les Saintes Écritures. Contre la gnose hérétique, une gnose ecclésiastique s’est développée, en particulier dans l’école de théologie alexandrine (Clément et Origène, 31, 4, 5), qui, selon 1 Cor. xii. 8 et 9 ; XIII. 2, a été estimé et recherché comme, par opposition à la foi, un stade supérieur dans le développement de la conscience religieuse. La distinction essentielle entre les deux consistait en ceci que celle-ci était déterminée, inspirée et gouvernée par la conscience croyante de l’Église universelle, telle qu’elle se formulait graduellement dans la confession de l’Église, tandis que la première, complètement émancipée de celle-ci, se débrouillait dans l’arbitraire illimité de la spéculation fantastique.
26.2. Les problèmes de la spéculation gnostique sont : l’origine du monde et du mal, ainsi que la tâche, les moyens et la fin du développement du monde. Pour résoudre ces problèmes, les gnostiques empruntèrent principalement au paganisme la théorie de l’origine du monde, et au christianisme l’idée de la rédemption. À la base de presque tous les systèmes gnostiques, il y a le dualisme de Dieu et de la matière (ὕλη) ; seulement que la matière est considérée tantôt dans un sens platonicien, comme non essentielle et non substantielle (=μὴ ὄν) et par conséquent sans opposition hostile à la divinité, tantôt plus dans le sens parsi, comme inspirée et dominée par un mauvais principe, et donc en opposition violente au bon Dieu. Dans l’élaboration du processus théosophique et cosmologique, c’est principalement l’idée d’émanation (προβολή) qui est mise en jeu, par laquelle du Dieu caché dérive une longue série d’essences divines (αἰῶνες), dont la puissance divine inhérente diminue à mesure qu’elles sont éloignées de la source originelle de l’être. Ces éons font alors leur apparition en tant qu’intermédiaires dans la création, le développement et la rédemption du monde. Le substrat à partir duquel le monde est créé consiste en un mélange des éléments du monde de la lumière (πλήρωμα) avec les éléments de la matière (κένωμα) par le biais de la nature, du hasard ou du conflit. L’un des plus petits et des plus faibles des éons, qu’on désigne ordinairement Δημιουργός, à l’exemple de Platon dans le Timée, est présenté comme le créateur du monde. La création est le premier pas vers la rédemption. Mais le Démiurge ne peut ou ne veut pas l’accomplir, et c’est ainsi qu’apparaît finalement dans la plénitude des temps l’un des plus hauts éons comme rédempteur, afin d’assurer l’émancipation parfaite des éléments de lumière emprisonnés par la communication du γνῶσις. Voyant que la matière dérive du mal, il apparaît dans un corps apparent ou au baptême s’identifie avec le Messie psychique envoyé par le Démiurge. Ou bien la mort sur la croix n’est qu’une illusion d’optique, ou bien le Christ céleste, revenant au plérôme, quitte l’homme Jésus, ou donne sa forme à un autre homme (Simon de Cyrène, Matt. XXVII. 32) afin qu’il soit crucifié à sa place (docétisme). Les âmes des hommes, selon que le pléromatique ou l’hylique y prédomine, sont dans leur nature, ou pneumatiques, qui seules sont capables du γνῶσις, ou psychiques, qui ne peuvent aspirer qu’à πίστις, ou enfin, hyliques (χοϊκοί, σαρκικοί), classe à laquelle appartient la grande majorité, qui, soumises aux influences sataniques, ne servent que leurs désirs inférieurs. La rédemption consiste dans la conquête et l’exclusion de la matière, et s’accomplit par la connaissance (γνῶσις) et l’ascétisme. Il s’agit donc d’un produit chimique plutôt que d’un processus éthique. Voyant que le siège originel du mal est dans la matière, la sanctification est chassée du domaine éthique dans le domaine physique, et consiste à lutter contre la matière et à s’abstenir des jouissances matérielles. Les gnostiques étaient donc à l’origine très stricts dans leur discipline morale, mais souvent ils se précipitaient à l’autre extrême, vers le libertinage et l’antinomisme, en conséquence en partie de la dépréciation de la loi du Démiurge, en partie de la tendance à rebondir d’un extrême à l’autre, et justifiaient leur conduite sur le terrain de παραχρῆσθαι τῇ σαρκί.
26.3. Distribution.―Gieseler regroupe les gnostiques chrétiens gentils selon leurs pays d’origine en égyptiens ou alexandrins, dont les théories émanationnistes et dualistes ont été colorées par le platonisme, et les syriens, dont les vues ont été influencées par le parséisme.―Néandre divise les systèmes gnostiques en judaïsme et anti-juif, subdivisant ces derniers en ceux qui inclinent au paganisme, et ceux qui s’efforcent d’appréhender le christianisme dans sa pureté et sa simplicité. les classe en deux catégories : orientales, grecques et chrétiennes.―Baur classe les systèmes gnostiques comme ceux qui s’efforcent de combiner le judaïsme et le paganisme avec le christianisme, et ceux qui opposent le christianisme à ceux-ci.―Lipse marque trois étapes dans le développement du gnosticisme : le mélange des mythes asiatiques avec une base juive et chrétienne qui a eu lieu en Syrie ; l’adjonction de la philosophie grecque, soit le stoïcisme, soit le platonisme, qui s’est pratiquée en Égypte ; et la récurrence aux principes éthiques du christianisme, l’élévation de πίστις au-dessus de γνῶσις. ― Hilgenfeld organise sa discussion de ces systèmes en fonction de leur place dans les hérésiologies primitives. — Mais aucun de ces arrangements ne peut être considéré comme satisfaisant à tous égards, et en fait il peut être impossible d’établir un principe de distribution de ce genre. Il y a tant d’éléments fondamentaux, et ceux-ci sont d’un caractère si divers, qu’aucun schéma de division ne peut suffire à une classification adéquate de tous les systèmes gnostiques. La difficulté était encore augmentée par la contradiction, l’approximation et la confusion des systèmes, et par leur construction et leur reconstruction, dont Rome, en tant que capitale du monde, était le grand centre.
26.4. Sources d’information.—Aussi abondantes que fussent les productions littéraires qui prirent le nom ou qui, sans ce nom, développèrent les principes du gnosticisme, relativement peu de cette littérature a été conservée. Nous sommes donc principalement tributaires des représentations de ses adversaires catholiques, et c’est à eux aussi que nous devons la conservation de nombreux fragments authentiques. Le premier enseignant d’église qui s’occupe ex professo du gnosticisme est Justin Martyr (30, 9), dont le traité controversé, cependant, ainsi que celui d’Hégésippe ( 31, 7), a été perdue. Les traités les plus importants de ce genre qui nous soient parvenus sont ceux d’Irénée, dans cinq livres Adv. hæreses, et ceux d’Hippolyte Ἔλεγχος κατὰ πασῶν αἱρέσεων, les soi-disant Philosophoumena (31, 3). Le Σύνταγμα κ. π. αἱρ. d’Hippolyte n’existe plus dans l’original ; il en existe apparemment une traduction latine dans le Libellus adv. omnes hæreses, qui a été attribué à Tertullien. Avec l’œuvre d’Irénée, il formait une requête pour les hérésiologues ultérieurs, Épiphane et Philaster (47, 10, 14), qui ne connaissaient apparemment pas l’Elenchus écrit plus tard, mais plus important et plus complet. En outre, il convient de mentionner les écrits de Tertullien (31, 10) et Théodoret ( 47, 9) se référant à cette controverse, les Stromates de Clément d’Alexandrie, et les discussions publiées d’Origène (31, 4, 5), en particulier dans son Commentaire sur Jean, ainsi que dans les cinq Dialogues du Pseudo-Origène (Adamantius) contre les Gnostiques du début du IVe siècle ;39 et enfin de nombreuses notices dans l’Histoire de l’Église d’Eusèbe. Les fragments encore existants de l’historien gnostique apocryphe des Apôtres fournissent des informations sur l’enseignement et les formes de culte du gnosticisme vulgaire syncrétique ultérieur, ainsi que sur les représentations très défectueuses de ceux-ci dans les œuvres de leurs adversaires catholiques.
Dans l’ancien gnosticisme hérétique (18, 3), On y trouve des éléments juifs, païens et chrétiens, qui sont maintenus distincts, ou qui sont amalgamés ou après examen, qui sont rejetés, ce qui reste étant développé, consolidé et distribué, mais dans un mélange confus. C’est le cas de Cérinthe. Chez Basilide encore, qui s’attache aux doctrines du stoïcisme, nous avons le gnosticisme développé sous l’influence de la culture alexandrine ; et peu de temps après, dans Valentin, qui s’appuie sur la philosophie de Platon, elle atteint son expression la plus riche, la plus profonde et la plus noble. Du mélange de la mythologie syro-chaldéenne avec les théories grecques et hellénistiques-gnostiques découlent les divers systèmes ophites. Le gnosticisme antinomique avec une moralité pratique lâche était une conséquence du mépris manifesté pour le Dieu juif qui a créé le monde et donné la loi. Le gnosticisme authentiquement syrien, avec sa rudesse parséiste-dualiste, était le plus purement représenté par Saturninus, tandis que chez Marcion et ses disciples, l’exagération de l’opposition paulinienne de la loi et de la grâce conduisait à un contraste dualiste entre le Dieu de l’Ancien Testament et celui du Nouveau. À partir du milieu du IIe siècle, il apparaît dans le développement historique du gnosticisme une tendance toujours croissante à se réconcilier avec la doctrine de l’Église. C’est ce que montrent les fondateurs de nouvelles sectes, Marcion, Tatien, Hermogène ; et aussi par de nombreux élaborateurs des systèmes primitifs, par Héracléon, Ptolémée et Bardesane qui ont développé le système valentinien, dans ce qu’on appelle la Pistis Sophia, comme l’exposition du système ophite. Cette tendance à rechercher la réconciliation avec l’Église se manifeste aussi dans une sorte de gnosticisme syncrétique populaire ou vulgaire qui cherchait à s’attacher plus étroitement à l’Église par la composition d’Évangiles apocryphes et pseudépigraphiques et d’Actes des Apôtres sous des noms et des dates bibliques (32, 4-6). La période la plus brillante de l’histoire du gnosticisme fut le deuxième siècle, commençant avec l’âge d’Hadrien. Au commencement du IIIe siècle, il n’y avait guère de congrégations parmi les plus cultivées dans tout l’empire romain et au-delà, jusqu’à Édesse, qui n’en fût affectée. Pourtant, nous ne trouvons jamais le nombre de congrégations gnostiques régulières dépassant celui des congrégations catholiques. Peu de temps après, la saison de la décadence s’installa. Sa force productive était épuisée, et si, d’une part, elle était repoussée par la réaction ecclésiastique catholique, d’autre part, en ce qui concerne l’organisation des congrégations, elle était dépassée et surenchérie par le manichéisme, et aussi par le marcionisme.
27.1. Cérinthe, comme le dit Irénée, s’appuyant sur le témoignage de Polycarpe, était un jeune contemporain de l’apôtre Jean en Asie Mineure ; l’apôtre, rencontrant l’hérétique dans un bain, se hâta de sortir de peur que l’édifice ne tombât sur l’ennemi de la vérité. Dans son gnosticisme, reposant selon Hippolyte sur la base de la culture alexandrine-grecque, nous avons la transition d’un point de vue judéo-chrétien à un point de vue gnostique plus païen que judéo-chrétien. L’emprise continue de la première se voit d’après Épiphane dans le maintien de la nécessité de la circoncision et de l’observance par les chrétiens de la loi donnée par la disposition des anges, comme aussi, selon Caïus de Rome, qui le regarde comme l’auteur de l’Apocalypse du Nouveau Testament, dans les espérances chiliastiques. L’un et l’autre, cependant, n’étaient probablement destinés qu’au sens allégorique et spirituel. En même temps, selon Irénée et Théodoret, la figure essentiellement gnostique du Démiurge apparaît déjà dans ses écrits, qui, sans connaître le Dieu suprême, lui est pourtant utile en tant que créateur du monde. Jésus lui-même, fils de Joseph et de Marie, ne le connut pas, jusqu’à ce que l’ἄνω ριστός descendît sur lui lors de son baptême. Avant la crucifixion, qui n’était qu’un malheur humain sans aucune signification rédemptrice, le Christ s’était de nouveau retiré de lui.
27.2. Le gnosticisme de Basilide.―Basilide (Βασιλείδης) était un enseignant à Alexandrie vers J.-C. 120 à 130. Il prétend dériver le système gnostique à partir des notes de l’enseignement ésotérique du Christ prises par l’apôtre Matthieu et d’un amanuensis de Pierre appelé Glaucias. Il a également utilisé l’Évangile de Jean et les épîtres de Paul aux Romains, Corinthiens et Éphésiens. Il a lui-même laissé derrière lui 24 livres Ἐξηγητικά et son fils Isidore, tout aussi talentueux, a laissé un traité sous le titre Ἠθικά. On en trouve des fragments dans Clément d’Alexandrie, deux passages du premier sont également donnés dans les Actes de Dispute d’Archélaüs de Cascar (29, 1). Irénée, i. 24, qui le désigne comme disciple de Ménandre (25, 2), et le Pseudo-Tertullien, c. 41, Epiphanius, 21, et Théodoret, i. 4, décrivent son système comme grossièrement dualiste et résolument émanationniste. D’autre part, Hippolyte, VII, 14 et suiv., avec lequel Clément semble être d’accord, le décrit comme un système tout à fait moniste, dans lequel la théogonie se développe non par émanation de haut en bas, mais par évolution de bas en haut. Cette dernière opinion, qui présente sans aucun doute ce système sous un jour plus favorable, selon Baur, Uhlhorn, Jacobi, Möller, Funk, etc., sa forme originelle : selon Hilgenfeld, Lipsius, Volkmar, etc., forme postérieure influencée par des interpolations ultérieures des idées panthéistes grecques, fait que le développement de Dieu et du monde commence par le néant pur : ἦν ὅτε ἦν οὐδέν. Le principe de tout développement est ὁ οὐκ ὢν θεός, qui de Lui-même (ἐξ οὐκ ὄντων) appelle le chaos à l’existence. Ce chaos était encore lui-même un οὐκ ὄν, mais aussi le πανσπερμία τοῦ κόσμου sur lequel maintenant le οὐκ ὢν θεός as ἀκίνητος κινητής opérait de manière attrayante par sa beauté. L’élément pneumatique dans le chaos nouvellement créé est représenté dans une triple filiation (υἱότης τριμερής) dont le premier et le plus parfait immédiatement après la création, avec la rapidité de la pensée, s’envole vers l’heureux royaume de la non-existence, le Plérôme. La seconde filiation moins parfaite lutte après la première (d’où le nom de μιμητική), mais elle doit, en atteignant les frontières du royaume heureux, écarter la partie la moins parfaite de son être, qui, maintenant, comme le Saint-Esprit (μεθόριον πνεῦμα) forme le vestibule (στερέωμα) ou la ligne de démarcation entre le Plérôme (τὰ ὑπερκόσμια) et le cosmos, et bien que séparé de la filiation, Cependant, comme un vase d’où l’on a tiré un onguent doux, il porte à ce monde inférieur une partie du parfum qui y adhère. La troisième filiation ayant besoin d’être purifiée, elle doit encore rester dans la Panspermie, et elle est en tant que telle le sujet d’une rédemption future. D’autre part, le plus grand archonte, en tant que concentration la plus complète de toute la sagesse, de la puissance et de la gloire qui se trouvait dans les éléments psychiques du chaos, s’est envolé vers le firmament sous le nom de ἀῤῥητῶν ἀῤῥητότερος. Il s’imagina alors qu’il était le Dieu suprême et le chef de toutes choses, et il engendra un fils qui, selon la prédétermination de l’inexistant, le surpassa en perspicacité et en sagesse. Pour lui-même et pour son Fils, ayant avec eux, outre six autres principautés sans nom, il fonda les cieux supérieurs, les soi-disant Ogdoas. Après lui, il s’éleva un second Archonte inférieur avec le prédicat ἄῤῥητος, qui engendra également un fils plus puissant que lui, et fonda un royaume céleste inférieur, les soi-disant Hebdomas, les cieux planétaires. Le reste de la Panspermie était le κατὰ développé φύσιν, c’est-à-dire conformément au principe naturel implanté en elle par l’inexistant « à notre stade » (τὸ διάστημα τὸ καθ' ἡμᾶς). Comme le temps approchait de la manifestation des enfants de Dieu, c’est-à-dire des hommes dont la dotation pneumatique provenait de la troisième filiation, le fils du grand Archonte, par la médiation du μεθόριον πνεῦμα, conçut le premier le plan salvateur du Plérôme. Avec crainte et tremblement, le grand archonte reconnut lui aussi son erreur, se repentit de cette exaltation et se réjouit avec tout Ogdoas du plan du salut. C’est aussi par lui que le fils du second Archonte est éclairé, et il instruit son père, qui, maintenant, en tant que Dieu de l’Ancien Testament, prépare la voie au développement du salut par la loi et la prophétie. Le commencement est fait par Jésus, fils de la vierge Marie, qui a lui-même absorbé le premier rayon de la lumière supérieure, et en tant que « premier-né des enfants de Dieu », il est devenu aussi le Sauveur (σωτήρ) de ses frères. Ses souffrances étaient nécessaires pour éliminer les éléments psychiques et somatiques de la Panspermie qui lui adhéraient. Il s’agissait donc de souffrances réelles, et non de simples souffrances apparentes. Sa partie corporelle retourna à l’informe d’où elle était sortie ; sa partie psychique s’éleva de la tombe, mais dans son ascension retourna dans l’Hebdomas, tandis que son être pneumatique appartenant à la troisième filiation montait jusqu’à l’heureux siège de l’οὐκ ὢν θεός. Et de même que lui, le premier-né, ainsi tous les enfants de Dieu doivent ensuite accomplir leur tâche d’assurer le plus haut développement et la plus haute perfection possible de la création gémissante (Rom., VIII, 19), c’est-à-dire de toutes les âmes qui, par leur nature, sont éternellement liées « à notre stade ». Puis, finalement, Dieu déversera sur tous les rangs de l’être, en commençant par le plus bas, la grande ignorance (τὴν μεγάλην ἄγνοιαν), afin que personne ne soit troublé dans sa béatitude par la connaissance d’un supérieur. Ainsi s’accomplit la restitution de toutes choses. — L’esprit doux qui règne dans ce système dogmatique a préservé des extravagances d’une sorte rigoriste ou libertine le système éthique qui en résulte. Le mariage était honoré et considéré comme saint, bien que le célibat fût reconnu comme utile pour libérer l’âme de l’esclavage des convoitises charnelles.
27.3. Le système exposé par Irénée et d’autres, comme celui de Basilide, représente le Dieu suprême comme Pater innatus ou θεὸς ἄῤῥητος. C’est de lui qu’émane le Νοῦς, de là encore le Λόγος, de là le Φρόνησις, qui produit Σοφία et Δύναμις. De ces deux derniers ressorts, les Ἀρχαί, Ἐξουσίαι et Ἄγγελοι, qui, avec le nombre sept des dieux supérieurs, le père primitif, constituent à leur tête le ciel le plus élevé. De là comme son ἀντίτυπος rayonne un second monde spirituel, et l’émanation continue de cette manière, jusqu’à ce qu’elle soit achevée et s’épuise dans le nombre de 365 mondes spirituels ou cieux sous le nom mystique Ἀβραξάς ou Ἀβρασάξ qui a dans ses lettres la valeur numérique mentionnée. Ce dernier et le plus imparfait de ces mondes spirituels, avec ses sept esprits planétaires, forme le ciel qui nous est visible. Par cette émanation trois cent soixante-cinq fois répétée, le Plérôme s’approche des frontières de l’hyle, masse bouillonnante de forces qui se jettent sauvagement les unes contre les autres. Ceux-ci se précipitent sauvagement contre elle, lui arrachent des fragments de lumière et les emprisonnent dans la matière. De ce mélange, l’Archonte du ciel le plus bas, en communion avec ses compagnons, crée la terre, et à chacun d’eux attribue par tirage au sort une nation, se réservant la nation juive qu’il cherche à élever au-dessus de toutes les autres nations, et introduisant ainsi l’envie et l’ambition dans le ciel, et la guerre et l’effusion de sang sur la terre. Finalement, le Dieu Suprême envoie son Premier-né, le Νοῦς, afin de délivrer les hommes de la puissance de l’ange qui a créé le monde. Il prend l’apparence d’un corps et fait beaucoup de miracles. Les Juifs décidèrent de le faire mourir ; mais ils crucifièrent à sa place Simon le Cyrénéen, qui prit sa forme. Lui-même est retourné auprès de son Père. Au moyen de la Gnose qu’il enseignait, les âmes des hommes sont rachetées, tandis que leurs corps périssent. Le développement de l’un de ces systèmes dans l’autre pourrait s’expliquer le plus simplement en supposant que celui décrit dans l’Elenchus d’Hippolyte est l’original et que sa reconstruction a été provoquée par l’intrusion irrésistible du dualisme actuel. idées émanationnistes et docétiques. Tout ce qui avait été dit au sujet du grand Archonte doit maintenant être attribué au Dieu Suprême, le Pater innatus, tandis que l’Archonte inférieur pourrait garder sa place de souverain du ciel planétaire le plus bas. Les 365 mondes spirituels avaient peut-être, dans l’autre système, une place entre les deux Archontes, car Hippolyte lui-même, VII, 26, mentionne en outre les 365 cieux auxquels il donne aussi le nom du grand Archonte Abrasax. facilement déductible du second, mais difficilement traçable du premier compte rendu du système. Qu’avec leur Gnose ils mêlaient la magie, la sorcellerie et la superstition fantastique, c’est ce qui ressort de l’importance qu’ils attachaient aux chiffres et aux lettres mystiques. Leur pratique libertine peut être dérivée de leur mépris antinomique du judaïsme ainsi que de la théorie selon laquelle leurs corps sont condamnés à périr. De même, leur axiome selon lequel il est insensé de souffrir le martyre pour le crucifié, qui n’était pas vraiment le vrai Christ, peut être déduit du docétisme de leur système. C’est à ces Basilidiens qu’il faut attribuer des gemmes d’Abrasax, que l’on rencontre encore en grand nombre et en grande variété ; mais ceux-ci ont trouvé grâce et ont été utilisés comme talismans non seulement parmi les autres sectes gnostiques, mais aussi parmi les alchymistes du Moyen Âge.
27.4. Le gnosticisme de Valentinien. — Valentin, le plus profond, le plus talentueux et le plus imaginatif de tous les gnostiques, fut éduqué à Alexandrie et se rendit à Rome vers J.-C. 140, où, pendant un séjour de plus de vingt ans, il présida une école influente, et exerça aussi une puissante influence sur d’autres systèmes. Il a puisé les matériaux de son système en partie dans les Saintes Écritures, en particulier dans l’Évangile de Jean, en partie dans la doctrine ésotérique d’un prétendu disciple de Paul, Théodadès. De ses propres écrits volumineux, sous forme de discours, d’épîtres et de poèmes, il ne reste que quelques fragments. Les rapporteurs de son enseignement, Irénée, Hippolyte, Tertullien, Épiphane, diffèrent beaucoup les uns des autres dans les détails, et nous laissent dans le doute sur ce qui appartient réellement à sa propre doctrine et sur ce qui est à son développement par ses disciples. mâle et femelle. L’appariement de ces éons dans un saint mariage s’appelle une Syzygie. À cela s’ajoute une autre notion caractéristique, à savoir que, dans le développement historique du Plérôme, on rencontre les types originaux des trois grandes crises de l’histoire terrestre, la Création, la Chute et la Rédemption. Sur cette base, il développe l’épopée la plus magnifiquement poétique d’une théogonie et d’une cosmogonie mythologiques chrétiennes. De l’Βυθός ou Αὐτοπάτωρ et de son Ἔννοια ou Σιγή, n’évoluant jusque-là que dans la contemplation silencieuse de sa propre perfection, émane la première et la plus haute paire d’æons, les Νοῦς ou Μονογενής qui, de tous les æons, peut supporter de regarder dans les profondeurs de la perfection du Père de tous, et à côté de lui son épouse Ἀλήθεια. C’est d’eux que naissent Λόγος et Ζωή comme deuxième paire, et de cette paire à nouveau Ἄνθρωπος et Ἐκκλησία comme troisième paire. L’Αὐτοπάτωρ et son Ennoia, avec la première et la plus haute paire d’éons qui émanent d’eux, et ceux-ci avec le second Tétras, forment les Ogdoas. Le Logos engendre alors un cercle plus éloigné de cinq paires, le Decas, et enfin l’Anthropos engendre la dernière série de six paires, les Dodecas. C’est ainsi que le Plérôme atteint un achèvement préliminaire. Une limite définitive lui est fixée par l’ὅρος émanant du Père de tous, qui, étant seul élevé au-dessus de l’opération de la loi de la syzygie, est doté d’un double ἐνεργεία, un ἐνεργεία διοριστική, au moyen duquel il éloigne tout ce qui ferait mal au dehors, et un ἐνεργεία ἑδραστική, dont le symbole est la croix, avec lequel il maintient l’harmonie et l’ordre intérieurs. On ne tarde pas à voir à quel point c’était nécessaire. Car le Σοφία, le dernier et le plus petit membre des quatorze paires d’éons, poussé par un désir ardent, s’arrache à son partenaire et cherche à plonger dans le Bythos pour embrasser le Père de Tout lui-même. Elle en est en effet empêchée par les Horos ; mais la brèche dans le Plérôme a été faite. Afin de rétablir l’harmonie ainsi rompue, le Monogène engendre avec Aletheia un nouveau couple d’éons, le Ἄνω ριστός et le Πνεῦμα ἅγιον qui émancipe la Sophia de sa nature désordonnée et passionnée (Ἐνθύμησις), retranche ce dernier du Plérôme, mais unit de nouveau la Sophia purifiée à son mari, et enseigne à tous les éons l’essence inaccessible et incompréhensible du Père, et sur la raison et la fin des Syzygies. Puis tous, au milieu de des hymnes de louange et d’action de grâces, présentent une offrande au Père, chacun des meilleurs qu’il possède, et forment de là un être éon d’une gloire indescriptible, l’Ἄνω Σωτήρ, et pour son service des myriades d’anges augustes, qui s’inclinent devant lui en signe d’adoration. Kénoma vide et sans substance, qui est par elle pour la première fois remplie et vitalisée. C’est un ἔκτρωμα, un avortement, qui cependant conserve encore la nature éon de son présent divin, et comme tel porte le nom de Ἔξω (κάτω) Σοφία ou Ἀχαμώθ (הַחָכְמוֹת). C’est pourquoi même les esprits bénis du Plérôme ne peuvent jamais l’abandonner. Ils souffrent tous avec les malheureux, jusqu’à ce que celle qui avait jailli du Plérôme y soit rendue purifiée et mûrie. C’est pourquoi ils l’épousent, elle, l’Ektroma du dernier et du plus petit des éons, à l’Ano-Soter, l’être le plus noble, le plus glorieux et le plus parfait de l’Æon-ciel, comme son rédempteur et son futur époux. Il commence par consoler les découragés et chasser d’elle les affections les plus basses. Parmi les pires, la peur, le chagrin, le doute, etc., se trouve la base du stade hybolique de l’existence ; parmi les meilleures, le repentir, le désir, l’espérance, etc., celle du stade psychique de l’existence (φύσεις). Sur les êtres issus de la première préside Satan ; Sur les formes psychiques de l’être, en tant que leur développement le plus élevé, préside le Démiurge, qui prépare comme demeure les sept cieux inférieurs, les Hebdomas. Mais Achamoth s’était retirée avec le substrat pneumatique qui lui restait encore dans le Τόπος τῆς μεσότητος, entre le Plérôme et le monde inférieur, d’où, inspirée par l’Ano-Soter, elle agit sur le Démiurge, qui, ne sachant rien de son existence, n’en a aucune prévision. De la poussière de la terre et de la semence pneumatique qu’elle y transporte sans qu’on s’en aperçoive, il a formé l’homme, lui a insufflé son propre souffle psychique de vie, et l’a placé dans le paradis, c’est-à-dire dans le tiers de ses sept cieux, mais il l’a banni sur la terre, lorsqu’il a désobéi à son ordre, et au lieu de son premier vêtement éthéré, il l’a revêtu d’un corps matériel. Quand les hommes se furent répandus sur la terre, ils développèrent ces différentes natures : Pneumatiques, qui, libérées de l’esclavage de toute loi extérieure et non soumises aux impulsions des sens, une loi en eux-mêmes, voyagent vers le Plérôme ; ensuite, les Hyliques, qui, hostiles à tout esprit et à toute loi, et le jeu de toutes les convoitises et de toutes les passions, sont voués à une destruction irrémédiable ; et enfin, les psychiques, qui, sous la discipline de la loi extérieure, n’atteignent pas à une vie divine parfaite, mais encore à la justice extérieure, tandis que d’autre part ils peuvent s’abaisser au rang et à la condition des natures hyliques. Les natures psychiques étaient particulièrement nombreuses chez les Juifs. C’est pourquoi le Démiurge les a choisis comme les siens, leur a donné une loi stricte et, par l’intermédiaire de ses prophètes, leur a promis un futur Messie. Les natures hyliques, que l’on trouvait surtout chez les païens, lui étaient tout à fait odieuses. Les natures pneumatiques, avec leur désir inné de courir après le Plérôme, il ne les comprenait pas et les ignorait donc ; mais cependant, sans le savoir ni le dessein, il en choisit beaucoup pour rois, prêtres et prophètes de son peuple, et à son grand étonnement il entendit de leur bouche des prophéties d’une âme supérieure, qui provenaient d’Achamoth, et qu’il ne comprenait pas. Quand tLe temps fut accompli, il envoya son Messie en la personne de Jésus. Lorsqu’il fut baptisé par Jean, le ciel s’ouvrit sur lui et l’Ano-Soter descendit sur lui. Le Démiurge le vit et fut étonné, mais se soumit frappé de crainte à la volonté des divinités supérieures. Le Soter demeura alors un an sur la terre. Les Juifs, refusant de le recevoir, clouèrent son organe, le Messie psychique, sur une croix ; mais ses souffrances n’étaient que des souffrances apparentes, puisque le Démiurge l’avait pourvu, dans son origine, d’un corps éthéré et seulement apparemment matériel. En conséquence du travail de l’Ano-Soter, les natures pneumatiques au moyen de la Gnose enseignée par lui, mais les natures psychiques, au moyen de Pistis, atteignent à la perfection selon leur espèce. Quand tout ce qui était pneumatique et psychique qui était lié à la matière en aura été libéré, le cours du monde aura atteint sa fin et le temps tant désiré du mariage d’Achamoth sera venu. Accompagné de myriades de ses anges, le Soter conduit le noble malade dans le Plérôme. Les natures pneumatiques la suivent, et comme le Soter est marié à Achamoth, les anges sont mariés à eux. Le Démiurge se rend avec ses saints éprouvés et rachetés dans le Τόπος τῆς μεσότητος. Mais des profondeurs de l’Hylé jaillit un feu caché qui consume complètement les natures Hyliques et l’Hylé lui-même.40
27.5. D’après Hippolyte, l’école de Valentin se divisa en deux partis, l’un italien, dont les chefs, Héracléon et Ptolémée, étaient à Rome, et l’autre oriental, auquel appartenaient Axionicus et Bardesane. Héracléon d’Alexandrie était un homme d’un tempérament profondément religieux, qui, dans ses spéculations, penchait considérablement vers la doctrine de l’Église, et écrivit même le premier commentaire de l’Évangile de Jean, dont de nombreux fragments sont conservés dans le commentaire d’Origène sur cet Évangile. Ptolémée [Ptolémée] se rapprocha encore plus que son maître de la doctrine de l’Église. Épiphane cite une lettre de lui à son élève Flora dans laquelle, à l’exemple de Marcion (voir 27, 11), la distinction du divin et du démiurgique dans l’Ancien Testament, et la relation de l’Ancien Testament avec le Nouveau, sont discutées. Une position à mi-chemin entre celle de l’Ouest et celle de l’Est est apparemment représentée par Marcus et son école. Il joignit à la doctrine de Valentin le Pythagoricien et à la mystique kabbalistique des chiffres et des lettres, et y joignit les arts magiques et divinatoires. Ses disciples, les Marcosiens, avaient une forme d’adoration pleine d’observances cérémonielles, avec un double baptême, un baptême psychique dans le Kato-Christus pour le pardon des péchés, et un baptême pneumatique pour l’affiliation avec la future syzygie céleste. De l’Axionicus d’Antioche, nous ne connaissons que son nom. D’une importance bien plus grande était Bardesane, qui a prospéré selon Eusèbe à l’époque de Marc Aurèle, mais qui est attribué par des documents syriens authentiques au début du IIIe siècle. Les principales sources d’information sur sa doctrine sont les 56 discours rimés d’Éphrem [Éphraïm] contre les hérétiques. Vivant à la cour et jouissant de la faveur du roi d’Édesse, il n’attaqua jamais dans ses sermons le système doctrinal de l’Église, mais répandit ses vues gnostiques construites sur une base valentinienne dans de nobles hymnes dont, outre de nombreux fragments d’Éphrem, certains sont conservés dans les Acta Thomae apocryphes (32, 6). Parmi ses volumineux écrits, il y avait un traité controversé contre les Marcionites (voir 27, 11). Dans un Dialogue, Περὶ εἱμαρμένης, qui lui est attribué, mais qui appartient probablement à l’un de ses disciples nommé Philippe, d’où Eusèbe (Præp. Ev. vi. 10) cite un passage, dont l’original syrien, « Le Livre des lois du pays », n’a été découvert que récemment :41 L’astrologie et le fatalisme sont combattus d’un point de vue chrétien, bien que l’auteur soit encore lui-même dominé par de nombreuses idées zoroastriennes. Harmonius, fils très doué de Bardesane, se distingua par la composition d’hymnes dans le même esprit.
27.6. Les Ophites et les sectes apparentées. — La Gnose Ophite multiforme est en général caractérisée par des combinaisons fantastiques de mythes syro-chaldéens et d’histoire biblique avec la mythologie, la philosophie et la mystériosophie grecques. Sous toutes ses formes, le serpent (ὄφις, נָחָשׁ) joue un rôle important, tantôt en tant que Kakodémon, tantôt en tant qu’Agathodémon. Cela vient de la place qu’occupait le serpent dans la cosmologie égyptienne et asiatique ainsi que dans l’histoire biblique primitive. L’une des plus anciennes formes d’ophitisme est décrite par Hippolyte, qui donne à ses représentants le nom de Naassène, de נָחָשׁ. L’essence originelle sans forme, ὁ προών, se révéla dans les premiers hommes, Ἀδάμας, Adam, Cadmon, chez qui les principes pneumatiques, psychiques et hyliques étaient encore présents ensemble. En tant qu’instrument de la création, il est appelé Logos ou Hermès. Le serpent est vénéré sous le nom d’Agathodemon ; elle procède du Logos, transmettant le courant de vie à toutes les créatures. Le Christ, le Rédempteur, est le représentant terrestre du premier homme, et apporte la paix aux trois étapes de la vie, parce qu’il dirige chacun vers un mode de vie conforme à sa nature. — Les Séthites, selon Hippolyte, enseignaient qu’il y avait deux principes : l’un supérieur, τὸ φῶς, un inférieur, τὸ σκότος, et entre ces τὸ πνεῦμα, l’atmosphère qui se meut et provoque le mouvement. D’un mélange de lumière et d’obscurité surgit le chaos, dans lequel le pneuma éveilla la vie. Alors du chaos jaillit l’âme du monde sous la forme d’un serpent, qui devint le Démiurge. L’homme a eu un triple développement : hylique ou matériel chez Caïn, psychique chez Abel, et pneumatique chez Seth, qui fut le premier gnostique. — Les fondateurs des Pérates, qui étaient déjà connus de Clément d’Alexandrie, sont appelés par Hippolyte Euphrate et Celbes. Leur nom implique qu’ils se sont retirés du monde des sens afin de s’assurer la vie éternelle ici-bas, περᾶν τὴν φθοράν. L’unité divine originelle, enseignaient-ils, s’était développée en une Trinité : τὸ ἀγέννητον, ἀυτογενές et γεννητόν, le Père, le Fils et l’Hylé. Le Fils est le serpent du monde qui meut et vivifie toutes choses (καθολικός ὄφις). C’est sa tâche de restaurer tout ce qui est descendu des deux mondes supérieurs dans le monde inférieur, et qui est retenu par son Archonte. Tantôt il se tourne comme un serpent vers son Père et assume ses attributs divins, tantôt vers le monde inférieur pour les lui communiquer. Sous la forme d’un serpent, il délivre Eve de la loi de l’Archonte. Tous ceux qui sont proscrits par cet Archonte, Caïn, Nimrod, etc., lui appartiennent. Moïse, lui aussi, est l’un de ses adhérents, qui a érigé dans le désert le serpent d’airain guérisseur pour le représenter, tandis que le serpent ardent et mordant du désert représente les démons de l’Archonte. Les Caïnites, dont parlent Irénée et Épiphane, étaient étroitement liés aux Pérates. Tous les hommes caractérisés dans l’Ancien Testament comme impies sont considérés par eux comme d’authentiques êtres pneumatiques et des martyrs de la vérité. Le premier qui se distingua dans le conflit avec le Dieu des Juifs fut Caïn ; le dernier qui mena la lutte à la victoire, en amenant le Messie psychique à la croix par sa profonde sagacité, fut Judas Iscariote. Le Gnostique Justin ne nous est connu que par Hippolyte, qui tire ses informations d’un Livre de Baruch. Il enseignait que de l’essence originelle, ὁ Ἀγαθός ou Κύριος, יְהוָֹה, émanait un principe mâle, Ἐλωείμ, אֱלֹהִים, qui avait une nature pneumatique, et un principe féminin, Ἐδέμ, עֵדֶן, qui était au-dessus de l’homme (psychique) et au-dessous du serpent (hylique). De l’union de ce couple naquirent douze ἄγγελοι πατρικοί, qui avaient en eux la nature paternelle, et douze ἄγγελοι μητρικοί, sur lesquels la nature de la mère s’imprima. Ensemble, ils formèrent le Paradis, dans lequel Baruch, un ange d’Elohim, représentait l’arbre de vie, et Naas, un ange d’Edem, représentait l’arbre de la connaissance. L’ange Elohim a formé l’homme à partir de la poussière du Paradis ; Edem lui a donné une âme, Elohim lui a donné un esprit. Poussant vers le haut au moyen de sa nature pneumatique, Elohim s’éleva jusqu’aux frontières des royaumes de lumière. L’Agathos le prit et le plaça à sa droite. L’Édem abandonné s’est vengé en donnant à Naas le pouvoir d’attrister l’esprit d’Elohim dans l’homme. Il tenta Ève de commettre l’adultère avec lui, et amena Adam à commettre avec lui un vice contre nature. Afin de montrer à l’esprit affligé de l’homme le chemin du ciel, Elohim envoya Baruch d’abord à Moïse, puis à d’autres prophètes de l’Ancien Testament ; mais Naas a frustré tous ses efforts. Même parmi les païens, Elohim suscita des prophètes, tels qu’Hercule qu’il envoya pour combattre les douze anges d’Edem (ses douze travaux), mais l’un d’entre eux, nommé Babel ou Aphrodite, priva même ce héros divin de son pouvoir (une réminiscence de l’histoire d’Omphale). Finalement, Elohim envoya Baruch vers le jeune paysan Jésus, fils de Joseph et de Marie. Il a résisté à toutes les tentations de Naas, qui l’a donc cloué sur la croix. Jésus recommanda son esprit entre les mains du Père, dans le ciel duquel il monta, laissant son corps et son âme à Édem. Alors, à son exemple, faites tous les pieux.
27.7. La Gnose des Ophites, décrite par Irénée, etc., se distingue de celle des Naasenes [Naassènes] antérieurs par son incorporation de Valentinien et de dualiste ou Saturninien (voir 27, 9) Idées. Du Bythos qui, en tant qu’être premier, est aussi appelé le premier homme, Adam Cadmon, émane la pensée, ἔννοια, de lui-même en tant que second homme ou fils de l’homme, et de lui le Saint-Esprit ou l’Ano-Sophia, qui à son tour porte l’Ano-Christus et l’Achamoth. Celui-ci, un être imparfait de lumière, qu’on appelle aussi Προύνικος, ce qui, selon Épiphane, signifie πόρνη, se promène dans l’océan sombre du chaos, sur lequel couve la mère productive, le Saint-Esprit, afin d’y fonder un monde indépendant qui lui soit propre. Là, la matière dense s’unit à l’élément lumière et l’assombrit à un tel degré que même la conscience de sa propre origine divine commence à s’évanouir loin d’elle. Dans cet état d’éloignement de Dieu, elle produit le Démiurge, Jaldabaoth, יַלְדָּא בָּהוּת, fils du chaos ; Et lui, un être méchant aussi bien que limité, plein d’arrogance et d’orgueil, décide que lui-même sera le Seigneur et le Maître dans le monde qu’il crée. Cela amène Achamoth à la délibération pénitente. Par l’exercice vigoureux de tous les pouvoirs de lumière qui habitent en elle, et fortifiés par une lueur de lumière venue d’en haut, elle réussit à s’élever du royaume du chaos dans le Τόπος τῆς μεσότητος. Néanmoins, Jaldabaoth fit naître six esprits stellaires ou planètes à son image, et se plaça lui-même comme le septième à leur tête. Mais eux aussi pensent à se rebeller. Enragé par cela, Jaldabaoth jette un coup d’œil furieux sur la vase profonde de l’Hyle ; son visage affreusement déformé se reflète dans ces rebuts de chaos ; l’image y prend vie et forme Ophiomorphus ou Satan. Sur l’ordre de Jaldabaoth, les esprits des étoiles font l’homme ; mais ils ne produisent qu’un être maladroit et sans esprit qui rampe sur le sol. Pour l’animer et la faire se redresser, le Démiurge y insuffle son propre souffle, mais il se prive ainsi d’une grande partie de cet élément pneumatique qu’il tenait de sa mère. La soi-disant chute, dans laquelle Ophiomorphus ou le serpent n’était que l’instrument inconscient d’Achamoth, est en vérité le commencement de la rédemption de l’homme, le progrès vers la conscience de soi et la liberté morale. Mais en punition de sa désobéissance, Jaldabaoth le chassa du monde matériel supérieur, le Paradis, dans le monde inférieur, où il fut exposé aux contrariétés d’Ophiomorphus, qui amena également la majorité de l’humanité, les païens, sous son autorité, tandis que les Juifs servaient Jaldabaoth, et seul un petit nombre de natures pneumatiques, avec l’aide d’Achammoth, se gardèrent de l’un et de l’autre. Les prophètes que Jaldabaoth envoya à son peuple étaient en même temps des organes inconscients d’Achamoth, qui fit descendre l’Ano-Christus du Plérôme sur le Messie, dont le royaume doit encore s’étendre parmi toutes les nations. Jaldabaoth laissa alors crucifier son propre Messie, mais l’Ano-Christus s’était déjà retiré de lui et s’était placé invisible à la droite du Démiurge, où il le priva, lui et ses anges, de tout l’élément de lumière qu’ils avaient encore en eux, et rassembla autour de lui le pneumatique d’entre les hommes, afin de les conduire dans le Plérôme. Le gnosticisme est la Pistis Sophia,42 apparaissant au milieu du IIIe siècle, avec une forte teinture de Valentinianisme. Il traite principalement de la chute, du repentir et de la plainte de Sophia, et des mystères qui purifient pour la rédemption, se rapprochant souvent de très près de la doctrine de l’Église.
27.8. Sectes antinomiques et libertines. — Les représentants ultérieurs du gnosticisme alexandrin, à cause de la tendance antinomique de leur système, tombèrent pour la plupart dans une immoralité grossière, qui s’excusa par le motif que les hommes pneumatiques devaient mépriser la loi du Démiurge, ἀντιτάσσεσθαι, (d’où ils étaient aussi appelés Antitactes), et que, par la pratique des convoitises charnelles, on devait affaiblir et tuer la chair, παραχρῆσθαι τῇ σαρκί, afin de vaincre les puissances de l’Hylé. Les quatre sectes suivantes peuvent être mentionnées comme celles qui ont maintenu de telles vues.
27.9. Saturninus, ou Satornilus d’Antioche, selon Irénée, disciple de Ménandre, était l’un des plus anciens gnostiques syriens, à l’époque d’Hadrien, et celui dans le système de dualisme duquel on trouve les traces les plus décidées de coloration parsi. Du θεὸς ἄγνωστος, le monde spirituel du règne de la lumière émane par étapes successives. Sur l’étape la plus basse se tiennent les sept esprits de la planète, ἄγγελοι κοσμοκράτορες, à leur tête le créateur du monde et le dieu des Juifs. Mais de toute éternité, contre le royaume de la lumière, l’Hylé s’oppose violemment sous le règne de Satanas. Les sept esprits des étoiles pensent y fonder un royaume libre et indépendant du Plérôme, et dans ce but ils font une incursion dans le royaume de l’Hylé, et s’en emparent d’une partie. C’est pourquoi ils forment le monde sensible et créent l’homme comme gardien de celui-ci, d’après un modèle équitable envoyé par le bon Dieu dont ils avaient une vague vision. Mais ils n’ont pas pu lui donner la forme droite. Le Dieu suprême a alors pitié de la misérable créature. Il y envoie une étincelle de lumière σπινθήρ qui le remplit de vie pneumatique et le fait se tenir debout. Mais Satanas dressa une race hylique d’hommes contre cette race pneumatique, et persécuta celle-ci sans cesse par les démons. Le dieu juif projette alors de racheter les persécutés par un Messie, et inspire aux prophètes d’annoncer sa venue. Mais Satan aussi a ses prophètes, et le dieu juif n’est pas assez puissant pour faire prévaloir ses vues sur celles de son ennemi. Finalement, le bon Dieu envoie sur la terre l’Éon Νοῦς, dans ce qui a l’apparence d’un corps, afin qu’il apprenne au pneumatique comment échapper, par la Gnose et l’ascétisme, en s’abstenant du mariage et de la consommation de chair, non seulement des attaques de Satan, mais aussi de la domination du dieu juif et de ses esprits stellaires, comment s’émanciper de tout lien avec la matière, et s’élever dans le royaume de la lumière.
27.10. Tatien et les Encratites. — L’Assyrien Tatien, converti au christianisme à Rome par Justin Martyr, se présente comme un apologiste zélé de la foi (30, 10). Dans ses dernières années, cependant, tout comme dans le cas de Marcion, à la suite de son exagération de l’antithèse paulinienne de la chair et de l’esprit, de la loi et de la grâce, il a été amené à proposer une théorie de l’opposition dualiste entre le dieu de la loi, le Démiurge, et le dieu de l’évangile, qui a trouvé son expression dans un système gnostique-ascétique. rompant complètement avec l’église catholique, et atteignant sa conclusion dans la secte hyperascétique des Encratites qui surgit à Rome vers J.-C. Débloquer le niveau 172. Il devint alors le chef et le chef de cette secte, qui, avec sa revendication fanatique de l’abstinence complète du mariage, de toute consommation de chair et de toutes les liqueurs spiritueuses, gagna son approbation, et peut-être reçut-elle de lui sa première empreinte gnostique dogmatique. Des écrits gnostiques de Tatien, Προβλήματα et Περὶ τοῦ κατὰ τὸν σωτῆρα καταρτισμοῦ, seuls quelques fragments, avec de rares notices de son système gnostique, sont conservés. Son opposition dualiste entre le dieu de l’Ancien Testament et le dieu du Nouveau Testament ne peut pas avoir signifié une hostilité totale, car il fait en sorte que le Démiurge assis dans les ténèbres s’adresse au Dieu suprême dans le langage de la prière : « Que la lumière soit. » Il déclare cependant qu’Adam, en tant qu’auteur de la chute, est incapable de rédemption. — Ses disciples étaient aussi appelés Ὑδροπαραστάται, Aquarii, parce qu’à la Cène ils utilisaient de l’eau au lieu du vin. Voir Lit., p. 30, 10.
27.11. Marcion et les Marcionites.―Marcion de Sinope dans le Pont, mort vers l’an J.-C. 170, était, selon Tertullien, un riche capitaine de navire qui, à son arrivée à Rome, dans son enthousiasme précoce pour la foi, y fit un riche présent à l’Église, mais fut ensuite excommunié par elle comme hérétique. Selon le Pseudo-Tertullien et d’autres, il était le fils d’un évêque qui l’excommunia pour incontinence avec quelqu’un sous le vœu de virginité. L’histoire peut peut-être être basée sur un malentendu ultérieur de l’accusation de corrompre l’église en tant que pure épouse de Christ. C’était un homme d’un caractère fougueux et énergique, mais aussi rude et excentrique, d’une tendance tout à fait pratique et avec peu de talent spéculatif. Il était probablement poussé par les dures luttes intérieures de sa vie spirituelle, quelque peu semblables à celles que Paul avait traversées, à une conception pleine et sincère de la grâce gratuite de Dieu en Christ ; mais il concevait l’opposition entre la loi et l’évangile, que l’apôtre mettait en harmonie par sa théorie de l’office pédogogique de la loi, comme purement hostile et irréconciliable. À Rome, en apr. J.-C. En 140, le gnostique syrien Cerdo, qui faisait déjà la distinction entre le Dieu « bon » du christianisme et le Dieu « juste » du judaïsme, acquit une influence sur lui. Il développa donc pour lui-même un système gnostique, dont l’idée dominante était l’opposition irréconciliable de la justice et de la grâce, de la loi et de l’évangile, du judaïsme et du christianisme. Il répudia l’ensemble de l’Ancien Testament et exposa l’opposition entre les deux Testaments dans un traité spécial intitulé Antithèses. Il ne reconnaissait que Paul comme apôtre, puisque tout le reste était retombé dans le judaïsme, et de tout le Nouveau Testament, il n’admettait que dix épîtres pauliniennes, à l’exclusion des épîtres pastorales et des épîtres aux Hébreux, et n’admettant l’Évangile de Luc que sous une forme mutilée.43 Marcion ne voulait rien savoir d’une doctrine et d’une tradition secrètes et rejetait l’interprétation allégorique tant favorisée par les gnostiques, ainsi que la théorie de l’émanation et de la subordination de Pistis à la gnose. Tandis que d’autres gnostiques ne formaient pas d’églises, mais seulement des écoles de groupes de penseurs choisis, ou tout au plus seulement de petits rassemblements, Marcion, après avoir vainement essayé de réformer l’église catholique conformément à son paulinisme exagéré, se mit en devoir d’établir un système ecclésiastique bien organisé, dont les membres étaient disposés en Perfecti ou Electi et Catechumeni. De la première, il exigeait une ascèse stricte, l’abstinence du mariage et la restriction de la nourriture au plus simple et au moins possible. Il autorisa cependant les catéchumènes, en opposition à la pratique catholique (35, 1), de participer à tous les services, qui se sont déroulés de la manière la plus simple possible. Le sérieux moral et la tendance pratique de son mouvement lui assurèrent de nombreux adhérents, dont de nombreuses congrégations maintinrent leur existence beaucoup plus longtemps que les membres des autres sectes gnostiques, même jusqu’au VIIe siècle. Aucun des fondateurs des anciennes sectes gnostiques n’était plus étroitement lié à l’Église catholique que Marción par sa vie et sa doctrine, et pourtant, ou peut-être juste pour cette raison, aucun d’entre eux ne s’y opposa si souvent, avec autant d’empressement et d’amertume. Même Polycarpe, à son arrivée à Rome (37, 2), en réponse à la question de Marcion de savoir s’il le connaissait, il dit : Ἐπιγνώσκω τὸν πρωτότοκον τοῦ Σατανᾶ. Tous les anciens polémistes ecclésiastiques, Justin, Rhodon dans Eusèbe, Tertullien et Irénée, dans leur description et leur réfutation, semblent ne reconnaître que deux principes (ἀρχαί), qui s’opposent l’un à l’autre, comme θεὸς ἀγαθός et θεὸς δίκαιος. Celui-ci apparaît comme le créateur du monde, ou Démiurge, le dieu des Juifs, le dispensateur de la loi, mais incapable par sa loi de sauver les Juifs et de les dissuader de l’enfreindre, ou de ramener les Gentils à l’observer. Alors, de sa grâce gratuite, le « bon » Dieu, jusque-là tout à fait inconnu, résolut de racheter les hommes de la puissance du Démiurge. Dans ce but, il envoie son Logos dans le monde avec l’apparence d’un corps. En guise d’accommodement, il se présente comme le Messie du dieu juif, proclame le pardon des péchés par la grâce gratuite, communique à tous ceux qui croient les puissances de la vie divine, est à l’instigation du Démiurge furieux cloué sur la croix pour ne souffrir la mort qu’en apparence, prêche aux païens emprisonnés dans l’Hadès, bannit le Démiurge dans l’Hadès, et ordonne l’apôtre Paul comme maître des croyants. — Les hérésiologues postérieurs, cependant, Hippolyte, dans son Elenchus, Epiphane, Théodoret, et surtout l’Esnig arménien (64, 3), sont également d’accord pour dire que Marcion reconnaissait trois principes (ἀρχαί) ; qu’à côté du Dieu bon et du Dieu juste, il admettait un principe mauvais, l’Hylé concentré dans Satan, de sorte que même le développement pré-chrétien du monde était considéré du point de vue d’un conflit dualiste entre les puissances divines. Le Dieu juste et l’Hylé, en tant que principe quasi féminin, s’unirent l’un à l’autre pour créer le monde, et quand le premier vit combien la terre était belle, il résolut de la peupler d’hommes créés à sa ressemblance. À cette fin,À sa demande, l’Hylé lui offrit de la poussière, à partir de laquelle il créa l’homme, lui inspirant son propre esprit. Les deux puissances divines se réjouissaient de l’homme comme des parents d’un enfant, et partageaient son culte. Mais le Démiurge chercha à obtenir une autorité indivise sur l’homme, et ordonna ainsi à Adam, sous peine de mort, de l’adorer seul, et l’Hylé se vengea en produisant une multitude d’idoles auxquelles la majorité des descendants d’Adam, s’éloignant du Dieu de la loi, rendaient hommage. dans leur conflit avec Marcion, ils s’étaient volontairement limités au point le plus important du système marcionite, son opposition caractéristique des dieux de l’Ancien et du Nouveau Testament, passant sur les points sur lesquels il s’accordait plus ou moins avec d’autres systèmes gnostiques ; ou en supposant que les Marcionites postérieurs, tels que Prepon ( 27, 12), En conséquence de la défectuosité et de l’insuffisance palpables du système primitif de deux principes, ont été amenés à lui donner le développement ultérieur qui a été décrit.44
27.12. La faiblesse spéculative et l’imperfection de son système ont conduit les disciples de Marcion à l’étendre et à le remodeler de nombreuses façons. Deux d’entre eux, Lucanus et Marcus, sont prééminents en tant que remodeleurs du système, dans lequel ils ont importé divers éléments de celui de Saturninus. Le Prepon assyrien plaçait le Logos « juste » comme troisième principe entre le Dieu « bon » et le Démiurge « mauvais ». De tous les Marcionites les plus nommés, Apelles, qui mourut vers l’an 100. 180, penchait le plus près de la doctrine de l’Église. Eusèbe parle d’une dispute qui eut lieu à Rome entre lui et Rhodon, disciple de Tatien. À la tête de son système essentiellement moniste, Apelles place l’ἀγέννητος θεός comme le μία ἀρχή. Ce Dieu, outre un monde céleste supérieur, avait créé un ordre d’anges, dont le premier et le plus éminent, le soi-disant Angelus inclytus ou gloriosité en tant que Démiurge, a fait le monde terrestre à l’image et à la gloire du Dieu suprême. Mais un autre ange, l’ἄγγελος πυρετός, corrompit sa création, qui était déjà imparfaite en elle-même, en faisant naître le σὰρξ ἁμαρτίας, dont il revêtit les âmes attirées du monde supérieur. C’est lui aussi qui parla à Moïse du haut du buisson ardent, et qui, en tant que dieu des Juifs, donna la loi du Sinaï. Le Démiurge se repentit bientôt de sa malheureuse performance et pria le Dieu suprême d’envoyer son Fils comme rédempteur. Le Christ est apparu, a vécu, a travaillé et a souffert dans un corps réel. Ce n’était cependant pas le σὰρξ ἁμαρτίας qu’il supposait, mais un corps sans péché composé des quatre éléments qu’il rendit aux éléments lors de son ascension au ciel. Vers la fin de sa vie, Apelles semble, sous l’influence des révélations mystiques d’une prophétesse, Philoumène, dont il publia le φανερώσεις, avoir de plus en plus renoncé à ses vues gnostiques. Il avait déjà admis dans sa Dispute avec Rhodon, que même sur la plate-forme catholique, on peut être sauvé, car l’essentiel est la foi dans le Christ crucifié et l’accomplissement de ses œuvres. Il aurait même été prêt à souscrire au monothéisme de l’Église, s’il n’avait pas été gêné par l’opposition entre l’Ancien et le Nouveau.
27.13. Le peintre Hermogène en Afrique du Nord, vers J.-C. 200, auquel Tertullien s’opposait, s’offusquait de la doctrine catholique de la création ainsi que de la théorie gnostique de l’émanation, parce qu’elle faisait de Dieu l’auteur du mal. Il a donc assumé un chaos éternel, à partir duquel il a lutté contre l’influence créatrice et formatrice de Dieu pour expliquer l’origine de tout ce qui est mauvais et vil.
Le judéo-christianisme, qui a maintenu sa séparation d’avec le christianisme païen, même après le renversement de la ville sainte et de son temple, a pris en partie un caractère simplement séparatiste, en partie un caractère résolument hérétique. Les deux tendances avaient en commun l’affirmation de l’obligation continue d’observer l’ensemble de la loi mosaïque. Mais alors que le premier limitait cette obligation aux chrétiens d’origine juive en tant que tige et noyau particuliers de la nouvelle communauté messianique, et permettait aux chrétiens païens, en tant que prosélytes de la Porte, d’omettre ces observances, le second ne tolérait aucune concession de ce genre et dépassait le monothéisme de l’Ancien Testament par un monarchianisme stérile qui niait la divinité du Christ (33, 1). Plus tard, les deux partis furent distingués en Nazaréens et en Ébionites. D’autre part, dans les Ébionites qui nous ont été décrits par Épiphane, nous avons une forme de christianisme juif imprégnée d’éléments gnostiques. Ces Ébionites, s’installant avec les Esséniens ( 8, 4) sur les rives orientales de la mer Morte, est connue sous le nom d’Elkesaites. Dans le schéma de doctrine du Pseudo-Clémentin, cette Gnose Ebionitique a été réalisée en détail et transformée en un système complet et richement développé.
28.1. Nazaréens et Ébionites. — Tertullien et avec lui la plupart des Pères de l’Église ultérieurs font dériver le nom d’Ébionite d’Ébionite, l’un des fondateurs de la secte. Depuis l’époque de Gieseler, cependant, le nom a généralement été rattaché au mot hébreu אֶבְיוֹן signifiant pauvre, en partie par allusion à la pauvreté réelle de l’église de Jérusalem (Gal. ii. 10), en partie à l’association des termes pauvre et pieux dans les Psaumes et les Prophètes (comp. Matt. v. 3). Minucius Felix, c. xxxvi. atteste que les chrétiens païens étaient aussi désignés ainsi par ceux qui n’en avaient pas : Ceterum quod plerique « Pauperes » dicimur, non est infamia nostra, sed gloria. Récemment, cependant, Hilgenfeld est revenu à la dérivation patristique du nom. — Dans Irénée, le nom d’Ebionæi fait sa première apparition dans la littérature, et cela comme une désignation des chrétiens juifs comme hérétiques qui n’admettaient qu’un Évangile selon Matthieu, probablement le soi-disant Évangile selon les Hébreux (32, 4), Il a qualifié l’apôtre Paul d’apostat, a insisté sur la stricte observance de la loi juive et a enseigné sur les questions christologiques « consimiliter ut Cerinthus et Carpocrates » (27, 1, 8), tandis qu’ils niaient que le Christ fût né d’une vierge, et le considéraient comme un simple homme. Origène († apr. J.-C. 243) embrassait tous les chrétiens juifs sous le nom d’Ἐβιωναῖοι mais ne niait pas l’existence de deux partis très différents parmi eux (διττοὶ et ἀμφότεροι Ἐβιωναῖοι). Eusèbe fait de même. Jérôme est encore le premier à distinguer le parti le plus modéré par le nom de Nazaréens (Actes, XXIV, 5), du parti plus extrémiste qui est désigné comme Ébionite. C’est aussi la pratique d’Augustin et de Théodoret. Le premier parti reconnaissait la naissance virginale du Christ et donc son origine divine, assignait à Paul sa place d’apôtre des Gentils, et n’exigeait pas des chrétiens païens qu’ils observent la loi cérémonielle de Moïse, bien qu’ils croyaient qu’ils y étaient eux-mêmes liés. Celui-ci le considérait encore comme absolument nécessaire au salut, et soutenait aussi que le Christ était le Messie, mais seulement un homme, fils de Joseph par Marie, doté de pouvoirs divins dans son baptême. Son œuvre messianique, selon eux, consistait en l’accomplissement par son enseignement de la loi mosaïque. Sa mort était une offense pour eux, mais ils étaient réconfortés par la promesse de son retour, alors qu’ils attendaient l’établissement d’un royaume messianique terrestre. Paul a été déprécié par eux et n’a fait que peu de compte. Les Ébionites des deux partis ont continué à exister en petit nombre jusqu’au Ve siècle, en particulier en Palestine et en Syrie. L’un et l’autre, cependant, avaient sombré au milieu du IIe siècle dans une insignifiance presque totale. Les maigres restes d’écrits émanant du parti prouvent que le christianisme juif non hérétique en particulier, avant la fin de ce siècle, avait en grande partie abandonné son caractère juif national, et donc sa position distincte en tant que secte religieuse, et en adoptant les vues du christianisme païen paulinien (30, 2) s’est peu à peu amalgamé avec elle.46
28.2. Les Elkésaïtes. — Des récits indépendants de cette secte, en accord substantiel les uns avec les autres, sont donnés par Hippolyte dans son Elenchus, par Origène, cité dans Eusèbe, et par Épiphane. Leur désignation a également conduit les Pères de l’Église à supposer un fondateur de secte du nom d’Elxai ou Elchasai, qui aurait vécu à l’époque d’Hadrien. Les membres de la secte eux-mêmes tiraient leur nom de חֵיל כְּסָי, δύναμις κεκαλυμμένη, la puissance cachée de Dieu opérant en eux, c’est-à-dire le Saint-Esprit, le δύναμις ἄσαρκος des Homélies clémentines. C’était probablement le titre d’un livre exposant leur doctrine ésotérique, qui ne circulait que parmi ceux qui étaient tenus par serment au secret. Origène dit que le livre était censé être tombé du ciel ; Hippolyte dit qu’il a été considéré comme ayant été révélé par un ange qui était le Fils de Dieu lui-même. Elxai l’obtint des Sériens en Parthie et le communiqua aux Sobiai, probablement de שֹׁבְעַ ; puis le Syrien Alcibiade l’apporta d’Apamée à Rome au IIIe siècle. Le système doctrinal des Elkésaïtes était très variable, et est représenté par les Pères de l’Église mentionnés comme un mélange confus d’éléments chrétiens avec le légalisme du judaïsme, l’ascétisme de l’essénisme et le naturalisme du paganisme, et montrant une prédilection particulière pour les fantaisies astrologiques et magiques. La loi était considérée comme contraignante, en particulier les préceptes concernant le sabbat et la circoncision, mais le culte sacrificiel a été abandonné, et les parties de l’Ancien Testament s’y référant ainsi que d’autres parties. Leur doctrine du baptême variait de celle du baptême une fois administré à celle d’un baptême par des ablutions souvent répétées les jours spécialement indiqués par les signes astrologiques. Le baptême était pour le pardon des péchés et aussi pour la guérison magique des malades. Il a été administré au nom du Père et du Fils, et en outre il y a eu sept témoins appelés, les cinq éléments, ainsi que l’huile et le sel, ce dernier comme représentant de la Cène du Seigneur, qui a été célébrée avec du sel et du pain sans vin. Il était interdit de manger de la chair, mais le mariage était permis et très estimé. Leur christologie présentait l’apparence d’une fermentation instable. D’une part, le Christ était considéré comme un ange, et même comme le μέγας βασιλεύς, d’une taille gigantesque, haute de 96 milles et large de 24 milles ; mais d’autre part, ils enseignaient aussi une incarnation répétée du Christ en tant que Fils de Dieu, le dernier étant le Christ né de la vierge. Il représente le principe masculin, et à ses côtés, en tant que principe féminin, se tient le Saint-Esprit. Le reniement du Christ en temps de persécution leur paraissait tout à fait permis. À l’époque d’Épiphane, qui les identifie avec les Sampséens, dont le nom est dérivé de שֶׁמֶשׁ le soleil, parce qu’en priant ils se tournaient vers le soleil, appelé aussi Ἡλιακοί, ils avaient pour la plupart leur résidence autour de la mer Morte, où ils se sont mêlés aux Esséniens de cette région. 1). Ces Sabéens, de צבע signifiant טבע, βαπτίζειν, sont désignés par les écrivains arabes médiévaux Mogtasilah, ceux qui se lavent, et Elchasaich est nommé comme leur fondateur, et comme enseignant l’existence de deux principes, un mâle et une femelle.47
28.3. La série d’écrits pseudo-clémentins forme une littérature d’une description historico-didactique romantique qui a pris naissance entre J.-C. 160 et 170.
28.4. Le système doctrinal pseudo-clémentin est représenté de la manière la plus complète et la plus originale dans les Homélies. Dans les conversations, les discours et les débats qui y sont rapportés, l’auteur développe ses propres opinions religieuses, et en les mettant dans la bouche de l’apôtre Pierre, il cherche à les faire reconnaître comme un christianisme primitif authentique et pur, tandis que toutes les doctrines du paulinisme catholique auxquelles il s’oppose, ainsi que celles du gnosticisme hérétique et surtout du marcionisme, sont mis dans la bouche de Simon le Magicien, l’hérétique primitif ; Et puis on tente de réconcilier et de combiner tous ces points de vue, le mal étant certes combattu, mais un élément de vérité étant reconnu dans tous. Il dirige sa Polémique contre le polythéisme du paganisme vulgaire, l’interprétation allégorique par les philosophes des mythes païens, la doctrine de la création du monde à partir de rien et le culte sacrificiel du judaïsme, contre la Trinité hypostatique du catholicisme, le chiliasme des Ébionites, l’élément naturaliste païen dans l’Elkésaïsme, le dualisme, la doctrine du Démiurge, le docétisme et l’antinomisme des gnostiques chrétiens païens. Il tente dans ses Ironies de souligner l’identité ébionitique du christianisme authentique avec le judaïsme authentique, souligne l’exigence essénienne-elkésaïtique de s’abstenir de manger de la chair, d’observer des jeûnes fréquents, des ablutions diverses et de la pauvreté volontaire (par une recommandation de mariages précoces), ainsi que la doctrine catholique de la nécessité du baptême pour le pardon des péchés, et justifie la tendance gnostique de son temps en établissant un système de doctrine dont l’idée centrale est la connexion du panthéisme stoïcien avec le théisme juif, et qui est lui-même complètement dualiste : Dieu, l’Être pur et éternel, était à l’origine une unité de πνεῦμα et σῶμα, et sa vie consistait en extension et en contraction, ἔκτασις et συστολή, dont le cœur humain a été une copie ultérieure. Le résultat d’un tel ἔκτασις fut la séparation de πνεῦμα et σῶμα, avec lequel un commencement de développement du monde fut fait. Le πνεῦμα est ainsi représenté par Υἱός, aussi appelé Σοφία ou Ἄρχων τοῦ αἰῶνος τοῦ μέλλοντος ; le Σῶμα est représenté par Οὐσία ou Ὕλη qui se divise quatre fois en double opposition des éléments. Satan naît du mélange de ces éléments, et est l’âme universelle du Ἄρχων τοῦ αἰῶνος τούτου. Le Σῶμα est ainsi devenu ἔμψυχον et ζῶον. C’est ainsi que le Monas s’est développé en un Dyas, comme le premier maillon d’une longue chaîne de paires ou Syzygies contrastées, dans la première série desquelles le grand et le mâle se tiennent en face du petit et de la femelle, du ciel et de la terre, du jour et de la nuit, etc. La dernière Syzygie de cette série est Adam en tant que vrai mâle, et Eve en tant que fausse femme prophète. Dans la deuxième série, cette relation s’était inversée, Caïn et Abel, Ismaël et Isaac, etc. Dans les protoplastes, cette opposition du vrai et du faux, du bien et du mal, était encore physique et nécessaire ; Mais chez leurs descendants, parce que les deux éléments de leurs parents sont mélangés en eux, cela devient éthique, conditionnant et exigeant la liberté d’autodétermination. Pendant ce temps, Satan tentait les hommes à l’erreur et au péché ; mais le vrai prophète (ὁ ἀληθὴς προφήτης) en qui le divin Πνεῦμα habitait en tant qu’ἔμφυτον et ἀένναον, les ramène toujours dans la vraie voie de la Gnose et de l’accomplissement de la loi. En Adam, le prophète originel, qui avait enseigné tout entier, il n’y avait pas d’autre moyen d’empêcher l’Évangile d’être un prophète complet.Il était apparu d’abord, revenant après chaque nouvel obscurcissement et défiguration de sa doctrine sous des noms et des formes diverses, mais toujours en proclamant de nouveau la même vérité. Ses manifestations spéciales étaient en Hénoch, Noé, Abraham, Isaac, Jacob, Moïse, et finalement, en Christ. À côté d’eux tous, cependant, se trouvent de faux prophètes inspirés par l’esprit de mensonge, auxquels même Jean-Baptiste appartient, et dans l’Ancien Testament, beaucoup de leurs doctrines et prophéties se sont glissées avec la vraie prophétie. Le passage du point de vue panthéiste originel au point de vue théiste ultérieur, dans lequel Dieu est représenté comme créateur personnel du monde, législateur et gouverneur, semble avoir été introduit au moyen de la partition primitive de l’être divin en Πνεῦμα et Σῶμα. Mais c’est en vain que nous cherchons l’explication de la contradiction selon laquelle, d’une part, la fin du développement du monde est représentée comme la séparation du mal et du bien pour le châtiment éternel du premier, mais d’autre part, comme un retour, par la purification de l’un et la destruction de l’autre, de tous dans l’être divin, l’ἀνάπαυσις. Tout aussi inconciliable est l’affirmation de la nécessité inconditionnelle du baptême chrétien avec l’affirmation de l’égalité de toutes les étapes de la révélation.
Le manichéisme fait son apparition en Perse vers le milieu du IIIe siècle, indépendamment du gnosticisme païen-chrétien de l’empire romain, qui était plus ou moins sous l’influence de la philosophie grecque du IIe siècle, mais qui a un lien indubitable avec le mandéisme (25, 1). et Elkésaïsme ( 28, 2). En principe et en tendance, elle était en divers points, comme par exemple dans sa théorie de l’émanation, son docétisme, etc., liée au gnosticisme, mais elle s’en distinguait surtout par l’utilisation des idées et des modes de pensée sotériologiques chrétiens comme un simple vernis pour la théosophie païenne orientale ou babylonienne-chaldaïque, en la mettant à la place de notions platoniciennes ou stoïciennes qui lui sont tout à fait étrangères. basant le système sur le dualisme perse et l’imprégnant d’éléments de l’éthique bouddhiste. Un autre point sur lequel il se distingue du gnosticisme est qu’il ne se présente pas comme une forme ésotérique de religion destinée uniquement à quelques esprits spécialement doués, mais qu’il s’efforce clairement de construire une communauté propre avec une constitution régulièrement articulée et un rituel bien organisé.
29.1. Le Fondateur. — Ce que les Pères grecs et latins (Titus de Bostra, Épiphane, Augustin, etc.) disent de la personne et de l’histoire du fondateur de cette secte provient principalement du récit d’une dispute qu’un évêque Archélaüs de Cascar, en Mésopotamie, aurait eue avec Manès ou Manichéus. Ce document est écrit en syriaque et date d’environ J.-C. 320, mais il ne s’agit que d’un ouvrage polémique sous couvert d’un débat entre hommes aux noms historiques. Ces « Actes » nous sont parvenus dans une version latine très corrompue, et contiennent, surtout dans leurs allusions historiques, beaucoup de choses incroyables et légendaires, tandis que dans leur représentation de la doctrine de Manès, ils sont beaucoup plus dignes de confiance. D’après eux, l’origine du manichéisme doit être attribuée à un artisan sarrasin qui a beaucoup voyagé, nommé Scythianus, et qui vivait au temps des apôtres. Son disciple, Térébinthe, qui, plus tard, à Babylone, prit le nom de Buddas, et affirma qu’il était né d’une vierge, écrivit sous la dictée du maître quatre livres, Mysteria, Capitula, Evangelium, Thesaurus, qui, après sa mort, entrèrent en possession d’un esclave affranchi, Cubricus ou Corbicus. Cet homme fit sienne la sagesse qui y était enseignée, la développa plus complètement, apparut en Perse comme le fondateur d’une nouvelle religion, et s’appela lui-même Manès. Il a même été reçu à la cour, mais son échec à guérir un prince a été utilisé par les magiciens jaloux pour assurer son renversement. Il s’échappa cependant de prison et trouva une cachette sûre à Arabion, un vieux château de Mésopotamie. Entre-temps, il avait eu accès aux écrits sacrés des chrétiens et leur avait beaucoup emprunté pour le développement ultérieur de son système. Il se présenta alors comme le Paraclet promis par le Christ et, par le moyen de lettres et de messagers, développa une grande activité dans la diffusion de ses vues, en particulier parmi les chrétiens. Cela a conduit à la dispute d’Archélaüs mentionnée ci-dessus, dans laquelle Manès a subi une défaite totale. Peu de temps après, il fut saisi sur ordre du roi de Perse, écorché vif et sa peau empaillée exposée publiquement en guise d’avertissement.
Les rapports des documents persans des IXe et Xe siècles, bien que plus tardifs, semblent beaucoup plus crédibles, et les dates dérivées des propres écrits de Manès et de ceux de ses disciples cités dans les documents arabes des Xe et XIe siècles, sont tout à fait dignes d’être acceptées.50 Selon eux, Fatak, le père de Manès, appelé Πατέκιος dans une formule de serment grec encore existante, descendait d’une noble famille perse de Hamadan ou d’Ecbatane, avait épousé une princesse des Asarcidae parthes, peu de temps auparavant, après J.-C. 226, chassé par les Perses Sassanides, et s’établit avec elle à Ctésiphon, la capitale des Parthes. C’est là qu’il rencontra les Mogtasilah, les Mandéens ou Elkésaïtes ( 28, 2), puis il s’installa dans le sud de la Chaldée, et entraîna son fils, né en J.-C. 216, avec beaucoup de soin dans cette foi. Mais même dans sa douzième année, Manès reçut une révélation divine, qui l’ordonna d’être le fondateur d’une nouvelle religion, et dans sa vingt-quatrième année, il fut chargé de prêcher publiquement cette religion. Lors de sa première apparition en Perse, le jour du couronnement du roi Sapor Ier, en . Il rencontra si peu de soutien qu’il jugea nécessaire de se tenir à l’écart de l’empire perse pendant plusieurs décennies, qu’il passa dans des pays étrangers à développer son système et à poursuivre avec succès le travail missionnaire. Ce n’était que vers la fin du règne de Sapor († apr. J.-C. 272) qu’il se hasarda de nouveau à revenir. Il gagna à ses vues le frère du roi, Peroz, et, grâce à lui, trouva temporairement grâce auprès de Sapor, qui, cependant, se transforma bientôt en antipathie. Le successeur de Sapor, Ormuz ou Hormisdas Ier, semblait enclin à être tolérant envers lui. C’est précisément pour cette raison que Bahram ou Baranes I. se montra d’autant plus hostile et le fit crucifier en apr. J.-C. 276, son corps écorché, et la peau bourrée de paille jetée à la porte de la ville.
Les deux récits peuvent, selon Kessler, être ainsi mis en harmonie. Le nom de Scythianus a été donné à Fatak comme venant de Parthie ou de Scythie. Terebinthus, une corruption de l’araméen tarbitha, arbrisseau, a été donné à l’origine comme Nomen appell. au fils de Fatak, et a ensuite été mal compris et considéré comme Nomen propr. d’un autre membre de la famille, intermédiaire entre Fatak et Manes. Dans le Cubricus latin, cependant, nous rencontrons une traduction dédaigneuse de son nom d’origine, qu’il a échangé contre le nom de Manès, lorsqu’il est entré indépendamment dans son œuvre.51 Le nom Buddas semble indiquer une sorte de connexion avec le bouddhisme. Nous rencontrons également les quatre livres de Térébinthe parmi les sept principaux ouvrages de Manès catalogués dans le Fihrist. D’après un document persan, l’Evangelium portait le titre d’Ertenki Mani, fut composé par Manès dans une grotte du Turkestan, où il séjourna longtemps pendant son exil, et fut orné de belles illustrations, et passa pour un livre qui lui avait été envoyé directement du ciel.
29.2. Le système.—Les différents ensembles de documents donnent des comptes rendus très différents du système religieux du manichéisme. Cela n’est pas tant dû à une tradition erronée ou à une idée fausse qu’aux différentes étapes par lesquelles la doctrine de Manès est passée. Dans les pays occidentaux et chrétiens, il a pris une coloration chrétienne plus riche que dans les pays orientaux et païens. Sous toutes ses formes, cependant, nous rencontrons une base de dualisme magique. De même que dans le Parséisme, Ahriman et ses Dévas s’opposent à Ormuzd et à ses Ameshaspentas et Izeds, de même ici de toute éternité un éther lumineux entourant le royaume de la lumière, la Terra lucida, du Dieu bon, avec ses douze éons et ses innombrables êtres de lumière, s’oppose au royaume des ténèbres, la Terra pestifera, avec Satan et ses démons. Chacun des deux règnes se compose de cinq éléments : le premier est la lumière vive, le feu vivifiant, l’eau claire, l’air chaud, le vent doux ; ce dernier de flammes sinistres, de feu brûlant, de boue crasseuse, de nuages sombres, de tempête déchaînée. Dans l’un, la concorde parfaite, la bonté, le bonheur et la splendeur prévalent ; dans l’autre, des vagues sauvages, chaotiques et destructrices se précipitent confusément. Se revêtant d’un rayon de lumière emprunté, Satan se prépara à une campagne de brigands dans le royaume de la lumière. Afin de l’éloigner de lui, le Père des Lumières fit émaner de lui la « Mère de la Vie » et la plaça comme une sentinelle aux confins de son royaume. Elle enfanta le premier homme (ὁ πρῶτος ἄνθρωπος), qui, armé des cinq éléments purs, se livra à la bataille contre les démons. Lorsqu’il s’enfonça devant leur assaut furieux, Dieu envoya un éon nouvellement émané pour sa délivrance, « l’esprit vivant » (ζῶον πνεῦμα), qui le libéra et vainquit les démons. Mais une partie de la substance éthérée du premier homme, son armure de lumière, avait déjà été dévorée par le démoniaque Hylé, et comme le Jésus patibilis, υἱὸς ἀνθρώπου ἐμπαθής, y reste emprisonné. Des éléments de lumière qu’il a sauvés, l’Esprit vivant forme maintenant le Soleil et la Lune, et y installe le premier homme en tant que Jésus impatibilis, υἱὸς ἀνθρώπου ἀπαθής, tandis que de l’Hylé imprégné d’éléments de lumière, il construit le monde terrestre actuel, afin de délivrer progressivement les fragments de lumière qui y sont liés, Jésus patibilis ou l’âme du monde, et de les rendre aptes à être restaurés dans leur demeure éternelle. Le premier homme demeurant dans le soleil et le Saint-Esprit trônant dans l’éther lumineux doivent poursuivre et diriger ce processus de purification. Le soleil et la lune sont les deux vaisseaux-lumières, les nefs lucides, que les particules de lumière arrachées au monde augmentent encore. Le zodiaque avec ses douze signes opère dans cette direction comme une roue tournante avec douze seaux, tandis que le plus petit navire, comme la nouvelle lune, les reçoit, et comme la pleine lune les vide à nouveau dans le soleil, ce qui les introduit dans le royaume de la lumière. Afin d’arrêter ce processus de purification, Satan, à partir de l’Hylé et des particules de lumière emprisonnées, dont il avait encore la possession, fit Adam et Ève à son image et à celle du premier homme, et les incita aux convoitises charnelles et aux rapports charnels, de sorte que la lumière de leur âme devint faible et faible. Et de plus en plus, le corps devenait sa sombre prison. Ses démons, en outre, s’occupaient continuellement à resserrer les chaînes des ténèbres autour de leurs descendants au moyen des fausses religions du judaïsme et du paganisme. C’est pourquoi enfin Jésus impatibilis, revêtu de l’apparence d’un corps, descendit du soleil sur la terre, pour instruire les hommes sur leur âme, sur les moyens et la fin de leur rédemption. Les souffrances et la mort qui lui ont été infligées par le Prince des Ténèbres n’étaient qu’apparentes. La mort de la croix et la résurrection n’étaient que des représentations sensibles du renversement et de la victoire finale de Jésus patibilis. De même que dans le macrocosme du monde terrestre se déroule l’émancipation de ce Christ souffrant des liens de la matière hylique, de même dans le microcosme représenté dans chaque homme individuel, nous avons la domination de l’esprit sur la chair, la rédemption de l’âme de lumière de la prison du corps. et son retour dans le royaume de la lumière, conçu comme la fin et le but de toute entreprise. La méthode pour y parvenir consiste dans la plus grande abstinence possible de toute connexion et de tout commerce avec le monde des sens ; le Signaculum oris, en particulier, exige l’abstinence absolue de toute nourriture animale et la restriction de l’usage même de la nourriture végétale, car dans l’abattage de l’animal, tous les éléments de la lumière sont avec la vie retirés de sa chair, et il ne reste que des éléments hyliques, tandis que dans les aliments végétaux les substances de lumière qui s’y trouvent contribuent à fortifier la lumière dans l’âme de l’homme. Le vin et toutes les boissons enivrantes comme le « fiel de Satan » sont strictement interdits, ainsi que la nourriture animale. Le Signaculum manuum interdit toute blessure à la vie animale ou végétale, tout contact évitable avec la matière ou tout travail sur celle-ci, car la matière est ainsi renforcée. Le sinus Signaculum interdit tout plaisir sensuel et tout rapport charnel. Les âmes de ces hommes qui ont parfaitement satisfait à la triple injonction, retournent immédiatement à la mort dans la demeure bénie de la lumière. Ceux qui ne les observent que partiellement doivent, par la transmigration de l’âme dans d’autres corps, d’animaux, de plantes ou d’hommes, en proportion du degré de purification atteint, c’est-à-dire par la métempsycose, faire porter le processus de purification à la perfection. Mais tous ceux qui ne sont pas entrés dans la voie de la sanctification sont finalement livrés sans réserve à Satan et à l’enfer. Les apôtres ont grandement mal compris et falsifié cette doctrine du Christ ; mais c’est en la personne de Manès qu’apparut le Paraclet promis, qui l’enseigna de nouveau dans sa pureté originelle. Pour la plupart, Manès accepta les épîtres pauliniennes dans lesquelles les doctrines de la création gémissante et de l’opposition de la chair et de l’esprit devaient lui être particulièrement agréables ; il repoussa d’autant plus résolument les Actes des Apôtres, et s’opposa vigoureusement au récit qu’ils donnaient de l’effusion de l’Esprit Saint comme étant en contradiction avec sa doctrine du Paraclet. Selon le Fihrist, Manès distinguait du Jésus impatibilis qui, en tant que véritable rédempteur, est descendu sur terre sous l’apparence d’un corps, le Jésus historique en tant que prophète du Diable, et le faux Messie qui, pour le châtiment de sa méchanceté, a souffert la mort réelle sur la croix à la place du vrai Jésus. L’Ancien Testament, il l’a entièrement rejeté. Le dieu des Juifs était avec lui le Prince des Ténèbres ; les prophètes, avec Moïse à leur tête, étaient les messagers du diable. Comme ses véritables précurseurs – les précurseurs du Paraclet – il a nommé Adam, Seth, Noé, Abraham, Bouddha et Zoroastre.
29.3. Constitution, culte et missionnarisation.—Manès était encore considéré après sa mort comme le chef invisiblement présent (Princeps) de l’Église. À la tête de l’ordre hiérarchique, en tant que représentant visible, se trouvait un imam ou un pape, qui résidait à Babylone. Le premier d’entre eux, nommé par Manès lui-même avant sa mort, s’appelait Sis ou Sisinius. Le ministère manichéen fut distribué sous sa direction en douze Magistri et soixante-douze évêques, avec des prêtres et des diacres en nombre selon les besoins. Les congrégations se composaient de catéchumènes (Auditores) et d’élus (Electi, Perfecti). Ceux-ci étaient strictement tenus d’observer le triple Signaculum. Les Auditores leur apportèrent la nourriture nécessaire à l’entretien de leur vie, et, de l’abondance de leur sainteté, ils obtinrent le pardon de ces imparfaits pour avoir inévitablement violé la vie minérale et végétale en faisant cette disposition. Les Auditores étaient également autorisés à se marier et même à manger de la nourriture animale ; mais, en renonçant volontairement à cette permission, ils purent s’assurer l’entrée dans les rangs des Electi. Le culte des Manichéens était simple, mais ordonné. Ils adressaient leurs prières au soleil et à la lune. Le dimanche était consacré par un jeûne absolu, et le jour du culte commun était consacré à l’honneur de l’esprit du soleil ; mais le lundi, les élus célébrèrent eux-mêmes un service secret. Lors de leur fête annuelle principale, celle de la chaire (βῆμα), le jour de la mort de leur fondateur, ils se jetaient à terre à la mode orientale devant une chaise d’État magnifiquement ornée, symbole de leur maître défunt. Les cinq étapes qui y conduisaient représentaient les cinq décrets hiérarchiques des Electi, des Diaconi, des Presbyteri, des Episcopi et des Magistri. Le baptême et la Cène du Seigneur, le premier avec de l’huile, le second avec du pain sans vin, appartenaient au culte secret des Parfaits. L’huile et le pain étaient considérés comme les porteurs les plus lumineux de l’âme universelle dans le monde végétal. Malgré la violente persécution qui, après l’exécution de Manès, s’éleva contre les partisans de sa doctrine dans tout l’empire perse, leur nombre augmenta rapidement dans tous les milieux, surtout en Orient, mais aussi en Occident. en Syrie, en Palestine, en Égypte, etc., l’Afrique proconsulaire devint le centre de sa propagande occidentale ; et de là il s’est répandu en Italie et en Espagne. En apr. J.-C. Dioclétien publia un édit par lequel le proconsul d’Afrique était tenu de brûler les chefs de cette secte, doublement dangereuse comme jaillissant de l’empire perse hostile, ainsi que leurs livres, d’exécuter par l’épée ses adhérents persistants, ou de les envoyer travailler dans les carrières, et de confisquer leurs biens. 1. Le
Les restes littéraires des Pères dits apostoliques constituent les prémices de la littérature patristique et chrétienne. Celles-ci sont insignifiantes quant au nombre et à l’étendue, et, dans la mesure où elles ont leur origine, des circonstances particulières de leurs auteurs, elles ont été composées pour la plupart sous forme d’épîtres. La vieille opinion traditionnelle selon laquelle les auteurs de ces traités avaient bénéficié de la communion et de l’instruction immédiates des apôtres est à la fois trop étroite et trop large. Parmi ces écrits, il faut tout d’abord inclure l'"Enseignement des Douze Apôtres » récemment découvert. À propos d’A.D. Alors que le christianisme faisait son chemin dans les rangs des gens cultivés, les écrivains chrétiens commencèrent à se sentir appelés à s’engager avec le paganisme dans une guerre littéraire défensive et offensive, afin de repousser les accusations et les calomnies portées contre leur religion et de démontrer sa valeur intérieure en opposition à la dégradation morale et religieuse du paganisme. Ces écrits avaient un caractère plus théologique et scientifique que ceux des Pères apostoliques, qui avaient une tendance plus pratique et hortatoire. Les œuvres de ces apologistes qui existent encore offrent des aperçus intéressants et significatifs de la vie, de la doctrine et de la pensée des chrétiens de cette époque, qui, sans ces écrits, auraient été presque inconnus.
30.1. Les débuts de la littérature patristique.―Selon la règle établie de l’Église, nous devons distinguer de la manière suivante entre la littérature du Nouveau Testament et la littérature patristique : à la première appartiennent les écrits auxquels, tels qu’ils ont été composés par les Apôtres ou du moins sous l’autorité apostolique, l’Église antique a attribué une signification objectivement fondamentale et régulatrice pour le développement ecclésiastique ultérieur ; tandis que dans ce dernier cas, nous avons représenté la conception et l’estimation subjectives que les Pères de l’Église ont faites du message chrétien du salut et de la structure qu’ils ont élevée sur ce fondement. Les Pères dits apostoliques peuvent être considérés comme occupant une position intermédiaire entre les deux et formant une transition de l’un à l’autre, ou comme constituant eux-mêmes les prémices de la littérature patristique. En effet, en ce qui concerne les écrits du Nouveau Testament eux-mêmes, l’ancienne Église a longtemps été incertaine et indécise quant à leur sélection parmi la multitude d’écrits contemporains ;54 et Eusèbe désignait encore plusieurs des livres qui furent par la suite définitivement reconnus ἀντιλεγόμενα ; tandis que la critique moderne n’a pas seulement répété de tels doutes quant à l’authenticité de ces écrits, mais a étendu ces doutes à d’autres livres du Nouveau Testament. Mais même cette critique ne peut nier la signification historique attribuée ci-dessus aux livres du Nouveau Testament qu’elle conteste, même si elle peut se sentir obligée de rejeter le récit qu’en a donné l’ancienne Église, et d’attribuer leur composition à l’âge post-apostolique. jugée trop étroite parce qu’elle exclut les écrits du Nouveau Testament composés par les disciples des Apôtres, et trop large parce qu’elle inclut des noms qui n’ont pas la prétention d’être considérés comme disciples ou contemporains des Apôtres, et qu’elle embrasse des écrits dont l’authenticité est dans certains cas clairement réfutée, dans d’autres cas, douteuse ou du moins seulement problématique. Nous arrivons sur un terrain ferme lorsque nous traitons des Apologistes de l’âge d’Hadrien. Ce n’est cependant qu’à l’époque de l’Église Vieille-Catholique, vers J.-C. 170, que les compositions littéraires des chrétiens se sont élargies, approfondies et universalisées par une appropriation et une appréciation plus complètes des éléments de la culture gréco-latine, de manière à former une littérature chrétienne universelle représentative du christianisme en tant que religion universelle.
30.2. La théologie de l’âge post-apostolique. — Le plus grand nombre des écrivains ecclésiastiques de cette période appartiennent au parti chrétien des Gentils. On pourrait donc supposer qu’elle refléterait le type de doctrine paulinienne, sinon dans toute sa profondeur et sa plénitude, du moins dans ses traits les plus significatifs et les plus caractéristiques. Cette attente n’est cependant pas tout à fait réalisée. Chez les Pères de l’Église de cette époque, nous trouvons plutôt une détérioration inconsciente de la doctrine originelle de Paul qui se révèle comme un adoucissement et un rabaissement ou comme une ignorance du paulinisme authentique, qui, par conséquent, en tant que résultat de la lutte contre la tendance gnostique, seulement partiellement surmontée, a été pour la première fois pleinement reconnu et finalement victorieux dans la Réforme du XVIe siècle. D’une part, nous voyons que ces auteurs, s’ils n’ignorent pas complètement la position et la tâche assignées à Israël en tant que peuple élu de Dieu, minimisent leur importance et manquent souvent d’apprécier la signification pédagogique de la loi mosaïque (Gal., III, 24), de sorte que ses parties cérémonielles sont renvoyées à l’incompréhension, au manque de sens, à l’incompréhension. et la folie, ou sont même attribués à une suggestion démoniaque. Mais d’un autre côté, l’Évangile lui-même est considéré à nouveau comme une loi nouvelle et supérieure, purifiée de cette souillure cérémonielle, et par conséquent la tâche du Fils de Dieu anté-mondain, engendré dans le but de créer le monde, mais maintenant aussi manifesté dans la chair, de l’influence de laquelle sur les prophètes de l’Ancien Testament ainsi que sur les sages du paganisme toutes les révélations du judaïsme pré-chrétien ainsi que tous les σπέρματα de la vérité La connaissance dans le paganisme a surgi, est conçue par excellence comme celle d’un enseignant et d’un législateur divin. C’est ainsi que s’imprima dans l’Église Vieille-Catholique, alors qu’elle se développait à partir du christianisme païen paulinien, une tendance morale légaliste qui était tout à fait étrangère au paulinisme originel, et la droiture de la foi enseignée par l’apôtre, lorsqu’elle était représentée comme l’obéissance à la « nouvelle loi », passa de nouveau inaperçue dans une justice des œuvres. En effet, la rédemption et la réconciliation sont toujours admises comme étant conditionnées par la mort du Christ et leur appropriation par la foi de l’individu ; mais cette foi n’est au fond rien d’autre que la conviction de la divinité de la personne et de la doctrine du nouveau législateur qui se manifeste dans la repentance et l’obéissance pratique, et dans l’attente confiante de la seconde venue du Christ, et dans une confiance sûre d’une participation à la vie éternelle. elle ne peut pas non plus s’expliquer comme le résultat d’un compromis entre le pétrinisme judéo-chrétien et le paulinisme chrétien païen, que Baur, Schwegler, etc., supposait avoir été, pendant l’âge apostolique, irréconciliablement hostiles l’un à l’autre. Cela a déjà été prouvé par Ritschl, qui attribue plutôt son intrusion à l’incapacité du christianisme païen à comprendre pleinement les bases de l’Ancien Testament de la doctrine paulinienne. Au moyen d’une analyse minutieuse des écrits incontestés de Justin Martyr et d’une comparaison de ceux-ci avec les écrits des Pères apostoliques, Engelhardt a prouvé que tout ce qui est extra-, anti-paulinien ou anti-paulinien dans le christianisme de ces Pères n’a pas tant une source chrétienne juive ébionitique, mais plutôt une source philosophique païenne. Il montre que le mode de pensée religio-moral dominant du paganisme cultivé de cette époque réapparaît dans cette forme de christianisme non seulement comme une incapacité à parvenir à une compréhension profonde de l’Ancien Testament, mais aussi comme une minimisation et une dépréciation, ou un dédain de tant de traits caractéristiques de la doctrine paulinienne reposant sur les fondements de l’Ancien Testament.
30.3. Les Pères dits Apostoliques.55―
30.4.
30.5.
30.6.
30.7. La Didachè ou l’enseignement des douze apôtres.―Le célèbre petit traité portant le titre Διδαχὴ κυρίου διὰ τῶν δώδεκα ἀποστόλων τοῖς ἔθνεσιν a été découvert par Bryennius (alors métropolite de Serrä, aujourd’hui de Nicomédie) dans le Codex de Jérusalem, auquel nous devons aussi le texte parfait des deux soi-disant épîtres de Clément, et il a été édité par ce savant avec des prolégomènes et des notes en grec, à Constantinople en 1883. Il mit immédiatement en mouvement de nombreuses plumes savantes en Allemagne, en France, en Hollande, en Angleterre et en Amérique du Nord.―Eusèbe, qui le nomme le premier expressément dans sa liste d’écrits du Nouveau Testament sous le nom de τῶν ἀποστόλων αἱ λεγόμεναι διδαχαί, que Rufin rend par Doctrina quæ dicitur App., le place dans le rapport le plus étroit avec l’épître de Barnabé parmi les ἀντιλεγόμενα νόθα ( 36, 8). Quatre ans plus tard, Athanase le classe comme διδαχὴ καλουμένη τῶν ἀπ. avec le Berger d’Hermas, en lui donnant la première place, comme supplément du Nouveau Testament correspondant à l’Ancien Testament ἀναγινωσκόμενα ( 59, 1). Clément d’Alexandrie, en citant un passage, utilise la formule ὑπὸ τῆς γραφῆς εἴρηται, et le traite ainsi comme une Écriture sainte. Dans Origène encore, on n’a trouvé aucune sorte de référence à ce sujet. Extrait de la 39e épître du festival d’Athanase, A.D. 367, qui le classe, comme nous venons de le voir, comme un supplément du Nouveau Testament comme l’Ancien Testament Anaginoskomena, nous savons qu’il était ainsi employé à Alexandrie παρὰ τῶν πατέρων dans l’instruction des catéchumènes. En Orient, d’après Rufin, en l’énumérant dans ses Expos. Symb. Ap. l’Anaginoskomène d’Athanase, nous trouvons à côté d’Hermas, au lieu de la Didachè, les « Deux Voies », Duæ viæ vel Judicium secundum Petrum. Jérôme, lui aussi, dans son De vir. ill., mentionne parmi les écrits pseudo-pétriniens un Judicium Petri. Nous avons ici sans doute une traduction latine ou une recension des six premiers chapitres de la Didachè commençant par les mots : Ὅδοι δύο εἰσι, ces deux voies étant la voie de la vie et la voie de la mort. Le second titre, à la place des douze apôtres, nomme leur porte-parole Pierre comme l’auteur réputé du traité. Peu de temps après l’époque d’Athanase, notre traité a disparu de la vue des Pères de l’Église, mais il réapparaît dans les Constitutions ecclésiastiques du IVe siècle (43, 4, 5). dont il formait la racine et la tige. La Didachè elle-même, cependant, ne doit pas être classée parmi les pseudépigraphes, car elle ne prétend jamais avoir été écrite par les douze apôtres ou par leur porte-parole Pierre. Bryennius et d’autres, à cause de l’importance intentionnelle donnée aux douze apôtres dans le titre et de l’esprit moralisateur légaliste qui imprègne le livre, se sont crus en droit d’en chercher l’origine dans les cercles judéo-chrétiens. Mais ce caractère moralisateur, il le partage avec les autres écrits païens-chrétiens de l’âge post-apostolique (30, 2), et la restriction du terme « Apôtres » par le mot « douze » a été occasionnée par ceci, que les prédicateurs itinérants de l’évangile de ce temps-là, qui dans le Nouveau Testament sont appelés évangélistes (17, 5) étaient maintenant appelés apôtres comme continuateurs des travaux missionnaires des apôtres, et aussi l’exclusion de l’apôtre Paul doit s’expliquer par la considération que le livre est fondé sur les paroles du Seigneur, dont la tradition ne nous est parvenue que par les douze. Il a été rD’autre part, Harnack soutient que l’auteur doit plutôt avoir appartenu à des cercles païens-chrétiens qui répudiaient toute communion avec les Juifs, même en matière de simple forme ; car, dans les chap. viii. 1, 2, s’appuyant sur Matt. vi. 5, 16, il interdit de jeûner avec les hypocrites, « les Juifs », ou peut-être dans le sens de Gal. ii. 13, les judéo-chrétiens, le lundi et le jeudi, au lieu du mercredi et du vendredi selon la coutume chrétienne (37, 3), et l’utilisation de prières juives au lieu du Notre Père. L’adresse du titre : τοῖς ἔθνεσιν doit être comprise selon l’analogie de Rom. xi. 13 ; Gal. ii. 12-14 ; et Eph. iii. 1. L’auteur désire, sous une forme aussi brève, lucide, facile à comprendre et facile à retenir que possible, rassembler pour les chrétiens convertis du paganisme les règles les plus importantes pour leur vie morale, religieuse et collective, conformément aux préceptes du Seigneur tels qu’ils ont été communiqués par les douze Apôtres, et ce faisant, il nous fournit un précieux « commentaire sur les premiers témoins de la vie, le type de doctrine, d’intérêts et d’ordonnances des Églises païennes-chrétiennes à l’époque pré-catholique. Quant à la date de sa composition, son lien avec l’épître de Barnabé et le Berger d’Hermas indique l’époque dans laquelle il doit se situer, car le lien est si étroit qu’il doit les avoir employés ou qu’ils ont dû l’employer. Cependant, non seulement l’âge de l’épître de Barnabé, ainsi que celui du berger d’Hermas, est encore indéterminé, mais on discute également pour savoir si l’un ou l’autre de ces deux ou la didachè a la priorité et l’originalité. D’autre part, la Didachè elle-même, dans presque toutes ses données et présupposés, porte une empreinte si distincte d’un caractère archaïque qu’on se sent obligé d’en assigner la date aussi près que possible de l’âge apostolique. Harnack, qui se sent obligé d’attribuer la priorité non seulement au Pseudo-Barnabé, mais aussi au Berger d’Hermas, fixe sa date entre J.-C. 140-165, d’après Hermas et avant Marcion. D’autre part, Zahn et Funk, Lechler, Taylor, etc., donnent la priorité à la Didachè même sur l’épître de Barnabé. Le lieu ainsi que l’époque de la composition de cette œuvre sont sujets à controverse. Ceux qui soutiennent son origine judéo-chrétienne pensent aux terres méridionales à l’est ou à l’ouest du Jourdain ; d’autres pensent à la Syrie. En raison de son lien avec l’épître de Barnabé, et en référence à Clément et à Athanase (voir ci-dessus), Harnack s’est décidé pour l’Égypte, et, en raison de son accord avec la traduction sahidique du Nouveau Testament en omettant la doxologie de Matt. v. 13, il fixe plus exactement la Haute-Égypte. L’objection selon laquelle la désignation du grain dont est fait le pain pour la Cène du Seigneur dans la prière eucharistique donnée au chap. IX. 4 comme ἐπάνω τῶν ὀρέων, ne correspond pas à celle qui y est cultivée, est censée être écartée avec la remarque peu satisfaisante que « l’origine de la prière eucharistique ne décide pas de l’origine de tout le traité ». Que le livre, cependant, ne porte pas en lui-même d’empreinte spécifiquement alexandrine, comme, par exemple, on le rencontre indéniablement dans l’épître de Barnabé, a été admis par Harnack.64
30.8. Les écrits des premiers apologistes chrétiens65 sont perdus. À la tête de cette troupe se trouvait Quadratus d’Athènes, qui adressa à Hadrien un traité de défense de la foi, dans lequel il montre, entre autres choses, qu’il connaissait lui-même quelques-uns de ceux que Jésus avait guéris ou ressuscités d’entre les morts. Aucune trace de ce travail ne peut être trouvée après le 7ème siècle. Son contemporain, le philosophe Aristide, à Athènes, après sa conversion, adressa au même empereur une Apologie qui a été louée par Jérôme. Un fragment d’une traduction arménienne de ce traité, qui, d’après sa suscription, appartient au Ve siècle, a été trouvé dans un codex du Xe siècle par les méchitaristes de S. Lazzaro, et a été édité par eux avec une traduction latine. Ce fragment traite de la nature de Dieu en tant que créateur et chef éternel de toutes choses, des quatre classes d’hommes, des barbares qui sont issus de Belos, de Chronos, etc., des Grecs de Zeus, de Danaüs, des Hellènes, etc., des Juifs d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, et des chrétiens de Christ, et de Jésus-Christ en tant que Fils de Dieu né d’une vierge juive. qui a envoyé ses douze apôtres dans le monde entier pour enseigner la sagesse aux nations. C’est probablement là que commença l’Apologie. Le caractère antique de son point de vue et l’absence totale de toute référence à la doctrine du Logos ou à un enseignement hérétique, confèrent une grande probabilité à l’authenticité de ce fragment, bien que la désignation de la mère de Jésus comme « porteuse de Dieu » doive être une interpolation ultérieure (comp. 52, 3). L’authenticité de la seconde pièce, cependant, tirée d’un autre Codex arménien, une homélie antidocétique, De Latronis clamore et Crucifixi responsione (Luc, XXIII, 42), qui, d’après les paroles du Christ et de ceux qui ont été crucifiés avec lui, prouve sa divinité, est extrêmement douteuse, tant pour des raisons externes qu’intérieures. D’après l’éditeur arménien, ce Codex porte le titre : Par le philosophe athénien Aristée. Cela s’explique par une corruption du nom d’Aristide, mais récemment, un autre érudit catholique, le Dr Vetter, après un examen attentif, a découvert que le nom était en réalité celui d’Aristide. et l’in principio de Gen. i. 1 a été interprété comme signifiant in filio. Le polémiste païen Celse est le premier à mentionner ce traité. Il la considère, à cause de ses fantaisies allégoriques, qu’elle n’est pas tant propre à faire rire que pitié et mépris, et la considère donc comme indigne d’une réponse sérieuse. Origène, lui aussi, l’estimait de peu d’importance. Par la suite, cependant, au 5ème siècle, il a acquis une grande réputation et a été jugé digne d’une traduction latine par l’évêque africain Celse. Le polémiste Celse, ainsi qu’Origène, Jérôme et le traducteur latin, ne nomment pas l’auteur. Son nom est d’abord donné par Maxime le Confesseur comme Ariston de Pella. Harnack a rendu extrêmement probable que dans l'"Altercatio Simonis Judæi et Theophili Christiani » découvert au XVIIIe siècle, rapporté par Gennadius (47, 16), et attribué par lui à un certain Évagre, nous avons une reproduction latine substantiellement correcte de l’ancien dialogue grec, dans lequel tout ce qui nous est dit sur le document antérieur se rencontre, et qui, bien qu’écrit au Ve siècle, dans ses manières de voir les choses et ses méthodes de preuve, se meut avec espritDans le cercle des Apologistes du IIe siècle. Dans ce livre, tout comme dans ces premiers traités, la méthode de preuve est entièrement conforme à l’Ancien Testament ; par elle toute réponse du chrétien au Juif est soutenue ; enfin le Juif se convertit et demande le baptême, tandis qu’il considère les chrétiens comme lator salutis et ægrotorum bone medice avec un jeu de mots probablement sur le mot Ἰάσων=ἰατρός et d’après cela on conçoit comment Clément d’Alexandrie a supposé que Luc, le médecin, était l’auteur du traité. La conclusion de Harnack est importante dans la mesure où elle apporte une nouvelle confirmation au fait que le christianisme juif non hérétique du milieu du deuxième siècle avait déjà complètement adopté les vues dogmatiques du christianisme païen. Claude Apollinaire, évêque de Hiérapolis, et le rhéteur Miltiade d’Athènes adressèrent des apologies très célèbres à l’empereur Marc Aurèle. Méliton de Sardes était également un apologiste très estimé et un écrivain volumineux dans de nombreux autres départements de la littérature théologique.66 L’introduction élaborée à l’interprétation mystique de l’Écriture en étudiant la signification mystique des noms et des mots bibliques publiée dans « Spicileg. Solesme. II. III, sous le nom de Clavis Melitonis, appartient à la dernière période du moyen âge. Les six livres d’Églogues de Melito traitent de l’Ancien Testament en tant que témoignage du Christ et du christianisme, où il prend comme base non la LXX. mais le canon hébreu ( 36, 1).67
30.9. Écrits existants d’apologistes de l’âge post-apostolique.
30.10.
À partir d’environ J.-C. 170, au cours de l’âge vieux-catholique, la théologie scientifique en conflit avec les hérétiques judaïsants, paganisants et monarchianistes a progressé d’une manière plus vigoureuse et plus complète que dans la tentative apologétique et polémique d’autodéfense des temps post-apostoliques. Tout au long de cette période, cependant, le zèle pour l’apologétique s’est poursuivi sans relâche, mais aussi dans d’autres directions, en particulier dans le département de dogmatique, d’importantes contributions ont été apportées à la science théologique. Pendant que ces développements se poursuivaient, il y avait au sein de l’Église catholique trois écoles théologiques différentes, chacune ayant une caractéristique particulière qui lui était propre, l’asiatique, l’alexandrine et l’ornabrée.
31.1. Les écoles et les tendances théologiques. — L’école d’Asie Mineure fut le résultat du ministère de Jean et se distingua par une solide compréhension de l’Écriture, une foi solide, un traitement conciliant de ceux qui s’y trouvaient et une polémique énergique contre les hérétiques. Ses nombreux maîtres, très estimés dans l’ancienne Église, ne nous sont connus que de nom, et dans de nombreux cas même ce nom a péri. Seuls deux de leurs disciples résidant en Occident, Irénée et Hippolyte, sont plus connus. Une influence encore plus grande, plus large et plus durable, fut celle de l’école d’Alexandrie.70 La plupart de ses professeurs se distinguaient par leur culture classique, leur esprit philosophique, leur audace spéculative et leur puissance créatrice. Leur tâche spéciale était la construction d’une vraie gnose ecclésiastique contre la fausse gnose hérétique, et c’est ainsi que les maîtres les plus célèbres de cette école n’ont pas échappé à l’accusation de tendances spéculatives non évangéliques. La pépinière de cette tendance théologique fut surtout cette école catéchétique d’Alexandrie qui, d’une institution pour la formation de catéchumènes instruits, était devenue un séminaire théologique. L’école nord-africaine, par son réalisme, tendance tout à fait pratique, formait l’antithèse directe de l’idéalisme et des efforts spéculatifs de l’alexandrin. Il répudiait la science et la philosophie classiques comme aptes à conduire à l’erreur, mais insistait particulièrement sur la pureté de la tradition apostolique et insistait en insistant sur la sainteté de vie et l’ascétisme strict. Ce dernier a surtout donné à l’école, à ses débuts, la tendance à l’examen critique et grammatico-historique de l’Écriture. À Édesse aussi, dès la fin du IIe siècle, nous trouvons une école chrétienne existante.
31.2. Les Docteurs de l’Église de type asiatique.
31.3.
31.4. Les Enseignants de l’Église d’Alexandrie.
31.5.
31.6.
31.7. Les Enseignants de l’Église de langue grecque dans d’autres milieux.
31.8.
31.9.
31.10. Les Docteurs de l’Église d’Afrique du Nord.―Quintus Septimius Florens Tertullianus [Tertullien] était le fils d’un centurion païen de Carthage, distingué comme avocat et rhéteur, converti un peu tard dans sa vie, vers l’an J.-C. 190, et, après un long séjour à Rome, il fut nommé prêtre à Carthage en 190 . Débloquer le niveau 220. Il était d’un caractère fougueux et énergique, dans ses écrits comme dans sa vie, avant tout un homme de force, avec un enthousiasme ardent pour la vérité de l’Évangile, d’une rigueur sans faille envers lui-même et envers les autres. Son « style punique » est laconique, pictural et rhétorique, ses pensées sont originales, brillantes et profondes, son éloquence transportante, sa dialectique claire et convaincante, sa polémique écrasante, animée d’un esprit vif et d’un sarcasme mordant. Il se montre le juriste accompli dans son utilisation de la terminologie juridique et aussi dans l’acuité de ses déductions et de ses démonstrations. Fanatiquement opposé à la philosophie païenne, bien qu’il fût lui-même formé à la connaissance de celle-ci, adversaire zélé du gnosticisme, partisan d’une ascèse stricte et hostile à toute forme de mondanité, il finit par s’attacher, vers J.-C. 220, au parti des Montanistes ( 40, 3). C’est là qu’il trouva la forme de religion dans laquelle toute sa manière de penser et de sentir, l’énergie de sa volonté, la chaleur de ses émotions, son imagination forte et énergique, son inclination à l’ascétisme rigoureux, son amour du réalisme brut, pouvaient se développer en toute puissance et en toute plénitude, sans entrave ni entrave. Si, au milieu de tout son enthousiasme pour le montanisme, il se tenait à l’écart de beaucoup de ses absurdités, il devait pour cela remercier son bon sens et aussi, bien qu’il affectât de le mépriser, sa première formation scientifique. Il écrivit d’abord ses compositions en grec, puis exclusivement en latin, dans lequel il traduisit également les plus importants de ses premiers écrits. Il n’est peut-être pas le premier qui ait traité de la vérité chrétienne en ce langage (31, 12a), mais il a été reconnu à juste titre comme le véritable créateur du latin ecclésiastique. Ses écrits peuvent être divisés en trois groupes.
31.11. Thascius Cæcilius Cyprianus [Cyprien], descendant d’une célèbre famille païenne de Carthage, fut d’abord professeur de rhétorique, puis, après sa conversion en J.-C. 245, un prêtre et de l’av. J.-C. 248 évêque dans sa ville natale. Pendant la persécution de Dèce, la haine de la populace païenne s’exprima dans le cri Cyprianum ad leonem ; mais il se retira pendant un certain temps en fuyant dans le désert en J.-C. 250, d’où il guida les affaires de l’Église par ses épîtres, et revint l’année suivante quand un répit lui fut accordé. Les troubles qui s’étaient produits entre-temps lui donnèrent d’abondantes occasions d’exercer la sagesse et la douceur qui le caractérisaient, et le sérieux, l’énergie et la modération de sa nature, ainsi que son tact et sa prudence chrétiens, lui furent d’une grande utilité dans ses rapports avec les déchus qui cherchaient à être restaurés. et de l’autre, les schismatiques rigoureux qui s’opposaient à eux (41, 2). Lorsque la persécution éclata à nouveau sous Valérien en J.-C. 257 il fut banni dans le désert de Curubis, et lorsqu’il retourna auprès de son peuple opprimé en A.D. 258, il fut décapité. Son importance historique ne réside pas tant dans ses productions théologiques que dans sa lutte énergique et victorieuse pour l’unité de l’Église telle que représentée par la position monarchique de l’épiscopat, et dans le fait qu’il a fait dépendre le salut absolument de la soumission à l’autorité épiscopale, ainsi que dans la puissante impulsion qu’il a donnée à la tendance à considérer la piété ecclésiastique comme un opus operatum (39).). En tant que théologien et écrivain, il s’attache principalement au géant Tertullien, dont il reproduit les pensées dans ses œuvres, avec l’excision, cependant, de leurs extravagances montanistes. Jérôme raconte qu’il ne se passait pas un jour sans qu’il n’invoquât son amanuensis : Da magistrum ! Par l’originalité, la profondeur, la force et la plénitude de la pensée, ainsi que par les dons spéculatifs et dialectiques, il est vrai bien au-dessous de Tertullien, mais il le surpasse de loin par la lucidité, l’aisance du langage et l’agréable exposition. Ses quatre-vingt-une épîtres sont d’une importance capitale pour le Ch. Hist. de son temps, et à côté d’eux en valeur se trouve le traité « De unitate ecclesiæ » ( 34, 7). Son Liber ad Donatum s. de gratia Dei, le premier écrit produit après sa conversion, contient des traités sur les directives de la grâce de Dieu et la béatitude de la vie chrétienne par opposition à la noirceur de la vie du monde païen. Les écrits apologétiques De idolorum vanitate et Testimonia adv. Judæos, II, III, n’ont aucune prétention à l’indépendance et à l’originalité. Cela s’applique aussi plus ou moins à ses traités ascétiques : De habitu virginum, De mortalitate, De exhortatione martyrii, De lapsis, De oratione dominica, De bono patientiæ, De zelo et livore, etc. Son ouvrage De opere et eleemosynis a particulièrement contribué à la diffusion de la doctrine du mérite des œuvres. 79
31.12. Divers écrivains ecclésiastiques utilisant la langue latine.
La pratique, si répandue à l’époque préchrétienne parmi les païens et les juifs, de publier des traités comme des révélations divines originales et primitives qui n’avaient aucune prétention à un tel titre, trouva grâce parmi les chrétiens des premiers siècles, et se poursuivit jusque dans le Moyen Âge grec et latin. La majorité des écrits apocryphes ou anonymes et pseudépigraphiques ont été publiés en soutien aux hérésies ébionites ou gnostiques. Beaucoup d’entre elles, cependant, étaient exemptes de souillure hérétique et n’avaient pour but que de glorifier le christianisme par ce qui était alors considéré comme une pia fraus inoffensive à travers une vaticinia post eventum, ou de remplir les vides de l’histoire primitive avec des mythes et des fables déjà existants ou conçus pour l’occasion. Ils ont pris les sujets de leurs romans en partie dans le domaine de l’Ancien Testament, et en partie dans le domaine du Nouveau Testament sous la forme d’Évangiles, d’Actes, d’épîtres apostoliques et d’Apocalypses. Un certain nombre d’entre eux sont prétendument tirés des prophéties de vieux voyants païens. D’une plus grande importance, surtout pour l’histoire de la constitution, du culte et de la discipline de l’Église, sont les Constitutions ecclésiastiques publiées sous les noms d’Apôtres. De nombreux actes apocryphes de martyrs sont, pour la plupart, totalement inutiles en tant que sources historiques.
32.1. Prétendues vieilles prophéties païennes. — Parmi celles-ci, les Écritures sibyllines occupent la place la plus remarquable. La légende gréco-romaine des Sibylles, σιοῦ βούλη (Æol. pour θεοῦ βούλη), c’est-à-dire prophétesses de l’antiquité païenne, a été élaborée de très bonne heure dans l’intérêt du judaïsme et plus tard du christianisme, en particulier de l’hérésie ébionite. La collection existante de ces oracles en quatorze livres a été compilée au 5ème ou 6ème siècle. Il contient en vers grecs des prophéties en partie purement juives, en partie juives écrites par une main chrétienne, en partie chrétiennes à l’origine, sur l’histoire du monde, la vie et les souffrances du Christ, les persécutions de ses disciples et les étapes du développement final de son royaume. La participation chrétienne à la composition des oracles sibyllins a commencé au premier siècle, peu après l’irruption du Vésuve en J.-C. 79, et continua jusqu’au 5ème siècle. Les Apologistes, en particulier Lactance, firent un usage si abondant de ces prophéties que les païens les surnommèrent Sibyllistes. — Des prophéties sur la venue du Christ attribuées à un ancien voyant perse, Hystaspe, aucune n’a été conservée.
32.2. Pseudépigraphes de l’Ancien Testament.81―Ceux-ci sont pour la plupart d’origine juive, dont beaucoup étaient cependant tenus en haute estime par les premiers chrétiens.
32.3. Les pseudépigraphes suivants sont d’origine chrétienne.
32.4. Apocryphes et pseudépigraphes du Nouveau Testament. — Les gnostiques en particulier les ont produits en grande abondance. Épiphane parle d’eux comme étant au nombre de milliers. Mais les catholiques, eux aussi, n’ont pas pu résister à la tentation d’édifier la vérité par ces moyens douteux.
32.5.
32.6. Des nombreuses monographies apocryphes encore conservées sur la vie, les œuvres et le martyre des Apôtres bibliques et de leurs coadjuteurs, outre les Pseudo-Clémentines déjà discutées en 28, 3, Les plus importants sont les suivants.
32.7.
32.8. Les Actes des Martyrs.—Parmi les nombreux récits prétendument contemporains de martyrs célèbres des IIe et IIIe siècles, ceux adoptés par Eusèbe dans son Histoire de l’Église peuvent être acceptés comme authentiques ; en particulier l’épître de l’Église de Smyrne à l’Église de Philomélie sur la persécution qu’elle a subie (22, 3) ; ainsi que le rapport de l’Église de Lyon et de Vienne aux chrétiens d’Asie et de Phrygie sur la persécution sous Marc Aurèle en J.-C. 177 ( 22 et 3) ; et une épître de Denys, évêque d’Alexandrie, à Fabien d’Antioche, sur les martyrs et les confesseurs d’Alexandrie pendant la persécution de Dèce. Les Actes des Martyrs de Scillita sont également authentiques ( 22, 3) ; il en est de même de l’Histoire montaniste des souffrances de Perpétue, de Félicité et de leurs compagnes ( 22, 4 ; 40, 3) ; ainsi que les Acta s. Cypriani. La partie principale du Martyre de Justin Martyr de Siméon Métaphr. ( 68, 4) appartient probablement au IIe siècle. Le martyre d’Ignace (30, 5) Le martyre de Sympherosa dans le Tibre, qui fut mise à mort avec ses sept fils sous Hadrien, ainsi que tous les autres actes des martyrs qui se réclament des quatre premiers siècles, sont d’une authenticité plus que douteuse.
Le développement du système de la doctrine chrétienne doit devenir une nécessité lorsque le christianisme, rencontrant la culture païenne sous la forme de la science, est appelé à défendre sa prétention à être la religion universelle. Au cours des trois premiers siècles, cependant, il n’y avait pas encore de construction et d’établissement officiels de la doctrine ecclésiastique. Il doit d’abord y avoir une certaine mesure de développement subjectif libre et de lutte contre des points de vue antagonistes. Il manque un organe universellement reconnu, comme celui que l’on trouvera plus tard dans les conciles œcuméniques. Les persécutions ne laissaient ni le temps ni la paix pour cela ; et l’Église avait assez à faire pour maintenir ce qui est spécifiquement chrétien en opposition à l’intrusion d’éléments anti-chrétiens, juifs et païens qui cherchaient à prendre pied dans l’ébionisme et le gnosticisme. D’autre part, les frictions et les controverses au sein de l’Église avaient déjà commencé en tant que préparation à la construction du système ecclésiastique de doctrine. La controverse trinitaire était de loin la plus importante, tandis que les discussions chiliastiques étaient importantes pour l’eschatologie.
33.1. Les questions trinitaires.―La discussion portait principalement sur la relation entre le divin μοναρχία (l’unité de Dieu) et l’οἰκονομία (l’être trinitaire et le mouvement de Dieu). C’est alors que la relation du Fils ou Logos avec le Père est venue résolument au premier plan. À partir de l’époque où l’on en vint à discuter de la détermination plus exacte de cette relation, vers la fin du IIe siècle, les docteurs les plus éminents de l’Église catholique maintinrent vigoureusement l’indépendance personnelle du Logos, l’hypostasienisme. Mais la nécessité de maintenir ce point de vue en harmonie avec la doctrine monothéiste du christianisme a conduit à beaucoup d’erreurs et d’hésitations. Adoptant la distinction de Philon de λόγος ἐνδιάθετος et λόγος προφορικός ( 10, 1), ils considéraient pour la plupart l’hypostase comme conditionnée d’abord par la création du monde, et comme se manifestant non pas comme un élément nécessaire et éternel de la vie même de Dieu, mais comme un acte libre et temporel de la volonté divine. L’essence propre de la Divinité était plutôt identifiée avec le Père, et tous les attributs de la Divinité n’étaient pas attribués au Fils dans une mesure tout à fait égale à celle du Père, car la parole du Christ : « Le Père est plus grand que moi » (Jean, xiv, 28), s’appliquait même à l’état préexistant du Christ. L’incertitude concernant le Saint-Esprit était encore plus grande. L’idée de sa personnalité et de son indépendance était beaucoup moins solidement établie ; Il était beaucoup plus nettement subordonné, et les fonctions d’inspiration et de sanctification qui lui étaient propres étaient attribuées au Christ, ou bien il était simplement identifié au Fils de Dieu. Le résultat, cependant, d’un tel hypostasianisme subordinationiste fut que, d’une part, de nombreux enseignants de l’Église insistèrent indûment sur la doctrine anti-païenne fondamentale de l’unité de Dieu, tout comme, d’autre part, beaucoup s’étaient livrés à des déclarations exagérées sur la divinité du Christ. Il a donc semblé souhaitable de laisser de côté la question de la distinction personnelle du Fils et de l’Esprit d’avec le Père. Cela s’est produit soit de la manière clairement privilégiée par les Ébionites qui considéraient le Christ comme un simple homme, qui, comme les prophètes, bien que dans une mesure beaucoup plus élevée, avait été revêtu de la sagesse et de la puissance divines (monarchianisme dynamique), soit d’une manière plus conforme au mode de pensée chrétien, admettant que la plénitude de la Divinité habitait en Christ, et soit identifier le Logos avec le Père (Patripassianisme), soit ne voir en Lui qu’un mode d’activité du Père (Monarchianisme modal). Le monarchianisme sous toutes ces formes a été déclaré hérétique par tous les pères les plus illustres du IIIe siècle, et l’hypostasianisme a été déclaré orthodoxe. Mais même sous l’hypostasianisme, un élément d’erreur s’est glissé à une période ultérieure sous la forme du subordinationisme, et le monarchianisme modal s’est rapproché de la doctrine de l’Église en adoptant la doctrine de la similitude de l’essence (ὁμοουσία) dans le Fils et le Père. La combinaison orthodoxe des deux opposés a été atteinte au IIIe siècle, dans l’hypostasianisme homooussien, mais seulement au IVe siècle. a atteint l’acceptation universelle ( 50).
33.2. Les Alologues.—Peu de temps après J.-C. 170 En Asie Mineure, nous rencontrons les Alologues, les premiers adversaires décidés de l’intérieur de l’Église de la doctrine du Logos établie dans l’Évangile de Jean et dans les écrits des Apologistes. Ils commencèrent par une opposition diamétralement opposée au chiliasme des montanistes et à leurs prétentions aux dons prophétiques, et furent ainsi conduits à répudier non seulement l’Apocalypse mais aussi l’Évangile de Jean ; le premier, à cause de son contenu chiliaste et prophétique qui embrassait tant de choses inintelligibles, oui, absurdes et fausses ; ce dernier, d’abord à cause de l’usage que les montanistes faisaient de sa doctrine du Paraclet à l’appui de leurs prétentions prophétiques (40, 1), mais aussi à cause de ses contradictions apparentes et de ses écarts par rapport aux récits des Synoptistes, et enfin, à cause de sa doctrine du Logos dans laquelle le passage immédiat de l’incarnation du Logos à la vie active du Christ leur semblait probablement trop proche du gnosticisme docétique. Ils attribuaient donc au judaïste gnosticisant Cérinthe la paternité du quatrième évangile et de l’Apocalypse. De leurs propres théories christologiques, nous n’avons pas d’informations exactes. Irénée et Hippolyte les traitent avec douceur et les reconnaissent comme membres de l’Église catholique. C’est Épiphane qui, le premier, leur donne la désignation équivoque d’Alogians (qui peuvent être soit des « négateurs du Logos », soit des « irrationnels »), les dénonçant comme des récipiendaires hérétiques de la doctrine du Logos et du Logos-Évangile. C’est la première fois que nous avons un exemple de critique historique exercée dans l’Église à propos des livres bibliques.
33.3. Les Théodotiens et les Artémonites.―Épiphane décrit la secte des Théodotiens à Rome comme un ἀπόσπασμα τῆς ἀλόγου αἱρέσεως. La principale source d’information à leur sujet est le Petit Labyrinthe ( 31, 3), et à côté Hippolyte dans son Syntagma, cité par le Pseudo-Tertullien et Épiphane, et dans son Elenchus. Le fondateur de cette secte, Théodote ὁ σκυτεύς, le Tanneur, un homme bien formé à la culture grecque, est venu après J.-C. 190 à Byzance où, pendant la persécution, il renia le Christ, et pour cette raison changea de résidence à Rome et se consacra ici à la propagation de son monarchianisme dynamique. Il soutint ψιλὸν ἄνθρωπον εἶναι τὸν ριστόν,―Spiritu quidem sancto natum ex virgine, sed hominem nudum nulla alia præ cæteris nisi sola justitæ auctoritate. Il a cherché à justifier ses vues par une interprétation unilatérale des passages de l’Écriture se référant à la nature humaine du Christ.91 Mais puisqu’il reconnaissait la naissance surnaturelle du Christ ainsi que l’authenticité de l’Évangile de Jean, et qu’à d’autres égards il était d’accord avec ses adversaires, il pouvait encore se présenter comme se tenant sur la base de la Regula fidei vieux-catholique (35, 2). Néanmoins, l’évêque romain Victor (A.D. 189-199) l’excommunia, lui et ses partisans. Le plus distingué de ses disciples était un second Théodote ὁ τραπεζίτης, le changeur d’argent. Par une exégèse de l’héb. v. 6, 10 ; vi. 20 ; vii. 3, 17, il chercha à prouver que Melchisédek était δύναμις τίς μεγίστη et plus glorieux que le Christ ; le premier était le type original, le second seulement la copie ; le premier était intercesseur auprès de Dieu pour les anges, le second seulement pour les hommes ; l’origine de la première est secrète, parce que vraiment céleste, celle du Christ ouverte, parce que née de Marie. Les hérésiologues ultérieurs désignent donc ses disciples Melchisédéciens. S’emparant de la théorie φύσει τὸν υἱὸν τοῦ θεοῦ ἐν ἰδέᾳ ἀνθρώπου τότε τῷ Ἀβραὰμ πεφηνέναι qui, selon Épiphane, était soutenue même par les catholiques, et aussi, comme le Pasteur d’Hermas, identifiant le Fils de Dieu avec l’Esprit Saint qui descendit dans le baptême sur l’homme Jésus, Théodote semble de ces deux points de vue avoir procédé à l’enseignement, que le Christ historique, parce qu’il n’était opéré que dynamiquement par le Saint-Esprit ou le Fils de Dieu, était inférieur au Melchisédek purement céleste qui était lui-même le Fils éternel de Dieu. Les reproches adressés aux Théodotiens par leurs adversaires étaient principalement ceux-ci : qu’au lieu de l’exégèse allégorique habituelle, ils n’utilisaient qu’une exégèse littérale et grammaticale, qu’ils pratiquaient un système arbitraire de critique textuelle, et qu’au lieu de s’en tenir à la philosophie du divin Platon, ils tiraient leur sagesse des empiristes (Aristote, Euclide, Euclide, Galien, etc.), et cherchèrent par des moyens aussi répréhensibles à soutenir leurs vues hérétiques. Nous avons donc probablement à voir en eux un groupe de théologiens romains, qui, vers la fin du IIe siècle. et le début du IIIe siècle. maintenait des principes exégétiques et critiques essentiellement identiques à ceux que l’école d’Antioche exposait avec plus de clarté et de netteté vers la fin du IIIe siècle. ( 31, 1 ; 47, n° 1). Cependant, la tentative qu’ils firent de fonder une secte indépendante à Rome vers l’an 2000. 210 a été un échec total. D’après le rapport du Petit Labyrinthe, ils réussirent à obtenir pour évêque un confesseur faible d’esprit appelé Natalius. Hanté par des visions de jugement et battu une nuit par de bons anges jusqu’à ce qu’il se trouve dans une situation misérable, il se hâta le lendemain matin de se jeter aux pieds de l’évêque Zéphyrin (A.D. 199-217), successeur de Victor, et, montrant ses galons, il implora la clémence et la restauration. — Le dernier des représentants des Théodotiens à Rome, et cela aussi sous ce même Zéphyrin, était un certain Artémon ou Artémas. Lui et ses disciples soutenaient que leur propre doctrine (qui ne peut pas être déterminée très exactement, mais qui était aussi d’ordre dynamique) avait été reconnue à Rome comme orthodoxe depuis l’époque des apôtres jusqu’à celle de l’évêque Victor, et avait été condamnée pour la première fois par son successeur Zéphyrin. On ne saurait dire que cette affirmation est tout à fait dénuée de fondement, compte tenu, d’une part, de l’accord conclu sur l’accord.D’autre part, il est fait allusion au fait que les évêques romains Zéphyrin et Calixte étaient passés au modalisme noëtien. Artémon a dû vivre au moins jusqu’à notre ère. 260, lorsque Paul de Samosate ( 33, 8), qui entretenait également des relations avec les Artémonites excommuniés à Rome, entretenait une correspondance avec lui.
33.4. Praxéas et Tertullien. — Le patripassianisme, qui représentait le Père lui-même comme se faisant homme et souffrant dans le Christ, peut être caractérisé comme le précurseur et la première forme grossière du modalisme. Il a également eu son origine au IIe siècle, dans cette même église intellectuellement active d’Asie Mineure, et de là le mouvement s’est étendu à Rome, où, après une lutte longue et acharnée, il a pris pied au IIIe siècle. Débloquer le niveau 190. Comme il soutenait l’évêque romain Victor dans sa condamnation du montanisme (40, 2), il semble donc avoir obtenu l’approbation de l’évêque pour sa théorie christologique.92 Peut-être aussi l’excommunication qui fut prononcée à cette époque contre le dynamique monarque, Théodote l’Ancien, était-elle le résultat du changement d’opinion de l’évêque. De Rome, Praxéas se rendit à Carthage, principalement dans l’intérêt de sa croisade antimontaniste, et là aussi il gagna des adhérents à sa christologie. Cependant, pendant ce temps, Tertullien retourna à Carthage et, converti au montanisme, lança contre Praxéas et ses disciples un traité controversé, dans lequel il exposait avec une dialectique aiguë les faiblesses et les incohérences, ainsi que les conséquences dangereuses de leur théorie. Tout comme les Alologues, Praxéas et ses adhérents refusèrent d’admettre la doctrine du Logos dans leur christologie, et craignirent qu’elle ne donnât un avantage au gnosticisme en liaison avec la doctrine de l’hypostase. Dans l’intérêt du monothéisme, ainsi que du culte du Christ, ils ont maintenu l’identité parfaite du Père et du Fils. Dieu est devenu le Fils par l’assomption de la chair ; sous le concept du Père se trouve donc la divinité, l’esprit ; sous celle du Fils, l’humanité, la chair du Rédempteur. — Tertullien lui-même, dans son Hypostasianisme, n’avait pas tout à fait dépassé l’idée de subordinationisme, mais il fit un grand pas dans cette direction en supposant trois étapes dans l’hypostase du Fils (Filiatio). La première étape est l’état éternel immanent d’être du Fils dans le Père ; la seconde est la venue du Fils aux côtés du Père dans le but de créer le monde ; et la troisième est la sortie du Fils dans le monde par le moyen de l’incarnation.
33.5. Les Noëtiens et Hippolyte. — Le point de vue patripassien a été soutenu aussi par Noëtus de Smyrne, qui a résumé ses vues christologiques dans la phrase : le Fils de Dieu est le sien, et non le fils d’un autre. Un de ses élèves, Épigone, au temps de l’évêque Zéphyrin, apporta cette doctrine à Rome, où une secte noétienne se forma avec Cléomène à sa tête. Sabellius aussi, qui, en apr. J.-C. 215 vint à Rome de Ptolémaïs en Égypte, s’y attacha, mais construisit ensuite un système de doctrine indépendant sous la forme d’un modalisme plus spéculatif. L’adversaire le plus vigoureux des Noëtiens était le célèbre prêtre Hippolyte (31, 3). Il insistait fortement sur l’hypostase du Fils et de l’Esprit, et réclamait pour eux le culte divin. Mais dans la mesure où il maintenait dans toute sa rigueur l’unité de Dieu, lui aussi ne pouvait éviter de subordonner le Fils au Père. Le Fils, enseignait-il, devait son hypostase à la volonté du Père ; le Père commande et le Fils obéit ; le Logos parfait était le Fils de toute éternité, mais οὐ λόγος ὡς φωνὴ, ἀλλ' ἐνδιάθετος τοῦ πάντος λογισμός, donc dans une hypostase, qu’il n’est devenu qu’à la création du monde, de sorte qu’il est devenu Fils parfait d’abord dans l’incarnation. L’évêque Zéphyrin, de son côté, n’était pas enclin à se montrer sévère envers les Noétiens, mais cherchait, dans l’intérêt de la paix, un point de rencontre pour les deux partis. La conflagration éclata sous son successeur, Calixte (A.D. 217-222 ; comp. 41, 1). Croyant que la vérité et l’erreur se trouvaient des deux côtés, il définissait ainsi sa propre position : Dieu est un esprit sans parties, remplissant toutes choses, donnant la vie à tous, qui, en tant que tel, est appelé Logos, et qui n’est distingué que par rapport au nom comme Père et Fils. Le Pneuma qui s’incarne dans la Vierge est personnellement et essentiellement identique au Père. Ce qui s’est ainsi manifesté, l’homme Jésus, c’est le Fils. On ne peut donc pas dire que le Père en tant que tel a souffert, mais plutôt que le Père a souffert dans et avec le Fils. Aussi résolument monarchienne que soit sans aucun doute cette formule de compromis, elle semble avoir servi de pont à l’hypostasianisme homoousien qui, quarante ans plus tard, l’emporta (33, 7). Parmi les partis adverses, elle n’a pas été acceptée. Hippolyte dénonce l’évêque comme un Noëtien, tandis que les Noëtiens le surnomment un dythéiste. Il en résulta que les deux chefs du parti, Sabellius et Hippolyte, furent excommuniés. Celui-ci forma la compagnie de ses adhérents à Rome en une secte schismatique.
33.6. Bérylle et Origène.―Bérylle de Bostra93en Arabie appartenait aussi aux Patripassiens ; mais il marque le passage à un modalisme plus noble, car s’il refuse à la divinité du Christ l’ἰδία θεότης, il la désigne πατρικὴ θεότης, et voit en elle une nouvelle forme de la manifestation (πρόσωπον) de Dieu. À son sujet, un synode arabe se tint en l’an de J.-C. 244, à laquelle Origène fut invité. Convaincu par lui de son erreur, Beryll [Beryllus] se rétracta. — Tous les représentants précédents de l’hypostase du Logos avaient compris que son hypostase se produisait dans le temps dans le but de la création et de l’incarnation. Origène a supprimé cette restriction lorsqu’il a énoncé la proposition : Le Fils est de toute éternité engendré du Père et donc de toute éternité une hypostase. La génération du Fils n’a pas eu lieu simplement comme condition de la création, mais comme nécessaire en elle-même, car là où il y a de la lumière, il faut que des rayons soient répandus. Mais parce que la vie de Dieu n’est liée à aucun temps, l’objectivation de sa vie dans le Fils doit aussi se situer en dehors de tout temps. Il ne s’agit donc pas d’un acte de Dieu accompli une fois pour toutes, mais d’un exercice éternellement continu de la puissance vivante (ἀεὶ γεννᾲ τὸν υἱόν). Origène n’est certes pas allé au-delà du subordinationisme, mais il l’a restreint dans les limites les plus étroites possibles. Il condamne l’expression selon laquelle le Fils est ἐκ τῆς οὐσίας τοῦ πατρός, mais seulement en opposition aux théories gnostiques de l’émanation. Il maintenait un ἑτερότης τῆς οὐσίας, mais seulement en opposition à l’ὁμοούσιος au sens patripastien. Il enseigne à une génération du Fils ἐκ τοῦ θελήματος θεοῦ, mais seulement parce qu’il voit en Lui la volonté divine objectivée. Il l’appelle κτίσμα, mais seulement dans la mesure où il est θεοποιούμενος, et non αὐτόθεος, bien qu’en effet le Fils soit αὐτοσοφία, αὐτοαλήθεια, δεύτερος θεός. Ainsi ce qu’il enseigne n’est pas une subordination d’essence ou de nature, mais seulement d’existence ou d’origine.
33.7. Sabellius et Denys d’Alex. et Denys de Rome. — Nous avons déjà vu que Sabellius avait fondé à Rome un système manichéen spéculatif, qui trouva beaucoup de faveur parmi les évêques de sa région natale. Le fait qu’il ait assigné au Saint-Esprit une place essentielle et nécessaire dans son système indique une avancée importante. Dieu est une unité (μονάς) qui n’admet aucune distinction, qui repose en Lui-même en tant que θεὸς σιωπών qui sort de Lui-même (pour le but de la création) en tant que θεὸς λαλῶν. Au cours du développement du monde, la Monas, en vue de la rédemption, revêt nécessairement trois formes différentes d’être (ὀνόματα πρόσωπα), chacune d’entre elles embrassant en elle la plénitude complète des Monas. Ce ne sont pas des ὑποστάσεις, mais des πρόσωπα, des masques, pourrions-nous dire des rôles, que le Dieu qui se manifeste dans le monde assume successivement. Après que le prosopon du Père eut accompli son œuvre dans le don de la loi, il retomba dans son état primitif ; s’avançant de nouveau par l’incarnation en tant que Fils, il revient par l’ascension dans l’être absolu de la Monas ; elle se révèle finalement comme l’Esprit Saint pour y retourner de nouveau, après avoir assuré la parfaite sanctification de l’Église, dans la Monas qui ne connaît pas de distinctions, pour y demeurer de toute éternité. Ce processus est caractérisé par Sabellius comme une expansion (ἔκτασις) et une contraction (συστολή). À titre d’illustration, il utilise la figure du soleil ὄντος μὲν ἐν μίᾳ ὑποστάσει, τρεῖς δὲ ἔχοντος τὰς ἐνεργείας, à savoir τὸ τῆς περιφερείας σχῆμα, τὸ φωτιστικὸν καὶ τὸ θάλπον. 261 Denys le Grand ( 31, 6) entra sur les listes contre le sabellianisme des évêques égyptiens et, avec un zèle bien intentionné, employa des expressions subordinationnistes d’une manière très offensante (ξένον κατ' οὐσίαν αὐτὸν εἶναι τοῦ Πατρὸς ὥσπερ ἐστὶν ὁ γεωργὸς πρὸς τὴν ἄμπελον καὶ ὁ ναυπηγὸς πρὸς τὸ σκάφος,―ὡς ποίημα ὢν οὐκ ἦν πρὶν γέννηται). Lorsque l’évêque Denys de Rome (A.D. 259-268) fut informé de ces procédures et condamna les modes d’expression de son collègue alexandrin lors d’un synode à Rome en A.D. 262, et publia un tract (Ἀνατροπή), dans lequel il affirmait contre Sabellius l’hypostasianisme et contre les Alexandrins, malgré le soupçon de manichéisme qui planait autour de lui, la doctrine de l’ὁμοουσία et de la génération éternelle du Fils. Avec une belle modestie, Denys d’Alexandrie rétracta ses phrases malencontreusement choisies et se déclara tout à fait d’accord avec l’exposé romain de la doctrine.
33.8. Paul de Samosate. — À Rome et dans tout l’Occident, le monarchianisme dynamique général expira avec Artémon et son parti. En Orient, cependant, il a été ravivé par Paul de Samosate, en J.-C. 260 évêque d’Antioche, capitale gréco-syrienne, qui était alors sous la domination de la reine Zénobie de Palmyre. S’attachant aux autres dynamistes, en particulier aux Théodotiens et aux Artémonites, il les dépassa à bien des égards. Soutenant comme ils le faisaient l’unipersonnalité de Dieu (ἓν πρόσωπον), il admettait cependant une distinction entre le Père, le Fils (λόγος) et l’Esprit (σοφία), les deux derniers, cependant, étant essentiellement des attributs identiques du premier, et aussi la distinction du λόγος προφορικός du λόγος ἐνδιάθετος, l’un étant l’ἐπιστήμη ἀνυπόστατος opérant dans les prophètes, l’autre l’ἐπ. ἀνυπ. latent en Dieu. De plus, tout en plaçant comme les dynamistes la personnalité du Christ dans son humanité et en reconnaissant sa naissance surnaturelle du Saint-Esprit par la Vierge, il concevait lui, comme les sociniens modernes, comme travaillant la voie vers le haut, ἐκ προκοπῆς τεθεοποιῆσθαι, c’est-à-dire en raison de son excellence unique au rang divin et de l’obtention du nom divin. De 264 à 269, les évêques syriens tinrent trois grands synodes à son sujet à Antioche, auxquels furent également invités de nombreux autres évêques célèbres d’Orient. Les deux premières furent sans résultat, car il savait dissimuler le caractère hétérodoxe de ses vues. Ce n’est qu’à la troisième que le prêtre Malchion, dialecticien exercé et ancien rhéteur, parvint à le démasquer dans une dispute publique. Le synode le déclara alors excommunié et le priva de sa charge, et transmit également à toutes les églises catholiques, en premier lieu à Rome et à Alexandrie, les procès-verbaux de la dispute ainsi qu’un rapport complet dans lequel il était décrit comme un homme orgueilleux, vaniteux, pompeux, cupide et même immoral (39, 3). Néanmoins, grâce à la faveur de la reine, il conserva la possession de son évêché et, occupant une haute charge à la cour, il exerça non seulement des fonctions spirituelles, mais aussi une grande autorité civile. Mais lorsque Zénobie fut vaincue par Aurélien en J.-C. Les autres évêques l’accusèrent devant l’empereur païen, qui décida que les édifices ecclésiastiques seraient remis à l’un des évêques rivaux que les évêques chrétiens de Rome et d’Italie reconnaîtraient. Dans ces conflits, il y avait sans doute un antagonisme national et politique derrière la querelle dogmatique et ecclésiastique (31, 9e). le Synode de l’A.D. L’expression ὁμοούσιος, qui, depuis qu’elle avait été employée pour la première fois par Sabellius, a toujours été considérée avec suspicion dans les cercles ecclésiastiques, a été entraînée dans le débat et expressément condamnée ; et il est donc douteux que Paul lui-même l’ait employée, ou si, au contraire, il a voulu accuser ses adversaires d’hérésie, comme il avait coutume d’utiliser ce terme.
33.9. Le chiliasme, ou la doctrine d’un règne terrestre du Messie dans les derniers temps, plein de splendeur et de gloire pour son peuple, est né de la conception littérale et réaliste des prophéties messianiques de l’Ancien Testament. L’adoption de la période de mille ans pour sa durée reposait sur l’idée que, de même que le monde avait été créé en six jours, ainsi, selon le Ps. xc. 4 et 2 Pi. III. 8, son histoire serait achevée en six mille ans. Sous l’oppression de la domination romaine, cette notion en vint à être considérée comme une doctrine fondamentale de la foi et de l’espérance juives (Matt. xx. 21 ; Actes i. 6). L’Apocalypse de saint Jean a eu une influence majeure dans l’élaboration de la théorie chiliastique chrétienne. Au chap. xx. sous l’apparence de la vision, la doctrine est énoncée qu’après le conflit finalement victorieux de l’âge actuel, il y aura une première résurrection partielle, que les saints ressuscités régneront avec Christ pendant mille ans, et qu’ensuite, après une autre révolte de Satan qui sera bientôt réprimée, l’âge actuel sera clôturé dans la seconde résurrection universelle. le jugement du monde et la création de nouveaux cieux et d’une nouvelle terre. Quelles notions fantastiques de la gloire du règne de mille ans pourraient être développées à partir de tels passages, c’est ce que l’on voit dans la parole traditionnelle du Seigneur donnée par Papias (Iren., v. 33) sur la merveilleuse fécondité de la terre pendant le millénium : un cep de vigne portera 10 000 tiges (palmites), chaque tige aura 10 000 branches (bracchia), chaque branche 10 000 rameaux (flagelles), chaque rameau 10 000 grappes (botrus), chaque grappe 10 000 raisins, et chaque raisin donnera 25 mesures de vin ; « et quum eorum apprehenderit aliquis Sanctorum, alius clamabit : Botrus ego melior sum, me sume, per me Dominum benedic ! » Après l’époque de Papias, le chiliasme devint la doctrine préférée des chrétiens qui, sous la pression sévère de la persécution païenne, aspiraient au retour rapide du Seigneur. Les Apologistes du IIe siècle le passent en effet sous silence, mais seulement peut-être parce qu’il leur a semblé impolitique de lui donner une importance marquée dans les ouvrages directement adressés aux souverains païens ; au moins Justin Martyr ne se fait pas scrupule dans le Dialogue. c. Tryph. s’adressant à une autre classe de lecteurs pour la caractériser comme une doctrine authentiquement orthodoxe. L’Asie Mineure était le siège principal de ces vues, où, comme nous l’avons vu ( 40), Le montanisme, dans sa forme la plus fanatique et la plus exagérée, fut élevé au rang d’article fondamental de la foi chrétienne. Irénée adopta avec enthousiasme les vues chiliastiques et en donna un exposé complet, quoiqu’assez modéré, dans son grand ouvrage contre les gnostiques (v. 24-36). Tertullien défendait également ces notions, rejetant en même temps de nombreuses excroissances d’une nature grossièrement charnelle (Adv. Marc., III. 24, et dans un ouvrage aujourd’hui disparu, De spe fidelium). L’opposition la plus vigoureuse au chiliasme est manifestée par les Alologues, Praxéas le Patripassien et Caïus de Rome, qui étaient aussi les adversaires résolus du montanisme. Ce dernier est allé si loin, dans ses écrits controversés contre Proclus le Montaniste, qu’il a attribué la paternité de l’Apocalypse johannique à l’hérétique Cérinthe (27, 1). Les spiritualistes alexandrins aussi, en particulier Origène (De Prin., II, 11), étaient des adversaires résolus de toute forme de chiliasme et expliquaient les passages de l’Écriture sur lesquels il était construit au moyen d’une interprétation allégorique.ion. Néanmoins, même en Égypte, elle avait de nombreux adhérents. À leur tête vers le milieu du IIIe siècle. se tenait le savant évêque Nepos d’Arsinoé, dont le Ἔλεγχος τῶν ἀλληγοριστῶν dirigé contre les Alexandrins n’existe plus. Après sa mort, son parti, sous la direction du prêtre Coracion, se sépara de l’église d’Alexandrie, l’évêque Denys le Grand descendant lui-même expressément à Arsinoé afin de réparer la brèche. Au cours d’une conférence des chefs des partis qui dura trois jours, il s’assura le respect sincère des dissidents par ses conseils, et Coracion lui-même fut amené à se rétracter formellement. Denys écrivit alors pour la confirmation des convertis son livre : Περὶ ἐπαγγελιῶν. Mais peu de temps après, l’opposition au spiritisme de l’école d’Origène fit jouer à Méthode, évêque de l’Olympe, le rôle d’un nouveau héraut du chiliasme, et en Occident, Commode, Victor de Poitiers, et surtout Lactance, en devinrent les défenseurs zélés sous une forme particulièrement matérialiste. Son temps, cependant, était déjà passé. Ce qui tendit le plus à opérer son renversement complet, c’est le cours des événements sous Constantin. Au milieu des réjouissances de l’Église nationale en tant que réalité présente, l’intérêt pour l’attente d’un règne futur de mille ans était perdu. Parmi les enseignants de l’église post-Constantin, seul Apollinaire le Jeune favorisait le chiliasme (47, 5). Jérôme, en effet, par déférence pour la nuée de témoins de l’ancienne église, n’ose pas la déclarer hérétique, mais la traite avec un ridicule méprisant ; et Augustin (De civ. Dei), bien qu’à une époque antérieure qui ne lui soit pas défavorable, l’écarte en montrant que les représentations scripturaires du règne de mille ans doivent être comprises comme se référant à l’Église obtenant la domination par le renversement de l’empire romain païen, les mille ans étant une période de durée indéfinie. et la première résurrection étant interprétée comme la réception des saints et des martyrs dans le ciel comme ayant part à la gloire de Christ. — Voir Candlish, « Le Royaume de Dieu ». Edin., 1884. Surtout pp. 409-415, « Augustin sur la Cité de Dieu ».
Dès le début du IIe siècle. La constitution épiscopale s’édifia peu à peu, et la supériorité d’un évêque sur l’ensemble des autres presbytres (17, 6) gagné par degrés l’acceptation universelle. La tendance hiérarchique qui lui est inhérente a pris un nouvel élan pour deux raisons : (1) par la disparition progressive des dons charismatiques qui s’étaient poursuivis depuis l’âge apostolique jusqu’aux temps post-apostoliques, et par la disposition des chefs ecclésiastiques à monopoliser de plus en plus la fonction de l’enseignement ; et (2) de la réaffirmation de l’idée d’un sacerdoce spécial en tant qu’institution divine et de l’adoption des conceptions de l’Ancien Testament sur les officiers ecclésiastiques. L’antithèse d’Ordo ou κλῆρος (sc. τοῦ θεοῦ) et de Plebs ou λαός (λαϊκοί), une fois qu’on lui eut donné son expression, tendit à devenir encore plus marquée et exclusive. À la suite de l’extension réussie des églises, les fonctions, les droits et les devoirs des offices spirituels existants ont été déterminés avec plus de précision et de nouveaux offices ont été créés pour l’accomplissement du service ecclésiastique inférieur. C’est ainsi que naquit la division du clergé en Ordines majores et Ordines minores. Comme c’était dans la capitale provinciale que se tenaient les conciles communaux, qui étaient convoqués, d’abord en raison des exigences de l’heure, puis comme des institutions régulières (synodes provinciaux), l’évêque de la capitale particulière assumait le fauteuil de président. Parmi les métropolites, la prééminence était revendiquée par les églises fondées par les apôtres (sedes apostolicæ), en particulier celles de Rome, d’Antioche, de Jérusalem, d’Alexandrie, d’Éphèse et de Corinthe. À l’idée de l’unité et de la catholicité de l’Église, qui a été maintenue et mise en avant avec une décision toujours croissante, s’est ajoutée l’idée que l’apôtre Pierre était le seul représentant individuel de l’Église. Cette dernière notion était fondée sur la parole mal comprise du Seigneur, Matt. xvi. 18, 19. Rome, en tant que capitale du monde, où Pierre et Paul ont souffert la mort en martyrs (16, 1), s’arrogea le nom de Chaire (Cathedra) de Pierre et transféra l’idée de la représentation individuelle de l’Église à ses évêques en tant que successeurs supposés de Pierre.
34.1. La Continuation des Dotations Charismatiques jusqu’aux temps post-apostoliques nous a récemment rendu accessible par la Didachè apostolique (30, 7), Non seulement ils ont reçu une nouvelle confirmation, mais leur place dans l’Église et leur relation avec elle ont été mises en lumière beaucoup plus clairement. En accord essentiel avec 1 Cor. xii. 28, et Eph. iv. 11 ( 17, 5), il nous présente les trois fonctions d’Apôtre, de Prophète et de Docteur. Les pasteurs et les docteurs de l’épître aux Éphésiens, ainsi que du passage de Corinthiens, sont groupés en un seul ; et les évangélistes, c’est-à-dire les auxiliaires des apôtres, apparaissent maintenant, après la mort des premiers apôtres, comme leurs successeurs et héritiers de leur vocation missionnaire sous le même titre d’apôtres. Hermas ne parle en effet que des Apôtres et des Docteurs ; mais il apparaît lui-même comme un prophète et témoigne ainsi de la continuation de cette fonction. La place et la tâche des trois offices sont toujours les mêmes que celles décrites dans 17, 5 d’Éph. iv. 11, 12 et ii. 20. Ces trois-là n’étaient pas choisis comme les évêques et les diacres par les congrégations, mais la nomination et les qualifications pour la fonction dépendaient d’un appel divin, un peu comme celui d’Ac XIII, 2-4, ou d’un charisme qui leur avait été conféré de toute évidence et de toute évidence. De plus, ils ne sont pas des fonctionnaires permanents dans des congrégations particulières, mais voyagent dans l’exercice de leur fonction d’enseignement d’une église à l’autre. Les prophètes et les docteurs, cependant, mais pas les apôtres, peuvent s’établir de façon permanente dans une église particulière. — En se référant exclusivement aux apôtres, la Didachè enseigne ce qui suit : Dans le cas où ils visitent une église déjà constituée, ils ne doivent y rester au plus que deux jours et n’acceptent que des provisions pour une journée de voyage, mais en aucun cas de l’argent (Matt. x. 9 et 10). Eusèbe aussi, dans son Ch. Hist., III, 37, dit qu’après la mort des Douze, l’Évangile se répandit avec succès dans tous les pays au moyen d’hommes apostoliques itinérants, qu’il désigne cependant sous l’ancien nom d’évangélistes, et les loue d’avoir, selon l’ordre du Seigneur (Matt. x. et Luc x.) partagé leurs biens entre les pauvres, et s’en étant strictement tenus à la règle de ne poser partout que les fondements de la foi et de laisser le soin ultérieur de ce qu’ils avaient planté aux pasteurs établis.— La Didachè assigne la seconde place aux prophètes : eux aussi, en tant que, comme les Apôtres, ils sont itinérants, n’ont pas de résidence fixe ; mais ils se distinguent de ces derniers par le fait que leurs fonctions d’enseignement ne sont pas dirigées vers la fondation d’une église, mais seulement vers son édification, et à cet égard ils sont liés aux enseignants. Leur caractéristique distinctive, cependant, est la possession du charisme de prophétiser au sens large, tandis que le charisme des Maîtres consistait dans le λόγος σοφίας et le λόγος γνώσεως ( 17, 1). Lorsqu’ils entrent dans une église en tant qu’ἐν πνεύματι λαλοῦντες, cette église ne peut pas, selon la Didachè, être en opposition directe avec 1 Thess. v. 21 ; 1 Corinthiens, xii, 10 ; xiv. 29 ; 1 Jean iv. 1, exercent le droit d’éprouver leur doctrine, car ce serait commettre le péché contre le Saint-Esprit qui parle par eux, mais l’Église peut s’enquérir de leur vie, et distinguer ainsi les vrais prophètes des faux. S’ils souhaitent s’établir dans une église particulière, celle-ci doit prendre des dispositions pour leur entretien adéquat en se rendantÀ l’instar de la loi mosaïque, tous les premiers-nés du bétail, les prémices du blé, de l’huile et du vin, ainsi que la première partie de leurs autres biens, « car ils sont vos grands prêtres. » Cette expression signifie soit qu’ils sont pour eux avec leur don prophétique, ce que les grands prêtres de l’ancienne alliance avec leur Urim et leur Thummim étaient pour l’ancien Israël, ou, comme Harnack l’entend sur la base du chap. x. 7 : τοῖς προφήταις ἐπιτρέπετε εὐχαριστεῖν ὅσα θέλουσιν, tandis que les ministres ordinaires devaient se limiter aux formulaires habituels, qu’ils étaient prééminents chargés de l’administration de la Cène du Seigneur, qui était le couronnement du culte. Si, cependant, il n’y avait pas de prophètes présents, ces prémices devaient être distribuées aux pauvres. — Le rang des docteurs (διδάσκαλοι, Doctores) est encore essentiellement le même que celui décrit en 17, 5. Comme on pourrait s’y attendre en raison de leur fréquentation constante des Apôtres et des Prophètes, ils étaient aussi des enseignants itinérants qui, comme les Prophètes, devaient servir à l’établissement des Églises existantes dans la vie chrétienne, dans la foi et dans l’espérance. Mais lorsqu’ils s’installaient dans une église particulière, soit en raison des besoins particuliers de cette église, soit avec son approbation conformément à leur propre désir, cette église devait pourvoir à leur entretien selon le principe que l’ouvrier est digne de sa récompense. L’auteur de la Didachè, comme il ressort de toute la teneur de son livre, était lui-même un tel maître. Hermas, qui en même temps ne fait aucune mention des Prophètes, ne parle que deux fois, et cela tout à fait incidemment, des Docteurs, sans indiquer particulièrement leurs devoirs et leurs privilèges. était de la plus haute importance. Les nombreuses églises disséminées dans tous les pays n’avaient pas encore de canon du Nouveau Testament solidement établi, ni de symbole général sous la forme d’une confession de foi, et n’avaient donc aucun lien extérieur d’union : mais ces enseignants, au moyen de leur mode de vie itinérant et de leur position d’autorité, qui fut pour la première fois clairement démontrée par Harnack, contribua puissamment au développement de l’idée d’unité ecclésiastique. D’après Harnack, c’est à eux qu’il faut attribuer la composition des épîtres dites catholiques et de la littérature chrétienne primitive du même genre, et c’est ainsi qu’il rendrait compte des caractéristiques apostoliques que l’on peut découvrir dans ces écrits. Il ne leur attribuerait cependant pas la fiction de revendiquer pour leurs œuvres une origine apostolique, mais suppose que les suscriptions ajoutées par la suite et le nom de l’auteur dans l’adresse reposent sur une tradition erronée. après l’adoption des usages et des institutions sociales courantes, ce qui conduisit nécessairement à la répression de l’esprit enthousiaste d’où étaient sorties ces fonctions et qui pouvait à peine se concilier avec ce qui lui paraissait des compromis et des concessions mondaines. La prétention fanatique et excentrique aux dons prophétiques dans le montanisme, avec sa rigueur intransigeante ( 40) et son retrait de la communion ecclésiale, a porté à ces fonctions charismatiques leur coup mortel. Une autre cause de leur déclin progressif peut certainement être trouvée dans leur relation avec l’ép croissanthiérarchie iscopale. À l’époque de la Didachè, qui ne connaît pas la subordination des prêtres à l’évêque (en effet, comme Phil. i. 1, elle ne fait aucune mention des prêtres), cette relation était celle d’une coordination et d’une coopération tout à fait harmonieuses. Au chapitre 13, l’exhortation est donnée de ne choisir que des hommes fidèles et approuvés comme évêques et diacres, « car eux aussi s’acquittent pour vous τὴν λειτουργίαν τῶν προφητῶν καὶ διδασκάλων et ainsi ils représentent avec eux les τετιμημένοι parmi vous ». Le service des prophètes, selon la Didachè, était avant tout celui de l’ἀρχιερεῖς et c’est ainsi que leur fut confiée la consécration des éléments dans la Cène du Seigneur. Les évêques et les diacres s’acquittaient de ce service, dans la mesure où, en plus de leurs devoirs particuliers de présidents de la congrégation chargée de son administration et de sa discipline, ils étaient tenus de diriger le culte en l’absence de prophètes. Ensuite, ils devaient aussi officier en tant qu’enseignants (1 Timothée v. 17) lorsque l’occasion l’exigeait et que les qualifications nécessaires étaient possédées. Mais cette coopération pacifique des deux ordres a sans doute rapidement et souvent donné lieu à des rivalités inconvenantes, et l’esprit hiérarchique s’est immiscé dans le Protépiscopat (17, 6). qui, d’abord, réduisait ses collègues de leur égalité originelle à une position de subordination, s’affirma bientôt contre les fonctions extraordinaires qui avaient occupé une place coordonnée avec et dans le département de la doctrine et du culte, encore plus autoritaire et plus importante que celle des évêques eux-mêmes. Ils n’ont que trop facilement réussi à faire reconnaître que l’usurpation de leurs fonctions portait l’autorité d’une nomination divine. Ceux-ci complétèrent bientôt la théorie du rang hiérarchique et monarchique du clergé et la prétention absurde d’avoir obtenu de Dieu la plénitude absolue de son Esprit et le pouvoir souverain absolu.
34.2. Le développement de la Hiérarchie épiscopale a été le résultat d’une évolution qui, dans les circonstances actuelles, était non seulement naturelle, mais presque nécessaire. Dans les délibérations et les consultations du collège des presbytres constituant le tribunal ecclésiastique, comme dans toutes les autres assemblées de ce genre, il devait être d’usage invariable de conférer à l’un d’entre eux, généralement le plus âgé, ou du moins celui d’entre eux le plus estimé, la présidence, en lui confiant le devoir de la conduite ordonnée des débats. ainsi que la formulation, la publication et l’exécution de leurs décrets. Ce président a dû bientôt acquérir l’autorité prééminente de primus inter pares, et en être venu à être considéré comme un ἐπίσκοπος d’un rang supérieur. D’une telle primauté à la suprématie, et de là à une position monarchique, le progrès était naturel et facile. À mesure que l’autorité officielle, l’ἐπισκοπή, se concentrait de plus en plus dans les mains du président, le titre officiel, ἐπίσκοπος, d’abord par voie d’éminence, puis absolument, lui était approprié. Cela serait d’autant plus facile que, en raison de la double fonction de la fonction ( 17, 5, 6), Celui qui présidait le conseil d’administration portait encore le titre de πρεσβύτερος. Cela n’a pas été accompli, cependant, sans une longue lutte continue de la part des prêtres qui ont été relégués à un rang subalterne, ce qui a occasionné de vives querelles de parti et des divisions qui ont duré jusqu’au 3ème siècle (41). Mais le besoin des églises d’avoir en chacune un seul homme à diriger et à contrôler était plus puissant que cette opposition. Ce besoin s’est fait sentir avec le plus d’acuité lorsque l’Église a été menacée de division et de dissolution par la propagation de tendances hérétiques et séparatistes. Le besoin d’un seul président dans les églises locales était particulièrement ressenti dans les temps de persécution violente, et plus encore juste après la fin de la persécution, lorsque des multitudes qui s’étaient éloignées pendant les jours d’épreuve cherchaient à être rétablies dans l’appartenance à l’église (39, 2). afin d’assurer la réorganisation de l’institution qui, par la violence du dehors et la faiblesse du dedans, avait été si cruellement déchirée. Tant dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament, il semblait y avoir lieu de considérer l’ordre des choses qui s’était développé au cours des temps comme jure divino et comme existant depuis le commencement. Après que l’idée d’une classe sacerdotale distincte eut retrouvé grâce, la répartition du clergé dans l’Ancien Testament en grands prêtres, prêtres et lévites était censée offrir une analogie exacte avec celle de l’épiscopat, du presbyterium et du diaconat. Pour ce faire, les fonctions charismatiques de l’enseignement devaient être ignorées et leurs fonctions divinement ordonnées devaient être mises de côté. On supposait même que les rangs relatifs dans les offices de l’Église chrétienne devaient être déterminés par les ordres correspondants dans l’Ancien Testament. Puis, dans les évangiles, il semblait que les relations du Christ avec ses disciples correspondaient à celles de l’évêque avec les prêtres ; et des Actes des Apôtres l’autorité prépondérante de Jacques à la tête du presbytère ou de l’ancien de Jérusalem ( 17, 2) pourrait être utilisé comme témoin de la suprématie de l’évêque. Le plus ancien et le plus important prétendant au rang monarchique de l’évêque est l’auteur des épîtres ignatiennes (30, 5). Dans chaque évêque, il voit les représentantsDans le collège des prêtres, les représentants des Apôtres. Chez les Clémentins aussi, l’évêque apparaît comme ἐπὶ τῆς ριστοῦ καθέδρας καθεσθείς. Ce point de vue trouve également son expression dans les Constitutions apostoliques (2, 26), et même dans les écrits de Denys l’Aréopagite (47, 11). Une autre théorie, selon laquelle les évêques sont les successeurs des Apôtres et, en tant que tels, les héritiers de la domination absolue, conférée dans Matt. xiv. 18, 19 sur Pierre et, par lui, sur tous les Apôtres, surgit en Occident et gagna en popularité grâce à l’éloquente déclaration de Cyprien (34, 7).
34.3. Les offices ecclésiastiques réguliers de l’âge vieux-catholique. Les Ordines Majores embrassèrent les évêques, les prêtres et les diacres. C’est à l’évêque, élu par le peuple et le clergé en commun, que revenait dans sa position monarchique la conduite suprême de toutes les affaires de l’Église. Les privilèges exclusivement épiscopaux étaient ceux-ci : l’ordination des prêtres et des diacres, l’absolution du pénitent, selon une règle stricte aussi la consécration des éléments eucharistiques, plus tard aussi le droit de parler aux synodes et, en Occident aussi, la confirmation des baptisés. Dans les grandes villes où une seule église ne suffisait plus, des églises filles ont été instituées. Les églises de campagne fondées à l’extérieur des villes étaient approvisionnées par des prêtres et des diacres de la ville. S’ils gagnaient en importance, ils se choisissaient eux-mêmes leur propre évêque, qui restait cependant en tant que ωρεπίσκοπος dépendant de l’évêque de la ville. C’est ainsi que des diocèses épiscopaux nettement officiels ont été formés. Et de même que les évêques des villes avaient la prééminence sur les évêques des campagnes, de même les évêques des principales villes des provinces vinrent bientôt comme métropolites avoir la prééminence sur ceux des autres villes. C’est à eux qu’a été accordé le droit de convoquer et de présider les synodes, de nommer et d’ordonner les évêques de leur province. Le nom de métropolite, cependant, a été utilisé pour la première fois dans les actes du concile de Nicée en J.-C. Les presbytres n’étaient plus que les conseillers et les assistants de l’évêque, dont il acceptait les conseils et l’aide de la manière et aux moments qui lui semblaient bons. Ils étaient employés à la direction des affaires de l’Église, à l’administration du sacrement, à la prédication et au travail pastoral, mais seulement sur l’ordre ou avec la permission expresse de l’évêque. Au cours de la période suivante, pour la première fois, alors que les demandes s’étaient multipliées et que l’autorité épiscopale n’avait plus besoin d’être jalousement gardée, leurs fonctions furent élargies pour embrasser une pastorale indépendante, la prédication et la dispensation des sacrements dont ils étaient personnellement responsables. car leur importance s’accroissait à mesure que s’élargissait l’étendue de leurs fonctions officielles. Vu que, dans les premiers temps, ils avaient occupé une position subordonnée aux évêques-presbytres, ils ne pouvaient pas être considérés de cette manière comme leurs rivaux ; et le développement du proto-presbyterium en un épiscopat monarchique était trop évidemment dans leur propre intérêt pour susciter une opposition de leur part. Ils étaient donc beaucoup plus proches des évêques que les presbytres. Ils étaient ses confidents, ses compagnons de voyage, souvent aussi ses députés et ses représentants aux synodes. C’est à eux qu’il confia la distribution des aumônes de l’Église, pour lesquelles ils avaient d’abord pris en charge les pauvres. À ces devoirs s’ajoutaient aussi beaucoup de parties du service divin ; ils baptisaient sous la commission de l’évêque, obtenaient et préparaient les éléments sacramentels, distribuaient la coupe, à la fin de l’office, portaient aux malades et emprisonnaient le corps et le sang du Seigneur, annonçaient le début et la fin des diverses parties du service divin, récitaient les prières publiques, lisaient les évangiles, et maintenait l’ordre pendant le culte. Souvent, aussi, ils prêchaient le sermon. En conséquence de la position prépondérante donnée à l’idée du sacerdoce de l’Ancien Testament, l’évêque a été comparé au souverain sacrificateur, les prêtres aux prêtres et les diacres aux Lévites, et c’est ainsi qu’ils ont déjà pris le nom, d’où dérive le mot allemand « Priester », l’anglais « Priest », le français « Prêtre », l’italien « Prête ».
Parmi les Ordines Minores, la plus ancienne était la fonction de lecteur, Ἀναγνώστης. Au temps de Cyprien, cette place fut accordée de bon cœur aux confesseurs. Plus tard, il était d’usage de commencer la carrière cléricale par le service dans le lectorat. Les devoirs de cette charge étaient la lecture publique des parties les plus longues de l’Écriture et la garde des livres sacrés. Un peu plus tard que le lectorat, l’office des Subdiaconi, ὑποδιάκονοι a été institué. Ils étaient les assistants des diacres et, en tant que tels, ils occupaient le premier rang parmi les Ordines Minores, et parmi ceux-ci, seuls ils étaient considérés comme dignes d’être ordonnés. Vers la fin du IIIe siècle, l’office des Cantores, ψαλταί, fut institué pour la conduite du service public de louange. Les Acolytes, que l’on rencontre à Rome vers le milieu du IIIe siècle, étaient ceux qui accompagnaient l’évêque comme ses serviteurs. Les exorcistes remplissaient la fonction spirituelle de traiter avec ceux qui possédaient des esprits maléfiques, ἐνεργούμενοι, δαιμονιζόμενοι, sur lesquels ils devaient répéter les prières publiques et la formule de l’exorcisme. Comme il y avait aussi un exorcisme associé au baptême, les fonctions officielles des exorcistes s’étendaient aux catéchumènes. Les Ostiarii ou concierges, θυρωροί, πυλωροί, occupaient la position la plus basse. Dans les grandes églises pour l’instruction des catéchumènes, il y avait des catéchistes spéciaux nommés, Doctores audientium, et là où le besoin se faisait sentir, surtout dans les églises d’Afrique du Nord parlant la langue punique, il y avait aussi des interprètes dont le devoir était de traduire et d’interpréter les leçons de l’Écriture. Aux diaconesses, pour la plupart veuves ou vierges, était confié le soin des pauvres et des malades, le conseil des femmes et des jeunes filles inexpérimentées, la surveillance générale des catéchumènes. Ils n’avaient pas de caractère clérical. — L’ordination du clergé se faisait par l’imposition des mains. Étaient disqualifiés ceux qui venaient d’être baptisés ou qui n’avaient reçu le baptême qu’au cours d’une maladie grave (Neophyti, Clinici), ainsi que tous ceux qui avaient été excommuniés et ceux qui s’étaient mutilés.
34.4. Clergé et laïcs. — L’idée qu’une médiation sacerdotale entre des hommes pécheurs et une divinité miséricordieuse était nécessaire avait été si profondément enracinée dans la conscience religieuse de l’antiquité préchrétienne, païenne aussi bien que juive, qu’une forme de culte public sans sacerdoce semblait presque aussi inconcevable qu’une religion sans dieu. Et même si les écrits inspirés du Nouveau Testament enseignaient d’une manière décidée et expresse que l’institution pré-chrétienne ou de l’Ancien Testament d’un sacerdoce humain spécial avait été abolie et fondue dans l’unique médiation éternelle du Fils de Dieu exalté et Fils de l’homme, et qu’il y avait maintenant un sacerdoce spirituel universel de tous les chrétiens avec le droit et le privilège de s’approcher même du trône céleste de la grâce (Héb. iv. 16 ; 1 Pierre ii. 5, 9 ; Apocalypse, p. 6), cependant, en raison de l’idée de la permanence des institutions de l’Ancien Testament qui prévalait, même à l’époque post-apostolique, la théorie sacerdotale devint de plus en plus en faveur. Ce retour au point de vue de l’Ancien Testament était d’ailleurs rendu presque inévitable par la métamorphose contemporaine de la fonction ecclésiastique qui existait comme base nécessaire de l’organisation humaine (17, 4) dans une organisation hiérarchique reposant sur une institution divine assumée. Car le cléricalisme, avec ses prétentions à être le seul canal divinement autorisé pour la communication de la grâce de Dieu, était le corrélat et le soutien indispensable du hiérarchisme, avec ses prétentions exclusives à la préséance législative, judiciaire, disciplinaire et administrative dans les affaires de l’Église. La réaction que le montanisme ( 40) initiée dans l’intérêt du peuple chrétien contre les tendances hiérarchiques et cléricales qui se répandaient dans toute l’Église, n’a eu aucun résultat en raison de son extrême extravagance. Tertullien a en effet très fortement insisté sur l’idée apostolique du sacerdoce universel de tous les chrétiens, mais chez Cyprien, on admet qu’elle est tout à fait en retard sur le sacerdoce du clergé et qu’elle finit par être tout à fait oubliée. ou, comme on l’appellerait aujourd’hui, des laïcs au clergé. L’enseignement officiel de la religion et la prédication dans les assemblées publiques de l’Église, bien qu’en règle générale entrepris par les Ordines majores, pouvaient, même alors, dans des circonstances spéciales et avec l’autorisation requise, être exercés par des laïcs, c’est ce que démontrent l’institution catéchétique d’Alexandrie et le cas d’Origène qui, lorsqu’il n’était que catéchiste, prêchait souvent dans l’église. Les Constitutions apostoliques aussi, 8, 31, soutenaient l’idée que les laïcs, s’ils étaient habiles dans la parole et d’une vie irréprochable, devaient prêcher en se référant à la promesse : « Ils seront tous enseignés de Dieu ». Les expressions répétées de désapprobation de l’administration de l’eucharistie par les laïcs dans les épîtres ignatiennes présupposent l’occurrence fréquente de cette pratique ; Tertullien l’autoriserait en cas de nécessité, car « Ubi tres, ecclesia est, licet laici ». De même, en ce qui concerne l’administration du baptême, il enseigne que, dans les circonstances ordinaires, propter ecclesiæ honorem, il ne doit être administré que par l’évêque et le clergé qu’il a nommés à l’œuvre, alioquin (par exemple en temps de persécution) etiam laicis jus est. C’est aussi la décision de la Cour d’appelncil d’Elvire en A.D. Débloquer le niveau 306. Le rapport que Cyprien donne de sa procédure à l’égard du grand nombre des Lapsi de son temps ( 39, 2 ; 41, 2) fournit la preuve qu’au moins dans les cas extraordinaires et particulièrement difficiles de discipline, toute l’Église était consultée. Le droit du peuple de prendre part au choix de son ministre n’avait pas encore été contesté, et son concours, au moins dans les synodes, n’avait jamais été refusé.
34.5. Les synodes. — Le concile des apôtres de Jérusalem (Actes xv) a fourni un exemple de délibération synodale et de publication de décrets. Mais même dans le monde païen, de telles institutions avaient existé. Les anciennes confédérations politico-religieuses de la Grèce et de l’Asie Mineure avaient, en effet, perdu leur signification politique depuis l’époque de la conquête romaine ; mais leurs assemblées accoutumées depuis longtemps (κοιναὶ σύνοδοι, Concilia) continuèrent à se réunir dans les capitales des provinces sous la présidence du gouverneur romain. Le fait que la même nomenclature ait été adoptée semble montrer qu’ils n’ont pas été sans influence formelle sur l’origine de l’institution du synode ecclésiastique. La première occasion de telles rencontres a été donnée par les mouvements montanistes en Asie Mineure (40, 1) ; et peu après par les controverses sur l’observance de Pâques (37, 2). Au début du IIIe siècle, les synodes provinciaux avaient déjà assumé la position d’institutions fixes et récurrentes. À l’époque de Cyprien, les prêtres et les diacres prenaient une part active aux synodes aux côtés des évêques, et le peuple en général n’était pas empêché d’y assister. Aucune décision ne pouvait être prise à l’insu et sans l’assentiment des membres de l’Église. Depuis l’époque du concile de Nicée, en J.-C. 325, seuls les évêques avaient le droit de vote et la présence des laïcs était de plus en plus restreinte. Les décrets des synodes étaient communiqués aux églises éloignées au moyen de rescrits synodaux, et même au IIIe siècle, on y prétendait, conformément aux Actes xv, à l’illumination immédiate du Saint-Esprit.
34.6. Relations personnelles et épistolaires. — Depuis les temps les plus reculés, les Églises chrétiennes de tous les pays ont maintenu une communication régulière entre elles par l’intermédiaire de messagers ou de frères itinérants. L’enseignement du XII. Les Apôtres en fournissent le récit le plus ancien : Quiconque vient d’un autre lieu au nom du Seigneur sera reçu comme un frère ; Mais celui qui est en voyage n’acceptera pas l’hospitalité de l’Église pendant plus de deux jours, ni plus de trois jours ; mais s’il choisit de rester dans le lieu, il doit s’engager dans un travail pour son propre soutien, en quoi l’Église l’aidera ; s’il ne veut pas se conduire ainsi, il sera renvoyé comme un χριστέμπορος, qui a cherché à tirer profit de sa profession du Christ. La Didachè ne sait encore rien des lettres d’authentification parmi les premiers messagers de l’Église, qui devinrent bientôt nécessaires et habituelles. Comme garantie contre l’abus de cette coutume, de tels συστατικαὶ ἐπιστολαί (2 Cor. iii. 1) étaient déjà en usage du temps de Tertullien, qui parle d’une Contesseratio hospitalitatis, sous une forme telle qu’ils n’étaient compris que par les initiés comme des signes reconnaissables d’authenticité, et étaient donc appelés Litteræ formatæ, ou γράμματα τετυπωμένα. Le même soin a également été apporté à l’égard des communications épistolaires importantes d’une église à une autre ou à d’autres églises. Parmi ceux-ci figuraient par exemple les rescrits synodaux, les soi-disant γράμματα ἐνθρονιστικά par lesquels les évêques nouvellement choisis indiquaient aux autres évêques de leur district leur entrée en fonction, les Epistolæ festales (paschales) concernant la célébration d’une fête, en particulier la fête de Pâques (56, 3), des communications sur des événements importants de l’Église, en particulier sur les martyres (32, 8), etc. D’après Optatus de Mileve ( 63, 1) : « Totus orbis » pouvait se vanter de « comnmercio formatarum in una communionis societate concordat ».
34.7. L’unité et la catholicité de l’Église. — Le fait que le christianisme était destiné à être une religion pour le monde, qui devait embrasser tous les peuples et toutes les langues, les imprégner tous d’un seul esprit et les unir sous un seul chef céleste, reposait sur la présupposition que l’Église était une et universelle ou catholique. L’unité intérieure de l’esprit exigeait aussi une unité correspondante dans la manifestation. Il ressort particulièrement de l’enseignement des XIIe Apôtres que la conscience de l’unité de l’Église s’était profondément enracinée même dans l’âge post-apostolique (20, 1). Les points qui, selon elle, prouvent l’unité de la chrétienté sont les suivants : premièrement, la discipline selon les exigences éthiques du Seigneur, deuxièmement, le baptême au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, troisièmement, l’ordre du jeûne et de la prière, en particulier l’usage régulier du Notre Père, et quatrièmement et enfin, l’eucharistie, c’est-à-dire le repas sacré auquel l’Église rend grâce à Dieu, le créateur de toutes choses, pour la révélation qui lui a été donnée par Jésus, pour la foi, la connaissance et l’immortalité, et implore l’accomplissement de son espérance, le renversement de ce monde, le retour du Christ et la réception dans le royaume de Dieu. Celui qui a cette doctrine et agit conformément à elle est un « chrétien », appartient aux « saints », est un « frère » et doit être reçu comme le Seigneur » (Harnack). La lutte contre les gnostiques a eu pour effet de transformer cette idée chrétienne primitive de l’unité en une conscience de la nécessité d’adopter une formule doctrinale commune, que cette controverse a rendue beaucoup plus précise et précise, à laquelle une expression populaire concise a été donnée dans une Regula fidei commune (35, 2). et au moyen de laquelle l’idée spécifique de catholicité a été développée ( 20, 2). Ce qui est trompeur et dangereux dans cette construction et cette consolidation d’une grande église catholique, c’est que toute déviation des formes extérieures dans la constitution et le culte, ainsi que la doctrine erronée, l’immoralité et l’apostasie, étaient considérées comme un éloignement de l’unique église catholique, le corps du Christ, et par conséquent, puisque non seulement le corps était mis au même niveau que la tête, mais même le vêtement du corps était identifié avec le corps lui-même, comme une séparation de la communion du Christ, impliquant la perte du salut et de la béatitude éternelle. Cette notion a reçu une puissante impulsion au cours du IIe siècle, lorsque l’unité de l’Église a été menacée par les hérésies, les sectes et les divisions. Elle atteignit son point culminant et obtint la Magna Charta de son énonciation parfaite dans le livre de Cyprien De Unitate Ecclesiæ. Dans le rang monarchique de l’évêque de chaque Église, en tant que représentant du Christ, au-dessus du collège des prêtres, en tant que représentants des Apôtres, Ignace d’Antioche voit la garantie de l’unité de l’Église. Selon Cyprien, cette unité a son expression dans l’Apostolat ; dans l’épiscopat, elle a son soutien. La promesse de Christ, Matt. xvi. 18, est donné à Pierre, non pas comme la tête, mais comme l’unique représentant des Apôtres (Jean, XX, 21). La charge apostolique, avec la promesse qui s’y rattache, passait des apôtres aux évêques par voie d’ordination. Ceux-ci, par leur rang monarchique, représentent continuellement pour les diverses églises (Ecclesia est in episcopo) et, par leur action combinée, pour toute la chrétienté, l’unité de l’Église ; Episcopatus unus est, cujus a singulus in solidum, pars tenetur. Tous les évêques, comme tous les apôtres, ont une parité parfaite les uns avec les autres ; Pares consortio, jure et honore. Chacun d’eux est un successeur de Pierre et héritier de la promesse faite d’abord à Pierre, mais pour tous. — Celui qui se coupe des évêques, se coupe de l’Église. Habere non potest Deum patrem, qui ecclesiam non habet matrem.... Extra ecclesiam nulla spes salutis. À côté des écrits apostoliques, la tradition qui prévalait parmi les Églises apostoliques (Sedes apostolicæ) était considérée comme une norme de catholicité dans la constitution, le culte et la doctrine ; en fait, il a même dû se classer au-dessus des écrits apostoliques eux-mêmes pour résoudre la question du Canon du Nouveau Testament (36, 8), jusqu’à ce que ceux-ci aient assuré la circulation et l’acceptation générales.
34.8. La primauté romaine. — Les prétentions de l’évêché romain à la primauté sur toute l’Église, qui atteignit son plein développement aux IVe et Ve siècles (46, 7), ont été fondées à l’origine et principalement sur l’affirmation que la promesse de Matt. xvi. 18, 19, a été donné seulement et exclusivement à l’apôtre Pierre comme primat des apôtres et chef de l’église. Cette supposition ne tient pas compte du fait que dans Matt. xviii. 18 et Jean xx. 21 et suiv., cette promesse a été faite à l’égard de tous les apôtres. Ces affirmations étaient en outre censées être étayées par les paroles adressées à Pierre : « Fortifie tes frères » (Luc, XXII, 31), qui semblaient accorder à Pierre une primauté sur ses compagnons apôtres ; et aussi par l’interprétation donnée de Jean XXI, 15 et suiv., où l’on entendait par « agneaux » les laïcs et « brebis » des Apôtres. On supposait également que l’évêque de Rome était le successeur de Pierre, et donc l’héritier légitime et unique de toutes ses prérogatives. La fable de l’évêché romain de Pierre ( 16, 1) a été adopté de bonne heure sans hésitation, d’autant plus que personne ne s’attendait aux résultats qui, plus tard, ont été déduits d’une compréhension tout à fait différente de Matt. xvi. 18. Pendant toute cette période, de telles conséquences n’ont jamais été imaginées, ni par un évêque romain, ni par qui que ce soit d’autre. Seulement, l’Occident admettait volontiers, au moins en Occident, que Rome était la première de toutes les Églises apostoliques, que la tradition apostolique y avait été conservée dans sa forme la plus pure, et que, par conséquent, ses évêques devaient avoir une voix particulièrement influente dans toutes les questions qui devaient être jugées par tout l’épiscopat. et les évêques romains se contentaient auparavant de profiter de cette concession dans toute la mesure du possible.96
Moyen indispensable à la participation au salut et condition d’accueil dans la communion de l’Église, le baptême a été pratiqué dès les temps les plus reculés. Le baptême des enfants, bien qu’il ne fût pas universellement adopté, était cependant en théorie presque universellement admis comme étant convenable. Tertullien seul s’y oppose. Tous les adultes qui désiraient le baptême devaient, en tant que catéchumènes, suivre un cours de formation sous la direction d’un maître chrétien. Beaucoup, cependant, ont volontairement et délibérément reporté leur baptême, souvent même sur un lit de mort, afin que tous les péchés de leur vie puissent être définitivement effacés par la grâce du baptême. Après avoir suivi un cours complet d’instruction, les catéchumènes se préparaient au baptême par la prière et le jeûne, et avant l’administration de l’ordonnance sacrée, ils étaient tenus de renoncer au diable et à toutes ses œuvres (Abrenuntiare diabolo et pompæ et angelis ejus) et de réciter une confession de leur foi. La controverse sur la question de savoir si le baptême administré par les hérétiques devait être considéré comme valide a été menée avec beaucoup d’amertume au cours du IIIe siècle.
35.1. La préparation à recevoir le baptême. — Après un exposé complet de la morale évangélique dans les chap. 1-6, l’Enseignement du XII. Les Apôtres procèdent ainsi : Ταῦτα πάντα προειπόντες βαπτίσατε εἰς τὸ ὄνομα, etc. C’est pourquoi, à cette époque, outre la connaissance nécessairement présupposée des points principaux de l’histoire de l’Évangile, l’initiation à la doctrine morale de l’Évangile de la personne qui recevait le baptême était considérée comme la plus essentielle dans l’instruction baptismale. Dans ce passage, il n’y a aucune mention d’un cours doctrinal d’enseignement basé sur un symbole. Mais ce qui manque encore ici est donné d’une manière sommaire dans les chap. 7 et suiv. dans les instructions sur le baptême et la Cène du Seigneur jointes à la formule baptismale et aux prières eucharistiques. Celle-ci était donc réservée au culte dans lequel les candidats au baptême et les nouveaux baptisés devaient puiser leur foi et leur espérance quant à l’achèvement futur du royaume de Dieu. Premièrement, la lutte contre le gnosticisme obligea l’Église à mettre davantage en avant les doctrines de la foi, qui étaient ainsi plus développées, et à s’occuper de ces questions jusque dans l’instruction des catéchumènes. La coutume, dont la Didachè et Justin Martyr montrent qu’elle était répandue dans les temps post-apostoliques, selon laquelle le baptiseur et d’autres s’offraient volontairement pour participer avec le candidat au baptême à l’achèvement de la préparation à la sainte ordonnance par l’observation d’un jeûne de deux jours, semble bientôt, en ce qui concerne le baptiseur et les autres, Depuis le développement de l’Église vieille-catholique, la préparation des candidats au baptême a été divisée en deux parties de durée très inégale, à savoir celle de l’instruction, pour laquelle il fallait en moyenne deux ans, et celle de la préparation immédiate par la prière et le jeûne après que les instructions ont été complétées. Au cours de la première période, les aspirants étaient appelés κατηχοῦμενοι, Catéchuméniens ; au cours de ce dernier, φωτιζόμενοι, Competentes. Quant à leur participation au service divin public, les catéchumènes étaient tout d’abord admis à l’audition du sermon, en tant qu’ἀκροώμενοι, et n’avaient donc aucun privilège essentiel sur les incroyants. Ils n’entrèrent d’abord en contact plus étroit avec l’Église que lorsqu’il leur fut permis de prendre part aux exercices de dévotion, mais seulement dans les parties qui se rapportaient à eux-mêmes, s’agenouillant comme γονυκλίνοντες, tandis que l’assemblée priait également à genoux. Ce n’est qu’en cas de maladie dangereuse que le baptême pouvait être donné avant que le catéchumène n’ait achevé son cycle complet (Baptismus Clinicorum). Le concile de Néo-Césarée, peu après J.-C. 314 ordonna qu’un catéchumène qui, en tant que γονυκλίνων, se fût rendu coupable d’un péché ouvert, fût renvoyé à la première étape du catéchuménat, c’est-à-dire à celle de l’ἀκροᾶσθαι, et que s’il péchait de nouveau, il fût rejeté tout à fait ; et le concile œcuménique de Nicée en apr. J.-C. 325 exigeait que les catéchumènes (παραπέσοντες) restent ἀκροώμενοι pendant trois ans et qu’ensuite seulement ils soient autorisés à prendre part au service de dévotion de l’église.98
35.2. La formule baptismale : En rapport étroit avec les paroles de l’institution du baptême (Matt. XXVIII. 19) et c’est ainsi que, dans un cadre trinitaire, une esquisse de la doctrine commune à toutes les Églises, présentée d’abord comme une confession de foi professée par les candidats au baptême, s’est imposée très tôt. On n’y apporta par la suite que quelques modifications sans importance, et, au milieu de toutes les variétés de conditions provinciales et locales, la formule resta essentiellement la même. C’est pourquoi on pourrait toujours le caractériser avec Irénée comme ἀκλινής, et avec Tertullien comme immobilis et irreformabilis. En signe d’appartenance à l’église catholique, on l’appelle la formule baptismale ou le symbole. Après l’introduction de la Disciplina arcani ( 36, 4) Elle en faisait partie, et c’est pourquoi elle était tenue secrète des païens et même des catéchumènes, et communiquée d’abord aux compétents. En tant que critère et norme « inaltérable et inflexible » de la foi et de la doctrine, ainsi qu’en tant que lien intellectuel d’union entre les Églises dispersées sur toute la terre, elle a été appelée Regula fidei et Κανὼν τῆς ἀληθείας. Le fait que nous ne le trouvions jamais cité dans l’âge vieux-catholique, s’explique par son inclusion dans la disciplina arcani et par là aussi par le fait que l’ancienne église, en commun avec Jérémie (xxxi, 33), insistait beaucoup sur le fait qu’il était gravé non pas avec une plume et de l’encre sur du papier, mais avec la plume du Saint-Esprit dans le cœur des croyants. Au lieu de la citation littérale, nous ne trouvons chez les pères de l’âge vieux-catholique (Irénée, Tertullien, Origène, Novatien, etc.) que des références paraphrastiques et explicatives qui, voyant qu’aucune sorte de sanction officielle ne leur a été accordée dans l’Église, sont appelées à tort Regulæ fidei. Ces paraphrases, cependant, sont précieuses en tant qu’informations sur le credo de l’église primitive, parce que ce qui s’y trouve doit être considéré comme faisant partie intégrante du document original. En harmonie avec cela est le témoignage de Rufin, au sujet de l’A.D. 390, qui, dans son Expositio Symb. apost., produit trois recensions différentes, à savoir, la romaine, l’aquiléenne et l’orientale. La plus ancienne et la plus simple était celle utilisée à Rome, dont on peut trouver des traces dès le milieu du IIe siècle. À l’époque de Rufin, il y avait une tradition selon laquelle ce credo romain avait été composé par les XIIe apôtres à Jérusalem au moment de leur dispersion, comme une règle universelle de foi, et avait été amené à Rome par Pierre. Ce n’est pas tout à fait la même chose que ce que nous connaissons sous le nom de Symbole des Apôtres. Il veut les expressions « Créateur du ciel et de la terre », « souffri, mort, descendu aux enfers », « catholique, communion des saints, vie éternelle ». Le credo d’Aquilée adopta la clause « Descendit ad infera » et intensifia la clause Carnis resurrectio par l’ajout de « hujus » et de la phrase Deus pater omnipotens par l’ajout du prédicat anti-patripassien (33, 4) invisibilis et impassibilis.
35.3. L’administration du baptême. — D’après l’enseignement du XIIe apôtre, le baptême était ordinairement administré par une immersion trois fois répétée dans l’eau courante au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. S’il n’y a pas d’eau courante à portée de main, on peut utiliser une autre espèce, même de l’eau chaude, et, en cas de nécessité, l’aspersion peut être substituée à l’immersion trois fois répétée. Plus tard, l’aspersion se limita au baptême des malades, Baptismus clinicorum. Nous n’entendons rien d’une consécration de l’eau à son usage sacré, ni aucune mention du renoncement et de l’exorcisme qui devinrent habituels pour la première fois au IIIe siècle par l’utilisation d’une forme d’adjuration employée auparavant uniquement dans les cas de possession. Après l’immersion, il y avait l’onction, χρίσμα (encore inconnue de la Didachè), comme symbole de la consécration à un sacerdoce spirituel (1 Pierre II, 9), puis, selon Actes VIII, 16 sq., l’imposition des mains comme véhicule de la communication de l’Esprit Saint. Bientôt, l’immersion en vint à être considérée comme la partie négative de l’ordonnance, l’élimination du péché, et l’onction avec l’imposition des mains comme la partie positive, la communication de l’Esprit. Dans l’Église d’Orient, les presbytres et les diacres étaient autorisés à dispenser le baptême, y compris l’onction. L’un et l’autre continuèrent donc là sans être séparés. En Occident, cependant, les évêques ont revendiqué l’imposition des mains comme leur droit exclusif, se référant à l’appui de leur revendication aux Actes VIII. Là où donc l’évêque ne dispensait pas lui-même le baptême, l’imposition des mains ainsi que l’onction chrismatique étaient données séparément et en plus par lui comme Confirmation, Confirmatio, Consignatio, laquelle séparation, même lorsque le baptême était administré par un évêque, devint bientôt la pratique habituelle et légale. Cependant, même dans l’Église romaine, il y avait au baptême une onction d’huile qui avait une sanction canonique et était désignée comme chrême, sans préjudice de la confirmation comme acte indépendant à une époque ultérieure. Les saisons habituelles pour administrer le baptême étaient Pâques, en particulier le sabbat de la semaine de la Passion, le baptême dans la mort du Christ, Rom. vi. 3, et la Pentecôte, et en Orient aussi l’Épiphanie. Le lieu de l’administration du baptême était considéré comme sans importance. Avec le baptême des enfants a été introduite la coutume d’avoir des parrains, ἀνάδοχοι, parrains, qui, comme garants, répétaient la confession de foi au nom de l’enfant inconscient recevant le baptême.
35.4. La doctrine du baptême. — L’épître de Barnabé dit : Ἀναβαίνομεν καρποφοροῦντες ἐν τῇ καρδίᾳ. Hermas dit : Ascendunt vitæ assignati. Chez Justin, l’eau du baptême est un ὕδωρ τῆς ζωῆς, ἐξ οὗ ἀναγεννήθημεν, Selon Irénée, elle produit un ἕνωσις πρὸς ἀφθαρσίαν. Tertullien dit : Supervenit spiritus de cœlis, caro spiritualiter mundatur. Cyprien parle d’une unda genitalis, d’une nativitas secunda in novum hominem. Firmilien dit : Nativitas, quæ est in baptismo, filios Dei generat. Origène appelle baptême χαρισμάτων θείων ἀρχὴν καὶ πηγήν.―Du baptême sanglant du martyre, Tertullien s’écrie : Lavacrum non acceptum repræsentat et perditum reddit. Hermès et Clément d’Alexandrie soutiennent qu’il y aura dans l’Hadès une prédication et un baptême pour les païens et les Juifs pieux.
35.5. La controverse sur le baptême des hérétiques. — L’Église d’Asie Mineure et d’Afrique niait la validité du baptême administré par les hérétiques ; mais l’Église romaine recevait les hérétiques qui retournaient au bercail de l’Église catholique, si seulement ils avaient été baptisés au nom du Christ ou de la Sainte Trinité, sans un second baptême, en imposant simplement les mains comme dans le cas des pénitents. Étienne de Rome ne tolérait rien d’autre que la coutume romaine et s’empressa de rompre la communion de l’Église avec ceux d’Asie Mineure (A.D. p. 253). Cyprien de Carthage, dont l’idéal de l’unité de cette Église où l’on devait obtenir le salut semblait renversé par la pratique romaine, et Firmilien de Césarée, en Cappadoce, étaient les partisans les plus énergiques de l’opinion condamnée par Rome. Trois synodes carthaginois, le dernier et le plus important de l’ère chrétienne. 256, a tranché sans équivoque en leur faveur. Denys d’Alexandrie chercha à se réconcilier en écrivant une adresse tendrement affectueuse à Étienne. À cette fin, la persécution de Valérien, qui éclata peu de temps après, au cours de laquelle Étienne lui-même souffrit le martyre (A.D. p. 257). La controverse n’aboutit donc à aucune conclusion. La pratique romaine, cependant, a continué à recevoir de plus en plus d’acceptation, et a été confirmée par le premier concile œcuménique à Nicée en J.-C. 325, à l’exclusion seulement des Samosates ( 33, 8) ; il en fut de même au Concile de Constantinople en J.-C. 381, à l’exclusion des Montanistes ( 40, 1), les Eunomiens ( 50, 3) et les Sabelliens ( 33, 7). Ces exceptions, par conséquent, se référaient principalement aux hérétiques unitariens, les montanistes étant exclus en raison de leur doctrine du Paraclet. Le succès de la polémique d’Augustin contre les donatistes (63, 1), dans son traité en sept livres, De baptismo surmonta d’abord toutes les objections qui avaient été faites jusque-là contre la validité du baptême administré par les hérétiques, et qui dérivaient de l’objectivité du sacrement, et dès lors il ne fallut plus que le faire au nom du Dieu trois-un.
À partir du IIe siècle, on a eu de plus en plus tendance à dissoudre le lien entre la Cène du Seigneur et l’Agapè du soir (17, 7). L’interdiction stricte des sociétés secrètes par Trajan, hetæræ ( 22, 2) semble avoir donné la première occasion à la séparation de ces deux-là et à la suppression temporaire des fêtes d’amour. La Cène du Seigneur était maintenant observée pendant le service du dimanche matin et le mode de son observance est décrit même par Justin Martyr. En considération des exigences des catéchumènes, le service était divisé en deux parties, une partie homilétique et une partie sacramentelle, et de cette dernière étaient exclues toutes les personnes non baptisées, ainsi que toutes celles qui étaient soumises à la discipline et celles qui étaient possédées de mauvais esprits. Chaque partie de l’office était régulièrement clôturée par une bénédiction finale, et portait en Occident les désignations respectivement de Missa catechumenorum et de Missa fidelium, tandis qu’en Orient elles étaient distinguées comme λειτουργία τῶν κατηχουμένων et λειτουργία τῶν πιστῶν. C’est à ce sujet qu’est née l’idée que l’action sacramentelle avait un caractère mystérieux, Disciplina arcani. En raison du lien originel de la Cène avec l’Agapè, il devint habituel de fournir les éléments utilisés dans l’ordonnance à partir des dons volontaires apportés par les membres de l’Église, qui étaient appelés Oblationes, προσφοραί, une désignation qui aidait à associer l’idée de sacrifice à l’observance de la Cène du Seigneur.
36.1. L’Agapè. — Qu’à la suite de l’édit impérial contre les sociétés secrètes, au moins en Asie Mineure, les fêtes d’amour tant soupçonnées et tant décriées ( 22) furent momentanément abandonnés, il ressort du rapport de Pline à l’empereur, d’après lequel les chrétiens auprès desquels il s’enquit l’assurèrent qu’ils avaient renoncé au mos coeundi ad capiendum cibum promiscuum. Mais en Afrique, ils étaient encore en usage ou avaient été repris au temps de Tertullien, qui, dans son Apologie, en fait mention avec beaucoup d’approbation, bien qu’à une époque ultérieure, après qu’il eut rejoint les montanistes, il les fouette dans son livre De Jejuniis avec le sarcasme le plus cinglant. Clément d’Alexandrie est lui aussi au courant des abus flagrants commis à l’occasion de ces fêtes. Ils ont continué à être observés le plus longtemps en relation avec les services de commémoration des morts et les fêtes des martyrs. Le concile de Laodicée, vers le milieu du IVe siècle, a interdit la tenue de ces réunions dans les églises et le deuxième concile Trullan en apr. J.-C. 692 a renouvelé cette interdiction. Après cela, nous ne trouvons plus aucune mention d’eux.
36.2. La Missa Catechumenorum.― La lecture de l’Écriture (ἀνάγνωσις, Lectio,―comp. 36, 7) formaient l’exercice principal pendant cette partie du service. Il y avait une liberté illimitée quant au choix des passages à lire. C’était le devoir des lecteurs, Ἀναγνώσται, d’accomplir cette partie du culte, mais souvent les évangélistes, sur l’invitation des diacres, lisaient, et toute l’assemblée montrait sa révérence en se levant. À la fin de la lecture, un discours explicatif et pratique (ὁμιλία, λόγος, Sermo, Tractatus) était prononcé par l’évêque ou, en son absence, par un prêtre ou un diacre, ou même par un catéchiste, comme dans le cas d’Origène, et bientôt, surtout dans l’Église grecque, cela prit la forme d’un discours artistique et rhétorique. La lecture et l’exposition de la parole de Dieu ont été suivies par les prières, auxquelles le peuple a répondu. Celles-ci étaient prononcées en partie par l’évêque, en partie par les diacres, et étaient des paroles temporaires du cœur, bien qu’elles aient très vite pris une forme stéréotypée. L’assemblée répondait à chaque courte phrase de la prière par Κύριε ἐλέησον. Dans l’ordre pleinement développé du culte public du IIIe siècle, les prières étaient disposées de manière à correspondre aux différentes parties de l’office, pour les catéchumènes, les énergumènes (possédés) et les pénitents. Après tout cela est venue la prière commune de l’église pour toutes sortes d’appels, de conditions et de besoins dans la vie des frères.
36.3. La Missa Fidelium.—Le centre de cette partie de l’office était la célébration de la Cène du Seigneur. À l’époque de Justin Martyr, la liturgie qui s’y rattachait était très simple. Le baiser fraternel succédait à la prière commune, puis les éléments sacramentels étaient apportés au ministre qui les consacrait par la prière de louange et d’action de grâce (εὐχαριστία). Le peuple répondit Amen, et les éléments consacrés furent distribués à tous ceux qui étaient présents. De cette prière, toute l’ordonnance reçut le nom d’εὐχαριστία, parce que son influence consécratrice faisait du pain commun le pain de la Cène. Beaucoup plus élaborée est la liturgie du 8e livre des Constitutions apostoliques (43, 4). qui peut être considéré comme un bon échantillon du culte de l’église vers la fin du IIIe siècle. À la fin du sermon, pendant les prières qui se rattachent à cette partie de l’office, commença le retrait successif des catéchumènes, des énergumènes et des pénitents. Puis la Missa fidelium a commencé par la prière d’intercession commune de l’Église. Après diverses collectes et réponses, il y avait le baiser fraternel, l’exhortation contre la participation à des plaisirs indignes, la préparation des éléments sacramentels, le signe de la croix, la prière de consécration, les paroles de l’institution, l’élévation des éléments consacrés, le tout accompagné de prières, d’hymnes, de doxologies et de réponses appropriés. L’évêque ou le prêtre distribuait le pain avec les mots : Σῶμα ριστοῦ ; le diacre fit le tour de la coupe en disant : Αἷμα ριστοῦ, ποτήριον ζωῆς. Finalement, l’assemblée agenouillée reçut la bénédiction de l’évêque, et le diacre les congédia en disant : Ἀπολύεσθε ἐν εἰρήνῃ. le vin était aussi, selon la coutume du temps, mélangé avec de l’eau (κρᾶμα), dans laquelle Cyprien imaginait déjà un symbole de l’union du Christ et de l’Église. Dans les Églises d’Afrique et d’Orient, fondées sur Jean VI, les enfants, bien sûr, ceux qui avaient déjà été baptisés, étaient autorisés à participer à la communion. À la fin de l’office, les diacres ont apporté les éléments sacramentels consacrés aux malades et aux prisonniers. Dans de nombreux endroits, une partie du pain consacré était emportée à la maison, afin que la famille puisse l’utiliser à la prière du matin pour la consécration du nouveau jour. Aucun acte formel de confession n’a précédé la communion. La nécessité d’un tel acte, en conséquence de l’ordonnance disciplinaire et liturgique existante, ne s’était pas encore fait sentir.
36.4. La Disciplina Arcani.―L’idée que la partie sacramentelle du service divin, y compris les prières et les hymnes qui s’y rattachent, le Notre Père, l’administration du baptême et la formule baptismale, ainsi que l’onction et la consécration du prêtre, était un mystère (μυστικὴ λατρεία, τελετή) qui devait être tenu secret pour toutes les personnes non baptisées (ἀμύητοι) et ne devait être pratiqué qu’en présence des baptisés (συμμύσται), est tout à fait inconnu de Justin Martyr et aussi d’Irénée. C’est pourquoi Justin décrit dans son Apologie, expressément destinée aux païens, en détail et sans hésitation, toutes les parties du service eucharistique. C’est à l’époque de Tertullien que cette notion a pris naissance, et elle a ses racines dans le catéchuménat et la division conséquente de l’office en deux parties, dont la seconde excluait les non-baptisés. D’autre part, la théologie catholique romaine officielle considère la disciplina arcani comme une institution existant depuis l’époque des Apôtres, et c’est d’elle qu’elle explique l’absence de soutien patristique à certains dogmes et formes de culte spécifiquement catholiques romains, afin qu’ils puissent, malgré l’absence d’un tel appui, soutiennent que ceux-ci avaient leur place dans le christianisme primitif.
36.5. La doctrine de la Cène du Seigneur.―Bien que l’idée ne fût pas clairement définie, il y avait cependant une conviction répandue et profonde que la Cène du Seigneur était un mystère suprêmement saint, une nourriture spirituelle indispensable à la vie éternelle, que le corps et le sang du Seigneur entraient dans une certaine connexion mystique avec le pain et le vin, et il plaça les croyants qui y participaient dans une communion véritable et essentielle avec Christ. C’est à la suite de l’adoption de tels modes d’expression que les calomnies païennes sur les fêtes de Thyeste (22) d’abord gagné de la monnaie. Ignace appelle la Cène du Seigneur a φάρμακον ἀθανασίας, la coupe a ποτήριον εἰς ἕνωσιν τοῦ αἵματος ριστοῦ, et professe εὐχαριστίαν σάρκα εἶναι τοῦ σωτῆρος. Justin Martyr dit : σάρκα καὶ αἷμα ἐδιδάχθημεν εἶναι. Selon Irénée, ce n’est pas communis panis, sed eucharistia ex duabus rebus constans, terrena et cœlesti, et nos corps, par son usage, deviennent jam non corruptibilia, spem resurrectionis habentia. Tertullien et Cyprien, eux aussi, soutiennent vigoureusement cette doctrine, mais inclinent parfois à une interprétation plus symbolique de celle-ci. Les Alexandrins spiritualistes, Clément et Origène, considèrent que nourrir l’âme avec la parole divine est le but de la Cène du Seigneur.100―Suite 58, 2.
36.6. La théorie sacrificielle. — Une fois que la théorie sacerdotale eut pris l’ascendant (34, 4) La notion corrélative d’un sacrifice ne pouvait plus être maintenue à l’arrière-plan. Et c’est précisément dans la célébration de la Cène du Seigneur que l’on a trouvé les bases les plus spécieuses d’une telle théorie. Tout d’abord, la prière, qui constituait une partie si importante de cette célébration que tout l’office en vint à être appelé Eucharistie, pouvait être considérée comme un sacrifice spirituel. D’autre part, les dons apportés par la congrégation pour la dispensation du sacrement étaient appelés προσφοραί, Oblationes, noms qui étaient déjà d’un usage familier en rapport avec le culte sacrificiel. Et de même que l’assemblée offrait ses contributions à la Cène, de même les prêtres les offraient à nouveau dans l’action sacramentelle, et à cet acte sacerdotal on a donné le nom de προσφέρειν, ἀναφέρειν. D’autre part, non seulement la prière, mais la Cène elle-même ont été désignées comme un θυσία, Sacrificium, bien qu’au début dans un sens non littéral et figuré.
36.7. L’usage de l’Écriture.—Par suite du fait qu’ils ne possèdent que peu de portions de l’Écriture, les références des Pères apostoliques aux livres du Nouveau Testament ne doivent nécessairement être qu’occasionnelles. Les évangiles synoptiques sont le plus souvent cités, bien qu’ils ne soient désignés que dans leur ensemble sous le nom de τὸ εὐαγγέλιον. Dans Justin Martyr, les références deviennent plus fréquentes, mais même ici, il n’y a pas de citation expresse de passages ; une seule fois, dans le Dialogue, l’Apocalypse de Jean est nommée. Il mentionne comme source spéciale pour la vie et les œuvres de Jésus l’Ἀπομνημονεύματα τῶν ἀποστόλων. Ce qu’il emprunte à cette source se trouve en grande partie dans nos Évangiles synoptiques ; mais nous n’avons pas dans ce motif suffisant pour identifier l’un avec l’autre. Au contraire, nous constatons que les citations des paroles de notre Seigneur ne correspondent pas au texte de nos évangiles, mais sont parfois plutôt en accord verbal avec les écrits apocryphes, et plus encore, qu’il adopte des récits apocryphes de la vie de Jésus, par exemple, la naissance du Christ dans une grotte, la venue des mages d’Arabie, la légende selon laquelle Jésus, en tant que charpentier, fabriquait des charrues et des jougs, etc., en les empruntant à l’Ἀπομνημονεύματα τῶν ἀποστόλων. Si l’on considère en outre le récit de Justin de l’office dominical comme consistant en la lecture de l’Ἀπομνημονεύματα ou des écrits des prophètes, et qu’il se termine ensuite par l’exposé et le discours hortatoire du président (προεστώς), on sera amené à conclure que ses « Mémoires apostoliques » devaient être une harmonie évangélique à l’usage de l’Église. probablement sur la base de l’Évangile de Matthieu tiré de nos Évangiles synoptiques, avec l’ajout de quelques éléments apocryphes et traditionnels. L’auteur de la Didachè ne construit pas non plus ses « commandements du Seigneur communiqués par les Apôtres » directement à partir de nos Évangiles synoptiques, mais à partir d’un εὐαγγέλιον τοῦ κυρίου qui présentait un texte de Matthieu enrichi d’additions de Luc. Le Diatessaron de Tatien ( 30, 10) montre que, peu de temps après, l’évangile de Jean, qui n’a pas été considéré par Justin ou par l’auteur de la Didachè comme une source pour l’histoire évangélique, bien qu’il n’y ait pas de manques dans les deux références multiples, en est venu à être considéré comme une œuvre à lire en combinaison avec celles-ci. Ce n’est qu’après qu’un canon du Nouveau Testament eut été progressivement établi dans l’âge vieux-catholique, et à partir de la grande multitude de livres sur l’histoire de l’Évangile, que même Luc avait trouvés existants (i. 1) et qui avaient été multipliés dans une mesure presque incalculable à la fois dans l’intérêt de l’hérésie et de la doctrine de l’Église, nos quatre évangiles ont été universellement reconnus comme étant les seuls à fournir des informations authentiques sur la vie et les doctrines du Seigneur. que les évangiles éclectiques jusque-là en usage leur avaient de plus en plus retiré la faveur de l’Église. Le Diatessaron de Tatien a conservé sa place le plus longtemps dans l’Église syrienne. Théodoret, † apr. J.-C. 457, atteste qu’il avait trouvé et fait mettre en chambre dans son diocèse environ deux cents exemplaires. Aphraates (vers J.-C. 340, 47 et 13) l’utilisait encore comme texte de ses homélies. Au moment de la publication de la Doctrina Addæi (32, 6) il était encore utilisé dans l’église d’Édesse et d’Ephraïm Syrus après J.-C. 360 fait référence à un commentaire sous forme de scholie à ce sujet dans une traduction arménienne, dans lequel les passages commentés sont reproduites littéralement, l’accusation de Théodoret contre elle de couper les passages se référant à la descendance du Christ selon la chair de David, en particulier les généalogies de Matthieu et de Luc, est confirmée par ces passages ainsi conservés. Pour le reste, cependant, il est exempt d’altérations hérétiques, mais pas entièrement exempt d’ajouts apocryphes. Les quatre évangiles sont résumés si habilement les uns dans les autres qu’aucune jonction n’est jamais visible. Ce qui ne peut pas être incorporé est simplement laissé de côté, et tout le matériel historique et doctrinal est distribué au cours de l’année de travail des synoptistes.
36.8. Formation d’un Canon du Nouveau Testament.―La plus ancienne collection d’un Canon du Nouveau Testament que nous connaissions a été faite par le Gnostique Marcion ( 27, 11) à propos d’A.D. Débloquer le niveau 150. Une vingtaine d’années plus tard, dans le soi-disant Canon de Murator, un fragment trouvé par Muratori au XVIIIe siècle avec un catalogue en latin corrompu justifiant la réception des écrits du Nouveau Testament reçus dans l’église romaine. Pour les temps postérieurs, les principaux témoins sont Irénée, Tertullien, Clément d’Alexandrie, Origène et Eusèbe. Le canon muratorien et Eusèbe témoignent du fait qu’au IIe siècle, outre les Évangiles, les Épîtres apostoliques et l’Apocalypse de Jean, d’autres épîtres dites apostoliques étaient lues au culte dans les églises, par exemple, la 1ère épître de Clément de Rome, l’épître de Barnabé, le Pasteur d’Hermas, dans certaines églises aussi l’Apocalypse apocryphe de Pierre et les Actes de Paul, à Corinthe, un épître de l’évêque romain Soter (apr. J.-C. 166-174) à cette église, et aussi les Actes des Martyrs. Les excès montanistes aussi bien que gnostiques ont donné lieu à la fixation définitive du canon du Nouveau Testament par l’Église catholique (40). Depuis l’époque d’Irénée, les quatre Évangiles, les Actes, les 13 Épîtres de Paul, l’Épître aux Hébreux (que certains en Occident ne considéraient pas comme Paulinienne), 1er Pierre et 1er Jean, ainsi que l’Apocalypse de Jean, ont été universellement reconnus. Eusèbe les appelle donc ὁμολογούμενα. Il y avait encore une certaine incertitude quant à l’épître de Jacques, 2e Pierre, 2e et 3e Jean et Jude (ἀντιλεγόμενα). Les antilégomènes d’une seconde classe, qui n’ont aucune prétention à la canonicité, bien qu’ils aient été autrefois très utilisés dans les églises, tout comme les Écritures canoniques, ont été appelés par lui νόθα, c’est-à-dire les Actes de Paul, le Pasteur d’Hermas, l’Apocalypse de Pierre, l’Épître de Barnabé et la Didachè. Il aurait aussi très volontiers inclus parmi ceux-ci l’Apocalypse de Jean ( 33, 9), bien qu’il reconnaisse qu’ailleurs cela est inclus dans l’Homologoumena. — Le canon de l’Ancien Testament était naturellement considéré comme déjà achevé. Mais depuis que l’Ancien Testament était parvenu aux enseignants de l’Église grecque et latine sous la forme élargie de la LXX, ils avaient sans hésiter supposé que les livres qu’il avait ajoutés étaient tout aussi sacrés et aussi pleinement inspirés que ceux du canon hébreu. Méliton de Sardes, cependant, vers J.-C. 170, jugea souhaitable de faire un voyage de recherche à travers la Palestine afin de déterminer les limites du canon juif, puis de dresser une liste des Saintes Écritures de l’Ancien Testament correspondant essentiellement à celui-ci. Origène nous apprend aussi que les Juifs, d’après le nombre de lettres de leur alphabet, ne reconnaissaient que 22 livres, ce qui ne l’amène cependant pas à condamner cette réception des livres supplémentaires de l’Église. À partir de la fin du IIe siècle, l’Église d’Occident a eu des traductions latines des livres bibliques, dont l’origine est à chercher en Afrique du Nord, où, en raison de l’ignorance dominante de la langue grecque, la nécessité de telles traductions a été profondément ressentie. Dès le début du Ve siècle, nous trouvons Jérôme († 420) se plaignant des varietas et des vitiositas des Codices latini, et déclarant : Tot sunt exemplaria (=formes du texte) paene quot codex. Augustin101 donne la préférence à l’Itala sur tous les autres. Le nom d’Itala est aujourd’hui vaguement donné à tous les fragments de traductions latines antérieures à celle de Jérôme. — La traduction syriaque, le Peshito, simple ou simple (ainsi appelée parce qu’elle rend exactement et sans paraphrase les mots des originaux hébreux et grecs) appartient au IIIe siècle, bien qu’elle ait été expressément mentionnée pour la première fois par Éphraïm. On n’y trouve pas 2 Pierre, 2 et 3 Jean et Jude.
36.9. La doctrine de l’inspiration. — Autrefois, il était d’usage, à l’exemple de Philon, de considérer l’inspiration prophétique des écrivains sacrés comme purement passive, comme ἔκστασις. Athénagoras compare l’âme du prophète prophétisant à une flûte ; Justin Martyr dans sa cohorte. ad Græc. à une lyre, frappée par l’Esprit Saint comme le plectre, etc. Les prophètes montanistes ont été les premiers à discréditer cette théorie. L’apologiste Miltiade d’Asie Mineure fut le premier Docteur de l’Église qui défendit contre les Montanistes la proposition : προφήτην μὴ δεῖν ἐν ἐκστάσει λαλεῖν. Les Alexandrins, qui admettaient même une opération du Saint-Esprit sur les intelligences les plus nobles du paganisme, modifièrent considérablement la doctrine de l’inspiration acceptée jusqu’alors. Origène, par exemple, enseigne une élévation ou une diminution graduelle de la mesure de l’inspiration, même dans la Bible, et le détermine en fonction de l’importance plus ou moins importante assurée par l’individualité humaine des auteurs de l’Écriture.
36.10. Hymnologie.— Le Carmen Christo quasi Deo dicere secum invicem dans le rapport de Pline ( 22, 2), peuvent être classés avec les hymnes à réponse antiphonale de l’Église. Tertullien témoigne d’une riche utilisation du chant dans le culte familial ainsi que dans le culte de la congrégation. Il en va de même pour Origène. Dans la composition des hymnes ecclésiastiques, les hérétiques semblent s’être longtemps tenus au courant des catholiques (Bardesanes et Harmonius, 27, 5), mais ceux-ci furent par là poussés à de plus grands efforts. Le martyr Athénogène et l’évêque égyptien Nepos sont nommés comme auteurs d’hymnes ecclésiastiques. Nous avons encore un hymne εἰς Σωτῆρα de Clément d’Alexandrie. Socrate attribue à Ignace, évêque d’Antioche, l’introduction du chant alterné (entre les différents chœurs de congrégation). Plus crédible est l’affirmation de Théodoret selon laquelle les moines d’Antioche Flavien et Diodore l’avaient importée, vers J.-C. 260, de l’Église nationale syrienne à l’Église gréco-syrienne. — Continuation 59, 4, 5.
Le dimanche, jour de joie, se distinguait par le fait de se tenir debout pour prier, au lieu de s’agenouiller comme à d’autres moments, et aussi par l’interdiction de jeûner. Parmi les autres jours de la semaine, le mercredi, jour où le Conseil juif décida de mettre à mort Jésus et où Judas l’avait trahi, et le vendredi, jour de sa mort, furent consacrés à la mémoire des souffrances du Christ ; c’est pourquoi les Feria quarta et sexta étaient célébrées comme des jours de veille, dies stationum, d’après le symbolisme de la Militia christiana (Eph. VI. 10-17), par les réunions publiques de la congrégation. En tant que jours de la Passion, de la pénitence et du jeûne, ils formaient un contraste frappant avec le dimanche. Les principaux jours du calendrier des fêtes chrétiennes, qui ont ensuite trouvé une expression plus riche et plus complète dans le cycle de l’année chrétienne, ont donc d’abord été associés au cycle hebdomadaire. Une controverse longue et étendue sur le moment approprié pour célébrer Pâques a surgi au cours du 2ème siècle.
37.1. Les fêtes de l’année chrétienne. — La pensée de la souffrance et de la mort du Christ était si puissante et si pénétrante que, même dans le cycle hebdomadaire, un jour n’avait pas suffi. Encore moins un jour de fête dans le cycle annuel pourrait-il satisfaire le cœur des croyants. C’est ainsi qu’une longue préparation de la fête fut organisée, qui fut finalement fixée à quarante jours, et fut désignée comme la saison Quadragesima (τεσσαρακοστή). Sa conclusion et son apogée étaient ce qu’on appelait la Grande Semaine, commençant par le dimanche de l’entrée à Jérusalem, culminant le jour de la crucifixion, le Vendredi Saint, et se terminant par le jour du repos dans le tombeau. Cette Grande Semaine ou Semaine de la Passion était considérée comme l’antitype de la fête de la Pâque de l’Ancien Testament. L’Église vieille-catholique n’a cependant pas transféré ce nom à la fête de la résurrection (56, 4). Le jour de la résurrection était plutôt considéré comme le début d’un nouveau cycle de fêtes consacrées à la glorification du Rédempteur, à savoir le temps de la Quinquagésime (πεντηκοστή), qui se terminait par la fête de l’effusion de l’Esprit Saint à l’anniversaire de la fondation de l’Église chrétienne, qui est maintenant connue par excellence sous le nom de Pentecôte. Les cinquante jours qui s’écoulèrent furent simplement des jours de joie. Il y avait la communion quotidienne, pas de jeûne, seulement debout et non agenouillé pour la prière. Le quarantième jour, le jour de l’Ascension, avait une prééminence particulière en tant que jour de célébrations festives. La fête de l’Épiphanie, le 6 janvier, est née en Orient pour célébrer le baptême du Christ en Jordanie, comme manifestation de son rang messianique. Jusqu’à présent, il n’y a aucune trace de la fête de Noël. — Suite, 56.
37.2. Les controverses pascales.—Au cours du IIe siècle, trois pratiques différentes prévalaient en ce qui concerne l’observance de la fête pascale. Les chrétiens juifs ébionites ( 28, 1) a célébré la fête pascale le 14 Nisan selon l’interprétation littérale stricte des préceptes de l’Ancien Testament, soutenant aussi que le Christ, qui, selon les synoptistes, est mort le 15, a observé la Pâque avec ses disciples le 14. Là encore, l’Église d’Asie Mineure suivit une autre pratique qui remonta à l’apôtre Jean. Ceux de l’Asie Mineure s’attachaient en effet à la fête juive par la date, mais lui donnaient un sens chrétien. Ils laissèrent la Pâque tranquille et déclarèrent que le mémorial de la mort du Christ était la chose principale de la fête. Selon leur point de vue, basé sur le quatrième Évangile, Christ est mort le 14 Nisan, de sorte qu’il n’avait pas, au cours de la dernière année de sa vie, observé une Pâque régulière. Le 14 Nisan, ils célébrèrent donc leur fête pascale, terminant leur jeûne au moment de la mort du Christ, à trois heures de l’après-midi, puis, au lieu de la Pâque juive, ils eurent une Agapè avec la Cène du Seigneur. Ceux qui ont adopté l’une ou l’autre de ces deux formes ont été appelés plus tard Quartodecimans ou Tessareskaidekatites. À la différence de l’une et de l’autre, il y avait une troisième pratique suivie dans tout l’Occident, ainsi qu’en Égypte, en Palestine, dans le Pont et en Grèce, qui se détachait encore plus de la Pâque juive. Cet usage occidental ne tenait pas compte du jour du mois afin d’assurer l’observance de la grande fête de la résurrection le premier jour de la semaine. La πάσχα σταυρώσιμον, donc, si le 14 n’était pas un vendredi, était toujours célébrée le premier vendredi après le 14, et la fête de Pâques avec l’observance de la Cène du Seigneur le dimanche suivant. Les Occidentaux considéraient le jour de la mort du Christ comme un jour de deuil, et ce n’est qu’à la fin du jeûne pré-pascal du jour de la Résurrection qu’on introduisait la célébration de l’Agapè et de la Cène du Seigneur. Ces pratiques divergentes ont d’abord éveillé l’attention sur l’apparition de Polycarpe, évêque de Smyrne à Rome en J.-C. Débloquer le niveau 155. L’évêque romain Anicet se référait à la tradition de l’Église romaine ; Polycarpe insista sur le fait qu’il avait lui-même célébré la fête pascale à la manière de l’Asie Mineure avec l’apôtre Jean. Aucun accord commun n’a été conclu à ce moment-là ; mais, en signe de leur communion ecclésiastique paisible, Anicetus permit à Polycarpe de dispenser la communion dans son église. Une quinzaine d’années plus tard, un parti, qui n’était pas nettement particulier, obtint à Laodicée, en Phrygie, la sanction de la pratique ébionite avec une stricte observance du temps de la Pâque, et suscita ainsi une vive controverse dans l’église d’Asie Mineure, dans laquelle les apologistes Apollinaires et Méliton prirent des positions opposées (30, 7). Le différend a pris des dimensions plus sérieuses à propos d’A.D. 196 par les procédés passionnés de l’évêque romain Victor. Probablement réveillé par l’agitation d’un quartodéciman nommé Blastus, alors à Rome, il insista auprès des évêques les plus distingués d’Orient et d’Occident sur la nécessité de tenir un synode pour assurer la justification sans équivoque de la pratique romaine. C’est pour cette raison qu’il y a eu de nombreux synodes, qui presque invariablement a rendu un verdict favorable. Il n’y eut que ceux de l’Asie Mineure, ayant à leur tête Polycrate, évêque d’Éphèse, qui protestèrent vigoureusement contre les prétentions de Rome, et, malgré toutes les menaces romaines, résolurent de s’en tenir à leur coutume bien établie. Victor alla jusqu’à rompre la communion de l’Église avec eux, mais cette procédure extrême ne rencontra que peu de faveur. Irénée lui-même s’exprima aux évêques gallicans comme s’y opposant. — Continuation 56, 3.
37.3. L’institution ecclésiastique du jeûne. — La Didachè prouve que, même à une date aussi reculée, les jeûnes réguliers étaient religieusement observés sur le Dies stationum en interdisant expressément de jeûner « avec des hypocrites » (Juifs et Chrétiens juifs, Luc XVIII, 12) le lundi et le jeudi, au lieu de la pratique chrétienne d’observer ainsi le mercredi et le vendredi. Le jeûne habituel ne se prolongeait en général que jusqu’à trois heures de l’après-midi (Semijejunia, Actes, x. 9, 30 ; iii. 1). Dans la semaine de la Passion, la nuit du samedi, qui, à d’autres moments, tout comme le dimanche, était exclue de la période de jeûne, comme partie du jour pendant lequel le Christ était enseveli, était incluse dans le jeûne de quarante heures, représentant la période pendant laquelle le Christ reposait dans la tombe. Celui-ci s’est ensuite prolongé graduellement jusqu’au jeûne de quarante jours du Carême (Exod. xxxiv. 28 ; 1 Rois, xix, 8 ; Mat. iv. 2), dans lequel, cependant, le jéjunium proprement dit était limité au Dies Stationum, et pour le reste des jours seulement le ξηροφαγίαι, d’abord interdit par les montanistes (40, 4), c’est-à-dire tous les aliments d’engraissement, tels que la chair, les œufs, le beurre, le fromage, le lait, etc., étaient abstenus.. La Didachè, c. i. 3, ajoute à l’injonction évangélique que nous devons prier pour nos persécuteurs (Matt. v. 44) le conseil supplémentaire que nous devons jeûner pour eux. Le sens de l’auteur semble être que nous devons fortifier nos prières pour les persécuteurs par le jeûne. Hermas, au contraire, recommande le jeûne afin d’épargner ainsi quelque chose aux pauvres ; et Origène dit qu’il a lu in quodam libello comme ab apostolis dictum : Beatus est, qui etiam jejunat pro eo ut alat pauperem.
Les premières traces certaines d’édifices spéciaux pour le culte divin qui avaient eu lieu auparavant dans des maisons privées de chrétiens se rencontrent à Tertullien vers la fin du IIe siècle. À l’époque de Dioclétien, Nicomédie devint une résidence royale et près du palais de l’empereur une belle église se dressa fièrement (22, 6), et même au début du IIIe siècle, Rome comptait quarante églises. Nous savons peu de choses sur la forme et la disposition de ces églises. Tertullien et Cyprien parlent d’un autel ou d’une table pour la préparation de la Cène du Seigneur et d’un pupitre pour la lecture, et dans les Constitutions apostoliques, il est exigé que l’édifice soit de forme oblongue. La tradition largement répandue selon laquelle, en temps de persécution douloureuse, les fidèles se rendaient dans les catacombes est évidemment incompatible avec l’espace limité qu’elles offraient. D’autre part, le peintre dont les œuvres, par un décret d’un concile espagnol en A.D. 306, ont été bannis des églises, ont trouvé ici un lieu approprié pour la pratique de l’art sacré.
38.1. Les catacombes. — Les sépultures chrétiennes étaient généralement appelées κοιμητήρια, Dormitoria. Ils étaient disposés tantôt dans les champs ouverts (Areæ), tantôt, là où le quartier s’y prêtait, taillés dans la roche (κρύπται, cryptes). Ce dernier terme était, vers le milieu du IVe siècle, tout à fait interchangeable avec le nom de Catacumbæ, (κατὰ κύμβας = dans les grottes). La coutume d’enterrer les morts dans des grottes naturelles ou taillées dans la roche était familière à l’antiquité païenne, en particulier en Orient. Mais les niches utilisées à cet effet n’étaient que des caveaux privés ou familiaux. Leur croissance en catacombes ou nécropoles souterraines pour des compagnies plus importantes, liées entre elles par leur religion unique sans distinction de rang (Gal. III, 28), est d’abord née sur le sol chrétien de la conscience que leur communion transcendait la mort et la tombe. Pour l’accomplissement de cette entreprise difficile et coûteuse, des sociétés funéraires chrétiennes ont été formées sur le modèle des institutions similaires du paganisme (17, 3). Des nécropoles particulièrement nombreuses et étendues ont été trouvées dans le voisinage immédiat de Rome. Mais aussi à Malte, à Naples, à Syracuse, à Palerme et dans d’autres villes, ce mode de sépulture trouva grâce. Les catacombes romaines, dont on a compté cinquante-huit dans la région montagneuse qui entoure la ville éternelle sur quatorze routes différentes, sont presque toutes revêtues de la pierre de tuffeau blanc poreux qui y est si abondante et qui n’est utile ni pour la construction ni pour le mortier. Il est donc évident qu’il ne s’agit ni de carrières exploitées ni de gravières (Arenariæ), mais qu’elles ont été mises en ordre dès le début en tant que cimetières. Quelques Arenariæ ont peut-être en effet été utilisées comme catacombes, mais les côtés avec les niches funéraires sont constitués de murs régulièrement construits. Les catacombes romaines en pierre de tuffeau forment des galeries labyrinthiques, sinueuses et escarpées de seulement 3 ou 4 pieds de large, avec des angles rectangulaires causés par d’innombrables intersections. Leurs côtés perpendiculaires variaient considérablement en hauteur et les niches funéraires, les loculi, y étaient taillées les unes au-dessus des autres, et à la réception du corps étaient construites ou hermétiquement scellées avec une dalle de pierre portant une inscription et un symbole chrétien. Les riches déposaient leurs morts dans de coûteux sarcophages de marbre ou des cercueils de pierre ornés de bas-reliefs. Les murs et les toits voûtés étaient ornés de symboles et d’images de scènes bibliques. Des passages principaux, de nombreux chemins secondaires bifurquaient vers ce que l’on appelle des chambres funéraires, Cubicula, qui étaient pourvues de puits s’ouvrant à la surface et fournissant de l’air et de la lumière, Luminaria. Dans beaucoup de ces chambres, parfois même dans les passages, au lieu de simples loculi, nous rencontrons ce qu’on appelle l’Arcosolium comme la forme la plus usuelle ; une ou plusieurs rainures en forme de cercueil creusées dans la paroi rocheuse sont recouvertes d’une plaque de marbre en forme d’autel, et au-dessus de cette plaque, Mensa, se trouve une niche semi-circulaire taillée sur elle dans toute son étendue. Ces chambres sont souvent vénérées comme des « églises de catacombe », mais elles sont si petites qu’elles ne pouvaient accueillir qu’un nombre très limité, comme ceux qui pourraient se réunir à la commémoration d’un martyr ou des membres d’une même famille. Et même là où deux ou trois de ces chambres sont contiguës l’une à l’autre, reliées entre elles par des portes et ayant un puits d’éclairage commun, pouvant accueillir au plus une vingtaine de personnes, elles ne peuvent être considérées comme des lieux de réunion pour les congrégations publiques proprement dites. disposés l’un au-dessus de l’autre dans des galeries et des chambres. D’après de Rossi,103Jusqu’à présent, on a ouvert jusqu’à présent tant de passages dans les catacombes, que s’ils étaient mis en ligne, ils formeraient une rue de 120 milles géographiques. Leurs inscriptions ou épitaphes les plus anciennes datent des premières années du IIe siècle. Après la destruction de Rome par les hordes d’Alaric en J.-C. 410, la coutume d’y enterrer cessa presque entièrement. Par la suite, ils n’ont été utilisés que comme lieux de pèlerinage et lieux de culte des reliques des martyrs. C’est à partir de cette époque que la plupart des graffitis, c’est-à-dire des gribouillages de visiteurs sur les murs, composés de vœux pieux et de prières, ont vu le jour. L’expédition de maraudage de l’Aistulf lombard en territoire romain en apr. J.-C. L’année 756, au cours de laquelle même les catacombes ont été dépouillées de leurs trésors, a conduit le pape Paul Ier à transférer les reliques de tous les martyrs notables dans leurs églises romaines et leurs cloîtres. Puis les pèlerinages aux catacombes cessèrent, leurs entrées furent bouchées, et le peu de ceux qui, plus tard, étaient encore accessibles, n’étaient recherchés que par quelques étrangers en quête de nouveautés. Ainsi, toute l’affaire fut presque oubliée jusqu’à ce qu’en J.-C. En 1578, un intérêt nouveau et vif fut éveillé par l’ouverture fortuite d’un de ces passages fermés. Ant. Bosio de J.-C. 1593 jusqu’à sa mort en A.D. 1629, souvent au péril de sa vie, consacra tout son temps et toute son énergie à leur exploration. Mais aussi grandes qu’aient été ses découvertes, elles ont été complètement surpassées par les recherches du noble romain, Giov. Battista de Rossi, qui, travaillant sans relâche à sa tâche depuis J.-C. De 1849 à nos jours, il est reconnu comme le grand maître en la matière, bien que même ses recherches soient souvent trop dominées par les préjugés catholiques romains et par un mépris excessif des vues traditionnelles.104
38.2. Les antiquités des catacombes. — La coutume largement répandue dans les temps anciens, et qui trouve son origine dans la piété ou la superstition, de placer dans les tombeaux les ustensiles qui avaient été utilisés par le défunt pendant sa vie, a été maintenue, comme le montre le contenu de nombreuses niches funéraires chez les premiers chrétiens. Les jouets des enfants étaient placés à côté d’eux dans la tombe, ainsi que les vêtements, les bijoux, les ornements, les amulettes, etc., des adultes. Un intérêt tout particulier s’attache aux vases dits de sang, Phiolæ rubricatæ, qui ont été trouvés dans ou à proximité de beaucoup de ces niches, c’est-à-dire des vases en cristal, rarement en faïence, avec des symboles chrétiens figurés sur un fond rouge. La Congrégation des rites et reliques en A.D. 1668, affirmait qu’il s’agissait de vaisseaux sanguins, dans lesquels le sang des martyrs avait été conservé et se trouvait à côté de leurs os ; et l’existence de telles jarres, ainsi que toutes les représentations picturales de la branche de palmier (Apoc. VII, 9), étaient censées fournir une preuve indubitable que les niches en question contenaient des ossements de martyrs. Mais le théologien réformé Basnage montre que cette hypothèse est tout à fait insoutenable, et il a expliqué le sol rouge à partir de la lie du vin rouge sacramentel qui a pu être placé dans les niches funéraires comme protection contre l’intrusion démoniaque. Même beaucoup de bons archéologues catholiques romains, Mabillon, Papebroch, Tillemont, Muratori, etc., contestent ou émettent des doutes sur le décret de la Congrégation. À l’instigation probablement du jésuite belge Vict. de Buck, Pie IX. en apr. J.-C. L’année 1863 confirma et renouvela l’ancien décret, et entre autres, Xav. Kraus en fut le défenseur. Mais une grande multitude de faits incontestables contredisent le décret officiel de l’Église ; par exemple, l’absence totale de tout appui à cette opinion dans la tradition, le silence des inscriptions qui se rapportent aux martyrs, surtout le nombre immense de ces jarres, leur présence fréquente à côté des ossements d’enfants de sept ans, la fréquence remarquable de celles-ci à l’époque de Constantin et de ses successeurs qui n’étaient pas persécutés, l’absence de la lie rouge dans de nombreux pots, etc. Comme la lie de vin, en raison de la propriété végétale de combinabilité, n’a guère pu être discernée jusqu’à nos jours, il a été récemment suggéré que la couleur rouge pourrait avoir été produite par un processus minéral-chimique sous forme d’oxyde de fer.
38.3. L’art pictural et les catacombes. — Beaucoup des premiers chrétiens ont peut-être hérité du judaïsme une certaine aversion pour les arts picturaux, et peuvent y avoir été confirmés par leur aversion pour l’abus frivole et impie de l’art dans le paganisme. Mais cette aversion qui, chez un Tertullien, est passée d’un rigorisme montaniste à une haine fanatique de l’art, n’est jamais rencontrée comme une caractéristique constitutive du christianisme. Bien plutôt, la grande abondance de peintures sur les murs des catacombes romaines et napolitaines, dont beaucoup, et ce ne sont pas les plus mesquines, appartiennent au IIe siècle, quelques-unes peut-être même aux dernières décennies du Ier siècle, sert à montrer à quel point le sens artistique était général et vivant parmi les premiers chrétiens, du moins dans les communautés les plus grandes et les plus riches. Pourtant, d’après les circonstances, l’Église chrétienne dans son appréciation de l’art était presque nécessairement limitée de deux côtés ; car, d’une part, aucune peinture n’était tolérée dans les églises, et d’autre part, même dans les maisons privées et les catacombes, elles étaient limitées presque exclusivement à des représentations symboliques-allégoriques ou typiques. Le 36e canon du concile d’Elvire en apr. J.-C. 306 est un témoin de la première affirmation quand il dit : Placuit picturas in ecclesia non esse debere, ne quod colitur et adoratur in parietibus depingatur. Les termes clairs du Canon interdisent toute autre interprétation que celle-ci : Des églises, en tant que lieux où se tient régulièrement le culte public, toutes les représentations picturales doivent être bannies, afin de s’assurer qu’il n’y ait pas dans et sous elles ces images, interdites dans le décalogue, de Celui qui est l’objet du culte et de l’adoration. Le Concile adopta donc pratiquement le même point de vue que l’Église réformée du XVIe siècle en opposition à la pratique des Églises catholique romaine et luthérienne. On ne peut cependant pas soutenir que le Canon de ce Concile rigoureux ( 45, 2) La preuve de la seconde limitation est fournie de manière aussi convaincante par ce que nous trouvons dans les catacombes. D’un point de vue positif, elle trouve ses racines dans le penchant qui régnait à cette époque pour l’interprétation mystique et allégorique de l’Écriture ; et du côté négatif, dans l’effort, en partie par respect pour l’interdiction des images contenues dans le décalogue, en partie, et peut-être principalement, dans l’intérêt de ce qu’on appelle les Disciplina arcani, encouragées sous la pression de la persécution, de représenter tout ce qui se rapporte aux mystères de la foi chrétienne comme une matière que seuls les chrétiens ont le droit de comprendre pleinement. D’après l’importance donnée au dernier point mentionné, on peut expliquer comment, au milieu de la révolution qui eut lieu sous Constantin, l’âge du symbolisme et de l’allégorie dans l’histoire de l’art chrétien s’est également éteint, et que désormais les peintres se sont appliqués avant tout à des représentations historiques réalistes.
38.4. Les représentations picturales et artistiques de l’époque antérieure à Constantin peuvent être divisées en six groupes :
Lorsque l’ivraie avait été si implacablement coupée du bon grain par les persécutions de cette époque, une sincérité morale et un pouvoir de renier le monde et soi-même ont dû être développés, soutenus par la puissance divine de l’Évangile et favorisés par une application stricte et rigoureuse de la discipline de l’Église à la vie chrétienne. comme le monde n’en avait jamais vu auparavant. Ce qui excitait et méritait le plus d’étonnement dans la sphère du paganisme, habituée jusque-là seulement au règne de l’égoïsme, c’était l’amour fraternel des chrétiens, leur soin systématique des pauvres et des malades, l’hospitalité répandue, la sainteté du mariage, la joie du martyre, etc. Les mariages avec des Juifs, des païens et des hérétiques étaient désapprouvés, souvent même la célébration d’un second mariage après la mort de la première épouse était interdite. Les divertissements publics, les danses et les théâtres étaient évités par les chrétiens sous le nom de Pompa diaboli. Ils pensaient à la vie chrétienne, selon Éph. vi. 10 et suiv., sous le nom de Militia Christi. Mais même dans l’ère post-apostolique, nous rencontrons des signes d’une tendance à se détourner de la spiritualité évangélique, de la liberté et de la simplicité de l’ère apostolique vers un externalisme et un légalisme pseudo-catholiques dans les vues fondamentales prises sur les problèmes éthiques, et en même temps et de la même manière dans les départements de la constitution de l’Église (34). Adoration ( 36) et l’exposition de la doctrine ( 30, 2). Il est vrai que les docteurs de l’Église maintiennent encore la nécessité d’une disposition correspondant aux œuvres extérieures, mais par une surestimation de celles-ci, ils préparent déjà la voie à la doctrine du mérite et à l’opus operatum, c’est-à-dire à la méritance des œuvres en elles-mêmes. Même l’épître de Barnabé et la Didachè considèrent l’aumône comme une expiation pour les péchés. Cette tendance est encore plus évidente chez Cyprien (De Opere et eleemosynis) et même dans le Berger d’Hermas (30, 4) nous trouvons les débuts de la distinction ultérieure, basée sur 1 Cor. vii. 25 et 26 ; Mat. xxv. 21, et Luc xviii, 10, entre les commandements divins, Mandata ou Præcepta, qui s’imposent à tous les chrétiens, et les conseils évangéliques, Consilia evangelica, dont l’inaccomplissement n’est pas un péché, mais dont l’accomplissement assure un droit au mérite et à une approbation divine plus complète. Parmi les théologiens alexandrins aussi, sous l’influence de la philosophie grecque, une idée très semblable s’est développée dans la distinction entre la morale supérieure et la morale inférieure, après laquelle le sage chrétien (ὁ γνωστικός) est tenu de briller, tandis que le chrétien ordinaire peut se contenter de la seconde. Sur cette base, un ordre spécial d’ascètes fit très tôt son apparition dans les églises. Ceux qui allaient jusqu’à renoncer au monde et à aller dans le désert étaient appelés anachorètes. Cet ordre a d’abord pris des dimensions considérables au IVe siècle (44).
39.1. Morale et mœurs chrétiennes. — L’esprit chrétien s’est répandu dans la vie domestique et civile et s’y est formé un code de morale chrétienne. Elle s’exprimait dans les dévotions familiales et les communions familiales (36, 3), en mettant le signe de la croix sur tous les appels de la vie, dans les symboles chrétiens (38, 3) dont étaient ornés les habitations, les vêtements, les murs, les lampes, les coupes, les verres, les anneaux, etc. En ce qui concerne le culte privé, la Didachè exige, sans fixer d’heures, que le chef de famille prie trois fois par jour (Dan. vi. 30), c’est-à-dire probablement, comme chez Origène, matin, midi et soir. Tertullien spécifie les 3e, 6e et 9e heures comme les heures de prière, et exige distinctement une prière séparée du matin et du soir. La conclusion du mariage selon le droit romain alors en vigueur devait être formellement réalisée par l’accord exprès des parties en présence de témoins, et cela de la part de l’Église était considéré comme valide. La coutume chrétienne exigeait qu’il y ait une première déclaration de l’évêque, Professio, à l’évêque, et une autre à l’église des nouveaux mariés, afin que, au milieu des intercessions de l’Église et de la bénédiction sacerdotale, une sanction religieuse puisse être donnée à leur alliance matrimoniale, par l’oblation et la participation commune de la Cène du Seigneur à la fin des offices publics. Le rigorisme montaniste de Tertullien se manifeste en considérant les mariages où ils sont omis, les conjonctions occultæ, comme ne valant pas mieux que la méchia et la fornicatio. Le couronnement des deux fiancés et le voile de la mariée étaient encore interdits en tant que pratiques païennes ; mais l’utilisation de l’alliance a été approuvée à une date précoce et avait une signification chrétienne qui lui était attachée. L’incinération des cadavres, répandue parmi les païens, leur rappelait le feu de l’enfer ; les chrétiens préféraient donc la coutume juive de l’enterrement et se référaient à l’appui à 1 Cor. xv. 36. Le jour de la mort de leurs membres défunts était célébré dans les familles chrétiennes par des prières et des oblations, en témoignage de leur communion ininterrompue par la mort et la tombe. — Suite 61, 2, 3.
39.2. La discipline pénitentielle. — D’après l’ordonnance apostolique (17, 8) les pécheurs notoires ont été exclus de la communion de l’Église, Excommunicatio, et ce n’est qu’après une longue épreuve de leur pénitence, Exomologesis, qu’ils ont été reçus à nouveau, Reconciliatio. À l’époque de Cyprien, vers J.-C. 250, il y avait déjà un ordre de procédure bien défini dans cette affaire de restauration de la caducité qui est resté en vigueur jusqu’au 5ème siècle. La pénitence, Pœnitentia, doit s’étendre en quatre étapes, dont chacune, selon les circonstances, peut nécessiter une ou plusieurs années. Au cours de la première étape, les πρόσκλαυσις, Fletio, les pénitents, debout aux portes de l’église en habit de deuil, ont supplié le clergé et la congrégation pour la restauration ; dans le second, l’ἀκρόασις, Auditio, ils étaient de nouveau admis à la lecture des Écritures et au sermon, mais toujours conservés dans un lieu séparé ; dans le troisième, ὑπόπτωσις, Substratio, ils étaient autorisés à s’agenouiller pour prier ; et enfin, dans la quatrième, σύστασις, Consistentia, ils participèrent de nouveau à tous les services publics, à l’exception de la communion qu’il leur était permis de regarder debout. Puis ils reçurent l’absolution et la réconciliation (=pacem dare) en présence de l’assemblée et de l’assemblée qui acquiesçait par l’imposition des mains de l’évêque et de tout le clergé, ainsi que le baiser fraternel et la communion. Cette procédure était dirigée contre les péchés manifestes et démontrables d’une nature grave contre les deux tables du décalogue, contre les péchés dits capitaux, Peccata ou crimina mortalia, 1 Jean v. 16. L’excommunication était appelée, d’un côté, contre l’idolâtrie, le blasphème, l’apostasie de la foi et l’abjuration de celle-ci ; de l’autre, contre le meurtre, l’adultère et la fornication, le vol et le mensonge, la perfidie et les faux serments. La question de savoir si la réconciliation était permise dans le cas d’un péché mortel et, dans l’affirmative, quels péchés particuliers pouvaient être ainsi traités, étaient des questions sur lesquelles les docteurs de l’Église étaient très divisés au cours du troisième siècle. Mais seuls les Montanistes et les Novatiens ( 40, 41) Il a nié complètement la licéité et cela en opposition à la pratique dominante de l’Église, qui ne refusait absolument la réconciliation que dans les cas d’idolâtrie et de meurtre, et parfois aussi dans les cas d’adultère. Cyprien lui-même, d’abord fermement attaché au principe que tous les péchés mortels commis « contre Dieu » doivent être entièrement exclus de la discipline pénitentielle, mais au milieu des horreurs de la persécution de Dèce, qui laissa derrière elle des foules entières de déchus, Lapsi (22, 5), il fut amené par les supplications passionnées de l’Église à faire la concession que la réconciliation serait accordée aux Libellatici après un cours de pénitence complet, mais aux Sacrificati seulement lorsqu’ils étaient en danger de mort. Tous les docteurs de l’Église, cependant, sont d’accord pour soutenir qu’elle ne peut être accordée qu’une seule fois dans cette vie, et que ceux qui tombent à nouveau sont absolument retranchés. Mais une sévérité excessive dans le traitement des pénitents a provoqué l’extrême contraire d’un laxisme excessif (41, 2). Les confesseurs usaient fréquemment de leur droit d’exiger la restitution des morts au moyen de lettres de recommandation, Libelli pacis, au point d’entraver gravement une saine discipline.107―Suite 61, 1.
39.3. L’ascétisme (Continentia, ἐγκρατεία) du paganisme et du judaïsme, du pythagorisme et de l’essénisme, reposant sur des vues dualistes et pseudo-spiritualistes, est confronté dans le christianisme à la proposition : Πάντα ὑμῶν ἐστιν (1 Cor. iii. 21 ; vi. 12). Le christianisme, cependant, reconnaissait aussi la valeur éthique et la relative salubrité d’une ascèse modérée en proportion du tempérament, des besoins et des circonstances de l’individu (Matt. ix. 12 ; 1 Corinthiens VII, 5-7), sans l’exiger ni le considérer comme quelque chose de méritoire. Cette modération évangélique, on la retrouve encore au IIe siècle, par exemple chez Ignace. Mais très vite, une exagération graduelle devient apparente et une surestimation toujours plus poussée de l’ascétisme comme un degré supérieur de moralité avec des prétentions à être considérées comme particulièrement méritoires. Les exigences négatives de l’ascèse sont dirigées tout d’abord vers des jeûnes fréquents et rigides et vers le célibat ou l’abstinence des rapports conjugaux ; à l’exercice de la vie spirituelle dans la prière et la méditation. La plupart des ascètes aussi, conformément à Luc xviii, 24, se dépouillèrent volontairement de leurs biens. Le nombre d’entre eux, hommes et femmes, augmenta, et même dans la première moitié du IIe siècle, ils formèrent un ordre distinct dans l’Église, bien qu’ils ne fussent pas encore tenus d’observer ce mode de vie par des vœux irrévocables. L’idée que le clergé était dans un sens spécial appelé à une vie ascétique a eu pour conséquence qu’il a été désigné comme le κλῆρος Θεοῦ. En raison de l’interprétation donnée à 1 Tim. III. 2, les seconds mariages étaient interdits au IIe siècle parmi le clergé, et au IIIe siècle, il était considéré comme inconvenant pour eux, après l’ordination, de continuer les rapports conjugaux. Mais c’était d’abord au concile d’Elvire, en J.-C. 306, que cette opinion a été élevée au rang de loi, bien qu’elle ne pût même alors être rigoureusement appliquée ( 45, 2). pratique immorale des ascètes ou des clercs ayant avec eux des vierges dévouées au service de Dieu en tant que Sorores, ἀδελφαί sur la base de 1 Cor. IX. 5, avec qui ils étaient unis dans l’amour spirituel, afin de montrer leur supériorité aux tentations de la chair, semble avoir été introduit dès le IIe siècle. Au milieu du IIIe siècle, il était déjà très répandu. Cyprien s’insurge à plusieurs reprises contre elle. Nous apprenons de lui que les soi-disant Sorores dormaient avec les ascètes dans un même lit et s’abandonnaient aux caresses les plus tendres. Pour prouver la pureté de leurs relations, ils se référaient aux examens des sages-femmes. Parmi les évêques, Paul de Samosate à Antioche (33, 8) semble avoir été le premier qui ait favorisé cette mauvaise coutume par son propre exemple. L’esprit populaire des Antiochènes inventa pour cette relation plus que douteuse le nom de γυναίκες συνεισάκτοι, Subintroductæ, Agapetæ, Extreneæ. Les évêques et les conciles envoyèrent des décrets sévères contre cette pratique. — Le plus remarquable parmi les ascètes célèbres de l’époque fut Hiéracas, qui vécut à Léontopolis en Égypte vers la fin du IIIe siècle et le commencement du IVe siècle et y mourut à l’âge de quatre-vingt-dix ans. Élève d’Origène, il se distingua par sa grande érudition, favorisa l’interprétation allégorique de l’Écriture, une dogmatique spiritualiste et une ascèse stricte. En outre, il était médecin, astronome et auteur d’hymnes, il savait répéter par cœur presque tout l’Ancien et le Nouveau Testament, écrivait des commentaires en grec et en copte, et rassemblait autour de lui une nombreuse société d’hommes et de femmes, qui acceptaient ses principes ascétiques et ses vues hétérodoxes. S’appuyant sur Matt. xix. 12 ; 1 Corinthiens VII et Héb. xii. 14, il soutenait que le célibat était le seul moyen parfaitement sûr d’atteindre la béatitude et recommandait cette doctrine comme le progrès essentiel de la morale de l’Ancien Testament à la morale du Nouveau Testament. Il a même refusé le salut aux enfants chrétiens qui mouraient en bas âge parce qu’ils n’avaient pas encore combattu contre la sensualité, se référant à 2 Tim. ii. 5. D’un paradis sensible, il n’entendrait rien entendre, et tout aussi peu d’une résurrection corporelle ; pour l’un, il l’interprète allégoriquement et l’autre spirituellement. Épiphane, à qui nous devons tous les renseignements précis que nous avons sur lui, est le premier à lui assigner, ainsi qu’à ses partisans, une place dans la liste des hérétiques.
39.4. Paul de Thèbes.―Le retrait d’ascètes particuliers des motifs ascétiques dans le désert, qui a été un engouement favori pendant un certain temps, a pu être suggéré par des exemples de l’Ancien et du Nouveau Testament, par exemple 1 Rois xvii. 3 ; xix. 4 ; Luc, i. 80 ; iv. 1 ; mais c’était le plus souvent le résultat d’une persécution douloureuse. D’une institution professionnelle régulière d’anachorètes avec des vœux à vie, il n’apparaît pas encore de trace authentique. D’après la Vita Pauli monachi de Jérôme, un certain Paul de Thèbes en Égypte, vers J.-C. 250, pendant la persécution de Dèce, à l’âge de seize ans, il se rendit dans le désert, et là oublié de tout le monde, mais nourri quotidiennement par un corbeau avec un demi-pain (1 Rois xvii. 4), il vécut pendant quatre-vingt-dix-sept ans dans une grotte dans un rocher, jusqu’à saint Antoine (44, 1), Dirigée vers lui par une révélation divine et conduite à lui d’abord par un centaure, moitié homme, moitié cheval, puis par un faon, et enfin par une louve, vint sur lui avec bonheur juste au moment où le corbeau lui avait apporté comme il ne l’avait jamais fait devant un pain entier. Il arriva juste à temps pour être témoin oculaire, non pas de sa mort, mais plutôt de son ascension ultérieure au ciel, accompagné d’anges, de prophètes et d’apôtres, et pour organiser l’enterrement de sa dépouille mortelle, pour la réception de laquelle deux lions, poussant des gémissements déchirants, creusèrent une tombe avec leurs griffes. Ces lions, après avoir cherché et obtenu avec ferveur la bénédiction de saint Antoine, retournèrent dans leur tanière. — Les contemporains de l’auteur, comme il le dit lui-même, déclarèrent que toute l’histoire n’était qu’un tissu de mensonges. L’histoire de l’Église, cependant, jusqu’à tout récemment, a invariablement soutenu qu’il devait y avoir un fondement historique, bien qu’il puisse être très faible, pour une telle superstructure. Mais vu qu’aucun écrivain avant Jérôme ne semble connaître même le nom de Paul de Thèbes et aussi que la Vita Antonii attribuée à Athanase ne sait rien du tout d’une expédition aussi merveilleuse du saint Weingarten (44) a nié qu’il ait jamais existé un homme tel que ce Paul, et a déclaré que l’histoire de Jérôme était un Robinson Crusoé monacal, tel que le goût populaire favorisait alors, que l’auteur a présenté comme une véritable histoire ad majorem monachatus gloriam. Nous pouvons simplement appliquer à ce livre lui-même ce que Jérôme, plus tard, confessa à propos de ses épîtres de la même date ad Heliodorum : « sed in illo opere pio ætate tunc lusimus et celentibus adhuc Rhetorum studiis atque doctrinis quædam scholastico flore depinximus.
39.5. Début de la vénération des martyrs. — Dans les temps très anciens, la mort d’un martyr était prisée comme un Lavacrum sanguinis expiatoire des péchés, qui pouvait même compenser abondamment le manque de baptême d’eau. Le jour de la mort du martyr, qui était considéré comme le jour de sa naissance dans une vie supérieure, γενέθλια, Natalitia martyrum, était célébré sur sa tombe par des prières, des oblations et l’administration de la Cène du Seigneur comme un témoignage de la continuation de cette communion avec eux dans le Seigneur qui avait été commencée ici-bas. Leurs ossements furent donc rassemblés avec le plus grand soin et enterrés solennellement ; ainsi, par exemple, les os de Polycarpe à Smyrne ( 22, 2), comme τιμιώτερα λίθων πολυτελῶν καὶ δωκιμώτερα ὑπὲρ χρυσίον, afin qu’à l’endroit où ils étaient couchés, les frères puissent célébrer son γενέθλιον ἐν ἀγαλλον �ιάσει καὶ χαρᾷ, εἴς τε τῶν προηθληκότων μνήμην καὶ τῶν μελλόντων τε καὶ ἑτοιμασίαν. Cependant, nous ne trouvons aucune mention des miracles opérés au moyen des reliques. Les graffitis sur les murs des catacombes semblent représenter le début de l’invocation des martyrs. Dans ceux-ci, les pieux visiteurs cherchent pour eux-mêmes et pour ceux qui leur appartiennent un intérêt dans l’intercession du martyr. Certains de ces gribouillages appartiennent peut-être à la fin de notre période ; du moins l’expression « Otia petite pro », etc., dans l’un d’eux, semble indiquer une époque où ils étaient encore persécutés. Tout au long de leur vie, les confesseurs ont également témoigné la plus grande révérence, et une grande influence leur a été attribuée en ce qui concerne toutes les affaires de l’Église, par exemple dans l’élection des évêques, la restauration des déchus, etc. — Continuation, 57.
39.6. Superstition. — De même que, dans les temps ultérieurs, toute grande entreprise missionnaire chrétienne a vu les idées religieuses transférées de l’ancien paganisme au jeune christianisme et, consciemment ou inconsciemment, secrètement ou ouvertement, acquiescées ou combattues, s’assurant un pied, de même l’Église des premiers siècles n’a pas réussi à se préserver de telles intrusions. Une superstition forçant ainsi son entrée peut être prise nue et grossière dans sa forme authentiquement païenne et, malgré son incompatibilité palpable avec la foi chrétienne, peut néanmoins s’affirmer côte à côte avec elle, ou bien elle peut se dépouiller de cette ancienne forme païenne, et ainsi entrer sans être observée et incontestée, avec son esprit païen qui n’est pas tout à fait éteint, dans de nouvelles vues et institutions chrétiennes, et ainsi dans toutes les nouvelles institutions chrétiennes. se frayer un chemin parmi eux. C’est surtout l’élément magico-théurgique présent dans toutes les religions païennes, qui, même à cette époque primitive, s’est insinué dans la vie chrétienne et les services de l’Église, et en particulier dans les sacrements et les choses qui s’y rapportent (58). tandis qu’elle prenait de nouvelles formes dans la vénération des martyrs et le culte des reliques. On ne peut guère en accepter comme preuve convaincante la déclaration de l’empereur Hadrien dans sa correspondance sur l’état religieux d’Alexandrie, telle qu’elle est donnée par l’historien Vopiscus : Illic qui Serāpem colunt Christiani sunt, et devoti sunt Serapi qui se Christi episcopos dicunt ; nemo illic archisynagogus Judæorum, nemo Samarites, nemo Christianorum presbyter non mathematicus, non haruspex, non aliptes. Cette déclaration a à première vue le caractère d’une observation superficielle, d’un vague ouï-dire et d’un amas confus de rapports divers. Ce qu’il dit du culte de Sérapis peut avoir eu un certain appui de la conduite de beaucoup de chrétiens dans l’ordre ascétique, la désignation de leurs presbytres aliptæ peut avoir été suggérée par le chrême dans le baptême et l’onction lors de la consécration du clergé, peut-être aussi dans l’onction des malades (Matt. vi. 13 ; Jas., v. 14) ; de même, la caractérisation de ces mathematici peut provenir du fait qu’ils ont déterminé la date de Pâques au moyen d’observations astronomiques ( 37, 2 ; 56, 3), mais il ne serait pas particulièrement merveilleux qu’il y eût dans le clergé d’Alexandrie des érudits chrétiens habiles en astronomie, malgré l’alliance fréquente de cette science avec l’astrologie. Mais beaucoup plus significative est la superstition grossière qui, à bien des égards, se manifeste chez un chrétien aussi cultivé que Jules l’Africain dans son Cestæ (31, 8). En le critiquant, cependant, nous devons nous rappeler que ce livre a été écrit à l’époque d’Alexandre Sévère, dans laquelle, d’une part, un merveilleux mélange de religion et de superstition théurgique exerçait une merveilleuse fascination sur les hommes, tandis que, du côté chrétien, le tourbillon de la persécution n’avait pas soufflé depuis longtemps sa brise purificatrice. Les catacombes, elles aussi, offrent quelques preuves d’un mode de respect pour les défunts qui a été emprunté aux pratiques païennes, mais celles-ci sont dans l’ensemble merveilleusement exemptes de traces de superstition.
Aussi sérieuses et sévères que fussent les exigences morales, religieuses et ascétiques de l’Église des IIe et IIIe siècles en général à l’égard de la vie et de la moralité de ses membres, et si rigoureusement que ces principes fussent appliqués dans sa discipline pénitentielle, il apparaissait encore, même à cette date reculée, à la suite de divers cas de relâchement d’une telle rigueur, certains esprits avides qui réclamaient à grands cris le rétablissement ou même l’intensification des anciennes règles de discipline. Vers le milieu du IIe siècle, un tel mouvement s’établit dans le montanisme, croissance du sol phrygien, qui, sans traverser en aucune façon la doctrine de l’Église, entreprit une réforme complète de la constitution ecclésiastique sur le plan pratique. Le montanisme, en opposition à l’éclectisme du gnosticisme hérétique, montrait que l’attitude du christianisme à l’égard du paganisme était exclusive ; Contre les tendances spiritualisantes et allégorisantes du gnosticisme de l’Église, il s’opposait au réalisme et au littéralisme des doctrines et des faits de la révélation de l’Écriture ; contre ce qui semblait être la sécularisation excessive de l’Église, elle présentait un modèle de discipline ecclésiastique tel que l’exigeait la proximité de la venue du Seigneur ; Contre les tendances hiérarchiques qui étaient de plus en plus accentuées, elle maintenait les droits des laïcs et les membres de l’Église ; tandis que, pour assurer l’établissement de toutes ces réformes, il proclamait qu’une église spirituelle d’inspiration prophétique avait succédé au christianisme apostolique.
40.1. Le montanisme en Asie Mineure. — D’après Épiphane, dès l’apr. J.-C. 156, selon Eusèbe dans A.D. 172, selon Jérôme dans A.D. En 171, un certain Montanus apparut comme prophète et réformateur de l’Église à Pepuza en Phrygie. Il était autrefois un prêtre païen et n’était connu que peu de temps auparavant comme chrétien. Il eut des visions, prêcha alors qu’il était inconscient dans l’extase de la prochaine venue du Christ (Parousie), fulmina contre la sécularisation croissante de l’Église et, en tant qu’organe supposé du Paraclet promis par le Christ (Jean XIV, 16), présenta sous leur forme la plus vigoureuse les exigences de l’Église en matière de morale et de discipline. Un couple de femmes excitées, Prisca et Maximilla, fut touché par le même esprit extravagant dont il était animé, tomba dans un état de somnambulisme et prophétisa comme il l’avait fait. À la mort de Maximilla vers J.-C. En 180, Montanus et Prisca étant morts avant cela, le don prophétique supposé parmi eux semble s’être éteint. Au moins un écrivain anonyme cité dans Eusèbe (selon Jérôme, il s’agissait de Rhodon, 27, 12), dans son traité controversé publié treize ans plus tard, déclare que les voix des prophètes se sont alors tues. C’est ainsi qu’elle-même avait déclaré : Μεθ' ἐμὲ προφῆτης οὐκέτι ἔσται, ἀλλὰ συντέλεια. Les prophéties montanistes provoquèrent une grande agitation dans toute l’Église d’Asie Mineure. De nombreux chrétiens sincères se sont lancés avec enthousiasme dans le mouvement. Même parmi les évêques, ils trouvèrent çà et là de la faveur ou bien de la critique modérée, tandis que d’autres les combattaient passionnément, certains allant jusqu’à considérer les femmes prophétisantes comme des possédées et appelant l’exorcisme à leur aide. À la fin de l’année 170, plusieurs synodes, les premiers synodes régulièrement convoqués, avaient été tenus contre eux, dont le résultat final fut leur exclusion de l’Église catholique. Montanus organisa alors ses partisans en une communauté indépendante. Après sa mort, son disciple le plus zélé, Alcibiade, en prit la direction. Elle n’était pas non plus dépourvue de défenseurs littéraires. Thémison, le successeur d’Alcibiade, publia « à l’imitation de l’Apôtre » (Jean ?) un Καθολικὴ ἐπιστολή, et les déclarations des prophètes furent rassemblées et diffusées sous forme d’Écritures saintes. D’autre part, au cours de cette même année 170, ils furent attaqués par les éminents apologistes Claude Apollinaire et Miltiade (36, 9) probablement aussi par Melito. Leurs adversaires radicaux étaient les soi-disant Alogi (33, 2). Parmi leurs antagonistes ultérieurs, qui prirent de plus en plus un ton passionnément aigri, le plus important, selon Eusèbe, était un certain Apollinaire, que Tertullien combattait dans le VII. de son œuvre, De ecstasi, et Sérapion. Lors d’un synode à Iconium, vers le milieu du IIIe siècle, où Firmilien de Césarée (35, 5) était présent et voté, le baptême des Montanistes, bien que leur orthodoxie trinitaire ne puisse être mise en doute, a été déclaré comme un baptême hérétique nul, parce qu’administré extra ecclesiam, et un second baptême déclaré nécessaire lors de l’admission dans l’église catholique. Et bien qu’au Concile de Nicée en A.D. 325 et de Constantinople en A.D. 381, la validité du baptême des hérétiques était admise, s’il était donné de manière ordonnée au nom de la Sainte Trinité, le baptême des Montanistes était exclu parce qu’on pensait que le Paraclet du Montanisme ne pouvait pas être reconnu comme le Saint-Esprit de l’Église. et ils ont été appelés du lieu d’où ils sont originaires, Κατάφρυγες et Pepuziani. L’empereur leur interdit alors de tenir des assemblées publiques pour le culte et ordonna que tous les lieux de service public leur soient retirés et remis à l’église catholique. Des lois beaucoup plus strictes que celles-ci ont été appliquées contre eux par les empereurs ultérieurs jusqu’au Ve siècle, par exemple l’interdiction de tous les écrits montanistes, la privation de presque tous les droits civils, le bannissement de leur clergé dans les mines, etc. Ils ne pouvaient donc que prolonger une existence misérable en secret, et au commencement du VIe siècle, toute trace d’eux avait disparu.
40.2. Le montanisme à Rome. — Le mouvement provoqué par le montanisme en Orient s’est répandu peu à peu en Occident aussi. Lorsque les premières nouvelles parvinrent en Gaule des travaux synodaux en Asie Mineure qui avaient déchiré l’église, les confesseurs emprisonnés à Lyon et à Vienne pendant la persécution de Marc Aurèle, dont plus d’un appartenait à une colonie qui avait émigré de Phrygie en Gaule, furent mécontents, et, en même temps qu’ils rapportaient la persécution qu’ils avaient endurée, 8), adressa une lettre à ceux d’Asie Mineure, non pas donnée par Eusèbe, mais jugée pieuse et orthodoxe, exhortant à la paix et à la conservation de l’unité. En même temps (A.D. 177), ils envoyèrent le prêtre Irénée à Rome afin de gagner de l’évêque Eleuthère (A.D. 174-189), qui s’opposait au montanisme, sentence douce et pacifique. Cependant, grâce à l’arrivée de Praxéas, confesseur d’Asie Mineure et adversaire acharné du montanisme, une condamnation formelle fut enfin obtenue (33, 4). Tertullien rapporte que l’évêque romain, à l’instigation de Praxéas, révoqua les lettres de paix qui avaient déjà été préparées contre ses prédécesseurs. Il y a lieu de se demander si l’on entend par cet évêque anonyme Éleuthère, qui fut d’abord enclin à une décision pacifique de la part d’Irénée, et ensuite par le tableau des extravagances montanistes donné par Praxéas, fut de nouveau amené à se former une autre opinion ; ou qu’il s’agissait, ce qui semble le plus probable d’après les références chronologiques, de son successeur Victor (A.D. 189-199), auquel cas Éleuthère est représenté comme s’étant endurci contre le montanisme malgré les supplications d’Irénée, tandis que Victor fut le premier qui, pendant un certain temps, eut été amené à penser autrement. 199-217) était Proclus, que le Romain Caïus ( 31, 7) par la parole et par l’écriture.
40.3. Le montanisme dans l’Afrique proconsulaire. — On ne sait pas quand et comment le montanisme s’implanta dans l’Afrique du Nord, mais il est très probable qu’il s’y répandit à partir de Rome. Le mouvement qui en découla attira l’attention pour la première fois lorsque Tertullien, vers J.-C. 201 ou 202, revint de Rome à Carthage, et, avec toute l’énergie de son caractère, se prononça en sa faveur, et consacra ses riches dons intellectuels à sa défense. Que le parti montaniste en Afrique à cette époque continuât encore à se lier avec l’Église catholique, c’est ce qu’attestent les Actes des martyrs Perpétue et Felicitas (32, 8). composés quelque temps après, qui portent sur eux presque toutes les marques caractéristiques du montanisme, tandis qu’une vision qui s’y communique montre que la division était déjà menacée. L’évêque et le clergé, ainsi que la majorité des membres, étaient des opposants résolus à la nouvelle prophétie extatique et visionnaire déjà interdite par l’Église en Asie Mineure. Cependant, ils n’étaient pas encore parvenus à une brèche ouverte avec elle, qui s’est probablement produite en J.-C. 206 Quand le calme fut rétabli après la cessation de la persécution commencée vers l’an 206. 202 de Septime Sévère. Tertullien s’était tenu à la tête du parti divisé en tant que chef de leurs services sectaires, et avait défendu leurs prophéties et leur rigorisme dans de nombreux écrits apologétiques-polémiques avec une amertume et une passion excessives, les appliquant avec une rigueur constante à toutes les relations de la vie, en particulier du côté éthique. De la haute estime dans laquelle, malgré ses excentricités montanistes, les écrits de Tertullien continuaient d’être tenus en Afrique, par exemple par Cyprien (31, 11), et, d’une manière générale, dans tout l’Occident, la tendance qu’il défendait n’était pas considérée dans l’Église comme en Orient comme complètement hérétique, mais seulement comme une contrainte séparatiste excessive des vues permises par l’Église. Cette estimation modérée pouvait d’autant plus facilement gagner la faveur, qu’en apparence, l’extravagante prophétie visionnaire, qui causait le plus d’offense, avait été très vite éteinte dans ces régions. — Augustin rapporte qu’un petit groupe de « tertulliens » continua à Carthage jusqu’à son époque († 430), et qu’il avait été amené par lui à retourner à l’église catholique ; et, en outre, il nous dit aussi que Tertullien s’était ensuite séparé des « Cataphrygiens », c’est-à-dire de la communion des Montanistes de l’Asie Mineure, dont les excès ne lui furent peut-être connus qu’alors.
40.4. Le principe fondamental du montanisme. — Le montanisme est né d’une théorie d’une révélation divinement éducative procédant par étapes progressives, ne trouvant pas sa conclusion dans le Christ et les Apôtres, mais dans l’âge du Paraclet qui a commencé avec Montanus et a atteint en lui son plus haut développement. Les temps de la loi et des prophètes dans l’Ancienne Alliance sont l’enfance du royaume de Dieu ; dans l’Évangile, elle apparaît dans sa jeunesse ; et par l’effusion montaniste de l’Esprit, elle atteint la maturité de l’humanité. Sa perfection absolue sera atteinte dans le millénium introduit par l’approche de la Parousie et la descente de la Jérusalem céleste à Pépouza (Ap. xx, 21). La prophétie montaniste n’a pas enrichi ni étendu, mais seulement maintenu et établi contre les hérétiques, le système de la doctrine chrétienne déjà exclusivement révélé à l’époque du Christ. Le montanisme considérait comme sa tâche spéciale une réforme de la vie chrétienne et de la discipline ecclésiastique hautement nécessaire en vue de l’approche de la Parousie. Les défauts qui avaient été supportés au cours des premiers stades de la révélation devaient être réparés ou supprimés par le Mandata du Paraclet. Voici quelques-unes des principales de ces prescriptions : Le second mariage est un adultère ; Le jeûne doit être pratiqué avec plus de rigueur ; On dies stationum ( 37, 3) rien ne doit être mangé jusqu’au soir, et deux fois par an pendant une semaine entière seulement de l’eau et du pain (ξηροφαγίαι) ; L’excommunié doit rester toute sa vie dans le statut pœnitentiæ ; Le martyre doit être courtisé, se retirer de quelque manière que ce soit de la persécution est une apostasie et un reniement de la foi ; Les vierges ne doivent prendre part au culte de Dieu que lorsqu’elles sont voilées ; Les femmes doivent généralement mettre de côté toutes les parures et tous les ornements ; La science et l’art profanes, toutes les jouissances mondaines, même celles qui semblent innocentes, ne sont que des pièges du diable, etc. Une tendance anti-hiérarchique se manifesta de bonne heure dans le montanisme par la circonstance qu’il s’arrogeait une autorité nouvelle et élevée à laquelle les organes hiérarchiques de l’Église refusaient de se soumettre. Cependant le montanisme lui-même, après l’avoir répudié, pour sa propre conservation, fut obligé de se donner une organisation officielle de congrégation, qui, selon Jérôme, avait pour chef un patriarche résidant à Pépouza, et, selon Épiphane, fondant sur Gal. III, 28, donnait même aux femmes l’admission dans les charges ecclésiastiques. Son culte ne se distinguait que par l’espace accordé aux prophéties de ses prophètes et prophétesses. Épiphane note que c’est une caractéristique particulière de la secte, que souvent dans leurs assemblées, sept vierges vêtues de blanc avec des torches faisaient leur apparition en prophétisant ; évidemment, comme le nombre sept lui-même le montre, comme représentants des sept esprits de Dieu (Apocalypse, iv, 5, etc.), et non des dix vierges qui attendent la venue du Seigneur. D’après Philaster, ils permettaient même aux personnes non baptisées d’assister à tous leurs offices et avaient l’habitude de baptiser même les morts, comme on le dit ailleurs aussi de certaines sectes gnostiques. Épiphane parle aussi d’un parti montaniste qui célébrait la Cène du Seigneur avec du pain et du fromage, Artotyrites, selon Augustin, parce que les premiers hommes avaient présenté des offrandes de fruits de la terre et de moutons.
40.5. L’attitude du montanisme à l’égard de l’Église. — La dérivation du montanisme de l’ébionisme, soutenue par Schwegler, n’a rien en sa faveur et beaucoup contre elle. Pour réfuter cette notion, il suffit de se référer à l’idée fondamentale montaniste d’un stade supérieur de révélation au-dessus de Moïse et des prophètes, ainsi qu’au-dessus du Messie et de ses apôtres. Nous ne pouvons pas non plus être d’accord avec Néandre pour considérer le caractère particulier du peuple phrygien, tel qu’il se manifeste dans son culte extravagant et fanatique de Cybèle, comme un point de départ pour le mouvement montaniste, mais tout au plus comme une prédisposition qui rendait les habitants de cette province particulièrement sensibles en présence d’un tel mouvement. L’origine du montanisme est plutôt à chercher uniquement parmi les conditions et les conflits spécifiquement catholiques au sein de l’Église d’Asie qui, à cette époque, était éminemment douée et active. En ce qui concerne le dogme, le montanisme occupait exactement le même terrain que l’église catholique ; Même dans les controverses trinitaires de l’époque, il n’a pas pris de position sectaire, mais a suivi le courant du développement général. Ce n’est pas du côté dogmatique, mais purement pratique, c’est-à-dire du côté de la vie chrétienne et de la constitution, de la discipline et de la morale ecclésiastiques, que se trouvent les problèmes qui, par l’action des montanistes, ont été mis en conflit. Mais même de ce côté, le montanisme, avec toutes ses excentricités, n’a pas pris l’attitude d’une secte séparatiste isolée, mais plutôt comme une accélération et une intensification des vues et des principes qui, depuis les temps anciens, avaient obtenu la reconnaissance et la sanction de l’Église, vues qui, à mesure que le christianisme s’était répandu plus largement, avaient déjà commencé à être atténuées ou même effacées à tous égards. et c’est précisément de cette manière qu’il provoqua cette réaction d’enthousiasme que nous rencontrons dans le montanisme. Depuis l’époque des apôtres, l’attente d’un retour prochain du Seigneur avait été au premier plan de la foi, de l’espérance et de l’aspiration chrétiennes, et cette attente continuait à être entretenue de bon cœur. Néanmoins, l’accomplissement avait été si longtemps retardé que les hommes commençaient à mettre cette venue dans un avenir indéfiniment lointain (2 Pierre III, 4). C’est ainsi que même les chefs de l’Église, en édifiant sa constitution hiérarchique et en l’adaptant aux circonstances sociales et aux conditions de vie qui les entouraient, prirent de plus en plus délibérément leurs dispositions en vue d’une prolongation de l’état de choses actuel, et donc de l’espérance chrétienne primitive d’une Parousie primitive. Bien qu’elle n’ait pas été expressément niée, elle semble avoir été pratiquement mise de côté. C’est pourquoi les revivalistes montanistes proclamèrent cette espérance comme la plus certaine, en la garantissant au moyen d’une nouvelle révélation divine. De même, le rigorisme moral, ascétique et disciplinaire de la prophétie montaniste doit être considéré comme une réaction vigoureuse contre la pratique modérée qui prévaut dans l’Église, avec sa tendance à faire des concessions à la faiblesse humaine, en faveur de l’exercice strict de la discipline ecclésiastique en raison de la proximité de la Parousie. Le montanisme pourrait aussi justifier la réapparition des dons prophétiques chez ses fondateurs en se référant à la tradition historique qui, dès l’âge apostolique (Ac XI, 27 sq. ; XXI, 9), présentait à la vue une série de prophètes et de prophétesses célèbres, dotés de pouvoirs visionnaires extatiques. L’exclusion du montanisme de l’Église catholique n’a donc pu être occasionnée ni par l’absence d’un autre groupe.Il proclame une Parousie primitive ou par son rigorisme, ou enfin, même par ses prétentions prophétiques, mais uniquement par sa doctrine du Paraclet. Sous prétexte d’instituer un stade nouveau et supérieur de la révélation, elle avait réellement entrepris de corriger les doctrines morales et religieuses du Christ et des Apôtres comme étant défectueuses et incomplètes, et s’était ainsi révélée aux représentants de l’Église être indubitablement une pseudo-prophétie. L’orgueil spirituel avec lequel les montanistes se proclamaient le peuple privilégié du Saint-Esprit, Πνευματικοὶ, Spirituales et caractérisait les catholiques comme, au contraire, Ψυχικοὶ, Carnales, comme aussi l’assomption qui a choisi leur propre obscure Pepuza pour le site de la Jérusalem céleste, et les multiples extravagances commises par leurs prophètes et prophétesses dans leurs transes extatiques, a dû grandement tendre à créer une aversion pour toute forme de manifestation spirite. L’origine du montanisme, sa contestation et son expulsion finale, constituent en effet une crise très significative dans le développement historique de l’Église, conditionnée non pas tant par une tendance sectaire séparatiste, mais plutôt par la lutte de deux tendances existant à l’intérieur de l’Église, dans lesquelles la tendance représentée par le montanisme et s’efforçant honnêtement de sauver l’Église, s’enfonçait, tandis que celle qui était victorieuse aurait mis fin à tout enthousiasme. L’expulsion du montanisme de l’Église contribua grandement à libérer l’Église du reproche si souvent fait contre elle d’être une secte étroite, facilita son consentement aux termes, aux exigences et aux conditions de la vie quotidienne dans le monde, donna un cours plus libre et une impulsion plus puissante à son développement dans la constitution et le culte qui en dépendaient. ainsi que dans l’édification ultérieure de ses efforts pratiques et scientifiques, et d’une manière générale a considérablement fait progresser son expansion et sa transformation d’une association sectaire étroite en une Église universelle, s’ouvrant de plus en plus à embrasser tous les intérêts de la culture de l’époque, transformation qui, en effet, à bien des égards, impliquait une sécularisation de l’Église et conférait à ses fonctions spirituelles un caractère trop officiel et superficiel.
Même après que la sentence ecclésiastique eut été prononcée contre le montanisme, la discipline pénitentielle rigoriste, sous une forme plus ou moins sévère, trouva encore ses représentants au sein de l’Église catholique. Comparés aux partisans d’une procédure plus douce, ceux-ci étaient en effet généralement minoritaires, mais cela les rendait d’autant plus zélés à défendre leurs opinions et à s’efforcer de leur assurer une reconnaissance universelle. Des querelles qui en résultèrent, augmentées par la rivalité du presbytre et de l’épiscopus, ou de l’épiscopus et du métropolitain, naquirent plusieurs divisions ecclésiastiques qui, malgré le besoin pressant de l’époque pour l’unité ecclésiastique, furent longtemps poursuivies par des ecclésiastiques ambitieux afin de servir leurs propres fins égoïstes.
41.1. Le schisme d’Hippolyte à Rome vers J.-C. Sur ce qui semble avoir été la plus ancienne tentative de former une secte à Rome sur une question purement doctrinale, à savoir celle des Théodotiens, au sujet de l’A.D. 210, voir 33, 3. — Beaucoup plus grave fut le schisme d’Hippolyte, qui éclata dix ans plus tard. En apr. J.-C. Après une vie mouvementée et aventureuse, Calixte, affranchi, fut élevé à l’évêché de Rome, non sans une forte opposition de la part des rigoristes, à la tête desquels se tenait le célèbre prêtre Hippolyte. Ils accusèrent l’évêque de se moquer de toute sincérité chrétienne, de connivence avec le relâchement de toute discipline ecclésiastique envers les déchus et les pécheurs de toutes sortes, et le dénoncèrent surtout comme un partisan de l’hérésie noétienne (33, 5). Ils s’offusquèrent aussi beaucoup de sa vie antérieure que son adversaire Hippolyte (Elench., ix. 11 sq.) décrit ainsi : Esclave d’un membre chrétien de la maison impériale, Calixte, avec l’aide de son seigneur, fonda une banque ; Il a échoué, a pris la fuite, a été ramené, a sauté dans la mer, a été sorti et envoyé sur le tapis roulant. Sur l’intercession d’amis chrétiens, il fut libéré, mais ne parvenant pas à satisfaire ses créanciers pressants, il chercha désespérément à mourir en martyr, car cette fin troublait sans raison le culte juif, et fut pour cette raison flagellé et banni dans les mines sardes. À la demande de l’évêque Victor, la concubine impériale Marcia (22, 3) obtint la liberté des confesseurs chrétiens exilés, parmi lesquels Calixte, bien que son nom eût été volontairement omis de la liste présentée par Victor. Après la mort de Victor, il s’insinua dans les faveurs de son faible successeur Zéphyrin, qui le plaça à la tête de son clergé, ce qui lui permit par des intrigues et des ruses de s’assurer la succession à l’évêché. en bannissant les deux chefs rivaux en Sardaigne. Les deux parties se sont alors unies pour faire un choix unanime en A.D. Débloquer le niveau 235.109
41.2. Le schisme de Felicissimus à Carthage en apr. J.-C. 250. — Plusieurs prêtres de Carthage n’étaient pas satisfaits du choix de Cyprien comme évêque en apr. J.-C. 248 et cherchaient à affirmer leur indépendance. À leur tête se tenait Novatus. Se faisant justice eux-mêmes, ils choisirent Felicissimus, le prochain chef du parti, comme diacre. Lorsque Cyprien, pendant la persécution de Dèce, se retira pour un temps de Carthage, ils l’accusèrent de manquer à son devoir et de pusillanimité. Cyprien, cependant, revint bientôt, après J.-C. 251, et maintenant ils utilisaient sa sévérité envers le Lapsi comme un moyen de créer un sentiment contre lui. Il s’exprima très nettement sur l’imprudence avec laquelle beaucoup de confesseurs donnaient sans examen des Libelli pacis aux morts, et les invitait à confier leur cas à un synode qui serait convoqué après la persécution. Une visite de l’église compléta le schisme ; les prêtres mécontents reçurent sans plus tarder tous les déchus et, bien que Cyprien lui-même, au retour de la persécution, introduisît une pratique plus douce, ils se séparèrent de lui sous un évêque d’opposition, Fortunatus. Ce n’est que par l’exercice infatigable de la sagesse et de la fermeté que Cyprien parvint à réprimer le schisme.110
41.3. Le schisme du prêtre Novatien à Rome en A.D. 251. — Dans ce cas, les intérêts rigoristes et presbytéraux coïncident. Après le martyre de l’évêque Fabien sous Décien en J.-C. En 250, l’évêché romain resta vacant pendant plus d’un an. Son successeur Corneille (A.D. 251-253) était un partisan de la pratique plus douce. À la tête de ses adversaires rigoristes se trouvait son rival malheureux, Novatien, un prêtre érudit mais ambitieux (31, 12). Pendant ce temps, Novatus, excommunié par Cyprien à Carthage, s’était aussi rendu à Rome. Bien qu’il eût auparavant soutenu des principes contraires en matière de discipline ecclésiastique, il s’attacha au parti des puristes et les poussa au schisme. Ils choisirent alors Novatien comme évêque. Les deux partis cherchaient à obtenir la reconnaissance des églises les plus célèbres. Ce faisant, Corneille décrivit son adversaire de la manière la plus violente et la plus amère comme un simple intrigant, contre lequel il était reçu dans le nombre des prêtres comme quelqu’un qui avait reçu le baptême clinique (35, 3) et surtout comme energoumenon sous la garde des exorcistes, il avait déjà protesté ; en outre d’avoir extorqué un simulacre de consécration épiscopale à trois simples évêques italiens, après qu’il les eut attachés à lui-même en se faisant passer pour un pacificateur, puis en les enfermant et en les enivrant, etc. Cyprien, ainsi que Denys d’Alexandrie, s’exprimèrent contre Novatien et attaquèrent les principes de son parti, à savoir que l’Église n’a pas le droit de donner l’assurance du pardon à ceux qui sont tombés ou à ceux qui ont rompu leurs vœux de baptême par un péché grave (bien que la possibilité de trouver le pardon par la miséricorde de Dieu ait été admise), et que l’Église, en tant que communion de membres parfaitement purs, ne devrait jamais souffrir d’impurs dans son sein, ni recevoir en retour d’excommuniés, même après un cours ecclésiastique complet de pénitence. Les novatians s’étaient donc appelés les Καθαροί. La sincérité morale de leurs principes fondamentaux leur assura, même de la part des évêques aux opinions contraires, un verdict indulgent, et des églises novatiennes s’élevèrent dans presque tout l’empire romain. Le Concile œcuménique de Nicée en A.D. 325 maintint une attitude à leur égard dans l’ensemble amicale, et dans la controverse arienne ( 50) ils se tinrent fidèlement aux côtés de leurs adversaires ecclésiastiques dans la défense de l’orthodoxie nicéenne et subirent avec eux la persécution des ariens. Plus tard, cependant, l’Église catholique les a traités sans plus tarder comme des hérétiques. Théodose le Grand, sympathisant avec eux à cause d’un traitement si injuste, les prit sous sa protection ; mais Honorius ne tarda pas à leur retirer ces privilèges. Des vestiges du parti ont néanmoins continué à exister jusqu’au VIe siècle.111
41.4. Le schisme de Mélèce en Égypte en J.-C. Mélèce, évêque de Lycopolis dans la Thébaïde, représentant du parti rigoriste, prétendit pendant la persécution de Dioclétien conférer des ordinations et viola les droits métropolitains de Pierre, évêque d’Alexandrie, partisan de la pratique plus douce, qui vivait alors dans la retraite. Tous les avertissements et les remontrances furent vains. Un synode égyptien sous la présidence de Pierre a publié un décret d’excommunication et de déposition contre lui. C’est alors qu’est né le schisme, après J.-C. 306, qui gagna toute l’Égypte. Le Synode général de Nicée en A.D. 325 confirma l’évêque d’Alexandrie dans ses droits de suprématie ( 46, 3) et offrit à tous les évêques mélétiens une amnistie et une confirmation dans la succession à la mort de l’anti-évêque catholique de leurs diocèses respectifs. Beaucoup se prévalurent de cette concession, mais d’autres persistèrent dans leur voie schismatique et finirent par s’attacher au parti arien (50, 2).
Après le renversement de Licinius ( 22, 7) Constantin s’identifia sans réserve au christianisme, mais n’accepta le baptême que peu de temps avant sa mort en apr. J.-C. Débloquer le niveau 337. Il était tolérant envers le paganisme, tout en encourageant son abandon de toutes les manières possibles. Ses fils, cependant, commencèrent à le réprimer par la violence. Le court règne de Julien fut une anomalie historique qui prouva seulement que le paganisme ne mourut pas d’une mort violente, mais succomba peu à peu à un Marasme senilis. Les empereurs qui se succédèrent revinrent à la politique de persécution et d’extermination. — Le néoplatonisme, malgré le patronage de Julien et la brillante réputation de ses principaux représentants, ne put atteindre le but atteint, mais des hauteurs éthérées de la spéculation philosophique, il s’enfonça de plus en plus dans la région brumeuse de la superstition fantastique (24, 2). Les tentatives de régénération faites par les Hypsistariens, les Euphémites, les Cœlicolæ, dans lesquelles le paganisme s’efforçait de faire renaître au moyen d’un monothéisme juif stérile ou d’un sabaïsme inefficace, furent des échecs lamentables. Le conflit littéraire entre le christianisme et le paganisme avait presque complètement changé de ton.
42.1. La légende romaine du baptême de Constantin.— Que Constantin le Grand n’accepta le baptême que peu de temps avant sa mort à Nicomédie, de la part d’Eusèbe, évêque de ce lieu, et chef bien connu du parti arien (50, 1, 2), est mis hors de doute par le témoignage de son contemporain Eusèbe de Césarée dans sa Vita Const., d’Ambroise, de Jérôme dans sa Chronique, etc. Vers la fin du Ve siècle, cependant, une tradition, se rattachant au fait qu’un baptistère romain portait le nom de Constantin, s’est répandue à Rome, à l’effet que Constantin avait été baptisé dans ce baptistère plus de vingt ans avant sa mort par le pape Sylvestre (A.D. 314 et 335). D’après cette légende purement fabuleuse, Constantin, qui avait été jusque-là un ennemi acharné et un persécuteur acharné des chrétiens, fut atteint de la lèpre, pour la guérison de laquelle on lui recommanda de se baigner dans un baquet rempli du sang d’un enfant innocent. Ému par les larmes de la mère, l’empereur rejeta ce moyen de guérison, et, sous la direction d’une vision céleste, s’adressa au pape, qui, par le baptême chrétien, le délivra de sa maladie, après quoi tous les membres du sénat romain restèrent païens, et tout le peuple fut aussitôt converti au Christ, etc. Cette légende est racontée dans ce qu’on appelle le Decretum Gelasii (47, 22), mais elle est d’abord confirmée comme historiquement vraie dans le Liber pontificalis (90, 6), et ensuite en J.-C. 729, dans la Chronique de Bède ( 90, 2). Dans le célèbre Donatio Constantini ( 87, 4) elle est acceptée sans hésitation. Depuis lors, d’abord à quelques exceptions près, mais bientôt sans exception, tous les chroniqueurs du moyen âge, et de même depuis le IXe siècle les Scriptores hist. Byzant, l’ont adoptée. Et bien qu’au XVe siècle Énée Sylvius et Nicolas de Cues aient admis que la légende était sans fondement, au XVIe siècle chez Baronius et Bellarmin, et au XVIIe dans la Schelstraate, elle a trouvé de sérieux défenseurs. Les bénédictins français érudits du XVIIe siècle ont été les premiers à le rendre tout à fait incroyable, même dans l’église catholique romaine.113
42.2. Constantin le Grand et ses fils. — La profession chrétienne de Constantin n’était pas entièrement le résultat d’une ruse politique, bien que son emploi du nom de Pontifex Maximus et, en cette qualité, l’exercice continu de certaines pratiques païennes, donnèrent quelque couleur à une telle opinion. Des explosions de passion, de l’impulsivité manifestées dans des actes de violence et de cruauté, comme dans l’ordre d’exécution de son fils aîné Crispus en J.-C. 326 et sa seconde épouse Fausta, sont rencontrés même dans ses dernières années. Peu de temps après avoir reçu le baptême, il mourut sans avoir jamais assisté à un service divin complet. Sa tolérance à l’égard du paganisme doit être considérée comme une pure pièce d’art de gouverner. Il n’interdit que les rites impurs et n’assigna aux chrétiens que quelques-uns des temples qui avaient été réellement utilisés. L’aversion pour le paganisme qui prévalait encore parmi les principales familles de Rome l’a peut-être conduit en partie à transférer sa résidence à Byzance, appelée depuis Constantinople, en J.-C. Débloquer le niveau 330. Ses trois fils se partagèrent l’Empire. Constance (apr. J.-C. 337-361) conserva l’Orient, et devint, après la mort de Constantin II. en apr. J.-C. 340 et de Constant en A.D. 350, règle unique. Tous trois cherchaient à réprimer le paganisme par la force. Constance ferma les temples païens et interdit tous les sacrifices sous peine de mort. Des multitudes de païens passèrent au christianisme, probablement par conviction. Parmi les païens les plus nobles, il s’éveilla ainsi une forte aversion pour le christianisme. Le patriotisme et l’esprit viril en vinrent à s’identifier au maintien de l’ancienne religion.114
42.3. Julien l’Apostat (A.D. 361-363).―Les fils de Constantin le Grand commencèrent leur règne en A.D. 337 avec le meurtre de leurs parents masculins. Les frères Julien et Gallus, neveux de Constantin, furent seuls épargnés ; mais en apr. J.-C. En 345, ils furent exilés dans un château de Cappadoce où Julien officia pendant un certain temps comme lecteur dans l’église du village. Ayant enfin obtenu la permission d’étudier à Nicomédie, puis à Éphèse, et enfin à Athènes, les principaux représentants du paganisme lui donnèrent la conviction qu’il avait été spécialement suscité par les dieux pour rétablir l’ancienne religion de ses pères. Dès J.-C. 351 À Nicomédie, il retourna formellement, quoique toujours secrètement, au paganisme, et à Athènes en J.-C. 355 il prit part aux mystères d’Éleusis. Peu de temps après, Constance, harcelé par les guerres étrangères, lui confia le commandement de l’armée contre les Germains. Par son affabilité, son courage personnel et son grand talent militaire, il ne tarda pas à s’attirer l’attachement enthousiaste des soldats. Constance songea à affaiblir la puissance évidente de son cousin qui semblait menacer son autorité, en rappelant les meilleures légions, mais les légions refusèrent d’obéir et proclamèrent Julien empereur. Puis l’empereur refusa de ratifier l’élection et traita Julien lui-même comme un rebelle. Celui-ci s’avança à la tête de son armée par des marches forcées sur la capitale, mais avant d’arriver à la ville, il reçut la nouvelle de la mort de l’empereur adverse. Reconnu comme empereur dans tout l’empire sans aucune opposition, Julien entreprit avec zèle, enthousiasme et vigueur d’accomplir son vœu longtemps caressé, le rétablissement de la gloire de l’ancienne religion nationale. Il n’employa aucune mesure violente pour subvertir et renverser le christianisme, et il ne punit de mort l’obstination chrétienne, sauf là où il lui semblait que le maintien de sa suprématie l’exigeait. Mais il exigea que les temples qui avaient été convertis en églises soient rendus au culte païen, que ceux qui avaient été détruits soient restaurés aux frais du trésor de l’église et que l’argent de l’État qui avait été appliqué à des fins ecclésiastiques soit remboursé. Il renvoyait avec mépris le clergé ainsi dépouillé de ses revenus à la béatitude de la pauvreté évangélique. Il fomenta aussi autant que possible des dissensions dans l’Église, favorisa tous les sectaires et les hérétiques, exclut les chrétiens de toutes les fonctions supérieures, et ensuite de toutes les fonctions inférieures, civiles et militaires, et les combla en toute occasion d’opprobre et de honte, et par ces moyens, il en amena beaucoup à l’apostasie. Afin de discréditer la prophétie du Christ dans Matt. XXIV. 2, il résolut de restaurer le temple juif de Jérusalem, mais après l’avoir commencé, il fut détruit par un tremblement de terre. Il exclut tous les enseignants chrétiens des écoles publiques, et leur interdit aussi dans leurs propres écoles d’expliquer les écrivains classiques qu’ils contestaient et contestaient seulement comme impies ; de sorte que les garçons et les jeunes chrétiens ne pouvaient obtenir une éducation classique supérieure que dans les écoles païennes. Par de petits artifices, il s’efforça d’amener les soldats chrétiens à prendre part, ne serait-ce qu’en apparence, aux sacrifices païens. En effet, plus tard, à Antioche, il n’eut pas honte de s’abaisser à l’artifice mesquin de Galérien ( (chap. 22 et 6) d’asperger d’eau sacrificielle les choses nécessaires à la vie exposées sur le marché public, etc. D’autre part, il s’efforçait par tous les moyens d’élever et d’ennoblir le paganisme. Du christianisme, il emprunta les institutions de bienfaisance, la discipline de l’Église, la prédication, le service public du chant, etc. Il a donné beaucoup de distinctions au sacerdoce païen, mais a exigé d’eux une discipline stricte. Lui-même s’est sacrifié et a prêché en tant que Pontifex Maximus, et a mené une vie strictement ascétique, presque cyniquement simple. L’inefficacité de ses tentatives et la résistance audacieuse, souvent même méprisante, de nombreux zélotes chrétiens l’aigrissaient de plus en plus, de sorte qu’il y avait maintenant un danger de persécution sanglante lorsque, après un règne de vingt mois, il fut tué d’un coup de javelot dans une bataille contre les Perses en J.-C. Débloquer le niveau 363. Peu de temps auparavant, en réponse à la question dédaigneuse d’un païen : « Que fait maintenant le fils de votre charpentier ? », il avait été répondu : « Il fabrique un cercueil pour votre empereur. » Plus tard, l’histoire se répandit que Julien lui-même, lorsqu’il reçut l’attaque mortelle, s’écria : Tandem vicisti Galilæe ! Ses talents militaires et ses vertus militaires avaient répandu autour du trône des Césars une gloire telle qu’elle n’en avait pas connu depuis l’époque de Marc-Aurèle, et cependant la lutte de toute sa vie fut et resta tout à fait stérile et vaine.115
42.4. Les derniers empereurs. — Après la mort de Julien, Jovien, puis à sa mort en apr. J.-C. 364, Valentinien Ier. († 375), furent choisis empereurs par l’armée. Celui-ci résigna à son frère Valens l’empire d’Orient (A.D. 364 à 378). Son fils et successeur Gratien (A.D. 375-383), à la demande de l’armée, adopta son demi-frère aîné de quatre ans, Valentinien II, comme collègue dans l’empire d’Occident, et, à la mort de Valens, il résigna le gouvernement de l’Occident à l’Espagnol Théodose Ier, ou le Grand (A.D. 379-395), qui, après l’assassinat de Valentinien II. en apr. J.-C. 392, devint seul souverain. Après sa mort, ses fils se partagèrent de nouveau l’empire : Honorius († 423) prit l’Occident, Arcadius († 408) l’Orient, et maintenant l’empire partagé continua dans cet état jusqu’à ce que les incursions des barbares eussent brisé toute la division romaine d’Occident (A.D. p. 476). Bélisaire et Narsès, les généraux victorieux de Justinien Ier, furent les premiers à réussir, entre J.-C. 533-553, en conquérant à nouveau l’Afrique du Nord et toute l’Italie ainsi que ses îles. Mais en Italie, l’empire byzantin à partir de J.-C. 569 a été réduit en taille de temps en temps par les Lombards, et en Afrique à partir de J.-C. 665 par les Sarrasins, alors qu’il était encore plus ancien, vers J.-C. En 633, les Sarrasins s’étaient assuré la Syrie, la Palestine et l’Égypte. — Les successeurs immédiats de Julien tolérèrent le paganisme pendant un certain temps. Il s’agissait toutefois d’un répit très temporaire. À peine Théodose Ier. calma dans une certaine mesure les désordres politiques, qu’il ne procéda en A.D. 382 pour accomplir le renversement total du paganisme. La populace et les moines s’allièrent pour détruire les temples. Le rhéteur Libanius († 395) adressa alors à l’empereur son célèbre discours Περὶ τῶν ἱερῶν ; Mais les temples restants ont été fermés et les gens n’ont pas le droit de les visiter. À Alexandrie, sous le puissant évêque Théophile, il y eut des conflits sanglants, à la suite desquels les chrétiens détruisirent la belle Sérapéion après J.-C. Débloquer le niveau 391. C’est en vain que les païens cherchaient la chute des cieux et la destruction de la terre ; même le Nil, en causant la flétrissure et la stérilité, ne se vengerait pas une seule fois de l’impie. En Occident, Gratien fut le premier des empereurs à décliner le rang de pontifex maximus ; il priva aussi les prêtres païens de leurs privilèges, enleva les fondements du temple de Fiscus, et ordonna qu’on enlevât l’autel de la Victoire de la salle du sénat à Rome. C’est en vain que Symmaque, præfectus urbi, implora son rétablissement, sinon numinis, du moins nominis causa. Valentinien II, pressé par Ambroise, renvoya quatre fois sans être entendu la députation qui vint à ce sujet. Dès que Théodose Ier. devint seul souverain, les édits furent rendus plus sévères. Lors de son entrée à Rome en l’an 2000. Il adressa au sénat romain une sévère leçon et l’appela à la repentance. Ses fils, Honorius à l’ouest et Arcadius à l’est, le suiventD’un autre côté, il n’y a pas d’autre choix que d’utiliser l’exemple de leur père Sous le successeur de ce dernier, Théodose II. (A.D. 408-450), des moines ayant l’autorité impériale pour la suppression du paganisme traversèrent les provinces et, en apr. J.-C. 448, en commun avec Valentinien III. (A.D. 425-455), l’empereur d’Occident, il publia un édit qui enjoignait strictement de brûler tous les écrits polémiques païens contre le christianisme, en particulier ceux de Porphyre « le fêlé », où qu’ils se trouvent. Cette période est également marquée par des actes de violence sanglante. Le plus horrible d’entre eux fut le meurtre de la noble philosophe païenne Hypatie, la fille savante de Théon le mathématicien, à Alexandrie en J.-C. Débloquer le niveau 415. Officiellement, le paganisme peut être considéré comme n’existant plus. Déjà considérée bien avant cela comme la religion des paysans (c’est ainsi que le mot paganisme dérive), elle était maintenant presque entièrement confinée aux districts ruraux éloignés. Son dernier et unique bastion était l’Université d’Athènes élevée au sommet de sa renommée sous Proclus (24, 2). Justinien Ier. (A.D. 527-565) a décrété la suppression de cette école en A.D. Débloquer le niveau 529. Ses maîtres s’enfuirent en Perse, et là jetèrent les premières bases de la dernière période littéraire de l’Islam sous la famille régnante des Abassides à Bagdad (65, 2). C’était l’heure de la mort du paganisme dans l’empire romain. Les Mainottæ, dans les montagnes du Péloponnèse, maintinrent encore leur indépendance politique et la religion païenne de leurs pères jusqu’au IXe siècle. Dans les îles italiennes de Sardaigne, de Corse et de Sicile, il y avait encore beaucoup de païens même à l’époque de Grégoire le Grand († 604).116
42.5. Polémiques païennes et apologétiques.―Traité controversé de Julien Κατὰ Γαλιλαίων λόγοι, en 3 bks. d’après Cyril, en 7 bks. selon Jérôme, n’est connu que par la réponse de Cyrille d’Alexandrie ( 47, 6) qui le suit section par section, le reste des réponses ayant été entièrement perdu. Du livre de Cyrille, seuls les dix premiers λόγοι nous sont parvenus dans un état complet, et c’est à partir de ceux-ci que nous sommes en mesure de restituer presque entièrement le premier livre du traité de Julien. Il ne reste que des fragments de la deuxième décennie de l’œuvre de Cyrille, et même pas autant de la troisième, de sorte que du troisième livre de Julien, on peut dire que nous ne savons rien.117 Julien représentait le christianisme comme un judaïsme détérioré, mais la christolâtrie et le culte des martyrs comme des falsifications ultérieures de la doctrine du Christ. Mais quand, à partir du Ve siècle, sous l’influence des barbares, les signes du renversement rapide de l’empire romain se multiplièrent, les polémiques païennes prirent une attitude plus hardie, déclarant que c’était le châtiment du ciel pour le mépris de l’ancienne religion nationale, sous laquelle l’empire avait prospéré. Tel est le point de vue surtout des historiens Eunape et Zosime. Mais l’histoire elle-même les a réfutés avec plus de succès que les apologistes chrétiens ; car ces peuples barbares eux-mêmes passèrent en temps voulu au christianisme, et rivalisèrent avec les empereurs romains dans leurs efforts pour extirper le paganisme. Au Ve siècle, le célèbre néo-platonicien Proclus a écrit « dix-huit arguments (ἐπιχειρήματα) contre les chrétiens » pour justifier la doctrine platonicienne de l’éternité du monde et pour réfuter la doctrine chrétienne de la création. Le grammairien chrétien Jean Philoponus (47, 11) Le philosophe Simplicius, l’un des meilleurs professeurs de l’Université païenne d’Athènes, leur répondit dans un traité complet et élaboré, auquel répondit encore le philosophe Simplicius, l’un des meilleurs professeurs de l’Université païenne d’Athènes. Le dialogue Philopatris, « le Patriote », compris parmi les œuvres de Lucien de Samosate, mais certainement pas composé par lui, est une faible imitation du célèbre moqueur, dans lequel l’écrivain déclare qu’il ne peut plus jurer convenablement contre les dieux de l’Olympe avec leurs nombreux et peu recommandables les amours et les actions répréhensibles, et avec une référence satirique aux Actes xvii. 23 recommande à cet effet « le Dieu inconnu d’Athènes », qu’il qualifie en outre de manière calomnieuse de ὑψιμέδων θεὸς, υἵος πατρὸς, πνεῦμα ἐκ πατρὸς ἐκπορευόμενον ἓν ἐκ τριῶν καὶ ἐξ ἑνὸς τρία ( 50, 1, 7). Enfin, il parle d’hommes rasés de près (45, 1) qui furent traités de menteurs, parce qu’ayant eu, à la suite d’un jeûne et d’un chant de dix jours, une vision qui présageait un mauvais pressentiment pour leur patrie, leur prophétie fut complètement discréditée par l’arrivée d’un récit des succès de l’empereur dans la guerre contre les Perses. L’impudence avec laquelle on se moque du christianisme orthodoxe et de la formule orthodoxe nicéenne, ainsi que les allusions à la propagation du monachisme et à une guerre victorieuse contre les Perses, fixent la date du dialogue sous le règne de Julien, ou plutôt, puisque l’auteur n’aurait guère eu l’approbation de Julien dans sa raillerie contre les dieux de l’Olympe : à l’époque de l’arien Valens ( 50, 4). Mais puisque le renversement de l’Égypte et de la Crète est mentionné dans ce traité, Niebuhr en a attribué la date à l’époque de l’empereur Nicéphore Phocas (A.D. 963-969), compris par les Perses les Sarrasins et par les Scythes les Bulgares.
42.6. La religion des Hypsitariens en Cappadoce était, selon Grégoire de Nazianze, dont le père avait appartenu à la secte, un mélange du paganisme grec avec le monothéisme juif chauve, ainsi que le culte oriental du feu et des corps célestes, avec une opposition expresse à la doctrine chrétienne de la trinité. Les caprices des Euphémites, « chanteurs de louange », en Asie, qu’on appelait aussi messaliens, pétitionnaires ou euchites, et qui portaient en Afrique le nom de Cœlicolæ.
De même qu’autrefois la direction suprême de toutes les questions religieuses appartenait à l’empereur romain en tant que Pontifex Maximus, de même, maintenant que le christianisme était devenu la religion d’État, il revendiquait pour lui-même la même position par rapport à l’Église. Même Constantin le Grand se considérait comme ἐπίσκοπος τῶν ἔξω τῆς ἐκκλησίας, et tous ses successeurs exerçaient le Jus circa sacra comme leur droit incontesté. Seuls les Donatistes ( 63, 1) nié à l’État tout droit sur l’Église. Il n’y avait pas de conscience claire des limites de cette juridiction, mais celle-ci, au moins en théorie, était fermement maintenue, que dans toutes les questions ecclésiastiques, dans le culte, la discipline et la doctrine, les empereurs n’avaient pas le droit de prendre des décisions définitives. À cette fin, ils convoquèrent des synodes œcuméniques, dont les décrets avaient une validité légale dans tout l’empire lorsqu’ils étaient ratifiés par l’empereur. Mais plus l’empire byzantin dégénérait et devenait un centre d’intrigues, plus les contacts avec la cour devenaient nuisibles, et plus d’une fois l’hérésie la plus flagrante l’emporta pendant un certain temps au moyen de passions personnelles, de ruses indignes et de violences ouvertes, jusqu’à ce qu’enfin l’orthodoxie reprît l’ascendant. Devoirs et conditions, ainsi que des écrits apostoliques pseudo-épigraphiques déjà introduits secrètement dans ce département, il a surgi au cours de cette période une littérature riche et variée sur le droit canonique.
43.1. Le Jus circa sacra a donné aux empereurs le droit de déterminer juridiquement toutes les relations entre l’Église et l’État, mais leur a également confié le devoir de veiller à la préservation ou au rétablissement de la paix et de l’unité dans l’Église, de veiller d’un bras fort à l’orthodoxie, de veiller aux intérêts de l’Église et du clergé, et le maintien de l’autorité du droit ecclésiastique. Constantin le Grand lui-même excluait tous les hérétiques des privilèges qu’il accordait à l’Église, et considérait comme un devoir d’empêcher leur propagation. La destruction ou la fermeture de leurs églises, l’interdiction des réunions publiques, le bannissement de leurs chefs, puis la saisie de leurs biens, étaient les châtiments que l’État employait invariablement pour leur destruction. La première condamnation à mort d’un hérétique a été prononcée et exécutée dès notre ère chrétienne. 385 par l’usurpateur Maxime ( 54, 2), Mais cet exemple n’a pas été imité pendant cette période. Constant II. en apr. J.-C. 654 a donné le premier exemple de flagellation à l’effusion de sang et aux mutilations barbares sur un adversaire persistant de son système de doctrine d’union (52, 8). Les Pères du IVe siècle étaient résolument opposés à toute contrainte en matière de foi (comp. cependant 63, 1). Le droit de déterminer par un édit impérial ce qui devait être cru et enseigné dans l’empire fut revendiqué pour la première fois par l’usurpateur Basilicus en J.-C. 476 ( 52 et 5). Les empereurs suivants suivirent cet exemple ; très décidément Justinien Ier. ( 52 et 6) et les théologiens de la cour justifiaient de telles hypothèses par le rang sacerdotal de l’empereur, qui était l’antitype de celui de Melchisédek [Melchisédek]. L’empereur exerçait une influence directe sur le choix des évêques, surtout dans les capitales ; Plus tard, l’empereur les nomma tout à fait arbitrairement et les mit de côté. Le pouvoir de protection de l’Église lui assurait généralement une multitude de privilèges et d’avantages extérieurs. L’État entreprit le soutien de l’Église en partie par de riches dons et des dotations provenant des fonds de l’État, en partie par la cession des temples et de leurs revenus à l’Église, et Constantin conféra à l’Église le droit de recevoir des legs de toutes sortes. Les églises et leurs officiers étaient expressément exempts de toutes charges publiques. L’autorité judiciaire distincte des évêques reconnus autrefois a été formellement légitimée par Constantin sous le nom d’Audentia episcopalis. Le clergé lui-même était exempté de la juridiction des tribunaux civils et soumis à un tribunal ecclésiastique. Le droit d’asile a été retiré des temples païens et conféré aux églises chrétiennes. À cela se rattachait aussi le droit d’intercession épiscopale ou d’ingérence à l’égard des décisions déjà rendues par les tribunaux civils, qui étaient donc dans une certaine mesure soumis au contrôle clérical.
43.2. L’institution des synodes œcuméniques. ― Les σύνοδοι οἰκουμενικαί, Concilia universalia s. generalia, doivent leur origine à Constantin le Grand (50, 1). La convocation des conseils était un droit incontesté de la couronne. Un prélat choisi par l’empereur ou le concile présidait ; la présence du commissaire impérial, qui ouvrait le synode par la lecture de l’édit impérial, était une garantie pour la conservation des droits de l’État. Le trésor supportait les frais de pension et de voyage. Les décisions étaient généralement appelées ὅροι, Definitiones ; s’il s’agissait de résolutions concernant des questions de foi, δόγματα ; s’il s’agit d’une confession, σύμβολα ; s’ils portaient sur la constitution, le culte et la discipline, κανόνες. Sur les questions doctrinales, il fallait qu’il y ait unanimité ; Sur les questions constitutionnelles, une majorité suffisait. Seuls les évêques avaient le droit de vote, mais ils se laissaient influencer par les vues du clergé subalterne. Comme une sorte de substitut aux conciles œcuméniques qui ne pouvaient être convoqués soudainement ou facilement, nous avons les σύνοδοι ἐνδημοῦσα à Constantinople, qui étaient composés de tous les évêques qui pouvaient alors être présents dans le district. C’est aussi à Alexandrie que se sont tenus ces synodes endémiques. Les synodes provinciaux se réunissaient deux fois par an sous la présidence du métropolite ; comme tribunaux des instances supérieures, nous avons les synodes patriarcaux ou diocésains (comp. 46, 1).118
43.3. Ordonnances canoniques. — Comme les décrets canoniques sont reconnus dans toute l’Église nationale catholique, ou du moins dans les districts ecclésiastiques les plus importants, on peut citer les suivants.
La première collection systématiquement organisée de l’Église grecque que nous connaissions a été faite par Johannes Scholasticus, alors prêtre à Antioche, puis patriarche à Constantinople († 578). Un second recueil, qui lui est également attribué, auquel s’ajoutèrent les νόμοι canoniques de Justinien, reçut le nom de Nomocanon. En Occident, toutes les collections antérieures ont été mises hors de vue par le Codex canonum de l’abbé romain Denys le Petit (47, 23), auxquelles ont également été ajoutées les épîtres décrétales existantes sur l’apr. J.-C. Débloquer le niveau 520.
43.4. Ordonnances pseudépigraphiques de l’Église. — Dès les IIe et IIIe siècles, il y eut un nombre non négligeable d’écrits sur le droit de l’Église, avec des instructions sur les questions éthiques, liturgiques et constitutionnelles pour l’instruction des membres de l’Église aussi bien que du clergé, dont les préceptes moraux sont importants dans la procédure de l’Église en tant que norme pour la discipline. Le plus ancien d’entre eux, probablement, nous a été récemment rendu accessible dans l’Enseignement des XIIe Apôtres, la Didachè (30, 7). Il désigne son contenu, même lorsqu’il n’est pas tiré de l’Ancien Testament ou de l’Évangile, mais de la pratique dite de l’Église, comme apostolique, avec la conviction sincère que, par le biais de la tradition apostolique orale, il peut être retracé jusqu’à la nomination immédiate du Seigneur, sans toutefois prétendre pseudépigraphiquement avoir été écrit par les Apôtres. De nombreux traités de l’époque suivante, qui ne nous sont plus connus ou qui ne sont connus que par fragments, ont occupé le même point de vue. Mais dès la fin du IIIe siècle, la fiction apostolique pseudépigraphique fait son apparition dans la soi-disant Didascalie apostolique, et quelque soixante ans plus tard, elle atteignit son apogée dans les huit livres des Constitutiones Apostoliques, Διαταγαὶ τῶν ἀπ. διὰ Κλήμεντος. Les six premières bornes correspondent à la Didascalia précédemment nommée, élargie et diversement modifiée.119 Il prend la forme d’un discours épistolaire prolixe de l’Apôtre, communiqué par l’intermédiaire de Clément de Rome, sur tout ce qui concerne la vie chrétienne, le système de doctrine catholique, la pratique liturgique et la constitution hiérarchique qu’il peut être nécessaire et utile pour les laïcs aussi bien que pour le clergé de connaître, à l’exclusion toutefois de tout ce qui appartenait au département de ce qui était alors considéré comme la Disciplina arcani (36, 4). Parmi les écrits plus anciens, pour autant que l’on sache, ceux qui sont principalement utilisés sont les sept épîtres ignatiennes (30, 5). C’est post-novatien ( 41, 3) et appartient à une époque antérieure à Constantin mais exempte de persécution ( 22, 6), et peut donc être placé quelque part entre J.-C. 260 et apr. J.-C. Débloquer le niveau 302. Il a été écrit probablement en Syrie. — Tandis que les six premiers livres des Constitutions apostoliques peuvent être comparés à la recension syrienne en tant que traduction contemporaine de la Didascalie, le septième livre de l’examen de la Didachè semble être une interprétation de ce petit ouvrage, dans lequel est faite la présomption de la paternité apostolique, et d’où tout ce qui est offensant pour le faussaire et son âge est coupé. L’ancien texte étant par ailleurs reproduit littéralement, tandis qu’il y est habilement introduit clandestinement de ses propres ressources tout ce qui pourrait contribuer à soutenir ses propres vues particulières ainsi que la pratique dominante de l’Église. Le symbole eusébien, qui est donné au chapitre 41, est une formule anti-nicéenne, anti-marbellianiste, arianisante, fixant la date de la falsification à l’époque de la controverse arienne, quelque part entre J.-C. 340 et A.D. 350 ( 50, 2).―Le Le huitième livre est en grande partie un faux indubitable compilé à partir de sources plus anciennes appartenant au IIIe siècle, dont certaines sont encore à trouver, et forme un manuel pour l’accomplissement des devoirs cléricaux, en particulier épiscopaux, dans la conduite du culte et d’autres fonctions cléricales, par exemple l’ordination, le baptême, etc., ainsi que les formulaires liturgiques correspondants. rédigé dans un style tout à fait juridique, dans lequel les apôtres donnent un à un leur contribution avec la formule Διατάσσομαι. La composition est probablement antérieure à Nicée, mais la date de son incorporation avec les sept autres livres est incertaine. — Dans la plupart des manuscrits, mais pas dans tous, les Canones Apostolorum, parfois au nombre de 50, parfois de 85, sont annexés au huitième livre comme son dernier chapitre. Leur point de vue est celui commun aux canons des premiers conciles auxquels ils sont principalement empruntés. En ce qui concerne le contenu, ils traitent principalement du comportement moral et des fonctions officielles du clergé. Le 85e contient un canon biblique de l’Ancien et du Nouveau Testament, y compris les deux Ep. du Romain Clément ( 30, 3), ainsi que l’Apost. Constitutions, mais en omettant l’Apocalypse de Jean (comp. 33, 9). La collecte du canon apostolique ne peut avoir été faite avant le début du Ve siècle, et très probablement en Syrie. Denys le Petit n’a admis que les 50 premiers comme Canones qui dicuntur Apostolorum, mais Johannes Scholasticus n’hésite pas à attribuer les 85 à Clément de Rome. Le deuxième concile Trullan en apr. J.-C. 692 ( 63 à 2) a reconnu l’authenticité des 85 ans, mais a rejetéLes Constitutions apostoliques étaient considérées comme un faux hérétique qui n’avait pas trouvé d’acceptation générale en Occident. — Tandis que jusqu’à présent on a supposé que le 7e livre n’était pas un mensonge qui n’avait pas été accepté par l’Occident. de l’Apost. Constit., en tant qu’œuvre indépendante et originale, devrait être attribuée à un autre auteur beaucoup plus tardif que les six premiers livres de la Didachè, Harnack, se fondant sur son étude de la Didachè, est parvenu à une compréhension claire de leurs relations mutuelles. Il montre que les documents originaux qui se trouvent à la base respectivement de la Didachè et de la Didascalie sont fondamentalement distincts quant à la composition et au caractère, mais les deux dans la forme sous laquelle ils se trouvent devant nous dans l’Apost. Constit. sont sans doute l’œuvre d’un seul et même interpolateur. Nous obtenons en outre le résultat tout aussi convaincant et surprenant que l’auteur de ce faux est également identique à l’auteur des treize épîtres pseudo-ignatiennes (30, 5), et avaient dans un cas et dans l’autre le même objet en vue. Enfin, il le caractérise comme un clerc syrien versé dans l’Écriture, en particulier dans l’Ancien Testament, mais aussi comme un politicien mondain avisé, opposé à toute ascèse stricte, qui cherchait par ses faux à obtenir la sanction apostolique et la justification non seulement des institutions constitutionnelles et liturgiques de l’Église, ainsi que de la pratique plus douce de son époque. mais aussi pour ses propres vues doctrinales semi-ariennes.
43.5. Les ordonnances de l’Église apostolique120 sont, d’après l’analyse minutieuse de Harnack, une compilation exécutée de la manière la plus savante d’extraits de quatre écrits anciens : la Didachè, l’Ep. de Barnabé, d’où sont tirés les préceptes moraux, un κατάστασις τοῦ κλήρου du début du IIIe siècle, et un κατάστασις τῆς ἐκκλησίας de la fin du IIe siècle, avec de nombreuses altérations maladroites et des excursus dans le style de la tradition ecclésiastique de sa propre époque, le début du 4ème siècle. Son introduction consiste en une formule de salutation calquée sur l’Épître de Barnabé des douze apôtres qui sont désignés par leur nom. La liste, qui commence par le nom de Jean, veut l’un des deux Jacques et le défunt Matthias, et le nombre de douze est complété par l’addition du nom de Nathanaël et de celui de Céphas en plus de celui de Pierre. Puis les Apôtres racontent que le Christ leur avait ordonné de partager entre eux par le sort les éparchies, les épiscopats, les presbyteriums, les diaconats, etc., de tous les pays, et d’envoyer οἱ λόγοι dans tout οἰκουμένη ; puis viennent ces λόγοι, d’abord les règles morales, puis les lois constitutionnelles, toutes deux réparties entre les différents apôtres (Ἰωάννης εἶπεν, Ματθαίος εἶπεν, etc.). La compilation avait son origine en Égypte, mais pas à Alexandrie, où Athanase ne la connaissait pas encore, ou du moins ne la jugeait pas digne d’être mentionnée parmi les manuels ecclésiastiques (59, 1). tandis qu’à une époque ultérieure, il a été tenu en haute estime par les Coptes, les Éthiopiens, les Arabes, etc., et a pris le premier rang parmi leurs livres sur la procédure ecclésiastique.
Dégoûtés des activités mondaines et suivant une impulsion du caractère oriental en faveur de la vie contemplative, beaucoup d’ascètes se retirèrent dans les déserts et les solitudes, là comme des anachorètes (ἐρεμίται, μοναχοί, μονάζοντες), au milieu de la prière et du travail, des privations et de l’abnégation, arrachant du désert leur maigre soutien, ils luttèrent vers la sainteté de vie qu’ils pensaient ne pouvoir atteindre qu’en abandonnant le monde maudit. L’endroit où cet extrême extravagant de l’ancien ascétisme a pris naissance était la Thébaïde en Haute-Égypte (39, 3). Les premiers exemples, longtemps isolés, d’un tel abandon professionnel du monde remontent au IIIe siècle ; mais ils se sont d’abord répandus dans l’ère post-Constantine. L’exemple de saint Antoine a eu une influence particulière en conduisant un certain nombre d’hommes partageant les mêmes idées à se réfugier dans des habitations isolées, λαῦραι, dans son voisinage et à se placer sous sa direction spirituelle. En cela, nous avons déjà le passage d’une vie d’anachorète solitaire à une vie communautaire de cénobite (κοινὸς βίος), et cela a atteint sa maturité lorsque le disciple d’Antoine, Pacôme, a rassemblé les habitants dispersés de son district dans une habitation commune, Claustrum, Cœnobium, Monasterium, Mandra = pli, et les a liés sous un système commun de pratique ascétique dans la prière et le travail, en particulier la vannerie et le tissage de tapis. Cet arrangement, sans toutefois aucune tendance à supplanter la vie d’anachorète proprement dite, gagna une grande faveur, et cela dura quelques décennies jusqu’à ce que tout d’abord en Orient, puis aussi en Occident vers J.-C. En 370, le pays était couvert de monastères. La vie monastique, sous son double aspect, était maintenant considérée comme βὶος ἀγγελικός (Matt. XXII. 30), φιλοσοφία ὑψηλή, Melior Vita. Pourtant, même ici, la corruption s’est rapidement répandue. Ce n’est pas seulement le sentiment du besoin spirituel, mais l’ambition, la vanité, la paresse et surtout le désir d’éviter le service militaire et la vilenie, les impôts et les impôts, qui ont poussé les hommes à entrer dans les monastères. L’empereur Valens a donc émis un ordre en J.-C. 365 que de tels hommes seraient arrachés de force de leurs retraites. Les vices spirituels ne manquaient pas non plus : l’extravagance et le fanatisme, l’orgueil spirituel, etc. D’autant plus les évêques les plus distingués, par exemple Basile le Grand, sentaient-ils qu’il était de leur devoir de prendre les monastères sous leur surveillance et leurs soins spéciaux. Sous cette direction, en plus de servir leur propre but spécial, ils sont devenus extrêmement importants et bénéfiques en tant que lieux de refuge pour les opprimés et les persécutés, et en tant qu’institutions de bienfaisance pour les malades et les pauvres. Parfois aussi par l’introduction d’études théologiques en tant que séminaires pour préparer les candidats aux hautes fonctions ecclésiastiques. D’autres prélats, cependant, préféraient utiliser leurs moines comme une horde fidèle pour l’accomplissement de leurs propres objectifs ambitieux de parti. Les moines ont toujours été comptés parmi les laïcs, mais ont été distingués des Séculiers comme Religiosi ou Conversi.
44.1. Biographie de saint Antoine.—D’après la Vita s. Antonii attribuée à Athanase, Antoine était issu d’une riche famille copte de la ville de campagne de Coma en Haute-Égypte, et naquit en J.-C. Débloquer le niveau 251. À l’âge de dix-huit ans, il perdit ses parents et, étant profondément touché par la lecture à l’église de l’histoire du jeune homme riche dans l’évangile, il donna tous ses biens aux pauvres et se retira dans le désert (A.D. p. 285). Au milieu de terribles luttes intérieures, qui prenaient la forme de conflits quotidiens avec des démons, qui surgissaient sur lui des côtés de sa caverne sous la forme de toutes sortes de bêtes et de créatures étranges, il passa longtemps dans un horrible tombeau, puis vingt ans dans les ruines d’un château, et enfin il choisit comme demeure constante une montagne stérile. On l’appela plus tard le mont d’Antoine, où un puits et quelques palmiers dattiers lui fournirent l’appui absolument indispensable. Ses vêtements, une peau de mouton et un manteau velu, étaient sur son corps jour et nuit, et il ne se lavait jamais. La renommée de sa sainteté attira une multitude d’ascètes partageant les mêmes idées qui s’installèrent dans son voisinage et se mirent sous sa direction spirituelle. Mais aussi des hommes du monde de tous les rangs se rendaient en pèlerinage auprès de lui, cherchant et trouvant du réconfort. Constantin lui-même et ses fils lui témoignèrent leur vénération, et il répondit « comme un Diogène chrétien à l’Alexandre chrétien ». Désignant le Christ comme le seul faiseur de miracles, il guérissait par ses prières les maladies corporelles et par ses conversations les afflictions de l’âme. Au milieu de la détresse de la persécution de Maximien en A.D. Il se rendit à Alexandrie, mais ne trouva pas le martyre qu’il courtisait. Encore une fois, en A.D. 351, au cours de l’âpre controverse arienne ( 50), il apparut tout à coup dans la grande capitale, cette fois regardé par les chrétiens et les païens comme une merveille divine, et convertissant des foules de païens. Dans ses derniers jours, il résigna la direction de la société des ermites rassemblés autour de lui à son disciple Pacôme, se retirant lui-même avec deux compagnons dans une solitude inconnue, où il mourut, léguant à l’auteur sa peau de mouton . Jusqu’à l’apparition de ce livre, qui fut bientôt traduit en latin par un certain Évagre, aucun écrivain, ni Lactance, ni Eusèbe, ni même Athanase dans aucun de ses autres écrits indubitablement authentiques, ne mentionne le nom de ce moine patriarcal si estimé par la suite. et tous les écrivains postérieurs ne puisent que dans cette seule source. Weingarten a maintenant non seulement prouvé que cette Vita s. Ant. n’est pas une biographie au sens propre, mais un roman dont le but était de « représenter l’idéal d’une vie monastique s’imbriquant dans le système ecclésiastique et élevé en dépit de tous les éléments populaires et vitaux dans une atmosphère spirituelle », mais il a également réfuté la paternité athanasienne du livre. sans chercher à nier l’existence historique de saint Antoine et son importance dans l’établissement du monachisme, comme le prouve déjà le fait que, même au IVe siècle, à l’époque de Rufin, des pèlerinages étaient faits à M. Antonii.La paternité d’Athanase est Grégoire de Nazianze, qui commence son panégyrique d’Athanase prononcé à Constantinople quelques années seulement après la mort de ce père, survenue en J.-C. 373, avec le souhait qu’il puisse décrire brillamment la vie de l’homme si vénéré, comme il avait lui-même dépeint l’idéal du monachisme dans la personne de saint Antoine. Mais, d’un autre côté, Jérôme, dans sa Vita Pauli, et Rufin, dans son Hist. eremit, ne semblent pas encore avoir connu l’auteur du livre, et le premier, d’abord dans son De scriptoribus ecclst., écrit vingt ans plus tard, sait qu’Athanase en est l’auteur. Des raisons internes, elles aussi, semblent avoir un poids non négligeable contre l’authenticité du livre, dont le contenu biographique est largement entremêlé d’éléments fabuleux et légendaires.
44.2. L’origine du monachisme chrétien. — Du fait que non seulement Lactance, mais aussi Eusèbe, dont l’histoire remonte jusqu’à J.-C. 324, n’ont rien à dire d’un monachisme déjà développé ou alors en voie de développement, on peut peut-être conclure que, bien qu’une telle institution ait déjà existé d’une manière générale, elle n’avait pas encore été connue au-delà des limites de la Thébaïde où elle a pris naissance. Mais du fait qu’Eusèbe, qui mourut en apr. J.-C. 340, dans sa Vita Constantini qui descend jusqu’à J.-C. 337, ne fait jamais aucune mention du monachisme, nous ne pouvons pas avec la même probabilité déduire une continuation d’une telle ignorance jusqu’à l’année susmentionnée, mais nous devons l’attribuer à la portée limitée du livre en question. Dans son commentaire sur les Ps. lxviii. 7 et lxxxiv. 4, il parle distinctement d’un monachisme chrétien. Le fugitif Athanase, aussi, dès J.-C. 356 se rend chez les moines de la Thébaïde, et reste un an avec eux ( 50, 2, 4), ce qui suppose une certaine mesure d’organisation et de célébrité de la part de la communauté de cette région. Dans son Hist. Arianorum ad monachos, écrit vers J.-C. 360, il déclare que déjà le monachisme s’était répandu dans tous les τόποι ou districts de l’Égypte. D’un monachisme en dehors de l’Égypte, cependant, même cet écrit ne sait encore rien. Nous ne nous tromperons donc pas beaucoup si nous supposons que les dernières années du règne de Constantin doivent être considérées comme la période de l’origine essentielle du monachisme égyptien ; mais il ne faut pas en conclure qu’il ne faille pas rattacher à une époque beaucoup plus ancienne les premiers commencements isolés, qui n’avaient pas encore acquis de reconnaissance spéciale. Même l’Ancien et le Nouveau Testament, en la personne d’Élie, de Jean-Baptiste et de notre Seigneur lui-même, parlent de retraits temporaires, pour des motifs religieux et ascétiques, dans le désert. Mais même l’anachorète et le cénobitisme professionnels de toute une vie ont eu leurs précurseurs dans les gymnosophistes indiens, dans le bouddhisme de l’Asie orientale et dans le culte égyptien des Sérapis et, dans une certaine mesure, aussi dans l’essénisme de Palestine (8, 4). Cependant, du point de vue de son origine et du caractère de son développement, le monachisme chrétien ne peut avoir été influencé que par le culte égyptien des Sérapis, et cela d’une manière très générale. Que cela ait été effectivement le cas, Weingarten en particulier a cherché à le prouver à partir de diverses analogies basées sur les savantes recherches des académiciens français.
44.3. Le monachisme oriental. — Pendant des siècles, l’Égypte a continué à être le siège central et l’école de formation du monachisme chrétien, tant pour l’Orient que pour l’Occident. La plus célèbre de toutes les colonies d’ermites égyptiens fut celle fondée par Pacôme, autrefois moine peut-être de Sérapis († 348), à Tabennæ, île du Nil. De nombreux monastères filles furent bientôt rattachés au monastère mère. Chacune de ces institutions était sous la direction d’un président appelé l’abbé, Abbas, c’est-à-dire « père », ou archimandrite ; tandis que tous ensemble étaient sous l’autorité du supérieur du monastère parent. Des unions semblables furent établies par Ammonius dans les montagnes de Nitrie, et par Macaire l’Ancien (47, 7) dans le désert de Scetic. Hilarion, disciple de saint Antoine († 371), est célébré par Jérôme comme le fondateur du monachisme palestinien. La Vita Hilarionis de ce dernier, richement ornée de récits de voyages aventureux et d’événements merveilleux, de merveilles les plus extravagantes et d’apparitions démoniaques, comme la vie de Paul de Thèbes (39, 4), s’est récemment révélé être une romance construite sur certaines réminiscences authentiques. Basile le Grand et Grégoire de Nazianze, avec un enthousiasme juvénile, cherchèrent à introduire le monachisme dans leur Asie Mineure natale, tandis qu’Eustathe, évêque de Sébaste († 380), le poussa encore plus à l’est. Mais bien que parmi les discours syriens d’Aphraate ( 47, 13) on en trouve un sur le monachisme, qui semble donc avoir été introduit en Mésopotamie par J.-C. 340, ceci est en contradiction avec tous les autres témoins et éveille un soupçon sur l’inauthenticité du discours, ce qui est encore confirmé par son manque dans la traduction arménienne, ainsi que dans l’énumération de Gennadius. Les règles monastiques qu’il rédigea l’emportèrent sur toutes les autres en Orient, et ne sont encore aujourd’hui reconnues que dans l’Église grecque orthodoxe. Selon ceux-ci, chaque monastère avait un ou plusieurs clercs pour diriger le culte et administrer le sacrement. Basile a également favorisé le développement et l’influence du monachisme en installant les monastères dans le voisinage des villes. Au Ve siècle, deux des représentants les plus nobles, les plus sensés et les plus talentueux de l’ancien monachisme firent beaucoup pour son élévation et son ennoblissement ; c’est-à-dire Isidore, qui mourut vers l’an J.-C. 450, abbé et prêtre d’un cloître à Péluse en Égypte, et son contemporain Nilus, qui vivait parmi les moines du Sinaï. Les restes non négligeables de leurs nombreuses lettres qui subsistent encore témoignent de leur grande influence, ainsi que de l’esprit noble et libéral qu’ils manifestaient (47, 6, 10).122 On trouve un genre particulier de vie cénobite chez les Acoïmétes, pour lesquels le Romain Studius a fondé vers l’an J.-C. 46 O le très célèbre monastère de Studion à Constantinople, dans lequel on dit qu’un millier de moines ont vécu ensemble à la fois. Ils tiraient leur nom du service divin qui se poursuivait sans interruption dans leur cloître nuit et jour. À partir du Ve siècle, les synodes législatifs s’occupèrent des monastères. Le concile de Chalcédoine en apr. J.-C. 451 les plaça sous la juridiction de l’évêque. Le retour dans le monde était d’abord librement autorisé, mais il était toujours considéré comme déshonorant et exigeant la soumission à la pénitence. À partir du VIe siècle, cependant, les vœux monastiques ont été considérés comme une obligation à vie, et donc un âge canonique régulier a été fixé et un long noviciat prescrit comme un temps d’épreuve et de considération. Vers cette époque aussi, outre la propria professio, la paterna devotio était également considérée comme contraignante, selon l’exemple de 1 Sam. i. 11.
44.4. Monachisme occidental. — L’Occident n’a pas d’abord apprécié l’idée monastique, et seules les exhortations combinées des évêques et des docteurs les plus respectés de l’Église, avec Ambroise, Jérôme et Augustin à leur tête, lui ont permis de l’y faire accepter. L’idée que déjà l’Athanase universellement vénéré qui, à partir de J.-C. 341 résida longtemps à Rome ( 50, 2), avait apporté ici la connaissance du monachisme égyptien et d’abord éveillé en sa faveur les sympathies des Occidentaux, est dépourvue de tout fondement sûr. Cependant, en raison de la libre communication qui existait entre l’Orient et l’Occident, même du côté de l’Église, il est à peine concevable que la première connaissance du monachisme oriental soit parvenue en Italie par l’intermédiaire de Jérôme à son retour en J.-C. 373 de ses voyages en Orient. Mais il est certain qu’à partir de ce moment-là, Jérôme s’efforça avec le plus grand zèle d’obtenir des recrues pour cela en Occident, s’adressant spécialement aux dames pieuses et remarquables de Rome et s’attirant pour cela de maigres remerciements de la part de leurs familles. L’aversion du peuple pour le monachisme était si grande que même en J.-C. En 384, lorsqu’une jeune ascète appelée Blasilla, fille de sainte Paule, mourut à Rome, comme certains le supposaient, d’un jeûne excessif, un tumulte s’éleva dans lequel la populace indignée, comme Jérôme le raconte lui-même, s’écria : Quousque genus detestabile monachorum non urbe pellitur ? Non lapidibus obruitur ? non præcipitatur in fluctus ? Mais vingt ans plus tard, Jérôme pouvait dire avec exultation : Crebra virginum monasteria, monachorum, innumerabilis multitudo, ut ... Quod prius ignominiæ fuerat, esset postea gloriæ. C’est en Afrique du Nord que l’opposition populaire aux moines s’est manifestée le plus longtemps et la plus virulente. Même si tard vers J.-C. 450, Salvianus rapporte les expressions d’une telle haine : Ridebant, ... malédicébant ... insectabantur ... detestabantur ... omnia in monacho pœne fecerunt quæ in Salvatorem nostrum Judæorum impietas, etc. Néanmoins, le monachisme a continué à se répandre et, avec lui, l’institution a gagné en estime populaire en Occident. Martin de Tours ( 47, 14) l’établit dans le nord de la Gaule en J.-C. 370 ; et dans la Gaule méridionale, Honoratus [Honorius] vers J.-C. 400 fonda le célèbre monastère de Serinum, sur l’île inhabitée de Lérina, et Jean Cassien (47, 21), celle, plus célèbre encore, à Massilia, aujourd’hui Marseille. Les incursions des envahisseurs ont presque éteint le monachisme occidental. C’est Benoît de Nursie qui, le premier, en apr. J.-C. 529, lui donna l’unité, l’ordre et une constitution stable, et en fit pendant de nombreux siècles le pionnier de l’amélioration de l’agriculture et de la culture littéraire dans tout l’empire d’Occident qui avait été jeté dans la confusion par les guerres des barbares ( 85).
44.5. Institution des couvents. — On parle de vierges dévouées à Dieu, qui a répudié le mariage, dès le IIe siècle. Les limites de leur sexe leur interdisaient d’entrer dans la vie des anachorètes, mais ils adoptaient d’autant plus de cœur l’idée de la vie de cloître. Saint Antoine lui-même, dit-on, en posa les premiers fondements, alors qu’il se hâtait de s’enfoncer dans la solitude, en établissant à Coma, pour sa sœur qu’il laissait derrière lui, une association de vierges consacrées à Dieu. Pacôme fonda le premier cloître féminin avec des règles définies, dont la supérieure était sa propre sœur. À partir de ce moment-là, une foule d’unions féminines cénobites se sont formées. La dame supérieure s’appelait Ammas, « mère » ; les membres, μοναχαί, sanctimoniales, nonnæ, qui était un mot copte signifiant chaste. La patronne du monachisme féminin en Occident était sainte Paule de Rome, qui était l’érudite et l’amie de Jérôme. Accompagnée de sa fille Eustochium, elle le suivit en Palestine et fonda trois couvents à Bethléem.
44.6. L’ascétisme monastique. — Bien que les fondateurs des règles monastiques orientales se soient soumis à l’ascétisme le plus strict et l’aient accompli dans une mesure remarquable, en particulier dans le jeûne et les privations endurées, le degré d’ascétisme qu’ils enjoignaient à leurs moines dans le jeûne, la veille, la prière et le travail, était en général modéré et raisonnable. Des actes valeureux de mortification de soi-même, si agréables à l’esprit oriental, se rencontrent donc dans la vie monastique proprement dite, rarement chez les ascètes vivant selon leur fantaisie dans les déserts et les solitudes. C’est ce qui explique l’apparition rare des Stylites ou saints colonnes, par qui exprimait d’une manière extérieure l’idée de l’élévation au-dessus de la terre et de la lutte vers le ciel. Le plus célèbre d’entre eux était Siméon Stylite, qui vécut dans le voisinage d’Antioche pendant trente ans sur une colonne de soixante-dix pieds de haut, et prêcha la repentance au peuple qui accourait vers lui de toutes parts. Des milliers de Sarrasins qui parcouraient ces régions cherchaient le baptême, vaincus, selon la légende, par la puissance de son discours. Il est mort après J.-C. Débloquer le niveau 459. Après lui, les saints piliers les plus célèbres furent un certain Daniel, qui mourut à Constantinople en J.-C. 489, et un Siméon plus jeune qui mourut à Antioche en 489. Débloquer le niveau 596.
44.7. Monachisme anti-ecclésiastique et hérétique.— Même après la réglementation du monachisme par Pacôme et Basile, il y avait encore des sociétés ermites isolées qui n’étaient liées par aucune règle. Tels étaient les Sarabaïtes en Égypte et les Remoboth en Syrie. Des foules de moines aussi, sans aucune règle, pullulaient autour d’eux, appelés Βοσκοί, Pabulatores ou Brouteurs, parce qu’ils ne se nourrissaient que d’herbes et de racines. En Italie et en Afrique, à partir du Ve siècle, nous entendons parler de ce qu’on appelle les Gyrovagi, qui, sous prétexte de monachisme, menaient une vie vagabonde inutile. Le monachisme a pris un caractère résolument hérétique et schismatique chez les Euchites et les Eustathianistes dans la seconde moitié du IVe siècle. Les Euchites, appelés aussi à cause de leurs danses mystiques Messaliens ou Chorentes, à ne pas confondre avec les Euchites païens (42, 6), pensaient qu’ils avaient atteint l’idéal de perfection, et qu’ils étaient donc élevés au-dessus de l’observance de la loi. Sous prétexte de se livrer à une prière constante et d’être favorisés de visions divines, ils allaient mendier, parce que le travail n’était pas convenable pour les saints parfaits. Chaque homme qu’ils ont instruit, en raison de sa descendance d’Adam, apporte avec lui dans le monde un démon mauvais qui ne peut être vaincu que par la prière, et ainsi le mal peut être arraché par les racines. Alors l’homme n’a besoin ni de la loi, ni de l’Écriture sainte, ni des sacrements, et peut être inconditionnellement abandonné à lui-même, et peut même faire ce qui, pour un homme légal, serait un péché. L’union mystique de Dieu et de l’homme, ils la représentaient par des actes lascifs d’amour sensuel. Ils ne comprenaient l’histoire de l’Évangile que comme une allégorie et considéraient le feu comme la lumière créatrice de l’univers. Par ruse et espionnage, l’évêque Flavien d’Antioche, en A.D. 381, en vint à connaître leurs principes et leurs procédés secrets. Mais malgré la persécution dirigée contre eux, ils continuèrent d’exister jusqu’au VIe siècle. Les eustathiens tirent leur nom d’Eustathe, évêque de Sébaste, fondateur du monachisme dans les provinces orientales de l’empire. Leur mépris fanatique du mariage allait si loin qu’ils considéraient la communion avec les mariés comme impures et célébraient le service divin par eux-mêmes. Ils ont répudié les jeûnes de l’Église et ont plutôt ordonné des jeûnes les dimanches et les jours de fête, et se sont totalement abstenus de manger de la chair. Les femmes s’habillaient en hommes. Ils demandaient aux riches la restitution de tous leurs biens. Les serviteurs abandonnaient leurs maîtres, les femmes leurs maris, pour s’attacher aux associations de ces saints. Mais l’ingérence résolue du Synode de Gangra en Paphlagonie, entre J.-C. 360 et A.D. Plus étroitement liée à l’ancien ordre ascétique qu’au monachisme nouvellement organisé, il y avait une secte qui, selon Augustin, avait acquis une acceptation spéciale parmi les gens de la campagne autour d’Hippone. À l’exemple d’Abel, qui, dans l’histoire de l’Ancien Testament, n’a pas d’enfants, ses membres, les soi-disant Abélites, se marièrent, mais se retinrent de relations conjugales, afin de ne pas contribuer par l’engendrement des enfants à la propagation du péché originel, et de maintenir leur existence par l’adoption d’enfants étrangers, un garçon et une fille étant reçus dans chaque famille.
La distinction entre le clergé et les laïcs devenait de plus en plus nette et, dans les hautes fonctions ecclésiastiques, se développait une aristocratie spirituelle à côté de l’aristocratie laïque. Le sacerdoce s’est arrogé une position élevée au-dessus des laïcs, tout comme l’âme est supérieure au corps. Il y eut donc une telle affluence dans les rangs ecclésiastiques qu’il fallut y mettre un frein par les lois civiles. Le choix du clergé était fait par les évêques avec le consentement formel des membres de l’Église. En Orient, l’élection des évêques incombait ordinairement au conseil épiscopal de la province concernée, bien que sous la présidence du métropolite, dont le devoir était d’ordonner la personne ainsi élue. Cependant, le fauteuil épiscopal de la capitale impériale était généralement placé sous le patronage de la cour. En Occident, en revanche, l’ancienne pratique a été maintenue, selon laquelle les évêques, le clergé et les membres de l’Église faisaient ensemble l’élection. À Rome, cependant, l’empereur conserva le droit de confirmer la nomination du nouvel évêque. L’échange d’un évêché contre un autre a été interdit par le concile de Nicée en tant qu’adultère spirituel (Éph. v. 33 et suiv.), mais n’en était pas moins fréquemment pratiqué. Le rang monarchique de l’évêque parmi le clergé était incontesté. Les Chorepiscopi ( 34, 3) leurs privilèges épiscopaux et leur autorité étaient de plus en plus restreints, furent subordonnés aux évêques de la ville, et finalement, vers l’an J.-C. 360, ont été tout à fait mis de côté. Aux presbytres, d’autre part, à la suite du succès de la réaction anti-épiscopale, en particulier parmi les Églises filles et rurales, une indépendance complète a été accordée en ce qui concerne le ministère de la parole et la dispensation des sacrements, à l’exception de l’ordination du clergé et, en Occident aussi, de la confirmation du baptême. ce que l’évêque seul était autorisé à faire.
45.1. Formation du clergé. — Les quelques séminaires théologiques d’Alexandrie, de Césarée, d’Antioche, d’Édesse et de Nisibe ne purent satisfaire le besoin d’une formation cléricale, et même ceux-ci disparurent pour la plupart au milieu des bouleversements politiques et ecclésiastiques des Ve et VIe siècles. L’Occident était totalement dépourvu de telles institutions. Tant que les écoles païennes fleurirent à Athènes, à Alexandrie, à Nicomédie, etc., beaucoup de jeunes chrétiens cherchèrent leur préparation scientifique au service de l’Église, et y ajoutèrent du côté chrétien l’ascétisme et l’étude théologique parmi les anachorètes ou les moines. D’autres méprisaient la culture classique et se contentaient de ce que les monastères pouvaient donner. D’autres commencèrent encore leur carrière cléricale dès l’enfance comme lecteurs ou secrétaires épiscopaux, et grandirent sous la surveillance et la direction de l’évêque ou d’ecclésiastiques expérimentés. Augustin organisa son clergé en une association monastique, Monasterium Clericorum, et lui donna le caractère d’un séminaire clérical. Cette institution utile trouva beaucoup de faveur et fut introduite en Sicile et en Sardaigne par les évêques chassés par les Vandales. La Regula Augustini, si souvent désignée sous le Moyen Âge latin, est d’origine postérieure et incertaine, mais elle est basée sur deux discours d’Augustin, le De Moribus Clericorum et une Épître aux moniales d’Hippone. vingt-cinq pour celui de diacre. Les néophytes, ceux qui avaient été baptisés sur un lit de malade (Clinici), les pénitents et les energoumeni, les Bigénie, les mutilés, les eunuques, les esclaves, les acteurs, les comédiens, les danseurs, les soldats, etc., étaient exclus de la fonction cléricale. L’Église africaine, même au IVe siècle, prescrivait un examen strict des candidats quant à leurs réalisations et à leur orthodoxie. Justinien, au moins, insistait sur la garantie de l’orthodoxie au moyen de l’examen épiscopal.123 a fait son apparition comme un appendice à l’onction baptismale en tant qu’ordonnance sacramentelle. L’une était la consécration au sacerdoce dans le sens particulier : l’autre dans le sens général ; L’un et l’autre portaient un caractère indélibile. Leur efficacité était généralement considérée comme de nature magique. La délivrance de l’ordination était exclusivement un privilège épiscopal ; mais les prêtres pouvaient assister à la consécration de ceux de leur ordre. La proposition : Ne quis vage ordinatur, était d’application universelle ; Le bureau missionnaire était la seule exception. Les anniversaires des ordinations épiscopales, Natales episcoporum, étaient souvent observés comme des fêtes. Légalement, personne ne pouvait être ordonné à une charge ecclésiastique supérieure, s’il n’était pas passé par toutes les fonctions inférieures de celle de sous-diacre. Autrefois, l’ordination ne consistait qu’en l’imposition des mains ; mais par la suite, après le modèle du baptême, on a ajouté une onction avec le chrême, c’est-à-dire de l’huile avec du baume. La Cène du Seigneur était partagée avant l’ordination, le candidat ayant préalablement observé un jeûne. ― À partir du Ve siècle, il fut impératif que le parti ordonné adoptât la tonsure.124 Il avait été introduit d’abord en relation avec les pénitents, puis comme symbole d’humilité il a trouvé grâce parmi les moines, et de ceux-ci il est passé au clergé. À l’origine, toute la tête était rasée à nu. Plus tard, la tonsure grecque, Tonsura Pauli, qui se contentait de raser le front, a été distinguée de la tonsure romaine, Tonsura Petri, qui laissait un cercle de cheveux autour du sommet de la tête, comme mémorial de la couronne d’épines du Christ ou comme symbole du sacerdoce royal, Corona sacerdotalis. Le rasage de la barbe, en tant que coutume efféminée, semblait à l’ancienne Église porter atteinte à la sévérité et à la dignité du rang clérical. Dans toutes les églises orientales, la barbe complète a été conservée, et le port de celle-ci a été rendu obligatoire, comme il l’est encore aujourd’hui. En Occident, cependant, peut-être pour marquer un contraste avec le clergé barbu des Germains ariens, le rasage devint général parmi le clergé catholique et, par les ordonnances papales et synodales, devint presque universellement répandu. L’adoption de la coutume a peut-être aussi été favorisée par le désir de donner une expression symbolique par l’enlèvement de la barbe à la renonciation aux prétentions du sexe masculin de la part d’un clergé célibataire. s’introduisit peu à peu, et fut ce qui marqua les distinctions entre les consécrations aux divers rangs des fonctions cléricales.
45.2. L’injonction du célibat. — Conformément à une indication donnée par le synode provincial espagnol d’Elvire en A.D. 306 dans son 32e canon, le Concile œcuménique de Nicée en A.D. 325 était enclin à faire de l’obligation du célibat, au moins pour les Ordines Majores, une loi obligatoire pour toute l’Église. Mais, d’un autre côté, l’évêque égyptien Paphnuce, confesseur et ascète dès sa jeunesse, soutenait avec force que la communion des personnes mariées est aussi la chasteté. Sa voix puissante décida de l’affaire. La pratique habituelle, cependant, était que les évêques, les prêtres et les diacres ne devaient pas contracter un second mariage (1 Tim. iii, 2), après l’ordination, ne devaient pas contracter de mariage du tout, et s’ils étaient déjà mariés, ils devaient continuer à vivre avec leurs femmes ou non, selon ce qu’ils trouveraient eux-mêmes le plus approprié. Les Orientaux maintinrent ce point de vue libre et, au synode de Gangra en A.D. 360 ont lutté contre les Eustathéanistes ( 44, 7) pour la sainteté du mariage et la légitimité des prêtres mariés ; et dans le 5e Apost. Canon, il y avait une injonction expresse : Episcopus vel presbyter, vel diaconus uxorem suam non rejiciat religionis prætexti ; sin autem rejecerit segregetur, et si perseveret deponatur. Les exemples d’évêques mariés ne sont pas rares aux IVe et Ve siècles ; par exemple, le père de Grégoire de Nazianze, Grégoire de Nysse, Synésius de Ptolémaïs, etc. Justinien Ier. interdit l’élection d’un homme marié comme évêque. Le deuxième concile Trullan en apr. J.-C. 692 ( 63 à 2) confirma ce décret, interdit les secondes noces à tout le clergé, mais, avec une protestation expresse contre la dureté contre nature de l’Église romaine, permit aux prêtres un mariage unique avec tous ses privilèges, qui, cependant, devait avoir été contracté avant la consécration, et pendant la période du service à l’autel, tout rapport conjugal devait être interrompu. À Rome, cependant, les principes espagnols étaient strictement maintenus. Une décrétale de l’évêque romain, Siricius, en apr. J.-C. 385, avec un abus semi-manichéen du mariage, insistait sur le célibat de tous les évêques, presbytres et diacres, et Léon le Grand incluait même les sous-diacres sous cette obligation. Tous les docteurs les plus distingués de l’Église latine combattaient avec zèle pour l’application universelle de l’injonction du célibat clérical. Cependant, il y avait de nombreux cas de violation de l’ordre en Italie, en Gaule et en Espagne même, et la conformité ne pouvait être assurée même par la réédition la plus catégorique de l’injonction par les synodes successifs. Dans l’Église britannique et iro-écossaise, le droit du clergé et même des évêques de se marier était revendiqué (77, 3).125
45.3. Offices ecclésiastiques ultérieurs. — Outre les anciens offices ecclésiastiques, nous rencontrons maintenant des serviteurs des malades ou Parabolani, de παραβάλλεσθαι τὴν ζωήν, et des fossoyeurs, κοπιαταί, Fossarii, dont le nombre dans les capitales s’accrut dans une mesure presque incroyable. Ils formaient une garde du corps toujours prête à satisfaire l’amour épiscopal du faste. Théodose II. en apr. J.-C. 418 limita le nombre des Parabolani d’Alexandrie à six cents et le nombre des Copiati de Constantinople à neuf cent cinquante. Pour l’administration des biens de l’Église, il y avait des οἰκόνομοι ; pour l’administration des lois de l’Église, il y avait des avocats, ἔνδικοι, σύνδικοι, Defensores ; pour la rédaction des documents juridiques relatifs aux affaires ecclésiastiques, il y avait des notaires, ταχύγραφοι, en plus des gardiens des archives, des χαρτοφύλακες, des bibliothécaires, des Thesaurarii, des σκευοφύλακες, etc. Aucun d’entre eux en tant que tel n’avait de consécration cléricale. Mais c’est aussi dans les rangs des Ordines Majores que de nouveaux bureaux ont vu le jour. Au IVe siècle, nous rencontrons un archidiacre à la tête des diacres. Il était le bras droit de l’évêque, son représentant et son plénipotentiaire dans l’administration et le gouvernement du diocèse, souvent aussi son successeur. Le collège des presbytres avait aussi pour chef l’archi-presbytre qui représentait et soutenait l’évêque dans tous les actes du culte public. Un prêtre de la ville était chargé de la surveillance des églises de campagne en tant que visiteur. Les Seniores plebis africains n’étaient que des anciens laïcs sans ordination cléricale. L’office de diaconesse perdit plus ou moins de son importance et tomba peu à peu en désuétude. limita à 525 le nombre des officiers ecclésiastiques dans les quatre grandes églises de Constantinople ; c’est-à-dire, outre l’évêque, 60 prêtres, 100 diacres, 40 diaconesses, 90 sous-diacres, 110 lecteurs, 24 chantres et 100 portiers.
45.4. Biens ecclésiastiques.―Les biens de l’Église, régulièrement augmentés par des présents et des legs, étaient généralement considérés jusqu’au Ve siècle comme la propriété des pauvres, Patrimonium pauperum, tandis que les frais d’entretien du culte public et de fourniture des moyens de subsistance du clergé étaient défrayés par les contributions volontaires, Oblationes, des membres de l’église. Mais les demandes croissantes du clergé, surtout des évêques, pour un revenu correspondant à leur rang officiel et la magnificence croissante du service, conduisirent, d’abord à Rome, à la répartition de la somme entière en quatre parties ; pour les évêques, pour le clergé subalterne, pour les dépenses du culte public (édifices, ornements, etc.) et pour les besoins des pauvres. Avec l’introduction de l’idée de sacerdoce dans l’Ancien Testament, l’idée que les laïcs étaient obligés, d’abord considérés comme une simple obligation morale, de remettre un dixième de tous leurs biens à l’Église, et à une date très précoce, cela s’est souvent concrétisé sous la forme d’offrandes volontaires. Mais le concile de Mâcon en apr. J.-C. 585, réclamait ces dîmes comme un droit de l’Église reposant sur l’institution divine, sans toutefois pouvoir réaliser ce qui était d’abord garanti par la législation carolingienne (86, 1). La demande que tous les biens qu’un clerc gagnait au service de l’Église revinssent à l’Église après sa mort, a été mise en œuvre lors d’un concile à Carthage en J.-C. Débloquer le niveau 397.
Une distinction hiérarchique des rangs entre les évêques s’était déjà manifestée dans la période précédente par l’élévation du siège métropolitain et la préséance encore plus marquée donnée à ce qu’on appelait les Sedes apostolicæ (34). Cette tendance a été fortement soutenue par les divisions politiques de l’empire faites par Constantin le Grand ; Pour l’instant, les évêques des capitales exigeaient une extension de leur supériorité spirituelle correspondant à celle accordée par l’autorité séculière aux gouverneurs impériaux. La préservation des privilèges antérieurs ainsi que l’examen respectueux des revendications plus récentes ont empêché d’assurer une correspondance parfaite entre la répartition politique et hiérarchique des rangs. Le résultat de la prise en compte de ces deux éléments a été le développement de la Constitution patriarcale, dans laquelle les évêques de Rome, d’Alexandrie, d’Antioche, de Constantinople et de Jérusalem ont été reconnus comme des chefs de l’Église universelle de rang égal avec juridiction sur les patriarcats qui leur ont été attribués. La première place dans cette pentarchie cléricale était revendiquée par le siège romain, qui luttait de plus en plus résolument pour la primauté de toute l’Église.
46.1. La constitution patriarcale. — Constantin le Grand divisa tout l’empire en quatre préfectures qui furent subdivisées en diocèses, et celles-ci encore en provinces. Beaucoup d’évêques des capitales de ces diocèses, surtout en Orient, sous le titre d’exarques, prirent un rang supérieur à celui des métropolitains, de même que ceux-ci s’étaient auparavant arrogés un rang supérieur à celui d’évêques provinciaux. Le premier concile œcuménique à Nicée en apr. J.-C. 325 ( 50, 1) affirma au nom des évêques des trois plus éminents Sedes apostolicæ, Rome, Alexandrie et Antioche, que leur suprématie avait déjà été établie par l’ancienne coutume. Le soi-disant deuxième Concile œcuménique à Constantinople en J.-C. 381 ( 50, 4) exempta l’évêque de Constantinople, διὰ τὸ εἶναι αὐτὴν νέαν Ῥώμην (depuis J.-C. 330), de la juridiction du métropolite d’Héraclée, et lui donna le premier rang après l’évêque de Rome. On donna à ces distingués prélats le titre honorifique de patriarche, qui avait été donné autrefois à tous les évêques ; mais les évêques romains, refusant de prendre le même rang que les autres, refusèrent le titre, et prirent à la place l’usage exclusif du titre de Papa, Πάπας, qui avait également été précédemment appliqué à tous les épiscopaux. Le quatrième concile œcuménique de Chalcédoine en apr. J.-C. 451, dans le 28e canon, a mis le patriarche de la capitale orientale avec l’évêque de Rome, lui a accordé le droit d’entendre les plaintes contre les métropolites de tous les diocèses afin qu’elles puissent être tranchées lors d’un synode endémique (43, 2), et, comme équivalent aux vastes domaines de son collègue romain, il lui donna en dotation, en plus de son propre district patriarcal, les trois diocèses complets de Thrace, du Pont et d’Asie. Les exarques d’Héraclée en Thrace, de Néo-Césarée dans le Pont et d’Éphèse en Asie, ainsi placés sous ses ordres, portant le titre d’archevêques, ἀρχιεπίσκοποι, formaient un rang hiérarchique intermédiaire entre lui et les métropolites de ces diocèses, sans toutefois qu’aucune définition stricte de leur statut ne fût donnée, de sorte que leur rang préférentiel resta incertain et retomba peu à peu dans celui de métropolites ordinaires. Mais même à Nicée en apr. J.-C. L’évêché de Jérusalem avait été déclaré digne d’un honneur tout particulier, sans toutefois contester sa subordination au métropolite de Césarée. Partant de là, Juvénal de Jérusalem au 3e concile œcuménique d’Éphèse en apr. J.-C. 431 revendique le rang et les privilèges d’un patriarche, mais sur la motion de Cyrille d’Alexandrie, il est refusé. Il s’adressa alors à l’empereur Théodose II. qui, par un édit, le nomma patriarche, et lui assigna toute la Palestine et l’Arabie. Maxime, cependant, patriarche d’Antioche, qui était ainsi privé d’une partie de son diocèse, persista à protester jusqu’à Chalcédoine en J.-C. Au moins, la Phénicie et l’Arabie lui furent rendues. — Dans son district officiel, chacun de ces cinq prélats exerçait l’autorité spirituelle suprême, et, à la tête de son synode patriarcal, décidait de toutes les affaires des églises situées dans les limites de son territoire. Encore beaucoup de métropolites, surtout ceux de Salamine à Chypre, de Milan,Quilée et Ravenne ont maintenu une position, en tant qu’Αὐτοκέφαλοι, indépendante de toute supériorité du patriarcat ou de l’exarchat. À côté des patriarches d’Orient, il y avait σύγκελλοι comme conseillers et assistants, et à la cour impériale, ils étaient représentés par des légats permanents qu’on appelait apocrisiens. À partir du VIe siècle, les papes de Rome commencèrent par leur envoyer le pallium pour conférer la confirmation du rang aux métropolites d’Occident nouvellement élus, qui étaient appelés dans ces régions Archiepiscopi, archevêques. Les patriarches réunis en cour représentaient l’unité de l’Église universelle. Sans leur consentement, aucun concile œcuménique ne pouvait être tenu, et aucune décision ne pouvait être contraignante pour toute l’Église. 637, puis Antioche en 637. 638, puis Alexandrie en 638. En 640, tomba sous la domination des Sarrasins.
46.2. La rivalité entre Rome et Byzance. — Depuis l’époque du concile de Chalcédoine en apr. J.-C. En 451, le patriarche de Constantinople continua à revendiquer l’égalité de rang et d’autorité avec l’évêque de Rome. Mais le principe sur lequel, dans l’un et l’autre cas, se fondaient les prétentions à la primauté était déjà fortement interprété en faveur de Rome. En Orient, le rang spirituel des évêchés était déterminé en fonction du rang politique des villes concernées. Constantinople était la résidence du souverain de l’οἰκουμένη, par conséquent son évêque était évêque œcuménique. Mais aux yeux du monde, l’ancienne Rome était toujours plus élevée que la nouvelle Rome. Tous les fiers souvenirs de l’histoire se sont regroupés autour de la capitale de l’Ouest. De Byzance, au contraire, date le déclin visible, la menace de renversement de l’empire. De plus, l’Occident refusait même d’admettre le principe lui-même. Ce n’est pas la volonté de l’empereur, ce n’est pas la fortune de l’empire, qui devient de plus en plus déplorable, qui doit déterminer le rang spirituel des évêques, mais l’histoire de l’Église et la volonté de son divin Fondateur et Chef. D’après cette norme, le siège de Constantinople était non seulement inférieur à ceux d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem, mais même au-dessous de beaucoup d’autres sièges qui, bien qu’ils n’eussent guère le rang métropolitain, pouvaient cependant se vanter d’avoir une origine apostolique. Alors, Rome se tenait incontestablement à la tête de l’Église, car c’est là qu’avaient vécu, confessé et souffert les deux principaux apôtres, là aussi étaient leurs tombeaux et leurs ossements ; oui, plus loin encore, sur la chaire romaine Pierre s’était assis comme premier évêque ( 16, 1), que le Seigneur lui-même avait appelé à la primauté des Apôtres (34, 8), et les évêques romains étaient ses successeurs et héritiers de ses privilèges. Le patriarche de Constantinople n’avait d’autre choix que sa proximité avec la cour. Soutenu et soutenu par la cour, il n’était que trop souvent un instrument entre les mains des partis politiques et un défenseur des hérésies qui bénéficiaient de la faveur impériale. Le cas de l’évêque romain était incomparablement supérieur. Le fait qu’il soit membre de l’empire romain d’Occident apr. J.-C. 395-476, avec des empereurs pour la plupart faibles et opprimés de toutes parts par les convulsions causées par les invasions des barbares, lui assurèrent une liberté et une indépendance d’action incomparablement plus grandes, qui étaient peu, voire pas du tout, restreintes par les envahisseurs rugiens et ostrogoths de l’Italie. 476 à 536. Et même en apr. J.-C. En 536, lorsque l’empire byzantin reprit pied en Italie, et résista difficilement à l’assaut des Lombards à partir de l’ère chrétienne. 569 à J.-C. 752 Dans des limites de plus en plus étroites, le tribunal ne pouvait que rarement exercer une influence sur ses procédures ou le punir de son refus de céder par la destitution, l’emprisonnement ou l’exil. Et tandis que l’Orient était déchiré par une variété de controverses ecclésiastiques, dans lesquelles tantôt l’un, tantôt l’autre parti, l’emportait, l’Occident, sous la direction de Rome, présentait presque constamment l’image d’une unité imperturbable. Les polémistes recherchaient le jugement médiateur de Rome, les opprimés recherchaient son intercession et sa protection, et parce que les évêques romains prêtaient presque invariablement le poids de leur influence intellectuelle et morale à la cause de la vérité et du droit, le parti en faveur duquel la décision a été rendue, l’a presque certainement finalement emporté. C’est ainsi que Rome avançait de jour en jour aux yeux du monde chrétien, et qu’elle réclamait bientôt comme un droit constant la confiance personnelle ou la pression des circonstances qui lui avait valu dans des cas particuliers. Et au cours du temps, Rome n’a jamais laissé échapper une occasion favorable, n’a jamais manqué de maintenir ce qui avait été acquis ou même revendiqué avec quelque possibilité de succès. Un fort sentiment en faveur de prétentions hiérarchiques strictes unissait tous les partis et trouvait son point de ralliement dans la chaire de saint Pierre ; Même des papes incapables et sans caractère ont été soutenus et menés à bien au moyen de cette idée. C’est ainsi que Rome avançait d’un pas ferme et d’un but ferme, et, en dépit de toute opposition et de toute résistance, se rapprochait de plus en plus du but qu’elle avait en vue. L’Orient ne put enfin conserver et sauver son indépendance ecclésiastique que par une division complète et incurable (67).
L’histoire de l’évêché romain au cours des trois premiers siècles est presque entièrement enveloppée d’un nuage de légendes qui n’est interrompu qu’occasionnellement par une lueur de lumière historique (voir 33, 3, 4, 5, 7 ; 35, 5 ; 37, 2 ; 40, 2 ; 41, 1 et 3). Ce n’est qu’après que l’Église martyre est devenue au IVe siècle la puissante Église d’État qu’elle entre vraiment dans le champ de l’histoire régulière et continue. Et c’est aussi là que commence cette lutte pour la primauté, présente dès les temps les plus reculés parmi ses évêques et héritée de la suprématie politique de la « Rome éternelle », pour être poursuivie avec succès dans les milieux politiques et ecclésiastiques. Son histoire, pour laquelle les biographies des papes jusqu’à la fin du IXe siècle dans le soi-disant Liber pontificalis ( 90, 6) sont des sources des plus instructives, qui ont certainement toujours besoin d’un examen critique à un haut degré, permettent donc et exigent pour nos objectifs à ce stade un examen sérieux et attentif.
46.3. De Melchiade à Jules Ier, apr. J.-C. 310 à J.-C. Au moment où la conversion de Constantin changea si complètement l’aspect des choses, Melchiade occupait l’évêché de Rome, après J.-C. 310 à J.-C. Débloquer le niveau 314. Même en A.D. 313 Constantin lui conféra, en tant qu’évêque principal d’Occident, la présidence d’une commission cléricale chargée d’enquêter sur le schisme donatiste (63, 1). Sous Sylvestre Ier, A.D. 314 à J.-C. 335, la controverse arienne éclata ( 50), dans lequel, cependant, il ne prétendait pas être une autorité d’un côté ou de l’autre. Que, par ses légats, Vitus et Vincentius, il présida le premier synode œcuménique à Nicée en apr. J.-C. 325 est une invention purement romaine ; aucun des historiens contemporains et aucun des historiens plus anciens n’en sait rien. À cause de la montée en Égypte du schisme mélétien (41, 4) le 6e canon du Concile prescrit que l’évêque d’Alexandrie « aura juridiction sur l’Égypte, sur la Libye et sur la Pentapole, selon les anciennes coutumes, car c’est aussi selon l’ancienne coutume que l’évêque de Rome ait cette juridiction, ainsi que les églises d’Antioche et des autres provinces ». C’est pourquoi le Concile, comme l’entendent aussi Rufin et la plus ancienne collection de canons latins, la soi-disant Prisca, soutient que la suprématie ecclésiastique de la chaire romaine ne s’étendait pas sur tout l’Occident, mais seulement sur les dix provinces suburbicaires appartenant au diocèse de Rome selon la division de Constantin, c’est-à-dire sur les dix provinces suburbicaires appartenant au diocèse de Rome, selon la division de Constantin. sur l’Italie centrale et méridionale, avec les îles de Sardaigne, de Corse et de Sicile. L’évêque de Rome, cependant, était et continua par le développement plus large de la constitution patriarcale le seul patriarche dans tout l’Occident. Quoi de plus naturel que de se considérer comme l’unique patriarche de tout l’Occident ? Mais, même en tant que seule sedes apostolica de l’Occident, Rome avait déjà depuis longtemps obtenu un rang bien au-delà des limites du canon de Nicée. Dans les cas douteux, on s’adressa de toutes les parties de l’Occident à Rome pour obtenir des instructions sur la véritable tradition apostolique, et les réponses épistolaires à ces questions prirent même au IVe siècle le ton des déclarations faisant autorité de la vérité, epistolæ decretales. Mais jusqu’à J.-C. Il n’a jamais été tenté de revendiquer l’autorité de Rome sur l’Orient en donnant de la validité à une question. Cette année-là, cependant, la pression des circonstances obligea le concile de Sardica (50, 2), après que la plupart des évêques orientaux se furent déjà retirés, ils convinrent de remettre à l’évêque de Rome, Jules Ier, après J.-C. 337-352, en tant que confesseur ferme et constant de la foi orthodoxe en cette époque d’hésitation ecclésiastique, le droit de recevoir les appels des évêques condamnés dans tout l’empire, et s’il les trouvait bien appuyés, de nommer une nouvelle enquête par les évêques de la province voisine. Mais ce décret n’affectait que la personne de Julius et n’était que le bricolage momentané d’une minorité aux abois. Il n’attira donc pas l’attention et fut bientôt oublié, seulement Rome ne l’oublia pas.
46.4. De Libère à Anastase, A.D. 352 à J.-C. 402. — Libérius, successeur de Jules,128 J.-C. 352 à J.-C. 366, maintint avec la même fermeté que son prédécesseur la confession de la foi orthodoxe nicéenne, et fut donc banni par l’empereur Constance en A.D. 355, qui nomma pour lui successeur le diacre accommodant Félix. Mais les membres de l’Église ne voulurent rien avoir à faire avec l’intrus méprisable, qui, d’ailleurs, le jour même de la déportation de Libère, avait juré solennellement avec tout le clergé de Rome de rester fidèle à l’évêque exilé. Il réussit en effet à attirer à lui un nombre considérable de membres du clergé. Le peuple, cependant, resta inébranlablement fidèle à son évêque banni, et même après qu’il eut en J.-C. 358 en signant un credo hérétique ( 50, 3) obtint la permission de revenir, ils le reçurent de nouveau avec une joie non feinte. C’était le souhait de l’empereur que Libère et Félix présidaient ensemble l’Église romaine. Mais Félix fut chassé par le peuple et ne put reprendre pied parmi eux. Libère, qui occupait désormais sa position à Rome en tant que Nicéen, amnistia ceux du clergé qui s’étaient éloignés. Mais le schisme qui en résulta dans l’Église de Rome éclata avec une grande violence après sa mort. Une minorité rigoriste répudia Damase Ier, après J.-C. 366 à J.-C. 384, qui avait été choisi pour lui succéder par la majorité, parce que lui aussi avait appartenu à une date antérieure au parti de la rupture du serment de Félix. Cette minorité élut Ursinus comme anti-évêque. À ce sujet, il y a eu des disputes qui ont conduit à un bain de sang. Le parti de Damase attaqua l’église d’Ursinus et cent trente-sept cadavres furent emportés. Valentinien III. aujourd’hui exilé Ursinus, et Gratien en apr. J.-C. 378 par un édit conféra à Damase le droit de rendre une décision sans appel, en tant que partie et juge, en une seule personne, contre tous les évêques et le clergé impliqués dans le schisme. À la suite de cette victoire de Damase comme partisan de Félix, il s’est formé à Rome une tradition qui est passée dans les listes des papes et des martyrologes, dans laquelle Libère figure comme l’adhérent d’un empereur hérétique et un persécuteur sanglant de la vraie foi nicéenne et de Félix II. comme le pape légitime. Il est également confondu avec le martyr Félix qui a souffert sous Maximien et a été célébré en chanson par Paulinus Nolanus, et est donc représenté comme un saint martyr.129 Au pontificat de Siricius, A.D. 384 à J.-C. En 398, l’Église d’Occident est redevable des plus anciennes décrétales papales datant de notre ère. 385 qui contiennent une réponse à diverses questions de l’évêque espagnol, formulées tout à fait dans la forme hiérarchique et insistant en termes forts sur l’obligation obligatoire du célibat clérical. Par la suite, le même pape, chargé du « soin de toutes les Églises », se sent obligé de publier une encyclique à toutes les Églises d’Occident, dénonçant la négligence fréquente des lois ecclésiastiques existantes. Dans la controverse origéniste entre Jérôme et Rufin (51, 2) il favorisait ce dernier, tandis que son successeur, Anastase, A.D. 398 à J.-C. 402, prit le parti de Jérôme.
46.5. D’Innocent Ier à Zosime, A.D. 402 à A.D. 418. — À la suite de la division de l’empire en une division orientale et une division occidentale en J.-C. 364 (comp. 42, 4), les prétentions de la chaire romaine à la suprématie ecclésiastique sur l’ensemble de l’Occident furent non seulement confirmées, mais aussi considérablement étendues. En effet, par ce partage, la moitié occidentale de l’empire comprenait non seulement les pays qui avaient été auparavant considérés comme occidentaux, à savoir l’Afrique, l’Espagne, la Grande-Bretagne, la Gaule et l’Italie, mais aussi la préfecture d’Illyrie (Grèce, Thessalie, Macédoine, Dalmatie, Pannonie, Mésie, Dacie) avec sa capitale Thessalonique, et ainsi les événements firent le jeu de ceux qui faisaient valoir les prétentions patriarcales de Rome. Même lorsqu’il est en A.D. 379 L’Illyrie orientale (Macédoine, Mésie et Dacie) était rattachée à l’empire d’Orient, les évêques romains continuaient à la considérer comme appartenant à leur domaine patriarcal. Ces affirmations ont été avancées avec une insistance particulière et avec un succès correspondant par Innocent I ., A.D. 402 à A.D. Débloquer le niveau 417. Quand en A.D. Il annonça à l’archevêque de Thessalonique son élévation à la chaire, et lui confia en même temps, en tant que représentant, la surveillance de toutes les provinces illyriennes, et à son successeur, en A.D. En 412, il envoya un document formel d’installation comme vicaire romain. Non seulement il appliqua à la chaire romaine le canon du concile de Sardica qui ne s’était référé qu’à la personne de Jules, mais dans une décrétale à un évêque gaulois, il étendit aussi le droit d’appel clairement circonscrit de la part des évêques condamnés à l’obligation de soumettre toutes les « causæ majores » à la décision du siège apostolique. De l’Afrique, un synode carthaginois en apr. J.-C. 404 envoya des messagers à Rome afin d’obtenir son intercession auprès de l’empereur pour réprimer les donatistes. De l’Orient, Théophile d’Alexandrie et Chrysostome de Constantinople sollicitèrent l’influence pesante de Rome dans la controverse origéniste (51, 3) ; et Alexandre d’Antioche ( 50, 8) exprime la satisfaction orgueilleuse qu’il éprouvait, comme seuls les évêques occidentaux l’avaient fait auparavant, à demander l’avis de l’évêque romain sur diverses questions constitutionnelles et disciplinaires. Pendant la controverse pélagienne ( 53, 4) le Synode palestinien de Diospolis en J.-C. 415 intercédèrent auprès du pape en faveur de Pélage accusé d’hérésie en Afrique ; d’autre part, les synodes africains de Mileve et de Carthage en A.D. 416 l’assiégea en exigeant de donner la sanction de son autorité à leur condamnation de l’hérétique. Il prit le parti des Anti-Pélagiens, et Augustin put faire pleuvoir sur les hérétiques ces mots pleins de sens : Roma locuta... Plus l’autorité de la chaire romaine s’élevait sous Innocent, plus l’humiliation devait être pénible à Rome, que son successeur Zosime apr. J.-C. 417-418, l’invoqua, lorsque, s’opposant à son prédécesseur, il prit le parti de Pélage et de son compagnon Cœlestius, et adressa d’amères reproches à l’AfricainMais ensuite, à la suite de leurs vigoureuses remontrances et de l’intervention de l’empereur, Honorius fut obligé de retirer son jugement antérieur et de condamner formellement son protégé quondam. Et lorsqu’un prêtre déchu d’Afrique, Apiarius, se réfugia à Rome, le concile de Carthage en apr. J.-C. 418, auquel Augustin participa également, en fit un prétexte pour interdire, sous peine d’excommunication, tout appel ad transmarina judicia. Zosime en appela en effet au canon du synode de Sardace, qu’il citait comme Nicée ; mais les Africains, à qui ce canon était tout à fait inconnu, se contentèrent de dire qu’ils devaient s’informer à ce sujet auprès des Églises orientales.130
46.6. De Boniface Ier à Sixte III, apr. J.-C. 419 à J.-C. Après la mort de Zosime, le 26 décembre 418, une minorité du clergé et du peuple, par l’élection et l’ordination hâtives du diacre Eulalius, prévint l’action de la majorité qui avait choisi le prêtre Boniface. La recommandation du préfet de la ville Symmaque assura au premier la reconnaissance de l’empereur Honorius ; mais les remontrances résolues de la majorité le poussèrent à convoquer un synode à Ravenne en A.D. 419 pour un règlement définitif du différend. Comme les évêques réunis ne parvenaient pas à se mettre d’accord, il convoqua un nouveau synode à Spolète à l’approche de la fête de Pâques, et ordonna, afin de mettre fin aux troubles et aux tumultes dans la ville, que les deux rivaux quitteraient Rome jusqu’à ce qu’une décision ait été prise. Eulalius, cependant, ne tint pas compte de l’injonction, mais se fraya un chemin par la force des armes dans la ville. L’empereur le bannit alors de Rome sous peine de mort, et à Spolète les évêques décidèrent, à la suite de la modération qu’il avait montrée, de reconnaître Boniface Ier, A. D. 419 à J.-C. 422, comme évêque de Rome. Son successeur fut Cœlestine Ier, A.D. 422 à J.-C. Débloquer le niveau 432. Apiarius, qui, pendant ce temps, parce qu’il professait le repentir et implorait le pardon, avait été rétabli, recommença à offenser, fut de nouveau déposé, et obtint de nouveau protection et encouragement à Rome. Mais un synode africain à Carthage protesta énergiquement contre l’ingérence de Cœlestine, l’accusant d’avoir souvent fait allusion à un canon de Nicée qui garantissait le droit d’appel à Rome, et que les recherches les plus diligentes des églises de Constantinople, d’Alexandrie et d’Antioche n’avaient pas pu découvrir. Sur l’éclatement de la controverse nestorienne ( 52, 3) deux adversaires se disputèrent de nouveau les faveurs de la ligue romaine ; tout d’abord, Nestorius de Constantinople, parce qu’il prétendait avoir donné des renseignements particuliers sur les évêques pélagiens chassés d’Italie et réfugiés à Constantinople (53, 4) et il avait aussitôt fait une communication sur l’erreur de confondre les deux natures du Christ qui avait récemment surgi en Orient. Le ton fraternel de cet écrit, exempt de toute idée de subordination, ne trouva pas d’écho à Rome. Les lettres de Cyrille d’Alexandrie s’avérèrent plus acceptables, remplies de flatteries grinçantes contre la chaise romaine et d’invectives venimeuses contre le siège constantinopolitain et son occupant. Cœlestine prit sans réserve le parti de Cyrille, ordonna à Nestorius, sous la menace d’une déposition et d’une excommunication dans les dix jours, de le présenter à un synode romain, après J.-C. 420, une rétractation écrite, et remit à Cyrille l’exécution de ce jugement. À ses légats au concile d’Éphèse, A.D. 431, il donne les instructions suivantes : Auctoritatem sedis apostolicæ custodire debere mandamus... Ad disceptationem si fuerit ventum, vos de eorum sententiis judicare debetis, non subire certamen. Le Conseil décida précisément selon le vœlèse de Cœlestine. L’orgueilleux patriarche d’Alexandrie avait reconnu Rome comme la plus haute cour d’appel ; un Occidental éduqué à Rome, nommé Maximien,Il fut élevé au siège patriarcal de Constantinople comme successeur de Nestorius déchu avec l’approbation cordiale du pape. seul Jean d’Antioche s’opposa à cette décision. Le successeur de Cœlestine, Sixte III, apr. J.-C. 432 apr. J.-C. 440, pouvait déjà se vanter en A.D. 433 qu’il s’était mis au-dessus des décrets du concile, et qu’en commémoration de la victoire il avait dédié à la mère de Dieu une belle église nouvellement construite, appelée aujourd’hui sainte Marie-Majeure.131
46.7. De Léon le Grand à Simplicius, A.D. 440 à J.-C. 483. — Léon Ier, apr. J.-C. 440 à J.-C. 461 (comp. 47, 22), incontestablement, jusqu’à cette date, le plus grand de tous les occupants de la chaire romaine, fut aussi le plus puissant, le plus digne et le plus efficace défenseur de son autorité en Orient comme en Occident ; en effet, il peut être considéré comme le fondateur de la papauté romaine en tant qu’épiscopat universel avec la pleine sanction du pouvoir civil. Même les Pères occidentaux des IVe et Ve siècles, tels qu’Hilaire, Ambroise, Jérôme et Augustin, ainsi qu’Innocent Ier, avaient encore interprété le πέτρα de Matt. xvi. 18 en partie de la confession de Pierre, en partie de la personne du Christ. D’abord, au temps de Cœlestine, on essaya de le rapporter à la personne de Pierre. Les légats de Cœlestine au concile d’Éphèse en apr. J.-C. 431 avait dit : ὅστις, ἕως τοῦ νῦν καὶ ἀεὶ ἐν τοῖς αὐτοῦ διαδόχοις καὶ ζῇ καὶ δικάζει. C’est ainsi qu’ils revendiquaient la primauté universelle comme relevant de l’autorité immédiatement divine. Léon Ier. adopta ce point de vue de toute son âme. De la manière la plus déterminée et la plus persévérante, il l’a exécutée en Occident ; puis ensuite dans l’Afrique proconsulaire qui avait si énergiquement protesté au temps d’Innocent et de Cœlestine contre les prétentions romaines. Lorsqu’il apprit que diverses irrégularités s’y répandaient, il envoya un légat pour enquêter, et, à la suite de son rapport, il adressa de sévères censures auxquelles il se soumit sans opposition. Le droit des clercs africains de faire appel à Rome n’est plus contesté. En Gaule, cependant, Léon avait encore à soutenir une lutte acharnée avec Hilaire, archevêque d’Arles, qui, s’arrogeant le droit de primauté de la Gaule, avait déposé Célédonius, évêque de Besontio, le . Mais Léon prit sa cause en main et le fit justifier et rétablir par un synode romain. Hilaire, qui est venu lui-même à Rome, a défié le pape, a échappé à la menace d’emprisonnement par une fuite secrète, et a ensuite été privé de ses droits métropolitains. Dans le même temps, en A.D. En 445, Léon obtint du jeune empereur d’Occident, Valentinien III, une loi civile qui faisait de toute espèce de résistance à la primauté universelle du siège romain établie par Dieu un acte de haute trahison. 4). Une fois de plus, Rome a été appelée à servir de médiateur entre les deux parties en conflit. Au synode des brigands d’Éphèse en apr. J.-C. En 449, sous la présidence du tyrannique Diocure d’Alexandrie, les légats de Léon n’avaient pas le droit de parler. Mais lors du Concile œcuménique suivant à Chalcédoine en A.D. Sa doctrine remporta une brillante victoire ; même ici, cependant, beaucoup d’objections furent soulevées contre ses prétentions hiérarchiques. Il demanda au premier la présidence pour ses légats, qui cependant ne leur fut pas attribuée, mais aux commissaires impériaux. La demande d’expulsion de Diocure du synode, parce qu’il avait osé Synodum facere sine auctoritate sedis apostolicæ, quod mumquam licuit, numquem factum est, n’a pas reçu, au début du moins, la réponse requise. Quand Malgré l’opposition des légats, la question des rangs relatifs des patriarches fut traitée, ils se retirèrent de la session et protestèrent ensuite contre le 28e canon convenu lors de cette session en se référant au 6e canon de Nicée qui, dans la traduction romaine, c’est-à-dire la falsification, commençait par ces mots : Ecclesia Romana semper habuit primatum. Mais le Concile envoya les Actes avec un rapport consciencieux à Rome pour confirmation, après quoi Léon répudia strictement le 28e canon, menaçant l’église de Constantinople d’excommunication, et obtint ainsi finalement gain de cause. L’empereur l’annula en J.-C. 454, et Anatolius, patriarche de Constantinople, fut obligé d’écrire une humble lettre à Léon pour acquiescer à son effacement ; mais cela n’empêcha pas son successeur d’en conserver toujours la validité (63, 2). les hordes sauvages d’Attila, roi des Huns, répandirent la terreur et la consternation par leur approche, la forme sacerdotale de Léon apparut devant lui comme un messager de Dieu, et sauva Rome et l’Italie de la destruction. Son intercession sacerdotale auprès du chef des Vandales ariens, Genséric, dont l’armée en A.D. 455 pillèrent, brûlèrent et assassinèrent dans tout Rome pendant quatorze jours ; mais d’autant plus frappant après son retrait que le pape se montra capable de rétablir le confort et l’ordre au milieu de scènes de dénuement et de confusion indicibles.
46.8. De Félix III à Boniface II, apr. J.-C. 483 à J.-C. 532. — Sous le second successeur de Léon, le Rugien ou Scyrrien Odoacre mit fin à l’empire romain d’Occident en apr. J.-C. 476 ( 76 et 6). En ce qui concerne les lois de l’État romain, bien qu’il fût lui-même arien, après dix-sept ans d’un sage règne, il laissa intacte l’Église romaine orthodoxe, et les évêques romains purent sous lui, comme sous son successeur, l’Ostrogoth Théodoric, également arien, à partir de l’ère chrétienne. 493 à J.-C. 526, exerçaient plus librement leurs fonctions ecclésiastiques que sous le gouvernement précédent, d’autant plus qu’aucun de ces souverains ne résidait à Rome mais à Ravenne. Pape Félix III, A.D. 483 à J.-C. 492, en opposition à la politique ecclésiastique byzantine qui, par l’intermédiaire de l’autorité impériale, avait retardé pendant cent ans le développement de la doctrine orthodoxe (52, 5), commença un schisme qui dura trente-cinq ans entre l’Orient et l’Occident, à partir de J.-C. 484 à J.-C. 519, qu’aucun soupçon de combinaison déloyale avec les dirigeants occidentaux ne peut expliquer. Sur la nomination de Félix III. Odoacre s’arrogea le droit de confirmer toutes les élections des papes, comme l’avaient prétendu auparavant les empereurs romains d’Occident, et Rome se soumit sans résistance. Les rois goths, eux aussi, maintinrent ce droit. 492 à J.-C. 496 (comp. 47, 22), s’aventura devant l’empereur Anastase Ier, en J.-C. 493, pour indiquer la relation de Sacerdotium et d’Imperium selon la conception romaine, qui présente déjà à son stade de développement naissant la théorie médiévale des deux épées (110, 1) et l’analogie favorite du soleil et de la lune ( 96, 9). Son paisible successeur Anastase II, apr. J.-C. 496 à J.-C. En 498, il entama des négociations de paix avec la cour de Byzance ; mais un certain nombre de fanatiques romains voulurent à cause de cela le faire chasser de la communion de l’Église, et virent dans sa mort prématurée un jugement du ciel sur sa conduite. Depuis, il a toujours été considéré comme un hérétique, et en tant que tel, même Dante l’envoie en enfer. Après sa mort, il y eut une élection contestée entre Symmaque, A.D. 498 à J.-C. 514, et Laurentius. Le schisme dégénéra bientôt en la guerre civile la plus sauvage, au cours de laquelle le sang fut versé dans les églises et dans les rues. Théodoric décida pour Symmaque comme le choix de la majorité et le premier ordonné, mais ses adversaires l’accusèrent alors devant le roi comme coupable des crimes les plus graves. Pour enquêter sur les accusations portées contre l’évêque, le roi convoqua à Rome un synode de tous les évêques italiens, le synode palmaris de l’an 2000. 502, ainsi appelé du porche de l’église Saint-Pierre orné de palmes, où il s’est rencontré pour la première fois. Alors que Symmaque, qui s’y rendait, rencontra une foule sauvage de ses adversaires et échappa de justesse à la mort, Théodoric n’insista plus sur une preuve régulière des accusations portées contre lui. Les évêques, sans aucune enquête, le proclamèrent librement leur pape, et le diacre Eunodius de Pavie, connu aussi comme un auteur d’hymnes, chargé par eux de faire des excuses pour leur procédure, posa la proposition que le pape, qui est lui-même juge de tout, ne peut être jugé d’aucun homme. Des combats de rue sanglants entre les deux partis, cependant, se sont poursuivis de jour comme de nuit. Le successeur de Symmaque, Hormisdas, A.D. 514 à J.-C. En 523, eut la satisfaction de voir la cour byzantine, afin de préparer la voie à la reconquête de l’Italie, cherchant à se réconcilier avec l’Église d’Occident, et en A.D. 519 se soumettant aux conditions humiliantes de la restauration de la communion ecclésiale offertes par le pape. Un édit sévère de l’empereur romain d’Occident Justin II. contre les ariens de son empire, Théodoric envoya une ambassade en leur faveur à Constantinople, à la tête de laquelle se trouvait Jean Ier. 523 à J.-C. 526, avec une menace de représailles. Le pape, cependant, semble plutôt avoir utilisé son voyage pour des intrigues contre le gouvernement italien des Goths, car après son retour, Théodoric le fit jeter en prison, dans laquelle il mourut. C’est Félix IV qui lui succède. J.-C. 526 à J.-C. 530, après la mort de laquelle l’élection fut de nouveau disputée par deux rivaux. Ce schisme, cependant, ne fut que de courte durée, car Dioscore, le choix de la majorité, mourut le mois suivant. Son rival Boniface II, apr. J.-C. 530 à J.-C. 532, Goth de naissance et favorisé par le gouvernement ostrogoth, s’appliqua avec une extrême sévérité à réprimer le parti adverse.
46.9. De Jean II à Pélage II, apr. J.-C. 532 à J.-C. Pendant ce temps, Justinien Ier avait été élevé au trône byzantin, et son long règne depuis l’an D.-C. 527 à J.-C. 565, fut à bien des égards une année capitale pour la fortune de l’évêché romain. La reconquête de l’Italie, à partir de J.-C. 536 à J.-C. 553, par ses généraux Bélisaire et Narsès, et la fondation subséquente de l’Exarchat à Ravenne en A.D. En 567, à la tête de laquelle se trouvait un représentant de l’empereur, un soi-disant patricien romain, délivra le pape de l’emprise des Ostrogoths ariens qui, depuis le rétablissement de la communion ecclésiastique avec l’Orient, étaient devenus oppressifs, mais il les mit dans une dépendance nouvelle et beaucoup plus grave. En effet, Justinien et ses successeurs exigeaient des évêques romains aussi bien que des patriarches de Constantinople une obéissance inconditionnelle. 535 à J.-C. 536, envoyé comme pacificateur par les Goths à Constantinople, échappa au sort de Jean Ier, peut-être simplement parce qu’il y mourut subitement. Sous son successeur Silverius, A.D. 536 à J.-C. 537, Bélisaire, en décembre apr. J.-C. En 536, il fit son entrée à Rome et, au mois de mars suivant, il déposa le pape et le condamna au bannissement. Il le fit à l’instigation de l’impératrice Théodora, dont les machinations en faveur du monophysisme avaient déjà été ressenties par Agapet . Théodora avait déjà désigné le misérable Vigilius, A.D. 537 à J.-C. 555, comme son successeur. Il avait acheté sa faveur par la promesse de deux cents livres d’or et l’acquiescement à la condamnation des soi-disant trois chapitres (52, 6) si ardemment désiré par elle. En raison de sa lâcheté et de son manque de caractère, l’Afrique, l’Italie du Nord et l’Illyrie se sont débarrassées de leur allégeance au siège romain et ont maintenu leur indépendance pendant plus d’un demi-siècle. Terrifié par ce désastre, il revint en partie sur son accord antérieur avec l’impératrice, et Justinien l’envoya en exil. Il se soumit inconditionnellement et fut pardonné, mais mourut avant d’arriver à Rome. Pélage Ier, apr. J.-C. 555 à J.-C. 560, également créature de Théodora, souscrivit à l’accord et confirma ainsi le schisme d’Occident que Grégoire le Grand réussit le premier à surmonter. La tentative fantastique de Justinien d’élever son obscur lieu de naissance Tauresium, l’actuelle Achrida bulgare, au rang de métropole sous le nom de Justinianopolis ou Prima Justiniana, et son évêque au rang de patriarche avec l’Illyrie orientale comme patriarcat, prouva, malgré le consentement de Vigile, un enfant mort-né.
46.10. De Grégoire Ier à Boniface V, A.D. 590 à J.-C. 625. — Après que la chaire pontificale eut été occupée successivement par trois papes insignifiants, Grégoire le Grand, après J.-C. 590 à J.-C. 604 (comp. 47, 22), fut élevé au siège apostolique, le plus grand, le plus capable, le plus noble, le plus pieux et le plus superstitieux de toute la longue série des papes. Il prit la tête de l’Église à une époque où l’Italie était réduite à la plus terrible misère par les dévastations sauvages et impitoyables des Lombards ariens qui durèrent plus de vingt ans (76, 8). et ni l’empereur ni son exarque à Ravenne n’avaient les moyens de lui porter secours. Grégoire ne pouvait pas permettre que l’Italie et l’Église périssent complètement dans ces circonstances désespérées, et fut donc obligé d’assumer les fonctions de l’autorité civile. Lorsque les Lombards de notre ère En 593, Rome opprima jusqu’au bout, il ne lui restait plus qu’à acheter leur retrait avec les trésors de l’Église, et la paix fut finalement conclue avec eux en J.-C. 599 était son œuvre et non celle de l’exarque. Les possessions extrêmement riches de terres et de biens, ce qu’on appelle le Patrimonium Petri, qui s’étendaient dans toute l’Italie et dans les îles, lui apportaient l’autorité d’un puissant prince séculier bien au-delà des limites du duché romain, en comparaison duquel le rang de l’exarque lui-même était insignifiant. Les Lombards aussi le traitaient comme une puissance politique indépendante. Grégoire peut donc à juste titre être considéré comme le premier fondateur du pouvoir temporel de la papauté sur le sol italien. Mais tout cela, comme nous pouvons facilement le comprendre, provoqua une aversion non négligeable pour le pape à Constantinople. Le pape, d’autre part, était en colère contre l’empereur Maurice parce qu’il n’avait pas tenu compte de sa demande d’interdire au patriarche, Johannes Jejunator, de prendre le titre de Ἐπίσκοπος οἰκουμενικός. La position de Grégoire à l’égard de la primauté apparaît dans ses épîtres. Il écrit à l’évêque de Syracuse : Si qua culpa in episcopis invenitur, nescio, quis Sedi apostolicæ subjectus non sit ; cum vero culpa non existit, omnes secundum rationem humilitatis æquales sunt. Et c’est certainement avec cette réserve qu’il voulait dire quand, dans une lettre au patriarche d’Alexandrie, qui s’était adressé à lui en tant qu'« Universalis Papa », il refusa très nettement ce titre et concéda volontiers au siège d’Alexandrie aussi bien qu’au siège d’Antioche, comme d’origine pétrinienne (l’Antioche directement, 16, 1 ; l’Alexandrin indirectement par l’intermédiaire de Marc, 16, 4), rang et dignité égaux à ceux de Rome ; et quand il a dénoncé comme antéchrist tout évêque qui s’élèverait au-dessus de ses confrères évêques. C’est ainsi qu’il compara Johannes Jejunator à Lucifer qui voulait s’élever au-dessus de tous les anges. Grégoire, d’autre part, dans une orgueilleuse humilité, s’intitulait, comme l’ont fait tous les papes suivants, Servus servorum Dei. Lorsqu’il exalta la Franche Jézabel Brunhilda [Brunéhilda] (77, 7), qui l’avait prié de lui envoyer des reliques et une autre fois un pallium pour un évêque, comme une femme chrétienne pieuse exemplaire et un souverain sage, il se peut, à cause de la communication défectueuse entre Rome et la Gaule, n’avoir eu aucune information authentique sur ses faits et gestes et ses délires.position. La mémoire du pape, par ailleurs noble, est plus sérieusement affectée par sa conduite à l’égard de l’empereur Phocas, après J.-C. 602 à J.-C. 610, l’assassin du noble et juste empereur Maurice, qu’il félicite de son élévation au trône, et fait éclater tous les chœurs angéliques du ciel et toutes les langues de la terre en jubilés et en hymnes d’action de grâces ; mais là encore, quand il écrivit ainsi, la nouvelle de ses iniquités, non seulement le massacre de l’empereur, mais aussi de sa reine, de ses cinq fils et de ses trois filles, etc., par lesquels ce démon sous forme humaine se fraya un chemin jusqu’au trône, — peut-être ne lui a-t-il pas été connu dans toute leur étendue. 606 à A.D. En 607, il refusa au patriarche de Constantinople de prendre le titre d’évêque universel, tout en reconnaissant formellement la chaire de Pierre à Rome comme Caput omnium ecclesiarum. Au pape suivant, Boniface IV, apr. J.-C. 608 à J.-C. En 615, il présenta le beau Panthéon de Rome, qui, d’un temple dédié à Cybèle, la mère des dieux, et à tous les dieux, devint une église de la mère de Dieu et de tous les martyrs.132
46.11. D’Honorius Ier à Grégoire III, apr. J.-C. 625 à J.-C. 741. — Pendant près de cinquante ans, depuis J.-C. 633 sous Honorius Ier, apr. J.-C. 625 à J.-C. 638, le troisième successeur de Boniface IV, la controverse monothélite ( 52, 8) a poursuivi son cours désastreux. Honorius, homme pieux et pacifique, n’avait rien vu de répréhensible dans cette tentative de l’empereur Héraclius (A.D. 611 à J.-C. 641) pour ramener les nombreux monophysites à l’unité de l’Église par la concession d’une seule volonté dans les deux natures du Christ, et était prêt à coopérer à l’œuvre. Mais la conviction devenait de plus en plus forte que la doctrine proposée dans l’intérêt de la paix était elle-même hérétique. Tous les évêques de Rome qui lui succédèrent furent donc unanimement condamnés comme une hérésie maudite (52, 9), ce qu’Honorius avait accepté et avoué à leur prédécesseur. Cela explique comment l’exarque de Ravenne a retardé de plus d’un an la confirmation de l’élection du prochain pape, Severinus, après J.-C. 638 à J.-C. 640, et ne l’accorda qu’en A.D. 640 comme réparation pour son pillage massif du trésor de l’église romaine pour combler ses propres déficits financiers. À l’époque de Martin Ier, A.D. 649 à J.-C. 653, l’empereur Constant II, apr. J.-C. 642 à J.-C. 668, cherchait à mettre fin à l’âpre controverse par l’interdiction stricte de toute déclaration relative à un ou deux testaments. Le pape déterminé dut souffrir pour son opposition par un emprisonnement sévère et un bannissement encore plus éprouvant, dans lequel il souffrit de la faim et d’autres misères (A.D. 655). Le nouvel empereur Constantin Pogonnatus, A.D. 668 à J.-C. 685, reconnut enfin l’indispensable nécessité d’assurer la réconciliation avec l’Occident. En apr. J.-C. En 680, il convoqua un concile œcuménique à Constantinople au cours duquel les légats du pape Agathon 678 à J.-C. 682, cinquième successeur de Martin Ier, prescrivit de nouveau aux Grecs ce qui devait désormais être considéré dans tout l’empire comme la foi orthodoxe. Le concile envoya ses Actes à Rome avec la demande qu’ils fussent confirmés, ce que le successeur d’Agathon, Léon II, apr. J.-C. 682 à J.-C. 683, nonobstant la condamnation qui y était exprimée de manière très nette du pape hérétique Honorius, qu’il approuvait d’ailleurs explicitement. En 686, l’Église romaine est menacée d’un schisme par une double élection au siège pontifical. Cependant, cela fut évité par les électeurs adverses, laïcs et ecclésiastiques, qui acceptèrent de mettre de côté les deux candidats et de s’unir pour l’élection du Comté de Thrace, A.D. 686 à J.-C. Débloquer le niveau 687. C’est exactement la même chose qui s’est produite avec un résultat similaire à la mort de Conon. Le nouveau candidat sur lequel les deux partis s’entendirent cette fois-ci était Serge Ier. 687 à J.-C. 701, mais il fut obligé d’acheter la confirmation de l’exarque par un présent de cent livres d’or. Son rejet des conclusions du deuxième concile Trullan à Constantinople en apr. J.-C. 692 ( 63 et 2), qui, sur plusieurs points, ne tint aucun compte des prétentions de Rome, le mit en conflit avec l’empereur Justinien II, après J.-C. 685 à J.-C. Débloquer le niveau 711. Le résultat de cette lutte fut de montrer que le pouvoir et l’autorité du pape en Italie étaient alors plus grands que ceux de l’empereur. Lorsque l’empereur envoya un haut fonctionnaire à Rome avec l’ordre d’amener le pape prisonnier à Constantinople, presque toute la population de l’exarchat se rassembla pour la défense du pape. L’ambassadeur byzantin demanda et obtint la protection du pape, sous le lit duquel il se glissa, et fut alors autorisé à quitter Rome en toute sécurité, suivi du mépris et des injures du peuple. Peu de temps après, en apr. J.-C. En 695, Justinien fut renversé et, les oreilles et le nez tranchés, envoyé en exil. En apr. J.-C. En 705, ayant été rétabli par le roi bulgare, il se vengea aussitôt des habitants rebelles de Ravenne. Pape Constantin Ier, A.D. 708 à J.-C. 715, intimidé par ce qu’il avait vu, n’osa pas refuser le mandat impérial qui le convoquait à Byzance pour régler les différends ecclésiastiques. C’est avec crainte et tremblement qu’il s’embarqua. Mais il parvint à s’entendre avec l’empereur, qui le reçut et le congédia avec toutes les marques de respect. Sous son successeur, Grégoire II, apr. J.-C. 715 à J.-C. 731, la controverse iconoclaste byzantine ( 66, 1) donna lieu à une rupture presque complète entre la papauté et l’empire byzantin ; et sous Grégoire III, après J.-C. 731 à J.-C. En 741, la papauté se retire définitivement de la papauté byzantine et se place sous le gouvernement franc. Jusqu’à la dernière époque de l’exarchat de Ravenne, la confirmation des élections pontificales par l’empereur ou son représentant, l’exarque, a toujours été maintenue, et ce n’est qu’après qu’elle a été donnée que la consécration a été autorisée. C’est ce que prouvent à la fois les biographies des livres pontificaux et les formules relatives de la requête dans le Liber diurnus Rom. Pontificum, un recueil de formules pour l’accomplissement des actes les plus importants au service de l’Église romaine faites entre J.-C. 685 et apr. J.-C. Débloquer le niveau 751. L’élection elle-même était entre les mains des trois ordres de la ville (clerus, exercitus et populus).
L’Église antique a atteint sa plus haute gloire au cours des 4ème et 5ème siècles. Le nombre d’écoles théologiques proprement dites ( 45, 1) était en effet petit, et donc les théologiens les plus célèbres étaient autodidactes en théologie. Mais les ressources intellectuelles de cette époque ont dû être d’autant plus grandes et d’autant plus puissantes que l’aspiration générale à la culture était si peu nombreuse. Le milieu du Ve siècle, marqué par le concile de Chalcédoine en apr. J.-C. 451, peut être considéré comme le tournant où la plus grande hauteur de la science théologique et d’autres développements ecclésiastiques a été atteinte, et c’est à partir de ce moment que nous pouvons dater les débuts du déclin. Après cela, l’esprit de recherche indépendante a progressivement disparu de l’Église d’Orient aussi bien que de l’Église d’Occident. L’oppression politique, l’exclusivisme hiérarchique, le monachisme étroit et la barbarie envahissante étouffèrent tout effort scientifique libre, et l’industrie des compilateurs prit la place d’une production intellectuelle jeune et fraîche. L’autorité des anciens docteurs de l’Église était si élevée et considérée comme contraignante à un degré si éminent que, lors des conciles, l’argumentation se poursuivait presque uniquement au moyen de citations des écrits des pères qui avaient été reconnus comme orthodoxes.
47.1. Les écoles et les tendances théologiques :
47.2. Le représentant le plus célèbre de l’ancienne école alexandrine est le père de l’histoire de l’Église Eusèbe Pamphili, c’est-à-dire l’ami de Pamphile (31, 6), évêque de Césarée à partir de J.-C. 314 à J.-C. Débloquer le niveau 340. La faveur de l’empereur Constantin lui permet d’accéder aux archives impériales pour ses études historiques. Par sa diligence infatigable d’enquêteur et de collectionneur, il surpasse de loin tous les enseignants ecclésiastiques de son époque dans l’érudition complète, à laquelle nous devons une grande multitude d’extraits précieux d’écrits perdus depuis longtemps de l’antiquité païenne et chrétienne. Son style est jejune, sec et maladroit, parfois grandiloquent. Ses écrits historiques, soutenus de toutes parts par des recherches assidues, manquent de système et de régularité, et souffrent d’un traitement et d’une distribution disproportionnés de la matière. À son Ἐκκλησιαστικὴ ἱστορία en 10 av. J.-C., jusqu’à J.-C.324, il ajoute une biographie très colorée de Constantin en 4 livres sterling, qui est à certains égards une continuation de son histoire ; et il y ajoute encore un panégyrique flatteur de l’empereur. — À une date ultérieure, il écrivit un récit des martyrs de la Palestine pendant la persécution de Dioclétien, qui fut ensuite ajouté comme appendice au livre 8 de l’Histoire. Recueil d’anciens martyrologes, trois livres sterling. sur la vie de Pamphile, et un traité sur l’origine, la célébration et l’histoire de la fête de Pâques, ont tous été perdus. D’une grande valeur, en particulier pour la synchronisation de l’histoire biblique et profane, sa Chronique soigneusement compilée, Παντοδαπὴ ἱστορία, semblable à celle de Jules l’Africain (31, 3), est d’une grande valeur. un résumé de l’histoire universelle remontant jusqu’à J.-C. 352, auxquels s’ajoutèrent des tableaux chronologiques et synchroniques en seconde partie. L’original grec a été perdu, mais Jérôme l’a traduit en latin, avec des modifications arbitraires, et l’a transporté jusqu’à J.-C. 378. — Les Écrits apologétiques occupent la seconde place en importance. Il existe encore deux ouvrages étroitement liés : la Præparatio Evangelica, Εὐαγγελικὴ προπαρασκευή, en 15 livres sterling, et la Demonstratio Evangelica, Εὐαγγελικὴ ἀπόδειξις, en 8 exemplaires sur un original de 20 livres. La première prouve l’absurdité du paganisme ; ce dernier, la vérité et l’excellence du christianisme. Une reproduction condensée du contenu et du texte de l’Θεοφανεία en 5 livres. ne se trouve que dans une traduction syriaque. Le Ἐκλογαὶ προφητικαί en 4 livres sterling, dont il ne reste qu’une partie, expose l’Ancien Testament d’une manière allégorique à des fins apologétiques ; et le traité contre Hiéroclès ( 23, 3) conteste sa comparaison du Christ avec Apollonius de Tyane. Un traité en 30 livres. contre Porphyre, et quelques autres ouvrages apologétiques sont perdus. — Ses écrits dogmatiques sont de bien moindre valeur. Ces traités ― Κατὰ Μαρκέλλου, en 2 livres, celui déjà nommé contre Hiéroclès, et Περὶ τῆς ἐκκλησιαστικῆς θεολογίας, également contre Marcellus ( 50, 2) ― sont donné en appendice dans les éditions de la Demonstratio Evangelica. Sur sa part dans l’Apologie d’Origène de Pamphile, voir 31, 6 ; et sur son Ep. à la princesse Constantia, voir 57, 4. La faiblesse de ses productions dogmatiques était due à sa position vacillante et médiatrice dans la controverse arienne, où il était le porte-parole de la moderaLes semi-ariens ( 50, 1, 3), et cela était encore dû à son manque de capacité spéculative et de culture dogmatique. — De ses écrits exégétiques, les Commentaires sur Isaïe et les Psaumes sont les plus complets, mais des autres nous n’avons que des fragments. Nous avons cependant son Τοπικά dans la traduction latine de Jérôme : De Situ et Nominibus Locorum Hebraeorum.133
47.3. Les Pères de l’Église de la Nouvelle École d’Alexandrie.
47.4. (Les trois grands Cappadociens.) ―
47.5.
47.6.
47.7. (Mystiques et philosophes.)
47.8. Les Antiochiens.
47.9.
47.10. Autres docteurs de l’Église grecque aux IVe et Ve siècles.
47.11. Pères de l’Église grecque des VIe et VIIe siècles.
47.12.
47.13. Pères de l’Église syrienne.144
47.14.
47.15.
47.16. Pendant la période de la controverse origéniste.
47.17.
47.18. Le héros de la controverse sotériologique.―Augustin―Aurelius Augustinus― naquit en A.D. 354 à Tagaste en Numidie. De sa pieuse mère Monica, il reçut de bonne heure des impressions religieuses chrétiennes qui, cependant, furent encore en grande partie effacées par son père païen, le Decurio Patricius. Alors qu’il étudiait à Carthage, il s’abandonna à la sensualité et aux plaisirs mondains. L’Hortensius de Cicéron éveilla d’abord en lui le désir de choses supérieures. À partir d’environ J.-C. Il chercha satisfaction dans les doctrines de la secte manichéenne, fortement représentée en Afrique, et pendant dix ans il demeura catéchumène de cet ordre. Mais là encore, se trouvant enfin cruellement trompé dans sa lutte après la connaissance de la vérité, il serait tombé dans le scepticisme le plus complet, si l’étude de la philosophie platonicienne ne l’avait retenu encore pendant quelque temps. En apr. J.-C. Il quitta l’Afrique et se rendit à Rome, où il s’installa l’année suivante comme professeur d’éloquence. Un évêque africain, lui-même manichéen, avait consolé sa mère inquiète, qui l’avait suivi jusque-là, en l’assurant que le fils de tant de soupirs et de prières ne pouvait pas être définitivement perdu. À Milan aussi, les sermons d’Ambroise firent impression sur le cœur d’Augustin. Il se mit alors à sonder diligemment les Écritures. Enfin arriva l’heure du renouvellement complet de son cœur et de sa vie. Après une conversation sérieuse avec son ami Alypius, il se hâta de s’enfoncer dans la solitude du jardin. Tandis qu’il agonisait dans la prière, il entendit les mots répétés trois fois : Tolle, lege ! Il prit les Écritures, et son regard tomba sur le passage de Rom., xiii, 13, 14. Cette expression d’une morale chrétienne sévère semblait écrite pour lui seul, et à partir de ce moment il reçut dans son esprit blessé une paix telle qu’il n’en avait jamais connue auparavant. Pour se préparer au baptême, il se retira avec sa mère et quelques amis dans la maison de campagne de l’un d’eux, où des études scientifiques, des exercices pieux et des conversations sur les plus grands problèmes de la vie occupaient son temps. De ces conversations naissent ses écrits philosophiques. À Pâques après J.-C. 387 Ambroise le baptisa, ainsi que son fils illégitime Adeodatus, qui mourut peu de temps après. Son voyage de retour en Afrique fut retardé par la mort de sa mère à Ostie, et enfin, après un séjour de près d’un an à Rome, il retrouva son ancienne demeure. À Rome, il s’appliqua à combattre les erreurs du manichéisme, discutant avec plusieurs de ses anciens compagnons qu’il y rencontra. Après son retour en Afrique en A.D. En 388, il passa quelques années dans son petit domaine patrimonial de Tagaste, où il se livra à des travaux scientifiques. Lors d’une visite occasionnelle à Hippo en A.D. En 391, il fut, en dépit de toute résistance, ordonné prêtre et, en A.D. 395 collègue de l’évêque Valérius, âgé et faible, dont il devint le successeur l’année suivante. C’est alors que commença la brillante période de sa carrière, au cours de laquelle il s’impose comme un pilier de l’Église et le centre de toute la vie théologique et ecclésiastique dans tout le monde occidental. En apr. J.-C. 400 commença sa bataille contre les Donatistes ( 63, 1). Et à peine avait-il réussi à le faire se termina par une discussion religieuse à Carthage en J.-C. 411, lorsqu’il fut entraîné dans une controverse sotériologique beaucoup plus importante par Pélage et ses disciples (53), ce qu’il continua jusqu’à la fin de sa vie. Il mourut en apr. J.-C. 430 pendant le siège de Carthage par les Vandales. Il a écrit sa propre vie dans ses Confessiones (trad. anglaise, Oxf., 1838 ; Éd., 1876). Sous la forme d’une adresse à Dieu, il déploie ici devant l’Omniscient toute sa vie passée, avec toutes ses erreurs et ses providences bienveillantes, dans le langage de la prière pleine de la ferveur la plus sainte et de l’humilité la plus profonde, un commentaire vivant sur les premiers mots : Magnus es, Domine, et laudabilis valde... Fecisti nos ad te, et inquietum est cor nostrum, donec requiescat in te. La biographie de son disciple Possidius peut servir de supplément aux Confessions. — Augustin fut le plus grand, le plus puissant et le plus influent de tous les pères. En raison de ses caractéristiques tout à fait occidentales, il était en effet moins parfaitement compris et apprécié en Orient ; mais sa réputation n’en était que plus grande en Occident, où tout le développement de l’Église et de la doctrine semblait toujours se mouvoir autour de lui comme son centre. Le principal domaine de son activité littéraire, en raison de ses qualités intellectuelles particulières, de sa culture philosophique, de sa faculté spéculative et de son habileté dialectique, ainsi que des conflits ecclésiastiques de son temps, auxquels ses œuvres les plus importantes sont consacrées, était la théologie systématique, la dogmatique et l’éthique, la polémique et l’apologétique. C’est en tant qu’exégète qu’il est le plus faible ; car il s’intéressait peu à la recherche philologique et grammatico-historique du sens littéral simple de l’Écriture. Il ne connaissait pas la langue originale de l’Ancien Testament, et même le Nouveau Testament, il ne le traite que d’une manière populaire selon les traductions latines. Il ne s’occupe pas non plus beaucoup des fondements exégétiques de la dogmatique, qu’il développe plutôt à partir de la conscience chrétienne au moyen de la spéculation et de la dialectique, et de la preuve qu’elle répond aux besoins de l’humanité. Contre la philosophie, il insistait sur l’indépendance et la nécessité de la foi comme présupposé et base de toute connaissance religieuse. Rationabiliter dictum est per prophetam : Nisi credideretis non intelligetis. Credamus ut id quod credimus intelligere valeamus.
47.19. Les œuvres d’Augustin.
47.20. Les disciples et les amis d’Augustin.
47.21. Pélagiens et semi-pélagiens.
47.22. Les docteurs les plus importants de l’Église parmi les papes romains.
47.23. Les conservateurs et les continuateurs de la culture patristique.
48.1. Théologie exégétique.—Rien n’a été fait dans la voie de la critique du texte biblique original. Même Jérôme n’était qu’un traducteur. Pour l’Ancien Testament, la LXX. et les divergences du texte hébreu ont été expliquées comme des altérations juives. L’hébreu était une terra incognita pour les pères, Polychronius et Jérôme n’en sont que des exceptions notables. La méthode allégorique d’interprétation était et continuait d’être la méthode dominante. Les Antiochiens, cependant, lui ont imposé des limites par leur théorie et leur pratique du droit d’interprétation historico-grammaticale. Diodore de Tarse et Théodore de Mopsueste contestèrent les principes d’Origène, tandis que Grégoire de Nysse dans son Proemium in Cant. se chargea de leur défense. La première tentative d’un système herméneutique a été faite par le savant donatiste Tychonius dans son livre les Regulæ vii. ad investigandam intelligentiam ss. Scr. Plus profond est le De doctrina Chr d’Augustin. L’Εἰσαγωγὴ τῆς θείας γραφῆς du grec Adrien, avec son opposition à l’allégorisation immodérée qui prévalait alors, mérite d’être mentionnée ici. Jérôme a contribué à l’introduction biblique par ses diverses Proœmia. La première tentative d’introduction scientifique à l’étude biblique (isagogique et biblico-théologique sous forme de questions et de réponses) se rencontre dans les 2 livres. Instituta regularia div. legis de l’Africain Junilius, un courtisan éminent à Constantinople, vers l’an J.-C. Débloquer le niveau 550. Il existe une traduction latine faite par Junilius à la demande de Primasius, évêque d’Adrumète, d’un traité composé à l’origine en syriaque, par Paul le Perse, professeur du séminaire nestorien de Nisibe, qu’il avait recueilli dans les œuvres de Théodore de Mopsueste, pour les besoins de l’instruction. Le titre de Departibus div. legis, qu’on donne ordinairement à l’ensemble, n’appartient proprement qu’à la première partie du traité. Un guide plus populaire est l’Institutio divinarum litt de Cassiodore. Eusèbe et Épiphane ont apporté quelques contributions à l’archéologie biblique. Parmi les exégètes allégoriques de l’Orient, le plus productif fut Cyrille d’Alexandrie. L’école d’Antioche a produit toute une série d’exposants compétents du sens grammatico-historique de l’Écriture. Dans les commentaires de Chrysostome et d’Éphrem le Syrien, cette méthode d’interprétation est appliquée dans un intérêt directement pratique. Les westerns Hilaire, Ambroise, Ambrosiaster, Jérôme et Augustin, ainsi que leurs imitateurs ultérieurs, font tous des allégorisations ; mais Jérôme s’appliqua aussi avec beaucoup de diligence à élucider le sens grammatical. Seul Pélage se contente de s’en tenir au sens littéral de l’Écriture. À partir du VIe siècle, presque tout travail indépendant dans le département d’exégèse a cessé. Nous n’avons de cette époque que des Catenæ, recueils de passages de commentaires et d’homélies de pères distingués. Le premier écrivain grec de Catenæ fut Procope de Gaza, au VIe siècle ; et le premier écrivain latin de ceux-ci fut Primasius d’Adrumète, vers l’an J.-C. Débloquer le niveau 560.
48.2. Théologie historique.— L’écriture de l’histoire de l’Église a particulièrement prospéré au cours des IVe et Ve siècles (5, 1). Pour l’histoire des hérésies, nous avons Épiphane, Théodoret, Léonce de Byzance ; et parmi les Latins, Augustin, Philastrius [Philaster], et l’auteur de Prædestinatus ( 47, 21f). Il existe de nombreuses biographies de pères distingués. Sur ceux-ci, comparez ce qu’on appelle le Liber pontificalis, voir 90, 6. Jérôme a jeté les bases d’une histoire de la littérature théologique dans une série de biographies, et Gennadius de Massilia a poursuivi ce travail. En ce qui concerne spécialement l’histoire monastique, nous avons parmi les Grecs, Palladius, Théodoret et Joh. Moschus ; et chez les Latins, Rufin, Jérôme, Grégoire le Grand et Grégoire de Tours ( 90, 2). D’une grande importance pour la statistique ecclésiastique est le Τοπογραφία χριστιανική en 12 apr. J.-C., dont l’auteur Cosmas Indicopleustes, moine dans la péninsule du Sinaï vers J.-C. Dans ses premières années de métier de marchand alexandrin, il avait beaucoup voyagé en Orient. La connexion de l’histoire biblique et de l’histoire profane est traitée dans la Chronique d’Eusèbe. Orose traite aussi de l’histoire profane du point de vue chrétien. L’Hist. persecutionis Vandalorum ( 76, 3), de Victor, évêque de Vita en Afrique, vers l’an J.-C. 487, est d’une grande valeur pour l’histoire de l’Église d’Afrique. Pour la chronologie, ce que l’on appelle le Chronicon paschale, en langue grecque, est d’une grande importance. C’est l’œuvre de deux auteurs inconnus ; l’œuvre de celui qui descend jusqu’à J.-C. 354, celle de l’autre, jusqu’à J.-C. Débloquer le niveau 630. Ces tables chronologiques tirent leur nom du fait que les cycles et les indictions de Pâques y sont toujours soigneusement déterminés.
48.3. Théologie systématique.
48.4. Théologie pratique.—Toute la période est singulièrement riche en homilistes distingués. Les plus brillants des prédicateurs grecs furent : Macaire le Grand, Basile le Grand, Grégoire de Nazianze, Éphrem le Syrien, et surtout Chrysostome. Parmi les Latins, les plus distingués étaient Ambroise, Augustin, Zénon de Vérone, Petrus Chrysologus, Léon le Grand et César d’Arles. On trouve une sorte d’homilétique dans le 4e De Doctr. Chr. d’Augustin, et un directoire pour l’œuvre pastorale, dans la Regula pastoralia de Grégoire le Grand. Sur les écrits liturgiques, comp. 59, 6 ; sur les ouvrages constitutionnels, 43, 3-5.
48.5. Poésie chrétienne. — Le commencement de la prédominance du christianisme s’est produit à une époque où l’art poétique avait déjà cessé d’être consacré à la vie nationale du monde antique. Mais c’était une puissance intellectuelle qui pouvait faire gonfler de nouveau la veine poétique, relâchée par la faiblesse de l’âge. En dépit du goût dépravé et de la langue détériorée, il a appelé une nouvelle période d’éclat dans l’histoire de la poésie qui pourrait rivaliser avec la poésie classique, non pas en pureté et en élégance de forme, mais en intensité et en profondeur. Les Latins l’emportèrent en cela sur les Grecs ; car pour eux le christianisme était plutôt une affaire d’expérience, d’émotion, de vie intérieure, pour les Grecs une affaire de connaissance et de spéculation. Parmi les Grecs, les plus distingués sont ceux-ci : Grégoire de Nazianze. Il mérite d’être remarqué principalement pour sa satire Carmen de vita sua, περὶ ἑαυτοῦ. Parmi ses nombreux autres poèmes, il y a de beaux hymnes et de nombreuses phrases frappantes, mais aussi beaucoup de choses faibles et plates. Le drame ριστὸς πάσχων, portant peut-être à tort son nom, calqué sur les tragédies d’Euripide et composé en grande partie de vers d’Euripide, n’est pas sans intérêt comme la première pièce de la passion chrétienne, et contient quelques beaux passages ; par exemple, la lamentation de Marie ; mais elle est dans l’ensemble insipide et confuse. Nonnus de Panopolis, vers J.-C. 400, a écrit un Παράφρασις ἐπικὴ τοῦ Εὐαγγ. κατὰ Ἰωάννην, un peu plus utile pour la critique textuelle et l’archéologie, que susceptible de procurer la jouissance en tant que poésie. Des œuvres poétiques de l’impératrice Eudocie, femme de Théodose II, fille du rhéteur païen Léonce d’Athènes, d’où le nom d’Athénaïs (elle mourut vers l’an 460), il ne nous est parvenu que des fragments de leurs traductions dans les légendes cypriennes. La perte de ses homéro-centoes célébrées par Photius, c’est-à-dire des reproductions des livres bibliques du Nouveau Testament en paroles et en vers purement homériques, n’est peut-être pas très à déplorer. D’autre part, la description poétique de l’église de Sophia, construite par Justinien Ier. et de l’ambon de cette église que Paulus Silentiarius a laissé derrière lui, n’a pas seulement une valeur archéologique, mais n’est pas non plus sans mérite poétique.
48.6. La poésie latine chrétienne a atteint sa plus haute excellence dans la composition d’hymnes ( 59, 4). Mais aussi dans les formes les plus ambitieuses des poèmes épiques, didactiques, panégyriques et hortatoires, il a des représentants respectables, surtout en Espagne et en Gaule, dont l’excellence de l’exécution pendant une telle période d’agitation et de confusion est vraiment merveilleuse. C’est au IVe siècle qu’appartient l’Espagnol Juvencus, vers J.-C. Débloquer le niveau 330. Son Hist. evangelica, en 4 livres, est la première épopée chrétienne ; une œuvre d’une simplicité sublime, exempte de toute grandiloquence ou diatribe rhétorique, qui lui valut le nom de « Virgile chrétien ». Son Liber in Genesin versifie de la même manière l’histoire mosaïque des patriarches. Son compatriote Prudentius, qui mourut vers l’an J.-C. 410, était un poète de premier ordre, distingué par la profondeur de sa sensibilité, son enthousiasme ardent, son débit lyrique élevé et son habileté singulière dans la versification. Son Liber Cathemerinon se compose de 12 hymnes, pour les 12 heures de la journée, et son Liber Peristephanon, 14 hymnes sur le même nombre de saints qui avaient gagné la couronne du martyr ; son Apothéose est une glorification anti-arienne du Christ ; l’Hamartigenia traite de l’origine du péché ; la Psychomachie décrit le conflit des vertus et des vices de l’âme humaine ; et ses 2 bks. Contra Symmachum combat les vues de Symmaque, mentionnées en 42, 4. le Ve siècle est florissant : Paulin, évêque de Nole en Campanie, mort en J.-C. Débloquer le niveau 431. Il a laissé derrière lui 30 poèmes, dont 13 célèbrent dans un langage noble et enthousiaste, la vie de Félix de Nole, martyr pendant la persécution de Dèce. Coelius Sedulius, un Irlandais ( ?), composa en vers doux et dignes la Vie de Jésus, et la Mirabilia divina s. Opus paschale, ainsi appelée de 1 Cor. v. 7 en 5 livres ; et une Collatio V. et N.T. en vers élégiaques. Le De libero arbitrio c. ingratos du Gaulois Prosper Aquitanicus fouette avec une fureur poétique les ingrats contempteurs de la grâce (53, 5). le poète le plus important du VIe siècle fut Venantius Fortunatus, évêque de Poitiers, Vita Martini, hymnes, élégies, etc.
48.7. Dans l’Église nationale syrienne, la première place en tant que poète appartient à Éphrem, la Propheta Syrorum. En termes de dotation poétique, de flux lyrique, de profondeur et d’intensité des sentiments, il laisse tous les écrivains ultérieurs loin derrière. À côté de lui se tient Cyrillonas, vers J.-C. 400, un poète dont le nom même, jusqu’à tout récemment, était inconnu, dont six poèmes existent, dont deux sont des homélies métriques. De Rabulas d’Édesse, mort en apr. J.-C. 435, le célèbre partisan de Cyrille d’Alexandrie (53, 3), et de Baläus, vers J.-C. Nous ne possédons qu’un certain nombre d’odes liturgiques, qui ne sont pas tout à fait dépourvues de mérite poétique. On ne peut cependant pas en dire autant des œuvres poétiques d’Isaac d’Antioche, mort vers J.-C. 460, remplis de polémiques glaciales contre Nestorius et Eutychès, dont leur éditeur catholique (éd. Op. G. Bickell, Giess., 1873 et suiv.) doit avouer qu’elles sont tout à fait « insipides, plates et ennuyeuses, et vont et viennent en tautologies sans fin ». Moins vides et moins ennuyeuses sont les effusions poétiques du célèbre Jacob de Sarug, mort en J.-C. 521 ; Histoires bibliques, homélies métriques, hymnes, etc. La plupart des nombreuses odes liturgiques sont des compositions d’auteurs inconnus.
48.8. L’histoire légendaire de Cyprien.—À la base de l’interprétation poétique de cette légende en 3 livres par l’impératrice Eudocie, vers l’an J.-C. 440, se trouvent trois petits ouvrages en prose, qui existent encore dans l’original grec et dans diverses traductions. Dans sa première jeunesse, Cyprien, poussé par un désir insatiable de connaissance, de pouvoir et de jouissance, cherche à obtenir toute la sagesse des Grecs, tous les mystères de l’Orient, et pour cela il voyage à travers la Grèce, l’Égypte et la Chaldée. Mais quand il obtient tout cela, il n’est pas satisfait ; Il fait un pacte avec le diable, auquel il s’abandonne sans réserve, qui à son tour met à sa disposition une grande multitude de démons, et promet de faire de lui désormais l’un de ses principaux princes. Puis il arrive à Antioche. C’est là qu’Aglaidas, éminent sophiste païen, qui a tout abandonné en vain pour gagner l’amour d’une jeune fille nommée Justine, qui avait fait vœu de virginité perpétuelle, fait appel à ses arts magiques, afin d’atteindre ainsi le but si ardemment désiré. Cyprien entre dans l’affaire avec d’autant plus d’empressement qu’il a lui-même nourri une forte passion pour la belle jeune fille. Mais les démons envoyés par lui, enfin le diable lui-même, sont forcés de fuir loin d’elle, parce qu’elle invoque le nom de Jésus et fait le signe de la croix, et sont obligés de reconnaître leur impuissance devant le Dieu des chrétiens. Cyprien se repent, répudie son alliance avec le diable, dépose devant une assemblée de chrétiens d’Antioche une confession inspirée par la douleur la plus profonde et désespérée des innombrables maux qu’il a commis avec l’aide des démons, est consolé par les chrétiens présents au moyen de paroles consolatrices de l’Écriture, reçoit le baptême, entre dans les rangs du clergé en tant que lecteur, passe rapidement par les divers offices ecclésiastiques, et souffre la mort d’un martyr comme évêque d’Antioche, avec Justine, sous l’empereur Claude II. 379, « le jour du saint martyr et évêque Cyprien », traite de la légende, dans laquelle, sans plus tarder, il identifie le sorcier converti d’Antioche avec le célèbre évêque carthaginois de ce nom, et lui fait souffrir le martyre sous Dèce ( ?). ― Le roman a peut-être emprunté le nom de son héros à un vieux sorcier ; mais son type de caractère est certainement à chercher dans les efforts philosophico-théurgiques de l’école syrio-néoplatonicienne de Jamblique ( 24, 2), dans lequel le paganisme alors expirant rassembla ses dernières énergies pour entrer en conflit avec le christianisme victorieux. La conception de l’héroïne, d’autre part, est empruntée, avec de légères modifications, à la légende de Thècle (32, 6). Par la Legenda aurea ( 104, 8), qui n’est qu’une adaptation de celle-ci, la légende de Cyprien a été perpétuée même au-delà de l’époque de la Réforme. Le « Magicien miraculeux » de Calderon présente un catholique espagnol, comme la légende de Faustus du XVIe siècle présente une construction protestante allemande, qui, cependant, en opposition directe avec la tendance de la légende chrétienne primitive, permet au magicien de tomber en enfer parce que son repentir est venu trop tard. L’Église romaine, cependant, maintient toujours l’authenticité historique de la vieille légende, et célèbre les deux saints supposés le même jour, le 25 septembre.
Alors qu’une plénitude considérable de la doctrine chrétienne avait déjà trouvé dans les périodes précédentes un développement subjectif et par conséquent diversement diversifié, il était devenu nécessaire, en plus d’être exigé par l’état modifié des choses, que l’Église passe au crible et confirme ce qui était déjà développé ou était encore en cours de développement. L’effort vers la compréhension scientifique universelle et la définition précise devenait chaque jour plus fort. Les relations animées entre les Églises, qui empêchaient les divers types doctrinaux d’être limités à des pays particuliers, mettaient en contact et opposaient des points de vue opposés. La cour, le peuple, les moines prirent part, et ainsi l’église devint le théâtre de luttes passionnées et distrayantes, qui conduisirent à la publication d’un canon d’orthodoxie reconnu par toute l’Église catholique d’Occident et d’Orient, et à la marque d’hérésie toute déviation de celui-ci.
Les hérésies de la période précédente étaient principalement de type syncrétique (26). Celles de la période considérée ont un caractère évolutif ou formateur. Elles consistent dans la construction du système de doctrine par l’attention exclusive et l’estimation extrême de l’un des côtés de la vérité chrétienne qui se développe, qui passe ainsi dans l’erreur ; tandis que c’est la tâche de l’orthodoxie de donner un développement proportionné aux deux parties et de les mettre en harmonie. Parmi les hérésies syncrasiques, on n’y trouve que des traces sporadiques de la période précédente ( 54). La troisième forme possible d’hérésies est l’hérésie révolutionnaire ou réformatrice. Les hérétiques de cette classe s’imaginent qu’ils voient dans le système développé et fixe de l’église catholique des excroissances et des dégénérescences qui n’existent pas, de sorte qu’en les supprimant l’église est blessée et entravée dans ses fonctions essentielles et normales, ou qui existent réellement, mais qui, pour la plupart, ne sont pas maintenant dûment distinguées des résultats d’un développement sain et normal. de sorte que le bien serait enlevé avec le mal. Au cours de la période considérée, seuls des cas isolés de ce genre d’hérésie sont rencontrés ( 62).
La série des disputes doctrinales s’ouvrit avec la controverse trinitaire ou arienne. Il s’agissait tout d’abord de la nature et de l’être du Logos devenu homme dans le Christ et de la relation de ce Logos avec le Père. Depuis l’époque de la controverse des deux Dionysies ( 33, 7) l’idée de la consubstantialité du Fils et du Père avait trouvé des partisans même à Alexandrie et une nouvelle école s’était formée avec elle comme doctrine fondamentale (47, 1). Mais la crainte excitée par Sabellius et les Samosates ( 33, 8), que la reconnaissance de l’homoousie pourrait conduire au monarchianisme, provoqua une forte réaction et condamna beaucoup d’excellents pères aux liens du subordinationisme. C’était avant tout l’école de Lucien d’Antioche (31, 9) qui a fourni des prétendants capables contre l’Homoousia. Chez Origène, les deux contraires, la subordination et la génération éternelle de la substance du Père, avaient été maintenus ensemble (33, 6). Maintenant, ils sont mis en avant séparément l’un de l’autre. D’un côté, Athanase et son parti répudient la subordination, mais s’en tiennent fermement à la génération éternelle, et perfectionnent leur théorie par l’adoption de l’Homoousia ; mais de l’autre côté, Arius et son parti renonçaient à la génération éternelle, et s’accrochaient à la subordination, et allaient jusqu’à proclamer l’Hétéroousie. Un troisième groupe intermédiaire, les semi-ariens, pour la plupart des origénistes, souhaitait lier les contraires séparés avec le ciment nouvellement découvert de l’ὁμοιουσία. Au cours des controverses qui éclatèrent et firent rage dans toute l’Église depuis près d’un siècle, la question de la position trinitaire du Saint-Esprit fut nécessairement entraînée dans la discussion. Après diverses expériences de victoire et de déconvenue, l’homoousia du Fils et de l’Esprit s’affirma enfin et devint le mot d’ordre d’une orthodoxie inviolable.
50.1. Victoire préliminaire de l’Homoousia, A.D. 318-325 ― Arius, disciple de Lucien, de J.-C. 313 presbytre d’Alexandrie, un homme d’une intelligence claire et d’un esprit critique subtil, était en A.D. 318 accusé de la négation de la divinité du Christ, parce qu’il enseignait publiquement que si le Fils était bien avant tous les temps, il n’était pas de toute éternité (ἦν ὅτε οὐκ ἦν), que par la volonté du Père (θελήματι θεοῦ) il a été créé à partir de rien (κτίσμα ἐξ οὐκ ὄντων), et que par son activité médiatrice le monde a été appelé à l’existence ; comme l’image créée la plus parfaite du Père et comme exécuteur du plan divin de la création, il pourrait en effet être appelé d’une manière inexacte θεός et λόγος. Alexandre, évêque d’Alexandrie à cette époque, qui soutenait la doctrine de la génération éternelle et de la consubstantialité, convoqua un synode à Alexandrie en A.D. 321, qui condamna la doctrine d’Arius et le déposa. Mais le peuple, qui le vénérait comme un ascète strict, et de nombreux évêques, qui partageaient ses vues, se joignirent à lui. Il demanda également la protection d’évêques célèbres dans d’autres endroits, en particulier à son ancien condisciple (Συλλουκιανίστης) Eusèbe de Nicomédie, et au très influent Eusèbe de Césarée (47, 2). Le premier se prononça sans réserve en faveur de la doctrine arienne ; Celui-ci le considérait au moins comme non dangereux. Arius répandit ses idées parmi le peuple au moyen de chansons populaires pour les hommes de divers métiers et vocations, pour les meuniers, les marins, les voyageurs, etc. C’est ainsi qu’un grave schisme se répandit dans presque tout l’Orient. À Alexandrie, la controverse fut menée avec tant de passion que les païens en firent un sujet d’opprobre au théâtre. Lorsque Constantin le Grand reçut la nouvelle de cette agitation générale, il fut très mécontent. Il ordonna, en vain, comme on pouvait s’y attendre, d’éviter toutes les querelles inutiles (ἐλάχισται ζητήσεις). Hosius, évêque de Cordoue, qui porta l’injonction impériale à Alexandrie, apprit l’état des choses et la gravité du conflit, et amena l’empereur à voir la chose sous un autre jour. Constantin fut convoqué en apr. J.-C. 325 un concile œcuménique à Nicée, où lui-même et 318 évêques se réunissaient. La majorité, avec Eusèbe de Césarée à sa tête, était origéniste et cherchait, comme le faisaient aussi les Eusébiens, le parti d’Eusèbe de Nicomédie, à servir de médiateur entre les points de vue opposés, ces derniers étant cependant beaucoup plus favorables aux ariens. Les partisans de l’Homoousia étaient en minorité décidée, mais l’éloquence vigoureuse du jeune diacre Athanase, qu’Alexandre amena avec lui, et la faveur de l’empereur, assurèrent un ascendant complet à leur doctrine. Sur la base de la formule baptismale proposée par Eusèbe de Césarée à sa propre congrégation, une nouvelle confession de foi a été esquissée, qui a été désormais utilisée pour marquer les limites de cette discussion trinitaire. Dans ce credo, on évitait plusieurs expressions qui, bien que bibliques, avaient été comprises par les ariens dans un sens qui leur était propre, comme πρωτότοκος πάσης τῆς κτίσεως πρὸ πάντων τῶν αἰώνιων, et à leur place strictement Homoousous Ian formulæ ont été substitués, ἐκ τῆς οὐσίας τοῦ πατρός, γεννηθεὶς οὐ ποιηθεὶς, ὁμοούσιος τῷ πατρί ; tandis qu’avec des anathèmes supplémentaires, ces points de vue opposés étaient condemnée. C’était le Symbolum Nicænum. Arius fut excommunié et ses écrits condamnés à être brûlés. La crainte de la déposition et l’amour de la paix ont incité beaucoup de gens qui n’étaient pas convaincus à s’abonner. Seuls Arius lui-même et deux évêques égyptiens, Theonas et Secundus, refusèrent et s’exilèrent en Illyrie. Eusèbe de Nicomédie et Théognis de Nicée, qui avaient souscrit au Symbole mais refusé de signer la formule d’anathème, furent bannis trois mois plus tard en Gaule.151
50.2. Victoire de l’eusébianisme, apr. J.-C. 328-356. — Cette unité sous le symbole de Nicée n’était qu’artificielle et ne pouvait donc pas durer. La sœur mourante de l’empereur, Constantia, et la persuasion d’évêques distingués incitèrent Constantin à revenir à son point de vue antérieur sur la controverse. Arius accepta une confession rédigée en termes généraux et fut, avec les autres bannis, rétablie en apr. J.-C. Débloquer le niveau 328. Peu de temps après, en apr. J.-C. En 330, l’empereur ordonna qu’Arius fût rétabli dans ses fonctions. Mais pendant ce temps, en A.D. En 328, Athanase lui-même était devenu évêque et répondit avec une détermination inébranlable qu’il ne s’y conformerait pas. L’empereur le menaça de le déposer, mais par une conférence personnelle, Athanase fit une telle impression sur lui qu’il céda. Les ennemis d’Athanase, cependant, en particulier les Mélétiens chassés par Eusèbe de Nicomédie (41, 4), Il ne cessa pas d’exciter les soupçons sur lui comme perturbateur de la paix, et obtint de l’empereur qu’il rouvrît la question lors d’un synode à Tyr, en l’an de suite. 335. composé de purs Ariens. Athanase a fait appel de son verdict de déposition. Un nouveau synode fut convoqué à Constantinople en l’an 2000. 335 et l’empereur le bannit à Trèves en A.D. Débloquer le niveau 336. Il fut alors ordonné que, malgré l’opposition de l’évêque de Constantinople, Arius y fût reçu de nouveau dans la communion ecclésiastique, mais la veille du jour fixé, il mourut subitement, âgé de plus de quatre-vingts ans. Constantin le Grand le suivit bientôt, après J.-C. 337, et Constantin II rétablit Athanase dans son église, qui le reçut avec enthousiasme. Constance, cependant, était décidément favorable aux Eusébiens, et cela donnait du ton à la cour et à la capitale où, dans toutes les rues et sur tous les marchés, dans toutes les boutiques et dans toutes les maisons, les questions dont il était question étaient examinées et discutées. Les évêques orientaux, pour la plupart, hésitent entre les deux extrêmes et se laissent guider par Eusèbe de Nicomédie. Lui et son parti ont réussi pendant un certain temps à mettre de côté la formule homoousienne tout en conservant une apparence d’orthodoxie. Eusèbe, qui, à partir de J.-C. 338 était évêque dans la capitale, mort en A.D. 341, mais son parti continuait d’intriguer dans son esprit. Tout l’Occident, au contraire, était strictement nicéen. Les Eusébiens en apr. J.-C. En 340, il ouvrit un concile à Antioche, qui déposa de nouveau Athanase, et mit à sa place un grossier Cappadoce, Gregorius. Athanase s’enfuit à Rome, où un concile dirigé par l’évêque Jules en apr. J.-C. 341 reconnut solennellement son orthodoxie et son innocence. Un nouveau concile s’est réuni à Antioche en apr. J.-C. 340 pour la consécration d’une église, esquissait quatre credo l’un après l’autre, se rapprochant en effet, afin de concilier l’Occident, le plus près possible de celui de Nicée, mais en évitant soigneusement le terme ὁμοούσιος. Dans l’intérêt de l’unité, Constance et Constant convoquèrent conjointement un concile œcuménique à Sardica en Illyrie en J.-C. Débloquer le niveau 344. Mais lorsque les Occidentaux, sous le préLe sidius d’Hosius, ne tenant pas compte de l’anathème d’Antioche, accorda un siège et un vote à Athanase, les Orientaux se retirèrent et formèrent un conseil d’opposition à Philippopolis en Thrace. À Sardique, où d’importants privilèges furent accordés à l’évêque romain Jules (46, 3), le credo de Nicée a été renouvelé et Athanase a été restauré. Constance, après la mort de Grégoire, qui entre-temps était devenu doublement haï à cause de ses actes violents, confirma la restauration d’Athanase, et l’église d’Alexandrie reçut de nouveau son ancien pasteur avec des cris de joie. Mais après la mort de Constans en apr. J.-C. En 350, Constance se rallie de nouveau aux ariens. Ils se sont réunis au concile de Sirmium en Pannonie en J.-C. 351, mais ils ne frappèrent pas directement Athanase, mais d’abord seulement un de ses amis qui leur présenta un point faible. L’évêque Marcellus d’Ancyre, en Galatie, par sa défense zélée de l’homoousie de Nicée, avait été trompé par l’utilisation d’expressions et de vues sabelliennes. Lors d’un synode à Constantinople en apr. J.-C. Il fut suspendu à cause de cela, puis combattu par Eusèbe de Césarée dans le cours de ce concile ; mais en Occident et au concile de Sardique, il avait été défendu. Par la suite, cependant, l’un de ses propres érudits, Photinus, évêque de Sirmium, avait dérivé vers un monarchisme indubitable, et même dans un monarchianisme dynamique (33, 1). Sa doctrine avait déjà été rejetée comme hérétique lors d’un concile à Antioche en J.-C. 344 et aussi en Occident lors d’un concile nettement nicéen, à Milan, en 1944. Débloquer le niveau 345. Le concile de Sirmium le déposa formellement et, avec lui, condamna aussi la doctrine de Marcellus.152 Les Eusébiens, cependant, ne s’en contentèrent pas. Dès que Constance, par la conquête de l’usurpateur Magnence, eut les mains absolument libres, il organisa, à leur instigation, deux synodes eusébiens, l’un à Arles en Gaule, après J.-C. 353, l’autre à Milan, A.D. 355, où Athanase fut de nouveau condamné. L’empereur ordonna alors à tous les évêques occidentaux de souscrire à sa condamnation. Ceux qui refusaient étaient destitués et bannis. Parmi eux se trouvaient l’évêque romain Libère, Hosius de Cordoue, Hilaire de Poitiers, Eusèbe de Verceil et Lucifer de Calaris. Et voici qu’un second Grégoire, un Cappadoce, non moins grossier et moins passionné que le premier, fut installé de force évêque d’Alexandrie. Athanase accomplit le service d’une manière calme et digne, puis se retira chez les moines dans le désert égyptien en J.-C. Débloquer le niveau 356. Il semblait donc que l’arianisme, sous la forme modifiée ou plutôt dissimulée de l’eusébianisme, avait remporté une victoire finale dans toute l’étendue de l’Empire romain.
50.3. Victoire de l’homoiousianisme, A.D. 357-361. — Les Eusébiens se brouillèrent entre eux. Le parti le plus extrémiste, avec à leur tête le diacre d’Antioche Aëtius et l’évêque Eunomius de Cyzique, poussa son hérésie jusqu’à déclarer que le Fils est différent du Père (ἀνόμοιος). C’est pourquoi on les appelait Anomœens, et aussi Exucontiens (ἐξ οὐκ ὄντων). Mais aussi le parti nettement modéré, appelé semi-ariens153 ou les Homoiousiens, dès leur adoption de la formule ὁμοιούσιος, se préparèrent à un conflit décisif. À leur tête se tenait Basile, évêque d’Ancyre, et Constance leur était favorable. Mais les intrigants évêques de la cour, Ursace et Valens, strictement ariens de cœur, savaient arriver à leurs fins par des voies secrètes. Avec le consentement de l’empereur, ils tinrent un second concile à Sirmium en apr. J.-C. 357, où l’on décida d’éviter complètement l’expression non biblique οὐσία, qui était à l’origine de toutes les disputes, d’abandonner toutes les définitions de la nature de Dieu qui sont incompréhensibles pour l’homme, et de s’unir sur la simple formule, que le Fils est semblable au Père (ὅμοιος d’où le nom d’Homoïens). Hosius de Cordoue, aisé par l’âge et les souffrances, acheta son sursis par souscription. Il mourut, après un repentir amer, en J.-C. 361, alors qu’il avait presque cent ans. Le reste des Occidentaux, cependant, au synode d’Agén, renouvela sa confession de Nicée ; les semi-ariens sous Basile à Ancyre, leur Confession d’Antioche. Ces derniers, eux aussi, ont eu accès à l’empereur, qui a fait confirmer leur confession lors d’un troisième synode à Sirmium en J.-C. 358, et obligea les évêques de la cour à le signer. Celui-ci parvint alors à un compromis avec les semi-ariens dans la formule : τὸν Υἱὸν ὅμοιον τῷ Πατρὶ εἶναι κατὰ πάντα ὡς αἱ ἅγιαι γραφαὶ λέγουσιν. Libère de Rome, lui aussi, épuisé par trois ans d’exil, accepta de signer ce symbole et se hasarda à retourner à Rome (46, 4). La formule plut si bien à l’empereur qu’il décida de la faire confirmer par un concile œcuménique. Mais afin d’empêcher la redoutable combinaison des Homoousiens et des Homoiousiens en Occident, Ursace et Valens s’arrangeèrent pour avoir deux conciles au lieu d’un, un concile oriental à Séleucie et un concile occidental à Rimini, après J.-C. Débloquer le niveau 359. L’un et l’autre rejetèrent la formule de Sirmium ; les Orientaux par celui d’Antioche, les Occidentaux par celui de Nicée. Mais Ursace savait les fatiguer par des intrigues astucieuses. Lorsque les évêques eurent passé deux ans à Séleucie et à Rimini, ce qui ne leur parut pas mieux qu’un bannissement, et que leurs messagers, après un voyage de six mois, n’eurent pas réussi à obtenir une audience de l’empereur, ils souscrivirent enfin au symbole homoïen. Ceux qui refusèrent, Aëtius et Eunomius, furent persécutés comme perturbateurs de la paix de l’Église. C’est ainsi que le credo homoïen a prévalu dans tout l’empire romain. La mort de Constance, cependant, en apr. J.-C. 361, rompit bientôt ce lien artificiel.
50.4. Victoire finale du Credo de Nicée, A.D. 361-381. — Julien donna des droits égaux à tous les partis et rappela tous les évêques bannis, de sorte que beaucoup d’églises avaient deux ou trois évêques. Athanase revint aussi. Pour le rétablissement de l’ordre ecclésiastique, il convoqua un synode à Alexandrie en apr. J.-C. 362, et là, dans l’exercice d’un tempérament doux et sage, il reçut de nouveau dans la communion ecclésiastique les évêques ariens pénitents, malgré les protestations du zélote sévère Lucifer de Calaris. Les heureux résultats de la procédure d’Athanase amenèrent de nouveau l’empereur à le bannir, sous prétexte qu’il était un perturbateur de la paix. Le successeur de Julien, Jovien, était favorable à la doctrine nicéenne et rétablit immédiatement Athanase, après J.-C. 364, tout en étendant la tolérance aux ariens. Mais Valens, à qui son frère Valentinien Ier. capitula l’Orient, A.D. 364-378, s’est révélé un arien zélé. Il se déchaîna avec une égale violence contre les Athanasiens et contre les semi-ariens, et les poussa ainsi à se lier d’étroites relations l’un avec l’autre. Athanase fut obligé de fuir, mais il se hasarda au bout de quatre mois à revenir, et vécut en paix jusqu’à la fin de ses jours. Il mourut en apr. J.-C. Débloquer le niveau 373. Pendant ce temps, Valens était limité dans ses persécutions de deux côtés, par les représentations pressantes de son frère Valentinien, et par la résistance virile d’évêques éminents, en particulier les trois Cappadociens (47, 4). Les machinations de l’impératrice d’Occident Justinia, pendant la minorité de son fils Valentinien II, furent mises en échec et mat par Ambroise de Milan. Il s’opposa passivement, mais victorieusement, aux soldats qui devaient s’emparer de son église pour les ariens par une congrégation priant et chantant des psaumes. Théodose le Grand a donné le coup de grâce à l’arianisme. Il appela Grégoire de Nazianze à la chaire patriarcale de Constantinople. À Grégoire aussi, à une époque ultérieure, il attribua la présidence du soi-disant deuxième concile œcuménique à Constantinople en J.-C. Débloquer le niveau 381.154―Quand, Cependant, son patriarcat a été attaqué, parce qu’il avait changé d’évêché (45), Il a démissionné de son poste. Aucun nouveau symbole n’a été rédigé ici, mais seul le symbole de Nicée a été confirmé comme irréfragable. Sur le symbole dit nicéen-constantinopolitain, comp. 59, 2. Après cela, les ariens ne s’aventurèrent plus qu’à tenir des offices en dehors des villes. Par la suite, toutes les églises de l’empire leur furent enlevées. 381 ne représentait pas équitablement les parties. Convoqué par l’empereur d’Orient de l’époque, et donc composé uniquement d’évêques orientaux, il n’était pas proprement un synode œcuménique, et pendant longtemps, même en Orient même, il n’a pas été considéré comme tel. Cependant, il était important pour l’évêque de Constantinople qu’elle ait ce rang, et ses efforts étaient favorisés par la circonstance qu’elle avait été appelée par Théodose, qui était honoré à la fois en Orient et en Occident comme potentat unique et « second Constantin ». Après le concile de Chalcédoine en apr. J.-C. 451 ( 46, 1) tout l’Orient était unanime à le reconnaître. L’Occident, au moins Rome, la rejeta encore, jusqu’à ce que, finalement, sous Justinien Ier, par suite de la dépendance de la chaire romaine à la cour byzantine (46, 9), la querelle ne fût plus agitée ici.
50.5. Les Pneumatomachiens, A.D. 362-381. — Arius et les ariens avaient décrit le Saint-Esprit comme la première créature produite par le Fils. Mais même les défenseurs zélés de l’Homoousia du Fils hésitaient. Le symbole de Nicée se contentait d’un καὶ εἰς τὸ Πνεῦμα ἅγιον ; et Hilaire de Poitiers lui-même, évitant toute définition exacte, se contenta d’enregistrer les phrases de l’Écriture. Mais Athanase, au synode d’Alexandrie en apr. J.-C. En 362, Didyme l’Aveugle et les trois Cappadociens appliquèrent constamment leur idée de l’Homoousia à l’Esprit et gagnèrent l’adhésion des théologiens nicéens. C’était le plus difficile pour les semi-ariens qui avaient accepté la plate-forme de Nicée, à la tête de laquelle se tenait Macédonius, évêque de Constantinople, qui avait été déposé par les Homoiens en J.-C. 360, d’acquiescer à cette conclusion (Macédoniens, Pneumatomachiens). Le soi-disant deuxième Concile œcuménique de l’A.D. 381 sanctionna dans un « Tome » doctrinal aujourd’hui perdu la pleine Homoousia du Saint-Esprit. L’Occident avait déjà, en J.-C. 380 Lors d’un synode romain sous la présidence de l’évêque Damase, il condamna en 24 anathèmes, ainsi que toutes les autres erreurs trinitaires, toute sorte d’opposition à l’homoousia parfaite de l’Esprit.155
50.6. La littérature de la controverse. — Arius lui-même développa sa doctrine dans un écrit à demi poétique, le Θάλεια, dont Athanase donne des fragments. L’arianisme a trouvé un apologiste zélé dans le sophiste Astérius, dont le traité est perdu. L’historien de l’Église, Philostorgius (5, 1), a cherché à le justifier historiquement. Du côté semi-arien, Eusèbe de Césarée écrivit contre Marcellus : Κατὰ Μαρκέλλου et Περὶ τῆς ἐκκλησιαστικῆς θεολογίας. Le Ἀπολογητικός d’Eunomius est perdu. Parmi les adversaires de l’arianisme, Athanase occupe de loin la première place (IV. Oraisons contre les ariens, Ep. concernant les conciles de Séleucie et d’Ariminum, Hist. des ariens aux moines, Apologie contre les ariens, etc., tous inclus dans Hist. Tracts of Athanasius, Lib. of Fath., 2 vol., Oxf., 1843 sq.). Sur les œuvres d’Apollinaire appartenant à cette controverse, voir 47, 5. Basile le Grand a écrit 4 bks. contre Eunomius ; Περὶ τοῦ ἁγίου Πνεῦματος, Ad Amphilochium, contre les Pneumatomachiens. Grégoire de Nazianze a écrit cinq Λόγοι θεολογικοί. Grégoire de Nysse 12 Λόγοι ἀντιῤῥητικοὶ κατὰ Εὐνομίου. Didyme l’aveugle, 3 bks. De Trinitate. Épiphane, le Ἀγκυρώτος. Cyrille d’Alexandrie a θησαυρὸς περὶ τῆς ἁγίας καὶ ὁμοούσιας Τριάδος. Chrysostome prononça douze discours contre les Anomoiens. Théodoret a écrit Dialogi VII. d. s. Trinité. Éphraëm Syrus, lui aussi, combattait fréquemment les ariens dans ses sermons. Parmi les Latins, les polémistes les plus célèbres sont : Lucifer de Calaris (Ad Constantium, p. Lb. II. pro Athen.) ; Hilaire de Poitiers (De Trinitate Lb. I., de Synodus s. de fide Orientalium, contra Constantium Aug. ; C. Auxentium) ; Phœbadius, évêque d’Agénum vers l’an J.-C. 359 (C. Arianos) ; Ambroise (De fide ad Gratianum Aug. Lb. V.) ; Augustin (C. Sermonem Arianorum ; Collatio cum Maximo Arianorum episc. ; C. Maximinum) ; Fulgentius de Ruspe (C. Arianos, et 3 bks. contre le roi vandale arien Thrasimund).
50.7. Développement post-nicéen du dogme. — Même le symbole de Nicée n’a pas complètement surmonté toute trace de subordinationisme. Il est au moins possible d’une interprétation subordinationiste lorsque le Père seul est appelé εἷς θεός et donc identifié avec les Monas. Augustin surmonta complètement ce défaut (De Trinitate, lb. XV). La personnalité de l’Esprit, ainsi que sa relation avec le Père et le Fils, n’avaient pas encore été déterminées. Un pas a été fait vers la formulation de la doctrine de la personnalité de l’Esprit par la reconnaissance dans le Tome aujourd’hui perdu du Concile de Constantinople de l’ère chrétienne. 381 de la pleine homoousie de l’Esprit avec le Père et le Fils.156 Mais la doctrine des relations de l’Esprit avec le Père et le Fils restait indéterminée et même par l’addition (à l’εἰς τὸ πν. ἅγ.) de : τὸ κυρίον, τὸ ζωοποιὸν, τὸ ἐκ πατρὸς ἐκπορευόμεν ον, τὸ σὺν τῷ πατρὶ καὶ τῷ υἱῷ συνπροσκυνούμενον καὶ συνδοξαζόμενον dans le soi-disant Symbolum Nic.-Constant. ( 59, 2), une définition si incomplète a été obtenue, que même cinq cents ans plus tard, le grand schisme qui a déchiré l’Église en une division orientale et une division occidentale a trouvé en cela sa base doctrinale (67, 1). Entre-temps, Augustin avait également développé cette doctrine, et enseigné dans ses spéculations sur l’Esprit qu’il procédait du Fils aussi bien que du Père (Jean, xv. 26). Fulgentius de Ruspe fut le représentant le plus célèbre du développement ultérieur du dogme (De s. Trinitate). Le Credo dit d’Athanase (59, 2) a simplement adopté ce développement avancé dans la proposition : qui procède à Patre et Filio. De même, le Filioque se trouve aussi dans ce qu’on appelle la Nic.-Constante. Credo présenté au Synode de Tolède en A.D. 589 ( 76, 2).―Suite 67, 1 ; 91, 2.
50.8. Les schismes à la suite de la controverse arienne.
Naturellement et nécessairement, les christologiques sont étroitement liés aux controverses trinitaires (52). Mais entre les deux se trouve une autre controverse, l’origéniste, qui était en effet plus d’intérêt personnel qu’ecclésiastique, mais qui renforçait encore l’Église dans la conviction qu’Origène était un archi-hérétique.
Les moines des déserts de Scétique et de Nitrie. — Les défenseurs les plus distingués de l’orthodoxie nicéenne, Athanase, les trois Cappadociens, Didyme, Hilaire, etc., avaient tous tenu Origène en haute estime. Mais les références constantes des ariens à son autorité le discréditèrent, non seulement parmi les opposants les plus étroits d’esprit d’Arius, surtout en Occident, mais aussi parmi les moines du désert scétique en Égypte, avec Pacôme à leur tête. Ceux-ci ont répudié la spéculation d’Origène comme la source de toute hérésie, et dans leurs vues sur Dieu et les choses divines, ils ont adopté un anthropomorphisme grossier. Épiphane, évêque de Salamine, appartenait aussi à l’origine à ce parti (47, 10). En opposition directe avec eux, un autre ordre monastique égyptien du désert de Nitrie adhérait à Origène avec une révérence enthousiaste et s’occupait d’un mysticisme contemplatif pieux qui tendait vers un spiritualisme quelque peu extrême.
51.2. La controverse en Palestine et en Italie, A.D. En Palestine, Origène avait un chaleureux soutien dans l’évêque de Jérusalem, et dans les deux latins Jérôme et Rufin qui y séjournaient (47, 16, 17). Mais lorsqu’en A.D. Un couple d’Occidentaux qui s’y rendirent par hasard exprimèrent leur surprise, Jérôme, inquiet pour sa réputation d’orthodoxie, fut aussitôt prêt à condamner les erreurs d’Origène. Pendant ce temps, les moines scétiques avaient attiré l’attention du vieux zélote Épiphane sur la pépinière palestinienne de l’hérésie. Aussitôt, il s’y rendit et profita de l’invitation amicale de Jean pour occuper sa chaire en prêchant un violent sermon contre l’origénisme. Jean prêcha alors contre l’anthropomorphisme. Épiphane prononça un anathème contre cette tendance, mais désira que Jean fasse de même à l’égard de l’origénisme. Lorsque Jean refusa, Épiphane, ainsi que Jérôme et les moines de Bethléem, se retirèrent de la communion avec Jean et Rufin, et envahirent les droits épiscopaux de Jean en ordonnant un prêtre sur les moines de Bethléem. C’est alors qu’éclata une violente controverse que Théophile d’Alexandrie, en envoyant le prêtre Isidore, chercha à apaiser. Jérôme et Rufin se sont réconciliés à l’autel en l’an J.-C. Débloquer le niveau 396. Celui-ci retourna bientôt à l’Ouest. Il traduisit, en omettant des passages répréhensibles, l’ouvrage d’Origène Περὶ ἀρχῶν, et eut l’indiscrétion de remarquer dans la préface que même l’orthodoxe Jérôme était un admirateur d’Origène. Excité par ses amis romains, Jérôme entama avec une violence sans mesure une polémique passionnée contre l’origénisme et l’ami de sa jeunesse. Il produisit en même temps une traduction littérale, qui n’existe plus, du Περὶ ἀρχῶν. Rufin répondit avec la même amertume, et la passion qu’ils montrèrent tous deux amena d’autres causes d’offense. L’évêque romain Siricius y participa avec Rufin, mais son successeur Anastase le convoqua pour répondre de ses opinions à Rome. Rufin ne parut pas, mais envoya des excuses qui satisfirent si peu Anastase qu’il consentit plutôt à envoyer des lettres à Jean de Jérusalem et à d’autres évêques orientaux pour condamner l’origénisme. Débloquer le niveau 399. Rufin se retira à Aquilée et y continua à traduire les écrits d’Origène et d’autres Grecs.
51.3. La controverse d’Alexandrie et de Constantinople, après J.-C. 399-438. Théophile, patriarche d’Alexandrie, prince ecclésiastique pompeux, ambitieux et vigoureux, avait jusqu’à J.-C. 399 était en bons termes avec les moines origénistes et même dans le discours de Pâques de cette année-là, il s’exprima en termes forts contre l’hérésie des anthropomorphistes. Les moines se révoltèrent à ce sujet, l’attaquèrent avec des gourdins et le forcèrent à prononcer un anathème contre Origène. Peu de temps après, il eut un différend personnel avec ses anciens amis. Le vieux et vénérable prêtre Isidore et les quatre soi-disant « longs frères », ἀδελφοὶ μακροί, dont deux servaient dans son église en tant qu’œconomi, refusèrent de lui payer l’argent des élèves et des légats et s’enfuirent de son mécontentement passionné vers leurs compagnons dans le désert de Nitrie. En apr. J.-C. 399, cependant, lors d’un synode endémique à Alexandrie, il condamna Origène, et en A.D. 401 publia un manifeste violent contre les origénistes.157 Le noble mais myope Épiphane l’approuva et Jérôme s’empressa de le traduire en latin. Avec une force militaire grossière, les moines de Nitrie furent dispersés et chassés. Persécutés par les mandats émis par le patriarche, ils demandèrent la protection de l’évêque Jean Chrysostome à Constantinople (47, 8). mais Théophile rejeta dédaigneusement l’intercession. Pour l’amour de la paix, Chrysostome voulut se retirer. Mais les moines trouvèrent accès auprès de l’impératrice Eudoxie, et sur son appel à l’empereur Arcadius, Théophile fut cité devant un synode à Constantinople présidé par Chrysostome. Théophile écumait de rage. Il réussit, par une déformation des faits, à gagner à son camp le zélote Épiphane. Le noble vieillard accourut plein de zèle et de préjugés à Constantinople, mais voyant les choses sous leur vrai jour, il s’éloigna d’eux en disant : « Je vous laisse la cour et l’hypocrisie. » Théophile, cependant, savait bien comment s’accommoder de la cour et de l’hypocrisie. Chrysostome, par une prédication sévère et pénétrante, avait excité la colère de l’impératrice. S’appuyant sur cela, Théophile débarqua avec une grande suite à Constantinople, et organisa dans le domaine de l’impératrice de Drus, le Chêne, près de Chalcédoine, un concile, Synodus ad Quercum, A.D. 403, qui déclarait Chrysostome coupable d’immoralité, d’offenses contre l’Église et de haute trahison. L’Empereur le condamne à l’exil. Chrysostome apaisa le peuple excité en sa faveur, et se laissa tranquillement renvoyer. Cependant, la nuit suivante, un violent tremblement de terre et l’excitation incontrôlable de la populace amenèrent l’empereur à supplier l’exilé par un messager spécial de revenir immédiatement. Après trois jours d’absence, il fit de nouveau une entrée triomphale dans la ville. Théophile s’enfuit précipitamment à Alexandrie. Peu de temps après, Chrysostome dénonça très solennellement l’inauguration bruyante d’une statue de l’impératrice pendant la célébration du culte, et lorsque, à cause de cela, sa colère s’enflamma de nouveau contre lui, les paroles malheureuses furent prononcées par lui dans un sermon le jour de Jean-Baptiste : Πάλιν Ἡρωδίας μαίνεται, πάλιν πράσσεται, πάλιν ἐπὶ πίνακι τὴν κεφαλὴν τοῦ Ἰωάννου ζητεῖ λαβεῖν. Maintenant, la partie était de nouveau en faveur de Théophile. Son parti attisa la flamme à la cour. Pendant les veillées pascales, A.D. En 404, des hommes armés firent irruption dans l’église de Chrysostome et l’emmenèrent exilé à Cucusus en Arménie. Avec un courage héroïque, il supporta toutes les misères du voyage, le climat et le voisinage sauvage et anarchique. Peu de temps après le début du conflit, Théophile et Chrysostome avaient cherché à obtenir l’appui de l’Occident. Tous deux envoyèrent des lettres et des messagers à Rome, Milan et Aquilée, cherchant à justifier leurs arguments devant les Églises. Innocent I. de Rome a insisté pour que la controverse soit tranchée lors d’un concile œcuménique, mais n’a pas fait valoir son point de vue. Après le bannissement honteux de Chrysostome, tout l’Occident se rangea de son côté, et Innocent obtint d’Honorius qu’il demandât à Arcadius son rappel ; mais le seul résultat fut qu’en A.D. En 407, il fut envoyé à un exil encore plus sévère à Pityus, sur la mer Noire. Il succomba aux fatigues du voyage et mourut en chemin avec sur les lèvres les mots qui avaient été la devise de sa vie : Δόξα τῷ θεῷ πάντων ἕνεκεν. Un grand pL’art de sa congrégation à Constantinople refusa de reconnaître le nouveau patriarche Arsace et son successeur Atticus, et resta à l’écart, malgré toutes les persécutions, sous le nom de Johannites, jusqu’à Théodose II. en apr. J.-C. 438 rapportèrent avec honneur les ossements de leur vénéré pasteur et les déposèrent dans le caveau impérial. Au milieu d’animosités personnelles et de sentiments amers, la controverse origéniste a été perdue de vue depuis longtemps, mais nous devons y revenir plus loin (52, 6).158
Dans la controverse trinitaire, nous avons traité de l’existence pré- et extra-historique du Fils de Dieu, avec sa nature divine en elle-même ; mais maintenant, au point crucial de la spéculation chrétienne et du conflit ecclésiastique, nous en venons à traiter de son existence historique comme celle du Fils de Dieu incarné, de la connexion de la nature divine du Logos avec la nature humaine du Fils de Marie, et des relations mutuelles de l’un et de l’autre. Même pendant la controverse arienne, le conflit a commencé, et tandis que l’Église soutenait contre Arius la pleine divinité du Christ, elle affirmait aussi contre Apollinaire la plénitude de son humanité. Ce conflit s’est poursuivi en trois autres phases. Dans la controverse dyoprosopique, l’Église a maintenu l’unité de la personne du Christ contre l’extrême antioche représenté par Nestorius, qui tient les deux natures si éloignées l’une de l’autre que le résultat semblait être deux personnes. Dans la controverse monophysite, on combattit l’extrême opposé de la nouvelle école alexandrine, qui, dans l’unité de la personne, perdait de vue la distinction des natures. Dans la controverse monothélite, on s’opposa à un effort unioniste qui permettait en effet d’affirmer nominalement la dualité des natures, mais qui la niait pratiquement par la reconnaissance d’une seule volonté.
52.1. La controverse des Apollinaires, A.D. 362 à 381.160―Précédemment les modalistes plus anciens, par exemple Bérylle et Sabellius, avaient enseigné que, par l’incarnation, le Logos n’avait reçu qu’un corps humain. Marcellus partageait ce point de vue ; mais aussi ses antipodes, Arius l’avait adopté pour éviter de postuler deux créatures dans le Christ. Athanase soutenait par la doctrine d’Origène, que l’âme humaine en Christ est un lien nécessaire entre le Logos et le corps, ainsi qu’un organe pour donner l’expression au Logos à travers le corps. Au Synode d’Alexandrie, A.D. 362, il obtint donc la sanction ecclésiastique pour la reconnaissance d’une nature humaine complète dans le Christ. Apollinaire de Laodicée (47, 5), qui avait contribué à l’organisation de ce concile, désapprouvait aussi l’expression σῶμα ἄψυχον, mais pensait cependant que la doctrine de la plénitude de la nature humaine devait être niée. Il a été conduit à cette position par son adoption des principes trichotomiques. Il soutenait que le Christ n’a pris qu’un σῶμα avec un ψυχὴ ἄλογος, et que la place du ψυχὴ λογικὴ (ὁ νοῦς) était représentée en lui par le Logos divin. S’il n’en était pas ainsi, pensa-t-il, il faudrait supposer deux personnes dans le Christ ou laisser le Christ s’abaisser à la position d’un simple ἄνθρωπος ἔνθεος. Ce n’est qu’ainsi que l’on pouvait affirmer de lui l’impeccabilité absolue. D’autre part, Athanase et les deux Grégoire ont vu que de cette manière la substantialité de l’incarnation et la plénitude de la rédemption étaient perdues. Le soi-disant deuxième Concile œcuménique de l’A.D. 381 rejeta la doctrine d’Apollinaire, qui avec son parti fut exclu de l’Église. Les Apollinaires rejoignirent par la suite les Monophysites.
52.2. Christologie des écoles théologiques opposées. — À la suite de la controverse arienne, la divinité parfaite et, à la suite de la controverse apollinaire, l’humanité parfaite du Christ ont finalement été établies. Sur la relation entre les deux natures conditionnée par l’union, il y a eu un résultat précis. Apollinaire avait enseigné un lien de la divinité avec l’humanité incomplète si intime qu’il avait involontairement détruit la dualité des natures, et au moyen d’un ἀντιμεθίστασις τῶν ὀνομάτων transféré les attributs d’une nature à l’autre ; de sorte que non seulement le corps du Christ doit avoir été déifié et a donc été digne d’adoration, mais aussi la naissance, la souffrance et la mort doivent être rapportées à sa divinité. Dans son traité : Κατὰ μέρος πίστις, il enseigne : οὐ δύο πρόσωπα, οὐδὲ δύο φύσεις, οὐδὲ γὰρ τέσσαρα προσκυνεῖν λέγομεν, θεὸν καὶ υἱὸν θεοῦ καὶ ἄνθρωπον καὶ πνεῦμα ἅγιον, et dans le traité De incarnatione Verbi, attribué à tort à Athanase : Ὁμολογοῦμεν εἶναι αὐτὸν υἱὸν τοῦ θεοῦ καὶ θεὸν � κατὰ πνεῦμα, υἱὸν ἀνθρώπου κατὰ σάρκα οὐ δύο φύσεις τὸν ἕνα υἱὸν, μίαν προσκυνητὴν καὶ μίαν ἀπροσκύνητον, ἀλλὰ μίαν φύσιν τοῦ θεοῦ λόγου σεσαρκομένην καὶ προσκυνομένην μετὰ τῆς σάρκος αὐτοῦ μίᾳ προσκυνήσει. Il en est de même dans l’épître attribuée à Jules de Rome. La théologie alexandrine, tout en rejetant la mutilation de la nature humaine favorisée par Apollinaire, sympathisait avec lui dans son amour pour le mystique, l’inconcevable et le transcendantal. En opposition à l’hérésie arienne, il mettait particulièrement l’accent sur la divinité du Christ et enseignait un ἕνωσις φυσική des deux natures. Ce n’est qu’avant l’union et in abstracto que l’on peut parler de deux natures ; Après l’incarnation et in concreto, nous ne pouvons parler que d’une seule nature divine-humaine. C’est pourquoi on parlait de Marie comme de la mère de Dieu, θεοτόκος. Athanase, dans son traité contre Apollinaire, a reconnu un ἀσύγχυτος φυσικὴ ἕνωσις τοῦ λόγου πρὸς τὴν ἰδίαν αὐτοῦ γενομένην σάρκα, et a expliqué ce φυσικὴ ἕνωσις comme un ἕνωσις κατὰ φύσιν. Les Cappadociens ( 47, 4) En effet, il admettait expressément deux natures, ἄλλο καὶ ἄλλα, mais enseignait cependant un mélange d’entre elles, σύγκρασις, κατάμιξις, un συνδραμεῖν des deux natures, εἰς ἕν, un μεταποιηθῆναι du σὰρξ πρὸς τὴν θεότητα. Cyrille d’Alexandrie enseignait que l’ἐνσάρκωσις était un φυσικὴ ἕνωσις, une incarnation au sens propre. Le Christ consiste ἐκ δύο φύσεων, mais pas ἐκ δύο φύσεσι, c’est-à-dire seulement avant l’incarnation et in abstracto (κατὰ μόνην τὴν θεωρίαν) que l’on peut parler de deux natures. Dans l’homme-Dieu, deux natures seraient deux sujets, et il y aurait donc deux Christs ; Le rédempteur ne serait alors qu’un ἄνθρωπος θεοφόρος et non un θεάνθρωπος, et ne pourrait donc offrir aucune garantie d’une rédemption complète, etc. La théologie d’Antioche (47, 8, 9), en opposition à Apollinaire, affirmait avec la plus grande insistance la réalité complète et immuable de la nature humaine du Christ au moment et après son union avec le divin. Elle n’admettrait donc qu’un συναφεία ou un ἕνωσις σχετική, par lequel l’un et l’autre sont amenés à la relation (σχέσις) de l’être commun et de l’action commune. Des expressions comme θεοτόκος, θεὸς ἐγγέννηθεν, θεὸς ἔπαθεν, semblaient blasphématoires, ou du moins absurdes. Ils reconnaissaient en effet que le σάρξ du Christ est digne d’adoration, mais seulement dans la mesure où il est l’organe du Logos rédempteur, et non parce qu’en tant qu’il est digne d’adoration.Il participe aux attributs divins. La forme la plus développée de cette doctrine a été présentée par Théodore de Mopsueste en relation étroite avec son anthropologie et sa sotériologie. Le développement historique de l’homme-Dieu est pour lui le type et le modèle de la rédemption historique de l’humanité. Le Christ a assumé une nature humaine complète, avec toutes ses affections et ses tendances pécheresses, mais il les a combattues et a élevé sa nature humaine par des combats et des victoires constants à cette perfection absolue à laquelle, par la même voie, il nous conduit par la communication de son Esprit. Il se garda expressément de l’accusation de faire du Christ deux personnes : le Christ est ἄλλο καὶ ἄλλο, mais non ἄλλος καὶ ἄλλος car la nature humaine a renoncé dans l’incarnation à la personnalité et à l’indépendance. Dans l’union des deux parties, l’Église a proclamé la pleine vérité. D’autre part, les deux écoles procédaient de plus en plus unilatéralement à mettre l’accent sur chacune de leur propre côté de la vérité, et tendaient ainsi vers l’erreur positive. C’est ainsi que naquirent deux erreurs opposées, la séparation des natures et la confusion des natures, que l’Église rejeta l’une après l’autre, et proclama la vérité qui était à la racine de l’une et de l’autre. Tant qu’il s’occupait de l’extrême unilatéral des Antiochiens, il se tenait côte à côte avec les Alexandrins. Augustin, par exemple, a utilisé l’expression mélange, mais en réalité il explique la relation des deux natures l’une à l’autre tout à fait en accord avec l’orthodoxie établie par la suite. Mais lorsqu’enfin la méthode des exclusions atteignit l’erreur des Alexandrins, les Occidentaux se tournèrent tout aussi résolument vers l’autre côté et maintinrent l’union des deux côtés de la vérité (Léon le Grand). Le conflit a attiré beaucoup d’attention lorsqu’il a éclaté au début dans l’Ouest, mais il a été si rapidement réglé qu’il n’en reste bientôt plus aucune trace. Dans la Gaule méridionale, un moine Leporius s’avança pour enseigner la doctrine d’Antioche de l’union des deux natures. En apr. J.-C. Il se rendit en Afrique, entra en conflit avec Augustin, mais rétracta ses erreurs presque immédiatement.
52.3. La controverse dyprosoopique ou nestorienne, apr. J.-C. 428 à 444.161―En apr. J.-C. 428 Un moine d’Antioche nommé Nestorius, orateur distingué, fut nommé patriarche de Constantinople. C’était un homme éloquent et pieux, mais empressé et imprudent, avec peu de connaissance du monde et de la nature humaine, et d’une sévérité démesurée contre les hérétiques. La haine d’un rival malheureux à Constantinople appelé Proclus et la rivalité du patriarche d’Alexandrie, qui le haïssait non seulement comme rival, mais comme Antiochéen, rendaient la position du moine sans soutien très dure, et sa protection des pélagiens expatriés (53, 4) excita contre lui l’évêque romain Cœlestine. Anastase, un prêtre amené avec lui par Nestorius, était irrité de l’emploi fréquent de l’expression θεοτόκος et prêchait contre elle. Nestorius prit parti contre le peuple et les moines, condamna les moines qui l’avaient insulté personnellement à subir des châtiments corporels et, lors d’un synode endémique en J.-C. 439 condamnait la doctrine contestée. Et maintenant Cyrille d’Alexandrie (47, 6) est entré dans les listes en tant que champion de la dogmatique alexandrine. Il s’attira Cœlestine de Rome (46, 6), ainsi que les évêques Memnon d’Éphèse et Juvenalis de Jérusalem, et à la cour, Pulchérie (sœur de Théodose II. J.-C. 408 à 450) ; tandis que l’impératrice Eudocie ( 48, 5) et les évêques syriens prirent le parti de Nestorius. Toutes les tentatives de conciliation furent frustrées par la raideur des deux patriarches. Cœlestine de Rome en apr. J.-C. En 430, il demanda à Nestorius une rétractation dans les dix jours, et Cyrille, lors d’un synode d’Alexandrie en 10 apr. J.-C. 430 produisit douze fortes contre-propositions contenant des anathèmes, auxquelles Nestorius répondit immédiatement par douze contre-anathèmes. C’est ainsi que la controverse et les parties qui s’y sont engagées sont devenues de plus en plus violentes. Pour son établissement, l’empereur appela ce qu’on appelle le Troisième (proprement Second, comp. 50, 4) Concile œcuménique à Éphèse en apr. J.-C. Débloquer le niveau 431. Nestorius jouissait de la faveur décidée de l’empereur, le plénipotentiaire impérial était son ami personnel, et une partie des gardes du corps de l’empereur l’accompagnait à Éphèse. Mais Cyrille parut avec une suite nombreuse d’évêques et une garde fidèle de serviteurs de l’Église et de marins, qui, en cas de besoin, prouveraient à coups de poing la justesse de la dogmatique alexandrine. En outre, Memnon d’Éphèse avait en main une foule de clercs, de moines et de gens d’Asie Mineure. Avant l’arrivée des légats romains et des évêques syriens, Cyrille ouvrit le concile sans eux avec 200 évêques. Le nestorianisme fut condamné, Nestorius excommunié et déposé, et les propositions anathématisantes de Cyrille adoptées comme norme de l’orthodoxie ecclésiastique. Le légat romain reconnut le concile, mais le commissaire impérial refusa son approbation ; et les évêques syriens, sous la présidence de Jean d’Antioche, procédèrent, à leur arrivée, à la tenue d’un concile d’opposition, qui excommunia Cyrille et Memnon. Nestorius se retira de lui-même dans un monastère. Pendant ce temps, à Constantinople, à l’instigation de Pulchérie, un tumulte populaire s’élevait en faveur de Cyrille. L’empereur écarta les trois chefs, Nestorius, Cyrille et Memnon, et autorisa un credo médiateur rédigé par Théodoret (47, 9) dans lequel le θεΟτόκος a été reconnu, mais un ἀσύγχυτος ἕνωσις a été affirmé. Cyril et Memnon restèrent toujours dans leurs bureaux. Ils souscrivirent à la formule de Théodoret et Jean souscrivit à la condamnation de Nestorius, après J.-C. 433, qui fut déposé et livré à la vengeance de ses ennemis. Chassé de sa retraite monastique et maltraité à bien des égards, il mourut dans le dénuement en J.-C. Débloquer le niveau 440. Le compromis des deux dirigeants a suscité l’opposition de toutes parts. L’Église syrienne était en révolte contre la trahison de leur patriarche à l’égard de la personne de Nestorius. Jean se vengea en déposant ses adversaires. Tel avait été à peu près le sort du noble Théodoret ; mais le patriarche le dispensa de condamner la personne de Nestorius, en considération de sa condamnation de la doctrine. — Les Égyptiens accusèrent aussi leur patriarche de nier la vraie doctrine. Il s’efforçait, cependant, de donner des preuves de son zèle par la vindicte de ses persécutions. Non sans avoir l’œil sur les résultats, il s’efforça de faire prononcer l’anathème de l’Église sur les chefs de l’école d’Antioche, et l’un de leurs partisans, l’évêque Rabulas d’Édesse, se jeta sur la célèbre école théologique d’Édesse, à la tête de laquelle se trouvait alors l’éminent prêtre Ibas (47, 13). Après la mort de Rabulas, cependant, en apr. J.-C. En 436, l’école s’éleva de nouveau à une grande éminence. Théodoret et Cyrille, pendant ce temps, se disputaient dans des écrits violents. La mort ferma la bouche de Cyrille en apr. J.-C. Débloquer le niveau 444. Mais Rabulas chercha et brûla sans se lasser les écrits de Théodore de Mopsueste, qu’Ibas avait traduits en syriaque. Ce dernier publia une lettre à Maris, évêque de Hardashir en Perse, qui, à une période ultérieure, obtint un rang symbolique parmi les nestoriens, et Thomas Barsumas, évêque de Nisibe, travailla avec succès à la propagation du nestorianisme dans l’église perse. En apr. J.-C. En 489, l’école d’Édesse fut de nouveau détruite sur ordre de l’empereur Zénon. Des professeurs et des érudits émigrèrent en Perse, et fondèrent à Nisibe une école qui resta longtemps célèbre. Lors d’un synode à Séleucie en A.D. En 499, sous le patriarche Babäus de Séleucie, toute l’Église perse se sépara finalement de l’Église orthodoxe de l’empire romain (64, 2). Ils s’appelaient eux-mêmes, selon leur langage ecclésiastique, chrétiens chaldéens. Leur patriarche portait le titre de Jazelich, καθολικός. L’église nestorienne passa de la Perse à l’Inde, où ses adhérents, s’appropriant la vieille légende selon laquelle l’apôtre Thomas avait introduit le christianisme dans l’Inde (16, 4), s’appelaient eux-mêmes Thomas-Chrétiens.
52.4. La controverse monophysite.
52.5.
52.6.
52.7.
52.8. La controverse monothélite, A.D. 633-680. — Les embarras politiques croissants de l’empereur rendaient d’autant plus désirable l’union avec les monophysites. L’empereur Héraclius, A.D. 611-641, il a été conseillé de tenter une union des partis sous la formule : que le Christ a accompli son œuvre de rédemption par l’exercice d’une seule volonté humaine divine (μιᾷ θεανδρικῇ ἐνεργείᾳ). Plusieurs évêques catholiques n’ont rien trouvé de répréhensible dans cette formule qui avait déjà été utilisée par le Pseudo-Denys (47, 11). En apr. J.-C. En 633, les patriarches Serge de Constantinople et Cyrus d’Alexandrie conclurent un traité en conséquence duquel la plupart des Sévères se rattachèrent à l’Église nationale. Honorius de Rome fut également conquis. Mais le moine Sophrone, qui peu de temps après, en apr. J.-C. 634 devint patriarche de Jérusalem, se présenta comme l’adversaire résolu de cette union, qui ramenait au monophysisme. La conquête de Jérusalem, cependant, peu de temps après, après J.-C. 637, par les Sarrasins le mirent en dehors de la scène du conflit. En apr. J.-C. En 638, l’empereur publia un édit, l’Ecthesis, par lequel on cherchait à mettre fin à la lutte en substituant à l’expression offensante ἐνέργεια le terme moins répréhensible θέλημα, et en confirmant la doctrine monothélite comme seule admissible. Or, le moine Maxime (47, 12) est entré dans les listes en tant que champion de l’orthodoxie. Il se rendit en Afrique, où, depuis l’époque de Justinien, le zèle pour le maintien de la foi chalcédonienne était le plus fort, et s’y assura le soutien politique de Gregorius [Gregory], le gouverneur impérial qui cherchait à se rendre indépendant de Byzance. Cet homme d’État organisa une dispute publique à Carthage en J.-C. 645 entre Maxime et l’ex-patriarche Pyrrhus de Constantinople, successeur de Serge, qui, impliqué dans une intrigue de palais, destitué de sa charge et chassé de Constantinople, se réfugia en Afrique. Pyrrhus se soumit volontiers et abjura son erreur. Un Synode général africain en A.D. 646 condamna unanimement le monothélisme, renonça à la communion ecclésiastique avec Paulus, le nouveau patriarche de Constantinople, et demanda au pape Théodore, A.D. 642-649, une fulmination contre l’hérésie. Afin de donner plus d’importance à cette revendication, Maxime et Pyrrhus se rendirent ensemble à Rome. Ce dernier fut reconnu par le pape comme patriarche légitime de Constantinople, mais, poussé par l’exarque de Ravenne à se rétracter, il fut excommunié par le pape, avec une plume trempée dans le vin sacramentel, retourna à Constantinople et fut, après la mort de Paulus, rétabli dans son ancienne charge. Maxime resta à Rome et y gagna la plus haute réputation de bouclier de l’orthodoxie. — La fin de l’union, c’est-à-dire le salut de la Syrie et de l’Égypte, fut entre-temps frustrée par la conquête mahométane de la Syrie en J.-C. 638, et d’Égypte en A.D. Débloquer le niveau 640. La cour, cependant, pour son propre honneur, y persévéra encore. L’Afrique et l’Italie occupaient une position de révolte ouverte. Puis l’empereur Constant II, < apr. J.-C./b20> 642-668, résolut d’annuler l’ecthèse. À sa place, il mit une autre loi sur la foi, le Typus, A.D. 648, qui cherchait à revenir à l’état des choses avant le mouvement monothélite ; qu’il ne fallait enseigner ni une ni deux volontés. Mais Martin I. de Rome au premier synode du Latran à Rome en A.D. 649 condamna dans les termes les plus forts le Typus ainsi que l’Ecthesis ainsi que ses premiers mainteneurs, et envoya les Actes à l’empereur. L’exarque de Ravenne, Olympius, reçut alors l’ordre de faire prisonnier l’audacieux prélat, mais il n’obéit pas. Son successeur envoya le pape enchaîné à Constantinople. En apr. J.-C. En 653, il fut banni pour haute trahison en Chersonèse, où il souffrit littéralement de la faim et mourut en J.-C. 655 six mois après son arrivée. Plus terrible encore fut le sort de l’abbé Maxime. En même temps que Martin ou peu de temps après, il fut lui aussi amené à Constantinople, prisonnier de Rome. Là, pendant une année entière, tous les efforts imaginables furent faits, supplications, promesses, menaces, emprisonnement, faim, etc., afin de l’amener à reconnaître le Typus, mais en vain. L’empereur perdit alors toute patience. Dans une rage immense devant l’obstination sans pareille de la résistance du moine, il le condamna, A.D. 662, à d’affreuses flagellations, à avoir la langue arrachée et la main coupée, et à être envoyé dans les régions les plus sauvages de la Thrace, où il mourut quelques semaines après son arrivée à l’âge de 82 ans. Cette sévérité barbare fut longtemps efficace. Mais sous l’empereur suivant, Constantin Pogonnatus, A.D. 668-685, les deux parties se préparèrent à un nouveau conflit. L’empereur résolut d’y mettre fin par un concile général. Le pape Agathon a tenu un brillant synode à Rome en J.-C. 679, où il a été décidé que pas un iota ne serait atténué par les décisions du synode du Latran. Avec ces décisions et une missive du pape lui-même, les légats pontificaux sont apparus au sixième concile œcuménique à Constantinople en J.-C. 680, appelé aussi Concil. Trullanum I., parce qu’il se tenait dans la salle voûtée en forme de moule Trullus dans le château impérial, sous la présidence de l’empereur. De même qu’à Chalcédoine l’épître de Léon Ier, celle d’Agathon est à la base des décrets doctrinaux du Concile : δύο φυσικὰ θελήματα ἀδιαιρέτως, ἀτρέπτως, ἀμερίστως, ἀσυγχ Ύτως, οὐχ ὑπεναντία, ἀλλὰ ἑπόμενον τὸ ἀνθρώπινον καὶ ὑποτασσόμενον τῷ θείῳ. Le Synode a même daigné accorder au pape un compte rendu des débats et lui demander la confirmation de ses décisions. Mais les Grecs, trouvant un malin plaisir dans la confusion de leurs rivaux, s’arrangeèrent pour mêler à la boisson sucrée une forte infusion d’absinthe amère, car le concile, parmi les autres représentants de l’erreur monothélite, condamna ostensiblement et expressément le pape Honorius comme un hérétique maudit. Pape Léon II. dans une lettre à l’empereur, il confirma les décisions du concile, homologuant expressément la condamnation d’Honorius, « qui profana proditione immaculatam fidem subvertere conatus est ». ― Désormais, le dyothélisme prévaut universellement. Seulement dans un petit coin de l’Asie, où le bras de l’État n’atteignait pas, un vestige de MonothelitiSM a continué d’exister. Ses adhérents dispersés se rassemblèrent dans le monastère de Saint-Maro au Liban, et reconnurent l’abbé de ce cloître comme leur chef ecclésiastique. Ils s’appelaient eux-mêmes maronites, et l’épée à la main, ils maintenaient leur indépendance ecclésiastique et politique contre les Byzantins et les Sarrasins (72, 3).
52.9. Le cas d’Honorius. — Les deux synodes romains, apr. J.-C. 649 et 679, avait simplement ignoré le fait notoire de la complicité d’Honorius dans la promotion de l’erreur monothélite, et Agathon pouvait espérer, par la déclaration fortuite de sa lettre, que le président romain n’avait jamais pris le parti des nouveautés hérétiques, pour séduire le synode œcuménique qui approchait dans le même oubli. Mais les Grecs n’ont pas prêté attention à l’allusion. Son successeur Léon II. ne pouvait faire autrement que d’homologuer la condamnation de l’hérésie par les chefs orientaux, même celle d’Honorius, si dure que cela dût être pour lui. D’autre part, les biographies des papes d’Honorius à Agatho dans le Liber pontificalis romain (90, 6) s’aider à se sortir de ce dilemme en gardant un silence de mort sur toute ingérence active ou passive d’Honorius dans la controverse monothélite. Dans la biographie de Léon II. pour la première fois, le nom d’Honorius est mentionné parmi ceux des monothélites condamnés, mais sans aucune remarque particulière sur lui en tant qu’individu. Il en va de même dans le formulaire d’une profession de foi dans le Liber diurnus de l’Église romaine faite par chaque nouveau pape et en usage jusqu’au XIe siècle (46, 11). De la biographie de Léon dans le livre pontifical a été copié le simple nom dans les lectures du bréviaire romain pour le jour de ce saint, et ainsi de suite jusqu’au XVIIe siècle. On avait alors tout à fait oublié en Occident qu’un pape était désigné par ce nom. Souvent, on avait affirmé que même les papes romains pouvaient tomber et qu’ils étaient effectivement tombés dans l’erreur ; mais seulement des cas tels que ceux de Liberius (46, 4), Anastase ( 46, 8), Vigile ( 52, 6), Jean XXII. ( 110, 3 ; 112, 2) ont été présentées ; celle d’Honorius n’est venue à l’esprit de personne. Ce n’est qu’au XVe siècle, par un examen plus attentif des Actes synodaux, que le véritable état des choses a été découvert, et au XVIe siècle, lorsque la question de l’infaillibilité du pape est devenue brûlante (149, 4). le cas d’Honorius est devenu le véritable rocher de Sisyphe de la théologie catholique romaine. Les tentatives les plus laborieuses ont été faites par les moyens les plus aventureux pour l’écarter. La condamnation d’Honorius par le sixième concile œcuménique a été décrite comme une simple invention malveillante des Grecs ultérieurs, qui ont falsifié tout ce qui le concernait dans les actes du concile ; ainsi, par exemple, Baronius, Bellarmin, etc. — La condamnation a effectivement eu lieu, mais non pas au premier œcuménique, mais au second schismatique, le concile Trullan de notre ère. 692 ( 63 et 2), et le récit de la procédure a été, par la malice des Grecs ultérieurs, transféré du récit du second à celui du premier.―De fausses épîtres d’Honorius ont été déposées devant le sixième concile œcuménique, au moyen desquelles il a été induit en erreur pour prononcer une sentence contre lui.―La condamnation du pape ne reposait pas sur sa doctrine, mais sur son amour intempestif de la paix.―Le pape avait de bonnes intentions, mais il s’exprimait de manière à être mal compris ; ainsi, par exemple, le jésuite Garnier dans son éd. du Liber diurnus, le Concile du Vatican, et Hefele dans la 2e éd. Dans les épîtres citées, il s’exprimait en tant que particulier et non officiellement, ex cathedra. Il est cependant fatal à toutes ces explications que l’infaillible pape Léon II. dénonça solennellement ex cathedra son infaillible prédécesseur Honorius comme hérétique. D’ailleurs, la seule autre échappatoire possible en distinguant la question du fait et la question du droit a été formellement condamnée ex cathedra dans le cadre d’une autre affaire ( 156, 5).164
Alors que les controverses trinitaires et christologiques avaient leur origine en Orient et y donnaient lieu aux conflits les plus violents, l’Occident prenant en effet un vif intérêt à la discussion et par la voix décisive de Rome donnant la victoire à l’orthodoxie à presque toutes les étapes de la lutte, c’est en Occident qu’une controverse éclata. qui, pendant un siècle entier, a suivi la controverse christologique, sans éveiller en Orient plus qu’un intérêt passager et même alors seulement secondaire. Il traitait des questions fondamentales du péché et de la grâce. En opposition au monergisme pélagien de la liberté humaine, ainsi qu’à la synergie semi-pélagienne de la grâce divine et de la liberté humaine, le monergisme augustinien de la grâce divine a finalement remporté la victoire.
53.1. Histoire préliminaire. — Dès les temps les plus reculés, l’universalité réelle du péché et le besoin de la grâce divine en Christ pour la rédemption du péché ont été universellement reconnus dans toute l’Église. Mais quant à savoir si et jusqu’à quel point la liberté morale des hommes était affaiblie ou perdue par le péché, et dans quel rapport la conduite humaine se trouvait avec la grâce divine, une grande incertitude régnait. L’opposition au gnosticisme et au manichéisme a conduit les pères plus anciens à mettre l’accent aussi fortement que possible sur la liberté morale des hommes, et les a incités à nier le péché inné ainsi que la doctrine selon laquelle le péché était imprimé dans les hommes dans la création, et à expliquer la condition actuelle de l’homme par une mauvaise éducation, un mauvais exemple, l’action des mauvais esprits. etc. Cette tendance a été exprimée le plus vigoureusement par les Alexandrins. La nouvelle école alexandrine montra une inclination indubitable à relier l’universalité du péché au péché d’Adam, sans aller jusqu’à affirmer la doctrine du péché héréditaire. En sotériologie, il est resté fidèle à sa synergie traditionnelle (comp., cependant, 47, 7k, l.) L’école d’Antioche cherchait à donner la place qui lui revenait à la coopération de la volonté humaine à côté de la nécessité de la grâce divine, et réduisait l’idée du péché héréditaire à celle du mal héréditaire. C’est ainsi que Chrysostome, qui était capable de concevoir qu’Adam, par son péché réel, était devenu mortel, ne pouvait engendrer que des enfants mortels, mais non que le pécheur ne pouvait engendrer que des pécheurs. Le premier homme a apporté la mort dans le monde, nous confirmons et renouvelons la condamnation par notre propre péché. L’homme, par sa volonté morale, fait sa part, la grâce divine fait sa part. Tout l’Orient est unanime à répudier très nettement toute volonté prédestination en Dieu. En Occident, au contraire, par le traducianisme ou le générationnisme introduit par Tertullien, qui considère l’âme comme engendrée avec le corps, la voie a été préparée pour reconnaître la doctrine du péché héréditaire (Tradux animæ, tradux peccati) et, par conséquent, aussi du monergisme. Tertullien lui-même, partant de l’expérience qu’il y a dans tout homme dès sa naissance une tendance invincible au péché, parlait avec une grande détermination d’un Vitium originis. En cela, il fut suivi par Cyprien, Ambroise et Hilaire. Cependant, même ces maîtres de l’Église n’avaient pas été tout à fait émancipés de la synergie, et à côté d’expressions qui respirent le prédestinationnisme le plus dur, il en trouve d’autres qui semblent donner un poids égal à la doctrine opposée de la coopération humaine dans la conversion. Augustin fut le premier à énoncer avec la plus grande cohérence la doctrine du monergisme divin ; tandis que Pélage a réalisé la synergie des pères précédents jusqu’à ce qu’elle ne devienne guère moins que le monergisme humain. Augustin hésite ; Jérôme et Léon le Grand préfèrent le créationnisme, qui représente Dieu comme créant une nouvelle âme pour chaque être humain engendré. La plupart des Pères de l’Église ultérieurs sont également créationnistes, sans toutefois porter préjudice à la doctrine du péché héréditaire. Ceux d’entre eux qui soutenaient la théorie trichotomique ( 52, 1) soutenait que c’était le ψυχὴ ἄλογος, anima sensitiva par opposition à l’anima intellectualis, tandis que ceux qui soutenaient la théorie dichotomique, qui postule simplement le corps et l’âme, soutenaient que c’était l’âme créée bonne par Dieu, qui était infectée lors de son passage dans le corps engendré par les parents humains avec son péché héréditaire. La théorie de la préexistence, qu’Origène avait mise en avant ( 31, 5) n’avait, même à l’Est, que des représentants occasionnels ( 47, 7m, n, o).166
53.2. La doctrine d’Augustin. — Pendant la première période de sa vie chrétienne, alors que le conflit avec le manichéisme était encore au premier plan de sa pensée et de son activité controversée, Augustin, considérant la foi comme une autodétermination de la volonté humaine, avait pensé qu’une certaine mesure de libre coopération de la part de l’homme à sa conversion était nécessaire et avait donc refusé de maintenir son manque absolu de mérite. Mais par l’expérience de toute sa vie, il a été irrésistiblement amené à reconnaître l’incapacité naturelle de l’homme à toute coopération positive et à faire dépendre la foi et la conversion uniquement de la grâce de Dieu. Le développement parfait et complet de cette doctrine a été amené au moyen de sa controverse avec les Pélagiens. Le système doctrinal d’Augustin, dans ses traits les plus caractéristiques, est le suivant : l’homme a été créé libre et à l’image de Dieu, destiné et capable d’atteindre l’immortalité, la sainteté et la béatitude, mais aussi avec la possibilité de pécher et de mourir. C’est par l’exercice de sa liberté qu’il doit déterminer sa propre carrière. S’il s’était déterminé pour Dieu, le fait de pouvoir de ne pas pécher et de ne pas mourir serait devenu une impossibilité de pécher et de mourir, le Posse non peccare et mori serait devenu un Non posse peccare et mori. Mais tenté par Satan, il tomba, et il devint ainsi impossible pour lui de ne pas pécher et de mourir, non posse non peccare et non mori. Toutes les prérogatives de l’image divine ont été perdues ; il n’a conservé que la capacité de justice civile extérieure, Justitia civilis, et une capacité de rédemption. En Adam, de plus, toute l’humanité a péché, car il était toute l’humanité. Par génération, la nature d’Adam, telle qu’elle était après le péché, avec le péché et la culpabilité, la mort et la condamnation, mais aussi la capacité de rédemption, passa à toute sa postérité. La grâce divine, qui seule peut racheter et sauver l’homme, s’est attachée au reste de l’image divine qui s’est exprimée dans le besoin de rédemption et la capacité de rédemption. La grâce est donc absolument nécessaire, au début, au milieu et à la fin de la vie chrétienne. Elle est accordée à l’homme, non parce qu’il croit, mais pour qu’il croie ; car la foi aussi est l’œuvre de la grâce de Dieu. Tout d’abord, la grâce éveille par la loi la conscience du péché et le désir de rédemption, et conduit par l’Évangile à la foi au Rédempteur (gratia præveniens). Par le moyen de la foi, il assure ainsi le pardon des péchés en tant que primum beneficium, en s’appropriant les mérites du Christ et, en partie, les pouvoirs de la vie divine, par l’implantation d’une communion vivante avec le Christ (dans le baptême). C’est ainsi que le libre arbitre est rendu au bien (Gratia operans) et se manifeste dans une vie sainte dans l’amour. Mais même dans le régénéré, le vieil homme avec ses convoitises pécheresses est toujours présent. Dans la lutte du nouveau contre l’ancien, il est continuellement soutenu par la grâce divine (Gratia co-operans) jusqu’à sa justification (Justificatio) qui s’achève dans le fait de rendre juste toute sa vie et son être par la communication divine (Infusio) de nouvelles puissances de volonté. L’acte final de la grâce, qui, cependant, selon la sagesse éducative de Dieu, n’est pas atteint dans cette vie, est l’élimination absolue du mauvais désir (Concupiscentia) et la transfiguration à la ressemblance parfaite du Christ par la résurrection et la vie éternelle (Non posse peccare et mori). En dehors de l’incoCette conception de la nature et de la grâce est tout à fait paulinienne. S. Augustin, cependant, y rattache la doctrine d’une prédestination absolue. L’expérience montre que tous les hommes n’arrivent pas à la conversion et à la rédemption. Puisque l’homme lui-même ne peut rien contribuer à sa conversion, le fondement de celle-ci ne doit pas être cherché dans la conduite de l’homme, mais seulement dans un décret éternel et inconditionnel de Dieu, Decretum absolutum, selon lequel il a résolu de toute la race humaine déchue, Massa perditionis, de sauver les uns à la gloire de sa grâce et d’en laisser les autres à leur destin mérité à la gloire de sa justice pénale. Le fondement de cette élection n’est que le sage et mystérieux bon plaisir de la volonté divine, sans référence à la foi de l’homme, qui n’est en effet qu’un don de Dieu. S’il est dit : « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés », cela ne peut signifier que « tous ceux qui sont prédestinés ». Comme les exclus (Reprobati) ne peuvent en aucune façon s’approprier la grâce, les élus (Electi) ne peuvent en aucune façon y résister (Gratia irresistibilis). Le seul signe certain que l’on est élu, c’est donc la persévérance imperturbable dans la possession de la grâce (Donum perseverantiæ). Aux païens, même aux plus nobles d’entre eux, il refusait le salut, mais faisait une distinction dans les degrés de leurs tortures pénales. De même, les enfants non baptisés étaient tous considérés comme perdus. Bien qu’il s’y opposât aussi : Contemtus, non defectus sacramenti damnat, la solution de cette contradiction résidait dans l’élection divine spéciale de la grâce, qui assure aux élus la dispensation du sacrement.167
53.3. Pélage et sa doctrine.— Pélage (47, 21), un moine britannique d’une érudition respectable et d’une ferveur morale décidée, vivant loin des tempêtes et des conflits de la vie, sans fortes tentations intérieures, sans aucune inclination à manifester des péchés et sans expérience profonde de la vie chrétienne, ne connaissant et ne recherchant pas d’idéal plus élevé que celui de l’ascétisme monastique, avait développé une théorie tout à fait antagoniste à celle d’Augustin. Il fut fortifié dans son opposition à la doctrine d’Augustin sur la corruption de la nature humaine et son inaptitude à coopérer à la conversion et à la sanctification, en observant que cette doctrine était souvent utilisée à mauvais escient par des hommes négligents comme excuse à la confiance charnelle et à l’égoïsme moral. Il était ainsi plus résolu à soutenir qu’il est plus sain de prêcher aux hommes une loi morale impérative dont ils pourraient, selon lui, satisfaire les exigences par une volonté déterminée et un effort moral. L’homme a d’abord été créé mortel par Dieu, et non pas la mort temporelle, mais spirituelle, est la conséquence et le châtiment du péché. La chute d’Adam n’a rien changé à la nature humaine et n’a eu aucune influence sur ses descendants. Tout homme naît maintenant comme Dieu a créé le premier homme, c’est-à-dire sans péché et sans vertu. Par sa liberté totalement intacte, il décide pour lui-même d’un côté ou de l’autre. L’universalité du péché résulte du pouvoir de séduction, du simple exemple et de l’habitude. Pourtant, il peut y avoir des hommes complètement sans péché ; Et il y en a eu. La grâce de Dieu facilite l’accomplissement par l’homme de son dessein. Elle n’est donc pas absolument, mais par l’universalité actuelle du péché, relativement nécessaire. La grâce consiste dans l’illumination par la révélation, dans le pardon des péchés comme expression de la patience divine, et dans le renforcement de nos forces morales par l’incitation de la loi et la promesse de la vie éternelle. La grâce de Dieu est destinée à tous les hommes, mais l’homme doit s’en rendre digne en s’efforçant honnêtement de rechercher la vertu. Christ s’est fait homme, afin, par son enseignement parfait et par le modèle parfait de sa vie, de nous donner l’incitation la plus puissante à la réforme et à la rédemption de nous-mêmes par elle. De même que nous sommes la postérité d’Adam dans le péché, de même dans la vertu nous serons la postérité de Christ. Il considérait le baptême comme nécessaire (baptême des enfants in remissionem futurorum peccatorum). Les enfants qui meurent sans être baptisés, il les place à un stade inférieur de béatitude. La même soumission inconséquente aux pères de la tradition ecclésiastique se manifeste dans l’acceptation des vues ecclésiastiques de la révélation, des miracles, de la prophétie, de la Trinité et de la divinité du Christ, alors qu’un penseur plus cohérent et plus systématique se serait senti obligé, à partir de ses principes anthropologiques, de mettre de côté ou du moins de modifier ces éléments surnaturalistes.
53.4. La controverse pélagienne, A.D. 411-431.―D’après J.-C. 409 Pélage résidait à Rome. C’est là qu’il gagna à ses vues Cœlestius, homme d’une plus grande perspicacité et d’une plus grande science que lui. Tous deux gagnèrent un grand respect à Rome pour leur zèle pour la morale et l’ascétisme et promulguèrent leur doctrine sans opposition. En apr. J.-C. Tous deux se rendirent à Carthage, d’où Pélage alla s’établir en Palestine. Cœlestius resta en arrière et obtint la charge de prêtre. Maintenant, pour la première fois, ses erreurs ont été combattues. Paulin, diacre de Milan (47, 20) se trouvait là une plainte formelle contre lui, et un synode provincial à Carthage après J.-C. 412 l’excommunia, sur son refus de se rétracter. La même année, Augustin publia son premier traité controversé : De peccatorum meritis et remissione et de baptismo parvulorum, Lb. III. En Palestine, Pélage s’était attaché aux Origénistes. Jérôme, en plus de porter un jugement dépréciatif sur ses productions littéraires, a contesté sa doctrine en tant qu’interprète de l’hérésie origéniste (Ep. ad Ctesiphontem et Dialog. c. Pelagium, Lb. III), et un jeune prêtre espagnol Paulus [Paul] Orosius (47, 20) se plaignit de lui au synode de Jérusalem . 415, sous la présidence de l’évêque Jean de cette ville. Les Orientaux synergiques, cependant, ne pouvaient pas être convaincus du caractère dangereux de sa doctrine soigneusement gardée. Tel fut aussi le résultat du synode de Diospolis ou de Lydda en apr. J.-C. 415 sous l’évêque Euloge de Césarée, où deux évêques gaulois comparurent en accusateurs. Augustin a prouvé aux Palestiniens dans De gestis Pelagii qu’ils s’étaient laissés tenir dans l’ignorance par Pélage. Orose publia également un traité controversé, Apologeticus c. Pelag., en réponse duquel, ou plus probablement à Jérôme, Théodore de Mopsueste écrivit le livre aujourd’hui perdu, Περὶ τοὺς λέγοντας, φύσει καὶ οὐ γνώμη πταίειν τοὺς ἀνθρώπους. Puis les Africains ont repris la polémique. Deux synodes à Mileve et à Carthage, en . 416, réitérèrent leur condamnation et envoyèrent leur décret à Innocent Ier à Rome. Le Pape a acquiescé à la procédure des Africains. Pélage envoya une confession de foi voilée et Cœlestius apparut en personne à Rome. Innocent mourut, cependant, en apr. J.-C. 417, avant son arrivée. Son successeur Zozime, peut-être grec et certainement faible comme dogmatique, se laissa gagner par Cœlestius et porta contre les Africains de sévères accusations, contre lesquelles ceux-ci protestèrent vigoureusement. En apr. J.-C. En 418, l’empereur Honorius publia son Sacrum rescriptum contre les Pélagiens, et un synode général à Carthage la même année les condamna catégoriquement. Or Zozime [Zosime] fut persuadé de les condamner aussi dans son Epistola tractatoria. Dix-huit évêques italiens, parmi lesquels Julien d’Eclanum dans les Pouilles, l’apologiste le plus perspicace et le plus habile du pélagianisme, refusèrent d’y souscrire et furent bannis. Ils demandèrent et obtinrent la protection de l’évêque constantinopolitain Nestorius. Mais ce lien a fait du tort à l’un et à l’autre. L’évêque romain Cœlestine prit pl’art avec ceux qui s’opposaient aux vues christologiques de Nestorius (52, 3), et au Concile œcuménique d’Éphèse en J.-C. Les Orientaux condamnèrent avec Nestorius Pélage et Cœlestius, sans toutefois rien déterminer de positif à l’égard de la doctrine en discussion. C’est avec un zèle infatigable que travailla Marius Mercator, savant laïque de Constantinople, qui publia deux Commonitoria contre Pélage et Cœlestius, et un traité controversé contre Julien d’Eclanum. Pendant ce temps, Augustin ne se reposait pas de son énergique polémique. En apr. J.-C.En 413, il écrivit De spiritu et littera ad Marcellinum ; en 413 apr. J.-C. 415 contre Pélage, De natura et gratia ; contre Cœlestius, De perfectione justitiæ hominis. En apr. J.-C. 416, De gestis Pelagii. En apr. J.-C. 418, De gratia Dei et de peccato originali Lb. II. c. Pelag. et Cœl. En apr. J.-C. 419, De nuptiis et concupiscentia lb. II, contre l’accusation selon laquelle sa doctrine était une injure contre le mariage établi par Dieu. En apr. J.-C. 420, C. duas epistolas Pelagianorum et Bonifatium I., contre les écrits vindicatifs de Julien et de ses amis. En apr. J.-C. 421, Lb. VI. c. Julianum. Et plus tard encore, Opus imperfectum c. secundam Juliani responsionem. Traduction de l’anglais ; Ante-Nicée Lib. : Anti-Pelag. Wr., 3 vol., Edin., 1867 ff.
53.5. La controverse semi-pélagienne, A.D. Le pélagianisme chauve fut renversé, mais la grossièreté excessive de la théorie de la prédestination, telle qu’elle était exposée par Augustin, provoqua de nouvelles formes d’opposition. Les moines du monastère d’Adrumète en Afrique du Nord, en appliquant sévèrement la théorie de la prédestination jusqu’à ses dernières conséquences, étaient tombés, les uns dans la détresse de l’âme et le désespoir, les autres dans la sécurité et l’insouciance, tandis que d’autres encore pensaient que pour éviter de telles conséquences, il fallait attribuer à l’activité humaine dans l’œuvre du salut un certain degré de mérite. L’abbé du monastère dans ce dilemme s’adressa à Augustin, qui, dans deux traités, écrits en A.D.427, De gratia et libero arbitrio et De correptione et gratia, cherchaient à surmonter les scrupules et les idées fausses des moines. Mais, vers cette époque, il y avait dans la Gaule méridionale toute une école théologique qui rejetait la doctrine de la prédestination, et soutenait la nécessité d’une certaine mesure de coopération avec la grâce divine, en conséquence de laquelle tantôt l’une, tantôt l’autre, est fondamentale dans la conversion. À la tête de cette école se trouvait Johannes Cassianus († apr. J.-C. 432), disciple et ami de Chrysostome, fondateur et président du monastère de Massilia. Ses disciples sont alors appelés Massiliens ou Semi-Pélagiens. Il avait lui-même contesté la doctrine d’Augustin, sans la nommer, dans la 13e de ses Collationes Patrum (47, 21). Parmi ses disciples, le plus célèbre fut Vincentius Lerinensis (du monastère de Lerinum), qui, dans son Commonitorium pro Catholicæ fidei antiquitate et universitate (trad. anglaise, Oxford, 1836), posa le principe que la foi catholique est, quod semper, ubique et ab omnibus creditum est. À en juger à cette aune de l’auté, la doctrine d’Augustin n’était nullement catholique. Le second livre de cet ouvrage, aujourd’hui perdu, contestait probablement expressément l’augustinisme et fut donc supprimé. Mais Augustin avait des partisans talentueux même en Gaule, tels que les deux laïcs Hilarius et Prosper Aquitanicus (47, 20). Ce qui se passait autour d’eux, ils le rapportèrent à Augustin, qui écrivit contre les Massiliens le De predestinatione Sanctorum et le De dono perseverantiæ. Il en fut empêché par sa mort, qui eut lieu en apr. J.-C. 430, de participer plus longtemps au concours. Hilarius et Prosper, cependant, le continuèrent. Depuis que l’évêque romain Cœlestine, avant qui en apr. J.-C. Ils se plaignirent personnellement, répondirent par une théologie par oui et par non, Prosper lui-même prit le combat dans un habile ouvrage De gratia Dei et libero arbitrio contra Collatorem, mais ce faisant, il aplanit involontairement les points les plus tranchants du système augustinien. C’est ce qui s’est passé de manière encore plus décisive dans l’ingénieux traité De Vocatione gentium, dont l’auteur était peut-être Léon le Grand, plus tard pape, mais alors seulement diacre. De l’autre côté, les adversaires (Arnobius le jeune ?) usèrent de l’artifice de présenter, dans le remarquable ouvrage intitulé Prædestinatus, prétendant avoir été écrit par un disciple d’Augustin, une caricature de la doctrine de la prédestination poussée jusqu’à l’extrême de l’absurdité, et ceux-ci cherchèrent à justifier leur propre position. Le premier livre contient une description de quatre-vingt-dix hérésies, dont la dernière est le prédestinationnisme ; le second donne pour complément au premier le prétendu traité d’un tel prédestinarien ; et le troisième le réfute. Un certain prêtre Lucidus, partisan zélé de la doctrine de la prédestination, fut par un synode semi-pélagien à Bélier en A.D. 475 forcés de se rétracter. Faustus, évêque de Rhégium (47, 21), envoya après lui, par ordre du Concile, un traité controversé De gratia Dei et humanæ mentis libero arbitrio, et aussi la même année après J.-C. En 475, un synode à Lyon sanctionna le semi-pélagianisme. Le traité de Faustus, bien que modéré et conciliant, provoqua une violente agitation au sein d’une communauté de moines scythes à Constantinople. Débloquer le niveau 520. Ils se plaignirent par l’intermédiaire de l’évêque Possesseur de Carthage au pape Hormisdas, mais lui aussi répondit par une théologie par oui et par non. Puis les Africains bannis par les Vandales en Sardaigne s’emparèrent de l’affaire. Ils tinrent un concile en apr. J.-C. 523, par l’ordre duquel Fulgentius de Ruspe ( 47, 20), un apologiste zélé de l’augustinisme composa son De veritate prædest. et gratia Dei Lb. III, qui fit impression jusque dans la Gaule. Et maintenant deux évêques gaulois capables, Avitus de Vienne et César d’Arles (47, 20) Il entra sur les listes en faveur d’un augustinisme modéré et l’emporta au synode des Oranges en J.-C. 529 une victoire décisive sur le semi-pélagianisme. La doctrine d’Augustin sur le péché originel dans sa forme la plus stricte, et ses affirmations sur le manque absolu de mérite dans tout acte humain et la nécessité inconditionnelle de la grâce ont été reconnues, la foi a été exaltée comme étant exclusivement l’effet de la grâce, mais la prédestination à l’égard des Rérobati a été réduite à une simple prescience, et la prédestination au mal a été rejetée comme un blasphème contre Dieu. Un synode tenu la même année, A.D. 529, à Valence, confirma les décrets des Oranges. Boniface II. de Rome a fait de même en J.-C. Débloquer le niveau 530.168―Suite 91, 5.
Manichéisme ( 29) avait encore de nombreux adhérents, non seulement dans les provinces orientales lointaines, mais aussi en Italie et en Afrique du Nord ; et des églises marcionites isolées ( 27, 11) se trouvaient encore dans presque tous les pays de l’empire et aussi au-delà de ses limites. Un réveil indépendant des tendances gnostiques-manichéennes surgit en Espagne sous le nom de priscillianisme.
54.1. Manichéisme. — La tolérance universelle de la religion, introduite par Constantin, s’étendit aussi aux manichéens de son empire (29, 3). Mais à partir de l’époque de Valentinien Ier. Les empereurs ont promulgué à plusieurs reprises des lois pénales sévères contre eux. La faveur qu’ils obtinrent en Syrie et en Palestine conduisit l’évêque Titus de Bostra en Arabie Pétrée, vers l’an 2000. 370, pour écrire ses 4 livres contre les manichéens. L’église manichéenne jouissait d’une réputation particulièrement élevée en Afrique du Nord, même aux IVe et Ve siècles. Son représentant le plus important, Faustus de Milève, publia un traité controversé contre l’Église catholique, auquel Augustin, qui avait lui-même été auparavant un partisan des manichéens, répondit expressément en 33 livres sterling. (Traduction anglaise : « Ante-Nicene Lib. » Traités contre Faustus le Manichéen, Edin., 1868). Lorsque le manichéen Félix, pour faire avancer la cause de son Église, vint auprès d’Hippone, Augustin le défia à une dispute publique, et après deux jours de débats, le mit dans une telle situation qu’il finit par s’avouer vaincu, et fut obligé de prononcer l’anathème contre Mani et sa doctrine. Avec plus de zèle encore que par le gouvernement impérial, les Manichéens africains furent persécutés par les Vandales, dont le roi Hunerich (76, 3) en brûla beaucoup, et transporta des cargaisons entières de navires sur le continent européen. À l’époque de Léon le Grand († apr. J.-C. 461), ils étaient très nombreux à Rome. Ses recherches tendent à montrer qu’ils entretenaient des vues antinomiques et, dans leurs mystères, se livraient à des pratiques lubriques. De même, à l’époque de Grégoire le Grand († apr. J.-C. 604) l’Église d’Italie était encore menacée par leur accroissement. Depuis lors, cependant, on n’entend plus parler des tendances manichéennes en Occident jusqu’au XIe siècle, lorsque, tout à coup, elles éclatent à nouveau avec une puissance terriblement menaçante et contagieuse (108, 1). Dans les parties orientales de l’empire aussi, de nombreux vestiges gnostiques-manichéens continuèrent d’exister en secret, et du IXe au XIIe siècle réapparurent sous une nouvelle forme (71). C’est encore plus largement à cette époque que de telles opinions se répandirent parmi les souverains musulmans des régions frontalières orientales, jusqu’en Chine et dans l’Inde, comme en témoignent les historiens arabes de cette époque (29, 1).
54.2. Le priscillianisme, apr. J.-C. Les premières graines du credo gnostique-manichéen ont été apportées en Espagne au IVe siècle par un Marcus égyptien. Un laïc riche et cultivé, Priscillien, s’est laissé entraîner dans cette direction, et l’a développée indépendamment en un système dualiste et émanationniste. Le mariage et les plaisirs charnels étaient interdits, mais sous une apparence extérieure d’ascétisme strict se cachaient des tendances antinomiques par des orgies impures. En même temps, la secte encourageait et exigeait le mensonge et le parjure, l’hypocrisie et la dissimulation pour la propagation et la préservation de leur communauté. « Jura, perjura, secretum perdere noli. » Bientôt les priscillianistes se répandirent dans toute l’Espagne ; Même quelques évêques s’y sont joints. L’évêque Idacius d’Emerida, par son zèle passionné contre eux, attisa le feu vacillant en une flamme brillante. Un synode à Saragosse en A.D. 380 les excommunia et confia l’exécution de ses décrets à l’évêque Ithace de Sossuba, homme violent et immoral. Avec Idacius, il avait obtenu de l’empereur Gratien un édit qui prononçait contre tous les priscillianistes la sentence de bannissement. Cependant, les pots-de-vin de Priscillien rendirent non seulement cet édit inopérant, mais aussi un ordre d’arrestation d’Ithacius, qu’il n’évita qu’en s’enfuyant en Gaule. C’est là qu’il gagna l’usurpateur Maxime, le meurtrier de Gratien, qui, avide de leurs biens, utilisa la torture contre la secte, et fit décapiter Priscillien ainsi que quelques-uns de ses partisans à Trèves en J.-C. Débloquer le niveau 385. C’était le premier cas de peine capitale utilisée contre des hérétiques. Le noble évêque Martin de Tours (47, 14), à qui l’empereur avait précédemment promis qu’il agirait avec douceur, se hâta de se rendre à Trèves et renonça à la communion ecclésiastique avec Ithace et tous les évêques qui avaient consenti à la sentence de mort. Ambroise et d’autres évêques exprimèrent également leur désapprobation. Cela a conduit Maximus à arrêter l’inquisition militaire contre eux. Mais la gloire du martyre avait enflammé l’enthousiasme de la secte, et parmi les barbares qui se frayèrent un chemin en Espagne à partir de l’ère chrétienne. 409 Ils firent une riche moisson. Paulus [Paul] Orose ( 47, 20) écrivit son Commonitorium de errore Priscillianist. en A.D. 415, cherchant de l’aide auprès d’Augustin, qui, cependant, l’inquiétude et les contestations dans d’autres directions ne permirent qu’une faible part à cette controverse. Plus importante fut l’intervention ultérieure de Léon le Grand, provoquée par un appel à l’aide de l’évêque Turribius d’Astorga. Suivant ses instructions, un Concilium Hispanicum en A.D. 447 et plus distinctement encore un concile à Braga en apr. J.-C. 563 promulgua des règles vigoureuses pour la suppression de l’hérésie. Depuis lors, le nom des priscillianistes a disparu, mais leur doctrine a été maintenue secrète pendant quelques siècles encore.169
Le culte chrétien, libéré par Constantin de la pression de la persécution, a développé une grande richesse de formes avec une majesté d’expression correspondante. Mais les controverses doctrinales réclamaient tant d’attention qu’il ne restait ni espace ni temps pour mener à bien les autres développements de la même manière à travers le feu des conflits et des cribles. C’est pourquoi les formes de culte ont été façonnées d’une manière particulière par l’esprit de l’époque, la nationalité et le goût populaire. L’esprit public de l’Église, cependant, donna au développement une unité essentielle, et les premières différences furent de plus en plus mises en harmonie. Ce n’est qu’entre l’Orient et l’Occident que la distinction était assez forte pour faire diverses impressions en opposition aux efforts niveleurs de la catholicité.
L’époque de Cyrille d’Alexandrie marque un tournant important dans le développement du culte. Il était naturel que la doctrine dominante de Cyrille sur le lien intime entre la nature divine et la nature humaine dans la personne du Christ se soit incarnée dans les services de l’Église. Mais cette doctrine n’était pas encore une théorie au moins unilatérale qui n’excluait pas entièrement sa perversion dans l’erreur. Dans le dogme, en effet, grâce aux efforts de Léon et de Théodoret, l’erreur monophysite encore existante n’avait pas de place. Mais dans le culte de l’Église, il s’était incrusté, et ici il n’était pas vaincu, et sa présence n’était même pas soupçonnée, de sorte qu’il pouvait maintenant non seulement se développer sans être dérangé dans le sens du culte des saints, des images, des reliques, des pèlerinages, du sacrifice de la messe, etc., mais aussi il pouvait en déduire de manière décisive un développement de dogmes non encore établis. par exemple dans la doctrine de l’Église, du sacerdoce, des sacrements, en particulier de la Cène du Seigneur, etc., etc.
L’idée d’avoir des jours particuliers de la semaine consacrés en mémoire d’incidents particuliers dans l’œuvre de la rédemption s’était déjà exprimée dans la période précédente (37). mais elle passait d’autant plus à l’arrière-plan que l’église commençait à s’appliquer à la construction sous la forme la plus riche possible d’une année chrétienne. La différence antérieure dans le développement de l’Orient et de l’Occident a amené chacun à prendre sa propre voie, déterminée dans un cas par une tendance judéo-chrétienne, dans l’autre par une tendance païenne-chrétienne. Néanmoins, au IVe siècle, nous constatons un nivellement considérable de ces divergences. C’est du moins ce qui a été réalisé de sorte que les trois principales fêtes ont reçu une forme essentiellement commune dans les deux églises. Mais aux Ve et VIe siècles, dans le développement ultérieur de l’année chrétienne, les deux Églises se séparèrent d’autant plus nettement l’une de l’autre. L’Église d’Occident, en particulier, cédait de plus en plus sans réserve à la tendance à faire de l’année naturelle le type et le modèle de l’année chrétienne. C’est ainsi que l’année chrétienne occidentale s’est enrichie et s’est développée pour devenir une institution plus vitale et plus intimement liée à la vie du peuple. Cependant, la végétation luxuriante de l’époque des saints empêcha l’Église d’atteindre ici son idéal.
56.1. Le Cycle Hebdomadaire. — Constantin le Grand promulgua une loi en apr. J.-C. 321, selon lequel toutes les affaires magistrales, judiciaires et municipales étaient arrêtées le dimanche. Plus tard, il interdit également les exercices militaires. Ses successeurs étendirent l’interdiction aux spectacles publics. Parallèlement au dimanche, le sabbat a longtemps été célébré en Orient par des réunions dans les églises, l’évitement du jeûne et la prière. Le Dies stationum, mercredi et vendredi ( 37), ont été observés en Orient comme des jours de jeûne. L’Occident a abandonné le jeûne du mercredi et a introduit à sa place le jeûne anti-judaïque du sabbat.
56.2. Heures et jeûnes trimestriels. — Le nombre d’heures de prière fixées (les 3e, 6e et 9e heures, comp. Dan. vi. 10 à 14 ; Actes ii. 15 ; iii. 1 ; x. 9) ont été portées au cours du Ve siècle à huit (Horæ canonicæ : Matutina ou matines à 3 heures du matin ; Prima à 6 heures du matin ; Tertia à 9 heures du matin ; Sexta à 12 h ; Nona à 15 h ; Vêpres à 18 h ; Achèvement à 21 h ; et Mesonyktion ou Vigiles à minuit) ; cependant, en général, deux des heures de nuit étaient combinées, de manière à conserver les sept temps requis dans le Ps. cxix. 164. Cette disposition des heures était strictement observée par les moines et les clercs. La base commune de la prière pour les dévotions à ces heures était le Psautier divisé entre les sept jours de la semaine. Le reste du matériel adapté au cours de l’année chrétienne, composé de lectures de l’Écriture et de la patristique, de légendes de martyrs et de saints, de prières, d’hymnes, de doxologies, etc., s’est progressivement accumulé, de sorte qu’il a dû être abrégé, d’où le nom de Breviarium communément donné à de telles sélections. Le bréviaire romain, arrangé principalement par Léon le Grand, Gélase et Grégoire le Grand, a progressivement chassé de la campagne toutes les autres compositions de ce type dans tout l’Occident. Une abréviation de Haymo, général des minorites, en apr. J.-C. 1241 fut sanctionné par Grégoire IX, mais il fut ensuite soumis à de nombreuses modifications. Le concile de Trente chargea finalement la présidence pontificale de préparer une nouvelle rédaction que le clergé de toute l’Église catholique serait obligé d’utiliser. Une telle production a été publiée par Pie V. en apr. J.-C. 1568, puis en 1568. 1631 Urbain VIII lui a donné la forme sous laquelle elle est encore aujourd’hui. — En Occident, l’année était divisée en périodes de trois mois, quatuor tempora, correspondant aux saisons de la prière qui se répètent toutes les trois heures. Il y avait des temps de prière et d’action de grâces pour la moisson, occupés, selon Joël II, par la pénitence, le jeûne et l’aumône. Léon le Grand a porté cette institution à la perfection. Le quatuor tempora, les jours de braise, ont lieu au début de la Quadragesima, dans la semaine après la Pentecôte, et au milieu des 7e et 10e mois (septembre et décembre), et étaient observés par un jeûne strict le mercredi, le vendredi et le samedi avec une veillée du sabbat.
56.3. Le calcul de Pâques. — Au concile de Nicée en apr. J.-C. 325 le mode romain d’observer Pâques l’emporta sur celui de l’Asie Mineure (37, 2). Ceux qui adhéraient à cette dernière méthode étaient considérés comme une secte (Quartadecimani Τεσσαρεσκαιδεκατῖται). Le Concile décréta que le premier jour de pleine lune après l’équinoxe de printemps serait considéré comme le 14e Nisan, et que la fête de la résurrection serait célébrée le dimanche suivant. L’évêque d’Alexandrie se chargeait chaque fois de la détermination astronomique de la fête, parce que c’est là que les études astronomiques étaient poursuivies avec le plus grand diligence. Il publiait chaque année, généralement à l’occasion de l’Épiphanie, une lettre circulaire, Liber paschalis, donnant aux autres Églises le résultat du calcul, et profitait généralement de l’occasion pour discuter les questions ecclésiastiques du jour. Tout d’abord, à Alexandrie, probablement pour empêcher à jamais une combinaison des fêtes juives et chrétiennes de Pâques, on introduisit l’usage d’observer la fête lorsque les 14 et 16 de la nouvelle lune tombaient le vendredi et le dimanche, non pas le même dimanche, mais huit jours plus tard, pratique que Rome aussi, et avec elle une grande partie de l’Occident, adopté au Ve siècle (77, 3). Une autre différence existait quant au moment où le jour de la pleine lune devait être considéré comme commençant. Le Canon pascal d’Hippolyte ( 31, 3) l’avait calculé d’une manière très peu satisfaisante d’après un cycle de la lune de seize ans, au cours duquel le jour de la pleine lune se produirait de nouveau le même jour de l’année. À Alexandrie, on adopta le cycle plus exact de dix-neuf ans d’Anatolius, selon lequel le jour de la pleine lune avait une aberration d’environ un jour seulement en 310 ans, et même cela était plutôt causé par l’imperfection de l’année julienne de 365 jours avec trois jours intercalaires en 400 ans. Mais, à Rome, le calcul était fait comme la base d’un cycle de quatre-vingt-quatre ans, qui avait en effet l’avantage de s’achever non seulement le même jour de l’année, mais le même jour de la semaine ; tandis que, d’un autre côté, il avait cet inconvénient qu’après quatre-vingt-quatre ans, il était tombé environ un jour en arrière du jour réel de la pleine lune. Il y avait aussi cette autre différence qu’à Alexandrie le 21 mars était considéré comme le jour où le jour et la nuit étaient égaux, et qu’à Rome, mais à tort, le 18 mars. Le cycle de 532 (28 ✕ 19) ans compté en apr. J.-C. 452 par Victorius, évêque d’Aquitaine, fut assimilé à l’alexandrin, sans toutefois perdre l’avantage du cycle de quatre-vingt-quatre ans dont il a été question plus haut, qu’il ne réussit cependant à obtenir qu’une fois tous les dix-neuf ans, fixant l’équinoxe au 20 mars. L’abbé romain Denys l’Ancien (47, 23), enfin, en apr. J.-C. 525 a harmonisé le calcul romain et alexandrin en établissant un cycle de quatre-vingt-quinze ans (5 ✕ 19), et ce cycle a été introduit dans tout l’Occident par Isidore de Séville et Bède le Vénérable (90, 2). L’erreur occasionnée par l’inexactitude du calendrier julien s’est poursuivie jusqu’à la réforme grégorienne du calendrier (149, 3).
56.4. Les fêtes de Pâques. — La prééminence de la fête chrétienne de la victoire (la résurrection) sur celle de la souffrance, surtout chez les Grecs, a conduit, même au IVe siècle, à la première comme fruit de l’attraction de la seconde dans le temps pascal, et à la distinction comme πάσχα ἀναστάσιμον de celle comme πάσχα σταυρώσιμον, et aussi enfin à l’adoption de l’unique nom de Pâques ou fête de Pâques et à la considération de l’ensemble La saison des quadragesimes comme préparation à Pâques. Le nom saxon de Pâques est dérivé de l’ancienne fête allemande d’Ostara, déesse du printemps, qui était célébrée à la même saison. Tous les divertissements ont été arrêtés, tous les procès criminels ont été jugés et le vacarme de la circulation dans les rues et les marchés a été restreint autant que possible. L’Orient exempta le dimanche et le sabbat de l’obligation de jeûner, à l’exception du dernier sabbat comme jour du repos du Christ dans la tombe, mais l’Occident n’exempta que le dimanche. Grégoire le Grand fixa donc le début de la Quadragesima au mercredi de la septième semaine avant Pâques, Caput jejunii, Dies cinerum, Mercredi des Cendres, ainsi appelé parce que l’évêque répandait des cendres sur la tête des croyants avec une référence d’avertissement à Gen. III. 19, comp. xviii. 27. Avec le mardi précédent, le mardi gras (de shrive, confesser), clôturait la saison du carnaval (carni valedicere) qui, à partir du 6 janvier. ou la fête des trois saints rois, atteignait son apogée dans les derniers jours, de trois à huit heures, avant le mercredi des Cendres. En ce jour de clôture, le peuple cherchait généralement à être dédommagé de l’approche d’un jeûne strict en s’abandonnant sans mesure au plaisir. D’Italie, où cette coutume est née et a été le plus pleinement appliquée, elle s’est ensuite répandue dans les autres pays de l’Occident. En opposition à ces procédures non spirituelles, la période des fêtes de Pâques a commencé trois semaines plus tôt avec le 10e dimanche avant Pâques (Septuagésime). L’alléluia de la messe a été réduit au silence, les mariages n’ont plus été célébrés (Tempus clausum), les moines et les clercs ont déjà commencé le jeûne. Le festival Quadragesima a atteint son apogée lors de la dernière semaine. Elle commençait avec le dimanche des Rameaux (ἑορτὴ τῶν βαΐων) et se terminait avec le grand sabbat, le moment favori pour les baptêmes (Rom. vi. 3). Le jeudi, jour commémoratif de l’institution de la Cène du Seigneur, et le vendredi, jour de la mort du Christ, le Vendredi saint, étaient des jours d’une importance particulière. Un service solennel de nuit, des veillées pascales, ont marqué le passage aux joyeuses célébrations de Pâques. La vieille légende selon laquelle, cette nuit-là, la seconde venue du Christ aurait lieu, rendait le service particulièrement solennel. Le matin de Pâques a commencé par la salutation jubilatoire : Le Seigneur est ressuscité, et la réponse : Il est vraiment ressuscité. Le dimanche suivant, l’octave de Pâques, Pascha clausum, ἀντίπασχα, la fête de Pâques s’achève. Ceux qui étaient baptisés le jour du grand sabbat portaient pour la dernière fois leur robe blanche de baptême. C’est pourquoi ce sabbat s’appelait Dominique in albis ; par la suite, conformément à l’Introït de 1 Pi. ii. 2, Quasimodogeniti ; et chez les Grecs, καινὴ κυριακή. Les joyeuses célébrations de Pâques se sont étendues pendant toute la période de la Quinquagésime entre Pâques et la Pentecôte. Le jour de l’Ascension, Festum ascensionis, ἑορτὴ τῆς ἀναλήψεως, et la Pentecôte, πεντεκοστή, ont été introduites comme grandes fêtes par les services de vigile ; et cette dernière a été conclue par l’octave de la Pentecôte, appelée par les Grecs κυριακὴ τῶν ἁγίων μαρτυρησάντων et à une date beaucoup plus tardive appelée par les Latins le dimanche de la Trinité. Les Octaves de la Fête, ἀπολύσεις, avaient un modèle de l’Ancien Testament dans le עֲצֶרֶת de la Fête des Tabernacles, Lév. xxiii. 26.
56.5. Les fêtes de Noël. — Les premières traces de la fête de Noël (Natalis Christi, γενέθλια) dans l’église romaine se trouvent vers J.-C. 360. Quelques décennies plus tard, ils apparaissent dans l’Église d’Orient. L’introduction tardive de cette fête s’explique par le mépris de l’anniversaire et l’importance donnée au jour de la mort du Christ dans l’ancienne église ; mais Chrysostome le considérait même comme le μητρόπολις πασῶν τῶν ἑορτῶν. Depuis le 25 mars, l’équinoxe de printemps a été célébré comme le jour de la création, le jour de l’incarnation, la conception du Christ, le second Adam, comme le commencement de la nouvelle création, a eu lieu le même jour, et donc le 25 décembre. a été choisi comme le jour de la naissance du Christ. La fête chrétienne coïncidait donc presque avec les Saturnales païennes, en mémoire de l’âge d’or, du 17 au 23 décembre, les Sigillaria, le 24 décembre, où l’on présentait aux enfants des poupées et des images d’argile et de cire, de sigille, et la Brumalia, le 25 décembre, Dies natalis invicti solis, le solstice d’hiver. Ce n’était pas une simple coïncidence que le Christ, le Soleil éternel, naquît ce jour-là. La fête de Noël a également été introduite par une veillée et a duré huit jours, qui au VIe siècle est devenue le Festum circumcisionis. Les réjouissances qui caractérisaient la fête du Nouvel An des païens amenèrent l’ancienne église à observer ce jour comme un jour de pénitence et de jeûne. La fête de l’Épiphanie le 6 janvier. ( 37, 1) a également été introduit en Occident au cours du IVe siècle, mais y a obtenu une coloration païenne-chrétienne de Luc ii. 21 et a été observé comme la fête des prémices des Gentils et a reçu le nom de la fête des trois saints rois. Car Tertullien lui-même, selon le Ps. lxxii, 10 avait fait des mages des rois ; On en conclut qu’ils étaient trois à cause des trois dons dont il a été question ; et Bède, vers J.-C. 700, donne leurs noms de Caspar, Melchior et Balthasar. Pour d’autres, cette fête était associée au premier miracle du Christ aux noces de Cana, ainsi qu’à l’alimentation des 5 000 personnes dans le désert. Après l’analogie de la fête de Pâques, depuis le 6ème siècle, une célébration préliminaire plus longue a été liée à la fête de Noël. Dans l’Église d’Orient, à partir du 14 novembre, elle embrassait six dimanches avec quarante jours de jeûne, comme la deuxième quadragésime de l’année. Dans l’église latine, comme le temps de l’Avent, il n’y avait que quatre dimanches, avec un jeûne de trois semaines.
56.6. L’Année ecclésiastique n’a été en Orient une adaptation symbolique de l’année naturelle que dans la mesure où elle a entraîné la christianisation des fêtes juives et la reconnaissance précoce des idées occidentales sur les fêtes. Ce n’est que lors des grandes fêtes, Noël, Pâques et la Pentecôte, qu’elles sont retenues ; les autres dimanches et fêtes, ils n’ont jamais pu s’exprimer. La fête de Pâques était considérée comme le début de l’année ecclésiastique ; par la suite la Quadragesime ou l’Épiphanie ; et enfin, l’Ancien Testament qui commence l’année en septembre. Toute l’année ecclésiastique était divisée en quatre parties selon la Lectio continua de l’Évangile, et les dimanches étaient nommés par la suite. Le κυριακὴ πρώτη τοῦ Ματθαίου a eu lieu immédiatement après la Pentecôte. L’Année de l’Église latine commence avec le temps de l’Avent et distingue un Semestre Domini et un Semestre ecclesiæ. Mais seul le premier était pleinement développé : Noël, Pâques, la Pentecôte avec les dimanches qui leur appartenaient, représentant la fondation, le développement et l’achèvement de l’histoire du salut. À un développement correspondant de la seconde moitié, nous trouvons des contributions précoces, par exemple la fête de Pierre et Paul le 29 juin comme fête de la fondation de l’église par les apôtres, la fête du grand martyr Laurentius (22, 5) le 10 août en mémoire de la lutte prescrite à l’Ecclesia militans, et la fête de Michel le 29 septembre en référence à l’achèvement de l’Ecclesia triumphans. Que dans ces fêtes nous ayons déjà les germes des trois fêtes de la communauté de l’Église qui devaient correspondre aux trois fêtes de l’histoire du Seigneur apparaît de manière significative dans la désignation primitive des dimanches après la Pentecôte comme Dominique post Apostolos, post Laurentium, post Angelos. Mais elle n’a jamais été nettement plus avancée. Cette distribution profondément significative a été recouverte par le culte des saints, qui a débordé du Semestre Domini. Le principe de la christianisation des rites païens a été légitimé par Grégoire le Grand. Il instruisit les missionnaires anglo-saxons à cet effet ( 77, 4), qu’ils convertissent les temples païens en églises et les fêtes païennes en fêtes ecclésiastiques et jours de martyrs, ut duræ mentes gradibus vel passibus non autem saltibus eleventur. Les saints prennent désormais la place des dieux de la nature et l’année ecclésiastique reproduit avec une coloration chrétienne tous les points saillants de l’année naturelle. — Comme dernière fête liée à l’histoire du Seigneur, la fête de la Glorification, ἁγία μεταμόρφωσις, a eu lieu en Orient le 6 août. Selon la tradition, la scène s’est déroulée sur le mont Thabor, d’où le nom de fête Θαβώριον. L’Église latine l’a adopté pour la première fois au XVe siècle (F. transfigurationis).170
56.7. L’Église jeûne ( 37, 3).― dans l’église grecque, l’ordonnance du jeûne était plus stricte que dans l’église latine. Dans une période, cependant, nous avons un système de jeûnes embrassant quatre grandes saisons de jeûne : la Quadragesima de Pâques et de Noël, la période de trois à cinq semaines de l’octave de la Pentecôte (la fête grecque de la Toussaint) à celle de Pierre et Paul le 29 juin, et les quatorze jours avant l’Ascension de Marie le 15 août. Il y avait aussi les νηστεῖαι προεόρτιοι les soirs précédant les autres fêtes ; et enfin, les jeûnes hebdomadaires récurrents du mercredi et du vendredi. Le plus strict était le jeûne d’avant Pâques, observé avec une rigidité progressive. Le dimanche de la Sexagésime, on mangeait de la chair pour la dernière fois, puis on suivait la semaine dite du beurre, où le beurre, le fromage, le lait et les œufs étaient encore autorisés ; mais, par la suite, il fut ordonné d’éviter complètement tout aliment d’engraissement, atteignant pendant la grande semaine le plus haut degré possible d’abstinence. En Occident, au lieu du mercredi, le samedi était pris en même temps que le vendredi, et jusqu’au XIIIe siècle, il était ordonné de ne rien manger ces deux jours de la semaine, ainsi que les jours trimestriels (quatuor tempora) et les soirs précédant les fêtes des apôtres et des martyrs les plus célèbres, les jeûnes de veille. jusqu’à 15 h (Semijejunium) ou même jusqu’à 18 heures. (Plenum jejunium) ; tandis que dans les saisons plus longues de jeûne avant Pâques et avant Noël, l’injonction était limitée à l’évitement de tous les aliments gras (Abstinentia).
Bien qu’avec les temps de persécution, le martyre ait cessé, l’ascèse, lorsqu’il était prêché avec une sévérité inhabituelle, donnait droit à la canonisation, qui était encore accordée par la voix du peuple, considérée comme la voix de Dieu. Des saints oubliés ont été découverts par des visions, et la légende a insensiblement compensé la pauvreté des réminiscences historiques par des noms et des faits. La vénération des martyrs s’élevait d’autant plus haut que la génération actuelle se montrait plus pitoyable dans sa tiédeur et sa mondanité face à la foi conquérante de cette grande nuée de témoins. Le culte de Marie, qui est apparu à la suite de la controverse nestorienne, a été introduit plus tard que celui des martyrs, mais il a presque immédiatement pris une longueur d’avance et s’est classé au-dessus de l’adoration de tous les autres saints. L’adoration des anges, dont nous trouvons les commencements même chez Justin et Origène, est restée loin derrière le culte des saints. Des pèlerinages ont été entrepris avec zèle, à partir de l’époque où la mère de l’empereur, Hélène, en J.-C. 326, se rendit en pèlerin dans les lieux saints de Palestine et les balisa ensuite en y construisant de belles églises. Le culte des images a été introduit pour la première fois à l’époque de Cyrille d’Alexandrie et a été pratiqué avec un empressement particulier dans l’Orient amateur d’art. Les enseignants occidentaux, cependant, et même Grégoire le Grand lui-même, n’ont fait que devenir décorateurs, utilisant des images pour obtenir plus d’impressionnant dans l’enseignement et une plus grande vivacité dans la dévotion. En Occident, cependant, plus encore qu’en Orient, la vénération des reliques est devenue à la mode.
57.1. Le culte des martyrs et des saints ( 39, 5).172―À très anciennement, les églises étaient construites sur les tombes des martyrs (Memoria, Confessio, μαρτύριον), ou leurs ossements étaient apportés dans des églises précédemment construites (Translationes). De nouveaux édifices ont été consacrés en leurs noms, ceux qui ont reçu le baptême ont été nommés d’après eux. Les jours de leur mort étaient observés comme des saisons saintes spéciales avec des services de vigile, des agapes et des oblations sur leurs tombes. Dans des discours élogieux, les orateurs de l’Église, dans des hymnes mélodieux, les poètes, faisaient retentir leurs louanges. Les ossements des martyrs étaient recherchés avec un zèle extraordinaire et étaient regardés et vénérés comme suprêmement sacrés. Chaque province, chaque ville et chaque vocation avait son propre saint patron (Patronus). Peut-être dès le IIIe siècle, plusieurs églises avaient leurs calendriers des martyrs, c’est-à-dire des listes de ceux qui devaient célébrer le jour de leur mort. Au IVe siècle, cette coutume était devenue universelle, et de la collection des calendriers les plus célèbres, avec l’ajout d’histoires légendaires de la vie et des souffrances des martyrs ou des saints (Legendæ, ainsi appelées parce qu’elles avaient l’habitude d’être lues lors des services commémoratifs des personnes mentionnées), ont surgi les Martyrologes et les Légendes des Saints, chez les Grecs, on appelait Menologies de μήν, un mois. Le plus estimé en Occident était le martyrologe de l’Église romaine, dont la composition a été récemment réprimée, également et sur les mêmes bases que celle de ce qu’on appelle le Liber Comitis, 59, 3, jusqu’à l’époque de Jérôme en tant que principal représentant de l’érudition théologique occidentale. Cette collection a constitué la base des nombreux martyrologes latins du Moyen Âge (90, 9). Ces catalogues de saints offraient un riche choix à ceux qui désiraient des noms à utiliser au baptême ou à la confirmation ; Le saint préféré devint ainsi le patron de celui qui prit son nom. Les trois grands Cappadociens à l’Est et Ambroise à l’Ouest ont été les premiers à ouvrir les vannes à l’invocation des saints en proclamant que les saints glorifiés, par la communion avec le Seigneur, partageaient son attribut d’omniprescence et d’omniscience ; tandis qu’Augustin confiait plutôt aux anges la tâche de communiquer les invocations des hommes aux saints. Dans les liturgies, les prières pour les saints sont désormais remplacées par des invocations à leur intercession. Le peuple trouva en cela une compensation pour la perte du héros, du génie et du culte des mânes. Les docteurs de l’Église voulaient au moins faire une distinction marquée entre Adoratio et Invocatio, λατρεία et δουλεία, rendant le premier à Dieu seul. Une fête de tous les martyrs était célébrée en Orient dès le IVe siècle à l’octave de la Pentecôte (56, 4). En Occident, le pape Boniface IV, en apr. J.-C. 610, ayant reçu de l’empereur Phocas le Panthéon en cadeau et l’ayant converti en église de la Très Sainte Vierge et de tous les martyrs, fonda un Festum omnium Sanctorum, qui ne fut cependant pas généralement reconnu avant le IXe siècle (1er novembre). En raison du grand nombre de saints, un ou plusieurs devaient être assignés à chaque jour du calendrier. Le jour fixé était généralement celui de la mort du saint. Le seul exemple de célébration d’un anniversaire était la fête de Jean-Baptiste (Natalis S. Joannis). La date du 24 juin a été fixée en calculant d’après Noël (selon Luc, I, 26), et le fait qu’il ait eu lieu dans l’autre moitié de l’année à partir de celle de Christ a fourni un parallèle symbolique avec Jean III, 30. En guise d’appendice à cela, nous rencontrons même au 5ème siècle le F. decollationis S. Joannis le 29 août. Le deuxième jour de la fête de Noël, la fête du proto-martyr Étienne a été célébrée comme les prémices de l’incarnation de Dieu ; sur le troisième, le souvenir du disciple qui reposait sur la poitrine du Maître ; le quatrième, les enfants innocents de Bethléem (F. innocentium) comme les flores ou primitiæ martyrum. La fête des Maccabées (πανήγυρις τῶν Μακκαβαίων) remonte encore plus loin en arrière en tant que mémorial de la mère héroïque et de ses sept fils sous Antiochus Épiphane. Il a été observé dès le 4ème siècle et n’est tombé en désuétude qu’au 13ème. Parmi les fêtes des Apôtres, celle de Pierre et de Paul (F. Apost. Petri et Pauli) le 29 juin, alors que la solennité de leur martyre commun à Rome était universellement observée. Mais Rome a célébré en outre une double F. Cathedræ Petri, pour la Cathedra Romana le 18 janvier, et pour la Cathedra Antiochena le 22 février. Pendant longtemps, une disposition symbolique des jours calendaires a prévalu ; les patriarches de l’Ancien Testament ont été placés dans le temps avant Noël, les saints ultérieurs de l’ancienne dispensation dans la Quadragésima, et les apôtres et les fondateurs de l’église après la Pentecôte, puis les martyrs, puis les confesseurs, et enfin, les vierges comme prototype de l’église parfaite.
57.2. L’adoration de Marie et d’Anne.173―Le εὐλογουμένη ἐν γυναιξί qui elle-même avait prophétisé : ἰδοὺ γὰρ, ἀπὸ τοῦ νῦν μακαριοῦσι με πᾶσαι αἱ γενεαί, était considéré comme l’idéal le plus élevé de toute virginité. Toute la vénération que l’Église accordait à la virginité culminait donc en elle. Même Tertullien, à côté de l’opposition paulinienne Adam et Christ, a placé cet autre, Ève et Marie. La perpetua virginitas b. Mariæ était un article de foi incontesté du IVe siècle. Ambroise comprit de son Ézéchiel. xliv. 3, et affirma qu’elle était née utero clauso ; Grégoire le Grand a vu une analogie entre cela et l’entrée du Ressuscité par des portes fermées (Jean xx. 19) ; et le deuxième concile Trullan, en A.D. 692, confessé : ἀλόχευτον τὸν ἐκ τῆς παρθένου θεῖον τόκον εἶναι. Irénée, Tertullien, Origène, Basile, Chrysostome, avaient encore trouvé en elle quelque chose de blâmable, mais Augustin lui-même refuse d’admettre qu’elle doive être comptée parmi les pécheurs : Unde enim scimus, quid ei plus gratiæ collatum fuerit ad vincendum omni ex parte peccatum ? Pourtant, pendant longtemps, cette vénération de Marie n’a guère progressé. Cela a été causé en partie par l’absence de la gloire du martyre, en partie par son développement dans l’église qui a été devancé et déformé par la mariolâtrie païenne et impie des Collyridiens, une secte féminine arabe du IVe siècle, qui offrait à la Sainte Vierge, comme aux temps païens à Cérès, des gâteaux de pain (κολλυρίδα). Épiphane, qui s’opposait à eux, enseigna : ἐν τιμῇ ἔστω Μαρία, ὁ δὲ Πατὴρ καὶ Υἱὸς καὶ ἅγιον Πνεῦμα προσκυνείσθω, τὴν δὲ Μαρίαν οὐδεὶς προσκυνείτω. Sur les Antidicomarianites, voir 62, 2. La victoire de ceux qui ont utilisé le terme θεοτόκος dans la controverse nestorienne a donné une grande impulsion à la mariolâtrie. Même au Ve siècle, la fête de l’Annonciation, F. annunciationis, incarnationis, ἑορτὴ τοῦ εὐαγγελισμοῦ, τοῦ ἀσπασμοῦ, avait lieu le 25 mars. C’est aussi à cela que se rattachait en Occident la fête de la Purification de Marie, F. purificationis, le 2 février, selon Luc, II, 22. À cause des cierges utilisés dans le service, on l’appelait la Chandeleur de Marie, F. candelarum, luminum, Luc ii. 32. À la suite d’un tremblement de terre et d’une peste en J.-C. En 542, Justinien fonda l’ἑορτὴ τῆς ὑπαπάντης, F. occursus, sauf qu’ici la rencontre avec Siméon et Anne (Luc ii. 24) est mise au premier plan. Les deux fêtes, l’Annonciation et la Purification, avaient la même dignité que celles dédiées à la mémoire de Notre-Seigneur. De l’effort de mettre à côté de chacune des fêtes du Seigneur une fête correspondante de Marie, vers la fin du VIe siècle, la fête de l’Ascension de Marie (πανήγυρις κοιμήτεως, F. assumptionis, dormitionis M.) fut introduite et célébrée le 15 août ; et au VIIe siècle, la fête de la Nativité de Marie (F. nativitatis M.), le 8 sept. La première était fondée sur la légende apocryphe ( 32, 4), d’après lequel le Christ, avec les anges, porta au ciel l’âme de sa mère qui venait de s’en aller, et, le lendemain, son corps glorifié, et l’y unit de nouveau à l’âme.queues, se trouvent au IVe siècle chez Grégoire de Nysse et Épiphane. Justinien Ier. en apr. J.-C. En 550, il construisit l’église Sainte-Anne à Constantinople. En Orient, le 25 juillet a été célébré comme le jour de sa mort, le 9 septembre. comme le jour de son mariage, et le 9 déc. comme le jour de sa conception. En Occident, la vénération d’Anne fut introduite plus tard. Il est devenu populaire à la fin du Moyen Âge et a été rendu obligatoire dans toute l’église catholique par Grégoire XIII. en apr. J.-C. Année 1584. Le jour fixé était le 26 juillet. Pourtant, Léon III. au VIIIe siècle, il avait permis de placer dans l’église de Saint-Paul à Rome une représentation picturale de la légende de saint Joachim et de sainte Anne. — Continuation 104, 7, 8.
57.3. L’adoration des anges. — L’idée d’anges gardiens des nations, des villes, des individus, était basée sur Deut. xxxii. 8 (dans la LXX.) ; Dan. x. 13, 20, 21 ; xii. 1 ; Mat. xviii. 10 ; Actes xii. 15, dès le IIe siècle. Ambroise avait besoin de l’invocation des anges. Mais lorsque la secte phrygienne des Angeaux porta la pratique jusqu’au culte idolâtre, le concile de Laodicée au IVe siècle s’y opposa, et Épiphane la plaça dans sa liste des hérésies. Des manifestations supposées de l’archange Michel ont conduit à l’institution à partir du 5ème siècle de la fête de Michel observée le 29 septembre, comme une fête des anges représentant collectivement l’idée de l’église triomphante.
57.4. L’adoration des images ( 38, 3).― Le La réticence de l’Église antique à l’égard des représentations picturales de la personne du Christ en tant que telle, ainsi que la réticence à autoriser les images religieuses dans les églises, basées sur l’interdiction des images dans le Décalogue, n’étaient pas encore entièrement surmontées au IVe siècle. Eusèbe de Césarée, à propos des statues de Panéas ( 13, 2) et d’autres images du Christ et des Apôtres, parle d’un ἐθνικὴ συνηθεία. Il adressa une sévère réprimande à la sœur de l’empereur, Constantia, et fit référence à l’interdiction du décalogue, lorsqu’elle exprima le souhait d’avoir une image du Christ. Astérius, évêque d’Amasa dans le Pont († apr. J.-C. 410), déclamait avec ferveur contre la coutume des gens de distinction de porter des vêtements brodés d’images de l’histoire de l’Évangile, et leur recommandait plutôt d’avoir Christ dans leur cœur. Le violent fanatique Épiphane, l’adversaire le plus résolu de tout idéalisme religieux, déchira le rideau peint d’une église de village palestinien à Anablatha avec l’injonction d’y envelopper le cadavre d’un mendiant. Mais l’amour grec de l’art et les besoins religieux du peuple l’emportèrent sur le rigorisme judaïco-légal et le spiritualisme abstrait. Là aussi, l’âge de Cyrille marque un tournant. Au Ve siècle, d’authentiques images miraculeuses du Christ, des Apôtres et de la Fille-Mère (εἰκόνες ἀχειροποίητοι), firent leur apparition, et avec elles commença le culte des images proprement dit, avec l’allumage de bougies, les baisers, la combustion de l’encens, l’inclinaison du genou, les prosternations (προσκύνησις τιμητική). Bientôt, toutes les églises et tous les livres d’église, tous les palais et les chaumières furent remplis d’images du Christ et des saints peintes ou dessinées par les moines. Miracle après miracle, s’accomplissait à leurs côtés, sur eux ou à travers eux. En cela, cependant, l’Occident n’a pas suivi le rythme de l’Est. Augustin se plaint de l’adoration des images et conseille de chercher le Christ dans la Bible plutôt que dans les images. Grégoire le Grand, tout en blâmant la violence de Sérénus, évêque de Massilia en brisant les images, souhaite que dans les églises les images servent ad instruendas solummodo mentes nescientium. Les nestoriens, qui étaient fortement opposés aux images, ont expressément déclaré que Cyrille haï était à l’origine de l’iconolâtrie.
57.5. Culte des reliques ( 39, 5).―Le La vénération des reliques (λείψανα) procède d’un sentiment pieux de la nature humaine et est étroitement associée à cette plus haute vénération que l’Église rendait à ses martyrs. Cela a commencé par des assemblées publiques sur les tombes des martyrs, des célébrations commémoratives et des services en relation avec les translations de leurs ossements qui ont eu lieu dans les églises. Bientôt, aucune église, aucun autel (Apoc. VI, 9) ne put être construit sans reliques. Lorsque le petit nombre de martyrs connus s’est avéré insuffisant, des parties individuelles de leurs corps ont été divisées en différentes églises. Mais les rêves et les visions montraient de riches réserves jusque-là insoupçonnées dans les restes d’ossements de martyrs et de saints. Les catacombes, en particulier, se sont avérées des mines inépuisables. Des miracles et des signes attestent de leur authenticité. Théodose Ier. l’a déjà jugé nécessaire en A.D. 386, pour interdire le trafic des reliques. Outre les os, il y avait aussi des vêtements, des ustensiles, des instruments de torture. Ils guérissaient les malades, chassaient les démons, ressuscitaient les morts, évitaient les fléaux et conduisaient à la découverte des coupables. Les guéris exprimaient leur gratitude dans des tablettes votives et dans des présentations de figures d’argent et d’or des parties guéries. Un fondement scripturaire a été recherché pour cette vénération des reliques dans 2 Rois xiii, 21 ; Ecclésiastique. xlvi. 14 ; Actes xix. 12. Selon une légende communément admise au 5ème siècle, mais inconnue d’Eusèbe et du pèlerin bordelais de J.-C. 333, Hélène, mère de Constantin, trouvée en A.D. 326 la Croix du Christ avec les croix des deux larrons. L’un se distinguait des autres par un miracle de guérison ou de résurrection d’entre les morts. La pieuse dame laissa une moitié de la croix à l’église du Saint-Sépulcre et envoya le reste avec les clous à son fils, qui incrusta le bois dans ses statues et une partie des clous dans son diadème, tandis que du reste il fit un mors pour son cheval. Depuis la publication de la Doctrina Addaei, 32, 6, il est devenu évident que cette légende d’Hélène n’est qu’une autre version de la vieille légende d’Édesse sur la sainte byzantine, selon laquelle l’épouse de l’empereur Claude convertie par Pierre est représentée dans des circonstances exactement similaires comme ayant trouvé la croix. Aux pèlerins pieux et distingués, la permission fut donnée de prendre de petits éclats de bois conservés à Jérusalem, de sorte que bientôt des morceaux de croix furent répandus et vénérés dans le monde entier. Selon un rapport beaucoup plus tardif, un σταυρώσιμος ἡμέρα le 14 septembre. a été observée en Orient dès le IVe siècle en souvenir de la découverte de la croix. Dès l’époque de Grégoire le Grand, un F. inventionis S. Crucis a été observé en Occident le 3 mai. La fête de l’exaltation de la croix, σταυροφανεία, F. exaltationis S. Crucis, le 14 septembre, a été instituée par l’empereur Héraclius lorsque les Perses, après leur conquête en J.-C. 629, furent obligés de restituer la croix qu’ils avaient enlevée.
57.6. L’accomplissement des pèlerinages. — L’habitude de faire des pèlerinages (pilgrim = peregrinus) dans les lieux sacrés reposait aussi sur une tendance commune dans la nature humaine. Le pèlerinage d’Hélène en apr. J.-C. 326 trouva de nombreux imitateurs, et même la conquête de la Palestine par les Sarrasins au VIIe siècle n’éteignit pas l’ardeur des pèlerins. A côté des lieux sacrés de Palestine, dans le Sinaï, la tombe de Pierre et Paul à Rome (Limina Apostolorum), la tombe de Martin de Tours (47, 14) et la scène supposée en Arabie des souffrances de Job, comme une préfiguration de celles du Christ, étaient les endroits les plus fréquentés par les pèlerins. Grégoire de Nysse, dans une épître Περὶ τῶν ἀπιόντων εἰς Ἱεροσόλυμα, s’opposa le plus vigoureusement à l’amour immodéré des pèlerinages, en particulier chez les moines et les femmes. Dans les termes les plus forts, il souligna le danger qui menaçait la vraie religion et la vraie moralité ; et Jérôme lui-même s’abandonna à la raison jusqu’à dire : Et de Hierosolymis et de Brittania æqualiter patet aula cœlestis. Chrysostome et Augustin s’opposèrent également à la surestimation de cette expression de sentiment pieux.
Au cours de cette période, rien n’a été établi avec certitude quant à l’idée et au nombre des sacrements (μυστήρια). Le nom a été appliqué aux doctrines de la grâce dans la mesure où elles transcendaient la compréhension de l’entendement humain, ainsi qu’à ces actes solennels d’adoration par lesquels la grâce était communiquée et appropriée d’une manière incompréhensible aux croyants, de sorte que ce n’est qu’au XIIe siècle (104, 2) Les consécrations et les bénédictions qui y étaient jusqu’alors comprises étaient définitivement exclues de l’idée du sacrement sous le nom de Sacramentalia. Cependant, dès le début, il a été clairement compris que le baptême et la Cène du Seigneur étaient essentiellement les moyens sacramentels de la grâce. Pourtant, même au IIIe siècle, l’onction et l’imposition des mains en tant que sacrement indépendant de la confirmation (Confirmatio, χρίσμα) étaient séparées de l’idée de baptême et, en Occident, de l’administration du baptême. La réapparition de l’idée d’un sacerdoce spécial en tant qu’institution divine (34, 4) a également donné à l’ordination l’importance d’un sacrement (45, 1). Augustin, que les Pélagiens accusaient d’enseigner, par sa doctrine du péché originel et de la concupiscence, que le mariage ordonné par Dieu était un péché, désignait le mariage chrétien, en référence à Éph. v. 32, un sacrement ( 61, 2) afin de la placer plus résolument au point de vue de la nature sanctifiée par la grâce. Pseudo-Denys, au VIe siècle (47, 11), énumère six sacrements : le baptême, le chrême, la Cène du Seigneur, la consécration des prêtres et des moines et l’onction des morts (τῶν κεκοιμημένων). Sur l’Extrême-Onction, comp. 61, 3.
58.1. Administration du baptême ( 35, 4).― Le L’ajournement du baptême par tiédeur, par superstition ou par préjugé doctrinal était très fréquent. Les mêmes obstacles jusqu’au VIe siècle s’opposaient à ce que le baptême des enfants soit considéré comme nécessaire. Grégoire de Nysse écrivit Πρὸς τοὺς βραδύνοντας εἰς τὸ βάπτισμα, et avec lui tous les Pères de l’Église s’opposèrent vivement à cette erreur. En cas de besoin (in periculo mortis), Tertullien autorisait même que le baptême puisse être dispensé par n’importe quel laïc baptisé, mais pas par les femmes. L’institution du parrain était universelle et fondait une relation spirituelle dans laquelle le mariage était interdit non seulement entre les parrains et marraines eux-mêmes, mais aussi entre ceux-ci et les baptisés et leurs enfants. Les cérémonies habituelles qui précèdent le baptême étaient : le couvre-tête par les catéchumènes et le dévoilement le jour du baptême ; le premier pour signifier conjurer toute distraction et se replier sur soi-même. À l’exorcisme se rattachait la cérémonie de la respiration (Jean, XX, 22), le toucher des oreilles avec l’exclamation : Ephphatha (Marc, VII, 34), marquant le front et la poitrine du signe de la croix ; en Afrique aussi le don de sel selon Marc ix. 50, en Italie la remise d’une pièce d’or comme symbole de la livre (Luc xiii. 12 sq.) confiée dans la grâce du baptême. L’attribution d’un nouveau nom signifiait l’entrée dans une nouvelle vie. Au moment de la renonciation, le baptisé le tourna vers le soleil couchant en ces termes : Ἀποτάσσομαί σοι Σατανᾶ καὶ πασῇ τῇ λατρείᾳ σου ; au soleil levant avec les mots : Συντάσσομαί σοι ριστέ. Le trempage a été répété trois fois : dans l’église espagnole, dans l’intérêt anti-arien, une seule fois. L’aspersion était encore confinée au Baptismus Clinicorum et a été généralement utilisée pour la première fois en Occident dans le baptême des enfants au XIIe siècle, tandis que l’Orient conservait encore la coutume de l’immersion.
58.2. La doctrine de la Cène ( 36, 5).― La La doctrine de la Cène du Seigneur n’a jamais fait l’objet de discussions synodales, et sa conception de la part des Pères était encore à un haut degré incertaine et vacillante. Tous considéraient la sainte Cène comme un mystère suprêmement saint et ineffable (φρικτόν, tremendum), et tous étaient convaincus que le pain et le vin étaient mis en relation d’une manière surnaturelle avec le corps et le sang du Christ ; Mais certains concevaient cette relation d’un point de vue spirituel comme un effet dynamique, d’autres d’un point de vue réaliste comme une importation substantielle des éléments, tandis que la plupart hésitaient encore entre ces deux points de vue. Presque tous considéraient le miracle ainsi opéré comme μεταβολή, Transfiguratio, en utilisant cette expression, cependant, aussi de l’eau du baptême et de l’huile d’onction. La théorie spiritualiste prévalut chez les origénistes, plus décidément chez Eusèbe de Césarée, moins décidément chez Athanase et Grégoire de Nazianze, et encore très nettement chez le Pseudo-Denys. En Occident, Augustin et ses disciples, y compris Léon le Grand, privilégient le point de vue spiritualiste. Chez Augustin, le point de vue spiritualiste était une conséquence de sa doctrine de la prédestination ; Ce n’est qu’au croyant, c’est-à-dire aux élus, que la nourriture céleste peut être communiquée. Pourtant, il s’exprime souvent de manière très forte et réaliste. La vision réaliste a été divisée en une théorie dyophysitique ou consubstantielle et une théorie monophysitique ou transsubstantielle. Une tendance marquée vers l’idée de transsubstantiation a été montrée par Cyrille de Jérusalem, Chrysostome, Hilaire de Poitiers et Ambroise. Le point de vue de Grégoire de Nysse est particulier : De même que le Christ a passé la nourriture et la boisson par assimilation dans la substance de son corps, de même maintenant le pain et le vin, par l’opération toute-puissante de Dieu au moyen de la consécration, sont changés en corps glorifié du Christ et, par notre participation à eux, sont assimilés à nos corps. Les points de vue opposés ont été plus nettement distingués à la suite de la controverse nestorienne, mais le développement cohérent du dyophysisme dans le domaine eucharistique a été réalisé pour la première fois par Théodoret et le pape Gélase († apr. J.-C. p. 496). Le premier dit : μένει γὰρ ἐπὶ τῆς προτέρας οὐσίας ; et ce dernier : Esse non desinit substantia vel natura panis et vini.... Hoc nobis in ipso Christo Domino sentiendum (Christologique), quod in ejus imagine (Eucharistique), profitemur. La foi populaire massive et concrète avait depuis longtemps converti le μεταβολή en une transformation essentielle et substantielle. De là, ce point de vue passa dans les liturgies. Les liturgies gallicanes et syriennes du Ve siècle s’expriment sans hésitation dans ce sens. De même, la tendance à perdre le divin dans le divin, qui continua encore après la victoire du dyophysisme à Chalcédoine, fut un signe favorable au développement du dogme et, vers la fin de notre époque, la doctrine de la transsubstantiation prévalait partout.174―Suite 91, 3.
58.3. Le sacrifice de la messe (36, 6). au IVe siècle, le corps du Christ présenté par consécration dans la Cène était désigné comme un sacrifice, mais seulement dans le sens d’une représentation du sacrifice du Christ une fois offert. Peu à peu, cependant, la théorie d’une célébration commémorative sacramentelle du sacrifice du Christ s’est imposée dans celle d’une répétition non sanglante mais réelle de celui-ci. À cette fin, beaucoup d’autres éléments que ceux mentionnés au point 36 6 ont coopéré. Telles étaient surtout les figures rhétoriques et les descriptions des orateurs ecclésiastiques, qui transféraient les attributs de l’unique sacrifice à ses représentations répétées ; la réadoption de l’idée d’un sacerdoce (34, 4) qui exigeait une conception correspondante du sacrifice ; la place prééminente accordée à la doctrine des sacrements ; la tendance à placer le sacrement sous le point de vue d’une puissance divine agissant magiquement, etc. L’idée sacrificielle, cependant, a trouvé son achèvement dans son application à la doctrine du purgatoire par Grégoire le Grand (61, 4). Les oblationes pro defunctis, qui avaient été en usage dès les temps les plus reculés, devinrent maintenant des messes pour les âmes des individus ; leur but n’était pas la jouissance du corps et du sang du Christ par les vivants et l’obtention ainsi d’une communion continue avec les défunts, mais seulement le renouvellement et la répétition du sacrifice expiatoire pour le salut des âmes des morts, c’est-à-dire pour modérer et abréger les souffrances du purgatoire. Le pouvoir rédempteur du sacrifice de l’Eucharistie s’appliquait alors, d’une manière analogue, au soulagement des calamités, des souffrances et des malheurs terrestres, dans la mesure où ceux-ci étaient considérés comme des châtiments pour le péché. Pour de telles fins, il suffisait donc que le prêtre sacrifiant accomplisse l’office (Missæ solitariæ, messes privées). La participation à l’adhésion fut enfin complètement retirée des services publics réguliers et confinée à des saisons spéciales de fêtes. — Continuation 88, 3.
58.4. L’administration de la Cène du Seigneur. — La nette distinction entre la Missa Catechumenorum et la Missa Fidelium (36, 2, 3) perdit de sa signification après l’introduction générale du baptême des enfants, et le nom de Missa, messe, fut maintenant restreint à l’ordonnance de la Cène du Seigneur proprement dite. Dans les Églises d’Orient et d’Afrique du Nord, la communion des enfants est restée commune ; l’église d’Occident l’a interdit conformément à 1 Cor. xi. 28 et 29. Le Communis sub una (sc. specie), c’est-à-dire avec du pain seulement, était considéré comme une hérésie manichéenne (29, 3). Ce n’est qu’en Afrique du Nord qu’il était exceptionnellement autorisé dans la communion des enfants, après qu’une petite fille d’aversion naturelle pour le vin l’ait vomi. En Orient, dès le IVe siècle, une seule observance de la Cène du Seigneur dans l’année était considérée comme suffisante ; mais les conciles occidentaux du Ve siècle insistèrent pour qu’elle fût observée tous les dimanches et menacèrent d’excommunication tous ceux qui ne communiqueraient pas au moins sur les trois grandes fêtes. Les éléments du souper étaient encore apportés en cadeau par les membres de l’église. Le pain était celui d’usage courant, donc généralement levé. L’Orient a poursuivi cette pratique, mais l’Occident a par la suite, pour des raisons symboliques, introduit l’utilisation du pain sans levain. La couleur du vin était considérée comme sans importance. Par la suite, le vin blanc a été préféré car il était exempt de colorants rouges. Le mélange du vin avec de l’eau était considéré comme essentiel, et était fondé sur Jean xix. 34 ; ou considérée comme significative des deux natures en Christ. Seuls les monophysites arméniens utilisaient du vin non mélangé. Le pain fut rompu. Aux malades, on apportait souvent en Orient du pain trempé dans du vin. Par la suite, d’abord dans la communion des enfants et dans l’église grecque seulement, le pain et le vin étaient présentés ensemble dans une cuillère. Les éléments consacrés ont été appelés εὐλογίαι après 1 Cor. x. 16. Les εὐλογίαι qui restaient (περισσεύουσα) étaient, après la communion, partagés entre les membres du clergé. À une époque ultérieure, on ne consacra que ce que l’on pensait nécessaire pour être utilisé à un moment donné. L’excédent des oblations non consacrées a été béni et distribué aux non-communiants, aux catéchumènes et aux pénitents. Le nom d’εὐλογίαι s’appliquait désormais aux éléments qui n’avaient été bénis que et qui étaient également appelés ἀντίδωρα. L’ancienne coutume d’envoyer à d’autres églises ou évêques des éléments sacramentels consacrés en signe de communion ecclésiastique a été interdite par le concile de Laodicée au IVe siècle.
Le texte du sermon était généralement tiré de la partie biblique lue précédemment. La liturgie a atteint un riche développement, mais les liturgies des Églises latine et grecque étaient fondamentalement différentes l’une de l’autre. Les Psaumes de l’Écriture, les chants de louange avec doxologies constituaient les principales composantes du service religieux du chant. Gnostiques ( 27, 5), Ariens ( 50, 1), Les apollinaires et les donatistes ont trouvé les hymnes de leur propre composition très populaires. L’Église a été obligée de surenchérir sur ce point. Le Concile de Laodicée, cependant, en apr. J.-C. 360, cherchait à faire bannir de l’Église tous les ψαλμοὶ ἰδιωτικοί, probablement afin d’empêcher l’introduction clandestine de poèmes hérétiques. L’Église d’Occident n’a pas discuté du sujet ; et Chrysostome ornait du moins les processions nocturnes que la rivalité des ariens à Constantinople l’obligeait à faire, par le chant solennel des hymnes.
59.1. Les Saintes Écritures ( 36, 7, 8).― les doutes sur l’authenticité de certains écrits du Nouveau Testament qui avaient existé à l’époque d’Eusèbe s’étaient maintenant considérablement atténués. Quatorze ans après Eusèbe, Athanase, dans sa 39e Lettre de fête de l’an J.-C. 367 a donné une liste d’écritures canoniques dans lesquelles les antilégomènes eusébiens de la première classe ( 36, 8) furent sans plus tarder comptés parmi les κανονιζόμενα. Il en distingua la Sagesse de Salomon, l’Ecclésiastique, Esther, Judith et Tobie, ainsi que le Διδαχὴ καλουμένη τῶν Ἀποστόλων et le Berger d’Hermas comme ἀναγινωσκόμενα, c’est-à-dire comme des livres qui, à cause de leur excellent contenu moral, avaient été utilisés par les Pères pour enseigner aux catéchumènes et qui devaient être recommandés comme offrant une lecture pieuse. Le concile de Laodicée a donné un canon dans lequel il ne nous manque que l’Apocalypse de Jean, à laquelle on s’oppose probablement à cause de l’opinion défavorable du chiliasme que l’Église avait à cette époque (33, 9) ; en ce qui concerne l’Ancien Testament, il limitait expressément les lectures publiques dans les églises aux 22 livres. du canon hébraïque. Le concile d’Hippone, en apr. J.-C. 393, a donné la sanction synodale pour la première fois en Occident à ce canon du Nouveau Testament qui a été accepté depuis lors. — La question de la valeur des livres ajoutés à l’Ancien Testament dans la LXX est restée indécise jusqu’à l’époque de la Réforme. L’église grecque s’en tint à la distinction athanasienne de ceux-ci comme ἀναγινωσκόμενα à partir de la κανονιζόμενοι, jusqu’à la confession de Dosithée en J.-C. 1629 ( 152, 3) dans son zèle anti-calviniste, il soutenait que même ces livres devaient être reconnus comme γνήσια τῆς γραφῆς μέρη. Dans l’Église d’Afrique du Nord, Tertullien et Cyprien les avaient caractérisés indistinctement comme des Saintes Écritures. Augustin les suivit, mais non sans hésitation : Maccab. scripturam non habent Judæi ... sed recepta est ab ecclesia non inutilitor, si sobrie legatur vel audiatur ; et les synodes d’Hippone en apr. J.-C. 393 et à Carthage en A.D. 397 et A.D. 419 les inscrivit sans discussion dans leur liste de livres canoniques, ajoutant cependant qu’ils demanderaient l’avis des églises transmarines à ce sujet. Pendant ce temps, à Rome aussi, cette opinion avait prévalu et Innocent Ier. en apr. J.-C. 405 a expressément homologué la liste africaine. D’un autre côté, Hilaire de Poitiers et Rufin soutenaient l’opinion d’Athanase, et Jérôme, dans son Prologus galeatus, après avoir énuméré les livres du canon hébreu, alla jusqu’à dire : Quidquid extra hos est, inter Apocrypha ponendum, et ailleurs appelle l’addition à Daniel simplement næniæ. Dans la Præfatio in libros Salom., il s’exprime plus favorablement de la Sagesse de Salomon, de l’Ecclésiastique, de Judith, de Tobie et des Maccabées : legit quidem ecclesia, sed inter canonicas scripturas non recipit... legat ad ædificationem plebis sed non ad auctoritatem dogmatum confirmandam. Ce point de vue a prévalu tout au long du Moyen Âge parmi les églises les plus importantes jusqu’à la réunion du concile de Trente ( 136, 4) ; tandis que les pères tridentinso le rejet des livres mentionnés par les protestants ( 161, 8), et leur utilité réelle ou supposée pour soutenir des dogmes anti-protestants, par exemple le caractère méritoire des bonnes œuvres, Tob. iv. 11 et 12 ; intercession des saints, 2 Macc. xv. 12 à 14 ; vénération des reliques, Ecclus. xlvi. 14 ; xlix. 12 ; messes pour les âmes et prières pour les défunts, 2 Macc. xii. 43-46, se sentaient contraints de les prononcer canoniques. — L’incommode Scriptio continua dans les codex bibliques conduisit tout d’abord le diacre alexandrin Euthalius, vers l’an 2015. 460, par des copies stichométriques du Nouveau Testament dans lesquelles chaque ligne (στίχος) embrassée autant qu’en ce qui concerne le sens pouvait être lue sans pause. Il entreprit également une division des Épîtres apostoliques et des Actes en chapitres (κεφάλαια). Un enseignant de l’église d’Alexandrie, Ammonius, encore plus tôt, en organisant une harmonie des évangiles, avait divisé les évangiles en 1 165 chapitres et ajouté aux 355 chapitres de l’évangile de Matthieu le numéro du chapitre des passages parallèles dans les autres évangiles. Eusèbe de Césarée compléta l’ouvrage par son Canon évangélique, car il représente en dix tables les chapitres qui se trouvent dans les quatre, dans trois, dans deux ou dans l’un des évangiles.175―Jérôme Il corrigea le texte corrompu de l’Itala sur l’ordre de Damase, évêque de Rome, puis fit à partir de l’hébreu une traduction de l’Ancien Testament de son cru, qui, jointe à la traduction révisée du Nouveau Testament, après beaucoup d’opposition, assura graduellement la suprématie dans tout l’Occident sous le nom de Vulgata. Les Syriens monophysites ont obtenu de Polycarpe en J.-C. 508 à la demande de l’évêque Xenajas ou Philoxène de Mabug, une nouvelle traduction servilement littérale du Nouveau Testament. Cette traduction dite philoxénienne fut, en A.D. 616, corrigé par Thomas de Charcal, fourni à la manière de l’Hexapla d’Origène avec des notes – la traduction harclensienne – et en A.D. 617 augmentée d’une traduction de l’Ancien Testament exécutée par l’évêque Paulus de Tella en Mésopotamie, d’après le texte de l’Hexapla de la LXX.— La lecture assidue de l’Écriture était recommandée par tous les Pères, avec une ferveur particulière par Chrysostome, aux laïcs aussi bien qu’au clergé. Pourtant, l’idée que l’étude des Écritures était l’affaire des moines et des clercs a gagné du terrain. Le deuxième concile Trullan, en A.D. 692, défendait sous des peines sévères que l’Écriture fût comprise et expliquée autrement que ne l’avaient fait les anciens Pères.
59.2. Les Credo de l’Église.
59.3. La lecture de la Bible à l’église et la prédication. — La lecture de livres non canoniques à l’église, qui était auparavant habituelle (36, 3), était désormais interdite. La Lectio continua, c’est-à-dire la lecture de livres bibliques entiers, était la pratique courante jusqu’au Ve siècle. Dans l’église latine, à chaque office, il y avait généralement deux lectures, l’une des Évangiles, l’autre des Épîtres ou des Prophètes. Les Constitutions apostoliques (43, 4) il y en a trois, les Prophètes, les Épîtres et les Évangiles ; il en est de même des églises gallicanes et espagnoles ; tandis que le Syrien en avait quatre, le plus étant tiré des Actes. Cependant, au fur et à mesure que l’idée de l’Année chrétienne s’est réalisée, la Lectio continua a cédé la place à la Lectio propria, c’est-à-dire une sélection de passages qui correspondent au caractère de la fête particulière. En Occident, cette sélection a été fixée par les Lectionnaires, parmi lesquels ce qu’on appelle le Liber comitis, que la tradition a attribué à Jérôme, sous diverses formes et modifications, a trouvé généralement accepté dans tout l’Occident. En Orient, où la Lectio continua était beaucoup plus répandue, les lectionnaires furent utilisés pour la première fois au VIIIe siècle. La leçon a été lue par un lecteur à partir d’un pupitre de lecture ; Cependant, en signe de distinction, l’Évangile était souvent lu par le diacre. Dans le même but, des lumières étaient souvent allumées pendant cette lecture. — Le sermon était généralement fait par l’évêque, qui pouvait cependant transférer la fonction à un prêtre ou à un diacre. Les moines n’avaient pas le droit de prêcher dans l’église. Ils n’ont pas été empêchés de le faire dans les rues et les marchés, sur les toits, les piliers et les arbres. L’évêque prêchait du haut de son trône épiscopal, mais souvent, pour être mieux entendu, il se tenait à la balustrade du chœur (Cancelli). Augustin et Chrysostome prêchaient souvent depuis le pupitre de lecture. En Orient, la prédication venait au premier plan, durait souvent une heure et avait pour but d’avoir des effets théâtraux. Très distrayante était la pratique, particulièrement courante en Grèce, de donner des applaudissements bruyants en agitant des mouchoirs et en battant des mains (κρότος, Acclamatio). En Occident, le sermon consistait généralement en de courtes allocutions simples (Sermones). Les discours improvisés (ὁμιλίαι σχεδιασθεῖσαι) étaient très appréciés, plus que ceux répétés de mémoire ; La lecture était un événement tout à fait exceptionnel. Même les empereurs, à l’exemple de Constantin, donnaient parfois des sermons dans des assemblées extra-ecclésiastiques. Chez les Syriens, les sermons en vers et arrangés de manière strophique, avec un nombre égal de syllabes dans les lignes, mais non rimés, étaient très populaires.
59.4. Hymnologie.177―Éphraëm [Éphraïm] le Syrien († apr. J.-C. 378) a introduit des hymnes orthodoxes mélodieux à la place des hymnes hétérodoxes des gnostiques syriens Bardesanes et Harmonius (27, 5). Sur les auteurs d’hymnes syriens ultérieurs, voir 48, 7. L’introduction de leurs cantiques dans la fonction publique n’a causé aucun problème. Pour les Grecs, les hymnes orthodoxes ont été composés par Grégoire de Nazianze et Synésius de Ptolémaïs. Le manque de popularité et l’interdiction du concile de Laodicée ont empêché leur introduction dans les services de l’église ; Mais cette interdiction a été levée dès le Ve siècle. Sous le nom de Troparies, de τρόπος = art de la musique, plus court, et bientôt aussi plus long, des poèmes de leur propre composition ont été introduits à côté de l’office religieux des Psaumes ( 70, 2). Mais incontestablement, la palme pour la composition d’hymnes d’église appartient à l’église latine. Avec Hilaire de Poitiers († apr. J.-C. 368) commence une série de poètes (Ambroise, Damase, Augustin, Sedulius, Eunodius, Prudentius, Fortunatus, Grégoire le Grand) qui ont légué à leur église un précieux héritage de chants spirituels d’une grande beauté, d’une grande spiritualité, d’une grande profondeur, d’une grande puissance, d’une grande grandeur et d’une grande simplicité.
59.5. Psalmodie et musique d’hymnes.178―À partir de le temps où les chantres cléricaux ( 34, 3) ont été nommés le chant symphonique des psaumes par la congrégation semble avoir été sur le déclin. Le concile de Laodicée l’a complètement interdit, sans toutefois pouvoir l’accomplir. Le chant antiphonaire ou réactif a été très apprécié. Le chant hypophonique de l’assemblée dans les réponses par lesquelles le peuple répondait aux intonations, aux lectures et aux prières cléricales, et dans le battement du temps avec lequel il répondait au chant clérical des psaumes, a longtemps persisté malgré l’exclusivisme clérical. Le chant des prières, des lectures et des consécrations a été introduit pour la première fois au 6ème siècle. Au début, la musique d’église était simple, sans art, récitative. Mais la rivalité des hérétiques a forcé l’Église orthodoxe à accorder une plus grande attention aux exigences de l’art. Chrysostome dut déclamer contre la sécularisation de la musique d’Église. Plus durable fut l’opposition de l’Église à l’introduction d’accompagnements instrumentaux. Même le chant partiel était à cette époque exclu de l’église. En Occident, la psalmodie a pris un grand essor avec un véritable caractère ecclésiastique. Même en A.D. En 330, l’évêque Sylvestre érigea à Rome une école pour former des chanteurs pour les églises. Ambroise de Milan est l’auteur d’un nouveau genre de musique d’église pleine de flux mélodieux, avec un accent rythmique et une riche modulation, noblement populaire et d’une grande simplicité (Cantus Ambrosianus). Augustin parle avec enthousiasme de la puissante impression que lui fait ce style de chant vivant, mais il exprime aussi la crainte que les sens ne soient envoûtés par le son agréable de l’air, et qu’ainsi l’effet des paroles sur l’esprit ne soit affaibli. Et en effet, le chant ambrosien était menacé au VIe siècle par la sécularisation croissante de perdre son caractère ecclésiastique. Puis apparut Grégoire le Grand comme réformateur et fondateur d’un nouveau style de musique (Cantus Romanus, ferinus, choralis) pour lequel en même temps, afin de pouvoir le fixer dans un livre d’airs (Antiphonarium), il inventa une notation spéciale, la Neumæ, soit de πνεῦμα comme caractérisant la musique, soit de νεῦμα comme caractérisant les notes de musique, Un merveilleux mélange de pointes, de coups et d’hameçons. La musique grégorienne est à l’unisson, lente, mesurée et uniforme, sans rythme ni battement, de sorte qu’elle se rapproche à nouveau de l’ancien mode de récitatif du chant des psaumes, tout en élaborant en même temps l’art avec une modulation beaucoup plus riche, marquant un pas important en avant. La vivacité ambrosienne, la fraîcheur et le style populaire ont été perdus, mais il est d’autant plus certain que le sérieux, la dignité et la solennité de la musique d’église ont été préservés. Mais c’était un très grand défaut que la musique grégorienne fût assignée exclusivement à des chœurs de chanteurs cléricaux bien équipés, d’où Cantus choralis, pour la formation duquel Grégoire fonda une école de musique à Rome. La congrégation fut ainsi privée de cette participation active au service public dont elle avait joui jusque-là.
59.6. La liturgie. — Les nombreuses liturgies qui ont surgi depuis le IVe siècle ont été élevées sur la base d’un type commun que nous trouvons dans la liturgie des Constitutions apostoliques (43, 4). Les liturgies orthodoxes les plus importantes sont : la liturgie de Jérusalem qui est attribuée à l’apôtre Jacques, l’alexandrin qui revendique comme auteur Marc, disciple des Apôtres (16, 4), le byzantin qui prétend avoir été composé par Basile et abrégé par Chrysostome, qui a finalement délogé tous les autres de l’église orthodoxe de l’Orient. Parmi les liturgies occidentales, on distingue par l’antiquité, la réputation et l’importance : les messes gallicanes du Ve siècle, la liturgie de Milan, professée par Barnabé, probablement par Ambroise, et la liturgie romaine ou celle de saint Pierre, aux révisions successives desquelles sont attachés les noms des grands papes Léon le Grand, † apr. J.-C. 461, Gélase Ier, † apr. J.-C. 496, et Grégoire le Grand, † apr. J.-C. Débloquer le niveau 604. Il obtint peu à peu l’ascendant universel en Occident. Ses composantes sont : le sacramentarium, prières pour le service de la messe, l’antiphonarium, le lectionarium, et l’Ordo Romanus, guide pour la dispense de la messe. L’union de ces divers écrits au Missale Romanum appartient à une époque postérieure. — La liturgie grecque, dans la combinaison des vêpres, des matines et du culte principal, représente un triple drame religieux dans lequel tout le cours de l’histoire sainte, depuis la création du monde jusqu’à l’ascension de Notre-Seigneur, est mis en évidence. Dans l’allumage et l’extinction des cierges, dans l’ouverture et la fermeture des portes, dans le tissu figuré qui recouvre l’espace de l’autel, ( 60, 1), Dans l’incinération de l’encens et les présentations, dans l’enfilage successif des divers vêtements liturgiques, dans les processions et les génuflexions du clergé inférieur, dans le maniement des éléments sacramentels, etc., les principaux points de l’histoire de l’Évangile sont symboliquement exposés. Le mot qui accompagne les cérémonies (intonations, répons, prières, lectures, chants) a une signification subordonnée et ne forme qu’un commentaire courant sur le drame. Ce n’est plus l’histoire objective du salut qui est ici représentée, mais l’appropriation subjective du salut. Le pécheur qui a besoin de rédemption vient à l’autel du Seigneur, cherche et trouve la vivification et l’instruction, le pardon et la grâce. Le véritable pilier de tout le service est donc la parole, et au symbole n’est assignée que la partie subordonnée d’accompagner la parole d’une représentation picturale. Les composantes de la liturgie sont en partie telles qu’elles sont invariablement répétées à chaque messe, en partie telles que le changement avec le calendrier et les exigences de fêtes particulières. Chez les premiers, le canon de la messe forme le véritable centre de toute la messe. Il embrasse les formes eucharistiques de la consécration avec la prière offerte en relation avec l’offrande de celle-ci.―Parmi les écrits liturgiques, on doit spécialement nommer les diptyques (δὶς ἀπτύσσω, plier deux fois), des tablettes d’écriture qui étaient recouvertes à l’intérieur de cire. C’étaient les listes officielles des personnes de l’Église ancienne, et elles étaient importantes pour la liturgie dans la mesure où les noms qui y étaient inscrits faisaient l’objet d’une intercession liturgique spéciale. Il faut distinguer, δίπτυχα ἐπισκόπων, dans lequel sont écrits les noms des évêques étrangers avec lesquels la communion ecclésiastique est maintenue, et δίπτυχα ζώντων ou listes de leurs propres membres de l’église comme offrants, et δίπτυχα νεκρῶν.179
59.7. Vêtements liturgiques.—Un costume ecclésiastique spécial, qui rendait le clergé reconnaissable même dans la vie civile, est né de son dédain de se soumettre aux caprices de la mode. Le passage de ce style à un style liturgique obligatoire était probablement dû au fait que le clergé, dans l’exercice de ses fonctions officielles, ne portait pas sa tenue de tous les jours, mais un meilleur costume réservé à cet effet. Si l’on est ainsi arrivé à l’idée des vêtements sacrés, il a été facile de les associer au costume officiel du sacerdoce de l’Ancien Testament, en leur attribuant, comme à l’habillement des prêtres juifs, une signification symbolico-mystique, à diversifier selon leurs modèles ainsi que selon les besoins du culte et leur rang hiérarchique. En Occident, l’habit approprié pour la messe était et continuait d’être appelé Alba, chez les Grecs στοιχάριον ou στιχάριον, une chemise de lin blanc descendant jusqu’aux pieds selon le modèle de l’ancienne tunique romaine et correspondant au long manteau du prêtre de l’Ancien Testament, avec une ceinture (Cingulum). La Casula ou Pineta, plus courte chez les Grecs φελώνιον, au-dessus de l’Albe, a pris la place de la Toge. À l’origine, il n’avait pas de manches, il s’agissait simplement d’un vêtement coloré d’un tissu coûteux muni d’une ouverture pour la tête, mais plus tard rendu plus pratique par une fente à mi-chemin des deux côtés. L’Orarium, ὀράριον, appelé plus tard Stola, est une longue et large bande d’étoffe précieuse que le diacre jetait sur son épaule gauche et sur sa cuisse droite, mais le prêtre et l’évêque la portaient sur les deux épaules et au sacrifice de la messe en forme de croix sur la poitrine. Par-dessus ces vêtements sacerdotaux, l’évêque portait, comme représentant l’éphod du grand prêtre, ce qu’on appelle les Dalmatica, chez les Grecs σάκκος, une robe à manches coûteuse ; et l’archevêque aussi le Pallium, ὠμοφόριον. Cette dernière était à l’origine une robe complète, mais pour ne pas dissimuler les ornements épiscopaux et sacerdotaux, elle fut réduite à une petite cape de laine blanche avec deux bandes qui pendaient sur la poitrine et le dos. Aux ornements épiscopaux des Grecs appartenait en outre l’ἐπιγονάτιον, un morceau d’étoffe de forme carrée, suspendu au σάκκος du côté gauche, orné d’une image du Christ cousue sur du carton rigide ; et pour correspondre à l’Urim et au Thummim du grand prêtre, le πανάγιον, une peinture en émail d’un saint, suspendue à la poitrine par une chaîne d’or. Chez les Latins, la place de ce dernier est prise par la croix d’or pour la poitrine ou pectorale. Comme couverture de la tête, le prêtre avait la Barretta (birretum), l’évêque la mitre, mitra (84, 1). L’anneau et le bâton (anneau de mariage et bâton de berger) ont été très tôt transformés en insignes de la fonction épiscopale. La mise en place des différentes couleurs liturgiques pour les fêtes successives de l’année chrétienne a été faite pour la première fois au cours du 12ème siècle.180
59.8. Actes symboliques dans le culte.—Le baiser fraternel était une coutume générale pendant toute cette période. En entrant, on baisait la porte ou le seuil de l’église ; pendant l’office liturgique, le prêtre baisait l’autel, le lecteur l’Évangile. Même les reliques et les images ont été embrassées. Quand quelqu’un confessait son péché, il se frappait la poitrine. Le signe de la croix était fait lors de toutes les actions ecclésiastiques et même dans la vie privée, il était fréquemment utilisé. La coutume de se laver les mains en entrant dans la maison de Dieu et d’y allumer des cierges était très ancienne. Aucune trace tout à fait certaine d’aspersion d’eau bénite n’a été trouvée avant le 9ème siècle. La combustion de l’encens (thurificari) est apparue pour la première fois à la fin du 4ème siècle. Autrefois, elle était censée puiser dans les démons et les nourrir ; par la suite, on la regarda comme le moyen le plus sûr de les chasser. La consécration des églises et sa commémoration annuelle sont mentionnées même par Eusèbe (ἐγκαινίων ἑορταί). Dès l’époque d’Ambroise, la possession de reliques était considérée comme une condition indispensable à de tels services.
59.9. Les processions sont anciennes et ont eu leurs prototypes dans le culte païen dans les marches solennelles des grandes fêtes de Dionysos, d’Athéna, etc., etc. D’abord lors des enterrements et des mariages, ils étaient pratiqués depuis le IVe siècle lors de la réception des évêques ou des reliques, lors des actions de grâces pour les victoires, en particulier lors des saisons de détresse et de calamité publiques (Rogationes, Supplicationes). L’évêque Mamertus de Vienne vers A.D. 450 et Grégoire le Grand en firent des institutions récurrentes dont la célébration était rendue plus solennelle par le port des évangiles en avant, des croix et des bannières coûteuses, des torches flamboyantes et des cierges de cire, des reliques, des images de Marie et des saints, par le chant des psaumes et des hymnes. Les prières arrangées à cet effet avec l’invocation des saints et des anges et le refrain populaire, Ora pro nobis ! étaient appelées litanies.
L’architecture des églises a fait des progrès rapides en tant que science à l’époque de Constantin le Grand. Le style architectural le plus ancien ainsi développé se trouve dans les basiliques chrétiennes. La question de savoir s’il s’agissait d’un type de bâtiment purement original suscité par les exigences du culte de la congrégation, ou si et dans quelle mesure il était basé sur des styles préexistants, est encore un sujet de discussion. Dans les bâtiments religieux ultérieurs, et surtout orientaux, le toit plat de la basilique a souvent été transformé en coupole. Parmi les arts plastiques, la peinture a été la prochaine à être représentée.
60.1. La basilique.—La forme primitive de la basilique chrétienne était celle d’un édifice oblong à quatre côtés courant de l’ouest à l’est. Il était divisé dans le sens de la longueur par des rangées de piliers, en trois parties ou allées, de manière à laisser à l’allée centrale au moins le double de la largeur de chacune des deux autres. La nef centrale menait à un renfoncement semi-circulaire (κόγχη, ἀψίς, Concha, Absida), incurvé du mur latéral oriental, qui était séparé de l’allée centrale proprement dite par une balustrade (κιγκλίδες, Cancelli) et un rideau (καταπέτασμα, Velum), et, parce qu’il était élevé de quelques marches, était appelé βῆμα (de βαίνω). À partir du Ve siècle, les piliers qui descendent le long de la maison n’ont pas été portés jusqu’au pignon oriental, et c’est ainsi qu’un passage transversal ou transept a été formé, qui a été élevé au niveau du Bema et ajouté à celui-ci. Ce transept, aujourd’hui en liaison avec la nef centrale et le renfoncement, imprime sur le plan de l’église la forme significative de la croix. À l’entrée, à l’extrémité ouest, il y avait un porche qui occupait toute la largeur de la maison. Ainsi donc, le tout tomba en trois divisions. Le Bema était réservé au clergé. Le siège surélevé de l’évêque (θρόνος, Cathedra) se trouvait au milieu du mur rond formant le renfoncement, les sièges inférieurs pour les prêtres des deux côtés (σύνθρονοι), l’autel au centre ou devant le renfoncement. En tant que lieu réservé à l’autel et au clergé, le βῆμα portait aussi les noms de ἅγιον, ἄδυτον, ἱερατεῖον, Sacrarium, Sanctuarium, le nom de Chœur lui ayant été donné pour la première fois au Moyen Âge. Sous l’abside ou Bema, il y avait généralement une chambre souterraine, κρυπτή, Memoria, Confessio, contenant les ossements des martyrs. Plus tard, l’espace de l’autel dans les églises orientales, au lieu d’être délimité par des balustrades ou des rideaux, était séparé par une cloison en bois qui, parce qu’elle était ornée d’images sacrées peintes souvent sur un fond doré et incrustées de la plupart des pierres précieuses, était appelée le paravent (εἰκονόστασις). Elle comportait généralement trois portes dont celle du milieu, la plus grande des trois, la porte dite « royale », était réservée à l’évêque et à l’empereur lorsqu’il communiait. La nef ou partie principale de l’édifice, composée de trois bas-côtés, moins souvent de cinq (νάος, ναῦς, Navis, ainsi appelée en partie à cause de sa forme oblongue, en partie et principalement à cause de la signification symbolique du navire en tant que figure des moyens de salut, Gen. vii. 23), était le lieu où les laïcs baptisés se réunissaient, et étaient disposés dans les différentes allées selon le sexe, l’âge et le rang. Dans les églises orientales, des galeries (ὑπερῶα) étaient souvent introduites sur les côtés pour les femmes. Le porche (πρόναος, Vestibulum) qui, à cause de sa grande largeur, était aussi appelé νάρθηξ ou Ferula, proprement la tige creuse d’une plante ombellifère, était la place occupée par les catéchumènes et les pénitents. Devant elle, autrefois sans toit, puis couverte, se trouvait l’enceinte (αἴθριον, αὐλή, Atrium, Area) où se trouvait un bassin d’eau pour se laver les mains. Ici aussi, les pénitents, pendant la première étape de leur discipline, ainsi que les energumeni, devaient se tenir debout. Que l’Atrium ait été aussi appelé Paradisus, comme nous le dit Athanase, s’explique mieux en supposant qu’ici, pour l’avertissement des pénitents, il y avait une image d’Adam et Eve en train d’être chassés du Paradis. Le porche et les bas-côtés, juste à la hauteur des piliers, étaient fermés par des chevrons en mosaïque et recouverts d’un toit incliné unilatéral. Mais la nef centrale et le transept étaient rehaussés par des murs latéraux reposant sur les piliers et s’élevant au-dessus des toits latéraux et recouverts d’un toit incliné à deux côtés. Afin que les piliers puissent supporter ce fardeau, ils étaient liés les uns aux autres par une reliure arquée. Les murs de la nef centrale et les transepts s’élevant au-dessus des toits latéraux étaient pourvus de fenêtres, qui manquaient généralement dans les murs inférieurs.―L’utilité était la principale considération dans l’élaboration du plan des basiliques, mais néanmoins en même temps l’idée de signification symbolique était aussi à bien des égards très pleinement réalisée. comme la forme de la croix dans le plan au sol et la triple division en bas-côtés central et latéral. Dans la reliure en forme d’arc des colonnes, l’idée d’aller de l’avant (Phil. III, 13, 14) était représentée, car là l’œil se promenait d’un pilier à l’autre et se dirigeait sans interruption vers le renfoncement à l’extrémité orientale, où se trouvait l’autel, où le Soleil de justice s’était levé (Mal. iv. 2). Le demi-cercle de l’évidement où l’œil était porté en avant rappelait l’horizon d’où le soleil se levait dans sa beauté ; et l’élévation hardie des murs de la nef centrale, qui reposaient sur les piliers cintrés, dirigeait le regard vers le haut et donnait à la sursum corda liturgique que l’évêque appelait à l’assemblée une expression correspondante dans la forme architecturale. Cette signification a été encore intensifiée par la lumière qui descendait d’en haut dans le lieu sacré.
60.2. Basiliques séculières.—Tous les espaces ornés de cours à piliers étaient appelés parmi les anciennes basiliques romaines. Dans les maisons privées des Romains distingués, le nom de Basilica domestica a été donné à ce qu’on appelle Oëcus, c’est-à-dire la chambre réservée aux occasions solennelles avec le péristyle devant, la cour intérieure ouverte entourée de salles couvertes à piliers ; tandis que les marchés publics et les cours de justice étaient appelés Basilicæ forenses. Ces derniers étaient de forme oblongue ; À l’extrémité, en face de l’entrée, le mur de séparation a été percé et dans l’ouverture un renfoncement semi-circulaire a été creusé avec une plate-forme élevée, dans laquelle se trouvaient le tribunal du préteur et les sièges des assesseurs et du jury. Dans les cours couvertes à piliers le long des deux côtés se trouvaient les marchandises exposées à la vente et dans le grand espace central généralement découvert, les acheteurs et les spectateurs se déplaçaient. À l’extérieur du mur d’enceinte devant l’entrée se trouvait souvent un porche à piliers qui servait de vestibule. — Du même nom et de nombreuses correspondances en cours de construction, la basilique chrétienne ultérieure était censée avoir été copiée de la basilique médico-légale. Zestermann a été le premier à contester cette théorie et y a trouvé un soutien chaleureux, en particulier du côté catholique. Selon lui, la basilique chrétienne n’avait rien de commun avec la médecine légale, mais elle a été appelée tout à fait indépendamment de tout style de construction antérieur par les exigences du culte chrétien. Or, d’un côté, la similitude avait été exagérément surestimée. Pour presque tout ce qui donnait son caractère symbolique à la basilique ecclésiastique, le transept et la forme de la croix qu’il a fait apparaître, la reliure en arc des piliers, les murs de la nef centrale reposant sur les piliers s’élevant à pic dans les hauteurs, ainsi que la disposition entièrement nouvelle de toute la maison, sont le produit essentiel et indépendant de l’esprit chrétien. Mais d’un autre côté, les différences ont été grandement exagérées et les caractéristiques que la basilique ecclésiastique avait en commun avec la basilique médico-légale, qui ont été manifestement copiées de cette dernière, ont été ignorées. De part et d’autre, on a négligé l’importance pour notre question des basiliques domestiques, qui servaient au culte avant la construction des églises régulières. Ici, le péristyle, avec ses parvis à piliers et l’oëcus qui y était attaché, fournissait les divisions nécessaires aux différentes classes qui assistaient au service divin (clergé, congrégation, pénitents, catéchumènes). Qu’y avait-il de plus naturel que cette forme d’édifice, mise en accord plus parfait avec l’idée chrétienne et les exigences de la congrégation, fût adoptée dans la construction de l’église, et avec elle aussi le nom avec une nouvelle application au Christ, le Roi céleste ? Mais un trait très essentiel dans le style basilique tardif fait généralement défaut dans l’oëcus des maisons particulières, à savoir l’abside. On pourrait naturellement supposer qu’il a été emprunté à la basilique médico-légale en considération de son but là-bas, les scrupules contre une telle procédure étant diminués à mesure que l’état païen est passé au christianisme. C’est ainsi qu’il est facile d’expliquer comment les basiliques les plus anciennes, comme celle de Tyr consacrée en apr. J.-C. 313, dont la description d’Eusèbe nous donne tous les renseignements, n’ont pas encore d’abside.
60.3. Le style de la coupole.—Nous rencontrons le premier exemple du style de la coupole parmi les édifices chrétiens sous la forme de mausolées romains dans des chapelles ou des églises élevées sur les tombes des martyrs. Ce style, cependant, était à bien des égards inadapté aux églises paroissiales régulières. L’espace intérieur, nécessairement restreint, englobé dans les murs circulaires ou polygonaux ne permettrait pas de conserver la forme significative de la nef ; Il ne pouvait pas être réparti proportionnellement entre le clergé, la congrégation, les catéchumènes et les pénitents. D’un point de vue idéal, seul le centre de tout l’espace convenait au bema avec l’autel, le trône de l’évêque, etc. Dans ce cas, cependant, la moitié de la congrégation présente devrait se tenir derrière le clergé officiant et il ne fallait donc pas envisager cet arrangement. C’est pourquoi, dans les bâtiments ecclésiastiques ultérieurs de style coupole, le plan de la basilique a été adopté, avec un atrium et un narthex à l’extrémité ouest et un bema et une abside à l’extrémité est. L’ancien style de la basilique, bien que capable de tant d’ornements artistiques, tombait de plus en plus en désuétude devant l’impression accablante que l’on faisait à celui qui entrait dans l’édifice par la coupole (θόλος, Cuppula) comme un nuage du ciel couvrant à une hauteur vertigineuse l’espace du milieu, percé de nombreuses fenêtres et reposant sur quatre piliers liés par des arcs les uns aux autres. Outre cette coupole principale et complète, il y avait souvent un certain nombre de coupoles semi et secondaires, qui donnaient à l’ensemble de l’édifice l’apparence d’un organisme riche et bien ordonné. Le plus grand chef-d’œuvre de ce style, que l’amour byzantin de l’art et de la beauté estimait bien plus que la simple basilique, est l’église de Sophie à Constantinople (Σοφία=Λόγος), à l’achèvement de laquelle en A.D. 587 Justinien Ier s’écria : Νενίκηκά σε Σαλομών.
60.4. Bâtiments accessoires et spéciaux.—À côté du bâtiment principal, il y avait généralement des bâtiments supplémentaires à des fins spéciales (ἐξέδραι), entourés d’un mur d’enceinte. Parmi ces bâtiments supplémentaires isolés, les baptistères (βαπτιστήρια, φωτιστήρια) occupaient le premier rang. Ils ont été construits en forme de rotonde sur le modèle des thermes romains. Le bassin baptismal (κολυμβήθρα, Piscina) au milieu de l’espace intérieur était entouré d’une série de piliers. Devant, il y avait souvent un porche spacieux utilisé pour l’instruction des catéchumènes. Lorsque le baptême des enfants est devenu général, les baptistères séparés n’étaient plus nécessaires. Leur place a été prise par les fonts baptismaux dans l’église elle-même, du côté nord de l’entrée principale. Pour la garde des bijoux d’église, des ornements, des robes, des livres, des archives, etc., dans les grandes églises, il y avait des bâtiments spéciaux prévus. L’esprit de fraternité, le Philadelphie, s’exprimait dans le πτωχοτροφεῖα, ὀρφανοτροφεῖα, γηροκομεῖα, βρεφοτροφεῖα (Hôpitaux pour enfants trouvés), νοσοκομεῖα, ξενοδοχεῖα. Le cimetière (κοιμητήριον, Cimeterium, Dormitorium, Area) se trouvait aussi généralement à l’intérieur du mur entourant la propriété de l’église. Le privilège de l’inhumation dans l’église n’était accordé qu’aux empereurs et aux évêques. Lorsque les horloges sont devenues à la mode, des tours ont été introduites, mais celles-ci ont d’abord été simplement attachées aux églises, parfois même tout à fait séparées.
60.5. Mobilier d’église.―Le centre de toute la maison de Dieu était l’autel (ἁγία τράπεζα, θυσιαστήριον, Ara, Altare), depuis le Ve siècle, généralement en pierre, souvent recouvert d’or et d’argent. L’autel se détachait à l’extrémité est, le prêtre officiant derrière lui faisant face à l’assemblée. L’introduction des Missæ solitariæ ( 58, 3) a rendu nécessaire en Occident d’avoir un grand nombre d’autels. Dans l’église grecque, la règle était d’avoir un autel. Des autels mobiles, pour les missionnaires, les croisés, etc., étaient nécessaires puisque la consécration de l’autel avait été déclarée indispensable. Les Latins utilisaient à cet effet une plaque de pierre consacrée avec un couvercle (Palla) ; les Grecs n’ont qu’une nappe d’autel consacrée (ἀντιμήνσιον). La nappe d’autel était considérée comme essentielle, une denudatio alteris comme une profanation impie ; selon la règle liturgique, cependant, l’autel était nu le vendredi et le samedi de la semaine de la Passion. De la nappe de l’autel se distinguait le Corporale, εἰλητόν, pour couvrir les oblations. Sur l’autel se trouvait le Ciboire, un baldaquin soutenu par quatre pieds, auquel était attaché par une chaîne d’or un vase en forme de colombe (περιστήριον) avec les éléments sacramentels consacrés pour la communion des malades. Le Thuribulum servait à brûler de l’encens, la croix pour les marches et les processions (Cruces stationales) et les bannières (Vexilla). Dans la nef se trouvaient des sièges pour l’assemblée ; Dans le narthex, il n’y en avait pas. La chaire ou pupitre de lecture (Pulpitum), d’abord mobile, puis fixée en permanence aux balustrades au milieu du bema de la basilique, s’appelait l’Ambo de ἀναβαίνω, ou Lectorium, notre lutrin anglais. Dans beaucoup d’églises, deux ambons étaient érigés, au nord ou à gauche pour l’évangile, et au sud ou à droite pour l’épître. Dans les grandes églises, cependant, l’ambon était souvent introduit dans la nef. Notre chœur tire son origine de la fin du moyen âge par l’élévation d’un ambon de prédication séparé à côté du lutrin, et élevé en l’air afin que le prédicateur puisse être mieux vu et entendu.―L’introduction des horloges d’église (Nolæ, Campanulæ, parce qu’elles sont généralement faites d’airain campanien qui était considéré comme le meilleur) est parfois attribuée à l’évêque Paulin de Nole en Campanie, qui mourut en apr. J.-C. 431, parfois au pape Sabinianus, qui mourut en 431 . Débloquer le niveau 606. En Orient, ils ont été introduits pour la première fois au 9ème siècle. Dans les temps anciens, les heures de service étaient annoncées par des curseurs, ἀνάδρομοι, puis par des trompettes ou des coups de gongs.
60.6. Les arts graphiques et plastiques ( 38, 3 ; 57 et 4). ―Le L’église grecque interdisait toute nudité ; Seuls le visage, les mains et les pieds pouvaient être découverts. Cette étroitesse a été surmontée en Occident. L’éclat des couleurs, le coût des matériaux et la surcharge voyante des costumes compensaient les lacunes artistiques. L’εἰκόνες ἀχειροποίητοι offrait des formes stéréotypées pour les visages des images du Christ, de Marie et des Apôtres. Le Nimbe, à l’origine une brume douce ou un nuage transparent, dont les poètes et les peintres païens entouraient les personnes ou les têtes des dieux, plus tard aussi celles des empereurs romains, a fait son apparition au cours du 5ème siècle dans la peinture chrétienne comme l’auréole, sous forme de rayons, d’un diadème ou d’un cercle, tout d’abord dans les figures du Christ. Les images du Sauveur attaché à la croix ont été introduites pour la première fois vers la fin du VIe siècle. Le symbole était auparavant limité à la représentation d’un agneau au pied de la croix, d’un buste du Christ au sommet ou au milieu de la croix, ou de la figure complète du Christ tenant sa croix devant lui. Anastase Sinaïta, au VIIe siècle, pour montrer son opposition à la doctrine monophysite selon laquelle seul le corps avait été crucifié, peignit une figure du crucifié qui fut immédiatement considérée dans l’église d’Orient comme la figure modèle, sans la couronne d’épines, avec le nimbe, la blessure de la lance avec le sang qui coulait. la croix avec une inscription sur les deux faces ―JC. XC.― et une cheville inclinée comme support pour les pieds, et sous la croix le crâne d’Adam. Les figures occidentales du crucifix, en revanche, bien que régies par un type spécial, montrent une plus grande liberté dans le développement artistique. La peinture murale ou à fresque a été le plus largement pratiquée dans les catacombes entre le IVe et le VIe siècle. La peinture sur mosaïque, Musivum, λιθοστράτια, avec sa beauté impérissable de couleurs, a été utilisée pour décorer les longs murs plats des basiliques, les plafonds voûtés des coupoles et les côtés incurvés de l’abside (mosaïque de verre sur fond d’or). Les livres liturgiques étaient ornés de figures miniatures. Le sublimité en vint de plus en plus à caractériser l’art ecclésiastique ; Elle est devenue plus majestueuse, plus digne et plus impassible, mais aussi plus rigide et moins naturelle. Les statues semblaient païennes, sensuelles et réalistes à l’ancienne église. L’église grecque finit par les interdire complètement et ne voulut pas souffrir un seul crucifix, mais seulement de simples croix avec une poutre transversale inclinée au pied. L’Occident avait des vues plus libérales, mais même là, les statues chrétiennes n’étaient que des phénomènes tout à fait isolés. Il y avait moins de scrupules en ce qui concerne les bas-reliefs et les alto-reliefs (ἀναγλυφαί), en particulier sur les sarcophages et le mobilier ecclésiastique.
Lorsque des foules entières d’hommes à l’esprit mondain, qui ne cherchaient que des avantages mondains en professant le Christ, furent attirées dans l’Église après que l’État fut devenu chrétien, la vie chrétienne perdit beaucoup de la sincérité, de la puissance et de la pureté par lesquelles elle avait conquis le vieux monde du paganisme. De plus en plus, l’Église s’assimilait et se conformait au monde, la discipline de l’Église devenait plus relâchée et la décadence morale progressait rapidement. Des querelles passionnées, des querelles et des schismes entre les évêques et le clergé remplissaient aussi la vie publique de luttes de partis, d’animosité et d’amertume. L’immoralité de la cour empoisonna par son exemple la capitale et les provinces. La sauvagerie et le libertinage se sont répandus au milieu des raids dévastateurs des barbares. L’hypocrisie et le fanatisme prirent rapidement la place de la piété chez ceux qui aspiraient à quelque chose de plus élevé, tandis que les masses se consolaient en réfléchissant que tout homme ne pouvait pas être moine. Mais, en dépit de tout, le christianisme continuait d’agir comme un levain. Dans la vie publique et civile, dans l’administration de la justice et dans les habitudes du peuple, l’esprit chrétien, théoriquement du moins, et souvent aussi pratiquement, était encore partout présent. Les exigences de l’humanité et les droits de l’homme ont été reconnus ; l’esclavage était de plus en plus restreint ; les spectacles de gladiateurs et les exhibitions immorales ont été abolis ; les limites de l’orgueilleuse nationalité exclusive ont été franchies ; la polygamie n’a jamais été tolérée, et la sainteté du mariage a été soulignée, le sexe féminin a obtenu ses droits longtemps méconnus ; Institutions de bienfaisance ( 60, 4) Prospéré; et les vices invétérés de l’ancien paganisme ne pouvaient au moins plus être considérés comme les conditions et les expressions saines, légitimes et naturelles de la vie civile et sociale. Même le païen, qui, adoptant la profession de christianisme, restait païen de cœur, était obligé au moins de se soumettre aux formes et aux exigences de l’Église, à sa discipline et à ses mœurs. Le côté obscur de cette période est assez flagrant, mais un côté lumineux et de nobles personnages de piété profonde, de sérieux moral, de négation résolue de soi et du monde, ne manquent certainement pas.
61.1. La discipline ecclésiastique. — La discipline pénitentielle du IIIe siècle (39, 2) ne s’occupait que des délits publics qui étaient devenus un scandale commun. Mais même ceux qui étaient accablés en conscience de péchés lourds mais cachés et qui se sentaient ainsi exclus de la communion de l’Église, ont été invités à chercher à être délivrés de cette excommunication secrète par la confession publique des péchés devant l’Église sous la forme d’une exomologèse et à se soumettre à toute humiliation que l’Église leur infligerait. En présence de cette demande dure et déraisonnable, la nécessité d’un tribunal secret et privé à la place de ce tribunal public, qui, une fois introduit, chasserait bientôt les premiers du champ de bataille. Le premier pas dans cette direction a été fait à la fin du IIIe siècle et au début du IVe siècle dans l’Église orientale par la nomination d’un presbytère pénitentiel spécial (πρεσβ. ἐπὶ τῆς μετανοίας), qui, sous serment de secret, entendait la confession de ces pécheurs et leur imposait les pénitences appropriées. Mais lorsqu’en A.D. 391, une pénitente, une dame mariée de bonne famille à Constantinople, ayant commis l’adultère dans l’église avec un diacre pendant son temps de pénitence, confessa aussi ce péché à un confesseur sacerdotal et provoqua ainsi l’excommunication du diacre coupable, le patriarche Nectaire fut obligé, à cause du sentiment populaire excité, d’abolir de nouveau toute l’institution et de laisser à la conscience de ces pécheurs eux-mêmes la question de la prendre part aux sacrements. Mais il était évident que cela ne pouvait pas exclure les conseils pastoraux et l’orientation du clergé. En Occident, malgré les affirmations confiantes de Socrate, nous ne rencontrons jamais de prêtre pénitentiel expressément nommé à de telles fonctions. Jérôme sur Matt. XVI. 19 appelle orgueil pharisaïque de la part d’un évêque ou d’un prêtre de s’arroger la fonction judiciaire de pardonner les péchés, « cum apud Deum non sententia sacerdotum, sed reorum vita quæratur ». Augustin distingue trois sortes de pénitences correspondant aux trois classes de la congrégation.
En estimant la discipline ecclésiastique à imposer à cette dernière classe de délinquants, il pose le principe que le degré de sa publicité doit être mesuré d’après le degré de publicité de l’infraction commise, et d’après l’ampleur du scandale qu’il a occasionné. Et lorsque certains évêques italiens demandèrent « in pœnitentia, quæ a fidelibus postulatur » la lecture devant l’assemblée d’une confession écrite de leur péché, Léon le Grand interdit cette pratique extrême, aussi peu évangélique que déraisonnable, déclarant qu’il suffisait de confesser le péché d’abord à Dieu, puis en confession secrète au prêtre. Mais quand Léon ajouta l’assertion : divina bonitate ordinatum esse, ut indulgentia Dei nisi supplicationibus sacerdotum nequeat obtineri ; et salvatorem ipsum, qui hane præpositis ecclesiæ tradidit potestatem, ut et confidentibus actionem pœnitentiæ durent, et eosdem salubri satisfactione purgatos ad communionem sacramentorum per januam reconciliationis admitterent, huic utique operi incessabiliter intervenireNous avons ici le premier fondement posé de la doctrine catholique romaine actuelle de la pénitence. Mais cette confessio secreta est encore quelque chose de très différent de la soi-disant confession auriculaire ultérieure. L’ordonnance de Léon ne traite que de l’aveu de fautes graves, qui, si elles avaient été ouvertement commises ou proclamées, auraient entraîné la punition du tribunal judiciaire ; quibus, dit Léon, possint legum constitutione percelli. Mais ce qui est encore plus important, c’est que Léon lui-même ne confère pas au prêtre le pouvoir absolu de pardonner les péchés en tant que vice-gérant de Dieu, mais lui permet seulement d’officier en tant que « peccator pro delictis pœnitentium ». En outre, le point de vue de Léon sur la nécessité inconditionnelle de la confession afin d’obtenir le pardon divin des péchés odieux n’a en aucun cas été universellement accepté dans l’Église. L’opinion qu’il suffisait de confesser les péchés à Dieu seul, et que la confession à un prêtre, bien qu’utile et salutaire, n’était pas absolument nécessaire, était universellement répandue en Orient, où Chrysostome la soutenait particulièrement, et même en Occident jusqu’à l’époque de Gratien, après J.-C. 1150, et Petrus [Pierre] Lombardus [Lombard], † apr. J.-C. 1164, avait de nombreux et importants représentants parmi les docteurs de l’église ( 104, 4). Un pas important en avant sur la voie ouverte par Léon fut franchi peu après lui en Occident, lorsque non seulement les péchés réels, mais même les tempéraments et les désirs pécheurs, l’ambition, la colère, l’orgueil, la convoitise, etc., dont Jean Cassien en énumère huit comme vitia principalia, ainsi que les pensées pécheresses qui en découlaient, furent inclus dans le domaine de la confession secrète. Il n’existait pas encore de système de confession comme préparation régulière et nécessaire à l’observance du sacrement. — Les livres dits pénitentiels du VIe siècle fournissaient un guide pour déterminer les pénitences à imposer aux pénitents sous forme de jeûnes, de prières, d’aumônes, etc., selon le degré de leur culpabilité. Le premier livre pénitentiel de l’église grecque est attribué au patriarche de Constantinople, Jean le Jeûneur ou Jéjunator, † apr. J.-C. 595, et s’intitule : Ἀκολουθία καὶ τάξις ἐπὶ τῶν ἐξομολογουμένων.183―Suite 89, 6.
61.2. Le mariage chrétien. — La consécration ecclésiastique du lien matrimonial (39, 1) Le mariage civil par consentement mutuel devant deux témoins laïcs a été célébré après et avant le mariage civil, il a été rendu plus solennel en étant séparé du culte ordinaire et célébré lors d’un service spécial en semaine (missa pro sponsis), et un riche rituel s’est développé qui s’est progressivement développé en une liturgie indépendante. C’est là qu’ont été introduites de nombreuses coutumes nuptiales, jusque-là méprisées comme païennes, l’alliance, le voile de la mariée, le couronnement des deux fiancés avec des couronnes, des écharpes nuptiales, des torches nuptiales, des demoiselles d’honneur ou des παράνυμφοι. L’octroi de la cérémonie de mariage était considéré comme un honneur qui serait refusé dans le cas de mariages non approuvés par l’Église. Mais ni le refus ni la négligence de la cérémonie de la part des nouveaux mariés n’ont porté atteinte à la validité du mariage. Charlemagne fut le premier en Occident et Léon VI. ( 70, 2) a été le premier en Orient, à rendre obligatoire la cérémonie de l’église. Le mariage entre libre et esclave, qui était considéré par l’État comme un concubinage, était considéré par l’Église comme parfaitement valide. Les liens du sang par consanguinité et affinité étaient considérés comme un obstacle au mariage ; Relation artificielle par adoption et relation spirituelle par parrainage baptismal et de confirmation ( 58, 1) étaient aussi des obstacles. Le mariage entre les enfants des frères ou des sœurs a été déclaré inconvenant par Augustin. Grégoire le Grand l’interdit pour des raisons physiologiques et n’autorise le mariage qu’au troisième ou au quatrième degré de la relation. Avec une sévérité de plus en plus grande, l’interdiction fut étendue jusqu’au septième degré, mais fut finalement fixée au quatrième par Innocent III. en apr. J.-C. Débloquer le niveau 1215. En opposition directe avec le droit romain des prétentions héréditaires qui établissait le degré de parenté en fonction du nombre de descendants effectifs, de sorte que le père et le fils étaient comptés comme apparentés au premier degré l’un à l’autre, les frères et sœurs au second degré, l’oncle et la nièce ou le neveu au troisième, comme au quatrième degré, le droit canonique sur les empêchements au mariage commence ce calcul après le retrait des parents communs, de sorte que le frère et la sœur sont apparentés au premier degré, l’oncle et la nièce au second, etc. Plusieurs conciles du IVe siècle voulurent faire de la souscription d’un second mariage une occasion de discipline ecclésiastique ; Par la suite, cette revendication a été abandonnée. De nombreux canonistes, cependant, contestent encore la légitimité d’un troisième mariage, et un quatrième a été presque universellement admis comme étant un péché et inadmissible (67, 2). La conclusion de mariages mixtes, avec des païens, des juifs ou des hérétiques, exigeait une pénitence et était strictement interdite par le deuxième concile Trullan en J.-C. Débloquer le niveau 692. Seul l’adultère était généralement admis comme un motif de divorce ; et aussi, pour la plupart, le vice contre nature, le meurtre et l’apostasie. Le Concile de Mileve en Afrique en A.D. 416 pour la première fois interdit aux divorcés de se remarier, même les innocents, et le pape Innocent Ier † apr. J.-C. 417, rendait cette interdiction universellement applicable.— Continuation 89, 4.
61.3. La maladie, la mort et l’ensevelissement. — L’onction des malades avec de l’huile (Mc. vi. 13 ; Jacques v. 14) comme moyen de guérison charismatique du corps se rencontre jusqu’au Ve siècle. Innocent I. le mettre dans une décrétale de l’an J.-C. 416, pour la première fois comme sacrement pour la dispensation de la bénédiction spirituelle aux malades. Mais de nombreux siècles s’écoulèrent avant que l’onction des malades ne fût généralement observée comme le sacrement de l’Extrême-Onction ( 70, 2 ; 104, 5). D’autre part, l’Aréopagagisse ( 47, 11) considérait l’onction des morts comme un sacrement. La fermeture des yeux impliquait que la mort était un sommeil avec l’espoir d’un réveil dans la résurrection. Le baiser fraternel a scellé la communion des chrétiens jusqu’au-delà de la tombe. Le fait de mettre des guirlandes sur le cadavre comme expression de la victoire rencontrait encore de l’opposition. Plusieurs synodes ont jugé nécessaire d’interdire l’absurdité de presser les éléments consacrés dans les lèvres des défunts ou de les déposer dans le cercueil. Les lamentations passionnées, le déchirement des vêtements, le port du sac et de la cendre, les pleureuses à gages, les branches de cyprès, etc., étaient considérés comme des coutumes païennes et désespérées. De même, les fêtes nocturnes des morts étaient condamnées, tandis qu’au contraire, les cortèges funèbres de jour, avec des torches, des lampes, des rameaux de palmier et d’olivier, étaient en grande réputation. Julien et les Vandales les interdisaient. Au IVe siècle, la célébration de l’Agapè et de la Cène au tombeau était encore fréquente. À leur place, nous trouvons ensuite des fêtes de deuil, mais celles-ci, parce qu’elles ont été abusées, ont été interdites par l’église.
61.4. Purgatoire et messes pour les âmes. — Le lien de la coutume déjà mentionnée par Tertullien de prier non seulement dans le culte familial pour les membres de la famille qui s’étaient endormis, mais aussi par des oblations d’éléments sacramentels les jours commémoratifs des morts (Oblationes pro defunctis) de donner aux intercessions de la Cène dans le culte public une direction spéciale pour eux, avec la doctrine du purgatoire (Ignis purgatorius) qui s’était développée en Occident depuis le Ve siècle, a donné lieu à l’institution de messes pour les âmes (58, 3). L’idée d’un lieu de punition entre la mort et la résurrection, dans lequel les péchés véniels (peccata venialia) des croyants doivent être expiés, était tout à fait inconnue de toute l’Église antique jusqu’à l’époque d’Augustin et de l’Église grecque jusqu’à son époque (67, 6). En effet, Origène fait mention même d’un futur πῦρ καθάρσιον ou καθαρτικόν ; mais il entend par là un simple brûlage spirituel, dont même un Paul et un Pierre n’ont pas été exempts. En Occident, c’est d’abord Augustin qui a déduit de Matt. xii. 32, que même dans l’au-delà, le pardon des péchés est possible, selon 1 Cor. iii. 13-15 qu’il n’est pas incroyable, mais cependant toujours douteux, que beaucoup de croyants qui ont pris avec eux dans l’au-delà un lien pécheur avec leur vie passée terrestre, puissent là être purifiés par un « ignis purgatorius » de plus ou moins longue durée comme la continuation et l’achèvement de l'"ignis tribulationis » terrestre, l’épreuve ardente, des scories terrestres qui y adhèrent encore, et ainsi être sauvés. Avec plus de confiance, César d’Arles enseigne que les croyants qui, pendant leur vie terrestre, avaient négligé d’expier leurs fautes mineures par l’aumône et d’autres bonnes œuvres, doivent être purifiés par un feu persistant dans l’autre monde, afin d’être admis dans la béatitude éternelle. Finalement, Grégoire le Grand a élevé cette idée au rang de dogme établi de l’Église d’Occident, tout en enseignant en même temps que par l’intercession des vivants pour les morts, et surtout par les sacrifices de la messe offerte pour eux, leurs peines du purgatoire seraient modérées et abrégées. Lui aussi s’est référé à Matthieu xii. et 1 Corinthiens iii. La référence à 2 Maccabées xii. 41-46 appartient à une période ultérieure. — Suite, 106, 2, 3.
Au cours du IVe siècle, un esprit d’opposition au système ecclésiastique dominant s’est éveillé, mais comme il s’est manifesté sous des formes isolées, il n’a pas eu de résultat durable et a été rapidement éradiqué. Cet esprit s’est manifesté dans diverses tentatives qui sont allées au-delà de ce que les principes évangéliques pouvaient justifier. Il dirigea ses attaques en partie contre la sécularisation de l’Église, se ramifiant souvent dans le fanatisme sauvage et le rigorisme, et en partie contre la superstition et l’externalisme. Dégoûtés par les interminables controverses théologiques et les chasses à l’hérésie de cette époque, beaucoup en vinrent à considérer la distinction entre l’orthodoxie et l’hérésie comme une question d’indifférence en ce qui concerne la religion, et à chercher le noyau et l’essence du christianisme non pas tant dans la doctrine que dans la morale.
62.1. Les Audiens et les Apostoliques. — En tant qu’adversaires fanatiques de la sécularisation de l’Église, outre les Montanistes (40, 1) et les Novatiens ( 41, 3) Subsistant encore en tant que communautés isolées jusqu’au Ve siècle, nous rencontrons au cours du IVe siècle les Donatistes ( 63, 1), les Audiens et les Apostoliques. La secte des Audiens a été fondée vers J.-C. 340 par un laïc, un moine, Audius ou Udo de Mésopotamie. Ayant été contesté pour ses vues anthropomorphiques grossières, à l’appui desquelles il se référait à Gen. i. 26 et à d’autres passages, il se laissa choisir et ordonna évêque à la place de ses adhérents. Placés ainsi dans une relation directement hostile à l’Église catholique, ils accusaient l’Église de mondanité et de dégénérescence des plus arrogantes, appelaient à un retour à la pauvreté apostolique et évitaient toute communion avec ses membres. Ils ont également rejeté le canon de Nicée sur l’observance de Pâques et ont adopté la pratique quartodécimane (56, 3). Sur la proposition de plusieurs évêques catholiques, l’empereur bannit le fondateur de la secte en Scythie, où il travailla avec ardeur à la conversion des Goths, fonda aussi quelques évêchés et monastères avec des règles strictes, et mourut en J.-C. Débloquer le niveau 372. La persécution des chrétiens sous Athanaric, en apr. J.-C. 370 ( 76, 1), pesant lourdement sur les Audiens. Pourtant, des vestiges d’entre eux ont continué à exister jusqu’à la fin du Ve siècle. Les soi-disant Apostoliques d’Asie Mineure au IVe siècle sont allés encore plus loin que les Audiens. On ne sait rien de certain de leur origine. Ils ont déclaré que la possession de biens privés et le mariage sont un péché, et ont refusé inconditionnellement la réadmission à toutes les personnes excommuniées.
62.2. Protestations contre la superstition et les observances extérieures. — Vers la fin du IVe siècle, de vives protestations furent faites contre les superstitions et l’externalisme superficiel de l’Église. Ils s’adressaient tout d’abord au culte de Marie, en particulier à la croyance désormais répandue en sa perpetua virginitas en tant que mère de Jésus (57, 2). Les premiers protestataires contre cette doctrine que nous rencontrons sont les soi-disant Antidicomarianites en Arabie, qu’Épiphane a cherché à détourner de leur hérésie par une épître doctrinale incorporée dans son histoire des hérésies. En Occident aussi, plusieurs adversaires de ce dogme de l’Église s’élevèrent. L’un des plus éminents d’entre eux était un laïc Helvidius à Rome en J.-C. 380, disciple d’Auxence, évêque arien de Milan. Puis à propos de J.-C. Le moine romain Jovinien s’opposa, pour des raisons doctrinales substantielles, aux notions dominantes sur le mérite des œuvres et des observances extérieures, en particulier le monachisme, l’ascétisme, le célibat et le jeûne. Et enfin, Bonosus, évêque de Sardique, vers J.-C. 390, dans le même sens, bien qu’à une époque ultérieure il semble avoir donné son adhésion à l’erreur ébionite selon laquelle Jésus avait été un homme ordinaire que Dieu avait adopté comme son Fils à cause de son mérite (Filius Dei adoptivus). Du moins son jeune contemporain Marius Mercator le décrit comme un défenseur de ces vues aux côtés de Paul de Samosate et de Photinus. Nous trouvons également de nombreuses allusions au VIIe siècle à une secte de Bonosiens enseignant des doctrines similaires en Espagne et en Gaule, qui sont fréquemment associées aux Photiniens. Même avant Jovinien, Aërius, prêtre de Sébaste en Arménie, vers J.-C. 360, protesta contre la doctrine du mérite des observances extérieures. Il s’opposait à la prière et aux oblations pour les morts, ne voulait pas de jeûne obligatoire et pas de distinction de rang entre les évêques et les prêtres. C’est ainsi qu’il entra en conflit avec son évêque Eustathe (44, 3). Persécutés de toutes parts, ses adhérents se réfugièrent dans les cavernes et les forêts. Les deux moines de Milan, Sarmatio et Barbatianus, vers J.-C. 396, étaient peut-être des érudits de Jovinien, étaient au moins du même avis que lui. Enfin, Vigilantius, prêtre à Barcelone vers l’an 2000. 400, s’opposaient avec une violence passionnée à la vénération des reliques, à l’invocation des saints, à l’amour dominant des miracles, aux veillées, au célibat du clergé et au mérite des observances extérieures. Épiphane écrivit contre les Audiens et les Æriens ; Ambroise contre Bonosus et les partisans de Jovinien ; Jérôme, avec une amertume et une passion sans pareilles, contre Helvidius, Jovinien et Vigilantius ; Augustin discuta avec plus de modération les vues de Jovinien qui, dans leur point de départ, se rattachaient à ses propres vues sotériologiques.184
62.3. Protestations contre la surestimation de la doctrine. — Même au temps d’Athanase, un certain Rhetorius fit son apparition en affirmant que tous les hérétiques avaient droit à leur opinion, et Philastrius [Philaster] parle d’une secte de Rhétiens en Égypte qui, peut-être en se référant à Phil. I. 18, a complètement écarté l’idée d’hérésie et a placé l’essence de l’orthodoxie dans la fidélité aux convictions. Les gnosimaques leur étaient apparentés dans la dépréciation du dogme, mais ils les dépassaient en se retirant entièrement du domaine de la dogmatique et en s’occupant exclusivement de la morale. Ils sont mis dans la liste des hérétiques par Joh Damascenus. Cette secte s’était développée au cours des controverses monophysites et monothélites, et soutenait que, puisque Dieu n’exige d’un chrétien rien de plus qu’une vie juste (πράξεις καλάς), tout effort de connaissance théorique est inutile et stérile.
Les schismes novatien et alexandrin mélétien ( 41, 3, 4) a continué à faire rage jusqu’à nos règles. Puis, à la suite de la controverse arienne, il s’éleva parmi les orthodoxes trois nouveaux schismes (50, 8). Parmi eux, il y avait un schisme romain, suivi plus tard par plusieurs autres qui sont nés de la double élection (46, 4, 6, 8, 11). Le plus menaçant de tous les schismes de cette période fut celui des donatistes en Afrique du Nord. Sur le schisme johannique à Constantinople, voir 51, 3. En raison de diverses diversités dans le développement de la doctrine (50, 7), la constitution ( 46), l’adoration ( 56 et suiv.), et la discipline ( 61, 1), La matière s’accumulait pour la grande explosion qui allait faire éclater la connexion de l’Orient et de l’Occident (67). Les tentatives d’union impériale au cours de la controverse monophysite provoquèrent un schisme de trente-cinq ans entre les deux moitiés du monde chrétien (52, 5). et le manque de caractère de l’évêque romain Vigile divisa l’Occident pendant un demi-siècle (52, 6). La scission entre l’Orient et l’Occident au sujet de l’union avec le parti monothélite (52, 8) fut bientôt vaincue. Mais peu de temps après, le deuxième concile Trullan à Constantinople, après J.-C. 692, qui, en tant que continuation des 5e et 6e conciles œcuméniques (σύνοδος πενθέκτη, Concilium quinisextum), s’occupait exclusivement de questions de constitution, de culte et de discipline, qui n’avaient pas été discutées là, donna lieu au schisme incurable et désastreux qui suivit plus tard.
63.1. Le schisme donatiste, A.D. En Afrique du Nord, où l’on entendait encore les échos de l’enthousiasme montaniste, beaucoup se livrèrent volontairement et inutilement au martyre pendant la persécution de Dioclétien. L’évêque sensé de Carthage, Mensurius, et son archidiacre Cécilien, s’opposèrent à ce fanatisme. Tous deux avaient abandonné les livres hérétiques au lieu des livres sacrés qu’on exigeait d’eux. Il n’en fallait pas plus pour que la partie adverse les dénonce comme des traditores. Mensurius mourut en apr. J.-C. 311, et ses partisans choisirent Cécilien [Cæcilius] pour son successeur, et le firent ordonner à la hâte par l’évêque Félix d’Aptunga, étant cruellement pressé par les machinations de l’autre parti. L’opposition, avec à sa tête une riche veuve bigote, Lucilla, dénonça Félix comme un traditor, et traita donc son ordination comme invalide. Elle mit en place un évêque rival en la personne du lecteur Majorinus, qui obtint bientôt, en J.-C. 313, un successeur plus puissant en Donat, appelé par ses propres disciples le Grand. Le schisme s’étendit de Carthage à toute l’Afrique du Nord. Les paysans, cruellement opprimés par des impôts exorbitants et de lourds occupations, prirent le parti des donatistes (Pars Donati). Constantin le Grand se déclara d’abord contre eux. Lorsqu’ils s’en plaignirent, l’empereur convoqua une commission cléricale à Rome en vue d’une enquête spéciale . 313, sous la présidence de l’évêque romain Melchiade, puis un grand synode d’Occident à Arles en 313. Débloquer le niveau 314. Tous deux se sont prononcés contre les donatistes. Ils firent appel de la décision immédiate de l’empereur, qui entendit également les deux parties à Milan, mais se prononça conformément aux jugements antérieurs de l’ère chrétienne. Débloquer le niveau 316. S’ensuivirent des mesures sévères, leur enlevant les églises et bannissant leurs évêques, ce qui excita puissamment et augmenta leur fanatisme. Constantin recourut donc à des procédés plus doux et plus tolérants, mais dans leur zèle fanatique, ils répudièrent tout compromis. Sous Constans, l’affaire devint encore plus redoutable. Des ascètes fous d’enthousiasme, tirés de la lie même du peuple, qui s’appelaient Milites Christi, Agonistici, pullulaient comme des mendiants à travers le pays, Circumcelliones, excitaient les paysans opprimés à la révolte, prêchaient la liberté et la fraternité, forçaient les maîtres à faire le travail des esclaves, volaient, assassinaient et brûlaient. La révolution politique s’est déroulée sous le couvert d’un mouvement religieux. Une armée impériale réprima la révolte, et une tentative fut faite en J.-C. 348 pour apaiser les Donatistes nécessiteux par l’or impérial. Mais Donat rejeta l’argent avec indignation, et la rébellion se renouvela. Une sentence sévère fut alors prononcée contre les chefs du parti, et toutes les églises donatistes furent fermées ou leur furent enlevées. Julien restaura les églises et rappela les évêques exilés. Il permit impunément aux donatistes de se venger violemment des catholiques. Cependant, le successeur de Julien promulgua de nouveau des lois sévères contre les sectaires, et des schismes surgirent entre eux. Vers la fin du IVe siècle, l’évêque Optatus de Milève s’y opposa dans son traité De Schismate Donatistarum Ll. VII. En apr. J.-C. 400 Augustin, évêque of Hippo Regius, commença ses attaques inlassables contre cette secte. Les conditions les plus douces furent offertes pour inciter les donatistes à revenir à l’église. Beaucoup des plus modérés profitèrent de l’occasion ; mais cela n’a fait que rendre les autres encore plus amers. Ils refusèrent les invitations répétées à une discussion, craignant la dialectique magistrale d’Augustin. Augustin, qui soutint d’abord qu’il ne fallait pas employer la force en matière de foi, fut poussé par la raideur persistante et le fanatisme insensé de ses adversaires à changer d’opinion et à confesser que, pour rendre de tels hérétiques à l’Église, au salut, il fallait recourir à la contrainte violente (coge intrare, Lc. xiv. 23). Un synode à Carthage en A.D. En 405, l’empereur Honorius demanda à cette secte au cou raide. Il l’a fait en imposant des amendes, en bannissant leur clergé et en s’emparant de leurs églises. Augustin renouvela le défi d’une dispute publique. Les donatistes furent enfin contraints par l’empereur d’entrer sur les listes. C’est ainsi que naquit la Collatio cum Donatistis de trois jours après J.-C. 411 à Carthage. Il y a eu 279 évêques donatistes et 286 évêques catholiques. Pétilien et Primien étaient les principaux orateurs du côté des Donatistes, Augustin et Aurélien de Carthage de l’autre. Le commissaire impérial attribua la victoire aux catholiques. En vain les donatistes firent appel. En apr. J.-C. En 414, l’empereur déclara qu’ils avaient perdu tous leurs droits civils, et en A.D. 415 Il menaça de mort tous ceux qui assistaient à leurs réunions. Les Vandales, qui ont conquis l’Afrique en J.-C. 429, persécutaient les catholiques et les donatistes, et un besoin commun favorisait leur réconciliation et assurait une bonne compréhension mutuelle. — Les donatistes partaient du principe qu’aucun excommunié ou méritant d’être excommunié n’est apte à accomplir une action sacramentelle. Avec les Novatiens, ils exigeaient la pureté absolue de l’Église, mais admettaient que la repentance était un moyen de regagner la communion de l’Église. Ils soutenaient qu’ils étaient les purs et que les catholiques étaient des schismatiques, qui n’avaient rien de commun avec le Christ, dont l’administration des sacrements était donc invalide et inutile, de sorte qu’ils rebaptisaient même ceux qui avaient reçu le baptême catholique. La partialité de l’État pour leurs adversaires et le mélange confus des idées de l’Église visible et de l’Église invisible les amenèrent à adopter l’idée que l’Église et l’État, le royaume de Dieu et le royaume du monde, n’avaient rien de commun l’un avec l’autre, et que l’État ne devait pas s’immiscer dans les affaires religieuses.
63.2. Le Concilium Quinisextum, A.D. 692. — Ce concile prétendait être considéré comme œcuménique et fut reconnu comme tel même par le pape Serge Ier. Les Grecs n’étaient pas encore remis de leur contrariété par le triomphe que Rome avait remporté au dernier concile œcuménique (52, 8). C’est ainsi que, parmi la multitude de décrets inoffensifs, les six suivants furent introduits en contrebande, qui étaient en contradiction flagrante avec la pratique romaine.
La véritable église missionnaire de cette période était l’Église occidentale (75 et suiv.). Elle y était éminemment préparée par sa tendance pratique et l’appelait par ses liens intimes avec les hordes des peuples migrateurs. Les exemples d’activité missionnaire organisée en Orient sont rares. D’autres voies plus occasionnelles encore ont été ouvertes pour la propagation du christianisme en dehors de l’empire, par des fugitifs chrétiens et des prisonniers de guerre, des ambassades politiques et des associations commerciales. Les anachorètes, les moines et les stylites aussi, qui s’établissaient sur les frontières de l’empire ou dans les déserts du dehors, firent par leur aspect extraordinaire une forte impression sur les tribus sauvages environnantes. Ceux-ci affluaient en foule, et ces saints étrangers leur prêchaient Christ par la parole et l’œuvre.
64.1. L’Église éthiopienne-abyssinienne.186―À propos de A.D. En 316, un certain Mérope de Tyr, au cours d’un voyage de découverte dans les pays du sud de l’Égypte, fut assassiné avec toute sa compagnie. Seuls ses deux neveux, Frumentius et Aedesius, furent épargnés. Ils gagnèrent la faveur du roi d’Abyssinie et devinrent les tuteurs de l’héritier présomptif, Aizanas. Frumentius fut par la suite, en apr. J.-C. 438, ordonné par Athanase, évêque du pays. Aizanas a été baptisé, l’église s’est rapidement répandue de l’Abyssinie à l’Éthiopie et à la Numidie. Une traduction de la Bible dans le dialecte guèze, la langue du pays, est attribuée à Frumentius. Étroitement liée à l’Église mère égyptienne, elle tomba avec elle dans le monophysisme (52, 7). Dans le culte et la discipline, outre beaucoup de choses primitives, il a emprunté beaucoup de choses au judaïsme et a conservé beaucoup des vieilles habitudes du pays, par exemple l’observance du sabbat en même temps que le dimanche, l’interdiction de certaines viandes, la circoncision, l’alliance. Leur canon comprenait 81 livres : outre la Bible, il y a 16 écrits patristiques de l’époque pré-chalcédonienne.
64.2. L’Église perse. — L’Église avait pris racine en Perse dès le IIIe siècle. Avec le IVe siècle vint une période douloureuse de persécution sanglante, qui fut constamment alimentée en partie par les mages fanatiques, en partie par les guerres presque incessantes avec l’empire romain chrétien, qui éveillèrent le soupçon de sympathies étrangères hostiles au pays. La première grande et vaste persécution des chrétiens a éclaté en J.-C. 343 sous Shapur ou Sapores [Sapor] II. Elle a duré 35 ans et, au cours de cette période terrible, 16 000 membres du clergé, moines et religieuses ont été mis à mort, mais le nombre de martyrs parmi les laïcs était bien au-delà de toute mesure. Peu de temps avant sa mort, Shapur [Sapor] mit fin à la persécution et proclama la tolérance religieuse universelle. Pendant 40 ans de repos, l’église persane acquit une nouvelle vigueur ; mais le fanatisme de l’évêque Abdas de Suse, qui fit démolir un temple du feu en A.D. 418, occasionna une nouvelle persécution, qui atteignit son apogée en J.-C. 420 sous Bahram ou Baranes V. et a été pratiqué pendant 30 ans avec la plus diabolique ingéniosité de tortures cruelles. La générosité d’un évêque chrétien, Acacius d’Amida en Mésopotamie, qui, par la vente des biens de l’église, racheta une multitude de prisonniers de guerre perses et les renvoya dans leurs foyers, poussa finalement le roi à mettre fin à la persécution. Les nestoriens chassés de l’empire romain trouvèrent chez les Perses protection et tolérance, mais furent l’occasion, sous le roi Firuz ou Peroz, d’une nouvelle persécution des catholiques, après J.-C. Débloquer le niveau 465. En apr. J.-C. 498 toute l’église perse se prononça en faveur du nestorianisme (52, 3), et jouit immédiatement d’une tolérance imperturbable, se développa dans une mesure inattendue, conserva sa floraison pendant des siècles, se consacra avec zèle aux études scientifiques dans les séminaires de Nisibe, et entreprit avec succès un travail missionnaire parmi les tribus asiatiques. La guerre avec les Byzantins se poursuivit sans interruption. Chosroès II. s’avança victorieusement jusqu’à Chalcédoine en J.-C. 616 et persécuta avec une cruauté renouvelée les chrétiens catholiques des provinces conquises. Finalement, l’empereur Héraclius reprit courage. Par la déroute totale de l’A.D. 628 la puissance des Perses fut brisée (57, 5), et en A.D. 651 Les khalifes renversèrent la dynastie des Sassanides.
64.3. L’Église arménienne. — Il y avait des églises chrétiennes florissantes en Arménie dès l’époque de Tertullien. Le souverain arsacien Tiridate III, à partir de J.-C. 286, était un violent persécuteur des chrétiens. Pendant son règne, cependant, Grégoire l’Illuminateur, l’apôtre de l’Arménie, poursuivit ses travaux avec succès. Il était fils d’un prince parthe qui, enlevé à l’âge de deux ans par sa nourrice au milieu d’un massacre de toute sa famille, reçut en Cappadoce une éducation chrétienne. En apr. J.-C. Il réussit à gagner au christianisme le roi et tout le pays. Il laissa derrière lui l’église qu’il avait ainsi fondée dans un état des plus prospères. Son petit-fils Husig, son arrière-petit-fils Nersès Ier. et son fils Isaac le Grand possédait la dignité patriarcale et prospérait même dans les temps difficiles, lorsque les Byzantins, les Arsacides et les Sassanides se disputaient la possession du pays. Mesrop, avec l’aide d’Isaac, dont il devint le successeur en apr. J.-C. 440 (mort en 440 apr. J.-C. 441), a donné à son église une traduction de la Bible dans leur propre langue, pour laquelle il a dû inventer un alphabet national. Sous son successeur, le patriarche Joseph, éclata la fameuse guerre de religion avec les Perses Sassanidées, qui voulaient ramener les Arméniens à la doctrine de Zoroastre. Lors de la bataille féroce de la rivière Dechmud en A.D. 451 La Sainte Ligue fut vaincue. Mais l’Arménie maintint sa confession chrétienne, au milieu de cruelles persécutions. En apr. J.-C. Le renversement des Sassanides la mit sous la domination des khalifes. — L’Église arménienne avait vigoureusement et sérieusement repoussé le nestorianisme, mais elle ouvrit volontiers ses bras au monophysisme introduit de l’Arménie byzantine. Lors d’un synode à Feyin, en A.D. Grégoire l’Illuminateur avait excité chez les Arméniens un intérêt extrêmement vif pour la culture et la science, et lorsque Mesrop leur donna un système d’écriture indépendant, l’âge d’or de la littérature arménienne commença (le Ve siècle). Non seulement de nombreuses œuvres de la littérature grecque et syrienne classique et patristique sont devenues la propriété des Arméniens par le biais de traductions, mais de nombreux écrivains ont construit leur propre littérature. L’histoire de la conversion de l’Arménie a été écrite au IVe siècle par Agathange, secrétaire particulier du roi. Il est douteux qu’elle ait été composée en grec ou en arménien ; Les deux textes existent encore, évidemment beaucoup interpolés avec une matière fabuleuse et aussi en de nombreux points en conflit l’un avec l’autre. Au Ve siècle, Eznik, dans son « Renversement des hérétiques », s’adressa à une vigoureuse polémique contre les païens, les Perses, les Marcionites et les Manichéens. Moïse de Chorène, également érudit de Mesrop, composa à partir des archives une histoire de l’Arménie, et Élisée décrivit la guerre de religion arméno-perse, à laquelle, en tant que secrétaire du commandant en chef arménien, il avait pris part. Sur les services rendus par les méchitaristes à l’ancienne littérature arménienne, voir 164, 2. 187
64.4. Les Ibères, dans ce qu’on appelle aujourd’hui la Géorgie et la Gruse, reçurent le christianisme vers l’an J.-C. 326 par l’intermédiaire d’une esclave arménienne, Nunia, dont la prière avait guéri de nombreux malades. L’Église s’étendit alors de l’Ibérie aux Laziens de l’actuelle Colchide et aux Abasgiens voisins. En Inde, Théophile de Diu (une île du golfe Persique ?) trouva au milieu du IVe siècle plusieurs communautés chrétiennes isolées. Il fut envoyé comme otage par ses concitoyens à Constantinople et y fut éduqué pour le sacerdoce arien. Il retourna ensuite chez lui et mena avec succès une mission parmi les Indiens. Les relations de l’Église indienne avec l’Église perse ont conduit à ce que la première soit affectée par le nestorianisme (52, 3). Cosmas indicopleustes ( 48, 2) a trouvé au VIe siècle trois églises chrétiennes qui subsistent encore en Inde. Théophile a également travaillé en Arabie. Il réussit à convertir le roi du royaume himyarite du Yémen. Au VIe siècle, cependant, un Juif Dhu-Nowas obtint pour lui-même la souveraineté du Yémen et persécuta les chrétiens avec une barbarie inouïe. Enfin Eleesban, roi d’Abyssinie, s’en mêla ; le Juif couronné fut tué, et depuis ce temps-là le Yémen eut des rois chrétiens jusqu’au Perse Chosroès II. en a fait une province perse en J.-C. Débloquer le niveau 616. Les anachorètes, les moines et les stylites ont travaillé avec succès parmi les hordes nomades arabes.
Abu Al' Kasem Mohammed de La Mecque a fait son apparition en tant que prophète en J.-C. 611, et fonda une religion mixte de monothéisme aride et d’endémonisme sensuel tirée du judaïsme, du christianisme et du paganisme arabe. Son travail a d’abord pris de l’importance lorsque, chassé de la Mecque, il s’est enfui à Médine (Hejira, 15 juillet apr. J.-C. 622). En apr. J.-C. En 630, il conquit la Mecque, consacra l’ancienne Kaaba païenne comme temple principal de la nouvelle religion, l’Islam (donc les musulmans), et composa le Coran, composé de 114 sourates, qui avaient été rassemblées par son beau-père, Abou Bekr. À sa mort, toute l’Arabie avait accepté sa foi et son règne. Comme il avait fait le devoir le plus sacré de ses adhérents de répandre la nouvelle religion par l’épée et qu’il leur avait inspiré un fanatisme sauvage, ses successeurs arrachèrent province après province à l’empire romain et à l’église chrétienne. En l’espace de quelques années, A.D. De 633 à 651, ils conquirent toute la Syrie, la Palestine, l’Égypte et la Perse, puis, en 633-651. 707, Afrique du Nord, et, en apr. J.-C. 711, Espagne. Mais ils ne purent aller plus loin, pour le moment. Par deux fois, ils assiégèrent sans succès Constantinople, après J.-C. 669-676, et A.D. 717-718, et, en A.D. 732, Charles Martel, à Tours, anéantit complètement tous leurs espoirs de s’étendre plus loin dans l’Ouest. Mais toute l’Église asiatique était déjà réduite par leurs oppressions à la condition la plus misérable, et trois patriarcats, ceux d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem, furent forcés de se soumettre à leurs caprices. Au milieu de multiples oppressions, les chrétiens de ces pays conquis étaient tolérés moyennant le paiement d’un impôt, mais la peur et l’œil aux avantages mondains conduisirent des foules entières de chrétiens de nom à professer l’islam.
65.1. Le Principe Fondamental de l’Islam est un monothéisme aride. Abraham, Moïse et Jésus sont considérés comme des prophètes envoyés par Dieu. La naissance miraculeuse de Jésus, par une vierge, est également acceptée, et Marie est identifiée à Myriam, la sœur de Moïse. L’ascension du Christ est également reçue. Mahomet, le dernier et le plus élevé de tous les prophètes, dont Moïse et le Christ ont prophétisé, a rétabli dans sa pureté originelle sa doctrine, qui avait été corrompue par les Juifs et les Chrétiens. À la fin des temps, le Christ reviendra pour vaincre l’Antéchrist et donner la souveraineté universelle à l’Islam. Parmi les corruptions les plus évidentes de la doctrine de Jésus, il y a le dogme de la Trinité, qui est sans plus tarder prononcé comme le trithéisme, et conçu comme incluant la mère de Jésus comme la troisième personne. De même, l’incarnation de Dieu est considérée comme une falsification. La doctrine de la providence divine est fortement soulignée, mais elle est déformée dans le fatalisme le plus grossier. Le musulman n’a pas besoin d’expiation. La foi en un seul Dieu et en son prophète Mohammed lui assure la faveur divine, et ses bonnes œuvres lui valent la plénitude la béatitude éternelle, qui consiste dans des jouissances sensuelles absolument illimitées. La constitution est théocratique ; le prophète et ses successeurs, les khalifes, sont les vice-gérants de Dieu sur la terre. Le culte est limité aux prières, aux jeûnes et aux ablutions. La Sunna ou tradition des déclarations orales du prophète est reconnue comme une deuxième source principale de l’islam, aux côtés du Coran. L’opposition des chiites aux sunnites est enracinée dans la non-reconnaissance des trois premiers califes et des déclarations du prophète dont seuls eux sont témoins. Le mysticisme a d’abord été encouragé chez les Ssufis. Les Wechabites, qui apparaissent pour la première fois au XIIe siècle, sont les puritains de l’islam.
65.2. Le lieu providentiel de l’Islam. — Le service rendu par la Providence par le mahométisme qui attire d’abord l’attention est le châtiment qu’il a infligé à l’Église et à l’État avilis de l’Orient. Mais il semble aussi avoir eu une tâche positive qui doit être recherchée principalement dans sa relation avec le paganisme. Il considérait l’abolition de l’idolâtrie comme sa tâche principale. Ni le prophète ni ses successeurs n’ont toléré le paganisme. L’Islam a converti une masse de races sauvages en Asie et en Afrique des idolâtries les plus insensées et les plus immorales à l’adoration du Dieu unique, et les a élevées à un certain degré de culture et de moralité auquel elles n’auraient jamais pu s’élever d’elles-mêmes. Mais d’un autre côté encore, bien que ce ne soit que d’une manière passagère, il a servi un but providentiel, en stimulant le christianisme médiéval par son exemple de dévouement aux recherches scientifiques. Syncrétique, comme l’était à l’origine sa vie religieuse et intellectuelle, pendant sa période florissante à partir de notre ère. 750, sous la brillante dynastie des khalifes abassidéens à Bagdad en Asie, et à partir de J.-C. 756 (comp. 81) sous la non moins brillante dynastie des khalifes ommaïadiens de Cordoue en Espagne, chassée de Damas par les Abassides, elle s’appropria volontiers les éléments de culture que lui offrait la littérature classique des anciens Grecs (42, 4), et avec un enthousiasme juvénile, ses savants ont maintenu pendant des siècles sur cette base vivantes et avancées les études scientifiques – philosophie, astronomie, mathématiques, sciences naturelles, médecine, géographie, histoire – et par leur appropriation de ces recherches, le Moyen Âge latin a atteint l’apogée de leur culture scientifique ( 103, 1). Mais aussi le réveil des études classiques au Moyen Âge byzantin ( 68, 1), ce qui est d’une importance encore plus grande pour l’Occident ( 120, 1), est principalement due à l’impulsion donnée par l’enthousiasme scientifique des musulmans de Bagdad, qui ont fait honte aux Grecs pour qu’ils étudient leur propre littérature. Avec le renversement de ces deux dynasties, la période culturelle des musulmans s’est terminée soudainement et pour toujours, mais pas avant d’avoir accompli sa tâche pour le monde chrétien.189
Le culte des images ( 57, 4) avait atteint son apogée en Orient au début du VIIIe siècle. Même les défenseurs les plus zélés de l’image ont dû admettre qu’il y avait eu des exagérations et des abus. Certains, par exemple, avaient pris des images comme parrains, les avaient grattées pour les peindre pour y mélanger le vin de communion, avaient d’abord posé le pain consacré sur les images pour recevoir le corps du Seigneur de leurs mains, etc. Un puissant souverain byzantin, qui s’opposait au culte des images pour des raisons personnelles et politiques, employa toute la force de sa volonté énergique à déraciner cette superstition. C’est ainsi qu’est née une lutte qui dura plus de cent ans entre les ennemis des images (εἰκονοκλάσται) et les amis des images (εἰκονολάτραι), dans laquelle se tenaient d’un côté l’empereur et l’armée, de l’autre, les moines et le peuple. Par deux fois, il sembla que le culte des images avait été complètement et pour toujours éradiqué ; mais, dans les deux cas, une dame royale en assura la restauration. Dans la pratique, il est vrai, l’Église romaine restait en arrière de la Grecque, mais en théorie elle était d’accord, et dans la lutte, elle donnait tout le poids de son autorité aux amis des images. Sur la part prise par l’église franque, voir 92, 1.
66.1. Léon III, l’Isaurien, apr. J.-C. 717-741. — Léon, qui fut l’un des plus puissants empereurs byzantins, après l’attaque des Sarrasins sur Constantinople, en J.-C. 718, avait été repoussé avec succès, se sentait obligé de prendre d’autres mesures contre les agressions de l’Islam. Dans le culte des images abhorrées par les Juifs et les Musulmans, il aperçut le plus grand obstacle à leur conversion, et, étant personnellement opposé au culte des images, il publia un édit, en J.-C. 726, qui ordonna d’abord que les images fussent placées plus haut dans les églises, afin qu’il fût impossible au peuple de les baiser. Mais le dépassement pacifique de cette forme de dévotion profondément enracinée a été frustré par la fermeté invincible du patriarche Germain, âgé de quatre-vingt-dix ans, à Constantinople, ainsi que par l’opposition du peuple et des moines. Le plus grand dogmatique de cette époque, Joh Damascenus, qui était à l’abri de la fureur de l’empereur en Palestine sous la domination sarrasine, publia trois tracts pleins d’entrain pour défendre les images. Un certain Cosmas profita d’un soulèvement populaire dans les Cyclades, se fit proclamer empereur et partit avec une flotte contre Constantinople. Mais Léon le vainquit et le fit exécuter, et maintenant, dans un second édit de l’ère chrétienne. 730 ordonna que toutes les images soient retirées des églises. C’est alors que commença une guerre contre les images par la force militaire, qui alla jusqu’à l’excès dans la violence fanatique. Les tumultes populaires répétés ont été étouffés dans le sang. Il n’y a qu’à Rome et dans le nord de l’Italie que le bras puissant de l’empereur ne fit aucune impression. Le pape Grégoire II, apr. J.-C. 715-731, le traita dans ses lettres comme un écolier stupide et mal élevé. À mesure que l’amertume contre l’empereur augmentait, l’enthousiasme pour le pape augmentait et s’exprimait dans les révoltes les plus véhémentes contre le concile impérial. Une grande partie de l’exarchat ( 46, 9) Il se rendit volontairement aux Lombards, et la plus grande partie de ce qui restait dans le nord à l’empereur se montra plus obéissante au pape qu’au souverain. Grégoire III, A.D. 731-741, lors d’un synode à Rome en 1941. 731 excommunièrent tous les ennemis des images. L’empereur équipa une puissante flotte pour le châtier, mais une tempête la brisa. Il priva alors le pape de tous ses revenus de l’Italie méridionale, coupa l’Illyrie (46, 5) en apr. J.-C.732 de la chaire papale et la donna au patriarche de Constantinople, mais ce faisant, il coupa le dernier cordon qui liait la chaire romaine aux intérêts de la cour byzantine (82, 1).
66.2. Constantin c. J.-C. 741-775. — Au fils et successeur de Léon, les moines donnèrent les noms peu recommandables de Copronyme et de Caballinus en témoignage de leur haine, le second à cause de son amour des chevaux, le premier parce qu’on disait qu’à son baptême il avait souillé l’eau. Il était, comme son père, un souverain et un soldat puissant, et dans la lutte contre les images, encore plus téméraire et déterminé. Il vainquit son beau-frère qui s’était révolté avec l’aide des amis des images, et le fit cruellement traiter et aveugler. Comme les tumultes populaires se poursuivaient, il songea à obtenir la sanction ecclésiastique d’un concile œcuménique pour ses principes. Environ 350 évêques se réunirent à Constantinople, après J.-C. Débloquer le niveau 754. Mais, comme la chaire de Constantinople venait de devenir vacante, tandis que Rome, qui avait excommunié les ennemis des images, refusait de répondre à l’appel, et qu’Alexandrie, Antioche et Jérusalem étaient sous la domination des Sarrasins, il n’y avait pas un seul patriarche présent au synode. Le Concile excommunia tous ceux qui faisaient des images du Christ, car il déclarait que la Cène était la seule véritable image du Christ, et condamnait toute espèce de vénération des images. Ces décrets étaient désormais exécutés sans relâche avec une violence sauvage. Des milliers de moines ont été flagellés, emprisonnés, bannis, poursuivis à travers le cirque avec des nonnes dans leurs bras pour le plaisir du peuple, ou forcés à se marier, beaucoup ont eu les yeux arrachés, ou ont eu le nez ou les oreilles coupés, et les monastères ont été transformés en casernes ou en écuries. Même dans les maisons privées, on ne voyait plus d’image de saint. De Rome, Étienne II. protesta contre les décisions du concile, et Étienne III. d’un synode du Latran de l’an J.-C. 769 tonna un terrible anathème contre les ennemis des images. Mais dans l’empire byzantin, la monoxie et le culte des images étaient presque éteints.
66.3. Léon IV, Chazarus, apr. J.-C. 775-780. — Le fils de Constantin était du même avis que son père, mais il avait besoin de son énergie. Sa femme Irene était une amie enthousiaste des images. Lorsque l’empereur s’en aperçut, il commença à prendre des mesures actives, mais sa mort soudaine et suspecte mit un terme aux opérations. Irène usait alors de la liberté que la minorité de son fils Constantin VI. pour l’introduction du culte des images. Elle convoqua un nouveau concile à Constantinople en apr. J.-C. 786, à laquelle assista aussi Hadrien Ier de Rome, tandis que les autres patriarches, étant sous la domination des Sarrasins, n’y prirent aucune part. Mais la garde impériale attaqua l’endroit où ils étaient assis, et dispersa le conseil. Irène organisa alors le septième concile œcuménique à Nicée, après J.-C. Débloquer le niveau 787. La huitième et dernière session se tint dans le palais impérial de Constantinople, après que les gardes eurent été retirés de la ville et désarmés. Le Conseil a annulé les décisions d’A.D. 754, et sanctionnait le culte des images car il permettait de s’incliner et de se prosterner devant les images (τιμητικὴ προσκύνησις) comme un gage de la révérence qui était due à l’original, et déclarait que cela n’interférait en aucune façon avec ce culte (λατρεία) qui était dû à Dieu seul.191
66.4. Les empereurs suivants étaient favorables au culte des images, mais la victoire s’était écartée de leurs étendards. Alors l’armée, qui avait toujours été hostile aux images, proclama Léon V, l’Arménien, A.D. 813-820, empereur, adversaire déclaré des images. Il procéda avec beaucoup de prudence, mais les soldats mirent de côté sa prudence et se lancèrent dans de violents raids contre les images. À la tête des patrons des images se trouvait Théodore Studita, abbé du monastère de Studion (44, 2), un homme d’une piété sincère et d’une décision de caractère inébranlable, l’apologiste le plus perspicace du culte de l’image, qui, même en exil, avait ardemment défendu les intérêts de son parti. Il mourut en apr. J.-C. Débloquer le niveau 826. Leo a perdu la vie aux mains de conspirateurs. Son successeur, Michel II, Balbus, A.D. 820-829, permettait au moins que les images soient révérées en privé. Son fils Théophile, A.D. 829-842, d’autre part, se fit un devoir d’extirper entièrement toute trace du culte des images. Mais sa femme Théodora, qui, après sa mort, dirigea le gouvernement en tant que régente, le fit réintroduire formellement par un synode à Constantinople en apr. J.-C. Débloquer le niveau 842. Depuis lors, toute opposition a cessé dans l’Église grecque, et le jour de la décision synodale, le 19 février, a été désigné comme une fête permanente de l’orthodoxie.
Le deuxième concile Trullan en apr. J.-C. 692 avait donné la première occasion au grand schisme qui déchira le monde chrétien en deux moitiés (63, 2) ; Photius lui a donné une base doctrinale en J.-C. 867 ; et Michel Cærularius en A.D. 1053 a achevé son développement. Les besoins croissants du gouvernement byzantin le poussèrent à faire des tentatives répétées de réconciliation, mais celles-ci ne furent jamais conclues ou l’union, si elle fut achevée, s’avéra n’être qu’une union de papier. Le travail d’union de Sisyphe n’a pris fin qu’avec le renversement de l’empire byzantin en J.-C. Débloquer 1453. Les trois étapes auxquelles il est fait référence – les malentendus initiaux, la divergence doctrinale avouée et la séparation finale décisive – ainsi que le rejet persistant des tentatives de réunification, n’étaient pas entièrement dues à l’importance des différences cérémonielles. Après comme avant, il y avait eu entre eux une communion ecclésiastique libre. Ce n’était pas à cause de l’importance du point presque solitaire de divergence doctrinale entre eux, en référence au filioque (50, 7), où, s’il y avait eu de la bonne volonté, une entente commune aurait pu facilement être gagnée. C’était vraiment les prétentions papales à la primauté auxquelles les Grecs refusaient absolument de se soumettre.
67.1. Fondation du schisme, apr. J.-C. 867. — Pendant la minorité de l’empereur Michel III, fils de Théodora (66, 4), surnommé l’ivrogne, son oncle Bardas, frère de Théodora, dirigeait le gouvernement. Ignace, patriarche de Constantinople à cette époque, lui-même descendant de la famille impériale, fustigea sévèrement la vie impie et vicieuse de la cour, et en J.-C. En 857, il empêcha le tout-puissant Bardas, qui vivait dans des rapports incestueux avec sa propre belle-fille. Il fut ensuite destitué et banni. Photius, l’homme le plus savant de son siècle, auparavant commandant des gardes du corps impériaux, fut élevé à la place vacante, et hérita de la haine de tous les amis d’Ignace. Il a fait des propositions d’accord qui ont été rejetées avec orgueil et mépris. Il tint ensuite un synode en A.D. 859, qui confirma la déposition d’Ignace et l’excommunia. Mais rien au monde ne pouvait faire renoncer son parti à ses revendications. Maintenant, Photius voulait pouvoir mettre dans la balance l’approbation de l’évêque romain pour ses procédés douteux. Il rendit donc compte à lui-même de choses qui lui étaient très favorables, et rechercha son amour fraternel et ses intercessions. Le pape répondit qu’il devait d’abord examiner toute l’affaire. Ses deux légats, Rhodoald de Porto et Zacharie d’Anagni, furent soudoyés et lors d’un concile à Constantinople en J.-C. 861 donnèrent leur consentement à la déposition d’Ignace. Nicolas, cependant, avait d’autres journalistes. Il excommunia ses propres légats et déclara Ignace patriarche légitime. L’amertume des sentiments atteignit son paroxysme à Constantinople, lorsque peu de temps après les Bulgares rompirent leurs liens avec l’Église mère byzantine et se soumirent au pape (73, 3). Photius maintenant par une Encyclica d’A.D. 866 convoqua les patriarches d’Orient à un concile à Constantinople, et accusa l’église romaine des hérésies les plus extrêmes, qu’elle prescrivait le jeûne du samedi (56, 1), permis de manger du lait, du beurre et du fromage pendant la première semaine de la Quadragesime ( 56, 7), n’a pas reconnu les prêtres mariés (45, 2), n’interdisait pas au clergé de se raser la barbe (45, 1), l’onction prononcée par un prêtre invalide ( 35, 4), mais surtout, que par l’adjonction du filioque ( 50, 7) Il avait falsifié le credo, reconnaissant ainsi deux principes et retombant ainsi dans le dualisme. Avec de telles hérésies aussi, le pape avait maintenant infecté les Bulgares. La réunion du Conseil a eu lieu en A.D. Débloquer le niveau 867. Trois moines, sous la tutelle de Photius, représentaient les patriarches sous la domination sarrasine. L’excommunication et la déposition furent lancées contre le pape, et cette sentence fut communiquée aux Églises occidentales. Le pape était évidemment alarmé. Il se justifia devant le clergé franc et insista pour qu’il réponde aux accusations des Grecs dans une réponse savante. C’est ce qu’ont fait plusieurs, surtout Ratramnus, moine à Corbie. Mais au cours de cette année-là, A.D. 867, l’empereur Michel est assassiné. Son meurtrier et successeur, Basile le Macédonien, s’engagea à patroner le parti d’Ignace et demanda au pape Hadrien II. une nouvelle enquête et décision. Un synode à Constantinople, A.D. 869, compté par les Latins comme le 8e œcuménique, condamna Photius et rétablit Ignace. Cependant, la décision concernant les Bulgares n’était pas confiée au Concile, mais aux représentants réputés des patriarches sarrasins en tant qu’arbitres impartiaux. Ils se décidèrent naturellement en faveur du patriarche byzantin. En vain les légats lui firent des remontrances. Photius, sous d’autres rapports sous le malheur, montre un caractère digne de notre estime. Pendant plusieurs années, il languit sans compagnie, sans livres, soumis aux règles monastiques les plus strictes. Pourtant, il s’est réconcilié avec Ignace. Basile lui confia l’éducation de ses enfants, et à la mort d’Ignace en apr. J.-C. 878, le rétablit dans le patriarcat. Mais l’interdiction d’un concile œcuménique pesait toujours sur lui. Seul un nouveau concile œcuménique pourrait lui donner raison. Jean VIII. Contre les remontrances des Bulgares. Mais au neuvième concile de Constantinople, après J.-C. En 879, la huitième selon les Grecs, les légats pontificaux furent complètement dupés. Il n’y avait aucune mention des Bulgares, le Concile de J.-C. 869 fut répudié, et tous ceux qui osaient ajouter quoi que ce soit au credo furent excommuniés. Par la suite, le pape lança en effet un anathème contre le patriarche, son concile et ses partisans. L’empereur qui lui succéda, Léon le Philosophe, apr. J.-C. 886-911, déposa de nouveau Photius en apr. J.-C. 886, mais seulement pour qu’il mette un prince impérial à sa place. Photius mourut en exil monastique en apr. J.-C. Débloquer le niveau 891.
67.2. Léon VI, le Philosophe, apr. J.-C. 886-911. — Cet empereur fut trois fois marié sans avoir d’enfants. Il n’épousa la quatrième que lorsqu’il se fut assuré qu’elle ne serait pas stérile. Le patriarche Nicolaus Mysticus refusa (61, 2) pour célébrer le mariage et a été déposé. Un synode à Constantinople en apr. J.-C. 906, en présence des légats du pape Serge III, approuva le mariage et la déposition. Mais sur son lit de mort, Léon se repentit de sa violence. Son frère et successeur Alexandre rétablit le patriarche Nicolas, et le pape Jean X. a assisté à un synode à Constantinople en J.-C. 920, qui condamnait le Concile de A.D. 906, et déclara qu’un quatrième mariage était absolument inadmissible, mais ne montra aucune inclination à faire des concessions au pape. De nouvelles négociations sont entamées par l’empereur Basile II. En contrepartie d’une grosse somme d’argent, le vénal pape Jean XIX. était disposé à reconnaître les Byzantins comme patriarches œcuméniques de l’Orient, et à renoncer à toutes les prétentions de la chaire de Pierre sur l’Église d’Orient. Mais l’affaire a été connue avant qu’elle ne soit conclue. La destitution du nouveau Judas fut réclamée à grands cris dans tout l’Occident, et le pape fut contraint de rompre ses négociations.
67.3. Achèvement du schisme, apr. J.-C. Quoique tant d’anathèmes eussent été jetés à Rome par Byzance et à Byzance par Rome, ils n’avaient été jusqu’ici dirigés que contre les personnes et leurs fidèles, et non contre les Églises respectives en tant que telles. Il s’agissait maintenant de remédier à ce défaut. L’empereur Constantin Monomaque rechercha l’amitié papale qu’il jugeait nécessaire au succès de ses entreprises guerrières. Mais le patriarche Michel Cærularius contrecarre ses efforts. En compagnie du métropolite des Bulgares, Léon d’Achrida, il s’adressa à A.D. 1053 une épître à l’évêque Jean de Trani dans les Pouilles, dans laquelle il accuse les Latins des pires hérésies, et adjure les évêques occidentaux de se séparer d’eux. Aux hérésies déjà énumérées par Photius, il en ajouta d’autres ; l’usage du sang et des choses étranglées, le retrait de l’Alléluia pendant la saison du jeûne, et surtout l’utilisation de pains sans levain dans la Cène (58, 4), c’est à cause de cela qu’il inventa pour les hérétiques le nom d’Azymites. Cette lettre tomba entre les mains du cardinal Humbert, qui la traduisit et la déposa devant le pape Léon IX. Une violente correspondance s’ensuivit. L’empereur offrit de tout faire pour rétablir la paix. À sa demande, le pape envoya trois légats à Constantinople, parmi lesquels l’occasion de la lutte, Humbert (101, 2), et le cardinal Frédéric de Lothringen, plus tard pape Étienne IX. ( 96, 6). Ceux-ci attisaient la flamme au lieu de l’éteindre. La pression impériale amena en effet l’abbé de Studion, Nicétas Pectoratus à brûler son traité controversé devant les légats, mais aucune menace ni violence ne put amener à soumettre les patriarches, du côté desquels se trouvaient le peuple et le clergé. Les légats déposèrent finalement un décret formel d’excommunication sur l’autel de l’église de Sophia, que Michel et les autres patriarches orientaux rendirent solennellement à l’église de Sophie. Débloquer le niveau 1054.
67.4. Tentatives de réunion. — Les croisades ont augmenté la brèche au lieu de la guérir. De nombreuses négociations ont été entamées, mais aucune d’entre elles n’a abouti à grand-chose. Lors d’un synode à Bari à Naples, en A.D. 1098, Anselme de Cantorbéry ( 101, 1), qui vivait alors comme un fugitif en Italie, prouva aux Grecs présents la justesse de la doctrine latine de la procession du Saint-Esprit. En apr. J.-C. En 1113, Petrus Chrysologus, archevêque de Milan, le confirma dans un discours complet devant l’empereur à Constantinople. Et en A.D. En 1135, Anselme de Havelberg, qui se rendit à Constantinople en qualité d’ambassadeur de Lothaire II, disputa avec l’archevêque Nicétas de Nicomédie, et écrivit ensuite, sur l’ordre du pape, la dispute avec une fidélité honorable. La haine et l’horreur des Grecs atteignirent leur paroxysme lors de l’érection de l’empire latin à Constantinople, après J.-C. 1204-1261 (comp. 94, 4). Néanmoins, Michael Palæologus, A.D. 1260-1282, qui mit fin à cette dynastie, s’efforça par tous les moyens politiques de surmonter ce schisme ecclésiastique. Le patriarche Joseph de Constantinople et son bibliothécaire, le célèbre Joannes Beccus, lui résistèrent obstinément. Ceux-ci, en effet, en prison, se convainquirent que les différences n’étaient pas essentielles et qu’une union était possible. Ce changement d’avis lui assura le fauteuil de patriarche. Pendant ce temps, les négociations de l’empereur avec le pape Grégoire X, dans lesquelles il reconnaissait que la chaire romaine était la plus haute cour d’appel dans les controverses doctrinales, furent portées à un point lors du concile œcuménique de Lyon, après J.-C. 1274, compté par les Latins le quatorzième. Les légats impériaux reconnaissaient ici la primauté du pape et souscrivaient à un credo romain, tandis que la liberté leur était accordée d’utiliser leur credo sans l’addition et de pratiquer leurs coutumes ecclésiastiques particulières. Beccus a justifié cette union dans plusieurs traités. Mais un changement de dynastie l’a renversé en J.-C. Débloquer 1283. Joseph a été restauré et l’union de Lyon a été brisée, ne laissant aucune trace.
67.5. L’avancée des Turcs rendait absolument nécessaire pour les empereurs romains d’Orient de s’assurer le soutien de l’Occident en se réconciliant et en s’unissant à la papauté. Mais le puissant parti des moines, soutenu par les préjugés populaires contre la proposition, contrecarre les vœux impériaux de tous côtés. Les patriarches d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem étaient aussi des adversaires zélés, non seulement animés par l’ancienne amertume envers leurs rivaux plus prospères sur la chaire de Pierre, mais aussi influencés contre les vues de l’empereur par la politique de leurs souverains sarrasins. L’empereur Andronic III. Paléologus gagna à ses côtés l’abbé Barlaam de Constantinople, jusque-là né en Calabre et y ayant été élevé dans la foi catholique, un adversaire zélé de la doctrine occidentale. Barlaam se rendit à la tête d’une ambassade impériale à Avignon où résidait le pape de l’époque, Benoît XIII, après J.-C. Débloquer le niveau 1339. Les négociations, cependant, échouèrent à cause de l’obstination du pape, qui exigea des Grecs avant tout une soumission inconditionnelle à la doctrine et à la constitution, et ne manifesta pas non plus une seule fois le désir de renouveler la conférence. Les difficultés politiques de l’empereur, cependant, ne cessèrent de s’accroître, et c’est ainsi que Joannes V. Palæologus prit d’autres mesures. Lui-même, en apr. J.-C. En 1369, à Rome, il passa à l’Église latine, mais il n’obtint pas non plus de son peuple qu’il le suive, et le pape Urbain V n’obtint pas non plus des princes occidentaux qu’ils lui prêtent secours contre les Turcs.
67.6. Les tentatives d’union de Joannes VII. Palæologus avait plus d’apparence de succès. L’empereur avait gagné le patriarche Joseph de Constantinople, ainsi que l’archevêque Bessarion de Nicée, intelligent et très cultivé, et s’y rendit personnellement en compagnie de ce dernier et de nombreux évêques, en . 1438, au concile pontifical de Ferrare ( 110, 8), où le pape Eugène IV, craignant que les Grecs ne se joignissent au concile réformateur de Bâle, se montra très gracieux. Le concile, nominalement à cause de l’épidémie de peste à Ferrare, fut transféré à Florence, et c’est là que l’union fut effectivement consommée en J.-C. Débloquer 1439. La primauté du pape a été reconnue, mais non sans doute, les différences rituelles ainsi que les mariages sacerdotaux des Grecs ont été tolérés, la différence doctrinale réduite à un malentendu et l’orthodoxie des deux églises a été maintenue. Dans le texte latin du décret auquel il est fait référence, le pape est reconnu comme « Successeur de Pierre, le chef des apôtres et le vicaire du Christ », comme « chef de toute l’Église, père et maître de tous les chrétiens, à qui notre Seigneur Jésus-Christ a donné le plein pouvoir de nourrir, de gouverner et de gouverner l’Église universelle » – mais avec l’ajout significatif « de la manière qui est exposée dans la conciles œcuméniques et dans les saints canons », par lesquels les Grecs ne pensaient certainement qu’aux canons de Nicée et de Chalcédoine dont il est question en 46, 1, mais les Latins principalement des Pseudo-Décrétales de 87, 2 ; et c’est ainsi que, dans la plupart des textes grecs, les propositions qui définissent la primauté universelle du pape sont soit insuffisantes, soit essentiellement modifiées. La première place après le pape est donnée au patriarche de Constantinople. En ce qui concerne la doctrine de la procession du Saint-Esprit, il a été admis que la formule grecque « ex Patre per Filium » était essentiellement la même que la formule latine « ex Patre Filioque », et par la définition « quod Sp. S. ex P. simul et F. et ex utroque æternaliter tanquam ab uno principio et unica spiratione procedit », cette dernière a été sauvée de l’accusation de dualisme. Une nouvelle différence, cependant, est apparue en référence au Purgatoire ( 61, 4). Les intercessions des vivants et la présentation de messes pour les morts étaient admises par les Grecs comme aidant à obtenir le pardon de leurs péchés véniels encore non expiés, mais ils s’opposaient résolument à l’idée que n’importe lequel des morts pouvait l’obtenir par sa propre endurance temporaire de souffrances pénales, et ils n’entendraient pas parler d’un feu comme moyen de l’atteindre. Les Latins enseignaient aussi que les non-baptisés ou ceux qui meurent en état de péché mortel passent immédiatement dans la condamnation éternelle et que ceux qui sont parfaitement pieux passent immédiatement en présence de Dieu ; tandis que les Grecs soutenaient que cela n’arrivait qu’au jugement dernier. Après de longues disputes, les Grecs, pressés par leur empereur, cédèrent enfin sur ces deux points. Sans trop de difficultés, ils acceptèrent les sept sacrements des Occidentaux (104, 2). C’est ainsi que l’union fut consommée au milieu des embrassades et des cris de joie. Mais en réalité, tout est resté comme avant. Un parti puissant, à la tête duquel se tenait l’archevêque d’Éphèse, Marcus Eugenicus, qui avait été invectivé à Florence, souleva tout l’Orient contre l’union qui avait été faite sur le papier. Le nouveau patriarche Métrophane, qui a étéIl a été ridiculisé en tant que Μητροφόνος, et en J.-C. En 1443, les autres patriarches orientaux, lors d’un synode à Jérusalem, excommunièrent tous ceux qui maintenaient l’union. De plus, lorsque l’aide espérée de l’Occident n’est pas venue, même le parti de l’Union s’en est désintéressé. Bessarion passa à l’Église romaine, devint cardinal et évêque de Tuscoli, et fut comme tel à deux reprises très près d’être fait pape.193
67.7. Pendant ce temps, l’empire chrétien byzantin se décomposait rapidement. Le 29 mai 1453, Constantinople est prise d’assaut par Mohammed II. Le dernier empereur, Constantin XI, tomba dans une lutte héroïque contre vents et marées. Mahomet conféra au patriarche Gennadius ( 68, 5) la primauté spirituelle et même la suprématie temporelle et la pleine juridiction sur tous les habitants orthodoxes de l’empire, le rendant cependant responsable de leur conduite. Les deux autres patriarcats de Jérusalem et d’Antioche lui étaient coordonnés en matière religieuse et lui étaient subordonnés en matière politique. Pour l’exercice de son pouvoir spirituel, il avait autour de lui un synode de douze archevêques, dont quatre, en tant que détenteurs des quatre divisions du diocèse patriarcal, résidaient à Constantinople. Le synode choisit les patriarches et le sultan confirma les élections. — Toutes les négociations d’union étaient maintenant terminées, car la Porte ne pouvait que souhaiter la continuation du schisme. Les énormes foules de réfugiés grecs qui cherchaient protection dans des pays étrangers, en particulier en Italie, en Hongrie, en Galicie, en Pologne, en Lituanie, soit se rendaient directement à l’Église catholique romaine, soit formaient leurs propres églises sous le nom de Grecs unis, achetant la liberté d’observer leur ancienne constitution et liturgie de l’Église en acceptant la doctrine romaine et la primauté papale.
La lutte iconoclaste, A.D. 726-842, fut dans une certaine mesure une guerre contre l’art et la science. Du moins, aucune période de l’histoire du Moyen Âge grec n’est aussi pauvre en ces termes que celle-ci. Mais vers le milieu du IXe siècle, la culture byzantine s’éveilla de sa profonde torpeur à une vigueur dont personne ne l’aurait crue capable. Ce qu’il y a de plus merveilleux encore, c’est que, pendant six cents ans, elle se maintint sans interruption à cette élévation et poursuivit les études littéraires et scientifiques avec un zèle qui semblait s’accélérer à mesure que sa situation politique devenait de plus en plus désespérée. Ce qui caractérisait particulièrement les efforts d’érudition de cette époque, c’était la renaissance des études classiques qui, à partir du VIe siècle, avaient été presque entièrement négligées. Maintenant, tout d’un coup, les Grecs en décadence, qui étaient menacés de faillite intellectuelle aussi bien que politique, commencèrent à se rendre compte du riche héritage que leurs ancêtres païens leur avaient légué. Ils cherchaient ces trésors dans la poussière des bibliothèques et y appliquaient une diligence, un enthousiasme, une fierté qui nous remplit d’étonnement. L’intellect hellénique avait, en effet, perdu depuis longtemps sa puissance créatrice géniale. L’effort le plus ambitieux de cette époque n’est pas allé au-delà de la reproduction explicative et de l’érudition. Sur la théologie, cependant, fermement liée aux propositions traditionnelles et aux formules aristotéliciennes, la renaissance des études classiques a eu relativement peu d’influence, et là où elle a brisé les chaînes, elle n’a fait qu’ouvrir la voie à un déluge de vues helléniques païennes qui ont paganisé le christianisme.
68.1. La honte causée par le zèle avec lequel les khalifes de la lignée abassidienne à la fin du VIIIe siècle s’appliquèrent à la littérature grecque classique semble avoir donné la première impulsion à la renaissance des études classiques. Derrière cela, nous devons supposer qu’il y avait l’influence des souverains byzantins, à moins qu’ils n’aient perdu toute trace du sentiment national. Bardas, tuteur et co-régent de Michel III. ( 67, 1), S’il n’y a rien d’autre en lui qui soit digne d’éloges, c’est le mérite d’avoir été le premier à jeter de nouveau les bases des études classiques en fondant des écoles et en payant leurs professeurs. Basile le Macédonien, bien qu’il ne fût pas lui-même un érudit, patronnait et protégeait les sciences. Photius était le maître de ses enfants, et leur a implanté un amour de l’étude qu’ils ont transmis à leurs enfants et aux enfants de leurs enfants. Léon, le philosophe, le fils, et Constantin Porphyrogénète, le petit-fils, de Basile furent les brillants érudits de la dynastie macédonienne. Leur place fut prise par la lignée des Comnènes à partir de J.-C. 1057, qui introduisit une période des plus brillantes dans l’histoire des études scientifiques. Les princesses de cette maison, Eudocie et Anne Comnène, ont acquis une grande renommée en tant qu’auteurs doués et érudits. Ce que Photius fut pour l’âge des Macédoniens, Psellus l’était pour l’âge des Comnènes. Thessalonique rivalisait avec Constantinople en tant que nouvelle Athènes dans l’éclat de sa culture classique. La grossièreté des croisés menaçait, pendant les soixante années de l’interrègne de la dynastie latine, de défaire l’œuvre des Comnènes. Mais lorsqu’en A.D. En 1261, les Paléologues reprirent possession de Constantinople, l’érudition reprit le devant de la scène et prit de plus en plus d’importance. Et quand les Turcs l’ont pris en J.-C. En 1453, des foules de Grecs érudits s’installèrent en Italie et répandirent leur culture soigneusement entretenue dans tout l’Occident.
68.2. Aristote et Platon. — La renaissance des études classiques assura de nouveau une préférence pour Platon, qui semblait plus classique, du moins plus hellénique, qu’Aristote. Mais l’imprimatur ecclésiastique qui avait été donné à Aristote, qui avait été formellement exprimé par Joh Damascenus, formait une barrière contre le débordement du platonisme dans le domaine théologique. La méfiance de l’Église à l’égard de Platon, d’autre part, a conduit beaucoup des amis les plus enthousiastes des études classiques dans une sorte de paganisme hellénique. L’ardeur de la lutte atteignit son apogée au XVe siècle. Gemisthus Pletho a remué ciel et terre pour chasser l’usurpateur haï Aristote du trône de la science. Il a appelé à l’abandon inconditionnel à la sagesse du divin Platon et a exprimé l’espoir confiant que bientôt viendrait le temps où le christianisme et l’islam seraient conquis et où la religion de l’humanité pure aurait une domination universelle. Ses nombreux érudits étaient d’un avis similaire, dont le plus distingué était Bessarion (67, 6). Mais Aristote avait aussi des représentants talentueux en la personne de Georges de Trébizonde et de ses disciples. De nombreux représentants des deux écoles s’installèrent en Italie et y poursuivirent le conflit avec une âpreté croissante. — Suite, p. 120, p. 1.
68.3. Scolastique et mystique (μάθησις et μυσταγωγία).―Par l’application de la méthode aristotélicienne que Joh. Philoponus (47, 11) avait suggéré, et Joh Damascenus l’avait fait, le traitement scientifique de la doctrine dans l’Église grecque avait pris une forme qui, à bien des égards, ressemble à la scolastique du moyen âge latin, sans pouvoir cependant atteindre sa richesse, sa puissance, sa subtilité et sa profondeur. Mais à côté du traitement scolastique dialectique du dogme, on trouvait, surtout dans la vie tranquille des monastères, une promotion diligente du mysticisme basé sur le pseudo-Aréopagite (47, 11). Son principal représentant était Nicolas Cabasilas. Ce mysticisme n’a jamais été contraire au culte ou à la doctrine de l’Église, mais lui a plutôt rendu une reconnaissance inconditionnelle, et a été spécialement caractérisé par sa préférence marquée pour le symbolique, auquel il a soin d’attacher une signification tout à fait sacramentelle. Il n’y avait aucune raison pour des rencontres hostiles entre la dialectique et le mysticisme.
68.4. Les branches de la science théologique. — Vers le commencement de notre ère, Joh Damascenus rassembla les résultats des travaux dogmatiques antérieurs dans l’Église grecque en utilisant les formes dialectiques d’Aristote dans un système organique. Son Ecdosis est la première et la dernière dogmatique complète de l’ancienne église grecque. Les multiples relations avec l’Église latine occasionnées par les efforts d’union ne furent cependant pas sans influence sur l’Église grecque. En dépit de l’opposition la plus vive sur les questions débattues, l’exposé beaucoup plus approfondi par la scolastique latine des doctrines sur lesquelles les deux étaient d’accord s’est communiqué à l’Église grecque, de sorte que tout le monde a adopté inconsciemment sur beaucoup de points les mêmes bases et tendances de croyance. Des polémiques ont été constamment menées avec les nestoriens, les monophysites et les monothélites, et de nouveaux sujets de débat ont été trouvés dans les disputes iconoclastes, les sectes dualistes émergentes, les schismatiques latins et les défenseurs de l’union. Avec les circonstances changeantes de l’époque, l’apologétique est revenue au premier plan comme une nécessité théologique. Les progrès incessants de l’Islam et la polémique juive, qui s’enhardissait maintenant grâce à la protection des Sarrasins, exigeaient d’urgence l’œuvre de l’Apologiste, mais la théologie traditionnelle scolastique dominante des Grecs, dans sa dureté et son étroitesse, n’était guère apte à conjurer la tempête du jugement de Dieu. Enfin, la renaissance des études classiques et l’introduction de modes de pensée païens ont été suivies d’un renouveau de l’apologétique anti-païenne (Nicolas de Méthone). Dans l’exégèse, il n’y avait pas d’œuvre originale indépendante. De précieuses catènes ont été compilées par Œcumène, Théophylacte et Euthyme Zigabenus. L’histoire de l’Église était complètement en jachère. Seul Nicéphore Callisti au XIVe siècle s’y intéressa (5, 1). Incomparablement plus importants pour l’histoire de l’Église de cette époque sont les nombreux Scriptores hist. Byzantinæ. En tant qu’écrivain de légendes, Siméon Métaphraste au 10ème siècle ( ?) a acquis une grande réputation.
68.5. Le théologien le plus distingué du VIIIe siècle fut Joannes Damascenus. Il fut longtemps dans le service civil des Sarrasins, et mourut vers l’an J.-C. 760 comme moine dans le monastère de Sabas à Jérusalem. Ses admirateurs l’appelaient Chrysorrhoas ; les adversaires du culte des images qui ont prononcé un anathème trois fois répété contre lui au concile de Constantinople en J.-C. 754, l’appela Mansour. Son œuvre principale, qui se classe dans l’Église grecque comme une production historique, est le Πηγὴ γνώσεως. Sa première partie, Κεφάλαια φιλοσοφικά, forme la dialectique, la seconde, Περὶ αἱρέσεων, l’introduction historique à la troisième ou partie principale : Ἔκδοσις ἀκριβὴς τῆς ὀρθοδόξου πίστεως, un recueil systématique des doctrines de foi selon les conciles, et des enseignements des anciens Pères, en particulier des trois Cappadociens. Ses Ἱερὰ παράλληλα contiennent un recueil de loci classici d’écrits patristiques sur des sujets dogmatiques et moraux classés par ordre alphabétique. Il écrivit en outre des tracts controversés contre les hérétiques christologiques, les pauliciens, les adversaires du culte des images, etc., et composa plusieurs hymnes pour le culte de l’Église.194―Parmi les les nombreux écrits de Photius, mort en apr. J.-C. 891, la plus importante est sans doute sa Bibliotheca, Μυριοβίβλιον. Il donne des rapports et des extraits de 279 œuvres chrétiennes et païennes, qui ont depuis été en grande partie perdues. En plus des traités controversés contre les Latins et contre les Pauliciens, il existe encore son Ἀμφιλόχια, les réponses à plus de 300 questions posées devant lui par l’évêque Amphiloque, et son Nomo-canon (43, 3) qui est encore la base du droit canonique grec, et qui était, vers J.-C. 1180, commentée par le diacre de Constantinople, Théodore Balsamon dans son Ἐξήγησις τῶν ἱερῶν καὶ θείων κανόνων.―La brillante période de la dynastie des Comnènes était dirigée par Michel Psellus, professeur de philosophie à Constantinople, homme d’une grande culture et possédant une réserve d’informations étonnamment étendue qui a été démontrée par de nombreux ouvrages sur une variété de sujets, de sorte qu’il a été désigné Φιλοσόφων ὕπατος. Il mourut en apr. J.-C. Débloquer le niveau 1105. Parmi ses écrits théologiques, le plus important est Περὶ ἐνεργείας δαιμόνων (comp. 71, 3). De même que cet ouvrage est de la plus haute importance pour la démonologie du Moyen Âge, de même le Διδασκαλία παντοδαπή, compendium de la science universelle sur la base de la théologie, est destiné à la connaissance encyclopédique de cette période. Son contemporain Théophylacte, archevêque d’Achrida, en Bulgarie, a laissé derrière lui un commentaire important sous la forme d’une catena. Euthyme Zigabenus, moine à Constantinople, au début du XIIe siècle, composa, sur l’ordre de l’empereur Alexis Comnène, en réponse aux hérétiques, un Πανοπλία δογματικὴ τῆς ὀρθοδόξου πίστεως ἤτοι ὁπλοθήκη δογμάτων en 24 bks., qui lui valut une grande réputation en son temps. Ce n’est qu’une compilation, et ce n’est que là où il combat les sectes de son époque qu’elle a quelque importance. Ses compilations exégétiques sont d’une plus grande valeur. La personnalité la plus importante du XIIe siècle fut Eustathe, archevêque de Thessalonique. En tant que commentateur d’Homère et de Pindare, il a longtemps été très apprécié par les philologues ; mais d’après la publication de son Opuscule théologique, il semble qu’il soit digne d’une plus grande renommée en tant que chrétien, théologien, chef d’église et réformateur du monachisme avili de son époque (70, 4). Son ami et élève, Michel Acominatus de Chonæ, archevêque d’Athènes, traita avec autant d’enthousiasme de l’Église que de sa patrie, de la foi chrétienne et de la philosophie grecque, de la littérature patristique et classique, et dans un beau panégyrique, il éleva un mémorial à son maître défunt. Son frère cadet, Nicétas Acominatus, un homme d’État très estimé de Constantinople, a écrit un Θεσαυρὸς ὀρθοδοξίας en 27 bks., qui consiste en une déclaration justificative de la doctrine orthodoxe avec une réfutation des hérétiques, beaucoup plus indépendante et importante que l’œuvre similaire d’Euthyme. Il mourut en apr. J.-C. Débloquer le niveau 1206. À la même époque prospérait le noble évêque Nicolas de Méthone en Messénie, dont la réfutation des attaques du néo-platonicien Proclus, Ἀνάπτυξις τῆς θεολογικῆς στοιχειώσεως Πρόκλου est l’une des productions les plus précieuses de cette période. Sa doctrine de la rédemption, qui a une ressemblance frappante avec la théorie de la satisfaction d’Anselme de Cantorbéry (101, 1), mérite qu’on s’y attarde. Il a également rédigé plusieurs tractsÀ la lutte contre les Latins, il n’y a pas d’autre moyen d’empêcher les Latins de se plaindre. À l’époque du Palæologi, A.D. De 1250 à 1450, les principaux sujets de la paternité théologique étaient la justification et la dénonciation de l’union. Nicolas Cabasilas, archevêque de Thessalonique et successeur de Palamas, mérite une mention spéciale. Il était, comme son prédécesseur, le justicier des hésychastes (69, 2), et il était lui-même l’un des plus nobles mystiques de tous les temps. Il mourut vers l’an J.-C. Débloquer le niveau 1354. Son œuvre principale est Περὶ τῆς ἐν ριστῷ ζωῆς. Son mysticisme se distingue par sa profondeur et sa spiritualité ainsi que par sa lutte réformatrice contre un externalisme superficiel. Il partage également la prédilection de la mystique grecque pour la liturgie, comme le montre son Expositio Missæ. De son contemporain Démétrius Cydonius, nous avons un habile traité De Contemnenda Morte. L’archevêque Siméon de Thessalonique appartient à une époque un peu plus tardive, vers J.-C. 1400, un expert minutieux en littérature classique et patristique et un éminent chef d’église. Son ouvrage complet, De Fide, Ritibus et Mysteriis Ecclesiast., est une source importante d’informations sur les affaires ecclésiastiques du Moyen Âge grec. Marcus Eugenicus d’Éphèse, l’adversaire le plus habile de l’union florentine (67, 2), Outre des traités controversés, il écrivit un traité Περὶ ἀσθενείας ἀνθρώπου comme fondement philosophico-dogmatique de la doctrine du châtiment éternel à laquelle l’empereur Jean VII. Paléologus s’était offusqué comme incompatible avec la justice divine et la fragilité humaine. Son disciple Gregorius Scholarius, connu sous le nom de moine sous le nom de Gennadius, fut le premier patriarche de Constantinople après sa prise par les Turcs. Au concile de Florence, il soutint encore l’union, mais en fut par la suite l’adversaire le plus vigoureux. Dans la controverse des philosophes, il lutta contre Pléthon pour la prédominance d’Aristote. À la demande du sultan Mohammed II, il lui présenta une Professio fidei.
68.6. Un roman religieux intitulé Barlaam et Josaphat, dont l’auteur n’est pas nommé, mais qui appartenait évidemment à l’Orient, figurait, même au moyen âge, parmi les œuvres de Joh Damascenus, lues par beaucoup, surtout en Occident, traduites en latin et souvent rendues sous forme métrique. Il décrit l’histoire de la conversion du prince indien Josaphat par l’érémite Barlaam dans le but de montrer la puissance du christianisme contre les séductions du péché et sa supériorité sur les autres religions. Une époque non critique acceptait l’histoire comme historique et vénérait ses deux héros comme des saints. Le martyrologe romain célébré le 27 novembre. en leur mémoire. Liebrecht a découvert que le roman, si populaire en son temps, n’était qu’une forme christianisée d’une histoire légendaire de la vie et de la conversion du fondateur du bouddhisme, qui existait à l’époque préchrétienne, et qui est parvenue jusqu’à nous sous le titre de Lalita ristara Purâna, copiant souvent son original jusque dans les moindres détails.
Avec l’activité mentale de l’époque des Comnènes, l’amour de la spéculation et de la discussion théologiques se réveilla, et plusieurs questions doctrinales reprirent une attention considérable. Puis il y eut une accalmie dans la lutte controversée de deux cents ans, pour être réveillée une fois de plus par une question de mysticisme abscons.
69.1. Questions dogmatiques. — Sous l’empereur Manuel Comnène, A.D. De 1143 à 1180, la question a été discutée de savoir si le Christ a présenté son sacrifice pour les péchés du monde seulement au Père et au Saint-Esprit, ou aussi en même temps au Logos, c’est-à-dire à lui-même. Un synode à Constantinople en apr. J.-C. Dix ans plus tard, une controverse s’éleva sur la question de savoir si les paroles du Christ : « Le Père est plus grand que moi » se rapportent à sa nature divine ou à sa nature humaine ou à l’union des deux natures. La discussion fut menée par tous les rangs avec une vivacité et une passion qui rappellent les controverses analogues du IVe siècle (50, 2). L’opinion de l’empereur selon laquelle les paroles s’appliquaient à l’homme-Dieu remporta la victoire lors d’un synode à Constantinople en J.-C. Débloquer le niveau 1166. Les dissidents furent punis par la confiscation de leurs biens et le bannissement. — Manuel excita une troisième controverse en s’opposant à l’anathème du « Dieu de Mahomet » dans la formule d’abjuration pour les convertis du mahométisme. C’est en vain que les évêques montrèrent à l’empereur que le Dieu de Mahomet n’était pas le vrai Dieu. La formule a dû être modifiée.
69.2. La controverse hésychaste, A.D. 1341-1351. — Dans les monastères du Mont Athos en Thessalie, le mysticisme aréopagite eut ses promoteurs les plus zélés. Suivant l’exemple donné trois siècles plus tôt par Siméon, abbé du monastère de Mesnès à Constantinople, les moines se mirent par des moyens artificiels dans une condition qui leur procurerait la vision extatique de Dieu que l’Aréopagite avait exaltée comme le but suprême de toutes les entreprises mystiques. Agenouillés dans un coin de la cellule solitaire et fermée, le menton appuyé fermement sur la poitrine, les yeux fixés sur le nombril, le souffle retenu le plus longtemps possible, ils sombrèrent d’abord dans la mélancolie et leurs yeux s’obscurcitrent. Continuant plus longtemps dans cette position, l’abattement de l’esprit qu’ils éprouvèrent d’abord fit place à un ravissement inexprimable, et enfin ils se trouvèrent entourés d’un brillant halo de lumière. Ils s’appelaient eux-mêmes les Reposeurs, ἡσυχάζοντες, et soutenaient que l’éclat qui les entourait était la lumière divine incréée qui brillait autour du Christ sur le mont Thabor. Barlaam ( 67, 5), tout juste rentré de sa malheureuse expédition d’union, accusa les moines et leur défenseur, Gregorius Palamas, plus tard archevêque de Thessalonique, d’hérétiques dithéistes, les qualifiant avec mépris d’âmes nombrilistes, ὀμφαλόψυχοι. Mais un concile tenu à Constantinople, en l’an J.-C. 1341, dont les membres étaient défavorables à Barlaam à cause de ses efforts d’union, approuvèrent la doctrine de la lumière divine incréée qui, en tant qu’ἐνεργεία divine, doit être distinguée de l'ὐσία divine. Barlaam, afin d’éviter la condamnation, se rétracta, mais se retira peu après en Italie, où il rejoignit la communion de l’Église latine en J.-C. 1348, et mourut évêque en Calabre. Un disciple de Barlaam, Gregorius Acindynos et l’historien Nicéphore Gregoras continuèrent la controverse contre les hésychastes. Jusqu’à J.-C. En 1351, pas moins de trois synodes avaient été tenus, qui tous étaient résolument favorables aux moines.
Les empereurs byzantins avaient depuis longtemps l’habitude d’exécuter leur propre volonté d’une manière très autoritaire, même en ce qui concerne les affaires intérieures de l’Église. L’onction d’huile sacrée leur donnait un caractère sacerdotal et leur donnait le droit d’être appelés ἅγιος. La plupart des empereurs, aussi, depuis Léon le Philosophe ( 68, 1), possédait une certaine culture théologique. Le patriarcat, cependant, si, au milieu de tant de nominations et de destitutions arbitraires, il tombait entre les mains appropriées, était toujours un pouvoir que les empereurs eux-mêmes devaient respecter. Ce qui la protégeait contre tous les empiétements du pouvoir temporel, c’était l’influence des moines et, à travers eux, du peuple. À la suite des controverses sur les images, Theodorus Studita ( 66, 4) fonda un parti fort qui lutta de toutes ses forces contre toute ingérence de l’État dans les affaires ecclésiastiques et contre la nomination des officiers ecclésiastiques par le pouvoir temporel, mais seulement avec un succès temporaire. Les moines, qui avaient été menacés d’extermination totale par l’iconoclaste Isaurien, grandirent et prospérèrent plus que jamais en apparence à la Restauration, mais cédèrent de plus en plus à la corruption spirituelle et à l’extravagance. Les moines orientaux n’avaient pas cette culture multiforme et géniale qui était nécessaire à la culture des champs et de l’esprit des barbares. Ils manquaient de ces pouvoirs de tempérer, de rénover et d’ennoblir, par lesquels les moines de l’Occident ont obtenu des résultats si merveilleux. Mais néanmoins, si l’on cherche dans ces jours avilis et dégénérés des exemples de fidélité aux convictions, de fermeté de caractère, d’indépendance et de sérieux moral, on trouvera toujours ce qu’il y a de plus noble dans les monastères.
70.1. Le schisme arsénien, apr. J.-C. 1262-1312. — Michel Paléologue, après la mort de l’empereur Théodore Lascaris en apr. J.-C.En 1259, il assuma la tutelle de son fils Jean, âgé de six ans, se fit couronner co-souverain et, en 1259, apr. J.-C. 1261 fit crever les yeux du jeune prince de manière à le rendre inapte à gouverner. Le patriarche Arsène l’excommunia alors. Michel demanda l’absolution, et, pour l’obtenir, il se soumit à d’humiliantes pénitences ; mais lorsque le patriarche insista pour qu’il démissionnât du trône, l’empereur le déposa et l’exila, A.D. Débloquer 1267. Les nombreux partisans d’Arsène refusèrent de reconnaître le nouveau patriarche Joseph (67, 4), ont fait sécession de l’Église nationale, et lorsque leur chef est mort en exil en J.-C. En 1273, leur vénération pour lui s’exprimait par une haine ardente contre ses persécuteurs. Quand Joseph mourut en apr. J.-C. En 1283, on tenta de trancher la controverse en faisant directement appel au jugement de Dieu. Chacun des deux partis jeta dans le feu un tract pour défendre sa position, et tous deux furent consumés. Les Arséniens, qui s’attendaient à un miracle, se sentirent un instant vaincus et se montrèrent prêts à se réconcilier. Mais le troisième jour, ils se souvinrent de leurs aveux et le schisme continua, jusqu’à ce que le patriarche Niphon en A.D. En 1312, il fit déposer les ossements d’Arsène dans l’église de Sophie et prononça une suspension de quarante jours pour tout le clergé qui avait pris part à son action.
70.2. Culte public. — Dans l’église grecque, la prédication conserva son importance primitive ; les productions homilétiques, cependant, ne sont que de peu de valeur. L’objection à l’égard des hymnes autres que ceux que l’on trouve dans les Écritures était de plus en plus surmontée. Comme dans les temps anciens ( 59, 4) Des tropaires ont été ajoutés au chant des psaumes, de sorte que les hymnes de louange et de doxologie du Nouveau Testament ont été formés en ce que l’on appelle Κανών, c’est-à-dire un recueil de nouvelles odes arrangées pour les différentes fêtes et jours des saints. Le 8ème siècle était l’âge augustéen du chant d’église. C’est à cette époque qu’appartenaient les célèbres ἅγιοι μελωδοί, André de Crète, Jean Damascène, Cosmas de Jérusalem et Théophane de Nicée. Le chant après celui-ci, aussi bien qu’avant, était sans accompagnement instrumental et aussi sans arrangement harmonique. — Il y avait une grande diversité d’opinions sur l’idée des sacrements et de leur nombre. Damas ne parle que de deux : le baptême et la Cène du Seigneur. Théodore Studita, d’autre part, accepte les six énumérés par le Pseudo-Aréopagite (58). Petrus [Peter] Mogilas dans sa Confessio orthodoxa anti-protestante de J.-C. 1643 ( 152, 3) est le premier à affirmer avec assurance que, même chez les Latins du moyen âge, les sacrements avaient été considérés comme au nombre de sept. Les Grecs différaient des Latins en maintenant la nécessité de l’immersion dans le baptême, en reliant le chrême au baptême, en utilisant le pain levé dans la Cène et en donnant les deux éléments à tous les communiants. Dès l’époque de Joh Damascenus, les docteurs de l’Église adhérèrent résolument à la doctrine de la Transsubstantiation ; mais en ce qui concerne la pénitence et la confession, ils soutenaient vigoureusement ( 61, 1), que ce n’est pas le prêtre, mais Dieu seul qui peut pardonner les péchés. L’Unctio inferiorum, εὐχέλαιον, a également fait place dans l’église grecque, appliquée sous la forme de la croix sur le front, la poitrine, les mains et les pieds ; mais avec cette différence que, répudiant expressément l’appellation d’onction extrême, elle était donnée non seulement dans les cas de maladie mortelle, mais encore dans les affections moins graves, et avait en vue la guérison corporelle aussi bien que le bénéfice spirituel. le Philosophe a fait la bénédiction de l’église ( 61, 2) obligatoire pour un mariage légalement valide.
70.3. Monachisme.—Les plus célèbres de toutes les associations monastiques étaient celles du Mont Athos en Thessalie, qui était couvert de monastères et de cellules d’ermites, et comme « le saint mont » était déjà devenu un lieu sacré et le lieu de villégiature des pèlerins pour toute la chrétienté grecque. Le monastère de Studion, aussi ( 44, 3), jouissait d’une grande réputation. Les extravagances ascétiques ne manquaient pas parmi les moines. Il y avait de nombreux stylets ; Beaucoup passaient aussi leur vie sur de grands arbres, δενδρίται, ou enfermés dans des cages construites sur de hautes plates-formes (κιονῖται), ou dans des cavernes souterraines, etc. D’autres s’astreignaient à un silence perpétuel. Beaucoup portaient encore constamment une chemise de fer (σιδηρούμενοι), etc. Une rare pratique monastique pieuse fit son apparition au XIIe siècle chez les Ecetæ, Ἱκέται. C’étaient des moines qui dansaient et chantaient des hymnes avec des nonnes partageant les mêmes idées dans leurs monastères selon le modèle de l’Exode. xv. 20, 21. Bien qu’ils soient restés orthodoxes dans leur doctrine et n’aient jamais été accusés d’aucun acte d’immoralité, Nicétas Acominatus les a poursuivis en tant qu’hérétiques.
Au début du XIIe siècle, un moine pieux de Constantinople, Constantin Chrysomalus, protesta contre l’hypocrisie et le formalisme qui régnaient. Une décennie plus tard, le moine Niphon adopta une position similaire. Autour de l’un et de l’autre se rassemblèrent des groupes de clercs et de laïcs qui, se mettant sous leur direction pastorale et négligeant les formes extérieures de l’Église, s’appliquèrent à l’approfondissement de la vie spirituelle. L’un et l’autre ont attiré sur eux l’anathème de l’Église. Le patriarche Côme, qui n’était pas convaincu que Niphon était un hérétique et l’a donc reçu dans sa maison et à sa table, a été déposé en J.-C. Débloquer le niveau 1150. Eustathe, archevêque de Thessalonique ( 68, 5), poursuivit ses efforts de réforme tout à fait dans les limites des institutions dominantes de l’Église, et se protégea ainsi des machinations de ses ennemis. Il lutta sans relâche et avec force contre la corruption de la vie chrétienne du peuple, et surtout contre le formalisme et l’hypocrisie, la grossièreté et la vulgarité, l’aveuglement et l’orgueil spirituels, et les caricatures excentriques de l’ascétisme dont faisaient preuve les moines, bien qu’il fût lui-même moine de cœur et d’âme. Deux cents ans plus tard, Nicolas Cabasilas ( 68, 5) Il soutenait encore plus distinctement qu’une vie conséquente était l’épreuve et que l’amour était la racine de toute vertu.
Les vestiges de l’hérésie gnostique-manichéenne ont persisté jusqu’au VIIe siècle en Arménie et en Syrie, où le parséisme environnant leur a donné une emprise et un soutien. Constantin de Mananalis, près de Samosate, les rassembla vers le milieu du VIIe siècle et les réforma quelque peu dans l’esprit de Marcion (27, 11). Les catholiques, qu’ils appelaient avec mépris Ῥομαῖοι, leur donnèrent le nom de Pauliciens parce qu’ils considéraient Paul seul comme un véritable apôtre. Même avant l’avènement des Pauliciens, il existait en Arménie une secte appelée Enfants du Soleil qui avait confondu le culte zoroastrien avec des éléments chrétiens. Eux aussi, au cours des IXe et Xe siècles, par la réorganisation, atteignirent une position plus importante et représentèrent, comme les Pauliciens, une opposition réformatrice aux institutions formelles de l’Église catholique. Une attitude similaire a été adoptée par les Euchites en Thrace au cours du XIe siècle. Comme les anciens Euchites ( 44, 7), Ils tiraient leur nom des prières incessantes qu’ils considéraient comme le gage de la plus haute perfection. Leur système dualiste-gnostique se retrouve chez les Bogomili en Bulgarie. Ceux-ci étaient encore plus résolument hostiles à l’Église catholique, et avaient adopté les vues anthropologiques de Saturninus et des Ophites ainsi que la théorie trinitaire de Sabellius ( 27, 6, 9 ; 33 et 7). Toutes ces sectes étaient accusées par leurs adversaires catholiques d’entretenir des doctrines antinomiques et de pratiquer des orgies licencieuses et des abominations contre nature.
71.1. Les Pauliciens.―Ils ne s’appelaient que ριστιανοί, mais avaient l’habitude de donner à leurs chefs et à leurs églises les noms des compagnons et des stations missionnaires de Paul. Ils combinaient le dualisme, le démiurgisme et le docétisme avec un mysticisme qui insistait sur la piété intérieure, exigeait une ascèse stricte mais non rigoureuse, interdisait le jeûne et autorisait le mariage. Leur culte était très simple, leur constitution ecclésiastique modelée sur le modèle apostolique, avec le rejet de la hiérarchie et du sacerdoce. Ils étaient particulièrement opposés à l’accumulation de cérémonies et à la vénération d’images, de reliques et de saints dans l’Église catholique. Ils ont également exhorté à l’étude diligente de l’Écriture, rejetant toutefois l’Ancien Testament, les évangiles judéo-chrétiens et les épîtres du Nouveau Testament. Les polémistes catholiques du IXe siècle font remonter leur origine et même leur nom (=Παυλοϊωάννοι) à une famille manichéenne du IVe siècle, une veuve Callinice et ses deux fils Paul et Jean. Cependant, on n’y découvre aucun des signes distinctifs du manichéisme, et leur fondation par Constantin de Mananalis est un fait historique, de même qu’il a, en apr. J.-C. 657, prit le nom paulinien de Sylvanus. La première église, qu’il appela Macédoine, fut fondée par lui à Cibossa en Arménie. À partir de ce moment, il fit des voyages missionnaires fructueux dans toutes les directions. L’empereur Constantin Pogonnatus, A.D. 668-685, commença une persécution sanglante contre les Pauliciens. Mais l’enthousiasme martyr de Sylvanus, qui fut lapidé en apr. J.-C. 685, fit une telle impression sur l’officier impérial Syméon, qu’il se joignit lui-même à la secte, en fut nommé le chef sous le nom de Titus, et lors de la reprise de la persécution en A. D. 690 moururent joyeusement sur le bûcher. Son successeur Gegnèse, qui prit le nom de Timothée, fut obligé par Léon l’Isaurien de subir un examen sous le patriarche de Constantinople, fit attester son orthodoxie, et reçut de l’empereur iconoclaste une lettre de protection. Bientôt, cependant, des divisions surgirent au sein de la secte elle-même. L’un de leurs chefs, Baanes, à cause de ses pratiques antinomiques, était surnommé ὁ ῥυπαρός le charbonnier. Mais, à propos de J.-C. En 801, Sergius Tychique, converti dans les années précédentes par une Paulicienne, qui l’orienta vers la Bible, fit son apparition comme réformateur et second fondateur de la secte. Il mourut en apr. J.-C. Débloquer le niveau 835. Léon l’Arménien, A.D. 813-820, organisa une expédition pour leur conversion. Les pénitents étaient reçus dans l’église, les obstinés étaient exécutés. Une foule de Pauliciens assassina les juges, s’enfuit dans les régions sarrasines de l’Arménie, et fonda à Argaum, l’ancienne Colosse, une colonie militaire qui fit d’incessantes incursions de rapines et de représailles sur les provinces byzantines. C’est en Asie Mineure qu’ils étaient les plus nombreux. L’impératrice Théodora ( 66, 4) perpétré contre eux vers l’an J.-C. 842 une nouvelle et terriblement sanglante persécution. Plusieurs milliers de personnes ont été mises à mort. C’était aussi le sort d’un officier de haut rang. Son fils, Carbeas, également officier, poussé par un ardent désir de vengeance, rassembla autour de lui environ 5 000 Pauliciens armés en apr. J.-C. 844, s’enfuit avec eux à ArgAum, et devint chef militaire de la secte. De nouvelles foules de Pauliciens affluaient chaque jour, et les khalifes leur assignèrent deux autres villes frontières fortifiées. Avec une armée bien organisée, assoiffée de vengeance, Carbeas dévasta les provinces byzantines au loin et vainquit à plusieurs reprises les forces impériales. Basile le Macédonien après deux campagnes, enfin en apr. J.-C. 871, encerclea l’armée paulicienne dans un passage étroit et l’anéantit. Leur pouvoir politique était maintenant brisé. La secte, cependant, continuait à rassembler des membres en Syrie et en Asie Mineure. En apr. J.-C. En 970, l’empereur Jean Tzimiscès transporta la plus grande partie d’entre eux comme gardiens de la frontière de Thrace, où Philippopolis devint leur Sion. Ils eurent bientôt possession de toute la Thrace. Alexis Comnène, A.D. De 1081 à 1118, il fut le premier à tenter sérieusement leur conversion. Il est lui-même apparu à Philippopolis en J.-C. 1115, disputa toute une journée avec leurs chefs, promit et menaça, récompensa et puni, mais tous ses efforts furent infructueux. À partir de ce moment-là, nous n’entendons plus parler d’eux. Leurs restes ont probablement rejoint les Euchites et les Bogomili.
71.2. Les Enfants du Soleil, ou Arevendi, étaient une secte rassemblée et organisée au IXe siècle en Arménie par un Paulicien Sembat dans la ville de campagne de Thontrace en une communauté distincte de Thontraciens. En apr. J.-C. En 1002, le métropolite Jacob de Harkh donna une teinte chrétienne à leur doctrine, parcourut le pays en prêchant la repentance et l’accomplissement d’observances rituelles, et obtint beaucoup de soutien de la part du clergé et des laïcs. Le catholicos de l’église arménienne le fit marquer au fer rouge et l’emprisonner. Il réussit à s’échapper, mais fut ensuite tué par ses adversaires.
71.3. Les Euchites, les Messeliens [Messaliens], les Enthousiastes, attirèrent l’attention du gouvernement au début du XIe siècle comme une secte largement répandue en Thrace. En commun avec les premiers Euchites ( 44, 7) Ils avaient beaucoup d’enthousiasme dans la prière, mais ils se distinguaient d’eux par leur dualisme. Leur doctrine des deux fils de Dieu, Satanaël et Christ, montre une certaine relation avec la forme du dualisme persan, qui fait dériver les deux principes opposés, Ormuzd et Ahriman, d’une essence première éternelle, Zeruane Acerene. Les germes de cette secte proviennent peut-être de la transplantation de Pauliciens en Thrace par l’empereur Tzimiscès. Le gouvernement byzantin envoya un légat en Thrace pour les réprimer. Il s’agissait peut-être de Michael Psellus (68, 5) dont le Διάλογος περὶ ἐνεργείας δαιμόνων est la seule source d’information dont nous disposons à leur sujet.
71.4. Le Bogomili, θεόφιλοι, enseigna que Satanaël, le fils premier-né de Dieu, en tant que chef et chef de tous les anges, revêtu de toute la gloire de la Divinité, était assis à la droite du Père ; mais, gonflé d’orgueil, il pensa fonder un empire indépendant de son Père et séduisit une partie des anges pour qu’ils y prennent part avec lui. Chassé du ciel avec eux, il décida de créer un monde nouveau à partir du chaos (Gen. i. 1). Il forma le premier homme de la terre mêlée à l’eau. Lorsqu’il a mis en place la figure, une partie de l’eau s’est écoulée du gros orteil du pied droit et s’est répandue sur le sol ; et après qu’il y eut insufflé son souffle, qui s’échappa aussi à cause de la déformation de la figure par l’orteil, pénétra le sol humecté par l’eau et l’anima comme un serpent. Sur les instances pressantes de Satanaël, le Père céleste eut pitié de la misérable créature et lui rendit la vie en lui insufflant son propre souffle. Par la suite, avec l’aide du Père, Ève aussi a été créée. Satanaël sous la forme du serpent séduit, trompa et coucha avec Eve afin que, par sa postérité, Caïn et sa sœur jumelle Calomina, les futurs descendants d’Adam, Abel, Seth, etc., soient opprimés et réduits en esclavage. Jaloux de ce que ceux-ci n’obtinrent cette demeure céleste d’où ils avaient été chassés, les anges de Satanaël séduisirent leurs filles (Gen. VI). De cette union naquirent des géants qui se rebellèrent contre Satanaël, mais furent détruits par lui dans le déluge. Dès lors, il régna sans opposition en tant que κοσμοκράτωρ, séduisit la plus grande partie de l’humanité et dota Moïse du pouvoir de faire des miracles comme instrument de sa tyrannie. Il n’y eut qu’un petit nombre d’hommes, sous l’oppression de sa loi, qui atteignissent la fin de leur existence ; les seize prophètes et ceux nommés dans Matt. et Luc iii. Finalement, en l’an 5 500 après la création de l’homme, le Dieu suprême, ému de pitié, fit sortir de son sein un second fils, le Logos, qui, en tant que chef des bons anges, s’appelle Micaël, et l’envoya sur la terre pour la rédemption de l’homme. Il entra dans un corps éthéré par l’oreille droite dans la vierge pour naître d’elle avec l’apparence d’un corps terrestre. Marie ne remarqua rien de tout cela. Sans savoir comment ni d’où, elle trouva l’enfant emmailloté devant elle dans la grotte. Sa mort sur la croix n’était naturellement qu’en apparence. Après sa résurrection, il se montra à Satanaël sous sa vraie forme, le lia avec des chaînes, le dépouilla de son pouvoir divin et le contraignit à abandonner sa désignation divine, en retirant l’El de son nom, de sorte qu’il est désormais appelé Satan. Puis il retourna vers le Père, prit le siège qui était autrefois celui de Satanaël à sa droite, et s’enfonça de nouveau dans le sein du Père d’où il était sorti. Cependant, cela n’a pas eu lieu avant qu’un nouvel Aëon [Æon], le Saint-Esprit, n’émane de la Divinité et ne soit envoyé comme continuateur et achever l’œuvre de la rédemption. Cet Esprit, lui aussi, après avoir achevé sa tâche, retombera dans le sein du Père.—De l’Ancien Testament, les Bogomili ne reconnaissaient que le Psautier et les Prophètes ; Parmi les livres du Nouveau Testament, ils appréciaient le plus l’Évangile de Jean. La vénération des reliques et des images, ainsi que le signe de la croix, ils les abhorraient comme des inventions démoniaques. Les bâtiments de l’église étaient considérés par eux comme les résidences des démons. Satanaël lui-même, dans les temps anciens, résidait dans le temple de Jérusalem, plus tard dans l’église de Jérusalem. Sophie à Constantinople. Le baptême d’eau, qui avait été introduit par Jean-Baptiste, serviteur de Satanaël, fut rejeté ; mais le baptême du Christ est un baptême spirituel (παράκλησις=Consolamentum). Il a été communiqué en posant l’Évangile de Jean sur la tête du sujet du baptême, avec l’invocation de l’Esprit Saint et le chant du Notre Père. Ils déclarèrent que la messe catholique était un sacrifice offert aux démons ; la véritable eucharistie consiste en la nourriture spirituelle par le pain de vie descendu du ciel dans le Christ, à laquelle se réfère également la quatrième demande du Notre Père. Ils accordaient une grande valeur à la prière, en particulier à l’utilisation du Notre Père. De même, ils appréciaient le jeûne. Leur ascétisme était strict et exigeait l’abstinence du mariage et de la consommation de chair. Mais la prévarication et la dissimulation leur étaient permises. — L’empereur Alexis Comnène fit amener à Constantinople leur chef Basile, sous le prétexte illusoire de vouloir devenir lui-même un prosélyte de la secte, lui fit ouvrir tout son cœur, et l’incita sous l’apparence d’une conférence purement privée à faire des déclarations téméraires. tandis que derrière le rideau, un juge des hérésies prenait des notes. Ce premier acte du drame fut suivi d’un second. La sentence de mort fut prononcée contre tous les partisans de Basile qui pouvaient être saisis. Deux grandes piles funéraires ont été érigées, dont l’une était ornée de la figure de la croix. L’empereur les exhorta au moins à mourir en vrais chrétiens, et en gage de choisir le lieu de la mort pourvu d’une croix. Ceux qui l’ont fait ont été graciés, les autres condamnés pour la plupart à la prison à vie. Basile lui-même, cependant, a été brûlé, A.D. Débloquer le niveau 1118. La secte n’était nullement ainsi extirpée. Les Bogomili se cachèrent surtout dans les monastères, et la Bulgarie resta longtemps le repaire de l’hérésie dualiste, qui se répandit de là dans l’Église latine d’Occident.
Les Églises nestoriennes et monophysites d’Orient devaient la protection et la bonne volonté de leurs dirigeants musulmans à leur position hostile à l’égard de l’Église nationale byzantine. Chez les nestoriens persans, aussi bien que chez les monophysites syriens et arméniens, nous trouvons un effort sérieux d’érudition et de grande activité scientifique. Ils étaient les professeurs des Sarrasins dans les sciences classiques, philosophiques et médicales, et avec un zèle non négligeable, ils ont poursuivi l’étude de la théologie chrétienne. Les nestoriens ont également longtemps fait preuve d’une grande ardeur dans les missions. Ce n’est que lorsque les khalifes épris de science ont cédé la place aux barbares mongols et turcs que ces églises ont perdu leur prestige, et que la stagnation et la torpeur sont passées sur elles dans lesquelles elles se trouvent encore. Afin de couronner les tentatives d’union florentine de l’A.D. 1439 ( 67, 6), Rome proclama solennellement, l’année suivante, l’union complète avec toutes les Églises détachées de l’Orient. Mais il s’agissait d’une vaine auto-illusion ou d’un peu de jonglerie. Des hommes prétendant être députés par ces églises s’occupèrent de la restauration dans le sein de l’église, ce qui leur fut accordé au milieu de grands applaudissements.
72.1. Les nestoriens perses, ou chrétiens chaldéens ( 64, 2), Il entretenait des relations particulièrement amicales avec les khalifes qui, dans l’opposition nestorienne au théotokisme, au culte des saints, des images et des reliques, et au célibat sacerdotal, voyaient une approche d’un christianisme rationnel plus conforme à l’idéal musulman. Les séminaires nestoriens d’Édesse, de Nisibe, de Séleucie, etc., jouissaient d’une grande réputation. La riche littérature qu’ils ont publiée est, cependant, en grande partie perdue, et ce qu’il en reste n’est connu que par les citations d’Asseman [d’Assemani] (Biblioth. Orientalia). Parmi les auteurs nestoriens ultérieurs, le plus connu est Ebed Jesus, métropolite de Nisibe, mort en J.-C. Débloquer le niveau 1318. Ses écrits traitent de tous les sujets du domaine de la théologie. Le zèle missionnaire des nestoriens se poursuivit sans relâche jusqu’au XIIIe siècle. Leurs principaux champs de mission étaient la Chine et l’Inde. Au début du XIe siècle, ils convertirent le prince des Karaïtes, une tribu tartare au sud du lac Baïkal, qui, en tant que vassaux du grand empire chinois, portait le nom d’Ung-Khan. Un grand nombre de gens suivirent leur prince. Le conquérant mongol Genghis-Khan épousa la fille du prince karaïte, mais se querelle avec lui, le chassa de son trône et lui ôta la vie, après J.-C. 1202. — Avec le renversement des khalifes par Gengis Khan en apr. J.-C. En 1219, la prospérité de l’église nestorienne prend fin. Dans un premier temps, les nestoriens tentèrent des opérations missionnaires, non sans succès, parmi les Mongols. Mais le sauvage Tamerlan, le fléau de l’Asie, après J.-C. 1369-1405, les chassa dans les montagnes inaccessibles et les ravins sauvages de la province du Kurdistan.195
72.2. Parmi les Eglises monophysites, la plus importante était l’Église arménienne (64, 3). Il se vantait, au moins temporairement et partiellement, de son indépendance politique sous des dirigeants nationaux. Le patriarche arménien du XIIe siècle avait sa résidence dans le monastère d’Etshmiadzin au pied de l’Ararat. L’activité littéraire dans la traduction d’écrits classiques et patristiques, ainsi que dans la production d’œuvres originales, a atteint un point particulièrement élevé au VIIIe siècle, puis à nouveau au XIIe siècle. À la période antérieure appartiennent le patriarche Johannes Ozniensis et le métropolite Étienne de Sünik, à la dernière, le nom encore plus célèbre du patriarche Nersès IV. Clajensis, dont l’épopée « Jésus le Fils » est considérée comme la couronne de la poésie arménienne, et son neveu, le métropolite Nersès de Lampron. Les deux derniers nommés ont facilement aidé les efforts de réunion avec l’église byzantine, mais en raison des troubles de l’époque, ceux-ci n’ont abouti à rien. Les efforts occidentaux après l’union, qui ont été activement poursuivis à partir du début du XIIIe siècle, se sont divisés sur l’aversion de l’église arménienne pour le rituel occidental, et n’ont trouvé l’acceptation que d’un fragment relativement restreint du peuple. Ces Arméniens unis reconnaissaient la primauté du pape et le système de doctrine catholique, mais conservaient leur propre constitution et leur propre liturgie. De même, les études théologiques et classiques ont été poursuivies avec une grande vigueur. Le plus distingué de ses érudits de notre époque fut Georges, évêque des Arabes, qui mourut en J.-C. Débloquer le niveau 740. Il a traduit et annoté l’Organon d’Aristote, et a écrit des œuvres exégétiques, dogmatiques, historiques et chronologiques, ainsi que des poèmes sur divers thèmes, et un certain nombre d’épîtres importantes pour l’histoire de la culture à cette époque, dans lesquelles il a répondu aux questions qui lui étaient posées par ses amis et admirateurs. Le brillant Grégoire Abulfarajus est le dernier des éminents érudits de l’Église jacobite-syrienne. Il était le fils d’un médecin juif converti, et c’est pourquoi il est généralement appelé Barhebræus. Il fut nommé évêque de Guba, puis maphrian de Mossoul, et mourut en apr. J.-C. Débloquer 1286. Son tempérament noble et vraiment bienveillant, son érudition extraordinaire, les productions riches et attrayantes de sa plume et son habileté de médecin le rendaient universellement vénéré par les chrétiens, les mahométans et les juifs. Parmi ses écrits, pour la plupart encore manuscrits, le plus important et le plus connu est le Chronicon Syriacum. — C’est en Égypte que l’Église jacobite a le plus souffert. La perfidie des Coptes, qui livrèrent le pays aux Sarrasins, fut terriblement vengée. D’après J.-C. En 1254, les khalifes fatimides les soutenaient sous l’oppression la plus sévère, et celle-ci devint encore plus sévère sous les Mamelouks. Les Coptes furent complètement chassés des villes, et même dans les villages, ils ne menèrent qu’une existence misérable. Leur église était maintenant dans un état de stagnation totale. En Abyssinie ( 64, 1) les souverains nationaux maintinrent leur position, bien que les Sarrasins fussent de temps en temps pressés dans des limites plus étroites. Mais là aussi, la vie de l’Église s’est fossilisée. À la tête de l’église se trouvait une Abbuna consacrée par le patriarche copte ( 64, 1 ; 165, n° 3).
72.3. Les Maronites ( 52, 8) se sont attachés à l’église d’Occident à l’apparition des croisades en J.-C. 1182, renonçant à leur hérésie monothélite et reconnaissant la primauté du pape, mais conservant leur propre rituel. À la suite des mesures d’union florentines, ils reprirent leurs liens en A.D. 1445, et adopta par la suite les conclusions doctrinales du Concile de Trente. Leur nombre s’élève aujourd’hui à environ 200 000.
72.4. La légende du prêtre Jean. 1144 L’évêque Otto de Freisingen obtint de l’évêque de Cabala en Palestine, qu’il rencontra à Viterbe, des informations sur un puissant empire chrétien en Asie centrale, et les publia en apr. J.-C. 1145 dans sa Chronique très lue. D’après cette histoire, le roi de cette région, un chrétien nestorien, nommé le prêtre Jean, avait peu de temps auparavant chassé en fuite les rois mahométans des Perses et des Mèdes, et délivré ainsi de grands dangers les croisés de la Terre Sainte. Il avait aussi voulu aller au secours de l’église de Jérusalem, mais il en fut empêché par le Tigre qui débordait de ses rives. Vingt ans plus tard parut un écrit attribué au prêtre Jean, mentionné pour la première fois par le chroniqueur Alberich. Il s’adressait aux princes d’Europe dans une traduction latine qui contenait les histoires les plus fabuleuses, empruntées aux légendes d’Alexandre, sur l’étendue et la gloire de son empire et sur les nombreuses merveilles de la nature, les lions blancs, les phénix, les géants et les pygmées, les hommes à tête de chien et à cornes, les faunes, les satyres, les cyclopes, etc., qu’on voyait dans son pays ; et, malgré toutes ces absurdités, elle fut reçue comme authentique. Le pape Alexandre III profita de son apparition pour envoyer une réponse au prêtre Jean par son propre médecin Philippe, dont on ne sait rien de plus. Quand en A.D. En 1219, la première nouvelle parvint en Palestine de l’avance irrépressible des hordes mongoles sous Gengis Khan, les croisés se sentirent en droit de supposer qu’il était le successeur du célèbre prêtre Jean, et qu’il devait maintenant accomplir ce que son illustre prédécesseur avait voulu entreprendre. Mais ils furent bientôt cruellement détrompés. Les missionnaires envoyés chez les Mongols vers le milieu du XIIIe siècle (93, 15), rapporta que le dernier prêtre Jean avait perdu son royaume et sa vie dans la bataille contre Gengis Khan. Néanmoins, la croyance en l’existence continue d’un empire extrêmement glorieux et puissant, gouverné par un prêtre chrétien dans l’Inde ultérieure, n’a en aucun cas été renversée ; mais on ne le cherchait plus dans une « Inde » asiatique, mais dans une « Inde » africaine, et les Portugais croyaient réellement qu’enfin le célèbre prêtre Jean avait été trouvé dans le roi chrétien d’Abyssinie, de sorte que ce pays était connu jusqu’au XVIIe siècle sous le nom de Regnum presb. L’historien jacobite Barhebræus avait identifié le premier roi-presbytre avec le prince des Karaïtes mongols convertis par les nestoriens. Son nom Ung-Khan ou Owang-Khan correspondait à la fois au nom de Joannes et au chaldéen כַּהֲנָא = prêtre. Cette notion a prévalu jusqu’à récemment, l’orientaliste Oppert, par un examen attentif et une comparaison de tous les rapports orientaux et occidentaux, est parvenu à la conclusion (93, 16) que ces légendes doivent être rapportées au royaume établi vers l’an J.-C. 1125 par Kur-Khan, prince de la tribu des Caracitaï dans la Mandchourie d’aujourd’hui. Ce prince, qui était probablement lui-même un chrétien nestorien, favorisait l’établissement du christianisme dans son pays ; mais cela a été complètement détruit par Gengis Khan dès J.-C. Débloquer le niveau 1208. Le titre de prêtre donné au prince de cette tribu s’explique peut-être par la déclaration du missionnaire Ruysbroek selon laquelle presque tous les nestoriens mâles de l’Asie centrale ont reçu la consécration sacerdotale.196
Parmi les foules d’immigrants que les pérégrinations du peuple avaient mis en mouvement, les Allemands et les Slaves sont ceux dont l’avenir présente le plus d’intérêt historique. Les premiers passèrent aussitôt en masse à l’Église catholique romaine, et il sembla d’abord que les Slaves fussent avec la même unanimité à s’attacher à l’Église orthodoxe byzantine. Mais seuls les Slaves des pays de l’Est restèrent fidèles à cette communion, bien qu’ils fussent pour la plupart sous le joug de la puissance turque. Il en fut de même pour l’église bulgare particulièrement prometteuse. D’autant plus important fut le gain incomparablement plus significatif que l’Église grecque fit dans la conversion des Russes.
73.1. Peu après l’époque de Justinien, les hordes slaves commencèrent à déborder des provinces grecques : Macédoine, Thessalie, Hellade et Péloponnèse. L’ancienne population hellénique a été en grande partie déracinée ; ce n’est que dans les villes bien fortifiées, surtout les villes côtières, ainsi que dans les îles, que le peuple grec et la confession chrétienne sont restés intacts. L’impératrice Irène fit la première tentative réussie pour restaurer la Grèce slave dans l’allégeance de l’empire et de l’Église, et Basile le Macédonien, après J.-C. 867-886, achève l’œuvre si complètement qu’à la fin même les vieux païens Mainotte ( 42, 4) dans le Péloponnèse, ils courbaient le cou sous le double joug. L’hellénisme régénéré par sa culture supérieure et sa ténacité nationale, aussi bien qu’ecclésiastique, complètement absorbé par l’assimilation de l’élément slave numériquement plus important de la population, et du Mont Athos avec ses ermites et ses monastères (70, 3) devint la Sion de la nouvelle église.
73.2. Les Chazari de Crimée s’enquirent de l’A.D. 850 pour les missionnaires chrétiens de Constantinople. La cour leur envoya un célèbre moine Constantin, surnommé le Philosophe, plus connu sous son nom monastique de Cyrille. Né à Thessalonique, et donc probablement d’origine slave, connaissant au moins la langue des Slaves, il convertit en peu d’années une grande partie du peuple. En apr. J.-C. En 1016, cependant, le royaume des Chazari fut détruit par les Russes.
73.3. Les Bulgares de Thrace et de Mésie avaient acquis la connaissance du christianisme auprès de prisonniers grecs, mais sa première semence fut arrosée de sang. Cependant, une sœur du roi bulgare Bogoris avait été baptisée alors qu’elle était prisonnière à Constantinople. Après sa libération, elle chercha, avec l’aide du moine byzantin Méthode, frère de Cyrille, à gagner son frère à la foi chrétienne. Une famine vint à leur secours, et un tableau peint par Méthode, représentant le jugement dernier, fit une profonde impression sur Bogoris. En apr. J.-C. 861 Il se fit baptiser et obligea ses sujets à suivre son exemple. Mais peu de temps après, Méthode, avec son frère Cyrille, fut appelé à travailler dans un autre champ, en Moravie (79, 2), et des considérations politiques conduisirent le prince bulgare en A.D. 866 pour se joindre à l’église d’Occident. À sa demande, le pape Nicolas Ier. envoya des évêques et du clergé en Bulgarie pour y organiser l’Église sur le modèle romain. La diplomatie byzantine, cependant, réussit à reconquérir les Bulgares, et au concile œcuménique de Constantinople en J.-C. En 869, leurs ambassadeurs reconnurent que l’Église bulgare, selon les lois divines et humaines, appartenait au diocèse du patriarche byzantin (67, 1). Pendant ce temps, les deux apôtres des Slaves, Cyrille et Méthode, par l’invention d’un alphabet slave et d’une traduction slave de la Bible, jetèrent les bases d’une littérature ecclésiastique slave, qui fut spécialement encouragée en Bulgarie sous le noble prince Syméon, après J.-C. 888 à 927. Basile II, le tueur des Bulgares, conquit la Bulgarie en J.-C. Débloquer le niveau 1018. Elle retrouva sa liberté, avec la Valachie, en J.-C. 1186 ; mais tomba la proie des Tartares en 1186 . 1285, et devint une province turque en 1285 . Débloquer 1391.
73.4. L’Église russe. — Photius parle en apr. J.-C. 866 de la Conversion des Russes comme un fait accompli. À l’époque du grand-duc Igor, vers J.-C. Vers 900, il y avait une cathédrale à Kiev. Olga, la veuve d’Igor, fit un voyage à Constantinople et y fut baptisée en apr. J.-C. 955 sous le nom d’Helena. Mais son fils Swätoslaw n’a pas pu être persuadé de suivre son exemple. La vieille princesse aurait enfin supplié l’empereur Otton Ier, selon le rapport des chroniqueurs allemands. d’envoyer des missionnaires allemands, et qu’en réponse Adalbert de Trèves, plus tard archevêque de Magdebourg, entreprit une tournée missionnaire, d’où cependant il revint sans avoir atteint son but, après que ses compagnons eurent été tués. Le petit-fils d’Olga, Vladimir, « l’égal des apôtres », fut le premier à mettre fin au paganisme dans le pays. Selon une légende ornée de nombreux épisodes romanesques, il envoya dix boyards afin de voir comment les différentes religions apparaissaient telles qu’elles se conduisaient dans leurs sièges principaux. Ils ont été particulièrement impressionnés par le beau service dans l’église de Sophia. En apr. J.-C. En 988, dans l’ancienne ville commerçante chrétienne de Cherson, peu de temps avant qu’il ne l’ait conquise, Vladimir fut baptisé du nom de Basile, et en même temps il reçut la main de la princesse Anne. Les idoles étaient maintenant partout brisées et brûlées ; l’image de Perun a été traînée dans les rues attachée à la queue d’un cheval, battue avec des gourdins et jetée dans le Dniepr. Peu de temps après, les habitants de Kiev reçurent l’ordre de se rassembler au Dniepr et de se faire baptiser. Vladimir s’agenouilla en prière sur les rives et remercia Dieu à genoux, tandis que le clergé, debout dans le ruisseau, baptisait le peuple. Sur la suite de l’organisation de l’Église russe, Anna exerça une influence puissante et salutaire. Vladimir est mort en apr. J.-C. Débloquer le niveau 1015. Son fils Jaroslaw Ier, le Justinien des Russes, s’occupa des besoins religieux de son peuple par l’érection de nombreuses églises, monastères et écoles, améliora le culte, enrichit la psalmodie, éveilla le goût de l’art et patronna l’étude. Le monastère de Petchersk à Kiev a été le berceau de la littérature russe et un séminaire pour la formation du clergé. Ici, à la fin du 11ème siècle, le moine Nestor a écrit ses annales dans la langue du pays. Le métropolite de Kiev était le chef spirituel de toute l’Église russe sous la suzeraineté du patriarche de Constantinople. Après le grand incendie de J.-C. En 1170, qui réduisit en cendres la gloire de Kiev, la résidence du grand-duc fut transférée à Vladimir. En apr. J.-C. En 1299, le métropolitain s’y installa aussi, mais seulement pour peu de temps, car en 1299 . En 1328, le grand-duc Ivan Danilowitsch s’installe à Moscou et le métropolite l’accompagne. Le patriarche de Constantinople, de sa propre autorité, consacré en apr. J.-C. En 1353, un second métropolite russe pour Kiev abandonnée, à qui il assigna les provinces du sud et de l’ouest de la Russie qui, depuis notre ère. L’année 1320 avait été sous la domination des Lituaniens païens. Ce schisme a été surmonté en J.-C. 1380 sur le suivant l’occasion d’une vacance de la chaire de Moscou par la nomination à Moscou du métropolite de Kiev. Mais le gouvernement lituanien, devenu entre-temps catholique (93, 15), obligea les évêques de la Russie méridionale à l’an J.-C. 1414 de choisir un métropolite indépendant de Moscou, qui, en 1414, apr. J.-C. 1594 avec tout son diocèse au synode de Brest ( 151, 3) s’attacha à Rome. Le primat de Moscou resta sous la juridiction de Constantinople jusqu’à ce que, en l’an 2011. 1589, le patriarche Jérémie II. ( 139, 26), à l’occasion de sa présence personnelle à Moscou, il déclara volontairement l’Église russe indépendante de lui, et consacra lui-même Job, le métropolite de l’époque, son premier patriarche.197
73.5. Sectes russes. — Vers J.-C. En 1150, le moine Martin, arménien de naissance, insiste pour une réforme liturgique qui lui semble des plus nécessaires. Entre autres choses, il déclara que c’était un péché de conduire le sujet du baptême aux fonts baptismaux de droite à gauche ou du sud au nord ; La direction doit être inversée en suivant la course du soleil. Mais il lui paraissait de la plus haute importance de réformer le mode de faire le signe de la croix qui prévalait jusqu’alors. Au lieu de symboliser, comme on l’avait fait jusqu’alors, les deux natures dans le Christ et les trois personnes dans la Trinité en pliant l’auriculaire et le pouce, et en faisant le signe de la croix avec les trois autres, ils firent ce signe avec l’index et le majeur. Pendant près de dix ans, ce moine fut autorisé à répandre ses erreurs sans contrôle, jusqu’à ce qu’un concile l’oblige à se rétracter. Deux cents ans plus tard, un certain Carp Strigolnik à Novgorod en J.-C. En 1375, il accusa publiquement le clergé de péché, parce que, selon une ancienne coutume, il prenait des honoraires pour aider à la consécration des évêques, et exigeait de tous les chrétiens orthodoxes qu’ils se séparassent d’eux comme indignes de leur charge. Mais lui, ainsi que beaucoup de ses partisans, ont été assaillis par les partisans du parti opposé et se sont noyés dans la Volga. Plus dangereuse que toutes les sectes précédentes était la soi-disant secte juive de la fin du XVe siècle, qui cherchait à réduire le christianisme orthodoxe à un ébionitisme kabbalistique rationaliste. À propos d’A.D. En 1470, le juif Zacharie arrive à Novgorod. Il gagna deux prêtres distingués, Alexis et Denis, à ses vues, que le Christ n’était rien de plus qu’un prophète juif ordinaire, que la loi mosaïque est une institution divine et qu’elle est d’une obligation perpétuelle. Sur le conseil du Juif, les deux prêtres continuèrent à professer le plus grand zèle pour les lois cérémonielles de l’Église, et par la stricte observance des jeûnes, ils obtinrent une grande réputation de piété, mais ils travaillèrent secrètement avec d’autant plus de succès à la diffusion de leur secte dans toutes les classes du peuple. Lorsque le tsar Ivan III, en l’an J.-C. En 1480, ils arrivèrent à Novgorod, ils lui firent une impression si favorable qu’il les emmena avec lui à Moscou, où ils récoltèrent une riche moisson pour leur doctrine secrète. Ils réussirent, grâce à leur influence auprès du tsar, à placer à la tête de toute l’Église russe un prosélyte zélé pour leur secte en la personne de l’archimandrite Zosime. Pendant ce temps, à Novgorod, les sectaires commettaient des excès iconoclastes, que l’archevêque de ce lieu, Gennadius, s’efforçait de réprimer en imposant des peines généralement douces. Son successeur, Joseph Ssanin, s’engagea avec beaucoup plus d’énergie. Il ne se reposa pas jusqu’à ce que le tsar en J.-C. En 1504, il convoqua un synode ecclésiastique à Novgorod qui condamna les chefs de la secte à être brûlés et leurs fidèles enfermés dans des monastères. Même le métropolite Zosime, en tant que partisan de la secte, fut envoyé dans un monastère ; mais Alexis s’y débrouilla si habilement qu’il conserva sa charge et sa dignité jusqu’à la fin de sa vie. Des restes secrets de cette secte, ainsi que des deux précédemment mentionnés, ont continué à exister pendant longtemps, même jusqu’au XVIIe siècle, lorsque le sectarisme dans l’Église russe a pris un nouveau départ (163, 10).
73.6. Efforts des Romains pour l’union. — Dès les premières époques, Rome jeta un regard de convoitise sur la jeune Église russe, et elle n’épargna ni les allusions délicates ni les tentatives de soumettre par la force à l’aide des Danois, des Suédois, des Livoniens et, plus tard, des Polonais. Afin de conjurer ce danger et d’obtenir de l’Occident l’aide contre le joug oppressif des Mongols, A.D. De 1234 à 1480, le grand-duc Jaroslav II de Novgorod n’était pas opposé à une union. Son fils Alexandre lui succéda en apr. J.-C. Débloquer le niveau 1247. Par une glorieuse victoire sur les Suédois en A.D.En 1240, sur la Neva, il s’empara du nom de Newsky, et en 1240, il s’empara de la Neva . En 1242, il bat les Livoniens sur les glaces du lac Peïpous. Pape Innocent IV. qui avait déjà en A.D. 1246 nommé archevêque Albert Suerbeer ( 93, 12) un légat en Russie ayant le pouvoir d’y ériger des évêchés, adressa une exhortation sincère au jeune prince en A.D. 1248 avec des promesses d’aide contre les Mongols, l’exhortant à marcher sur les traces de son père et à assurer son salut et celui de ses sujets en faisant ce que son père avait promis. Le Grand-Duc s’adressa aux hommes les plus sages du pays et répondit au Pape : « D’Adam au déluge, de celui-là à la confusion des langues, etc., jusqu’à Constantin et au septième concile œcuménique, nous connaissons la véritable histoire de l’Église, mais nous ne voulons pas reconnaître la vôtre. » Alexander Newsky meurt en apr. J.-C. 1263, et a été depuis vénéré par son pays comme un héros national et par son Église comme un saint national. Les perspectives de la Curie romaine étaient plus favorables au XIVe siècle en raison de la suprématie lituanienne et polonaise dans le sud et l’ouest de la Russie, et du schisme de l’Église russe dans les primautés de Kiev et de Moscou. Dans ces provinces méridionales et occidentales, il y avait à l’origine moins de répugnance pour Rome qu’à Moscou. C’est encore ici que nous rencontrons au XVe siècle dans le métropolite Isidore, né à Thessalonique, un prélat qui a tout mis en œuvre pour une union avec Rome. Lorsque le Synode de l’Union de l’A.D. 1438 devait se réunir à Ferrare ( 67, 6), il représenta au grand-duc Vassili qu’il était de son devoir d’y paraître. Il donna un consentement hésitant et réticent. Au concile, Isidore se montra, avec Bessarion, un ardent promoteur de l’union. Il y retourna en J.-C. 1441 comme cardinal et légat pontifical. Mais lorsque, lors du premier service public à Moscou, il lut à haute voix les documents de l’union, le grand-duc le fit emprisonner et bannir dans un monastère. Il s’évada de sa prison et mourut à Rome en apr. J.-C. 1643. — Suite, 151, 3.
Avec l’apparition historiquement significative des peuples germaniques, dont le mélange avec les anciennes races celtiques et latines des pays conquis tire son origine du groupe des nationalités romanes, commence une nouvelle phase dans le développement historique du monde et de l’Église. La soi-disant migration des nations a produit un bouleversement et une révolution dans les fondements mêmes et les ressorts de l’histoire tels qu’on n’en a jamais vu depuis. En effet, une signification semblable ne peut être attribuée à l’apparition, à une époque un peu plus tardive, d’une foule bigarrée de tribus slaves et d’un contingent détaché de la race touranienne-altaïque (Finnois, Magyars, etc.), parce que le courant de leur développement suivait le même canal. Ainsi, l’apparition des Allemands forme la ligne de partage des eaux entre l’ancien et le nouveau monde. Cette ligne de démarcation, cependant, n’est pas une ligne droite ; car les pousses de l’ancien monde courent pendant des siècles à côté des jeunes pousses du nouveau monde et parmi elles. Dans la mesure où ces restes de l’ancien n’ont aucun rapport avec le nouveau et élaborent à leur manière, sans être influencés par leur environnement, leur propre matériel, l’histoire de leur développement n’a pas sa place ici ; Mais même ceux-ci exigent d’être pris en considération à ce stade, dans la mesure où ils affectent le développement du nouveau monde en tant que moyen d’éduquer et de façonner, d’arrêter et de pervertir. De même que l’histoire de l’Église et du monde dans son ensemble est divisée en antiquité et modernité, de même l’histoire particulière du monde germano-romain peut et doit être divisée en ancienne et moderne, dont la frontière est la Réforme du XVIe siècle. La plus ancienne de ces deux phases de l’histoire se présente à nous avec une tête de Janus, dont les deux faces sont dirigées l’une vers le monde ancien, l’autre vers le monde moderne. Cela s’ensuit du fait que les groupes de peuples dont il est question n’ont pas eu besoin de poursuivre plus longtemps la voie fatigante de leur développement par leurs propres moyens, mais qu’ils sont plutôt entrés dans l’héritage spirituel du monde ancien défunt, et qu’ils ont pu, par ce moyen, croître plus rapidement et plus sûrement jusqu’à la maturité de leur rang et de leur culture propres et indépendants. L’Église romaine et, pour certaines branches des races slaves, aussi l’Église byzantine, était la dépositaire et la médium de cet héritage spirituel et, en tant que telle, elle est devenue l’enseignante et la disciplinaire du jeune monde. La Réforme est l’émancipation de l’administrateur de la discipline, dont les fils conducteurs ont été rejetés par la jeunesse lorsqu’elle a atteint la maturité de l’état de l’homme. C’est l’affirmation de la nation allemande qu’elle a atteint sa majorité intellectuelle.
74.1. Le caractère de l’histoire médiévale. — Comme son nom l’indique, la période médiévale de l’histoire de l’Église est une période de transition de l’ancien au nouveau. L’ancien est le développement maintenant achevé du christianisme sous les influences de l’ancien monde grec et romain ; La nouveauté est l’incorporation complète des formes particulières de vie et de culture qui caractérisent les nouveaux peuples, qui sont placés au premier plan de l’histoire par le biais de la migration des nations. Mais comme la culture particulière de ces nations n’était d’abord présente que potentiellement et en tant que capacité, et qu’elle devait se réaliser d’abord par l’influence de la culture chrétienne primitive, entre l’ancienne et la nouvelle, un âge moyen et intermédiaire intervint, dont l’étendue était précisément l’influence de l’ancienne culture achevée sur la nouvelle culture en développement. Pendant tout le cours du moyen âge, ce conflit a été porté par ces puissantes vagues d’action et de réaction (formation, déformation, réforme) qui, cependant, au milieu de l’effervescence des temps, ont montré un mélange toujours variable de l’une avec l’autre. Le moyen âge a produit les phénomènes les plus magnifiques, la papauté, le système monastique, la scolastique, etc., mais ce qui les caractérise tous, c’est ce mélange grossier des trois genres de mouvement nommés ci-dessus, qui a entravé son efficacité et conduit à sa propre détérioration. Tout d’abord, au début du XVIe siècle, les entreprises de réforme devinrent si mûres et si fortes qu’elles purent prendre une forme plus pure et mener à bien leurs efforts. Avec cela aussi, nous atteignons la fin du Moyen Âge et assistons à la naissance du monde moderne.
74.2. Périodes de l’histoire ecclésiastique du moyen âge germano-romain. — La première période régulière est marquée par la fin de l’âge carolingien, qui peut être considérée comme achevée par l’extinction des Carolingiens allemands en apr. J.-C. Chapitre 911. Le mouvement dans tous les principaux départements de l’Église fut jusque-là régulier et ininterrompu : avant Charlemagne, il s’éleva pendant son règne, il atteignit le sommet, et après sa mort il déclina. C’est la période universelle de l’histoire allemande. L’idée fondamentale de la dynastie carolingienne, qui a survécu même à ses représentants les plus faibles, n’était autre que la combinaison de toutes les nationalités allemandes, romaines et slaves sous le sceptre d’un seul empire allemand. Le dernier Carolingien allemand a emporté cette idée avec lui dans la tombe. La puissante impulsion présente déjà au IXe siècle vers la séparation nationale et le démembrement de l’empire carolingien en nations germaniques, romanes et slaves indépendantes a depuis affirmé son irrésistible puissance. Mais avec l’empire carolingien, l’époque carolingienne de la civilisation a également pris fin. Et même la gloire de la papauté, dont les intrigues avaient miné l’empire, parce qu’elle avait ainsi brisé la branche sur laquelle elle était assise, s’enfonçait maintenant dans les abîmes les plus profonds de la faiblesse et de la corruption. Si nous jetons un coup d’œil général sur le commencement du Xe siècle, nous trouvons de toutes parts, dans l’Église et dans l’État, dans les gouvernements séculiers et spirituels, dans la science, la culture et l’art, les créations de Charlemagne renversées, et un seculum obscurum introduit d’où émergent les conditions, les fers et les germes d’un nouvel âge d’or. d’une manière tout à fait différente, à l’époque du pape Boniface VIII. ou le début du 14ème siècle. Jusque-là, l’Allemagne se tenait nettement au premier plan de l’histoire du monde et de l’Église ; mais le malheureux conflit de Boniface avec Philippe le Bel de France mit la papauté à la merci de la politique française, et ainsi désormais dans tous les mouvements de l’histoire de l’Église, la France est en première ligne. Le pontificat de Boniface marque également un tournant pour le développement historique de l’Église elle-même. Les produits les plus vastes et les plus influents de l’ecclésiastique médiéval sont la papauté, le monachisme et la scolastique. La période qui précède Boniface est caractérisée par la croissance et l’épanouissement de ceux-ci ; la période postérieure à Boniface par leur décomposition et leur détérioration. Le courant réformateur qui a imprégné tout le Moyen Âge a aussi, dans chacune de ces deux périodes, son caractère propre. Avant Boniface, ces représentants du système ecclésiastique dominant étaient eux-mêmes animés d’un puissant esprit réformateur qui s’élevait de la grande et généralisée dépravation du Xe siècle, accompagnée, cependant, d’une soif hiérarchique de pouvoir bien au-delà des limites justifiables par les principes évangéliques. Les tentatives de réforme évangélique, dirigées encore contre ces représentants de l’ecclésiastique, sont encore relativement peu nombreuses et isolées et ne trouvent qu’un faible écho, tandis que nous voyons à côté d’eux, comme caricature, des extravagances hérétiques qui n’ont presque jamais eu de pareilles dans l’histoire. Vers la fin de la première période, cependant, cette relation commence à s’inverser. La papauté, le monachisme et la scolastique, de plus en plus détériorés, sont les patrons de toutes sortes de détériorations au sein de l’Église. Le reLe mouvement hérétique volutifiste est en effet surmonté, mais le mouvement réformateur évangélique est d’autant plus puissant, général et varié, bien qu’il soit toujours chargé de beaucoup de choses confuses et immatures, s’affirme indépendamment et au-dessus de ces principautés ecclésiastiques, sans pouvoir cependant exercer sur elles une influence durable. la période du 4ème au 9ème siècle. (jusqu’à J.-C. 911) ; la période du 10ème au 13ème siècle. (A.D. 911 à 1294) ; et la période des XIVe et XVe siècles. (A.D. 1294-1517).
À l’époque pré-germaniste, l’Europe était en grande partie habitée par des races celtiques. En Grande-Bretagne, en Espagne et en Gaule, cependant, ceux-ci ont été subjugués par les forces romaines et romanisés, tandis qu’en Europe du Nord, de l’Est et du Centre, ils ont été opprimés, exterminés ou germanisés par les Germains. Dans sa marche victorieuse à travers l’Europe, le christianisme ne rencontra les races celtiques de nationalité non mélangée qu’en Irlande et en Écosse, car même parmi les Bretons voisins, la nationalité celtique était déjà mêlée à la nationalité romaine. Ce n’est donc que dans un domaine très restreint que l’Église pouvait tout d’abord se développer selon le mode de culture celtique. Mais ici, avec une merveilleuse mesure d’indépendance, les opérations missionnaires ont été poursuivies avec tant d’énergie que, pendant longtemps, il a semblé que la plus grande partie du continent opposé avec sa population allemande allait être sa proie, jusqu’à ce qu’enfin l’église romaine soit chassée de sa propre maison ainsi que de ses champs de mission pleins d’espoir (77).―Même à l’époque préchrétienne, une seconde et plus puissante immigration de l’Orient avait commencé à affluer sur l’Europe. Les divers groupes de tribus germaniques se présentaient alors, suivis par d’autres races guerrières, Huns, Slaves, Magyars, etc., conduisant et étant tour à tour conduits. Les Germains entrèrent en contact avec des éléments chrétiens pour la première fois dans la seconde moitié du IIIe siècle, et vers la fin du Ve siècle, on trouve toute une série de puissants peuples allemands professant la foi chrétienne, et chaque siècle successif, jusqu’au moyen âge, apporte toujours de nouveaux trophées de ces nations dans le trésor de l’Église. Il serait certainement erroné d’attribuer ces résultats à une prédisposition nationale des Églises allemandes et à un type d’esprit pour le christianisme. Cela ne peut être tout à fait nié, mais il ne prédisposait pas les peuples allemands au christianisme tel qu’il était prêché alors, mais s’est développé pour la première fois lorsque celui-ci a trouvé une entrée par d’autres voies et par d’autres moyens, et ce n’est qu’à la Réforme du XVIe siècle qu’il s’est pleinement exprimé. Car cette prédisposition était dirigée vers les côtés les plus profonds et les plus intimes du christianisme, pour lesquels l’institution ecclésiastique de l’époque, dans son extériorisme, avait peu d’appréciation ; et la première tâche de l’esprit allemand fut de faire reconnaître ce principe réformateur.
75.1. La prédisposition des Germains pour le christianisme. — Ce que nous avons l’habitude d’entendre à ce sujet est en partie très exagéré, en partie cherché là où se trouve son germe propre. La mythologie allemande peut en effet cacher sous l’habit de la poésie légendaire beaucoup de pensées profondes qui ont quelque rapport avec la vérité chrétienne et fournissent des preuves des besoins religieux, des dons spéculatifs et de la profondeur caractéristique de la pensée allemande, mais cela dans une mesure guère plus grande que dans les mythes, les philosophèmes et les mystères grecs.200 Les caractéristiques spéciales et distinctives de la vie du peuple allemand sont beaucoup plus évocatrices d’une prédisposition au christianisme que de tels points lumineux dans le système mythologique des Allemands. La fidélité du vassal à son seigneur, transférée au Christ, roi céleste, constitue le noyau spécial du christianisme. D’ailleurs, l’amour de la bataille et la fidélité dans la bataille pour et avec le chef héréditaire ou élu ont trouvé un parallèle dans les luttes et les victoires de la vie chrétienne. De plus, le noble amour de la liberté des Allemands, sanctifié par l’Évangile, a donné forme et expression à la liberté glorieuse des enfants de Dieu. Et enfin, la spiritualité du culte des Germains, louée même par Tacite, qui dit qu’ils nec cohibere parietibus Deos, neque in ullam humani oris speciem adsimulare, ex magnitudine cœlestium arbitrantur, les prédisposait en faveur de l’adoration de Dieu en esprit et en vérité.
75.2. Ce qui est le plus important, cependant, pour comprendre l’adoption presque sans opposition du christianisme par tant de races allemandes, c’est le peu d’emprise que leur religion païenne avait sur elles à cette époque. Il est essentiellement caractéristique du paganisme en tant que religion de la nature qu’il ne peut s’épanouir que sur son sol natal. Le paganisme allemand, cependant, avait été déraciné par sa transplantation sur le sol européen et n’avait jamais vraiment pris racine dans le nouveau sol au milieu des mouvements des peuples au cours des premiers siècles qui suivirent leur migration. Dans les siècles suivants, lorsqu’elle eut assez de temps pour le faire, par exemple chez les Frisons, les Saxons, les Danois, elle offrit une résistance incomparablement plus résolue. De plus, la conversion rapide sera favorisée ou entravée selon que la nouvelle maison est celle où des institutions chrétiennes existaient déjà depuis l’époque romaine ou même existaient, ou est une maison où l’ancien paganisme primitif prévalait encore. Ce n’est que dans ce dernier cas que le paganisme allemand a pu développer toute sa puissance, s’enraciner profondément et se sentir chez lui sur le nouveau sol ; tandis que dans l’autre cas, la culture supérieure et la puissance spirituelle du christianisme, même là où il avait été vaincu par les barbares, troublaient la teneur égale et la naïveté du cours authentiquement païen du développement. Il convient aussi de mentionner que le mariage des princes païens avec les princesses chrétiennes assurait souvent leur conversion en même temps que celle de leurs sujets. Dans les cercles plus étroits du foyer, de la famille, de la tribu, d’innombrables cas du même genre de choses se produisaient à plusieurs reprises. Il y a quelque chose de particulièrement germanique, dans la position éminente que le sentiment allemand avait assignée à l’épouse : Inesse quin etiam, dit Tacite, sanctum aliquid et providum putant ; nec aut consilia earum adspernantur, aut responsa negligunt.201
75.3. Mode de conversion dans l’Église de ces temps. — En dehors de la pratique trop fréquente des dirigeants chrétiens d’obtenir des conversions par l’épée, le baptême et la conversion étaient communément considérés comme un opus operatum, et des foules entières de païens sans aucune connaissance de la vérité salvatrice, sans changement réel de cœur et d’esprit, étaient reçus dans l’Église par le baptême. Personne ne peut l’approuver. Mais il faut avouer que ce n’est qu’ainsi que des résultats frappants et rapides ont pu être obtenus ; qu’en effet, dans l’état d’enfance où se trouvaient alors les Allemands, elle avait une certaine justification. Par l’histoire même de son attaque contre le paganisme allemand, une carrière entièrement différente de lutte et de victoire a été tracée pour le christianisme que celle par laquelle il a dû passer dans ses conquêtes du paganisme gréco-romain. Dans ce dernier cas, elle avait à faire face à une forme élevée de civilisation qui avait survécu à ses forces et s’était perdue dans ses propres perplexités, qui pendant mille ans s’était avérée dans sa civilisation et son histoire un παιδαγωγὸς εἰς ριστόν. Tout cela manquait aux Allemands. Si l’on peut comparer le monde romain à un prosélyte qui, mûr, éprouvé et très expérimenté, reçoit le baptême, la conversion des Germains peut être comparée au baptême des enfants. pour détruire les temples d’idoles des païens convertis. Mais une réflexion plus poussée le convainquit qu’il valait mieux les transformer en églises chrétiennes, et maintenant il posa comme maxime dans les missions catholiques romaines que les formes païennes de culte et les lieux de culte susceptibles d’être modifiés selon les usages chrétiens devaient être soigneusement préservés et respectés : « Nam duris mentibus simul omnia abscindere impossibile esse dubium non est, quia et is qui summum locum ascendere nititur, gradibus vel passibus, non autem saltibus, elevatur. » C’était un mot fatidique, à double tranchant, qui a conduit les missions catholiques à un brillant succès extérieur, mais qui a saturé le culte et la vie catholiques d’un levain païen, qui y agit puissamment jusqu’à nos jours.
Les premières conversions de multitudes de races germaniques eurent lieu à l’époque où l’arianisme avait atteint son apogée dans l’empire romain. Des troubles internes et des pressions extérieures contraignirent une partie des Goths dans la seconde moitié du IVe siècle à se jeter dans les bras de l’empire romain d’Orient et à acheter sa protection par l’adoption du christianisme arien. Le zèle missionnaire du clergé national, avec à sa tête l’évêque Ulfilas, bien que nous ne puissions pas indiquer particulièrement ses méthodes, répandit l’arianisme en peu de temps sur une multitude de nationalités allemandes. Jusqu’à la fin du Ve siècle, l’arianisme était professé par la plus grande partie du monde germanique, par les Wisigoths et les Ostrogoths, par les Vandales, les Suèves et les Bourguignons, par les Ruviens et les Hérules, par les Lombards, etc. Et de même que les premières relations amicales avec l’empire romain avaient donné à l’arianisme un fondement parmi ces peuples, de même les relations hostiles ultérieures à l’empire romain devenues catholiques les ont poussés à s’accrocher avec ténacité à leur hérésie arienne. L’arianisme avait de plus en plus pris le caractère d’un christianisme national allemand, et il semblait presque que le monde allemand tout entier, et avec lui l’histoire universelle de l’avenir, en fût la proie sûre. Mais ces espérances furent rapidement mises fin par la conversion au catholicisme d’une de ses principales branches. Les Francs avaient dès le début poursuivi une politique qui visait plutôt à renforcer l’avenir de leurs tribus sœurs qu’à accélérer la chute de l’empire romain. Cette politique les a conduits à embrasser le catholicisme. Confiants dans la protection du Dieu des chrétiens catholiques et dans les sympathies de tout l’Occident catholique, les dirigeants francs ont profité de l’appel pour réprimer l’hérésie et conquérir les terres des hérétiques. Renoncer à l’hérésie pour trouver l’occasion d’attaquer les territoires des hérétiques était probablement pour eux une question de nécessité politique.
76.1. Les Goths dans les terres du Danube. — Depuis le milieu du IIIe siècle, le christianisme avait trouvé une entrée parmi les Goths par l’intermédiaire des prisonniers de guerre romains. Au concile de Nicée en apr. J.-C. En 325, il y avait là un évêque gothique, Théophile. D’après J.-C. 348 le descendant d’une famille chrétienne de Cappadoce emprisonnée, Ulfilas203 par son nom, il exerça les fonctions d’évêque chez les Wisigoths, déjà attaché à la confession arienne, avec tant de zèle et de succès pour la propagation du christianisme, que la haine des païens fut excitée à un tel point qu’en apr. J.-C. 355 ils commencèrent une persécution sanglante contre les chrétiens. Avec une grande partie des chrétiens goths, Ulfilas s’enfuit par le Danube, et l’empereur Constance, qui l’honora comme un second Moïse, lui assigna une demeure sur le mont Hæmus. Ulfilas continua son œuvre pendant trente-trois ans avec de nombreux signes de bénédiction. Afin que les Goths puissent avoir accès à la source originelle de la connaissance salvatrice, il traduisit les Saintes Écritures dans leur langue, pour laquelle il inventa un caractère écrit de son cru. Il mourut en apr. J.-C. Débloquer le niveau 381. Une courte biographie de l’apôtre des Goths a été écrite par son disciple Auxence, évêque de Dorostore en Silistrie, qui donne un compte rendu de première main de sa vie et de sa doctrine. Mais tous les chrétiens gothiques n’ont pas été expatriés avec Ulfilas. Ceux qui restaient en arrière étaient un levain qui ne cessait de s’étendre et de se répandre. Ainsi Athanaric, roi des Thervingiens, vers l’an J.-C. 370, commença une nouvelle et cruelle persécution contre eux. Peu de temps après, une rébellion éclata parmi les Thervingiens païens. À la tête des mécontents se trouvait Frithigern. Il fut soumis, mais obtint l’aide de l’empereur Valens et, en remerciement de l’aide apportée, adopta la religion arienne de l’empereur. Ce fut la première conversion en multitude parmi les Goths. Un second a suivi peu de temps après. Les Huns s’étaient précipités comme un tourbillon après J.-C. 375 et détruisit l’empire des Ostrogoths. Une partie d’entre eux fut obligée de se joindre aux Huns ; tandis qu’un autre s’enfuit dans le pays des Thervingéens. Ceux-ci furent repoussés devant les conquérants et traversèrent le Danube sous Frithigern et Alaviv, où, en J.-C. Valens leur donna un accord à condition qu’ils professent le christianisme arien. Mais cette amitié ne dura pas longtemps, et Valens tomba en apr. J.-C. 378 les combattant. Théodose, le restaurateur de la foi catholique dans l’empire romain, fit la paix avec eux. Ils conservèrent cependant leur confession arienne, qui se répandit à partir d’eux d’une manière qui n’avait pas encore été expliquée aux Ostrogoths et à d’autres tribus apparentées. Chrysostome commença une mission catholique parmi eux, mais elle fut arrêtée à sa mort.
76.2. Les Wisigoths en Gaule et en Espagne. — La mort de Théodose en apr. J.-C. 395 et le partage de son empire donna le signal aux Wisigoths d’essayer de s’assurer plus d’espace. Alaric a dévasté la Grèce, a fait irruption en Italie à la recherche de proies et a pillé Rome après J.-C. Débloquer le niveau 410. Son successeur Athaulf descendit dans le sud de la Gaule, et Wallia y fonda un empire wisigoth avec Toulouse pour capitale, qui, sous Euric, qui mourut en A.D. 483, atteignit le sommet de sa gloire. Euric étendit son royaume en Gaule, et en apr. J.-C. En 475, il conquit la plus grande partie de l’Espagne. Il chercha à renforcer son gouvernement en ayant un seul système de loi et une seule religion, mais dans son projet de conversion de ses sujets à l’arianisme, il rencontra une opposition inattendue, qu’il chercha en vain à réprimer par une sévère persécution des catholiques. La population romaine et les évêques catholiques aspiraient à un gouvernement catholique et plaçaient leurs espoirs dans le roi franc Clovis qui s’était converti en J.-C. Débloquer le niveau 496. En tant que sauveur et vengeur de la foi catholique, Clovis a complètement détruit la puissance wisigothe de ce côté-ci des Pyrénées lors d’une bataille à Vouglé près de Poitiers en J.-C. Débloquer le niveau 507. En Espagne, cependant, les Wisigoths conservèrent leur pouvoir et persistèrent dans leurs efforts pour convertir tout le monde à la foi arienne. Sous la violente Léovigile, ces efforts ont culminé en J.-C. 585 dans une persécution cruelle. Son fils et successeur Reccared, cependant, a vu la vanité et le danger de cette politique et a pris la voie opposée. Au troisième Synode de Tolède en A.D. En 589, il adopta la foi catholique et, avec la coopération de l’habile métropolite Léandre de Séville, assura l’ascendant complet du catholicisme dans tout l’empire. Sous les rois suivants, le pouvoir wisigoth s’enfonça de plus en plus bas au milieu des trahisons, des meurtres et des révoltes des factions internes, et en apr. J.-C. En 711, le dernier roi des Wisigoths, Roderick, après un combat sanglant à Xérès de la Frontera, se rendit aux Sarrasins qui s’étaient précipités d’Afrique sur l’Espagne.
76.3. Les Vandales en Afrique. — Au début du Ve siècle, les Vandales, qui étaient déjà alors des chrétiens ariens, se joignant aux Alains et aux Suèves, firent une descente de Pannonie en Gaule après J.-C. 406 et de là sur l’Espagne en apr. J.-C. 409, et fit d’affreux ravages dans ces terres riches et fertiles. En apr. J.-C. 428 le proconsul romain d’Afrique, Boniface, injustement accusé de trahison par le gouvernement romain, appela dans son détroit au secours des Vandales. Leur roi Genséric s’y rendit en J.-C. 429 avec 50 000 hommes. Boniface, cependant, s’était réconcilié avec son gouvernement et faisait tout ce qui était en son pouvoir pour faire reculer les barbares. Mais en vain. Genséric conquit l’Afrique et y fonda un puissant empire vandale. En apr. J.-C. Il attaqua même Rome, qui fut pillée par ses hordes pendant quatorze jours. Afin d’empêcher que l’Afrique ne témoignât aucune sympathie pour Rome, il résolut d’assurer dans tout son empire une profession uniforme du credo arien, et en poursuivant ce dessein pendant ses cinquante ans de règne, il exerça des cruautés continuelles. Il mourut en apr. J.-C. Débloquer le niveau 477. Mais les catholiques africains ont été fidèles à leur credo jusqu’à la mort et sont allés au martyre dans un esprit digne de leurs ancêtres du IIe ou IIIe siècle. Son fils Hunneric ne leur accorda qu’un court répit et recommença à l’ère chrétienne . 483 l’œuvre sanglante. Il mourut en apr. J.-C. Débloquer le niveau 484. Sous son successeur Guntamund [Gunthamund], qui mourut en apr. J.-C. En 496, la persécution fut interrompue ; mais Thrasamund [Thrasimund], qui mourut en A.D. 523, adopta de nouveau des mesures sanglantes. Hildéric, mort en apr. J.-C. 530, homme d’un caractère doux et généreux, et fils d’une mère catholique, favorisait ouvertement les catholiques. Gélimer, arrière-petit-fils de Genséric, se mit à la tête des ariens que les sympathies catholiques d’Hildéric lui avaient aliénés, fit prisonnier Hildéric et le fit exécuter. Mais avant qu’il ne puisse mener à bien la persécution prévue, le général de Justinien, Bélisaire, marcha sur l’Afrique, anéantit l’armée vandale lors d’une bataille près de Tricaméron en J.-C. 533, et renversa l’empire vandale.204
76.4. Les Suèves étaient encore païens lorsqu’ils entrèrent en Espagne avec les Vandales en J.-C. Débloquer le niveau 409. C’est là que, sous leur roi Rechiar, ils adoptèrent la foi catholique. Mais Remismund, pour plaire aux Wisigoths, passa à l’arianisme en J.-C. 465 avec tout le peuple. Carraric, qui croyait devoir la guérison de son fils aux reliques de Martin de Tours, revint au catholicisme en apr. J.-C. Débloquer le niveau 550. Avec la coopération de Martin, métropolite de Braga, il convertit son peuple et tint un synode provincial à Braga en J.-C. 563 sous Théodimir Ier achève l’œuvre. L’empire des Suèves a été détruit par Léovigild, roi des Wisigoths, en J.-C. Débloquer le niveau 585.
76.5. Les Bourguignons, poussés par l’irrésistible avancée des Vandales, des Suèves et des Alains, de leur patrie du Main et du Neckar, où ils avaient adopté la foi catholique, fondèrent un royaume indépendant dans le Jura. C’est là qu’ils entrèrent en contact avec les Wisigoths et qu’ils se rendirent pour la plupart à l’arianisme. Des quatre fils de Gundiac, qui se partagèrent l’empire, seul Chilpéric II, père de Clotilde, resta catholique. Par fratricide, son frère Gundobald s’assura une souveraineté complète. L’évêque Avitus de Vienne ( 53, 5), cependant, il s’opposa vigoureusement à l’arianisme et, pour assurer sa suppression, convoqua un concile à Epaon en J.-C. 517, dont les décisions furent reconnues par Sigismond, fils de Gundobald, et rendues valides dans tout l’empire. Mais même cela ne satisfit pas Clotilde, l’épouse du roi franc Clovis, en expiation de la mort de son père. Ses fils, pressés par leur mère de se montrer vengeurs du sang de son père, mirent fin à l’empire bourguignon en J.-C. Débloquer le niveau 534.
76.6. Les Rugiens, de concert avec les Hérules, les Scyriens et les Turques, avaient fondé un royaume indépendant dans l’ancien Norique, la Basse-Autriche d’aujourd’hui. L’arianisme avait été introduit parmi eux par les Goths, mais sans l’expulsion complète du paganisme. Les Romains parmi eux attachés au catholicisme étaient cruellement opprimés. Mais à partir de J.-C. En 454, Séverin travaillait parmi eux comme un messager du ciel pour bénir, aider et réconforter ceux qui étaient lourdement chargés. Il mourut en apr. J.-C. Débloquer le niveau 482. Même parmi les barbares, il gagna la plus profonde révérence, et sur les païens et les ariens, il avait un pouvoir presque magique. Il prophétisa à Odoacre de Scyrie sa grandeur future. Ce prince en A.D. En 476, il mit fin à l’empire romain d’Occident et régna avec compétence et sagesse en tant que roi d’Italie pendant dix-sept ans. Il mit également fin au fanatisme arien dans le Rugiland en J.-C. 487 en renversant l’empire des Rugiens. Mais en A.D. En 489, l’Ostrogoth Théodoric descendit sur l’Italie, conquit Ravenne après un siège de trois ans, fit prisonnier Odoacre et, dans une folle fête d’ivrognes, le fit mettre à mort après J.-C. Débloquer le niveau 493.
76.7. Les Ostrogoths, lorsqu’ils conquirent l’Italie, étaient déjà depuis longtemps ariens, mais ils étaient exempts de ce fanatisme qui caractérisait si souvent l’arianisme allemand. Théodoric accorda pleine liberté au catholicisme, épargna, protégea et chérit la culture romaine, dans laquelle certainement son célèbre ministre Cassiodore (47, 23) n’avait pas une petite part. Cette tolérance libérale fut en effet rendue facile au roi par le schisme de trente-cinq ans de l’époque (52, 5), ce qui empêchait tout soupçon de danger pour l’État de la part de la combinaison des catholiques romains et byzantins. Et en fait, lorsque ce schisme a été guéri en J.-C. En 519, Théodoric commença à s’intéresser davantage à l’arianisme et à céder à de tels soupçons. Il mourut en apr. J.-C. Débloquer le niveau 526. Les confusions qui suivirent sa mort furent mises à profit par l’empereur Justinien pour reconquérir l’Italie. Son général Narsès anéantit les derniers vestiges de la puissance ostrogoth en apr. J.-C. Débloquer le niveau 554. Le gouvernement byzantin s’éleva de nouveau sur les ruines des Goths, et en A.D. En 567, l’exarchat est établi avec Ravenne comme capitale. Pour le moment, l’arianisme a été complètement détruit en Italie.205
76.8. Les Lombards en Italie.—En apr. J.-C. En 569, les Lombards, sous les ordres d’Alboin, descendirent des terres du Danube sur l’Italie, et conquirent ce qu’on a appelé la Lombardie, avec sa capitale Ticinum, aujourd’hui Pavie. Ses successeurs étendirent leurs conquêtes plus au sud, jusqu’à ce qu’enfin seuls les points les plus éloignés de l’Italie, les duchés de Naples, de Rome et de Pérouse, Ravenne avec ses villes sujettes et Venise, reconnaissaient la domination byzantine. Excités par le désir de pillage et la jalousie politique, les lombards ariens ont combattu sans relâche pendant vingt ans avec la culture romaine et le catholicisme romain. Mais après que cette première explosion de persécution eut été calmée, l’indolence religieuse l’emporta et le clergé arien ne fut pas tiré de son indifférence aux choses spirituelles par le zèle croissant pour les conversions qui caractérisait les évêques catholiques. Le pape Grégoire le Grand, A.D. De 590 à 604, il s’y consacra sans relâche et fut puissamment soutenu par une princesse bavaroise, la zélée reine catholique Théodelinde. Les Lombards étaient si épris de cette belle et aimable reine que, lorsque son premier mari Anthari fut assassiné en J.-C. En 590, un an après leur mariage, ils lui permirent de choisir pour elle-même l’un des ducs pour être son époux et leur roi. Son choix se porta sur Agilulf, qui demeura lui-même arien, mais n’empêcha pas la propagation du catholicisme parmi son peuple. Leur fille Gundiberge, mariée successivement à deux rois lombards, Ariowald († apr. J.-C. 636) et Rothari († apr. J.-C. 652) était une protectrice tout aussi zélée de l’Église catholique ; et avec le successeur de Rothari, Aribert, fils du frère de Théodelinde, qui mourut en J.-C. 663, commence la série des souverains catholiques des Lombards. — Suite, 82, 1.
76.9. Les Francs en Gaule. — Lorsque l’empire romain d’Occident fut renversé par Odoacre en J.-C. En 476, l’autorité romaine fut encore longtemps maintenue en Gaule par le proconsul Syagrius. Mais le Mérovingien Clovis, A.D. 481-511, y mit fin par la bataille de Soissons en 481-511 . Débloquer le niveau 486. En apr. J.-C. Il épousa la princesse bourguignonne Clotilde, et celle-ci, catholique zélée, fit tous ses efforts pour convertir son mari païen. L’orgueil national de la Franche résista longtemps, mais elle obtint la permission de faire baptiser son fils aîné. Le garçon, cependant, mourut dans ses robes de baptême, et Clovis considéra cela comme une punition de ses dieux. Néanmoins, à la naissance de son second fils, il ne put résister aux supplications de sa femme bien-aimée. Lui aussi tomba malade après son baptême ; mais quand, contre toute attente, il se rétablit au milieu des prières ferventes de la mère, le père païen confessa que la prière au Dieu du chrétien est plus puissante que la vengeance de Woden. Il s’en souvint lorsqu’il fut menacé en apr. J.-C. 496 à Tolbiac avec la perte de la bataille, de sa vie et de son empire dans la guerre contre les Alamans. Les prières aux dieux nationaux s’étaient avérées infructueuses. Il se tourna alors vers le Dieu des chrétiens, promettant de lui prêter allégeance, s’il obtenait la victoire. La fortune de la bataille ne tarda pas à tourner. L’armée et le royaume des Alamans furent détruits. Lors de son baptême à Reims la veille de Noël, A.D. En 496, l’archevêque Remigius s’adressa à lui en ces termes : « Courbe ton cou, fier Sigamber ; Adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré ! La tradition ultérieure, rapportée pour la première fois par Hincmar de Reims au IXe siècle, raconte que lorsque l’officier de l’église avec l’huile d’onction ne pouvait pas avancer à cause de la foule, en réponse à la prière de Rémi, une colombe blanche apporta du ciel une fiole d’huile, dont tous les rois des Francs depuis ce jour ont été oints. La conversion de Clovis, bientôt suivie de celle des nobles et du peuple, semble avoir été réellement un sujet de conviction et d’authenticité selon la mesure de sa connaissance de Dieu. Il a fait un marché avec le Dieu chrétien et a rempli les obligations sous lesquelles il s’était placé. D’un changement intérieur du cœur, nous ne pouvons en effet trouver aucune trace. Il n’en était cependant pas fait mention dans son marché. Juste après sa conversion, il commet les actes les plus atroces d’infidélité, de trahison et de meurtre secret. Le clergé catholique de tout l’Occident célébra néanmoins en lui un second Constantin, appelé de Dieu comme vengeur du paganisme et de l’hérésie arienne, et ne lui demanda rien de plus, voyant en cela la tâche que la Providence lui avait assignée. La conversion de Clovis fut en effet à tous égards un événement de la plus haute importance. L’arianisme grossier des Allemands, incapables de culture, reçut ici le coup de grâce. La civilisation et les restes de culture du monde antique ont trouvé dans l’Église catholique son seul véhicule approprié pour l’introduction dans le monde allemand ; et maintenant les Francs étaient à sa tête et jetaient les bases d’un nouvel empire universel qui formerait pendant des siècles le point central de l’histoire universelle. Sur l’œuvre de Friddin [] et de Colomban dans le pays des Francs, voir 77, 7.
Selon une tradition ancienne mais plus que douteuse, un roi britannique Lucius, vers le milieu du IIe siècle, aurait demandé aux missionnaires chrétiens de l’évêque romain Eleuthère et par eux de s’être convertis avec son peuple. Ce qui est certain, c’est qu’à la fin du IIIe siècle ( 22, 6) Le christianisme s’était enraciné dans la Grande-Bretagne romaine, probablement par le biais de relations avec les Romains. Jusqu’à l’invasion anglo-saxonne en J.-C. En 449, l’Église britannique entretenait certainement des communications régulières avec celle du continent, en particulier avec la Gaule. À partir de ce moment-là, repoussée dans le nord et le sud du Pays de Galles, elle fut complètement isolée de l’église continentale ; mais elle s’étendit avec d’autant plus de succès parmi ses voisines dans les tribus alliées de l’Irlande et de l’Écosse, parmi les premières par Patrick, l’apôtre des Irlandais, parmi les secondes par Columba, l’apôtre des Écossais, et suivit un cours de développement tout à fait indépendant. Lorsque, cent cinquante ans plus tard, en apr. J.-C. En 596, les relations longtemps interrompues avec Rome furent de nouveau renouvelées par une mission romaine auprès des Anglo-Saxons, plusieurs divergences par rapport à la pratique romaine furent découvertes parmi les Bretons en ce qui concerne le culte, la constitution et la discipline. Rome insista pour qu’elles soient corrigées, mais les Bretons insistèrent pour les conserver et répudièrent les prétentions de la hiérarchie romaine. La lutte acharnée qui s’éleva donc, commencée dans des circonstances qui promettaient un brillant succès à l’Église britannique, se termina par une soumission complète à Rome. Le champ de bataille fut alors transféré en Allemagne, et là aussi, malgré la résistance résolue de leurs apôtres, la lutte se termina par le même résultat (78). La lutte n’a pas seulement été d’un intérêt très tragique, mais d’une importance incomparable pour l’histoire de l’Europe. Car si le résultat avait été, comme il semblait probable qu’il le serait pendant un certain temps, en faveur de l’ancienne Église britannique, non seulement l’Angleterre, mais aussi toute l’Allemagne auraient adopté une attitude résolument anti-papale, et non seulement l’histoire ecclésiastique, mais aussi l’histoire politique du moyen âge auraient très probablement été entraînées dans un cours tout à fait différent.
77.1. La conversion des Irlandais. — Parmi les habitants celtes de l’île d’Irlande, il y avait quelques chrétiens dès le commencement du Ve siècle. La mission d’un diacre romain, Palladius , en apr. J.-C. 431 est restée sans résultat. Mais l’année suivante, A.D. En 432, le véritable apôtre des Irlandais, Patrick, avec vingt-quatre compagnons, mit le pied sur le rivage de l’île. La seule source fiable d’informations sur sa vie et son œuvre est une autobiographie qu’il a laissée derrière lui, Confessiones. D’après lui, il était petit-fils d’un prêtre et fils d’un diacre résidant à Banava, probablement en Grande-Bretagne, probablement en Gaule. À l’âge de seize ans, il fut emmené en Irlande par des pirates irlandais et vendu à un chef irlandais dont il garda les troupeaux pendant six ans. Après sa fuite en fuyant, l’amour du Christ qui brillait dans son cœur ne lui laissa aucun repos, et ses rêves le poussèrent à apporter la glorieuse liberté des enfants de Dieu à ceux qui l’avaient si longtemps tenu lié sous un dur esclavage. Connaissant la langue et les coutumes du pays, il rassembla les gens au son du tambour dans un champ ouvert et leur raconta les souffrances du Christ pour le salut de l’homme. Les druides, prêtres des Celtes, lui résistèrent vigoureusement, mais sa personnalité attrayante et impressionnante l’emporta sur eux. Sans une goutte de sang de martyr, l’Irlande s’est convertie en quelques années, et a été parsemée d’églises et de monastères. Patrick lui-même avait sa résidence à Macha, autour de laquelle s’éleva la ville d’Armagh, devenue plus tard la métropole ecclésiastique. Il mourut vers l’an J.-C. 465, et laissa l’église de l’île dans un état florissant. Les nombreux monastères, dans lesquels une piété calme s’épanouissait en même temps qu’une étude assidue de l’Écriture et d’où sont sortis de nombreux enseignants et missionnaires, ont valu à la terre le nom d’Insula Sanctorum. Ce n’est qu’après les raids des brigands danois au IXe siècle que la gloire des monastères irlandais a commencé à s’estomper.207
77.2. La mission en Ecosse.―Un Breton, Ninian, inné instruit à Rome, travailla, vers l’an de J.-C. 430, chez les Pictes celtes et les Scots d’Écosse ou de Calédonie. Mais ceux qu’il convertit retombèrent dans le paganisme après sa mort. Le véritable apôtre de l’Écosse était l’Irlandais Columba. En apr. J.-C. En 563, il s’installa avec douze disciples sur la petite île des Hébrides Hy. Son nom commun, Iona, semble provenir d’une erreur cléricale de Ioua, et était alors considéré comme l’équivalent hébreu de Columba, une colombe. Icolmkill signifie la cellule de Columba. Il y fonda un monastère et une église, et convertit de ce centre toute la Calédonie. Bien qu’il n’ait été jusqu’à la fin qu’un prêtre et un abbé de ce monastère, il avait toute l’autorité d’un apôtre sur l’Église écossaise et ses évêques, une position qui a été maintenue par les abbés successifs d’Iona. Il mourut en apr. J.-C. Débloquer le niveau 597. Les nombreux monastères qu’il fonda rivalisèrent d’érudition, de piété et de zèle missionnaire avec les Irlandais. Le monastère d’origine d’Iona a prospéré à un degré superlatif.208
77.3. Les particularités de l’Église celtique. — Dans la lutte anglo-saxonne, voici les principaux points en litige.
Lorsque nous tournons notre attention vers l’église celtique implantée sur le continent à une époque ultérieure, c’est surtout la vision de Colomban de Pâques qui est considérée en France comme hérétique. Souvent, Boniface éleva la voix contre les horribles hérésies des intrus anglais, irlandais et écossais, et l’on finit par s’apercevoir qu’elles consistent en des divergences identiques ou semblables à celles des Anglo-Saxons. N’insistant pas sur la loi du célibat, s’opposant à la primauté romaine, à la tradition romaine et au droit canonique romain, en particulier à la sévérité toujours croissante des lois romaines sur le mariage (61, 2), des manières plus simples d’administrer les sacrements et de célébrer le culte public, même dans les lieux non consacrés des forêts et des champs, — telles étaient les hérésies dont on se plaignait. — En ce qui concerne le pour et le contre de la pureté évangélique de l’ancien christianisme britannique, si hautement loué par Ebrard, on est en droit de s’attendre à ce que, comme tout le bon développement, il en soit de même pour tout le mauvais développement qui s’était solidement enraciné dans la pensée et le sentiment communs de l’église jusqu’au milieu du 5ème siècle, n’aurait pas été déraciné de l’église de Patrick et Columba, de même au 7ème siècle, il serait encore répandu là-bas. Et cette attente est en général confirmée, dans la mesure où nos informations vont sur tout ce qui n’a pas été expressément importé de Rome dans l’église britannique. Si nous déduisons la quantité non négligeable de corruption non évangélique qui a été introduite pour la première fois dans l’église romaine pendant la période entre Léon le Grand et Grégoire le Grand, après J.-C. 440-604, en partie en exagérant et en ornant des éléments qui s’y trouvaient auparavant, en partie en introduisant des éléments entièrement nouveaux de crédulité ecclésiastique, de superstition et de foi erronée, il reste encore pour l’église celtique qui se tient en dehors de ce processus de détérioration une doctrine relativement plus pure. Pourtant, le christianisme qui reste n’est en aucun cas exempt de mélange d’éléments non évangéliques, comme le montre Jonas de Bobbio lui-même dans sa biographie de son maître Colomban. Mais plus le conflit entre les Églises britanniques et romaines s’envenimait sur les questions de constitution et de culte, plus les différences de foi et de vie, qui avaient été négligées au début, prenaient des proportions sérieuses et, soutenues par une étude attentive de l’Écriture, conduisaient à une plus grande liberté et pureté évangéliques du côté des Britanniques. Ceci est pleinement confirmé par les nombreuses citations d’Ebrard dans la littérature de cette période.209
77.4. La mission romaine auprès des Anglo-Saxons.—Pour se protéger contre les raids de brigands des Pictes et des Scots, le roi britannique Vortigern demanda l’aide des Germains habitant les rives opposées. Deux princes des Jutes, Hengist et Horsa, chassés de leur patrie, conduisirent une horde d’Angles et de Saxons en Grande-Bretagne en J.-C. Débloquer le niveau 449. De nouvelles hordes continuèrent à suivre celles qui les avaient précédées et, après cent ans, les Britanniques furent repoussés dans les parties occidentales de l’île. Les rentiers fondèrent sept royaumes ; à la tête de tous se tenait le prince d’une des divisions qu’on appelait le roi principal, le Bretwalda. Les Anglo-Saxons étaient païens et l’amertume qui régnait entre eux et les anciens Bretons empêchait ces derniers de mener des opérations missionnaires parmi les premiers. L’occasion manquée par les Britanniques a été saisie par Rome. La vue de jeunes Anglo-Saxons exposés comme esclaves sur le marché romain inspira à un moine pieux, plus tard le pape Grégoire Ier, le désir d’évangéliser un peuple d’une si noble apparence corporelle. Il voulut prendre lui-même l’œuvre en main, mais il en fut empêché par l’appel à la chaire de Pierre. Il achète alors des jeunes Anglo-Saxons pour les former comme missionnaires auprès de leurs compatriotes. Mais lorsque, peu de temps après, la Bretwalda Ethelbert de Kent épousa la princesse franque Berthe, Grégoire envoya l’abbé romain Augustin en Angleterre avec quarante moines en Jésus-Christ. Débloquer le niveau 596. Ethelbert leur offrit une résidence et un soutien dans sa propre capitale Dorovernum, aujourd’hui Cantorbéry. À la Pentecôte de l’année suivante, il reçut le baptême et 10 000 de ses sujets suivirent son exemple. Augustin demanda à Grégoire d’autres instructions sur les reliques, les livres, etc. Le pape lui envoya ce qu’il cherchait, ainsi que le pallium, avec des droits archiépiscopaux sur toute l’église saxonne et britannique. Augustin exigea alors des Bretons qu’ils se soumettent à son autorité archiépiscopale et qu’ils travaillent avec lui à la conversion des Saxons. Mais les Britanniques n’ont rien fait de tel. Une entrevue personnelle avec leurs chefs sous le chêne d’Augustin en apr. J.-C. 603 est restée sans résultat. Lors d’une seconde conférence, tout fut gâché par l’orgueil prélatique d’Augustin qui refusa de se lever à l’arrivée des Bretons. Enclins à s’y conformer, les Britanniques venaient de le proposer à la suggestion d’un membre en guise de signe. Augustin mourut en apr. J.-C. Débloquer le niveau 605. Le pape nomma pour lui succéder son précédent assistant Laurentius. Le fils païen et successeur d’Ethelbert, Eadbald, opprima tellement les missionnaires qu’ils décidèrent de se retirer du champ de bataille en an de suite. Débloquer le niveau 616. Seul Laurentius retarda sa retraite afin de faire une dernière tentative de conversion d’Eadbald. Il a réussi. Eadbald se fit baptiser ; Les fugitifs retournèrent à leurs anciens postes. Dans le royaume d’Essex, Augustin avait déjà établi le christianisme, mais un changement de gouvernement avait de nouveau rétabli le paganisme. L’Évangile, cependant, peu de temps après, a fait son entrée en Northumbrie, le plus puissant des sept royaumes. Le roi Edwin, le fondateur d’Édimbourg, gagna la main de la princesse du Kent Ethelberga, fille de Berthe. Elle était accompagnée, en tant que conseiller spirituel de la jeune reine, du moine Paulin. Débloquer le niveau 625. Ces deux-là persuadèrent le roi et il persuada de nouveau son nobles et les prêtres d’embrasser le christianisme. Dans une assemblée populaire, Paulin prouva la vérité du christianisme, et le grand prêtre Coïssi, défiant les dieux de ses pères, lança de sa propre main une lance dans le temple d’idoles le plus proche. Le peuple le prit pour un fou et attendit la vengeance de Woden. Quand il ne vint pas, ils obéirent à l’ordre de Coisi et brûlèrent le temple, après J.-C. Débloquer le niveau 627. Paulin fut nommé évêque d’Eboracum, aujourd’hui York, que le pape Honorius, après avoir envoyé un pallium, éleva à un second métropolitanat. Edwin, cependant, tomba au combat en J.-C. 633 combattant contre Penda, le roi païen de Mercie ; Paulin dut s’enfuir et l’église de Northumbrie fut presque entièrement déracinée.210
77.5. Missions celtiques chez les Anglo-Saxons.—Le sauveur de la Northumbrie fut Oswald, A.D. 635-642, fils d’un ancien roi chassé par Edwin. Il avait trouvé refuge en tant que fugitif dans le monastère de Hy et s’y était converti au christianisme. Pour restaurer l’église de Northumbrie, les moines lui envoyèrent l’un des leurs, l’aimable Aidan. Oswald lui servit d’interprète jusqu’à ce qu’il apprenne la langue saxonne. Son succès fut sans exemple. Oswald fonda pour lui un établissement religieux sur l’île de Lindisfarne, et soutenu par de nouveaux missionnaires de Hy, Aidan convertit l’ensemble des terres du nord au christianisme. Oswald tomba au combat contre Penda. Son frère Oswy lui succéda en tant que roi et aussi en tant que Bretwalda. Des missionnaires irlandais se joignirent aux moines missionnaires de Hy, rivalisant avec eux dans leurs efforts, et en apr. J.-C. Tous les royaumes de l’Heptarchie avaient été convertis au christianisme, et jusqu’à cette date, tous, à l’exception du Kent, qui seul adhérait encore à l’Église romaine, appartenaient à l’ancienne communion britannique.211
77.6. L’élément celtique chassé de l’Église anglo-saxonne. — Oswy a perçu le danger politique que représentait la continuation de telles querelles ecclésiastiques. Il réussit aussi à convaincre ses voisins de la nécessité de l’uniformité ecclésiastique. La seule question était de savoir lequel des deux devait être reconnu. Le choix s’est porté sur les Romains. Oswy lui-même le préférait décidément. Sa femme Eanfled, la fille d’Edwin, était une partisane zélée de l’église romaine, et à ses côtés se tenait un homme d’une puissance, d’une prudence et d’une persévérance extraordinaires, l’abbé Wilfrid, originaire de Northumbrie, formé au monastère de Lindisfarne. Cependant il s’était rendu à Rome, et depuis lors il employa toute son éloquence et toute son habileté à intriguer pour mettre toute l’Angleterre aux pieds du pape. La reine et l’abbé travaillaient ensemble sur le Bretwalda, et lui à son tour sur les autres princes. À ces influences personnelles s’en ajoutèrent d’autres d’un genre plus général : la préférence pour les choses étrangères sur celles de la culture domestique, l’éclat et le poids prépondérant de l’Église romaine, et par-dessus tout, le gouffre, qui n’était pas encore comblé, entre les Saxons et les Britanniques. Lorsque des négociations secrètes eurent été menées dans le but désiré, Oswy convoqua un synode général au couvent de Streoneshalch, aujourd’hui Whitby, Synodus Pharensis, après J.-C. Débloquer le niveau 664. C’est là que se réunissaient toutes les notabilités civiles et ecclésiastiques de l’Heptarchie. Le principal orateur du côté romain était Wilfrid, du côté celtique, l’évêque Colman de Lindisfarne. L’observance de Pâques a été le premier sujet de discussion. Wilfrid se référait à l’apôtre Pierre, à qui le Seigneur disait : Tu es Pierre, etc. Alors Oswy demanda à Colman s’il était vrai que le Seigneur l’avait dit à Pierre. Colman ne pouvait le nier, et Oswy déclara qu’il suivrait celui qui avait le pouvoir de leur ouvrir les portes du ciel. Et c’est ainsi que la question a été réglée. Oswy et Bretwalda exécutèrent avec énergie les décisions du concile, et, en quelques semaines, les ciseaux avaient achevé la conversion de toute l’heptarchie à la tonsure romaine et à la foi romaine.212
77.7. Propagation et renversement de l’Église britannique sur le continent. — Le premier missionnaire celtique qui traversa la Manche fut l’Irlandais, vers J.-C. 500. Avec plusieurs compagnons, il s’installa près de Poitiers en Aquitaine, qui était alors sous le joug des Wisigoths, convertit l’évêque arien de ce lieu avec sa congrégation à l’orthodoxie trinitaire, et, sous la protection de Clovis, qui avait entre-temps, A.D. En 507, renversa le pouvoir wisigoth en Gaule, fonda des églises et des monastères. Par la suite, il travailla parmi les païens alémanais en Suisse (78, 1). Nous avons des récits plus complets et plus fiables de Colomba le jeune, généralement appelé Colomban, un Irlandais de naissance, qui, en apr. J.-C. En 590, avec douze compagnons zélés, il quitta le monastère britannique de Bangor, dans le comté de Down, en Irlande, et s’installa dans les Vosges. C’est là qu’ils fondèrent le monastère de Luxovium, aujourd’hui Luxeuil, comme centre avec beaucoup d’autres qui lui étaient affiliés. Ils cultivaient le désert et travaillaient laborieusement à rétablir la discipline et l’ordre de l’Église dans une région qui avait été longtemps négligée spirituellement. Mais leur stricte adhésion à la coutume britannique d’observer Pâques a été offensée. La sévère discipline morale qu’ils prescrivaient était exaspérante pour le clergé bourguignon négligent, et la vieille Brunéhilde jura d’englober leur mort et leur destruction, à cause de l’influence contraire à son autorité qu’ils exerçaient sur son petit-fils, le jeune roi Théodoric II. C’est ainsi qu’en apr. J.-C. 610, après vingt ans de labeur, ils furent chassés. Ils se tournèrent alors vers la Suisse ( 78, 1). Mais lorsqu’il fut persécuté ici aussi, Colomban et ses disciples émigrèrent en Italie, vers J.-C. 612, où, sous la protection d’Agilulf ( 76, 8), il fonda le célèbre monastère de Bobbio et lutta contre l’arianisme. La Regula Columbani qui existe dans plusieurs manuscrits constitue un guide écrit de la piété chrétienne et respire un esprit évangélique libre, tandis que la Regula cœnobialis fratrum de Hibernia annexée, qui lui est également attribuée, porte un caractère ascétique rigoriste, ordonnant de fréquentes flagellations. Colomban mourut en apr. J.-C. Débloquer le niveau 615. Les moines de son ordre rejoignirent les bénédictins au IXe siècle. Sur sa relation personnelle avec la chaire romaine pendant son séjour en Gaule et en Italie, nous obtenons quelques informations de trois de ses épîtres qui existent encore. Dans la première, il demande à Grégoire le Grand une explication de l’observance gauloise de Pâques, et dans la seconde, il demande à Boniface IV. pour confirmer son ancienne façon britannique de calculer Pâques. Dans les deux cas, il reconnaît le pape comme occupant la chaire de Pierre, et dans le second, il le salue comme le chef de toutes les Églises d’Europe et décrit l’Église romaine comme le siège principal de la foi orthodoxe. Dans la troisième, en revanche, il exige du pape qu’il rende compte en termes fermes de sa propre foi et de celle de l’Église romaine. Il l’a fait à la suite d’un rapport qui lui était parvenu, probablement par la mention du 5e œcum. Conseil ( 52, 6) d’un schisme entre Rome et l’Italie septentrionale, que la chaire romaine était tombée dans les hérésies d’Eutychès et de Nestorius. Il resta en Suisse et eut ses fidèlesDe plus, il n’y a pas d’autre moyen d’obtenir un grand succès. Après l’expulsion de Colomban, après l’expulsion de France, des traces d’institutions ecclésiastiques celtiques ont pu subsister longtemps parmi ses savants et amis francs, animés par le zèle missionnaire de leur maître. Car c’est d’eux, semble-t-il, que sont sortis la plupart de ces missionnaires francs qui, au VIIe siècle, ont porté l’Évangile dans les terres allemandes (78). Mais à partir de l’époque du renversement de l’ancien système ecclésiastique celtique au synode de Streoneshalch en J.-C. En 664, des troupes entières de ses adhérents, Britanniques, Irlandais, Écossais et Anglo-Saxons, traversent la Manche pour convertir l’Allemagne. À de très rares exceptions près, seuls les noms de ces hommes, et pour la plupart même pas ceux-là, nous sont parvenus. Mais leur zèle et leur succès sont attestés par le fait que, même au début du VIIIe siècle, dans tout le district du Rhin, ainsi que dans la Hesse, la Thuringe, la Bavière et l’Alémanie, nous trouvons un réseau d’églises florissantes portant l’empreinte des institutions celtiques. Et le renversement de ce grand et prometteur système ecclésiastique, en partie par une déportation pacifique, en partie par une déportation violente dans l’église romaine, fut l’œuvre de l’Anglo-Saxon Winfrid, que les romanistes, à juste titre de leur point de vue, honorent, sous le nom de Boniface, comme l’apôtre de la Germanie (78, 4-8).213
77.8. Renversement de l’ancien système britannique dans l’Église iro-écossaise. — Après la défaite de l’Église britannique, en J.-C. 664, tout soutenu dans l’heptarchie anglo-saxonne, il ne put se maintenir longtemps dans sa propre patrie celtique d’origine. Les rois d’Écosse, pour des raisons politiques, afin de ne pas donner à leurs voisins saxons l’occasion de satisfaire l’amour de la conquête sous prétexte de zèle pour la foi, furent obligés d’assimiler leur organisation ecclésiastique à celle des Méridionaux. Le savant abbé Adamnan de Hy, lorsque, en A.D. En 684, sur l’ordre de son roi, il se rendit à la cour de Northumbrie, où il se déclara convaincu de la justesse de l’observance romaine de Pâques. Mais comme ses moines résistaient avec acharnement, il quitta le monastère et partit pour une tournée missionnaire en Irlande où il fit valoir ses vues avec tant de succès qu’en J.-C. En 701, la plupart des Irlandais adoptèrent le calcul romain. Quelques années plus tard, en apr. J.-C. En 710, Naitan II, le puissant roi des Pictes, demanda des instructions à l’abbé Ceolfrid sur la supériorité de la pratique romaine concernant Pâques et la tonsure, força tout son peuple à adopter la doctrine romaine et bannit les prêtres obstinés. Finalement, l’Anglo-Saxon Egbert, éduqué en Irlande, mais gagné par la suite à l’église romaine, amené par des visions et des tempêtes à abandonner sa mission projetée auprès des Frisons païens (78, 3), et pour se consacrer à ce qui était considéré comme la tâche la plus ardue de la conversion des moines schismatiques de Hy, il réussit en A.D. 716 en surmontant leur obstination au point qu’ils renonçaient au moins à leur tonsure divergente et à leurs calculs de Pâques. Par la suite, les romanistes se sont contentés de la romanisation progressive de l’ensemble des régions celtiques de l’ouest et du nord. Dans le culte, la constitution et la discipline sont restées longtemps ce qu’elles avaient été autrefois. La loi romaine du célibat n’a pas pu s’imposer. Le culte public était célébré et les sacrements dispensés dans la langue du peuple et dans les formes simples des temps primitifs. Presque partout, le droit canonique a été subordonné aux coutumes de l’Église nationale. En effet, lorsqu’en A.D. En 843, le royaume des Pictes, où la papauté avait fait le plus de progrès, passa par héritage au roi d’Écosse Kenneth, qui y rétablit les anciennes institutions ecclésiastiques de leurs pères. Malcolm III, mort en J.-C. En 1093, il fut le premier des rois écossais à commencer la romanisation complète, complète et durable de tout le pays. Son mariage avec la princesse anglaise Marguerite, partisane zélée de la papauté, marque le début de cette politique qui fut menée et achevée par leur fils David, qui mourut en A.D. Débloquer le niveau 1152. En Irlande, la conquête anglaise de l’A.D. 1171, sous Henri III, prépara la voie à la romanisation complète de l’île. Pourtant, en Écosse et en Irlande, jusqu’au XIVe siècle, de nombreux anciens prêtres celtes ont survécu. On leur donna le nom celtique de Kele-de, servus ou vir Dei, latinisé en Colidei, et sous forme moderne, Culdees. C’étaient des prêtres séculiers qui, liés par une règle stricte, en compagnies généralement de douze personnes surmontées d’un prieur, comme un canon catholique ( 84, 1), se consacrèrent à une vie et à une activité spirituelles communes, maintenant une existence dans de nombreux endroits jusqu’à la fin du VIIIe siècle. L’origine de la règle sous laquelle ils vivaient est encore très obscure. Elle leur permettait de se marier, mais imposait l’abstinence de rapports conjugaux pendant la durée de leur service, et exigeait d’eux, en plus de la charge des services publics, une attention particulière aux pauvres. En Écosse surtout, leurs sociétés devinrent bientôt si nombreuses que presque tout le clergé séculier s’y rendit. Par l’introduction forcée de chanoines réguliers, ils ont été écrasés de plus en plus jusqu’au XIe siècle, ou là où ils existaient encore, ils ont été privés du droit de surveillance pastorale et d’administration des sacrements et réduits à des positions subalternes, telles que celle de choristes. représentants antérieurs de l’église celtique, est tout à fait injustifiable.214
À l’époque romaine, les régions du Rhin et du Danube étaient devenues des pays chrétiens, mais la précipitation de l’émigration des peuples avait en partie détruit les fondements chrétiens, en partie recouverts de superstitions païennes. À la fin du VIe siècle, une grande partie de l’Allemagne était déjà sous la domination des Francs, et, pour la distinguer du pays des Francs occidentaux ou de la Neustrie, on l’appelait Austrasie ou le pays des Francs orientaux. Le sud-ouest et le sud-est de l’Allemagne (Alémanie, Bavière, Thuringe) étaient gouvernés par des ducs indigènes sous la suzeraineté souvent contestée des Francs. Le nord-ouest de l’Allemagne (englobant les Frisons et les Saxons) jouissait encore d’une indépendance nationale incontestée. La première tentative sérieuse d’introduire ou de restaurer le christianisme en Austrasie a commencé vers la fin du VIe siècle. Les missionnaires qui ont pris en main l’œuvre sont venus, en partie de Neustrie, en partie de ce côté-ci de la Manche. Les monastères irlandais et écossais étaient pleins à craquer. Ceux qui les habitaient avaient une passion invincible pour les voyages et dans leur cœur un désir ardent de répandre le royaume du Christ en prêchant l’Évangile. Cette impulsion a été grandement renforcée par le renversement de leur prestige national (77, 6). Ils n’étaient donc plus en sympathie avec leur pays natal, et étaient encouragés à espérer qu’ils pourraient gagner sur le continent opposé ce qu’ils avaient perdu chez eux. Des foules de moines des monastères iro-écossais traversèrent les provinces païennes d’Allemagne. Mais les Anglo-Saxons chrétiens romains, non moins friands de voyages, poussés par la même ferveur missionnaire et sans léger zèle pour leur propre communion, suivirent leurs traces. C’est ainsi qu’au VIIIe siècle, sur le sol allemand, la lutte qui avait déjà été menée à l’intérieur du pays se renouvela, pour se terminer à nouveau, comme auparavant, par la défaite des prétentions celtiques. Dans presque tous les pays allemands, nous trouvons des traces de missionnaires irlandais ou écossais et de prêtres mariés, qualifiés d’adultères avec reproche. Ce qui assura principalement aux Anglo-Saxons la victoire sur eux, c’était le talent pratique d’organisation dont les premiers firent preuve et leur attachement à l’imposant pouvoir spirituel du siège pontifical. C’est à eux seuls que l’Allemagne est redevable de son incorporation dans l’union ecclésiastique romaine ; car les missionnaires francs eux-mêmes, pour la plupart, n’avaient aucun rapport avec Rome. — Les progrès les plus rapides et les plus fructueux ont été réalisés par la mission là où il y avait eu auparavant des institutions chrétiennes, par exemple dans les provinces du Rhin et du Danube. Le travail était plus difficile à l’est de l’Escaut en Frise, en Hesse, en Thuringe et en Saxe, où le paganisme avait régné sans être dérangé. Le travail missionnaire fut à la fois favorisé et entravé par le patronage égoïste des dirigeants francs. Le paganisme et la liberté nationale, le joug du Christ et le joug des Francs, semblaient inséparablement liés. L’un se tenait debout et tombait avec l’autre. L’épée des Francs devait ouvrir la voie à la croix du Christ, et le résultat de la prédication devait fournir une introduction à la soumission politique. Les missionnaires se soumirent à regret à cet amalgame d’intérêts religieux et politiques, mais il était généralement inévitable.
78.1. Sud-Ouest de l’Allemagne. — C’est là que se trouvait la puissante race des Alamans. Des institutions chrétiennes de l’époque romaine, il ne restait plus que quelques vestiges obscurs. Le régime alimentaire de Tolbiac en apr. J.-C. 496, qui donna aux Francs un roi chrétien, assura d’abord une entrée parmi les Alamans au christianisme. Cependant les progrès étaient lents, car les Francs n’avaient pas recours à la force. La révision de la jurisprudence alémanique, conclue par Dagobert I. à propos d’A.D. 630, supposait en effet que le pays était entièrement chrétien, mais il ne faisait qu’anticiper ce que le pays était destiné à devenir. ( 77, 7), fondateur du monastère de Seckingen sur une île du Rhin au-dessus de Bâle, est appelé le premier apôtre de l’Alemanni, A.D. Débloquer le niveau 510. Les rapports qui nous sont parvenus sur son travail sont hautement légendaires et peu fiables. Après Colomban en apr. J.-C. 610 avait été contraint, avec ses compagnons, de quitter le territoire franc ( 77, 7), il choisit la Suisse alémanique comme champ d’opérations. Ils s’installèrent d’abord à Tuggen, au bord du lac de Zurich. Le zèle ardent avec lequel ils détruisirent les idoles païennes excita la colère des habitants, qui les maltraitèrent et les chassèrent. Ils travaillèrent ensuite pendant trois ans à Bregentz où ils convertirent de nombreux païens. L’instrument principal de cette œuvre était Gallus, qui avait acquis une parfaite maîtrise de la langue du peuple. Chassés de ce lieu également, Colomban et ses partisans s’installèrent en Italie. Seul Gallus, qui était malade à ce moment-là, resta en arrière. Il se sentit obligé, en dépit de toutes les circonstances défavorables, de continuer l’œuvre commencée. Dans un vallon forestier sauvage près du ruisseau Steinach, où il était retenu par un buisson d’épines alors qu’il priait à genoux, il construisit une cellule, d’où surgit plus tard la célèbre abbaye de Saint-Gall. Il mourut, après une vie éminemment utile et couronnée de succès, dans sa 95e année après J.-C. Débloquer le niveau 646. Il ne semble pas avoir été aussi persévérant que Colomban dans le maintien des particularités de l’Église britannique. Son disciple Magnoald poursuivit son œuvre et fonda le monastère de Füssen sur le Haut-Lech en Souabe. Dans le même temps, l’ermite Trudpert, un Irlandais, qui jeta les fondements de la future abbaye de Trudpert, au pied de la Forêt-Noire, fut assassiné à Breisgau . 643 par un serviteur qui lui a été livré pour le travail forcé. Un peu plus tard, nous rencontrons Pirminius, un clerc franc, sur le lac de Constance, où, sous la protection du souverain franc Charles Martel, il fonda le monastère de Reichenau en J.-C. Débloquer le niveau 724. Un soulèvement national des Alamans contre les Francs le chassa au bout de trois ans ; mais le monastère n’a pas été blessé. Il descendit ensuite le Rhin et fonda plusieurs monastères, le dernier à Hornbach dans le diocèse de Metz, où il mourut en . Débloquer le niveau 753.
78.2. Allemagne du Sud-Est. — Après les travaux fructueux de Séverin (76, 6) l’histoire des provinces danubiennes est enveloppée d’une épaisse obscurité. Cent ans plus tard, nous y trouvons la puissante nation des Boyards, aujourd’hui Bavarois, avec des ducs indigènes descendant d’Agilulf. On ne voyait que de maigres vestiges du christianisme. En apr. J.-C. L’abbé franc Eustase de Luxeuil, successeur de Colomban, apparaît poursuivant les travaux missionnaires et luttant contre les prétendues hérésies de Bonosus et de Photinus, restes probablement de l’arianisme gothique. Vers le milieu du VIIe siècle, à la cour du duc de Bavière, Théodore Ier, à Ratisbonne, Emmeran, évêque de Poitiers, travailla pendant trois ans. Soudain, il quitta le pays et fit un pèlerinage en Italie. Chargé de la séduction de la princesse Ota, il était en voyage dans l’A.D. 652, selon d’autres en apr. J.-C. 715, rattrapée par son frère et cruellement assassinée. On dit qu’Ota l’a nommé comme son séducteur, sur les conseils du saint lui-même, afin de protéger le séducteur réel de la vengeance. Le véritable apôtre de la Bavière était l’évêque Rupert de Worms. En apr. J.-C. En 696, il baptisa le duc Théodon II avec sa maison, fonda de nombreuses églises et monastères et acheva presque la christianisation du pays. Le centre de ses opérations était l’évêché de Salzbourg, fondé par lui. À propos d’A.D. En 716, il retourna à Worms et y mourut en apr. J.-C. Débloquer le niveau 717. Une vieille tradition le décrit comme un Écossais, que ce soit en raison de sa descendance ou de ses tendances indubitablement ecclésiastiques, est incertaine. Nous ne trouvons au moins aucune trace qu’il ait eu des relations avec Rome. Peu de temps après, un évêque itinérant franc appelé Corbinianus fit son apparition en Bavière et fut le fondateur du siège épiscopal à Freisingen, après J.-C. Débloquer le niveau 724. C’était un homme d’un tempérament impérieux et d’un entêtement inflexible, qui exerçait la discipline avec une rigueur téméraire, extirpait les restes de la superstition païenne et fondait de nombreuses églises et monastères. Il mourut en apr. J.-C. 730. — Que les missionnaires francs aient été encore plus ou moins influencés par les vieilles traditions britanniques, c’est ce que prouve le fait que Boniface trouva l’église bavaroise libre de Rome. Duc Théodore II. peu de temps après le départ de Rupert pour un pèlerinage à Rome, il était en effet entré en relations avec Grégoire II, à la suite de quoi trois ecclésiastiques romains firent leur apparition en Bavière. Mais l’organisation de l’Église bavaroise qui leur avait été confiée par le pape ne put se faire à cause des troubles politiques. Boniface fut le premier qui y parvint dans une certaine mesure. — L’apôtre des Thuringiens voisins était un Irlandais Kilian ou Kyllena, qui, vers la fin du VIIe siècle, entra avec douze compagnons dans la province de Wurtzbourg. Ces hommes fidèles trouvèrent la récompense de leurs travaux dans la couronne du martyre. Mais une foule de leurs compatriotes croyants et zélés les suivirent, et continuèrent avec un riche succès l’œuvre qu’ils avaient commencée, jusqu’à ce que, après une lutte acharnée, ils fussent obligés de céder le champ de bataille à Boniface.
78.3. Nord-Ouest de l’Allemagne. — Dans les provinces du Rhin moyen, les diocèses épiscopaux chrétiens avaient été maintenus, mais dans un état de faiblesse et envahis par des foules de païens. Vers le milieu du VIe siècle, un Franc du nom de Goar s’installa comme ermite dans les limites du diocèse de Trèves, convertit beaucoup de païens environnants et fit honte aux soupçons envieux du clergé de Trèves, sa sainteté étant attestée, selon les légendes ultérieures, par de nombreux miracles extraordinaires. La belle ville de St. Goar s’est développée autour de l’endroit où il a construit sa cellule et son église. Après lui, dans la même région, un Wulflaich lombard qui, en tant que stylite ( 44, 6), Malgré le climat du nord, il prêchait aux païens du haut de sa colonne. Mais les évêques voisins n’aimaient pas son ascétisme insensé et firent abattre la colonne. conquit le sud des Pays-Bas en A.D. En 630, un prêtre franc accompli, Amandus, apparut à Rome pour prêcher l’évangile parmi les Frisons qui y étaient installés. L’ordre qu’il donna pour le baptême obligatoire de tous les païens ne fit qu’intensifier la haine contre lui et son message sacré. Insulté, maltraité et jeté à plusieurs reprises dans l’Escaut, il quitte le pays pour missionner chez les Basques des Pyrénées puis chez les Slaves du Danube. Mais plus tard, il retourna à Gand, et acquit une grande influence après avoir réussi à convertir un riche Frison appelé Bavon, avec l’aide duquel il construisit deux monastères. En apr. J.-C. En 647, il fut choisi comme évêque de Maestricht, mais se retira en 647 . 649, malgré la dissuasion du pape Martin Ier, à cause de l’opposition de son clergé, et fonda ensuite le monastère d’Elno, appelé plus tard Saint-Amand, près de Tournay, où il mourut en A.D. Débloquer le niveau 648. À la même époque, Eligius, ancien orfèvre habile à la cour de Dagobert, travailla à partir de l’A.D. 641 évêque de Noyon, où il mourut en A.D. Débloquer le niveau 658. Il entreprit de nombreux voyages missionnaires pour la conversion des Frisons jusqu’à l’Escaut. De ce côté-ci de la Manche, des yeux trop mélancoliques avaient regardé les côtes frisonnes. Un Breton qui aurait été converti au romanisme par Augustin, l’apôtre des Anglo-Saxons, Livinus, apparut comme missionnaire sur le Scheld vers J.-C. 650, mais il fut tué par les païens peu après son arrivée. Le célèbre partisan des prétentions romaines, Wilfrid (77, 6), prêcha d’abord l’Évangile aux Frisons vivant au nord de l’Escaut. Il avait été élu archevêque d’York, mais, expulsé de son évêché (88, 3), il alla chercher refuge à Rome et fut emporté par une tempête sur les côtes frisonnes, ce qui fut une chance pour lui car des tueurs à gages l’attendaient en France. Il passa l’hiver de notre ère. 677-678 en Frise, prêcha tous les jours, baptisa le duc Aldgild et des « milliers » de personnes. Mais au printemps suivant, il prit son départ. Le successeur d’Aldgild, Radbod († apr. J.-C. 719), qui passa toute sa vie à la guerre contre Pépin d’Héristal († apr. J.-C. 714) et Charles Martel, haïssait et persécutait le christianisme comme religion de l’humanité.La semence semée par Wilfrid périt. La victoire de Pippin à Dorstadt en A.D. 689 l’obligea pendant un certain temps à montrer plus de tolérance. Aussitôt, une mission franque fut commencée sous la direction de l’évêque Wulfram de Sens, élève du monastère de Fontanelle fondé par Colomban. Selon une tradition intéressante, qui, cependant, ne résiste pas à l’épreuve de la critique, Radbod était lui-même sur le point de recevoir le baptême, mais s’est retiré des fonts baptismaux, parce qu’il préférait aller en enfer avec ses glorieux ancêtres plutôt que d’entrer dans le ciel chrétien avec une foule de gens misérables. Ce n’est probablement qu’une légende conçue dans l’intérêt de la doctrine de la prédestination. — Le véritable apôtre des Frisons fut l’Anglo-Saxon Wilibrord qui, en compagnie de douze disciples, entreprit l’œuvre en A.D. Débloquer le niveau 690. Né en Northumbrie vers J.-C. En 658, il reçut sa première formation sous la direction de Wilfrid au monastère de Ripon, puis dans un monastère irlandais sous la direction d’Egbert, dont la dette envers les Frisons (77, 8) Il s’engagea alors à payer. Pippin offrit protection et aide aux missionnaires, et Wilibrord se rendit à Rome afin d’y obtenir un soutien pour l’œuvre de sa vie. Il revint armé de l’approbation papale et approvisionné de reliques. Mais entre-temps, une partie de ses partisans, probablement mécontente de son contrôle, envoya l’un d’entre eux, appelé Suidbert, en Angleterre, où il reçut la consécration épiscopale. Le parti de Wilibrord, cependant, garda le dessus. Suidbert se rendit chez les Bructeri sur le haut Ems, et, chassé de là par les Saxons, au Rhin, où il construisit un monastère sur une île du Rhin que lui avait donnée Pippin, et y mourut en J.-C. 715. — Après de nombreuses années de travail fructueux, Wilibrord, sur l’ordre de Pippin, se rendit une seconde fois à Rome en A.D. 696, d’y être consacré évêque. Serge Ier. lui donna la consécration sous le nom de Clément, le distinguant ainsi comme un homme éminent, et Pépin lui donna le château d’Utrecht comme résidence épiscopale. À partir de ce centre, ses travaux missionnaires s’étendirent sur tout le royaume de Radbod et même au-delà de la frontière danoise. Lors d’une visite à l’île d’Heligoland, il s’aventura à baptiser trois hommes dans un puits sacré. Radbod voulait que les blasphémateurs se réunissent pour sacrifier aux dieux ; Par trois fois, il s’enquit du sort sacré, mais celui-ci répondit régulièrement en faveur des missionnaires. Mais, à la suite de la défaite complète que Charles Martel subit aux mains de Radbod à Cologne, en A.D. En 715, la mission frisonne fut arrêtée et ce n’est qu’après la mort de Radbod en apr. J.-C. En 719, Wilibrord put reprendre ses activités à partir du monastère d’Echternach, où il s’était retiré entre-temps. Lorsqu’il mourut à l’âge de quatre-vingt-un ans après J.-C. En 739, la conversion au moins de la Frise méridionale était presque achevée. Nous n’entendons pas parler de conflits et de disputes avec les missionnaires celtiques tout au long de ses cinquante années de travail missionnaire, en conséquence, sans doute, de son tempérament doux et pacifique, qui l’a conduit à s’occuper plutôt de la christianisation des païens que de la romanisation de ceux qui étaient déjà chrétiens. l’épiscopat d’UtrL’echt resta vacant pendant une longue période après la mort de Wilibrord. Pendant ce temps, la mission parmi les païens était conduite avec zèle et succès par Grégoire, noble franc de la famille mérovingienne et élève favori de Boniface, qui, en tant qu’abbé du monastère d’Utrecht, présidait son célèbre séminaire. Willehad, l’Anglo-Saxon, jouissait d’une grande réputation auprès de ses érudits et fut nommé évêque de Brême par Charlemagne. La conversion des Frisons du Nord fut achevée par Liudger, un Frison d’origine, plus tard évêque de Münster.
78.4. L’œuvre missionnaire de Boniface.—L’Anglo-Saxon Winfrid ou Boniface,216 né à Kirton dans le Wessex vers l’an J.-C. 680 avait acquis de bonne heure, grâce à sa piété, à ses goûts ecclésiastiques et à son talent pratique, une position honorable dans l’Église de son pays natal. Mais il était poussé par une impulsion irrésistible à se dévouer aux tribus païennes de l’Allemagne. En apr. J.-C. En 716, il débarque en Frise. Bien que Radbod, alors en guerre avec Charles Martel, considérant qu’il n’avait aucun lien avec les Francs, ne lui ait mis aucun obstacle, il n’eut pas assez de succès pour l’encourager à continuer, et il retourna donc chez lui avant l’hiver. Mais son ardeur missionnaire ne lui laissait aucun répit ; même son élection comme abbé de son monastère de Nutscall ne suffisait pas à le retenir. C’est ainsi qu’au printemps de notre ère. En 718, il traversa la Manche une seconde fois, mais se rendit d’abord à Rome, où Grégoire II, après J.-C. 715-731, lui fournit des reliques et l’autorité pontificale pour la mission allemande. La tâche à laquelle il s’appliquait maintenant était moins de déraciner le paganisme que de renverser cette hérésie celtique qui, de bien des côtés, avait profondément enraciné le sol allemand. Il tenta ensuite de prendre pied en Thuringe. Mais il ne pouvait ni amener les prêtres « adultères » à se soumettre à Rome, ni séduire leur peuple de leur allégeance. La nouvelle de la mort de Radbod en apr. J.-C. 719 le poussa à faire un voyage en Frise, où il aida Wilibrord pendant trois ans à convertir les païens. Wilibrord souhaitait qu’il restât en Frise comme coadjuteur, et qu’il fût son futur successeur dans l’évêché d’Utrecht. Mais cela lui rappelait sa propre tâche spéciale. Il s’arracha et retourna en Haute-Hesse en J.-C. Débloquer le niveau 722. C’est là qu’il gagna au christianisme romain deux chefs chrétiens, Dettic et Deorulf, érigea avec leur aide le monastère d’Amanaburg (Arnöneburg, non loin de l’Ohm ou Amana), et baptisa, comme nous l’assure son biographe Willibald, en peu de temps « plusieurs milliers » de païens. Il rapporta son succès au pape qui l’appela à Rome en apr. J.-C. 723, où, après avoir exigé de lui un vœu solennel de fidélité à la chaire pontificale, il le consacra évêque apostolique ou primat de toute l’Allemagne, et lui donna un Codex canonum et des lettres de recommandation à Charles Martel et au clergé allemand, ainsi qu’au peuple et aux princes de Thuringe, de Hesse et même de Saxe païenne. Il obtint ensuite à la cour de Charles Martel une lettre de protection et d’introduction de ce puissant prince, puis se rendit de nouveau en Hesse. L’abattage du vieux chêne sacré de Thor à Geismar près de Fritzlar en J.-C. En 724, contre lequel il leva la hache de sa propre main au milieu de l’horreur haletante des multitudes païennes, construisant une chapelle chrétienne avec ses bois, marqua la chute du paganisme au cœur de l’Allemagne. L’année suivante, A.D. En 725, il étendit ses opérations en Thuringe, où les institutions celtiques étaient encore plus répandues qu’en Hesse. Cette extension de son champ d’action nécessitait une augmentation correspondante de son personnel. Il s’adressa à ses amis anglais, dont l’évêque Daniel de Winchester était le plus distingué. Son appel a été répondu année après année par des Anglo-Saxons priests, moines et moniales. Toute l’Angleterre fut enthousiasmée par l’œuvre de son apôtre et le soutint par des conseils et une aide pratique, par des prières et des intercessions, par des dons et des présents pour ses besoins personnels et ecclésiastiques. C’est ainsi que s’élevèrent bientôt deux armées spirituelles l’une contre l’autre ; Tous deux combattaient avec le même enthousiasme pour ce qui leur paraissait le plus élevé et le plus saint. Mais l’envahisseur anglo-saxon gagnait de plus en plus de terrain, bien qu’au milieu de beaucoup de besoins, de lassitudes et de soucis, et l’Église celtique disparaissait peu à peu devant le romanisme qui avançait. Pendant ce temps, Grégoire II. était mort. Son successeur Grégoire III, A.D. 731-741, à qui Boniface avait immédiatement soumis un rapport, lui répondit en lui envoyant le pallium archiépiscopal avec une commission de légat pontifical dans les terres allemandes pour fonder des évêchés et consacrer des évêques. Son travail en Thuringe, après dix ans de luttes et de luttes, a été si fructueux qu’il a pu chercher d’autres domaines de travail. Cependant, il ne choisit plus la Saxe païenne, mais la Bavière déjà christianisée, qui, comme encore libre de Rome et fortement infectée par l’hérésie britannique, semblait offrir un champ plus attrayant à son zèle missionnaire. Il fit une tournée d’inspection à la hâte à travers le pays en A.D. 735 à 736. Le résultat le plus important de ce voyage fut l’avènement d’un jeune Bavarois fougueux nommé Sturm, supposé être le successeur d’Odilon l’héritier du trône, que Boniface emmena avec lui pour faire ses études au séminaire de Fritzlar. L’année suivante, il entreprit un troisième voyage à Rome, sans doute pour consulter le pape au sujet de la suite de l’organisation de l’Église allemande et de la meilleure façon de l’accomplir. Il reçut l’accueil le plus flatteur et resta près d’un an à Rome. Le pape l’a renvoyé après J.-C. 738 avec des lettres apostoliques au clergé, au peuple et à la noblesse de l’Allemagne centrale, ainsi qu’à quelques évêques bavarois et alémaniens distingués, dans lesquelles les destinataires étaient invités à aider son légat par leur obéissance prompte et chaleureuse à réaliser une organisation si nécessaire des Églises dans leurs diverses provinces.217
78.5. L’organisation opérée par Boniface. — L’attention de Boniface se porta d’abord sur la Bavière, et sur le duc Odilon qui y régnait depuis l’an J.-C. 737 l’a anticipé par une invitation. Arrivé en Bavière, il divisa toute l’Église bavaroise en quatre diocèses. Bivilo de Passau avait auparavant été consacré évêque à Rome. Erembert de Freisingen reçut la consécration des mains du légat. Les évêques de Ratisbonne et de Salzbourg, cependant, jusqu’à la fin de leur vie, s’affirmèrent comme des évêques d’opposition contre ceux nommés par Boniface. Odilon lui retira aussi sa faveur, et ne lui confia pas l’apôtre alémanien Pirminien, qui se rangea du côté de l’Église celtique, l’organisation et la surveillance de plusieurs monastères bavarois nouvellement fondés. Ainsi, les résultats de la visite du légat pontifical en Bavière étaient d’un genre très douteux, et il n’avait même pas fait un début de romanisation de l’Alamonie. Dans l’intervalle, cependant, il se produisit un incident qui lui donna en peu de temps la plus grande influence et le plus grand succès. Charles Martel meurt en A.D. 741 et ses fils lui succédèrent, Carloman en Austrasie et Pépin le Bref en Neustrie. Charles Martel, sur la recommandation de Grégoire, avait en effet donné à Boniface une lettre de protection pour qu’il puisse continuer son travail en Hesse et en Thuringe, mais il n’était jamais allé plus loin, de sorte que Boniface se plaignait souvent amèrement à ses amis anglais de l’attitude indolente, voire hostile, du prince franc. Mais il ne pouvait souhaiter un meilleur coadjuteur que Carloman, qui était en réalité plutôt un moine qu’un prince. Aussi Boniface ne retarda-t-il plus l’organisation des églises de Hesse et de Thuringe, car dans le courant de l’année 741 il y fonda quatre évêchés. Ce qui est encore plus important, c’est que Carloman, puis Pépin l’aidèrent à réorganiser l’Église nationale franque des deux côtés des Vosges, où, en partie à cause de sa sympathie pour le système ecclésiastique britannique, en partie à cause de l’esprit sauvage engendré par une vie de guerre et de chasse, Le clergé ne s’était pas encore soumis à l’influence de l’émissaire pontifical. Afin que les états du royaume puissent être avisés par « l’envoyé de saint Pierre » et le clergé de l’empire sur ce qui était nécessaire à l’église austrasienne, Carloman, à la fin d’une diète impériale, dans un lieu inconnu, appela le premier synode austrasien, Concilium Germanicum, en apr. J.-C. 742, et donna à ses décrets l’autorité des lois impériales. Boniface fut reconnu comme archevêque et primat de toute l’Église d’Austrasie ; il était défendu que le haut ou le bas clergé ait quoi que ce soit à voir avec les armes, la chasse et la guerre, que tous les prêtres « faux et adultères » fussent expulsés ; que l’admission des clercs « étrangers » devrait être subordonnée à un examen devant un synode qui se tiendrait chaque année ; que dans tous les monastères la règle bénédictine ( 85, 1) devraient être appliquées ; et qu’il soit du devoir des comtes d’aider les évêques à maintenir la discipline ecclésiastique et à éradiquer tous les restes du paganisme. L’année suivante, A.D. En 743, Carloman convoqua le deuxième synode austrasien à Liptinä, aujourd’hui Lestines, près de Cambray, qui confirma les décrets du premier et en élargit la portée, en particulier en ce qui concerne l’extirpation de la superstition païenne et de l’éradication de la superstition païenne.l’interdiction romaine du mariage entre ceux qui sont naturellement ( 61, 2) et spirituellement ( 58, 1) apparenté. Ainsi, dans l’ensemble, la réorganisation légale de l’Église d’Austrasie aurait pu être considérée comme complète, même si son application effective exigeait encore beaucoup de luttes acharnées. En apr. J.-C. 744 Boniface jeta les bases du célèbre monastère de Fulda qui, pendant de nombreux siècles, fut un lieu de villégiature principal et une école principale des moines bénédictins d’Allemagne. Son premier abbé fut le jeune Sturm. — Après la clôture du synode austrasien, Boniface commença à traiter avec Pépin de la réorganisation de l’Église de Neustrie. Pépin convoqua un synode provincial de Neustrie à Soissons en apr. J.-C. Débloquer le niveau 744. Ses décrets en matière de discipline étaient en accord essentiel avec ceux des deux synodes austrasiens. En outre, il fut résolu d’ériger trois sièges métropolitains. Deux des prélats désignés, cependant, refusèrent d’accepter le pallium offert par le pape Zacharie, après J.-C. 741-752, prétendument sous prétexte que le paiement des honoraires exigés les rendrait coupables de simonie. Leur refus, cependant, était peut-être principalement dû à la découverte par Pépin que l’unité politique de Neustrie nécessitait un primat à Reims plutôt que trois métropolites (83). Lors d’un synode national, lieu de réunion inconnu, tenu en A.D. En 745, convoqué par les deux princes agissant ensemble, à la demande de Boniface, l’évêque Gewilib de Mayence, un guerrier grossier coupable de meurtres secrets, fut déposé. Boniface désirait maintenant qu’il reçût la chaire épiscopale vacante de Cologne, qui était destinée à être élevée au rang de siège métropolitain. Cependant, grâce aux machinations de ses adversaires, la vacance de Cologne fut comblée, et Boniface dut enfin se contenter de l’évêché moins important de Mayence. Lors d’un deuxième concile national de l’A.D. En 748, probablement à Düren, il réussit à obtenir qu’un nombre considérable d’évêques austrasiens et neustriens souscrivent une déclaration de soumission absolue au pape dans laquelle ils reconnaissaient pleinement la suprématie papale sur l’Église franque. Pépin, qui, après la retraite de son frère Carloman du gouvernement en A.D. En 747, afin de passer le reste de ses jours dans le monastère de Monte Cassino, il était seul souverain des deux royaumes, obtint l’approbation expresse du pape Zacharie en A.D. 752 en mettant fin au spectacle de marionnettes d’une fausse royauté mérovingienne ( 82, 1). Mais c’est une grande erreur de dire que Boniface a été l’intermédiaire dans cette affaire entre le pape et le maire du palais. Ses lettres montrent plutôt, par la défaveur dans laquelle il se trouvait alors à la cour de Pépin, que les négociations se faisaient directement avec le pape à son insu.218
Parmi les nombreuses hérésies dont Boniface eut à s’occuper, les plus importantes étaient celles du franc Adalbert, de l’Écossais Clément et de l’Irlandais Virgilius. Adalbert a travaillé sur la rive gauche du Rhin loin dans l’intérieur de la Neustrie ; Clément chez les Francs de l’Est. Au cours de l’été de notre ère. 743 Carloman avait, à la demande pressante de Boniface, jeté en prison et au synode de Neustrie de Soissons en J.-C. 744 Boniface obtint la condamnation d’Adalbert. Pourtant, peu de temps après, nous les retrouvons tous les deux en liberté. Boniface les accusa alors devant le pape Zacharie, et ils furent condamnés sans avoir été entendus lors d’un concile du Latran en J.-C. Débloquer le niveau 745. L’accusation écrite du légat accusait le Franc Adalbert de la plus vile hypocrisie et du blasphème : il se vantait qu’un ange lui avait apporté des reliques d’une extraordinaire puissance miraculeuse, par lesquelles il pouvait faire tout ce que Dieu pouvait faire ; il s’est mis sur un pied d’égalité avec les apôtres ; il a introduit des évêques non instruits et non ordonnés canoniquement ; il interdit les pèlerinages à Rome, la consécration des églises et des chapelles au nom des apôtres et des martyrs, mais il ne s’opposa pas à ce qu’elles fussent consacrées en son nom propre ; il négligeait le service divin dans les lieux consacrés et assemblait le peuple pour le culte dans les bois et les champs et partout où cela lui semblait bon ; il a fait vénérer ses propres cheveux et ses ongles comme des reliques ; il absolvait ceux qui venaient à lui en confession par ces paroles : Je connais tous vos péchés, car rien ne m’est caché, la confession n’est pas nécessaire, allez en paix, vos péchés vous sont pardonnés, etc. C’est ainsi qu’il acquit une grande influence, surtout sur les femmes et les paysans, qui l’honorèrent comme un grand apôtre et un faiseur de miracles. Trois documents appuyaient le rapport de Boniface ; c’est-à-dire une biographie d’Adalbert composée par un de ses admirateurs, d’après laquelle sa mère, à l’heure « toujours bénie » de sa naissance, avait vu en vision un bœuf sortir de son côté droit ; aussi, une lettre qu’on dit tombée du ciel à Jérusalem et qui garantissait sa mission divine ; et enfin, une prière composée par lui qui, tout en respirant généralement un esprit d’humilité profonde et de foi ferme, invoquait ensuite un ange rarement nommé. Si nous retirons de ces accusations celles qui reposent évidemment sur des malentendus et des exagérations légendaires ou malveillantes, nous avons devant nous un homme qui, en opposition au culte dominant des saints et des reliques, soutenait que les reliques mises en vénération n’en étaient pas plus dignes que ne le seraient ses propres cheveux et ongles. qui contestait aussi l’avantage des pèlerinages, niait la nécessité de la confession auriculaire, insistait sur le sacerdoce universel des croyants en opposition aux prétentions hiérarchiques romaines, et sur le culte évangélique de Dieu en esprit et en vérité en opposition à la surestimation romaine des lieux consacrés ; mais ce faisant, peut-être, plus certainement dans l’enthousiasme mysticosophique que dans la tromperie consciente, il s’est peut-être vanté de révélations divines et de la possession d’un pouvoir miraculeux. Il est simplement un adhérent du système ecclésiastique pur et pur de l’ancienne église britannique. Il traite avec mépris le droit canonique, et ne se considère pas lié par les décrets synodaux ou par l’autorité des Pères latins ; il prétend être évêque et vit toujours dans un mariage « adultère » ; il affirme qu’un homme peut épouser la veuve de son frère décédé ; il enseigne, en se référant à la descente du Christ aux enfers, que même ceux qui sont morts dans le paganisme peuvent encore être rachetés, et « affirmat multa alia horribilia de prædestinatione Dei contraria fidei cath ». Le pape confia à son légat l’exécution du jugement de condamnation du synode. Mais toujours en A.D. Boniface se plaint encore une fois que la réputation intacte des deux hérétiques sur tous les points lui fait obstacle. Peu de temps après, cependant, Carloman, après qu’Adalbert se fut soumis à une dispute avec Boniface, l’envoya enfermé dans le monastère de Fulda, d’où il s’échappa, et après de longues pérégrinations, il fut finalement tué par les porchers. Aucune information ne nous est parvenue sur la fin de Clément. — L’Irlandais Virgilius était de l’ère chrétienne. 744 évêque de Salzbourg, et, comme auparavant à la cour de Pépin, de même maintenant sur sa recommandation à la cour du duc de Bavière Odilon, il jouissait d’une grande faveur. Après un refus long et opiniâtre, il finit par accepter de se soumettre au choix des évêques par les Romains. Un prêtre de son diocèse qui ne savait pas le latin avait baptisé in nomine patria et filia et speritus sancti, Boniface déclara ce baptême invalide. Virgile en fut autrement et en appela au pape qui fut obligé d’admettre qu’il avait raison. Mais Boniface se plaignait de lui comme d’un hérétique parce qu’il enseignait : Quod alius mundus et alii homines sub terra sint, et cette fois le pape prit le parti de son légat, parce que, d’après l’idée admise de la forme orbiculaire de la terre, la doctrine des antipodes (déjà considérée par Lactance et Augustin comme d’une tendance dangereuse) équivalait à nier l’unité du genre humain et l’universalité de la rédemption. tandis que l’Irlandais appartenant à une race de marins considérait probablement la terre comme globuleuse. Le pape, en apr. J.-C. 748, ordonna sa destitution et sa destitution de l’ordre clérical, ce que Boniface, cependant, ne put accomplir.219
78.7. La fin de Boniface. — D’une part, méfiant, et mis de côté par Pépin et le nouveau pape Étienne II, A. D. 752-757, de sa position de légat ( 82, 1), et aussi, d’autre part, se sentant accablé dans sa vieillesse par le poids de ses soucis, de ses peines et de ses conflits épiscopaux et archiépiscopaux, Boniface fit élire son élève favori, l’énergique Lullus, déjà reconnu par le pape Zacharie, pour lui succéder, et, avec le consentement de Pépin, lui transféra immédiatement l’administration indépendante du diocèse épiscopal de Mayence. Il décida alors de consacrer ses dernières forces, comme il l’avait fait pour ses premières forces, à son diocèse archiépiscopal, embrassant l’Église frisonne, qui avait encore besoin d’un contrôle épiscopal ferme et était maintenant menacée d’une réaction païenne. Après la mort de Wilibrord en apr. J.-C. En 739, Cologne, s’appuyant sur un ancien acte de donation de Dagobert, revendique la juridiction sur l’église frisonne. Boniface, en effet, sur l’ordre de Carloman, avait ordonné un nouvel évêque à la chaire d’Utrecht, en A.D. 741, probablement l’Eoban anglo-saxon. Pourtant, ce nouvel évêque n’est jamais entré en possession réelle, du moins pas incontestée. Dans l’une de ses dernières lettres, Boniface implore instamment, mais en vain, le pape Étienne II. pour désavouer les prétentions injustes de Cologne. Charlemagne régla d’abord le différend en exigeant qu’Alberich, le successeur de Grégoire au siège d’Utrecht, reçoive la consécration des mains du prélat de Cologne. Avec une suite majestueuse de cinquante-deux partisans, clercs ou laïcs, et avec un pressentiment inquiétant emportant avec lui un drap enroulé, Boniface descendit le Rhin au printemps de notre ère. Débloquer le niveau 754. Nous n’avons aucun moyen de savoir s’il avait maintenant en vue une réorganisation de l’Église frisonne existante et dans quelle mesure il y parvint. D’autre part, ses biographes, dans leur exagération légendaire, ne sauraient assez vanter le merveilleux succès de sa prédication missionnaire. Partout où il est apparu dans le pays, il a baptisé des milliers de païens. Enfin, il avait planté sa tente dans le voisinage de ce qui est aujourd’hui Dokkum, et là, le 5 juin de notre ère. 755, un certain nombre de néophytes ont reçu la confirmation. Mais une troupe sauvage d’apostats païens se précipita sur eux avant l’aube. Le garde voulut offrir une résistance armée, mais Boniface refusa de verser le sang et, selon le rapport d’une vieille femme, reçut le coup mortel en tenant l’Évangile au-dessus de sa tête. Ses compagnons furent également abattus autour de lui. Utrecht, Mayence et Fulda se disputaient ses os. Des signes et des prodiges se décidèrent enfin en faveur de Fulda, qu’il avait lui-même fixée comme lieu de repos. — Par ordre de Lullus, un prêtre de Mayence nommé Wilibald écrivit sa vie vers l’an J.-C. Débloquer le niveau 760. Une autre vie d’un auteur anonyme à Utrecht parut vers J.-C. 790 ; et encore une autre par le moine de Ratisbonne Othlo vers J.-C. Débloquer le niveau 1060. Ses restes littéraires se composent d’épîtres, de sermons et de pénitentiels d’une authenticité douteuse.
78.8. Une estimation de Boniface.—En opposition à l’apothéose catholique romaine actuelle de Boniface qui lui assigne comme le véritable apôtre des Germains la plus haute place d’honneur dans le firmament des saints allemands et ne peut trouver la moindre ombre ou défaut dans toute sa vie, ses luttes et ses actions, les estimations ultra-protestantes ont couru jusqu’à l’extrême tout contraire. Ebrard l’a poussé jusqu’au bout. Il refuse de lui prêter le zèle, la considération cordiale, la capacité réelle d’un travail missionnaire approprié parmi les païens. À côté de Wilibrord, il n’était qu’un méprisable espion romain ; en Hesse et en Thuringe, il n’y avait que le destructeur brutal de l’église de Culdee qui y florissait, et dans l’empire franc que l’agent inconcevable de Rome qui s’allia à la dynastie de Pépin, favorable à Rome, afin d’assurer le renversement des Mérovingiens favorables à Culdee, achetant ainsi l’aide franque pour soumettre les églises germaniques et franques à la tyrannie hiérarchique de Rome. Il ne peut trouver en lui aucune trace de grandeur intellectuelle ou spirituelle. Au contraire, le fanatisme, la haine et l’esprit de persécution, l’intrigue et la malhonnêteté, la servilité, la dissimulation, l’hypocrisie, le mensonge et le double jeu sont là en abondance. Sa renommée mondiale s’explique par le fait qu’il est le fondateur maudit de tous les maux qui sont venus à l’Allemagne à cause de sa liaison avec le siège pontifical. — Il est vrai que Boniface a arrêté le cours du développement national et indépendant de l’Église allemande qui avait commencé et l’a mise sur la voie du développement et du mauvais développement de l’Église catholique romaine. Mais même si Boniface n’avait jamais traversé la Manche, ce sort n’aurait guère pu être évité. Il est en outre vrai que Boniface était beaucoup plus désireux de déraciner le « celtisme » hérétique et de faire passer les chrétiens francs et bavarois sous le joug romain que de convertir les Saxons païens au christianisme. Mais il était si enthousiaste parce que cela lui paraissait d’abord plus nécessaire et plus important que de viser à de nouvelles conversions. C’est une injustice criante que de nier qu’il ait montré du zèle, de l’énergie, ou qu’il ait réussi à convertir les païens de Frise, de Hesse et de Thuringe. Toutes ses pensées, tous ses travaux et tous ses efforts sont dominés par la conviction inébranlable que le pape est le chef et le représentant de l’Église dans laquelle seule le salut peut être trouvé. Mais cependant, avec lui, les lois de l’Église qui émanent du Saint-Esprit sont supérieures au pape. C’est pourquoi le droit de décision définitive sur toutes les questions ecclésiastiques appartient au pape, mais seulement aux canons secundum. L’expression attribuée à Boniface dans la Décrétale de Gratien : Papa a nemine judicetur nisi devius a fide ne se rencontre jamais dans aucun de ses écrits existants, mais elle caractérise parfaitement sa position. Ainsi, à côté de la soumission la plus abjecte à la chaire de Pierre, nous voyons avec quelle fermeté il parle au pape Zacharie, à propos de l’affaire du pallium de Neustrie, de la cupidité simoniaque des fonctionnaires, et à une autre occasion, il déclare sa profonde indignation devant les procédés immoraux, superstitieux et blasphématoires, dignes d’être comparés aux anciennes Saturnales païennes. ce qui s’est passé à Rome ouvertement sous les yeux du pape sans contrôle et impuni. Il montra aussi une résistance courageuse lorsque les dispenses pontificales enfreignirent ses ordonnances fondées sur le droit canonique, et protesta vigoureusement, lorsque Étienne II, en l’an 2000. 754, sans tenir compte de l’archiépiscopat l’autorité donna la consécration épiscopale à Chrodegang de Metz. Mais Boniface ne s’est jamais mêlé aux intrigues politiques des papes, et il ne s’est jamais mêlé des manœuvres politiques entre Pépin et les Mérovingiens, entre l’empire franc et ses vassaux germains. Un génie inventif, des pensées grandes et profondes, une vision libérale et compréhensive des choses, nous manquons certainement souvent en lui. Toutes ses pensées, tous ses sentiments et tous ses désirs étaient enfermés dans les limites étroites de l’ecclésiastique romain. Sa piété était profonde, sérieuse et sincère, mais elle est tout à fait du genre légaliste et extérieur dur qui caractérise le catholicisme romain. Avec la conscience la plus pénible, il tient aux institutions ecclésiastiques de Rome ; Toute résistance à ceux-ci lui est odieuse et il persécute les hérésies comme étant maudites et destructrices d’âmes. Il comprend clairement l’absurdité d’interdire le mariage entre ceux qui ne sont liés que par le baptême et la confirmation. Car il voit que, d’après ce principe, tous les mariages entre chrétiens en tant que bénéficiaires du baptême doivent être interdits, puisque, par le baptême, ils sont tous devenus fils et filles du Christ et de son Église, et sont donc spirituellement frères et sœurs. Mais ensuite, il sacrifie volontairement son intelligence, et continue à dénoncer tous les mariages entre ceux qui sont spirituellement liés comme un péché terrible et un inceste horrible. Beaucoup de ses questions aux papes sur ce qu’il convient de retenir sur tel ou tel point sont également très caractéristiques, la plupart du temps sur des questions très triviales et indifférentes de la vie commune. C’est ainsi qu’il se laisse dire que le lard cru ne doit être consommé que fumé, mais que la consommation de la chair des chevaux, des lièvres, des castors, des choucas, des corbeaux et des cigognes est absolument interdite, « immundum enim est et execrabile. »220
78.9. La conversion des Saxons. — Les premières tentatives missionnaires parmi les Saxons, qui avaient forcé leur chemin du nord-ouest de l’Allemagne jusqu’au voisinage du Rhin, furent faites par deux moines anglo-saxons, qui s’appelaient tous deux Ewald, le noir ou le blanc Ewald. Un paysan saxon les reçut avec hospitalité, mais dès qu’il découvrit leur objet, il se jeta sur eux avec ses domestiques et les tua . Débloquer le niveau 691. Boniface avait beaucoup de vœux pieux au sujet de ses parents païens, mais ne fit rien pour leur conversion. Tout ce qu’il fit fut de fonder le monastère de Fulda sur la frontière saxonne comme point de ralliement pour un futur raid clérical contre le paganisme saxon. Pendant trente ans, cependant, ce ne fut qu’un vœu pieux, jusqu’à ce qu’enfin l’épée du plus puissant des rois francs reprît la mission. L’asservissement du peuple saxon, puissant et hostile, était pour Charlemagne une nécessité politique. Mais l’asservissement durable était impossible sans la conversion et la conversion était impossible sans l’asservissement ; car les Saxons haïssaient la religion des Francs non moins que les Francs eux-mêmes. Alcuin, avec une véritable magnanimité, exerça toute son influence auprès de son royal ami contre tout usage de la force pour se convertir, mais la nécessité politique l’emporta sur les conseils de l’ami en qui il avait confiance. La guerre des Saxons dura trente-trois ans. 772 à 804. Au cours de la toute première campagne, la forteresse saxonne la plus puissante, Eresburg, a été prise d’assaut et leur idole la plus vénérée, l’Erminsul, a été détruite. Les prêtres francs suivirent les armes franques et christianisèrent immédiatement les districts conquis. Mais dès que l’armée de Charlemagne fut engagée ailleurs, les Saxons procédèrent à la destruction de toutes les fondations chrétiennes. Dans la diète impériale de Paderborn en A.D. Ils furent obligés de jurer que la vie et les biens seraient confisqués par une nouvelle apostasie. Mais le plus puissant des princes saxons, Wittekind, qui n’avait pas paru à la diète, organisa une nouvelle révolte. L’armée franque subit une terrible défaite au mont Sunthal, tous les prêtres chrétiens furent assassinés, toutes les églises furent détruites. Charlemagne prit une terrible revanche. À Verden, il décapita en un jour 4 500 Saxons. Après une nouvelle rébellion, une seconde diète à Paderborn en A.D. 785 leur prescrivait des lois horriblement sanglantes. La moindre résistance contre les préceptes de l’Église était punie de mort. Wittekind et Albion, les deux chefs saxons les plus célèbres, reconnurent la vanité d’une nouvelle résistance. Ils ont été baptisés en apr. J.-C. 785 et demeura dès lors fidèle au roi et à l’Église. Mais les rébellions du reste des Saxons se poursuivaient toujours. En apr. J.-C. 804 Charlemagne chassa 10 000 familles saxonnes de leurs maisons sur l’Elbe, et donna le pays aux Obohites qui lui étaient soumis. Maintenant, pour la première fois, une paix durable était assurée. Charlemagne avait fondé huit évêchés en Saxe, et, sous la protection de ces évêques, dans tout ce pays inondé de sang, qui n’était plus troublé, un christianisme aussi sincère et aussi frais s’était développé que dans toute autre partie de l’Allemagne. L’épopée populaire de l’Héliand en est un témoignage parmi d’autres. 221
La ruée soudaine des hordes sauvages des Huns au Ve siècle a poussé les Slaves au sud du Danube et à l’ouest de la Vistule. De nouveau, au VIe siècle, les tribus slaves se frayèrent un chemin vers l’ouest sous la pression des Avars mongols qui prirent possession de la Dacie, de la Pannonie et de la Dalmatie. Pour la conversion des Slaves dans le nord-est de l’Allemagne, rien n’a été fait ; mais on tenta beaucoup en faveur de la conversion des Slaves du Sud et des Avars, qui étaient spécialement sous la garde du siège de Salzbourg.
79.1. Les Carantaniens et les Avars. — Le prince carantanien Boruth, dans ce qu’on appelle aujourd’hui la Carinthie, en apr. J.-C. 748 demanda l’aide du duc bavarois Thassilo II contre l’oppression des Avars. Son neveu Chatimar, qui avait reçu une formation chrétienne en Bavière, lorsqu’il était en A.D. En 753, il monta sur le trône et introduisit le christianisme dans son pays. Après le renversement de Thassilo en apr. J.-C. En 788, la Carinthie passe sous la domination franque, et Charlemagne étend ses conquêtes sur les Avars et les Moraves. L’évêque Arno de Salzbourg, à qui des droits métropolitains avaient été accordés, dirigea une mission régulière sur ordre de Charlemagne pour la conversion de ces peuples. En apr. J.-C. En 796, Tudun, le prince des Avars, avec un grand groupe de ses disciples, reçut le baptême et fit vœu après J.-C. 797 pour convertir toute la nation des Avars au christianisme, et demanda des docteurs chrétiens. Au IXe siècle, cependant, le nom des Avars a disparu de l’histoire.
79.2. L’Église morave.―En apr. J.-C. 855 Rastislaw, grand-duc de Moravie, affranchit son pays du joug franc et prive les évêques allemands de toute leur influence. Il demanda aux missionnaires slaves de l’empereur byzantin. Les frères Cyrille et Méthode (73, 2, 3) qui s’étaient déjà approuvés comme apôtres des Slaves, répondirent à l’appel en apr. J.-C. Débloquer le niveau 863. Ils ont introduit une liturgie et un culte public dans la langue des Slaves, et en prêchant dans la langue slave, ils ont gagné leur chemin vers le cœur des païens. Mais, en dépit de ce succès encourageant, ils se trouvèrent, au milieu des convulsions politiques de l’époque, dans une position difficile. Ce n’est qu’en s’attachant au pape qu’ils pouvaient raisonnablement s’attendre à tenir bon. Ils acceptèrent donc l’invitation de Nicolas Ier. en apr. J.-C. 867, mais à leur arrivée à Rome, ils trouvèrent qu’Hadrien II avait succédé à la chaire pontificale. Cyrille resta à Rome et mourut peu après. Débloquer le niveau 869. Méthode jura fidélité au pape et fut renvoyé comme archevêque de Moravie. Mais les évêques allemands lui étaient d’autant plus hostiles. Ils soupçonnaient sa fidélité au pape, l’accusaient d’hérésie et invectivaient la liturgie slave qu’il avait introduite. Jean VIII, rendu suspect à son égard par ces moyens, l’invoqua en termes énergiques en A.D. 879 pour répondre de lui-même à Rome. Méthode obéit et réussit à se justifier complètement. Le pape le confirma dans son rang archiépiscopal et lui permit expressément d’utiliser la liturgie slave, enjoignant toutefois que l’Évangile soit d’abord lu en latin et ensuite traduit en slavie. Cependant les intrigues du clergé allemand continuèrent et aigrirent les derniers jours du bon et brave apôtre des Slaves. Il mourut en apr. J.-C. Débloquer le niveau 885. Une persécution générale éclata alors contre les prêtres slaves et la chaire métropolitaine de Moravie resta vacante pendant quatorze ans. Jean IX. restauré en J.-C. Débloquer le niveau 899. Mais en A.D. En 908, le royaume morave est renversé. Les Bohémiens et les Magyars se partagèrent le butin.
79.3. Les débuts du christianisme en Bohême. — Le jour de l’an de notre ère. En 845, quatorze seigneurs de Bohême se présentèrent à Ratisbonne à la cour de Louis d’Allemagne et demandèrent le baptême avec leurs partisans. Des motifs et des conséquences de cette démarche, nous ne savons rien. Lorsque Rastislaw éleva l’empire morave à une telle gloire, les Bohémiens se lièrent étroitement à la Moravie. Le successeur de Rastislaw, Swatopluc, épousa une fille du prince de Bohême, Borsivoi, en J.-C. Débloquer le niveau 871. Après cela, Méthode étendit ses travaux missionnaires en Bohême. Borsivoï lui-même et sa femme, Ludmilla, ont été baptisés par Méthode en J.-C. Débloquer le niveau 871. Les fils de Borsivoï, aussi, Spitihnew, qui mourut en A.D. 912 et Wratislaw, qui mourut en apr. J.-C. 926, avec le soutien actif de leur mère, favorisèrent les intérêts de l’Église en Bohême.
La mission chez les Frisons et les Saxons attira l’attention des missionnaires sur les Jutes et les Danois voisins. Wilibrord ( 78, 3) en apr. J.-C. En 696, l’Évangile passa l’Eider, et Charlemagne sentit nécessaire, pour maintenir son autorité sur les Frisons et les Saxons, d’étendre sa conquête et celle de l’Église sur la péninsule du Jutland jusqu’à la côte de la mer. Cependant, il ne put accomplir son dessein. De meilleures perspectives s’ouvraient devant Louis le Pieux. Menacé d’expulsion à cause de disputes sur la succession, Harald, le roi des Jutes, demanda la protection des Francs. C’est ainsi qu’Ebo, archevêque de Reims, traversa l’Eider en J.-C. 823 à la tête d’une ambassade impériale et revêtu de la pleine autorité du pape Pascal Ier. Il baptisa aussi un certain nombre de Danois, et quand, après une année d’absence, il rentra chez lui, il emmena avec lui plusieurs jeunes Jutes pour les éduquer comme enseignants pour leurs compatriotes. Mais Harald fut de nouveau pressé et décida de rompre entièrement avec le paganisme national. En apr. J.-C. Il s’embarqua avec sa femme et son enfant, accompagné d’une suite majestueuse, et à Mayence, où Louis tenait alors sa cour, il reçut le baptême en grande pompe. Peu de temps après son retour, un jeune moine le suivit depuis le monastère de Corbei sur la Weser. Ansgar, l’apôtre du nord, lui avait confié par Louis la tâche difficile et dangereuse de gagner les nations scandinaves à l’Église. Ansgar consacra toute sa vie à l’accomplissement de cette tâche, et l’accomplit d’une manière incomparable, autant que la persévérance indomptable, le dévouement et l’abnégation au milieu de difficultés sans fin et d’une opposition perverse pouvaient le faire.
80.1. Ansgar ou Anschar, fils d’un noble franc, né après J.-C. Vers 801, il fit ses études au monastère de la Vieille Corbie en Picardie, et lors de la fondation de la Nouvelle-Corbie en J.-C. 822 en fut fait Supérieur. Dès sa plus tendre jeunesse, il avait des rêves et des visions qui l’amenaient à attendre avec impatience le champ missionnaire et la couronne du martyre. Accompagné de son frère moine Autbert, qui ne voulait pas laisser partir seul son ami bien-aimé, Ansgar commença en A.D. 826 lors de son premier voyage missionnaire. Harald avait établi son autorité dans les provinces maritimes du Jutland, mais il ne s’aventura pas à pousser plus loin dans l’intérieur. De cette façon, les efforts missionnaires des deux amis étaient limités. À la frontière du Schleswig, cependant, ils fondèrent une école, achetèrent et éduquèrent de jeunes esclaves danois, rachetèrent les prisonniers de guerre chrétiens et prêchèrent dans tout le pays. Mais l’année suivante, Harald fut chassé et s’enfuit dans la province de Rüstringen sur la Weser, que Louis lui assigna à vie. Aussi les deux missionnaires furent obligés de le suivre. Autbert mourut au monastère de Corbie en . 829, s’y étant retiré de nouveau lorsqu’il fut pris de maladie. Peu de temps après, l’empereur apprit par des ambassadeurs envoyés par le roi de Suède Bjorn qu’il y avait beaucoup de chrétiens isolés dans leur pays, certains d’entre eux étant des marchands, d’autres des prisonniers de guerre, qui avaient un grand désir d’être visités par des prêtres chrétiens. Ansgar, avec plusieurs compagnons, entreprit cette mission en apr. J.-C. Débloquer le niveau 830. Sur le chemin, ils ont été pillés par des pirates nordiques. Ses compagnons parlaient de rentrer chez eux, mais Ansgar ne se décourageait pas. Le roi Bjorn les reçut d’une manière très bienveillante. Un petit groupe de prisonniers chrétiens se rassembla autour d’eux et se joignit de tout cœur au culte. Une école a été érigée, les garçons ont été achetés et les adultes ont prêché. Plusieurs Suédois demandèrent à se faire baptiser, parmi eux le gouverneur de Birka, Herigar, qui construisit à ses frais la première église chrétienne. Au bout de dix-huit mois, Ansgar retourna à la cour franque afin d’assurer une base solide pour sa mission. Louis y voit l’occasion de fonder un évêché pour les Scandinaves à Hambourg, aux confins du Danemark. Il nomma Ansgar évêque en apr. J.-C. 834, et lui assigna, ainsi qu’à la mission, les revenus de la riche abbaye de Turholt en Flandre. Ansgar obtenu à Rome de Grégoire IV. l’appui d’une bulle qui le reconnaissait comme vicaire apostolique exclusif de tous les Scandinaves. Puis il construisit une cathédrale à Hambourg, en plus d’un monastère, acheta de nouveau des garçons danois pour les éduquer au sacerdoce et envoya de nouveaux ouvriers parmi les Suédois, à la tête desquels se trouvait le moine franc Gauzbert. Mais bientôt les malheurs pleuvaient de toutes parts sur le pauvre évêque. Son mécène Louis meurt en apr. J.-C. En 840, Harald apostasia de la foi, les missionnaires suédois furent chassés par les païens, les Scandinaves se précipitèrent sur Hambourg et détruisirent complètement la ville, l’église, le monastère et la bibliothèque. De plus, Charles le Chauve prit possession de l’abbaye de Turholt qui, selon le traité de Verdun en A.D. 843 était tombée en Flandre, pour la donner à un favori. Ansgar était maintenant un mendiant sans abri. Son clergé, lorsqu’il n’eut plus soupéport pour eux, l’a laissé. L’école de sa mission a été démantelée. Son voisin, l’évêque Leuterich de Brême, chez qui il se réfugia, poussé par une jalousie méprisable, le repoussa de sa porte. Finalement, il obtint l’asile de la veuve d’un noble qui lui procura à ses frais un logement à Ramslo, une maison de campagne près de Hambourg. En apr. J.-C. 846 Mort de Leuterich. Louis d’Allemagne donna alors à l’apôtre du Nord une habitation fixe en nommant Ansgar à l’évêché vacant. Les évêques de Cologne et de Verden s’étaient partagé les débris de l’évêché de Hambourg. Mais enfin le pape Nicolas Ier. en apr. J.-C. 834 mirent fin à leurs prétentions égoïstes en unissant les deux diocèses de Hambourg et de Brême en un seul, et en lui conférant des droits métropolitains pour le Nord. Mais, pendant ce temps, Ansgar, malgré toute l’indigence dans laquelle il vivait lui-même, travaillait sans interruption en faveur de la mission scandinave. Au Danemark, le roi était Éric, dont Ansgar se rendit à plusieurs reprises à la cour en tant qu’ambassadeur du roi d’Allemagne. Grâce à la faveur d’Éric, il avait pu fonder une église dans le Schleswig et organiser une mission s’étendant sur tout le pays. Éric ne s’est pas aventuré à passer au christianisme, et lorsque le fanatisme païen a éclaté en rébellion ouverte en A.D. En 854, il tomba dans une bataille contre son neveu qui était à la tête de la révolte. Un garçon, Éric II, peut-être petit-fils d’Éric déchu, monta sur le trône. Mais le chef Jovi régnait en son nom, ennemi acharné des chrétiens, qui chassait tous les prêtres chrétiens et menaçait de mort tous les chrétiens du pays. Pourtant, en A.D. 855 Éric II s’émancipa de la régence de Jovi et accorda la tolérance aux chrétiens. L’œuvre de conversion fut de nouveau poursuivie avec un zèle et un succès nouveaux. — Toutes les tentatives, par l’intermédiaire de nouveaux missionnaires, pour rassembler de nouveau les débris de la mission en Suède, interrompue par l’expulsion de Gauzbert, s’étaient avérées vaines jusqu’alors. Finalement, Ansgar lui-même se mit en route vers l’an J.-C. Débloquer le niveau 850. Par de riches présents et un splendide divertissement, il gagna la faveur du roi Olaf. Une assemblée populaire décida de se conformer à la décision du sort sacré et se prononça en faveur de l’adoption du christianisme. À partir de ce moment, la mission suédoise se poursuivit sans obstacle sous la direction d’Erimbert, qu’Ansgar y laissa en place. Ansgar mourut en apr. J.-C. Débloquer le niveau 865. L’espérance la plus chère de sa vie, celle d’être honoré de la couronne du martyre, ne se réalisa pas ; Mais une vie si pleine de labeur, de privations et d’ennuis, de sacrifices, de patience et d’abnégation, était certainement plus noble qu’une couronne de martyr.224
80.2. Le successeur d’Ansgar au siège de Hambourg-Brême fut Rimbert, son savant favori, son compagnon dans presque tous ses voyages, qui écrivit un récit de la vie de son maître et le déclara saint. Il travailla selon sa capacité à suivre les traces de son maître, en particulier dans ses soins à la mission scandinave. Mais il fut grandement gêné par les agissements sauvages des pirates danois et nordiques. Ce trouble atteignit son paroxysme après la mort de Rimbert, et alla si loin que l’archevêque de Cologne, sous prétexte que le siège de Hambourg avait été éteint, put renouveler ses prétentions sur Brême.
D’après J.-C. 665 La domination byzantine en Afrique du Nord ( 76, 3) fut pour un temps rétrécie et finalement complètement renversée par les Sarrasins d’Égypte, auxquels se joignirent les Berbères ou Maures convertis à l’Islam. En apr. J.-C. En 711, appelés par un rebelle, ils renversèrent également le pouvoir wisigoth en Espagne (76, 2). En moins de cinq ans, toute la péninsule, jusqu’aux limites montagneuses du nord, était aux mains des Maures. Puis ils jetèrent un regard de convoitise sur les plaines fertiles au-delà des Pyrénées, mais Charles Martel les repoussa avec une perte effroyable dans la sanglante bataille de Poitiers en J.-C. Débloquer le niveau 732. Les Francs furent en cela les sauveurs de l’Europe et de la chrétienté. En apr. J.-C. En 750, la dynastie des Ommaïades à Damas, dont la seigneurie embrassait aussi les Maures, fut déplacée par les Abbassideens, mais un rejeton de la famille déplacée, Abderrhaman Ier, apparut en Espagne et y fonda un califat indépendant à Cordoue en J.-C. 756, qui s’éleva bientôt à une splendeur sans exemple. C’est aussi en Sicile que le pouvoir musulman obtint une entrée et s’efforça de s’y maintenir par des incursions constantes dans les cours d’Italie et de Provence. L’expulsion des Maures d’Espagne et de Sicile fut d’abord complètement accomplie au cours de la période suivante (95).
81.1. L’Islam en Espagne. — Les chrétiens espagnols sous la domination d’Ommaïade étaient appelés Mozarabes, Arabi Mustaraba, c’est-à-dire Arabes arabisés, par opposition aux Arabes proprement dits ou Arabi Araba. Dans de nombreux endroits, ils étaient soumis à des restrictions moins sévères que les chrétiens orientaux sous la domination sarrasine. Beaucoup de jeunes chrétiens issus des meilleures familles fréquentèrent les écoles mauresques florissantes, se mirent avec enthousiasme à l’étude de la langue et de la littérature arabes, se mirent avec empressement au service de la cour et du gouvernement, etc. Mais en opposition à un tel abandon de la conscience chrétienne et nationale, il s’est développé l’extrême opposé du rigorisme extravagant dans le courage confessionnel envahissant et la dénonciation injustifiée du prophète. Le fanatisme chrétien a réveillé le fanatisme musulman, qui s’est déversé dans une persécution sanglante des chrétiens en J.-C. 850 à 859. Le premier martyr fut le moine Perfectus. Lorsqu’on lui avait demandé son opinion sur Mahomet, il l’avait traité de faux prophète et avait été exécuté. Le khalife de cette époque, Abderrhaman II, n’était pas un fanatique. Il voulut arrêter à sa source le zèle extravagant des chrétiens, et fit publier par le métropolite Recafrid de Séville une interdiction ecclésiastique de tout blasphème contre le prophète. Mais cette loi ne fit qu’accroître le fanatisme des rigoristes, à la tête desquels se trouvaient le prêtre, plus tard archevêque, Euloge de Cordoue et son ami Paulus Alvarus (90, 6). Euloge lui-même, qui cachait à ses parents une jeune fille maure convertie, et fut pour cette raison décapité avec elle en J.-C. 859, fut la dernière victime de la persécution. — La domination des Arabes en Espagne, cependant, était menacée de deux côtés. Quand le gouvernement de Roderick ( 76, 2) était tombé sous les armes des Sarrasins en J.-C. En 711, Pelayo, un de ses parents, avec un petit groupe de disciples héroïques, maintint l’indépendance nationale chrétienne dans les montagnes inaccessibles des Asturies, et son gendre Alphonse le Catholique dans les montagnes Cantabriques du golfe de Gascogne. Par la suite, Alphonse unifia les deux partis, conquit la Galice et les montagnes castillanes, érigeant de tous côtés l’étendard de la croix. Ses successeurs, dans d’innombrables batailles contre les infidèles, agrandirent leur territoire jusqu’à ce qu’il atteigne le Douro. Parmi ceux-ci, Alphonse II, le Chaste, mort en A.D. 850, s’est particulièrement distingué par son courage héroïque et son patronage de l’érudition. Oviedo était sa capitale. À l’est aussi, la domination chrétienne fit de nouveau des progrès. 778 conquit le pays jusqu’à l’Èbre. Mais une rébellion des Saxons l’empêcha d’avancer, et les Basques flibustiers des Pyrénées massacrèrent ses plus nobles héros. Deux campagnes subséquentes en A.D. 800, 801, réduisit tout le pays jusqu’à l’Èbre, désormais appelé la Marche d’Espagne, sous la puissance des Francs.226
81.2. L’Islam en Sicile.—Un officier de l’armée byzantine s’enfuit en Afrique en A.D. 827 et revint avec 10 000 soldats sarrasins qui dévastèrent terriblement la Sicile. D’autres migrations suivirent et, en quelques années, toute la Sicile fut sous la domination des Arabes, qui firent de là des incursions dévastatrices annuelles sur les côtes italiennes, s’aventurant jusqu’aux portes mêmes de Rome. En apr. J.-C. En 880, ils s’établirent sur les bords du Garigliano, et soumirent toute l’Italie centrale à un tribut, jusqu’à ce qu’enfin en J.-C. 916 les efforts du pape Jean X réussirent à les chasser. Des pirates hispano-maures ont débarqué en A.D. En 889, sur les côtes de Provence, il assiégea la forteresse de Fraxinetum, et pilla de ce centre pendant cent ans les régions alpines et l’Italie septentrionale. Leur carrière de voleur dans le sud de l’Italie fut la plus sérieuse de toutes. Elle dura trois siècles et fut d’abord interrompue par l’invasion normande. — Suite, 95, 1.
La christianisation du monde allemand s’est accomplie en grande partie sans l’aide de Rome. C’est pourquoi les Églises allemandes, même celles qui étaient catholiques, se préoccupèrent peu d’abord de la chaire pontificale. L’Église wisigothe d’Espagne en était la plus complètement éloignée. L’invasion sarrasine de J.-C. 711 coupa toute possibilité de relations avec Rome. Même les États chrétiens libres d’Espagne jusqu’au XIe siècle n’avaient aucun lien avec Rome. Les Églises franques, elles aussi, en Gaule comme en Austrasie, ont prospéré et se sont déchaînées dans leur indépendance pendant l’époque mérovingienne. D’autre part, la relation de l’Église anglaise avec Rome était et continuait d’être très intime. De nombreux pèlerinages d’Anglo-Saxons de rang supérieur et inférieur ont été entrepris sur la tombe du chef des apôtres, et ont accru la dépendance de la nation à l’égard de la chaire de saint Pierre. Pour le soutien de ces pèlerins et en tant qu’école de formation pour le clergé anglais, la Schola Saxonica a été fondée au VIIIe siècle, et pour son entretien et celui des lieux saints de la ville, le jour de la Saint-Pierre, le 29 juin, a été collecté le soi-disant pence de Pierre, un penny pour chaque maison. De là naquit un impôt permanent sur tout le peuple anglais pour la chaire papale, qui devint au XIIIe siècle un impôt en argent sur les rois d’Angleterre qu’Henri VIII. a été le premier à répudier en J.-C. Année 1532. Le mérite revient aux Anglo-Saxons et surtout à Boniface non seulement d’avoir livré les riches gerbes de leur récolte missionnaire dans les greniers de Rome, mais aussi d’avoir organisé les églises des territoires francs selon la méthode romaine et de les avoir rendues obéissantes au siège romain. Depuis lors, il y a eu des relations si régulières entre le pape et les souverains carolingiens qu’elles ont absorbé presque entièrement toute l’activité diplomatique de la curie romaine.
82.1. L’époque de la fondation des États de l’Église. — Des legs et des présents de l’antiquité, la chaire romaine succéda à une immense propriété foncière, le Patrimonium S. Petri, qui lui fournissait le moyen d’apaiser considérablement la détresse des habitants de l’Italie pendant les troubles des migrations des peuples. Il n’y avait donc naturellement aucun mot sur l’exercice des droits souverains. À partir de l’époque de la restauration de l’exarchat byzantin en J.-C. 567 ( 76 et 7) L’importance politique du pape s’accrut immensément ; son existence dépendait souvent de la bonne volonté du pape, pour qui, en général, l’idée de devenir le patriarche de la cour d’un empereur romain lombard n’était pas séduisante. Mais le pape ne put empêcher la puissance lombarde (76, 8) de gagner du terrain dans le nord comme dans le sud de la péninsule. Un accroissement important de l’influence, du pouvoir et du prestige a été apporté à la chaire papale sous Grégoire II , après J.-C. 715-731, à travers les rébellions dans le nord et le centre de l’Italie provoquées par les querelles iconoclastes byzantines. Rome fut ainsi élevée à une sorte de suzeraineté politique non seulement sur le duché romain, mais aussi sur le reste de l’exarchat dans le nord – Ravenne et les villes voisines avec Venise (66, 1). Grégoire III, A.D. 731-741, durement pressé par Luitprand le Lombard, trois fois (A.D. 739, 740) demanda de l’aide au franc-Charles-Martel, qui, lié d’amitié avec Luitprand, son allié contre les Sarrasins, envoya quelques clercs en Italie pour obtenir un arrangement pacifique. Le successeur de Grégoire, Zacharie, A.D. 741-752, sanctionna par son jugement apostolique l’annulation du faux roi mérovingien Childéric III, sur quoi Pépin le Bref, en apr. J.-C. 752, prit le titre royal avec le pouvoir royal qu’il possédait depuis longtemps. Le pape élu suivant, appelé Étienne, mourut avant la consécration, par conséquent son successeur du même nom est généralement désigné sous le nom d’Étienne II. 752 à 757. L’Aistulf lombard avait en J.-C. 751 conquit Ravenne et les villes qui lui sont liées. Pape Étienne II. Il demanda de nouveau de l’aide au roi franc et appuya sa requête en lui envoyant une lettre autographe de l’apôtre Pierre, dans laquelle il exhortait le roi des Francs, comme son fils adoptif, au péril de toutes les peines de l’enfer, à sauver Rome et l’Église romaine. Lui-même, à l’invitation de Pépin, se rendit en France. À Ponthion, où, en A.D. En 754, le roi le salua, Pépin promit au pape de restituer à Rome ses anciennes possessions et de la protéger contre de nouvelles incursions des Lombards, tandis que le pape donnait au roi et à ses deux fils Charles et Carloman l’onction royale dans l’église Saint-Denys ou Denis à Paris. À Quiersy, Pépin tint conseil avec ses fils et les nobles de son royaume sur l’accomplissement de sa promesse, engagea le roi lombard par serment l’année suivante, après une campagne victorieuse pour rendre les villes, les propriétés et les privilèges réclamés par le pape, et les céda en Jésus-Christ. 755 en cadeau à saint Pierre en tant que leur poÀ partir de ce moment-là, il n’y a pas d’autre moyen d’empêcher que les gens ne le Mais à peine s’était-il retiré avec son armée, qu’Aistulf, non seulement refusa toute capitulation, mais fit irruption de nouveau sur le territoire romain, pillant et dévastant de toutes parts. Cependant, lors d’une seconde campagne, en A.D. En 756, Pépin l’obligea à livrer les villes requises dans les provinces de Rome et de Ravenne, dont il déposa la clef avec un acte de donation, aujourd’hui disparu, sur la tombe de saint Pierre, tandis que le pape, transférant à Pépin le titre honorifique d’exarque de Ravenne, le décorait des insignes d’un patricien romain. Lorsque les envoyés byzantins réclamèrent Ravenne comme leur propriété, Pépin répondit que les Francs n’avaient pas versé leur sang pour les Grecs, mais pour saint Pierre. La mort d’Aistulf suivit peu de temps après, et au milieu des luttes pour la succession au trône, l’un des candidats, le duc Desiderius de Toscane, rechercha l’appui puissant du pape et lui promit en retour la reddition des villes de la province orientale de Ravenne qui lui étaient encore livrées. resta entre les mains des Lombards. Le pape obtint le consentement de Pépin à cette transaction, et Desiderius fut fait roi. Mais ni Étienne ni son successeur Paul Ier, apr. J.-C. 757-767, pouvait l’amener à remplir complètement sa promesse, et de nouveaux empiétements sur les Lombards ainsi que de nouvelles prétentions du pape intensifièrent le mauvais sentiment entre eux, que la conciliation de Pépin, qui mourut en A.D. 768 n’avait en aucun cas surmonté.227
82.2. Après la mort de Paul Ier, les nobles imposèrent aux Romains un pape de leur propre ordre sous le nom de Constantin II. Un autre groupe, avec l’aide de Longombards, nomma un prêtre, Philippe. Le premier se maintint pendant treize mois, mais fut ensuite renversé par un parti clérical et, les yeux crevés, fut jeté à la rue. Ils s’unirent alors dans le choix d’Étienne III, après J.-C. 768-772. — Desiderius désirait beaucoup nouer un mariage avec la cour franque, et trouva une amie zélée dans Bertrada, veuve de Pépin. Quand Étienne l’apprit, sa colère fut sans bornes, et il l’exprima sans bornes dans une lettre qu’il envoya à ses fils Charlemagne et Carloman. Se référant au fait que le diable avait déjà dans le Paradis, par la persuasion d’une femme, renversé le premier homme et avec lui toute la race, il qualifia ce plan de propria diabolica immissio, déclara que toute idée d’un lien par mariage de l’illustre famille régnante des Francs avec la fœtentissima Longobardorum gens, d’où procèdent toutes les infections infâmes, n’était rien de moins que de la folie, etc. Ce n’était pas la paix et l’amitié, mais seulement la guerre et l’inimitié avec ce voleur du patrimoine de Pierre qui deviendraient chez les pieux rois des Francs. Il déposa son exhortation sur la tombe de Pierre et y célébra une messe. Quiconque se met à agir contrairement à elle, l’anathème tombera sur lui, et avec le diable et tous les impies, il brûlera dans des flammes éternelles ; mais quiconque lui obéit, participera au salut et à la gloire éternels. Cependant Charles épousa Desiderata, fille de Desiderius, et Gisela, sœur de Charles, épousa le fils de Desiderius. Mais avant qu’un an ne se soit écoulé, en J.-C. En 771, il se lassa de la femme lombarde et la renvoya chez elle. Peu de temps après, Carloman mourut. Charles s’empara de l’héritage de ses jeunes neveux, qui, avec leur mère, trouvèrent refuge chez Desiderius. Quand Hadrien Ier, apr. J.-C. De 772 à 795, refusant de donner l’onction royale aux fils de Carloman, Desiderius lui enleva une grande partie des États de l’Église et menaça Rome. Mais Charles s’empressa de lui venir en aide à l’appel du pape, conquit Pavie, enferma le roi Desiderius dans le monastère de Corbei et rattacha la Lombardie à l’empire franc. Plus d’informations sur ce qui s’est passé entre lui et Hadrien à Rome en J.-C. 774 ne peut être obtenu que de la Vita Hadriani ( 90, 6) écrit sous le règne de Louis de France. Sur la tombe de Pierre, le pape l’exhorta instamment à accomplir enfin complètement la promesse que son père Pépin Ier. avec son propre consentement et celui des nobles francs donné au pape Étienne II. à Quiersy en A.D. Débloquer le niveau 754. Charles, après avoir relu le document auquel il est fait référence, accepta tout ce qui y était promis, et produisit un nouvel acte de donation dans le style (ad instar) de l’ancien, s’engageant à transférer à l’Église romaine une possession territoriale qui, avec la prétendue promesse de Pépin décrite avec précision géographique, embrassait presque toute l’Italie, à l’exception de la Lombardie, mais comprenant la Corse. Venise et l’Istrie. Il est aujourd’hui tout à fait inconcevable que Charles, et encore moins Pépin, ait donné au pape une telle terreurD’un autre côté, il n’y a pas d’autre moyen d’y parvenir . 754, et Charles, pendant au moins les trois quarts, ont dû d’abord vaincre eux-mêmes. De plus, ce récit de l’affaire est directement contredit par la déclaration de tous les témoins du temps de Pépin. Du côté des Francs, le continuateur du chroniqueur Fredégar, du côté des Romains, le biographe d’Étienne II. dans le Liber pontificalis et ce pape lui-même, dans ses lettres à Pépin, parlent tous des négociations entre le roi et le pape comme se référant simplement à Rome et à Ravenne. Et puisque toutes les tentatives de concilier ces contradictions par des procédés exégétiques ont échoué, nous ne pouvons que considérer cela comme une fiction destinée à mettre sur le plan territorial ambitieux de Louis de France Rome. Charlemagne n’a fait que confirmer et renouveler les dons de son père, comme Hadrien lui-même le dit distinctement : Amplius (= plus loin, c’est-à-dire pour le temps à venir) confirmavit. — D’ailleurs Pépin, et plus encore Charlemagne, n’aurait guère accordé au saint-père par son don une souveraineté absolue sur les États de l’Église ainsi fondés. En conférant le patriciat aux deux princes francs, le pape lui-même reconnaissait que leur appartenait désormais la suzeraineté que l’empereur byzantin avait exercée jadis par son vice-roi, l’exarque de Ravenne. Une définition plus exacte de ces droits, cependant, a peut-être été donnée pour la première fois lorsque Charles a été couronné empereur, son autorité impériale s’étendant sans aucun doute sur les États pontificaux. Le pape, en tant que prince temporel, était son vassal et devait lui-même, comme tous les citoyens de Rome, prêter serment d’allégeance à l’empereur. L’autorité judiciaire et la nomination des fonctionnaires lui appartenaient ; mais ils étaient surveillés et contrôlés par les ambassadeurs francs, Missi dominici, qui entendaient les appels et les plaintes de toutes sortes et étaient autorisés à rendre un jugement définitif.
82.3. Charlemagne et Léon III. — À Hadrien Ier succéda Léon III, après J.-C. 795 à 816. Au cours d’une procession solennelle en A.D. 799 Il fut attaqué à mort par les neveux de son prédécesseur et sévèrement battu. Certains des passants ont déclaré qu’ils avaient vu les bandits lui arracher la langue et les yeux. La légende attestée par le pape lui-même a été ajoutée que Pierre, par un miracle, l’a restauré tous les deux la nuit suivante. Léon, quant à lui, échappa à ses bourreaux et s’enfuit à Charlemagne. Ses adversaires l’accusèrent devant le roi de parjure et d’adultère, et l’audition des témoins paraît avoir confirmé les graves accusations, car Alcuin s’empressa de brûler le rapport qu’on lui avait remis à ce sujet. Mais le pape fut honorablement libéré et reprit la chaire de Pierre sous la protection d’une garde franque. L’année suivante, Charles traversa les Alpes avec son armée pour une campagne contre Bénévent. Il convoqua un synode à Rome ; mais les évêques soutenaient que le pape, chef de tous, ne peut être jugé de personne ; Pourtant, le pape avec douze parrains a prêté serment de purgation et a prié pour ses accusateurs. Lors de la fête de Noël, Charles se rendit à l’église Saint-Pierre. À la fin de la messe, le pape, sous les applaudissements du peuple, plaça sur sa tête une belle couronne d’or (A.D. 800). On demande au monde de croire qu’il l’a fait par l’impulsion immédiate d’une inspiration divine ; mais c’était le résultat de négociations de plusieurs années et de l’accomplissement d’une promesse par laquelle le pape avait acheté la protection du roi contre ses ennemis. À l’idée du pouvoir impérial, Charlemagne a lié l’idée d’une monarchie universelle chrétienne théocratique dans le sens de la prophétie de Daniel. Les Grecs s’étaient montrés indignes de cette position et Dieu l’avait donc transférée au roi des Francs. En tant qu’empereur, Charles est à la tête de toute la chrétienté et n’a que Dieu et sa loi sur lui. Il est le fils le plus obéissant, le serviteur le plus dévoué de l’Église, en tant qu’elle est le véhicule et le dispensateur du salut ; mais il en est le seigneur suprême et le souverain dans la mesure où il en a besoin pour adopter des formes terrestres et un gouvernement terrestre. L’Église et l’État sont deux domaines distincts qui, cependant, se limitent et se conditionnent l’un l’autre. Ils ont leur tête unificatrice dans la personne de l’empereur. C’est pourquoi, de toutes parts, la législation de Charles entre dans le domaine de l’Église, en ce qui concerne sa constitution, son culte et sa doctrine. Sur ces questions, il consulte les évêques et les synodes, mais il confirme, élargit et modifie leurs décisions selon sa propre façon de penser, parce qu’il en est personnellement responsable devant Dieu. Dans le pape, il honore le successeur de Pierre et le chef spirituel de l’Église ; Mais, parce que l’empereur se tient au-dessus de l’Église et de l’État, il est aussi le souverain du pape. Le pape qui lui a donné la consécration impériale ne l’a pas fait par un pouvoir immanent à la papauté, mais par une impulsion et une autorité divines spéciales. C’est pourquoi le couronnement de l’empereur ne doit être reçu qu’une fois de la main du pape. Ce rang est désormais héréditaire dans la maison de Charles, et seul l’empereur peut engendrer et nommer le nouvel empereur. L’unité de l’empire doit être maintenue en toutes circonstances, et par conséquent, contrairement à la coutume franque de partager l’héritage, les fils cadets ne doivent recevoir que le rang subordonné de princes régnants.228
82.4. Louis le Pieux et les papes de son temps. — Le fils faible de Charlemagne, Louis le Pieux, A.D. 814-840, n’était pas en mesure d’exécuter l’œuvre que son père avait commencée. Mais si pieux que fût Louis, il était cependant aussi peu enclin que son successeur immédiat à renoncer à la suzeraineté impériale sur la ville et la chaire de Saint-Pierre. Les papes étaient très expressément tenus, avant de recevoir la consécration papale, d’obtenir la confirmation impériale de leur élection. Le successeur de Léon, Étienne IV, apr. J.-C. 816-817, semble en effet s’y être soustrait, mais il laissa encore les Romains prêter serment de fidélité à l’empereur, et se soumit sans qu’on le lui demandât de faire un voyage à travers les Alpes afin de surmonter l’anomalie d’un empereur sans la consécration de la main de Pierre. Un accord a été conclu à cette occasion, A.D. 816, entre l’empereur et le pape n’a pas été conservée. Quelques jours après son retour, le pape mourut. Le nouveau venu Paschalis I ., A.D. De 817 à 824, il monta également sur le siège pontifical sans confirmation impériale, mais s’excusa par une ambassade au motif qu’il avait été obligé d’agir de la sorte contre son gré, et pria pour la continuation de l’accord conclu avec son prédécesseur, auquel l’empereur consentit. En effet, selon un diplôme de l’A.D. En 817, qui n’existe que dans une transcription portant le nom de Louis, le roi devait conférer à la chaire pontificale, outre ce que Pépin et Charlemagne avaient donné, la Corse, la Sardaigne et la Sicile, et de nombreux domaines en Calabre et à Naples. Il y avait aussi un engagement selon lequel ce n’est qu’après avoir été consacré qu’un pape nouvellement élu échangerait des salutations amicales avec l’empereur. Toutes les copies de ce document remontent à une collection de concessions impériales à l’église romaine du XIe siècle. À la base, il y avait probablement un document authentique, mais il a été diversement modifié dans l’intérêt du parti de la haute église. — Quelques années plus tard, après qu’il eut attiré en France et aveuglé son neveu illégitime Bernard, qui, en tant que prince régnant en Italie, s’était rebellé contre la loi de succession votée en Jésus-Christ. En 817, Louis envoya son fils Lothaire en Italie pour y calmer les tumultes, et le pape profita de cette occasion pour couronner le prince déjà couronné par son père comme co-empereur. Mais à peine Lothaire avait-il franchi les Alpes, que deux des partisans francs les plus distingués et les plus zélés se trouvaient dans l’apr. J.-C. 823 aveuglé et décapité dans le palais pontifical. Devant la commission impériale, le pape prêta un serment de purgation, auquel 34 évêques et 5 prêtres se joignirent à lui pour jurer, mais refusèrent catégoriquement de livrer l’auteur de l’acte. Le pape étant mort peu de temps après, Lothaire fut envoyé une seconde fois à Rome, afin d’imposer une fois pour toutes à son successeur Eugène II. 824-827, l’observation des droits impériaux. Le résultat de leur conférence fut ce qu’on appela la Constitutio Romano, par laquelle l’élection du pape (46, 11) fut prise au peuple et donnée au clergé et aux nobles, mais la consécration dépendait de la confirmation de l’empereur et d’un serment d’hommage du pape nouvellement élu (A.D. 824). Néanmoins, son successeur ValentinIl a été élu et consacré sans aucune référence à la Constitution. Il mourut cependant au bout de six mois, et le parti franc se présenta avec tant d’énergie que le nouveau pape Grégoire IV. 827-844, était obligé de se soumettre dans tous les détails aux exigences de la loi. Mais peu de temps après, des troubles politiques surgirent dans le royaume franc, qui ne pouvaient manquer de contribuer aux efforts de la papauté après l’émancipation. De sa faible préférence pour son fils cadet, Charles le Chauve, né d’un second mariage, Louis fut conduit en A.D. 829 pour annuler la loi de succession qu’il avait lui-même promulguée en A.D. Débloquer le niveau 817. Les fils ainsi déshérités se révoltèrent avec l’aide des prélats francs les plus distingués, à la tête desquels se trouvait Wala, abbé de la Vieille Corbie, cousin de Charlemagne, et les évêques Agobard de Lyon, Ebo de Reims, etc., comme partisans de l’unité de l’empire. De même, le pape Grégoire IV, dont les prédécesseurs avaient sanctionné la loi de succession aujourd’hui annulée, fut gagné et emmené de l’autre côté des Alpes par Lothaire pour fortifier sa cause par le poids de son autorité apostolique. Le pape menaça de l’interdiction les évêques qui restaient fidèles au vieil empereur et avaient obéi à sa sommation d’assister à la diète. Mais ils répondirent au pape qu’il n’avait aucune autorité dans l’empire des Francs, et que s’il ne repassait pas tranquillement les Alpes, ils l’excommunieraient. Il était enclin à céder, mais les conseils de Wala l’en empêchèrent. Il répondit aux évêques avec sérieux et modération, et, dans un dernier effort de conciliation, il se rendit lui-même au camp de l’empereur, mais ne put rien faire. Mais le lendemain matin, Louis n’avait plus d’armée ; Pendant la nuit, la plupart de ses soldats étaient passés dans le camp de son ennemi. L’empereur dut alors se rendre prisonnier à son fils Lothaire, alors à la diète de Compiègne en A.D. 833, de faire une humble pénitence à l’église et de démissionner du gouvernement. Son fils pénitent, Louis le Germanique, le libéra en Jésus-Christ. Débloquer le niveau 834. Un jugement sévère fut alors porté sur les prélats confédérés du Diedenhosen en A.D. Débloquer le niveau 835. Mais les frères continuèrent constamment à se faire la guerre, et Louis le Pieux ne vécut pas assez longtemps pour en voir la fin.
82.5. Les fils de Louis le Pieux et les papes de leur temps. — Le traité de Verdun, A.D. En 843, mit fin à la guerre acharnée entre les fils de Louis le Pieux, et fit de l’empire d’Occident trois groupes d’États indépendants sous Lothaire, Louis le Germanique et Charles le Chauve. Lothaire Ier, qui obtint le titre d’empereur avec l’Italie et une bande de terre entre la Neustrie et l’Austrasie, mourut en J.-C. Débloquer le niveau 855. De ses fils, Louis II. hérita de l’Italie avec le titre d’empereur, Lothaire II. la province donna son nom à la Lotharingie, à la Lotharii regnum, et à Charles la Bourgogne et la Provence. Lothaire et Charles moururent en apr. J.-C. 869 Peu de temps après l’un et l’autre sans héritiers, et avant que l’empereur Louis II pût mettre la main sur leurs territoires, ils furent saisis par l’oncle. Par le traité de Mersen, A.D. En 870, Charles prit la partie romane, et Louis le Germanique prit la partie allemande. C’est ainsi que fut achevée la partition de l’empire carolingien en trois parties distinctes comme des groupes homogènes d’États par la langue et la nationalité : l’Allemagne, la France et l’Italie. avait survécu au renversement de la monarchie universelle de Charlemagne. Son successeur, Serge II, apr. J.-C. 844-847, n’a pas respecté les obligations qui lui incombaient par la Constitutio Romana. Mais Lothaire Ier. n’était pas disposé à laisser passer cet affront à son autorité impériale. Son fils Louis fut envoyé en Italie avec une puissante armée, et obligea le pape et les Romains à prêter serment de fidélité à son père avec la promesse de ne plus consacrer un pape avant d’avoir obtenu le consentement de l’empereur. Mais le pape suivant, Léon IV, apr. J.-C. De 847 à 855, il fut également consacré sans elle, mais il s’excusa des circonstances de l’époque, de la pression des Sarrasins, tout en faisant d’humbles professions d’obéissance très dévouée. Son successeur Benoît III, A.D. 855-858, ne considérait pas le consentement impérial comme nécessaire, et l’antipape mis en place par le parti français ne pouvait pas maintenir sa position.
82.6. La légende de la femme papesse Jeanne.―Entre Léon IV. et Benoît III. est insérée une vieille légende du pontificat d’une femme, la soi-disant femme pape, Jeanne : Une jeune fille de Mayence se rendit à Athènes en habit d’homme avec son amant, y obtint une grande érudition, puis apparut à Rome sous le nom de Joannes Anglicus, fut élue pape, mais étant tombée enceinte d’un de ses chambellans, fut prise des douleurs de l’enfantement au milieu d’une procession solennelle et mourut peu de temps après, ayant été pape sous le nom de Jean VIII. pendant deux ans, cinq mois et quatre jours. Cette histoire a été largement créditée du XIIIe au XVIIe siècle, mais son manque de fondement historique est prouvé par les faits suivants :
L’origine et le développement progressif de la légende, vers le milieu du XIIe siècle et certainement à Rome, peuvent être expliqués plus simplement avec Döllinger à partir d’une combinaison des données suivantes.
82.7. Nicolas Ier et Hadrien II. — Le successeur de Benoît III, Nicolas Ier, A.D. 858-867, fut choisi avec l’accord personnel de l’empereur Louis II. alors à Rome. Ce pape fut sans aucun doute le plus grand de tous les papes de Grégoire Ier. et Grégoire VII. C’était un homme d’une détermination inflexible, d’une perspicacité claire et d’une intelligence subtile, qui, favorisé par le mouvement politique de l’époque, soutenu par l’opinion publique qui le considérait comme un second Élie, et finalement soutenu dans ses efforts après la suprématie papale par le recueil isidorien de décrétales qui vient d’être présenté (87, 2), pourrait donner du prestige et de la gloire à la lutte pour la loi, la vérité et la discipline. Parmi les nombreuses batailles de sa vie, aucune ne lui apporta plus de crédit et de renommée que celle de Lothaire II. de Lothringe. Pour épouser sa maîtresse Waldrade, Lothaire accusa sa femme Thielberga d’avoir commis l’inceste avant son mariage avec son frère, l’abbé Hucbert, et d’avoir obtenu l’avortement pour cacher sa méchanceté. Devant un tribunal civil, elle était en A.D. 858 acquittée en se soumettant à une épreuve divine, l’épreuve du chaudron bouillant qu’un serviteur entreprit pour elle. Mais Lothaire la traita si mal qu’à la fin, pour se débarrasser de ses bourreaux, elle s’avoua coupable du crime qui lui était reproché devant un synode à Aix-la-Chapelle en l’an de suite. 859 assista à la réunion des deux métropolites de Lothringe, Günther de Cologne et Thietgaut de Trèves, et exprima le souhait qu’elle expie ses péchés dans un cloître. Mais bientôt elle regretta cette démarche et s’enfuit auprès de Charles le Chauve en Neustrie. Un deuxième synode à Aix-la-Chapelle en A.D. En 860, le mariage avec Thielberga est déclaré nul, et Lothaire épouse officiellement Waldrade. Entre-temps, le métropolite de Neustrie, Hincmar de Reims, avait publié un avis sur le droit civil et ecclésiastique (De divortio Lotharii) tout à fait favorable à la reine maltraitée, et elle-même avait renvoyé l’affaire au pape. Nicolas envoya deux évêques italiens, dont l’un était Rhodoald de Porto (67, 1), à Lothringia pour enquêter sur l’affaire. Ceux-ci ont accepté des pots-de-vin et ont décidé au synode de Metz en J.-C. 863 en faveur du roi. Mais Nicolas annula les décisions du concile, excommunia ses légats et déposa les deux métropolites de Lothringe qui s’étaient vainement fiés à la toute-puissance de l’or de Lothringe à Rome. Assoiffés de vengeance, ils excitèrent l’empereur Louis II, frère de Lothaire, contre le pape. Il assiégea Rome, mais parvint à un accord avec le pape grâce à la médiation de sa femme. Lothaire, détesté de ses sujets, menacé de guerre par ses oncles Louis de Germanie et Charles le Chauve comme champions de Thielberga sans enfants, se repentit et supplia le pape de lui accorder grâce et protection contre les desseins ambitieux de ses oncles. Nicolas envoya alors un légat, Arsène, à travers les Alpes, qui, agissant comme plénipotentiaire dans les trois royaumes, obligea Lothaire à reprendre Thielberga et à chasser Waldrade. Mais elle se jeta sur lui, et Lothaire oublia bientôt dans ses bras la promesse qu’il avait faite. En même temps, il se réconcilia avec ses oncles, dont le zèle s’était un peu refroidi en présence de la conduite seigneuriale du légat pontifical. Thielberga demanda elle-même le divorce d’avec le pape. Mais Nicolas continua fermement àS’il n’y a pas d’autre moyen d’y parvenir, il n’y a Son successeur Hadrien II, apr. J.-C. 867-872, vieillard de soixante-quinze ans, ne put que peu à peu s’émanciper du parti impérial qui l’avait élu et pris sous sa protection. Il reçut de nouveau les deux métropolites excommuniés, sans toutefois les rétablir dans leurs fonctions, libéra Waldrade de la discipline ecclésiastique et remit toujours à plus tard la demande réitérée de divorce de Thielberga. Lothaire se rendit alors lui-même à Rome, fit le serment solennel qu’il n’avait pas eu de relations charnelles avec Waldrade depuis le rétablissement de sa femme, et reçut le sacrement de la main du pape. Plein de l’espoir qu’il réussirait dans son dessein, il se mit en route pour rentrer chez lui, mais mourut à Plaisance d’une violente fièvre en J.-C. Débloquer le niveau 869. Une fois morts, les oncles se jetèrent sur le royaume. Hadrien usa de toute son influence en faveur de l’empereur, héritier légitime, et menaça ses adversaires d’excommunication. Mais Hincmar de Reims rédigea un document d’État par ordre de son roi, dans lequel il disait au pape que l’opinion de la France était qu’il ne devait pas se mêler de choses dont il ne savait rien. Le pape fut obligé de laisser passer cette insulte sans se venger. Dans une dispute de son cru, Hincmar réussit à donner au pape une seconde rebuffade (83, 2).230
82.8. Jean VIII et ses successeurs.— Son successeur Jean VIII, A.D. 872-882, réussit mieux qu’Hadrien à amener le roi carolingien à s’agenouiller sur son marchepied. Dans l’art de l’intrigue et dans la perfidie, l’hypocrisie et l’iniquité qu’il exigeait, il était cependant de beaucoup supérieur. Il réussit presque complètement à libérer le siège pontifical de l’autorité impériale. Mais il ne l’a fait que pour en faire un jeu des intérêts les plus fous du parti autour de son propre foyer. C’est principalement à lui qu’il faut attribuer l’insondable dégradation et l’avilissement de la papauté au cours du Xe siècle. Lorsque l’empereur Louis II. mort en A.D. En 875, Louis le Germanique, en tant qu’aîné et propre frère de son père, aurait dû être son héritier. Mais le pape voulait montrer au monde que la faveur papale pouvait faire don de la couronne impériale à qui bon lui semblait. Acceptant son invitation, Charles le Chauve est apparu à Rome et a été couronné par le pape le jour de Noël après J.-C. Débloquer le niveau 875. Mais il dut payer cher la faveur papale, en renonçant formellement à toute prétention aux droits de supérieur sur les États de l’Église, en permettant à l’avenir la liberté absolue dans l’élection des papes, et en acceptant un représentant papal et un primat clérical pour toute la France et l’Allemagne. Mais il n’en fut pas tout à fait satisfait, et le pape obligea le nouvel empereur à se soumettre à un acte formel d’élection par les Lombards de Pavie, et, afin de s’assurer l’approbation de ses propres nobles, il consentit même à leur donner le droit d’élection. Le clergé neustrien, cependant, avec Hincmar à sa tête, offrit une résistance vigoureuse et, lors du premier synode à Pontion en J.-C. 876 Il y eut de violentes altercations. Ce compromis honteux ne satisfaisait ni le pape ni l’empereur. À Rome, une faction de parti sauvage gagna du terrain contre le pape, et les Sarrasins s’enfoncèrent de plus en plus loin en Italie. De l’empereur, qui ne savait pas comment arrêter les avances des Normands dans son propre pays, on ne pouvait s’attendre à aucun secours. Cependant il fit des préparatifs précipités, acheta aux Normands une paix déshonorante et traversa les Alpes. Mais de nouveaux ennuis à la maison le rappelèrent impérieusement, et au pied du mont Cenis en J.-C. En 877, il mourut dans une misérable hutte empoisonnée administrée par son médecin, un Juif. Le pape se trouva dans une situation encore plus difficile et aggrava sa position par de nouvelles intrigues. De même, ses négociations avec Byzance en apr. J.-C. 879 l’entraîna dans des ennuis encore plus graves ( 67, 1). Il mourut en apr. J.-C. 882, apparemment de la main d’un assassin. Un an avant sa mort, Charles le Gros, le plus jeune fils de Louis le Germanique, avait été couronné empereur, et lui, le moins capable de toute la lignée carolingienne, par le choix des nobles de Neustrie, réunit une fois de plus tout l’empire franc sous son faible sceptre. Marinus, successeur de Jean VIII, mourut après un pontificat d’un an. Il en fut de même pour Hadrien III. Et maintenant, les Romains, sans faire aucune attention à la colère impuissante de l’empereur, élurent et consacrèrent Étienne V, A.D. 885-891, comme leur pape. En apr. J.-C. En 857, les nobles allemands mirent enfin fin à l’ignoble règne du gros Charles en adoptant une loi de déposition formelle. Ils choisirent à sa place Arnulf de Carinthie, fils naturel de Carloman, frère de Charles. Pape Formose, A.D. 891-896, l’appela à son aide en A.D. 894, et le couronna empereur. Mais il ne put tenir bon en Italie et l’empereur de l’opposition Lambert, un Lombard, avait la possession du terrain. Formose mourut peu de temps après le retrait d’Arnulf. Boniface VI, qui mourut au bout de quinze jours, eut pour successeur Étienne VI. en apr. J.-C. Débloquer le niveau 896. Cet homme, infecté par le fanatisme italien, fit tirer du tombeau le corps de Formose, qui avait favorisé les Germains, le maltraita honteusement, puis le jeta dans le Tibre. Les trois papes suivants ne régnèrent que quelques semaines ou quelques mois, et furent soit assassinés, soit chassés. Jean IX, apr. J.-C. De 898 à 900, afin de pacifier le parti germanique, il honora de nouveau la mémoire de Formose. — Le règne d’Arnulf à la tête de l’empire, cependant, n’avait été qu’un vain rêve ; mais en Allemagne, pendant une période difficile, il mania le sceptre avec puissance et dignité. Lorsqu’il mourut en A.D. En 899, les nobles allemands élisent son fils de sept ans, Louis l’Enfant. Il mourut en apr. J.-C. 911, et avec lui s’éteignit la dynastie des Carolingiens en Allemagne. En France, cette lignée continua d’exister dans une impuissance pitoyable jusqu’à la mort de Louis V. en apr. J.-C. 987. — Suite, 96.
82.9. La papauté et les nationalités.231―À partir de à l’époque de Charlemagne, la politique des rois de France était d’établir des évêchés sur les frontières de leurs territoires pour christianiser les pays païens voisins, et assurer ainsi leur conquête, ou, si elle avait déjà été conquise, la confirmer. Les papes ne pouvaient qu’approuver et promouvoir la première partie de ce dessein, mais ils s’opposaient tout aussi résolument à la seconde. Il faut qu’il y ait une référence à la chaire de Pierre, afin que le pape puisse maintenir et préserver, en tant que chef de l’Église universelle, les droits des nationalités. Chaque pays gagné au christianisme devrait être reçu dans l’organisme de l’Église avec sa position nationale intacte, et ainsi, sous la paternité spirituelle du pape, il serait établi une famille chrétienne d’États, dont chaque membre occuperait une position d’égalité parfaite avec les autres. De cette façon, les intérêts de l’humanité et, en même temps, les intérêts égoïstes de la politique papale ont été garantis. Cette politique visait donc à émanciper le plus rapidement possible les Églises nationales nouvellement fondées de la suprématie du clergé allemand et à leur donner une organisation ecclésiastique nationale indépendante sous la direction d’évêques et d’archevêques qui leur sont propres.
La position de métropolite n’était pas considérée avec la même faveur dans l’Église allemande et dans l’État allemand. Au milieu de la variété des races, les métropolites représentaient l’unité de l’Église nationale, comme le pape l’avait fait pour celle de l’Église universelle, tandis qu’en même temps qu’ils étaient un état de l’empire, ils exerçaient une grande influence sur l’administration civile et la politique étrangère. Les princes régnants reconnaissaient dans l’unité de l’administration ecclésiastique du pays un appui et une sécurité pour l’unité politique et s’opposaient donc à la division de l’Église nationale en plusieurs métropolitains, ou, lorsque l’extension plus grande de l’empire exigeait plusieurs archevêchés, voulaient plutôt donner aux plus habiles d’entre eux le rang et l’autorité d’un primat. D’un autre côté, les papes s’efforçaient de donner à chacun des grands pays au moins deux ou trois métropolites, et d’empêcher autant que possible la nomination d’un primat de l’Église nationale ; car, dans l’unité de l’Église nationale, ils percevaient le danger qu’un tel prélat cédât tôt ou tard au désir de s’émanciper de Rome et de s’assurer la position d’un patriarche indépendant.
83.1. La position des métropolites en général. — En tant que représentant de l’unité des églises nationales, les intérêts des métropolites étaient liés à ceux des princes régnants. Ils étaient les partisans les plus vigoureux de leur politique, et recevaient généralement en retour l’appui chaleureux du prince. Cette coalition des métropolitains et du pouvoir civil, cependant, menaçait le clergé subordonné d’une servitude abjecte et le poussait à défendre les intérêts du pape. Sous la pression des circonstances, une vaste conspiration d’évêques et d’abbés se forma au cours des dernières années de Louis le Pieux pour émanciper le clergé et surtout l’épiscopat de la domination de l’État et des métropolites et les placer immédiatement sous la juridiction pontificale. Ils se fondèrent sur les décrétales isidoriennes comme montrant leurs droits dans les temps les plus reculés (87, 2). Leur entreprise rencontra en effet une forte opposition, mais les déclarations du Pseudo-Isidore avaient maintenant obtenu la validité du droit canonique.
83.2. Hincmar de Reims. — Parmi les prélats français, après la restauration de l’ordre des métropolites par Boniface, la première place fut occupée par l’occupant du siège épiscopal de Reims. Il atteignit le sommet de sa gloire sous Hincmar de Reims, après J.-C. 845-882, le plus habile de tous les chefs ecclésiastiques de France. Sa vie consiste en une série ininterrompue de batailles des plus diverses. Le premier combat dans lequel il s’engagea fut la controverse sur la prédestination de Gottschalk (91, 5). Mais sa force ne résidait pas dans la dogmatique, mais dans le gouvernement de l’Église. Et c’est là, métropolitain jusqu’au bout des ongles, qu’il a mené les batailles les plus glorieuses de sa vie et qu’il a affirmé, contre les présomptions des papes et les efforts d’émancipation des évêques, l’autonomie des princes régnants, la liberté et l’indépendance des églises nationales et la juridiction des métropolites. C’est de cette sorte qu’il se disputa avec l’évêque Rothad de Soissons. Hincmar l’avait déposé en apr. J.-C. 861 pour insubordination. Rothad en appela au pape Nicolas Ier. sur le terrain du Canon Sardare ( 46, 3), qui, cependant, n’avait jamais été accepté dans l’Empire franc. Il avait en même temps renvoyé le pape aux décrétales isidoriennes. Ainsi soutenu, Nicolas, après une lutte acharnée, fit réintégrer Rothad dans l’A.D. Débloquer le niveau 865. La défiance insolente de son propre neveu, Hincmar, évêque de Laon, entraîna l’archevêque dans un nouveau combat opiniâtre. Ici aussi, les décrétales isidoriennes ont joué un rôle important. Hadrien II. en apr. J.-C. 869 prit le parti du neveu, mais le métropolitain remporta la victoire, et le neveu, qui défiait le roi aussi bien que le métropolitain et qui de plus était entré en communication traîtresse avec la cour d’Allemagne, termina sa course en étant privé de ses yeux par le roi. Jusqu’à J.-C. 875 Hincmar était inflexiblement fidèle au roi comme un pilier de sa politique et de son trône. Mais lorsque Charles le Chauve, cette année-là, paya comme prix d’achat du trône impérial, non seulement l’autonomie de l’empire, mais aussi la liberté de l’Église française et les droits des métropolitains, il fut obligé de retourner ses armes contre lui. Hincmar mourut en apr. J.-C. 882 en fuite devant les Normands. Avec lui, la gloire de l’archevêché de France s’enfonça dans la tombe. Le parti pseudo-isidorien avait triomphé, les évêques s’étaient émancipés du gouvernement des princes de leur pays, mais au lieu de cela, ils étaient souvent soumis au caprice grossier des nobles séculiers.
83.3. Métropolites dans d’autres pays. — Les princes anglais, dans l’intérêt de l’unité politique de l’Heptarchie, résistèrent longtemps aux efforts des papes pour placer un rival à côté de l’archevêque de Cantorbéry. L’action et la réaction de ces intérêts opposés étaient particulièrement fortes à l’époque de Wilfrid ( 78, 3), que le parti romain avait nommé archevêque d’York. Wilfrid fut chassé et mourut en apr. J.-C. 709 après une vie mouvementée, sans réussir à prendre possession de la place à laquelle il avait été nommé. Finalement, cependant, le pape arriva à sa fin. En apr. J.-C. En 735, un prince de Northumbrie obtint un pallium, et après cela, le siège d’York obtint une place incontestée à côté de celui de Cantorbéry. — Dans le nord de l’Italie, il y avait des sièges métropolitains à Ravenne, Milan et Aquilée qui faisaient encore valoir leurs anciennes prétentions à l’autonomie gouvernementale (46, 1). Sergius, prélat de Ravenne, vers J.-C. 760, pensait qu’il serait bien sorti des ruines de l’exarchat de fonder un État ecclésiastique sur le modèle de celui de Rome. Il y avait souvent de l’opposition à la suprématie romaine. C’est pour cette raison que le violent archevêque Jean de Ravenne, qui était aussi un escroc de l’Église, subit l’humiliation la plus complète de la part de Nicolas Ier. en apr. J.-C. 861, malgré la protection de l’empereur. La force de l’opinion publique obligea l’empereur à abandonner son protégé lorsqu’il fut excommunié par le pape. Mais sous le pontificat de Jean VIII, Ausbert, prélat de Milan (mort après J.-C. 882), qui restait fidèle au parti allemand, pouvait défier l’anathème et la déposition papale. Son successeur, cependant, reconnaissait de nouveau la suprématie pontificale. — En Allemagne, depuis l’époque de Charlemagne, de nouveaux sièges métropolitains avaient été créés à Salzbourg, Cologne, Trèves et Hambourg-Brême. Mayence, cependant, revendiquait toujours la primauté et représentait l’unité de l’Église allemande. La falsification isidorienne ne servit pas ici, comme dans son pays natal, à arrêter la querelle de l’archevêque. La métropole allemande, à l’avantage de l’empire, a maintenu ses droits intacts pendant des siècles. Parmi les primates de Mayence, le plus important était de loin Hatto I., A.D. 891 à 913. Même sous Arnulf (mort apr. J.-C. 899), dont il fut le conseiller le plus sûr, il exerça une influence large et salutaire sur l’administration de l’empire. Elle était encore plus grande sous Louis l’Enfant (mort après J.-C. 911) qu’il éleva au trône et dont il fut le régent. Conrad Ier. ( 96, 1) lui devait aussi son élection comme roi des Germains. Dans les affaires intérieures de l’Église allemande, il dirigea et ajusta, organisa et gouverna en cette époque de bouleversement général avec une perspicacité, une sagesse et une énergie merveilleuses, de la manière la plus évidente, et cela aussi contre les hypothèses papales, lors du grand synode national de Tribur en J.-C. Débloquer le niveau 895. Le primat considérait comme un axiome politique que, pour conserver et faire avancer l’unité de l’empire, il fallait écraser le particularisme des diverses races et les luttes de leurs chefs et de leurs princes pour l’indépendance. En raison de la constance et de l’énergie avec lesquelles il a mené à bien son idée, il s’est fait beaucoup d’ennemis. Le stLes perfidies insidieuses et les violences sanglantes qui se sont attachées à sa mémoire sont, selon toute apparence, dues à leur haine calomnieuse. Sa mort soudaine a probablement donné lieu à la légende selon laquelle le diable l’aurait emporté et jeté dans l’embouchure de l’Etna. Pour lui, et non pour Hatto II, beaucoup moins important, qui mourut en A.D. 970, est l’autre légende également sans fondement du Mäusethurm près de Bingen à se référer. — Suite, 97, 2.
Les évêques soumis à l’archevêque étaient appelés évêques diocésains ou, en tant que membres votants du synode provincial, évêques suffragants. L’élection canonique des évêques par le peuple et le clergé a été complètement supprimée dans l’Église nationale allemande. Les rois sans opposition remplissaient les évêchés vacants selon leur propre choix. Louis le Pieux au synode d’Aix-la-Chapelle, en . 817, rétablit l’élection canonique par le peuple et le clergé, sous réserve de la confirmation de l’empereur, mais ses successeurs ne prêtèrent aucune attention à la loi. La déposition était généralement effectuée par les synodes provinciaux et nationaux. L’investiture des évêques avec bâton pastoral et alliance par le prince régnant est parfois rencontrée même à l’époque mérovingienne et est devenue générale après le développement du système de bienfaisance au IXe siècle. De l’institution des évêques sans diocèses, les Episcopi regionarii, destinés à l’origine au service missionnaire, sont nés selon toute vraisemblance l’institution des Chorepiscopi qui a prospéré surtout en France au cours des VIIIe et IXe siècles. Avec les vieux Chorepiscopi ( 34, 2 ; 45) Ils n’ont rien en commun au-delà du nom. Ils étaient des assistants subordonnés des évêques diocésains, dont la commodité, le manque de spiritualité et souvent l’absence dans les affaires de l’État exigeaient de tels substituts. Mais, par leur arbitraire et leur réfractisme, ils donnaient souvent beaucoup de peine aux évêques qui avaient quelque soin de leurs ouailles. Un synode à Paris, donc, en A.D. 849, leur retira toute autorité. À partir de ce moment-là, ils ont progressivement disparu de la vue. Le clergé inférieur, généralement issu des serfs, dépendait le plus souvent servilement de l’évêque et n’avait souvent pas le strict nécessaire de la culture. Leur nomination relevait de l’évêque, mais le fondateur d’une église et ses successeurs conservaient souvent le droit de patronage dans le choix de leurs propres ecclésiastiques.234Surtout à la fin de la période mérovingienne et au début de la période carolingienne, le clergé franc, supérieur et inférieur, était devenu terriblement corrompu. Boniface fut le premier à réintroduire une sorte de discipline ( 78, 5) et le puissant gouvernement de Charlemagne contribua d’une manière extraordinaire à l’ennoblissement du clergé. Pourtant, la corruption était trop générale et trop grande pour être complètement éradiquée. Louis le Pieux, donc, en A.D. 816, étendit à tout le royaume une réforme que Chrodegang de Metz avait introduite cinquante ans auparavant dans son propre clergé, par laquelle la discipline et l’ordre furent encore améliorés pendant quelques décennies. Mais dans les temps troublés des derniers Carolingiens, tout retomba dans la confusion et la décadence. L’exemption de la juridiction civile n’était accordée au clergé pendant cette période que dans la mesure où les tribunaux séculiers ne pouvaient pas poursuivre un ecclésiastique sans l’avis de l’évêque, et que l’évêque lui-même n’était soumis qu’à la juridiction du roi et du synode provincial.
84.1. Le clergé supérieur. — Dans les États allemands, dès les temps les plus reculés, le clergé supérieur constitua une aristocratie spirituelle qui, par sa culture supérieure, acquit dans la vie civile une position plus influente que les nobles séculiers. Dans toutes les affaires importantes de l’État, les évêques étaient les conseillers du roi ; ils étaient presque exclusivement employés dans les ambassades ; dans toutes les commissions, il y avait des membres cléricaux et toujours la moitié des Missi dominici étaient des clercs. Cette proximité avec la personne du roi et leur importance dans la vie civile les ont fait classer parmi les domaines du royaume. L’idée franque de l’immunité, en conséquence de laquelle, par don royal, en même temps que les droits des seigneurs territoriaux, furent remis aux nouveaux propriétaires le droit princier de lever des impôts et d’administrer la justice, leur conféra une juridiction laïque aussi bien que spirituelle sur une grande partie du pays. Comme la cour du roi franc était déplacée d’un endroit à l’autre, il avait besoin d’une cour spéciale, d’une chapelle, avec un clergé de cour nombreux, à la tête duquel se trouvait un archichapelain, généralement le prélat le plus distingué du pays. Les noms Capella et Capellani ne s’appliquaient à l’origine qu’aux chapelles de cour et aux chapelains de cour, et étaient dérivés du fait que dans la chapelle était conservé la Cappa ou manteau de Martin de Tours comme une relique précieuse et le palladium national de France. Le clergé de la cour formait la pépinière des futurs évêques du royaume. Outre l’anneau et le bâton comme insignes épiscopaux, nous trouvons à l’époque carolingienne le bonnet de l’évêque, composé de deux longues feuilles d’étain ou de carton qui montent jusqu’à un sommet, recouvertes de soie de la même couleur que l’habit utilisé pour célébrer la messe, généralement richement ornées d’or et de pierres précieuses, appelées de l’ancien nom païen Infula ou Mitra.235
84.2. Le clergé inférieur. — L’énorme expansion des diocèses épiscopaux rendit indispensable une nouvelle organisation du clergé inférieur. Les églises d’extension des villes et les églises de campagne qui étaient auparavant desservies par le clergé de l’église cathédrale, obtinrent un clergé régulier qui leur était propre. Comme ces églises étaient toujours dédiées à un saint, on les appelait Tituli, et le clergé y officiait, Intitulati, Incardinati, Cardinales. C’est ainsi qu’est née l’idée de Parochia, παροικία et de Parochus ou curé,236 lequel, parce que la cura animarum lui était confiée, on l’appelait aussi curé, comme dans le français curé. Sur une dizaine de paroisses était placé un Archipresbyter ruralis qui s’appelait Decanus, Doyen. Comme le droit d’administrer le baptême lui appartenait à l’origine exclusivement, son église s’appelait Ecclesia baptisimalis ; son diocèse, Christianitas ou Plebs ; lui-même aussi, Plebanus. Une autre disposition fut introduite pour la première fois au VIIIe siècle par Heddo de Strasbourg, qui donna à chacun des doyens de son diocèse sept archidiacres, præpositi, prévôts. Outre les églises paroissiales, il y avait beaucoup de chapelles ou d’oratoires où le service divin n’était célébré qu’à certaines heures par le clergé de la paroisse voisine ou par des chapelains nommés à cet effet. C’est aussi à cette classe qu’appartiennent les chapelles domestiques dans les résidences épiscopales ou sur les domaines des nobles qui étaient desservies par des chapelains domestiques ou de château spéciaux. Ce dernier avait en effet en effet en plus le devoir de nourrir les chiens, de servir à table et de s’occuper du poney de la dame. Malgré le renforcement répété de l’ancienne loi : Ne quis vage ordinetur, il y avait encore un grand nombre de soi-disant Clericis vagis, pour la plupart des vagabonds et des oisifs, qui, ordonnés par des évêques sans principes pour une récompense, erraient dans le pays comme des colporteurs cléricaux.
84.3. Le célibat obligatoire se heurta à une vigoureuse résistance de la part du clergé allemand. Le clergé inférieur était pour la plupart marié. Lors de l’ordination, ils reçurent l’ordre de se séparer de leurs femmes et de s’abstenir de tout rapport conjugal, mais la promesse fut rarement tenue. Parmi le clergé célibataire, la fornication, l’adultère et la luxure contre nature étaient répandus. Un évêque, Ulrich d’Augsbourg, s’adresse à Nicolas Ier. Une philippique contre la loi du célibat avec des révélations intrépides de ses conséquences néfastes. La condition morale du clergé était, d’une manière générale, scandaleusement basse. La chasse aux héritages, la falsification de documents, la simonie et la recherche de bénéfices se faisaient sans vergogne. Les habitudes seigneuriales des évêques consistaient à chasser, à se promener avec des chiens et des faucons, et à se livrer à des fêtes d’ivrognes sauvages. Au VIIe siècle, c’est le plaisir particulier des évêques francs dans les scènes sauvages de sang qui les a poussés à prendre part aux guerres, et les a conduits à être obligés d’équiper ensuite des contingents pour le champ de bataille aux dépens de leurs revenus ecclésiastiques. Pépin, Charlemagne et Louis le Pieux promulguèrent des lois sévères contre ces habitudes guerrières des ecclésiastiques ; mais les Carolingiens ultérieurs non seulement les ont tolérés, mais les ont même encouragés.
84.4. Vie canonique. — L’institution par Augustin d’un monastère Clericorum (45, 1) a souvent été imité dans les temps ultérieurs. Mais l’évêque Chrodegang de Metz, mort en A.D. 766, le donna pour la première fois, vers l’an J.-C. 760, une forme fixe et permanente. Sa règle ou Canon est étroitement liée à la règle monastique de saint Benoît (85), avec l’omission du vœu de pauvreté. Il construisit une résidence spacieuse Domus, monasterium (comp. des mots allemands Dom et Münster), dans laquelle tout le clergé de son église cathédrale était obligé de vivre, de prier, de travailler, de manger et de dormir sous la surveillance constante et stricte de l’évêque ou de son archidiacre. C’était la Vita canonica. Après les dévotions du matin, tous les membres de l’établissement se réunissaient dans la salle où l’évêque ou le prévôt leur lisait un chapitre de la Bible, le plus souvent du Lévitique, de la règle ou des Pères, et y ajoutait les explications et les exhortations nécessaires. La salle s’appelait donc la salle capitulaire ; puis le nom Chapitre237 a été donné à tout le corps qui s’y est rassemblé. Les collèges238 étaient un développement ultérieur du chapitre dans les églises non épiscopales de la ville, avec un prévôt ou un diacre à leur tête. Louis le Pieux permit que le règne de Chrodegang soit rétabli et généralisé par le diacre Amalarius de Metz, et à l’Assemblée nationale d’Aix-la-Chapelle en J.-C. 817 l’appliqua à tout le royaume. Il est connu sous le nom de Regula Aquisgranensis. Mais peu de temps après, les chanoines s’efforcèrent de s’émanciper de plus en plus du joug pesant du contrôle épiscopal. Gunther de Cologne ( 82, 7) qui, bien que déposé par le pape, conservait sa position officielle, était obligé d’acheter le soutien de son chapitre par un marché en vertu duquel une grande partie des revenus ecclésiastiques du chapitre était mise à leur entière disposition comme prébendes ou bénéfices. Et ce que ce chapitre a gagné pour lui-même a été ensuite contesté par d’autres.239― Suite, 97, 3.
Alors qu’à partir du Ve siècle, une ruée de peuples migrateurs a été rapidement suivie d’une autre, les ordres monastiques sont tombés dans la décadence, la barbarie et la corruption. Ils auraient à peine survécu à cette période d’agitation, du moins n’auraient-ils pas été la grande bénédiction qu’ils ont été pour l’Ouest allemand, si l’esprit de la Rome antique, avec son sens pratique, son appréciation de la loi et de l’ordre et son talent d’organisateur, ne leur avait pas donné au bon moment, ce qu’ils voulaient jusqu’alors. une règle répondant aux exigences et aux circonstances de l’époque, et au moyen de celle-ci une base solide, l’unité, l’ordre et la forme juridique. Cette tâche fut accomplie par Benoît de Nursie (mort après J.-C. 543), le patriarche du monachisme occidental. La règle, qu’il a prescrite en A.D. 529 aux moines du monastère du Mont-Cassin en Campanie qu’il avait fondé, n’était pas trop ascétique, combinait une discipline stricte avec un certain degré de douceur et d’indulgence, estimait les besoins de la nature humaine aussi bien que les circonstances de l’époque, et était, en somme, adaptable et pratique. Du règne de Cassiodore ( 47, 23) Les disciples de Benoît empruntèrent ce zèle pour les études savantes sur lesquelles leur maître n’avait donné aucune indication, et Grégoire le Grand inspira à l’ordre l’enthousiasme pour les travaux missionnaires. C’est ainsi que l’ordre bénédictin obtint sa pleine consécration à sa vocation d’importance mondiale. Se répandant bientôt dans tout l’Occident, il a été introduit en France par Maurus en J.-C. 543, elle remplissait noblement sa vocation en cultivant le sol et l’esprit, en défrichant les forêts, en faisant entrer les terres incultes, en prêchant avec zèle l’Évangile, en extirpant la superstition et le paganisme, en éduquant la jeunesse, en encourageant et en restaurant la littérature, la science et l’art. Cependant, l’âge barbare, qui vit le renversement des Mérovingiens et l’avènement des Carolingiens, exerça également une influence dégradante sur les Bénédictins. Mais Charlemagne rétablit une discipline stricte et confia aux monastères la tâche d’ériger des écoles et de poursuivre les études savantes. Par l’autorité de Louis le Pieux et par ordre de l’Assemblée nationale d’Aix-la-Chapelle en A.D. En 817, Benoît d’Aniane entreprit une réforme et une réorganisation de tous les systèmes monastiques de l’empire. À la tête d’une commission nommée à cet effet, il visita tous les monastères francs et les obligea à s’organiser d’après sa règle bénédictine améliorée.
85.1. La seule source d’information sur la vie de Benoît de Nursie est le récit miraculeux du pape Grégoire le Grand, qui aimait les miracles, dans le deuxième livre de ses Dialogues. La Règle de Benoît XVI comprend 73 chapitres. Le premier principe de la vie monastique est l’obéissance à l’Abbé, en tant que représentant du Christ. Le choix de l’abbé appartient aux frères. Du service des frères, la règle ne sait rien. L’activité principale est l’agriculture. L’oisiveté est strictement interdite. La charge de la cuisine et la lecture à table sont des tâches accomplies par tous les moines à tour de rôle chaque semaine. Le service divin commence à 3 heures du matin. et est rendu régulièrement pendant les sept heures ( 56, 2). Deux repas par jour sont pris et chaque moine boit chaque jour une demi-bouteille de vin. La viande n’est donnée qu’aux malades et aux faibles. À table et après l’Achèvement ou la dernière heure de prière, il n’était pas permis de prononcer un mot. Tous les frères couchaient dans un dortoir commun, chacun dans un lit séparé, mais entièrement habillés et ceints, afin d’être prêts à l’appel pour les matines. La discipline était stricte et raisonnable ; D’abord la réprimande privée, puis publique, puis le jeûne pénal, les châtiments corporels et enfin l’excommunication. L’hospitalité et l’attention aux pauvres étaient enjointes à tous les monastères. La réception a été précédée d’un noviciat d’un an. Le vœu comprenait Stabilitas loci, Conversio morum (pauvreté et chasteté) et Obedientia. Les Oblati étaient un type particulier de novices, c’est-à-dire des enfants qui, dans leur prime jeunesse, étaient placés au monastère par leurs parents. Ils ont été éduqués dans les écoles monastiques et n’ont pas été autorisés à retourner dans le monde.
85.2. Benoît d’Aniane (A.D. 821) s’appelait à l’origine Witiza et était le fils d’un comte wisigoth. Il avait servi comme soldat sous Charlemagne. En tentant de sauver son frère, il faillit lui-même se noyer. Son ambition était maintenant dirigée vers une vie ascétique, dans laquelle ses performances personnelles étaient des plus remarquables. Sur la rivière Anianus en Languedoc, il fonda en A.D. 779 le monastère d’Aniane. Il fut l’indispensable et tout-puissant conseiller de Louis le Pieux. Afin de l’avoir toujours près de lui, Louis fonda pour lui le monastère d’Inda ou le Corneille-Münster près d’Aix-la-Chapelle. Dans l’intérêt de sa réforme du cloître, il publia dans A.D. 817 un Codex regulorum dans lequel il rassemble toutes les règles monastiques connues jusqu’alors.
85.3. La règle de l’aîné Benoît ne fait aucune allusion aux couvents, mais sa sœur Scholastique est considérée comme la fondatrice de l’ordre des bénédictines. Une autre forme d’ascèse féminine s’est développée sur le modèle de la vie canonique du clergé séculier dans l’institution des canonnesses. La règle, que Louis le Pieux à Aix-la-Chapelle en A.D. 816 qu’elles ont pu tirer pour elles-mêmes, est nettement plus douce que celle des religieuses. Les ordres féminins devinrent peu à peu des lieux de villégiature pour les filles célibataires des nobles. L’âge canonique pour prononcer les vœux de la religieuse était de vingt-cinq ans. Le noviciat dura trois ans. Outre la propria professio, la paterna devotio était également considérée comme contraignante. En ce qui concerne l’habillement, l’adoption du voile était la chose principale ; mais en outre, ils portaient la couronne comme symbole de virginité et l’anneau comme gage de mariage spirituel. À cette époque, la coupe des cheveux n’était qu’une punition pour les nonnes impudiques. La position honorable de l’épouse chez les Allemands assurait à l’abbesse un respect particulier, et obtenait pour les couvents les plus célèbres l’exemption, les prérogatives civiles et les droits de propriété, voire princiers. L’apparition fréquente de doubles-cloîtres où les moines et les moniales, naturellement dans des habitations séparées, sous une règle commune, soit d’une abbesse, comme souvent en Angleterre, soit d’un abbé, était aussi particulièrement allemande.
85.4. Les grands monastères, formés comme ils l’étaient d’un grand nombre de bâtiments séparés pour l’agriculture, l’élevage, l’artisanat et les arts de toutes sortes, pour l’enseignement élémentaire, pour l’enseignement supérieur, pour les divertissements hospitaliers, le soin des malades, etc., arrivèrent peu à peu aux proportions de petites villes. Souvent, ils étaient le centre autour duquel les villes étaient élevées. Le monastère de Vivarium en Calabre, fondation de Cassiodore, a inspiré au monachisme occidental un enthousiasme pour les études savantes. Les règlements du Mont Cassin ont été étendus à tous les monastères de l’Ouest. Le monastère de Colomban de Bobbio a éradiqué le paganisme et l’arianisme dans le nord de l’Italie. Les monastères d’Iona en Écosse et de Bangor en Irlande ont acquis une grande réputation dans la lutte de l’Église celtique contre l’Église romaine. Le monastère anglais de Wearmouth était une célèbre école de science. En France, Saint-Denys près de Paris et le Vieux Corbei en Picardie ont acquis une grande réputation. Dans le sud de l’Allemagne, Saint-Gall, Reichenau, Lorsch et Hirschau, dans le centre de l’Allemagne Fulda, Hersfeld et Fritzlar, et dans le nord de l’Allemagne, la Nouvelle-Corbei, une branche de l’ancienne Corbei, étaient les principaux centres de la culture chrétienne.
85.5. Dans sa nouvelle forme occidentale, le monachisme n’avait pas encore le caractère clérical. Mais il y avait une tendance de plus en plus étroite entre les institutions monastiques et les institutions cléricales. Par le célibat et l’introduction de la vie canonique (84, 4) Le clergé en vint à avoir le caractère monastique, et d’autre part, la plupart des moines, d’abord pour les services monastiques et missionnaires, prirent des ordres cléricaux. Peu à peu, les moines cherchèrent à être nommés vicaires ( 84, 2), C’est ainsi que naquirent des rivalités entre eux et le clergé. Les monastères étaient entièrement sous la juridiction des évêques dans le diocèse desquels ils se trouvaient. Les exemptions de cette période se limitaient à la garantie de l’élection libre de l’abbé, à l’administration indépendante des biens et à l’accomplissement gratuit des consécrations par l’évêque. Dans l’empire franc, cependant, les abbés étaient ordinairement nommés aux postes vacants par la cour, et de riches abbayes étaient aussi souvent accordées à des nobles distingués en commendam, c’est-à-dire pour une administration temporaire avec la jouissance de leurs revenus, ou même à des officiers de la cour et de l’armée en récompense de services spéciaux. Ces abbés laïcs ou abbacomites séjournaient souvent dans les monastères pendant des mois avec leurs familles, leurs chasseurs et leurs soldats, et en faisaient le théâtre de leurs beuveries, de leurs sports de plein air et de leurs exercices militaires. Les rois gardaient pour eux les abbayes les plus riches ou les donnaient à leurs fils et filles, épouses et concubines.
85.6. Les Stylites ( 44, 6) à cause du climat, n’a pas pu prendre pied, bien que des tentatives aient effectivement été faites, par exemple par Wulflaich ( 78, 3). À leur place, nous trouvons des reclus masculins et féminins, des Reclusi (Inclusi) et des Reclusæ, qui s’enferment dans des cellules qu’ils ne quittent jamais. Les ermites des bois, qui n’étaient entravés par aucune règle, trouvèrent une grande faveur auprès des Germains. Leur tempérament mélancolique national les inclinant à la solitude, leur amour profond de la nature, leur plaisir passionné à errer sans contrôle à travers les bois et les montagnes, contribuaient à rendre ce mode de vie attrayant. C’est au cours du VIe siècle que cet engouement pour la vie d’ermite atteint son apogée en Allemagne, et son siège principal est l’Auvergne avec ses montagnes sauvages, ses vallons et ses gorges. Mais comme la cellule du saint fut souvent transformée plus tard en monastère à cause de la foule des disciples qui se rassemblaient autour d’elle, la vie ermite passa peu à peu à une vie cénobite réglée. En Suisse, Meinard, fils d’un comte de Zollern, était un ermite de cette sorte. En apr. J.-C. Il avait été assassiné par deux brigands, et cela fut découvert plus tard, dit la légende, au moyen de deux corbeaux se nourrissant du corps de l’homme assassiné. Plus tard, sa cellule est devenue la belle abbaye bénédictine de Maria-Einsiedeln avec son image miraculeuse de la mère de Dieu, qui est aujourd’hui visitée par plus de cent mille pèlerins chaque année.
L’inaliénabilité des biens ecclésiastiques étant considérée comme le premier principe de son administration, elle s’accroissait à pas énormes d’année en année par des donations et des legs, À la fin du VIIe siècle, il y avait en Gaule un tiers de tout le territoire en possession des églises et des monastères, tandis que le trésor national était tout à fait épuisé. Dans cette situation d’urgence, Charles Martel fonda le système des bénéfices, pour lequel il convertit aussi en argent les biens abondants de l’Église. Ses fils, cependant, Carloman et Pépin le Bref, en considération de la réorganisation de l’église franque opérée par Boniface (78, 5), cherchait à éviter l’appauvrissement de beaucoup d’églises et de cloîtres par une restitution partielle dans la mesure où les besoins de l’époque le permettaient. Charlemagne et Louis le Pieux firent encore plus dans cette direction, de sorte qu’en partie par ces moyens, en partie par les dons continus des riches, les biens ecclésiastiques acquirent bientôt leurs premières proportions. Ainsi, par exemple, le monastère de Luxeuil possédait au IXe siècle un domaine de 15 000 fermes. L’administration des biens des églises et des monastères était entre les mains des évêques et des abbés. Pour défendre et maintenir les droits laïques et légaux, il y avait des avocats ecclésiastiques et monastiques, Advocati ecclesiæ. Cette institution, cependant, dégénérait souvent en un organisme d’oppression des paysans et de pillage des biens de leurs clients ; car beaucoup d’avocats assumaient des pouvoirs arbitraires et traitaient les biens de l’Église et ses produits comme ils l’entendaient.
86.1. Les revenus des églises et des monastères. — Les principales sources de leur richesse croissante étaient les dons et les legs. Les princes faisaient souvent des legs d’une ampleur énorme et les gens riches dans la vie privée rivalisaient avec eux. Les occasions ne manquaient jamais ; La guérison de la maladie, l’évasion du danger, la naissance d’un enfant, etc., remportaient régulièrement à l’église dont le saint patron avait été utile, un cadeau précieux. Le clergé employait aussi tous les moyens en son pouvoir pour encourager cet empressement à accorder des présents ; et c’est à cela qu’il faut attribuer en grande partie les débuts de la falsification des actes. Une forme particulière de legs était celle de la précaire, selon laquelle le donateur se réservait de son vivant l’usage des biens qu’il donnait. Les biens ecclésiastiques étaient encore considérablement augmentés par les biens personnels du clergé et des moines, qui, à la mort du premier et à la conversio du second, faisaient ordinairement partie des revenus de l’église ou du cloître auquel appartenaient leurs propriétaires. Outre le produit de ses propres biens, l’Église percevait les dîmes de tous les biens et revenus des paroissiens, la revendication étant appliquée comme un jus divinum par un renvoi à la législation mosaïque et devenue une loi de l’empire par l’injonction de Charlemagne. D’autre part, il était interdit au clergé d’exiger un paiement pour l’accomplissement des devoirs officiels, appelés étoles-dus, parce qu’ils étaient accomplis par le prêtre vêtu de la stola. L’église cathédrale avait droit à un impôt annuel, Honor cathedræ, prélevé sur toutes les églises du diocèse. D’un autre côté, le clergé inférieur s’arrogeait souvent ce droit, conformément à une mauvaise coutume de s’emparer par un pillage violent des biens de son évêque défunt, Spolium.241
86.2. Le système des bénéfices. — Par suite des immenses dons des Mérovingiens aux églises et à leurs ministres, lorsque Charles Martel prit le gouvernement, les sources de revenus de la couronne qui semblaient jusque-là inépuisables furent presque entièrement taries, tandis que ce prince, pour délivrer le pays des Sarrasins et pour maintenir sa domination sur les innombrables petits tyrans qui menaçaient de démembrer l’empire, avait besoin d’un trésor encore plus garni qu’aucun de ses prédécesseurs. C’est à partir de ces circonstances que s’est développé le système de bienfaisance. Les soldats qui avaient servi la nation et les princes avaient été récompensés par des concessions de terres. Ceux-ci, cependant, n’étaient plus donnés comme des biens héréditaires, mais seulement pour la vie du receveur (Beneficium), et pour cela, il était tenu de fournir un contingent proportionné pour le service militaire. Lorsque les terres de la couronne furent presque épuisées, Charles Martel n’hésita pas à revendiquer les biens de l’Église. Son fils Carloman lors du premier synode national austrasien en A.D. 742 ( 78 et 5) promit de restituer les biens de l’Église ainsi aliénés, mais dut bientôt avouer son incapacité à tenir sa promesse. Lors du deuxième synode austrasien à Lestines en A.D. Il limita donc la restitution immédiate aux cas les plus urgents d’églises et de monastères notoirement pauvres et nécessiteux. Il y était poussé par les prétentions absolument nécessaires des départements civils et militaires. Mais la revendication de l’église de récupérer la propriété était garantie par la lettre précaire du bénéficiaire et par le paiement d’une taxe annuelle d’un solidus pour chaque maison de ferme du domaine. Le roi promit aussi la restitution complète à la mort du bénéficiaire, avec la conservation expresse toutefois du droit, si les besoins de l’époque l’exigeaient, de louer à nouveau les précaires vacants. Même Pépin au synode national de Neustrie à Soissons en apr. J.-C. 744 accorda des concessions semblables, mais dans l’exécution de celles-ci, il n’alla pas aussi loin que son frère. En apr. J.-C. 751 Il fit procéder à une descriptio et divisio, c’est-à-dire à un inventaire des biens ecclésiastiques avec une fixation exacte des limites de ses différents titres.242―Le L’impôt annuel dont il est question a été transformé par Charlemagne en une seconde dîme, appelée Nonæ. Mais, même après la restitution partielle opérée par les descendants de Pépin, il restait encore sur la propriété restituée les charges bienfaisantes qui lui avaient été imposées, en particulier l’obligation de fournir et d’équiper un certain nombre de soldats, et celle-ci fut de là transférée à tous les biens de l’Église. continua à se répandre de plus en plus, et forma le fondement de toute l’organisation sociale et civile du Moyen Âge.243
L’élaboration de la législation ecclésiastique pour l’empire allemand fut d’abord entièrement l’œuvre des synodes. Les papes n’exerçaient guère d’influence sur elle, mais l’influence des rois se faisait sentir d’autant plus puissamment. Ils convoquèrent les synodes, leur fixèrent les sujets à discuter, et confirmèrent, selon leur propre jugement, leurs décisions. À partir du moment où les évêchés francs furent occupés par des Francs indigènes, la vie indépendante des synodes s’éteignit, et les affaires ecclésiastiques furent réglées dans les assemblées nationales auxquelles les évêques participaient également en tant que nobles territoriaux. Les grands synodes nationaux, aussi, au cours desquels la réorganisation de l’Église par Boniface conformément au droit ecclésiastique romain a été menée à bien (78, 5) étaient des Concilia mixta de ce genre ; et même sous Charlemagne et Louis de France, ils étaient encore répandus. Charles, cependant, rendit leurs procédures plus ordonnées en regroupant les nobles en trois rangs : évêques, abbés et comtes. Sous la dynastie de Pépin, à côté du synodal, nous avons les décrets royaux, organisés en chapitres séparés, et c’est pourquoi les ordonnances sont appelées Capitularia. Plus tard, les synodes purement ecclésiastiques prirent de nouveau pied et furent particulièrement nombreux à l’époque d’Hincmar.
87.1. Anciens recueils de droit ecclésiastique. — Grégoire II fournit à Boniface un Codex canonum, sans doute les Dionysiaques (43, 3), et Hadrien II. en présenta un à Charlemagne qui fut solennellement reçu au synode national d’Aix-la-Chapelle en an J.-C. Débloquer le niveau 802. Il y avait en Espagne une nouvelle collection qui fut attribuée à tort à l’évêque Isidore de Séville, qui, pour le distinguer du Pseudo-Isidore franc, est désigné comme le véritable Isidore, ou plus exactement comme Hispana. Cette collection dans la forme se rattache à Dionysiaca. Au IXe siècle, il a été introduit chez les Francs, et a donné son contenu et son nom à la collection pseudo-isidorienne. À ce chef-d’œuvre de faux se trouve le recueil de lois de Benedictus Levita de Mayence, qu’on appelait en effet un recueil de capitulaires, mais qui a été recueilli principalement à partir de documents de législation ecclésiastique, authentiques et faux. Une collection de capitulaires vrais et authentiques a été faite en J.-C. 827 par Anségis, abbé de Fontenelles. La collection de Benoît XVI y a été incluse en tant que 5e, 6e et 7e livres. En plus de ces grandes collections, de nombreux évêques ont préparé des collections épitomisées à l’usage de leurs propres diocèses, dont plusieurs existent sous le nom de Capitula Episcoporum. Décidément dans l’intérêt du Pseudo-Isidore sont les Capitula Angilramni, composées et souscrites par l’évêque Angilramnus de Metz (mort après J.-C. 791). Les dates et le contenu des trois premiers recueils nommés ont été déterminés dans l’intérêt du pseudo-isidorien, et sont toujours un sujet de controverse. Benoît, selon sa propre déclaration crédible, entreprit son travail sur l’ordre de l’archevêque Otgar, de Mayence, pour les archives de Mayence, mais ne l’acheva et ne le publia probablement en France qu’après la mort d’Otgar, survenue en J.-C. Débloquer le niveau 847. Mais alors qu’autrefois on croyait généralement que Benoît avait utilisé le Pseudo-Isidore, Hinschius est devenu convaincu que l’auteur des capitules est identique au Pseudo-Isidore, et des capitulaires de Benoît a démêlé d’abord la composition des capitula, puis celle des décrétales.244
87.2. Le Recueil des Décrétales du Pseudo-Isidore. — Dans la cinquantième année du IXe siècle, parut en France, sous le nom d’Isidore Mercator, un recueil de canons et de décrétales, qui embrassait en effet complètement l’ancienne Isidoriana, mais qui s’agrandissait par l’addition d’une multitude de décrétales falsifiées. Le nom de famille Mercator, autrement Peccator, est probablement dérivé du bien connu Marius Mercator (47, 20), qui s’était aussi occupé de la traduction de documents ecclésiastiques, dont le Pseudo-Isidore se servait pour son œuvre. Il commence par les cinquante canons apostt., puis suivent cinquante-neuf décrétales falsifiées qui sont attribuées aux trente papes les plus anciens, depuis Clément jusqu’à Melchiade († J.-C. 314). La deuxième partie comprend, outre le document original de la Donation de Constantin, d’authentiques décrets synodaux falsifiés apparemment dans un seul passage. La troisième partie, encore, contient des décrétales de Sylvestre, le successeur de Melchiade, jusqu’à Grégoire II. (d. J.-C. 731), dont trente-cinq ne sont pas authentiques. Les décrétales non authentiques ne sont pas, pour la plupart, tout à fait des faux, mais sont plutôt basées sur la littérature de la théologie et du droit canonique alors existantes, amplifiées ou modifiées, et forgées pour servir les objectifs du compilateur. Le système du Pseudo-Isidore est caractérisé par les particularités suivantes : Au-dessus de l’Imperium s’élève le Sacerdotium, ordonné par le Christ pour être gouverneur et juge du monde. L’unité et la tête du Sacerdotium sont représentées par le pape. Les évêques sont liés au pape comme les autres apôtres l’étaient à Pierre. Le métropolite n’est que primus inter pares. Entre le pape et les évêques en tant que rang intermédiaire, nous avons les primats ou patriarches. Ce rang, cependant, n’appartient qu’aux sièges métropolitains qui lui ont été ordonnés par les apôtres et leurs successeurs, ou aux sièges des pays plus récemment convertis qui ont été élevés à cette position par suite de la multitude des évêques qui leur appartenaient. Les synodes provinciaux ne doivent être tenus qu’avec le consentement du pape, leurs décrets ne deviennent valides qu’après avoir reçu sa confirmation, et toutes les causes majeures, en particulier toutes les plaintes contre les évêques, appartiennent uniquement à sa propre judicature. Les prêtres sont les Familiares Dei, les Spirituales ; les laïcs, quant à eux, sont les Carnales. Aucun ecclésiastique, et encore moins un évêque, ne peut être traduit devant un tribunal séculier. Un laïc ne peut pas comparaître en tant qu’accusateur contre un ecclésiastique, et les synodes sont enjoints de rendre les accusations contre un évêque aussi difficiles que possible. Un évêque expulsé, avant que les accusations portées contre lui puissent être examinées, doit avoir été entièrement rétabli (Exceptio Spolii). Si l’accusé considère ses juges comme inimici ou suspecti, il peut faire appel pour être interrogé devant le pape. Pour l’établissement d’une accusation, il faut au moins soixante-douze témoins, etc.
87.3. Le faux est originaire de France, où il existait depuis quelques années avant d’être connu à Rome, ainsi qu’il ressort du procès contre Rothad de Soissons (83, 2). Rothad l’a d’abord apporté à Rome en J.-C. Débloquer le niveau 864. Blondel et Kunst considèrent Benedict Levita comme son auteur. Il a d’abord donné de l’importance à la contrefaçon dans sa Collection de capitulaires. et éveille ainsi le soupçon qu’il est lui-même le faussaire. Philipps l’engendre sur Rothad de Soissons ; Wasserschleben l’attribue à l’archevêque Otgar de Mayence, qui, en tant que chef éminent de la conspiration cléricale contre Louis le Pieux (82, 4), aurait raison de se défendre contre le jugement qui s’abattrait sur les conspirateurs. Mais ce destin ne menaçait pas Otgar d’une manière très particulière. À la restauration de Louis, il ne fut ni condamné ni déposé par aucun synode, mais fut sans plus tarder reçu en faveur de l’empereur. L’attitude hostile du Pseudo-Isidore à l’égard des chorepiscopi ( 84), tout en ne prenant pas pied en Allemagne, l’a certainement emporté en France ; et c’est en France, et non en Allemagne, que cette collection est apparue pour la première fois entre J.-C. 853 et 864. Puisque maintenant, d’ailleurs, l’importance donnée par le pseudo-Isidore au rang de primat peut être considérée comme aussi favorable au siège de Reims qu’à celui de Mayence, Weizsäcker et V. Noorden ont cherché dans le diocèse de Reims le foyer originel du faux, et désignent Ebo, archevêque de Reims, prédécesseur d’Hincmar, comme le faussaire. Et Ebo se tenait certainement au premier rang de la révolte mentionnée. Devant lui, Louis dut surtout s’humilier. Il fut donc fait prisonnier dès la restauration de l’empereur et privé de sa charge au synode de Didenhofen en Jésus-Christ. 835 ( 82 et 4). L’empereur Lothaire, en effet, le rétablit en J.-C. 840, mais sa position était encore très précaire, car il s’était déjà écoulé un an pour se sauver par la fuite à l’approche de Charles le Chauve, et il ne revit plus Reims, qui, jusqu’à l’élévation d’Hincmar, resta entre les mains des chorépiscopes. La composition de la collection, d’après V. Noorden, appartient à la période qui précède immédiatement et qui dure jusqu’à sa restitution. Enfin, Hinschius considère Reims comme le théâtre de la composition de ces faux, mais il ne peut les attribuer à Ebo parce que, d’après sa démonstration, le Pseudo-Isidore de Benoît n’a utilisé comme autorité qu’une collection achevée après J.-C. 847, et à ce moment-là, Ebo ne pouvait pas avoir l’ombre d’un espoir de restauration. Mais il avance aussi d’autres considérations importantes. Ébo lui-même n’avait jamais essayé de faire valoir les prétentions que les décrétales pseudo-isidoriennes lui auraient accordées. Si ses propres affaires l’avaient d’abord amené à songer à forger des décrétales, il avait dû prévoir que les études approfondies nécessaires à un tel travail auraient exigé de nombreuses années d’efforts laborieux, et seraient terminées beaucoup trop tard pour servir son but. Il lui semblerait donc plus prudent de s’en tenir à ce que sa situation immédiate exigeait d’urgence ; tandis que le Pseudo-Isidore actuel, au contraire, met dans la bouche des premiers papes, avec beaucoup de zèle et d’emphase, une vaste gamme d’autres exhortations et décrets qui lui semblaient utiles au milieu des troubles de l’Église. pour le bien-être de l’Église et de ses ministres. Ainsi, l’ensemble de l’œuvre prend plus le caractère d’une pia fraus d’un ecclésiastique d’église quelque peu élevé de l’époque que d’un faux conçu dans l’intérêt égoïste d’un individu. Ce qu’il faut admettre, cependant, c’est que les instructions citées au sujet de la procédure judiciaire contre les évêques accusés correspondent exactement au cas d’Ebo. Comme la première tentative d’utiliser les décrétales non authentiques que l’on ne trouve que dans le Pseudo-Isidore a été faite au synode de Soissons en J.-C. En 853, par les clercs qui avaient été ordonnés par Ebo après sa déposition mais rejetés par Hincmar, la rédaction finale et la publication doivent se situer entre J.-C. 847 et 853. Langen fixe la date à J.-C. 850, et en rapporte la paternité à Servatus Lupus ( 90, 5). Personne ne doutait alors de leur authenticité. Même Hincmar semble n’avoir eu aucun doute pendant longtemps. Mais il répudia résolument leur autorité légale dans l’Église franque, et s’opposa énergiquement à eux lorsqu’on chercha à les faire respecter contre l’indépendance de l’Église. Ainsi, il pouvait toujours s’y référer lorsque leurs affirmations concordaient avec les siennes, ou, comme dans le cas de son neveu, lorsqu’ils soutenaient ses droits de primat, afin de vaincre ses adversaires avec leurs propres armes. Par la suite, cependant, en A.D. 872, dans une lettre écrite au nom de son roi au pape Hadrien, il les caractérise par opposition aux décrétales authentiques et valides comme secus a quoquam compilata sive conficta. Les centuriateurs de Magdebourg ont été les premiers à prouver de manière concluante qu’ils étaient faux. Le jésuite Turrianus, cependant, entra de nouveau sur les listes en leur nom. Mais le théologien réformé, David Blondel, a fustigé si sévèrement et si complètement cette absence de principes théologiques, que même dans l’Église catholique romaine, leur non-authenticité a été admise depuis.245
87.4. Parmi les nombreux documents fallacieux que le Pseudo-Isidore a inclus dans son recueil de lois ecclésiastiques, nous trouvons un Edictum Constantini Imperatoris. Dans la première partie de celle-ci, la soi-disant Confessio, Constantin fait une confession de sa foi, et raconte en détail de quelle manière merveilleuse il a été converti au christianisme par le pape Sylvestre, et guéri de la lèpre (42, 1). Puis, dans la seconde partie, la soi-disant Donatio, il confère à la chaire de Pierre, en reconnaissant sa primauté absolue sur tous les patriarcats de l’empire, le pouvoir impérial, le rang, l’honneur et les insignes, comme tous les privilèges et les prétentions des sénateurs impériaux sur son clergé. Afin que le possesseur de ce don puisse à tout moment maintenir la dignité de sa position, il lui donne le palais du Latran, lui transfère une domination indépendante sur « Romanam urbem et omnes Italiæ seu (en latin franc des VIIIe et IXe siècles, cela signifie « ainsi que ») occidentalium regionum provincias, loca et civitates » (donc non seulement l’Italie, mais tout l’empire romain d’Occident) ; il transfère sa propre résidence impériale à Byzance, « quoniam ubi principates Sacerdotum et Christ. religionis Caput ab Imperatore cœlesti constitutum est, justum non est, ut illic Imperator terrerum habeat potestatem. Dans une lettre d’Hadrien Ier à Charlemagne en apr. J.-C. 788, dans lequel il salue l’empereur comme un second Constantin qui est appelé par Dieu non seulement à rétablir à la chaire apostolique la « potestas in his Hesperiæ partibus », qui lui avait déjà été assignée par le premier Constantin, mais aussi tous les legs et donations ultérieurs « de divers patriciens et autres hommes craignant Dieu », que la race impie des Lombards lui a arrachés au cours du temps, nous avons la première allusion à l’idée d’un Donatio Constantini. Le même pape aussi, selon la Vita Hadriani dans le Pontifical romain, à l’occasion de la visite de Charles à Rome en A.D. 774 lui aurait réclamé une énorme concession de terre ( 82, 2). Il semblait donc une supposition extrêmement probable qui assignait Rome comme le lieu d’origine de ce document, et la période du renversement de l’empire lombard, qu’il soit effectivement accompli ou sur le point d’avoir lieu, comme la date de sa fabrication (82, 1, 2). Contre ce point de vue, presque universellement répandu, Grauert a tout récemment avancé un vaste éventail d’arguments puissants, par exemple, la limitation de la Donatio de Constantin à l’Italie, qui est suggérée ici, contredit sa propre déclaration expresse. Les mots de la lettre d’Hadrien auxquels il est fait allusion ne parlent pas d’une domination sur l’Italie, et qu’ils auraient pu lire : « in has H. partes », mais d’une domination en Italie qui a été fondée sur la munificence de Constantin et agrandie par de nombreux présents ultérieurs. Ils ne se réfèrent donc pas, comme les paroles de la Donatio, à l’autorité territoriale souveraine, mais à la propriété extrêmement étendue et riche incluse dans le Patrimonium Petri (46, 10). La « potestas », qui aurait été attribuée par Constantin au siège romain, n’excède pas l’autorité qui, même selon la Vita Sylvestri du Pontifical, avait été donnée par Constantin à ce pape. — C’est ainsi que l’on rencontre le document de donation pour la première fois dans le Pseudo-Isidore. Par la suite, le gouvernement franc s’y référa souvent. Par Rome, d’autre part, bien que même Nicolas Ier. a été mis au courant des décrétales pseudo-isidoriennes par Rothad, et s’y est référé en J.-C. 865, ils ne sont jamais utilisés, ni contre les Francs, ni contre les Byzantins jusqu’à ce que, en J.-C. 1053, nous y trouvons une allusion dans une lettre de Léon IX au patriarche Michel Cérulare. Grauert explique cela en disant qu’il y a eu deux recensions du Pseudo-Isidore, une plus courte, qui n’avait que la première partie du document, la soi-disant Confessio ; et une plus longue, qui avait aussi la Donatio, et que Rothad n’a probablement pris que la plus courte à Rome. D’après ces données et d’autres fournies par Grauert, il semble plus que probable que la fonderie dans laquelle le document a été falsifié n’était pas à Rome, mais plutôt en France parmi le parti de la Haute Église, d’où provenait également la falsification à part entière. Il semblerait également que sa composition ait servi un double objectif. D’une part, contre les Grecs, il représentait la chaire de Pierre élevée au-dessus de tous les patriarcats de l’empire, et l’empire d’Occident comme un empire tout à fait légitime, transféré par Constantin le Grand au pape, puis par lui aux rois des Francs. Et, d’autre part, il a également fait comprendre aux princes francs que tout le pouvoir temporel en Occident appartenait essentiellement, et depuis les temps anciens, au pape, et leur est conféré au moyen de leur couronnement par les mains du pape. Il n’y a pas lieu de s’étonner si l’on considère le caractère non critique de l’époque. Ils seraient d’autant moins disposés à le faire qu’ils ne pourraient qu’espérer gagner par là cette parfaite égalité d’autorité spirituelle et de rang séculier avec l’évêque romain que le quatrième concile œcuménique avait assignée à leur siège patriarcal. Mais si l’on peut considérer que les Byzantins incorporent inconsidérément cette donation de Constantin dans leurs livres historiques et juridiques, effaçant même les passages qui leur semblaient favoriser les prétentions du pape à la souveraineté universelle, il est plus difficile de la faire accepter par les diplomates occidentaux. Même en A.D. 999 un journal d’État d’Otton III le décrit comme une pure fiction. Les tendances de la Haute Église, cependant, ont également élevé leur niveau en Occident au cours du 11ème siècle (96, 4, 5). En effet, même en apr. J.-C. 1152, un Arnold ( 108, 7), nommé Wetzel, écrivit à l’empereur Frédéric Ier : « Leurs mensonges et leurs fables hérétiques sont maintenant si complètement détruits que même les journaliers et les vachers pourraient prouver aux savants leur vacuité, et le pape avec ses cardinaux n’ose pas honteusement se montrer dans la ville de Rome. » Cependant, la victoire de la papauté sur les Hohenstaufen lui valut de nouveau de l’importance, et ce fut le traité de Laurentius Valla, « De falso credita et ementita Constantini donatione declamatio », qu’Ulrich von Hutten publia en multitude sous presse, qui lui donna le coup de grâce (120, 1). Quand, par la suite, Baronius lui-même reconnut la fausseté de l'Ce document, bien qu’il en attribuât la fabrication aux Grecs, qui voulaient par là prouver que la primauté romaine n’était pas du Christ, mais de Constantin, il ne trouva plus de justicier, même dans l’Église catholique romaine.
Les ariens allemands utilisaient sans aucun doute la langue du peuple dans leurs offices. L’adoption du catholicisme, cependant, a conduit à l’introduction de la langue latine. La dernière trace de connaissance de la traduction de la Bible par Ulfilas se trouve au IXe siècle. Les nations converties directement au catholicisme avaient, dès le début, la langue latine dans le culte public. Seuls les Slaves conservaient encore l’usage de leur langue maternelle (79, 2). La liturgie romaine, ainsi que la langue romaine, ont été adoptées dans toutes les églises, à l’exception de celles de Milan et d’Espagne. Après que Pépin eut noué des relations plus étroites avec les papes, il s’efforça, en A.D. 754, à leur désir, d’amener une uniformité entre le rituel franc et le modèle romain ; et Charlemagne, à qui Hadrien Ier offrit un sacramentarium romain, l’exécuta avec une énergie implacable. La faiblesse des contributions liturgiques des Allemands s’explique en partie par le fait que la liturgie romaine leur était déjà présentée sous une forme richement développée et essentiellement complète, mais aussi en partie par l’exclusion des langues nationales et le refus de faire participer le peuple aux offices liturgiques. Sous la contrainte d’une langue étrangère, les Allemands ne pouvaient pas imprimer l’empreinte de leur caractère national à un département où la langue joue un rôle si important.
88.1. Liturgie et prédication. — À côté de la liturgie romaine ou grégorienne, beaucoup d’autres étaient également en usage. Le peuple et le clergé de Milan ont adhéré avec tant de détermination à leur ancienne liturgie ambrosienne, que Charlemagne lui-même n’a pas pu la déloger, et jusqu’à nos jours, Milan a conservé ce trésor. Les Espagnols ne s’en tenaient pas moins énergiquement à leur liturgie nationale, la soi-disant mozarabe (81, 1). Elle a une forte ressemblance avec les liturgies orientales, mais a été élaborée par les évêques Léandre et Isidore de Séville (80, 2), et a été reconnu par le Synode national de Tolède en A.D. 633 comme valable pour toute l’Espagne. Les liturgies gallicanes de l’époque carolingienne trahissaient également une certaine dépendance vis-à-vis des rituels orientaux. La prédication, dans les services des églises occidentales, a toujours été subordonnée à la liturgie, et la rechute dans la sauvagerie occasionnée par les migrations des peuples l’a presque complètement chassée du champ. La ferveur missionnaire dans l’Église occidentale au cours du VIIe siècle a été la première chose qui a réveillé le sens de son importance. Mais à l’époque, très peu de prêtres pouvaient composer un sermon. Charlemagne, donc, vers J.-C. 780, avait un Homiliarium latin compilé par Paulus Diaconus [Paul Warnefrid] ( 90, 3) des pères pour tous les dimanches et fêtes de l’année, comme modèle pour leur propre composition, ou, là où c’était trop attendre, pour la lecture dans l’original ou dans une traduction. Pendant tout le Moyen Âge et au-delà de la Réforme, il a continué à être l’un des livres les plus lus et les plus utilisés avec diligence dans l’Église catholique romaine. Les missionnaires prêchaient naturellement eux-mêmes ou par l’intermédiaire d’interprètes dans la langue du peuple ; Même dans les églises constituées, la prédication se faisait généralement dans le langage du pays. Charlemagne et les synodes de son temps insistaient au moins sur la prédication allemande ou romaine.
88.2. Musique d’église ( 59, 4, 5).―Après La musique d’église de l’ordonnance de Grégoire continua d’être réservée au clergé. Charlemagne insista en effet, mais sans succès, pour que tout le peuple participe au chant du Gloria et du Sanctus. Au 7ème-9ème siècle. un certain nombre d’auteurs d’hymnes latins ont fleuri, dont les plus distingués ont été Bède, Paul Warnefrid, Théodulf d’Orléans, Alcuin, Rabanus Maurus et Walafrid Strabon. Le bel hymne de la Pentecôte, Veni creator Spiritus, est attribué à Charlemagne. La forme et la coloration classiques anciennes se perdaient de plus en plus, mais le caractère essentiellement chrétien et germanique de la simplicité et de la spiritualité devenait de plus en plus important. Vers la fin de notre période, la composition d’hymnes latins a reçu un nouvel élan fécond par l’adoption de ce qu’on appelle les séquences ou proses dans la messe. Sous la longue série de notes, jusque-là sans paroles, qui étaient annexées à l’Alléluia pour exprimer une jubilation inarticulée, d’où le nom de jubilationes, étaient maintenant placées des mots rythmiques appropriés en prose latine, qui, cependant, prirent bientôt la forme de mètre, de rime et de strophes. Le premier écrivain célèbre de Séquences fut le moine Notker Balbulus de Saint-Gall, mort en 2019. Débloquer le niveau 912. Liés dans la forme aux séquences latines étaient le vieux franc Lais (celtique = verset, chanson) et le vieil allemand Leiche (= mélodie, chanson), des airs simples qui avaient été utilisés pour des chansons populaires. La seule que l’Église permettait au peuple, et cela seulement dans les offices hors de l’église, dans les processions, les rogations et les pèlerinages, en allant à l’église, aux translations de reliques, aux funérailles, aux consécrations d’églises, aux fêtes religieuses populaires, etc., était le chant ou plutôt la récitation du Kyrie eleison des grandes Litanies. Le penchant des Allemands pour le chant et la composition d’hymnes a conduit, dans la seconde moitié du IXe siècle, à attacher à ces mots de courts vers sacrés rimés dans leur langue maternelle, et cela de telle sorte que le Kyrie eleison formait toujours le refrain d’une strophe, de sorte qu’ils étaient appelés Leisons. C’est le début de la musique d’église allemande. Des Leison, un seul hymne à saint Pierre dans le vieux dialecte haut-allemand est parvenu jusqu’à nos jours. — La musique grégorienne, Cantus firmus ou choralis, remporta une victoire des plus complètes sur l’Ambrosienne (59, 5). En apr. J.-C. 754 Pépin, à la demande d’Étienne II, ordonna qu’en France on n’admît que le chant romain, et Charlemagne lui assura un ascendant complet et exclusif dans tout l’Occident en extirpant violemment la musique ambrosienne déjà très dégénérée, en établissant les célèbres écoles de chant de Metz, Soissons, Orléans, Paris, Lyon, etc., à la tête desquelles il plaça des maîtres amenés de Rome, et en introduisant l’enseignement du chant dans toutes les écoles supérieures et inférieures. Le premier orgue est arrivé en France en J.-C. 757 comme cadeau à Pépin le Bref de la part de l’empereur grec Constantin Copronyme ; le second à Aix-la-Chapelle avec une ambassade de l’empereur Michel Ier à l’époque de Charlemagne. À partir de ce moment-là, ils sont devenus plus courants. Ils étaient encore en tant qu’instruments très imparfaits. Ils n’avaient que de 9 à 12 notes, et les touches étaient si rigides qu’il fallait les frapper avec le poing.246― Suite, 104, 10, 11.
88.3. Le sacrifice de la messe. — À mesure que l’idée du sacrifice prenait place, il surgissait, en plus des messes pour les âmes des défunts (58, 3) Messes privées pour divers autres usages, pour le succès d’une entreprise, pour la guérison d’un malade, pour le beau temps et une bonne récolte, etc. Dans une certaine mesure, la multiplication des messes était limitée par l’ordonnance selon laquelle la célébration ne devait être faite qu’une seule fois par jour sur le même autel et par le même prêtre. Dans le but de s’assurer que le plus grand nombre possible de messes soient dites pour leurs âmes après leur mort, les églises et les monastères ont été formés en fraternités avec l’obligation stipulée de célébrer un certain nombre de messes pour chaque membre décédé de la fraternité dans toutes les églises et monastères qui en dépendent. Les confréries de ce genre, dans lesquelles on recevait comme une faveur spéciale les princes et les nobles, s’appelaient Confédérations des Morts.
88.4. Le culte des saints ( 57).― Ce La pratique trouva une réponse très prompte de la part des Allemands. C’était une compensation pour le culte abandonné de leurs ancêtres. Mais au-dessus de tous les autres saints dominait la mère de Dieu, la douce et douce reine du ciel. En elle, la vieille vénération allemande pour la femme trouvait sa satisfaction idéale et pleine satisfaction. En ce qui concerne l’adoration des images ( 57, 4) les Allemands étaient à la traîne, en partie à cause de la rareté des images, en partie à cause de l’aversion nationale à leur égard. L’Église franque de l’époque carolingienne protesta formellement contre eux (92, 1). Mais le zèle manifesté dans le culte des reliques n’en était que plus grand (57, 5) dans lequel l’adorateur avait le saint concrètement et corporellement. Les reliques de l’Occident étaient innombrables. Rome était un entrepôt inépuisable ; Et des missionnaires successifs, des déserts et des solitudes, des monastères et des évêchés, sortaient des foules de nouveaux saints dont les ossements étaient vénérés avec enthousiasme. L’acquisition d’une nouvelle relique pour une église ou un monastère était considérée comme une bonne fortune pour tout le pays, et au milieu de milliers de personnes rassemblées de loin et de près, la traduction fut effectuée, accompagnée de dons généreux en argent. Le monastère franc de Centula pouvait montrer au IXe siècle une liste immensément longue des reliques qu’il possédait, depuis la tombe des Innocents, le lait de la Sainte Vierge, la barbe de Pierre, son manteau, l’Oratoire de Paul, et même avec le bois des trois tabernacles que Pierre voulait construire sur le Thabor. La coutume de faire des pèlerinages ( 57, 6) Il a également trouvé une grande faveur parmi les Allemands amateurs de voyages, en particulier parmi les Anglo-Saxons. Les lieux les plus fréquentés par les pèlerins étaient le tombeau des principaux apôtres à Rome, puis le tombeau de Martin de Tours, et, vers la fin de notre période, celui de saint Jacques de Compostelle, Jacobus Apostolus l’ancien, le prétendu fondateur de l’église espagnole, dont les ossements y furent découverts par Alphonse le Chaste. Les immoralités qui résultaient des pèlerinages, dont se plaignait même l’Église antique, n’étaient que trop apparentes à cette époque ultérieure. C’est à cause d’eux que Boniface demande qu’il soit interdit à ses compatriotes de faire des pèlerinages, car cela ne sert qu’à approvisionner les villes de Gaule et d’Italie en prostituées. L’idée des anges gardiens ( 57, 3) a été adopté avec empressement par les Allemands. Ils étaient particulièrement attirés par le belliqueux archange Michel, le conquérant du grand dragon (Dan. xii. 1 ; Jude, 9 ans ; Apoc., xii, 7 et suiv.). ― Suite, 104, 8.
88.5. Heures et lieux du culte public. — Le commencement de l’année ecclésiastique a été changé de Pâques à Noël. Toussaint ( 57, 1), à l’origine une fête locale romaine, a été érigée en ordonnance universelle par Grégoire IV. qui, en A.D. 835, fixe sa date au 1er nov. L’abondance des reliques et la multitude des messes qui ont été dites ont rendu nécessaire d’augmenter le nombre d’autels dans les églises au-delà de ce que Charlemagne avait prescrit. Par la suite, ils étaient généralement limités à trois. Le maître-autel se détachait de lui-même au milieu du renfoncement du chœur. Les autels latéraux s’appuyaient sur des piliers ou sur le maître-autel. Une châsse relique, datant généralement du VIIIe siècle, formait le dos de l’autel. On ne trouve aucune trace de choeur, pas même de chaise de confessionnal. Dans les églises qui avaient le droit de baptiser ( 84, 2) Il y avait, en règle générale, des baptistères séparés. À la place de ceux-ci, après que le droit de baptême ait été conféré à toutes les églises, les fonts baptismaux ont été introduits, soit sur le côté gauche de l’entrée principale, soit à l’endroit où les transepts traversaient la nef. Ce changement a nécessité la substitution de l’aspersion à l’immersion. Les horloges et les tours sont devenues de plus en plus courantes. Ces derniers, d’abord séparés des bâtiments, étaient dès l’époque de Charlemagne rattachés à l’édifice de l’église. Le baptême des cloches, leur consécration avec de l’eau, de l’huile et du chrême, avec l’attribution du nom d’un saint, a été interdit par Charlemagne, mais il a néanmoins été continué, et est commun jusqu’à ce jour dans l’église catholique romaine.
88.6. L’architecture et la peinture ecclésiastiques ont fait l’objet d’une attention particulière, au sud des Alpes à l’époque ostro-gothique, au nord des Alpes à l’époque carolingienne. Les Anglo-Saxons, cependant, dans leur île natale, ont également développé un goût pour l’art. Au cours du 9e siècle, il a fait l’objet d’une attention particulière dans les monastères allemands de Saint-Gall et de Fulda. Le moine Tutilo de Saint-Gall, mort après J.-C. 912, s’est distingué par excellence en tant que maître en architecture, en peinture et en sculpture, et en poésie et en érudition. L’ancien style basilique romaine a conservé le premier rang dans la construction de l’église. Pourtant, à Ravenne, la Byzance d’Italie, pendant la domination gothique, il y avait plusieurs belles églises dans le style de la coupole byzantine. Einhard reçut de Charlemagne le rang d’architecte de la cour. De toutes les églises construites à l’époque de Charlemagne, la plus importante était la cathédrale d’Aix-la-Chapelle. Il a été construit dans le style de la coupole sur le modèle de l’église cathédrale de Ravenne. Destinée à être une chapelle royale, elle était reliée au palais par un passage à piliers. Il n’était donc que de dimensions modérées. Son appropriation en tant qu’église du couronnement a conduit par la suite à son agrandissement par l’ajout de celle-ci en J.-C. 1355 d’un grand chœur de style gothique. L’église offrait un large champ d’action pour l’utilisation de l’art de la statuaire. Il fallait des sanctuaires coûteux pour les reliques, des crucifix, des lampes, des ciboires, des vases à encens, etc., sur lesquels on pouvait prodiguer tous les raffinements de l’habileté artistique. Les livres de l’église avaient des couvertures artistiquement sculptées. Les portes des églises, les trônes épiscopaux, les pupitres de lecture, les fonts baptismaux, offraient de l’espace pour la pratique du travail de relève. Parmi les divers genres de représentations picturales, la peinture en miniature a été pratiquée avec le plus de diligence sur des copies des livres de l’église. — Suite, 104, 12, 14.
Les restes de la poésie populaire chrétienne de cette période fournissent une preuve convaincante de la manière puissante et profonde dont les vérités du christianisme (75, 1) avait été saisi par les races allemandes. La grande masse du peuple avait en effet adopté la nouvelle foi d’une manière purement historique. Ce n’est que peu à peu qu’elle a fait son chemin dans la vie spirituelle intérieure, et pendant ce temps, du paganisme non entièrement vaincu s’est développée une riche moisson de superstitions en rapport avec la vie chrétienne. Il faut avouer que l’état des mœurs chez les Allemands était tombé très bas par rapport à celui qui prévalait avant la conversion de l’Allemagne au christianisme. Un contraste plus triste n’est guère concevable que celui que présente la comparaison de la description dans Tacite des anciennes coutumes et de la discipline allemandes et du récit de Grégoire de Tours d’une criminalité colossale et d’une sensualité brutale à l’époque mérovingienne. Mais jamais plus qu’ici le sophisme : Post hoc ergo propter hoc, il faut s’en prémunir. La détérioration morale des peuples allemands s’est faite indépendamment de leur christianisation contemporaine, purement extérieure. La cause en est seulement le renversement des fondements de la vie allemande par l’émigration des peuples. Séparés de leur patrie originelle, le plus puissant gardien des coutumes ancestrales, et posés en conquérants au milieu de pays riches avec un milieu moralement bas, qui avait sur eux un effet empoisonné, avec cet empressement et cette ténacité qui caractérisent les enfants de la nature, ils s’emparèrent des trésors et des jouissances séduisantes, et leur passion sans entraves brisa toutes les entraves de la discipline et de la moralité. La preuve la plus évidente de cette opinion réside dans le fait que la décadence morale n’est apparue à un degré aussi remarquable que chez les peuples qui se sont établis dans le monde romain corrompu et se sont amalgamés avec lui, surtout chez les Francs en Gaule et les Lombards en Italie, tandis que chez les Anglo-Saxons et les habitants de la Germanie le développement moral a été plus normal.
89.1. Superstition.—Une puissante impulsion a été donnée à la superstition d’une part par l’Église, selon la méthode d’éducation recommandée par Grégoire le Grand (75, 3), refusant imprudemment d’extirper tout élément du paganisme et s’efforçant plutôt de donner des applications chrétiennes aux institutions et aux vues païennes et de remplir les formes païennes de contenus chrétiens, et d’autre part, par les représentants de l’Église qui ne considèrent pas la croyance en l’existence de divinités païennes comme une illusion, mais considèrent les dieux et les déesses comme des démons. La croyance populaire voyait donc en eux un ensemble de divinités détrônées qui, dans certains domaines de la nature, maintiennent leur ancienne domination, et qu’ils n’osent donc pas se risquer à désobliger tout à fait. La vision poétique et fantaisiste de la nature qui prévalait chez les Allemands a également contribué à ce résultat, avec son amour du mystérieux et du surnaturel, son penchant pour les recherches subtiles et les recherches intellectuelles. Ainsi, dans le culte des saints ainsi que dans la croyance de l’Église aux anges et aux démons, de nouveaux mondes riches s’ouvraient aux Germains christianisés, ce que la croyance populaire améliora bientôt. L’homme pieux est exposé de tous côtés aux vexations des démons, mais il est aussi de tous côtés entouré des soins protecteurs des saints et des anges. La croyance populaire faisait beaucoup de cas du diable, mais la relation des hommes avec le prince des ténèbres et les esprits qui l’accompagnaient semblait beaucoup trop sérieuse et trop réelle pour être encore le sujet de l’humour qui caractérisait les légendes diaboliques de la fin du Moyen Âge, dans lesquelles le diable trompé et « stupide » est représenté comme n’ayant finalement plus qu’une rage impuissante et s’enfuyant furtivement dans la disgrâce.
89.2. L’éducation populaire. — L’idée d’un système général d’éducation du peuple était déjà présente à l’esprit de Charlemagne. Pourtant, comme nous pouvons le supposer, il n’y a eu que des prémices en vue de sa réalisation. Mgr Théodulf, évêque d’Orléans, s’occupa particulièrement de la fondation d’écoles pour le peuple dans tous les villages et villes de campagne de son diocèse. L’instruction religieuse des jeunes se limitait en règle générale à l’enseignement du Notre Père et du Symbole des Apôtres. Tout homme ou femme adulte qui ne connaissait pas ces deux-là était à l’ordre de Charles pour être soumis à la flagellation et au jeûne et pour être obligé de les apprendre en plus. Comme preuve de l’étendue d’une conscience religieuse parmi le peuple, on peut citer les formes allemandes d’adjuration, de croyance, de confession et de prière, des VIIIe et IXe siècles, qui sont encore conservées. D’autres moyens de faire progresser l’éducation religieuse du peuple ont été fournis par les tentatives de rendre les livres bibliques et patristiques accessibles au peuple par des traductions dans sa propre langue. Chez les Allemands, le monastère de Saint-Gall était célèbre pour son zèle à créer une littérature nationale. Chez les Anglo-Saxons, cet effort a été fait et exécuté par Alfred le Grand, qui est mort en J.-C. 901 ( 90 et 10).
89.3. Poésie populaire chrétienne. — Elle fait sa première apparition à la fin du VIIe siècle et se poursuit jusqu’au IXe siècle. Il a prospéré principalement en Angleterre et en Allemagne. Sous le nom de Cædmon de Northumbrie, mort en J.-C. 680, on a conservé toute une série de poèmes bibliques d’une grande valeur poétique, qui couvrent toute l’histoire de l’Ancien et du Nouveau Testament. Le poète anglo-saxon le plus important après lui fut son compatriote Cynewulf, vivant environ un siècle plus tard. Ses poèmes sont moins simples et moins familiers, mais plus élaborés que ceux de Cædmon, et aussi pleins d’enthousiasme poétique que ceux-ci. Lui aussi nous peint dans son « Christ » l’image du Rédempteur comme celle d’un prince viril et victorieux parmi ses vrais « champions et comtes » avec des traits si nets que « quiconque les verra une fois ne les oubliera plus ». Ses légendes poétiquement forgées portent davantage l’empreinte romaine avec des traces du culte des saints et de la doctrine du mérite.247 Au-dessus de ces deux productions anglo-saxonnes s’élève encore l’épopée germano-saxonne l’Héliand, du temps de Louis de France, chant du Messie digne de son auguste sujet, vraiment national, parfait dans la forme, simple, vif et majestueux dans le style, transposant dans le sang et la vie allemands un christianisme authentique et profond. En valeur poétique, le « Krist » d’Otfried, moine de Weissenberg vers J.-C., n’a guère moins d’importance. Débloquer le niveau 860. Proche de son cœur comme de celui des chanteurs anglo-saxons se trouvait la pensée : thaz wir Kriste sungun in unsere Zungun. Il ne s’agit cependant plus d’une poésie populaire, mais d’une poésie artistique, dans laquelle la rime ou l’allitération des anciennes lettres allemandes cède la place à la rime finale, plus douce et plus délicate. C’est aussi à cette classe qu’appartient ce qu’on appelle la Prière de Wessobrunner, dont la première moitié poétique est probablement un fragment d’un hymne plus vaste de la création, et un poème en haut-allemand sur la fin du monde et le jugement dernier, connu sous le nom de Muspilli, qui n’existe que sous la forme d’un fragment qui est, cependant, presque insurpassable en dignité et en grandeur de description.
89.4. Condition sociale.―Du point de vue du droit allemand, le contrat de fiançailles avait la validité du mariage et la cérémonie nuptiale ultérieure ou la remise de la mariée à l’époux d’une manière légale publique par son père ou son tuteur légal était considérée comme n’étant que l’exécution de ce contrat. La cérémonie nuptiale, avec la bénédiction ecclésiastique du lien matrimonial déjà légalement lié, n’était souvent célébrée que le lendemain du mariage, donc après sa consommation. Le Capitulaire de Charlemagne de J.-C. 802 sont venus à l’appui des prétentions de l’Église ( 61, 2), ordonnant que sans une enquête préalable minutieuse sur les relations entre les parties par le prêtre et les anciens du peuple, et aussi sans la bénédiction sacerdotale, aucun mariage ne pourrait être conclu. Les décrétales pseudo-isidoriennes attribuent cette exigence aux papes des IVe et Ve siècles. Mais le droit de célébrer des mariages n’était pas pour autant confié à l’Église ; C’est seulement que la consécration religieuse de l’ordonnance civile du mariage fut désormais rendue obligatoire. Il semblait préférable que, tôt ou tard, les époux renoncent volontairement aux rapports conjugaux ; mais cela était strictement interdit pendant le Carême ( 56, 4, 5), sur tous les festivals et les jours de la semaine en station (mercredi, vendredi, samedi et dimanche). Les seconds mariages étaient marqués du reproche d’incontinence et appelaient une pénitence prolongée. D’autre part, il n’y avait pas encore d’interdiction de divorcer, et le remariage des séparés n’était interdit qu’inconditionnellement dans des cas particuliers. L’Église n’était pas disposée à tolérer les mariages mixtes avec les païens, les Juifs et les Ariens. Les Allemands ont eu beaucoup de mal à se réconcilier avec les exigences strictes de l’Église en ce qui concerne les degrés de parenté interdits. Les coutumes nationales avaient considéré beaucoup de mariages de ce genre, surtout avec la veuve d’un frère, comme un devoir pieux.248―Continuation, 104, 6.―Esclavage ou bien le servage était une institution si étroitement liée chez les Germains à leurs notions de propriété, que l’Église ne pouvait songer à l’abolir entièrement ; En effet, l’Église elle-même, avec ses grandes possessions foncières, possédait une multitude d’esclaves. Cependant elle soutenait avec ardeur l’égalité religieuse et morale des maîtres et des serviteurs, assignait à l’affranchissement des esclaves une des premières places parmi les bonnes œuvres, et était toujours prête à protéger les esclaves contre les maîtres cruels.249―Le l’Église, avec une énergie particulière, s’est attelée à la tâche de prendre soin des pauvres ; Même les évêques orgueilleux et sans cœur ne pouvaient pas l’ignorer. Chaque église bien aménagée avait plusieurs bâtiments dans lesquels les pauvres, les malades, les veuves et les orphelins étaient entretenus aux frais de l’église.250
89.5. Pratique du droit public.—La coutume de la vengeance sanglante était aussi une institution tout à fait allemande. Elle avait cependant été assez restreinte par la coutume de la concorde ou par le paiement d’une satisfaction sous la forme d’une amende pécuniaire. L’Église, dans son aversion pour la peine capitale, était résolument en faveur de ce système. Afin d’obtenir des preuves judiciaires, des serments et des épreuves ont été administrés. Seul l’homme libre, qui était tout à fait capable d’agir selon son propre jugement, était autorisé à prêter serment ; Le mari prêtait serment pour sa femme, le père pour les enfants, le maître pour l’esclave. Des parents, des amis et des égaux en rang jurèrent avec lui en tant que participants à son serment, Conjuratores. Bien qu’ils aient répété avec lui la formule du serment, le sens de leur action était simplement qu’ils étaient pleinement convaincus de l’honneur et de la véracité de celui qui avait prêté serment. Là où le serment de purgation n’était pas permis, où les conjuratores n’étaient pas disponibles et où les autres moyens de preuve manquaient, l’Ordalie (Ordale de Ordâl = jugement) était introduite. Sous ce qui peut être inclus :
L’Église, avec sa croyance aux miracles, occupait le même terrain que celui sur lequel la pratique de l’épreuve était enracinée. Elle ne pouvait donc combattre que la conception païenne de l’épreuve et non la chose elle-même. Mais l’Église a pris en charge l’ensemble de la procédure et a certainement fait beaucoup pour réduire le danger au minimum. C’est Agobard de Lyon, mort en apr. J.-C. 840, qui le premier combattit contre la superstition comme digne de réprobation. Par la suite, la chaire romaine, d’abord par Nicolas Ier, interdisait les épreuves de toutes sortes. Parmi les diverses sortes de privilèges impliquant l’inviolabilité des personnes et des biens, des professions et des affaires, les privilèges de l’Église étaient considérés comme les plus élevés après ceux du roi. Toute atteinte faite à des personnes ou à des biens ecclésiastiques et tout crime commis dans un lieu sacré exigeaient une composition trois fois plus grande que ce qui aurait été autrement exigé par toutes choses égales par ailleurs. L’évêque était du même rang que le duc, le prêtre du comte.
89.6. Discipline ecclésiastique et exercices pénitentiels ( 61, 1).― Le L’État allemand accordait à l’Église une part dans l’administration des châtiments, et ne considérait l’expiation d’un malfaiteur comme complète que lorsqu’il s’était soumis au jugement ecclésiastique aussi bien qu’au jugement séculier. C’est de là que naquit l’institution des Judiciatures synodales épiscopales, Synodus, sous Charlemagne. Une fois par an, l’évêque, accompagné d’une Missus royale, parcourrait tout le diocèse, et, de chaque curé assisté d’assesseurs assermentés à cet effet, s’enquérerait minutieusement de l’état moral et ecclésiastique de chacune des congrégations placées sous ses ordres et punirait les péchés et les manquements découverts. Les directives pour la conduite des judicatures synodales ont été écrites par Regino de Prüm et Hincmar de Reims (90, 5). L’État a également donné autorité à l’excommunication ecclésiastique en mettant ses forces civiles à la disposition de l’Église. Pépin a ordonné qu’aucun excommunié n’entre dans une église, qu’aucun chrétien ne mange ou ne boive avec lui, que personne ne le salue. Les instructions pour la pratique de la discipline pénitentielle sont données dans les divers livres pénitentiels ou confessionnaux, qui, suivant le modèle des productions médico-légales, règlent le montant des exactions pénales pour tous les péchés imaginables en proportion de leur énormité. Le pénitentiel attribué à tort à Théodore, archevêque de Cantorbéry (90, 8) est le modèle sur lequel la plupart d’entre eux sont construits. Les confessionnaux qui portent les noms de Bède le Vénérable et d’Egbert d’York obtinrent une faveur particulièrement élevée. Tous ces livres, même dans leur forme primitive extrêmement perverse et dans leurs formes ultérieures très modifiées, pleines de contradictions, d’erreurs et de positions arbitraires, ont réduit toute la pratique pénitentielle aux plus profonds degrés d’extériorisation et de corruption. On voit à quel point l’idée de pénitence de l’Église était devenue confuse et déformée, c’est ce que l’on voit par la traduction du mot pœnitentia par pénitence, c’est-à-dire satisfaction, expiation. Dans les pénitentiels, pœnitere est tout à fait identique à jejunare. L’idée de pœnitentia ayant été autrefois associée à des représentations extérieures, il ne pouvait y avoir d’objection à lui substituer l’acte pénitentiel habituel du jeûne (56, 7) pour d’autres exercices spirituels, ou par l’adoption de la pratique légale allemande qui consiste à recevoir une composition pour accepter un impôt en argent à des fins ecclésiastiques ou de bienfaisance. C’est ainsi qu’apparaissent les premières traces des Indulgences de l’Église catholique romaine ultérieure. Il s’ensuivait donc que, de même que l’on pouvait satisfaire tous les péchés par des actes de pénitence correspondants, de même ces œuvres pouvaient aussi être accomplies par procuration par d’autres. C’est ainsi qu’il s’éleva dans les pénitentiels un système de rédemptions pénitentielles qui formait la plus méprisable moquerie de toute pénitence sincère. Par exemple, une instruction est donnée sur la manière dont un homme riche peut être absous d’une pénitence de sept ans en trois jours, sans s’incommoder lui-même, s’il produit le nombre d’hommes nécessaires pour jeûner pour lui. Cependant, une corruption aussi profonde de la discipline pénitentielle suscita, aux VIIIe et IXe siècles, une puissante réaction contre les livres confessionnels et leurs principes corrompus. Il a été présenté pour la première fois au synode anglais à Clovesho en J.-C. 747 ; sur ses traces suivirent les Synodes français de Châlons en A.D. 813, de Paris A.D. 829, de Mayence, A.D. Débloquer le niveau 847. Le concile de Paris ordonna que tous les confessionnaux fussent saisis et brûlés. Ils n’en continuaient pas moins à être utilisés. — Il n’existait pas encore de contrainte universelle et inconditionnelle à se confesser. Cependant, la coutume d’une confession annuelle dans la saison des quarante jours de Pâques était même au IXe siècle si répandue que l’omission de cette confession était suivie d’une sévère censure par le tribunal synodal. Les formules de l’absolution n’étaient que dépréciatives, non judiciaires.251
À l’exception des célèbres efforts d’Ulfilas, la période arienne de l’histoire de l’Église allemande est assez stérile en performances scientifiques. Pourtant, les quelques personnes qui ont préservé et encouragé les acquis scientifiques des temps antérieurs ont été honorées et utilisées par le noble roi ostrogoth Théodoric, et sous lui Boèce et Cassiodore (47, 23) accompli la louable tâche de sauver les restes de l’érudition classique et patristique. Pour l’Espagne, le même office fut rempli par Isidore de Séville, qui mourut en J.-C. 636, dont les manuels ont continué pendant des siècles, même de ce côté-ci des Pyrénées, à fournir les bases des études savantes. Les nombreux monastères écossais et irlandais ont maintenu leur réputation jusqu’au IXe siècle pour leur piété éminente et leur érudition distinguée. Parmi les Anglo-Saxons, le savant moine grec Théodore de Tarse, mort en J.-C. 690, et son compagnon Hadrien, enflammèrent un enthousiasme pour les études classiques, et le vénérable Bède, qui mourut en A.D. En 735, bien qu’il n’ait jamais quitté son monastère, il est devenu le professeur le plus célèbre de tout l’Occident, Les pirates danois ont en effet écrasé presque jusqu’à l’extinction les graines de la culture anglo-saxonne, mais Alfred le Grand les a semées à nouveau, bien que cette renaissance n’ait été que pour un peu de temps. En Gaule, Grégoire de Tours, mort en . 595, fut le dernier représentant de l’érudition ecclésiastique romaine. Après lui, nous entrons dans un chaos sans forme et sans vide, d’où l’esprit créateur de Charlemagne a d’abord appelé un jour nouveau qui a répandu sur tout l’Occident ses rayons lumineux. Cette lumière, cependant, s’éteignit déjà à l’époque du petit-fils du grand empereur, et alors nous passons soudain dans la nuit du Sæculum Obscurum (100).
90.1. Souverains de la lignée carolingienne.―Charlemagne, A.D. De 768 à 814, on peut considérer qu’il commença ses entreprises scientifiques lors de sa première entrée en Italie en J.-C. Débloquer le niveau 774. À cette occasion, il fit la connaissance des érudits Pierre de Pise, Paul Warnefrid, Paulin d’Aquilée et Théodulf d’Orléans, et les amena dans son palais. D’après J.-C. En 782, cependant, l’étoile particulièrement brillante de sa cour était l’érudit anglo-saxon Alcuin, que Charles avait rencontré en Italie l’année précédente. Les études scientifiques se poursuivaient alors d’une manière extrêmement vigoureuse dans le palais. La famille royale, toute la cour et ses environs s’occupèrent d’eux, mais de tous, Charles lui-même fut le plus assidu et le plus brillant des élèves d’Alcuin. Dans l’école royale, la Schola palatina, qui était ambulatoire comme la résidence royale elle-même, les fils et les filles du roi avec les enfants des familles les plus distinguées du pays recevaient une éducation de haut niveau. Le personnel enseignant était constamment recruté en Angleterre, en Irlande et en Italie. Après de tels préparatifs, Charles publia en A.D. 787 une circulaire à tous les évêques et abbés de son royaume qui enjoignait, sous la menace de son sévère mécontentement royal, d’ériger des écoles dans tous les monastères et les églises cathédrales. Entre-temps, ses efforts furent couronnés de succès, mais ils furent plutôt partiaux dans la préférence accordée à la littérature classique et patristique, sans véritable fondement national. La nature grande et généreuse de Charles avait en effet un vif intérêt pour la culture nationale, mais ceux qui l’entouraient, à la seule exception de Paul Warnefrid, avaient en raison de leur formation de moines latins perdu tout goût pour la pensée, la langue et la nationalité allemandes, et craignant que de telles études ne mettent en danger le christianisme et ne provoquent une rechute dans le paganisme, elles n’aidèrent pas mais entravaient plutôt les efforts du roi pour promouvoir une littérature nationale. ―Louis le Pieux, A.D. 814-840, vit son faible gouvernement troublé par les luttes des partis et des citoyens. Cette période n’est donc pas particulièrement propice au développement des études scientifiques, mais la semence semée par son père porte encore de nobles fruits. Son fils Lothaire promulgua une ordonnance qui donnait une nouvelle organisation au système éducatif de l’Italie, et le créait à nouveau. Mais l’Italie, agitée et pleine de factions, était le pays où de telles institutions pouvaient le moins être menées avec succès. Un nouvel âge d’or, cependant, s’ouvrit pour la France sous Charles le Chauve, après J.-C. 840 à 877. Sa cour ressemblait à celle de son arrière-grand-père en y rassemblant l’élite des érudits de tout l’Occident. L’école royale acquit une nouvelle renommée sous la direction de Joannes Scotus Erigena. Les écoles cathédrales et monastiques de France rivalisaient avec les institutions les plus célèbres de l’Allemagne (Saint-Gall, Fulda, Reichenau, etc.), et sur les sièges épiscopaux français présidaient des hommes qui avaient la réputation la plus distinguée d’érudition. Mais après la mort de Charles, la floraison de la période carolingienne s’éteignit avec une rapidité presque inconcevable au milieu des commotions de l’époque dans l’obscurité épaisse, le chaos et la barbarie.
90.2. Les théologiens les plus distingués de l’époque précarolingienne.
90.3. Les théologiens les plus distingués du siècle de Charlemagne.
90.4. Les théologiens les plus distingués du siècle de Louis le Pieux.
90.5. Les théologiens les plus distingués du siècle de Charles le Chauve.
90.6.
90.7.
90.8. Les écoles monastiques et cathédrales avaient pour tâche principale de former des serviteurs capables pour l’Église. Les manuels les plus utilisés étaient ceux de Cassiodore, d’Isidore, de Bède, d’Alcuin et de Rabanus. On fit preuve d’une grande diligence, surtout dans les monastères, pour fonder des bibliothèques et multiplier les livres au moyen de bons exemplaires. Alcuin a fait une triple division de toutes les sciences ; l’éthique, la physique et la théologie. L’éthique correspondait à ce qu’on appellera plus tard le Trivium (Grammaire, Rhétorique et Dialectique) ; Physique au Quadrivium (Arithmétique, Géométrie, Musique et Astronomie). Ces deux-là comprenaient ensemble toute la gamme des sept arts libres, c’est-à-dire dignes de l’étude d’un homme libre, les études libérales. Le latin était la langue des rapports et de l’instruction. Le grec, qui a été répandu par Théodore de Tarse, un moine grec, qui, après avoir été longtemps professeur à Rome, était en A.D. En 669, il fut nommé archevêque de Cantorbéry, et ses élèves lui enseignèrent également dans les écoles les plus importantes. La connaissance de l’hébreu était beaucoup plus rare, et s’obtenait souvent par le biais de relations avec des Juifs érudits. Boèce [Boëthius] était le véhicule de l’instruction en philosophie. Au IXe siècle, les œuvres attribuées à Denys l’Aréopagite (47, 11) ont été envoyés en France comme cadeau de l’empereur byzantin Michel à Louis de France. Il s’identifia avec le fondateur de l’église de Paris du même nom, et le sentiment patriotique donna une immense impulsion à l’étude de ses écrits. L’abbé Hildmin de Saint-Denys, puis Joannes Erigena, les traduisirent en latin. Des ouvrages encyclopédiques, donnant des recueils de toute l’étendue des sciences alors connues, ont été produits par Isidore et Rabanus.256― Suite, 99, 3.
90.9. Diverses branches de la science théologique. — Les travaux de l’Église allemande dans le département de théologie scientifique étaient dirigés vers les besoins immédiats de l’Église, et c’est pourquoi le caractère de sa théologie était biblique et pratique, et la réputation des Pères si extravagante, que partout où c’était possible, l’enseignement, la prédication, la preuve et la réfutation étaient tous poursuivis dans leurs propres termes. Les puissants efforts de Charlemagne dans le sens de la réforme donnèrent, même dans le département de théologie, une occasion abondante et un encouragement aux érudits qui l’entouraient à une procédure plus indépendante, et les controverses théologiques du IXe siècle donnèrent suffisamment de place à la pensée indépendante.
90.10. La culture anglo-saxonne sous Alfred le Grand, A.D. 871-901. — Alfred le Grand, le plus grand et le plus noble de tous les rois que l’Angleterre ait jamais eus, était le petit-fils d’Egbert qui s’était uni en A.D. 827 les sept royaumes anglo-saxons. À l’âge de cinq ans, il reçut l’onction papale à Rome et, deux ans plus tard, en compagnie de son pieux père, il voyagea de là, fit un séjour considérable à la brillante cour de Charlemagne, où il reçut l’impression de sa culture supérieure, et commença son règne en Jésus-Christ. 871 dans sa 22e année alors que le royaume était cruellement opprimé par les invasions danoises. Il appliqua toute l’énergie de son esprit aux problèmes difficiles du gouvernement, à l’émancipation et à la civilisation de son pays et de son peuple en chassant les brigands danois, puis en améliorant l’état intérieur du pays par l’attention portée à l’agriculture, à l’industrie et au commerce, par une organisation, une législation et une administration sages, par la fondation d’églises. monastères et écoles, et en favorisant toute entreprise scientifique d’un point de vue tout à fait national. À l’âge de trente-six ans déjà, il apprit la langue latine et utilisa cette acquisition pour enrichir la littérature anglo-saxonne par des traductions de sa propre main, avec de nombreux ajouts importants de sa main, de la Consolatio philosophiæ de Boëthius, de l’Histoire universelle d’Orose, de l’Histoire de l’Église d’Angleterre de Bède et de la Regula pastoralis de Grégoire le Grand. Il commença aussi une traduction des Psaumes. Il a stimulé ses amis érudits à une activité semblable, parmi lesquels l’évêque Asser de Sherborne, dans sa Vita Alfredi (trad. anglaise dans « Six Old English Chronicles ») a élevé un digne mémorial de son maître.260― Suite, 100, 1.
La première hérésie importante qui s’est développée indépendamment sur le sol allemand a été l’adoptionnisme. Cette hérésie a pris son essor à ce stade du développement de la christologie qui a été atteint par le 6e Concile œcuménique de Constantinople en J.-C. 680 ( 52 et 8), car elle reconnaît la double nature et la double volonté tout en niant la double filiation. L’orthodoxie franque, cependant, n’y voyait pas un nouveau développement de la doctrine, mais une rechute dans le nestorianisme, et condamna donc la nouvelle doctrine. Au cours de la même période, le dogme de la procession du Saint-Esprit a fait l’objet d’une vive controverse, et l’Église franque s’est présentée comme le défenseur de l’orthodoxie occidentale contre les Grecs. Dans la controverse eucharistique, les théologiens francs les plus éminents se sont opposés à la doctrine de la transsubstantiation de Balbutus [Balbulus]. Une autre controverse sur la conception de la Sainte Vierge était étroitement liée à celle dont nous venons de parler. Ni l’un ni l’autre n’ont fait l’objet d’une décision synodale. D’autre part, des décisions synodales très précises ont été prises en référence à la controverse sur la prédestination, sans toutefois mettre fin à cette controverse par aucun moyen. D’une importance secondaire était la dispute sur l’expression Trina Deitas.
91.1. La controverse des adoptionnistes, A.D. De tous les dogmes chrétiens, aucun n’était aussi offensant pour les musulmans que celui de la Trinité, qui, pour leur monothéisme stérile, apparaissait nécessairement comme du trithéisme, et aucun n’était l’objet d’autant de mépris que l’idée que Dieu aurait un fils. Il n’y a donc pas lieu de s’étonner de constater que les théologiens espagnols se sont efforcés de présenter cette doctrine sous une forme aussi peu offensante que possible pour les musulmans. Un certain Migète alla jusqu’à adopter une forme très grossière de sabellianisme, car, se rapprochant sans aucun doute de la vision mahométane de l’ordre prophétique, il représentait le développement trinitaire de l’unique Être divin comme une triple manipulation historique de Dieu : dans David la personne du Père est révélée, dans le Christ comme fils de David, celle du Fils, et enfin, dans l’apôtre Paul, celle de l’Esprit Saint. Lors d’un synode espagnol de l’an J.-C. En 782, il se heurta avec succès à l’opposition de l’archevêque Elipandus de Tolède, qui saisit l’occasion pour tenter de développer davantage le dogme christologique. Cela a également été développé plus en détail par Félix d’Urgel dans le Mark espagnol. L’un et l’autre enseignaient : Que le Christ n’est proprement Fils de Dieu que selon sa nature divine (Filius Dei Naturâ) ; selon sa nature humaine, il est proprement, comme nous tous, un serviteur de Dieu, et ce n’est que par la décision de la volonté divine qu’il est adopté comme Fils de Dieu (Filius Dei Adoptivus), de même que nous pouvons tous par lui et selon son exemple être élevés de la condition de serviteur à la famille de Dieu. Il est donc le Fils unique, selon sa nature humaine, le Fils premier de Dieu. L’adoption de la nature humaine dans la filiation divine a commencé avec sa conception par le Saint-Esprit, mais elle a été plus nettement déterminée dans son baptême et rendue parfaite dans sa résurrection. C’est sur le sol espagnol que se déroula la première scène de la controverse provoquée par cette doctrine. Deux représentants du clergé asturien, le prêtre Beatus de Libana et l’évêque Etherius d’Osma, luttèrent par paroles et par écrits contre l’hérésie d’Elipandus (A.D. 785). Cela a été fait peut-être dans le but d’émanciper l’église asturienne du siège de Tolède alors sous domination sarrasine. Les Asturiens s’adressèrent à Hadrien Ier, qui, dans une épître aux évêques d’Espagne en apr. J.-C. 786 condamnait l’adoptionnisme comme une hérésie. La controverse entra dans une seconde phase grâce à l’intervention de Charlemagne. L’absence d’adoptionnisme dans l’Espagne franque lui fournissait un prétexte pour intervenir, et il s’en saisit volontiers, car cela lui donnait l’occasion de se poser en défenseur de l’orthodoxie en Occident, c’est-à-dire en empereur en esse. Avant un synode à Ratisbonne en A.D. En 792, Félix fut contraint de renoncer à cette hérésie et fut envoyé à Rome auprès du pape Hadrien Ier. Là, il dut se rétracter une seconde fois, mais s’évada de prison et s’enfuit en territoire sarrasin. Sur ces entrefaites, Alcuin était revenu de ses voyages en Angleterre, et s’engagea aussitôt dans la controverse en adressant une exhortation affectueuse à Félix. Les Espagnols donnèrent une réponse très ferme et Charlemagne convoqua alors le célèbre synode œcuménique allemand de Francfort en J.-C. Débloquer le niveau 794. Après une enquête plus approfondie, l’adoptionnisme a de nouveau été condamné. et le jugement du synode, afin qu’il ait un caractère œcuménique, a été envoyé en Espagne accompagné de quatre rapports complets comme représentant les diverses Églises et autorités nationales. Mais sur les Espagnols, cela ne fit guère d’impression. Tout aussi peu d’effet avait eu un savant traité controversé d’Alcuin, auquel Félix fit une réplique intelligente. Pendant ce temps, Charlemagne envoya une commission cléricale sous la direction de Leidrad de Lyon et de Benoît d’Aniane (85, 2) dans le Mark espagnol, afin d’extirper les mauvaises herbes de l’hérésie qui y poussaient. Félix se déclara prêt à poursuivre l’enquête. Au Synode national d’Aix-la-Chapelle en A.D. Il disputa pendant six jours avec Alcuin, et se déclara enfin complètement convaincu. Alcuin et Paulin d’Aquilée publièrent de nouveaux traités controversés, et Leidrad se rendit une seconde fois dans la Marque espagnole où il réussit à éradiquer l’hérésie. Mais les évêques de l’Espagne sarrasine n’en étaient que plus déterminés à maintenir leur doctrine, et Elipandus répondit d’un ton passionné et irrité à une lettre conciliante d’Alcuin. Félix y resta jusqu’à la fin de sa vie après J.-C. 818 sous la tutelle de l’évêque de Lyon. Le successeur de Leidrad, Agobard, trouva dans ses papiers des preuves indubitables qu’il était jusqu’à la fin un adoptiste dans l’âme, et en profita pour publier un autre tract controversé. C’était la toute dernière de ces productions. Mais en Espagne, l’adoptionnisme semble avoir maintenu son emprise jusqu’à la seconde moitié du IXe siècle. Enfin, vers cette époque, Paulus Alvarus de Cordoue (90, 6) s’est opposé à un certain Joannes Spalensis à cause de ses opinions adoptionnistes. Au XIIe siècle, la controverse éclata à nouveau sur le sol allemand (102, 6).261
91.2. Controverse au sujet de la procession du Saint-Esprit. — Lors d’un synode à Gentiliacum en apr. J.-C. En 767, tenue dans le but de rencontrer une ambassade byzantine au sujet de la controverse iconoclaste, l’ajout au credo du Filioque a été discuté (67, 1). Le résultat de la discussion n’est pas connu. À l’époque de Charlemagne, Alcuin et Théodulf défendirent la doctrine latine dans des traités spéciaux et lors d’un synode à Friaul en apr. J.-C. 791 Paulin d’Aquilée justifia son adoption dans le credo et les livres carolingiens (92, 1). La discussion reprit lorsque les moines latins du mont des Oliviers, blâmés par les Grecs à cause de l’ajout, firent appel à l’usage de l’église franque. Pape Léon III. communiqua à ce sujet avec Charlemagne, et un concile à Aix-la-Chapelle en A.D. 809 a défendu l’ajout. Mais le pape, bien que ne contestant pas la justesse de la doctrine, a refusé le changement dans le credo, et a fait ériger deux tablettes d’argent à Saint-Pierre à Rome avec le credo qui voulait l’ajout. C’était évidemment un frein aux mouvements ecclésiastiques et politiques de l’empereur.
91.3. La controverse eucharistique, A.D. 844. — Hésitations sur la doctrine de la Cène (58, 2) a duré jusqu’au 9ème siècle. Paschasius Radbertus, moine à Corbie, entreprit en A.D. 831, dans son traité De Sanguine et corpore Domini, pour justifier théologiquement et développer de toutes parts la doctrine de la Cène, qui avait depuis longtemps pris ses racines dans la pratique de l’Église et dans la foi du peuple. L’air de piété authentique que nous rencontrons dans cet ouvrage nous impressionne favorablement, et l’on ne peut nier qu’il n’ait eu une perception profonde de la plénitude, de la puissance et de la profondeur du sacrement. C’était donc tout à fait conforme à la croyance populaire. Il pouvait aussi se référer à des faits de la Vitæ Sanctorum, où la Veritas intérieure s’était manifestée à l’extérieur. Il pense que le fait que cela ne s’est pas toujours produit s’explique en partie par le fait que la Cène, dans sa nature même, est un mystère pour la foi et non un miraculum pour l’incrédulité, en partie par la condescendance divine qui tient compte de l’horreur naturelle de la chair et du sang, et enlèverait aux païens toute occasion de blasphème. À cette époque, A.D. 831, on n’a pas fait appel aux Écritures. Entre-temps, Radbertus fut nommé abbé de Corbie, et dans cette position importante, il révisa son œuvre et la présenta à Charles le Chauve en J.-C. Débloquer le niveau 844. Le roi demanda au savant moine Ratramnus de Corbie d’exprimer son opinion à ce sujet, et il n’était que trop prêt à faire du tort à son abbé. Sans le nommer, il conteste sa doctrine dans son traité De corp. et sang. Domini ad Carolum Calvum, avec une critique acerbe, et a subtilement développé sa propre vue, selon laquelle le corps et le sang du Christ ne sont appréciés que spiritualiter et secundum potentiam. Rabanus Maurus, Scot Erigena et Florus de Lyon s’opposèrent également à la doctrine de transformation magique de Radbertus en faveur d’une jouissance purement spirituelle. Hincmar et Haymo, d’autre part, prirent le parti de Radbertus, tandis que Walafrid Strabon et l’habile et énergique Christian Druthmar trouvèrent dans l’idée d’impanation et de consubstantiation une expression plus appropriée pour le mystère solennel. Mais Radbertus avait prononcé la parole qui exprimait clairement le sentiment ecclésiastique de l’époque ; La protestation de tant de grandes autorités pouvait en retarder, mais ne pouvait en détruire les effets. Suite, 101, 2.
91.4. Controverse sur la conception de la Vierge. — Cette notion de l’opération magique du Divin prévalut chez Radbertus, lorsque, peu de temps après, il entreprit à sa manière, et aussi selon le Ps. xxii, 10 et Jér. xxxi. 22, dans le tract De partu virginali, pour établir l’opinion déjà exprimée par Ambroise et Jérôme ( 57, 2), que Marie enfanta utéro clauso, et sans douleur. Ratramnus a également laissé un traité sur ce thème : De eo quod Christus ex Virigine natus est. Il soutient également avec Radbertus que pendant la conception comme dans l’enfantement, la Vierge n’a pas perdu sa virginité. Mais tandis que Radbertus luttait contre ceux qui enseignaient moins que cela, c’est-à-dire que, bien que Marie conçut comme une vierge, elle enfantait à la manière de toutes les femmes, Ratramnus dirigea son attaque contre ceux qui affirmaient plus que cela, c’est-à-dire que le Christ, à sa naissance, n’est pas sorti du sein de sa mère de la manière habituelle et naturelle, par sa mère qui l’a porté. Tandis que le premier s’irritait de la profanation du mystère de la naissance du Christ, en le plaçant sous les lois de la nature, le second soulignait qu’en aucun cas il ne devait être considéré comme en soi ignominieux d’être placé sous les lois de la nature. Finalement, alors que Radbertus répudiait inconditionnellement la position, Vulvam aperuit, Ratramnus se sentit obligé par Luc II. 23 de l’admettre dans un certain sens. C. v. « Utique vulvam aperuit, non et clausam corrumperet, sed et per eam suæ nativitatis ostium aperiret, sicut et in Ezech. xliv. 3 porta et clausa describitur et tamen narratur Domino aperta ; non quod liminis sui fores dimoverit ad ejus egressum, sed quod sic clausa patuerit dominanti, » et c. viii. « Exivit clauso sepulchro ( ?) et ingressus foribus obseratis (Jo. xx. 9) ... ut et clausam relinqueret et per eam transiret ... nec haureundo patefecit. » La polémique n’a donc probablement pas été provoquée par quoi que ce soit dans les écrits, mais plutôt dans leurs déclarations orales. Ni l’un ni l’autre ne comprenait le point de vue de l’autre, et l’un tirait des conséquences des déclarations de l’autre qui n’étaient pas justifiables. Mais lorsque Ratramnus prétend débattre, non pas avec son abbé, mais avec un adversaire allemand anonyme, cela ne peut être considéré que comme un artifice littéraire.
91.5. La controverse prédestinarienne A.D. 847-868. — La controverse prédestinarienne antérieure ( 53, 5), était si loin d’être menée à son terme, que toutes les gradations des vues doctrinales, depuis celle du semi-pélagianisme jusqu’à une doctrine de la prédestination à la condamnation qui allait bien au-delà d’Augustin, pouvaient trouver des représentants parmi les docteurs de l’Église. Au IXe siècle, la controverse a éclaté sous une forme passionnée. Gottschalk, fils de Berno, comte saxon, avait été placé par ses parents lorsqu’il était enfant au monastère de Fulda. Un synode à Mayence en A.D. 829 l’autorisa à sortir, mais l’abbé de Fulda de l’époque, Rabanus Maurus, obtint de Louis le Pieux qu’il annule cette dispense. Transféré au monastère d’Orbais, dans le diocèse de Soissons, Gottschalk chercha du réconfort dans l’étude des écrits d’Augustin et fut un défenseur enthousiaste de la doctrine de la prédestination absolue. Sur un point, il est même allé au-delà d’Augustin lui-même, car il a enseigné une double prédestination (Gemina prædestinatio), une prédestination au salut et une prédestination à la condamnation, tandis qu’Augustin avait parlé de cette dernière surtout comme d’un abandon à une condamnation méritée. Il profita de deux voyages en Italie en A.D. 840 et apr. J.-C. 847 pour avoir répandu sa doctrine. Poussé par un désir véhément de faire des convertis, il fit une tentative contre l’évêque Noting de Vérone. Par lui, Rabanus, de l’apr. J.-C. 847 archevêque de Mayence, en fut informé et envoya à Noting, ainsi qu’au comte Eberhard de Friaul, chez qui Gottschalk vivait, des lettres de menaces qui déformaient la doctrine de Gottschalk sur beaucoup de points, et en tiraient des conséquences injustes, faisant de la Prædestinatio ad damnationem une Prædestinatio ad peccatum. La doctrine de Rabanus lui-même distinguait la prescience et la prédestination, et plaçait la condamnation des méchants sous le premier point de vue. Dans le même temps, en A.D. En 848, il convoqua un synode à Mayence, devant lequel Gottschalk exposa sa doctrine sans réserve, dans la joyeuse conviction qu’elle était conforme à la doctrine de l’Église. Mais le concile l’excommunia et le confia pour le châtiment à son métropolite Hincmar de Reims. Hincmar le fit condamner de nouveau au synode de Quiersy en A.D. 849, donc, parce qu’il refusa obstinément de se rétracter, le fit sauvagement flageller et condamner à la prison à vie dans le monastère d’Hautvilliers. Gottschalk offrit de prouver la justesse de sa cause en se soumettant à une épreuve ; mais Hincmar, bien qu’il fût dans d’autres cas un défenseur de l’épreuve, dénonça cela comme la proposition d’un second Simon le Magicien. Le traitement inhumain du pauvre moine et le rejet de la doctrine d’Augustin par deux chefs de l’Église provoquèrent une grande agitation dans l’Église franque, qui était principalement dirigée contre Hincmar. Dans un premier temps, l’évêque Prudentius de Troyes prit le parti du moine condamné. Alors Charles le Chauve demanda l’avis de Ratramnus de Corbie et de l’abbé Servatus Lupus de Ferrières. L’un et l’autre prirent le parti de Gottschalk. La position d’Hincmar menaçait de devenir très grave. Il chercha des partisans et réussit à trouver des champions en la personne du diacre Florus de LyLe prêtre Amalarius de Metz et le savant Joannes Scot Erigena. Mais l’action de ce dernier était presque plus dangereuse pour le métropolitain que les accusations de ses accusateurs. En effet, l’Irlandais spéculatif fondait ses objections à la doctrine de la prédestination sur la position, inouïe auparavant en Occident, que le mal n’est qu’un μὴ ὄν, et que la condamnation n’est donc pas une punition positive de Dieu, mais consiste seulement dans la conscience d’un défaut. La position d’Hincmar était maintenant pire que jamais, car ses adversaires le rendaient responsable des hérésies de Scot. Et pas seulement un vieil objecteur, Prudentius de Troyes, dans son De prædest. c. Joh. Scotu, mais même l’archevêque Wessilo de Sens et le diacre Florus de Lyon, qui l’avaient soutenu jusque-là, se mirent maintenant en armure contre lui. Mais Charles le Chauve prit le rôle du métropolite en proie à de graves agressivités et convoqua le synode national de Quiersy de J.-C. 853, où, dans quatre articles (Capitula Carisiaca), un augustinisme modifié, rejetant la gemina prædestinatio, a été présenté comme la foi orthodoxe. Les objecteurs neusriens furent alors contraints de garder le silence, mais l’archevêque Remigius de Lyon fixa un synode national de Valence de Lothring. 855 contre le Synode de Neustrie. Ce synode condamna expressément les décisions du synode de Quiersy, ainsi que le mélange écossais (pultus Scotorum), et établit six articles contradictoires comme norme de l’orthodoxie. Finalement, les dirigeants des Francs de l’Ouest unirent leurs forces et convoquèrent un synode impérial à Savonnières, un faubourg de Toul, en J.-C. Débloquer le niveau 859. Mais l’harmonie n’était pas encore assurée, et l’on risquait de se séparer avec amertume, lorsque Rémigius proposa de réserver la décision à une assemblée ultérieure qui serait convoquée dans un temps moins agité, et de maintenir la paix en attendant. On s’y mit d’accord, et l’on mit fin à la controverse, car l’assemblée proposée ne fut jamais réalisée. Gottschalk, abandonné à l’abandon par ses anciens amis, se tourna alors vers le puissant pape Nicolas Ier pour obtenir de l’aide. Le pape ordonna à Hincmar de répondre devant les plénipotentiaires pontificaux de son procès contre le moine au synode de Metz en A.D. 863 ( 82 et 7). Hincmar préféra ne pas se plier à cette demande et, à sa grande joie, le pape lui-même annula les décisions du synode parce que ses légats avaient été soudoyés. De plus, le métropolite réussit, par l’intercession et des lettres bien planifiées, à gagner le pape. C’est ainsi que Gottschalk fut privé de son dernier espoir. Pendant vingt ans, il languit en prison, mais dans son dernier souffle, il rejeta toute proposition de rétractation. Il mourut en apr. J.-C. 868, et sur l’ordre d’Hincmar, il fut enseveli dans une terre non consacrée.
91.6. La Controverse Trinitaire, A.D. De sa prison, Gottschalk avait accusé son métropolitain d’une seconde hérésie. Hincmar avait supprimé d’un hymne d’église, Te trina Deitas unaque poscimus, l’expression, trina Deltas, comme favorisant l’arianisme, et lui avait substitué les mots, sancta Deitas. Ses adversaires l’accusèrent donc de sabellianisme, et Ratramnus porta cette accusation dans un tract controversé qui n’existe plus. Ratramnus, d’autre part, à qui Hincmar s’adressa, soutint le changement, mais ne voulut pas s’engager à l’approuver par écrit, sur quoi Hincmar lui-même entreprit de défendre l’expression substituée dans son traité, De una et non trini Deitate.262
L’indépendance que Charlemagne donna à l’Église allemande éveilla d’abord en elle la conscience de sa vocation de réformateur. Cette conscience s’est maintenue tout au long du Moyen Âge, bien qu’elle ait été entravée par beaucoup d’étroitesse, d’unilatéralité et d’erreur. Charlemagne lui-même a été le premier dans la série des réformateurs avec sa protestation énergique contre le culte des images. Louis le Pieux persévéra aussi dans cette même direction, et encouragea Agobard de Lyon et Claude de Turin lorsqu’ils contestèrent des formes similaires de superstition ecclésiastique.
92.1. L’opposition carolingienne au culte des images, A.D. 790-825. — A l’occasion d’une ambassade de l’empereur Constantin Copronyme (66, 2) Pépin le Bref convoqua un synode à Gentiliacum en apr. J.-C. 767 ( 91, 2) où la question du culte des images a été traitée. Nous n’avons pas d’autres informations, car les actes de ce Synode ont été perdus. Puis, en apr. J.-C. 790 Hadrien Ier envoya à Charlemagne les actes du 7e synode de Nicée (66, 3). Charles, en tant qu’empereur élu, s’estimait gravement lésé par l’assomption des Grecs, qui, sans consulter la cour d’Allemagne, cherchaient à promulguer des lois entièrement contraires à la pratique franque. Il publia sous son propre nom un journal d’État en 4 livres sterling, le soi-disant Libri Carolini, dans lequel les procédures byzantines étaient censurées en termes forts, les actes synodaux réfutés un à un, toute forme de culte des images dénoncée comme idolâtrie, tandis qu’en même temps la position des iconoclastes était répudiée et, en référence à Grégoire le Grand ( 57, 4), L’utilité des images pour vivifier la dévotion, instruire le peuple et fournir une décoration appropriée aux lieux sacrés a été admise. La vénération des saints, des reliques et de la croix est, en revanche, autorisée. Charlemagne envoya cet écrit au pape, qui, dans le langage le plus courtois, écrivit une réfutation qui, cependant, ne fit aucune impression sur Charlemagne. Au contraire, il hâta maintenant les préparatifs pour convoquer un grand synode œcuménique de toutes les églises allemandes qui surpasserait le synode de la cour byzantine. Alcuin profita de sa visite en Angleterre pour s’assurer une représentation de l’Église anglo-saxonne à ce synode. Le Synode s’est réuni à Francfort en J.-C. 794 et confirma les positions des livres carolingiens. Le pape jugea prudent de céder aux temps et au peuple. Sous Louis le Pieux, la question fut remise sur le devant de la scène à l’occasion d’une ambassade de l’empereur iconoclaste Michel Balbus. Un synode national à Paris en A.D. 825 condamne sévèrement le culte des images, en opposition à Hadrien Ier, et affirme les positions des livres carolingiens. Pape Eugène II. gardé le silence à ce sujet. Dans l’empire franc jusqu’au Xe siècle, aucune reconnaissance n’a été accordée au 2e concile de Nicée, et l’opposition officielle a été maintenue contre le culte des images.
92.2. Peu de temps après le concile parisien de J.-C. En 825, Agobard de Lyon fait son apparition avec une puissante polémique : Contra superstitionem eorum, qui picturis et imaginibus sanctorum adorationis obsequiem deferendum putant. Il va beaucoup plus loin que les livres de Caroline, car non seulement il considère qu’il est souhaitable, à cause de l’inévitable abus de la part du peuple, de bannir entièrement les images, mais avec le culte des images, il rejette aussi toute adoration des saints, des reliques et des anges. L’homme ne doit mettre sa confiance qu’en Dieu tout-puissant, et n’adorer et ne révérer qu’un seul Médiateur, le Christ. Il se présente aussi comme un réformateur de la liturgie. Il trouve à redire à toutes les additions sensuelles au service divin, il en bannirait tous les hymnes non bibliques, il exhorte à l’étude sérieuse de l’Écriture, il lutte contre la folie de l’épreuve (De divinis sententiis), les superstitions populaires sur la sorcellerie et les présages météorologiques (Contra insulsam vulgi opinionem de grandine et tonitruis), et l’idée qu’en offrant aux églises on peut mettre un terme aux épidémies et aux pestes. De plus, sur inspiration, il entretenait des opinions très libérales (90, 9). Personne ne songea à l’accuser d’hérésie, à cause de ces vues. Claude de Turin alla encore plus loin qu’Agobard. Avec l’aide d’Augustin, il a pu saisir plus profondément qu’aucun de ses contemporains le noyau essentiel de la vérité salvatrice, que l’homme sans aucun mérite d’œuvres est justifié et sauvé par la grâce de Dieu dans le Christ seul. Louis le Pieux le nomma à l’évêché de Turin avec l’injonction expresse de lutter contre le culte des images dans son diocèse italien. Il y trouva le culte des images ainsi qu’une dévotion extravagante aux reliques, aux croix et aux pèlerinages à un tel degré qu’il se sentit contraint à contrecœur, à cause de l’état des choses, de jeter les images et les croix hors des églises. L’excitation populaire à l’égard de cette procédure s’éleva à son paroxysme, et sa vie fut sauvée et sa charge conservée uniquement par crainte des armes franques. Quand le pape Pascal lui fit part de son mécontentement, il dit que le pape ne doit être honoré comme apostolique que lorsqu’il fait les œuvres d’un apôtre, autrement Matt. XXIII. 2-4 s’applique à lui. Contre l’avis de son premier érudit et ami, l’abbé Théodemir, concernant la psalmodie monastique, il se justifia lui-même en apr. J.-C. 825 dans son traité controversé Apologeticus, qui n’est plus connu que par les réponses de ses adversaires. Un Écossais, Dungal, professeur à Pavie, inscrivit les listes contre lui et l’accusa devant l’empereur, qui se contenta cependant d’appeler l’évêque Jonas d’Orléans pour réfuter le traité apologétique. Cette réfutation n’apparut qu’après la mort de Claude. Elle a pris la position de l’Église franque sur la question du culte des images, comme l’avait fait Dungal.
Au cours de cette période, la christianisation de l’Europe était presque achevée. Seules la Laponie et la Lituanie sont réservées pour la période suivante. La méthode utilisée pour la conversion était toujours la même. Outre les missionnaires, les guerriers ont également étendu la foi. Les monastères et les châteaux étaient les centres du christianisme nouvellement fondé. Des considérations politiques et des princesses chrétiennes convertirent les princes païens ; leurs sujets les suivirent, soit sous la pression violente, soit avec une résignation tranquille, emportant avec eux, cependant, sous le couvert d’une profession chrétienne, une grande partie de leur vieille superstition païenne. C’était la politique des empereurs allemands de faire tous les efforts possibles pour unir les races converties sous les métropolites allemands, et d’établir cette union. C’est ainsi que fut fondée la métropole de Hambourg-Brême pour les Scandinaves et ceux des provinces baltes, celle de Magdebourg pour les Polonais et les Slaves du Nord, celle de Mayence pour les Bohémiens, celle de Passau et de Salzbourg pour les Hongrois. Mais c’était le désir de Rome de les émanciper du clergé allemand et de l’État allemand, et de les ériger en métropoles indépendantes d’une grande famille de nationalités chrétiennes reconnaissant le pape comme leur père spirituel (82, 9). L’Église d’Occident commença alors une entreprise missionnaire qui s’étendit au-delà de l’Europe jusqu’aux Mongols d’Asie et aux Sarrasins d’Afrique, mais pendant toute cette période, elle resta sans résultat, ou du moins sans résultat important.
93.1. Le champ missionnaire scandinave. — L’œuvre d’Ansgar et de Rimbert ( 80) ne s’était étendue qu’aux provinces frontalières du Jutland et aux ports de commerce de la Suède, et même les églises qui y avaient été fondées s’étaient presque éteintes. Un renouveau de la mission ne pouvait être envisagé, à cause des razzias de brigands de Normands ou de Vikings, qui, au cours des IXe et Xe siècles, avaient dévasté toutes les côtes. Mais ce sont justement ces raids vikings qui, d’une autre manière, ont ouvert à nouveau la porte à l’entrée des missionnaires dans ces terres. Beaucoup de Vikings qui étaient rentrés chez eux, qui avaient résidé pendant un certain temps à l’étranger, s’y étaient convertis à la foi chrétienne et en avaient rapporté la connaissance dans leurs foyers. En France, les Norvégiens sous la direction de Rollon fondèrent la Normandie en J.-C. Débloquer le niveau 912. Au Xe siècle, toute la moitié septentrionale de l’Angleterre tomba entre les mains des Danois, et finalement, en J.-C. En 1013, le roi danois Sweyn conquiert tout le pays. Tant en France qu’en Angleterre, les fermiers adoptèrent la profession de chrétien, ce qui, en raison des liens étroits qu’ils entretenaient avec leurs anciens foyers, amena la conversion de la Norvège et du Danemark.
93.2. Au Danemark, Gorm le Vieux, le fondateur de la monarchie danoise régulière, apparaît vers la fin du IXe siècle comme l’ennemi acharné du christianisme. Il détruisit toutes les institutions chrétiennes, chassa tous les prêtres et ravagea les côtes allemandes voisines. Puis, en apr. J.-C. En 934, le roi d’Allemagne Henri Ier entreprit une guerre contre le Danemark et obligea Gorm à payer un tribut et à accorder la tolérance à la foi chrétienne. L’archevêque Unni de Brême reprit immédiatement l’œuvre missionnaire. Avec une grande partie de son clergé, il entra sur le territoire danois, restaura les églises du Jutland et mourut en Suède en Jésus-Christ. Débloquer le niveau 936. Le fils de Gorm, Harald Blaatand, est vaincu au combat par Otton Ier. en apr. J.-C. 965, soumis au baptême. Mais son fils Sweyn Gabelbart, bien qu’il ait lui aussi été baptisé, dirigeait le parti païen réactionnaire. Harald tomba au combat contre lui en apr. J.-C. En 986, Sweyn commença alors sa carrière en tant que persécuteur acharné des chrétiens. Éric de Suède, cependant, autrefois païen et ennemi du christianisme, le chassa en J.-C. 980, et, à la demande d’un ambassadeur allemand, il toléra la religion chrétienne. Après la mort d’Eric en A.D. 998, Sweyn revint. En exil, ses opinions avaient changé, et maintenant il se liait d’amitié avec les chrétiens aussi activement qu’auparavant il les avait persécutés. En apr. J.-C.En 1013 , il conquit toute l’Angleterre et y mourut en 1013 . Débloquer le niveau 1014. Son fils Canut le Grand, mort en apr. J.-C. En 1036, il réunit les deux royaumes sous son sceptre, et s’efforça de trouver dans la profession d’une foi chrétienne commune un lien d’union entre les deux pays sur lesquels il régnait. À la place de la mission allemande de Brême, il mit sur pied une mission anglaise qui eut beaucoup de succès. En apr. J.-C. En 1026, par le biais d’un pèlerinage à Rome, poussé aussi par des opinions politiques profondes, il rejoignit l’Église danoise dans les liens les plus étroits avec le centre ecclésiastique de la chrétienté occidentale. À partir de ce moment-là, le Danemark est considéré comme une terre complètement christianisée.
93.3. En Suède aussi, l’archevêque Unni de Brême reprit son travail missionnaire et y mourut en l’an de suite. Débloquer le niveau 936. À partir de ce moment, la mission allemande fut poursuivie sans interruption. Ce n’est cependant qu’au début du XIe siècle, lorsque des missionnaires anglais sont venus de Norvège en Suède avec Sigurd à leur tête, que de réels progrès ont été réalisés. Par eux, le roi Olaf Skötkonung, qui mourut en A.D. 1024, fut baptisé. Olaf et son successeur firent tous leurs efforts pour promouvoir les intérêts de la mission, qui avait fait des progrès considérables dans le Gothland, tandis qu’en Suède, avec son sanctuaire national païen d’Upsala, le paganisme continuait à dominer. Le roi Inge, lorsqu’il refusa en apr. J.-C. En 1080, il renonça au christianisme, fut poursuivi à coups de pierres par une foule de gens à Upsala. Son gendre Blot-Sweyn mena la réaction païenne et persécuta sévèrement ceux qui professaient la foi chrétienne. Après avoir régné pendant trois ans, il fut tué, et Inge rétablit le christianisme dans toutes ses parties. Ce ne fut cependant que sous saint Éric, qui mourut en apr. J.-C. 1160, que la foi chrétienne devint dominante en Haute-Suède.263
93.4. Les Norvégiens avaient, de bonne heure, acquis une certaine connaissance du christianisme par les raids aventureux de leur jeunesse maritime, par le moyen de prisonniers chrétiens, et aussi par le moyen de relations avec les colonies scandinaves d’Angleterre et de Normandie. Le premier roi chrétien de Norvège fut Haco le Bon (A.D. 934-961), qui avait reçu une éducation chrétienne à la cour d’Angleterre. Ce n’est qu’après avoir gagné l’amour fervent de son peuple par son habile gouvernement, qu’il osa demander l’établissement légal de la religion chrétienne. Le peuple, cependant, l’obligea à prendre part à des sacrifices païens ; et quand il fit le signe de la croix sur la coupe sacrificielle avant d’en boire, ils ne furent apaisés que par le fait qu’il associait l’action au marteau de Thor. Haco ne put jamais se pardonner cette faiblesse et mourut le cœur brisé, se considérant comme indigne même d’une sépulture chrétienne. Olaf Trygvesen (A.D. 995-1000), d’abord l’idéal d’un Viking nordique, puis d’un roi nordique, a été baptisé lors de sa dernière visite en Angleterre, et a utilisé toutes les puissantes influences à sa disposition, le charme et la fascination de sa personnalité, la flatterie, la faveur, la ruse, l’intimidation et la cruauté, pour assurer l’introduction forcée du christianisme. Aucun étranger n’a jamais été autorisé à quitter la Norvège sans avoir été persuadé ou contraint par lui de recevoir le baptême. Ceux qui refusaient, qu’ils soient autochtones ou étrangers, étaient sévèrement emprisonnés et, dans de nombreux cas, mis à mort. Il est tombé dans la bataille avec les Danois. Olaf Haraldson le Gros, connu par la suite sous le nom de St. Olaf (A.D. 1014-1030), suivit les traces de Trygvesen. Sans les manières fascinantes et la magnanimité de son prédécesseur, mais poursuivant ses fins ecclésiastiques et politiques avec plus d’insouciance, de sévérité et de cruauté, il perdit bientôt l’amour de ses sujets. Les chefs aliénés conspirèrent avec le Canut danois ; tout le pays se souleva contre lui ; il tomba lui-même au combat, et la Norvège devint une province danoise. Le joug écrasant des Danois, cependant, provoqua un rebond soudain de l’opinion publique à l’égard d’Olaf. Le roi, qui était auparavant universellement haï, était maintenant considéré comme le martyr de la liberté et de l’indépendance nationales. D’innombrables miracles ont été accomplis par ses os, et même dès l’ère chrétienne. En 1031, le pays le proclama à l’unanimité saint national. L’enthousiasme pour la vénération du nouveau saint augmentait de jour en jour, et avec lui l’enthousiasme pour l’émancipation de leur pays natal. Porté par la puissante agitation, le fils d’Olaf, Magnus le Bon, chassa les Danois en J.-C. Débloquer le niveau 1035. La canonisation d’Olaf, bien qu’elle ait eu pour origine des projets purement politiques, avait mis le sceau final du christianisme sur le pays. Les privilèges nationaux allemands, cependant, ont été mis en avant en Norvège contre le droit canonique jusqu’au XIIIe siècle.264
93.5. Dans le groupe d’îles du Nord-Ouest, les Hébrides, les Orcades, les Shetlands et les îles Faröe, la population celtique clairsemée professant le christianisme fut, au cours du IXe siècle, expulsée par les Vikings nordiques païens, et parmi ceux-ci, le christianisme fut introduit pour la première fois par les deux Olafs norvégiens. La première tentative missionnaire en Islande a eu lieu en J.-C. 981 par l’Islandais Thorwald, qui, ayant été baptisé en Saxe par un évêque ( ?) Frédéric persuada cet ecclésiastique de l’accompagner en Islande, afin qu’ils pussent travailler ensemble à la conversion de ses compatriotes païens. Au cours d’un ministère de cinq ans, plusieurs personnes ont été gagnées, mais par une décision du Conseil national, les missionnaires ont été forcés de quitter l’île en J.-C. Débloquer le niveau 958. Olaf Trygvesen ne permettait pas facilement à un Islandais visitant la Norvège de revenir sans avoir été baptisé, et à deux reprises il envoya des expéditions officielles pour la conversion de l’Islande. Le premier, envoyé en A.D. 996, avec Stefnin, originaire d’Islande, à sa tête, eut peu de succès. Le second, A.D. 997-999, était dirigée par l’aumônier de la cour d’Olaf, Dankbrand, un Saxon. Cet homme, à la fois guerrier et prêtre, qui, lorsque ses sermons échouaient, ne reculait pas devant le panachage, convertit plusieurs des chefs les plus puissants. En apr. J.-C. L’État islandais fut sauvé à la dernière heure d’une guerre civile entre païens et chrétiens qui menaçait son existence même, par l’adoption d’un compromis, selon lequel tous les Islandais étaient baptisés et seul le culte chrétien était reconnu publiquement, mais l’adoration des idoles dans les foyers, l’exposition des enfants et la consommation de chair de cheval étaient tolérées. Mais en A.D. En 1016, à la suite d’un embassage du roi norvégien Olaf Haraldson, même ces derniers vestiges du paganisme ont été anéantis. 985, devait son christianisme à Olaf Trygvesen, qui, en 985. L’an 1000 envoya le fils du découvreur, Leif le Fortuné, avec une expédition pour sa conversion. Les habitants acceptèrent le baptême sans résistance. L’église a continué à y prospérer sans interruption pendant 400 ans, et les districts côtiers se sont enrichis grâce à l’agriculture et au commerce. Mais lorsqu’en A.D. En 1408, l’évêque André nouvellement élu voulut prendre possession de son siège, il trouva le pays entouré d’énormes masses de glace et ne put effectuer de débarquement. Cette catastrophe et les incursions subséquentes des Esquimaux semblent avoir conduit au renversement de la colonie. Au cours de ses expéditions, il découvrit une terre riche et fertile dans l’Ouest, qu’il appela Vineland, à cause des vignes qui y poussaient à l’état sauvage, et cette région fut ensuite colonisée à partir de l’Islande. Au XIIe siècle, afin de confirmer les colons dans la foi, un évêque groenlandais, Éric, entreprit un voyage dans ce pays. Il se trouvait sur la côte est de l’Amérique du Nord et doit probablement être identifié avec le Massachusetts et le Rhode Island actuels.
93.6. Le champ missionnaire slavo-magyar. — Même dans la période précédente, on avait commencé à christianiser la Bohême (79, 3). Après la mort de Wratislaw, sa veuve païenne Drahomira administra le gouvernement au nom de son fils cadet Boleslaw. Ludmilla, avec l’aide du clergé et des Allemands, voulut promouvoir saint Wenzeslaw, le fils aîné, éduqué par elle, mais elle fut étranglée sur ordre de Drahomira en J.-C. Débloquer le niveau 927. Wenzeslaw, lui aussi, tomba par la main de son frère. Boleslas songea alors à extirper complètement le christianisme, mais il y fut obligé, à la suite de la victoire d’Othon Ier. en apr. J.-C. 950, pour consentir à la restauration de l’église. Son fils Boleslas [Boleslaw] II, A.D. 967-999, contribua à sa création en fondant l’évêché de Prague. Le pape saisit l’occasion, à l’occasion de cette fondation de l’évêché, pour introduire le rituel romain (A.D. 973).265
93.7. De la Bohême, la foi chrétienne fut portée aux Polonais. En apr. J.-C. En 966, le duc Micislas se laissa persuader par sa femme Doubrouchka, princesse de Bohême, fille de Boleslas Ier, de se faire baptiser. Ses sujets furent amenés à suivre son exemple, et l’évêché de Posen fut fondé. L’Église s’établit solidement sous la direction de son fils, le puissant Boleslaw Chrobry, A.D. De 992 à 1025, qui, avec le consentement d’Otton III, affranchit l’Église polonaise de la métropole de Magdebourg et lui donna un siège archiépiscopal à Gnesen (A.D. 1000). Il a également séparé les Polonais de la fédération impériale germanique et s’est fait couronner roi peu de temps avant sa mort en J.-C. Débloquer le niveau 1025. Un état d’anarchie, qui dura un an et menaça le renversement du christianisme dans le pays, fut mis fin par son petit-fils Casimir en J.-C. Débloquer le niveau 1039. Le petit-fils de Casimir, Boleslas II. a donné aux Polonais un saint national par le meurtre en J.-C. 1079 de l’évêque Stanislas de Cracovie, ce qui a conduit à son excommunication et à son exil.
93.8. Le christianisme a été introduit en Hongrie à partir de Constantinople. Un prince hongrois, Gylas, y reçut le baptême vers l’an J.-C. En 950, il rentra chez lui avec un moine Hiérothée, sacré évêque des Hongrois. Cependant, le lien avec l’Église d’Orient fut bientôt rompu et une alliance se forma avec l’Église d’Occident. Après Henri Ier. en apr. J.-C. En 933, il battit les Hongrois à Keuschberg, et plus nettement encore après Otton Ier après J.-C. 955 les avaient complètement humiliés par le terrible massacre de Lechfelde, l’influence allemande l’emporta. Les travaux missionnaires de l’évêque Piligrim de Passau, ainsi que l’introduction d’étrangers chrétiens, en particulier d’Allemands, donnèrent bientôt au christianisme une prépondérance dans tout le pays sur le paganisme. La mission fut directement favorisée par le duc Geysa, A.D. 972-997, et sa vigoureuse épouse Sarolta, fille du susnommé Gylas. La christianisation de la Hongrie a été achevée par le fils de Geysa, saint Étienne, après J.-C. 997-1038, qui, lors de son mariage avec Gisèle, sœur de l’empereur Henri II, fut baptisé, une réaction païenne fut réprimée, une constitution et des lois furent données au pays, un archevêché fut fondé à Gran avec dix évêques suffragants, la couronne fut mise sur sa tête en A.D. En 1000, le pape Sylvestre II et la Hongrie fut inscrite comme membre important de la fédération des États chrétiens d’Europe. Sous ses successeurs, le paganisme, en effet, s’éleva de nouveau dans une formidable révolte, mais fut finalement éradiqué. Saint Ladislas [Ladislas], A.D. 1077-1095, en déracine les derniers vestiges.
93.9. Parmi les nombreuses races wendes du nord et du nord-est de l’Allemagne, les principales tribus étaient les Obotrites dans ce qui est aujourd’hui le Holstein et le Mecklembourg, les Lutitiens ou Wilziens, entre l’Elbe et l’Oder, les Poméraniens, de l’Oder à la Vistule, et les Sorbi, plus au sud en Saxe et en Lusace. Henri Ier, A.D. 919-936, et son fils Otton Ier, A.D. De 936 à 973, en plusieurs campagnes, ils les soumirent au joug germanique, et ceux-ci fondèrent parmi eux en J.-C. 968 l’archevêché de Magdebourg en plus de plusieurs évêchés. La passion pour la liberté nationale, ainsi que le mépris orgueilleux, les mauvais traitements et l’oppression des margraves allemands, rendirent le christianisme particulièrement odieux aux Wendes, et ce ne fut qu’après que leur liberté et leur nationalité eurent été complètement détruites et que la population slave eut été dépassée en nombre par les colons allemands ou germanisés, que l’Église obtint une base solide dans leur pays. Une révolte des Obotrites sous Mistewoi en J.-C. 983, qui, avec le joug allemand, abjura aussi la foi chrétienne, conduisit à la destruction de toutes les institutions chrétiennes. Son petit-fils Gottschalk, éduqué en tant que chrétien dans un monastère allemand, mais rendu furieux par le meurtre de son père Udo, s’est échappé du monastère en J.-C. En 1032, il renonça au christianisme et se lança dans une terrible persécution contre les chrétiens et les Allemands. Mais il se repentit bientôt amèrement de cet accès de rage insensée. Fait prisonnier par les Allemands, il s’évada et se réfugia au Danemark, mais par la suite, il revint et fonda en A.D. 1045 un grand empire wende qui s’étendait de la mer du Nord à l’Oder. Il employa alors avec enthousiasme toute son énergie à l’établissement de l’Église dans son pays sur une base nationale, et Adalbert de Brême lui envoya des missionnaires. Il était lui-même souvent leur interprète et leur exposant. Il eut un succès éminemment réussi, mais le parti national le haïssait comme l’ami des Saxons et de l’Église. Il tomba par l’épée de l’assassin en J.-C. 1066, et alors commença une terrible persécution des chrétiens. Son fils Henri ayant été mis à l’écart, le puissant chef Ranian Cruco de l’île de Rügen, ennemi fanatique du christianisme, fut choisi comme souverain. À l’instigation d’Henri, il fut assassiné dans sa propre maison en A.D. Débloquer le niveau 1115. Henri mourut en apr. J.-C. Débloquer le niveau 1127. Un prince danois Canut acheta la couronne wende à Lothaire, duc de Saxe, mais fut assassiné en J.-C. Débloquer le niveau 1131. Cela a mis fin à l’empire wende. Le chef Obotrite Niklot, mort en apr. J.-C. En 1161, il ne se maintint que sur le territoire des Obotrites. Son fils Pribizlaw, l’ancêtre de l’actuelle famille régnante du Mecklembourg, en adoptant le christianisme en apr. J.-C. En 1164, il s’épargne une partie de l’héritage de ses pères en tant que vassal des princes saxons. Tout le reste du pays fut partagé par Henri le Lion entre ses guerriers allemands, et les districts dépeuplés furent peuplés de colons allemands. 1157 Albert l’Ours, fondateur du margravat de Brandebourg,La domination des Lutitiens fut la domination des Lutitiens, après de longues luttes et des révoltes sans fin. Lui aussi enrôla de nombreux colons allemands dans les régions dévastées. — La christianisation des Sorbes fut une tâche plus facile. Après leur première défaite face à Henri Ier. en apr. J.-C. 922 et 927, ils n’ont jamais pu retrouver leur ancienne liberté. A côté de la mission de l’épée chez les Wendes, la mission de la Croix a toujours été poursuivie, plus ou moins vigoureusement. Parmi l’évêque sorabe Benno de Meissen, mort en apr. J.-C. 1107, travaillé avec une vigueur particulière, et parmi les Obotrites, le plus grand zèle fut déployé par saint Vicelin. Il mourut évêque d’Oldenbourg en an J.-C. Débloquer le niveau 1154.
93.10. Poméranie présentée en A.D. 1121 au duc de Pologne, Boleslas III, et il les contraignit solennellement à promettre qu’ils adopteraient la foi chrétienne. L’œuvre de conversion, cependant, semblait si peu prometteuse que Boleslas ne trouva personne parmi tout son clergé prêt à entreprendre la tâche. Enfin, en apr. J.-C. En 1122, un moine espagnol Bernard s’offrit lui-même. Mais les Poméraniens le chassèrent comme un mendiant qui ne cherchait qu’à son propre profit, car ils pensaient que si le Dieu des chrétiens était vraiment le Seigneur du ciel et de la terre, il leur aurait envoyé un serviteur en accord avec sa glorieuse majesté. Boleslas était alors convaincu que seul un homme ayant une foi forte et un esprit de martyr, uni à une figure, un rang et une richesse imposants, était apte à l’œuvre, et il trouva ces qualités chez l’évêque Otto de Bamberg. Otto accepta l’appel et, au cours de deux voyages missionnaires en A.D. 1124-1128 fonde l’église de Poméranie. Suivant le conseil de Bernard, il parcourut la Poméranie dans les deux cas avec toute la pompe de la dignité épiscopale, avec une suite nombreuse et d’abondantes provisions de vivres, d’argent, d’ornements ecclésiastiques et de présents de toutes sortes. Il a eu un succès sans pareil, mais il a été à plusieurs reprises sur le point d’obtenir la couronne du martyre qu’il désirait ardemment. Tout le moyen âge ne fournit guère un exemple aussi noble, aussi pur et aussi réussi d’entreprise missionnaire. Aucun de tous les missionnaires de ce temps-là ne présente une image aussi harmonieuse de la fermeté sans l’obstination, de la sincérité sans la dureté, de la douceur sans faiblesse, de l’enthousiasme sans fanatisme. Et jamais les nationalités allemande et slave n’ont pratiqué avec autant de noblesse, de succès et de fidélité l’indulgence mutuelle que les Poméraniens et leur apôtre. Il est tombé quand, en J.-C. En 1168, le roi danois Waldemar Ier, avec les chefs chrétiens de Poméranie et d’Obotrite, conquit l’île et détruisit ses sanctuaires païens.
93.11. L’œuvre missionnaire parmi les Finlandais et les Lituaniens. — Saint Éric de Suède en apr. J.-C. 1157 introduisit le christianisme en Finlande par la conquête et la contrainte. L’évêque Henri d’Upsala, l’apôtre des Finlandais, qui l’accompagnait, mourut en martyr l’année suivante. Les Finlandais haïssaient le christianisme aussi profondément que le règne des Suédois conquérants, qui l’introduisirent, et ce n’est qu’après la troisième campagne que Thorkel Canutson entreprit en J.-C. 1293 contre la Finlande, que la domination suédoise et la foi chrétienne furent établies, et que, sous un gouvernement vigoureux, mais modéré et sage, les Finlandais se réconcilièrent avec l’une et l’autre. 1279, et par la suite le christianisme s’y installa peu à peu. En apr. J.-C. En 1335, l’évêque Hemming d’Upsala consacra la première église de Tornea.
93.12. L’Estonie, la Livonie et la Courlande étaient habitées par des peuples appartenant à la souche finnique. Pourtant, même dans les temps anciens, des gens du sud et de l’est appartenant à la souche lituanienne s’étaient installés en Livonie et en Courlande, des Lettons et des Lettgalls en Livonie, et des Semgalls et des Wendes en Courlande. Les premières tentatives d’introduction du christianisme dans ces régions ont été faites par les Suédois et les Danois, et même sous le roi danois Sweyn III, fils d’Éric, vers J.-C. En 1048, une église fut érigée en Courlande par des marchands chrétiens, et en Estonie, les Danois construisirent peu de temps après la forteresse de Lindanissa. L’élévation de l’évêché de Lund au rang de métropole en apr. J.-C. 1098 a été projeté en ce qui concerne ces terres. En apr. J.-C. 1171 Le pape Alexandre III envoya un moine, Fulco, à Lund pour convertir les païens et être évêque de Finlande et d’Estonie, mais il semble qu’il n’ait jamais assumé ses fonctions ni sa dignité. Des résultats durables ont d’abord été obtenus par la prédication allemande et l’épée allemande. Au milieu du XIIe siècle, les marchands de Brême et de Lübeck faisaient le commerce avec les villes situées sur les rives de la Dwina. Un pieux prêtre du monastère de Segeberg dans le Holstein, appelé Meinhart, entreprit en leur compagnie, sous les auspices de l’archevêque de Brême, Hartwig II, un voyage missionnaire dans ces régions en A.D. Débloquer le niveau 1184. Il construisit une église à Üxküll sur la Dwina, fut reconnu comme évêque de l’endroit en J.-C. 1186, mais mourut en 1186 . Débloquer le niveau 1196. Son assistant Dietrich continua l’œuvre de la mission dans le district de Freiden jusqu’en Estonie. Le successeur de Meinhart à l’évêché fut l’abbé cistercien Berthold de Loccum à Hanovre. Ayant été chassé peu de temps après son arrivée, il revint avec une armée de croisés allemands et fut tué au combat en J.-C. Débloquer le niveau 1198. Son successeur fut un chanoine de Brême, Albert de Buxhöwden. Il transféra le siège épiscopal à Riga, qu’il construisit en J.-C. 1201, fondée en A.D. 1202, pour la protection de la mission, l’Ordre des Frères de l’Épée ( 98, 13), au milieu de luttes constantes avec les Russes, les Estoniens, les Courlandais et les Lituaniens érigèrent de nouveaux évêchés en Estonie (Dorpat), Oesel et Semgallen, et réalisèrent la christianisation de presque toutes ces terres. Il mourut en apr. J.-C. Débloquer le niveau 1229. Après J.-C. En 1219, les Danois, qu’Albert avait appelés à son secours, rivalisèrent avec lui dans la conquête et la conversion des Esthoniens. Waldemar II. a fondé Revel en A.D. En 1219, il en fit un siège épiscopal, et fit tout ce qui était en son pouvoir pour freiner l’avancée des Germains. Il n’y parvint pas. Les Danois, en effet, furent obligés de quitter l’Estonie en J.-C. Débloquer le niveau 1257. Après la mort d’Albert, cependant, les difficultés de la situation devinrent si grandes que Volquin, le maître de l’ordre de l’Épée, ne pouvait voir d’autre espoir de succès que dans l’union de son ordre avec celui des chevaliers teutoniques, peu de temps auparavant établi en Prusse. L’union, retardée par les intrigues danoises, ne se réalisa qu’après J.-C. 1237, lorsqu’un épouvantable massacre de GermLes Lituaniens avaient mis en danger non seulement l’existence de l’Ordre de l’Épée, mais aussi celle de l’Église de Livonie. C’est alors aussi que, pour la première fois, la Courlande fut enfin soumise et convertie. Il avait, en effet, nominalement adopté le christianisme en J.-C. 1230, mais il était retombé peu après dans le paganisme. Finalement, en J.-C. 1255 Riga fut élevée au rang de métropolitain, et Suerbeer, ancien archevêque d’Armagh en Irlande, fut nommé par Innocent IV archevêque de Prusse, de Livonie et d’Estonie, avec sa résidence à Riga.
93.13. Les Vieux-Prussiens et les Lituaniens appartenaient aussi à la souche lettone. Adalbert, évêque de Prague, apporta le premier le message du salut aux Prussiens entre la Vistule et Memel, mais lors de la toute première entrée dans le Sameland [Samland] après J.-C. En 997, il obtint la couronne de martyr. Tel fut le sort, douze ans plus tard, du moine saxon zélé Bruno et de dix-huit compagnons sur la côte lituanienne. Deux cents ans s’écoulèrent avant qu’un autre missionnaire ne fût vu en Prusse. Le premier était l’abbé Gothfried du monastère polonais de Lukina ; mais, dans son cas aussi, on mit bientôt fin à l’œuvre qu’il espérait commencée, ainsi qu’à celle de son compagnon Philippe, tous deux ayant souffert le martyre en apr. J.-C. Débloquer le niveau 1207. Trois ans plus tard, l’œuvre missionnaire du moine cistercien Christian du monastère poméranien d’Oliva, en J.-C., fut plus fructueuse et plus durable. 1209, le véritable apôtre des Prussiens. Il fut élevé au rang d’évêque en apr. J.-C. 1215, et mourut en 1215 . Débloquer le niveau 1245. Sur le modèle de l’Ordre des Frères de l’Épée de Livonie, il a fondé en J.-C. 1225 L’Ordre des Chevaliers de Dobrin (Milites Christi). Dès la première année de leur existence, cependant, ils furent réduits au nombre de cinq hommes. En union avec Conrad, duc de Moravie, dont le pays avait terriblement souffert des incursions des Prussiens païens, Christian appela alors à l’aide les chevaliers teutoniques, dont l’ordre avait acquis une grande renommée en Allemagne. Une branche de cet ordre s’était établie en A.D. 1228 à Culm, et jeta ainsi les bases de l’établissement de l’ordre en Prusse. Avec l’apparition de cet ordre commença un conflit sanglant de soixante ans dirigé vers le renversement du paganisme prussien, dont on peut dire qu’il n’a eu lieu qu’en J.-C. 1283, alors que la plus grande partie des Prussiens avaient été tués après d’innombrables conflits avec l’ordre et avec les croisés d’Allemagne, de Pologne, de Bohême, etc. Parmi la foule des prédicateurs de l’Évangile, pour la plupart dominicains, outre l’évêque Christian et le noble légat pontifical Guillaume, évêque de Modène, le dominicain polonais Hyacinthe, mort en A.D. 1257, un vigoureux prédicateur de foi et de repentance, mérite une mention spéciale. Dès J.-C. En 1243, Guillaume de Modène avait esquissé une organisation ecclésiastique pour le pays, qui divisait la Prusse en quatre diocèses, qui furent placés en A.D. 1255 sous le métropolitanat de Riga.
93.14. L’introduction du christianisme en Lituanie a été le plus longtemps retardée. Après que Ringold eut fondé en A.D. En 1230, grand-duché de Lituanie, son fils Mindowe s’efforce d’agrandir ses domaines par la conquête. L’armée de l’Ordre Prussien-Livonien, cependant, l’humilia tellement qu’il demanda la paix et fut contraint de recevoir le baptême en Jésus-Christ. Débloquer le niveau 1252. Mais à peine avait-il repris des forces dans une certaine mesure qu’il jeta le masque hypocrite, et en A.D. 1260 apparaît comme l’ennemi de ses voisins chrétiens. Son fils Wolstinik, qui était resté fidèle à la foi chrétienne, mourut en apr. J.-C. En 1266, régna trop peu de temps pour s’assurer une influence sur son peuple. Avec lui, toute trace de christianisme a disparu de la Lituanie. Les chrétiens furent de nouveau tolérés dans ses territoires par le grand-duc Gedimin (A.D. 1315-1340). Les dominicains romains et les prêtres russes rivalisèrent d’efforts pour convertir les habitants sous son successeur Olgerd. Olgerd lui-même a été baptisé selon le rite grec, mais a apostasié. Son fils Jagello, né d’une mère chrétienne et marié à la jeune reine polonaise Hedwige, dont la main et la couronne ne semblaient pas trop chèrement achetées en se soumettant au baptême et en entreprenant d’introduire le christianisme parmi son peuple, mit enfin fin au paganisme en Lituanie en J.-C. Année 1386. Ses sujets, qui ont chacun reçu un manteau de laine en cadeau de baptême, ont afflué en foule pour recevoir le baptême. La résidence de l’évêque était fixée à Wilna.
93.15. Le champ missionnaire mongol. — Depuis l’époque de Gengis Khan, mort en J.-C. En 1227, les princes mongols, en accord avec leurs principes de déistes avec peu de traces de religion, se montrèrent également tolérants et favorables au christianisme, à l’islam et au bouddhisme. Les nestoriens étaient très nombreux dans cet empire, mais aussi très détériorés. En apr. J.-C. 1240-1241 Les Mongols, poussant vers l’ouest avec une force irrésistible, menaçaient de déborder et de dévaster toute l’Europe. La Russie et la Pologne, la Silésie, la Moravie et la Hongrie avaient déjà été affreusement dévastées par eux, lorsque, tout à coup et à l’improviste, les hordes sauvages se retirèrent. Innocent IV. envoya un embassage de dominicains sous Nicolas Ascelinus au commandant Batschu en Perse, et un embassage de franciscains sous Jean de Piano-Carpini au grand khan Oktaï, successeur de Gengis Khan, dans sa capitale Karakorum, en vue de leur conversion et de les dissuader de répéter leurs incursions. Les deux missions n’ont pas été couronnées de succès. Des aventuriers se faisant passer pour porteurs d’un message de Mongolie, le dirent à Louis IX. de France des histoires fabuleuses sur l’empressement du Grand Khan Gajuk et de ses princes à recevoir le christianisme, et leur intention de conquérir la Terre Sainte pour les chrétiens. En conséquence, il envoya deux missions chez les Mongols. La première, en A.D. L’année 1249 fut un échec total, car les Mongols considéraient les présents donnés comme un tribut régulier et comme un symbole de soumission volontaire. La deuxième mission de l’an A.D. En 1253, au grand khan Mangu, quoique sous la direction d’un chef courageux et accompli, Guillaume de Ruysbroek, ne donna aucun fruit ; car Mangu, au lieu de laisser entrer librement dans le pays pour la prédication de l’Évangile, à la fin d’une dispute avec les mahométans et les bouddhistes, renvoya les missionnaires à Louis en les menaçant de lui faire une soumission. Après la mort de Mangu en J.-C. En 1257, l’empire mongol est divisé en Est et Ouest, correspondant à la Chine et à la Perse. Le premier était gouverné par Kubilai Khan, le second par Hulagu Khan. — Kubilaï Khan, l’empereur de Chine, véritable type du métissage religieux des Mongols, se montra très favorable aux chrétiens, mais patronna aussi les mahométans, et en apr. J.-C. 1260 a donné une constitution hiérarchique et une forme consolidée au bouddhisme par l’établissement du premier Dalaï Lama. Les voyages de deux Vénitiens de la famille de Polo ont conduit à la fondation d’une mission chrétienne latine en Chine. Ils sont revenus de leurs voyages en Mongolie en J.-C. Débloquer 1269. Grégoire X. en apr. J.-C. En 1272, il envoya deux dominicains en Mongolie avec les deux frères, et le fils de l’un d’eux, Marco Polo, alors âgé de dix-sept ans. Celui-ci gagna la confiance sans réserve du grand-khan et fut chargé par lui d’une place honorable dans le gouvernement. À son retour en A.D. En 1295, il publia un récit de ses voyages, qui fit une énorme sensation et fournit pour la première fois à l’Europe occidentale une idée juste de l’état de l’Asie orientale.266 Cependant, une entreprise missionnaire chrétienne régulière a d’abord été entreprise par le franciscain Joh. de Monte-Corvino, A.D. 1291-1328, l’un des plus nobles, des plus intelligents et des plus fidèles missionnaires du Moyen Âge. Après avoir réussi à vaincre les intrigues des nombreux nestoriens, il gagna la haute estime du grand khan. Dans la ville royale de Cembalu ou Pékin, il construisit deux églises, baptisa environ 6 000 Mongols et traduisit le Psautier et le Nouveau Testament en mongol. Il a travaillé absolument seul jusqu’à ce que j’apr. J.-C. Année 1303. Par la suite, cependant, d’autres frères de son ordre vinrent à son aide à plusieurs reprises. Clément c. le nomma archevêque de Cembalu en A.D. Débloquer le niveau 1307. Chaque année, de nouvelles églises étaient établies. Mais des troubles internes, sous le successeur de Kubilaï, affaiblirent le pouvoir de la dynastie mongole, de sorte qu’en apr. J.-C. En 1370, elle fut renversée par la dynastie nationale des Ming. Par les nouveaux dirigeants, les missionnaires chrétiens furent chassés avec les Mongols, et ainsi tout ce qu’ils avaient fait fut complètement détruit. Le souverain de la Perse, Hulagu Khan, fils d’une mère chrétienne et marié à une femme chrétienne, mit fin à ses activités en J.-C. 1258 au califat de Bagdad, mais il fut tellement pressé par le sultan d’Égypte, qu’il entra dans une longue série de négociations avec les papes et les rois de France et d’Angleterre, qui lui firent les promesses les plus encourageantes de joindre leurs forces aux siennes contre les Sarrasins. Ses successeurs, dont plusieurs embrassèrent même formellement le christianisme, continuèrent ces négociations, mais n’obtinrent que de vaines promesses et des protestations d’amitié. Le temps des croisades était révolu, et les papes, même les plus puissants d’entre eux, n’étaient pas capables de réveiller l’esprit de croisade. Les khans perses, hésitant entre le christianisme et l’islam, devinrent de plus en plus impuissants, jusqu’à ce qu’enfin, en J.-C. En 1387, Tamerlan (Timur) entreprend de fonder sur les ruines de l’ancien gouvernement un nouvel empire mongol universel sous l’étendard du Croissant. Mais avec sa mort en A.D. En 1405, la domination des Mongols en Perse fut renversée et tomba entre les mains des Turcomans. Désormais, au milieu de tous les changements de dynasties, l’islam continua d’être la religion dominante.
93.16. Le champ missionnaire de l’Islam. — Les princes et les soldats croisés ne voulaient qu’arracher la Terre Sainte aux infidèles, mais, à l’exception peut-être de Louis IX, ils n’avaient pas l’idée de leur apporter les bénédictions de l’Évangile. Et la plupart des croisés, par leur libertinage, leur convoitise, leur cruauté, leur infidélité et leurs dissensions entre eux, firent beaucoup pour amener les Sarrasins à mépriser la foi chrétienne telle qu’elle était représentée par leur vie et leur exemple. Ce n’est qu’au XIIIe siècle que les deux ordres mendiants de franciscains et de dominicains nouvellement fondés commencèrent une mission énergique mais infructueuse parmi les musulmans d’Afrique, de Sicile et d’Espagne. Saint François lui-même a commencé cette œuvre en J.-C. En 1219, pendant le siège de Damiette par les croisés, il entra dans le camp du sultan Camel et lui ordonna d’allumer un feu et de faire en sorte qu’il y fût jeté lui-même, avec l’un des prêtres musulmans. Lorsque l’imam présent recula à ces paroles, François offrit d’aller seul dans le feu si le sultan promettait d’accepter le christianisme avec son peuple s’il sortait indemne du feu. Le sultan refusa de promettre et renvoya le saint sain et sauf avec des présents, qu’il rendit. Par la suite, plusieurs missions franciscaines furent envoyées aux musulmans, mais n’aboutirent qu’à donner une foule de martyrs à l’ordre. Les dominicains, eux aussi, prirent très tôt part à la mission auprès des mahométans, mais ils n’y réussirent pas non plus. Le général dominicain Raimund de Pennaforti [Pennaforte], mort en apr. J.-C. 1273, se consacra avec un zèle particulier à cette tâche. Pour la formation des frères de son ordre aux langues orientales, il fonda des institutions à Tunis et à Murcie. La plus importante de toutes ces entreprises missionnaires fut celle du talentueux Raimund Lullus de Majorque, qui, après s’être lui-même converti d’une vie mondaine et après une étude attentive de la langue, fit trois voyages en Afrique du Nord et chercha, dans des discussions avec les érudits sarrasins, à les convaincre de la vérité du christianisme. Mais son Ars Magna ( 103, 7), ce qu’il avait fait principalement dans ce but avec beaucoup d’ingéniosité et un travail énorme, n’eut aucun effet. L’emprisonnement et les mauvais traitements étaient toujours sa seule récompense. Il mourut en apr. J.-C. 1315 par suite du mauvais usage dont il avait été l’objet.
Les souverains arabes avaient, dans leur propre intérêt, protégé les pèlerins chrétiens au Saint-Sépulcre. Mais même sous le règne de la dynastie Fatimide, au début du Xe siècle, l’oppression des pèlerins a commencé. Khalif Hakim, afin d’effacer la honte d’être né d’une mère chrétienne, a commis des cruautés impitoyables sur les chrétiens résidents ainsi que sur les pèlerins, et a interdit sous des peines sévères toutes les réunions pour le culte chrétien. Sous la dynastie barbare des Seldjoukides, qui régnait en Palestine depuis environ J.-C. 1070, l’oppression atteint son paroxysme. L’Occident s’en préoccupe d’autant plus qu’au cours du Xe siècle, l’idée que la fin du monde approchait avait donné une nouvelle impulsion au pèlerinage en Terre Sainte. Pape Sylvestre II. avait en J.-C. 999 ex persona devastatæ Hierosolymæ appela la chrétienté à l’aide dans cette situation d’urgence. Grégoire VII. s’empara de nouveau de l’idée d’arracher la Terre Sainte aux infidèles. Il s’était même résolu à prendre la tête d’une armée chrétienne, mais les querelles éclatèrent avec Henri IV. entravé l’exécution de ce plan. Pendant ce temps, les pèlerins de retour se plaignaient d’intolérables mauvais traitements. Un appel pressant de l’empereur byzantin Alexis Comnène a donné l’étincelle qui a allumé le matériau combustible qui avait été rassemblé dans tout l’Occident. Les ambassadeurs impériaux accompagnaient le pape Urbain II. au concile de Clermont en A.D. 1095, où le pape lui-même, dans un discours plein d’entrain, appela à une guerre sainte sous l’étendard de la croix. Le cri s’éleva comme d’une seule bouche : « C’est la volonté de Dieu. » Ce jour-là, des milliers de personnes s’enrôlèrent, avec Adhémar, évêque du Puy, légat pontifical, à leur tête, et firent marquer la croix rouge sur l’épaule droite. Les évêques, rentrant chez eux, prêchèrent la croisade au fur et à mesure qu’ils s’en allaient, et, en quelques semaines, un enthousiasme ardent s’était répandu dans toute la France jusque dans les provinces du Rhin. Alors commença un mouvement qui, s’étendant bientôt à tout l’Occident, comme une seconde migration des nations, dura deux siècles. Les croisades ont coûté à l’Europe entre cinq et six millions d’hommes, et pourtant, en fin de compte, ce qui avait été recherché n’a pas été atteint. Mais ses conséquences pour l’Europe elle-même n’en sont que plus importantes. Dans tous les domaines de la vie, ecclésiastique et politique, moral et intellectuel, civil et industriel, de nouvelles vues, de nouveaux besoins, de nouveaux développements et de nouvelles tendances ont été introduits. La culture médiévale atteignait alors le point culminant de sa réalisation, et son incapacité à transcender le passé ouvrait la voie aux conditions de la société moderne. Et tandis que, d’autre part, ils fournissaient une nourriture nouvelle et extravagante à la superstition cléricale et populaire, dans toutes les directions, mais surtout en donnant l’occasion à un trafic espiègle de reliques ( 104, 8 ; 115 et 9), d’autre part, ils n’ont pas eu une petite part dans la production de l’indifférence religieuse et de la libre pensée frivole ( 96, 19), ainsi que la croissance terriblement dangereuse des sectes médiévales, qui menaçaient le renversement de l’Église et de l’État, de la religion et de la morale ( 108, 1, 4 ; 116 et 5). La première était principalement le résultat de la triste conclusion d’une entreprise d’une ampleur sans exemple, entreprise avec le plus vif enthousiasme pour le christianisme et l’Église ; ce dernier était en grande partie occasionné par des relations avec des sectaires du même genre en Orient (71).
94.1. La Première Croisade, A.D. 1096. — Au printemps de l’an 1096 . En 1096, de grandes foules de peuple se rassemblèrent, impatientes des retards des princes, et se mirent sous la direction de Walter le Sans-le-Sou. Ils furent bientôt suivis par Pierre d’Amiens avec 40 000 hommes. Une légende, indigne de foi, lui attribue l’origine de tout le mouvement. Selon cette histoire, l’ermite revenant d’un pèlerinage décrivit au Saint-Père avec des couleurs vives les souffrances de leurs frères chrétiens, et raconta comment le Christ lui-même lui était apparu dans un rêve, lui donnant l’ordre pour le pape de convoquer toute la chrétienté pour sauver le Saint-Sépulcre. La légende raconte que, sur ordre du pape, Pierre l’Ermite parcourut ensuite toute l’Italie et la France, suscitant l’enthousiasme du peuple. Cependant, les hordes qu’il conduisait, après avoir commis de toutes parts des actes d’une violence horrible, alors qu’elles n’étaient pas plus loin que la Bulgarie, furent réduites à environ la moitié, et le reste, après que Pierre les eut déjà quittés à cause de leur insubordination, fut anéanti par les Turcs à Nicée. De nouvelles croisades successives, dont la dernière était une foule indisciplinée de 200 000 hommes, furent réprimées en Hongrie ou sur la frontière hongroise. En août, une armée régulière de croisade, forte de 80 000 hommes, sous le commandement de Godefroy de Bouillon, duc de Lorraine, passant par l’Allemagne et la Hongrie, atteignit Constantinople. Là, plusieurs princes français et normands se joignirent à l’armée, jusqu’à ce que son effectif fût porté à 600 000 hommes. Après de nombreuses querelles avec le gouvernement byzantin, ils passèrent en Asie. Au prix de grands travaux et de lourdes pertes, Nicée, Édesse et Antioche furent prises. Enfin, le 15 juillet 1099, au milieu des cris de : C’est la volonté de Dieu, ils prirent d’assaut les murs de Jérusalem ; Éclairés par des torches et pataugeant dans le sang, ils entrèrent en chantant des psaumes dans l’église de la Résurrection. Godefroy fut élu roi. Avec une pieuse humilité, il refusa de porter une couronne de roi là où le Christ avait porté une couronne d’épines. Il mourut un an plus tard, et son frère Baudouin fut couronné à Bethléem. Par de nombreuses impropriations, des foules de grands et de petits vassaux se rassemblèrent autour du trône. À Jérusalem même, un patriarcat latin a été érigé, et sous lui ont été placés quatre archevêchés, avec un nombre correspondant d’évêchés. L’histoire de ces procédures a suscité un nouvel enthousiasme en Occident. En apr. J.-C. En 1101, trois nouvelles croisades de 260 000 hommes sont organisées en Allemagne, sous les ordres de Welf, duc de Bavière, en Italie et en France. Ils marchèrent contre Bagdad, afin de semer la terreur dans le cœur des musulmans par l’attaque terrible ; la horde indisciplinée, cependant, n’atteignit pas sa destination, mais trouva une tombe en Asie Mineure.
94.2. La Deuxième Croisade, A.D. 1147. — La chute d’Édesse en apr. J.-C. 1146, en tant que forteresse frontalière du royaume, appela l’Occident à un nouvel effort. Pape Eugène III. a appelé les nations aux armes. Bernard de Clairvaux, le prophète de l’époque, prêcha la croisade et prophétisa la victoire. Louis VII. de France a fait le signe de la croix, pour expier le crime d’avoir brûlé une église remplie d’hommes ; et Conrad III. d’Allemagne, ému par la prédication de Bernard, suivit son exemple avec quelque hésitation. Mais leur armée majestueuse tomba sous l’épée des Sarrasins, la malice des Grecs et les désordres intérieurs causés par la famine, la maladie et les privations. Damas resta invaincue, et les princes s’en retournèrent humiliés avec le misérable reste de leur armée.
94.3. La Troisième Croisade, A.D. 1189. — Le royaume de Jérusalem, avant qu’un siècle ne se fût écoulé, était en pleine décadence. Les Grecs ou les Syriens et les Latins se haïssaient les uns les autres : les vassaux intriguaient les uns contre les autres et contre la couronne. Le libertinage, le luxe et l’insouciance régnaient parmi le peuple ; le clergé et les nobles du royaume, mais surtout les soi-disant Pulleni,268 Les descendants des croisés, nés en Terre Sainte même, étaient une race misérable, lâche et perfide. Les prétendants à la couronne continuèrent également leurs intrigues et leurs cabales. Tel étant l’état corrompu des choses, il était facile au sultan Saladin, chevalier musulman « sans crainte et sans reproche », qui avait renversé la dynastie fatimide en Égypte, de faire tomber sur la domination chrétienne en Syrie, après la sanglante bataille de Tibériade, le même sort. Jérusalem tomba entre ses mains en octobre de l’an J.-C. Débloquer le niveau 1187. Lorsque cette terrible nouvelle parvint en Occident, les puissances chrétiennes furent convoquées par Grégoire VIII. d’unir leurs forces pour faire un effort de plus vigoureux, Philippe Auguste de France et Henri II. d’Angleterre oublièrent un instant leurs jalousies mutuelles, et prirent la croix des mains de l’archevêque Guillaume de Tyr, l’historien de la croisade. Ensuite, l’empereur Frédéric Ier. se joignit à eux, avec toute la valeur héroïque de la jeunesse, quoiqu’il fût un vieillard en âge et en expérience. Il se lança dans l’entreprise avec une énergie, une prévenance et une circonspection qui semblaient mériter un glorieux succès. Après s’être frayé un chemin à travers les intrigues byzantines et les fatigues indescriptibles d’un désert sans eau, il mena ses soldats contre l’armée bien équipée du sultan à Iconium, qu’il mit complètement en déroute, et prit la ville. Mais en A.D. En 1190, l’héroïque guerrier se noya en tentant de traverser à gué la rivière Calycadnus. Une grande partie de son armée était maintenant dispersée, et le reste était conduit par son fils Frédéric de Souabe contre Ptolémaïs. C’est à ce moment-là que débarquèrent peu de temps après Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion d’Angleterre, qui, après la mort de son père, se mit à la tête d’une armée de croisades anglaises et avait conquis Chypre en chemin. Ptolémaïs (Acre) a été prise en J.-C. Débloquer le niveau 1191. Mais les jalousies des princes nuisirent à leur succès. Frédéric était déjà tombé, et Philippe-Auguste, sous prétexte de maladie, retourna en France ; Richard remporta une brillante victoire sur Saladin, s’empara de Joppé et d’Ascalon, et était sur le point de marcher contre Jérusalem, lorsqu’il apprit que son frère Jean était monté sur le trône d’Angleterre, et que Philippe-Auguste entretenait aussi des projets de conquête. Une fois de plus, Richard remporta une grande victoire devant Joppé, et Saladin, admirant sa bravoure sans exemple, conclut avec lui maintenant, en l’an de notre ère. 1192, une trêve de trois ans, donnant les conditions les plus favorables aux pèlerins. La bande le long de la côte de Joppé à Saint-Jean-d’Acre continua sous le règne du neveu de Richard, Henri de Champagne. Mais Richard fut saisi sur le chemin du retour et jeté en prison par Léopold d’Autriche, dont il avait grossièrement insulté l’étendard devant Ptolémaïs, et il resta prisonnier pendant deux ans. Après sa libération, il fut empêché de penser à une reprise de la croisade par une guerre avec la France, dans laquelle il trouva la mort en J.-C. Débloquer le niveau 1199.269
94.4. La Quatrième Croisade, A.D. 1217. — Innocent III convoqua de nouveau la chrétienté à une guerre sainte. Les rois, occupés à leurs propres affaires, ne prêtèrent aucune attention à l’appel. Mais le violent prédicateur pénitentiel, Fulco de Neuilly, persuada les nobles français de rassembler une armée de croisade considérable, qui, cependant, au lieu de marcher contre les Sarrasins, fut utilisée par le doge vénitien, Dandolo, en paiement des transports, pour conquérir Zaras en Dalmatie, puis par un prince byzantin pour une campagne contre Constantinople, où Baudouin de Flandre fonda un empire latin. J.-C. 1204 à 1261. Le pape mit le doge et les croisés en excommunication à cause de la prise de Zaras, et la campagne contre Constantinople fut décidément désapprouvée. Leur succès inattendu, cependant, détourna sa colère. Il se vantait qu’à la fin, Israël, après avoir détruit les veaux d’or de Dan et de Béthel, était de nouveau uni à Juda, et qu’à Rome il conféra le pallium au premier patriarche latin de Constantinople. 1212 arrachés à leurs parents en France et en Allemagne, 30 000 garçons et filles, ont connu une fin des plus tragiques. Beaucoup moururent avant de quitter l’Europe de faim et de fatigue ; le reste tomba entre les mains d’hommes sans principes, qui les vendirent comme esclaves en Égypte. de Hongrie, poussé par Honorius III, conduisit une nouvelle armée de croisade en Terre Sainte en A.D. En 1217, il remporta quelques succès, mais se trouvant trahi et abandonné par les barons palestiniens, il retourna chez lui l’année suivante. Mais les Allemands sous Léopold VII. d’Autriche, qui l’avait accompagné, resta et, soutenu par une flotte de Cologne et de Hollande, entreprit en A.D. 1218, avec le roi titulaire Jean de Jérusalem, une croisade contre l’Égypte. Damiette fut prise, mais le débordement des réservoirs du Nil les mit dans un tel péril qu’ils dirent leur évasion à J.-C. 1221 seulement à la générosité du sultan Chameau.
94.5. La Cinquième Croisade, A.D. L’empereur Frédéric II avait promis d’entreprendre une croisade, mais il continuait à trouver tant d’excuses pour retarder que Grégoire IX. ( 96 et 19) Enfin tonna contre lui la longue menace d’excommunication. Frédéric fit alors sortir une force de croisade relativement petite. Le sultan Camel d’Égypte, engagé dans une guerre avec son neveu, et craignant que Frédéric ne s’attachât à l’ennemi, lui accorda librement une grande partie de la Terre Sainte. Au Saint-Sépulcre, Frédéric déposa la couronne de Jérusalem, l’héritage de sa nouvelle épouse Iolanthe, les mains sur la tête, car aucun évêque ne célébrerait le couronnement, ni même un prêtre ne lirait l’office de la messe pour le roi excommunié. Il est ensuite rentré chez lui en A.D. 1229 pour régler ses différends avec le pape. Les armées de croisade que Théobald, roi de Navarre, en A.D. 1239, et Richard, comte de Cornouailles, en 1239. 1240, menée contre la Palestine, à cause de la désunion entre eux et des querelles entre les chrétiens syriens, ne put rien accomplir.
94.6. La Sixième, A.D. 1248, et septième, apr. J.-C. 1270, Croisades. — Le zèle pour les croisades s’était considérablement refroidi à cette époque. Saint Louis de France, le neuvième de ce nom, avait au cours d’une grave maladie en A.D. 1244, a pris la croix. À cette époque, Jérusalem avait été conquise et soumise aux horreurs les plus terribles de la part des Chowaresmiens, chassée de sa patrie par les Mongols, et maintenant à la solde du sultan égyptien Ayoub. Jusqu’à J.-C. En 1247, la domination des chrétiens en Terre Sainte fut de nouveau limitée à Acre et à quelques villes côtières. Louis ne songeait plus à retarder. Il a commencé en A.D.En 1248 , avec une force considérable, il passa l’hiver à Chypre et débarqua en Égypte en 1248 . Débloquer le niveau 1249. Il conquit bientôt Damiette, mais, après que son armée eut été en grande partie détruite par la famine, la maladie et les massacres, il fut fait prisonnier au Caire par le sultan. Après l’assassinat du sultan par les Mamelouks, qui renversèrent la dynastie de Saladin, il tomba entre leurs mains. Le roi fut obligé de livrer Damiette et d’acheter sa propre libération moyennant le paiement de 800 000 Byzantins. Il s’embarqua avec le reste de son armée pour Acre en apr. J.-C. 1250, d’où la mort de sa mère l’appela chez lui en 1250 . Débloquer le niveau 1254. Mais comme son vœu n’avait pas encore été entièrement exaucé, il s’embarqua en A.D. 1270 avec une nouvelle force de croisade à Tunis afin de poursuivre les opérations à partir de ce centre. Mais la moitié de son armée fut décimée par une peste, et lui-même fut enlevé la même année. Tous les efforts ultérieurs des papes pour réveiller l’intérêt pour les croisades furent vains. Acre ou Ptolémaïs, le dernier bastion des chrétiens en Terre Sainte, est tombé en J.-C. Débloquer le niveau 1291.
Les Sarrasins ( 81, 2) ont été renversés au 11ème siècle par les Normands. Le règne de l’Islam en Espagne aussi ( 81, 1) a pris fin. Les changements fréquents de dynasties, ainsi que le morcellement de l’empire en petites principautés, affaiblirent la puissance des Maures ; Le développement d’habitudes luxueuses dans les districts riches et fertiles les privait de l’énergie et des prouesses martiales. Le pouvoir chrétien, il est vrai, était aussi considérablement divisé et troublé par de nombreuses querelles intestines, mais l’enthousiasme national et religieux qu’il inspirait chaque jour de plus en plus, le rendait invincible. Rodrigo Díaz, le héros castillan, appelé par les Maures le Cid, c’est-à-dire le Seigneur, par les chrétiens Campeador, c’est-à-dire le champion, qui mourut en J.-C. 1099, était le représentant le plus parfait de la chevalerie chrétienne espagnole, bien qu’il traitât les infidèles d’une manière qui n’était ni chrétienne ni chevaleresque. De même, les Almoravides du Maroc, dont l’aide a été appelée en renfort. 1086, et les Almohades, qui les avaient chassés de Barbarie en 1086. 1146, n’ont pas pu arrêter la progression des armes chrétiennes. D’autre part, ni les persécutions incessantes du pouvoir civil, ni les innombrables atrocités commises sur les Juifs par des foules furieuses, ni même le zèle des théologiens chrétiens pour l’instruction et la conversion des Israélites, n’ont réussi à détruire le judaïsme en Europe.
95.1. L’Islam en Sicile. — Les razzias des Sarrasins siciliens sur l’Italie furent interrompus par les Normands qui s’y établirent en J.-C. Débloquer le niveau 1017. Robert Guiscard a détruit le reste de la domination grecque dans le sud de l’Italie, y a conquis les petits duchés lombards et a fondé un duché normand des Pouilles et de la Calabre après JC. Débloquer le niveau 1059. Son frère Roger, mort en apr. J.-C. En 1101, après une lutte de trente ans, il chassa complètement les Sarrasins de la Sicile, et la gouverna en vassal de son frère sous le titre de comte de Sicile. Son fils Roger II, mort en A.D.En 1154, il réunit le gouvernement de la Sicile, des Pouilles et de la Calabre, se fit couronner en 1154 . 1130 roi de Sicile et d’Italie, et enfin en 1130 apr. J.-C. 1139 conquit aussi Naples. À la suite du mariage de sa fille Constance avec Henri VI. tout le royaume passa en apr. J.-C. 1194 aux Hohenstaufen, de qui il passa en 1194 . 1266 à Charles d’Anjou ; et de lui enfin, à la suite des Vêpres siciliennes de l’an J.-C. En 1282, l’île de Sicile passe à Pierre d’Arragon, gendre de Manfred, dernier roi de la lignée des Hohenstaufen. Les Normands et les Hohenstaufens accordèrent aux sujets Sarrasins pour la plupart une pleine liberté religieuse, l’empereur Frédéric recrutant parmi eux ses gardes du corps, et ils fournirent les soldats les plus braves pour la guerre des Gibelins italiens. À cette fin, il enrôlait constamment de nouveaux détachements de la côte africaine, comme Manfred l’avait également fait. Les efforts faits par les moines des ordres mendiants pour la conversion des Sarrasins se sont avérés tout à fait infructueux. Ce n’est que sous la domination espagnole que les conversions se faisaient par la force, ou que la persécution et l’anéantissement succédaient à un refus persistant.
95.2. L’Islam en Espagne. — L’époque d’Abderrhaman III, après J.-C. 912-961, et Hacem II, apr. J.-C. 961-976, furent les plus brillants et les plus fortunés des khalifes ommaïadiens. Après la mort de ce dernier, le chambellan Almansor, qui mourut en A.D. En 1002, régna au nom du khalife Hescham II, qui n’était guère plus qu’une marionnette du sérail, et son règne fut glorieux, puissant et sage. Mais d’interminables querelles civiles résultaient de ce désarrangement de gouvernement, et en A.D. En 1031, à la suite d’un tumulte populaire, Abderrhaman IV, le dernier des Ommaïades, prit la fuite et renonça volontairement à la couronne. Le califat était maintenant morcelé en autant de petites principautés ou d’émirats qu’il y avait eu de gouverneurs auparavant. Au milieu de ces confusions, les princes chrétiens continuèrent à se développer et à augmenter leurs ressources. Sanche le Grand, roi de Navarre, A.D. De 970 à 1035, par mariage et conquête, il unit presque toute l’Espagne chrétienne sous son règne, mais celle-ci fut à nouveau divisée en étant partagée entre ses fils. Parmi ceux-ci, Ferdinand Ier, qui mourut en A.D. 1065, hérite de la Castille, et en 1065. 1037 y ajouta Léon par conquête. Avec lui commence l’âge héroïque de la chevalerie espagnole. Son fils Alphonse IV, mort en apr. J.-C. 1109, réussit en 1109 . 1085 en prenant aux Maures Tolède et une grande partie de l’Andalousie. Le puissant chef des Almoravides, Jussuf, originaire du Maroc, fut alors appelé à leur aide par les Maures. Dans la plaine de Salacca, les chrétiens ont été battus après J.-C. 1086, mais bientôt le vainqueur tourna ses armes contre ses alliés, et en moins de six ans toute l’Espagne musulmane était sous son gouvernement. Son fils Ali, lors d’une bataille terriblement sanglante à Ucles en J.-C. En 1107, il abattit la fleur de la noblesse castillane ; c’était le sommet de la puissance atteint par les Almoravides, et maintenant leur étoile commençait à pâlir lentement. Alphonse Ier. d’Arragon, A.D. 1105-1134, conquit Saragosse en 1105-1134 . 1118, et d’autres villes. Alphonse VII. de Castille, A.D. 1126-1157, dont le pouvoir s’éleva si haut que la plupart des princes chrétiens d’Espagne le reconnurent comme souverain, et qu’il se fit lui-même couronner officiellement empereur d’Espagne en 1126-1157. En 1135, il mena une campagne victorieuse contre l’Andalousie et, en 1135. En 1144, il se fraye un chemin jusqu’à la côte sud de Grenade. Alphonse Ier. du Portugal, chassa les Maures de Lisbonne ; Raimard, comte de Barcelone, conquit Tortosa, etc. Dans le même temps, le gouvernement des Almoravides était miné en Afrique. En apr. J.-C. 1146 Le Maroc tombe, et avec lui le nord-ouest de l’Afrique, aux mains des Almohades commandés par Abdelmoumen, tandis que son lieutenant Abou Amram conquiert en même temps l’Espagne et l’Andalousie musulmanes. Le fils d’Abdelmoumen, Jussuf, passa lui-même en Espagne avec une force énorme afin d’y éteindre la domination chrétienne, mais tomba lors d’une bataille à Santarem contre Alphonse Ier. du Portugal. Son fils Jacob se vengea le désastre de la sanglante bataille d’Alarcos en J.-C. 1195, où 30 000 Castillans furent laissés sur le champ de bataille. Quand, malgré le renversement, les chrétiens s’efforcèrent, quelques années plus tard, de récupérer leur perte, le successeur de Jacob, Mahomet, descendit en Espagne avec un demi-million de partisans fanatiques. L’heure critique pour l’Espagne était arrivée. Les chrétiens avaient gagné du temps pour se mettre d’accord entre eux. Ils ont combattu avec un héroïsme sans exemple dans la plaine de Tolosa en J.-C. 1212 sous Alphonse VIII de Castille. Le champ de bataille était jonché de plus de 200 000 cadavres de fanatiques africains. Ce fut le glas de la domination des Almohades en Espagne. Malgré les dissensions et les hostilités qui éclatèrent immédiatement entre les princes chrétiens, ils conquirent en vingt-cinq ans toute l’Andalousie. L’œuvre de conquête fut accomplie en grande partie par Ferdinand III, le saint de Castille, après J.-C. 1217-1254, et Jacob Ier, le conquérant d’Arragon, A.D. 1213 à 1276. Ce n’est que dans la région la plus méridionale de l’Espagne qu’un vestige de la domination musulmane a survécu dans le royaume de Grenade, fondé en J.-C. 1238 par l’émir Mohammed Aben Alamar. Ici, pendant un certain temps, les gloires de la culture arabe ont été ravivées d’une manière qui ressemblait à une restauration magique de l’époque des Ommaïades. À la suite du mariage en A.D. 1469 de Ferdinand d’Arragon, mort en 1469 . En 1516, avec Isabelle de Castille, ces deux empires chrétiens les plus importants ont été réunis. Peu de temps après, l’empire de Grenade prit fin. Le 2 janvier de l’an J.-C. En 1492, après une capitulation ignominieuse, le dernier khalife, Abou Abdilehi Boabdil, fut chassé de la foire (Grenade), et quelques instants plus tard, la bannière castillane flottait sur la plus haute tour de l’orgueilleuse Alhambra. Le pape a conféré au couple royal le titre de monarques catholiques. Les Maures qui refusaient de se soumettre au baptême furent expulsés, mais même les baptisés, les soi-disant Morisques, se révélèrent un élément si dangereux dans l’État que Philippe III, en A.D. 1609, ordonna qu’ils soient tous bannis de son royaume. Ils se réfugièrent surtout en Afrique, et y revinrent ouvertement au mahométisme, qu’ils n’avaient jamais rejeté au fond.270
95.3. Les Juifs en Europe. — Par le commerce, le prêt d’argent et l’usure, les Juifs parvinrent à obtenir presque seuls la possession d’argent comptant, ce qui leur apporta souvent une grande influence auprès des princes et des nobles nécessiteux, mais fut aussi souvent l’occasion d’une oppression et d’un vol douloureux, ainsi que la cause de la haine et de la violence populaires. Chaque fois qu’un pays était dévasté par une peste, l’idée d’un empoisonnement par les Juifs était renouvelée. On racontait d’eux qu’ils avaient volé le pain sacramentel consacré pour le transpercer avec des aiguilles, et des enfants chrétiens, afin qu’ils puissent les égorger lors de leur fête de la Pâque. De temps en temps, cette rage populaire explosait, puis des milliers de Juifs étaient impitoyablement assassinés. Les croisés ont trop souvent commencé leurs exploits de bravoure sur le sol chrétien par le massacre des Juifs. À partir du XIIIe siècle, dans presque tous les pays, ils ont été obligés de porter un insigne insultant, le soi-disant chapeau des Juifs, un couvre-tête jaune en forme d’entonnoir, un anneau de tissu rouge sur la poitrine, etc. Ils étaient également contraints de se rassembler dans les villes du quartier juif (italien = ghetto), qui était souvent entouré d’un mur spécial. Saint Bernard et plusieurs papes, Grégoire VII, Alexandre III, Innocent III, etc., s’y intéressèrent, refusèrent qu’on les persécutât violemment, et montrèrent leur position comme une preuve irréfutable de la vérité de l’Évangile pour tous les temps. Les empereurs allemands prirent aussi les Juifs sous leur protection spéciale, car ils les classèrent, à l’exemple de Vespasien et de Titus, parmi les serviteurs spéciaux de la chambre impériale (Servi camera nostræ speciales).271 En Angleterre et en France, ils étaient traités comme le mancipium de la couronne. En Espagne, sous la domination mauresque, ils avaient considérablement augmenté en nombre, en culture et en richesse ; sous les rois chrétiens, ils jouirent longtemps de privilèges spéciaux, de leurs propres tribunaux, de la liberté de posséder des terres, etc., et obtinrent une grande influence comme ministres des finances et de l’administration, et aussi comme astrologues, médecins, apothicaires, etc. mais par leur usure et leur cupidité impitoyable, ils attirèrent de plus en plus la haine amère du peuple. C’est ainsi qu’au XIVe siècle, en Espagne aussi, il y eut des périodes d’oppression et de persécution douloureuses, et des tentatives de conversion par la force. Et enfin, en A.D. En 1492, Ferdinand le Catholique chassa plus de 400 000 Juifs d’Espagne et, l’année suivante, 100 000 de Sicile. Mais même les Juifs baptisés, les soi-disant « nouveaux chrétiens », à qui il était interdit de se déplacer, tombèrent sous le soupçon d’attachement secret à l’ancienne religion, et plusieurs milliers d’entre eux devinrent victimes de l’Inquisition. car les docteurs juifs étaient supérieurs par l’érudition, l’acuité et la connaissance de l’exposition des Écritures de l’Ancien Testament, sur laquelle tout tournait dans cette discussion. Mais c’est un exemple intéressant d’un Juif qui s’efforçait sincèrement d’acquérir la connaissance de la vérité et de s’élever jusqu’à une pleine conviction de la divinité du christianisme et de la doctrine de l’Église de cette époque, quelque part vers notre ère. 1150, est présenté par l’histoire racontée par lui-même de la conversion d’Hermann, plus tard moine prémontré, au monastère de Kappenberg en Westphalie.272 Mais d’un autre côté, il y a aussi des exemples isolés d’un passage au judaïsme comme résultat, semble-t-il, d’une conviction sincère. Le premier exemple connu de ce genre apparaît en A.D. 839, dans le cas d’un diacre Boso, qui, après avoir été circoncis, reçut le nom d’Éléazar, épousa une Juive et s’installa en Espagne sarrasine, où il manifesta un zèle extraordinaire à convertir des personnes à sa nouvelle religion. Un second cas de ce genre se rencontre au temps de l’empereur Henri II, dans la perversion d’un prêtre Wecelinus. Le narrateur de cette histoire exprime son horreur dans ces mots : Totus contremisco et horrentibus pilis capitis terrore concutior. Aussi les sectes judaïsantes des Pasagiens en Lombardie au 11ème siècle ( 108, 3) et les sectes juives russes du XVe siècle ( 73, 5) étaient probablement composés, pour la plupart, de prosélytes du judaïsme.273
L’histoire de la papauté au cours de cette période la représente dans sa honte et sa dégradation les plus profondes. Mais après que cet état de choses eut pris fin par la fondation du Saint-Empire romain germanique, il se releva de son profond avilissement et atteignit le plus haut point de puissance et d’influence. Avec l’empire allemand, à qui elle devait son salut, elle menait maintenant une lutte à mort ; car il semblait qu’il n’était possible d’échapper à l’esclavage sous le pouvoir temporel de l’empereur qu’en plaçant l’empereur sous son pouvoir spirituel. Dans le conflit avec les Hohenstaufen, la lutte atteignit son paroxysme. La papauté remporta une victoire complète, mais elle s’aperçut bientôt qu’elle ne pouvait pas se passer de la présence d’un empire puissant. Car, de même que la destruction de l’empire carolingien l’avait laissé à la merci des factions des nobles italiens à l’époque où s’ouvre cette période, de même sa victoire sur l’empire allemand a mis la papauté sous l’esclavage encore plus dégradant de la politique française, comme on le voit au début de la période suivante. Pendant cette période de transition, elle avait ses soutiens et ses conseillers les plus puissants dans les ordres de Clugny et de Camaldoli (98, 1). Elle avait une armée permanente dans les ordres mendiants, et les croisés, outre l’enthousiasme qui fortifiait considérablement l’institution pontificale, rendaient encore plus le service d’occuper et d’absorber l’attention des princes.
96.1. La pornocratie romaine et l’empereur Otton Ier, † apr. J.-C. 973. — Parmi les luttes acharnées des nobles italiens qui éclatèrent après le départ de l’empereur Arnulf (82, 8), le parti du margrave Adalbert de Toscane l’emporta. Sa maîtresse Théodora, une Romaine bien née et belle, ambitieuse et voluptueuse, épouse d’un sénateur romain, ainsi que ses filles Marozia et Théodora, qui partageaient les mêmes idées, remplirent pendant un demi-siècle la chaire de saint Pierre avec leurs amants, leurs fils et leurs petits-fils. Ceux-ci constituaient la lignée velle et corrompue des papes connue sous le nom de pornocratie. Serge III, apr. J.-C. 904-911, l’amant de Marozia, commence cette série honteuse. Après les courts pontificats des deux papes qui suivirent immédiatement, Théodora, parce que Ravenne était incommodément éloignée pour la satisfaction de sa convoitise, appela Jean, l’archevêque de ce lieu, à la chaire pontificale sous le titre de Jean X, après J.-C. 914 à 928. Au moyen d’une croisade victorieuse qu’il mena en personne, il détruisit le reste des brigands sarrasins dans le Garigliano (81, 2), et couronné le roi lombard Bernard Ier, A.D. 916-924, en tant qu’empereur. Mais lorsqu’il tenta de rompre ses relations honteuses avec la femme qui l’avait avancé, Marozia le fit jeter en prison et l’étouffer avec un oreiller. Les deux papes suivants à qui elle conféra la tiare n’en jouirent que peu de temps, car en J.-C. En 931, elle éleva son propre fils sur le trône pontifical dans la vingtième année de son âge. Son père était le pape Serge, et il prit le nom de Jean XI. Mais son autre fils, Alberich, qui hérita du royaume temporel de l’A.D. 932, restreignit la juridiction de ce pape et de ses quatre successeurs au domaine ecclésiastique. Après la mort d’Alberich, son fils Octavianus, grand débauché et blasphémateur, quoique dans sa seizième année, unifia la papauté et le pouvoir temporel, et se nomma lui-même Jean XII. J.-C. 955-963 - le premier exemple d’un changement de nom lors de l’accession au siège pontifical. Il vendait n’importe quoi pour de l’argent. Il fit évêque un garçon de dix ans ; il consacra un diacre dans une étable ; à la chasse et aux dés, il invoquait la faveur de Jupiter et de Vénus ; dans ses orgies, il buvait à la santé du diable, etc. Entre-temps, les choses avaient atteint une situation terrible en Allemagne. Après la mort de Louis l’Enfant, le dernier des Carolingiens allemands, en A.D. 911, le duc franc Conrad Ier, apr. J.-C. 911-918, fut élu roi des Allemands. Bien que vigoureusement soutenu par le clergé supérieur, le synode de Hohenaltheim en A.D. 915 menaçant les rebelles de toutes les peines de l’enfer, la lutte avec les autres ducs empêcha la fondation d’un empire allemand unifié. Son successeur, le Saxon Henri Ier, apr. J.-C. De 919 à 936, il fut le premier à s’affranchir de la faction du clergé et à accorder aux ducs l’administration indépendante des affaires intérieures dans leurs propres domaines. Son fils aîné, Otton Ier, A.D. 936-973, en limitant le pouvoir des ducs, en combattant et en convertissant les Danois, les Wendes, les Bohémiens et les Hongrois païensEn agissant résolument dans les troubles français, en rassemblant autour de lui un clergé allemand vertueux, qui se montra fidèle à lui et à l’empire, il s’assura, après de longues guerres civiles, une puissance et une réputation telles qu’aucun souverain en Occident n’en avait joui depuis Charlemagne. Appelé à l’aide des nobles lombards et du pape Jean XII. contre l’oppression et la tyrannie de Bérenger II, il conquit le royaume d’Italie, et se trouva à la Chandeleur après J.-C. 962 couronné empereur par le pape à Saint-Pierre, après avoir réellement occupé ce rang pendant trente ans. C’est ainsi qu’a été fondé le Saint Empire romain germanique, qui a continué pendant des siècles à être le centre autour duquel s’est articulée l’histoire de l’Église et du monde. Le nouvel empereur confirma au pape toutes les donations des empereurs précédents par l’adjonction de certaines villes, sans toutefois porter atteinte à la suzeraineté impériale sur le patrimoine de Saint-Pierre, et sans diminuer en rien les privilèges impériaux maintenus par Charlemagne. Le Privilegium Ottonis, conservé encore dans les archives pontificales et prétendant être un document authentique, a été jusqu’à tout récemment tenu secret à tous les enquêteurs impartiaux et capables, de sorte que le soupçon de sa fausseté en était venu à être considéré comme presque une certitude. Sous Léon XIII, cependant, la permission fut donnée à un érudit protestant compétent, le professeur Sickel de Vienne, de faire un fac-similé photographique du document, dont le résultat fut qu’il devint convaincu que le document n’était pas l’original mais un double officiel contemporain, une transcription littéralement fidèle sur parchemin violet avec des lettres d’or pour une déposition solennelle dans la tombe de saint Pierre. La première partie décrit les donations de l’empereur, la seconde les obligations du pape conformément à la Constitutio Romana, 82, 4. À peine Otton avait-il quitté Rome, que le pape, violant son serment, conspira avec ses ennemis, s’efforça de soulever contre lui les Byzantins et les Hongrois païens, et ouvrit les portes de Rome à Adalbert, fils de Bérenger. Otton s’empressa de revenir, déposa le pape au synode de Rome en A.D. 963, sous l’accusation d’inceste, de parjure, de meurtre, de blasphème, etc., et fit jurer aux Romains par les os de Pierre de ne plus jamais élire et consacrer un pape, sans avoir la permission et la confirmation de l’empereur. Peu de temps après le départ de l’empereur, cependant, le pape nouvellement élu Léon VIII, apr. J.-C. 963-965, dut s’enfuir. Jean XII. retourna de nouveau à Rome, excommunia son pape rival, et se vengea cruellement des partisans de l’empereur. À sa mort, peu de temps après, en apr. J.-C. En 964, les Romains élurent Benoît V pour lui succéder, mais celui-ci, lorsque l’empereur conquit Rome après une résistance opiniâtre, fut obligé de se soumettre à des conditions humiliantes. Léon VIII. Jean XIII, apr. J.-C. 965-972, un vertueux et digne successeur. Une nouvelle révolte des Romains amena peu de temps après son élection à son emprisonnement ; mais il réussit à s’échapper en A.D. Débloquer le niveau 966. Otton traversa alors pour la troisième fois les Alpes, prononça des sentences implacables et sévères contre les coupables, et fit couronner à Rome son fils, alors âgé de treize ans, sous le nom d’Otton II . Débloquer le niveau 967.
96.2. Le temps d’Otton II, III, A.D. 973-1002. — Après la mort d’Otton Ier, depuis Otton II, apr. J.-C. De 973 à 983, fut empêché d’une campagne romaine à la suite de troubles cisalpins, la faction des nobles sous Crescentius, fils du pape Jean X. et de la jeune Théodora, prit à nouveau le dessus. Ce parti avait , en A.D. 974 renversa le pape Benoît VI, apr. J.-C. 972-974, nommé par Otton Ier, et le jeta en prison. Mais leur propre anti-pape Boniface VII. ne put maintenir sa position, et s’enfuit avec les trésors de saint Pierre à Constantinople. Par un compromis entre les partis, Benoît VII, A.D. De 974 à 983, il fut élevé à la chaire pontificale et en conserva la possession en dépit de multiples oppositions, jusqu’à l’arrivée du jeune empereur en Italie en 1944. 980 lui obtint une plus grande sécurité. Otton II. restaura à nouveau le prestige impérial à Rome en J.-C. 981, mais en A.D. En 982, il subit une défaite complète aux mains des Sarrasins. Il mourut l’année suivante à Rome, après avoir eu en Jean XIV, après avoir eu en Jean XIV. 983-984, obtient la nomination d’un pape fidèle à l’empire. Son fils Otton III, âgé de trois ans, était au conseil d’État, tenu à Vérone, par les princes d’Allemagne et d’Italie, où ils s’étaient assemblés, élus roi des deux royaumes. Pendant les guerres civiles allemandes, sous la régence de la reine-mère Théophanie, princesse byzantine, et de l’habile archevêque Willigis, de Mayence, qui, par sa fermeté et sa pénétration, sauva la couronne pour l’enfant royal Otton III, après J.-C. De 983 à 1002, et maintint l’existence et l’intégrité de l’empire allemand, Rome et la papauté tombèrent de nouveau sous la domination des nobles, à la tête desquels se trouvait maintenant le jeune Crescentius, fils du chef du même nom mentionné ci-dessus. En apr. J.-C. L’antipape Boniface VII, qui s’était enfui à Constantinople, fit son apparition à Rome, gagna des partisans par l’or grec, s’empara de Jean XIV et le fit jeter en prison, mais fut lui-même assassiné peu de temps après. Le nouveau pape Jean XV, apr. J.-C. 985-996, qui était tout à fait vénal, fut un instrument obéissant de la tyrannie de Crescentius, qui, cependant, lui devint bientôt si intolérable, qu’il aspira à la restauration du pouvoir impérial sous Otton III. En même temps, un grand danger menaçait l’autorité impériale de la France. Hugues Capet avait, après la mort du dernier Carolingien, Louis V, en A.D. 987, prend possession pour lui-même de la couronne de France. Il insista auprès de Jean XV. déposant l’archevêque Arnulf de Reims, qui avait ouvert les portes de Reims à son oncle Charles de Lorraine, frère du père de Louis V. Le pape, alors dépendant de la puissance allemande, hésite. Hugues fit ensuite déposer Arnulf lors d’un synode à Reims en J.-C. 921, et mit à sa place Gerbert, le plus grand savant ( 100, 2) et l’homme d’État de cette époque. Le concile déclara très ouvertement que toute l’Église de France était affranchie de Rome, dont les évêques depuis cent ans avaient été plongés dans la plus profonde corruption morale, et était tombé dans la servitude la plus honteuse, et Gerbert publia une confession de foi dans laquelle le célibat et le jeûne étaient répudiés, et seuls les quatre premiers conciles œcuméniques étaient reconnus. Mais le plan fut brisé, non pas tant par l’opposition apparemment infructueuse du pape que par la réaction du parti de la Haute Église de Clugny et par l’estime populaire dans laquelle ce parti était tenu. Gerbert ne pouvait pas maintenir sa position, et il fut très heureux quand il put secouer la poussière de Reims de ses pieds en acceptant un appel honorable du jeune empereur Otton III, qui, en J.-C. 997 ouvrit de nouvelles voies à son ambition en invitant le célèbre érudit à être avec lui en tant que professeur classique. Le successeur de Hugues, Robert, rétablit Arnulf dans le siège épiscopal de Reims. Jean XV. appelé en Otton III. à son aide contre l’oppression intolérable du jeune Crescentius, mais mourut avant son arrivée en A.D. Débloquer le niveau 996. Otton dirigea le choix de son cousin Bruno, âgé de vingt-quatre ans, le premier pape allemand, qui prit le nom de Grégoire V , après J.-C. De 996 à 999, il fut couronné empereur à Rome. Grégoire était un homme d’un caractère énergique, presque obstiné, tout à fait en sympathie avec les vues des moines de Clugny. L’empereur étant bientôt rentré chez lui, Crescentius viola son serment et se rendit de nouveau maître de Rome. Grégoire s’enfuit à Pavie, où il tint un synode en J.-C. 997, qui tonna un anathème contre le perturbateur de l’église romaine. Pendant ce temps, Crescentius éleva sur le trône pontifical l’archevêque Jean de Plaisance, ancien précepteur grec d’Otton III, sous le titre de Jean XVI. Ce ne fut qu’à la fin de l’automne de cette année-là que l’empereur put accourir au secours de son cousin blessé. Il exécuta alors une sentence terriblement sévère contre le tyran et son pape. Le premier fut décapité, et son cadavre traîné par les pieds à travers les rues, puis pendu à une potence ; celui-ci, que les soldats avaient cruellement privé de ses oreilles, de sa langue et de son nez, fut conduit à travers les rues, assis à la renverse sur un âne, la queue attachée dans ses mains en guise de rênes. sous peine d’excommunication. Mais il mourut d’une mort étrange et soudaine avant d’avoir pu abattre l’orgueil de ce roi, ce que son successeur accomplit.
96.3. Otton III éleva à la chaire pontificale son maître Gerbert, qu’il avait précédemment fait archevêque de Ravenne, sous le titre de Sylvestre II, apr. J.-C. 999 à 1003. Déjà à Ravenne, la politique ecclésiastique de Gerbert avait été modifiée pour tenir compte des vues de la Haute Église de ses anciens adversaires, et en tant que pape, il développa une activité qui le distingue comme le digne disciple de son prédécesseur et le précurseur d’un Grégoire encore plus grand (VII). Il lutta énergiquement contre la simonie, ce chancre spécial de l’Église, et, en envoyant l’anneau et le bâton à son ancien adversaire, Arnulf, il fit le premier effort pour faire valoir la prétention papale à l’investiture exclusive des évêques. Mais auparavant, en tant que précepteur d’Othon, en flattant sa vanité, il avait inspiré à la jeunesse imaginative et pleine d’entrain l’idéal d’une restauration de l’ancienne gloire de Rome et de ses empereurs exerçant une domination universelle. C’est précisément dans cette vue qu’Otton l’éleva sur le siège pontifical, afin qu’il pût avoir son aide. Le pape n’osa pas se retirer ouvertement de cette entente, car dans l’état de l’Italie à cette époque, dans une lutte avec l’empereur, la victoire serait la sienne en premier lieu, et ce serait la destruction de la chaire pontificale. Il n’y avait donc rien d’autre à faire que de virer habilement de bord, malgré les vents contraires de la politique impériale, de faire tenir le navire de l’église aussi loin que possible dans la route de la haute église et d’entourer l’empereur d’un réseau d’embarcations. Le fantôme d’une Renovatio imperii Romani avec la forme momifiée du cérémonial de la cour byzantine et la vaine parade d’un titre a vu le jour. Lors d’un pèlerinage sur la tombe de son saint ami Adalbert à Gnesen ( 93, 13) l’empereur émancipa l’Église polonaise de la métropole allemande en élevant son siège épiscopal en archevêché. Il a aussi, en A.D. En l’an 1000, le duc polonais Boleslaw Chrobry (93, 7), l’ennemi le plus dangereux de l’Allemagne, qui a comploté la formation d’un grand empire slave, à partir de sa fidélité en tant que vassal de l’empire allemand, l’enrôlant à la place comme « ami et confédéré du peuple romain » dans son nouvel empire universel fantastique. La même année, cependant, Sylvestre, dans l’exercice de la souveraineté papale, conféra la couronne royale à Étienne, le saint de Hongrie (93, 8), Il ordonna le paiement d’un tribut annuel au vicaire pontifical ayant autorité ecclésiastique sur son pays, et rendit ce pays ecclésiastiquement indépendant de Passau et de Salzbourg en fondant un métropolitanat séparé à Gran. Bien qu’Otton se laissât entraîner dans les ficelles hiérarchiques par son ami pontifical, il n’en fit pas moins voir clairement, en accordant à son pape favori huit comtés des États de l’Église, qu’il ne les considérait que comme un don gratuit de la faveur impériale. Il fustigea aussi violemment les extravagances ainsi que la cupidité des papes, et déclara que la donation de Constantin était une pure invention (87, 4). L’empereur, cependant, avait entre-temps complètement éloigné ses sujets allemands et le clergé allemand par son tempérament non allemand. Les princes allemands le dénoncèrent comme un traître à l’empire allemand. Bientôt toute l’Italie, même Rome, si aimée, se révolta ouvertement. Seule une mort précoce après J.-C. 1002 sauva le malheureux jeune homme de vingt-deux ans de la plus terrible humiliation. Avec lui aussi, l’étoile de la fortune du pape s’est éteinte. Il mourut peu de temps après après J.-C. 1003, et laissa dans l’esprit populaire la réputation d’un marchand d’art noir, qui devait son savoir et le succès de sa carrière hiérarchique à un pacte avec le diable.
96.4. De Henri II au synode de Sutri, A.D. 1002-1046. — Après la mort d’Otton III, Henri II, apr. J.-C. De 1002 à 1024, il était auparavant duc de Bavière, arrière-petit-fils d’Henri Ier et, à ce titre, dernier descendant de la lignée saxonne, il obtint la couronne d’Allemagne, un souverain qui s’avéra l’un des plus capables qui aient jamais occupé ce trône. Piétiste fanatique et sous le pouvoir des prêtres, bien que pieux selon l’esprit du temps et fortement attaché à l’Église, et cherchant dans les évêques des appuis de l’empire contre l’influence relâchée des princes temporels, aucun autre empereur allemand n’a régné sur l’Église dans la même mesure que lui. et personne ne s’aventura autant qu’il le fit à faire comprendre à l’Église, par l’appropriation la plus étendue des biens ecclésiastiques, surtout des riches monastères, que c’était le moyen le plus court et le plus sûr d’amener une réforme si nécessaire. Pendant ce temps, à Rome, après la mort d’Otton III, Joannes Crescentius, fils de Crescentius II, qui avait été décapité par ordre d’Othon, prit le gouvernement et fit asseoir sur la chaire de Pierre ses propres créatures, Jean XVII, XVIII et Serge IV. Mais comme lui et son dernier pape élu sont morts peu de temps après l’autre après J.-C. En 1012, la faction des comtes de Tuscula, successeurs d’Alberich, revint au premier plan et choisit comme pape un descendant d’une de leurs propres familles, Benoît VIII, après J.-C. 1012 à 1024. L’antipape Grégoire, choisi par les Crescentiens, fut obligé de se retirer du champ de bataille. Il demanda la protection d’Henri II. Mais ce monarque s’entendit avec Benoît, incomparablement plus noble et plus capable, qu’il reçut de lui pour lui-même et pour sa reine Cunigunda, canonisée plus tard par Innocent III, la couronne impériale, en apr. J.-C. 1014, et continua par la suite à entretenir d’excellentes relations avec lui. Ces deux-là, l’empereur et le pape, étaient en bons termes avec les moines de Clugny. Ils reconnaissaient tous deux la nécessité d’une réforme complète de l’Église, et tous deux l’accomplissaient dans la mesure où cela pouvait être fait par l’influence et l’exemple de leur conduite, de leur tempérament et de leur caractère personnels. Mais le pape avait tant à faire pour combattre les Crescentiens, puis les Grecs et les Sarrasins en Italie, et l’empereur pour réprimer les troubles intérieurs de son empire et repousser les invasions étrangères, que ce n’est que vers la fin de leur vie qu’ils purent prendre des mesures très décisives. Le pape a fait le premier pas, car au synode de Pavie en A.D. En 1018, il excommunia tous les prêtres mariés et ceux qui vivaient en concubinage, et condamna leurs enfants à l’esclavage. L’empereur caressa un projet encore plus ambitieux. Il voulait convoquer un concile œcuménique occidental à Pavie, et s’engager là dans la réforme de toute l’Église d’Occident. Mais la mort du pape en apr. J.-C. L’année 1024, suivie en quelques mois de la mort de l’empereur, empêcha l’exécution de ce plan. Après la mort d’Henri II, qui n’avait pas d’enfants, Conrad II, A.D. De 1024 à 1039, le fondateur de la dynastie franconienne ou salique, monte sur le trône d’Allemagne. C’est à lui que l’empire devait de grandes réformes intérieures et une grande extension de pouvoir, mais il n’y prêta aucune attention l’exécution des projets de réforme ecclésiastique de son prédécesseur. Encore moins, cependant, il y avait quoi que ce soit de semblable à attendre des papes de cette époque. Benoît VIII. lui succéda son frère Romanus, sous le nom de Jean XIX, après J.-C. 1024-1033, comme dépourvu de caractère et de nobles sentiments ( 67, 2) comme son prédécesseur l’avait été distingué. À sa mort, le comte Alberich de Tusculum put obtenir des Romains, par des présents et des promesses, qu’il élise son fils Théophylacte, qui, bien qu’il n’eût que douze ans, était déjà exercé aux vices les plus vils. Il prit le nom de Benoît IX, après J.-C. 1033-1048, et déshonora la chaire pontificale avec la plus éhontée prodigalité. L’état des choses s’améliora sous le fils de Conrad, Henri III. 1039-1056, qui s’efforça de fonder une monarchie universelle dans le sens de Charlemagne, et par un gouvernement puissant et capable, il fut plus près d’atteindre ce but qu’aucun des empereurs allemands. Il était en même temps animé d’un zèle pour la réforme de l’Église tel qu’aucun de ses prédécesseurs ou successeurs, à l’exception de Henri II, n’en a jamais montré. Benoît IX. était, en A.D. 1044, chassé pour la seconde fois par les Romains. Ils vendirent alors la tiare à Sylvestre III, qui, trois mois plus tard, fut chassé par Benoît. Ce pape tomba alors amoureux de sa belle cousine, fille d’un comte de Tuscula, et prit la résolution audacieuse de l’épouser. Mais le père de la dame refusa son consentement tant qu’il était pape. Benoît XVI vendit alors la chaire papale pour mille livres d’argent à l’archidiacre Joannes Gratien. Cet homme, un homme simple et pieux, pour sauver la chaire de Saint-Pierre d’un renversement complet, prit sur lui la disgrâce de la simonie sur l’ordre de ses amis de Clugny, parmi lesquels un jeune moine romain nommé Hildebrand, fils de parents pauvres de Soana, en Toscane, était déjà le plus remarquable. Le nouveau pape prit le nom de Grégoire VI , apr. J.-C. 1044 à 1046. Il voulait les talents nécessaires à la tâche difficile qu’il avait entreprise. Benoît, ayant échoué dans l’exécution de ses projets matrimoniaux, prétendit de nouveau être pape, tout comme Sylvestre. Ainsi Rome avait à la fois trois papes, et tous les trois étaient publiquement connus pour être simonistes. Le parti de Clugny se débarrassa de son protégé Grégoire et appela l’empereur d’Allemagne comme sauveur de l’Église. Henri vint et fit déposer les trois papes au synode de Sutri, après J.-C. Débloquer le niveau 1046. Les Romains lui donnèrent le droit de faire une nouvelle nomination. Elle tomba sur Suidger, évêque de Bamberg, qui prit le nom de Clément II, et couronna le roi empereur à Noël de l’an J.-C. Débloquer le niveau 1046. Les Romains furent si heureux de voir l’ordre rétabli dans la ville, qu’ils remirent à l’empereur avec le rang de patricien le gouvernement de Rome et le droit d’élection pontificale pour toujours, et jurèrent de ne jamais consacrer un pape sans le concours de l’empereur. Henri emmena avec lui l’ex-pape Grégoire en Allemagne, où il mourut en exil, à Cologne. Hildebrand, son aumônier, l’y avait accompagné, et, après sa mort, il s’était retiré au monastère de Clugny.
96.5. Henri III et ses papes allemands, apr. J.-C. 1046-1057. — Avec Clément III, 1046-1047, commence toute une série de papes allemands habiles, qui, élus par Henri III, travaillèrent sous sa protection avec puissance et succès à la réforme de l’Église. Tous ceux qui s’intéressaient à la réforme, les frères de Clugny, ainsi que les disciples de Romuald et les colons de Vallombrosa ( 98, 1), s’accordaient à dire qu’à la racine de toute la corruption de l’église de cet âge-là, il y avait la simonie, ou l’obtention d’offices spirituels par l’achat ou la corruption (Actes VIII, 19), et le nicolaïsme (27, 8). sous ce nom étaient comprises toutes les convoitises charnelles du clergé, le mariage aussi bien que le concubinage et les vices contre nature. Ces deux-là étaient, surtout en Italie, si répandus, qu’il n’y avait guère de prêtre qui ne fût coupable de l’un et de l’autre. Clément II, en présence de l’empereur, lors d’un synode à Rome en A.D. En 1047, commença la bataille contre la simonie. Mais il mourut avant la fin de l’année, probablement empoisonné. Tandis que des émissaires romains se présentaient à la cour d’Allemagne au sujet de l’élection d’un nouveau pape, Benoît IX, soutenu par le parti tusculen, revendiquait de nouveau le siège pontifical, et l’empereur dut proférer les menaces les plus sévères avant que l’homme de son choix, Poppo, évêque de Brixen, ne soit autorisé à occuper le siège papal sous le nom de Damase II. Vingt-trois jours plus tard, cependant, il n’était plus qu’un cadavre. Cela refroidit l’ardeur des évêques allemands pour l’élection à une position si dangereuse, et ce n’est qu’après une longue persuasion que l’évêque Bruno de Toul, cousin de l’empereur et ami zélé de Clugny, accepta la nomination, à la condition qu’elle aurait l’approbation du peuple et du clergé de Rome, ce qui, comme il fallait s’y attendre, a été donné par acclamation. Il monta sur le trône pontifical sous le nom de Léon IX, après J.-C. 1049 à 1054. Selon une histoire ultérieure conçue dans l’intérêt du hildébrandisme, Bruno aurait non seulement fait dépendre son acceptation définitive de l’appel impérial de l’élection libre supplémentaire du peuple et du clergé de Rome, mais aussi d’avoir été convaincu par Hildebrand, qui, à sa propre demande, l’accompagnait, de mettre de côté ses ornements papaux. de continuer son voyage en habit de pèlerin, et de faire son entrée pieds nus dans la ville éternelle, afin que la sanction nécessaire d’une élection canonique formelle puisse être donnée à la nomination impériale. Léon trouva les trésors pontificaux vidés jusqu’à la dernière pièce et dépouillés de tous ses revenus territoriaux par les nobles. Mais Hildebrand fut son ministre des Finances, et ne tarda pas à améliorer l’état de son Trésor. Léon fit alors preuve d’une activité sans exemple dans la réforme de l’Église et la purification de la papauté. Aucun pape n’a autant voyagé que lui, aucun n’a tenu autant de synodes dans les lieux les plus éloignés et dans les divers pays. Le déracinement de la simonie était dans tous les cas le point principal de leurs décrets. Par des liens de reconnaissance et de parenté, mais surtout d’intérêts communs, il était attaché à l’empereur d’Allemagne. Il ne pouvait donc songer à affranchir la papauté de la suzeraineté impériale. Pratiquement Léon réussit à débarrasser l’écurie d’Augias du clergé romain et à remplir les postes vacants avec des hommes vertueux amenés de loin et de près. Afin de châtier les Normands, qu’il avait mis au ban à cause de leur rapacité, il entra lui-même en campagne en A.D. 1053, lorsque l’empereur refusaIl fut fait prisonnier après l’anéantissement de son armée, et ne parvint qu’après avoir levé l’excommunication, à lui faire baiser les pieds avec la plus profonde dévotion. Il exigea de l’empereur grec la restitution intégrale de la donation de Constantin, dans la mesure où elle était encore en possession des Byzantins, et ses envoyés à Constantinople rendirent irréparable la scission entre les Églises d’Orient et d’Occident (67, 3). Leo mourut en apr. J.-C. 1054, le seul pape depuis des siècles que l’Église honore comme un saint. Une ambassade romaine demanda à l’empereur de nommer un nouveau pape. Il se fixa sur Gebhardt, évêque d’Eichstädt [Eichstadt], qui monta sur le trône pontifical sous le nom de Victor II, après J.-C. 1055 à 1057. Là encore, les contes monastiques ont transformé un simple fait en une romance dans l’intérêt de leur propre parti. Les Romains souhaitaient Hildebrand lui-même pour leur pape, mais il n’était pas encore disposé à assumer une telle responsabilité. Il se mit cependant à la tête d’une ambassade qui convainquit l’empereur du caractère coupable de ses anciennes ingérences dans les élections pontificales, et le persuada de mettre de côté le pouvoir tyrannique de son rang de patricien et de résigner au clergé et au peuple ses anciens droits électoraux. Comme candidat à cette élection, Hildebrand lui-même choisit l’évêque Gebhardt, le conseiller le plus fiable de l’empereur. Après une longue opposition, Henri obtint son consentement à cette candidature, il pressa même l’évêque de l’accepter, qui finit par se soumettre en ces termes : « Maintenant, moi aussi, je me livre à saint Pierre, âme et corps, mais seulement à la condition que vous lui cédiez aussi ce qui lui appartient. » Celle-ci, cependant, ne semble pas être un simple battement d’air, car l’empereur rendit au pape nouvellement élu le patrimoine de Pierre dans toute sa plus grande étendue, et lui conféra en plus le gouvernement de toute l’Italie. 1056, après qu’il eut nommé sa reine Agnès à la régence, et l’eut recommandée aux conseils et aux bons offices du pape. Mais les jours du pape étaient déjà comptés. Il mourut en apr. J.-C. Débloquer le niveau 1057. Hildebrand ne pouvait pas se vanter de l’avoir dominé, mais la position du puissant moine de Clugny sous ses ordres était devenue d’une grande importance.
96.6. La papauté sous le contrôle de Hildebrand, A.D. 1057-1078. — Après la mort de Victor, les cardinaux, sans tenir compte du droit impérial, élurent immédiatement le cardinal Frédéric de Lorraine, alors abbé de Monte-Cassin, et Hildebrand se rendit en Allemagne afin d’obtenir l’approbation post factum de l’impératrice. Étienne IX, apr. J.-C. 1057-1058, car c’est ainsi que Frédéric s’appelait, mourut avant le retour d’Hildebrand. Le parti de Tuscula profita de son absence pour proposer comme pape un de ses partisans, Benoît X, après J.-C. Débloquer le niveau 1058. Mais une ambassade d’Hildebrand auprès de l’impératrice assura la succession de l’évêque Gerhard de Florence. Benoît fut obligé de se retirer, et Gerhard monta sur le trône pontifical sous le nom de Nicolas II . 1058 à 1061. Avec lui commence le plein développement de la grandeur de Hildebrand, et à partir de ce moment, A.D. En 1059, lorsqu’il devint archidiacre de Rome, jusqu’à ce qu’il montât lui-même sur la chaire pontificale, il fut l’âme dirigeante de la hiérarchie romaine. Par son puissant génie, en dépit de tous les obstacles, il éleva la papauté et l’Église à un sommet de puissance et de gloire jamais atteint auparavant. C’est ainsi qu’il s’avança, systématiquement, fermement et irrésistiblement, vers une réforme complète de la politique ecclésiastique. La liberté absolue de l’Église vis-à-vis du pouvoir et de l’influence de l’État, et pour y parvenir et l’assurer, la domination de l’Église sur l’État, les élections papales indépendantes de toute influence temporelle, le déracinement complet de toutes les pratiques simoniaques, la rigueur implacable dans le traitement de l’immoralité du clergé, L’application invariable de la loi du célibat, comme le moyen le plus puissant d’affranchir le clergé du monde et de l’État, de remplir les fonctions sacrées avec les hommes les plus vertueux et les plus capables, furent quelques-uns des nobles buts et réalisations de cette réforme. Hildebrand rechercha la protection et l’aide laïques nécessaires à l’exécution de ses plans parmi les Normands. Nicolas II, sur la base de la donation de Constantin, donna en fief à leur chef, Robert Guiscard (95, 1), la seigneurie des Pouilles, de la Calabre et de la Sicile, d’où les Sarrasins n’avaient pas encore été expulsés, et exigea de lui le serment d’un vassal, par lequel il s’engageait à payer un tribut annuel, à protéger le siège pontifical contre tous les empiétements sur ses privilèges, et surtout à maintenir le droit d’élection pontificale par les « meliores cardinales »." Encore une fois, Nicolas, lorsque, plus tard, avec l’aide des Normands, il eut brisé le pouvoir des nobles tusculans, publia un décret lors d’un synode du Latran à Rome, en l’an de suite. 1059, par lequel les élections pontificales ( 82, 4) ont été réglementés à nouveau. Des deux recensions existantes de ce décret, qui sont distinguées comme la papale et l’impériale, la première est maintenant universellement reconnue comme étant la forme la plus authentique. Selon elle, l’élection appartient exclusivement aux cardinaux-prêtres romains (97, 1) ; au reste du clergé comme au peuple il ne reste que le droit d’acclamation, qui n’apporte aucun avantage, et à l’empereur, selon Boichorst, le droit de consentir après l’élection et l’investiture, selon Granert, le droit de veto avant l’élection. C’est ce que nous avons faitLes Cris, et non moins la ligue avec les Normands, étaient des affronts ouverts aux prétentions impériales sur l’Italie et sur la chaire papale. L’impératrice se réunit donc vers Pâques, A.D. En 1061, un concile d’évêques allemands, au cours duquel Nicolas fut déposé, et toutes ses décisions furent annulées. Peu de temps après, le pape mourut. Le parti tusculan, désormais uni aux Allemands sous le chancelier lombard Wibert, demanda un nouveau pape à l’impératrice. Au Concile de Bâle en A.D. En 1061, l’évêque Cadalus de Parme est nommé. Il prit le nom d’Honorius II, après J.-C. 1061 à 1072. Mais Hildebrand avait déjà choisi, cinq semaines plus tôt, de concert avec la margrave Béatrice de Canossa, sous sa propre responsabilité, l’évêque Anselme de Lucques et le fit consacrer sous le nom d’Alexandre II. J.-C. 1061 à 1073. Honorius s’avança jusqu’à Rome, accompagné de Wibert, et, souvent, dans des combats sanglants, il vainquit le parti de son adversaire. Le duc Godefroy le Barbu de Lorraine, époux de Béatrice, se présente alors comme médiateur. Il fit retirer les deux papes dans leurs diocèses respectifs et donna à l’impératrice la décision de la controverse. Mais entre-temps, une catastrophe s’est produite en Allemagne qui a conduit aux résultats les plus importants. L’archevêque Anno de Cologne, à la tête d’un soulèvement des princes, leurra le jeune roi de douze ans à bord d’un navire à Kaiserswerth, sur le Rhin, et l’emmena à Cologne. La régence et la conduite du gouvernement étaient maintenant transférées aux évêques allemands collectivement, mais restaient pratiquement entre les mains d’Anno, qui, entre-temps, cependant, depuis J.-C. En 1063, il se vit obligé de partager le pouvoir avec l’archevêque Adalbert de Brême. Lors d’un concile tenu à Augsbourg en A.D. En 1062, Alexandre est reconnu comme le vrai pape, mais Honorius ne renonce en aucun cas à ses prétentions. Avec une petite armée, il s’avança sur Rome en apr. J.-C. En 1064, il s’empara du fort Léon, qui avait été construit et fortifié par Léon IV pour se défendre contre les Sarrasins, se retrancha dans le château de Saint-Ange, et mit en déroute à plusieurs reprises les forces de son adversaire. Mais Hildebrand rappela aux Normands leur serment de fidélité. Lors d’un concile tenu à Mantoue en J.-C. 1064 (ou 1067 ?) Alexandre fut de nouveau reconnu, et Honorius, dont le concile chercha en vain à dissoudre le parti par la force des armes, fut de nouveau déposé. Entre-temps, le prêtre de Cologne, orgueilleux, ambitieux et égoïste, avait été obligé de confier à son collègue du Nord, Adalbert de Brême, l’éducation et la formation du jeune roi, qui, bien qu’il n’eût que quinze ans, était maintenant proclamé majeur en apr. J.-C. 1065, sous le nom d’Henri IV, apr. J.-C. 1056 à 1106. Si l’évêque de Cologne a nui aux dispositions de la jeunesse royale par son excès de dureté et de sévérité, l’évêque de Brême lui a fait un tort irréparable en lui permettant de se livrer sans retenue à ses mauvaises passions.
96.7. Grégoire VII, apr. J.-C. 1073-1085. — Hildebrand avait enfin porté la papauté à un tel degré de puissance qu’il était maintenant en mesure de mettre le dernier coup à son propre travail en son propre nom, et c’est ainsi qu’il monta sur la chaire du chef des apôtres, comme Grégoire VII, élu et intronisé par une foule désordonnée. Les évêques lombards et allemands firent appel à l’empereur pour que l’élection soit déclarée invalide. Mais lui, menacé de toutes parts de guerres et de révolutions, jugea à propos de renoncer à faire valoir ses droits et de gagner la faveur du pape par une lettre pleine de dévotion et d’humilité. Au Synode romain sur le jeûne de l’an J.-C. En 1074, Grégoire renouvela l’ancienne loi du célibat et la rendit plus stricte, déposa tous les prêtres mariés ou ceux qui avaient obtenu leur charge par simonie, et déclara invalides leurs actes sacerdotaux. Le bas clergé, généralement marié, s’opposa violemment à cette mesure, mais la volonté plus forte de Grégoire l’emporta. Les légats pontificaux visitèrent tous les pays et, soutenus par le peuple, insistèrent sur la stricte observance du décret pontifical. Lors du prochain synode de jeûne en A.D. En 1075, le pape commença la lutte contre l’investiture habituelle du haut clergé par les princes temporels, avec l’anneau et le bâton comme symboles de la fonction épiscopale. Quiconque accepterait une charge ecclésiastique de la main d’un laïc devait être déposé, et tout potentat qui donnerait l’investiture devait être mis au ban de l’Église. C’est là aussi qu’il lança son anathème contre les conseillers d’Henri, qui se rendraient coupables de la vente des charges ecclésiastiques. Henri, dont les mains étaient entièrement occupées par les Saxons rebelles, renvoya d’abord ses conseillers, mais après la fin des guerres, il les rétablit et ignora complètement l’interdiction papale de l’investiture. Grégoire avait, pendant un certain temps, assez à faire en Italie. Cencius, le chef des nobles opposés à la réforme, tomba sur lui à Noël après J.-C. 1075, pendant le service divin, et le fit prisonnier, mais les Romains le sauvèrent, et Cencius dut s’enfuir. Le jour de l’an A.D. En 1076, apparut à la résidence royale de Goslar une ambassade papale qui menaçait le roi d’excommunication et de déposition s’il ne rompait pas immédiatement toutes les relations avec les conseillers visés par le ban, et ne réformait pas sa propre vie infâme. Le roi éclata de rage furieuse. Il accabla les légats d’injures et, au synode de Worms, le 24 janvier, fit déposer officiellement le pape comme usurpateur parjure de la chaire pontificale, tyran, adultère et sorcier. Les évêques lombards, eux aussi, donnèrent leur consentement à ce décret (97, 5). Lors du synode de jeûne romain suivant, le 22 février, le pape mit au ban tous les évêques qui avaient pris part à ces procédures, et en même temps excommunia et déposa solennellement le roi, et libéra tous ses sujets de l’obligation de prêter serment d’allégeance. De plus, il fit jeter en prison les ambassadeurs du roi, dont il avait préservé la vie de la fureur des assistants à la réunion du synode par son intervention personnelle, puis les conduisit dans les rues de la manière la plus méprisante. L’interdiction papale fit une profonde impression sur le peuple et les princes allemands. L’un après l’autre, les évêques cédèrent, les Saxons soulevèrent une nouvelle révolte, et à la conférence des princes à Tribur, en octobre de l’an J.-C. En 1076, le pape est invité à se rendre personnellement à Augsbourg le 2 février, pour rencontrer et conférer avec les princes sur les affaires du roi. Il fut résolu que si Henri ne réussissait pas avant le 22 février, jour du premier anniversaire de l’interdiction, à la faire lever, il perdrait à jamais la couronne, mais qu’en attendant, il résiderait à Spires et continuerait à exercer toutes les prérogatives royales.
96.8. Il était dans l’intérêt du pape que l’affaire soit réglée sur le sol allemand avec la plus grande publicité possible. Aussi refusa-t-il avec mépris l’humble requête du roi qui lui envoyait l’absolution de Rome, et hâta-t-il ses préparatifs pour se rendre à Augsbourg. Mais Henri alla à sa rencontre en chemin. Peu avant Noël, il s’échappa de Spires avec sa femme et son enfant et, malgré un hiver rigoureux, traversa le mont Cenis. Les Lombards le protégeaient en défiant les prétentions du pape. Mais toute l’attention d’Henri était maintenant dirigée vers le renversement des machinations des princes allemands hostiles. C’est ainsi qu’il apparut tout à coup à Canossa, où Grégoire logeait chez la margrave Mathilde, fille de Béatrice, une princesse passionnément attachée à lui et à son idéal. Cette rencontre était inattendue et non désirée par le pape. Là, pendant les froides journées d’hiver, du 25 au 27 janvier après J.-C. En 1077, le fils d’Henri III se tenait pieds nus dans la cour du château de Canossa, vêtu d’une chemise de toile de sac, jeûnant toute la journée et implorant l’accès au fier moine. Avec une sévérité inflexible, le pape refusa, jusqu’à ce qu’enfin les larmes, les supplications et les reproches de la margrave l’emportèrent sur son obstination. Henri promit de se soumettre au jugement futur du pape en ce qui concerne sa réconciliation avec les princes allemands, et fut absous. Néanmoins, les princes réunis à Forcheim en mars, avec l’assentiment du légat pontifical, élisent un nouveau roi en la personne de Rodolphe de Souabe, beau-frère d’Henri. Mis en fureur, Henri se hâta de retourner en Allemagne, où il rassembla bientôt autour de lui une grande armée. Malgré toutes les pressions exercées sur lui, Grégoire maintint pendant trois ans une position de neutralité, mais finalement, en A.D. En 1080, lors du synode romain sur le jeûne, où les envoyés des rois en conflit présentèrent leurs plaintes, il renouvela l’excommunication et la déposition d’Henri. Alors les évêques du parti de Henri se réunirent immédiatement à Brixen, et jetèrent l’anathème et prononcèrent une sentence de déposition contre Grégoire, et élurent comme antipape Wibert, ancien chancelier, puis archevêque de Ravenne, qui prit le titre de Clément III. 1080 à 1100. Après la mort de Rodolphe au combat, à Merseburg, en . En 1080, Henri traverse les Alpes et apparaît à la Pentecôte devant les portes de Rome, qui lui sont ouvertes après un siège de trois ans. Clément III. puis à Pâques, A.D. 1084, s’attaqua à lui et à sa reine la couronne impériale. Grégoire s’était retiré au château de Saint-Ange. Henri, cependant, fut contraint par l’apparition d’un nouveau rival pour la couronne, Henri, comte de Luxembourg, de retourner en Allemagne, et Robert Guiscard, le duc normand, se hâta de délivrer le pape, ce qu’il n’accomplit qu’après que Rome eut été terriblement dévastée. Grégoire mourut l’année suivante. 1085, à Salerne. Grégoire VII. il se mit aussi en campagne contre le roi de France, Philippe Ier, dissolu et prodigue, et le menaça, à cause de sa simonie, d’un interdit et d’une déposition. Cependant, son succès fut relativement faible. Philippe se soumit ouvertement au décret pontifical, mais ne changea pas le moins du monde sa conduite, et Grégoire sentit qu’il n’était pas prudent de pousser les choses à l’extrême. Il se montra plus indulgent envers le puissant Guillaume le Conquérant d’Angleterre, bien que ce prince gouvernât d’une main de fer l’église de ses États, déclarât que tous les biens de l’Église étaient francs-fiefs, et ne fût guère moins coupable de simonie que les rois d’Allemagne et de France. Cependant le pape lui-même, qui espérait s’assurer l’aide de ses armes contre Henri IV, et cherchait donc à l’éblouir par la perspective du trône impérial, fit un clin d’œil à ses délinquances et le combla d’expressions de sa bonne volonté. Le primat d’Angleterre, aussi, le bras droit du puissant conquérant, Lanfranc de Cantorbéry, qui en voulait à Grégoire à cause de son patronage de l’hérétique Bérenger (101, 2), n’a pas montré de zèle particulier pour les réformes préconisées par le pape. Lors d’un synode tenu à Winchester en A.D. En 1076, la loi sur le célibat fut appliquée, avec cette limitation, cependant, que ceux du clergé séculier qui étaient déjà mariés ne seraient pas tenus de répudier leurs femmes, mais qu’aucun autre mariage entre eux ne serait autorisé.275
96.9. L’idée centrale de la politique de Grégoire était l’établissement d’une théocratie universelle, avec le pape comme seul chef visible, le représentant du Christ sur la terre, qui, en tant que tel, se tient au-dessus des puissances du monde. À côté de cela, en effet, l’autorité royale devait se tenir indépendamment comme quelqu’un ordonné de Dieu, mais elle devait se limiter strictement aux affaires temporelles, et être dirigée par le pape à l’égard de tout ce qui pourrait être en partie à l’intérieur et en partie à l’extérieur de ces lignes. Tous les États portant le nom chrétien devaient être liés ensemble comme membres d’un seul corps dans la grande théocratie papale qui n’avait au-dessus d’elle que Dieu et sa loi. Les princes doivent recevoir la consécration et la sanction divine de la part de la puissance spirituelle ; ils sont « par la grâce de Dieu », non pas immédiatement, cependant, mais seulement médiatement, l’Église, en tant que moyen terme se tient entre eux et Dieu. Le pape est leur arbitre et le plus haut seigneur de l’État, dont ils sont tenus d’obéir inconditionnellement aux décisions. La royauté est liée à la papauté comme la lune au soleil, d’où elle reçoit sa lumière et sa chaleur. L’Église, qui prête au pouvoir du monde son autorité divine, peut aussi la retirer à nouveau lorsqu’elle est mal utilisée. Lorsque cela est fait, l’obligation d’obéissance des sujets cesse également. Grégoire commença cette œuvre gigantesque, non pas tant pour s’élever personnellement au sommet de la puissance, mais plutôt pour sauver l’Église de la destruction. Certes, il n’était pas exempt d’ambition et de soif de gouverner, mais chez lui, l’idée de la haute vocation de l’Église était plus élevée que tous les intérêts personnels, et c’est à sa réalisation qu’il consacra avec enthousiasme toutes les énergies de sa vie. D’un autre côté, il ne peut échapper au reproche d’avoir lutté avec des armes charnelles pour ce qu’il appelait une victoire spirituelle, d’avoir pris des mesures inégales, là où ses intérêts l’exigeaient, dans l’exercice de sa fonction assumée de juge des rois et des princes, et de s’être occupé plus de projets et d’intrigues politiques que du ministère de l’Église du Christ. Toute sa carrière montre qu’il a été un homme d’une grande autonomie, mais, d’autre part, il a su conserver la conscience du pauvre pécheur qui ne cherche et ne trouve le salut que dans la miséricorde du Christ. La stricte moralité de sa vie a été admise même par ses ennemis les plus acharnés. Il n’est pas rare non plus qu’il se montrât en avance sur son temps en humanité et en libéralité de sentiments, comme par exemple dans la controverse bérengère ( 101, 2), et dans sa désapprobation résolue de la poursuite des sorciers et des sorcières.276
96.10. Victor III. et Urbain II, apr. J.-C. 1086-1099. — Grégoire VII fut remplacé par le talentueux abbé de Monte-Cassino, Desiderius, sous le titre de Victor III. 1086 à 1087. Ce n’est qu’après qu’on eut exercé sur lui de grandes pressions qu’il consentit à quitter le cloître, qui, sous son règne, avait prospéré d’une manière remarquable ; Mais maintenant âgé et malade, il ne jouit du pontificat que pendant seize mois. Son successeur fut l’évêque Odon, d’Ostie, Français de naissance, membre de la confrérie de Clugny, qui prit le nom d’Urbain II. 1088 à 1099. Pendant longtemps, il fut obligé d’abandonner Rome au parti de l’antipape impérial. Mais l’enthousiasme avec lequel fut reprise l’idée de sauver le Saint-Sépulcre, qu’il proposa à la chrétienté occidentale au concile de Clermont, en A.D. 1095 ( 94), lui assura la plus haute position de son temps, et le rendit assez fort pour résister à l’opposition de Philippe Ier, roi de France, qu’il avait mis au ban à Clermont, à cause de sa liaison adultère avec Bertrada. De retour en Italie après sa campagne victorieuse à travers la France, il a pu célébrer Noël une fois de plus au Latran à Rome en J.-C. Débloquer le niveau 1096. Ses principaux soutiens dans le conflit contre l’empereur étaient la puissante margrave Mathilde, et l’adversaire le plus dangereux de l’empereur en Allemagne, le duc Welf de Bavière, dont le fils du même nom, alors dans sa dix-septième année, fut marié par le pape à la veuve Mathilde, qui avait alors quarante ans, d’où naquit le premier parti anti-impérial et fortement papiste du parti gallois ou guelphe en Allemagne et en Italie. De l’autre côté, la margrave réussit à exciter Conrad, fils de Henri IV, à se révolter contre son père, et le fit couronner roi en apr. J.-C. Débloquer le niveau 1087. À Crémone, ce prince tint l’étrier du pape et lui prêta serment d’obéissance. L’empereur le fit déposer en apr. J.-C. En 1098, il fit élire son second fils et le couronna sous le nom d’Henri V. Urbain, qui reçut sur son lit de mort la nouvelle de la destruction de Jérusalem, mourut en apr. J.-C. 1099, et son antipape Clément III, qui s’était retiré à Ravenne, mourut l’année suivante.
96.11. Pascal II, Gélase II et Calixte II, apr. J.-C. 1099-1124. — Le successeur d’Urbain, Pascal II, apr. J.-C. 1099-1118, également membre de la confrérie de Clugny, attisa aussitôt le feu de la rébellion contre l’empereur excommunié et favorisa une conspiration des princes. Le jeune roi, à la tête des insurgés, fit prisonnier son père et l’obligea à abdiquer en A.D. Débloquer le niveau 1106. Six mois plus tard, l’empereur mourut. La malédiction de l’église a poursuivi même son cadavre. Inhumé deux fois en terre sainte, d’abord dans la cathédrale de Liège, puis dans la cathédrale de Spires, ses ossements furent exhumés et jetés en terre non consacrée, jusqu’à ce qu’enfin, en apr. J.-C. En 1111, son fils obtient la levée du ban. Au Concile de Guastalla en A.D. En 1106, Pascal renouvela l’interdiction de l’investiture. Mais Henri V, A.D. 1106-1125, se préoccupa aussi peu de cette interdiction que son père l’avait fait. À peine s’était-il assis sur le trône d’Allemagne qu’il traversa les Alpes pour contraindre le pape à le couronner empereur et à lui concéder le droit d’investiture. Le pape, qui voulait que l’Église fût pauvre si seulement elle conservait sa liberté, étant maintenant sans conseil ni aide (car Mathilde était vieille et son esprit guerrier était brisé, et on ne pouvait attendre aucun secours des Normands), fut chassé après J.-C. 1111, dans sa perplexité d’offrir un compromis, par lequel l’empereur abandonnerait l’investiture à l’Église, mais d’autre part le clergé lui rendrait toutes les propriétés foncières et les privilèges qui lui avaient été accordés par l’État depuis l’époque de Charlemagne, tandis que le patrimoine de Pierre continuerait la propriété du pape lui-même. Sur la base de cet accord, le couronnement de l’empereur devait être célébré à Saint-Pierre le 12 février après J.-C. Débloquer le niveau 1111. Mais lorsque, après le début de la célébration, on lut le document qui exposait le pacte, les prélats présents dans la cathédrale poussèrent de grands cris de dissidence et demandèrent qu’il fût immédiatement annulé. Le couronnement n’eut pas lieu, le pape et ses cardinaux furent jetés en prison, et une révolte des Romains fut réprimée. Le pape fut alors contraint d’abroger les décrets synodaux et d’accorder formellement au roi le droit d’investiture ; Il avait aussi, après avoir solennellement promis de ne plus jamais mettre l’empereur au ban, de procéder au couronnement. Mais le parti de Hildebrand a demandé au pape de rendre des comptes pour cette trahison de l’Église. Un synode à Rome en A.D. 1112 déclara invalides les concessions qui lui avaient été arrachées, et prononça l’interdiction contre l’empereur. Le pape, cependant, se souvenant de ses serments, refusa de le confirmer, mais il fut néanmoins proclamé par son légat dans les synodes français et allemand. La mort de Mathilde en apr. J.-C. En 1115, l’empereur est de nouveau appelé en Italie. Elle l’avait même fait du temps de Grégoire VII. elle a remis tous ses biens et possessions à l’Église romaine ; mais elle n’avait le droit de libre disposition qu’à l’égard de la propriété allodiale, et non à l’égard de ses territoires féodaux. Henry, cependant, réclamait maintenant tous ses biens. Lors du Synode de jeûne de l’A.D. 1116 Paschalis demanda pardon à Dieu et aux hommes pour son péché de faiblesse, renouvela et rendit plus stricte l’interdiction de l’investiture, mais refusa toujours énergiquement de confirmer le ban de l’empereur. À la suite d’une rébellion des Romains, il fut obligé de prendre la fuite, et il mourut en exil en J.-C. Débloquer le niveau 1118. Le parti de la haute église choisit alors Gélase II, après J.-C. 1118-1119, mais immédiatement après l’élection, il fut saisi par un second Cencius (voir 96, 7) à cause d’une rancune privée, affreusement maltraité et enchaîné dans son château. Les Romains le sauvèrent en effet, mais l’arrivée soudaine de l’empereur à Rome le conduisit, afin d’éviter de faire des conditions de paix gênantes, à chercher sa propre sécurité et celle de l’Église dans la fuite. Le peuple et les nobles, de concert avec l’empereur, instituent Grégoire VIII. en tant qu’anti-pape. Dès que l’empereur eut quitté Rome, Gélase revint. Mais Cencius tomba sur lui pendant le service divin, et ce n’est qu’avec peine qu’il échappa à d’autres mauvais traitements en s’enfuyant en France, où il mourut au monastère de Clugny après un pontificat d’à peine douze mois. Les quelques cardinaux présents à Clugny élisent l’archevêque Guido de Vienne. Il prit le titre de Calixte II, apr. J.-C. 1119 à 1124. Le pape et l’empereur se sont rencontrés pour exprimer des vœux de paix. Mais les négociations entamées sous de bons auspices n’allèrent jamais au-delà de l’énoncé des termes du contrat, et se terminèrent par le renouvellement par le pape au concile de Reims, en J.-C. 1119, l’anathème contre l’empereur et l’antipape. L’année suivante, Calixte traversa les Alpes. Il a reçu un accueil chaleureux à Rome. Il assiégea l’antipape à Sutri, le fit prisonnier et, après avoir subi les traitements les plus infligés à la populace romaine, le jeta dans une prison monastique. La question de l’investiture, mieux comprise par de savantes discussions sur le droit civil et ecclésiastique, fut enfin définitivement réglée dans le concordat de Worms, à la suite de concessions mutuelles faites à l’Assemblée nationale de Worms, après J.-C. Débloquer le niveau 1122. L’arrangement auquel on aboutit était le suivant : l’élection canonique des évêques et des abbés de l’empire par le clergé diocésain et les nobles séculiers devait être rétablie, et sous l’inspection impériale libérée de toute coercition, mais dans les élections contestées, les décisions devaient être rendues conformément au jugement du métropolite et du reste des évêques. l’investiture du sceptre des élus en Allemagne avant, dans d’autres parties de l’empire après la consécration, appartiendrait à l’empereur, et l’investiture avec l’anneau et le bâton à la consécration appartiendrait au pape. Cet accord a été solennellement ratifié lors du premier synode œcuménique du Latran en 2015. Débloquer le niveau 1123.
96.12. La controverse contemporaine sur les investitures anglaises a été conclue plus tôt. Guillaume le Conquérant avait mis sans opposition des prélats normands à la place des évêques anglais, et s’était fait rendre hommage par eux, tandis qu’ils recevaient de lui l’investiture avec l’anneau et le bâton. Guillaume le Roux, fils et successeur du Conquérant, A.D. 1087-1100, prince dominateur et cupide, après la mort de Lanfranc en 1087-1100 . 1089 ( 101, 1) permit que l’archevêché de Cantorbéry restât vacant pendant quatre ans, afin qu’il pût jouir lui-même de la possession paisible des revenus. Ce n’est qu’après J.-C. 1093, au cours d’une grave maladie et par crainte de la mort, qu’il consentit à l’accorder à Anselme, le célèbre abbé du Bec ( 101, 1, 3), avec la promesse de s’abstenir pour toujours de simonie. À peine fut-il rétabli qu’il se repentit de sa promesse. Il reprit ses anciennes pratiques, et exigea même d’Anselme une forte somme pour sa nomination. Pour l’amour de la paix, Anselme lui fit un présent volontaire d’argent, mais cela ne satisfit pas le roi. Quand, en apr. J.-C. En 1097, l’archevêque demande la permission de faire un voyage à Rome afin d’y régler le conflit, le roi le bannit. À Rome, Anselme fut reçu honorablement et sa conduite fut hautement approuvée ; mais ni Urbain II. ni Paschalis II. pourrait s’aventurer sur une rupture complète avec le roi. Le troisième fils de Guillaume le Conquérant, Henri Ier. Beauclerk, A.D. 1100-1135, qui, ayant aussi arraché la Normandie à son frère aîné Robert, avait besoin de l’appui du clergé pour assurer sa position, consentit au retour du primat exilé, et promit de mettre un terme à toute espèce de simonie ; mais il exigea le maintien de l’investiture et le serment de fidélité qu’Anselme maintenant, en conséquence des décrets d’un synode romain qu’il avait lui-même acceptés, s’est senti obligé de refuser. C’est ainsi que le conflit se renouvela de nouveau. Le roi confisqua alors les biens et les revenus du siège, et l’archevêque était sur le point d’excommunier contre lui, lorsqu’enfin un accord fut conclu en A.D. 1106, par la médiation du pape, selon laquelle la couronne renonçait à l’investiture avec l’anneau et le bâton, et l’archevêque acceptait de prêter le serment de fidélité.―En France aussi, à partir de la fin du XIe siècle, en raison de la pression exercée par le parti réformateur de la Haute Église, le pouvoir séculier se contenta d’obtenir le serment de fidélité du haut clergé, sans prétendre davantage à l’investiture.277
96.13. Le temps de Lothaire III. et Conrad III, A.D. 1125-1152. — Après la mort de Henri V sans postérité, le Saxon Lothaire, A. D. De 1125 à 1137, il fut élu, et le petit-fils d’Henri IV, descendant en ligne féminine, fut écarté. Honorius II, apr. J.-C. De 1124 à 1130, successeur de Calixte II, s’empressa de conférer la sanction pontificale à l’empereur nouvellement élu, qui, dès son élection, s’était montré prêt à soutenir les prétentions du clergé, en acceptant l’investiture spirituelle avant l’investiture temporelle, et en minimisant le serment de fidélité par des réserves ecclésiastiques. Mais ni l’interdiction, ni la prédication d’une croisade contre le comte Roger II. de Sicile ( 95, 1) pourrait l’empêcher d’édifier un royaume puissant comprenant toute l’Italie méridionale. La prochaine élection des cardinaux nous donne deux papes : Innocent II, apr. J.-C. 1130-1143, et Anaclet II, apr. J.-C. 1130 à 1138. Celui-ci, bien qu’il ne fût pas le pape de la majorité, s’assura un appui puissant dans l’amitié de Roger II, qu’il fit couronner par son légat à Palerme. Innocent, quant à lui, s’enfuit en France. Là, les deux oracles de l’époque, l’abbé Pierre de Clugny et Bernard de Clairvaux, se rangèrent de son côté et lui gagnèrent la faveur de toute l’Europe cisalpine. Les deux papes ont pêché pour obtenir les faveurs de Lothaire avec l’appât de la promesse du couronnement impérial. Une seconde édition du synode de Sutri aurait probablement permis à un roi plus puissant d’atteindre l’élévation d’Henri III. Mais Lothaire n’était pas homme à saisir l’occasion. Il se prononça en faveur du protégé de Bernard, le ramena en A.D. En 1133, il se fit couronner empereur par lui au Latran et fut investi de l’héritage de Mathilde, qui fut déclaré par les curialistes fief de l’empire. Mais les demandes répétées de Lothaire, qui demandait qu’on renonce à ce qui avait été acquis par le concordat de Worms, furent écartées, par l’opposition non pas tant du pape que de saint Bernard et de saint Norbert (98, 2). Sur la prière du pape, qui, immédiatement après le départ de Lothaire, avait été chassé par Roger, et ému par les exhortations prophétiques de Bernard, l’empereur se prépara à une seconde campagne romaine en A.D. Débloquer le niveau 1136. Laissant la conquête de Rome à l’éloquence du prophète de Clairvaux, il s’avança d’une victoire à l’autre jusqu’à ce qu’il passât toute l’Italie méridionale sous la domination impériale, et mourut à son retour dans une cabane d’alpage du Tyrol. Fou de rage, Roger quitta alors la Sicile et, en peu de temps, il reconquit ses provinces méridionales de l’Italie. Cependant, la nomination d’un nouveau pape après la mort d’Anaclet a échoué, et Innocent a pu lors du deuxième synode œcuménique du Latran en J.-C. 1139 pour déclarer le schisme terminé. Le pape renouvela alors l’excommunication de Roger et prononça un anathème contre les enseignements d’Arnold de Brescia (108, 7), un jeune prêtre enthousiaste de l’école d’Abælard, qui faisait remonter toute la corruption ecclésiastique à la richesse de l’Église et au pouvoir séculier du clergé. Il se prépara ensuite à la guerre avec Roger. Mais ce prince l’emporta et le fit entrer dans son tente, où lui et ses fils se jetèrent aux pieds du Saint-Père et implorèrent la miséricorde et la paix. Le pape ne pouvait rien faire d’autre que de jouer le rôle du magnanime qu’on lui donnait dans cette comédie. Il devait donc confirmer le Normand haï dans la possession des provinces conquises comme une monarchie héréditaire avec le privilège ecclésiastique d’un légat indigène, et, comme certains s’en allèrent se consoler, le prince devait considérer le territoire comme un fief du siège pontifical. Mais des calamités encore plus grandes s’abattirent sur ce pape. La liberté républicaine, que les villes de Toscane et de Lombardie ont conquise au XIIe siècle, a également éveillé chez les Romains l’amour de la liberté. Ils refusèrent d’obéir au pape dans les affaires temporelles, et établirent au Capitole un sénat populaire, qui se chargea du gouvernement civil au nom de la Commune romaine. Innocent est mort pendant la révolution. Son successeur Cœlestine II. ne conserva le pontificat que cinq mois, et Lucius II, après s’être vainement opposé à la Commune pendant sept mois, fut tué d’une pierre lancée dans un tumulte. Eugène III, apr. J.-C. 1145-1153, érudit et ami de saint Bernard, fut obligé, immédiatement après son élection, de chercher la sécurité dans la fuite. La même année, un accord est conclu : le pape reconnaît la légitimité du gouvernement de la Commune, tandis que celui-ci reconnaît sa supériorité et lui accorde l’investiture des sénateurs. Cependant, bien qu’il fût ramené trois fois à Rome, il ne put y rester plus de quelques mois. Il visita la France et l’Allemagne (Trèves) en apr. J.-C. Débloquer le niveau 1147. En France, il apprit la chute d’Édesse. Soutenu par le zèle ardent de Bernard, l’appel à une seconde croisade ( 94, 2) suscita un enthousiasme brûlant dans tout l’Occident. Mais à Rome, il ne put opposer une résistance efficace à la prédication démagogique par laquelle Arnold de Brescia à partir de J.-C. 1146 avait enflammé le peuple et le clergé inférieur d’un ardent enthousiasme pour sa constitution idéale d’une Église apostolique et d’un État démocratique. Depuis que ce changement de sentiment s’était opéré à Rome, les deux partis, celui du Capitole aussi bien que celui du Latran, s’étaient efforcés à plusieurs reprises de gagner à leur cause le premier Hohenstaufen sur le trône d’Allemagne, Conrad III. 1138-1152, par promesse d’octroi de la couronne impériale. Mais Conrad, occupé par ailleurs, s’abstint de toute immixtion, et lorsqu’il se mit enfin en route pour Rome, la mort le surprit en chemin.
96.14. Le temps de Frédéric Ier et d’Henri VI, A.D. 1152-1190. — Neveu et successeur de Conrad III, Frédéric Ier. Barberousse, A.D. 1152-1190, commença son règne avec la ferme résolution de réaliser pleinement les idées de Charlemagne ( 82, 3) par son pape Pascal III, qui, plus tard, en apr. J.-C. 1165, il avait canonisé. Avec un profond mépris pour la démocratie romaine de son temps, il conclut un pacte en A.D. 1153 avec le siège pontifical, qui le confirma dans la possession de la couronne impériale et donna au pape le Dominium temporale dans les États ecclésiastiques. Après la mort d’Eugène qui suivit peu après, le vieux Anastase IV. a occupé le siège pontifical pendant un an et demi, une période de paix et de progrès. Il fut remplacé par le puissant Hadrien IV, après J.-C. 1154 à 1159. C’était un Anglais, Nicholas Breakspear, fils d’un pauvre prêtre anglais, le premier et, jusqu’à présent, le seul de cette nation qui parvint à la dignité pontificale. Il prononça un interdit contre les Romains qui lui avaient refusé l’entrée dans l’intérieur de la ville et avaient traîtreusement tué un cardinal. Rome n’a enduré cette famine spirituelle que pendant quelques semaines, puis a acheté la délivrance par l’expulsion d’Arnold de Brescia, qui est tombé peu après entre les mains d’un cardinal. Il fut de nouveau secouru par la force, mais Frédéric Ier, qui avait entre-temps en A.D. En 1154, il commença son premier voyage à Rome, et en s’y rendant, il humilia les orgueilleuses villes lombardes qui luttaient pour la liberté, pressé par le pape, insista pour qu’il soit livré de nouveau, et le livra ensuite au préfet de la ville romaine, qui, en A.D. En 1155, sans procès ni justice, il fut condamné à être brûlé et ses cendres répandues sur le Tibre. Dans le camp de Sutri, le pape salua personnellement le roi qui, après avoir refusé pendant plusieurs jours, consentit enfin à lui faire l’honneur accoutumé de tenir son étrier, mais avec une très mauvaise grâce. Bientôt aussi, les ambassadeurs sénatoriaux du peuple romain, qui se livraient à des déclamations grandiloquentes et turgescentes, se présentèrent en se déclarant prêts, moyennant un engagement solennel de protéger la république romaine et le paiement de cinq mille livres sterling, à proclamer le roi d’Allemagne du Capitole empereur romain et souverain du monde. Frédéric, furieux, les fit taire, et, par des paroles cinglantes, leur montra comment le témoignage de l’histoire montrait le contraste entre leur condition misérable et la gloire et la dignité du nom allemand. Cependant, le jour du couronnement, qu’ils ne purent empêcher, les Romains se vengeèrent des insultes qu’il leur avait faites en attaquant la résidence pontificale dans le château de Léon et le camp impérial en face de la ville, mais ils furent repoussés avec une grande perte. Peu de temps après, en apr. J.-C. En 1155, l’empereur fait les préparatifs de son retour, laissant tout le reste au pape. Les relations entre les deux hommes devenaient de plus en plus tendues de jour en jour. Les Lombards, eux aussi, se rebellèrent une fois de plus. Frédéric donc, en A.D. En 1158, il fait sa deuxième expédition à Rome. Dans les plaines de Roncalie, il tint une grande assemblée qui donna aux Lombards aussi bien qu’au pape les prérogatives impériales. Hadrien aurait pu exprimer sa colère en lançant un anathème, mais il fut retenu par la main de la mort.
96.15. Les cardinaux du parti hiérarchique élurent Alexandre III, apr. J.-C. 1159-1181, ceux du parti impérial, Victor IV. Un synode convoqué par l’empereur à Pavie en A.D. 1160 se prononça en faveur de Victor, qui était maintenant formellement reconnu. Pendant ce temps, Milan secouait le joug qui lui avait été imposé. Après un siège de près de deux ans, l’empereur s’empara de la ville en apr. J.-C. 1162 et l’a rasée. De France où il s’était enfui, Alexandre, en A.D. En 1163, il lança son anathème contre l’empereur et son pape. Ce dernier mourut en apr. J.-C. 1164, et Frédéric eut Paschalis III. († J.-C. 1168) choisit son successeur ; mais en apr. J.-C. En 1165, Alexandre, de retour de France, le devanca et fut reconnu par le sénat romain. Maintenant, pour la troisième fois après J.-C. 1166, Frédéric franchit les Alpes. Un petit détachement de troupes qui avait été envoyé à l’avance pour accompagner le pape impérial à Rome sous la direction des archevêques de Cologne et de Mayence, dans une bataille sanglante à Monte Porzio en J.-C. En 1167, une armée romaine vingt fois plus nombreuse que la nôtre fut anéantie. Frédéric s’élança alors lui-même. Après huit jours d’assaut furieux, la forteresse de Léon se rendit, et Paschalis put exécuter le Te Deum à Saint-Pierre. Les Transtibériens, eux aussi, après qu’Alexandre eut cherché la sécurité dans la fuite, prêtèrent bientôt le serment de fidélité à l’empereur sur la garantie de la protection impériale de leur république. Mais à l’apogée de son succès, « le sort de Sennachérib » s’abattit sur lui. La malaria romaine pendant le mois d’août chaud devint une fièvre mortelle, éclaircit les lignes de son armée et le força à se retirer. Il était si affaibli qu’il ne pouvait même pas affirmer son autorité en Lombardie, mais dut retourner en Allemagne après J.-C. Débloquer le niveau 1168. Le désastre de l’empereur influença aussi défavorablement sur la fortune de son pape, dont Calixte III lui succéda. a été tout à fait ignorée. En apr. J.-C. 1174 Frédéric descend de nouveau en Italie et s’engage dans une bataille décisive contre les villes confédérées de Lombardie, mais en 1174. En 1176, à Legnano, il subit une défaite complète, à la suite de laquelle il accepta au Congrès de Venise, en 1176 . En 1177, pour reconnaître la liberté des villes lombardes, il abandonna les prétentions impériales sur Rome, et reconnut Alexandre III, qui y était également présent, comme le pape légitime, lui baisant les pieds et tenant son étrier selon l’usage. Rome, qu’il n’avait pas vue depuis près de onze ans, ne fermerait plus ses portes au pape. Accueilli par le sénat et le peuple, il fit son entrée publique au Latran en mars après J.-C. 1178, où, l’année suivante, il rassembla 300 évêques dans le troisième concile du Latran (le 11e œcuménique), afin de guérir par leurs conseils les blessures que le schisme de l’Église avait faites. Ici aussi, afin d’éviter une double élection dans les temps à venir, il a été décidé que, pour une élection papale valide, les deux tiers de l’ensemble du collège des cardinaux doivent être acceptés. Le droit de consentir attribué par le décret de Nicolas II. en apr. J.-C. 1059 au peuple et à l’empereur a été traité comme archaïque et oublié, et n’a même pas été évoqué.
96.16. Avant même sa victoire sur les puissants Hohenstaufen, Alexandre III, pendant son exil, remporta un succès encore plus éclatant en Angleterre. Le roi Henri II, apr. J.-C. De 1154 à 1189, il souhaitait rétablir la suprématie de l’État sur l’Église et le clergé, et pensait qu’il disposerait d’un instrument docile pour mener à bien ses projets en la personne de Thomas à Becket, qu’il nomma archevêque de Cantorbéry, en 11 apr. J.-C. Débloquer le niveau 1162. Mais en tant que primat de l’Église d’Angleterre, Thomas s’est révélé un ardent défenseur des principes hiérarchiques. Au lieu d’un courtisan accommodant, le roi trouva l’archevêque, dès sa consécration, l’audacieux défenseur des prétentions de l’Église. L’homme jovial du monde devint aussitôt le saint ascète. Lors d’un concile à Tours en A.D. En 1163, il remit entre les mains du pape lui-même le pallium dont un prince anglais l’avait investi au nom du roi, renonçant également à sa dignité archiépiscopale, afin qu’il puisse le recevoir directement comme un don papal. C’est alors que commença le conflit entre le roi et son ancien favori. Henri convoqua une diète à Clarendon, où il obtint l’approbation du clergé supérieur pour ses propositions anti-hiérarchiques ; Thomas se tint aussi debout pendant un certain temps, promettant enfin, quand on le pressa de toutes parts, de donner son assentiment aux constitutions, mais refusant de signer le document lorsqu’il le lui présenta. Le roi ordonna alors qu’un procès de déposition soit exécuté contre lui, et Thomas s’enfuit alors en France, où le pape résidait à ce moment-là. Le pape le délivra de sa promesse, condamna les constitutions de Clarendon et menaça le roi d’anathème et d’interdiction. Finalement, après de longues négociations, en A.D. En 1170, au moyen d’une entrevue personnelle sur les frontières de la Normandie, une réconciliation fut conclue, mais ni le roi ni l’archevêque ne renoncèrent à leurs prétentions. Thomas retourna alors en Angleterre et menaça d’excommunication tous les évêques qui accepteraient les constitutions de Clarendon. Quatre chevaliers s’emparèrent d’une parole secrète du roi qu’il avait prononcée avec passion, et assassinèrent l’archevêque à l’autel en A.D. Débloquer le niveau 1170. Alexandre canonisa le martyr à Hildebrandisme, et le roi fut si durement pressé par le pape, son propre peuple et ses fils rebelles, qu’il consentit à faire humblement pénitence sur le tombeau de son ennemi saint mortel, et se soumit à être flagellé par les moines. Les ossements de Becket, pour lesquels une chapelle spéciale a été élevée à Cantorbéry, ont été visités par des foules de pèlerins jusqu’à Henri VIII, lorsqu’il avait rompu avec Rome (139, 4), Le saint fut formellement accusé de traître, son nom fut rayé du calendrier et ses cendres dispersées aux vents.278―Ainsi par A.D. Alexandre III s’était élevé au sommet du pouvoir ecclésiastique ; mais, à Rome même comme dans les États ecclésiastiques, il demeura aussi impuissant politiquement qu’auparavant. Aussi, peu de temps après le grand concile, il quitta de nouveau la ville pour un exil volontaire, et ne la revit plus. Ses trois successeurs immédiats, Lucius III. († J.-C. 1185), Urbain III. († J.-C. 1187), et Grégoire VIII. († J.-C. 1187), ont été élus, consacrés et enterrés en dehors de Rome. Clément III. († J.-C. 1191) fut le premier à entrer à nouveau dans le Latran en 1191 . 1188, sur la base d’un compromis qui reconnaissait la constitution républicaine sous la supériorité pontificale. Pendant ce temps, Frédéric Ier, sans tenir compte de la protestation du pape en tant que seigneur de la couronne de Sicile, avait, en A.D. En 1186, il consomme le mariage fatidique de son fils Henri avec Constance, fille posthume du roi Roger, et tante de son petit-fils Guillaume II, qui n’a pas d’enfant. († J.-C. 1194), et donc héritière du grand royaume normand d’Italie. De la croisade qu’il entreprit alors en A.D. 1189 Frédéric ne revint jamais (94, 3). Son successeur, Henri VI, apr. J.-C. 1190-1197, contraignit le nouveau pape Cœlestine III, A.D. 1191-1198, pour le couronner empereur en apr. J.-C. En 1191, il conquit l’héritage de sa femme, repoussa les frontières des États ecclésiastiques jusqu’aux portes mêmes de Rome, et affirma ses droits impériaux jusque sur la ville de Rome elle-même. Il s’employa à la réalisation du projet de rendre la couronne d’Allemagne et la dignité impériale à jamais héréditaires dans sa maison. Les princes de l’empire en apr. J.-C. En 1196, il élit son fils Frédéric II, alors qu’il n’avait que deux ans, comme roi des Romains. Il songea alors sous prétexte d’une croisade pour conquérir la Grèce, à laquelle il avait fait des prétentions sans fondement à la succession, mais en chemin ses plans furent renversés par sa mort subite à Messine.
96.17. Innocent III, apr. J.-C. 1198-1216. — Après la mort d’Alexandre III, la puissance et la réputation du Saint-Siège étaient tombées dans la plus basse dégradation. Puis le cardinal diacre, Lothaire, comte de Segni à Anagni, lui succéda après J.-C. 1198 dans sa trente-septième année, sous le nom d’Innocent III, et éleva de nouveau la papauté à un sommet de puissance et de gloire jamais atteint auparavant. Au point de vue de l’intelligence et de la puissance de la volonté, il n’était pas un peu en retard sur Grégoire VII, tandis qu’en culture (102, 9), L’érudition, la subtilité et l’habileté le surpassaient de beaucoup. Sa piété, son sérieux moral, son enthousiasme et sa dévotion à l’Église et l’intérêt théocratique de la chaire de saint Pierre, étaient au moins aussi puissants et décidément plus purs, plus profonds et plus spirituels que ceux de Grégoire. Et en plus de toutes ces grandes dotations, il jouissait d’une fortune invariable qui ne l’abandonnait jamais. Sa première tâche fut la restauration des États ecclésiastiques et son prestige politique à Rome. Dans ces deux directions, il fut favorisé par la mort subite d’Henri VI. et les désordres intérieurs du gouvernement capitolin de cette époque. Le jour même de son intronisation, le préfet impérial lui fit prêter le serment de fidélité, et le Capitole lui rendit hommage en tant que supérieur. Et avant même que la seconde année fût écoulée, les États ecclésiastiques furent rétablis dans toute leur étendue par l’expulsion des grands et des petits seigneurs féodaux qui y avaient été établis par Henri VI. Rome fut en effet une fois de plus le théâtre de violents conflits de partis qui forcèrent le pape à entrer dans l’ère chrétienne. 1203 pour s’envoler vers Anagni. Il put cependant revenir en A.D. 1204 et de conclure une paix définitive et décisive avec la Commune en 1204 . 1205, selon les termes de laquelle le sénat à plusieurs têtes démissionnait, et un seul sénateur ou podestat nommé par le pape était chargé de l’autorité exécutive. Pendant ce temps, Innocent avait remporté de brillants succès au-delà des limites des États de l’Église. Ceux-ci ont été gagnés tout d’abord en Sicile. La veuve d’Henri VI. fit couronner son fils Frédéric, âgé de quatre ans, après la mort de son père, roi à Palerme. Mal conseillée et impuissante, pressée de toutes parts, elle demanda la protection d’Innocent, qu’il lui accorda en renonçant aux privilèges ecclésiastiques précédemment réclamés par le roi et en reconnaissant la suzeraineté papale. Mourir en apr. J.-C. En 1198, Constance lui confia la tutelle de son fils, et le pape justifia la confiance qu’il avait placée en lui par l’excellente et libérale éducation qu’il assura à son pupille, ainsi que par le zèle et le succès avec lesquels il rendit le repos et la paix au pays. En Allemagne, Philippe de Souabe, l’oncle de Frédéric, est nommé pour diriger le gouvernement au nom de son neveu sicilien pendant sa minorité. L’état de l’Allemagne, cependant, exigeait le contrôle direct d’un dirigeant ferme et vigoureux. Les princes insistèrent donc pour qu’il y ait de nouvelles élections, auxquelles Philippe se présenta aussi comme candidat. Les votes ont été partagés entre deux rivaux ; les Gibelins votant pour Philippe, A.D. 1198-1208, et le parti guelph pour Otton IV de Brunswick, A.D. 1198 à 1218. Le parti de ce dernier a renvoyé la décision au pape. Pendant trois ansIl tarda à rendre son jugement, puis il se prononça en faveur du Guelfe, qui paya cette préférence en accordant toutes les demandes du pape, et en se proclamant roi par la grâce de Dieu et du pape. Les États de l’Église étaient ainsi représentés comme incluant le duché de Spolète, et dans l’élection des évêques, l’Église était libérée de l’influence de l’État. Par A.D. En 1204, cependant, la puissance et la réputation de Philippe avaient atteint un tel degré que le pape lui-même se vit obligé de tenir compte de la nouvelle situation des choses. Une cour pontificale d’arbitrage à Rome, à laquelle les deux prétendants avaient accepté de se soumettre, était sur le point de rendre sa décision sans équivoque en faveur des Hohenstaufen, lorsque le meurtre de Philippe par Otton de Wittelsbach, en J.-C. 1208, l’a rendu nul. Otton IV. était maintenant reconnu par tous, et en A.D. En 1209, il est couronné par le pape après que de nouvelles concessions aient été faites. Mais en tant qu’empereur romain, il ne voulait pas ou ne pouvait pas accomplir ce qu’il avait promis avant et lors de son couronnement. Il s’empara des possessions de Mathilde ainsi que d’autres parties des États de l’Église, et ne fut pas empêché de poursuivre sa campagne victorieuse dans le sud de l’Italie par l’anathème qu’Innocent tonna contre lui en Jésus-Christ. Débloquer le niveau 1210. Alors Innocent rappela les anciens droits de son ancien élève à la couronne d’Allemagne, et insista pour qu’on leur donnât effet. En apr. J.-C. En 1212, Frédéric II, alors dans sa dix-huitième année, accepta l’appel, fut reçu à bras ouverts en Allemagne et couronné en J.-C. 1215 à Aix-la-Chapelle. Otton ne pouvant maintenir sa position contre lui, il se retira dans ses possessions héréditaires et mourut en apr. J.-C. Débloquer le niveau 1218.
96.18. Le roi Philippe Auguste II, roi de France, avait en A.D.En 1193, il épousa la princesse danoise Ingeborg, mais divorça en 1193 . 1196, et épousa la belle duchesse Agnès de Méran. Innocent l’y contraignit en apr. J.-C. 1200 pour la répudier en émettant contre lui un interdit, mais ce ne fut qu’en A.D. En 1213, il reprit Ingeborg pour sa femme légitime. — De la lointaine Espagne, le jeune roi Pierre d’Arragon se rendit en A.D. 1204 à Rome, déposa sa couronne comme un don sacré sur le tombeau du chef des apôtres, et s’engagea volontairement à payer un tribut annuel au Saint-Siège. La même année, une armée de croisades, en fondant un empire latin à Constantinople, amena l’Orient schismatique aux pieds du pape (94, 4). En Angleterre, lorsque l’archevêché de Cantorbéry devint vacant, le chapitre le remplissait en élisant son propre supérieur Reginald. Ce choix, ils eurent bientôt à le regretter. Ils annulèrent donc leur élection, et, à la demande du roi usurpateur Jean sans Terre, ils choisirent Jean, évêque de Norwich. Innocent refusa de confirmer leur action et persuada certains membres du chapitre restant à Rome de choisir le cardinal-prêtre Stephen Langton, dont il confirma immédiatement l’élection.279 Lorsque le roi refusa de reconnaître cette nomination, et qu’il jura qu’il chasserait du pays tous les prêtres qui lui obéiraient, le pape l’émit en l’an J.-C.En 1208 contre toute l’Angleterre, il excommunia le roi, et finalement, en 1208 . En 1212, il libère tous ses sujets de leur serment d’allégeance et dépose le monarque, tandis qu’il charge Philippe Auguste de France d’exécuter la sentence. Jean, maintenant aussi grinçant et terrifié qu’auparavant il avait été fier et despotique, s’humilia dans la poussière, et à Douvres, en J.-C. En 1213, il mit le royaume et la couronne aux pieds du légat pontifical Pandulf, et le reçut de ses mains comme un fief pontifical, s’engageant à payer deux fois par an le tribut imposé. Mais en A.D. En 1214, les nobles anglais extorquèrent à leur lâche tyran, comme garantie contre l’obstination et le despotisme seigneuriaux, la fameuse Magna Charta, contre laquelle le pape protesta, menaçant d’excommunication et promettant un redressement légitime de leurs griefs, bien qu’à la suite de la confusion causée par l’éclatement des guerres civiles, il ne put faire respecter sa protestation. Et maintenant, ses jours touchaient à leur fin. Lors du célèbre quatrième concile du Latran de l’an J.-C. En 1215, plus de 1 500 prélats de tous les pays de la chrétienté, ainsi que les ambassadeurs de presque tous les rois, princes et villes libres chrétiens, lui rendirent hommage comme représentant de Dieu sur la terre, comme chef visible de l’Église, comme seigneur suprême et juge de tous les princes et de tous les peuples. Quelques mois plus tard, il mourut. — Comme en Italie et en Allemagne, en France et en Angleterre, il s’était montré capable de contrôler les mouvements politiques aussi bien qu’ecclésiastiques, d’arranger et d’aplanir les différends, d’organiser et de mettre en forme ce qui tendait au désordre dans tous les autres États du monde chrétien, en Espagne et en Portugal, en Pologne, en Livonie et en Suède, à Constantinople et en Bulgarie, à contrôler et à aplanir les différends. On peut se faire une idée de son activité à partir des 5 316 décrétales existantes des dix-huit années de son pontificat.
96.19. Le temps de Frédéric II. et de ses successeurs, A.D. 1215-1268.―Frédéric II.,280 J.-C. De 1215 à 1250, contrairement à la coutume des Hohenstaufen, il avait non seulement accepté le partage de la Sicile de l’empire en faveur de son fils Henri, mais avait également renouvelé les accords précédemment conclus avec le pape par Otton IV. Il augmenta même les possessions pontificales en cédant Ancône, et encore plus lors de son couronnement à Aix-la-Chapelle, il montra sa bonne volonté en entreprenant une croisade. Il permit également à ce même Henri, devenu roi de Sicile en tant que vassal du pape, d’être élu roi des Romains en apr. J.-C. 1220, puis il commença son voyage à Rome pour recevoir le couronnement impérial. Le nouveau pape Honorius III, apr. J.-C. 1216-1227, ancien précepteur de Frédéric et nourrissant encore pour lui une affection paternelle, exigea de lui un renouvellement solennel de ses promesses antérieures. Mais au lieu de retourner en Allemagne, Frédéric partit pour la Sicile afin d’en faire la base des opérations futures de la mise en œuvre des idées de son père et de son grand-père. Le pape épris de paix l’exhortait constamment à tenir sa promesse d’organiser une croisade. Mais ce ne fut qu’après son successeur Grégoire IX, après J.-C. De 1227 à 1241, un homme de la haute église de l’ordre de Grégoire VII et d’Innocent III, insista avec plus de détermination, que Frédéric s’embarqua réellement. Il rebroussa chemin, cependant, dès qu’une épidémie se déclara dans les vaisseaux, mais il n’échappa pas lui-même à la contagion et mourut trois jours après. En apr. J.-C. 1227 Le pape, dans une passion insensée, avait jeté l’anathème contre lui, et, dans une encyclique à tous les évêques, il avait peint l’ingratitude et l’infidélité de l’empereur sous les couleurs les plus sombres. L’empereur, de son côté, dans un manifeste de justification adressé aux princes et aux peuples de l’Europe, avait tout aussi impitoyablement fustigé la mondanité de l’Église, la corruption, la présomption et l’égoïsme de la papauté, puis, en J.-C. En 1228, il entreprend à nouveau la croisade ajournée (94, 5). La malédiction du pape a suivi « le pirate » jusqu’au seuil même du Saint-Sépulcre, et une force de croisade papale a fait un raid sur le sud de l’Italie. Frédéric hâta donc son retour, débarqua en A.D. En 1229 dans les Pouilles, il entama des négociations de paix, auxquelles le pape n’accepta cependant qu’en 1229 . 1230, lorsque les troupes victorieuses de l’empereur le menacèrent de perdre les États de l’Église. En raison des difficultés continuelles du pape avec ses Romains, qui l’ont chassé trois fois de la ville, Frédéric a eu de fréquentes occasions de se montrer utile au pape en lui apportant une aide directe ou en jouant un médiateur en sa faveur. Néanmoins, il conspira continuellement avec les Lombards rebelles, et en A.D. 1239 renouvelle l’interdiction contre l’empereur. Le pape qui n’avait jusque-là reproché à Frédéric qu’une tendance à la libre pensée, ainsi qu’une inclination à favoriser les Sarrasins (95, 1), et pour entretenir des relations amicales avec les sultans syriens, l’accusait maintenant d’infidélité désinvolte. L’empereur, disait-on, avait déclaré, entre autres choses, que la naissance du Sauveur par une vierge était une fable, et que Jésus, Moïse et Mahomet étaient les trois plus grands imposteurs que le monde eût jamais vus.croyance qui s’est très largement répandue à la suite des croisades. Manifestes et contre-manifestes cherchaient à se surpasser les uns les autres dans leur violence. Et tandis que les hordes sauvages des Mongols se répandaient sans opposition dans toute l’Europe orientale, les troupes de l’empereur s’avançaient victorieusement jusqu’aux portes de Rome, et ses navires empêchaient la réunion du conseil convoqué contre lui en attrapant les prélats qui, malgré son interdiction, s’y précipitaient. Le pape mourut en apr. J.-C. 1241, et fut suivi en dix-sept jours par son successeur Cœlestine IV.
96.20. Pendant près de deux ans, la chaire pontificale resta vacante. Puis cette position fut gagnée par Innocent IV, A.D. 1243-1254, qui, en tant que cardinal, avait été ami de l’empereur, mais en tant que pape, il était un ennemi acharné pour lui et pour sa maison. Les négociations sur la levée de l’interdiction furent rompues et Innocent s’enfuit en France, où, lors du premier concile œcuménique de Lyon ou 13e concile œcuménique de notre ère. En 1245, il ne rencontra guère que des Français et des Espagnols, renouvela l’excommunication de l’empereur, et le déclara blasphémateur et voleur de l’Église privée de son trône. Une fois de plus, avec l’humilité la plus abjecte, Frédéric demanda la réconciliation avec l’Église. Le pape, cependant, ne souhaitait pas la réconciliation, mais la destruction de toute la « couvée de vipères » des Hohenstaufen. Mais le roi rival, Henri Raspe de Thuringe, mis en place par le parti papal en Allemagne, et Guillaume de Hollande, qui fut proposé après sa mort en J.-C. En 1247, ils ne purent maintenir leur position contre le fils de Frédéric, Conrad IV, qui, dès J.-C. En 1235, il avait été élu roi des Romains à la place de son frère rebelle Henri. Même en Italie, la fortune de la guerre favorisa d’abord les armes impériales. Au siège de Parme, qui était déloyal, le vent commença à tourner. Les citoyens durement pressés firent une sortie en A.D. En 1248, pendant que Frédéric était parti à la chasse, et que le désespoir le réveillait à son courage, il mit son armée en fuite. Son brave fils, Enzio, roi de Sardaigne et gouverneur de l’Italie du Nord, tomba en J.-C. 1249 entre les mains des Bolonais, et fut condamné à la prison à vie. Frédéric lui-même en apr. J.-C. En 1250, il clôt sa vie active dans le sud dans les bras de son fils Manfred. Le pape retourna ensuite en Italie, afin de prendre possession du royaume de Sicile, qu’il revendiquait comme fief pontifical. Mais en A.D. 1251 Conrad IV, convoqué par Manfred, s’y rendit en toute hâte d’Allemagne, soumit l’Apulie, conquit Naples, et résolut de mettre la main sur la personne du pape lui-même, qui l’avait également excommunié, lorsque sa carrière fut arrêtée par la mort en A.D. 1254, dans sa vingt-sixième année. Au nom du fils de Conrad, Conradin, âgé de deux ans, qui était né en Allemagne après le départ de son père, Manfred entreprit la régence dans le sud de l’Italie, mais se vit obligé de reconnaître la suzeraineté du pape. Néanmoins, le pape était déterminé à le faire renverser également. Manfred, cependant, s’enfuit à temps dans la colonie sarrasine de Luceria, et avec son aide, il vainquit complètement les troupes pontificales envoyées contre lui. Cinq jours après Innocent IV. mort à Alexandre IV, apr. J.-C. 1254-1261, bien que sans la capacité de son prédécesseur, chercha encore à poursuivre son œuvre. Cependant, ni par l’interdiction, ni par la guerre, il ne put empêcher Manfred, qui, à la nouvelle de la mort de Conradin, s’était fait couronner, d’étendre la puissance et le prestige de son royaume de plus en plus loin dans le nord. Urbain IV, apr. J.-C. 1261-1264, Français de naissance, fils d’un cordonnier de Troyes, reprit de tout son cœur l’héritage de la haine contre les Hohenstaufen, et en A.D. 1263 invite Charles d’Anjou, le plus jeune frère de Louis IX. de France, pour conquérir la couronne de Sicile. Pendant que le prince se préparait à la campagne, Urbain mourut. Son successeur, Clément IV, apr. J.-C. 1265-1268, Français lui aussi, ne pouvait que poursuivre ce que son prédécesseur avait commencé. Charles, que les Romains, à l’insu du pape, avaient élu sénateur, procéda en A.D. En 1265, il entra en Italie, prêta le serment de fidélité de vassal et fut couronné sous le nom de Charles Ier . 1265-1285, roi des Deux-Siciles. La trahison lui ouvrit un chemin jusqu’à Naples. Manfred est tombé en A.D. 1266 à la bataille de Bénévent ; et Conradin, que les Gibelins avaient appelé comme libérateur de l’Italie, après la désastreuse bataille de Tagliacozzo en A.D. 1268, mort sur l’échafaud dans sa seizième année.
96.21. Les temps de la maison d’Anjou jusqu’à Boniface VIII, A. D. 1288-1294. — La papauté était sortie triomphalement de ses cent ans de lutte contre les Hohenstaufen, et par le renversement de cette puissante maison, l’Allemagne était jetée dans la plus grande confusion et anarchie. Mais l’Italie, elle aussi, était maintenant dans un état de désordre extrême, et les tyrans déraisonnables de Naples la soumirent à une servitude beaucoup plus intolérable que ne l’avaient fait ceux dont ils prétendaient l’avoir délivrée. Après la mort de Clément IV. le Saint-Siège resta vacant pendant trois ans. Les cardinaux ne voulurent pas élire un pape qui fût agréable à Charles Ier. Pendant cette vacance pontificale, Louis IX. de France, A.D. 1226-1270, équipa la septième et dernière croisade ( 94, 6), d’où il ne devait pas revenir. Comme il avait auparavant réformé l’administration de la justice, il introduisit maintenant, avant son départ, des réformes radicales dans les institutions ecclésiastiques de son royaume, qui jetèrent les premières bases des fameuses « libertés gallicanes ». Clément IV. a donné lieu à une telle procédure de la part du monarque qui était un modèle de piété selon les normes de l’époque, en affirmant après J.-C. 1266 pour la chaire pontificale la plenaria dispositio de toutes les prébendes et bénéfices. En opposition à cette hypothèse, le roi obtint par une Pragmatique Sanction de l’A.D. 1269 à toutes les églises et monastères de son royaume, la liberté inconditionnelle de toutes les élections et de toutes les présentations selon les anciens droits existants, leur confirma de nouveau tous les privilèges et immunités qui leur avaient été précédemment accordés, interdit toute forme de simonie comme un crime odieux, et interdit toute imposition extraordinaire des biens ecclésiastiques de la part de la curie romaine. J.-C. 1271-1276, Italien de la maison noble de Visconti. L’interrègne désolant en Allemagne fut également interrompu par l’élection du comte Rodolphe de Habsbourg. 1273-1291, en tant que roi des Germains. Lors du deuxième concile œcuménique de Lyon ou 14e concile œcuménique de J.-C. En 1274, le digne pape continua en vain ses efforts pour réveiller l’enthousiasme défaillant des princes afin de les amener à entreprendre une nouvelle croisade. L’union avec l’église grecque ne s’est pas avérée d’un genre durable (67, 4). La constitution, aussi, sanctionna au concile, qui prévoyait, afin d’éviter des vacances prolongées dans le siège pontifical, que l’élection du pape ne se déroulerait pas seulement dans des conclaves emmurés à l’endroit où le pape défunt avait résidé pour la dernière fois avec la curie, mais aussi (bien que cela ait été abrogé à nouveau en A.D. 1351 par un décret de Clément VI.) devrait être accéléré en limitant l’approvisionnement en nourriture après trois jours à un plat, après cinq autres jours à l’eau, au vin et au pain. Pourtant, cela n’a pas du tout réussi à obtenir l’objet désiré. Cependant, les négociations menées à Lyon avec les ambassadeurs du nouveau roi d’Allemagne furent plus fructueuses. Rodolphe, en entrant dans son gouvernement, renouvela toutes les concessions faites par Otton IV. Frédéric II renonça à toute prétention impériale sur Rome et sur les États de l’Église, à l’exception des possessions de Mathilde, et abandonna toute prétention à la Sicile. Le pape, de son côté, le reconnut comme roi des Romains et entreprit de le couronner empereur à Rome, où cet accord devait être formellement ratifié et signé. Mais Grégoire mourut avant que les préparatifs ne soient terminés.
96.22. Les trois papes suivants, Innocent V, Hadrien V et Jean XXI, moururent peu de temps après l’autre. Ce dernier, connu auparavant sous le nom de Petrus [Pierre] Hispanus, s’était distingué par ses écrits médicaux et philosophiques. Il était proprement le vingtième pape Jean, mais comme il y avait un léger élément d’incertitude (82, 6) Il s’est lui-même désigné comme le vingt-et-unième. Après une vacance de six mois, Nicolas III, apr. J.-C. 1277-1280, monta sur le trône pontifical. Par la diplomatie, il obtint la ratification du concordat encore indécis avec le royaume d’Allemagne, et Rodolphe, qui avait assez à faire en Allemagne, se retira immédiatement des affaires italiennes, abandonnant même ses prétentions au couronnement impérial. Le puissant pape, dont le pontificat a été marqué par la rapacité et le népotisme, et qui est donc mis par Dante en enfer, n’a pas vécu assez longtemps pour mener à bien ses plans de renversement du joug français en Italie. Mais il obligea Charles Ier. Il démissionna de son poste de sénateur romain, et encouragea secrètement une conspiration des Siciliens qui, sous son successeur Martin IV, apr. J.-C. 1281-1285, un Français et un outil souple de Charles, a éclaté dans les terribles « Vêpres siciliennes » de J.-C. Débloquer le niveau 1282. L’île de Sicile fut ainsi arrachée à la domination française et à la vassalité papale, et d’une manière détournée les Hohenstaufen par la lignée féminine reprirent le gouvernement de cette partie de leur ancien héritage (95, 1). Rome de nouveau en A.D. En 1284, ils secouèrent le gouvernement sénatorial que Charles Ier avait repris entre-temps, et après sa mort et celle de Martin, qui ne tarda pas à suivre, ils transférèrent cette dignité au nouveau pape Honorius IV. 1285-1287, dont le règne court mais vigoureux fut suivi d’une vacance de onze mois. Le général franciscain monta alors sur le trône pontifical sous le nom de Nicolas IV. 1288-1292. Il remplit la période de son pontificat d’efforts vains pour faire revivre l’esprit des croisades et assurer la suppression de l’hérésie. De violentes querelles de partis entre les cardinaux des factions Orsini et Colonna retardèrent de deux ans l’élection d’un pape après sa mort. Ils s’unirent enfin pour élire le plus inapte qu’on pût concevoir, Pierre de Murrone (98, 2), qui, comme l’a dit l’arrêt Cœlestine c. Il remplaça le capuchon de moine par la tiare papale, mais fut persuadé au bout de quatre mois par le rusé et ambitieux cardinal Cajetan de démissionner. Cajetan lui-même lui succéda dans l’A.D. 1294 sous le nom de Boniface VIII. Le pauvre moine fut enfermé par lui dans une tour, où il mourut. Il a ensuite été canonisé par le pape Jean XXII.
96.23. Pouvoir temporel des papes.—Au cours des XIIe et XIIIe siècles, lorsque le pouvoir spirituel de la papauté eut atteint son point culminant, le pape en vint à être considéré comme le chef absolu de l’Église. Grégoire VII. s’arrogea le droit de confirmer toutes les élections épiscopales. Les recommandations pontificales aux sièges vacants (Preces, d’où l’on appelait Precistæ) dataient de l’époque d’Innocent III. transformés en mandats (Mandata), et Clément IV. réclamait pour le siège pontifical le droit de plenario dispositio de tous les bénéfices ecclésiastiques. Même au XIIe siècle, la théorie a été avancée comme étant conforme au droit canonique selon laquelle toutes les possessions ecclésiastiques n’étaient pas la propriété des églises particulières concernées, mais de Dieu ou du Christ, et donc du pape en tant que son représentant, qui, en les administrant, était responsable devant lui seul. Aussi les papes, dans des cas particuliers où les revenus ordinaires de la curie étaient insuffisants, n’hésitaient-ils pas à exercer le droit de lever un impôt sur les biens ecclésiastiques. Ils entendaient les appels de tous les tribunaux et pouvaient accorder des dispenses des lois ecclésiastiques existantes. Le droit de canonisation ( 104, 8), qui était auparavant au pouvoir de chaque évêque et qui s’appliquait simplement à son propre diocèse, fut exercée pour la première fois par Jean XV, en A.D., avec une revendication de reconnaissance sur toute l’Église . 993, sans toutefois qu’il fût question de retirer leur privilège aux évêques. Alexandre III. a été le premier à déclarer en A.D. 1170 que la canonisation était exclusivement du droit du siège pontifical. Le système de Grégoire VII. ne prétendait pas à l’infaillibilité doctrinale du Saint-Siège, bien que son ignorance de l’histoire l’ait amené à supposer qu’aucun hérétique n’avait jamais présidé l’Église romaine, et sa compréhension de Luc XXII. 32 lui faisait espérer avec confiance que personne ne le ferait jamais. Innocent III, en effet, reconnut publiquement que le pape lui-même pouvait se tromper en matière de foi, et alors, mais seulement alors, se soumettre au jugement de l’Église. Et Innocent IV, cinquante ans plus tard, enseignait que le pape pouvait se tromper. Il est donc faux de dire : « Je crois ce que croit le pape », car il ne faut croire que ce que l’Église enseigne. Thomas d’Aquin a été le premier à soutenir expressément la doctrine de l’infaillibilité papale. Il dit que le pape seul peut décider en dernier ressort des questions de foi, et que même les décrets des conciles ne deviennent valides et autorisés que lorsqu’ils sont confirmés par lui. Thomas, cependant, n’est jamais allé jusqu’à soutenir que le pape peut par lui-même affirmer un dogme sans l’avis et les délibérations préalables d’un concile. D’après le document de la Donation de Constantin (87, 4), Constantin le Grand avait lui-même exercé cette fonction d’écuyer du pape Sylvestre. La date d’introduction du couronnement du pape est toujours un point controversé. Nicolas Ier. fut, selon le Liber pontificalis, formellement couronné lors de son avènement. Auparavant, les successeurs des apôtres se contentaient d’une simple mitre épiscopale (84, 1), qui, sur la tête du pape couronné, s’est développé en diadème (110, 15). Au Concile de Latran d’A .D. 1059 Hildebrand aurait mis sur la tête du nouveau pape Nicolas II une double couronne pour indiquer la reconnaissance par le concile de sa souveraineté temporelle et spirituelle. L’octroi papal d’une rose d’or consacrée par la prière, l’encens, le baume et l’eau bénite à des princes d’une piété exemplaire ou même à des monastères, des églises ou des villes importants, transmettant une obligation de reconnaissance par un don en argent important, remonte au XIIe siècle. Autant que l’on sache, Louis VII. fut le premier à le recevoir d’Alexandre III. en apr. J.-C. Les papes nommèrent des légats pour les représenter à l’étranger, comme ils l’avaient fait encore plus tôt dans les synodes tenus en Orient. Par la suite, lorsque l’institution a été plus élaborée, une distinction a été faite entre les Legati missi ou nuntios et les Legati nati. Les premiers étaient nommés selon les besoins pour les négociations diplomatiques, les visites et l’organisation des Églises, ainsi que pour la tenue des synodes provinciaux, qu’ils présidaient. On les appelait Legati a latere, si l’importance particulière de l’affaire exigeait une représentation parmi les conseillers les plus proches et les plus dignes de confiance du pape, c’est-à-dire l’un des cardinaux, en tant que collatéraux des pontifices. Le rang de légat né, Legatus natus, d’autre part, était une dignité prélatique de l’ordre le plus élevé conférée une fois pour toutes par le privilège pontifical, parfois même aux princes temporels, qui avaient spécialement servi le Saint-Siège, comme par exemple le roi de Hongrie et les princes normands d’Italie (96, 3, 13), Parmi les nombreuses fictions et contrefaçons littéraires et documentaires par lesquelles le système papal grégorien a cherché à soutenir ses prétentions toujours croissantes à l’autorité sur toute l’Église, il en est une qui peut être considérée comme le complément contemporain de l’œuvre du Pseudo-Isidore. C’est l’œuvre d’un théologien latin résidant en Orient, inconnu par ailleurs, qui, à l’époque des controverses qui eurent lieu au concile de Lyon de l’an J.-C. 1274 entre les Grecs et les Latins ( 67, 4), a donné naissance à ce qui prétendait être une chaîne ininterrompue de traditions provenant de prétendus décrets et canons des conciles grecs les plus célèbres, par exemple Nicée, Chalcédoine, etc., et des pères de l’Église, le plus souvent de Cyrille d’Alexandrie, le soi-disant Pseudo-Cyrille, dans lesquels les questions controversées ont été réglées en faveur des prétentions romaines, et surtout les prétentions les plus extrêmes à la primauté du pape ont été affirmées. Il a été présenté en A.D. 1261 à Urbain IV, qui en garantit immédiatement l’authenticité dans une lettre à l’empereur Michel Paléologue. Lors de son adoption par Thomas d’Aquin, qui en employa diligemment le contenu dans ses controverses contre les Grecs ainsi que dans ses ouvrages dogmatiques, il gagna le respect et l’autorité dans tous les pays d’Occident.
Par les dîmes, les legs, les donations, les impropriations et l’augmentation de la valeur des propriétés foncières, la richesse des églises et des monastères s’accroissait d’année en année. De cette façon, le bénéfice était assuré non seulement au clergé et aux moines, mais aussi à bien des égards aux pauvres et aux nécessiteux. La loi du célibat strictement appliquée par Grégoire VII. sauva l’Église de l’appauvrissement dont elle commençait à être menacée par le partage ou la dilapidation des biens de l’Église sur les enfants du clergé. Mais, en même temps qu’on mettait un terme absolu au mariage du clergé, il tendait beaucoup à favoriser le concubinage et des vices plus honteux encore. Cependant, malgré toute la corruption qui régnait dans l’ordre clérical, on ne peut nier que le clergé supérieur aussi bien que le clergé inférieur n’embrasse un grand nombre d’hommes dignes et strictement moraux, et que la fonction sacerdotale que le peuple pouvait très bien distinguer des individus qui l’occupaient, continuait encore à être hautement respectée malgré la vie immorale de beaucoup de prêtres. Plus préjudiciable encore à l’exercice de leur travail pastoral que l’immoralité de certains ecclésiastiques était l’analphabétisme généralisé et l’ignorance grossière de la vérité chrétienne de ceux qui auraient dû être enseignants.
97.1. Le collège romain des cardinaux. — Tout le clergé attaché à une église particulière a été appelé Clerici cardinales jusqu’au XIe siècle. Mais après Léon IX. avait réformé et réorganisé le clergé romain, surtout après Nicolas II. en apr. J.-C. En 1059, le droit d’élection pontificale avait été transféré aux cardinaux romains, c’est-à-dire aux sept évêques des diocèses métropolitains romains, aux prêtres et aux diacres des principales églises de Rome, le titre de cardinal leur fut donné d’abord à titre d’éminence et très bientôt exclusivement. Ce n’est qu’au XIIIe siècle qu’il devint habituel de donner aux prélats étrangers le rang de cardinaux prêtres romains comme marque de distinction. Sous le nom de saint collège, les cardinaux, en tant que dignitaires spirituels les plus étroitement associés au pape, formaient son conseil ecclésiastique et civil, et étaient également investis des plus hautes charges de l’État dans les domaines pontificaux. Innocent IV. à Lyon en A.D. 1245 leur donna comme distinction le chapeau rouge ; Boniface VIII. en apr. J.-C. 1297 leur donna le manteau de pourpre qui indiquait le rang princier. À ceux-là, Paul II. en apr. J.-C. 1464 ajouta le droit de monter le palefroi blanc avec un drap rouge et une bride d’or ; et enfin, Urbain VIII. en A.D. 1630 leur donna le titre d'« Éminence ». Sixte V. en apr. J.-C. 1586 fixa leur nombre à soixante-dix, selon le modèle des anciens d’Israël, Exode. xxiv. 1, et les soixante-dix disciples de Jésus, Luc x. 1. Les papes, cependant, avaient soin de laisser vacantes un plus ou moins grand nombre de places, afin qu’ils eussent l’occasion de montrer leur faveur et de faire des dons quand c’était nécessaire. Les cardinaux ont été choisis conformément à la volonté arbitraire du pape individuel, qui les a nommés en leur présentant le chapeau rouge, et les a installés à leur haute position par la cérémonie de fermeture et d’ouverture du manteau. Depuis l’époque d’Eugène IV, apr. J.-C. En 1431, le Collège des cardinaux a soumis chaque pape nouvellement élu à un serment solennel de maintenir les droits et privilèges des cardinaux et de ne parvenir à aucune résolution sérieuse et importante sans leur avis et leur approbation.
97.2. L’importance politique du clergé supérieur ( 84) a atteint son point culminant au cours de cette période. C’est en Allemagne qu’elle a été poussée le plus loin, en particulier sous la dynastie impériale saxonne. Plus d’une fois, la politique sage et ferme du clergé allemand, magnifiquement organisée sous la direction du primat de Mayence, sauva la nation allemande d’un renversement ou d’un démembrement menacés par des princes ambitieux. Ce pouvoir ne consistait pas seulement dans l’influence sur l’esprit des hommes, mais aussi dans leur position de membres des États de l’empire et de seigneurs territoriaux. La question de savoir si une expédition guerrière devait être entreprise dépendait souvent uniquement du consentement ou du refus de la ligue des seigneurs spirituels. C’était la politique du clergé d’assurer une Allemagne unie, forte et bien organisée. Les pays voisins souhaitaient être inclus dans la ligue allemande des Églises et des États ; non pas, cependant, comme le souhaitait l’empereur, comme des terres de la couronne, mais comme des portions de l’empire. Contre les expéditions à Rome, qui détournaient l’attention des princes allemands des affaires allemandes et ruinaient l’Allemagne, le clergé allemand protesta de la manière la plus décidée. Ils souhaitaient que la chaire de Saint-Pierre soit libre et indépendante en tant qu’institution européenne, et non allemande, avec l’empereur comme soutien et non comme oppresseur, mais ils résistèrent virilement à toutes les hypothèses et à tous les empiétements des papes. L’un des dignitaires allemands les plus célèbres de tous les temps fut Bruno le Grand, frère de l’empereur Otton Ier, également distingué comme homme d’État et comme réformateur de l’Église, et promoteur infatigable des études libérales. Chancelier sous son frère impérial à partir de J.-C.En 940, il était son conseiller le plus digne de confiance, et il le nomma en 940 . 953 archevêque de Cologne, et fut peu après fait duc de Lorraine. Il mourut en apr. J.-C. Débloquer le niveau 965. Un autre exemple d’un prélat allemand de la vraie espèce se trouve dans Willigis de Mayence, mort en J.-C. 1011, sous les deux derniers Otto et Henri II, qu’il éleva sur le trône. La bonne entente qui s’établit entre ce monarque et le clergé d’Allemagne est due en grande partie à la sage politique de ce prélat. Sous Henri IV. le clergé allemand se divisa en trois partis : le parti pontifical de Clugny sous Gebhard [Gebhardt] de Salzbourg, comprenant presque tous les évêques saxons ; un parti impérial sous Adalbert de Brême, qui s’efforça, avec l’aide de l’empereur, de fonder un patriarcat septentrional, qui tendait sans doute à devenir une papauté septentrionale ; et un parti allemand indépendant sous saint Anno II. de Cologne ( 96, 6), dans lequel, malgré beaucoup de violence, d’ambition et d’égoïsme, il restait encore beaucoup de l’esprit qui avait caractérisé la politique des anciens évêques allemands. Henri V, lui aussi, ainsi que les premiers Hohenstaufen, avait de solides partisans dans le clergé allemand ; mais Frédéric II. Par les mauvais traitements qu’il infligeait aux évêques, il aliéna leur clergé de l’intérêt de la couronne. L’avènement des dignitaires impériaux après l’époque d’Otton Ier, et le transfert à eux sous Otton IV. de l’élection de l’empereur éleva les archevêques de Mayence, de Trèves et de Cologne au rang de princes électoraux spirituels en tant qu’archi-chapelains ou archichanceliers. La Bulle d’or de Charles IV, en apr. J.-C. 1356 ( 110, 4), confirmé et compilé leurs droits et leurs devoirs.
97.3. Les évêques et le chapitre cathédral. — Les évêques exerçaient leur juridiction sur tout le clergé de leur diocèse, et punissaient par la privation de leur charge et l’emprisonnement dans les monastères. En particulier, les questions de mariage, de testaments, de serments, étaient portées devant leur tribunal. Les judicats synodaux allemands cédèrent bientôt le pas au système judiciaire romain. Les archidiacres s’émancipèrent de plus en plus de l’autorité épiscopale et abusèrent de leur pouvoir d’une manière si arbitraire qu’au XIIe siècle, toute l’institution fut mise de côté. Pour la décharge des affaires, des fonctionnaires épiscopaux et des vicaires furent alors introduits. Les Chorepiscopi ( 84) avait disparu au 10ème siècle. Mais pendant les croisades, de nombreux évêchés catholiques avaient été fondés en Orient. Les occupants de ceux-ci, lorsqu’ils furent chassés, s’accrochèrent à leurs titres dans l’espoir de temps meilleurs, et trouvèrent un emploi d’assistants ou de suffragants des évêques occidentaux. C’est ainsi qu’est né l’ordre d’Episcopi in partibus (sc. infidelium) qui s’est maintenu jusqu’à ce jour, comme témoin de droits inaliénables, et comme offrant aux papes une occasion constante de témoigner leur faveur et de donner des récompenses. Pour l’exercice de la charge archiépiscopale, le quatrième concile du Latran de l’apr. J.-C. 1215 fait recevoir du pape le pallium ( 59, 7) une condition absolument essentielle, et les élus étaient obligés de payer à la Curie un impôt arbitraire d’une somme importante appelé la redevance de pallium. La vie canonique ( 84, 4) À partir du 10ème siècle, il a commencé à perdre de plus en plus de son poids moral et de son importance. Des tentatives de réforme au XIe siècle est née la distinction des Canonici seculares et regulares. Ceux-ci vivaient dans des cloîtres selon les règles monastiques, et étaient zélés pour la bonne vieille discipline et l’ordre, mais tôt ou tard ils cédèrent à la mondanité. Les riches revenus des chapitres cathédrales faisaient de la réversion des stalles prébendales le privilège presque exclusif de la haute noblesse, malgré l’opposition farouche des papes. Au cours du XIIIe siècle, le clergé de la cathédrale, avec l’aide des papes, s’arrogea le droit exclusif d’élection épiscopale, ignorant complètement les prétentions du clergé diocésain et du peuple ou de la noblesse. Le clergé de la cathédrale s’est également affranchi du contrôle épiscopal. Ils vivaient la plupart du temps à l’extérieur du diocèse de la cathédrale et leurs fonctions canoniques étaient exercées par des vicaires. Le chapitre a pourvu les postes vacants par cooptation.
En tant que réformateur du clergé anglais, qui était tombé très bas dans l’ignorance, la grossièreté et l’immoralité, la figure la plus remarquable au cours du Xe siècle était saint Dunstan. Il devint archevêque de Cantorbéry en 1999. 959 et mourut en A.D. Débloquer le niveau 988. Il chercha à la fois à élever le niveau de l’éducation parmi le clergé et à inspirer à l’Église un esprit moral et religieux plus élevé. À ces fins, il a travaillé avec une énergie et une force de volonté, une constance et une rigueur inflexibles dans la poursuite de ses idéaux hiérarchiques, qui le distinguent comme un Hildebrand avant Hildebrand. Même en tant qu’abbé du monastère de Glastonbury, il avait donné un aperçu de l’œuvre de sa vie en rétablissant et en sévère la règle de saint Benoît, et en formant une confrérie parfaitement disciplinée dans la science et dans les exercices ascétiques, parmi les membres de laquelle, après être devenu évêque de Worcester, puis de Londres, et enfin primat d’Angleterre et conseiller le plus influent de quatre rois successifs, Il pouvait remplacer les prêtres séculiers et les chanoines qu’il expulsait de leurs cures. Comme condition première de toute réforme cléricale, il insistait sur l’abaissement implacable et constant du mariage et du concubinage parmi les prêtres.281―À l’heure actuelle, Au XIe siècle, saint Pierre Damiani s’est distingué comme un partisan zélé du parti réformiste de Clugny dans la lutte contre la simonie, l’immoralité cléricale et le mariage des prêtres. Cela lui valut non seulement sa position de cardinal-évêque d’Ostie, mais aussi son emploi fréquent de légat pontifical dans de sérieuses négociations. En apr. J.-C.En 1061, il démissionna de son évêché et se retira dans un monastère, où il mourut en 1061 . Débloquer le niveau 1072. Son ami Hildebrand, qui l’appela à plusieurs reprises de sa retraite pour occuper une place éminente parmi les prétendants à son idéal hiérarchique, fut donc appelé par lui son « saint Satan ». En effet, il n’avait guère d’intérêt à faire valoir des revendications hiérarchiques et politiques, et était plutôt enclin à préconiser des réformes morales au sein de l’Église elle-même. Dans son Liber Gomorrhianus, il a tracé un tableau effrayant de la dépravation cléricale de son temps, et cela avec une nudité de détails qui a donné au pape Alexandre II. une excuse déguisée pour la suppression du livre. Pour lui-même, cependant, Damiani ne cherchait pas d’autre plaisir que celui de se flageller jusqu’à ce que le sang coule dans sa cellule solitaire (106, 4). Ses œuvres complètes, composées d’épîtres, d’adresses, de tracts et de biographies monastiques, ont été publiées à Rome en A.D. 1602 en 4 vol. par le cardinal Cajetan.―Au XIIe siècle, sainte Hildegarde ( 107, 1) et l’abbé Joachim de Floris, ( 108, 5) élevèrent la voix contre la dégradation morale du clergé, et parmi les hommes qui contribuèrent largement au rétablissement de la discipline cléricale, le noble prévôt Geroch de Reichersberg en Bavière, qui mourut en B. J.-C. 1169 ( 102, 5) et le chanoine Norbert, plus tard archevêque de Magdebourg ( 98, 2), méritent une mention spéciale.―Au XIIIe siècle, en Angleterre, Robert Grosseteste s’est distingué comme un prélat d’une grande noblesse et d’une grande force de caractère. Après avoir été chancelier d’Oxford, il devint évêque de Lincoln, réformant énergiquement de nombreux abus dans son diocèse et luttant constamment contre toute forme d’empiétement papal. Il mourut en apr. J.-C. Débloquer 1253.282
97.5. La Pataria de Milan. — Nulle part, au XIe siècle, la simonie, le concubinage et les mariages de prêtres n’ont été plus généraux que dans le clergé lombard, et nulle part ailleurs on n’a opposé une opposition aussi déterminée aux réformes de Hildebrand. À la tête de cette opposition se trouvait Guido, archevêque de Milan, qu’Henri III. déposé en apr. J.-C. Débloquer le niveau 1046. Contre les exigences papales, il insista sur les anciennes prétentions de sa chaire à l’autonomie (46, 1) et renonça à l’allégeance à Rome. Les nobles et le clergé soutenaient Guido. Mais deux diacres, Ariald et Landulf, vers l’an 2000. En 1057, il forma une conspiration parmi le peuple, contre « la secte nicolaïte » (27, 8). À ce parti, ses adversaires donnèrent le nom opprobre de Pataria, Paterini, de patalia, qui signifie racaille, racaille, ou de Pattarea, ruelle de mauvaise réputation à Milan, quartier de la populace, où les Arialdistes tenaient leurs réunions secrètes. Ils prirent le nom qu’on leur donnait comme un titre honorifique, et après avoir reçu l’organisation militaire d’Erlembald, frère de Landulf, ils ouvrirent une campagne contre les prêtres mariés. Pendant trente ans, cette lutte n’a cessé d’inonder de sang les villes et les campagnes.
En dépit de la grande corruption qui ne cessait de s’accroître, l’idée monastique se développa à cette époque avec une rapidité merveilleuse, et avec plus de persévérance et de succès que jamais auparavant ou depuis que les moines firent valoir leurs prétentions à être considérées comme « la chevalerie de l’ascétisme ». Un grand nombre d’ordres monastiques ont surgi, prenant la place pour la plupart des ordres existants qui avaient assoupli leurs règles. Il s’agissait en partie de ramifications réformées de l’ordre bénédictin, en partie de nouvelles organisations créées sur une base indépendante. De nouveaux monastères étaient construits presque tous les jours, souvent même dans les villes. Les monastères bénédictins réformés se sont regroupés autour du monastère mère dont ils ont adopté la règle réformée, formant une société organisée avec un centre commun. Ces groupes ont donc été appelés Congrégations. La plus ancienne et, pendant deux siècles, la plus importante de ces congrégations fut celle des Frères de Clugny, dont le zèle ardent pour la réforme hiérarchique contribua surtout à relever l’Église et la papauté de l’avilissement et de la corruption dans lesquels elles étaient tombées aux Xe et XIe siècles. L’ordre des Camaldolites, par ailleurs moins important, fut aussi un vigoureux promoteur de ces mouvements. Mais Clugny avait en Clairvaux un rival qui partageait avec lui, à peu près à parts égales, le respect et la vénération de cette époque. Les monastères bénédictins non réformés, d’autre part, ont conservé leur style de vie facile et luxueux. Ils étaient communément appelés les moines noirs pour les distinguer des cisterciens qui étaient connus sous le nom de moines blancs. Afin d’éviter une scission constante des fraternités monastiques, Innocent III. au Concile du Latran de J.-C. 1215 interdit la fondation de nouveaux ordres. Cependant il prit lui-même part à la formation des deux grands ordres mendiants, et les papes suivants ne prononcèrent aucune interdiction. C’est à eux, d’une manière spéciale, que le système de Grégoire doit son succès. Mais ils étaient aussi de loin les plus importants promoteurs et promoteurs de l’apprentissage, de la science et de l’art. Le pape favorisa de diverses manières l’émancipation des monastères du contrôle épiscopal, leur soi-disant exemption ; et conféra aux abbés des monastères célèbres ce qui était pratiquement le rang épiscopal, avec la liberté de porter la mitre de l’évêque, de sorte qu’ils furent appelés abbés mitrés (84, 1). Les princes aussi classaient les abbés au rang de dignité et d’ordre à côté des évêques ; et le peuple, qui voyait l’idée populaire de l’Église de plus en plus représentée dans les monastères, les honorait d’une vénération sans mesure. À partir du Xe siècle, les moines sont considérés comme un ordre religieux distinct (Ordo religiosorum). Des frères convers, Fratres conversi, furent alors pris en charge pour s’acquitter des affaires mondaines du monastère. Ils étaient désignés Fratres, tandis que les autres qui recevaient l’ordination cléricale étaient appelés Patres. Les moines vivaient rarement en bons termes avec le clergé séculier ; pour les premiers, en tant que confesseurs et prêtres de messe, ils portaient souvent gravement atteinte aux droits et aux revenus des seconds. — Outre les nombreux ordres monastiques, avec leur stricte réclusion, leurs vœux perpétuels et leur règle sanctionnée par l’Église, nous rencontrons des organisations d’un type plus libre, telles que les Humiliati de Milan, composées de familles entièresmensonges. D’un type similaire étaient les béguines et les mendiants des Pays-Bas, les premiers composés de femmes, les seconds d’hommes. Ces gens ont abandonné leur artisanat et leurs devoirs domestiques et civiques pour un mode de vie monastique retiré du monde. L’enthousiasme des croisades a également occasionné une combinaison de l’idée monastique avec celle de la chevalerie, et a conduit à la formation de ce que l’on appelle les Ordres de Chevaliers, qui, avec un Grand Maître et plusieurs Commandeurs, ont été divisés en Chevaliers, Prêtres et Frères Servants.
98.1. Rejetons des Bénédictins.
98.2. Nouveaux ordres monastiques.—Sous réserve des grands ordres mendiants, les suivants sont les plus célèbres parmi la vaste gamme des ordres nouveaux, non liés par la règle bénédictine :
98.3. Les débuts de l’Ordre franciscain jusqu’à J.-C. 1219. — Le fondateur de cet ordre fut saint François, né en ap. J.-C. 1182, fils d’un riche marchand d’Assise en Ombrie. Son vrai nom était Giovanni Bernardone. On dit que le nom de François lui a été donné en raison de sa maîtrise précoce de la langue française ; « Francesco », le petit Français. En tant que fils d’un riche marchand, il s’adonna aux plaisirs mondains, mais en fut retiré en Jésus-Christ. 1207, au moyen d’une maladie grave. Un songe, dans lequel il vit une multitude portant le signe de la croix, portant des armes destinées à lui et à ses compagnons, le fit décider d’une carrière militaire. Mais une nouvelle vision lui apprit qu’il était appelé à reconstruire la maison déchue de Dieu. Il comprit qu’il s’agissait d’une chapelle en ruine de Saint-Damiani à Assise, et commença à appliquer le produit des étoffes précieuses de l’usine de son père à sa restauration. Banni de la maison de son père pour une telle conduite, il vécut pendant un certain temps en ermite, jusqu’à ce que le passage de l’évangile lu à l’église sur l’envoi des disciples sans or ni argent, sans bâton ni certificat (Matt. x), tombât sur son âme comme un coup de foudre. Se dépouillant de tous ses biens, fournissant les choses nécessaires à la vie par les formes de travail les plus viles, mendiant même quand il le fallait, il parcourut le pays à partir de l’ère chrétienne. 1209, raillé par certains comme un imbécile, vénéré par d’autres comme un saint, prêchant la repentance et la paix. Dans la puissance sans exemple de son abnégation et de son renoncement au monde, dans la pure simplicité de son cœur, dans la chaleur de son amour pour Dieu et pour les hommes, dans les richesses bénies de sa pauvreté, saint François était comme un étranger céleste dans un monde égoïste. Merveilleuse aussi, et puissante dans son influence était la profondeur de son sentiment naturel. Avec les oiseaux de la forêt, avec les bêtes des champs, il avait des rapports sexuels dans une simplicité enfantine comme avec des frères et des sœurs, les exhortant à louer leur Créateur. La relation paradisiaque de l’homme avec le monde animal semblait être restaurée en présence de ce saint. — Très vite, il rassembla autour de lui un certain nombre d’hommes partageant les mêmes idées, qui, sous sa direction, avaient décidé de se consacrer à une vocation semblable. Pour la société des « Viri pœnitentiales de civitate Assisii oriundi » ainsi formée, François publia, en A.D. 1209, une règle, à la base de laquelle se trouvait l’acceptation littérale des préceptes du Christ à ses disciples, envoyés pour prêcher le royaume de Dieu (Matt. x. ; Luc x.), ainsi que des injonctions évangéliques similaires (Matt. xix. 21, 29 ; Luc, VI, 29 ; ix. 23 ; xiv. 26), puis il se rendit à Rome pour obtenir la confirmation papale. Le pape était, en effet, réticent ; mais, grâce à la simplicité et à l’humilité de l’homme pieux, on l’amena à accéder à sa demande. Plus tard, cet incident a été transformé dans la tradition populaire en une légende, représentant le pape comme lui ayant d’abord ordonné d’aller voir les porcs, ce à quoi le saint homme a littéralement obéi. Innocent III. était d’autant plus enclin à céder, qu’elle avait vécu des expériences douloureuses par suite de l’imprudence avec laquelle elle avait traité des propositions analogues faites par les Vaudois trente ans auparavant. Il donna donc au moins la permission verbale à François et à ses compagnons de vivre et d’enseigner selon cette règle. En même temps, FrançoisIl répondit à la demande de mettre à la tête de son gouvernement l’obligation d’obéir et de révérer le pape, et de conclure par le vœu le plus rigide d’éviter toute espèce d’addition, de diminution ou de changement. Il n’était pas question de fonder un nouvel ordre monastique, mais seulement d’une union libre et d’une vie errante, au milieu de la pauvreté apostolique, pour prêcher la repentance et le salut par la parole et l’exemple. En entrant dans la société, les frères étaient tenus de distribuer tous leurs biens aux pauvres, et de s’habiller avec les pauvres vêtements de l’ordre, consistant en un manteau grossier lié avec une corde et une bourse, pour prêcher l’évangile du royaume de Dieu partout où leur maître les envoyait, et gagner leur vie par leurs occupations habituelles. ou tout autre travail servile. En cas de besoin, ils devaient même mendier les choses nécessaires à la vie. Ainsi la mendicité, bien qu’elle ne fût permise qu’en cas de nécessité, fut bientôt transformée par l’éclat de l’exemple de la pauvreté de Jésus, de ses disciples et de sa mère, qui tous avaient vécu d’aumônes, et par l’idée d’un double mérite attaché à l’abnégation de soi-même, en ce sens que non seulement celui qui la reçoit, en se soumettant volontairement à la disgrâce qu’elle entraînait aux yeux du monde, mais aussi celui qui a fait l’aumône, a obtenu devant le tribunal de Dieu une grande récompense. Mais il n’était permis aux frères d’accepter de l’argent ni comme salaire de travail, ni comme aumône, mais seulement comme moyens de subsistance indispensables, tandis que ce qui leur restait après avoir été pourvu à leurs besoins était partagé entre les pauvres. De temps en temps, ils se retiraient, soit seuls, soit par petits groupes, pour la prière, la contemplation et les exercices spirituels, dans des déserts, des cavernes ou des huttes désertes ; et chaque année, à la Pentecôte, ils se réunissaient pour l’édification mutuelle et le conseil dans la petite chapelle d’Assise, dédiée à « Marie de l’Ange », donnée à saint François par les bénédictins. Cette église, sous le nom de Portiuncula, devint le centre principal de l’ordre, et tous ceux qui la visitèrent le jour de sa consécration reçurent du pape une indulgence plénière. Pendant ce temps, le nombre des frères augmentait de jour en jour. Lorsque des représentants de tous les rangs de la société et de tous les degrés de culture demandèrent à être admis, il devint bientôt évident que l’obligation de prêcher, jusque-là imposée à tous les membres de l’ordre, devait être limitée à ceux qui étaient spécialement qualifiés pour le travail, et que les autres devaient prendre soin de réaliser dans leur vie personnelle l’idéal de pauvreté. avec un service d’amour dans les institutions pour les pauvres, les malades et les lépreux. Un autre mouvement dans le développement de l’ordre, tendant à lui assurer une position ecclésiastique indépendante, fut l’admission de prêtres ordonnés. Leur activité missionnaire parmi les chrétiens se limita d’abord à l’Ombrie et aux districts voisins de l’Italie centrale. Mais bientôt l’idée d’une vocation missionnaire parmi les incroyants s’empara de l’esprit du fondateur. Même en A.D. Il entreprit lui-même dans ce but un voyage en Orient, en Syrie, et ensuite au Maroc ; dans aucun des deux cas, cependant, ses efforts ne furent couronnés de succès très signalés. En apr. J.-C. En 1218, Élie de Cortone, avec quelques compagnons, reprit la mission en Syrie, avec tout aussi peu de succès . En 1219, cinq frères furent de nouveau envoyés au Maroc, et là ils gagnèrent le couronne du martyre. La même année, A.D. En 1219, l’assemblée de la Pentecôte à Assise adopta la résolution d’inclure dans le champ de leur appel en tant qu’itinérants l’envoi de missions, avec un « ministre » à la tête de chacun, dans tous les pays chrétiens de l’Europe. Ils commencèrent immédiatement, privilégiés par une lettre de recommandation pontificale au haut clergé séculier et aux chefs d’ordres en France, à exécuter la résolution en France, en Espagne, au Portugal et en Allemagne ; tandis qu’en même temps François lui-même, accompagné de douze frères, tournait de nouveau ses pas vers l’Orient.
98.4. Les franciscains de J.-C. 1219 à J.-C. Peu de temps après le départ de saint François, la nouvelle de sa mort se répandit dans toute l’Italie, et délia les liens qui, en raison de l’obligation de lui rendre obéissance jusque-là opérante, avaient assuré l’harmonie entre les frères. François, sur la base de Luc x, 7, 8, n’avait imposé à ses compagnons que les règles communément acceptées du jeûne, mais l’observance d’un jeûne plus rigoureux nécessitait sa propre permission spéciale. Or, cependant, quelques rigoristes, lors d’une assemblée des anciens, exprimèrent l’opinion qu’il serait enjoint aux frères de jeûner, non pas comme jusqu’à présent, comme tout le reste de la chrétienté, seulement deux jours, mais quatre jours de la semaine, résolution qui non seulement enlevait complètement la règle de son fondement dans Luc x. 7, 8, mais il a aussi rompu la promesse solennelle d’observer le vœu d’Innocent III, qui y était incorporé, qu’en rien il ne serait modifié. Et tandis que la règle interdisait tout rapport sexuel avec les femmes, frère Philippe obtint une bulle pontificale qui le nommait représentant de l’ordre des « femmes pauvres », plus tard les religieuses de Sainte-Claire, fondé en J.-C. 1212 sur le modèle de l’idéal franciscain de pauvreté. Un autre frère, Jean de Capella, cherchait à se mettre à la tête d’un ordre indépendant d’hommes et de femmes pauvres. De nombreux projets de ce type étaient en cours de planification. Dès que la nouvelle de ces aléas parvint à François, il retourna en Italie, accompagné de son élève favori, l’énergique, le sage et le politique Elias de Cortone, dont le talent d’organisateur et de gouverneur fut maintenu dans des limites jusqu’à la mort du fondateur. S’apercevant que toutes ces confusions provenaient de l’absence d’une organisation strictement définie, légitimée par le pape et sous la protection papale, François s’efforça alors d’obtenir de tels privilèges pour son ordre. Il supplia donc Honorius III. de nommer le cardinal Ugolino d’Ostie, plus tard le pape Grégoire IX, auparavant promoteur zélé de ses œuvres, protecteur et gouverneur de sa confrérie ; Et bientôt, d’une main forte, il mit un terme à tous les mouvements sécessionnistes dans la communauté. Un vigoureux effort fut alors fait par la confrérie, suggéré et encouragé par la chaire pontificale, pour réaliser un plan de transformation, au moyen duquel l’ordre, qui s’était jusque-là borné à de simples devoirs religieux et ascétiques, deviendrait un ordre moine indépendant et puissant, pour le placer « avec toute la force de son enthousiasme religieux, avec son extraordinaire souplesse et sa puissante influence sur les masses, au service de la papauté, et d’en faire une armée permanente du pape, toujours prête à obéir à sa volonté dans les grands mouvements qui secouent l’Église et le monde de ce temps-là. Honorius III. a fait le premier pas dans cette direction par une bulle adressée, en septembre A.D. En 1220, à François lui-même et aux supérieurs de son ordre, on l’appela Ordo fratrum minorum, par lequel un noviciat d’un an et un vœu irrévocable d’admission étaient prescrits, le port de l’habit officiel en faisait son privilège exclusif, et la juridiction donnée à son propre tribunal pour traiter de tous ses membres. François était maintenant également obligé, bon gré mal gré, d’accepter une révision de son règne. Cette nouvelle règle a probablement été confirmée ou du moins approuvée lors du célèbre chapitre de la Pentecôte qui s’est tenu à la chapelle de la Portioncule en J.-C. 1221, appelé le « Chapitre des tapis » (C. storearum), parce que les frères qui s’y rassemblaient vivaient sous des tentes faites de nattes de jonc.283 C’est, comme Carl Müller l’a incontestablement prouvé, cette même règle qui était autrefois considérée par tous comme la première règle composée en A.D. Débloquer le niveau 1209. L’ancienne règle, cependant, en formait la base dans tous ses détails, et les élargissements et les modifications rendus nécessaires par l’adoption des idées nouvelles apparaissent si évidemment comme des additions, que les deux constituants différents peuvent encore être distingués l’un de l’autre avec une certitude tolérable, et ainsi l’ancienne règle peut être reconstruite. Mais le développement et la modification de l’ordre, allant nécessairement dans le sens indiqué, amenèrent bientôt une réforme graduelle de la règle, qui, sous cette nouvelle forme, fut solennellement et formellement ratifiée par Honorius III. en novembre A.D. 1223, comme possédant désormais une validité certaine. On y trouve l’exigence de l’acceptation littérale des commandements de Jésus sur l’envoi de ses disciples dans Matthieu x. et Luc x. n’est plus la base et le modèle, comme dans les deux règles précédentes, mais tout l’accent est mis sur l’imitation de la vie de pauvreté menée par Jésus et ses apôtres ; En compensation de la renonciation à toute propriété, l’obligation de gagner sa propre subsistance par le travail fut maintenant mise de côté, et la pratique de la mendicité fut érigée en objet propre dans la vie, en vint même à être considérée comme constituant l’idéal spécial et la sainteté de l’ordre, qui, par conséquent, avait maintenant pour la première fois le droit d’être appelé un ordre mendiant ou mendiant. À sa tête se tenait un ministre général, et toutes les communications entre l’ordre et le Saint-Siège se faisaient par l’intermédiaire d’un cardinal-protecteur. Le champ missionnaire de l’ordre, comprenant le monde entier, était divisé en provinces avec un ministre provincial, et les provinces en custodes avec un custode à sa tête. — Tous les trois ans, à la Pentecôte, le général convoquait les provinciaux et les custodes à un chapitre général, et les custodes assemblaient les frères de leurs diocèses, comme l’exigeaient les chapitres provinciaux et tustodiques. L’habillement de l’ordre restait le même. L’obligation habituelle de marcher pieds nus a cependant été modifiée par l’autorisation de porter des chaussures ou des sandales en cas de nécessité, lors des voyages et dans les climats froids.
98.5. Les franciscains de l’apr. J.-C. 1223. — Il n’y a pas eu de mention dans la règle de l’A.D. 1223 de toute sorte de lieu fixe de résidence, soit dans des cloîtres, soit dans des maisons qui leur sont propres. La vie de l’ordre était ainsi conçue comme un pèlerinage sans abri et sans possession ; Et quant aux moyens de subsistance qu’ils dépendaient de ce qu’ils obtenaient en mendiant, on considérait aussi que pour l’abri d’un toit, ils devaient dépendre de l’hospitalité. Le passage progressif d’une vie purement itinérante avait déjà commencé par l’établissement de résidences fixes en des points déterminés dans le district transalpin et tout d’abord en Allemagne. Après le premier envoi de disciples en apr. J.-C. En 1219, sans beaucoup d’attention à la règle et sans beaucoup de plan, s’y était déroulée avec peu de succès, une mission plus soigneusement organisée, sous la direction du frère César de Spires, composée de douze clercs et de treize frères laïcs, dont Jean V. Piano Cupini, Thomas V. Celano, Giordano v. Giano, fut envoyée par le « Chapitre Mat » de l’A.D . 1221 à l’Allemagne, qui, renforcée par des renforts souvent répétés, continua à partir de l’A.D. 1228 une vigoureuse propagande en Bohême, en Hongrie, en Pologne, au Danemark et en Norvège. Conformément à la règle de l’A.D.En 1223, l’Allemagne, en tant que nation unique, fut divisée en cinq paroisses, mais en 1223. 1230 en deux provinces distinctes, la Rhénanie et la Saxe, avec un nombre correspondant de custodes. Plus brillant encore fut le succès de la mission en Angleterre en A.D. Débloquer le niveau 1224. Au cours de leurs tournées missionnaires, les frères s’installaient temporairement dans des hôpitaux et des léproseries, ou dans des presbytères hospitaliers et des maisons particulières, et prêchaient de préférence en plein air, où les gens affluaient autour d’eux en foule, parfois à l’invitation d’un évêque ou d’un prêtre dans les églises. Les dons de terres leur donnèrent l’occasion d’ériger leurs propres couvents, avec des églises et des cimetières pour eux-mêmes, qui, placés sous la garde d’un gardien, augmentèrent bientôt en nombre et en importance. La mendicité, qui devenait alors la base de toute l’institution, était réglée par le principe qu’outre les bienfaits volontairement versés dans le cloître, des moines envoyés à des conditions particulières, par conséquent appelés Terminants284 avec un sac de mendiant, devrait mendier pour les choses nécessaires à la vie. Les frères n’avaient rien à faire avec l’agriculture et le travail industriel, et généralement avec tout le travail corporel. Au contraire, ce qui était tout à fait étranger à l’intention du fondateur et à ses règles, et qui ne provenait donc pas de l’intérieur de l’ordre lui-même, mais de l’extérieur, d’abord par l’admission de prêtres cultivés scientifiquement, un fort courant s’est mis en place en faveur des études scientifiques, stimulé par leur ambition personnelle aussi bien que par la rivalité avec les dominicains. Ces recherches savantes donnèrent bientôt des fruits abondants, qui élevèrent la réputation, la puissance et l’influence de l’ordre à une telle hauteur, qu’il a été en mesure de mener à bien dans tous les détails la tâche qui lui avait été assignée dans la politique pontificale. L’architecture, la peinture et la poésie trouvèrent aussi parmi les membres de l’ordre des cultivateurs et des ornements distingués. — Soutenu par l’accumulation des privilèges pontificaux, qui, par exemple, donnait l’immunité de toute juridiction et de toute surveillance épiscopale, et accordait à son clergé le droit dans toutes les parties, non seulement de prêcher, mais aussi de lire la messe et d’entendre les confessions, et aidé dans son cours de sécularisation par des modifications papales et des altérations de sa règle, qui permettait d’obtenir et de posséder de riches propriétés de cloître, l’ordre des Frères Mineurs ou Minorites put bientôt se vanter d’une extension embrassant plusieurs milliers de cloîtres. 1226, étendu sur le sol de la chapelle de la Portioncule. Deux ans après, il fut canonisé par Grégoire IX, et en apr. J.-C. En 1230, il y eut une translation solennelle de ses reliques dans la belle basilique construite en son honneur à Assise. La légende qu’un séraphin dans ses dernières années avait imprimé sur lui les empreintes sanglantes des plaies ou des stigmates du Sauveur a également été utilisée pour expliquer la glorification de tout l’ordre, qui prenait maintenant l’épithète de « séraphique ». Celui qui avait le plus d’affinité spirituelle avec son maître de tous les disciples de saint François, et après lui le plus célèbre parmi ses contemporains et sa postérité, était saint Antoine de Padoue. Né en A.D.En 1195, à Lisbonne, alors qu’il était chanoine augustin à Coimbra, il était, en 1195 . En 1220, il entra dans la communion des Minorites, où l’on déposa les reliques des cinq martyrs du Maroc, et il entreprit une mission en Afrique. Mais une grave maladie l’obligea à rentrer chez lui, et, détourné de sa route par une tempête, il débarqua à Messine, d’où il fit un pèlerinage à Assise. L’ordre mit alors à profit son savoir en le nommant professeur de théologie, d’abord à Bologne, puis à Montpellier. Pendant trois ans, il continua d’exercer les fonctions de custode dans le sud de la France, parcourant le pays comme un puissant prédicateur de repentance, jusqu’à ce que la mort du fondateur et le choix d’un successeur le rappellent en Italie. Il mourut à Padoue en apr. J.-C. Débloquer le niveau 1231. Le pape l’a canonisé en J.-C. 1232, et en 1232 apr. J.-C. En 1263, ses reliques furent enchâssées dans la belle église nouvellement construite à Padoue qui lui était dédiée. Parmi les nombreux récits de prodiges qui, dit-on, accompagnaient ses allées et venues partout où il allait, le plus connu et le plus populaire est le plus connu.De plus, lorsqu’il ne put obtenir l’oreille des hommes pour défendre sa doctrine, il prêcha sur le bord d’une mer solitaire à des bancs de poissons qui se pressaient autour de lui pour l’écouter. Ses écrits, ses sermons et une concordance biblique, sous le titre de Concordantiæ Morales SS. Bibliorum, sont souvent imprimés avec les Lettres, les Hymnes, le Testament, etc., attribués à saint François. 1229, la plus ancienne et relativement la plus impartiale. D’autre part, les biographies ultérieures, en particulier celle des Tres socii et de la Vita II de Thomas, qui a été rendue accessible par l’édition romaine d’Amoni de 1880, écrite à la même époque vers J.-C. 1245, ainsi que celle de saint Bonaventure de J.-C. 1263, reconnu par le chapitre de l’Ordre comme la seule forme faisant autorité des légendes, sont toutes plus ou moins influencées par les luttes de parti qui ont surgi dans ses rangs, tandis que toutes sont également surchargées de récits de miracles. En apr. J.-C. En 1399, par l’autorité du chapitre général d’Assise, le « Liber Conformitatum » de Barthélemy de Pise signale quarante ressemblances entre le Christ et saint François, dans lesquelles le saint a généralement l’avantage sur le Sauveur. À l’époque de la Réforme, une version allemande anonyme de ce livre a été publiée par Erasmus Alber avec une préface de Luther, sous le titre, Der Barfüssermönche Eulenspiegel und Alkoran, Wittenberg, 1542. Ce n’est que récemment que la source d’information contemporaine la plus digne de confiance nous a été rendue à nouveau accessible dans les Memorabilia de Primitiv. Fratrum in Teutoniam Missorum Conversatione et Vita du susnommé Giordano de Giano, embrassant les années 1207-1238, que G. Voigt a découvert parmi les papiers de son père, et qu’il a publié avec une introduction complète et complète. Les franciscains de Quaracchi, près de Florence, l’ont réédité « d’après l’unique manuscrit de Berlin », ainsi que le document supplémentaire, le De Adventu Fratrum Minorum in Anglia, dans le premier volume de leurs Analecta Franciscana, Quar., 1885. — Thode, dans son Fr. v. A. und die Anfänge d. Kunst d. Renaissance in Ital. (Berl., 1885), a décrit dans un style complet et brillant la puissante influence que saint François et son ordre ont exercée sur le développement de l’Église. l’art en Italie, en particulier de la peinture et de l’architecture, ainsi que de la poésie en langue vernaculaire ; car il a montré comment la relation particulière et étroite dans laquelle se trouvait le saint avec la nature a donné la première impulsion efficace à l’émancipation de l’art des entraves du formalisme, et comment la nouvelle tendance artistique, inspirée par son esprit, s’est d’abord exprimée dans la construction et l’ornementation de la basilique d’Assise qui lui est dédiée.285
98.6. Divisions de parti au sein de l’Ordre franciscain. — Que le fondateur n’était nullement entièrement en sympathie avec la tendance qui prévalait dans son ordre depuis J.-C. 1221, et ne tolérait que ce qu’il n’était plus en mesure d’empêcher, on aurait pu le deviner par le fait qu’à partir de ce moment-là il se retira de plus en plus de la direction suprême de l’ordre, et le confia à Élie de Cortone, comme vicaire général, qui, dans les circonstances existantes, était mieux apte à cette tâche. Mais d’après son Testament, il semble tout à fait évident qu’il s’en tint strictement aux vues de ses premiers jours, et qu’il tenta même une dernière réaction, mais en vain, contre la tendance au conformisme mondain qui s’était installée. Ainsi, par exemple, il met encore tous les frères dans l’obligation d’accomplir un travail honorable, et ne leur permettra de mendier qu’en cas de nécessité, mais surtout il leur défend très distinctement, par leur vœu sacré d’obéissance, de demander un privilège quelconque à la chaire pontificale, ou d’altérer le sens littéral simple de la règle de l’ordre. et de là ses dernières volontés et son testament par addition, diminution ou changement. Après sa mort, le 4 octobre 1226, Élie conserva la régence jusqu’à la prochaine réunion du chapitre de la Pentecôte ; mais il fut ensuite privé de ses fonctions par l’élection de John Pareus comme ministre général, membre du parti le plus strict. En attendant, le nombre croissant et la richesse de leurs cloîtres et de leurs églises, avec leurs dépendances, rendaient absolument nécessaire que les frères se demandassent comment la possession de ces biens devait être conciliée avec l’injonction stricte de la pauvreté dans le sixième chapitre de leur règle, selon laquelle « les frères ne doivent rien posséder d’eux-mêmes, ni maison, ni domaine, ni quoi que ce soit, mais ils doivent aller chercher l’aumône comme des étrangers et des pèlerins dans ce monde. Au chapitre général suivant, en A.D. 1230, cette question fut soulevée, ainsi que celle de la validité du testament dont il a été question plus haut. Comme ils ne pouvaient s’entendre entre eux, on décida, malgré toutes les protestations du général, de demander par une députation l’avis du pape Grégoire IX sur cette question et sur quelques autres questions litigieuses. En ce qui concerne le testament, le pape a déclaré que ses demandes, parce qu’elles ont été émises sans le consentement et l’approbation du chapitre général, ne pouvaient pas être contraignantes pour l’ordre. En ce qui concerne la question de la propriété, il répudiait l’interprétation de la règle de telle sorte que dans celui-ci, comme dans tous les autres ordres, seule la possession de biens par des frères individuels était interdite ; Mais on ne pouvait empêcher les membres de l’ordre dans leur ensemble de détenir des biens, comme étant directement contraires aux énoncés littéraux de la règle, sans toutefois entrer dans la question de savoir à quels biens appartenaient les meubles et immeubles qui se trouvaient réellement à l’appel de l’ordre. Et comme il avait déjà accordé, à l’occasion de l’envoi d’une nouvelle mission minoritaire au Maroc, le privilège accordé à l’ordre de prendre l’aumône en argent, ce qui n’était permis par la règle que pour l’entretien des frères malades, pour la raison que, sans argent, ils ne pourraient pas s’y procurer les choses nécessaires à la vie, Aussi étendit-il cette permission à d’autres fins essentielles au bien de l’ordre, par exemple la construction et l’ameublement de cloîtres et de cloîtres.Et il n’y a pas lieu d’y mettre des églises, comme n’étant pas contraires à la règle, si la collecte et la dépense de l’argent sont faites, non par des membres de l’ordre, mais par des procurateurs choisis pour l’œuvre. C’est probablement à cette victoire du parti laxiste qu’Elias dut son élévation aux élections suivantes, en A.D. 1332, à l’office de général. Cela lui a également permis de maintenir son poste pendant sept ans, au cours desquels il s’est montré particulièrement actif et efficace, non seulement comme général de l’ordre, mais aussi dans les négociations politiques avec les princes d’Italie, en particulier comme médiateur entre le pape et l’empereur Grégoire IX. et Frédéric II. Mais son gouvernement de l’ordre d’une manière despotique et seigneuriale, et ses efforts téméraires pour se conformer aux coutumes du monde, intensifièrent l’amertume de ses pieux adversaires, et son amitié croissante avec l’empereur lui fit perdre la faveur du pape. Et c’est ainsi que son renversement s’accomplit au chapitre général de Rome, en l’an de notre ère. Débloquer le niveau 1239. Il passa alors ouvertement au service de l’empereur, contre lequel le ban avait été de nouveau prononcé, l’accompagna dans ses campagnes militaires, et invectiva sans ménagement le pape dans ses discours publics. En tant que partisan de l’empereur banni, déjà excommunié de jure, l’interdiction fut prononcée contre lui personnellement en J.-C. 1244, et il fut expulsé de l’ordre. Il mourut en apr. J.-C. 1253, réconcilié avec l’Église après une rétractation et des excuses pénitentielles. Ses quatre successeurs immédiats au poste de général appartenaient tous au parti strict ; mais l’éloignement croissant de l’ordre des intérêts et des desseins de la curie, en particulier de ses relations avec l’Evangelium æternum, déclaré hérétique en apr. J.-C. 1254 ( 108, 5), provoqua une réaction, à la suite de laquelle le général Jean de Parme fut démis de ses fonctions en apr. J.-C. Débloquer le niveau 1257. Avec son successeur, saint Bonaventure, l’opposition succéda au contrôle incontesté de l’ordre. La question difficile, à savoir comment concilier la propriété du cloître, vraiment éminemment riche, avec la règle de l’ordre exigeant l’abandon absolu de toutes les possessions, se trouva maintenant parmi le parti laxiste prépondérant, les Fratres de communitate, dont la solution résidait dans l’affirmation que les biens qu’ils avaient entre les mains ne leur avaient été donnés par les donateurs qu’en usufruit. ou même qu’ils n’étaient pas tant présentés à l’ordre qu’à l’Église romaine, mais dans le but de soutenir l’ordre. Nicolas III, en apr. J.-C. 1279, légitimait la théorie, car il décidait la question litigieuse dans sa bulle Exiit qui seminat, en disant qu’il est permis aux disciples de saint François de détenir des biens terrestres en usufruit, mais non en possession absolue, comme l’exige l’exemple du Christ et de ses apôtres. Mais alors surgit une nouvelle controverse, sur la forme et la mesure de l’usage avec distinction d’un usus moderatus et d’un usus tenuis ou pauvre, ce dernier ne permettant même pas de stocker les choses indispensables à la vie au-delà de ce qui est absolument nécessaire pour satisfaire les besoins actuels. Ceux, d’autre part, qui n’étaient pas satisfaits des principes affirmentDans la bulle pontificale, les Spirituales ou Zelatores, avec Pierre Jean de Oliva et Ubertino de Casale à leur tête, adoptèrent une attitude d’opposition ouverte et fanatique à la papauté, l’identifiant à l’Antéchrist (108, 6). Une partie d’entre eux, qui, outre les points sur la pauvreté, s’offusquait du laxisme du parti également sur les questions de réforme vestimentaire, obtint la permission de Cœlestine V, en A.D. 1294, de se séparer du corps principal de l’ordre, et, sous le nom de Cœlestine Érémites, de former une communion indépendante avec un général à eux. Ils s’installent pour la plupart en Grèce et sur les îles de l’archipel. Boniface VIII, en apr. J.-C. 1302, insista péremptoirement pour qu’ils reviennent en Occident et dans l’ordre actuel. Mais comme il mourut peu de temps après, même ceux qui étaient revenus continuèrent leur existence séparée et leur costume distinctif. — Continuation, 112, 2.
98.7. L’Ordre dominicain ou prédicateur.—Saint Dominique, à qui cet ordre doit son origine, naquit en A.D. 1170, à Calaruega, en Vieille-Castille, d’une famille distinguée (De Guzmán ?). En tant que savant chanoine augustinien à Osma, il avait déjà travaillé avec zèle à la conversion des mahométans et des hérétiques, lorsque l’évêque Diego d’Osma, confié en A.D. En 1204, le roi Alphonse VIII, avec l’obtention d’une épouse pour son fils Ferdinand, le prit comme l’un de ses compagnons de voyage. La mort soudaine de la mariée, une princesse danoise, rendit l’entreprise inutile. Sur le chemin du retour, ils rencontrèrent à Montpellier la mission cistercienne, envoyée pour la conversion des Albigeois ( 109, 1), dont l’échec total était déjà devenu tout à fait évident. Dominique, enflammé d’un saint zèle, obtint de son évêque qu’il entreprît avec lui l’œuvre déjà presque abandonnée par désespoir ; et après la mort prématurée de l’évêque, en apr. J.-C. En 1206, il poursuivit l’entreprise de sa propre main. Pour les Albigeois, converties par lui, il fonda une sorte d’asile conventuel à Prouille, et une maison à Toulouse, qui lui fut bientôt offerte après, devint le premier centre où ses disciples se rassemblèrent autour de lui, d’où ils se retirèrent peu à peu dans le cloître de Saint-Romain, qui leur avait été assigné par l’évêque Fulco. Pendant la croisade des Albigeois, l’idée mûrit dans son esprit qu’il pourrait obtenir une base plus solide et un soutien plus puissant pour son entreprise en fondant un nouvel ordre indépendant, dont la tâche propre et exclusive serait de combattre et de prévenir l’hérésie par l’instruction, la prédication et la dispute. Afin d’obtenir pour cette proposition une sanction ecclésiastique, il accompagna son protecteur, l’évêque Fulco de Toulouse, en A.D. 1215, au quatrième concile du Latran à Rome. Mais le pape et le concile semblaient peu disposés à favoriser son idée. Le premier, en effet, cherchait plutôt à le persuader de se joindre à quelque institution ecclésiastique existante et de réaliser son projet sous son organisation. En conséquence, Dominique, avec ses seize compagnons, résolut d’adopter la règle de saint Augustin, augmentée de plusieurs articles prémonstratins. Cependant, lorsqu’Honorius III. était monté sur le siège pontifical, Dominique se hâta de nouveau de retourner à Rome, et en A.D. 1216 obtint de ce pape sans difficulté ce qu’Innocent III lui avait refusé, c’est-à-dire la permission de fonder un ordre nouveau et indépendant, avec le privilège de prêcher et d’entendre la confession partout. Ensuite, et aussi par la suite, il prêcha fréquemment avec beaucoup d’acceptation à ceux qui vivaient dans le palais pontifical, et ainsi l’occasion fut offerte d’établir la charge de magister sacri palatii, ou prédicateur de la cour pontificale, qui fut immédiatement occupée, et a toujours continué à être occupée depuis, par un dominicain. Plus tard, la censure suprême des livres fut également confiée à ce même fonctionnaire. Le premier chapitre général de l’ordre se réunit à Bologne en J.-C. Débloquer le niveau 1220. Là, le vœu de pauvreté, qui jusque-là n’avait été exigé que dans le sens de tous les ordres antérieurs comme un simple abandon de la propriété de la part des individus, a été mis sous une forme plus sévère, de sorte que même l’ordre en tant que tel s’est tenu libre de toute sorte de possession de biens et de revenus terrestres. sauf le cloître nuIl exhortait tous ses adhérents à ne vivre que d’aumônes mendiées. C’est ainsi que les dominicains, plus tôt encore que les franciscains, dont la règle n’autorisait alors la mendicité qu’en cas de besoin, se constituèrent en ordre mendiant régulier. Dominique, cependant, a choisi la pauvreté volontaire pour lui-même et pour ses disciples, non pas, comme saint François, dans le seul but de s’assurer la sainteté personnelle, mais seulement pour obtenir un cours parfaitement libre pour son travail dans le salut des autres. L’appellation officielle, « Ordo fratrum Prædicatum », a également été fixée à ce chapitre.286 Au deuxième chapitre général, en A.D. En 1221, il y avait déjà des représentants de soixante cloîtres sur huit provinces. Dominique mourut peu de temps après, à Bologne, le 6 août 1221, en prononçant des anathèmes contre quiconque corromprait son ordre en lui accordant des biens terrestres. Il a été canonisé par Grégoire IX. en apr. J.-C. Débloquer le niveau 1233. Son successeur immédiat, Jordanus, écrivit sa première biographie, ornée, comme on pouvait s’y attendre, de miracles sans fin.
98.8. Selon les règles constitutionnelles de l’ordre, rassemblées et révisées par le troisième général de l’ordre, Raimund de Pennaforte, vers l’an 2010. En 1238, le général qui se trouve à la tête de tout l’ordre, résidant à Rome, magister generalis, est élu à vie au chapitre général qui se tient chaque année à la Pentecôte, et il nomme ses propres socii comme assistants consultatifs. Le gouvernement des provinces est dirigé par un provincial élu tous les quatre ans par le chapitre provincial, assisté de quatre définiteurs consultatifs, et chaque cloître élit son prieur. Le mode de vie était déterminé par des règles strictes, des jeûnes sévères étaient prescrits, impliquant une stricte abstinence de l’usage de la chair, et pendant certaines heures de la journée, un silence absolu devait être observé. En matière d’habillement, seuls les vêtements en laine étaient autorisés. La robe se composait d’une robe blanche avec un scapulaire blanc et d’une petite poche pointue ; mais à l’extérieur du cloître, on portait par-dessus un manteau noir avec une caches. Du jeu favori sur le nom dominicain, Domini canes, par opposition aux chiens muets d’Ésaïe lvi. 10, l’ordre adopta comme armoiries un chien avec le flambeau de la vérité dans sa gueule. La vocation particulière de l’ordre en tant que prédicateurs et adversaires de l’hérésie exigeait une formation scientifique approfondie. Chaque province de l’ordre devait donc avoir un séminaire capable de donner une éducation théologique supérieure aux membres de l’ordre, auquel ils donnaient le nom de studium generale, emprunté aux universités, bien que le prédicat fût ici employé dans un sens beaucoup plus restreint (comp. 99, 3). Mais des désirs ambitieux de réputation scientifique les incitèrent à obtenir l’autorisation d’instituer des chaires de théologie à l’Université de Paris, le séminaire théologique le plus célèbre de l’époque. L’entreprise fut favorisée par un conflit de la reine Blanca avec les médecins parisiens, à la suite de quoi ils quittèrent la ville et rassemblèrent pour un temps leurs étudiants autour d’eux en partie à Reims, en partie à Angers, tandis que les dominicains, encouragés par l’évêque, établissaient leur première chaire dans les places vacantes de l’A.D. Débloquer le niveau 1230. Les franciscains accomplirent aussi le même but à cette époque. Les vieux professeurs, à leur retour, usèrent de tous les moyens en leur pouvoir pour chasser les intrus, mais ils furent complètement battus après près de trente ans de lutte passionnée, et l’éducation de la théologie scolastique fut désormais le monopole des deux ordres mendiants (103, 3). L’art de l’architecture et de la peinture ecclésiastiques, qui, à cette époque, atteignit un degré de perfection jusque-là inégalé, trouva dans l’ordre de la prédication beaucoup de ses ornements et de ses maîtres les plus distingués. Et dans le zèle pour les missions auprès des mahométans et des païens, les franciscains seuls pouvaient être comparés à eux. Mais l’ordre atteignit l’apogée de sa réputation, de son influence et de sa puissance lorsque Grégoire IX, en apr. J.-C. 1232, lui attribua le contrôle exclusif de l’inquisition des hérétiques ( 109, 2). La vénération des masses pieuses du peuple, qui préféraient confier leurs confessions secrètes aux moines itinérants, excita contre les deux ordres la haine du clergé séculier, la préférence que leur témoignaient les papes éveilla l’envie des autres ordres, et leurs succès dans les travaux scientifiques.Les savants s’attirèrent sur eux la mauvaise volonté des savants. Les circonstances ont donc rendu nécessaire pendant longtemps que les deux ordres fussent bien ensemble pour un combat et une défense unis. Mais après que tous ces obstacles eurent été surmontés avec succès, la rivalité qui avait été supprimée par une communauté temporaire d’intérêts éclata d’autant plus amèrement dans l’effort pour s’assurer une influence mondiale, intensifiée par l’opposition des théories philosophico-dogmatiques ( 113, 2). ainsi que par la différence dans l’interprétation et l’explication de la doctrine de la pauvreté, à l’égard de laquelle ils se disputaient les uns avec les autres de la manière la plus violente et la plus passionnée (112, 2). Ayant entre leurs mains l’administration de l’Inquisition, l’ordre de la prédication obtint un avantage important sur les minorites ; tandis que ceux-ci, d’autre part, étaient beaucoup plus populaires parmi le peuple que les dominicains orgueilleux et ambitieux, qui s’occupaient de la haute politique civile et ecclésiastique en tant que conseillers et confesseurs des princes et des nobles.
98.9. À chacun des deux ordres mendiants fut attachée de bonne heure une branche féminine, qui fut fournie par le saint qui fonda l’ordre primitif avec une règle adaptant l’idéal de pauvreté de son ordre à la vocation féminine, et donc désignée et considérée comme son « second ordre ».
98.10. Les autres ordres mendiants. — Le brillant succès des franciscains et des dominicains amena d’autres sociétés, soit qu’elles existassent auparavant, soit qu’elles viennent d’exister, à adopter le caractère de mendiants. Seuls trois d’entre eux ont réussi, bien qu’à un degré beaucoup moindre que leurs modèles, à gagner une position, un nom et une extension dans tout l’Occident. Le premier d’entre eux fut l’Ordre du Carmel. Il doit son origine au croisé Berthold, comte de Limoges, qui, en A.D.En 1156, il fonda un monastère au ruisseau d’Élie sur le mont Carmel, auquel il fut consacré en 1156 . En 1209, le patriarche de Jérusalem prescrivit la règle de saint Basile (44, 3). Pressées par les Sarrasins, les carmélites émigrèrent en J.-C. 1238 à l’Occident, où, en tant qu’ordre mendiant, sous le nom de Frates Mariæ de Monte Carmelo, ils répudièrent avec une hardiesse sans exemple leur fondateur Berthold, et soutenaient que le prophète Elie avait été lui-même leur fondateur, et que la Vierge Marie avait été une sœur de leur ordre. Ce dont ils s’enorgueillissaient le plus, c’était le scapulaire sacré que la Mère de Dieu elle-même avait conféré à Simon Stock, le général de l’ordre en A.D. 1251, avec la promesse que quiconque mourrait en le portant serait assuré de la béatitude éternelle. Soixante-dix ans plus tard, selon les légendes de l’ordre, la Vierge est apparue au pape Jean XXII. et lui dit qu’elle descendait tous les samedis au purgatoire, afin d’emmener ces âmes au ciel. Au XVIIe siècle, alors que de violentes controverses avaient surgi sur ce point, Paul V. authentifié les qualités miraculeuses de ce scapulaire, en supposant toujours que les jeûnes et les prières prescrits n’étaient pas négligés. Chez les Carmélites, tout comme chez les franciscains, des principes plus relâchés devinrent bientôt courants, provoquant des controverses et des scissions qui se poursuivirent jusqu’au XVIe siècle (149, 6). L’Ordre des Augustins est né de la fusion de plusieurs sociétés monastiques italiennes. Innocent IV. en apr. J.-C. 1243 leur prescrivit la règle de saint Augustin (45, 1) comme le répertoire de leur vie commune. Ce n’était que sous Alexandre IV. en apr. J.-C. 1256 qu’ils ont été soudés ensemble en un seul ordre sous le nom d’Ordo Fratrum Eremitarum S. Augustini, avec les devoirs et les privilèges des moines mendiants. Leur ordre s’étendit dans tout l’Occident et jouit de la faveur spéciale de la chaire pontificale, qui conféra à ses membres la distinction permanente de sacristain à la chapelle pontificale et d’aumônier du Saint-Père (Suite, 112, 5). comme le cinquième de la série des ordres mendiants, nous rencontrons l’ordre des servites, Servi b. Virg., consacré à la Vierge, et fondé en A.D. 1233 par sept pieux Florentins. Cependant, il a été reconnu pour la première fois comme un ordre mendiant par Martin V, et n’a eu le même rang que les quatre autres qui lui ont été accordés seulement en J.-C. 1567 par Pie V.
98.11. Confréries pénitentielles et tertiaires des ordres mendiants. — Carl Müller fut le premier à jeter la lumière sur cette période obscure de l’histoire des franciscains. Les résultats de ses recherches sont essentiellement les suivants : à la suite de l’apparition de saint François comme prédicateur de la repentance et du royaume de Dieu, il s’éleva un mouvement religieux qui, non seulement eut pour résultat de s’assurer de nombreuses adhérentes à l’association des Frères mineurs dirigée par lui-même, ainsi qu’à la société des « pauvres femmes »« s’attachant à sainte Claire, mais aussi éveillé chez beaucoup, qui par le mariage et les devoirs familiaux étaient empêchés d’entrer dans ces ordres, le désir de mener une vie de pénitence et d’ascèse a été retiré de l’agitation bruyante du monde dans le calme de leurs propres maisons tout en continuant leurs emplois industriels et l’accomplissement des devoirs civils. Comme étant issus du mouvement inauguré par saint François, ces « Fratres pœnitentiæ » se désignaient eux-mêmes comme « le tiers-ordre de saint François » et, comme tels, prétendaient qu’ils ne devaient pas être dérangés dans leur vie pénitentielle retirée pour s’engager dans des services pour l’État, des services militaires, etc. C’est ainsi qu’ils entrèrent fréquemment en conflit avec les tribunaux civils. Bien que dans cette direction puissamment soutenues par la curie pontificale, les confréries étaient d’autant moins en mesure de faire valoir leur revendication d’immunité à mesure qu’elles se répandaient et devenaient plus nombreuses dans les villes d’Italie, et que plus la ruée dans leurs rangs devenait de jour en jour de la part de toutes les classes, hommes et femmes. mariés et célibataires. Le droit de direction spirituelle et de visite de ceux-ci a été attribué en J.-C. 1234 par Grégoire IX aux évêques ; mais en A.D. 1247 Innocent IV, à la demande des minorites, publia une ordonnance d’après laquelle ce droit devait leur être accordé, mais ils ne purent en aucun cas l’exécuter. Non seulement le clergé séculier s’y opposa, mais il fut vigoureusement aidé dans sa résistance par les dominicains. En 1209, au début de la croisade des Albigeois, saint Dominique avait fondé, à Toulouse, une association d’hommes et de femmes mariés sous le nom de Militia Christi, qui, reconnaissable au port d’un costume commun, entreprit de défendre la foi de l’Église contre les hérétiques, de restituer à nouveau tous les biens qu’ils s’étaient injustement appropriés. pour protéger les veuves et les orphelins, etc. Cette milice a migré de la France vers l’Italie. Bien qu’elle ait été fondée à l’origine dans un but tout à fait différent de celui des confréries pénitentielles, elle avait les mêmes privilèges que ceux dont jouissait les papes, et s’y assimilait en grande partie en ce qui concerne le mode de vie et les pratiques ascétiques, et s’est pratiquement amalgamée avec eux. Cependant les confréries pénitentielles formaient toujours un territoire neutre, sur lequel, selon les circonstances, tantôt le clergé séculier, tantôt l’un ou l’autre des deux ordres mendiants, mais beaucoup plus fréquemment le clergé minorite, exerçaient des droits de visite. La première tentative d’opérer une séparation définitive émana des Dominicains, dont le septième général, Murione de Zamorra, prescrivait une règle aux confréries pénitentielles qui étaient plus étroitement liées à son ordre. Lorsqu’ils l’adoptèrent, ils furent relâchés de la prison.Il y a un certain nombre d’hommes qui ne sont pas d’accord avec l’ordre de la prédication. En apr. J.-C. En 1288, cependant, Jérôme d’Arcoli, l’ancien général des franciscains, monta sur le trône pontifical sous le nom de Nicolas IV, et employa maintenant tous les moyens en son pouvoir pour assurer à son propre ordre la suprématie dans tous les domaines. L’année suivante, A.D. En 1289, il publia le projet de loi Supra montem, dans lequel il prescrivait (statuimus) une règle à lui pour toutes les confréries pénitentielles ; puis, comme sur ce point, par égard pour le puissant ordre dominicain, il n’osait faire plus que simplement recommander, ajoutait l’avis (consulimus), que la visite et l’instruction de ceux-ci fussent confiées aux supérieurs mineurs, donnant comme raison que toutes ces institutions devaient leur origine à saint François. Cependant, contre la prescription et contre l’avis, les évêques, tant dans l’intérêt de leurs propres prérogatives que pour la protection de leur clergé, menacé de vocation et de revenus, élevèrent une protestation vigoureuse et persistante, qui finit cependant par succomber devant le pouvoir suprême du pape et la préférence marquée du peuple pour le clergé des ordres. Les confréries qui adoptaient la règle qui leur était ainsi imposée se trouvaient maintenant dans la position de rivales, à côté de celles de saint Dominique, comme « Fratres de pœnitentia » S. Francisci. Les pénitentiels dominicains adoptèrent par la suite le nom et le caractère de « troisième ordre de saint Dominique » ou « tertiaires ». Dans les légendes franciscaines, cependant, la règle rédigée par Nicolas IV. bientôt représentée comme celle prescrite aux pénitentiels lors de leur première apparition en apr. J.-C. 1221 par saint François lui-même, seulement ratifiée de nouveau par le pape, et a été généralement considérée comme telle jusqu’à nos jours. — L’accroissement rapide de la puissance et de l’influence que les deux ordres mendiants plus anciens doivent aux Sociétés tertiaires, a également incité les ordres mendiants ultérieurs à les imiter dans le cadre de leur activité. En franchissant les Alpes, les confréries pénitentielles trouvèrent de ce côté-ci une porte ouverte, — les frères franciscains étant particulièrement nombreux, — et entrèrent en relations singulièrement intimes avec les sociétés de Beghard qui s’y étaient formées, formant, comme elles, des associations de type monastique.
98.12. Corporations ouvrières d’un ordre monastique.―(1) Au XIe siècle, à mi-chemin entre le mode de vie strictement monastique et le mode de vie séculier, un certain nombre de pieuses familles d’artisans de Milan, pour la plupart des tisserands, sous le nom d’Humiliati, adoptèrent une vie communautaire avec des exercices spirituels et une communauté d’artisanat et de biens. Tout le profit tiré de leur travail était consacré aux pauvres. Les mariés ont poursuivi leurs relations matrimoniales après leur entrée dans la communauté. Au XIIe siècle, cependant, il s’éleva parmi eux un parti qui s’engagea par des vœux de célibat, et à eux fut ensuite attachée une congrégation de prêtres. Leur société a été reconnue pour la première fois par Innocent III. en apr. J.-C. Débloquer le niveau 1021. Mais entre-temps, beaucoup d’entre eux étaient tombés sous l’influence d’Arnold (108, 6), et s’était donc éloigné de l’Église catholique. Plus tard, ceux-ci se rattachèrent aux Vaudois français, les Pauperes de Lugduno, adoptèrent leurs vues caractéristiques et, par souci de distinction, prirent le nom de Pauperes Italici (108, 12). à tous égards aux Humiliati lombards, mais qui s’en distinguaient par la séparation des sexes et l’obligation universelle du célibat, étaient les communautés des Béguines et des Bégriers. La priorité d’origine appartient aux béguines. Ils prononcèrent les trois vœux monastiques, mais seulement tant qu’ils appartenaient à la société. Par conséquent, ils pouvaient à tout moment se retirer et entrer dans le mariage et d’autres relations de la vie sociale. Ils vivaient sous la direction d’une dame supérieure et d’un prêtre dans ce qu’on appelait une béguine, Curtis Beguinarum, qui se composait généralement d’un certain nombre de petites maisons reliées entre elles par un mur d’enceinte. Chacune avait sa propre maison, bien qu’à son entrée, elle ait remis ses biens à la communauté et qu’en se retirant, elle les ait récupérés. Ils s’occupaient des travaux manuels et de l’éducation des filles, de l’éducation spirituelle des femmes, de la couture, de la lessive et de l’allaitement des pauvres dans les maisons de la ville. L’excédent des revenus sur les dépenses était appliqué aux œuvres de bienfaisance. Chaque maison de béguines avait son propre costume et sa propre couleur. Ces institutions se répandirent bientôt dans toute la Belgique, l’Allemagne et la France. La première maison béguine que nous connaissons a été fondée vers 1180 à Liège, par le célèbre prêtre et prédicateur populaire, Lambert la Bèghe, c’est-à-dire le Bègue-bègue. Hallmann pense que le nom de la société peut avoir été dérivé de celui du prédicateur. Les auteurs antérieurs, sans rien d’autre pour les soutenir qu’une vague similitude de son, avaient coutume de le faire dériver de Begga, fille de Pépin de Landen au VIIe siècle. Le plus probable de tous, cependant, est la dérivation de Mosheim de « beggan », qui signifie non pas prier, « beten », une sœur qui prie, mais mendier, comme l’anglais moderne, et prouve ainsi que l’institut se composait à l’origine d’une collection de pauvres femmes sans défense. On peut comparer à cela l’appellation « Lollards », 116, 3. le modèle des communautés béguines y a rapidement fait naître des communautés d’hommes, les mendiants, avec des tendances similaires. Ils vivaient de l’artisanat, principalement du tissage. Mais même au XIIIe siècle, la corruption et l’immoralité ont fait leur apparition dans les deux cas. Frères et sœurs du Nouveau ( 108, 4) et de l’Esprit Libre ( 116, 5), Fratricelli ( 112, 2) et d’autres hérétiques, persécutés par l’Église, se réfugièrent dans leurs unions et les infecta de leurs hérésies. L’Inquisition ( 109, 2) les surveillaient de près, et beaucoup furent exécutés, surtout en France. Le 15e Concile général à Vienne, en A.D. 1312, condamna huit de leurs positions comme hérétiques. Il y avait maintenant une multitude de maisons de béguines et de beghards renversées. D’autres n’ont survécu qu’en passant dans les tertiaires des franciscains. Plus tard, les papes ont pris sous leur protection les communautés qui étaient exemptes de soupçons. Mais même parmi ces nombreuses formes d’immoralité éclatèrent, le concubinage entre béguines et mendiants, et la mondanité, obligeant ainsi les autorités civiles et ecclésiastiques à intervenir à nouveau. Les syndicats qui subsistaient encore à l’époque de la Réforme étaient pour la plupart sécularisés. Ce n’est qu’en Belgique que quelques maisons de béguines ont continué d’exister jusqu’à nos jours en tant qu’institutions pour l’entretien des femmes célibataires de la classe des citoyens.287
98.13. L’Ordre Spirituel des Chevaliers.—La particularité de l’Ordre des Chevaliers consiste dans la combinaison des trois vœux monastiques de pauvreté, de chasteté et d’obéissance avec le vœu de maintenir une lutte constante contre les infidèles. Les plus importantes de ces commandes étaient les suivantes.
En Espagne aussi, divers ordres de chevaliers spirituels ont surgi sous le vœu de combattre avec les Maures (95, 2). Les deux plus importants étaient l’Ordre de Calatrava, fondé en J.-C. 1158 par le moine cistercien Velasquez pour la défense de la ville frontière de Calatrava, et l’Ordre d’Alcantara, fondé en J.-C. 1156 dans le même but. Les deux ordres ont été confirmés par Alexandre III. et il acquit une grande renommée et une richesse encore plus grande dans les guerres contre les Maures. Sous Ferdinand le Catholique, le rang de Grand Maître des deux ordres passa à la couronne. Paul III. en apr. J.-C. 1540 libère les chevaliers du vœu de célibat, mais les oblige à devenir les champions de l’Immaculée Conception de la Vierge. Les deux ordres existent toujours, mais seulement en tant qu’ordres militaires de mérite.
98.14. Frères Ponts et Mercédaires.—Le nom de Frères Pontifex, Fratres Pontifes, a été donné à une union fondée sous Clément III, dans le sud de la France, en A.D. 1189, pour la construction d’hospices et de ponts aux endroits où les pèlerins traversaient les grands fleuves, ou pour le transport des pèlerins sur les ruisseaux. En guise d’insigne, ils portaient une pioche sur la poitrine. Leur constitution était calquée sur celle des Chevaliers de Saint-Jean, et lors de leur dissolution graduelle au XIIIe siècle, la plupart de leurs effectifs passèrent à cet ordre.―Petrus [Peter] Nolescens, né en Languedoc, de parents nobles et précepteur militaire d’un prince espagnol, ému par ce qu’il avait vu des souffrances des esclaves chrétiens de la part de leurs maîtres maures, et fortifié dans sa résolution par l’apparition de la Reine du Ciel, fondée en A.D. 1228 l’ordre chevaleresque des Mercédaires, Mariæ Virg. de mercede pro redemptione Captivorum. Ils consacraient tous leurs biens à l’achat de captifs chrétiens, et si un tel était en danger d’apostasier à l’Islam et que l’argent pour la rédemption n’était pas disponible, ils se livraient même en esclavage à sa place. Quand en A.D. En 1317, le Grand Commandeur passa aux mains des prêtres, l’ordre se transforma peu à peu en ordre monastique. Après J.-C. En 1600, à la suite d’une réforme sur le modèle de la règle des Pieds-Nus, il devint un ordre mendiant, recevant les privilèges d’autres fraternités de mendiants de Benoît XIII. Année 1725. L’ordre s’est avéré une institution utile de son temps en Espagne, en France et en Italie, et plus tard aussi en Amérique espagnole.
L’activité scientifique du Moyen Âge a reçu le nom de scolastique des écoles de la cathédrale et du cloître dans lesquelles elle a pris naissance (90, 8). Les scolastiques, avec leur enthousiasme et leur dévouement, leur fidélité et leur persévérance, leur courage et leur amour du combat, peuvent être appelés les chevaliers de la théologie. Au lieu de l’épée et de la lance, ils ont utilisé la logique, la dialectique et la spéculation ; et leur profonde érudition était leur cuirasse et leur casque. L’orthodoxie ecclésiastique était leur gloire et leur fierté. Aristote, et aussi, dans une certaine mesure, Platon, leur ont fourni leur base philosophique et leur méthode. Les Pères dans leurs déclarations, sententiæ, les conciles dans leurs dogmes et leurs canons, les papes dans leurs décrétales, ont cédé à cette scolastique dialectique un matériau théologique qu’elle pouvait utiliser pour la systématisation, la démonstration et l’illustration de la doctrine de l’Église. Si nous suivons un autre courant intellectuel, nous trouvons la scolastique mystique qui reprend, comme la tâche la plus élevée de la théologie, la recherche et la description de la vie cachée du penseur pieux en Dieu et avec Dieu, selon sa nature, son cours et ses résultats, au moyen de la contemplation spirituelle sur la base de l’expérience individuelle. La dogmatique (y compris l’éthique) et le droit canonique constituaient le domaine particulier de la théologie dialectique des scolastiques. La norme de la théologie dogmatique au XIIe siècle était le Livre des Sentences du Lombard (102, 5) ; celle du droit canonique, le décret de Gratien. L’exégèse biblique, en tant que département indépendant d’étude scientifique, se tenait, en effet, loin derrière ces deux-là, mais elle a été poursuivie avec diligence par les principaux représentants de la scolastique. L’examen du sens littéral simple, cependant, a toujours été considéré comme une considération secondaire ; alors qu’il était considéré comme de première importance de déterminer la signification allégorique, tropologique et anagogique du texte ( 90, 9).
99.1. Dialectique et mysticisme. — À l’exception du spéculatif Scot Erigène, les scolastiques de l’époque carlovingienne étaient d’un tournant pratique. Cela a été changé lors de l’introduction de la dialectique au 11ème siècle. Les intérêts pratiques cédèrent la place à l’amour pur de la science, et c’était maintenant le but des érudits de donner une forme scientifique et une forme logique parfaite aux doctrines de l’Église. La méthode de cette scolastique dialectique consistait à résoudre toutes les doctrines ecclésiastiques dans leurs idées élémentaires, à les classer et à les démontrer sous toutes les catégories possibles et à repousser toutes les objections possibles de la raison sceptique. Le but visé était la preuve du caractère raisonnable de la doctrine. Cette dialectique ne s’intéressait donc pas aux investigations exégétiques ou à la preuve de l’Écriture, mais plutôt à la démonstration rationnelle. D’une manière générale, la dialectique théologique s’est attachée au système ecclésiastique de l’époque en tant que positivisme ou dogmatisme ; car, s’appropriant le Credo ut intelligam d’Augustin, elle a fait de la foi le principal point de départ de sa pensée théologique et de l’élévation de la foi à la connaissance la fin à laquelle elle travaillait. D’un autre côté, cependant, le scepticisme a souvent fait son apparition, prenant non pas la foi, mais le doute comme point de départ de ses recherches, avec l’intention avouée, il est vrai, d’élever la foi à la connaissance, mais en reconnaissant seulement comme digne de foi ce qui a survécu au feu purificateur du doute. nous rencontrons la scolastique mystique, qui ne faisait pas appel à la raison, mais au cœur, et cherchait par la contemplation spirituelle plutôt que par la dialectique à faire progresser à la fois la science théologique et la vie chrétienne. Son objet n’est pas la dogmatique en tant que telle, ni le développement de Fides quæ creditur, mais la vie en communion avec Dieu, le développement de Fides qua creditur. Par l’absorption contemplative de l’âme dans la profondeur de la vie divine, elle recherche une vision, une expérience et une jouissance immédiates du Divin, et comme condition indispensable pour cela, elle exige la pureté du cœur, l’amour de Dieu dans l’âme et l’abnégation complète de soi. Ce que l’on gagne par la contemplation fait l’objet d’une déclaration scientifique, et c’est ainsi qu’on s’élève jusqu’au mysticisme spéculatif. La contemplation et le mysticisme spéculatif, en ce qui concerne leur procédé scientifique, sont tous deux embrassés sous le nom de mysticisme scolastique. Cependant, l’effort pratique, après l’approfondissement et l’amélioration de la vie chrétienne dans le sens d’une communion réelle et personnelle avec Dieu, s’est avéré plus important et a rapidement dépassé la tentative scientifique de compiler et de formuler les faits de l’expérience intérieure. Le mysticisme pratique a ainsi pris l’ascendant au cours des XIIe, XIIIe et XIVe siècles, et a constitué la quête préférée des nombreux pensionnaires des couvents (107).
99.2. La base philosophique de la scolastique dialectique a été obtenue principalement à partir de la philosophie aristotélicienne, qui, jusqu’à la fin du XIIe siècle, n’était connue d’abord que par les traductions latines de l’arabe et même de l’hébreu, et ensuite par les traductions latines des originaux grecs (103, 1). Outre Aristote, Platon avait aussi ses admirateurs enthousiastes au Moyen Âge. L’étude des écrits d’Augustin et de l’Aréopeur ( 90, 7) Les mystiques spéculatifs s’opposèrent vigoureusement à la suprématie d’Aristote.— Au début de la carrière philosophique de la scolastique, au XIe siècle, nous rencontrons la controverse d’Anselme et de Roscellin [Roscelin] sur les rapports de la pensée et de l’être ou de l’idée et de la substance des choses (101, 3). Les nominalistes, suivant les principes des stoïciens, soutenaient que les notions générales, Universalia, ne sont que de simples abstractions de l’entendement, Nomina, qui, en tant que telles, n’ont aucune réalité en dehors de l’esprit humain, Universalia post res. Les réalistes, au contraire, affirmaient la réalité des notions générales, les considérant comme des existences objectives antérieures et séparées de la pensée humaine. Mais il y avait deux sortes de réalisme. L’une, basée sur la doctrine platonicienne des idées, enseignait que les notions générales existent réellement avant l’origine des diverses choses en tant qu’archétypes dans la raison divine, et ensuite aussi dans l’esprit humain avant la contemplation des choses empiriquement données, Universalia ante res. L’autre, s’appuyant sur la doctrine d’Aristote, les considérait comme résidant dans les choses elles-mêmes et comme entrant d’abord dans l’esprit humain par l’expérience, Universalia in rebus. Le réalisme platonicien pensait parvenir à la connaissance des choses par la pensée pure à partir des idées latentes dans l’esprit humain ; l’aristotélicien, au contraire, ne pensait acquérir la connaissance des choses que par l’expérience et la pensée sur les choses elles-mêmes.
99.3. Les pépinières de la scolastique. — Le travail qui se faisait auparavant dans les cathédrales et les écoles de cloître a été, à partir du XIIe siècle environ, repris d’une manière plus complète et plus approfondie par les universités. Ils étaient, quant à leur origine, indépendants de l’Église et de l’État, de l’empereur et du pape. Çà et là, des professeurs célèbres surgirent dans les grandes villes ou en liaison avec quelque cloître célèbre ou quelque école de cathédrale. Des jeunes de tous les pays se sont rassemblés autour d’eux. Autour de l’enseignant qui a d’abord attiré l’attention, d’autres se sont peu à peu regroupés. Les enseignants et les érudits s’organisèrent en corporation, et c’est ainsi que naquit l’Université. Mais nous n’entendons par là rien de moins qu’une Universitas litterarum, où l’on s’occupait de tout le cercle des sciences. Pendant longtemps, il n’a pas été question d’une répartition en facultés. Lorsque la multitude des enseignants et des étudiants exigeait une distribution en plusieurs corporations, cela se faisait selon les nations. Le nom signifie l’Universitas magistrorum et scholarium plutôt qu’un tout articulé. L’étude poursuivie ici s’appelait Studium generale ou universale, parce que l’entrée y était ouverte à tous. Au début, chaque université poursuivait exclusivement et, plus tard, surtout un département spécial de sciences. C’est ainsi que la théologie a été poursuivie à Paris et à Oxford et plus tard à Cologne, la jurisprudence à Bologne, la médecine à Salerne. La première université qui prévoyait expressément l’enseignement de toutes les sciences fut fondée à Naples en l’an J.-C. 1224 avec la munificence impériale de Frédéric II. La première tentative de distribution des sciences entre des facultés distinctes a été occasionnée par la lutte entre l’université de Paris et les moines mendiants (103, 1). qui se séparèrent des autres professeurs de théologie et, en tant que membres d’une guilde, se formèrent en A.D. 1259 en faculté de théologie. Le nombre des étudiants, parmi lesquels se trouvaient beaucoup d’années mûres, était immensément grand, et dans quelques-unes des universités les plus célèbres atteignait souvent dix ou même vingt mille. Un cours de dix ans était prescrit pour la formation des moines de Clugny : deux ans de Logicalia, trois ans de Literæ naturales et philosophicæ, et cinq ans de Théologie. Le Concile de Tours en A.D. 1236 insistait sur le fait que chaque prêtre devait suivre un cours d’études de cinq ans.291
99.4. Les époques de la scolastique. — L’œuvre intellectuelle des théologiens du moyen âge de notre époque s’est déroulée en quatre époques, dont les limites coïncident à peu près avec les limites des quatre siècles qui composent cette période.
99.5. Le droit canonique.―Après le Pseudo-Isidore (87, 2) De nombreux recueils de lois ecclésiastiques ont été publiés. Ils ont cherché à rendre le matériel plus complet, en agrandissant intentionnellement ou involontairement les faux et en rassemblant les déclarations les plus contradictoires sans aucune tentative de comparaison ou de criblage. Les plus célèbres d’entre elles étaient les collections des évêques Burchard de Worms vers J.-C. 1020, Anselme de Lucques, mort en 1020 . 1086, neveu du pape du même nom, Alexandre II, et Ivo de Chartres, qui mourut en A.D. Débloquer le niveau 1116. Alors le moine camalolite Gratien de Bologne entreprit non seulement de rassembler les matériaux sous une forme plus complète qu’on ne l’avait fait jusqu’alors, mais aussi de concilier les affirmations contradictoires par une argumentation scolastique. Son travail est paru vers J.-C. 1150 sous le titre de Concordantia discordantium canonum, et est communément appelé Decretum Gratiani. Une grande impulsion a été donnée à l’étude du droit canonique au moyen de cet ouvrage, surtout à Bologne et à Paris. Outre les Légistes, qui enseignaient le droit romain, il s’éleva de nombreux décrétistes qui enseignèrent le droit canonique et écrivirent des commentaires sur l’œuvre de Gratien. Grégoire IX. Il avait un nouveau recueil de décrets de conciles et de décrétales en cinq livres, le soi-disant Liber extra Decretum, ou bientôt Extra ou Decretum Gregorii, rédigé par son confesseur et Grand Pénitencier, le savant dominicain Raimundus [Raimund] de Pennaforti [Pennaforte], et l’envoya en A.D. 1234 à l’Université de Bologne. Boniface VIII. en apr. J.-C. 1298 ajouta à ce recueil en cinq parties son Liber Sextus, et Clément V en A.D. 1314 ajouta ce qu’on appelle d’après lui les Clementinæ. À partir de ce moment-là jusqu’à notre ère. En 1483, les décrétales des papes ultérieurs ont été ajoutées en appendice sous le nom d’Extravagantes, et avec celles-ci a été conclu le Corpus juris canonici. Une édition officielle a été commencée en J.-C. 1566 par les soi-disant Correctores Romani, qui, en A.D. En 1580, il reçut la sanction papale comme faisant autorité pour tous les temps à venir.292
99.6. Les scolastiques en tant que tels n’ont rien apporté à la littérature historique. Les histoires ne s’écrivaient pas dans les salles des universités, mais dans les cellules des monastères. Il y en avait trois sortes, comme nous l’avons déjà vu en 90, 9. Pour les travailleurs du département d’histoire biblique, voir 105, 5 ; et des Légendes des Saints, 104, 8. Pour l’histoire de l’Église ancienne, Rufin et Cassiodore étaient les autorités et les manuels communs (5, 1). Un exemple intéressant de la manière dont l’histoire universelle a été traitée lorsque la culture médiévale avait atteint son apogée, est fourni par le Speculum magnum s. quadruplex du dominicain Vincent de Beauvais (Bellovacensis). Ce traité a été composé vers le milieu du XIIIe siècle sur l’ordre de Louis IX. de France comme manuel pour l’instruction des princes royaux. Il forme un exposé encyclopédique de toutes les sciences de l’époque en quatre parties : Speculum historiale, naturale, doctrinale et morale. Le Speculum doctrinale s’interrompt juste au point où il aurait dû passer à la théologie proprement dite, et le Speculum moral est une compilation ultérieure d’une main inconnue.293
En contraste avec la brillante érudition théologique et l’activité de la vie religieuse au IXe siècle, ainsi qu’avec la culture remarquable et les réalisations scientifiques des Maures espagnols avec leur école de renommée mondiale à Cordoue, l’obscurité du Xe siècle semble d’autant plus évidente, en particulier sa première moitié, lorsque la papauté a atteint ses profondeurs les plus basses. Le clergé céda à la mondanité sans rougir et l’Église fut consumée par la corruption la plus immonde. À cette époque, en effet, il y avait des lueurs de lumière même en Italie, mais seulement comme un feu follet s’élevant des prairies marécageuses, une explosion fanatique en faveur de l’ancien paganisme classique. La littérature de cette époque était en antagonisme direct et avoué avec la théologie chrétienne et l’Église chrétienne, et faisait l’éloge d’une frivolité impie et de la sensualité la plus déguisée. Un grammairien, Wilgarde de Ravenne, enseignait ouvertement que Virgile, Horace et Juvénal étaient meilleurs et plus nobles que Paul, Pierre et Jean. L’Église avait encore assez d’autorité pour obtenir sa mort comme hérétique, mais dans presque toutes les villes d’Italie, il avait des sympathisants, et cela parmi le clergé aussi bien que parmi les laïques. Ce ne fut que par l’influence des moines de Clugny que les efforts ascétiques réformateurs de Romuald (98, 1) et saint Nil le Jeune, un très célèbre reclus grec de Gaète, mort en J.-C. 1005, aidé par les mesures réformatrices pour la purification de l’église prises par les empereurs saxons, que cet esprit impur fut progressivement chassé. Les célèbres efforts d’Alfred le Grand et leur succès temporaire ont été emportés dans la tombe avec lui-même. D’après J.-C. Cependant, la réforme de Dunstan éveilla de nouveau en Angleterre l’appréciation d’un désir de culture théologique et nationale. Le lien de la maison impériale d’Otton avec Byzance suscita également en dehors de l’Italie une nostalgie de l’ancien savoir classique. La chapelle impériale fondée par le frère d’Otton Ier, Bruno le Grand ( 97, 2), devint l’école de formation d’un clergé haut-allemand, qui y fut soigneusement formé, dans la mesure où les moyens dont disposait l’époque, non seulement en politique, mais aussi en théologie et en études classiques.
100.1. Le degré auquel les études classiques ont été poursuivies en Allemagne à l’époque de la maison impériale saxonne est montré par les travaux de la savante religieuse Roswitha de Gandersheim, au nord de Göttingen, qui mourut vers J.-C. Débloquer le niveau 984. La première édition de ses œuvres, qui comprend six drames sur des thèmes bibliques et ecclésiastiques dans le style de Térence, en prose entrecoupée de rimes, ainsi que huit légendes, une histoire d’Otton Ier et une histoire de la fondation de son cloître en hexamètres léonins, a été publiée par l’humaniste Conrad Celtes, avec des gravures sur bois de Dürer en J.-C. 1501. ― Notker Labeo, président de l’école du cloître de Saint-Gall, mort en . 1022, enrichit la vieille littérature allemande par des traductions des Psaumes, de l’Organon d’Aristote, des Moralia de Grégoire le Grand, et de divers écrits de Boèce [Boëthius].―En Angleterre, les efforts éducatifs de saint Dunstan (97, 4) furent puissamment soutenus par l’évêque Ethelwold de Winchester, qui, tout à fait dans l’esprit d’Alfred le Grand (90, 10) travaille sans relâche avec ses élèves à l’extension et à l’enrichissement de la littérature anglo-saxonne. Parmi ses érudits, le plus célèbre était de loin Aelfric, surnommé Grammaticus, qui prospéra vers J.-C. Débloquer le niveau 990. Il écrivit une grammaire anglo-saxonne, prépara un recueil d’homélies pour tous les dimanches et fêtes et une traduction libre des sermons des Pères latins, traduisit aussi l’heptateuque de l’Ancien Testament et écrivit des traités sur d’autres parties de l’Écriture et sur des questions bibliques.295
100.2. L’Italie a produit, au cours de la seconde moitié du siècle, de nombreux théologiens éminents et importants en leur temps. Atto, évêque de Verceil, mort vers l’an 2000. 960, s’est distingué par ses compilations exégétiques sur les épîtres de Paul, et comme un prédicateur et un vigoureux adversaire des oppresseurs de l’Église en ces temps difficiles. Plus important encore était son jeune contemporain Ratherius, évêque de Vérone, plus tard de Liège, mais chassé à plusieurs reprises de l’un et de l’autre, qui mourut après J.-C. Débloquer le niveau 974. Réformateur strict et zélé des mœurs cléricales, il insistait sur l’étude attentive de la Bible et s’opposait avec ardeur au paganisme inviolable des érudits italiens de son époque, ainsi qu’à toutes sortes d’hypocrisie, de superstition et de corruptions ecclésiastiques. Ceci, ainsi que son attachement aux intérêts politiques de la cour d’Allemagne, l’exposa à de nombreuses persécutions. Parmi ses écrits, on peut citer le De contemptu canonum, les Meditationes cordis, l’Apologia sui ipsius, le De discordia inter ipsum et clericos. 942, célèbre comme auteur d’hymnes et prédicateur, et, dans son Collationum Ll. iii., comme un réprobateur zélé des mœurs corrompues de son époque. En Angleterre et en France, l’abbé de Fleury enseigna vers la fin du siècle. D’Angleterre, où il avait été amené à se rendre par saint Dunstan, il retourna au bout de quelques années dans son propre cloître de Fleury, et par ses dons académiques, il éleva son école à une grande renommée. Il a écrit sur l’astronomie, les mathématiques, la philosophie et l’histoire. Il composa aussi un traité de dialectique, dans lequel il apparaît comme le premier et le plus éminent précurseur des scolastiques. Élu abbé de son monastère et exerçant une discipline stricte sur ses moines, il mourut en martyr de la main d’un meurtrier en apr. J.-C. 1004. — Gerbert de Reims, plus tard pape Sylvestre II. ( 96, 3, 4), au cours de sa carrière active, il vécut en partie en France, en partie en Italie. Distingué à la fois par son érudition classique et arabe, il brilla au firmament de ce siècle sombre qui s’éteignait († apr. J.-C. 1003) comme une étoile de première grandeur en théologie, en mathématiques, en astronomie et en sciences naturelles, tandis que le peuple le considérait comme un magicien. Sous sa direction, l’école de Reims atteint le sommet de sa renommée.
Au cours du XIe siècle, avec l’élévation morale et spirituelle de l’Église, une attention passionnée a de nouveau été accordée à la science théologique. Elle fut d’abord principalement poursuivie dans les monastères cisterciens et parmi les moines de Clugny, puis dans les séminaires qui surgirent vers la fin du siècle. La méthode dialectique l’emporta de plus en plus dans la théologie, et dans la controverse eucharistique entre Lanfranc et Bérenger, ainsi que dans la controverse entre Anselme et Gaunilo sur l’existence de Dieu, et entre Anselme et Roscelin sur la Trinité, le dogmatisme obtint sa première victoire sur le scepticisme.
101.1. Les scolastiques les plus célèbres de ce siècle.
101.2. La controverse de l’Eucharistie de Bérenger, A.D. 1050-1079. — Bérenger de Tours élabora une théorie de l’eucharistie qui est directement antagoniste à la théorie de Radbert, aujourd’hui généralement répandue (91, 3). Il a enseigné que si les éléments sont changés et que le corps du Christ est réellement présent, ni le changement ni la présence ne sont substantiels. La présence de son corps est plutôt l’existence de sa puissance dans les éléments, et le changement du pain est la manifestation réelle de cette puissance sous forme de pain. Cependant, la condition de cette présence-puissance n’est pas seulement la consécration, mais aussi la foi de celui qui la reçoit. Sans cette foi, le pain est un signe vide et impuissant. De telles opinions ont été exprimées publiquement par lui et ses nombreux partisans pendant un long moment sans offenser en personne. Mais lorsqu’il les énonça formellement dans une lettre à son ami Lanfranc du Bec, cet ecclésiastique devint l’accusateur de Bérenger au synode de Rome en an J.-C. Débloquer le niveau 1050. Le synode l’a condamné sans l’entendre. Un second synode tenu la même année à Verceil, devant lequel Bérenger devait comparaître mais ne put le faire parce qu’il avait entre-temps été emprisonné en France, dans un accès de fureur fanatique, fit déchirer et brûler le traité de Ratramnus sur l’eucharistie, attribué à tort à Érigène, tandis que la doctrine de Bérenger était de nouveau condamnée. Pendant ce temps, Bérenger fut, par l’intervention d’amis influents, mis en liberté et fit la connaissance du puissant légat du pape Hildebrand, qui, soutenant par la simple doctrine de l’Écriture que le pain et le vin du sacrement étaient le corps et le sang du Christ, occupait probablement une position intermédiaire entre l’hypothèse grossièrement matérielle de Radbert et l’hypothèse dynamique de Bérenger. Peu enclin à favoriser le fanatisme des adversaires de Bérenger, Hildebrand se contenta d’exiger de lui au synode de Tours en A.D. 1054 une déclaration solennelle qu’il ne niait pas la présence du Christ dans la Cène, mais qu’il considérait les éléments consacrés comme le corps et le sang du Christ. Enhardi par cette décision et toujours persécuté par ses adversaires comme hérétique, Bérenger entreprit en A.D. En 1059, il se rendit à Rome, afin, comme il l’espérait, grâce à l’influence d’Hildebrand, d’obtenir un verdict papal distinct en sa faveur. Mais il y trouva une puissante opposition dirigée par le cardinal Humbert, passionné et pugnace (67, 3). Cette fête au Concile du Latran à Rome en A.D. En 1059, il obligea Bérenger, qui manquait vraiment beaucoup de force de caractère, à jeter ses écrits au feu et à jurer sur une confession composée par Humbert qui dépassait même la théorie de Radbert par la grossière corporéité de ses expressions. Mais, en France, il répudia aussitôt cet aveu par d’amères invectives contre Rome, et défendit de nouveau contre Lanfranc et d’autres ses opinions antérieures. L’âpreté de la controverse atteignit alors son paroxysme. Entre-temps, Hildebrand avait, en A.D. En 1073, il devient lui-même pape. Il s’efforça en vain de mettre fin à la controverse en faisant accepter à Bérenger une confession formulée en termes modérés admettant la présence réelle du corps et du sang dans la Cène. Le parti opposé n’hésita pas à jeter le soupçon sur l’orthodoxie du pape lui-même, et Hildebrand fut donc obligé, afin d’éviter l’orthodoxie.Il perdit la grande œuvre de sa vie dans une masse de controverses mineures, pour insister lors d’un second synode à Rome en J.-C. 1079 sur une confession non équivoque et décidée du changement substantiel du pain. Bérenger eut l’indiscrétion de parler de ses conversations privées avec le pape ; mais maintenant Grégoire lui ordonna sur-le-champ de reconnaître et d’abjurer son erreur. Avec crainte et tremblement, Bérenger obéit, et le pape le congédia avec un sauf-conduit, interdisant nettement toute nouvelle discussion. Courbé sous l’âge et les calamités, Bérenger se retira dans l’île de Saint-Côme, près de Tours, où il vécut en pénitent solitaire dans la pratique de l’ascétisme strict, et mourut à un âge avancé en paix avec l’Église en A.D. Débloquer le niveau 1088. Son œuvre principale est De Cœna S. adv. Lanfr.― Suite, 102, 5.
101.3. Les controverses d’Anselme.
Au XIIe siècle, la dialectique et le mysticisme se disputent la maîtrise dans le département de théologie. D’un côté, Abælard, en qui la dialectique sceptique avait son représentant le plus éminent. En face de lui se dresse Saint-Bernard, son adversaire le plus résolu. La dialectique théologique a ensuite pris un caractère éminemment dogmatique et ecclésiastique, entrant en relation étroite avec le mysticisme. Tandis que ce mouvement se poursuivait principalement en France, où l’Université de Paris attirait des professeurs et des savants de tous les pays, il passa de là en Allemagne, où le prévôt Gerhoch et son frère Arno lui apportèrent leur soutien actif en opposition à cette sorte de dialectique destructrice qui se répandait alors autour d’eux. Bien que la combinaison de la dialectique dogmatique et du mysticisme n’ait pas eu pendant longtemps de reconnaissance formelle, elle a finalement obtenu l’approbation des plus hautes autorités ecclésiastiques.
102.1. Le concours sur le sol français.
102.2.
Abælard soutenait, en opposition à la théorie augustinienne-anselmienne, que la foi précédait la connaissance, que seul ce que nous comprenons doit être cru. Il avait en effet l’intention que sa dialectique ne soit pas utilisée pour le renversement, mais pour l’établissement de la doctrine de l’Église. Il partait cependant du doute comme principe de toute connaissance, considérant tous les dogmes de l’Église comme des problèmes qui doivent être prouvés avant qu’on puisse les croire : Dubitando enim ad inquisitionem venimus, inquirendo veritatem percipimus. Il réduisait ainsi la foi à une simple probabilité et mesurait le contenu de la foi par la règle de la raison subjective. C’était particulièrement flagrant dans le cas de la doctrine trinitaire, qui se rapprochait avec lui du modalisme sabellien. Dieu, en tant que tout-puissant, doit être appelé Père, comme tout sage, le Fils, comme aimant et miséricordieux l’Esprit ; et ainsi l’incarnation devient une immanence purement temporelle et dynamique du Logos dans l’homme Jésus. L’importance de l’élément éthique dans le christianisme éclipsait tout à fait celle de l’élément dogmatique. Il enseignait que toutes les vérités fondamentales du christianisme avaient été préalablement proclamées par des philosophes et des poètes de la Grèce et de Rome, qui n’étaient guère moins inspirés que les prophètes et les apôtres, le service spécial de ces derniers consistant à donner de l’importance à ces vérités parmi les incultes. Il passe avec satisfaction de la théologie des Pères à celle des apôtres, et de là encore à la religion de Jésus, qu’il représente plutôt comme un réformateur introduisant une morale pure que comme un fondateur d’un système religieux. Mettant de côté la théorie de la satisfaction d’Anselme, il considère que la rédemption et la réconciliation de l’homme consistent en l’éveil de l’homme pécheur, au moyen de l’amour infini manifesté par l’enseignement et l’exemple du Christ, par sa vie, ses souffrances et sa mort sur la croix, un amour répondant d’une telle plénitude et d’une telle puissance, qu’il est ainsi libéré de la domination du péché et amené dans la liberté glorieuse des enfants de Dieu.298―Abælard la renommée et le nombre de partisans grandissaient d’une manière merveilleuse de jour en jour ; mais aussi de puissants adversaires ont mis en lumière ses hérésies et les ont combattues vigoureusement. Les plus importants d’entre eux étaient le moine cistercien Guillaume de Thierry et saint Bernard, qui attira l’attention sur la tendance dangereuse de son enseignement. Saint Bernard s’est occupé personnellement de l’hérétique, mais quand il n’a pas réussi à le convertir, il est apparu en J.-C. 1141 au synode de Sens comme son accusateur. Le synode a condamné comme hérétique une série de déclarations extraites de ses écrits par Bernard. Abælard en appela au pape, mais même ses amis de Rome, parmi lesquels se trouvait le cardinal Guido de Castella, plus tard le pape Cœlestine II, ne purent fermer les yeux sur ses hétérodoxies manifestes. Son amitié pour Arnold de Brescia s’est également prononcée contre lui à Rome (108, 7). Innocent II. c’est pourquoi Abælard et ses partisans furent excommuniés, condamnèrent ses écrits à être brûlés et lui-même enfermé dans un monastère. Abælard trouva un asile auprès de l’abbé Pierre le Vénérable de Clugny, qui non seulement se réconcilia avec Bernard, mais aussi, sur la base de son Apologie s. Confessio fidei, dans laquelle il se soumit au jugement de l’Église, obtint du pape la permission de passer ses derniers jours en paix à Clugny. C’est à cette époque qu’il composa son Hist. calamitatum Abælardi, une autobiographie épistolaire qui, sans être exempte de vanité et d’amertume, mérite cependant d’être classée parmi les « Confessions » d’Augustin pour son auto-accusation sans réserve et pour la profondeur de la connaissance de soi qu’elle révèle. Il mourut en apr. J.-C. 1142, au monastère de Saint-Marcellus à Châlons, où il s’était rendu en quête de santé. Il fut enterré dans l’abbaye du Paraclet, où Héloïse déposa sur son cercueil la lettre d’absolution de Pierre de Clugny. Vingt-deux ans plus tard, Héloïse elle-même reposait dans le même lieu de repos tranquille.299
102.3.
102.4.
102.5.
102.6. La controverse sur le sol allemand. — Le prévôt Gerhoch et son frère, le doyen Arno de Reichersberg en Bavière, étaient les représentants de l’école de Saint-Victor en tant que médiateurs entre la dialectique et le mysticisme. En apr. J.-C. 1150 Gerhoch adressa un mémoire à Eugène III, De corrupto ecclesiæ statu, et publia ensuite De investigatione Antichristi. Il a trouvé l’antéchrist dans les schismes pontificaux de son temps, dans l’ambition et la convoitise des papes, dans la corruptibilité de la curie, dans les multiples corruptions de l’Église, et surtout dans la diffusion d’une dialectique destructrice de tous les mystères de la foi. La controverse à laquelle ces deux frères s’intéressèrent le plus fut celle provoquée par la renaissance de l’adoptionnisme à la suite de l’enseignement des dialecticiens français, en particulier d’Abælard et de Gilbert. Elle a conduit à la formulation de la doctrine christologique sous une forme telle qu’elle a préparé la voie aux théories luthériennes ultérieures de la Communicatio idiomatum et de l’Ubiquitas corporis Christi (141, 9). Dans le sud de l’Allemagne, dans les écoles de Bamberg, de Freisingen et de Salzbourg, la dialectique d’Abælard, de Gilbert et du Lombard prédominait. Ses principaux représentants étaient Folmar de Triefenstein en Franconie et l’évêque Eberhard de Bamberg. La controverse a surgi à propos de la doctrine de l’eucharistie. Folmar avait soutenu, comme Bérenger, que ce n’est pas le corps réellement glorifié du Christ qui est présent dans le sacrement, mais seulement la substance spirituelle de sa chair et de son sang, sans muscles, sans tendons et sans os. Contre cette grossière conception capharnaïtique (Jean, VI, 52, 59), Gerhoch soutenait que le corps eucharistique est le corps même de la résurrection du Christ, dont la substance est une corporéité glorifiée, sans chair ni sang dans un sens charnel, sans tendons et sans os. L’évêque de Bamberg s’offusqua du rejet hardi de son ami de la doctrine approuvée par l’Église, et Folmar changea sa position au point d’admettre qu’il y avait sur l’autel non seulement le vrai, mais aussi le corps entier dans la perfection de sa substance humaine, sous la forme du pain et du vin. Mais lui et Abælard s’en tinrent néanmoins à leur erreur radicale, un démembrement dialectique des deux natures du Christ, selon lequel la divinité et l’humanité, le Fils de Dieu et le Fils de l’homme, étaient deux existences strictement séparées. Le Christ, enseignaient-ils, n’est, selon son humanité, Fils de Dieu que l’est un homme pieux, c’est-à-dire par adoption ; mais selon sa nature divine, il est comme le Père omniprésent, omnipotent et omniscient. En ce qui concerne sa nature humaine, il doit encore être dit par lui : « Mon Père est plus grand que moi. » Cependant, il habite corporellement dans le ciel, et il y est enfermé et confiné. Seule Sa nature Divine peut prétendre à Latria ou adoratio, adoration. Seule la Dulie, le cultus, la révérence, telle qu’elle est due aux saints, aux images et aux reliques, doit être donnée à son corps et à son sang sur l’autel. La doctrine de Gerhoch sur la Cène, d’autre part, se résume dans la proposition suivante : Celui qui reçoit la chair du Logos (Caro Verbi) reçoit aussi avec elle le Logos dans sa chair (Verbum carnis). Folmar et Eberhard dénoncèrent cela comme une hérésie eutychienne. Une conférence à Bamberg en A.D. L’année 1158, où Gerhoch était le seul représentant de ses opinions, se termina par la déclaration de ses adversaires qu’il avait été condamné pour hérésie. En apr. J.-C. En 1162, un concile à Friesach en Carinthie, sous la présidence de l’archevêque Eberhard de Salzbourg, arriva à la même conclusion.
102.7. Théologiens d’une tendance éminemment biblique et ecclésiastique-pratique.
102.8.
Tandis qu’Abælard s’efforçait de prouver que le christianisme était la religion de la raison, et qu’il était condamné par l’Église pour cela, son contemporain Bernard Sylvestre, professeur à l’école de Chartres, célèbre pépinière d’études classiques, cherchait à se libérer de toute référence à la théologie et à l’Église. Satisfait du platonisme en tant que religion authentiquement spirituelle, et ne ressentant donc aucun besoin personnel de l’Église et de ses consolations, il évita soigneusement toute allusion à ses dogmes, et resta ainsi en haute réputation comme enseignant et écrivain. Son traité, De mundi universitates. Megacosmus et Microcosmus, sous forme de dialogue, discutant dans un style dilettante, philosophant sur les phénomènes naturels, mi-poésie, mi-prose, était très populaire à son époque. Il en fut très différemment avec son érudit accompli et partageant les mêmes idées, Guillaume de Conches. La véhémence avec laquelle il se déclara chrétien catholique et non académicien éveilla les soupçons. Bien que, dans sa Philosophia mundi, parfois attribuée à tort à Honorius d’Autun, il ait soigneusement cherché à éviter toute contradiction entre la théorie biblique et ecclésiastique du monde, il n’a pas pu s’empêcher dans sa discussion de l’origine de l’homme de caractériser l’interprétation littérale de l’histoire de la création de l’Écriture comme une foi paysanne. Le livre tomba entre les mains de l’abbé Guillaume de Thierry, qui en accusa l’auteur à saint Bernard. L’opposition atteignit bientôt de telles proportions qu’il fut obligé de publier une rétractation formelle et, dans une nouvelle édition, de supprimer tout ce qui était répréhensible.
La scolastique a pris un nouveau départ au début du XIIIe siècle, et au milieu du siècle, elle a atteint son apogée. Le matériel nécessaire à son développement a été trouvé dans les œuvres d’Aristote et de ses exposants musulmans, et il a été habilement utilisé par des membres très doués des ordres franciscains et dominicains, de sorte que toute opposition à la philosophie scolastique a été vaincue avec succès. Les franciscains Alexandre de Hales et Bonaventura côtoient les brillants maîtres dominicains Albert le Grand et Thomas d’Aquin. En tant que réformateurs de la philosophie scolastique à différents points de vue, nous rencontrons Raimund Lull et Roger Bacon. Il y avait aussi de nombreux représentants de cette tendance biblique et pratique simple qui se consacraient à l’étude des Écritures et à la poursuite de la vie chrétienne ; et c’est à cette époque que nous trouvons les premiers développements de la mystique allemande proprement dite.
103.1. Les écrits d’Aristote et de ses interprètes arabes. — Jusqu’à la fin du XIIe siècle, Aristote n’était connu dans l’Occident chrétien que par Porphyre et Boëthius. Cette philosophie, cependant, à partir du IXe siècle, a été étudiée avec diligence dans les traductions arabes du texte original (72) par des érudits musulmans de Bagdad et de Cordoue, qui ont écrit des exposés et apporté des contributions originales à la science. Les plus distingués d’entre eux, outre les logiciens Alkindi au IXe siècle et Alfarabi au Xe siècle, étaient le surnaturaliste Avicenne de Bokhara, † après J.-C. 1037 Algazel de Bagdad, enclin au mysticisme ou au soufisme, † apr. J.-C. 1111, et l’Averroès panthéiste-naturaliste de Cordoue, † apr. J.-C. Débloquer le niveau 1198. Les Maures et les Juifs espagnols étaient également des étudiants dévoués de la philosophie itinérante. Le plus célèbre d’entre eux était Maïmonide, † après J.-C. 1204, qui écrivit l’ouvrage rationaliste More Nebochim. Lors de la décadence de la philosophie arabe en Espagne, les Juifs espagnols introduisirent l’étude d’Aristote en France. Insatisfaits des traductions latines de l’arabe, ils commencèrent en apr. J.-C. 1220 pour faire des traductions directement du grec. Des soupçons s’éveillaient alors contre le nouvel évangile de la philosophie. Lors d’un synode à Paris A.D. 1209 ( 108, 4) les écrits physiques d’Aristote étaient condamnés et les conférences interdises. Cette interdiction a été renouvelée en J.-C. 1215 par le légat pontifical et la métaphysique incluse. Mais aucune prohibition de l’Église ne pouvait arrêter l’ardeur scientifique de cette époque. En apr. J.-C. En 1231, l’interdiction définitive fut réduite à une mesure déterminant le temps à consacrer à de telles études, et en A.D. En 1254, nous trouvons l’université prescrivant le nombre d’heures pendant lesquelles la physique et la métaphysique d’Aristote doivent être enseignées. Quelques décennies plus tard, l’Église elle-même déclara que personne ne devait obtenir le degré de maître s’il n’était pas familier avec Aristote, « le précurseur du Christ dans les choses naturelles comme Jean-Baptiste l’était dans les choses de la grâce ». Ce changement a été provoqué par la croyance que ce n’est pas Aristote mais Erigène qui était l’auteur de toutes les hérésies panthéistes de l’époque (90, 7 ; 108, 4), et aussi par le besoin ressenti par les franciscains et les dominicains d’utiliser les méthodes aristotéliciennes de preuve pour la défense de la doctrine de l’Église. La philosophie, cependant, n’était plus considérée par tous les théologiens que comme la servante de la théologie. Déjà au XIe siècle, Petrus Damiani avait indiqué ainsi la relation mutuelle des sciences : Debet velut ancilla dominæ quodam famulatus obsequio subservire, ne si præcedit, oberret.304
103.2. En raison de leurs tendances caractéristiques, Avicenne était le plus populaire auprès des scolastiques et, après lui, d’Algazel, tandis qu’Averroès, bien qu’il fût soigneusement étudié et secrètement suivi par quelques-uns, était généralement considéré avec suspicion et aversion. Parmi ses admirateurs secrets, il y avait Simon de Tournay, vers J.-C. 1200, qui se vantait de pouvoir prouver avec la même facilité la fausseté et la vérité des doctrines de l’Église, et déclarait que Moïse, Christ et Mahomet étaient les trois plus grands séducteurs que le monde ait jamais vus. Les savants parisiens attribuaient à Averroès la théorie d’une double vérité. Une religion positive était nécessaire pour répondre aux besoins religieux de la multitude, mais le philosophe pouvait atteindre et maintenir la vérité indépendamment de toute religion révélée. Dans l’Occident chrétien, il a mis cette doctrine sous une forme moins offensante en disant qu’une seule et même affirmation pouvait être théologiquement vraie et philosophiquement fausse, et vice versa. Derrière cela, le scepticisme philosophique ainsi que l’incrédulité théologique ont cherché refuge. Ses principaux opposants étaient Thomas d’Aquin et Raimund Lull, tandis qu’à une époque ultérieure, Duns Scot et les scotistes étaient plus ou moins enclins à le favoriser.
103.3. L’apparition des ordres mendiants. — Les ordres dominicains et franciscains rivalisaient de zèle pour le maintien de la doctrine orthodoxe, et chacun s’efforçait d’obtenir les chaires de théologie de l’Université de Paris, le principal siège de l’enseignement à cette époque. Ils furent vigoureusement combattus par la corporation universitaire, et surtout par le médecin parisien Guillaume de Saint-Amour, qui les caractérisa dans son traité De periculis novissimorum temporum d’après J.-C. 1255 comme les précurseurs de l’Antéchrist. Mais il fut répondu par des membres érudits des ordres, Albert le Grand, Thomas d’Aquin et Bonaventure, et finalement, en A.D. En 1257, toute opposition de la part de l’université est réprimée par l’autorité pontificale et le commandement royal. Les Augustins, eux aussi, obtinrent un siège à l’Université de Paris en 1994. 1261. — Les moines savants se livrèrent avec enthousiasme à la science nouvelle et appliquèrent tous leurs acquis scientifiques à des fins polémiques et apologétiques. Ils conservèrent diligemment tout ce que les Pères précédents, jusqu’à Grégoire le Grand, avaient écrit pour exposer la doctrine, et tout ce que les Pères ultérieurs, jusqu’à Hugo Saint-Victor et Pierre le Lombard, avaient écrit pour la défendre. Mais ce qui avait été simplement exprimé auparavant était maintenant organisé sous des catégories scientifiques élaborées. Les Summist du siècle précédent ont fourni un matériau abondant pour l’œuvre. Leurs Summæ sententiarum, en particulier celui des Lombards, sont devenus le thème d’innombrables commentaires, mais à côté de ceux-ci, des œuvres originales complètes ont été écrites. Ceux-ci ne devaient plus être qualifiés de Summæ sententiarum, mais prenaient à juste titre le titre de Summæ theologiæ ou theologicæ.
103.4. Scolastiques franciscains distingués.― Alexandre de Hales, formé dans le cloître anglais de Hales, docteur irrefragabilis, fut le plus célèbre professeur de théologie à Paris, où en A.D. En 1222, il entra dans l’Ordre des Séraphiques. Il mourut en apr. J.-C. Débloquer le niveau 1245. En tant que premier théologien de l’Église qui, sans couper les cheveux en quatre excessifs des scolastiques ultérieurs, appliqua les formes de la philosophie péripatéticienne à l’élaboration scientifique du système doctrinal de l’Église, il fut honoré par son ordre reconnaissant du titre de Monarcha theologorum, et est toujours considéré comme le premier scolastique dans le sens strict du mot. Sa Somme théologique, publiée à Nuremberg en 1914. 1482 en 4 vol. in-folio fut accepté par ses successeurs comme le modèle de la méthode et de l’arrangement scientifiques. Les deux premiers volumes traitent de Dieu et de Son Œuvre, la Créature ; le troisième, du Rédempteur et de Son Œuvre ; le quatrième, des Sacrements de l’Ancien Testament et du Nouveau Testament. La conclusion, qui n’existe pas, traite de Præmia salutis per futuram gloriam. Chacune de ces divisions était subdivisée en un grand nombre de Quæstiones, celles-ci encore en Membra, et celles-ci souvent en Articuli. La question en tête de section était suivie de plusieurs réponses affirmatives et négatives, dont certaines étaient intitulées Auctoritates (citations de l’Écriture, des Pères et des docteurs de l’Église), d’autres Rationes (préceptes des philosophes grecs, arabes et juifs), et enfin, sa propre conclusion. Parmi les autorités postérieures, les œuvres dogmatiques de Hugo ( 102, 4) occupent avec lui la plus haute place, mais il semble n’avoir eu aucune appréciation de ses spéculations mystiques. — Son disciple le plus célèbre, Jean Fidanza, plus connu sous le nom de Bonaventura, avait une forte tendance au mysticisme. Né à Bagnarea, dans le district de Florence, en .En 1221 , il devient professeur de théologie à Paris en 1221 . 1253, général de son ordre en 1253 .En 1257 , il fut fait cardinal-évêque d’Ostie par Grégoire X en 1257 . 1273, et l’année suivante, il fut membre du concile de Lyon, où fut discutée la question de la réunion des églises (67, 4). Il prit une part active aux travaux de ce concile, mais mourut avant sa fin en J.-C. Débloquer le niveau 1274. Son vieux maître Alexandre l’avait nommé Verus Israelita, in quo Adam non peccasse videtur. Plus tard, les franciscains le considérèrent comme l’incarnation la plus noble de l’idée de l’Ordre Séraphique à côté de son fondateur, et célébrèrent la pureté angélique de sa personnalité sous le titre de docteur séraphique. Sixte IV. canonisé en apr. J.-C. 1482, et Sixte-Quint édita ses œuvres en 8 vol. fol. en A. D. 1588, et lui donna en A.D. 1587 la sixième place au rang de Doctores ecclesiæ en tant que plus grand enseignant de l’Église d’Occident. Comme Hugo, il combinait les aspects mystiques et doctrinaux de la théologie, mais comme Richard Saint-Victor, il penchait davantage vers le mystique. Son plus grand ouvrage dogmatique est son commentaire en 2 vol. fol. sur le Lombard. Son savant traité, De reductione artium ad theologiam, montre comment la théologie tient la plus haute place parmi toutes les sciences. Dans son Breviloquium, il cherche brièvement, mais avec beaucoup de dépenses d’érudition, à prouver que la doctrine de l’Église est conforme aux enseignements de la raison. Dans le Centiloquium, composé de 100 sections, il traite sommairement des doctrines du péché, de la grâce et du salut. Dans la Pharètre, il donne un recueil des principales autorités pour les conclusions auxquelles sont parvenus les deux ouvrages précédemment nommés. Les plus célèbres de ses traités mystiques sont le Diætæ salutis, décrivant le voyage de neuf jours (diætæ) au cours duquel l’âme passe de l’abîme du péché à la béatitude du ciel, et l’Itinerarium mentis in Deum, dans lequel il décrit comme une triple voie vers la connaissance de Dieu une theologia symbolica (= extra nos), propria (=intra nos) et mystica (=supra nos), dont la dernière et la plus élevée conduit seule à la vision béatifique de Dieu.
103.5. Écoliers dominicains distingués.―(1) Albert le Grand, fils aîné d’un chevalier de Bollstadt, né en A.D. 1193, à Laningen en Souabe, envoyé en A.D. En 1212, parce que trop faible pour une carrière militaire, il entra à l’université de Padoue, où il se consacra pendant dix ans à l’étude assidue d’Aristote, entra ensuite dans l’ordre dominicain, et poursuivit à Bologne avec la même assiduité l’étude de la théologie dans un cours de six ans. Par la suite, il enseigna le programme régulier des arts libéraux à Cologne et dans les cloîtres de son ordre dans d’autres villes allemandes ; et après avoir obtenu son doctorat à Paris, il enseigna la théologie à Cologne avec un tel succès que l’école de Cologne, en raison de la foule attirée par ses conférences, atteignit les dimensions d’une université. En apr. J.-C.En 1254, il devint provincial de son ordre en Allemagne, et il y fut contraint en 1254 .En 1260, il reçut l’ordre du pape d’accepter l’évêché de Ratisbonne, mais retourna à Cologne en 1260 . 1262 pour reprendre l’enseignement, et y mourut en 1262 . 1280, dans sa 87e année. Ses étonnantes acquisitions philosophiques, théologiques, cabalistiques et naturelles lui valurent le surnom de Grand et le titre de docteur universalis. Depuis l’époque d’Aristote et de Théophraste, il n’y avait pas eu de chercheur en sciences naturelles comme lui. On peut découvrir des traces de mysticisme dans son traité Paradisus animæ et dans son commentaire de l’Aréopagite. En effet, c’est de son école qu’est sorti le plus grand maître du mysticisme spéculatif (114, 1). Son principal ouvrage en sciences naturelles est la Summa de Creaturis, dont le caractère fantastique et superstitieux se voit dans les titres de ses différents livres : De virtutibus herbarum, lapidum, et animalium, De mirabilibus mundi et De secretis mulierum. Il a écrit trois livres de commentaires sur le Lombard, et deux livres d’un système indépendant de dogmatique, la Somme théologique. Ce dernier traité, qui suit de près l’œuvre d’Alexandre de Hales, est incomplet.305
103.6. Le plus grand et le plus influent de tous les Scolastiques fut le Docteur Angelicus, Thomas d’Aquin. Né en A.D. En 1227, fils d’un comte d’Aquino, il entra contre la volonté de ses parents au monastère dominicain de Naples, au château paternel de Roccasicca, en Calabre, contre la volonté de ses parents. Emmené en France pour des raisons de sécurité, il fut suivi par ses frères et repris, mais deux ans plus tard, il réussit à s’évader avec l’aide de l’ordre et fut placé sous les ordres d’Albert à Cologne. Par la suite, il enseigna pendant deux ans à Cologne, puis fut envoyé à Paris pour obtenir son diplôme de docteur en médecine en A.D. Débloquer le niveau 1252. C’est là qu’il commença, avec son ami intime Bonaventura, sa brillante carrière. Ce n’est qu’après J.-C. En 1257, après que l’opposition de l’Université aux ordres mendiants eut été surmontée, les deux amis obtinrent le grade de docteur. Urbain IV. le rappela en Italie en A.D. 1261, où il enseigna successivement à Rome, Bologne, Pise et Naples. Chargé par Grégoire de prendre part aux discussions sur l’union au concile de Lyon, il mourut subitement en J.-C. 1274, peu après son retour à Naples, probablement empoisonné par son compatriote Charles d’Anjou, afin qu’il ne se présente pas au concile pour l’accuser de tyrannie. Jean XXII. canonisé en apr. J.-C. 1323, et Pie V lui donna la cinquième place parmi les docteurs ecclésiastiques latins. — Thomas fut probablement le penseur le plus profond du siècle, et en même temps admiré comme prédicateur populaire. Il avait une vénération intense pour Augustin, une appréciation enthousiaste de la doctrine de l’Église et de la philosophie qui sont approuvées et enjointes par ce grand Père. Il avait aussi une veine de mysticisme authentique, et se distinguait par une piété chaleureuse et profonde. Il fut le premier à donner au système hiérarchique pontifical de Grégoire et d’Innocent une place régulière dans la dogmatique. Sa Somme philosophique contre les Gentils est une philosophie chrétienne de la religion, dont les trois premiers livres traitent des vérités religieuses que la raison humaine peut reconnaître d’elle-même, tandis que le quatrième livre traite de celles qui, parce qu’elles transcendent la raison, bien qu’elles ne lui soient pas contraires, c’est-à-dire les doctrines de l’incarnation et de la trinité, ne peuvent être connues que par la révélation divine. Il a écrit deux livres de commentaires sur le Lombard. L’ouvrage de loin le plus important du Moyen Âge est sa Somme théologique, en trois volumes, dans laquelle il accorde une large place aux questions éthiques. Sa polémique contre les Grecs se trouve dans la section où il définit et prouve la primauté du pape, en fondant ses arguments sur des fictions et des faux anciens et modernes (96, 23). ce qu’il ignorait du grec et qu’il tirait sa connaissance de l’antiquité entièrement du décret de Gratien, et qu’il acceptait de bonne foi comme authentique. Son principal ouvrage d’exégèse est la Catena aurea sur les Évangiles et les épîtres pauliniennes, traduite en anglais par le Dr Pusey, en 8 vol., Oxf., 1841, ff. En commentant Aristote, Thomas, à la différence d’Albert, négligea les traités de sciences naturelles au profit de ceux de politique. L’ordre dominicain, fier d’avoir en lui le plus grand philosophe et théologien de l’époque, fit de la doctrine de Thomas en matière de forme et de matière la norme autorisée parmi tous ses membres ( 113, 2), et stigmatisait chaque dérogation comme une trahison non seulement de l’ordre, mais aussi de l’Église et du christianisme. Les autres ordres monastiques, en particulier les Augustins, les Cisterciens et les Carmélites, reconnaissaient aussi l’autorité du docteur angélique. Seuls les franciscains, poussés par l’envie et la jalousie, l’ignoraient et restaient avec Alexandre et Bonaventure, jusqu’à la fin du siècle, lorsque, dans Duns Scot (113, 1), ils obtinrent dans leurs rangs un brillant professeur, dont ils pensaient fièrement qu’il rivaliserait en renommée avec le grand maître dominicain.306
103.7. Réformateurs de la méthode scolastique.―Raimund Lull, noble catalan de Majorque, né en A.D. 1234, tiré de la vie mondaine par des visions, se donna lui-même à combattre pour le Christ contre les infidèles avec les armes de l’Esprit. Apprenant l’arabe auprès d’un esclave sarrasin, il suivit une formation scolastique complète en théologie et entra dans l’ordre franciscain. Contraint dans la poursuite de sa mission de chercher une méthode de preuve plus simple que celle fournie par la scolastique, il réussit, à l’aide de visions, à en découvrir une par laquelle, comme lui et ses disciples, les Lullistes, pensaient, les vérités les plus profondes de toutes les sciences humaines pourraient être expliquées à la raison humaine non éduquée. Il l’appela l’Ars Magna, et consacra toute sa vie à son élaboration en théorie et en pratique. Représentant les idées fondamentales et leurs relations avec les objets de la pensée par des lettres et des figures, il tirait des conclusions de leurs diverses combinaisons. Dans ses voyages missionnaires en Afrique du Nord ( 93, 16) il utilisa son art dans ses disputes avec les érudits sarrasins, et mourut en J.-C. 1315 à la suite des mauvais traitements qu’il y a reçus, dans sa 81e année. De ses écrits en latin, en catalan et en arabe, au nombre de plus d’un millier, on dit qu’ils étaient connus, 282 étaient connus après J.-C. 1721 à Salzinger de Mayence, mais seulement 45 ont été inclus dans son édition des œuvres complètes.
103.8. Roger Bacon, moine anglais, contemporain de Lull, élabora sa réforme d’une manière plus saine en remontant aux sources originelles et en obtenant ainsi la délivrance des erreurs accumulées dans les temps ultérieurs. Sur les questions de sciences naturelles, il ne faisait pas appel à des traductions corrompues, mais aux œuvres originales d’Aristote, et en matière de théologie, non pas au Lombard, mais au Nouveau Testament grec. Il poursuivit laborieusement ses études de mathématiques et de langue grecque. Roger était appelé par ses amis Docteur mirabilis ou profundus. C’était un prodige d’érudition pour son âge, plus dans le domaine de la physique que dans celui de la philosophie et de la théologie. Cependant, il fut considéré par son propre ordre comme un hérétique et emprisonné comme trafiquant des arts noirs. Né en A.D. En 1214, à Ilchester, il obtint son diplôme de docteur en théologie à Paris, entra dans l’ordre franciscain et devint résident à Oxford. Outre l’étude assidue des langues, qui lui assura une parfaite maîtrise du latin, du grec, de l’hébreu et de l’arabe, il s’occupa de recherches et d’expériences en physique (surtout en optique), en chimie et en astronomie. Il a fait plusieurs découvertes importantes, par exemple le principe de la réfraction, les loupes, les défauts du calendrier, etc., tout en réussissant à fabriquer un matériau combustible qui peut être considéré comme le précurseur de la poudre à canon. Il soutenait la possibilité que les navires et les véhicules terrestres fussent propulsés le plus rapidement possible, sans voiles et sans le travail des hommes ou des animaux. Pourtant, c’était un enfant de son âge et il croyait à la pierre philosophale, à l’astrologie et à l’alchimie. Profondément convaincu des défauts de la scolastique, il parlait d’Albert le Grand et de Thomas d’Aquin comme de garçons qui enseignaient avant d’apprendre, et leur reprochait surtout leur ignorance du grec. Avec une fanfaronnade qui sent l’empirique, il prétendait être capable d’enseigner l’hébreu en trois jours et le grec en même temps, et de donner un cours complet de géométrie en sept jours. Avec une sévérité intrépide, il fustigeait les corruptions du clergé et des moines. Un seul de ses compagnons semble avoir regardé Roger, malgré tous ses défauts, comme un homme vraiment grand. C’était Clément IV. qui, en tant que légat du pape en Angleterre, avait fait sa connaissance, et en tant que pape l’avait libéré de prison. C’est à lui que Roger dédia son Opus majus s. de emendandis scientiis. Plus tard, le général de l’ordre franciscain, avec l’approbation de Nicolas IV, le fit de nouveau jeter en prison, et ce n’est qu’après la mort de ce pape qu’il fut libéré par l’intercession de ses amis. Il mourut peu de temps après après J.-C. Débloquer le niveau 1291.307
103.9. Théologiens de tendance biblique et pratique.
103.10. Précurseurs des mystiques spéculatifs allemands. — David d’Augsbourg, professeur de théologie et maître des novices au monastère franciscain d’Augsbourg, mérite d’être nommé le premier, comme celui qui a largement anticipé le style de mysticisme spéculatif qui a fleuri au siècle suivant (114). Ses écrits, en partie en latin, en partie en allemand, ne sont que des directoires ascétiques et des traités d’ordre mystique contemplatif, caractérisés par une profonde spiritualité et une piété sincère et humble. Les œuvres allemandes en particulier sont des modèles d’un beau style rythmique, digne d’être rangé parmi les plus belles créations de tous les siècles. Il est l’auteur de l’important opuscule De hæresi pauperum de Lugduno, dans lequel le pieux mystique se montre sous les traits moins agréables d’un inquisiteur implacable et d’un chasseur d’hérésies. et sous la conduite des vierges, la Foi, l’Espérance, l’Amour, la Sagesse et la Prière parvenues à cette fin, ont d’abord été écrites en prose latine ; mais plus tard, vers la fin du XIIIe siècle, une traduction libre en plus de 4 000 vers a été publiée par le franciscain Lamprecht de Ratisbonne. Son mysticisme est semblable à celui de saint Bernard et de saint Victor. — En puissance spéculative et en originalité, le dominicain Théodorich de Fribourg, maître Dietrich, élève d’Albert le Grand, surpassa de beaucoup tous les mystiques de ce siècle. À propos d’A.D. En 1280, il fut lecteur à Trèves, puis prieur à Wurtzbourg, obtint sa maîtrise et enseigna à Paris. 1285 à 1289. À propos d’A.D. 1320, cependant, avec Maître Eckhart ( 114, 1), Il fut soupçonné d’hérésie, et l’on ne sait rien de plus de lui. Parmi ses écrits encore inédits, principalement sur la philosophie naturelle et religieuse, le plus important est le livre De beatifica visione Dei per essentiam, qui le distingue comme un précurseur de la spéculation d’Eckhart.
Pendant longtemps, le culte public a été considéré comme un spectacle chargé de pouvoir magique. Le caractère ignorant des prêtres a conduit à mettre fréquemment de côté la prédication comme quelque chose d’inessentiel, de sorte que le service est devenu purement liturgique. Mais maintenant, les papes et les synodes insistaient sur l’importance d’élever une race de prêtres érudits, et les sermons soigneusement préparés et éloquents des franciscains et des dominicains étaient très bien acceptés par le peuple. Les scolastiques donnèrent à la doctrine des sacrements sa forme scientifique. La vénération des saints, des reliques et des images devint de plus en plus le point central du culte. Outre l’architecture ecclésiastique, qui atteignit son plus haut développement au XIIIe siècle, les autres arts commencèrent à être mis à contribution pour embellir le cérémonial, les robes des célébrants et l’intérieur des bâtiments.
104.1. La liturgie et le sermon. — La liturgie romaine a été universellement adoptée, sauf en Espagne. Lorsqu’il a été proposé au Synode de Tolède en A.D. 1088 pour mettre de côté l’ancienne liturgie mozarabe ( 88, 1), Le peuple s’est soulevé contre la proposition, et les épreuves du combat et du feu se sont prononcées en faveur du maintien de l’ancien service. À partir de ce moment-là, les deux liturgies ont été utilisées côte à côte. Le rituel slave a été abandonné en Moravie et en Bohême au Xe siècle. Partout, la langue des offices religieux était et continuait d’être le latin. L’essor des ordres monastiques au XIe siècle, en particulier les clunisiens et les cisterciens, mais plus particulièrement la montée des franciscains et des dominicains au XIIIe siècle, a donné une grande impulsion à la prédication. Presque tous les grands moines et les scolastiques étaient des prédicateurs populaires. Les foules qui se pressaient autour d’eux alors qu’ils prêchaient en langue vernaculaire étaient énormes. Même dans les offices réguliers, la prédication était généralement dans la langue du peuple, mais des citations de l’Écriture et des Pères, en signe de respect, étaient faites en latin et ensuite traduites. Les sermons adressés au clergé et devant des auditoires académiques étaient toujours en latin. — En tant que prédicateur de la pénitence et des croisades, Fulco de Neuilly, † A. D. 1202, considéré par le peuple comme un saint et un faiseur de miracles, jouissait d’une excellente réputation (94, 4). De tous les prédicateurs médiévaux, cependant, aucun ne peut être comparé pour la profondeur, la spiritualité et l’éloquence populaire avec le franciscain Berthold de Ratisbonne, élève et ami de David d’Augsbourg (103, 10). l’un des prédicateurs les plus puissants de la langue allemande qui ait jamais existé. Il mourut en apr. J.-C. Débloquer 1272. Il errait de ville en ville, prêchant à des foules, souvent au nombre de 100 000 hommes, la grâce de Dieu dans le Christ, contre l’abus des indulgences et la fausse confiance dans les saints, et l’idée de la méritance des pèlerinages, etc. Ses sermons sont d’une grande valeur en tant qu’illustrations de la force et de la richesse de l’ancienne langue allemande. Roger Bacon aussi ( 103, 8), d’ordinaire si friand d’éloges, fait l’éloge de Frater Bertholdus Alemannus comme d’un prédicateur qui vaut plus que les deux ordres mendiants réunis.
104.2. Définition et nombre des sacrements ( 58 ; 70, 2). ―Radbert n’en reconnaissaient que deux : le baptême, y compris la confirmation, et la Cène du Seigneur. Rabanus Maurus, en énumérant séparément le pain et la coupe, et en comptant la confirmation aussi bien que le baptême, en fit quatre. Hugo St. Victor les considérait à nouveau comme un nombre indéfini. Mais il en distinguait trois sortes : celles dont dépend le salut, le baptême, la confirmation et la cène ; ceux qui ne sont pas nécessaires et qui constituent des aides importantes au salut, l’aspersion d’eau bénite, la confession, l’extrême-onction, le mariage, etc. ceux qui sont nécessaires pour les vocations particulières, l’ordination des prêtres, les vêtements sacrés. Cependant, il a préparé la voie à la conception ecclésiastique finale des sacrements, en plaçant ses Elementa Corporalia sous la triple catégorie de divinam gratiam ex similitudine repræsentantia, ex institutione significant et ex consecratione continentia. Pierre le Lombard était pratiquement du même avis, mais il fixait le nombre des sacrements à sept : le baptême, la confirmation (35, 4), la Cène, la Pénitence, l’Extrême-Onction, le Mariage et l’Ordination (45, 1). Ce nombre a d’abord été officiellement sanctionné par le Concile florentin de J.-C. 1439 ( 67, 6). Alexandre de Hales a donné un rang spécial au baptême et à la cène, comme seuls institués par le Christ, tandis que Thomas d’Aquin a donné ce rang à tous les sept. Toutes les consécrations et bénédictions ecclésiastiques étaient distinguées des sacrements en tant que Sacramentalia. — Les Scolastiques distinguaient les sacrements de l’Ancien Testament, comme ex opera operante, c’est-à-dire efficaces seulement par la foi en un Rédempteur à venir, des sacrements du Nouveau Testament comme ex opera operato, c’est-à-dire comme efficaces par le simple fait de recevoir sans l’exercice d’une foi positive de la part de tous ceux qui n’avaient pas commis de péché mortel. Contre les vieux sectaires ( 41, 3 ; 63, 1) et nouveau ( 108, 7, 12) Les théologiens scolastiques soutenaient que même les prêtres indignes et incrédules pouvaient valablement dispenser les sacrements, si seulement il y avait l’intention de les administrer sous la forme prescrite par l’Église.309
104.3. Le sacrement de l’autel. — Au quatrième concile du Latran de l’an J.-C. En 1215, la doctrine de la Transsubstantiation fut finalement acceptée (101, 2). La crainte qu’une partie du sang du Seigneur ne soit versée a conduit à la rétention de la coupe aux laïcs, à partir du XIIe siècle, et à ce qu’elle ne soit donnée qu’aux prêtres. Si ce n’était pas la cause, la conséquence de cela était que les sacrificateurs étaient considérés comme les seuls participants pleins et parfaits de la table du Seigneur. Les rois, lors de leur couronnement et à l’approche de la mort, étaient parfois autorisés par une faveur spéciale à prendre part à la coupe. Le retrait de la coupe aux laïcs a été dogmatiquement justifié, en particulier par Alex. de Hales, par la doctrine de la concomitantia, c’est-à-dire que dans le corps le sang était contenu. La crainte de perdre un fragment a également conduit à la substitution d’hosties au pain qui devait être rompu. — Une hostie consacrée est conservée dans le Tabernaculum, une niche dans le mur à droite du maître-autel, dans ce qu’on appelle liburium ou Sanctissimum, c’est-à-dire un coffret d’or ou d’argent, souvent orné de riches joyaux. Il est sorti, touché seulement par les prêtres, et exhibé au peuple agenouillé pendant l’office et dans les processions solennelles.
104.4. Pénitence. — Décret de Gratien ( 99, 5) laissait à chaque croyant le soin de décider si le pécheur pouvait être réconcilié avec Dieu par la pénitence du cœur sans confession. Mais selon l’enseignement des Lombards, la confession des péchés mortels (Gal., v. 19 et suiv., et Cor., v. 9 sq.), ou, dans le cas où cela ne pouvait pas être, le désir au fond du cœur de le faire, était déclarée indispensable. Cependant, le pardon des péchés était encore considéré comme la prérogative exclusive de Dieu, et le prêtre ne pouvait lier et délier qu’en ce qui concerne la communion de l’Église et la jouissance des sacrements. Avant lui, cependant, Hugo Saint-Victor avait commencé à transcender ces limites ; car lui, distinguant entre la culpabilité et le châtiment du pécheur, attribuait à Dieu seul l’absolution de la faute du péché sur la base d’un repentir sincère, mais attribuait à l’exercice de la fonction sacerdotale, l’absolution du châtiment de la mort éternelle, conformément à Matthieu xviii. 18 et Jean xx. 23. Richard Saint-Victor soutenait que la peine de mort éternelle, que tous les péchés mortels aussi bien que les péchés véniels entraînent, peut être commuée en peine temporelle par l’absolution sacerdotale, expiée par des pénitences imposées par les prêtres, par exemple des prières, des jeûnes, des aumônes, etc. tandis que sans une telle satisfaction, ils ne peuvent être expiés que par les peines du purgatoire (61, 4). Innocent III, au quatrième concile de Latran de l’an J.-C. 1215, avait l’obligation de confesser tous les péchés érigés en dogme, et obligeait tous les croyants sous la menace d’excommunication à se confesser au moins une fois par an, en préparation à la communion pascale. Le Synode provincial de Toulouse en A.D. 1229 ( 109, 2) insistait sur la confession et la communion obligatoires trois fois par an, à Noël, à Pâques et à la Pentecôte. Les trois exigences pénitentielles, appliquées d’abord par Hildebert de Tours, et adoptées par le Lombard, la Contritio cordis, la Confessio oris et la Satisfactio operis restèrent désormais en vigueur. Mais la théorie de l’absolution de Hugo et de Richard a non seulement supplanté celle du Lombard, mais, par une extension de l’idée sacerdotale à l’absolution du pécheur de la culpabilité, a conduit à l’introduction d’une théorie complète de l’indulgence (106, 2). En tant que base de la construction scientifique qui lui a été donnée par les scolastiques du XIIIe siècle, en particulier par Thomas d’Aquin, la doctrine de pénitence de l’Église catholique a reçu sa forme définitive au Concile de Florence en J.-C. Débloquer 1439. La pénitence, en tant que quatrième sacrement, consiste en un repentir sincère, une confession auriculaire et une satisfaction ; elle prend forme dans les paroles de l’absolution, Ego te absolvo ; et il est efficace pour le pardon des péchés. Toute violation du secret du confessionnal était sanctionnée par le quatrième concile du Latran par l’excommunication, la déposition et l’emprisonnement à vie dans un monastère. L’exaction d’un droit de confession, en particulier lors de la confession de Pâques, apparaît comme une augmentation du revenu du prêtre dans de nombreux documents médiévaux. Son interdiction par plusieurs conciles a été causée par son abus simoniaque. Par l’introduction de confesseurs, séparés du clergé local, la coutume tomba de plus en plus en désuétude.
104.5. Extrême-Onction.—Bien que dès l’A.D. ↑ Innocent Ier avait décrit l’onction des malades avec de l’huile sainte (Marc vi. 13 ; Jacques v. 14) comme un genre sacramenti (61, 3), L’extrême-onction en tant que sacrement a fait peu de progrès jusqu’au IXe siècle. Le Synode de Châlons en A.D. 813 l’appelle assez généralement un moyen de grâce pour les faibles d’âme et de corps. Le Lombard fut le premier à lui donner la cinquième place parmi les sept sacrements comme Unctio extrema et Sacramentum exeuntium, en lui attribuant Peccatorum remissio et corporalis infirmitatio alleviatus. Le péché originel étant expié par le baptême, et les péchés actuels par la pénitence, Albert le Grand et Thomas d’Aquin le décrivent comme la purification de la Reliquiæ peccatorum qui, même après le baptême et la pénitence, empêche l’âme d’entrer dans son repos parfait. La guérison corporelle n’est qu’un but secondaire, et n’est donnée que si la fin première de la guérison spirituelle n’est pas entravée. On délibéra longtemps sur la question de savoir si, en cas de guérison, il fallait la répéter à l’approche de la mort, et l’on déclara enfin qu’elle était recevable. Le Concile de Trente définit l’Extrême-Onction comme Sacr. pœnitentiæ totius vitæ consummativum. La forme de son administration fut finalement déterminée comme étant l’onction des yeux, des oreilles, du nez, de la bouche et des mains, ainsi que (sauf chez les femmes) des pieds et des reins, avec de l’huile sainte, consacrée par l’évêque le jeudi saint. La confession et la communion précèdent l’onction. Les trois constituent ensemble le Viatique de l’âme dans son dernier voyage. Après avoir reçu l’extrême-onction, il est à nouveau interdit aux receveurs de toucher le sol pieds nus ou d’avoir des rapports conjugaux.
104.6. Le sacrement du mariage (89, 4). Le mariage en vint généralement à être considéré comme un sacrement au sens propre, les lois du mariage furent reconstruites et leur administration confiée à l’Église. L’Église insistait depuis longtemps avec une détermination toujours plus forte sur le fait que la bénédiction sacerdotale devait précéder le cérémonial du mariage, et que la communion nuptiale devait accompagner l’action civile. C’est pourquoi le mariage devait être célébré dans le voisinage immédiat d’une église, ante ostium ecclesiæ. Comme un autre que le père donnait souvent la mariée, cette position de parrain était réclamée par l’église pour le prêtre. Le mariage perdit ainsi son caractère civil, et le prêtre en vint à être considéré comme le célébrant en sa qualité officielle, non pas au nom de la famille, mais au nom de l’Église. Dans les premiers temps, le mariage chrétien n’exigeait que le consentement mutuel des parties (39, 1), mais le concile de Trente exigea un accord solennel entre l’époux devant le prêtre officiant et deux ou trois témoins. Afin de déterminer plus exactement les obstacles au mariage ( 61, 2) elle a été promulguée lors du deuxième concile du Latran en J.-C. 1139, et confirmée à la quatrième en apr. J.-C. 1215, que les parties qui se proposent de se marier soient proclamées à l’église. À chaque partie du sacrement est attribué le caractère indelibilis, et donc le divorce était absolument interdit, même dans le cas de l’adultère (en dépit de Matt. v. 32 et xix. 9), bien que la separatio a mensa et toro ait été autorisée. Innocent III. en apr. J.-C. 1215 réduisit les degrés interdits du septième au quatrième dans la ligne de parenté ( 61, 2).
104.7. Nouvelles fêtes. — Le culte de Marie (57, 2) a reçu une impulsion de l’institution de la fête de la Nativité de Marie le 8 septembre. À cela s’ajoutait dans le sud de la France au XIIe siècle, la fête de l’Immaculée Conception le 8 décembre. Radbert ( 91, 4) par sa doctrine de la Sanctificatio in utero, il a donné un fondement à la théorie de la libération de la Vierge du péché originel dans sa conception et son port. Anselme de Cantorbéry, cependant, a enseigné dans Cur Deus Homo ? ii. 16, que Marie a été conçue et née dans le péché, et qu’elle a péché comme toutes les autres en Adam. Certains chanoines de Lyon, en A.D. En 1140, il relança la théorie de Radbert, mais éleva le Sanctif. in utero dans l’Immaculata conceptio. Saint Bernard protesta contre la doctrine et la fête ; la conception sans péché est une prérogative du Rédempteur seul. Marie, comme nous tous, a été conçue dans le péché, mais elle a été sanctifiée avant la naissance par la puissance divine, de sorte que toute sa vie a été irréprochable ; si l’on s’imagine que la conception sans péché de Marie de son Fils avait sa propre conception sans péché comme présupposé nécessaire, cela devrait être ramené à l’infini, et aux fêtes des Immaculées Conceptions, il n’y aurait pas de fin. Cette vision d’une Sanctificatio in utero, avec répudiation de la Conceptio immaculata, a également été soutenue par Alex. de Hales, Bonaventura, Albert le Grand et Thomas d’Aquin. La fête de la Conception, avec l’abandon du prédicat « immaculé », en vint peu à peu à être universellement observée. Les franciscains l’adoptèrent dans ce sens restreint à Pise, en apr. J.-C. 1263, mais quand, à partir de Duns Scot ( 113, 112), la doctrine de l’Immaculée Conception en vint à être considérée comme un dogme distinctif de l’ordre, les dominicains se sentirent appelés à lui offrir leur opposition la plus énergique.310 (Suite, 112, 4.) ―À la fête de la Toussaint, le 1er novembre, les Clunisiens ajoutèrent en A.D. 998, fête de toutes les âmes, le 2 novembre, pour l’intercession des croyants en faveur du salut des âmes du purgatoire. Au 12ème siècle, la fête de la Trinité a été introduite le dimanche après la Pentecôte. De la doctrine de la transsubstantiation est née la fête du Corpus Christi, le jeudi après la Trinité. Une pieuse religieuse liégeoise, Juliana, en A.D. En 1261, il a vu dans une vision la pleine lune entourée d’une auréole, et une révélation intérieure a interprété ce phénomène comme indiquant que le cycle festif de l’église voulait toujours une fête en l’honneur de l’Eucharistie. Urbain IV. a donné effet à cette suggestion en A.D. 1264, de l’aveu même du miracle de la messe de Bolsena. Un prêtre de Bolsena célébrant la messe renversa une goutte de vin consacré, qui laissa une tache rouge sang sur le corporal ou le drap ( 60, 5), sous la forme d’un hôte. La fête n’est entrée en grâce qu’à Clément V. renouvela son institution au concile de Vienne, en A.D. Débloquer le niveau 1311. L’église, par ordre de Jean XXIII. en apr. J.-C. 1316, le célébra par une magnifique procession, dans laquelle le liburium fut porté en grande pompe.
104.8. La vénération des saints ( 88, 4).― Le de nombreuses canonisations, à partir du XIIe siècle exclusivement entre les mains des papes, ont donné une impulsion au culte des saints. C’était le devoir de l’Advocatus diaboli d’essayer de réfuter les rapports de vertus et de miracles attribués aux candidats. Les preuves de sainteté apportées provenaient généralement de sources tout à fait fabuleuses. L’introduction du nom des candidats acceptés dans le canon de la messe a donné naissance au terme canonisation. La béatification était un degré d’honneur inférieur, souvent un préliminaire à la canonisation à une période ultérieure. Elle portait en elle la vénération non pas de toute l’Église, mais des Églises ou des districts particuliers. Le dominicain Jacobus a Voragine, mort en apr. J.-C. 1298, dans sa Legenda aurea, a fourni un modèle pour de nombreuses légendes tardives des saints. Un théologien parisien qui l’a baptisée Legenda ferrea, a été publiquement expulsé de son bureau. La vénération de Marie, à qui l’on rendait Hyperdoulia par opposition à la Doulia des saints, non seulement parmi le peuple, mais chez les théologiens les plus cultivés, publiquement et en privé, au sens propre et figuré, en prose et en poésie, était presque égale au culte rendu à Dieu, et même souvent l’éclipsait. La salutation de l’ange (Luc i. 28) était dans chaque prière. Sa répétition fréquente a conduit à l’utilisation du Rosaire, une couronne de roses pour les femmes les plus bénies. Le grand chapelet attribué à saint Dominique a quinze dizaines, ou 150 petites perles de Marie, dont chacune représente un Ave Maria, et après chaque dix, il y a une plus grande perle de Paternoster. Le petit chapelet ou chapelet commun n’a que cinq dizaines de grains de Marie avec un grain Paternoster pour chaque dizaine. Trois fois répété, il forme ce qu’on appelle le Psautier de Marie. La première apparition du chapelet dans la dévotion a eu lieu avec le moine Macaire au 4ème siècle, qui a pris 300 pierres sur ses genoux, et après chaque Paternoster en a jeté une. La dévotion au chapelet est également pratiquée par les musulmans et les bouddhistes. Dans les cloîtres, le samedi était généralement consacré à la Mère de Dieu, et commençait par un officium spécial S. Mariæ. Au XIe siècle, on ne trouve plus aucune trace de l’opposition franque au culte des images (92, 1). Mais cela n’a en aucun cas entravé la croissance du culte des reliques. Les croisés de retour ont fait pleuvoir sur l’Occident d’innombrables reliques, qui, malgré de nombreux sceptiques, ont été généralement reçues avec une révérence superstitieuse. Les châteaux et les domaines étaient souvent troqués contre de prétendues reliques d’un saint distingué, et ces trésors étaient fréquemment volés au péril de leur vie. Aucune histoire de trafiquant de reliques n’était trop absurde pour être crue. — Les pèlerinages, en particulier à Rome et en Palestine, n’étaient pas moins estimés parmi les chrétiens d’Occident du Xe siècle pendant la pornocratie romaine (96, 1) ou la tyrannie de la dynastie seldjoukide en Palestine (94). L’attente de l’approche de la fin du monde leur donna plutôt une impulsion au cours de ce siècle, qui atteignit sa plus pleine expression dans les croisades.
104.9. La plus ancienne trace d’une commémoration de sainte Ursule et de ses 11 000 vierges se trouve au Xe siècle. Fouilles dans l’Ager Ursulanus près de Cologne en J.-C. L’année 1155 a conduit à la découverte d’un millier de squelettes, dont plusieurs étaient ceux d’hommes, avec des tablettes inscrites, l’une des inscriptions fictives faisant référence à un pape par ailleurs inconnu, Cyriæus. Sainte Élisabeth de Schönau ( 107, 1) en même temps, ils avaient des visions dans lesquelles la Vierge rendait compte de leur vie avec authenticité. Ursule, la belle fille d’un roi britannique du IIIe siècle, devait épouser un prince païen ; elle réclamait trois ans de sursis et obtint de son père onze navires, chacun avec un équipement de mille vierges, avec lesquels elle remonta le Rhin jusqu’à Bâle, et de là avec ses compagnes fit à pied un pèlerinage à Rome. À son retour, conformément à l’instruction divine, le pape Cyrée l’accompagna, dont le nom fut pour cette raison rayé de la liste par les cardinaux offensés ; car, comme le dit Martinus Polonus, Credebant plerique eum non propter devotionem sed propter obtectamenta virginum papatum dimississe. Près de Cologne, ils rencontrèrent l’armée des Huns, par laquelle ils furent tous massacrés, et enfin Ursule elle-même sur son refus persistant d’épouser le chef barbare. Une suggestion plus ancienne est qu’une ancienne inscription pourrait avoir donné lieu à la légende.311
104.10. Hymnologie. — L’âge augustéen de la scolastique fut aussi celui de la composition des hymnes et des suites latines (88, 2). Les poètes sacrés les plus distingués furent Odon de Clugny, le roi Robert de France (Veni, sancte Spiritus, et emitte), Damiani, Abælard, Hildebert de Tours, saint Bernard, Adam de Saint-Victor,312 Bonaventura, Thomas d’Aquin, le franciscain Thomas de Celano, A.D. 126O (Dies iræ), et Jacopone da Todi, † apr. J.-C. 1306 (Stabat mater dolorosa). Ce dernier, enthousiaste excentrique et saint faiseur de miracles, se faisait appeler « Stultus propter Christum ». À l’origine un riche avocat, vivant une vie de réjouissances et d’émeutes, il a été conduit par la mort soudaine de sa jeune épouse à abandonner le monde. Il courtisa le mépris du monde de la manière la plus littérale, apparaissant sur le marché public bridé comme une bête de somme et rampant à quatre pattes, et à une autre occasion apparaissant nu, goudronné et emplumé au mariage d’une nièce. Mais il rayonnait d’un amour fervent pour le Crucifié et d’une vénération fanatique pour la Sainte Vierge. Il éleva aussi courageusement la voix contre la corruption du clergé et de la papauté, et dénonça vigoureusement l’ambition de Boniface VIII. Pour cela, il a été emprisonné et nourri de pain et d’eau. Lorsqu’on lui demanda d’un ton railleur : « Quand sortiras-tu ? », il répondit en des termes qui s’accomplirent bientôt : « Dès que tu descendras. » La poésie sacrée en langue vernaculaire n’était utilisée que dans les dévotions extra-ecclésiastiques. Le plus ancien hymne de Pâques allemand date du 12ème siècle.313 Les Minnesinger du XIIIe siècle composaient des chants populaires à caractère religieux, en particulier à la louange de Marie ; Il y avait aussi des chants sacrés pour les voyageurs, les marins, les soldats, etc. Les hérétiques se sont séparés de l’église et de ses services ont répandu leurs opinions au moyen d’hymnes. Saint François écrivit des hymnes italiens, et parmi ses disciples Fra Pacifico, Bonaventura, Thomas de Celano et Jacopone suivirent dignement ses traces.
104.11. Musique d’église ( 88, 2).―Le Le Cantus firmus grégorien tomba bientôt en disgrâce et en désuétude. La rareté, le coût et la corruption des antiphonaires, la difficulté de leur notation et de leur système musical, et le manque de chanteurs bien formés, se conjuguèrent pour amener ce résultat. Les chanteurs aussi avaient souvent fait des modifications arbitraires. C’est ainsi qu’à côté du Cantus firmus s’est progressivement développé un Discantus ou Cantus figuratus, et au lieu de chanter à l’unisson, le chant en harmonie a été introduit. Des règles d’harmonie, de concorde et d’intervalles furent alors élaborées par le moine Hucbald de Reims vers l’an J.-C. 900, tandis que le moine allemand Reginus vers l’an 900. 920 et l’abbé Opo de Clugny fit beaucoup pour la théorie et la pratique de la musique. À la place de la notation grégorienne complexe, le bénédictin toscan Guido d’Arezzo, A.D. 1000-1050, introduit la notation qui est encore utilisée, ce qui a permis d’écrire l’harmonie en même temps que la mélodie, le contrepoint, c’est-à-dire punctum contra punctum. Le découvreur de la mesure des billets fut Franco de Cologne vers J.-C. Débloquer 1200. L’orgue était couramment utilisé dans les églises. Les Allemands ont été les plus grands maîtres dans sa construction et dans son exécution. — Suite, 115, 8.
104.12. Architecture ecclésiastique. — La construction d’églises, que la barbarie du Xe siècle et l’attente généralisée de la fin prochaine du monde avaient contenue, prospérèrent au cours du XIe siècle d’une manière extraordinaire. L’effort d’insuffler l’esprit allemand dans le style antique de l’architecture a donné naissance au style roman de l’architecture, qui a prévalu au cours du 12ème siècle. Il était basé sur la structure des anciennes basiliques, l’innovation la plus importante étant l’introduction de la voûte à la place du toit plat en bois, ce qui rendait l’intérieur plus léger et augmentait l’effet de perspective. L’ornementation symbolique et fantaisiste a également été richement développée par des figures issues des plantes et des animaux d’Allemagne, d’après les légendes indigènes. Des tours ont également été ajoutées comme des doigts pointant vers le haut, parfois au-dessus de l’entrée de la nef centrale ou des deux côtés de l’entrée, parfois au-dessus du point où la nef et les transepts se croisent, ou des deux côtés du chœur. Les plus beaux spécimens de ce style étaient les cathédrales de Spires, Mayence et Worms. Mais parallèlement à cela sont apparus les débuts de ce que l’on appelle l’architecture gothique, qui a atteint son apogée aux XIIIe et XIVe siècles. C’est là que les idées allemandes se sont libérées de l’esclavage de l’ancien style basilique. Conservant le plan au sol primitif, son arc brisé permettait un développement en largeur et en hauteur dans une certaine mesure. L’arc brisé a d’abord été appris des Sarrasins, mais son application à l’architecture gothique était tout à fait originale, car elle n’était pas comme chez les Sarrasins décorative, mais constructive. Les murs blancs ont été transformés en piliers de soutien et sont devenus un cadre magnifique pour l’affichage d’une architecture de fenêtre ingénieuse. Une riche structure de pierre s’élevait sur le plan cruciforme, et les puissantes arches s’élevaient dans des hauteurs aériennes. De hauts piliers effilés symbolisaient les efforts de l’âme vers le ciel. La rosace au-dessus du portail, symbole du silence, enseigne que rien de ce qui est mondain n’a de voix là-bas. Les gigantesques fenêtres pointues envoient à travers leurs vitres magnifiquement peintes une lumière richement colorée sur le vaste espace. Tout dans la structure pointe vers le haut, et ce symbolisme s’exprime finalement dans les hautes tours, qui se perdent dans des hauteurs vertigineuses. La victoire sur le royaume des ténèbres est représentée par les reptiles répugnants, les formes démoniaques et les formes de dragon qui sont faites pour soutenir les piliers et les poteaux, et pour servir de porteurs d’eau. L’esprit des artistes a fait que même les évêques et les papes remplissaient ces fonctions subalternes, tout comme Dante a condamné de nombreux papes aux régions infernales.314
104.13. Les architectes les plus célèbres étaient des bénédictins. Le maître d’œuvre et les érudits qu’il a formés ont formé des sociétés indépendantes, libres de toute autre juridiction. Ils s’appelaient donc eux-mêmes « francs-maçons » et érigeaient des « loges », où ils se réunissaient pour se consulter et discuter. À partir du XIIIe siècle, ces loges tombèrent de plus en plus entre les mains des laïcs, et devinrent des écoles de formation d’architecture. C’est à eux que nous sommes en grande partie redevables du développement du style gothique. Leurs œuvres les plus célèbres sont la cathédrale de Cologne et la cathédrale de Strasbourg. Les fondations de la première ont été posées sous l’archevêque Conrad de Hochsteden en J.-C.En 1248 , le chœur fut achevé et consacré en 1248 . 1322 ( 174, 9). Erwin de Steinbach commença la construction de la cathédrale de Strasbourg en J.-C. Débloquer le niveau 1275.
104.14. Statuaire et peinture.—Sous la statuaire des Hohenstaufens, qui avait été interdite par l’ancienne église, s’éleva en faveur. Son premier grand maître en Italie fut Nicola Pisano, qui mourut en 1940. Débloquer le niveau 1274. Auparavant, en effet, une école de statuaire s’était formée en Saxe, dont nous ne sommes parvenus que de grands ouvrages. L’orfèvrerie et la métallurgie ont été mis au service de l’église par les artistes allemands, et montrent non seulement une merveilleuse habileté technique, mais aussi un haut niveau d’accomplissement dans l’art idéal. En peinture, les Byzantins ont enseigné aux Italiens, et ceux-ci encore aux Allemands. Au début du XIIIe siècle, il y avait une école de peinture à Pise et à Sienne, revendiquant saint Luc comme patron, et cherchant à donner plus de vie et de chaleur aux figures raides des Byzantins. Leurs plus grands maîtres furent Guido de Sienne et Giunta de Pise, et le Florentin Cimabue, † après J.-C. Débloquer 1300. La peinture sur mosaïque, principalement sur fond d’or, était en faveur en Italie. La peinture sur verre est rencontrée pour la première fois au début du 11ème siècle dans le monastère de Tegernsee en Bavière, et s’est rapidement répandue en Allemagne et dans toute l’Europe.315― Suite, 115, 13.
C’était une époque pleine des contradictions et des anomalies les plus merveilleuses dans la vie du peuple, mais chaque phénomène avait le caractère d’une puissance incontestable, et l’église appliquait le ciseau de l’artisan au bloc de marbre non taillé. Dans le droit des clubs, la violence la plus brutale prévalait, mais elle s’inclinait volontairement ou involontairement devant la puissance d’une idée. La sensualité la plus vile coïncidait avec l’abnégation et le renoncement les plus simples du monde, les plus merveilleuses démonstrations d’amour qui s’oublie soi-même. Les solennités les plus sacrées étaient parodiées, et alors les hommes se retournaient avec une ardeur terrible pour manifester la plus profonde inquiétude pour le salut de leur âme. À côté de la superstition sans mesure, nous rencontrons la libre pensée la plus hardie, et du milieu de l’ignorance et du manque de culture répandus rayonnaient de grandes pensées, des conceptions profondes et des anticipations suggestives.
105.1. La chevalerie et la paix de Dieu. — Malgré sa violence grossière, il y avait une profonde connotation religieuse dans la chevalerie, qui se manifesta en Espagne dans la guerre contre les Sarrasins, et dans toute l’Europe dans les croisades. Ce que les princes ne pouvaient pas faire pour réprimer la sauvagerie, l’Église l’a accompli dans une certaine mesure au moyen de l’injonction de la paix de Dieu. En apr. J.-C. En 1034, la sévérité de la famine en France conduisit à des actes de cannibalisme et de meurtre, que les évêques et les synodes punirent sévèrement. En apr. J.-C. En 1041, les évêques du sud de la France enjoignirent la paix de Dieu, selon laquelle, sous peine d’anathème, toutes les querelles devaient être suspendues du mercredi soir au lundi matin, comme les jours de l’ascension, de la mort, de l’ensevelissement et de la résurrection du Christ. Lors d’un concile ultérieur à Narbonne en A.D. 1054, l’Avent à l’Épiphanie, le Carême à huit jours après Pâques, depuis le dimanche avant l’Ascension jusqu’à la fin de la semaine de la Pentecôte, ainsi que les jours de braise et les fêtes de Marie et des Apôtres, ont été ajoutés. Même les autres jours, les églises, les cloîtres, les hôpitaux et les cimetières, ainsi que les prêtres, les moines, les pèlerins, les marchands et les agriculteurs, en un mot, tous les hommes désarmés, et, par le concile de Clermont, A. D. En 1095, même tous les croisés ont été inclus dans la paix de Dieu. Son influence salutaire s’est fait sentir même à l’extérieur de la France, et au 3e concile du Latran en J.-C. 1179 Alexandre III l’éleva au rang de loi universellement applicable de l’Église.
105.2. Coutumes populaires. — La superstition reposant sur l’ancien paganisme a introduit une mythologie chrétienne. Dans presque toutes les légendes populaires, le diable jouait un rôle de premier plan, et il était généralement représenté comme une dupe qui a été trompée à la fin. Les choses les plus sacrées ont fait l’objet de parodies blasphématoires. Lors de la fête du fou le jour du Nouvel An en France, des papes, des évêques et des abbés moqueurs ont été introduits et toutes les actions saintes ont été imitées de manière blasphématoire. Le Festum innocentum était de même nature (57, 1) promulguée par les écoliers à Noël. C’est également à Noël qu’a été célébrée la soi-disant fête des ânes. À Rouen, des représentations dramatiques des prophéties de la naissance du Christ ont été données ; à Beauvais, la fuite en Égypte. Cette relique de la licence païenne fut combattue par les évêques, mais encouragée par le bas clergé. Après que les évêques et les conciles eurent réussi à bannir ces folies des lieux consacrés, elles cessèrent bientôt d’être célébrées. Sous le nom de Calendes, parce que leurs réunions se déroulaient aux calendes de chaque mois, des confréries composées de membres cléricaux et laïcs ont vu le jour au début du XIIIe siècle dans toute l’Allemagne et la France, se consacrant à la prière et à la célébration de messes pour les membres et les parents vivants et décédés. Ce but pieux fut en effet bientôt oublié, et les réunions dégénérèrent en carrousels tumultueux.
105.3. Deux saints royaux.—Sainte Élisabeth, fille d’André II de Hongrie, mariée dans sa quatorzième année à saint Louis IV, landgrave de Thuringe, fut rendue veuve dans sa vingt-dixième année par la mort de son mari dans la croisade de Frédéric II. 1227, et subit par la suite de nombreuses privations de la part de son beau-frère. Son père confesseur lui inspira un esprit fanatique d’abnégation. Elle prit à Marbourg l’habit des religieuses franciscaines, prononça les trois vœux et se retira dans une maison de miséricorde, où elle se soumit à la flagellation de son confesseur. C’est là qu’elle mourut dans sa 24e année après J.-C. Débloquer le niveau 1231. On attribue à ses restes l’accomplissement de nombreux miracles. Elle fut canonisée par Grégoire IX, en apr. J.-C. 1235, et au XIVe siècle, l’ordre des religieuses élisabéthaines a été institué pour le ministère des pauvres et des malades.316―Sainte Hedwige, tante d’Élisabeth, mariée à Henri, duc de Silésie, dans sa 12e année. Après s’être acquittée fidèlement de ses devoirs d’épouse, de mère et de princesse, elle fit vœu de chasteté avec son mari et, grâce à la vente de ses ornements nuptiaux, construisit un couvent à Trebnitz, où elle mourut en . 1243 dans sa 69e année. Canonisé en apr. J.-C. En 1268, ses restes furent déposés dans l’église du couvent, qui devint à ce titre un lieu de villégiature favori des pèlerins.
105.4. Preuves de sainteté.
105.5. Culture religieuse du peuple.—Les Hohenstaufen tentèrent en vain d’instituer un système d’écoles publiques et d’enseignement obligatoire. Vaudois, et semblables ( 108) obtint la faveur en répandant l’instruction par la prédication en langue vernaculaire, la lecture et le chant. Les dominicains en ont tiré un indice. Le Concile de Toulouse, A.D. 1229 ( 109, 2), interdisait aux laïcs de lire les Écritures, même le Psautier et le Bréviaire, en langue vulgaire. Les résumés de l’histoire des Écritures étaient autorisés. C’est de ce genre que fut la Bible rimée en néerlandais par Jacob de Maërlant, † apr. J.-C. 1291, qui donne en rimes l’histoire de l’Ancien Testament, la Vie de Jésus, et l’histoire des Juifs jusqu’à la destruction de Jérusalem. Au XIIIe siècle, les légendes rimées donnaient en langue vernaculaire la substance des martyrologes latins. Le plus ancien exemplaire allemand en 3 exemplaires. d’un auteur inconnu contient 100 000 vers rimés, sur le Christ et Marie, les Apôtres et les saints dans l’ordre de l’année ecclésiastique. L’information a été encore plus efficace au cours du XIe siècle et des siècles suivants par la représentation de pièces sacrées. De simples chansons réactives, elles ont été transformées en drames réguliers adaptés aux différents festivals. Outre les pièces historiques qu’on appelait Mysteries=ministeria comme représentations de l’eccl. Ministri, il y avait des pièces allégoriques et morales appelées Moralités, dans lesquelles les vérités morales étaient personnifiées sous les noms de vertus et de vices. Les nombreuses images, mosaïques et reliefs sur les murs ont grandement contribué à répandre l’instruction parmi le peuple.317
105.6. La littérature nationale ( 89, 3).―Walter v. d. Vogelweide, † apr. J.-C. 1230, chanta les louanges du Seigneur, de la Vierge et de l’Église, et fustigea les vices cléricaux et les prétentions hiérarchiques de son époque. L’éditeur du Nibelungenlied païen du XIIe siècle lui a donné un vernis légèrement chrétien. Wolfram d’Eschenbach, poète chrétien au sens le plus élevé du terme, a donné à la légende païenne de Parcival un caractère tout à fait chrétien dans l’histoire du Saint Graal et des chevaliers de la Table ronde du roi Arthur. Ses antipodes en tant que poète purement profane étaient Godefroy de Strasbourg, dont Tristan et Isolt présente une image tout à fait sensuelle de l’amour charnel ; mais comme suite de celle-ci, nous avons une rhapsodie fortement éthérée sur l’amour divin, conçue tout à fait dans l’esprit de saint François. — Les chants enjoués des troubadours du midi de la France étaient souvent le véhicule de sentiments hérétiques et exprimaient une haine amère contre la Babylone romaine.318
L’interdiction, dirigée contre des pécheurs notoires et des ennemis de l’Église, et l’interdiction, dirigée contre tout un pays, étaient des armes redoutables qui manquaient rarement d’atteindre leur but. Leur utilisation sottement fréquente à des fins politiques par les papes du XIIIe siècle a été la première chose qui a affaibli leur influence. La discipline pénitentielle de l’Église aussi (104, 4), commença à perdre son pouvoir, lorsque des œuvres extérieures, telles que l’aumône, les pèlerinages, et surtout les amendes pécuniaires sous forme d’indulgences, furent prescrites comme substituts. Diverses protestations contre le laxisme et la formalité qui prévalaient ont été faites par les bénédictins et par de nouveaux ordres institués au cours du XIe siècle. Une ascèse stricte avec auto-lacération et mortification a été imposée dans de nombreux cloîtres, et de nombreux ermites ont acquis une grande réputation de sainteté. L’exemple et la prédication de moines et de reclus sérieux contribuèrent beaucoup à faire renaître la religion et à éveiller un enthousiasme pénitentiel. Non contents de mortifier le corps en prolongeant les jeûnes et les veilles, ils se blessaient par des coups de fouet sévères et par le port d’un sac à même la peau, et quelquefois aussi de cottes de mailles d’airain, de lourdes chaînes de fer, de ceintures à piqûres, etc.
106.1. Interdiction et interdiction.—À partir du IXe siècle, une distinction a été faite entre l’Excommuniat majeur et l’Excommunié mineur. Celle-ci, infligée à des infractions moins graves au droit canonique, est simplement exclue de la participation au sacrement. Le premier, appelé Anathème, dirigé contre les pécheurs endurcis par la dénonciation solennelle et la malédiction de l’Église, impliquait l’exclusion de toute communion ecclésiastique et même le refus de la sépulture chrétienne. Les zélotes qui tuèrent de tels excommuniés furent déclarés par Urbain II. de ne pas être des meurtriers. Innocent III, au 4e concile du Latran apr. J.-C. 1215, fit retirer tous les droits civils aux excommuniés et confisquer leurs biens. Les dirigeants soumis à l’interdiction ont été destitués et leurs sujets libérés de leur serment d’allégeance. Les évêques exerçaient le droit de mettre sous ban dans leurs diocèses, et les papes sur toute l’Église. — L’interdit a été reconnu pour la première fois comme institution ecclésiastique au synode de Limoges en l’an J.-C. Débloquer le niveau 1031. Tant qu’elle était en vigueur contre n’importe quel pays, toutes les cloches étaient réduites au silence, les services liturgiques n’avaient lieu qu’avec des portes fermées, la pénitence et l’eucharistie n’étaient administrées qu’aux mourants, seuls les prêtres, les frères mendiants, les étrangers et les enfants de moins de deux ans recevaient une sépulture chrétienne, et personne ne pouvait être marié. Rarement le peuple a pu endurer aussi longtemps. C’était donc une arme terrible entre les mains des papes, qui l’utilisaient souvent avec efficacité dans leurs luttes avec les princes des XIIe et XIIIe siècles.
106.2. Indulgences. — Le vieux principe allemand de composition (89, 5), et la doctrine grégorienne du purgatoire ( 61, 4), formaient les bases sur lesquelles fut élevée l’ordonnance des indulgences. La théorie des moines de Saint-Victor du XIIe siècle concernant la satisfaction pénitentielle ( 104, 4), a donné une impulsion au développement de cette institution de l’Église. Il a été établi au XIIIe siècle par la formulation de la doctrine du mérite surabondant du Christ et des saints (Thesaurus supererogationis Christi et perfectorum) par Alexandre de Hales, Albert le Grand et Thomas d’Aquin. Les membres du corps du Christ pouvaient souffrir et se servir les uns les autres, et c’est pourquoi Thomas d’Aquin pensait que les mérites de l’un pourraient atténuer les douleurs du purgatoire de l’autre. Innocent III, en apr. J.-C. 1215, accordait aux évêques le droit de limiter les peines du purgatoire à quarante jours, mais revendiquait pour le pape exclusivement le droit de donner une pleine indulgence (Indulgentia plenaria). Clément VI. déclara que le pape, en tant que chargé des clefs, était seul le dispensateur du Thesaurus supererogationis. L’indulgence stricte n’était permise qu’aux vrais pénitents, comme une aide à l’imparfait et non comme un substitut à une satisfaction inexistante. Cela était généralement ignoré par les prédicateurs d’indulgences. C’était particulièrement le cas à l’époque des croisés. Les papes accordaient aussi fréquemment des indulgences à ceux qui se contentaient de visiter certains sanctuaires.
106.3. La doctrine de l’Église dans l’au-delà. — Tous ceux qui avaient parfaitement observé toutes les exigences des pénitences et des sacrements de l’Église jusqu’à la fin de leur vie se voyaient ouvrir les portes du ciel. Tous les autres passèrent dans le Monde Inférieur pour souffrir soit positivement = sensus, douleurs inexprimables du feu, soit négativement = damnum, perte de la vision de Dieu. Il y a quatre degrés correspondant à quatre lieux de punition. L’enfer, situé au milieu de la terre, l’abîme (Apocalypse, XX, 1), est le lieu et l’état de punition éternelle pour tous les infidèles, les apostats, les excommuniés, et tous ceux qui sont morts en état de péché mortel. Le cercle suivant est le feu purificateur du Purgatoire, ou un lieu de punition temporaire, positive ou négative, pour tous les chrétiens croyants qui n’ont pas pleinement satisfait dans la vie aux trois exigences du sacrement de pénitence (104, 4). Le Limbus infantum est une chambre latérale du purgatoire, où tous les enfants non baptisés sont gardés pour toujours, seulement privés de béatitude à la suite du péché originel. Puis, au-dessus se trouve le Limbus Patrum, « le sein d’Abraham », où les saints de l’Ancienne Alliance attendent la seconde venue du Christ.
106.4. Flagellation. — À partir du VIIIe siècle, la discipline s’exerçait souvent au moyen de la flagellation, administrée par le confesseur qui la prescrivait. Au XIe siècle, l’autoflagellation volontaire était fréquemment pratiquée non seulement comme punition pour son propre péché, mais, selon le modèle du Christ et des martyrs, comme expiation pour les péchés des autres. Il est originaire d’Italie, a eu son grand patron en Damiani ( 97, 4), et a été vivement félicité par Bernard, Norbert, François, Dominique, etc. On rapporte de saint Dominique qu’il se flagellait trois fois par nuit, d’abord pour lui-même, puis pour ses compagnons vivants, puis pour les défunts du purgatoire. Les prédicateurs franciscains zélés ont surtout contribué à l’enthousiasme pour l’auto-mortification parmi le peuple (98, 4). À propos d’A.D. En 1225, Antoine de Padoue attire des foules qui se déchaînent publiquement en chantant des psaumes. Disciples de Joachim de Floris ( 108, 5) alors que les Flagellants se précipitaient en grand nombre dans toute l’Italie du Nord au cours de notre ère. 1260, prêchant l’approche immédiate de la fin du monde.319
La mystique pratique, qui ne s’occupait que du salut de l’âme, avait de nombreuses représentantes parmi les femmes des XIIe et XIIIe siècles. Parmi eux, il était particulièrement caractérisé par la prévalence de visions extatiques, se transformant souvent en manifestations d’affections nerveuses que les superstitieux considéraient comme des démonstrations de puissance miraculeuse. On en trouve des exemples dans tous les pays, mais surtout aux Pays-Bas et dans les provinces rhénanes, en France, en Alsace et en Suisse, en Saxe et en Thuringe. Ceux dont les visions indiquaient l’inauguration de réformes nous intéressent particulièrement, car ils ont souvent eu une influence considérable sur l’histoire ultérieure de l’Église.
107.1. Deux prophétesses rhénanes du XIIe siècle.―Sainte Hildegarde fut fondatrice et abbesse d’un cloître près de Bingen sur le Rhin, où elle mourut en A.D. 1178 dans sa 74e année. Affligée par les corruptions cléricales et papales, elle eut des visions apocalyptiques de l’antéchrist, voyagea loin et s’engagea dans une longue correspondance pour appeler à des réformes radicales. Saint Bernard et le pape Eugène III. qui a rendu visite à Trèves en A.D. 1147 reconnut sa vocation prophétique, et le peuple attribua à son merveilleux pouvoir de guérison.― La plus jeune contemporaine d’Hildegarde était sainte Élisabeth de Schönau, abbesse du couvent voisin de Schönau, qui mourut en A.D. Débloquer le niveau 1165. Ses prophéties étaient pour la plupart de l’ordre apocalyptique et visionnaire, et elle y fustigeait avec encore plus de sévérité la corruption du clergé. Elle a également donné de l’importance à la légende de sainte Ursule (104, 9).
107.2. Trois prophétesses de Thuringe du XIIIe siècle.―Mechthild de Magdebourg, après trente ans de vie béguine, écrivit dans un beau style rythmé en allemand sa « Lumière de la Divinité », exposant la douceur de l’amour de Dieu, la béatitude des saints glorifiés, les peines du purgatoire et de l’enfer, et dénonçant avec une grande ferveur morale les corruptions du clergé et de l’Église, et dépeignant avec la puissance d’un poète ou d’un prophète la venue du dernier jour. Influencé par les vues apocalyptiques de Joachim de Floris ( 108, 5), elle exprime aussi un patriotisme authentiquement allemand. Avec elle, c’est un nouvel ordre de prédication qui mène à la victoire contre l’antéchrist, et le fondateur de cet ordre, qui trouve la mort en martyr dans le conflit, est un fils du roi romain. Contrairement à Joachim, elle fait ainsi de l’empire allemand non pas un ennemi, mais l’allié de l’Église. Les prophéties de Mechthild influencèrent largement Dante, et même son nom apparaît dans celui de son guide Mathilde. En 1310, dans son Speculum spiritualis gratiæ, elle publia ses visions d’un ordre prophétique réformateur et eschatologique, plus subjectif et personnel que ceux du premier. 1311, est plus résolument réformatrice que l’une ou l’autre des Mechthildes ou de toute autre femme du Moyen Âge. Scrutatrice assidue des profondeurs de l’Écriture, elle renonça à la vénération qu’on témoignait habituellement à Marie, aux saints et aux reliques, répudia toutes les idées de son temps sur les mérites, les exercices cérémoniels et les indulgences, et dans l’exercice d’une foi simple, elle ne se confia qu’à la grâce de Dieu dans le Christ. Elle semble appartenir au XVIe siècle plutôt qu’au XIIIe siècle. Ses visions, elles aussi, sont plus d’ordre spirituel.
Les efforts médiévaux de réforme sont venus en partie de l’intérieur de l’Église elle-même pour tenter de restaurer la pureté et la simplicité apostoliques, en partie de l’extérieur de la part de ceux qui désespéraient de tout bien de la part de l’Église, et qui donc lui ont fait une guerre acharnée. De telles tentatives ont souvent été perdues au milieu des caprices du fanatisme et de l’hérésie, qui ont rapidement menacé les fondements du tissu social, et se sont souvent heurtées à l’État. Les plus répandues et les plus radicales étaient les nombreuses sectes dualistes des Cathares. Le fanatisme montaniste a été ravivé dans des prophéties apocalyptiques. Il y avait aussi des sectes panthéistes, et chez les Pasagiens une sorte d’ébionisme réapparut. Un autre groupe de sectes est né des efforts de réforme d’hommes individuels qui, percevant la corruption totale de l’Église de leur temps, cherchaient le salut dans un renversement révolutionnaire de toutes les institutions ecclésiastiques et répudiaient souvent la vérité avec l’erreur qui était l’objet de leur haine. La seule église protestante d’un genre évangélique tout à fait sensé était celle des Vaudois.
108.1. Les Cathares. — L’opposition aux prétentions hiérarchiques a conduit à la propagation des sectes, en particulier dans le nord de l’Italie et en France, à partir du XIe siècle. Les restes cachés des anciennes sectes manichéennes ont repris courage et se sont aventurés dans la lumière pendant la période des croisades. En France, on les appelait Tisserands, car ils étaient principalement composés de tisserands. En Italie, on les appelait Patareni ou Paterini, soit du sens originel du mot, racaille ( 97, 5), soit parce qu’ils adoptèrent l’attitude de la Pasaria de Milan, au point d’offrir une opposition laïque au clergé local, ou à cause de l’usage fréquent du Paternoster. D’origine plus tardive sont les noms Publicani et Bulgări, donnés comme des désignations opprobres aux Pauliciens. Le nom le plus répandu de Catharie, depuis les temps les plus reculés un titre favori pris par les sectes rigoristes ( 41, 3), avait son origine en Orient. En France, on les appelait Albigeois, de la province d’Albigeois, qui était leur siège principal dans le sud de la France. — Des écrits des Cathares, nous possédons, depuis la fin du XIIIe siècle, une traduction prouvée du N.T., exempte de toute falsification en faveur de leurs opinions sectaires. Leurs principes ne peuvent être appris que par les écrits polémiques de leurs adversaires, Alanus ab Insulis ( 102, 5), le dominicain Joh. Moneta, vers J.-C. 1240, et Rainerius, Sacchoni, dominicain et inquisiteur, vers J.-C. Débloquer le niveau 1250.
108.2. Outre leur opposition à la hiérarchie, toutes ces sectes avaient en commun une base dualiste à leurs systèmes théologiques. Ils soutenaient sous une forme plus ou moins extrême les doctrines suivantes : Le Dieu bon qui est proclamé dans le Nouveau Testament créa au commencement le monde céleste et invisible, et le peuplait d’âmes revêtues de corps éthériques. Le monde terrestre, d’autre part, est l’œuvre d’un esprit malin, qui est considéré comme un objet d’adoration dans l’Ancien Testament. Entré dans le monde céleste, il réussit à séduire quelques-uns de ses habitants, qu’il emmena avec lui sur la terre, et là emprisonnés dans des corps terrestres. afin de rendre impossible le retour dans leur demeure céleste. Pourtant, ils sont capables de rédemption et peuvent, après s’être repentis et soumis aux ordonnances purificatoires, être de nouveau libérés de leurs liens terrestres et ramenés au ciel. Pour cette rédemption, le bon Dieu envoya « l’homme céleste » Jésus (1 Corinthiens xv. 47) sur la terre sous l’apparence de l’homme, pour enseigner aux hommes leur origine céleste et les moyens de la restauration. Les Cathares ont rejeté l’Ancien Testament, mais ont accepté le Nouvel Testament, qu’ils ont lu dans la langue vernaculaire. Le mariage, ils le considéraient comme un obstacle à la perfection chrétienne. Ils traitaient avec mépris le baptême d’eau, la Cène et l’ordination, ainsi que toute vénération des saints et des reliques, et ne toléraient ni les images, ni les croix, ni les autels. La prière, l’abstinence et le baptême de l’Esprit étaient considérés comme les seuls moyens de salut. La prédication était à côté de la prière la plus importante dans leurs services publics. Ils mettaient également l’accent sur le jeûne, la génuflexion et la répétition des formules énoncées, en particulier le Notre Père. Leurs membres étaient divisés en Cregentz (credentes ou catéchumènes) et Bos homes ou Bos crestias (boni homines, boni Christiani = perfecti ou electi). Un ordre inférieur des catéchumènes était les Auditores. Ceux-ci ont été reçus en tant que Credentes après une longue période d’entraînement au milieu de diverses cérémonies et répétitions du Notre Père, etc. L’ordre des Perfecti était entré par le baptême spirituel, le Consolamentum ou la communication de l’Esprit Saint comme le Consolateur promis, sans lequel personne ne peut jouir de la vie éternelle. Même des opposants tels que saint Bernard admettent que certains d’entre eux ont fait preuve d’une grande sincérité morale, et que beaucoup ont fait face à la mort d’un martyr avec un véritable héroïsme chrétien. Des symptômes de décomposition sont apparus dans la propagation parmi eux de pratiques antinomiques. Cette détérioration morale s’est manifestée comme une partie radicale de ce système chez les soi-disant lucifériens ou adorateurs du diable, dont le dualisme, comme celui des Euchites et des Bogomilles (71), a conduit à l’adoption de deux Fils de Dieu. Lucifer l’ancien, chassé à tort du ciel, est le créateur et le seigneur de ce monde terrestre, et par conséquent seul adoré dans ce monde. Son expulsion (Ésaïe. 12) est accomplie par le fils cadet, Micaël, qui, cependant, à cause de cela, chaque fois que Lucifer regagnera le ciel, sera envoyé avec toute sa compagnie dans le châtiment éternel. D’une incarnation de Dieu, même docétique, ils ne savent rien. Ils considéraient Jésus comme un faux prophète crucifié à cause du mal qu’il avait fait. — Des sectes cathares soupçonnées de tendances manichéennes ont été découvertes çà et là au cours du XIe siècle. Au siècle suivant, leur nombre s’était considérablement accru, et ils se répandirent dans la Lombardie et le sud de la France. mais on les trouvait aussi dans le sud de l’Italie, en Allemagne, en Belgique, en Espagne et même en Angleterre. Ils avaient un pape résidant en Bulgarie, douze magistri et soixante-douze évêques, chacun avec un Filius majeur et mineur à ses côtés. En apr. J.-C. En 1167, ils parviennent à réunir un concile œcuménique cathare à Toulouse. Ni la clémence ni la sévérité ne purent les réprimer. Saint Bernard l’emporta le plus par la puissance de son amour, et par la suite les Dominicains apprirent qu’ils eurent plus d’effet dans leurs prédications et leurs disputes. Ils trouvèrent de nombreuses occasions d’afficher leur haine de la papauté pendant les luttes des Guelfes et des Gibelins. Malgré de terribles persécutions, qui atteignirent leur apogée au début du XIIIe siècle lors de la croisade des Albigeois (109, 1), Des vestiges d’entre eux ont été trouvés jusqu’au 14ème siècle.
108.3. La petite secte des Pasagiens en Lombardie, au XIIe siècle, protestant contre la dépréciation manichéenne de l’Ancien Testament des Cathares, adopta des vues d’un caractère quelque peu ébionite. À l’exception du sacrifice, ils appliquaient toutes les anciennes observances cérémonielles, même la circoncision, et soutenaient une théorie arienne ou ébionite de la personne du Christ. Leur nom, qui signifie « passage », semble faire référence à des pèlerinages en Terre Sainte, et peut-être à partir de là un indice sur leur origine.
108.4. Hérétiques panthéistes.
108.5. Hérétiques apocalyptiques. — L’abbé cistercien Joachim de Floris, mort en apr. J.-C. 1202, avec ses notions de ce qu’on appelle « l’Évangile éternel », en tant que réformateur et enclin à la prophétie apocalyptique, suivit les traces d’Hildegarde de Bingen et d’Élisabeth de Schönau (107, 1). Ses vues prophétiques se répandirent parmi les franciscains et furent longtemps incontestées. En apr. J.-C. 1254 l’Université de Paris, mettant en garde contre les moines mendiants ( 103, 3), Alexandre IV. pour condamner ces points de vue tels qu’ils sont exposés dans les commentaires sur Ésaïe et Jérémie attribués à Joachim, mais qui se trouvent maintenant faux. Preger en doute, mais Reuter maintient l’authenticité des trois traités regroupés sous le titre d’Evangelium æternum. Les points principaux de sa théorie semblent avoir été ceux-ci : Il y a trois âges, celui du Père dans l’Ancien Testament, celui du Fils dans le Nouveau Testament, et celui du Saint-Esprit dans l’approche de la plénitude du royaume de Dieu sur la terre. Parmi les apôtres, Pierre est représentatif du premier âge, Paul du second et Jean du troisième. Ils peuvent aussi être caractérisés comme l’âge des laïcs, du clergé et des moines, et comparés en ce qui concerne la lumière avec les étoiles, la lune et le soleil. Les six premières périodes de l’âge du Nouveau Testament sont divisées (d’après le modèle des quarante-deux générations de Matthieu 1 et des quarante-deux mois ou 1260 jours d’Apocalypse XI, 2, 3) en quarante-deux périodes plus courtes de trente ans chacune, de sorte que la sixième période se termine avec l’ère chrétienne. 1260, et alors se lèvera la période du Sabbat de la Nouvelle Alliance comme l’âge du Saint-Esprit. Cela sera précédé d’un court règne de l’antéchrist en punition de la corruption de l’église et du clergé. Cependant, par le travail des moines, l’Église est enfin purifiée et enfantée triomphante, et la vie de sainte contemplation devient universelle. Les germes de l’Antéchrist étaient évidemment censés se trouver dans l’empire Hohenstaufen de Frédéric Ier. et Henri VI. Les commentaires sur Isaïe et Jérémie sont allés jusqu’à désigner la personne de Frédéric II. comme celle de l’Antéchrist.
108.6. Les Joachites gibelins d’Italie, pour la plupart recrutés parmi les franciscains, se rangèrent du côté de l’empereur contre le pape et adoptèrent des vues apocalyptiques pour convenir à leur politique, et considérèrent la papauté comme le précurseur de l’antéchrist. L’un de leurs chefs, Oliva, qui mourut en apr. J.-C. En 1297, il écrivit une Postilla super Apoc., dans laquelle il dénonçait l’église romaine de son temps comme la grande prostituée de Babylone, et son érudit Ubertino de Casale voyait dans la bête qui sortait de la mer (Apoc. xiii) une image prophétique de la papauté. surtout en Souabe. Le mouvement était dirigé par un certain Arnold. qui a écrit une Epistola de correctione ecclesiæ sur A.D. Débloquer le niveau 1246. Il trouve dans Innocent IV. l’antéchrist et dans Frédéric II. l’exécuteur du jugement divin et l’inauguration de la réforme. La mort de Frédéric, qui suivit peu de temps après en apr. J.-C. 1250, et la catastrophe de l’an 1200. 1268 ( 96, 20), a dû mettre fin à tout le mouvement.
108.7. Réformateurs révolutionnaires.
108.8.
108.9. Partisans de la réforme.
108.10. Les Vaudois.
108.11.
108.12.
108.13.
108.14.
Une représentation de l’origine et du caractère de l’ancien mouvement vaudois complètement différente de celle donnée dans les sources mentionnées et utilisées dans les sections précédentes, en particulier en ce qui concerne les sociétés françaises, a été courante depuis le milieu du XVIe siècle dans la tradition vaudoise moderne, et au moyen de documents falsifiés ou mal compris, elle a été répétée par la plupart des historiens protestants jusqu’à U. Hahn inclus. Les recherches de Dieckhoff et d’Herzog ont d’abord démoli pour toujours ces fabuleuses créations de la mythologie vaudoise, bien que les écrivains vaudois plus récents, par exemple Hudry-Ménos, mais pas Comba, cherchent encore avec ténacité à affirmer leur vérité. D’après ces traditions, bien avant l’époque de Waldus de Lyon, il y avait dans les vallées du Piémont des communautés vaudoises, c’est-à-dire vallensiennes, porteuses de la pure vérité évangélique, dont l’origine remontait au moins à Claude de Turin, tandis que d’autres la ramenaient affectueusement à l’apôtre Paul. qui, lors de son voyage en Espagne (Rom. xv. 24), a peut-être aussi visité les vallées piémontaises. C’est à eux que Pierre de Lyon doit son éveil spirituel et son surnom de Waldus, c’est-à-dire le Vaudois. Pour prouver cette assertion, on nous renvoie à une littérature manuscrite assez abondante, dite vaudoise ancienne, écrite dans un dialecte roman particulier, déposée dans les bibliothèques de Genève, de Dublin, de Cambridge, de Zurich, de Grenoble et de Paris. Après un examen attentif et impartial de ces pièces littéraires, dont la partie la plus ancienne ne peut prétendre à une date antérieure au début du XIVe siècle, il est devenu tout à fait évident que celles-ci, dans la mesure où elles ne sont pas des fabrications ou des interpolations, n’offrent pas le moindre motif de justifier ces fantaisies vaudoises. Ce point de vue est encore corroboré par le fait que l’enquêteur le plus minutieux et le plus minutieux de ce département, Carl Müller, maintient avec confiance la conviction et montre la base sur laquelle elle repose, « que toute la littérature dite vaudoise de la période pré-hussite a été sans exception dérivée de sources catholiques et non vaudoises ». Les falsifications de ce réputé vieux groupe d’écrits vaudois mentionnés, au moyen d’interpolations, d’omissions et d’altérations dans les tracts appartenant à ce recueil, ainsi que la falsification de nouveaux écrits, et cela dans le seul but de justifier pour leur société la renommée mythique d’une église évangélique primitive, indépendante et toujours pure, d’abord trouvé place après la protestantisation des Vaudois romans ou piémontais, et ont ensuite été exploités avec succès par leurs historiens, Perrin, Léger, Muston, Monastier, etc. Dans la Nobla laiczon (=lectio), par exemple un poème doctrinal religieux, dans l’affirmation des v. 6, 7, que depuis l’origine des écrits du Nouveau Testament 1.400 ans s’étaient écoulés (mil e 4 cent anz), le chiffre 4 a été effacé, de sorte qu’il pourrait sembler être un fait établi qu’en A.D. En 1100, soixante-dix ans avant l’apparition de Waldus, il existait déjà des communautés vaudoises. Mais quand, en A.D. En 1862, les manuscrits de Morland, perdus depuis 200 ans, ont été retrouvés dans la bibliothèque de Cambridge, on a trouvé parmi eux une copie du Nobla laiczon, dans laquelle on a trouvé une copie de la Nobla laiczon, dans laquelleAvant le mot cent, on pouvait observer un effacement, dans lequel les contours de la boucle du chiffre arabe 4 étaient encore clairement discernables. Dans une autre pièce contenue dans ce recueil, le passage auquel il est fait référence est cité sous le titre « mil e CCCC anz ». Les écrits hussites traduits du bohème ont également été considérés comme des œuvres vaudoises authentiques des siècles précédents, et ont en outre reçu la date correspondante. Un manuscrit du Nouveau Testament conservé à Zurich a été attribué au XIIe siècle ; mais, en y regardant de plus près, on montra que l’auteur devait avoir sous les yeux le Testament grec d’Érasme. Mais le cas le plus flagrant de falsification se trouve dans la « Confession de foi vaudoise », présentée pour la première fois par Perrin comme preuve de la foi des anciens Vaudois, à laquelle une main postérieure avait attribué comme date de composition l’année 1120. Il reproduit presque mot pour mot les paroles de Bucer telles qu’elles sont données dans le rapport de Morel sur ses négociations avec ce divin et Œcolampadius. C’est ainsi qu’un nouveau sceau a été apposé sur les articles doctrinaux des anciens Vaudois.320
108.15.
108.16.
L’Église n’était nullement indifférente à la propagation de ces hérésies des XIe et XIIe siècles, qui remettaient en question son existence même. Même au XIe siècle, elle invoqua le bûcher comme un type du feu de l’enfer qui consumerait les hérétiques, et contre cela une seule voix, celle de l’évêque Wazo de Liège († apr. J.-C. 1048), a été soulevée. Au XIIe siècle, les voix protestataires sont plus nombreuses : Pierre le Vénérable (98, 1), Rupert de Deutz, Sainte-Hildegarde, Saint-Bernard, déclara que l’épée et le feu n’étaient pas des armes propres à la conversion. Saint Bernard montra par son propre exemple qu’on pouvait faire plus par des supplications affectueuses et des instructions amicales que par l’éveil d’un enthousiasme fanatique pour le martyre. Mais les bourreaux et les pieux étaient plus faciles à produire que les Saint-Bernard, dont les XIIe et XIIIe siècles n’avaient nullement une surabondance. Peu à peu, Dominique envoya ses disciples enseigner et convertir les hérétiques par la prédication et la dispute ; Tant qu’ils s’en tinrent à ces méthodes, ils ne furent pas sans succès. Mais même eux trouvèrent bientôt plus agréable ou plus efficace de combattre les hérétiques par la torture et le bûcher plutôt que par la discussion et le discours. La croisade des Albigeois et le tribunal de l’Inquisition érigé à leur sujet vinrent enfin à bout des protestataires et poussèrent les restes de leurs sectes à se cacher. Dans l’administration des peines, l’Église ne faisait aucune distinction entre les diverses sectes ; Tous étaient semblables à ceux qui étaient en guerre avec l’Église.
109.1. La croisade des Albigeois, apr. J.-C. 1209-1229. — Vers la fin du XIIe siècle, les sectes abondaient dans le midi de la France. Innocent III. les considéraient comme pires que les Sarrasins, et en J.-C. En 1203, un légat, Pierre de Castelnau, est envoyé avec les pleins pouvoirs pour assurer leur extermination. Mais Pierre a été assassiné en J.-C. En 1208, les soupçons se portèrent sur Raymond IV, comte de Toulouse. Une croisade sous Simon de Montfort fut alors convoquée contre les sectaires, qui, comme habitant principalement le district d’Albigeois, s’appelaient désormais Albigeois. Une guerre de vingt ans a été menée avec un fanatisme fou et une cruauté de part et d’autre, dans laquelle coupables et innocents, hommes, femmes et enfants ont été impitoyablement tués. Lors du sac de Béziers, qui comptait 20 000 habitants, le légat du pape s’écria : « Tuez tous, le Seigneur saura chercher et sauver les siens. »321
109.2. L’Inquisition. — Quiconque examinait un hérétique confisquait ses terres, ses biens et ses charges ; une maison dans laquelle on en avait découvert était rasée ; tous les citoyens devaient communier trois fois par an, et tous les deux ans pour renouveler leur serment d’attachement à l’Église, et refuser toute aide en cas de maladie à ceux qui étaient soupçonnés d’hérésie, etc. Les évêques ne se montrant pas assez zélés pour faire respecter ces lois, Grégoire IX. en apr. J.-C. En 1232, il fonda le Tribunal de l’Inquisition et le remit entre les mains des Dominicains. Ceux-ci, comme Domini canes, soumirent aux tortures les plus cruelles tous ceux sur qui tomba le soupçon d’hérésie, et tous les résolus furent livrés aux autorités civiles, qui se chargeaient promptement de leur exécution.322―Suite 117, 2.
109.3. Conrad de Marbourg et les Stedinger. — Le premier inquisiteur d’Allemagne, le dominicain Conrad de Marbourg, également connu sous le nom de confesseur sévère de sainte Élisabeth (105, 3), après une carrière de trois ans de cruauté, il fut mis à mort par certains nobles de notre ère. Débloquer le niveau 1233. Et sic, disent les Annales de Worms, divino auxilio liberata est Teutonia ab isto judicio enormi et inaudito. Il est enrôlé par Grégoire IX. parmi les martyrs. Peut-être à tort, a-t-il été blâmé pour la croisade de Grégoire après J.-C. 1234 contre les Stedinger. C’étaient des Frisons d’Oldenbourg qui se révoltaient contre l’oppression des nobles et des prêtres, refusaient les socages et les dîmes, et protégeaient les hérétiques albigeois. La première croisade échoua ; le second réussit et pilla, assassina et brûla de toutes parts. Des milliers de paysans malheureux furent tués, ni femmes ni enfants ne furent épargnés, et tous les prisonniers furent envoyés au bûcher comme hérétiques.
À partir de l’époque de Gélase II. ( 96, 11) c’était la coutume des papes, chaque fois que l’Italie devenait trop chaude pour qu’ils pussent s’enfuir en France, et ils avaient obtenu de la France de l’aide pour délivrer l’Italie de la tyrannie des derniers représentants des Hohenstaufen. Mais lorsque Boniface VIII. osait hardiment affirmer la souveraineté universelle de la papauté sur la France elle-même, cette présomption opéra son propre renversement. Il en résulta un exil de soixante-dix ans de la chaire pontificale sur les rives du Rhône, avec une soumission complète sous l’autorité française. Cependant, sous la protection de la cour de France, les papes trouvèrent à Avignon un asile sûr, et de là ils firent les prétentions hiérarchiques les plus extravagantes, surtout sur l’Allemagne. Le retour de la cour pontificale à Rome fut l’occasion d’un schisme de quarante ans, au cours duquel on vit deux papes, même trois pendant un certain temps, se lancer des anathèmes. Les conciles réformateurs de Pise, de Constance et de Bâle cherchèrent à mettre fin à ce scandale et à provoquer une réforme de la tête et des membres. Cependant, les Pères de ces conciles, conformément aux vues dominantes de l’époque, ont maintenu le besoin d’un chef visible pour le gouvernement de l’Église, tel qu’il était fourni par la papauté. Mais les corruptions de la chaire papale les ont conduits à adopter la vieille théorie selon laquelle la plus haute autorité ecclésiastique n’est pas le pape, mais la voix de l’Église universelle exprimée dans les conciles œcuméniques, qui avaient juridiction sur les papes eux-mêmes. La mise en œuvre réussie de ce point de vue n’était possible que si les diverses Églises nationales, qui en étaient venues à se considérer plus résolument que jamais comme des branches indépendantes du grand organisme ecclésiastique, s’unissaient de tout cœur contre la papauté corrompue. Mais ils ne l’ont pas fait. Ils se contentaient de faire des attaques séparées, conformément à leurs divers intérêts égoïstes. Aussi la ruse pontificale n’éprouva-t-elle pas de peine à rendre stériles et sans résultat les fortes remontrances de ces conciles. La papauté sortit triomphante et, au cours du XVe siècle, l’âge de la Renaissance, atteignit un degré de corruption et de turpitude morale qu’elle n’avait pas approché depuis le Xe siècle. Les vicaires de Dieu n’employaient plus leur rang spirituel que pour faire avancer leurs ambitieux projets mondains, et par le népotisme le plus scandaleux (les soi-disant neveux étant souvent des bâtards des papes, qui étaient placés aux postes les plus élevés et les plus lucratifs), ainsi que par leur propre volupté, leur luxe, leurs réjouissances et leur amour de la guerre, ils amenèrent la ruine de l’Église et des États de l’Église.
110.1. Boniface VIII. et Benoît XI, apr. J.-C. 1294-1304. — Boniface VIII, apr. J.-C. 1294-1303 ( 96, 22), Il n’était pas inférieur à son grand prédécesseur en talents politiques et en force de volonté, mais il était dépourvu de toutes qualités spirituelles et n’appréciait pas les fonctions spirituelles de la chaire pontificale, tout en soutenant avec passion les prétentions les plus extravagantes de la hiérarchie. L’opposition au pape était dirigée par deux cardinaux de la puissante famille Colonna, qui soutenaient que l’abdication de Cœlestine V. n’était pas valide. En apr. J.-C. 1297 Boniface les dépouilla de toutes leurs dignités, puis ils en appelèrent à un concile œcuménique en tant que tribunal de juridiction supérieure. Le pape les menaça alors, eux et leurs partisans, de l’interdiction, organisa une croisade contre eux et détruisit leurs châteaux. Enfin, après une lutte acharnée, Palæstrina, l’ancienne résidence de leur famille, capitula. Les Colonna eux-mêmes se soumirent aussi. Néanmoins, en apr. J.-C. En 1299, il fit raser la célèbre vieille ville et toutes ses églises et palais, et refusa de restituer à la famille proscrite ses biens confisqués. Les Colonnas prirent de nouveau les armes, mais furent vaincus et obligés de fuir le pays, tandis que le pape défendait, sous peine d’interdiction, à toute ville ou royaume de donner asile ou abri aux fugitifs. Mais ni son anathème ni son armée n’ont été en mesure de maintenir les Siciliens rebelles sous la domination papale. Même lors de sa première dispute avec le roi de France, Philippe IV. la Foire, A.D. 1285-1314, il en eut le pire. Le pape avait vainement cherché à servir de médiateur entre Philippe et Édouard Ier. d’Angleterre, alors que tous deux utilisaient les biens de l’Église pour se faire la guerre, et en A.D. En 1295, il publia la bulle Clericis laicos, libérant les sujets de leur allégeance et anathématisant tous les laïcs qui s’approprieraient les revenus ecclésiastiques et tous les prêtres qui les utiliseraient à des fins non sanctionnées par le pape. Philippe interdit alors tout paiement des redevances ecclésiastiques, et le pape, voyant ses revenus de France retenus, fit d’importantes concessions en A.D. 1297 et canonisa le grand-père de Philippe, Louis IX. Ses hypothèses hiérarchiques en Allemagne laissaient présager un plus grand succès. Après la mort du premier Hapsburger en J.-C.En 1291 , son fils Albert fut mis de côté, et Adolphe, comte de Nassau, élu roi ; mais il fut de nouveau renversé et Albert Ier couronné en 1291 . Débloquer le niveau 1298. Boniface convoqua Albert devant son tribunal comme traître et meurtrier du roi, et libéra les princes allemands de leurs serments d’allégeance envers lui. Pendant ce temps, au cours de l’A.D. En 1301, Boniface et Philippe se disputent des bénéfices vacants en France. Le roi répudia avec orgueil les prétentions du légat pontifical et l’emprisonna comme traître. Boniface exigea sa libération immédiate, convoqua les évêques français à un concile à Rome et, dans la bulle Ausculta fili, montra au roi combien il était insensé, pécheur et hérétique de ne pas être soumis au pape. Le taureau arraché des mains du messager fut brûlé publiquement, et une version de celui-ci probablement falsifiée fut publiée dans tout le royaume avec le roi.De plus, il n’y a pas d Toute la France se révolta contre les prétentions papales, et un parlement à Notre-Dame de Paris après J.-C. 1302, où le roi assembla les trois états de l’empire, les nobles, le clergé et (pour la première fois) les citoyens, il fut résolu à l’unanimité de soutenir Philippe et d’écrire dans cet esprit à Rome, les évêques s’engageant à pacifier le pape, les nobles et les citoyens faisant leur plainte aux cardinaux. Le roi défendit expressément à son clergé de prendre part au concile qui avait été convoqué, mais qui se réunit au Latran, en novembre 1302. De là Boniface sortit la célèbre bulle Unam Sanctam, dans laquelle, à l’exemple d’Innocent III. et Grégoire IX, il exposa la doctrine des deux épées, la spirituelle maniée par l’Église et la temporelle pour l’Église, par les rois et les guerriers, mais seulement selon la volonté et par la permission du chef spirituel. Que le pouvoir temporel soit indépendant a été déclaré une hérésie manichéenne ; et enfin il a été déclaré qu’aucun être humain ne pouvait être sauvé s’il n’était pas soumis au pontife romain. Le roi et le parlement accusèrent alors le pape d’hérésie, de simonie, de blasphème, de sorcellerie, de tyrannie, d’immoralité, etc., et insistèrent pour qu’il réponde à ces accusations devant un concile œcuménique. Pendant ce temps, en A.D. En 1303, Boniface négocie avec le roi Albert, et l’obtient non seulement pour rompre sa ligue avec Philippe, mais aussi pour qu’il se reconnaisse vassal du siège pontifical. Le pape avait tous les plans prévus pour lancer son anathème contre Philippe, mais leur exécution fut anticipée par les assassins du roi. Son chancelier Nogaret et Sciarra, l’un des Colonna exilés, qui, avec l’aide de l’or français, avaient ourdi une conspiration parmi les barons, attaquèrent le palais pontifical et firent prisonnier le pape alors qu’il était assis en grande pompe sur son trône. Le peuple l’a en effet secouru, mais il est mort quelques semaines plus tard d’une fièvre furieuse dans sa 80e année. Dante lui assigne une place en enfer. Dans la bouche de son prédécesseur Cœlestine V. ont été prononcées les paroles prophétiques, Ascendisti ut vulpes, regnatis ut leo, morieris ut canis.324 Son successeur Benoît XI, A.D. 1303, 1304, aurait volontiers vengé les torts de Boniface, mais faible et sans appui comme il l’était, il se vit bientôt obligé, non seulement de retirer toutes les imputations contre Philippe, qui maintint toujours son innocence, mais encore d’absoudre celles des Colonna qui étaient moins sérieusement impliquées.
110.2. La papauté pendant l’exil babylonien, A.D. 1305-1377.―Après un an de vacance, la chaire pontificale fut occupée par Bertrand de Got, archevêque de Bordeaux, partisan résolu de Boniface, qui prit le nom de Clément V . 1305 à 1314. Il refusa d’aller se faire introniser à Rome, et força les cardinaux à venir à Lyon, et finalement, en A.D. En 1309, la cour pontificale est officiellement transférée à Avignon, qui appartient alors au roi de Naples en tant que comte de Provence. C’est aussi à cette époque que Clément céda au désir de Philippe de faire condamner Boniface et de le rayer de la liste des papes, et de nommer deux commissions pour examiner les accusations portées contre Boniface, l’une en France et l’autre en Italie. La plupart des témoins dignes de foi accusaient le pape défunt d’hérésies, de crimes et d’immoralités commis en paroles et en actes, la plupart du temps en leur présence, tandis que les preuves de réfutation étaient singulièrement faibles. Un compromis fut trouvé par Clément qui livra les Templiers au roi cupide et vengeur. Dans la bulle Rex gloriæ de J.-C. En 1311, il déclare expressément que le procès de Philippe contre Boniface était de bonne foi, occasionné par le zèle pour l’Église et la patrie, annule tous les décrets et censures de Boniface contre le roi de France et ses serviteurs, et ordonne qu’ils soient effacés des archives. Le 15e concile œcuménique de Vienne en A.D. L’année 1311 fut principalement occupée par les affaires des Templiers, et aussi par l’examen des controverses dans l’ordre franciscain (112, 2). de Luxembourg fut élevé sur le trône d’Allemagne à la mort d’Albert en . 1208 en opposition au frère de Philippe, Charles. Clément le soutint et le couronna empereur, espérant être protégé par lui de la tyrannie de Philippe. À Milan en A.D. En 1311, Henri reçut la couronne de fer de Lombardie, mais à Rome, le couronnement impérial eut lieu en l’an de suite. En 1312, non pas à Saint-Pierre, l’intérieur de la ville étant tenu par Robert de Naples, vassal du pape et gouverneur de l’Italie, mais seulement au Latran par les cardinaux chargés de le faire. L’empereur prononça alors, malgré toutes les menaces papales, le ban de l’empire contre Robert, et, de concert avec Frédéric de Sicile, il entra en campagne contre Naples, mais sa mort subite en A.D. L’année 1313 (selon une légende non étayée causée par un hôte empoisonné) mit fin à l’expédition. Clément mourut également l’année suivante ; et c’est à lui aussi que Dante a assigné une place dans l’enfer.
110.3. Après deux ans de lutte meurtrière entre les cardinaux italiens et français, les Français furent de nouveau victorieux et élus à Lyon Jean XXII . 1316-1334, fils d’un cordonnier de Cahors en Gascogne, déjà âgé de soixante-douze ans. On dit qu’il jura aux Italiens de ne jamais se servir d’un cheval ou d’un mulet, mais de se rendre à Rome, puis de s’embarquer sur le Rhône pour Avignon, où, pendant ses dix-huit années de pontificat, il ne sortit jamais de son palais que pour se rendre dans la cathédrale voisine. Travaillant jusque tard dans la nuit, ce vieillard apparemment faible avait l’habitude de consacrer tout son temps à ses études et à ses affaires. On verra le poids de ses fonctions officielles par le fait que 60 000 minutes, remplissant 59 vols. dans les archives pontificales, appartiennent à son règne. — En Allemagne, après la mort de Henri VII. il y avait deux rivaux pour le trône, Louis IV. le Bavarois, A.D. 1314-1347, et Frédéric III d’Autriche. Le pape, entretenant les relations les plus étroites avec Robert d’Anjou, son feudataire en tant que roi de Naples et son protecteur en tant que comte de Provence, et considérant son désir comme un ordre, refusa de reconnaître ni l’un ni l’autre, déclara le trône d’Allemagne toujours vacant et assuma l’administration du royaume pendant la vacance. À Mühldorf en A.D. 1322 Louis vainc son adversaire et le fait prisonnier. Il envoya un détachement de Gibelins à travers les Alpes, tandis qu’il se rendait maître de Milan et mettait fin à l’administration pontificale dans le nord de l’Italie. Le pape en apr. J.-C. 1323 lui ordonna dans un délai de trois mois de cesser d’exercer toutes les fonctions du gouvernement jusqu’à ce que son élection comme roi d’Allemagne soit reconnue et confirmée par le fauteuil pontifical. Louis s’efforça d’abord de s’entendre avec le pape, mais employa bientôt la plume acérée des minorites, qui, en mai 1324, rédigeaient une protestation solennelle dans laquelle le roi, fondant ses prétentions à la royauté uniquement sur l’élection des princes et traitant le pape comme quelqu’un qui avait perdu sa chaire à la suite de ses hérésies (112, 2), Appel de ce faux pape à un concile œcuménique et à un futur pape légitime. Jean lança alors un anathème contre lui, déclara qu’il était privé de toutes ses dignités, délivra ses sujets de leur allégeance, leur défendit, sous peine d’anathème, de lui obéir, et convoqua tous les potentats européens à la guerre contre le monarque excommunié. Louis rechercha alors la faveur de Frédéric, et en A.D. 1325 partageait avec lui la dignité royale. À Milan en A.D.En 1327, il fut couronné roi de Lombardie, et en 1327. En 1328, il reçoit à Rome la couronne impériale de la démocratie romaine. Deux évêques du parti gibelin lui donnèrent la consécration, et la couronne lui fut posée sur la tête par Sciarra Colonna au nom du peuple romain. C’est en vain que le pape déclara nulles et non avenues toutes ces procédures. Le roi entama un procès contre le pape, le déposa comme hérétique et antéchrist, et le condamna finalement à mort comme coupable de haute trahison, tandis que la foule exécutait cette sentence en brûlant le pape en effigie dans les rues. Le peuple et le clergé de Rome, conformément à un ancien canon, élisèrent un nouveau pape en la personne d’un pieux Minorité de la secte des Spirituels (112, 2), qui a pris leLe nom de Nicolas V. Louis posa de sa propre main le diadème sur sa tête, et fut ensuite couronné par lui. Toute cette gloire, cependant, ne fut que de courte durée. Une guerre infructueuse et peu glorieuse contre Robert de Naples et une révolte qui s’ensuivit à Rome firent que l’empereur en A.D. 1328, avec son armée et son pape, au milieu des jets de pierres de la foule, pour quitter la ville éternelle, qui devint immédiatement soumise à la Curie. Il n’a pas fait beaucoup mieux en Toscane ou en Lombardie ; et c’est ainsi que l’expédition romaine s’est soldée par un échec. De retour à Munich, Louis s’efforça en vain, au milieu de bien des humiliations, d’émouvoir le vieillard déterminé d’Avignon. Mais Nicolas V, le plus misérable de tous les antipapes, se rendit à Avignon avec une corde autour du cou en l’an J.-C.En 1328, il se jeta aux pieds du pape, fut absous et mourut prisonnier dans le palais pontifical en 1328 . Débloquer le niveau 1333. L’année suivante, John mourut. Malgré les coûteuses guerres d’Italie, 25 000 000 de florins d’or furent trouvés dans le trésor pontifical à sa mort. ses chefs prêtèrent toute leur influence au Bavarois et soutenaient l’accusation d’hérésie contre le pape. Contre la doctrine favorite de Jean selon laquelle les âmes des saints défunts n’atteignent la vision de Dieu qu’après le jugement dernier, ces zélotes ont cité les opinions du monde savant (113, 3). avec l’Université de Paris à sa tête. Philippe VI. de France était aussi dans la controverse l’un de ses adversaires les plus acharnés, et le menaça même du bûcher. Pressé de toutes parts, le pape enfin, en A.D. 1333 convoqua une commission d’érudits pour trancher la question, mais mourut avant que son jugement ne soit rendu. Son successeur s’empressa d’apaiser le tumulte en publiant l’histoire d’une rétractation sur son lit de mort, et donna une sanction ecclésiastique à l’opinion opposée.
110.4. Benoît XII, apr. J.-C. 1334-1342, aurait probablement cédé aux supplications pressantes des Romains de revenir à Rome, si ses cardinaux n’avaient pas été si vivement opposés. Il construisit alors à Avignon un palais d’une grandeur imposante, comme si la papauté devait y avoir une résidence éternelle. Louis le Bavarois rétracta ses sentiments hérétiques afin d’obtenir la levée de l’interdiction et d’obtenir un couronnement ordonné. La première diète de l’union électorale eut lieu à Rhense, près de Mayence, en l’an 2000. 1338, où il fut déclaré que l’élection d’un roi et d’un empereur allemands était, par la nomination de Dieu, le seul privilège des princes-électeurs, et n’avait pas besoin de la confirmation ou de l’approbation du pape. Cela encouragea Louis à affirmer à nouveau ses prétentions impériales. Le successeur de Benoît, Clément VI, apr. J.-C. 1342-1352, ajouté par achat en apr. J.-C. 1348 la ville d’Avignon au comté de Venaissin, que Philippe III avait donnée à la chaire pontificale en A.D. Débloquer le niveau 1273. Tous deux restèrent en possession de la cour romaine jusqu’à notre ère. 1791 ( 165, 13). Louis, maintenant en querelle avec certains des puissants nobles allemands, chercha à faire la paix avec le nouveau pape. Mais Clément n’était pas conciliant, et demanda à Louis non seulement d’annuler toutes ses ordonnances antérieures, mais aussi de ne plus promulguer à l’avenir dans l’empire sans la permission du siège pontifical ; et le jeudi saint, A.D. En 1346, il le déclara sans titre ni dignité et invita les électeurs à faire un nouveau choix, qu’il ferait lui-même s’ils ne le faisaient pas. Comme candidat le plus apte, il recommanda Charles de Bohême, qui fut en fait choisi par les cinq électeurs qui répondirent à l’appel, sous le titre de Charles IV, A.D. 1346-1378, et fit confirmer son élection par le pape. Le nouvel empereur promit solennellement de ne jamais mettre les pieds dans les domaines de l’Église romaine sans la permission expresse du pape, et de ne rester à Rome que le temps nécessaire à son couronnement. Louis mourut avant d’avoir pu s’engager dans une guerre avec son rival, et quand, six mois plus tard, le choix suivant du parti de Louis mourut également, Charles fut reconnu sans une voix dissidente. Il fut couronné empereur à Rome par un cardinal nommé par Innocent VI, en l’an J.-C. Débloquer 1355. Sans rien faire pour restaurer le prestige impérial en Italie, Charles retourna comme un fugitif en Allemagne, méprisé par les Guelfes et les Gibelins. Mais l’année suivante, à la Diète de Nuremberg, il promulgua une nouvelle loi impériale dans la Bulle d’or de notre ère. 1356, selon lequel l’élection de l’empereur devait être faite à Francfort, par trois électeurs cléricaux (Mayence, Cologne et Trèves) et quatre princes temporels (Bohême, le Palatin du Rhin, la Saxe et le Brandebourg), et il apaisa la colère du pape par diverses concessions à la curie et au clergé.
110.5. Le célèbre Rienzi fut fait notaire apostolique par Clément VI en apr. J.-C. En 1343, et en tant que tribun du peuple, il dirigea la révolte contre les barons en 1343 . Débloquer le niveau 1347. Perdant sa popularité par ses propres extravagances, il fut obligé de s’enfuir, et étant fait prisonnier par Charles à Prague, il fut envoyé à Avignon en A.D. Année 1350. Au lieu du bûcher dont Clément l’avait menacé, Innocent VI, A.D. De 1352 à 1362, il lui conféra le rang de sénateur et l’envoya à Rome, espérant que son talent démagogique réussirait à promouvoir les intérêts de la papauté. Il entra de nouveau, au milieu de bruyantes acclamations, dans la ville éternelle, mais au bout de deux mois, haï et maudit comme un tyran, il fut assassiné en Jésus-Christ. 1354, alors qu’il tentait de s’enfuir.―Par A.D. En 1367, les choses s’étaient tellement améliorées à Rome que, malgré l’opposition du roi et de la cour et les objections des cardinaux luxueux qui ne voulaient pas quitter Avignon, Urbain V, A.D. De 1362 à 1370, en octobre de la même année, il fit une entrée triomphale à Rome au milieu des liesses des Romains. L’expédition de Charles en Italie, l’année suivante, fut peu glorieuse et sans résultat. L’inquiétude et les luttes de parti qui régnaient dans le pays rendaient la position du pape si inconfortable, que, malgré les supplications pressantes de sainte Brigitte (112, 8), qui le menaça du jugement divin d’une mort prématurée en France, il revint en A.D. 1370 à Avignon, où, en dix semaines, les paroles de la prophétesse du Nord s’accomplirent. Son successeur fut Grégoire XI , après J.-C. 1370-1378. Rome et les États de l’Église étaient redevenus le théâtre de la plus folle anarchie, que Grégoire ne pouvait espérer apaiser que par sa présence personnelle. Les exhortations des deux prophétesses de l’époque, sainte Brigitte et sainte Catherine (112, 4), Il eut une puissante influence sur lui, mais ce qui le détermina finalement, c’est la menace des Romains exaspérés d’élire un antipape. C’est ainsi qu’en dépit de l’opposition renouvelée des cardinaux et de la cour de France, la curie retourna à Rome en J.-C. Mais bien que les réjouissances de l’événement aient été grandes dans toute la ville, les résultats n’ont pas été ceux escomptés. Malade et découragé, le pape commençait déjà à parler de retourner à Avignon, lorsque sa mort en A.D. 1378 mit fin à ses soucis et à ses souffrances.
110.6. Le schisme pontifical et le concile de Pise. — Sous la pression du peuple, les cardinaux présents à Rome choisirent presque à l’unanimité l’archevêque napolitain de Bari, qui prit le nom d’Urbain VI, après J.-C. De 1378 à 1389. Ses énergies se consacrèrent principalement à l’émancipation de la chaire pontificale de l’ingérence française et à la répression des abus introduits dans la cour pontificale pendant le séjour d’Avignon ; mais l’impatience et l’amertume qu’il montra face à la cupidité, au faste et au luxe des cardinaux les poussèrent à choisir un autre pape. Au bout de quatre mois, ils se réunirent à Fundi et déclarèrent que le choix d’Urbain avait été fait sous la contrainte et qu’il n’était donc pas valide. Ils élurent à sa place un Français, Robert, cardinal de Genève, qui fut intronisé sous le nom de Clément VII . 1378-1394. Les trois Italiens présents protestèrent contre cette démarche et demandèrent, mais en vain, la décision d’un concile. C’est ainsi que commença le plus grand et le plus pernicieux schisme papal, après J.-C. 1378-1417. La France, Naples et la Savoie aussitôt, et un peu plus tard l’Espagne et l’Écosse, se prononcèrent en faveur de Clément ; tandis que le reste de l’Europe occidentale reconnaissait Urban. Les deux saints les plus célèbres de l’époque, sainte Catherine et saint Vincent Ferrér (115, 2), quoique tous deux disciples de Dominique, prirent des partis différents, le premier en tant qu’Italien favorisant Urbain, le second en tant qu’Espagnol favorisant Clément. Ne parvenant pas à s’implanter en Italie, Clément prit possession du château papal d’Avignon en 199. Débloquer 1379. Le schisme dura quarante ans, pendant lesquels Boniface IX, apr. J.-C. 1389-1404, Innocent VII, apr. J.-C. 1404-1406, et Grégoire XII, A.D. De 1406 à 1415, élu par les cardinaux à Rome, il y régna successivement, tandis qu’à Avignon, à la mort de Clément, il fut remplacé par le cardinal espagnol Pedro de Luna sous le nom de Benoît XIII . 1394-1424. Le Concile de Paris de J.-C. 1395 recommanda le retrait des deux papes et une nouvelle élection, mais Benoît XVI insista pour qu’une décision soit prise à la majorité des deux tiers en faveur de l’un ou l’autre des deux rivaux. Un concile œcuménique à Pise, en apr. J.-C. 1409, dominé principalement par l’influence de Gerson ( 118, 4), qui soutenait que l’autorité des conciles est supérieure à celle du pape, n’a fait qu’une bouchée des deux papes contestataires, qu’il a déclarés contumaces et déposés. Après que les cardinaux présents se furent engagés par serment à ce que celui d’entre eux qui serait choisi ne dissoudrait pas le concile jusqu’à ce qu’une réforme de l’Église dans son chef et ses membres ait été effectuée, ils élurent un Grec de Candie dans sa soixante-dixième année, le cardinal Philangi, qui fut consacré sous le nom d’Alexandre V. 1409-1410, et pendant trois ans le conseil continua à siéger sans effectuer de réformes considérables. La conséquence fut que le monde eut le spectacle édifiant de trois papes contemporains s’anathématisant mutuellement.
110.7. Le concile de Constance et de Martin V.-Alexandre V mourut après un règne de dix mois d’un poison administré, comme on le supposait, par Balthasar Cossa, cardinal-légat résident et despote militaire absolu, soupçonné d’avoir été dans sa jeunesse engagé dans la piraterie. Cossa lui succéda, comme Jean XXIII, apr. J.-C. 1410-1415. Il a été reconnu par le nouveau roi romain, Sigismond, après J.-C. 1411-1437, et peu après, en 1411-1437. 1412, par Ladislas de Naples, de sorte que Grégoire XII fut ainsi privé de son dernier soutien. L’Université de Paris continue d’exiger la tenue d’un conseil pour procéder à des réformes. Sigismond, soutenu par les princes, insista pour qu’elle se tienne dans une ville allemande. Pendant ce temps, Ladislas [Ladislas] s’était querellé avec le pape, avait envahi les États de l’Église et pillé Rome en J.-C. En 1413, Jean fut obligé de se soumettre aux exigences de Sigismond, il convoqua alors le 16e concile œcuménique de Constance, après J.-C. 1414-1418 ( 119, 5). Ce fut le conseil le plus brillant et le plus fréquenté qui ait jamais eu lieu. Plus de 18 000 prêtres et un grand nombre de princes, de comtes et de chevaliers, avec une suite immense ; en tout environ 100 000 étrangers, dont des milliers de prostituées de tous les pays, et des hordes de marchands, d’artisans, de forains et de joueurs de toutes sortes. Gerson et D’Ailly, l’un représentant l’érudition européenne, l’autre les prétentions de l’église gallican ( 118, 4), étaient les principaux conseillers du conseil. La décision de voter non pas individuellement mais par nations (italiennes, allemandes, françaises et anglaises) a détruit la prédominance des prélats italiens, qui, en tant que créatures de Jean, étaient présents en grand nombre. Terrifié par une accusation anonyme qui accusait le pape des crimes les plus odieux, il se déclara prêt à se retirer si les deux autres papes démissionnaient également, mais profita de l’excitation d’un tournoi pour s’enfuir déguisé en ostler. Sigismond n’a eu que du mal à maintenir l’unité du concile, désormais sans pape. Jean, cependant, fut capturé, soixante-douze accusations graves formulées contre lui, et le 26 juillet de l’an J.-C. En 1415, il est déposé et condamné à la prison à vie. Il fut livré au comte palatin Louis de Bade, qui le retint prisonnier à Mannheim, puis à Heidelberg. Pendant ce temps, le chef d’une bande italienne utilisant le nom de Martin V. a acheté sa libération avec 3 000 ducats. Il se soumit alors à ce pape, et fut nommé par lui cardinal-évêque de Tuscoli et doyen du sacré collège, mais mourut peu de temps après à Florence, en . Débloquer 1419. Grégoire XII. également soumis en A.D. En 1415, il est nommé cardinal-évêque de Porto. Benoît, cependant, s’est retiré en Espagne et a refusé de s’entendre, mais même les princes espagnols lui ont retiré leur allégeance en tant que pape. Les cardinaux en conclave élisèrent le rusé Oddo Colonna, qui fut consacré sous le nom de Martin V, A.D. 1417-1431. Il n’y avait plus de mot de réforme. En grande pompe, le conseil fut clos, et l’indulgence accordée à ses membres. Comme tout l’Occident reconnaissait maintenant Martin comme le vrai pape, on peut dire que le schisme se termina avec son avènement, bien que Benoît continueIl a été condamné à tonner des anathèmes depuis son château espagnol jusqu’à sa mort en J.-C. 1424, et trois de ses quatre cardinaux élurent pour lui succéder Clément VIII, et le quatrième, un autre Benoît XIV. On ne tint pas compte de ce dernier, mais Clément soumit en A.D. 1429, et reçut l’évêché de Majorque. — Martin V. en entrant à Rome en A.D. En 1420, tout fut trouvé dans la confusion et la désolation. Grâce à son habile administration, un changement fut bientôt opéré, et la Rome de la Renaissance s’éleva sur les ruines de la ville médiévale.325
110.8. Eugène IV et le concile de Bâle. — Martin V chargea le cardinal Julian Cesarini de s’occuper de la controverse hussite au concile de Bâle, après J.-C. 1431-1449. Son successeur Eugène IV, A.D. 1431-1447, confirma cette nomination. Au bout de treize mois, il ordonna au concile de se réunir à Bologne, trouvant l’élément hérétique trop fort en Allemagne. Les membres, cependant, refusèrent unanimement d’obéir. Sigismond, lui aussi, protesta, et le concile prétendit supérieur au pape. On insista pour que le taureau se retire dans un délai de soixante jours. En guise de compromis, le pape proposa de convoquer un nouveau concile, non pas à Bologne, mais à Bâle. Cela a été refusé et le pape a été menacé de destitution. Une rébellion éclata aussi dans les États de l’Église ; et en A.D. 1433 Eugène est complètement humilié et obligé d’acquiescer aux exigences du concile. Un danger était ainsi écarté, mais il était toujours menacé par un autre. En apr. J.-C. 1434 Rome se proclame république et le pape s’enfuit à Florence. Cependant, le succès de la démocratie n’était plus que de courte durée. Cinq mois plus tard, Rome était de nouveau sous la domination du pape. Des négociations pour l’union avec les Grecs ont été entamées par le pape à Ferrare . Débloquer 1438. Un petit nombre d’Italiens, sous la présidence du pape, assumèrent ici les fonctions d’un concile œcuménique, ceux de Bâle reçurent l’ordre de les rejoindre, le concile de Bâle fut suspendu et la continuation de ce concile fut déclarée schismatique. Julien, surnommé Julianus Apostata II, se rendit à Ferrare avec presque tous les cardinaux. Sous l’habile cardinal Louis d’Aleman ( 118, 4), archevêque d’Arles, quelques-uns continuèrent encore les travaux du concile de Bâle, mais à la suite d’une peste, ils se déplacèrent, en A.D. 1439, à Florence. Une union avec les Grecs s’y fit, du moins sur le papier. Le concile de Bâle, interdit par le pape, le déposa et, en J.-C. En 1439, il élit un nouveau pape en la personne du duc Amédée de Savoie, qui, à la mort de sa femme, avait résigné sa couronne à son fils et était entré dans un ordre monastique. Il se faisait appeler Felix V. Les princes et le peuple, cependant, étaient fatigués des papautés rivales. Félix obtint peu de soutien, et le conseil lui-même perdit bientôt tout son pouvoir. Ses membres les plus habiles passèrent l’un après l’autre dans le parti d’Eugène. En apr. J.-C. 1449 Félix démissionna et mourut en odeur de sainteté deux ans plus tard.326
110.9. Seul Charles VII de France profita du décret réformateur de Bâle au profit de son pays. Il rassembla à Bourges les ecclésiastiques et les érudits les plus distingués de son royaume et, avec leur assentiment, publia, en A.D. 1438, vingt-trois des conclusions de Bâle qui portaient sur les libertés gallicanes sous le nom de Pragmatique Sanction, et en faisaient une loi de son royaume. Pour le reste, il maintint une attitude de neutralité à l’égard des deux papes, comme l’avait fait peu de temps avant la réunion des électeurs à Francfort. Ceux qui se sont rassemblés à la Diète de Mayence en J.-C. En 1439, les édits réformateurs de Bâle s’appliquaient à l’Allemagne. Frédéric IV, apr. J.-C. 1439-1493, qui, en tant qu’empereur, est connu sous le nom de Frédéric III, sous l’influence de l’astucieux Italien Æneas Sylvius Piccolomini (118, 6), bien qu’il fût d’abord dans l’opposition, il passa du côté d’Eugène IV. en apr. J.-C. 1446 après avoir reçu 100 000 florins pour les frais d’une expédition à Rome et certains privilèges ecclésiastiques pour ses sujets autrichiens. Quelques semaines plus tard, les électeurs de Francfort prirent les mêmes mesures, stipulant qu’Eugène reconnaîtrait les décrets du concile de Constance et les décrets réformateurs de Bâle, et promettrait de convoquer un nouveau concile libre dans une ville allemande pour mettre fin au schisme, ce qui, s’il ne le faisait pas, le quitterait en faveur de Bâle. Mais à la diète, tenue en septembre de la même année à Francfort, les légats du pape et du roi réussirent par l’art diplomatique à s’entendre avec les électeurs réunis à Mayence. C’est ainsi qu’il arriva que, dans le soi-disant Concordat des Princes de Francfort, un compromis fut conclu, qu’Eugène confirma en A.D. 1447, avec une explication minutieuse à l’effet qu’aucune de ces concessions n’empiétait en aucune façon sur les droits et privilèges du Saint-Siège. L’année suivante, Frédéric, au nom de la nation allemande, conclut avec le successeur d’Eugène, Nicolas V, le Concordat de Vienne. Débloquer 1448. Les avantages obtenus par l’Église allemande étaient tout à fait insignifiants. Frédéric reçut le rang impérial en récompense de la trahison de son pays, et fut couronné à Rome, en apr. J.-C. 1452, en tant que dernier empereur allemand.
110.10. Nicolas V, Calixte III et Pie II, apr. J.-C. 1447-1464.―Avec Nicolas V, A.D. De 1447 à 1455, miracle de l’érudition classique et fondateur de la Bibliothèque du Vatican, le siège romain devint pour la première fois le patron des études humanistes, et sous ce pape doux et libéral, le gouvernement séculier de Rome fut grandement amélioré. La conquête de Constantinople par les Turcs, en apr. J.-C. 1453, produisit de l’excitation dans toute l’Europe. L’éloquence du pape réveilla l’esprit de croisade de la chrétienté, et des appels oratoires furent lancés du haut des chaires de toutes les églises et de toutes les cathédrales. Mais les princes restèrent froids et indifférents. Après Nicolas, un Espagnol, le cardinal Alphonse Borgia, alors dans sa soixante-dix-septième année, fut élevé à la chaire pontificale sous le nom de Calixte III, après J.-C. 1455-1458. La haine des Turcs et l’amour des neveux étaient les deux caractéristiques de l’homme. Cependant il ne put soulever les princes contre les Turcs, et la flotte qu’il équipa à ses frais ne pilla que quelques îles de l’archipel. Le successeur de Calixte fut Énée Sylvius Piccolomini, l’apostat habile et accompli du parti réformiste bâlois, qui s’intitulait lui-même, par allusion voulue au « pius Æneas » de Virgile, Pie II, apr. J.-C. 1458-1464. L’éloquence cicéronienne du pape n’a pas réussi à obtenir la présence des princes au Congrès de Mantoue, convoqué en J.-C. 1459 pour prendre des mesures pour l’équipement d’une croisade. Une guerre contre les Turcs devait en effet être entreprise par l’empereur Frédéric III, et un impôt devait être prélevé sur les chrétiens et les juifs pour ses frais ; mais il n’y eut ni impôt ni croisade. Pie XII exigea des ambassadeurs français une répudiation formelle de la pragmatique Sanction de Bourges, et lorsqu’ils menacèrent de convoquer un concile œcuménique, il publia la bulle Execrabilis, qui déclarait que « l’énormité exécrable et inouïe » d’un appel à un concile était une hérésie et une trahison. En apr. J.-C. En 1461, le pape, par une longue épître, tenta la conversion de Mohammed II, le puissant conquérant de Constantinople. Comme la découverte du grand gisement d’alun à Rome en A.D. L’année 1462 fut attribuée à une direction miraculeuse, le pape fut amené à consacrer ses riches ressources à l’organisation d’une croisade contre les Turcs. Il voulait lui-même diriger l’armée en personne, afin d’assurer la victoire par des mains levées, comme Moïse dans la guerre contre Amalek. Mais là encore, les princes l’abandonnèrent. Arrivée à Ancône en J.-C. 1464 pour s’y embarquer dans sa grande entreprise, seules ses deux galères l’attendaient. Après une longue attente lasse, douze navires vénitiens arrivèrent, juste à temps pour voir le pape prostré par la fièvre et l’excitation.
110.11. Paul II, Sixte IV et Innocent VII, apr. J.-C. 1464-1492. — Parmi les papes des quarante dernières années du XVe siècle, Paul II, apr. J.-C. 1464-1471, était la meilleure, quoique vaniteuse, sensuelle, gourmande, friande de spectacle et extravagante. Il était impartial dans l’administration de la justice, exempt de népotisme et toujours prêt à secourir les nécessiteux. Son successeur, Sixte IV, apr. J.-C. 1471-1484, ancien général franciscain, fut l’un des plus méchants des occupants de la chaire de Pierre. Son appel à une expédition contre les Turcs ne trouvant pas d’écho en dehors de l’Italie, son amour de la lutte trouva sa satisfaction à fomenter des animosités internes entre les États italiens. En faveur d’un neveu, il chercha à le renverser en J.-C. 1478 de la célèbre famille Médicis à Florence. Julien fut assassiné, mais Laurent s’échappa, et l’archevêque, complice du crime, fut pendu dans ses habits officiels. Le pape a mis la ville sous ban et interdit. Ce n’est que la conquête d’Otrante en apr. J.-C. 1480, et la terreur causée par le débarquement des Turcs en Italie, qui le poussa à s’entendre avec Florence. Son népotisme a été pratiqué sans vergogne, et il a augmenté ses revenus en taxant les bordels de Rome. Son puissant gouvernement contribua à l’amélioration de l’administration de la justice dans les États ecclésiastiques et son amour de l’art embellit la ville. En apr. J.-C. 1482 André, archevêque de Crain, slave de naissance et d’ordre dominicain, s’arrêta à Bâle à son retour de Rome, où il avait été ambassadeur de Frédéric, et, avec l’appui de la ligue italienne et de l’empereur, lança de violentes invectives contre le pape et convoqua un concile œcuménique pour la réforme de l’Église dans son chef et ses membres. Le pape ordonna son arrestation et son extradition, ce que les autorités municipales refusèrent. Après une volée de bulles et de brefs, d’accusations et d’appels, et après d’innombrables ambassades et négociations entre Bâle, Vienne, Innsbrück, Florence et Rome, au cours desquelles l’empereur abandonna l’archevêque et les légats pontificaux firent miroiter un interdit sur Bâle, les autorités décidèrent d’emprisonner le prélat répréhensible, mais refusèrent de le livrer. Après onze mois d’emprisonnement, cependant, il a été retrouvé pendu dans sa cellule en A.D. Année 1484. Sixte était mort trois mois auparavant et Bâle fut absous par son successeur Innocent VIII . 1484-1492. Par son caractère et ses capacités, il était bien inférieur à son prédécesseur. Le nombre d’enfants illégitimes qu’il amena au Vatican donna lieu à l’expression populaire : « Octo Nocens genuit pueros totidemque puellas, Hunc merito poterit dicere Roma patrem ». Le puissant conquérant de la moitié du monde, Mohammed II, était mort en J.-C. Débloquer 1481. Ses deux fils se disputèrent le trône, et Bajazet, s’avérant victorieux, confia la tutelle de son frère aux Chevaliers de Saint-Jean à Rhodes. Le Grand Maître transféra son prisonnier, en A.D. 1489, au pape. Innocent le récompensa par un cardinalat, et Bajazet promit au pape non seulement une paix continuelle, mais un tribut annuel de 40 000 ducats. Il présenta aussi volontairement sa sainteté avec la lance qui perça le côté du Sauveur. Tout cela, cependant, n’a pas empêché le pape de chercher à plusieurs reprises, mais en vain, à exciter la chrétienté à une croisade contre les Turcs. C’est aussi à ce pape qu’appartient l’odieux de familiariser l’Europe avec les poursuites en sorcellerie (117, 4).327
110.12. Alexandre VI, apr. J.-C. 1492-1503. — Le cardinal espagnol Roderick Borgia, fils de la sœur de Calixte III, acheta le diadème en soudoyant ses collègues. En lui sous le nom d’Alexandre VI. Nous avons un pape dont le gouvernement présente une scène d’infamie sans pareille, d’immoralité tapageuse et de crimes innommables, de despotisme cruel, de fraude, d’infidélité et de meurtre, et d’un népotisme éhonté, tel que même la ville des papes n’en avait jamais vu auparavant. Il avait déjà, avant son élection, cinq enfants d’une concubine, Rosa Vanossa, quatre fils et une fille, Lucrèce, et il ne s’occupait que de leur avancement. Son fils préféré était Giovanni, pour lequel, alors qu’il était cardinal, il avait acheté le rang de grand d’Espagne, avec le titre de duc de Gandie, et lorsqu’il était pape, il lui avait conféré, en J.-C. 1497, le duché héréditaire de Bénévent. Mais huit jours après, son cadavre, avec des blessures de poignard, fut retiré du Tibre. Le pape s’est exclamé : « Je connais le meurtrier. » Les soupçons se portèrent d’abord sur Giovanni Sforsa de Pesaro, le mari de Lucrèce, qui avait accusé l’homme assassiné d’inceste avec sa sœur, mais ensuite sur le cardinal César Borgia, le second fils du pape, qui était jaloux de son frère à cause de la faveur que lui témoignaient Lucrèce et par son père. Le chagrin d’Alexandre ne connut pas de bornes, mais chercha à y échapper par un redoublement d’amour pour le fils suspect. En apr. J.-C. En 1498, le bâtard du pape démissionna du cardinalat comme un fardeau intolérable, épousa une princesse française et fut fait duc héréditaire de Romagne. Soudain, en même temps, et de la même manière, en J.-C. 1503, le père et le fils tombent malades. Le père mourut au bout de quelques jours, mais la vigueur de la jeunesse aida le fils à se rétablir. César Borgia fut plus tard jeté en prison par Jules II, et tomba après J.-C. 1507 au service de son beau-frère, le roi de Navarre. On croyait généralement qu’Alexandre était mort d’un vin empoisonné préparé par son fils pour obtenir la destitution d’un riche cardinal. Le père ainsi que les deux frères sont soupçonnés d’inceste avec Lucrèce. Ce pape, lui aussi, n’hésita pas à intriguer avec le sultan turc contre Charles VIII. de la France. Avec une supposition sans exemple, au cours de la querelle du Portugal et de l’Espagne au sujet des découvertes américaines, il présenta Ferdinand et Isabelle en A.D. 1493 avec toutes les îles et tous les continents qui avaient été découverts ou qui pourraient encore être découverts situés au-delà d’une ligne de démarcation tracée du pôle Nord au pôle Sud. Une seule fois, alors qu’il pleurait la mort de son fils préféré, ce pape eut un pincement de conscience. Il avait résolu, disait-il, de se consacrer à sa vocation spirituelle et d’obtenir une réforme de la discipline ecclésiastique. Mais lorsque la commission nommée à cet effet présenta ses premières propositions de réforme, l’émotion momentanée était déjà passée. Rien n’était plus éloigné de sa pensée que la convocation d’un concile œcuménique, que non seulement le roi de France, mais aussi le réformateur florentin Savonarole exigeaient (119, 11).
110.13. Jules II, apr. J.-C. 1503-1513. — Le successeur d’Alexandre, Pie III, fils d’une sœur de Pie II, mourut après un pontificat de vingt-six jours. Il fut suivi d’un neveu de Sixte IV, ennemi acharné des Borgia, qui prit le nom de Jules II. C’était essentiellement un guerrier, sans rien du prêtre. Il aimait aussi l’art et continuait les travaux que son oncle avait commencés. Ses excès de jeunesse avaient gravement altéré sa santé. En tant que pape, il n’était pas exempt de népotisme et de simonie, passionné dans la controverse et intriguant et infidèle dans la politique. Il transforma les États de l’Église en une monarchie temporelle despotique, et fut lui-même sans cesse engagé dans la guerre. Lorsqu’il rompit avec la France, qui détenait Milan depuis J.-C. 1499 avec le consentement d’Alexandre, Louis XII, A. D. 1498-1515, convoqua un concile national français à Tours en 1498-1515 . Année 1510. Ce concile renouvela la Pragmatique Sanction, qui, dans une heure faible, Louis XI, en l’an D. 1462, avait abrogé, et en conséquence obtenu, en A.D. 1469, le titre de Rex Christianissimus, et refusa d’obéir au pape. Aussi Maximilien I., A.D. De 1493 à 1519, qui, même sans couronnement pontifical, s’appelait lui-même « empereur romain élu », ordonna au savant humaniste Wimpfeling de Heidelberg de recueillir les gravamina des Germains contre la curie romaine et d’esquisser une Pragmatique Sanction pour l’Allemagne. La France et l’Allemagne, avec cinq cardinaux révoltés, convoquèrent un concile œcuménique à Pise, en A.D. Année 1511. Mi-sportif, mi-sérieux, Maximilien parla de mettre sur sa tête le diadème, ainsi que la couronne impériale. Le pape mit Pise, où seuls quelques prélats français s’aventuraient, et anathématisa le roi de France, qui fit alors couler des médailles, avec l’inscription : Perdam Babylonis nomen. Lors d’une bataille meurtrière à Ravenne, en J.-C. En 1512, l’armée de la Ligue pontificale est pratiquement anéantie. Mais deux mois plus tard, les Français, par la révolte des Milanais et les succès des Suisses, furent chassés dans leurs foyers sans gloire, et le concile schismatique, qui avait été déplacé de Pise à Milan, dut se retirer à Lyon, où il fut dissous par le pape « à cause de ses nombreux crimes ». Entre-temps, le pape avait convoqué un concile à Rome, le cinquième concile œcuménique du Latran, après J.-C. 1512-1517, à laquelle seulement cinquante-trois évêques italiens étaient présents. Là, l’interdiction du roi de France fut renouvelée, mais un concordat fut conclu avec Maximilien, pour remédier aux griefs les plus graves dont il s’était plaint. Le pape a réussi à libérer l’Italie du Nord de l’oppression française, et seule sa mort prématurée l’a empêché de délivrer l’Italie du Sud du joug espagnol.
110.14. Léon X, apr. J.-C. 1513-1521. — Jean, fils de Laurent de Médicis, cardinal en apr. J.-C. 1488, dans sa dix-huitième année, à l’âge de trente-huit ans, monta sur le trône pontifical sous le nom de Léon X. ; grand patron de la Renaissance, mais luxueux et voluptueux, extravagant et frivole, sans une étincelle de religion ( 120, 1), et un promoteur zélé de la fortune de sa propre famille. La tentative de Louis XII, avec l’aide de Venise, pour reprendre Milan échoua, et fut pressé dans son propre pays par Henri VIII. d’Angleterre, le roi de France décida enfin, en décembre 1513, de mettre fin au schisme et de reconnaître le concile de Latran. Son successeur, François Ier, A.D. 1515-1547, fut plus chanceuse. À la bataille de Marignano, il remporta une brillante victoire sur les braves Suisses, à la suite de laquelle le duché de Milan retomba aux mains de la France. À Bologne, en A.D. En 1516, le pape en personne salua alors le roi, qui lui promit d’obéir, et conclut une ligue politique et un concordat ecclésiastique avec Sa Sainteté, abrogeant la Pragmatique Sanction de Charles VII, mais maintenant le droit du roi de nommer tous les évêques et abbés de son royaume, avec réserve des annats pour le trésor pontifical. Le concile de Latran, bien qu’il n’ait été suivi que par des évêques italiens, a été déclaré œcuménique. Au cours de ses cinq années de séances, elle avait publié des concordats pour l’Allemagne et la France, la bulle pontificale Pastor æternus avait été solennellement ratifiée, qui renouvelait la bulle Unam sanctam et prouvait par divers faux que le pouvoir du pape était supérieur à l’autorité des conciles, calmait les objections des évêques contre les privilèges des frères mendiants par un compromis, et comme protection contre l’hérésie, il a donné le droit de censure de la presse aux évêques, tout en affirmant explicitement l’immatérialité, l’individualité et l’immortalité de l’âme humaine.328
110.15. Revendications papales à la souveraineté. En 1319, les papes obtinrent de gros revenus des Annats, revenus pour une année complète de toutes les vacances ; les réserves, la détention de riches bénéfices et leur octroi moyennant le paiement de sommes importantes ; les expectatives, désignant pour le paiement un successeur à un titulaire encore vivant ; les offices tenus en commende, provisoirement sur le paiement d’une partie des revenus ; le jus spoliarum, le Saint-Siège étant l’héritier légitime de tous les biens acquis par les ecclésiastiques de leurs fonctions ; l’imposition des biens de l’Église pour les appels particulièrement pressants ; d’innombrables indulgences, absolutions, dispenses, etc. L’heureuse pensée vint à l’esprit de Paul II, en apr. J.-C. 1469, d’étendre la loi des Annats aux institutions ecclésiastiques qui appartenaient à des corporations. Il estimait la durée de vie d’un prélat à quinze ans, et réclamait ainsi son impôt sur ces institutions tous les quinze ans. La doctrine de l’infaillibilité papale en matière de foi, sous l’influence des conciles réformateurs du XVe siècle, était un peu moins en faveur qu’auparavant. Les franciscains rigides s’opposaient à la doctrine papale de la pauvreté (98, 4 ; 112, 2) ; et Jean XXII. a été presque unanimement accusé d’hérésie par ses contemporains, à cause de ses vues sur la vision de Dieu. Même les curialistes les plus zélés du XVe siècle n’osaient pas attribuer au pape l’infaillibilité absolue. On distinguait entre l’infaillibilité de la fonction, qui est absolue, et celle de la personne, qui n’est que relative ; Un pape qui tombe dans l’erreur et l’hérésie cesse par là même d’être pape et infaillible. C’était l’opinion du dominicain Torquemada ( 112, 4), qu’Eugène IV. récompensé au concile de Bâle par un cardinalat et le titre de Defensor fidei, comme le défenseur le plus zélé de l’absolutisme pontifical. Depuis le XIVe siècle, les papes portent la triple couronne. Les trois niveaux de la tiare, richement ornés de pierres précieuses, indiquaient le pouvoir du pape sur le ciel par sa canonisation, sur le purgatoire par l’octroi de ses indulgences, et sur la terre par ses anathèmes. Jusqu’à ce que la cour pontificale se retire à Avignon, le Latran était la résidence habituelle des papes et, après la fin du schisme, le Vatican.329
110.16. La Curie pontificale. — Les tribunaux principaux du gouvernement pontifical sont désignés collectivement sous le nom de curie, leurs membres étant choisis parmi le clergé supérieur. Les plus importantes sont les suivantes : la Cancellaria Romana, à laquelle appartenait l’administration des affaires du pape et du collège des cardinaux ; la Dataria Romana, qui concernait les questions de grâce non tenues secrètes, telles que les absolutions, les dispenses, etc. tandis que la Pœnitentiaria Romana s’occupait de questions qui étaient tenues secrètes ; la Camera Romana, qui administrait les finances pontificales ; et la Rota Romana, qui était la cour suprême de justice. Les décrets importants promulgués par le pape lui-même avec l’approbation des cardinaux sont appelés bulles. Ils sont écrits sur un parchemin en caractères gothiques en latin, estampillés du grand sceau de l’église romaine et fixés dans un étui métallique. Le mot taureau s’appliquait d’abord à l’étui, puis au sceau, et enfin au document lui-même. Les décrets moins importants, pour lesquels l’avis des cardinaux n’avait pas été demandé, sont appelés brefs. Le bref est généralement écrit sur du parchemin, en caractères romains ordinaires, et scellé dans de la cire rouge avec le sceau privé du pape, l’anneau du pêcheur.
Les synodes provinciaux avaient maintenant perdu presque toute leur importance et se tenaient rarement, et alors pour la plupart sous la présidence d’un légat pontifical. Les chapitres de la cathédrale offraient des provisions bienvenues aux fils cadets des nobles, qui n’étaient rien en retard sur leurs frères aînés dans la mondanité de la vie et de la conversation. Pour leurs propres intérêts égoïstes, ils limitèrent le nombre des membres du chapitre et exigeaient comme preuve d’au moins seize ancêtres. L’importance politique des prélats était en France très faible, et en tant que champions des libertés gallicanes, ils étaient moins enthousiastes que l’Université de Paris et le Parlement. En Angleterre, ils formaient un ordre influent dans l’État, avec des droits soigneusement définis ; et en Allemagne, en tant que princes de l’empire, surtout les princes électeurs cléricaux, leur importance politique était très grande. En Espagne, par contre, à la fin du XVe siècle, par les efforts de réforme ecclésiastique et politique de Ferdinand « le Catholique » et d’Isabelle (118, 7), le haut clergé fut complètement dépendant de la Couronne.
111.1. La condition morale du clergé était en général très basse. Les évêques vivaient pour la plupart en concubinage ouvert. Le bas clergé séculier suivit leur exemple et obtint la tolérance en payant un impôt annuel à l’évêque. Le peuple, distinguant la fonction et la personne, ne s’y opposait pas, mais le considérait plutôt comme une sorte de protection de ses femmes et de ses filles contre les dangers du confessionnal. C’est surtout en Italie que le vice contre nature était largement répandu dans le clergé. À Constance et à Bâle, on pensait remédier à ces maux en donnant aux prêtres la permission de se marier ; mais on craignait que les revenus ecclésiastiques ne fussent héréditaires, et que le clergé ne fît trop de choses à l’État. — Les ordres mendiants furent autorisés à entendre la confession partout, et lorsque Jean de Polliaco, médecin prussien, soutint que le clergé local ne devait être pris que comme confesseur, Jean XXII, en A.D. 1322, déclara ses opinions hérétiques.
111.2. Le concordat français de l’an 111.-C. 1516 ( 110, 14), qui donnait au roi le droit de nommer des abbés commendataires ( 85, 5), à presque tous les cloîtres, incitait beaucoup de fils cadets d’anciennes familles nobles à entrer dans les ordres, afin d’obtenir de riches sinécures ou charges, qu’ils pouvaient tenir en commende. Ils avaient un caractère semi-clérical et portaient le titre d’abbé, qui fut peu à peu donné à tout le clergé séculier de culture et de position sociale supérieures. En Italie aussi, il devint d’usage de donner le titre d’abbé aux jeunes clercs de haut rang, avant de recevoir l’ordination.
La corruption de la vie monastique devenait de jour en jour plus évidente. L’immoralité, la paresse et le vice contre nature ne trouvaient que trop souvent une pépinière derrière les murs du cloître. Les moines et les moniales des couvents voisins vivaient dans le péché ouvert les uns avec les autres, de sorte que l’auteur du livre De ruina ecclesia ( 118, 4, c) pense que Virginem velare est la même chose que Virginem ad scortandum exponere. C’est dans l’ordre bénédictin que la corruption était la plus complète. Les riches cloîtres, à l’exemple de leur fondateur, partageaient leurs revenus entre leurs divers membres (proprietarii). La science était négligée, et ils ne se souciaient que d’une bonne vie. Le célèbre cloître écossais ( 98, 1) de Saint-Jacques, à Ratisbonne, au XIVe siècle, avait une taverne régulière dans ses murs, et il y avait un dicton courant, Uxor amissa in monasterio Scotorum quæri debet. Les mendiants représentaient encore relativement le meilleur côté du monachisme et conservaient leur caractère de représentants de l’apprentissage théologique. Seuls les Chartreux, cependant, s’en tenaient encore à l’ancienne discipline stricte de leur ordre.
112.1. Les ordres bénédictins. — Pour la réorganisation de cet ordre, qui s’était abandonné à la vie et au luxe, Clément V, au concile de Vienne, A. D. En 1311, il publia une série d’ordonnances qui visaient principalement à rétablir la discipline monastique et à faire renaître l’érudition parmi les moines. Mais ils n’ont servi à rien ou à grand-chose. Benoît XII. il a donc jugé nécessaire, en A.D. 1336, avec la collaboration d’éminents abbés français, pour rédiger une nouvelle constitution pour les bénédictins, qui fut appelée après lui la Bénédictine. Les maisons des Frères Noirs devaient être divisées en trente-six provinces, et chacune d’elles devait tenir tous les trois ans un chapitre provincial pour la conférence et la détermination des causes. Dans chaque abbaye, il devrait y avoir un chapitre pénitentiel quotidien pour maintenir la discipline, et un chapitre annuel pour rendre compte. Afin de réveiller l’intérêt pour les études scientifiques, il fut ordonné qu’un certain nombre de moines les plus capables soient maintenus dans une université, aux frais du cloître, pour étudier la théologie et le droit canonique. Mais les prescriptions disciplinaires de la bénédictine étaient impuissantes devant les attraits de la bonne vie, et les propositions d’organisation répugnaient à l’orgueilleuse indépendance des moines et des abbés. Les promulgations en faveur des activités scientifiques ont conduit à de meilleurs résultats. La première tentative vraiment réussie de réforme du cloître a été faite, en J.-C. 1435, par le chapitre général des Frères de la Vie Commune, qui s’occupaient non seulement de leurs propres institutions, mais aussi de tous les monastères bénédictins de tout l’Occident. L’âme de ce mouvement était Joh. Busch, moine à Windesheim, puis prieur dans divers monastères, et enfin prévôt de Sulte, près de Hildesheim, après J.-C. 1458-1479. Ce qu’on appelle l’Union ou Congrégation de Bursfeld résulta de ses relations avec l’abbé du monastère bénédictin de Bursfeld, sur la Weser, Jean de Hagen (ab Andagine). Malgré l’hostilité acharnée des moines et des moniales corrompus, il y eut en peu de temps soixante-quinze monastères sous cette règle de Bursfeld, où la rigueur originelle de la vie monastique fut appliquée. La règle a été confirmée par le concile de l’A.D. 1440, puis par Pie II. La plupart des cloîtres soumis à cette règle se joignirent à la réforme luthérienne du XVIe siècle, et Bursfeld lui-même est aujourd’hui le siège d’un abbé luthérien titulaire. La cécité l’ayant forcé à abandonner son enseignement de la philosophie à Sienne, la sainte Vierge lui rendit la vue ; puis, en apr. J.-C. En 1313, il abandonna le monde et se retira avec quelques compagnons dans des recoins de montagne presque inaccessibles, à dix milles de Sienne. Des disciples se rassemblèrent autour de lui de toutes parts. Il construisit un cloître sur une colline, qu’il appela le mont des Oliviers, et fonda sous la règle bénédictine une congrégation de la Très Sainte Vierge du Mont des Oliviers, qui obtint la sanction de Jean XXII. Tolomæi en devint le premier général, en . 1322, et occupa ce poste jusqu’à sa mort, causée par une infection contractée alors qu’il assistait à la peste frappée en J.-C. Débloquer 1348. Il y avait de nouvelles élections d’abbés tous les trois ans. Les Olivétains étaient des adorateurs zélés de Marie et des ascètes stricts. Dans plusieurs de leurs cloîtres, qui comptaient jusqu’à une centaine, l’étude de la théologie et de la philosophie était poursuivie avec diligence. Elles embrassèrent aussi un ordre de religieuses, fondé par sainte Francisca Romana.
112.2. Les Franciscains.—Au concile de Vienne, en A.D. En 1312, Clément V renouvela le décret de Nicolas III, et, par la constitution Exivi de paradiso, se prononça en faveur d’une vue plus stricte (98, 4). mais il ordonna à tous les rigoristes de se soumettre à leur ordre. Mais ni cela, ni la ratification solennelle des décisions de son prédécesseur par Jean XXII. en apr. J.-C. 1317 mit fin à la division. La contestation était maintenant de deux ordres. Les Spirituels limitaient leur opposition à une interprétation rigoriste du vœu de pauvreté. Les Fraticelli portèrent leur opposition dans de nombreux autres départements. Ils exagèrent à l’extrême l’exigence de la pauvreté, mais répudient aussi la primauté du pape, la juridiction des évêques, l’admissibilité des serments, etc. Dans le sud de la France, en quelques années, 115 d’entre eux avaient péri sur le bûcher ; et les Spirituels souffrirent aussi cruellement. — Les Dominicains furent la cause d’une nouvelle scission dans l’ordre séraphique. L’Inquisition de Narbonne avait, en A.D. En 1321, il condamna au bûcher un mendiant qui avait affirmé, ce qui paraissait hérétique aux dominicains, que le Christ et les apôtres n’avaient ni propriété personnelle ni propriété commune. Les franciscains, qui, sous prétexte d’un prétendu transfert de leurs biens au pape, prétendaient être sans possessions, prononcèrent cette proposition orthodoxe, et les dominicains s’en plaignirent à Jean XXII. Il se prononça en faveur des dominicains et déclara illusoire la cession des biens par les franciscains ; et trouvant cette décision contraire aux décrets des papes précédents, il affirma le droit de tout pontife de revenir sur les conclusions de ses prédécesseurs. Les franciscains étaient de plus en plus poussés à se révolter ouvertement contre le pape. Ils firent cause commune avec les Spirituels persécutés et, comme eux, cherchèrent le soutien des Gibelins italiens et de l’empereur Louis le Bavarois (110, 3). Le pape convoqua leur général, Michel de Cesena, à Avignon ; et, tout en le détenant, il chercha en vain à obtenir sa déposition par le synode général de l’ordre. Michael, avec deux frères partageant les mêmes idées, William Occam ( 113, 3) et Bonagratia de Bergame, s’enfuirent à Pise sur un vaisseau de guerre, que l’empereur envoya chercher en A.D. Débloquer le niveau 1328. Là, au nom de son ordre, il fit appel à un concile œcuménique pour faire annuler l’excommunication et la déposition papales qui avaient été prononcées contre lui. Après la désastreuse campagne d’Italie en A.D. En 1330, les ecclésiastiques excommuniés accompagnèrent l’empereur à Munich, où ils défendirent littérairement leurs droits et privilèges, et accusèrent le pape d’une multitude d’hérésies. Michael mourut à Munich, en A.D. 1342. — Après le renversement du pape mineur schismatique, Nicolas V. ( 110, 3), L’opposition ne tarda pas à céder. Mais jusqu’à la fin de sa vie, Jean XXII. était un persécuteur sanglant de tous les franciscains schismatiques, qui montraient un amour fanatique du martyre, plutôt que d’atténuer d’un iota leur opposition à la possession de la propriété.
112.3. Les tendances strictes et laxistes ont été mises en lumière à l’occasion des tentatives successives de réforme. En apr. J.-C. 1368 Paolucci de Foligni fonde la confrérie des porteurs de sandales, qui embrasse les restes des érémites célestines (98, 4). Cette règle stricte fut bientôt modifiée de manière à admettre la possession de biens immobiliers et la vie commune dans des établissements conventuels. Ceux qui s’en tenaient strictement aux exigences originelles en matière d’isolement, d’ascétisme et d’habillement étaient maintenant appelés Observants et les Conventuels plus laxistes. Traversée des Alpes en apr. J.-C. En 1388, ils se répandirent dans toute l’Europe, convertissant les hérétiques et les païens. Les deux sections reçurent l’encouragement du pape. Leur chef pendant quarante ans fut Jean de Capistrano, né après J.-C. 1386, mort après J.-C. 1456, qui inspira tous leurs mouvements, et comme un prédicateur rassembla autour de lui des centaines de milliers de personnes. Son prédécesseur, Bernardino de Sienne, mort en 1944.En 1444 , il fut canonisé après un dur combat en 1444 . Année 1450. La même année, Jean fut délégué par le pape pour se rendre en Autriche et en Allemagne afin de convertir les Hussites et de prêcher une croisade contre les Turcs. Son plus grand exploit fut de repousser l’ennemi, en A.D. 1456, des Turcs, sous Mohammed II, devant Belgrade, lui attribua sa croisade et celle qui délivra la Hongrie, l’Allemagne, et même tout l’Occident, de la menace de la sujétion au joug musulman. Capistrano mourut trois mois plus tard. Malgré tous les efforts de ses disciples, sa béatification n’a été obtenue qu’après J.-C. 1690, et le décret de canonisation n’a été obtenu qu’après J.-C. 1724. — Suite 149, 6.
112.4. Les Dominicains.—Les Dominicains, comme ils interprétaient le vœu de pauvreté seulement des biens personnels et non des biens communs, perdirent bientôt le caractère d’un ordre mendiant.—L’un de leurs membres les plus distingués fut sainte Catherine de Sienne, qui mourut en A.D. 1380, dans sa trente-troisième année. Ayant fait vœu de chasteté dans son enfance, ne vivant que de pain et d’herbes, pendant un certain temps uniquement d’éléments eucharistiques, elle fut en vision fiancée au Christ comme son épouse, et reçut son cœur au lieu du sien. Elle sentait les douleurs des plaies du Christ, et, comme saint Dominique, elle s’attachait trois fois par jour avec une chaîne de fer. Elle acquit une renommée sans exemple et, avec sainte Brigitte, obtint le retour du pape d’Avignon à Rome. — La controverse des dominicains avec les franciscains au sujet de l’immaculée conceptuelle (104, 7) a été menée de la manière la plus passionnée. Les visions de sainte Catherine favorisaient les vues dominicaines, celles de sainte Brigitte les vues franciscaines ; pendant le schisme, les papes français favorisaient les premiers, les papes romains les seconds. Le point de vue franciscain a pris pour le temps l’ascendant. L’Université de Paris l’a soutenu en A.D. 1387, et fit de sa confession une condition pour recevoir le rang académique. Le dominicain Torquemada combattit cette doctrine, en A.D. 1437, dans son habile Tractatus de veritate Conceptionis B. V. En apr. J.-C. En 1439, le concile de Bâle, alors considéré comme schismatique, sanctionne la doctrine franciscaine. Sixte IV, qui avait auparavant, en tant que général des franciscains, soutenu les vues de son ordre dans un traité spécial, autorisa la célébration de la fête mentionnée, mais en apr. J.-C. 1483 interdit la controverse de part et d’autre. Une comédie à la conclusion très tragique fut jouée à Berne, à propos de cette affaire en A.D. Année 1509. Les dominicains y trompèrent un simple tailleur appelé Jetzer, qui se joignit à eux comme novice, avec de prétendues visions et révélations de la Vierge, et brûlèrent sur lui avec un fer chaud les empreintes de plaies du Sauveur, et firent pleurer des larmes de sang sur une image de la mère de Dieu sur la doctrine impie des franciscains. Lorsque la vile ruse fut découverte, le prieur et les trois moines durent expier leur conduite par la mort sur le bûcher. (Suite 149, 13.) Une nouvelle controverse entre les deux ordres éclata en A.D. 1462, à Brescia. Là, le jour de Pâques de cette année-là, le franciscain Jacob de Marchia, dans sa prédication, a dit que le sang du Christ versé sur la croix, jusqu’à sa reprise par la résurrection, était en dehors de l’union hypostatique avec le Logos, et donc en tant que tel n’était pas le sujet de l’adoration. Le grand inquisiteur, Jacob de Brescia, déclara cela hérétique, et à Noël de l’an J.-C. En 1463, une dispute de trois jours eut lieu entre trois dominicains et autant de minorites devant le pape et les cardinaux, qui n’aboutit à aucun résultat. Pie II. a réservé son jugement et n’a jamais rendu sa décision.
112.5. Les Augustins. — En apr. J.-C.En 1432 , Zolter, à l’appel du général des Augustins, réorganisa l’ordre et, en 1432. 1438 Pie II donna une constitution aux Observants. L'« Union des Cinq Couvents » qu’il fonda en Saxe et en Franconie, avec Magdebourg comme centre, forma le noyau des Augustines Observantes régulières, qui eurent pour seconde fois pour vicaire général André Proles de Dresde . Année 1473. Malgré une opposition acharnée, l’union s’est répandue dans toute l’Allemagne, même aux Pays-Bas. En apr. J.-C. En 1475, le général de l’ordre de Rome s’offusqua de Prolès de s’en remettre directement au siège apostolique, et non à lui, pour obtenir son autorité. Il abolit donc l’institution des vicaires, insista pour que tous les Observants retournassent à leur allégeance aux provinciaux, et restituèrent intégralement tous les cloîtres qu’ils s’étaient appropriés, et autorisa le provincial de Saxe à emprisonner et à excommunier Proles et son parti, en cas de refus de ceux-ci. Proles ne se soumit pas et, lorsque l’interdiction fut prononcée, il en appela directement au pape. Une commission pontificale en apr. J.-C. En 1477, il décida que tous les cloîtres observants placés par le duc sous la protection du pape continueraient à l’être, confirmèrent tous leurs privilèges et annulèrent tous les mandats et anathèmes émis contre Proles et ses partisans. Avec un redoublement d’énergie et de zèle, Proles s’employa à l’extension et à la consolidation de la congrégation jusqu’à l’apr. J.-C. En 1503, il démissionna de ses fonctions dans sa 74e année, et mourut peu de temps après. Il était l’un des hommes les plus dignes et les plus pieux de l’Église allemande de son temps ; mais Flacius se trompe tout à fait lorsqu’il le décrit comme un précurseur de Luther, un martyr évangélique et un témoin de la vérité au sens de la Réforme du XVIe siècle. Tout énergique et dévoué qu’il fût à poursuivre sa réforme, il se consacra uniquement à la correction des mœurs des moines et au rétablissement de la discipline ; Mais dans le zèle pour la doctrine des mérites, l’institution des indulgences, la mariolâtrie, le culte des saints et des images, et dans la dévotion à la papauté, lui et sa congrégation n’étaient nullement en avance sur leur temps.
112.6. Le chapitre élut Jean von Staupitz comme son successeur dans le vicariat, conformément au vœu de Proles. Il avait été prieur du cloître des Augustins à Tübingen, et devint professeur de théologie à l’université de Wittenberg, en 1944. Année 1502. Comme son prédécesseur, il se consacra aux intérêts de la congrégation et, par l’union qu’il réalisa entre elle et la congrégation des Observants lombards, il en augmenta considérablement l’importance. Dans l’exécution d’un projet d’union des conventuels saxons avec les observants allemands en combinant de sa main le priorat provincial saxon avec le vicariat allemand, il rencontra de telles difficultés qu’il fut obligé d’abandonner la tentative ; mais il réussit si bien qu’à partir de ce moment-là les conventuels et les observants de la Germanie vécurent en paix côte à côte. Il dirigea l’esprit troublé de Luther vers le Sauveur crucifié (122, 1), et devint ainsi le père spirituel du grand réformateur. Les nouvelles constitutions pour les congrégations allemandes, qu’il proposa et acceptèrent par le chapitre de Nuremberg, A.D. 1504, sont caractérisés par des recommandations sérieuses d’étude des Écritures. Mais d’une application évangélique et réformatrice profonde et complète, nous n’en trouvons pas encore de traces, même chez Staupitz ; Nous ne voyons pas non plus d’étude zélée des écrits d’Augustin, et d’appréciation conséquente de ses principes théologiques, comme le montrent les mystiques des XIIIe et XIVe siècles. Tout cela apparaît plus tard dans son petit traité « De l’imitation du Christ mourant volontairement » de l’A.D. Année 1515. Un discours sur la prédestination en apr. J.-C. L’année 1517 se déplace nettement sur les lignes augustiniennes, et le mysticisme de saint Bernard peut être retracé dans le livre « De l’amour de Dieu » de la même année. Fidèle à Luther en tant que conseiller et assistant pendant la première année mouvementée de lutte, la protestation du réformateur devint bientôt trop violente pour lui, et en A.D. En 1520, il démissionna de sa charge, se retira dans le cloître bénédictin de Salzbourg et mourut en tant qu’abbé en tant qu’abbé après J.-C. Année 1524. Son attachement continu aux tendances positives de la Réforme est prouvé par ses « Sermons de jeûne », prononcés en A.D. 1523. — Son successeur Link, condisciple de Luther à Magdebourg, fut et continua d’être un ami attaché du réformateur. Ne réussissant pas dans ses efforts pour éliminer les abus, il démissionna de son poste en A.D. En 1523, il devint pasteur évangélique à Altenburg et se maria. La très petite opposition choisit à sa place Joh. Spangenberg, qui, incapable de résister au mouvement parmi les conventuels allemands, ainsi que parmi les observants, démissionna en A.D. Année 1529.
L’ordre des Templiers, dont le siège principal était maintenant à Paris et dans le sud de la France, par de riches présents, des exactions et des vols dans l’île de Chypre, de vastes spéculations commerciales et de vastes opérations de prêt d’argent et de banque avec des croisés, des pèlerins et des princes nécessiteux, avait acquis d’immenses richesses en argent et en propriétés foncières en Orient et en Occident. En conséquence, ils étaient devenus orgueilleux, cupides et vicieux. Leur indépendance vis-à-vis de l’État avait longtemps été une épine dans l’œil de Philippe le Bel de France, et leur politique était souvent en désaccord avec la sienne. Mais par-dessus tout, leurs grandes richesses excitaient sa cupidité. Dans une lettre à un visiteur de l’ordre d’Innocent III. avait en J.-C. 1208 se plaignit amèrement de leur manque de spiritualité, de leur mondanité, de leur avarice, de leur ivrognerie et de leur étude de l’art noir, disant qu’il s’abstenait de faire des remarques sur les offenses encore plus honteuses dont ils étaient accusés. Des histoires aussi courantes d’apostasie au mahométisme, de sorcellerie, de vice contre nature, etc. On disait qu’ils adoraient une idole, Baphomet ; qu’un chat noir apparaissait dans leurs assemblées ; qu’à l’initiation, ils abjurèrent le Christ, crachèrent sur la croix et la foulèrent aux pieds. Un Templier expulsé pour certaines infractions a témoigné à l’appui de ces accusations. Là-dessus, en J.-C. 1307 Philippe fait soudainement appréhender tous les Templiers de son royaume. Beaucoup ont reconnu leur culpabilité au milieu des tortures du râtelier ; D’autres l’ont fait volontairement pour échapper à ce traitement. Un Parlement assemblé à Tours en A.D. 1308 approuva de tout cœur l’opinion du roi, et le pape, Clément V, fut impuissant à résister (110, 2). Tandis que les commissaires du pape poursuivaient les enquêtes dans tous les pays, Philippe, sans plus tarder, en J.-C. En 1310, il amena au bûcher une centaine de Templiers qui s’étaient rétractés. Le concile œcuménique de Vienne en A.D. 1311, convoqué pour le règlement définitif de l’affaire, refusa de rendre son jugement sans entendre la défense de l’accusé. Mais Philippe menaça le pape jusqu’à ce qu’un décret fût promulgué pour dissoudre l’ordre à cause des soupçons et de la mauvaise réputation dans lesquels il était tombé. Sa propriété devait aller aux Chevaliers de Saint-Jean. Mais une grande partie avait déjà été saisie par les princes, surtout par Philippe. La décision finale concernant les individus a été confiée par le pape aux synodes provinciaux des différents pays. Il se réserva le jugement sur le grand-maître, James Molay, et les principaux dignitaires de l’ordre de l’époque. Philippe n’y prêta aucune attention, mais, lorsqu’ils refusèrent d’adhérer à leur aveu de culpabilité, il les fit brûler dans un feu lent à Paris en Jésus-Christ. Débloquer le niveau 1314. La plupart des autres chevaliers se tournèrent vers des emplois séculiers, beaucoup entrèrent dans les rangs des Chevaliers de Saint-Jean, tandis que d’autres finirent leurs jours dans des prisons monastiques.330
112.8. Nouveaux ordres.―En A.D. En 1317, le roi de Portugal, pour protéger sa frontière contre les Maures, institua l’Ordre du Christ, composé de chevaliers et de clercs, et Jean XXII lui fut donné en l’honneur de Jean XXII. 1319 donne les privilèges de l’ordre de Calatrava ( 98, 13). Alexandre VI. les a libérés du vœu de pauvreté et leur a permis de se marier. Le roi de Portugal était grand-maître, et au début du XVIe siècle, elle comptait 450 compagnies et un revenu annuel d’un million et demi de livres. En apr. J.-C. En 1797, elle fut convertie en ordre séculier. — Parmi les nouveaux ordres monastiques, les plus importants sont les suivants :
112.9. Les Frères de la Vie Commune, société de prêtres pieux, se consacraient à l’étude dévotionnelle de l’Écriture, à l’exercice de la mystique contemplative et à l’imitation pratique de l’humble vie du Christ, en observant volontairement les trois vœux monastiques et en résidant, sans aucune obligation à vie, dans des unions où les choses étaient administrées en commun. Les laïcs pieux ne furent pas exclus de leur association, et des institutions pour les sœurs furent bientôt créées à côté de celles pour les frères. Le fondateur de cette organisation était Gerhard Groot, Gerardus magnus, de Deventer aux Pays-Bas, un élève favori du mystique Jean de Ruysbroek (114, 7). Mourir victime de sa bienveillance au cours d’une saison de peste en apr. J.-C. En 1384, un an ou deux après la fondation du premier institut de l’Union, il fut remplacé par son élève et assistant Florentius Radewins, qui poursuivit avec zèle l’œuvre qu’il avait commencée. La maison des frères à Deventer devint bientôt le centre de nombreuses autres maisons, de la Scheld à la Wesel. Florentius ajouta un cloître pour les chanoines réguliers à Windesheim, d’où sortit le célèbre réformateur de cloître Burch. La plus importante des fondations ultérieures de ce genre fut le cloître construit sur le mont Sainte-Agnès près de Zwoll. Le célèbre Thomas à Kempis ( 114, 7) C’est là qu’il a été formé et qu’il a écrit la vie de Groot et de ses compagnons de travail. Chaque maison était présidée par un recteur, chaque maison sœur par une matrone, qui s’appelait Marthe. Les frères subvenaient à leurs besoins en transcrivant des livres spirituels, les frères convers par un peu d’artisanat ; les sœurs en cousant, en filant et en tiçant. La mendicité était strictement interdite. En plus de s’occuper du salut de leurs âmes, les frères cherchaient à faire du bien au peuple par la prédication, les visites pastorales et l’instruction des jeunes. Ils avaient jusqu’à 1 200 érudits sous leurs soins. Haïs par les frères mendiants, ils furent accusés par un dominicain auprès de l’évêque d’Utrecht. Ce dignitaire favorisa les frères, et lorsque le dominicain en appela au pape, il s’adressa au concile de Constance de l’ère chrétienne. 1418, où Gerson et d’Ailly les soutenaient vigoureusement. Leur accusateur a été contraint de se rétracter, et Martin V. confirmé la confrérie. Bien qu’ils soient profondément attachés aux doctrines de l’Église catholique, leurs tendances bibliques et évangéliques formaient une préparation inconsciente à la Réforme (119, 10). Un grand nombre de frères adhérèrent au parti des réformateurs. Au 17ème siècle, le dernier vestige d’entre eux a disparu.331
L’Université de Paris prit la tête, conformément aux tendances libérales de l’Église gallicane, dans l’opposition aux prétentions hiérarchiques, et fut suivie par les universités d’Oxford, de Prague et de Cologne, dont les frères mendiants étaient les professeurs. Le plus distingué parmi les scolastiques de cette époque était Jean Duns Scot, dont les œuvres formaient la norme doctrinale pour les franciscains, comme celles de Thomas d’Aquin l’ont fait pour les dominicains. Après que le réalisme ait longtemps joui d’une domination incontestée, William Occam, au milieu de batailles passionnées, a introduit avec succès le nominalisme. Mais le pouvoir créateur de la scolastique était presque éteint. Même Duns Scot est plutôt un critique acerbe de l’ancien qu’un créateur original d’idées nouvelles. De misérables querelles entre les écoles et un formalisme sans esprit régnaient maintenant largement dans les amphithéâtres, aussi bien que dans les traités des savants. La théologie morale a dégénéré en casuistique stérile et en discussion absconse sur des cas subtilement conçus où il y avait une collision de devoirs. Mais de toutes parts s’élevaient des plaintes et des contradictions. D’un côté, il y en avait qui se plaignaient d’une manière générale, sans s’attaquer aux racines du mal. Ils suggéraient l’adoption d’une meilleure méthode, ou l’infusion d’une vie nouvelle par l’étude de l’Écriture et des Pères, et un retour au mysticisme. C’est à cette classe qu’appartenaient les Frères de la Vie Commune (112, 9) et d’Ailly et Gerson, partisans des réformes de Constance ( 118, 4). C’est là aussi que nous pouvons placer le talentueux père de la théologie naturelle, Raimund de Sabunde, et le brillant Nicolas de Cues, en qui se concentraient toutes les plus nobles aspirations de la science ecclésiastique du moyen âge. Mais de l’autre côté, il y avait l’opposition radicale, composée des mystiques allemands (114), les réformateurs anglais et bohémiens ( 119), et les humanistes ( 120).
113.1. Jean Duns Scot.―La date de naissance, si A.D. 1274 ou apr. J.-C. 1266, et le lieu de naissance, soit en Ecosse, soit en Irlande, soit en Angleterre, de ce héros franciscain, honoré du titre de docteur subtilis, sont incertains, et même le lieu et la manière dont il a été formé sont inconnus. Après avoir donné des conférences avec beaucoup de succès à Oxford, il est allé à l’A.D. 1304 à Paris, où il obtint le grade de docteur, et justifia avec succès l’immaculée conceptio B. V. ( 104, 7) contre les thomistes. Convoqué à Cologne en A.D. En 1308, pour s’engager dans une controverse avec les Beghards, il fait preuve d’une grande habileté en dialectique, mais meurt la même année. Son œuvre principale, un commentaire sur le Lombard, a été composée à Oxford. Ses réponses aux questions qu’on lui proposait pour son doctorat furent par la suite reprises dans l’ouvrage intitulé Quæstiones quodlibetales. Adversaire et rival de Thomas, il a contesté sa doctrine sur tous les points, ainsi que les doctrines d’Alexandre et de Bonaventure de son propre ordre, et d’autres étoiles brillantes du XIIIe siècle. Par la subtilité de la pensée et la puissance dialectique, il les surpassait tous, mais par la profondeur des sentiments, la profondeur de l’esprit et l’ardeur de la foi, il les surpassait de loin. Les preuves des doctrines l’intéressaient plus que les doctrines elles-mêmes. À la philosophie, il attribue un caractère purement théorique, à la théologie un caractère éminemment pratique, et proteste contre le mélange thomiste des deux. Il accepte la doctrine d’une double vérité (103, 3), en se basant sur l’automne. Admettant que la Bible soit le seul fondement de la connaissance religieuse, mais soutenant que l’Église, sous la conduite de l’Esprit, a progressé de plus en plus dans son développement, il admet volontiers que plus d’un point de constitution, de doctrine et de culte ne peut être établi à partir de la Bible ; par exemple, l’Immaculée Conception, le célibat clérical, etc. Il n’hésite pas à contredire même Augustin et saint Bernard du point de vue d’une doctrine de l’Église plus développée.
113.2. Thomistes et Scotistes. — Les dominicains et les franciscains s’opposèrent respectivement comme disciples de Thomas et de Scot. Thomas considérait l’individualité, c’est-à-dire le fait que tout est un individu, que toute res est un hæc, comme une limitation et un défaut ; tandis que Duns voyait dans cette hæcitas une marque de perfection et la véritable fin de la création. Thomas préférait aussi le réalisme platonicien, et Duns le réalisme aristotélicien. En théologie, Duns s’opposait à Thomas en maintenant une volonté arbitraire illimitée en Dieu, selon laquelle Dieu ne choisit pas une chose parce qu’elle est bonne, mais que la chose choisie est bonne parce qu’il la choisit. Thomas était donc un déterministe et, dans sa doctrine du péché et de la grâce, il adopta un augustinisme modéré (53, 5). tandis que Duns était un semi-pélagien. L’expiation était considérée par Thomas plus en accord avec la théorie d’Anselme, car il attribuait aux mérites du Christ la valeur infinie de l’Homme-Dieu, satisfactio superabundans, qui est en elle-même plus que suffisante pour la rédemption ; mais Duns soutenait que les mérites du Christ n’étaient suffisants que s’ils étaient acceptés par le libre arbitre de Dieu, acceptatio gratuita. Les Scotistes ont aussi combattu avec la plus grande résolution pour la doctrine de l’Immaculée Conception de la Vierge, tandis que les Thomistes s’y sont opposés avec autant de passion. 1325 et fut honoré du titre de docteur illuminatus ou acutus. Le plus notable des thomistes était Hervæus Natalis, qui mourut en J.-C. 1323 comme général des Dominicains. Parmi les thomistes ultérieurs, le plus éminent fut Thomas Bradwardine, docteur en profondeur, homme d’une profonde ferveur religieuse, qui accusa son époque de pélagianisme, et défendit la vérité contre cette erreur dans son De causa Dei c. Pelagium. Il commença à enseigner à Oxford, puis accompagna Édouard III. comme son confesseur et son aumônier lors de ses expéditions en France, et mourut en A.D. 1349, quelques semaines après sa nomination à l’archevêché de Cantorbéry.332
113.3. Nominalistes et réalistes. — Après le nominalisme ( 99, 2) en la personne de Roscelin avait été condamné par l’Église ( 101, 3) Le réalisme a régné pendant plus de deux siècles. Thomas et Duns l’appuyaient. En séparant la philosophie et la théologie, Duns ouvrit la voie à une discussion plus libre, de sorte que le nominalisme gagna peu à peu l’ascendant, et finalement presque plus que les précurseurs de la Réforme (119) se trouvaient dans les rangs des réalistes. Le pionnier du mouvement fut l’Anglais Guillaume Occam, franciscain et élève de Duns, qui, en tant que professeur de philosophie à Paris, obtint le titre de docteur singulier et invincibilis, et fut appelé par les nominalistes ultérieurs venerabilis inceptor. Il soutenait les Spirituels ( 112, 2) dans les controverses au sein de son ordre. Il accompagna son général, Michel de Cesena, à Avignon, et s’enfuit avec lui en J.-C. Né en 1328 d’une peine d’emprisonnement, il vécut à Munich jusqu’à sa mort en A.D. Débloquer le niveau 1349. Là, protégé par Louis le Bavarois, il défendit les droits impériaux contre les prétentions papales et accusa le pape de diverses hérésies (118, 2). En philosophie et en théologie, il a été principalement influencé par Scot. Conformément à ses principes nominalistes, il a assumé la position en théologie selon laquelle nos idées dérivées de l’expérience ne peuvent pas atteindre la connaissance du surnaturel ; et c’est ainsi qu’on peut l’appeler un précurseur de Kant ( 171, 10). Les universalia ne sont que des fictions ( 99, 2), des choses qui ne correspondent pas à nos notions ; Le monde des idées ne s’accorde pas avec celui des phénomènes, et c’est pourquoi l’unité de la foi et de la connaissance, de la vérité théologique et philosophique, affirmée par les réalistes, ne peut être maintenue (103, 2). La foi repose sur l’autorité de l’Écriture et sur les décisions de l’Église ; la critique appliquée aux doctrines de l’Église les réduit à une série d’antinomies. En 1339, l’Université de Paris interdit la lecture des œuvres d’Occam et, peu après, condamne formellement le nominalisme. Les thomistes et les scotistes oublièrent leurs propres différences pour s’allier contre Occam ; mais en vain, car les Occamistes se recrutaient dans tous les ordres. Le parti réformiste de Constance le soutint également (118, 4).333 Parmi les thomistes qui succédèrent à Occam, le plus distingué fut Guillaume Durand de Saint-Pourain, doct. resolutissimus, qui mourut en A.D. 1322 comme évêque de Meaux. Muertius d’Inghen, l’un des fondateurs de l’Université de Heidelberg en A.D. 1386 et son premier recteur, était aussi un nominaliste zélé. Le dernier scolastique notable de cette période fut Gabriel Biel de Spires, professeur de théologie à Tübingen, qui mourut après J.-C. 1495, nominaliste et admirateur d’Occam. Il était un ardent défenseur de la doctrine de l’Immaculée Conception et prononça des discours publics sur l'« Éthique » d’Aristote.
113.4. La casuistique, c’est-à-dire la partie de la théologie morale qui cherche à fournir un guide complet pour la solution des cas difficiles de conscience, surtout lorsqu’il y a collision de devoirs, moraux ou ecclésiastiques, fait sa première apparition dans les pénitentiels (89, 6), et lui a donné une grande impulsion dans l’injonction obligatoire de la confession auriculaire ( 104, 4). Elle a également été favorisée par le caractère ébouriffant de la dialectique scolastique. Le premier qui l’élabora comme une science distincte fut Raimundus [Raimund] de Pennaforte, qui, outre ses travaux sur le droit canonique (99, 5), a écrit à propos d’A.D. 1238 A SUMMA DE CASIBUS PŒNITENTIALIBUS. Elle fut suivie par l’Antesana franciscaine, la Pisana dominicaine et l’Angélique de l’Angélus génois de J.-C. 1482, que Luther en 1482 apr. J.-C. 1520 brûlé avec la bulle pontificale et les décrétales. Les opinions des différents casuistes varient considérablement et confondent la conscience au lieu de l’aider. C’est d’eux qu’est née la doctrine du probabilisme (149, 10).
113.5. Le fondateur de la théologie naturelle. — L’Espagnol Raimund de Sabunde s’établit comme médecin à Toulouse en l’an 2000. 1430, mais il se tourna ensuite vers la théologie. Voyant la nécessité d’insuffler une nouvelle vie à la scolastique corrompue, il chercha à la sauver du formalisme absolu et de la casuistique stérile par un retour à une pensée simple, claire et rationnelle. Anselme de Cantorbéry était son modèle de penseur clair et profond et de théologien croyant (101, 1). Il s’est également tourné vers le livre de la nature pour le stimuler et l’instruire. Le résultat de ses études est visible dans sa Theologia naturalis s. liber creaturarum, publiée dans A.D. Débloquer 1436. Le livre de la nature de Dieu, dans lequel chaque créature est comme une lettre, est la première et la plus simple source de connaissance accessible au profane ignorant, et la plus sûre, parce qu’elle est exempte de toutes falsifications d’hérétiques. Mais la chute et le plan de salut de Dieu ont rendu nécessaire une addition à celle-ci, et nous l’avons dans la révélation de l’Écriture. Les deux livres d’un même auteur ne peuvent pas être contradictoires, mais seulement s’étendre, se confirmer et s’expliquer l’un l’autre. Les faits de la révélation sont la présupposition ou les conséquences nécessaires du livre de la nature. De ce dernier peut être dérivée toute connaissance religieuse en s’élevant à travers les quatre degrés de la création, esse, vivere, sentir et intelligere, à la connaissance de l’homme, et de là à la connaissance du Créateur en tant qu’unité la plus haute et absolue, et en soutenant que la reconnaissance de la nature pécheresse humaine impliquait l’admission de la nécessité de la rédemption. ce que le livre de l’Apocalypse montre comme étant un fait. Dans la réalisation de cette idée, Raimund s’attache étroitement à Anselme dans sa réconciliation scientifique de l’idée naturelle et révélée de Dieu et de la rédemption. Bien qu’il n’ait jamais expressément contredit aucune des doctrines de l’Église, le Concile de Trente a mis le prologue de son livre dans l’Index prohibitorum.
113.6. Nicolas de Cues naquit en apr. J.-C. 1401 à Cues, près de Trèves, et s’appelait à l’origine Krebs. Formé d’abord par les Frères de Deventer ( 112, 9), il étudia ensuite le droit à Padoue. L’échec de son premier cas l’amène à entreprendre des études de théologie. En tant qu’archidiacre de Liège, il assista au concile de Bâle, et là, de bouche et de plume, il soutint l’opinion selon laquelle le concile est supérieur au pape, mais en apr. J.-C. En 1440, il passa au parti pontifical. En raison de son érudition, de son adresse et de son éloquence, il fut souvent employé par Eugène IV. et Nicholas c. dans des négociations difficiles. Il fut fait cardinal en apr. J.-C. 1448, un honneur inouï pour un prélat allemand. En apr. J.-C. En 1450, il est nommé évêque de Brixen, mais à la suite d’un différend avec Sigismond, archiduc d’Autriche, il subit plusieurs années de prison ferme. Il mourut en apr. J.-C. 1464 à Todi en Ombrie. Son œuvre principale est De docta ignorantia, qui montre, en opposition à l’orgueilleuse scolastique, que la vérité absolue sur Dieu dans le monde n’est pas accessible aux hommes. Sa spéculation théologique se rapproche de celle d’Eckhart et, comme elle, n’est pas exempte d’éléments panthéistes. Dieu est pour lui le maximum absolu, mais il est aussi le minimum absolu, puisqu’il ne peut être ni plus grand ni moins qu’il n’est. Il engendre de lui-même sa ressemblance, c’est-à-dire le Fils, et il redevient en tant qu’Esprit Saint dans l’unité. Encore une fois, le monde est le maximum agrégé. Son Dialogus de pace, occasionné par la chute de Constantinople en apr. J.-C. 1453, représente le christianisme comme la plus parfaite de toutes les religions, mais reconnaît dans toutes les autres, même dans l’islam, des éléments essentiels de la vérité éternelle. Comme Roger Bacon ( 103, 8), il assigne une place prépondérante aux mathématiques et à l’astronomie, et dans son De separatione Calendarii d’A.D.En 1436, il recommanda des réformes dans le calendrier qui ne furent effectuées qu’en 1436 . 1582 par Grégoire XIII. ( 149, 3). Il détecta le pseudo-Isidore ( 87, 2) et la Donation de Constantin ( 87, 4) fraudes.
113.7. Théologiens bibliques et pratiques.
Les scolastiques du XIIIe siècle, à l’exception de Bonaventura, avaient peu de sympathie pour le mysticisme et donnaient toute leur attention au développement de la doctrine (99, 1). Le XIVe siècle fut l’âge augustéen du mysticisme. L’Allemagne, qui avait déjà donné dans la période précédente Hugo de Saint-Victor et les deux divinités de Reichersberg ( 102, 4, 6), était sa véritable demeure. Ses représentants les plus distingués appartenaient aux ordres de prédication, et son grand maître reconnu était le dominicain Maître Eckhart. Ce mysticisme spécifiquement allemand a complètement rejeté les modes scolastiques de pensée et d’expression, et a cherché à arriver à la vérité chrétienne par des voies entièrement nouvelles. Elle s’adressait, non pas à l’intelligence et à la raison cultivée des savants, mais aux cœurs et aux esprits des gens, afin de leur indiquer le chemin le plus sûr vers l’union avec Dieu. Les mystiques n’écrivaient donc ni des commentaires sur le Lombard, ni de gigantesques summæ de leur propre composition, mais travaillaient par la parole et l’écriture pour répondre à des besoins immédiats et pressants. Ils prêchaient des sermons animés et écrivaient de courts traités, non pas en latin, mais dans la langue maternelle de leur foyer. Cette forme populaire ne les empêchait pas cependant de transmettre à leurs lecteurs et auditeurs des pensées profondes, résultat d’une vive spéculation ; mais qu’en cela ils ne passèrent pas par-dessus la tête du peuple, c’est ce que prouvent les foules qui accouraient à leur prédication. Les « Amis de Dieu » ont prouvé une puissance spirituelle sur de nombreux pays (116, 4). De la mystique prophétique pratique des XIIe et XIIIe siècles ( 107 ; (108 et 5) Il s’est distingué en évitant les éléments visionnaires, apocalyptiques et somnambuliques magnétiques grâce à une meilleure appréciation de la science ; et de la mystique scolastique de cette époque antérieure ( 102, 3, 4, 6 ; (103 et 4) en abandonnant l’allégorie et le cadre scolastique de l’élévation de l’âme à Dieu, ainsi qu’en se livrant à une spéculation quelque peu panthéiste sur Dieu et le monde, l’homme et l’Homme-Dieu, sur l’incarnation et la naissance de Dieu en nous, sur notre rédemption, notre sanctification et notre restauration finale. Ses plus jeunes représentants, cependant, ont coupé court à toutes les excroissances panthéistes, et sont ainsi devenus plus pratiques et plus édifiants, bien qu’avec la perte du pouvoir spéculatif. De cette façon, ils se rapprochèrent davantage d’une autre tendance mystique qui se répandait dans les Pays-Bas sous l’influence du chanoine flamand, Jean de Ruysbroek. En France aussi, le mysticisme refait surface au XVe siècle dans les personnes de d’Ailly et de Gerson (118, 4), sous une forme semblable à celle qu’il avait revêtue aux XIIe et XIIIe siècles dans les Victorines et les Bonaventures.
114.1. Maître Eckhart. — L’un des penseurs les plus profonds de tous les siècles chrétiens fut le dominicain Maître Eckhart, le véritable père de la mystique spéculative allemande. Né à Strasbourg vers J.-C.En 1260, il étudie à Cologne sous la direction d’Albert le Grand, mais obtient sa maîtrise à Paris en 1260 . Année 1303. Il avait déjà été quelques années auparavant à Erfurt et vicaire provincial de Thuringe. En apr. J.-C.En 1304, il fut fait provincial de Saxe et, en 1304. 1307 vicaire général de Bohême. Dans ces deux postes, il fit beaucoup pour la réforme des cloîtres de son ordre. En apr. J.-C. En 1311, nous le trouvons professeur à Paris, puis pendant quelques années enseignant et prêchant à Strasbourg, puis officiant comme prieur à Francfort, et enfin comme professeur particulier à Cologne, où il mourut en . Débloquer le niveau 1327. Alors qu’il était à Francfort en A.D. En 1320, il est soupçonné d’hérésie à cause de ses relations sexuelles présumées avec des mendiants (98, 12) et les Frères du Libre Esprit ( 116, 5). En apr. J.-C. En 1325, l’archevêque de Cologne renouvela ces accusations, mais Eckhart réussit à se justifier. L’archevêque mit alors sur pied sa propre inquisition, mais à partir de sa sentence, Eckhart en appela au pape, déposa une protestation, puis de son propre chef dans l’église dominicaine de Cologne, devant l’assemblée assemblée, déclara solennellement que l’accusation portée contre lui reposait sur une fausse déclaration et un malentendu, mais qu’il était alors et toujours prêt à retirer tout ce qui pourrait être erroné. Le jugement papal, rendu deux ans après la mort d’Eckhart, déclara vingt-huit de ses propositions de tendance panthéiste, dix-sept hérétiques et onze dangereuses. Il a donc été déclaré suspect d’hérésie. La bulle, contraire à la raison et à la vérité, continuait en disant qu’Eckhart, à la fin de sa vie, s’était rétracté et avait soumis tous ses écrits et doctrines au jugement du Saint-Siège. Mais Eckhart avait protesté avec indignation contre l’accusation de panthéisme, et certainement dans sa doctrine de Dieu et de la créature, de la haute noblesse de l’âme humaine, de la retraite et de l’absorption en Dieu, il s’est toujours tenu dans les limites de la connaissance et de la vie chrétiennes. S’attachant aux doctrines platoniciennes et néoplatoniciennes, que l’on rencontre aussi chez Albert et Thomas, et faisant appel aux autorités reconnues de l’Église, en particulier à l’Aréopagite, à Augustin et à Thomas d’Aquin, Eckhart composa avec une grande originalité un système de connaissances religieuses singulièrement complet et profond. Bien que, dans tous ses écrits, il ait principalement pour but d’animer et d’édifier, il fonde toujours ses efforts sur une investigation théorique de la nature de la chose. Mais la connaissance est pour lui essentiellement l’union du sujet connaissant avec l’objet à connaître, et le stade le plus élevé de la connaissance est l’intuition où toutes les choses finies s’enfoncent dans la substance de la Déité.336
114.2. Les mystiques de la Haute-Allemagne après Eckhart. — Un noble groupe de mystiques s’est formé au cours des XIVe et XVe siècles, influencés par les écrits d’Eckhart, qui ont soigneusement évité les extrêmes panthéistes en donnant une direction tout à fait pratique à leurs spéculations. Le plus proche d’Eckhart est l’auteur de la Théologie allemande, dans laquelle les principes du maître sont noblement vulgarisés et expliqués. Luther, qui l’a pris pour une œuvre de Tauler, et l’a publié en A.D. 1516, le caractérisait comme « un noble petit livre, montrant ce que sont Adam et Christ, et comment Adam devrait mourir et Christ vivre en nous ». Dans le manuscrit le plus complet de ce traité, trouvé en A.D. En 1850, l’auteur est décrit comme un « ami de Dieu ». ― Le dominicain Jean Tauler naquit à Strasbourg, étudia à Paris, et entra en rapport avec Eckhart, dont il adopta le mysticisme, sans ses tendances panthéistes. Lorsque Strasbourg fut frappé par la peste noire, il travailla comme prédicateur et pasteur parmi les frappés avec une dévotion héroïque. Bien que la ville fût sous le coup d’un interdit ( 110, 3), les dominicains s’obstinèrent pendant une année entière à lire la messe, et ne furent arrêtés que par les menaces sévères du maître de leur ordre. Les magistrats leur donnèrent le choix entre s’acquitter de leurs fonctions officielles ou quitter la ville. Tauler maintenant, en A.D. En 1341, il se retire à Bâle, puis à Cologne. En apr. J.-C.En 1437, nous le retrouvons à Strasbourg, où il mourut en 1437 . Débloquer le niveau 1361. Ses trente sermons, ainsi que d’autres courts tracts, parurent à Leipzig en an J.-C. Année 1498. La plus importante de toutes les œuvres de Tauler est « L’Imitation de la pauvreté du Christ ». On pensait qu’il était d’auteur français, mais il est maintenant admis qu’il s’agit de Tauler.337―Rulman Merswin, riche marchand de Strasbourg, dans sa quarantième année, A.D. En 1347, avec le consentement de sa femme, il se retira de ses affaires et abandonna le monde, donna sa fortune à des œuvres de charité et acheta en A.D. En 1366, il s’agit d’un vieux couvent abandonné près de la ville, qu’il restaure et présente à l’ordre de Saint-Jean. C’est là qu’il passa le reste de ses jours dans une pieuse contemplation, au milieu des austérités et des mortifications, et favorisé par des visions. Il mourut en apr. J.-C. Débloquer 1382. Quatre ans après sa conversion, il parvint à des conceptions claires et à la paix intérieure. Son œuvre principale, composée en apr. J.-C. 1352, « Le Livre des Neuf Rochers », a longtemps été attribué à Suso. Il est plein de plaintes amères contre la corruption morale et religieuse de toutes les classes, et d’avertissements sincères du jugement divin. Son point de départ est une vision. Des fontaines des hautes montagnes coulent de nombreux ruisseaux sur les rochers dans la vallée, et de là dans la mer ; Des multitudes de poissons se transportent de leur haute demeure, et sont pour la plupart pris dans des filets, seuls quelques-uns réussissent à atteindre leur foyer en sautant par-dessus ces neuf rochers. À la demande de « l’Ami de Dieu des Hautes Terres », il écrivit les « Quatre ans depuis le début de la vie ». Son « Banner Tract » décrit le conflit et la victoire sur les Frères du Libre Esprit sous la bannière de Lucifer (116, 4, 5).
114.3. L’Ami de Dieu dans les Hautes Terres. — Dans un livre intitulé « L’Histoire de la conversion de Tauler », appelé à l’origine « Le Livre du Maître », mais maintenant attribué à Nicolas de Bâle, il est dit qu’en A.D. En 1346, un grand « Maître de l’Ecriture Sainte » prêcha dans une ville sans nom, et bientôt sa renommée se répandit dans tout le pays. Un laïc vivant dans les Hautes Terres, à trente milles de là, reçut trois fois l’ordre d’aller chercher cet Ami de Dieu, compagnon de Rulman. Il écouta sa prédication, le choisit comme confesseur, puis chercha à lui montrer qu’il n’avait pas encore la vraie consécration. Comme un enfant, le maître se soumit à l’enseignement des éléments de la piété religieuse par le laïque, et, sur son ordre, s’abstenant de toute étude et de toute prédication pendant deux ans, il se livra à la méditation et aux exercices pénitentiels. Lorsqu’il reprit sa prédication, son succès fut merveilleux. Après neuf ans de labeur, sentant sa fin approcher, il rendit compte au laïc de sa conversion. Celui-ci arrangea ses matériaux, y ajouta cinq sermons du maître, et envoya le petit livre, en A.D. 1369, à un prêtre du cloître de Rulman près de Strasbourg. En apr. J.-C. En 1486, le maître est identifié à Tauler. Ceci est cependant contredit par son contenu. La partie historique est invraisemblable et incroyable, et sa chronologie inconciliable avec les faits connus de la vie de Tauler. Nous ne trouvons aucune trace des idées originales ou de l’éloquence caractéristique de Tauler ; tandis que le langage et l’arrangement homilétique des sermons sont tout à fait différents de ceux du grand prédicateur dominicain.
114.4. Nicolas de Bâle. — Après s’être longtemps caché des émissaires de l’Inquisition, le laïc Nicolas de Bâle, dans une extrême vieillesse, fut pris avec deux compagnons et brûlé à Vienne, comme hérétique, entre deux apr. J.-C. 1393-1408. Il a été identifié par Schmidt de Strasbourg comme « l’Ami de Dieu ». C’est plus que douteux, car des seize hérésies, pour la plupart de caractère vaudois, imputées à Nicolas, on n’en trouve aucune trace dans les écrits de l’Ami de Dieu ; tandis qu’il est rendu très probable par les recherches de Denifle que « l’Ami de Dieu » n’était qu’un nom pris par Rulman Merswin.
114.5. Henry Suso, né A.D. En 1295, il entre dans le cloître dominicain de Constance dans sa 13e année. À l’âge de dix-huit ans, il prononça le vœu, et jusqu’à sa vingt-deuxième année, il pratiqua sans cesse l’ascétisme le plus strict, à l’imitation des souffrances du Christ. Il termina ses études en A.D. De 1325 à 1328, sous la direction d’Eckhart à Cologne, et à la mort de sa pieuse mère, il se retira dans le cloître, où il devint lecteur puis prieur. Le premier ouvrage qu’il publia ici, en A.D. 1335, le « Livre de la Vérité », est fortement influencé par l’esprit de son maître. Accusé d’hérétique, il fut destitué de son prieuré en apr. J.-C. Débloquer le niveau 1336. Son « Livre de la sagesse éternelle » était la lecture préférée de tous les amoureux de la mystique allemande. Mêlant l’idée de l’amour du chevalier et du fanatique à la conception salomonienne de la Sagesse, qu’il identifie tantôt avec Dieu, tantôt avec le Christ, tantôt avec Marie, il la choisit pour sa bien-aimée, et fut favorisé par elle de fréquentes visions et fut honoré du titre d’Amandus. Comme la plupart de ses confrères moines de Constance, Suso était un partisan du pape dans sa lutte avec Louis le Bavarois, tandis que la ville se rangeait du côté de l’empereur. Quand, en apr. J.-C. En 1339, les moines, obéissant à l’interdit papal, refusèrent d’accomplir le culte public, ils furent expulsés par les magistrats. Dans sa quarantième année, Suso avait commencé sa douloureuse carrière d’autodiscipline, qu’il poussa jusqu’à mettre sa vie en danger. Désormais chassé comme exilé, il commença ses pérégrinations singulièrement fécondes, au cours desquelles, passant de cloître en cloître comme prédicateur itinérant, il se familiarisa, soit personnellement, soit par correspondance, avec les plus intimes amis du mysticisme, et se fit beaucoup de nouveaux amis dans tous les rangs, surtout parmi les femmes. En apr. J.-C. En 1346, avec huit compagnons, il se hasarda à retourner auprès de Constance. C’est là qu’il connut sa plus rude épreuve. Une femme immorale, qui prétendait qu’elle s’affligeait de ses péchés et qu’elle s’en repentait, alors qu’en réalité elle continuait à les pratiquer, et qu’elle était donc rejetée par lui, se vengea en l’accusant d’être le père de l’enfant qu’elle allait porter. Cet incident douloureux fut probablement l’occasion de sa retraite au monastère d’Ulm, où il mourut en J.-C. Débloquer 1366. Chez lui, l’élément poétique et romantique éclipsait le spéculatif et, dans son attachement à l’orthodoxie ecclésiastique, il se tenait à l’écart de tout mouvement réformateur.
114.6. Henri de Nördlingen ne nous est que peu connu par les lettres qu’il envoya à son amie, la religieuse dominicaine Margaret Ebner. Il était spirituellement apparenté à Tauler, aussi bien qu’à Suso, et partageait avec le grand prédicateur ses chagrins sur les calamités de l’époque, que sa nature sensible ressentait à un degré peu ordinaire pendant l’oisiveté officielle forcée sous l’interdit. Son mysticisme, par son caractère doucement sentimental, ainsi que par sa tendance superstitieuse à révérer Marie et les reliques, se distinguait essentiellement de celui de Tauler. Son amie Marguerite, qui avait aussi une affinité spirituelle avec Tauler, et qui était très estimée de tous les « Amis de Dieu », était religieusement et politiquement, en tant que partisane de l’empereur anathématisé, beaucoup plus décidée. Cependant, par la profondeur de la pensée et la puissance d’expression, elle est tout à fait inférieure aux prophétesses thuringiennes antérieures (107, 2). de Fritzlar, un laïc riche et pieux, est censé avoir écrit, A.D. 1343-1349, une vie des saints dans l’ordre du calendrier, comme une image de la pureté du cœur, avec des réflexions mystiques et des spéculations basées sur la matière légendaire, et le tout exprimé en allemand pur et simple. Hermann, cependant, n’était que l’auteur du plan, et l’auteur réel était un dominicain d’Erfurt, Giseler de Slatheim. 1386, « Les vingt-quatre vieillards, ou le trône d’or », qui devint un livre de dévotion très populaire, dans lequel les vingt-quatre anciens de l’Apocalypse iv. 4, l’un après l’autre, montrent à l’âme aimante comment gagner pour elle-même un trône d’or dans le ciel. Des passages d’une description édifiante et contemplative des Pères et des docteurs de l’Église jusqu’au XIIIe siècle sont choisis par l’auteur, et adaptés à l’usage des « Amis de Dieu » ignorants dans une traduction allemande.
114.7. Mystiques des Pays-Bas.
La prédication en langue vernaculaire était pratiquée principalement par les Frères de la Vie Commune, les mystiques et plusieurs sectes hérétiques, par exemple les Vaudois, les Wiclifites, les Hussites, etc. et, stimulés par leur exemple, d’autres commencèrent à suivre la même pratique. Ce qu’on appelle la Biblia pauperum a présenté en images l’histoire du Nouveau Testament avec ses types et ses prophéties de l’Ancien Testament ; Les Histoires bibliques ont fait connaître au peuple les histoires de l’Écriture sous une forme connexe ; et, après l’introduction de l’imprimerie, les plénières allemandes contribuèrent aussi à répandre la connaissance de la parole de Dieu par des traductions à usage privé des principales parties de l’office. Pour l’instruction du peuple dans la foi et la morale, toute une série de catéchismes a été construite d’après un type progressivement développé. La « Danse macabre » sous ses diverses formes rappelait la vanité de tous les plaisirs terrestres. L’esprit de la Réforme s’est manifesté au cours de cette période par le grand nombre d’hymnes écrits en langue vernaculaire. La musique d’église reçut elle aussi une puissante impulsion.
115.1. Jeûnes et fêtes. — De nouvelles fêtes de Marie ont été introduites : F. præsentationis M. le 21 novembre. (Lév. xii. 5-8), F. visitationis M. (Luc i. 39-51), le 2 juillet. Au XVe siècle, nous nous réunissons avec les fêtes des Sept Douleurs de Marie, F. Spasmi M., le vendredi ou le samedi avant le dimanche des Rameaux. Dominique institua une fête du chapelet, F. rosarii M., le 1er octobre, et son observance générale fut prescrite par Grégoire XIII. en apr. J.-C. 1571. — La Vénération d’Anne ( 57, 2) fut introduit en Allemagne dans la seconde moitié du XVe siècle, mais s’éleva bientôt à une hauteur presque égale à celle de Marie. avait, même au cours de la période précédente, été très relâchée. Or, les jours de jeûne les plus spéciaux n’étaient que des jours d’abstinence de viande, tandis que la plupart des repas somptueux de poisson et de farines étaient consommés. Des dispenses papales et épiscopales du jeûne ont également été accordées librement.
115.2. Prédication ( 104, 1).―To aider et encourager la prédication dans la langue du peuple, des prédicateurs non qualifiés ont été fournis avec Vocabularia prædicantium. Surgant, prêtre bâlois, écrivit, à la fin du XVe siècle, un traité d’homilétique et de catéchèse très utile pour son époque, le Manuale Curatorum. Il y montrait comment les sermons latins pouvaient être traduits dans la langue du peuple, et insistait sur le devoir d’entendre les sermons. Les mendiants étaient les principaux prédicateurs, en particulier les mystiques des ordres de prédication, au cours du 14ème siècle ( 114), et les Augustins, en particulier leurs Observants allemands, au cours du 15 ( 112, 5), et à côté d’eux, les franciscains. — Le prédicateur le plus zélé de son temps était le dominicain espagnol Vincent Ferrér. En apr. J.-C. En 1397, il commença ses tournées de prédication à travers l’Espagne, la France, l’Italie, l’Angleterre, l’Écosse et l’Irlande, qui connurent un succès sans précédent. Il mourut en apr. J.-C. Débloquer 1419. Il travailla avec une ardeur particulière à la conversion des Juifs, dont il aurait baptisé 35 000. Partout où il allait, il était vénéré comme un saint, reçu avec respect par le clergé et les prélats, hautement honoré par les rois et les princes, consulté par les riches et les pauvres sur les choses temporelles et spirituelles. Il a été canonisé par Calixte III. en apr. J.-C. Débloquer 1455. Certains flagellants ( 116, 3) qu’il rencontrait dans ses voyages le suivaient, se flagellant et chantant ses chants de pénitence, mais il s’y arrêta devant l’objection du concile de Constance. Ses sermons traitaient des réalités de la vie réelle et appelaient toutes les classes à se repentir de leurs péchés. Le dominicain italien Barletta, mort en 1944, était d’un même esprit. 1480, dont la satire burlesque et cinglante a fait de lui le prédicateur le plus populaire de l’époque. Sur ses traces marchèrent les Français Maillard et Menot, tous deux franciscains, et le prêtre allemand de Strasbourg, Geiler de Kaisersberg, tout à fait égaux à eux par la concision pittoresque de l’expression et l’esprit mordant. Tous ceux-ci se distinguaient par leur sérieux moral et leur profonde spiritualité. 339
115.3. La Biblia Pauperum. — L’interprétation typologique de l’histoire de l’Ancien Testament reçut une forme fixe et permanente dans les illustrations introduites dans les livres de service et les images imprimées sur les autels, les murs, les fenêtres des églises, etc., au cours du XIIe siècle. Un ensemble de dix-sept de ces groupes d’images a été trouvé à Vienne, dont les panneaux du milieu représentent l’histoire du Nouveau Testament, sub gracia, au-dessus un type de l’Ancien Testament de la période ante legem, et au-dessous un de la période sub lege. Cette série d’images a été complétée par la Biblia pauperum, ainsi appelée d’après le dicton de Grégoire Ier, selon lequel les images étaient la Bible du pauvre. La plupart des manuscrits existants, qui dépendent tous d’une source commune, datent des XIVe et XVe siècles. Les illustrations du Nouveau Testament sont au milieu, et tout autour se trouvent des images des quatre prophètes, avec des volumes à la main, sur lesquels sont écrites les prophéties appropriées de l’Ancien Testament. À droite et à gauche se trouvent les types de l’Ancien Testament. La multiplication des copies de cet ouvrage par des gravures sur bois et des caractères fut l’un des premiers usages de l’imprimerie.340
115.4. La Bible en langue vernaculaire. — La nécessité de traductions de la Bible dans la langue du peuple, particulièrement pressée par les Vaudois et les Albigeois, était maintenant largement réclamée par ceux qui avaient tendance à réformer (119). Sur l’introduction de l’imprimerie, vers J.-C. En 1450, l’occasion fut donnée de faire circuler rapidement des traductions déjà faites dans la plupart des langues européennes. Avant Luther, il y avait quatorze éditions imprimées de la Bible en haut et cinq en bas-allemand. Les traductions, faites à partir de la Vulgate, étaient pratiquement les mêmes. Les traducteurs sont inconnus. La diction est pour la plupart maladroite, et le sens souvent à peine intelligible. Des traductions avaient été faites en Angleterre par les Wiclifites, et en Bohême par les Hussites. En France, diverses traductions de livres séparés de l’Écriture ont circulé, et une Bible française complète a été publiée par le confesseur de Charles VIII, Jean de Rely, à Paris, en A.D. Année 1487. Deux Bibles italiennes ont été publiées à Venise, en 1944. 1471, l’une par l’abbé camaldulite Malherbi, suivant de près la Vulgate, l’autre par l’humaniste Bruccioli, qui s’appuie souvent sur le texte original. Ce dernier était très apprécié par les exilés italiens de l’époque de la Réforme. En Espagne, un chartreux, Ferreri, tenta une traduction, qui fut imprimée à Valence en J.-C. Année 1478. Cependant, les Histoires bibliques, c’est-à-dire des traductions libres, tantôt contractées, tantôt augmentées, des livres historiques, en particulier ceux de l’Ancien Testament, étaient plus populaires que ces traductions. D’après J.-C. En 1470, on publia de grandes et fréquentes éditions des Plénières allemandes, qui ne contenaient d’abord que les évangiles et les épîtres, puis aussi l’office de la messe, pour tous les dimanches, les fêtes et les jours saints, avec des explications et des indications.
115.5. Catéchismes et livres de prières.—Après la prédication, la principale occasion de donner une instruction religieuse était la confession. Les catéchismes ultérieurs s’inspirèrent largement des services baptismaux et confessionnels. Aux XIIIe et XIVe siècles, on y ajouta le décalogue, puis les sept péchés capitaux et les sept vertus principales. Les images ont été utilisées pour imprimer les points principaux dans l’esprit des gens et des jeunes. La littérature catéchétique de cette époque, tant dans les guides pour les prêtres que dans les manuels pour le peuple, était écrite en langue vernaculaire. — Au cours du XVe siècle, il y avait aussi de nombreux Artes moriendi, montrant comment bien mourir, dans lesquels souvent une piété sincère apparaissait côte à côte avec la superstition la plus grossière. Il y avait aussi de nombreux livres de prières, Hortuli animæ, publiés, dans lesquels le culte de Marie et des saints éclipsait souvent celui de Dieu et du Christ, et une croyance extravagante dans les indulgences conduisait à une vision mécanique de la prière qui était complètement païenne.
115.6. La danse macabre. — L’humour fantastique du moyen âge a trouvé une expression dramatique et spectaculaire dans la danse macabre, dans laquelle toutes les classes, depuis le pape et les princes jusqu’aux mendiants, conversent tour à tour avec la mort. Il a été introduit en Allemagne et en France au début du XIVe siècle, dans le but d’élever les hommes hors des plaisirs et des ennuis de la vie. On l’appelait en France la Danse des Maccabées, parce qu’elle avait été introduite pour la première fois à cette fête. Des images et des descriptions verbales de la danse macabre ont été faites sur les murs et les portes des églises, autour des manuscrits et des gravures sur bois, où la mort était généralement représentée sous la forme d’un squelette. Hans Holbein le Jeune a mis la dernière main à ces représentations dans ses Imagines Mortis, dont les originaux se trouvent à Saint-Pétersbourg. Dans ce chef-d’œuvre, l’idée d’un couple de danseurs est mise de côté, et à sa place quarante tableaux, portés ensuite à cinquante-huit, pleins d’humour et de sérieux moral, déversent la puissance de la mort dans la vie terrestre.341
115.7. Hymnologie ( 104, 10).―Le La poésie de l’Église latine des XIVe et XVe siècles était bien inférieure à celle des XIIe et XIIIe siècles. Seuls les mystiques, par exemple Thomas à Kempis, ont encore composé de beaux hymnes. Nous avons maintenant les prémices de l’hymnologie allemande et bohémienne. Les flagellateurs allemands chantaient des hymnes allemands ( 116, 3), et obtint ainsi beaucoup de faveur populaire. Le mouvement hussite du XVe siècle a donné une grande impulsion au chant d’église. Huss lui-même encouragea instamment la pratique du chant de congrégation dans la langue du peuple, et composa lui-même des hymnes de Bohême. Les Frères de Bohême et de Moravie ont été particulièrement productifs dans ce domaine ( 119, 8). Dans beaucoup d’églises, au moins lors des grandes fêtes, on chantait des hymnes allemands, et dans certaines même lors de la célébration de la messe et d’autres parties du culte public. Les chants spirituels de cette époque étaient de quatre sortes : certains moitié allemands, moitié latins ; d’autres traductions d’hymnes et de séquences latines ; d’autres, des compositions allemandes originales de moines et de ménestrels ; et l’adaptation de chants profanes à des fins spirituelles. Dans ce dernier cas, les mélodies originales ont également été conservées. Les formes et les mélodies populaires pour les chants sacrés étaient maintenant assurées, et elles ont ensuite été appropriées par les réformateurs du XVIe siècle.
115.8. Musique d’église ( 104, 11).―Grand Des améliorations ont été apportées aux orgues par l’invention des pédales, etc. La musique d’église a également été grandement développée par l’introduction de l’harmonie et du contrepoint. Les Hollandais étaient prééminents dans ce domaine. Ockenheim, fondateur de la deuxième école de musique hollandaise, à la fin du XVe siècle, est l’inventeur du canon et de la fugue. Le plus grand compositeur de cette école fut Jodocus Pratensis, vers J.-C. 1500, et à côté de lui peut être nommé l’Allemand, Adam de Fulda.
115.9. Reliques légendaires. — La légende des anges ayant transféré la maison de Marie de Nazareth, en A.D. 1291, à Tersato en Dalmatie, en A.D. 1294 à Reccanati, et enfin, en A.D. 1295, à Lorette à Ancône, surgit au XIVe siècle, en relation avec la chute d’Acre ( 94, 6) et le renversement des derniers restes du royaume de Jérusalem. On ne sait pas quand et comment est née la légende selon laquelle la Scala Santa de Rome était les marches de marbre du prétoire de Pilate, apportées là par sainte Hélène. — Même Frédéric le Sage, à un coût énorme, a rassemblé 1 010 reliques sacrées dans sa nouvelle chapelle de Wittenberg, un simple regard qui a assuré l’indulgence pendant 100 ans. Dans un catalogue des reliques des églises de Saint-Maurice et de Marie-Madeleine à Halle, publié dans A D. En 1520, il est fait mention d’un morceau de terre, provenant d’un champ de Damas, dont Dieu fit le premier homme, d’un morceau d’un champ à Hébron, où Adam s’est repenti, d’un morceau du corps d’Isaac, de vingt-cinq fragments du buisson ardent de l’Horeb, de spécimens de la manne du désert, de six gouttes de lait de la Vierge, du doigt du Baptiste qui indiquait l’Agneau de Dieu, du doigt de Thomas qui touchait les plaies de Jésus ; un morceau de l’autel où Jean a lu la messe pour la Vierge ; la pierre avec laquelle Étienne a été tué ; un grand morceau du crâne de Paul ; le tuyau de saint Thomas de Cantorbéry ; le baron de Saint-François, etc. La collection se composait de 8 933 articles et pouvait se permettre de se livrer à des plaisirs pendant 39 245 100 ans et 220 jours ! Des contributions à l’Église en bénéficiaient, qui allaient dans la poche de l’archevêque-électeur, Albert de Mayence. L’engouement pour les pèlerinages était également répandu dans toutes les classes, jeunes et vieux, hauts et bas. Les signes, les prodiges et les reliques nouvellement découvertes étaient considérés comme consacrant de nouveaux lieux de pèlerinage, et les récits des pèlerins augmentaient de plus en plus la renommée de ces stations. En apr. J.-C. 1500 Düren, par la possession d’une relique d’Ann, volée à Mayence, s’éleva rapidement au premier rang. Les habitants de Mayence cherchèrent par l’intermédiaire du pape à récupérer ces biens précieux, mais celui-ci se décida en faveur de Düren, car Dieu avait entre-temps sanctionné le transfert en accomplissant de nombreux miracles de guérison.
Vers la fin du XIIIe siècle, et tout au long du XIVe, une littérature nationale, en prose et en poésie, s’éleva en Italie, qui, à plusieurs égards, a des rapports étroits avec l’histoire de l’Église. Les trois Florentins, Dante, Pétrarque et Boccace, franchirent hardiment les barrières de l’usage traditionnel, qui avait fait du latin le seul véhicule de la littérature et de la science, et devinrent les créateurs d’un beau style italien ; tandis que leur exemple a puissamment influencé leurs propres compatriotes, et ceux d’autres nations occidentales, au cours des âges immédiatement suivants. L’usage exclusif de la langue latine avait produit un esprit hiérarchique uniforme et était un frein aux mouvements anti-hiérarchiques de l’époque après le développement national indépendant de l’Église et de l’État. L’élimination de cette barrière au progrès a été une étape importante. Mais les trois grands hommes de lettres que nous avons nommés se sont aussi distingués par leur culture classique. Ils ont introduit l’étude des classiques anciens, et ont donc été les précurseurs des humanistes. Ils présentaient également un front uni contre la corruption de l’Église, contre les prétentions hiérarchiques, la cupidité et l’avilissement moral de la papauté, ainsi que contre la dégradation morale et intellectuelle du clergé et des moines. Pétrarque et Boccace firent aussi la guerre à la scolastique dépravée. L’âge augustéen de la poésie nationale allemande était contemporain de l’âge des Hohenstaufen. Il s’agissait de chants populaires, souvent sacrés. Au cours du XIVe siècle, le drame sacré atteignit son apogée, en particulier en Allemagne, en Angleterre, en France et en Espagne. L’esprit de la Renaissance, qui dominait l’art italien au XVe siècle, s’est également manifesté dans le domaine de l’architecture et de la peinture ecclésiastiques.
115.10. La littérature nationale italienne.342―Dante Alighieri, né à Florence en A.D. 1265, était en A.D.En 1302 , il fut banni comme Gibelin de sa ville natale et mourut exilé à Ravenne, en 1302 . Débloquer le niveau 1321. Son amour d’enfant pour Béatrice, qui, après sa mort prématurée, continua à remplir son âme jusqu’à la fin de sa vie, lui donna l’impulsion d’une « nouvelle vie » et fut la source inépuisable de son inspiration poétique. Ses études à Bologne, à Padoue et à Paris firent de lui un admirateur enthousiaste de Thomas, mais à côté de sa culture scolastique, il y avait la perception rapide du beau, combinée à une imagination vive. C’est ainsi qu’il a pu traiter des questions brûlantes de son temps dans l’un des plus grands chefs-d’œuvre poétiques de toutes les époques, de tous les peuples et de toutes les langues. Sa Divina Commedia décrit une vision dans laquelle le poète est conduit, d’abord par la main de Virgile, en tant que représentant de la sagesse humaine, à travers l’Enfer et le Purgatoire, puis par Béatrice, dont la place est parfois prise par l’Allemande Mathilde ( 107, 2), et enfin par saint Bernard, en tant que représentants de la religion révélée, à travers le Paradis et les divers cieux jusqu’à l’empyræum, la résidence éternelle du Dieu trinitaire. Le poète présente à ses lecteurs une description de ce qu’il a vu, et rapporte ses conversations avec ses guides et les âmes de personnages plus importants, la plupart d’entre eux peu de temps avant la mort, dans lesquelles les problèmes de la philosophie, de la théologie et de la politique sont discutés. Ses opinions politiques, qu’il traite ex professo dans les trois livres de son De monarchia, sont dérivées de la théorie de l’État de Thomas d’Aquin, mais respirent un fort patriotisme gibelin italien, de sorte qu’il ne place pas seulement Boniface VIII. mais aussi Frédéric II. en Enfer. Dans la lutte entre l’empire et la papauté, il se range résolument du côté de la première. C’est avec une profonde tristesse qu’il déplore la corruption de l’Église dans sa tête et dans ses membres, mais il s’en tient fermement à sa confession de foi. Et tout en fustigeant vigoureusement les corruptions de la monitosité, il fait l’éloge du caractère céleste de la vie de François et de Dominique.343 Pétrarque, mort en apr. J.-C. En 1374, il rompt complètement avec la scolastique et se tourne avec enthousiasme vers les études classiques. Il a combattu la superstition, par exemple l’astrologie, mais il lutte aussi contre l’incrédulité de son époque, et dans ses lettres et ses poèmes, il fustige avec une sévérité impitoyable l’immoralité de la papauté et la sécularisation de l’Église.344 Dans Boccace encore, qui mourut en A.D. En 1375, l’antipathie à l’égard de la scolastique, de la moinesse et de la hiérarchie avait atteint son paroxysme. Il n’a ni colère ni dénonciation, mais seulement du mépris, des reproches et de l’esprit pour tirer contre eux. Il prend également à la légère les exigences morales du christianisme et de l’Église, en particulier le septième commandement. Mais, plus tard, il manifesta une profonde pénitence pour l’écriture lascive de sa jeunesse, à laquelle il avait donné une expression imprudente et éhontée dans son « Décaméron ».
115.11. La littérature nationale allemande. — Le style de la prose allemande a été grandement ennobli par les mystiques ( 114), et le plus haut développement de la satire allemande contre la hiérarchie, le clergé et les moines a été atteint par Sebastian Brant, de Strasbourg, qui a écrit en A.D. 1494 son « Nef des Fous ». Parmi les prédicateurs populaires, John Tauler occupait le premier rang (114, 2). À Strasbourg, Geiler de Kaisersberg se distingua comme un prédicateur original. Ses sermons étaient pleins d’esprit mordant, de sarcasme vif et d’expressions humoristiques, mais aussi d’une profonde sincérité et d’une exposition cinglante des péchés du clergé et des moines. Son œuvre la plus connue est une série de sermons sur la « Nef des fous » de Brant, publiée dans A.D. Année 1498.
115.12. Le drame sacré ( 105, 5).―Le Le mérite poétique de la plupart des mystères allemands exécutés dans les grandes fêtes n’est pas grand. Les Lamentations de Marie, cependant, s’élevaient souvent à de véritables sommets poétiques. La comédie et le burlesque ont également trouvé leur place, surtout en relation avec Judas, ou les échangeurs, ou la Madeleine non convertie. Un prêtre, Théodoric Schernberg, a écrit une pièce de théâtre sur la chute et le repentir de la papesse Jeanne (82, 6). Le mardi gras, des pièces de théâtre étaient jouées, dans lesquelles le clergé et les moines étaient ridiculisés. Hans Roseuplüt de Nuremberg, vers J.-C. 1450, était l’auteur le plus célèbre de pièces de théâtre allemandes du Gras. En France, vers la fin du XIVe siècle, il se forma une société de jeunes gens du haut rang, appelée Enfans sans souci, dont les Sotties, bouffonneries, dans lesquelles l’église était ridiculisée, étaient en grande estime dans les villes et à la cour. Leur poète le plus distingué fut Pierre Gringoire, qui, au début du XVIe siècle, dans la Chasse du Cerf des Cerfs, parodia le Servus servorum (46, 10), et l’église est représentée comme la vieille mère trompée. Les nombreux mystères italiens ont été produits principalement par les fils doués et cultivés de la Toscane, qui avaient déjà développé leur langue maternelle en une langue belle et flexible. En Espagne, au XVe siècle, les Autos, en partie comme pièces de Noël et en partie comme pièces sacramentelles ou de passion, étaient basées sur les anciens mystères, et dans leur forme penchaient davantage vers les morales allégoriques.
115.13. Architecture et peinture ( 104, 12, 14) ―Gothique L’architecture était le style dominant dans les églises d’Allemagne, de France et d’Angleterre. En Italie, le mouvement humaniste ( 120, 1) a conduit à l’imitation des modèles classiques anciens, et ainsi le style Renaissance a été introduit, qui a prospéré pendant 300 ans. Son véritable créateur fut le Florentin Bruneleschi, qui acquit une renommée impérissable grâce à la grande coupole de la cathédrale de Florence. Bramante, mort après J.-C. 1514, marque la transition entre la Renaissance antérieure du XVe siècle et la fin du XVIe, au sommet de laquelle se dresse Michel-Ange, A.D. 1474-1564. D’après un plan de Bramante Julius II, en A.D. En 1506, commença la magnifique reconstruction de Saint-Pierre à Rome, dont l’exécution, dans ses proportions gigantesques, occupa les règnes de vingt papes. Il a été achevé sous Urbain VIII, en J.-C. Année 1636. Ce grand édifice, par suite du trafic des indulgences, entrepris pour en défrayer les frais, devint l’occasion de la perte pour la papauté de la moitié de la chrétienté occidentale. 1455, et Michel-Ange, atteignit le plus haut degré d’excellence.― De la peinture, dont l’âge augustéen était le XVe siècle, il y avait proprement quatre écoles. Giotto, mort en apr. J.-C. En 1336, il fut le fondateur de l’école florentine, qui se distinguait particulièrement par ses délimitations de l’histoire sacrée. C’est à elle qu’appartenaient le dominicain Fra Giovanni da Fiesole, qui ne peignait qu’en priant, Léonard de Vinci, Fra Bartolomeo et Michel-Ange. Ensuite, il y avait l’école lombarde ou vénitienne, à la tête de laquelle se trouve Giovanni Bellini, mort après J.-C. 1516, qui se détourna de l’église et s’appliqua avec sa couleur fraîche et vivante à la représentation des idéaux terrestres. Ses représentants les plus éminents furent le Corrège, mort après J.-C. 1534, et Titien, mort après J.-C. Année 1576. Dans l’école de l’Ombrie, encore une fois, l’esprit de saint François continuait à respirer encore. Son plus grand maître fut Raphaël d’Urbino, le plus noble et le plus renommé de tous les peintres chrétiens, distingué aussi comme architecte. L’école allemande avait ses représentants les plus compétents dans les frères Hubert et John van Eyk, Albert Dürer et Hans Holbein l’Ancien.
Par suite de l’avilissement honteux de la papauté et de la profonde corruption du clergé et des moines, l’influence de l’Église sur la culture morale et religieuse du peuple, malgré le zèle ardent des prédicateurs et des catéchistes, fut dans l’ensemble beaucoup moins grande qu’autrefois. La révérence pour l’église telle qu’elle se présentait chancelait en effet, mais n’était pas encore complètement renversée. L’enthousiasme religieux des temps anciens s’estompait, mais des phénomènes occasionnels continuaient encore à surgir, comme sainte Brigitte et sainte Catherine de Sienne (112, 4, 8), Claus de Flüe, et la Pucelle d’Orléans. Mais afin d’élever un Jean de Népomucène au rang de saint national reconnu, il était nécessaire de produire de fausses histoires légendaires à l’époque post-Réforme. Les ruses de Jean de Capistrano ( 112, 3) étaient de telle nature, que même la curie pontificale ne put se hasarder à l’orner de l’auréole de sainteté qu’au bout d’un siècle et demi. La nuisance toujours croissante de la vente des indulgences étouffait la ferveur religieuse et écrasait tout esprit religieux du peuple. Mais la sincérité se manifestait encore dans les réactions des Beghards et des Lollards, ou dans les explosions des Flagellants, et la spiritualité trouvait souvent une riche nourriture dans la prédication des mystiques. Un courant émanant des Amis de Dieu, très répandu, pénétra profondément dans le cœur du peuple allemand ; une autre, jaillissant probablement de la même source, mais avec une tendance tout à fait différente, apparaît chez les Frères et Sœurs de l’Esprit Libre. D’autre part, la superstition prévalait aussi, et était d’autant plus dangereuse qu’elle se séparait de son caractère poétique et naïf (117, 4). Vers la fin de cette période, cependant, une nouvelle ère s’ouvrit dans la vie sociale, ainsi que dans la littérature nationale. La chevalerie pâlit devant la poudre à canon. La création de sociétés civiques a développé un sentiment de liberté et a introduit une compréhension et une appréciation saines de la liberté civile. L’impression de livres a commencé la diffusion de la connaissance, et la découverte de l’Amérique a ouvert à la vision d’un nouveau monde pour le commerce, la colonisation et la propagation du christianisme. Pour le cœur pieux du découvreur, l’extension du royaume du Christ s’avéra le motif le plus puissant de ses efforts continus, et il espérait aussi obtenir des trésors du nouveau monde les moyens de conquérir à nouveau le Saint-Sépulcre et la Terre Sainte.
116.1. Deux saints nationaux.—Jean de Népomucène, de Pomuk en Bohême, était de l’ère chrétienne. 1380 curé, puis chanoine, secrétaire archiépiscopal et vicaire général de Prague. Le roi Wenzel le fit saisir, cruellement torturé et jeté par-dessus le pont dans la Moldau, parce que, selon la légende, il refusa énergiquement, en tant que confesseur de la reine, de trahir les secrets du confessionnal, mais en réalité parce qu’il avait excité la colère du roi jusqu’au bout dans une violente controverse entre l’archevêque du roi, Jean de Jenzenstein, et le chapitre sur l’élection et la consécration d’un abbé. La légende de la confession apparaît pour la première fois chez un écrivain autrichien de notre ère. 1451, qui le donne distinctement comme une tradition. Elle est évidemment liée au rejet taborite de la doctrine catholique de la confession auriculaire (119, 7). Si l’on l’admet comme vraie, puisque tous les anciens chroniqueurs attribuent le traitement cruel de ce prélat à la part qu’il prit à l’élection de l’abbé, il faudra supposer deux victimes de la colère du roi au lieu d’une. Le Jean Népomucène de la légende, et le confesseur de la reine, a été torturé sur l’ordre du roi en J.-C.En 1383 , l’autre, qui figure dans les anciennes chroniques comme vicaire général archiépiscopal, et qui s’appelle simplement Jean, fut torturé en 1383 . 1393, puis jeté par-dessus le pont dans la Moldau. Cette dernière histoire apparaît pour la première fois dans une chronique de Bohême de J.-C. Année 1541. Au XVIIe siècle, les Jésuites, afin de priver le saint national hérétique et martyr Jean Huss de sa suprématie en mettant en avant un autre saint bohémien authentique, mais aussi un saint profondément catholique, ont donné cours à la légende, ornée de nombreuses histoires supplémentaires de miracles. Benoît XIII. ( 164, 1) Le pape n’était que le pape pour aider un tel dispositif en sanctionnant, comme il l’a fait en J.-C. 1729, canonisation d’un saint confesseur purement fictif, Jean Népomucène. Il est le saint patron des ponts, dont l’image en Bohême et dans d’autres pays strictement catholiques se rencontre sur presque tous les ponts, et il est vénéré comme le protecteur des accusations injustes, ainsi que le dispensateur de la pluie dans les saisons de grande sécheresse. Bien qu’aucune mention ne soit faite de l’histoire du confessionnal dans la lettre de plainte adressée à Rome par l’archevêque Jenzenstein, les historiens catholiques insistent encore sur le fait que la fermeté du confesseur était la cause réelle, l’élection de l’abbé la cause apparente, du martyre de J.-C. Année 1393.345 La nécessité de renforcer la position de l’Église romaine, face aux progrès de la Réforme suisse du XVIe siècle, conduisit également à l’élévation du reclus Nicolas de Flüe sur le piédestal d’un saint national suisse. Considéré comme un saint avant même sa naissance en raison de signes et de prodiges, « Frère Claus », après une longue et active vie dans le monde, dans sa 50e année, père de dix enfants, abandonna la maison et le foyer, avec l’approbation de sa femme, s’abstint de toute nourriture, sauf celle du sacrement, et mourut, après avoir passé dix-neuf ans dans le désert, en apr. J.-C. Année 1487. Pendant cette période, il fut le conseiller de confiance de toutes les classes sociales sur les affaires publiques et privées. Il est surtout célèbre pour avoir sauvé la Suisse, en apparaissant personnellement à la Diète de Stanz, en A.D. 1481, mettant fin au conflit entre les villes et les provinces, qui menaçait de briser la confédération et de provoquer une guerre civile, et suggérant le compromis pacifique de l'« Accord de Stanz ». Que le Frère Patrie ait aidé à assurer l’harmonie est un fait bien établi, mais il est également démontrable qu’il n’était pas personnellement présent à Stanz. Il fut béatifié par Clément X. en apr. J.-C. 1671, mais malgré les efforts répétés de ses admirateurs, il n’a pas encore été canonisé.
116.2. La Pucelle d’Orléans, A.D. 1428-1431. — Jeanne d’Arc était fille d’un paysan du village de Domremy, en Champagne. Même dans sa treizième année, elle crut voir une clarté particulière et entendit une voix céleste l’exhortant à la chasteté et à la piété. Elle s’engagea par un vœu de virginité perpétuelle. Par la suite, les voix célestes devinrent plus fréquentes, et l’éclat prit la forme de l’archange Michel, de sainte Catherine et d’autres saints, qui la saluèrent comme le sauveur de sa patrie. La France fut, sous l’imbécile roi Charles VI, et plus encore après sa mort, déchirée par les partis rivaux des Armagnacs et des Bourguignons. Le premier combattit pour les droits du dauphin Charles VII ; ce dernier soutint sa mère Isabelle et le roi d’Angleterre Henri V, qui lui succéda en apr. J.-C. 1422 par son fils Henri VI, alors âgé de neuf mois. Jeanne était la partisane enthousiaste du dauphin. Il s’est retrouvé en A.D. 1428 dans les plus grandes difficultés. Le dernier rempart de sa puissance, la ville d’Orléans, était assiégée par les Anglais, et semblait sur le point de tomber. Alors ses voix ordonnèrent à Jeanne de secourir Orléans, et d’accompagner le dauphin à son couronnement à Reims. Elle publia alors son appel, jusque-là tenu secret, surmonta toutes les difficultés, fut reconnue comme messagère du ciel, prit l’habit masculin d’un soldat et se mit à la tête d’une foule enthousiaste. Un grand succès accompagna les mouvements de cette jeune fille de dix-sept ans. Dans les dernières campagnes de la guerre, elle fut prisonnière de Bourgogne, qui la livra aux Anglais. À Rouen, elle fut soumise à un tribunal ecclésiastique qui, après quatre mois d’enquête, la condamna au bûcher comme hérétique et sorcière. Devant l’incendie, son courage lui manqua. Cédant à la persuasion de son confesseur, elle reconnut sa culpabilité et fit commuer sa peine en emprisonnement à perpétuité. Mais huit jours plus tard, elle a été conduite au bûcher. Ses gardiens grossiers lui avaient enlevé ses vêtements féminins et l’avaient forcée à porter de nouveau des vêtements masculins, et cet acte auquel elle avait été contrainte était une accusation contre elle. Elle mourut courageusement et pieusement en apr. J.-C. Débloquer le niveau 1431. À la demande de sa famille, qui avait été anoblie, une révision de la procédure contre elle a été faite en J.-C. 1450, lorsqu’elle fut déclarée innocente, et que les accusations portées contre elle étaient fausses. L’entreprise de Dupanloup, évêque d’Orléans, en A.D. 1876, au nom de la France catholique, pour la faire canoniser, la curie pontificale n’a pas répondu. L’église infaillible, qui l’avait brûlée comme sorcière en J.-C. 1431, ne pouvait guère lui donner une place parmi ses saints, même après 450 ans.
116.3. Lollards, flagellants et danseurs. — Au cours d’une épidémie de peste à Anvers en l’an J.-C. En 1300, les Lollards font leur apparition, soignant les malades et enterrant les morts. Ils se répandirent rapidement aux Pays-Bas et dans les provinces allemandes limitrophes. Cependant, comme les Beghards, et pour les mêmes raisons, ils furent bientôt soupçonnés d’hérésie et soumis à la persécution de l’Inquisition, jusqu’à Grégoire XI, en l’an 2000. 1347, leur accorda de nouveau la tolérance. Mais le nom Lollard continuait d’être associé à l’hérésie ou à l’hypocrisie ( 119, 1).346 Les confréries flagellantes, qui avaient surgi au XIIe siècle (106, 4), ont considérablement augmenté au cours de cette période, et ont atteint leur apogée au cours du 14ème siècle. Leur influence fut la plus grande lors de la visite de la peste noire, après J.-C. 1348-1350, qui ont coûté la vie à l’Europe. Partant de Hongrie, se précipitant avec la force d’une avalanche et se massant en grand nombre sur le Rhin supérieur, ils se répandirent sur toute l’Allemagne, la Belgique et la Hollande, la Suisse, l’Angleterre et la Suède. L’entrée en France leur fut refusée sur l’ordre du pape d’Avignon, Clément VI. En longues rangées de pénitents, la tête découverte, hurlant leurs chants de pénitence, et les larmes coulant sur leurs joues, ils se précipitaient en fouettant leur dos nu. De ville en ville et de village en village, ils lisaient à haute voix une lettre d’avertissement, qu’on disait avoir été écrite par le Christ et apportée au patriarche de Jérusalem par un ange. Ce paroxysme dura trois ans. En Lombardie, en A.D. En 1399, lorsque la famine, la peste, la guerre contre les Turcs et l’attente de la fin du monde inclinèrent les hommes à de telles extravagances, les Flagellants reparurent, vêtus de robes blanches, et appelés Bianchi, Albati. Les princes, les savants et les papes, les universités et les conciles ont cherché à réprimer ce fanatisme stupide, mais n’ont pas pu le réprimer. Beaucoup de Flagellants étaient également hérétiques dans leurs opinions, parlaient de la hiérarchie comme d’un antéchrist, se retiraient du culte de l’Église, déclaraient que le baptême sanglant du fléau était le seul vrai sacrement, et moururent sur le bûcher de l’Inquisition. À demi nus et couronnés de feuilles, ils se précipitaient dans les rues et dans les maisons, dansant d’une manière sauvage et tumultueuse. Ils firent beaucoup de bruit dans les provinces rhénanes en J.-C. 1374 et en 1374 apr. J.-C. Débloquer 1418. Ils étaient considérés comme des démoniaques et guérissaient en invoquant Saint-Guy.
116.4. Les Amis de Dieu. — Au cours du XIVe siècle, de nombreux détachements de sectes mystiques se répandirent dans toute l’Allemagne méridionale, et même des Pays-Bas à la Hongrie et à l’Italie. Un puissant réveil religieux, teinté de mysticisme contemplatif, se fit alors sentir dans les châteaux des chevaliers, dans les boutiques des artisans et dans les échoppes des marchands, ainsi que dans les maisons des béguines, les monastères et les couvents des dominicains et d’autres ordres monasques. Une grande association libre fut alors convoquée sous le nom d'« Amis de Dieu » (Jean xv. 15), dont les membres entretenaient entre eux une correspondance personnelle et épistolaire. Les quartiers généraux de ce mouvement étaient Cologne, Strasbourg et Bâle. Ses prédicateurs et ses partisans étaient pour la plupart dominicains. Ils tiraient leur nourriture intellectuelle et spirituelle des écrits des mystiques allemands. Ils répudiaient toutes les intentions sectaires, observaient attentivement les rites et les cérémonies, assistaient au culte de l’église et acceptaient tous ses dogmes. Mais c’est pour cette raison qu’ils étaient d’autant plus affligés de la profonde décadence de la vie religieuse et morale, et qu’ils se lamentaient sur la corruption du clergé et de la hiérarchie. Cependant, les conceptions visionnaires fantastiques, dérivées du domaine du mysticisme, n’étaient nullement rares parmi eux.
116.5. Sociétés libertines panthéistes. — Une contrepartie d’inspiration démoniaque à la fraternité des « Amis de Dieu » se trouve dans la secte des Frères et Sœurs du Libre Esprit. Cette secte, dérivée pour la plus grande partie de la classe des artisans, peut être considérée comme ayant mis en œuvre un développement constant des vues d’Amalrich de Bena (108, 4). Nous les rencontrons au début du XIVe siècle errant, missionnaires et agités dans toutes les parties de l’Allemagne méridionale ainsi qu’en Suisse, tandis qu’ils étaient particulièrement nombreux dans les provinces rhénanes, où Cologne et Strasbourg étaient leurs principales stations balnéaires. Fréquente souvent les Beghards qui se promènent ( 98, 12) ils sont souvent confondus avec ceux-ci. C’étaient des panthéistes libertins communistes. Tout homme pieux est un Christ, en qui Dieu se fait homme. Tout ce qui est fait dans l’amour est pur. Les parfaits sont libres de la loi et ne peuvent pas pécher. L’Église, avec ses sacrements et ses institutions, est une tricherie complète ; Le purgatoire, le ciel et l’enfer ne sont que des inventions, le lien matrimonial est contraire à la nature, toute propriété est un bien commun, et son vol est permis. Leurs services secrets se terminaient par des orgies immorales. L’Inquisition extermina la secte par l’épée et le bûcher. 1312 et les Turlupins de l’île de France ont montré des tendances similaires. Au début du XVe siècle, ils réapparurent à Bruxelles sous le nom d’Homines intelligentiæ. En apr. J.-C. En 1421, le chef hussite Ziska extirpa les Adamites ou Picards de Bohême, qui allaient nus selon le modèle du paradis, et avaient une communauté d’épouses. Picard n’est qu’une modification de la désignation hérétique Beghard. Ils prirent pied dans plusieurs villages et construisirent un établissement sur une petite île dans un affluent de la Moldau, d’où ils firent des excursions dans les districts environnants, jusqu’à ce que Ziska y mette fin en conquérant l’île en J.-C. Débloquer 1421.
La vente imprudente et éhontée des indulgences rendait souvent impossible l’exercice de la discipline ecclésiastique, et la conduite déshonorante des moines mendiants détruisait tout respect pour le confessionnal. L’abus scandaleux de l’interdiction et de l’interdiction les avait dépouillés d’une grande partie de leur terreur. D’affreuses malédictions étaient prononcées à Rome tous les jeudis saints contre les hérétiques par la lecture solennelle de la bulle In Cœna Domini. L’Inquisition était encore abondamment occupée à persécuter et à brûler de nombreux hérétiques, et à la fin de notre période Innocent VIII. a poussé à l’extrême la persécution et l’incinération des sorcières.
117.1. Indulgences. — La théorie scolastique des indulgences (106, 2) a été proclamée avec autorité par Clément VI. en apr. J.-C. Débloquer le niveau 1343. Les conciles réformateurs du XVe siècle souhaitaient seulement empêcher qu’ils ne soient utilisés à mauvais escient, dans le but de remplir le trésor pontifical. Sixte IV, en apr. J.-C. 1477, déclara qu’il était permis de prendre de l’argent pour les indulgences des morts, et que leurs âmes pouvaient être libérées du purgatoire. À la question de savoir pourquoi le pape ne préférait pas libérer toutes les âmes à la fois par l’exercice de son pouvoir souverain, on répondit par l’affirmation que l’Église, conformément à la justice divine, ne pouvait dispenser sa grâce que discrètement et cum moderamine. L’institution du jubilé a donné une grande impulsion à la vente des indulgences. En apr. J.-C. 1300 Boniface VIII, sur l’ordre d’un vieillard, proclama une indulgence complète pendant cent ans à tous les chrétiens qui feraient pénitence pendant quinze jours dans les églises des apôtres à Rome, et par ce moyen rassembla de jour en jour 200 000 pèlerins dans les murs de la ville sainte. Plus tard, les papes ont fait un jubilé tous les cinquante ans, puis tous les trente-troisièmes et enfin tous les vingt-cinquièmes. Au lieu de se présenter personnellement à Rome, il suffisait de payer les frais d’un tel voyage. Le népotisme et l’extravagance des papes avaient laissé un trésor vide, que cette vente d’indulgences était destinée à remplir. La guerre avec les Turcs et la construction de Saint-Pierre ont donné lieu à des croisades répétées d’indulgence. Les trafiquants d’indulgences de la manière la plus éhontée criaient la qualité de leurs marchandises ; Les conditions de la repentance et le but de la réforme étaient à peine nommés. Des indulgences étaient même accordées à l’avance pour les péchés qui étaient envisagés.
117.2. L’Inquisition, depuis J.-C. 1232 sous la direction des Dominicains ( 109, 2), s’est répandu dans tous les pays européens au cours du 14ème siècle. Pendant que la cour pontificale résidait à Avignon, l’Inquisition était à son apogée en France, où les Vaudois et les Albigeois, les Beghards et les Lollards, les Fraticelli et les Spiritualistes fanatiques, étaient amenés en foule sur le bûcher et soumis aux tortures les plus cruelles. Bernard Delicieux, franciscain, éleva la voix, A.D. 1300-1320, contre la cruauté inhumaine des inquisiteurs, et avec une noble indépendance et une bravoure héroïque en appela au roi et au pape contre le sacrifice impitoyable de tant de victimes. Il fut enfermé à vie dans un cachot obscur, et nourri de pain et d’eau. 1233 ( 109, 3), pendant près d’un siècle et demi, nous ne trouvons aucune trace d’une Inquisition régulièrement constituée, elle a refait son apparition en J.-C. Débloquer 1368. Au cours de cette année-là, l’arrêt Urban c. publia une bulle, par laquelle il demandait aux autorités civiles et ecclésiastiques de l’Allemagne de soutenir de leurs conseils et d’influencer les deux inquisiteurs qui recherchaient les mendiants et les béguines hérétiques (116, 5), et mettre leurs prisons à la disposition du Saint-Office, qui n’avait pas encore de prison à lui. Son successeur, Grégoire XI, en apr. J.-C.En 1372, le nombre des inquisiteurs en Allemagne fut porté à cinq, un dans chacun des archidiocèses de Mayence, Cologne, Salzbourg, Magdebourg et Brême, tandis que son successeur, Boniface IX, en 1372 . 1399 en ajouta un sixième pour l’Allemagne du Nord. Mais ces bulles pontificales n’auraient probablement jamais été mises en vigueur, à cause de la répugnance des Germains pour l’Inquisition, comme les tentatives de Grégoire IX, si Charles IV n’avait pas été mis en vigueur. ( 110, 4 et 5) s’occupa de l’affaire avec un zèle ardent qui dépassa même les intentions d’Urbain et de Grégoire. Au cours de son second voyage à Rome, en A.D.En 1369, il promulgua de Lucques quatre décrets impériaux, et en 1369. 1378 de Trèves un cinquième, par lequel il accordait à l’Inquisition dans toute l’Allemagne tous les droits, pouvoirs et privilèges qu’elle avait partout, et exigeait que toutes les autorités civiles et ecclésiastiques, sous peine de peines les plus sévères et de confiscation de tous leurs biens, soutiennent l’Inquisition dans sa recherche des hérétiques et dans sa découverte et son autodafé de tous les écrits religieux en langue vulgaire composés et diffusés par des laïcs ou des semi-laïcs. L’Inquisition a été rétablie sous Ferdinand et Isabelle après J.-C. 1480, et minutieusement organisé par le grand-inquisiteur Torquemada, A.D. 1483-1499. L’un des premiers inquisiteurs qu’il nomma en apr. J.-C. En 1484, il y avait un augustin, Pedro Arbires, qui, au milieu des cruautés les plus implacables, remplissait les devoirs de sa charge avec tant de zèle, qu’en seize mois plusieurs centaines avaient péri sur le bûcher ; mais sa carrière fanatique fut terminée par son meurtre à l’autel en J.-C. Année 1485. Non seulement les deux qui ont commis l’acte, mais aussi tous leurs parents et amis, au nombre de deux cents, soupçonnés de complicité dans un complot, furent brûlés, tandis que le « martyr » lui-même fut béatifié par Alexandre VII. en apr. J.-C. 1661, et canonisé par Pie IX en 1661 . Année 1867. Ce terrible tribunal entreprit en outre la persécution des Maures et des Juifs haïs qui avaient été baptisés sous la contrainte (95, 2, 3). qui, par de nombreuses confiscations, enrichit considérablement le trésor national de l’Espagne. Cette institution atteignit son apogée sous le grand inquisiteur, le cardinal Francis Ximenes, A.D. 1507-1517, sous lequel 2 536 personnes ont été brûlées vives et 1 368 en effigie. L’auto da fès, qui s’est terminée sur le bûcher, s’est déroulée avec une pompe horrible. Même ceux qui ont été acquittés de l’accusation d’hérésie ont été contraints pendant longtemps de porter le san benito, une robe sans bras avec une croix rouge marquée dessus devant et derrière. Selon Llorente, qui avait été secrétaire général de l’Inquisition à Madrid, l’Inquisition espagnole, jusqu’à sa suppression par Joseph Buonaparte en A.D. En 1808, il en avait exécuté 31,912 en personne, brûlé en effigie 17,659 et soumis à des peines sévères 291,456.347
117.3. La Bulle « In Cœna Domini ». Il était d’usage de répéter de temps en temps les décrets d’excommunication les plus importants, pour montrer qu’ils étaient encore valables. C’est ainsi que le célèbre taureau In Cœna Domini a été progressivement construit. La première esquisse en a été donnée par Urbain V., qui mourut en J.-C. 1370, et il a été publié dans sa forme définitive par Urbain VIII. Année 1627. Il contient un résumé de tous les droits de la hiérarchie romaine, avec des anathèmes contre toutes les prétentions opposées, non seulement de la part des princes séculiers et des laïcs, mais aussi des conciles antipontificaux, et se termine par une excommunication solennelle de tous les hérétiques, à laquelle Paul V. en apr. J.-C. En 1610, les luthériens, les zwingliens et les calvinistes s’y ajoutèrent, ainsi que tous leurs sympathisants. Pie V, en apr. J.-C. En 1567, dans une nouvelle rédaction, il insista pour qu’il soit lu chaque année dans les églises catholiques de tous les pays, mais ne put le faire exécuter, surtout en France et en Allemagne. En apr. J.-C. 1770 Clément XIV en défend la lecture.
Jusqu’au commencement du XIIIe siècle, beaucoup d’ecclésiastiques s’étaient prononcés contre la superstition populaire concernant la sorcellerie, la sorcellerie et les pactes avec le diable, et toute une série de conciles provinciaux avaient déclaré qu’une telle croyance était païenne, pécheresse et hérétique. Même dans la décrétale de Gratien ( 99, 5) il y avait un canon qui exigeait du clergé qu’il enseigne au peuple que la sorcellerie était une illusion et que la croyance en elle était incompatible avec la foi chrétienne. Mais avec l’établissement de l’Inquisition au début du XIIIe siècle, la sorcellerie occupa de plus en plus l’attention des autorités ecclésiastiques. L’hérésie et la sorcellerie étaient désormais considérées comme des corrélats, comme deux agents reposant sur les puissances démoniaques et leur servant et leur servant, et étaient donc traitées de la même manière que des délits devant être punis par la torture et le bûcher. Les dominicains, en tant qu’administrateurs de l’Inquisition, étaient les défenseurs les plus zélés de la croyance en la sorcellerie, tandis que les franciscains en parlaient généralement simplement comme insensés, païens et hérétiques. Thomas d’Aquin l’a inclus dans son système théologique, et Eymerich dans son Directorium Inquisitorium (109, 2). Pourtant, les poursuites en sorcellerie n’étaient que des incidents occasionnels au cours des XIVe et XVe siècles, en particulier en Allemagne, où le clergé et le peuple leur étaient hostiles. Mais il en fut tout autrement après qu’Innocent VIII, le 3 décembre 1484, par sa bulle Summis desiderantes affectibus, se plaignant d’un relâchement antérieur, attira l’attention sur la propagation de la sorcellerie dans le pays, et nomma deux inquisiteurs, Sprenger et Institor, pour en assurer l’extermination. Ceux-ci administrèrent leur charge avec tant de zèle et de succès, qu’en apr. J.-C. En 1489, à Cologne, ils purent, à la suite de leurs expériences, publier sous le titre Malleus maleficarum un code complet pour les poursuites en sorcellerie. Des aveux arrachés à leurs victimes par la torture et les questions suggestives, ils obtinrent un système complet et dogmatique de pactes et d’intrigues avec le diable, de succubes et d’incubes, d’onguent de sorcière, de balais et de fourchettes, de sabbats de sorcières, de nuits de Walpurgis et de vols dans les cheminées. Bientôt cette illusion se répandit comme une épidémie, et des milliers de personnes dans toute l’Allemagne et dans tous les autres pays catholiques, pour la plupart des vieilles femmes, mais aussi quelques jeunes filles, furent soumises aux tortures les plus horribles et, après avoir été extorquées à la confession, à la mort par le feu. Le Malleus expliquait le fait que des femmes et très rarement des hommes étaient engagés dans de telles procédures, par cette déclaration : Dicitur enim femina a feret minus, quia semper minorem habet et servat fidem, et hoc ex natura.― La Réforme du XVIe siècle n’a rien changé à ces horribles procédures, qui ont plutôt atteint leur paroxysme au XVIIe siècle. Les théologiens de toutes les confessions croyaient en la possibilité et en la réalité de pactes avec le diable, et considéraient cela comme aussi essentiel à une croyance orthodoxe que la croyance en l’existence du diable. Les juristes et les juges civils des pays protestants et catholiques n’étaient pas moins étroits d’esprit et superstitieux que les théologiens. Parmi les catholiques, les défenseurs les plus célèbres des poursuites en sorcellerie furent Jean Bodin (148, 3), Peter Binsfeld, et le jésuite Mart. Delrio ( 149, 11). Parmi les protestants qui ont défendu ces poursuites,Le médecin de Heidelberg, Thomas Erastus (144, 1), est le médecin de Heidelberg. Jacques Ier. d’Angleterre, et le célèbre avocat pénaliste Carpzov de Leipzig. Cependant, il ne manquait pas d’hommes nobles des deux côtés assez perspicaces et assez sensés pour s’opposer à des conceptions aussi grossières. Au XVIe siècle, nous avons le médecin Weier, qui a écrit son De præstigiis dæmonorum en J.-C. 1563, et au XVIIe les Jésuites Tanner et Spee ( 149, 11 ; 156, 3), et le protestant hollandais Bekker ( 160, 5). Les écrits du juriste de Halle Thomasius en A.D. 1701, 1704, furent les premiers à se prononcer avec force en faveur des opinions libérales. En apr. J.-C. En 1749, une religieuse de soixante-dix ans fut brûlée à Wurtzbourg comme sorcière. En apr. J.-C. 1754 une jeune fille de treize ans et en A.D. En 1756, l’un d’eux de quatorze ans fut mis à mort à Landshut comme suspect de sorcellerie. En Suisse alémanique, une servante à Glaris en A.D. 1782 fut la dernière victime. Dans les pays catholiques fanatiques, l’illusion durait plus longtemps, mais les poursuites étaient rarement aussi longues que les meurtres judiciaires. Au Mexique, cependant, l’Alcade Ignacio Castello de San Jacobo le 20 août 1877, « avec le consentement de toute la population », a brûlé vives cinq sorcières. Au total, depuis la délivrance de la bulle d’Innocent, il n’y a certainement pas eu moins de 300 000 femmes amenées au bûcher comme sorcières.
La lutte entre l’impérialisme et le hiérarchisme, qui est présente tout au long du Moyen Âge, a atteint son apogée à l’époque de Louis le Bavarois. 1314-1347 ( 110, 3, 4), et est d’un intérêt particulier ici en raison de la guerre littéraire menée l’un contre l’autre par les partisans rivaux de l’empereur et du pape. Il ne s’occupe d’abord que des questions en débat entre les partis impérial et sacerdotal ; Mais bientôt, du côté impérialiste, apparut une tendance réformatrice, qui ne pouvait être mise en œuvre sans porter la discussion dans une multitude d’autres départements où la réforme était également nécessaire. D’un tout autre genre était la « réforme de la tête et des membres » voulue par les grands conciles du XVe siècle. La thèse ici était fondée, non pas tant sur une quelconque supériorité revendiquée par l’empereur sur le pape et par l’État sur l’Église, mais plutôt sur la subordination du pape à l’autorité suprême de l’Église universelle représentée par les conciles œcuméniques. Cependant tous deux étaient d’accord sur ce point, qu’avec la même énergie, ils s’attaquaient à la corruption de la papauté, dans un cas dans l’intérêt de l’État, dans l’autre dans l’intérêt de l’Église.
118.1. La guerre littéraire entre impérialistes et curialistes au XIVe siècle. — La controverse littéraire sur la terre discutable entre l’Église et l’État a été menée avec une vigueur particulière dans la première partie de notre période, à cause du conflit entre Boniface VIII et Philippe le Bel de France (110, 1). Les plus habiles défenseurs de l’indépendance de l’État furent l’avocat Pierre Dubois et le théologien dominicain Jean de Paris. Parmi leurs érudits se trouvaient les hommes qui, vingt ans plus tard, cherchèrent refuge contre la colère du pape Jean XXII. à la cour de Louis le Bavarois à Munich. Parmi ceux-ci, le plus important était l’Italien Marsile de Padoue. Comme professeur de théologie, de philosophie et de médecine à Paris, en . En 1324, alors que la querelle entre l’empereur et le pape avait atteint son paroxysme, il composa conjointement avec son collègue Jean de Jandun en Champagne un Defensor pacis, un mémoire civil et ecclésiastique, qui, avec une perspicacité et une clarté très remarquables pour l’époque, développa le moyen évangélique de la supériorité de l’État sur l’Église, et de l’empire sur la papauté. historiquement, exégétiquement et dogmatiquement ; et, à cette fin, il a établi des théories de l’Écriture et de la tradition, des devoirs et de la place de l’Église dans l’État, de l’excommunication et de la persécution des hérétiques, de la liberté de foi et de conscience, etc., qui transcendent même les principes posés sur ces points par la Réforme du XVIe siècle. Les deux auteurs accompagnèrent Louis en Italie en A.D. 1326, et c’est là que Jean de Jandun mourut en 1326 . Débloquer le niveau 1328. Marsile continua avec l’empereur comme médecin, conseiller et défenseur littéraire, et mourut à Munich entre deux apr. J.-C. 1341-1343. En apr. J.-C. 1327 Jean XXII condamna le Defensor pacis, et Clément VI déclara que son auteur était le pire hérétique de tous les temps. Le livre, souvent réimprimé au XVIe siècle, a été imprimé pour la première fois à Bâle en J.-C. Année 1522.
118.2. À côté de Marsilius, il y avait aussi un bon groupe de franciscains schismatiques, avec à leur tête leur général, Michel de Cesena ( 112, 2), qui étaient comme lui des réfugiés à la cour de Munich. Ils ont constamment contesté les hérésies de Jean XXII. à l’égard de la vision de Dieu ( 110, 3) et sa théorie laxiste de la pauvreté. Leur polémique s’étendait également à l’ensemble du système papal et à la corruption de l’Église et du clergé qui s’y rattachait. Le plus célèbre d’entre eux en ce qui concerne les réalisations scientifiques était William Occam (113, 3). Ses traités antérieurs traitaient des hérésies du pape, et seulement après la Diète du Rhin (110, 4) a-t-il abordé les questions brûlantes de l’Église et de l’État. Dans le Dialogue complet, il rejette l’infaillibilité du pape aussi nettement que sa souveraineté temporelle, et nie l’institution divine de la primauté. Aussi un prélat allemand, Léopold de Bebenburg, chanoine de Wurtzbourg, et de J.-C. 1353 L’évêque de Bamberg, inspiré par le patriotisme authentiquement allemand, fait son apparition en A.D. 1338 comme un défenseur courageux et prudent des droits impériaux contre les prétentions de la papauté. — Le plus habile de tous les adversaires de Marsile était le franciscain espagnol Alvarus Pelagius, qui écrivait en A.D. 1330 le traité De planctu ecclesiæ, dans lequel, tout en se plaignant tristement de la corruption de l’Église et du clergé, il attribue cependant au pape, comme vicaire du Christ, une autorité illimitée sur toutes les principautés et tous les pouvoirs terrestres, et le considère comme la source de tous les privilèges et de toutes les lois. Une déification encore plus complète de la papauté avait paru quelques années plus tôt dans la Summa de potestate ecclesiæ ad Johannem Papam par l’augustin Augustinus Triumphus d’Ancône. Mais ni lui ni Pélage, en présence des contradictions manifestes des doctrines du pape sur la pauvreté (112, 2), osé aller jusqu’à maintenir l’infaillibilité papale. Un chanoine allemand de Ratisbonne, Conrad de Mégensbourg, prit également part à la controverse, cherchant à justifier et à glorifier la papauté.
118.3. Conciles réformateurs du XVe siècle. — Le désir de réforme pendant cette période trouva son expression la plus distincte dans les conciles de Pise, de Constance et de Bâle (110, 7-9). L’inutilité de ces efforts, bien qu’ils eussent la sympathie du peuple en général, montre qu’il y avait en eux quelque chose d’essentiellement défectueux. Le mouvement s’était tenu à l’écart de tous les sectaires et séparatistes, désireux de maintenir et de réformer l’Église existante. Mais sa faute était celle-ci, c’est qu’elle n’insistait que sur une réforme de la tête et des membres, et non sur l’esprit, qu’elle visait à élaguer les excroissances sauvages de l’arbre, sans se débarrasser de la sève corrompue d’où les mêmes excroissances sortiraient à nouveau. On ne s’occupait que de ce qui était manifestement antichrétien dans les prétentions de la hiérarchie, la convoitise et la cupidité du pape, l’immoralité du clergé, la dépravation et l’ignorance des moines, etc., bref, on ne s’occupait que des abus de constitution et de discipline hiérarchiques. Il n’y avait pas un mot sur la doctrine. Le système romain, en dépit de toutes ses perversions, a été autorisé à subsister. Les formes actuelles de culte, malgré l’introduction de nombreux éléments non évangéliques et de superstitions païennes, n’ont pas été touchées. On n’a pas vu que ce qui était le plus important de tous était le réveil de la prédication de la repentance et de la justification par Celui qui justifie les impies. Et c’est ainsi qu’à Constance Huss, qui avait indiqué et suivi cette voie, fut envoyé au bûcher, et à Bâle la doctrine de l’Immaculée Conception (112, 4) a été admis comme doctrine de l’Église. Ce n’est pas seulement l’élection d’un nouveau pape opposé à la Réforme qui a fait des négociations de Pise et de Constance des échecs complets, le mauvais principe sur lequel elles ont procédé a assuré un résultat décevant.
118.4. Les amis de la Réforme en France au XVe siècle.
118.5. Les amis de la réforme en Allemagne.
118.6. Apostat italien du parti libéral bâlois.―Æneas Sylvius Piccolomini, né à Sienne en A.D. Vers 1405, il parut à Bâle, d’abord comme secrétaire d’un évêque, puis comme secrétaire d’un cardinal, et enfin de l’antipape bâlois Félix V, comme l’un des adversaires les plus résolus d’Eugène IV, et écrivit en apr. J.-C. 1439 de ce point de vue son histoire du concile. En apr. J.-C. En 1442, il entra au service de l’empereur Frédéric III, alors neutre, fut nommé Poeta laureatus et conseiller impérial, et en tant que tel, il lutta toujours pour l’indépendance de l’Église allemande. Mais en A.D. En 1445, avec tous les arts diplomatiques dont il disposait si abondamment, il s’efforça d’assurer la sujétion de l’empereur et des princes allemands sous le pape (110, 10). Fait évêque de Sienne en apr. J.-C.En 1450 , il fut élevé au cardinalat par Calixte III en 1450 . 1456, et deux ans plus tard, il monta sur le trône pontifical sous le nom de Pie II. La lascivité de sa vie antérieure se reflète dans ses poèmes, ses romans, ses dialogues, ses drames et ses lettres. Mais, en tant que pape, vieux et faible, il a maintenu une vie honorable, et dans une bulle de rétractation adressée à l’Université de Cologne, il a exhorté la chrétienté Æneam rejicite, Pium recipite !
118.7. Réformes dans la politique ecclésiastique en Espagne. — Malgré le sentiment de l’Église réveillé par la lutte avec les Maures, une vigoureuse opposition aux prétentions papales fut manifestée au XIVe siècle par les princes espagnols, et après l’éclatement du grand schisme, l’antipape Clément VII, en J.-C. En 1381, il acheta l’obéissance de l’Église espagnole par de grandes concessions en ce qui concerne la nomination à ses évêchés et la suppression des abus des indulgences papales. Les papes, en effet, ne cherchèrent pas sans succès à enrôler l’Espagne en leur faveur contre les tendances réformatrices des conciles du XVe siècle, jusqu’à Ferdinand d’Aragon, après J.-C. 1479-1516, et Isabelle de Castille [Castille], A.D. De 1474 à 1504, qui, à cause de leur zèle pour la cause catholique, avaient été appelés par le pontife lui-même « Leurs Majestés catholiques », protestèrent si vigoureusement contre les usurpations papales, que vers la fin du XVe siècle, la suprématie royale sur l’Église espagnole lui avait valu une reconnaissance qui ne lui avait jamais été accordée auparavant. Ils refusèrent systématiquement de reconnaître les évêques nommés par le pape et les forcèrent à quitter Sixte IV. la concession que seuls les Espagnols nommés par la Couronne devraient être éligibles aux plus hautes fonctions ecclésiastiques. Tous les rescrits pontificaux étaient soumis à l’approbation royale, les tribunaux ecclésiastiques étaient soigneusement surveillés et les appels de ceux-ci étaient autorisés devant les tribunaux royaux. L’Église devait également donner les dîmes ordinaires et extraordinaires de ses biens et de ses revenus pour les besoins de l’État. L’inquisition espagnole ( 117, 2), pleinement reconnu dans A.D. 1483, était plus une institution civile qu’ecclésiastique. Comme les évêques et les inquisiteurs étaient nommés par l’édit royal, les ordres de chevaliers ( 98, 13), par le transfert de la grand-maîtrise au roi, étaient placés dans une soumission complète à la couronne ; et s’il le ferait ou non Alexandre VI. fut obligé d’accorder à la Commission royale pour la visite et la réforme des églises et des cloîtres l’autorité la plus absolue. Mais en tout le reste, ces dirigeants étaient dignes du nom de « catholiques », car ils ne toléraient dans leur église que le type purement médiéval de stricte orthodoxie. Le promoteur le plus distingué de leurs réformes dans la politique de l’Église était un moine franciscain, Francis Ximenes, de J.-C. 1492 confesseur d’Isabelle, plus tard élevé par elle à l’archevêché de Tolède, fait cardinal romain par Alexandre VI, et grand-inquisiteur d’Espagne en A.D. Année 1507. Il mourut en apr. J.-C. Année 1517.
A côté des réformateurs parisiens, mais bien en avance sur eux, se trouvent ceux des églises anglaises et bohémiennes représentées par Wiclif et Huss. La réforme visée par ces deux-là était essentiellement du même genre, Wiclif étant la plus originale, tandis que Huss dépendait largement de son grand précurseur anglais. En effet, pour ce qui est de la dotation personnelle, de la puissance spéculative, de la richesse et de la variété de l’érudition, de l’acuité et de la richesse de la pensée, de l’originalité et de la productivité de l’intelligence, l’Anglais dépassait de la tête et des épaules le Bohémien. D’un autre côté, Huss était beaucoup plus un homme pour le peuple, et il menait ses arguments d’une manière sensée, populaire et pratique. Il y avait aussi de puissants représentants du mouvement de réforme aux Pays-Bas au cours de cette période, qui ont souligné que l’Écriture et la foi dans le Sauveur crucifié étaient le seul remède radical aux corruptions de l’Église. Tandis que Wiclif et Huss s’attachaient à la théologie augustinienne, les Hollandais s’adonnaient à la contemplation tranquille et à l’acquisition de connaissances religieuses pratiques. En Italie aussi, un réformateur d’un esprit fortement évangélique parut, mais ne montrait pas le sens pratique de ceux des Pays-Bas.
119.1. Wiclif et les Wiclifites. — En Angleterre, les rois et le Parlement avaient longtemps résisté au joug oppressif de la hiérarchie papale. Des hommes comme Jean de Salisbury, Robert Grosseteste, Roger Bacon et Thomas Bradwardine avaient élevé la voix contre la corruption intérieure de l’Église. John Wiclif, un érudit de Bradwardine, naquit vers J.-C. Débloquer 1320. En tant que membre de l’Université d’Oxford, il a soutenu A.D. 1366 la Couronne d’Angleterre contre le paiement d’un tribut à la cour pontificale alors à Avignon, admis par Jean sans Terre ( 96, 18), dont le paiement avait été refusé depuis longtemps. Cela lui valut la faveur de la cour, le titre de docteur et une chaire de théologie à Oxford ; et en A.D. En 1374, il fut choisi comme membre d’une commission chargée de discuter à Brügge, aux Pays-Bas, avec les envoyés pontificaux, des différends qui s’étaient élevés au sujet de la nomination aux fonctions ecclésiastiques. Après son retour, il parla ouvertement et écrivit contre « l’antéchrist » papal et ses doctrines. Grégoire XI. maintenant, en A.D. En 1377, il condamna dix-neuf propositions tirées de ses écrits, mais la cour d’Angleterre le protégea de l’enquête sévère et de la punition dont il était menacé. Pendant ce temps, Wiclif devenait de plus en plus audacieux. Sous son influence, des sociétés religieuses se formèrent qui envoyèrent des prédicateurs itinérants de l’Évangile parmi le peuple. Leurs adversaires les appelaient Lollards ( 116, 3), un nom auquel le stigmate de l’hérésie était déjà attaché. Wiclif traduisit pour eux les Écritures de la Vulgate en anglais. L’amertume de ses ennemis atteignit alors son paroxysme. Juste à ce moment-là, en A.D. En 1381, une rébellion des paysans opprimés qui inonda toute l’Angleterre de sang éclate. Son origine a été attribuée tout à fait gratuitement au mouvement religieux. Après avoir directement répudié la doctrine de la transsubstantiation, un synode à Londres, en A.D. En 1382, il condamna ses écrits et sa doctrine comme hérétiques, et l’université le chassa également. La Cour et le Parlement ne pouvaient que protéger sa personne. Il se retira alors dans son presbytère de Lutterworth, dans le Leicestershire, où il mourut le 31 décembre 1384. Pendant cinq siècles, ses écrits remarquables restèrent sans impression, pour moisir dans l’obscurité des bibliothèques. Ses œuvres anglaises ont été éditées par Matthews, Londres, 1880. Lechler, de Leipzig, a édité l’ouvrage le plus complet et le plus complet de Wiclif, le « Trialogus » (Oxford, 1869), dans lequel tout son système théologique est développé. Buddensieg de Dresde publia un tract polémique antipapal « De Christo et suo adversario Antichristo » (Leipzig, 1880). La Société Wiclif, instituée à l’occasion du cinquième centenaire de la mort de Wiclif dans le but de publier des éditions critiques de ses œuvres les plus importantes, envoya pour la première fois l’édition par Buddensieg de « vingt-six traités latins controversés de Wiclif d’après des manuscrits inédits », en 2 vol., Londres, 1883. Parmi les traités systématiques de Wiclif, on nous promet des éditions de la Somme théologique, du De incarnatione Verbi, du De veritate s. Scr., du De dominio divino, du De ecclesia, du De actibus animæ, etc., les uns par des éditeurs anglais, les autres par des éditeurs allemands. Wiclif affirme constamment la seule autorité de la révélation divine dans les Saintes Écritures. C’est pourquoi on l’a appelé docteur évangélique. Tout ce qui ne peut être prouvé à partir d’elle est une invention humaine corruptrice. Suivant ce principe, il dénonçait le culte des saints, des reliques et des images, l’usage du latin dans le culte public, le chant sacerdotal élaboré, la multiplication des fêtes, les messes privées, l’extrême-onction et, en général, tout le cérémonialisme. La doctrine catholique de l’indulgence et de la vente des indulgences, ainsi que l’interdiction et l’interdiction, il les déclara blasphématoires ; il considérait la confession auriculaire comme un forçage de la conscience ; il expliqua que le pouvoir des clefs était conditionnel, qu’il était impuissant à lier et à délier, sauf lorsqu’il était conforme au jugement de Christ. Il niait la présence réelle du corps et du sang du Christ dans la Cène du Seigneur, et affirmait, comme Bérenger, une communication spirituelle de ceux-ci, qu’il fait cependant dépendre, non seulement de la foi de celui qui le reçoit, mais aussi de la dignité du prêtre officiant. Il rejeta complètement la doctrine du purgatoire et soutint le prédestinationnisme d’Augustin contre le semi-pélagianisme dominant. La papauté était l’antéchrist ; le pape n’a son pouvoir que de l’empereur, pas de Dieu. Le système hiérarchique doit être remplacé par la constitution presbytérale apostolique. L’ordination ne confère aucun caractère indélébile ; Un prêtre tombé en état de péché mortel ne peut pas dispenser le sacrement. Tout croyant est en tant que tel prêtre. L’État est une représentation du Christ, en tant que Dieu-Homme souverain de l’univers ; le clergé ne représente que la vie pauvre et souffrante de son humanité. La monanité est contraire à la nature, etc. — Les partisans de Wiclif, dont beaucoup appartenaient aux ordres les plus nobles et les plus cultivés, furent après sa mort soumis à une violente persécution, qui atteignit son apogée lorsque la maison de Lancastre en la personne de Henri IV. monta sur le trône d’Angleterre en apr. J.-C. Année 1399. Une loi du parlement a été adoptée en A.D. 1400 qui fit de la mort par le feu le châtiment de l’hérésie des Lollards. Parmi les martyrs que cette loi amena au bûcher, il y avait le noble Sir John Oldcastle, qui, en J.-C. 1418 a été suspendu entre deux poutres dans des chaînes de fer au-dessus d’un feu et là a lentement brûlé. Le concile de Constance en apr. J.-C. En 1415, il condamna quarante-cinq propositions tirées des écrits de Wiclif et ordonna que ses ossements soient exhumés et dispersés à l’étranger. De nombreux germes semés par lui ont continué jusqu’à l’arrivée de la Réforme.348
119.2. Précurseurs du mouvement hussite.―En raison de son origine grecque (79, 2, 3), l’église de Bohême avait un certain caractère qui lui était propre et tolérait à peine la constitution et le rituel romains. En Bohême aussi, les Vaudois avaient de nombreux partisans au cours du XIIIe siècle. Et même avant l’apparition de Huss, trois ecclésiastiques distingués de Prague et des environs, par une prédication et un travail pastoral sérieux, avaient éveillé chez beaucoup une conscience criante d’abus criants dans l’Église.
119.3. Jean Huss de Hussinecz en Bohême, né après J.-C.En 1369, il fut bachelier en théologie à Prague, en 1369 . 1394, Maîtrise en arts libéraux en A.D.En 1396 , il devient professeur public à l’université en 1396 .En 1398 , il fut ordonné prêtre en 1398 .En 1400 , il entreprit un pastorat en 1400 .En 1402, dans la chapelle de Bethléem, où il devait prêcher en langue bohémienne, il fut choisi confesseur de la reine Sophie en 1402 . En 1403, il fut nommé prédicateur synodal par le nouvel archevêque, Sbynko de Hasenburg. Jusque-là, il avait, dans une pieuse humilité, accepté toutes les doctrines de l’Église romaine, et même dans l’Église romaine . En 1392, il offrit ses quatre derniers groschen en échange d’une indulgence, de sorte que pendant longtemps le pain sec fut sa seule nourriture. Mais à propos de A.D. En 1402, il atteignit une crise importante dans sa vie grâce à l’étude des œuvres théologiques de Wiclif. En 1348, la discussion sur le réalisme et le nominalisme éclate à Prague. Les Bohémiens se sont généralement rangés du côté de Wiclif pour le réalisme ; les Allemands avec les nominalistes ( 113, 3). Cela a aidé à préparer une entrée pour les écrits théologiques de Wiclif en Bohême. Issu du parti national qui favorisait la philosophie et la théologie de Wiclif, Huss fut bientôt reconnu comme un chef. Un décret de l’université de J.-C. 1403 condamna quarante-cinq propositions des œuvres de Wiclif comme hérétiques, et interdit leur promulgation dans des conférences ou des sermons. Huss, cependant, était toujours très estimé par l’archevêque Sbynko. En apr. J.-C. En 1405, il nomma Huss, avec trois autres érudits, une commission chargée d’enquêter sur un miracle réputé à Wilsnack, où sur l’autel d’une église en ruine trois hosties de couleur rouge sang auraient été trouvées. Huss déclara que le miracle était une tricherie, et prouva dans un tract que le sang du Christ glorifié ne peut être présent qu’invisiblement dans le sacrement de l’autel. L’archevêque approuva ce tract et interdit tout pèlerinage à cet endroit. Il ne s’offusqua pas non plus de Huss pour avoir énoncé la doctrine wiclifite dans son sermon synodal. Ce n’est que lorsque, en A.D. En 1408, le clergé de son diocèse se plaignit que Huss par sa prédication rendait les prêtres méprisables devant le peuple, le privait de sa fonction de prédicateur synodal. Lorsque la majorité des cardinaux de Livourne en apr. J.-C. En 1408, le roi Wenzel décida de rester neutre et exigea l’assentiment de l’université ainsi que du clergé de son royaume. Mais seuls les membres bohémiens de l’université étaient d’accord, tandis que les autres, ainsi que l’archevêque, soutenaient Grégoire XII. Sbynko s’indigna vivement de la révolte des Bohémiens et interdit à Huss, en tant que porte-parole, de prêcher dans son diocèse. Huss ne fit aucune attention à l’interdiction, mais obtint une injonction royale, selon laquelle désormais les bohémiens auraient désormais trois voix à l’université et les étrangers une seule. Les étrangers se retirèrent alors et fondèrent l’Université de Leipzig en J.-C. Débloquer 1409. Huss fut nommé premier recteur de l’Université de Prague nouvellement organisée ; mais le fait même de sa grande popularité en Bohême lui valut d’être profondément haï dans d’autres pays.349
119.4. L’archevêque n’échappa aux poursuites qu’en condamnant sans réserve les doctrines de Wiclif, en brûlant ses livres et en interdisant toute conférence à leur sujet. Huss et ses amis firent appel à Jean XXIII, mais cela n’empêcha pas l’archevêque de brûler dans la cour de son palais environ deux cents livres wiclifites qui avaient échappé à ses recherches. Pour cela, il fut hué dans les rues, et contraint par les tribunaux à payer la valeur des livres détruits. Jean XXIII. cita Huss pour comparaître à Rome. Le roi, les nobles, les magistrats et l’université se rangèrent de son côté ; mais la commission pontificale le condamna lorsqu’il ne parut pas, et l’archevêque prononça l’anathème contre lui et l’interdiction contre Prague (A.D. 1411). Huss en appela au concile œcuménique et continua à prêcher. La cour força l’archevêque à se réconcilier avec Huss et à admettre son orthodoxie. Sbynko rapporta au pape que la Bohême était exempte d’hérésie. Il mourut peu de temps après. Le pape lui-même a été la cause d’une violation complète, en faisant prêcher une indulgence en Bohême en J.-C. 1412 pour une croisade contre Ladislas de Naples, le puissant partisan de Grégoire XII. Huss s’y opposa par la parole et par écrit, et dans une dispute publique, soutint que le pape n’avait pas le droit d’accorder une telle indulgence. Son plus fervent partisan était un chevalier de Bohême, Jérôme de Prague, qui avait étudié à Oxford et était revenu en J.-C. 1402 un adhérent enthousiaste des doctrines de Wiclif. Leurs discours produisirent une impression immense, et deux jours plus tard, leurs partisans désordonnés, pour jeter le mépris sur le parti pontifical, firent promener dans les rues le taureau de l’indulgence, sur la poitrine d’une prostituée publique, représentant la prostituée de Babylone, puis le jetèrent dans les flammes. Mais beaucoup de vieux amis se sont retirés de Huss et ont rejoint ses adversaires. La curie pontificale tonna contre lui et ses partisans la grande excommunication, avec ses terribles malédictions. Quel que soit l’endroit où il résidait, cet endroit était interdit. Mais Huss en appela au seul Juge juste, Jésus-Christ. Sur la volonté du roi, il quitta la ville et rechercha la protection de divers nobles patrons, d’où il sortit avec diligence pour prêcher aux alentours. Il répandit ses idées dans tout le pays par des traités doctrinaux et controversés en latin et en bohême, ainsi que par une correspondance abondante avec ses amis et ses disciples. Ainsi le trouble et l’agitation augmentaient de jour en jour, et tous les efforts du roi pour rétablir la paix furent vains.
119.5. L’empereur romain Sigismond convoqua Huss pour assister au concile de Constance ( 110, 7), et lui promit un sauf-conduit. Bien qu’il ne fût pas encore en possession de ce dernier, qu’il n’obtint qu’à Constance, confiant dans la justesse de sa cause, pour laquelle il était tout disposé à mourir en martyr, il partit pour Constance le 11 octobre de l’an J.-C. 1414, arrivant à destination le 3 novembre. Le 28 novembre, il fut condamné à l’emprisonnement lors d’une conférence privée des cardinaux, sous l’inculpation d’une tentative de fuite, d’abord dans le cloître dominicain, puis dans le château épiscopal de Gottlieben, où il fut enchaîné, enfin dans le cloître franciscain. Sigismond, qui n’avait pas été prévenu lorsqu’il fut jeté en prison, ordonna sa mise en liberté ; mais le concile le convainquit que Huss, accusé comme hérétique devant un concile général, était hors de portée de la protection civile. Ses ennemis et accusateurs les plus acharnés étaient deux Bohémiens, Michel de Deutschbrod et Étienne de Palecz. Celui-ci a tiré quarante-deux points de ses écrits pour des accusations, que Huss s’est rétracté depuis sa prison. D’Ailly et Gerson étaient tous deux contre lui. Le brave chevalier Jean de Chlum se tint fidèlement à ses côtés comme un consolateur jusqu’à la fin. Pendant près de sept mois, il fut harcelé par des examens privés, dans lesquels, malgré sa répudiation définitive de beaucoup d’entre eux, il fut accusé de toutes les hérésies wiclifites imaginables. Il en résulta la condamnation renouvelée de ces quarante-cinq propositions tirées des écrits de Wiclif, qui avaient été condamnées après J.-C. 1408 par l’Université de Prague. Enfin, le 5 juin de l’an J.-C. En 1415, il obtint pour la première fois un procès public, mais le tumulte de la séance fut si grand qu’il fut empêché de dire un seul mot. Même les deux jours qui suivirent le procès, il ne put guère faire plus que protester en vain contre le fait d’être faussement accusé d’erreurs, et déclarer qu’il était prêt à être mieux instruit par la parole de Dieu. L’humilité et la douceur de son attitude, ainsi que l’enthousiasme et la joie croyante qu’il manifestait, lui gagnèrent beaucoup de cœurs, même en dehors du conseil. Tous les motifs possibles étaient invoqués pour l’amener à se soumettre. Sigismond l’y exhorta, en le menaçant que s’il ne le faisait pas, il retirerait sa protection. Le troisième et dernier jour du procès fut le 8 juin de notre ère. 1415, et le jugement fut prononcé dans l’église cathédrale le 6 juillet. Après la célébration de la grand’messe, un évêque monta en chaire et prêcha sur Romains VI. 6. Il s’adressa à Sigismond, qui était présent : « En détruisant cet hérétique, tu obtiendras un nom impérissable pour toutes les générations futures. » Une fois de plus appelé à se rétracter, Huss réitéra ses protestations précédentes, fit appel à la promesse d’un sauf-conduit, ce qui fit grimacer et rougir Sigismond, et, s’agenouillant, pria Dieu pour ses ennemis et ses juges injustes. Alors sept évêques l’habillèrent d’habits sacerdotaux pour le dépouiller l’un après l’autre au milieu d’exécrations solennelles. Alors ils lui mirent un haut chapeau pyramidal, peint de figures de démons, et portant l’inscription : Hæresiarcha, et prononcèrent ces mots : « Nous donnons ton âme au diable. » Il répondit : « Je le remets entre les mains de notre Sauveur Jésus-Christ. » Le même jour, il fut remis par Sigismond à Louis, comte palatin du Rhin, et par lui à l’homme de l’Ouest.Constance jugea, et conduisit au bûcher. Au milieu de la prière et de la louange, il expira, joyeux, courageux et confiant, se montrant digne de prendre rang parmi les martyrs qui, dans les meilleurs temps du christianisme, avaient scellé de leur sang leur confession chrétienne. Ses cendres furent dispersées sur le Rhin. Les Hussites postérieurs, selon une ancienne coutume chrétienne (39, 5), célébra le jour de sa mort comme le dies natalis du saint martyr Jean Huss. — Jérôme de Prague s’était rendu à Constance sans qu’on l’eût demandé. Quand il vit que son séjour prolongé n’aiderait pas son ami, mais ne ferait que s’occuper de son sort, il quitta la ville ; mais il fut saisi en chemin et repris enchaîné en avril de l’an J.-C. Débloquer le niveau 1415. Au cours d’une sévère demi-année d’emprisonnement, et las des importunités de ses juges, il consentit à se rétracter et à acquiescer à la sentence de Huss. Mais on ne lui faisait pas confiance, et après qu’il se soit rétracté, comme avant sa rétractation, il a été maintenu en étroite réclusion. Puis son courage se ranima. Il demanda un procès public devant tout le conseil, ce qui lui fut finalement accordé en mai de l’an J.-C. Débloquer le niveau 1416. Là, il se rétracta solennellement et formellement avec la confiance d’un croyant et la joie d’un martyr. Le 30 mai apr. J.-C. En 1416, lui aussi mourut sur le bûcher, dans la joie et le courage de Huss. L’humaniste florentin Poggio, qui était présent, a exprimé avec enthousiasme, dans une lettre qui existe encore, son admiration pour l’esprit héroïque du martyr.
119.6. Dans toutes ses déviations de la doctrine romaine, Huss dépendait de Wiclif, non seulement pour la matière, mais même pour les modes d’expression. Cependant, il ne s’éloigna pas aussi des doctrines de l’Église que son maître anglais. Il soutint fermement la doctrine de la transsubstantiation ; il était également enclin à refuser la coupe aux laïcs ; et, quoiqu’il n’ait cherché le salut que du Sauveur crucifié pour nous, il n’a pas refusé de donner aucune place aux œuvres dans la justification du pécheur, et même l’invocation des saints il ne l’a pas entièrement condamnée. S’il protesta énergiquement contre la corruption du clergé, il ne nia jamais que le sacrement pût être administré efficacement par un prêtre indigne. Sur tout le reste, cependant, il était tout à fait d’accord avec le réformateur anglais. L’exposé le plus complet de sa doctrine se trouve dans le Tractatus de ecclesia d’A.D. Débloquer le niveau 1413. La doctrine d’Augustin sur la prédestination en est le fondement. Il distingue de l’Église en tant qu’institution humaine visible l’idée de l’Église comme le véritable corps du Christ, embrassant tous les élus en Christ à la béatitude de toute éternité. Son seul et unique chef, c’est le Christ : pas Pierre, pas le pape ; Car cette Église n’est pas un monstre à deux têtes. À l’origine, et selon la nomination du Christ, l’évêque de Rome n’était pas plus que les autres évêques. La donation de Constantin lui a d’abord donné le pouvoir et la dignité sur les autres. De même que l’Église au commencement pouvait exister sans pape, de même l’Église jusqu’à la fin peut exister sans pape. Le chrétien ne peut obéir au pape que si ses commandements et ses doctrines sont en accord avec ceux du Christ. En matière de foi, l’Écriture Sainte est la seule autorité. Les Pères, les conciles et les papes peuvent se tromper, et se sont trompés ; il n’y a que la parole de Dieu qui soit infaillible. — Que ce concile libéral et réformateur de Constance, avec un Gerson à sa tête, ait condamné à mort un tel homme, il n’y a pas lieu de s’étonner si l’on considère avec raison comment les choses se passaient. Son réalisme haineux semblait aux pères nominalistes du concile la source de toutes les hérésies imaginables. On avait même soutenu qu’un réalisme systématiquement appliqué donnerait une quatrième personne à la Divinité. Son dévouement aux intérêts nationaux de la Bohême à l’université de Prague avait excité contre lui le sentiment national allemand. De plus, le concile, qui ne s’occupait que de réformes extérieures, n’avait que peu de sympathie pour le ton évangélique de son esprit et de sa doctrine. En outre, Huss s’était placé entre les épées de deux partis rivaux. Le parti hiérarchique voulait, pour semer la terreur chez ses adversaires, montrer par l’exemple que l’Église avait encore le pouvoir de brûler les hérétiques ; et le parti libéral refusa à cet objet de haine papale toute protection, de peur qu’il ne mît en danger la cause de la réforme en encourant un soupçon de sympathie pour l’hérésie. La prophétie qui aurait été prononcée par Huss dans ses derniers moments : « Aujourd’hui, tu brûles une oie (c’est le sens de Huss en slavon), mais de ses cendres surgira un cygne (les armoiries de Luther), que vous ne pourrez pas brûler », était inconnu de ses contemporains. Il est probable qu’il trouve son origine à l’époque de la Réforme, à partir des appels des deux martyrs au jugement de Dieu et de l’histoire. Huss avait souvent déclaré qu’à la place de la faible oie, il y aurait des aigles et des faucons puissants.350
119.7. Calixtines et Taborites. — Pendant l’emprisonnement de leur chef, le parti hussite était dirigé par Jacob de Misa, pasteur de l’église Saint-Michel de Prague. Avec le consentement de Huss, il introduisit l’usage de la coupe par les laïcs et rejeta le jejunium eucharisticum par opposition à Matthieu xxvi. 26. Cela a conduit à un échange de tracts controversés entre Prague et Constance sur la rétention de la coupe. Le concile a décrété que quiconque désobéirait à l’Église sur ce point serait puni comme hérétique. Ce décret, suivi de l’exécution de Huss, souleva la Bohême au plus haut point. Le roi Venceslas mourut en apr. J.-C. En 1419, au milieu de l’effervescence nationale, les États refusèrent de couronner son frère Sigismond, « le briseur de mots ». C’est alors qu’éclata une guerre civile, A.D. 1420-1436, caractérisé par des cruautés de part et d’autre rarement égalées. À la tête des Hussites, qui avaient bâti sur le sommet d’une colline escarpée la forteresse du Thabor, se trouvait le borgne, puis aveugle, Jean Ziska de Trocznov. Les armées de croisades envoyées contre les Hussites furent détruites l’une après l’autre ; mais l’esprit doux de Huss n’avait pas sa place parmi la plupart de ses disciples. Les deux parties s’aigrissaient de plus en plus l’une envers l’autre. Les aristocrates Calixtins (calix, coupe) ou utraquistes (sub utraque), à la tête desquels se trouvait l’évêque Rokycana de Prague, déclarèrent qu’ils seraient satisfaits si l’Église catholique leur concédait quatre articles :
D’autre part, les taborites n’auraient aucune réconciliation avec l’église romaine, considérant comme fondamentalement corrompu dans la doctrine et le culte tout ce qui ne se trouve pas dans l’Écriture, et passant au fanatisme violent, à l’iconoclasme, etc. Après la mort de Ziska de la peste en A.D. En 1424, la majorité des Taborites élit Procope le Grand comme son successeur. Un petit groupe qui ne considérait aucun homme digne de succéder au grand Ziska, lui refusa l’allégeance et se fit appeler Orphelins. Ils étaient les plus fanatiques de tous. — Pendant ce temps, le concile de Bâle s’était réuni (110, 8) et après de longues négociations infructueuses, elle fut résolue en J.-C. 1433 que 300 députés hussites se présenteraient à Bâle. Après une discussion de cinquante jours, les quatre articles de Calixtine, avec quelques modifications, furent acceptés par le concile. Sur la base de ce Pacte de Bâle, les Calixtins retournèrent à l’Église romaine. Les Taborites considérèrent cela comme une trahison honteuse à la cause de la vérité, et continuèrent le conflit. Mais en A.D. En 1434, ils furent complètement anéantis à Böhmischbrod, non loin de Prague. Dans le traité d’Iglau en A.D. 1436 Sigismond jure d’observer le pacte et est reconnu roi. Mais les concessions faites par l’Église et l’État ont été de plus en plus restreintes et finalement ignorées. Sigismond mourut en apr. J.-C. Débloquer 1437. À la place de son gendre, Albert II, les Utraquistes établirent un roi rival en la personne du prince polonais Casimir, âgé de treize ans ; mais Albert mourut en apr. J.-C. Débloquer 1439. Son fils, Ladislas, né après la mort de son père, eut en la personne de George Podiebrad un précepteur calixtin. Après avoir grandi en A.D.En 1453 , il marcha sur les traces de son grand-père et mourut en 1453 . Débloquer 1457. Les Calixtins élisent alors Podiebrad roi, en tant que ferme partisan du pacte. Pie II. le reconnut dans l’espoir qu’il l’aiderait dans son projet de guerre contre les Turcs. Lorsque cet espoir fut déçu, il annula le pacte, en A.D. Débloquer 1462. Paul II. Il mit le roi sous ses ordres, et fit prêcher une croisade contre lui. Podiebrad, cependant, a toujours tenu bon. Il mourut en apr. J.-C. Débloquer 1471. Son successeur, Wladislaw II, prince polonais, quoique catholique zélé, fut obligé de confirmer de nouveau aux Calixtins à la diète de Cuttenberg, en l’an J.-C. 1485, tous leurs droits et libertés. Pourtant, ils ne pouvaient pas se maintenir en tant que communauté indépendante. Ceux d’entre eux qui ne rejoignirent pas les Frères de Bohême et de Moravie graduellement au cours du XVIe siècle se fondirent complètement dans l’Église catholique.
119.8. Les Frères de Bohême et de Moravie.―George Podiebrad prit le Thabor en A.D. 1453, et dispersa les derniers restes des Taborites. Se joignant aux Amis de Dieu évangéliques, ils reçurent du roi un château où, sous la direction du pasteur local, Michel de Bradacz, ils formèrent une Unitas fratrum, et s’appelèrent eux-mêmes Frères de Bohême et de Moravie. Mais en A.D. 1461 Podiebrad lui retire sa faveur et confisque leurs biens. Ils s’enfuirent dans les bois et se réunirent pour adorer dans des grottes. En apr. J.-C. En 1467, les plus distingués des Frères de Bohême et de Moravie se réunirent dans un village de Bohême, Shota, avec les Vaudois allemands, et choisirent trois frères par tirage au sort comme prêtres, qui furent ordonnés par Michel et un prêtre vaudois. Mais lorsque la validité de leur ordination fut contestée, Michel se rendit auprès de l’évêque vaudois Étienne, obtint de lui la consécration épiscopale, puis ordonna de nouveau les trois élus à Shota, l’un, Matthias de Conewald, comme évêque, les deux autres comme prêtres. Cela a conduit Rokycana à les persécuter d’autant plus amèrement. Ils augmentèrent cependant leur nombre, en recevant les restes des Vaudois et de nombreux Utraquistes, jusqu’à ce qu’au début du XVIe siècle, ils aient quatre cents congrégations en Bohême et en Moravie. Sous Wladislaw II. la persécution a été arrêtée à partir de l’A.D. 1475, mais fut renouvelée avec une grande violence en A.D. Année 1503. Ils ont envoyé A.D. 1511 une confession de foi à Érasme ( 120, 6), avec la demande qu’il donne son avis à ce sujet ; ce qu’il refusa de faire, craignant d’être compromis par cela. Après la mort de l’évêque Matthias, en A.D. En 1500, l’aversion pour la monarchie conduit à la nomination de quatre aînés au lieu d’un évêque, deux pour la Bohême et deux pour la Moravie. Le plus important et le plus influent d’entre eux fut Luc de Prague, qui mourut en 1944. 1518, considéré à juste titre comme le second fondateur de l’Union. Il imprima à la fraternité un caractère essentiellement distinct de la Réforme luthérienne, quant à la constitution et à la doctrine. — Continuation 139, 19.
119.9. Les Vaudois.
119,9R. Oui.
119.10. Les réformateurs hollandais sont issus pour la plupart des Frères de la Vie Commune ( 112, 9).
119.11. Un réformateur italien.―Jérôme Savonarole, né après J.-C. 1452, moine et de l’apr. J.-C. 1481 prieur du cloître dominicain de San Marco à Florence, était de J .-C. 1489 en haute réputation dans cette ville comme un prédicateur éloquent et passionné de repentance, avec même une audace téméraire déclamant contre la dépravation du clergé et des laïcs, des princes et du peuple. Dominicain de toute son âme, et comme tel admirateur enthousiaste de Thomas, pratiquant une discipline rigide par des jeûnes et des flagellations, il fut conduit par l’étude d’Augustin et de l’Écriture à une connaissance pure et profonde de la doctrine évangélique du salut, qu’il cherchait, non pas dans les mérites et l’intercession des saints, ni dans l’accomplissement des bonnes œuvres. mais seulement dans la grâce de Dieu et la justification par la foi au Sauveur crucifié des pécheurs. Mais il y joignait une théorie prophétique et apocalyptique, selon laquelle il se croyait appelé et apte par l’inspiration divine, comme les prophètes de l’Ancien Testament, à s’attaquer aux problèmes politiques de l’époque. Et, en fait, il a fait trembler plus d’un pécheur endurci en révélant des péchés secrets qu’il envisageait, et beaucoup de ses prophéties politiques semblent s’être accomplies avec une précision surprenante. C’est ainsi qu’il prophétisa la mort d’Innocent VIII. en apr. J.-C. En 1492, il proclama le renversement rapide de la maison des Médicis à Florence, ainsi que le châtiment d’autres tyrans italiens et la réforme complète de l’Église par un roi étranger traversant les Alpes avec une puissante armée. Et voilà, l’année suivante, le roi de France, Charles VIII, traversa les Alpes pour faire valoir ses prétentions sur Naples et forcer le pape à reconnaître les réformes bâloises ; les Médicis furent bannis de Florence, et Naples tomba sans résistance aux mains des Français. C’est ainsi que le moine ascète de Saint-Marc devint l’homme du peuple, qui commença avec une énergie impitoyable à mettre en œuvre, non seulement les idées morales et religieuses réformatrices, mais aussi son idéal politique d’un royaume démocratique de Dieu. C’est en vain qu’Alexandre VI le fit. chercher, par l’offre d’un chapeau de cardinal, à gagner le prophète et le réformateur démagogique ; il répondit seulement : « Je ne désire pas d’autre chapeau rouge que celui qui est coloré par le sang du martyre. » En vain le pape insista-t-il pour qu’il comparût devant lui à Rome ; C’est en vain qu’il lui interdit la chaire, d’où il émouvait si puissamment le peuple. Une tentative de restauration des Médicis a également échoué. Au carnaval de A.D. 1497 Savonarole prouva la suprématie de son influence sur le peuple en le persuadant, au lieu de la bouffonnerie habituelle, de faire un bûcher des objets de luxe et de vanité. Mais déjà les mouvements politiques tournaient défavorablement, et ses déclarations commençaient à perdre leur réputation de vraies prophéties. Charles VIII. avait été contraint de quitter l’Italie en A.D. 1495, et les promesses de Savonarole de son prompt retour n’étaient toujours pas tenues. La faveur populaire vacillait, tandis que les nobles et la jeunesse libertine s’excitaient contre lui dans la plus grande amertume. Les franciscains, en tant que membres d’un ordre rival, étaient ses ennemis jurés. L’interdiction papale a été prononcée contre lui en J.-C. 1497, et la ville fut mise sous l’interdiction. Un moine de son cloître, Fra Domenico Pescia, offrit pour passer l’épreuve du feu en faveur de son maître, si quelqu’un de ses adversaires se soumettait à la même épreuve. Un franciscain se déclara prêt à le faire, et toutes les dispositions furent prises. Mais quand Domenico insista pour emmener avec lui une hostie consacrée, le procès n’eut pas lieu, au grand désappointement d’un peuple avide de spectacles. Une foule fanatique a fait prisonnier le prophète. Ses ennemis les plus acharnés étaient ses juges, qui, après lui avoir extorqué sous la torture un aveu de fausse prophétie qui répugnait le plus à ses convictions les plus intimes, le condamnèrent à mort par le feu comme séducteur du peuple et hérétique. Le 23 mai de l’an J.-C. En 1498, il fut, avec Domenico et un autre moine, pendu à une potence puis brûlé. La joie croyante avec laquelle il supporta la mort approfondit la vénération d’un groupe toujours croissant d’adhérents, qui le proclamèrent saint et martyr. Son portrait dans la cellule qu’il occupait autrefois, peint par Fra Bartolomeo, entouré de l’auréole d’un saint, montre la vénération dans laquelle il était tenu par sa génération et par son ordre. Ses nombreux sermons nous représentent son ardent éloquence. Son œuvre principale est son Triumphus crucis d’après J.-C. 1497, une justification éloquente et réfléchie du christianisme contre le scepticisme à demi païen de la Renaissance, alors dominant à Florence et à la cour. Un exposé du Psaume 51, écrit en prison et inachevé, élabore, avec une clarté et une précision jamais atteintes auparavant, la doctrine de la justification par la foi. C’est à ce sujet qu’il a été réédité par Luther en apr. J.-C. Année 1523.352
La littérature classique de l’antiquité grecque, et surtout romaine, n’était pas au moyen âge en Occident aussi complètement inconnue et peu étudiée qu’on le suppose communément. Des souverains comme Charlemagne, Charles le Chauve, Alfred le Grand et l’Allemand Otto ont encouragé son étude. Des érudits tels qu’Erigena, Gerbert, Barnard Sylvester, Jean de Salisbury, Roger Bacon, etc., le connaissaient relativement bien. L’apprentissage maure de l’Espagne et les relations avec les érudits byzantins ont répandu la culture classique au cours des XIIe et XIIIe siècles, et les souverains Hohenstaufen en étaient les mécènes enthousiastes et libéraux. Au XIVe siècle, les fondateurs d’une littérature nationale italienne, Dante, Pétrarque et Boccace, ont cultivé et encouragé avec ferveur les études classiques. Mais un extraordinaire regain d’intérêt pour ces activités a eu lieu au cours du XVe siècle. La rencontre des Grecs et des Italiens au Concile de Florence en J.-C. 1439 ( 67, 6) donna la première impulsion, tandis que l’invasion turque et la chute de Constantinople en J.-C. 1453 lui a donné la touche finale. Un grand nombre d’érudits byzantins s’enfuirent en Italie et reçurent un accueil enthousiaste au Vatican et dans les maisons des Médicis. À l’aide de l’imprimerie, inventée vers J.-C. 1450, les trésors de l’Antiquité classique sont rendus accessibles à tous. À partir de cette immigration aussi, les études classiques prirent une direction tout à fait nouvelle. Au Moyen Âge, elles étaient faites presque exclusivement pour servir des fins ecclésiastiques et théologiques, mais maintenant elles étaient conduites dans un esprit tout à fait indépendant, dans le but de la culture humaine universelle. Cet « humanisme » s’est émancipé du service de l’Église, a pris envers le christianisme pour la plupart une attitude d’indifférence élevée et s’est souvent perdu dans un vain culte de l’antiquité païenne. On se moquait de la foi aussi bien que de la superstition ; l’histoire sainte et la mythologie grecque étaient traitées de la même manière. Les jeunes de tous les pays d’Europe, assoiffés de connaissances, traversèrent les Alpes, puisant aux sources fraîches des académies italiennes, et emportèrent chez eux les idées nouvelles, transplantant dans des pays lointains, sous une forme modifiée, le libertinage du nouveau paganisme qui avait envahi l’Italie.
120.1. Humanistes italiens. — L’Italie fut le berceau de l’humanisme, les Grecs qui s’y établirent (62, 1, 2), ses pères. Le premier Grec qui apparut comme enseignant en Italie fut Emmanuel Chrysoloras, en J.-C. Année 1396. Après le concile de Florence, Bessarion et Gemisthus Pletho s’y installèrent, tous deux ardents partisans de la philosophie platonicienne, pour laquelle ils suscitèrent un enthousiasme dans toute l’Italie. D’après J.-C. 1453 littérateurs grecs sont venus en foule. À partir de leurs écoles, la culture classique et les idées païennes se sont répandues dans tout le pays. Ce paganisme pénétrait même les plus hauts rangs de la hiérarchie. Léon X.353 On lui attribue le mérite d’avoir dit : « Combien de fables sur le Christ nous ont été utilisées, nous et les nôtres, au cours de tous ces siècles, est très bien connue. » Il n’est peut-être pas littéralement authentique, mais il exprime avec précision l’esprit de la cour papale. Le secrétaire particulier de Léon, le cardinal Bembo, a donné une version mythologique du christianisme en latin classique. Il appelait le Christ « Minerve jailli de la tête de Jupiter », le Saint-Esprit « le souffle du Zéphyr céleste », et le repentir était avec lui un Deos superosque manesque placare. Même pendant le concile de Florence, Pléthon avait exprimé l’opinion que le christianisme deviendrait bientôt une religion universelle qui n’était pas très éloignée du paganisme classique ; et quand Pléthon mourut, Bessarion consola ses fils en leur disant que le défunt était monté dans les pures sphères célestes, et qu’il s’était joint aux dieux de l’Olympe dans des danses mystiques de Bacchus. Dans les salles des Médicis s’épanouissait une nouvelle école platonicienne, qui plaçait la philosophie de Platon au-dessus du christianisme. Parallèlement à cela s’éleva une nouvelle école itinérante, dont le représentant, Peter Pompanazzo [Pomponazzo], qui mourut après J.-C. 1526, déclara ouvertement que, du point de vue philosophique, l’immortalité de l’âme est plus que douteuse. Le célèbre homme d’État et historien florentin Machiavel,354 qui mourut après J.-C. En 1527, il enseigna aux princes d’Italie dans son « Prince », en contradiction directe avec la « Monarchia » idéaliste de Dante, un régime politique réaliste qui s’émancipait complètement du christianisme et de tout système de moralité, et présenta le monstre César Borgia (110, 12) comme le modèle d’un prince énergique, travaillant constamment pour le but qu’il avait en vue. Le relâchement des mœurs allait de pair avec le laxisme de la religion. Des poèmes et des images obscènes circulaient parmi les humanistes, et leur pratique n’était pas à l’origine de leur théorie. Les facettes obscènes de Poggio, ainsi que les épigrammes indécentes de Boccadelli, fascinaient le monde chrétien cultivé autant par leur contenu lascif que par leur style classique. Des dialogues de Laurentius Valla sur la luxure et le vrai bien, qui avaient pour but d’exalter la supériorité de la morale chrétienne sur celle des épicuriens et des stoïciens, vient le dicton que les courtisanes grecques étaient plus en faveur que les religieuses chrétiennes. Le poète très doué, Pietro Aretino, dans ses écrits poétiques en prose, a atteint le plus haut degré de l’obscénité. On l’appelait « le divin Arétin », et pas seulement Charles Quint. et François Ier. l’honora de présents et de pensions, mais aussi Léon X, Clément VIII et même Paul III. lui témoignèrent leur estime et leur faveur. Dans leurs œuvres publiées, les humanistes italiens ont généralement ignoré plutôt que contesté l’Église, ses doctrines et sa morale. Mais Laurentius Valla, mort après J.-C. 1457, s’aventura librement dans ses Adnotationes in N.T. à trouver à redire à la Vulgate et à la corriger. Il fit encore plus, car il prononça la Donation de Constantin (87, 4) un faux, et déversa d’amères invectives contre la cupidité de la papauté. Il a également nié l’authenticité de la correspondance du Christ avec Abgarus [Abgar] ( 13, 2), ainsi que celle des écrits d’Aréopagite ( 47, 11) et s’est demandé si le Symbole des Apôtres était l’œuvre des apôtres (35, 2). L’Inquisition chercha à s’emparer de lui, mais Nicolas V. ( 110, 10) a frustré la tentative et lui a montré de la gentillesse. Avec toute sa culture classique, cependant, Valla a conservé une grande révérence pour le christianisme. C’est le cas de Jean Pic, prince de Mirandole, le phénix de ce siècle, célébré comme un miracle de science et de culture, qui réunissait en lui tous les plus nobles efforts du présent et du passé. À l’âge de vingt et un ans, il rédigea à Rome neuf cents thèses de tous les domaines de la connaissance. La dispute proposée n’aboutit pas, car beaucoup de ces thèses donnèrent lieu à des accusations d’hérésie, dont il ne fut disculpé que par Alexandre VI. en apr. J.-C. Année 1493. La combinaison de toutes les sciences et la réconciliation de tous les systèmes philosophiques entre eux et avec la révélation sur la base de la Cabbale étaient le point principal de ses efforts. C’est cette idée qu’il a développée dans son Heptaplus, dans lequel, au moyen d’un sens septuple de l’Écriture, il parvient à déduire toute la sagesse du monde du premier chapitre de la Genèse. Il mourut en apr. J.-C. 1494, dans la trente et unième année de son âge. Dans la dernière année de sa vie, renonçant au monde et à sa gloire, il se mit de toutes ses forces à l’étude de l’Écriture, et se proposa d’aller de pays en pays prêcher la croix du Christ. Ses intentions ont été frustrées par la mort. Son adage est très caractéristique : Philosophia veritatem quærit, theologia invenit, religio possidet.
120.2. L’humanisme allemand. — Le foyer de l’humanisme allemand fut l’Université d’Erfurt, fondée après J.-C. Année 1392. Aux conciles de Constance et de Bâle, Erfurt, près de Paris, manifesta le plus grand zèle pour la réforme du chef et des membres, et continua à suivre cette voie pendant les vingt années d’activité de Jean de Wesel (119, 10). À propos d’A.D. En 1460, les premiers représentants de l’humanisme y firent leur apparition, un Luder allemand et un Florentin Publicius. De leur école sortirent entre autres Rodolphe de Langen, qui apporta la lumière nouvelle dans les écoles de Westphalie, et Jean de Dalberg, plus tard évêque de Worms. Lorsque ces deux-là eurent quitté Erfurt, Maternus Pistorius prit la tête du mouvement humaniste. Des foules d’érudits enthousiastes de toutes les régions d’Allemagne se sont rassemblées autour de lui. En tant qu’hommes de goûts poétiques, qui appréciaient les classiques anciens, ils entretenaient d’excellentes relations avec les représentants de la scolastique. Mais en A.D. 1504 Busch, un révolutionnaire violent, apparaissant à Erfurt, exigea la destruction des anciens manuels scolaires, et produisit ainsi une rupture absolue entre les deux tendances. Maternus prit sa retraite et Mutian, un ancien étudiant d’Erfurt, prit la direction de Gotha. Erfurt et Gotha étaient maintenus associés par des relations animées entre les étudiants résidant dans ces deux endroits. Mutian n’avait pas d’ambitions littéraires et déclina catégoriquement un appel à la nouvelle université de Wittenberg. Il inspira d’autant plus puissamment ses contemporains. Son opposition farouche à la hiérarchie et à la scolastique s’exprimait dans de vives satires. En se retirant de la vie publique, il se consacra à l’étude de l’Écriture Sainte et des Pères. Peu de temps avant sa mort, il écrivit ceci comme sa confession de foi : Multa scit rusticus, quæ philosophus ignorat ; Christus vero pro nobis mortuus est, qui est vita nostra, quod certissime credo. La direction passa à Eoban Hesse. Les membres de la société rejoignirent le parti de Luther, à l’exception de Crotus Rubianus. Ulrich von Hutten était l’un des disciples de Mutian, un chevalier d’une famille noble franconienne, animé d’un patriotisme ardent et d’un amour de la liberté, qui a consacré toute sa vie à lutter contre la pédanterie, la moinesse et l’intolérance. S’échapper en apr. J.-C. En 1504, de Fulda, où il était formé au sacerdoce, il étudia à Erfurt, combattit dans l’armée de Maximilien avec l’épée, dans les rangs de Mutien et de Reuchlin avec la plume, et après la chute de Sickingen, il devint un vagabond sans abri, jusqu’à ce qu’il meure dans le besoin, en J.-C. 1523, sur Ufenan, une île du lac de Zurich.355
120.3. À côté d’Erfurt, Heidelberg, fondée en A.D. 1386, offrit un foyer propice aux études humanistes. Le représentant le plus brillant de l’humanisme était Rudolph Agricola, admirateur et disciple d’À. Kempis et de Wessel. Sa renommée repose davantage sur les rapports de ceux qui l’ont connu personnellement que sur les écrits qu’il a laissés. Ses élèves se rallièrent pour la plupart à la Réforme. — L’Université de Wittenberg, fondée par Frédéric le Sage en an J.-C. 1502, fut la pépinière d’un humanisme sage et modéré. Les études humanistes ont également trouvé une entrée à Fribourg, fondée en J.-C. 1455, à Tübingen, fondée en J.-C.En 1477, où Reuchlin enseigna longtemps, et à Ingolstadt, fondée en 1477. 1472, où le duc de Bavière ne ménagea pas ses efforts pour attirer les humanistes les plus distingués. Conrad Celtes, élève d’Agricola, enseigna à Ingolstadt jusqu’à son départ pour Vienne en 1914. Année 1497. Eck et Rhegius, eux aussi, comptaient parmi ses anciens élèves les plus compétents. En tant qu’adversaire acharné de Luther, Eck donna à l’université un caractère anti-réforme des plus prononcés ; tandis que Rhegius prêcha l’Évangile à Augsbourg, et passa sa vie au service de la Réforme. Reuchlin enseigna aussi pendant un certain temps à Ingolstadt, et le patriotisme et les tendances réformatrices de l’historien bavarois Aventinus y reçurent la première impulsion puissante. À Nuremberg, les humanistes furent accueillis dans la maison du savant, riche et noble conseiller Pirkheimer. Dans la controverse de Reuchlin avec les savants de Cologne, il se montra un apologiste enthousiaste et prit la tête du parti de Reuchlin. Il accueillit l’apparition de Luther avec enthousiasme, et reçut le réformateur chez lui à son retour de la discussion avec Cajetan (122, 3). à cause de quoi Eck fit dire aussi contre lui la bulle pontificale contre Luther. Ce qu’il considérait comme la violence de Luther l’éloigna bientôt, tandis que la vie cloîtrée de ses trois sœurs et de ses trois filles lui offrait une image du catholicisme dans sa forme la plus noble et la plus pure. Sa sœur aînée, Christas, abbesse du couvent de la Clara à Nuremberg, l’une des femmes les plus nobles et les plus cultivées du XVIe siècle, exerça sur lui une puissante influence. Il mourut en apr. J.-C. Année 1530.
120.4. Jean Reuchlin, né en apr. J.-C. En 1455, à Pforzheim, il fréquente la célèbre école de Schlettstadt en Alsace, étudie à Fribourg, Paris, Bâle et Orléans, enseigne le droit à Tübingen et voyage à plusieurs reprises en Italie avec Eberhard le Barbu de Wurtemberg. Après la mort d’Eberhard, il se rendit à la cour de l’électeur palatin Philippe, et avec D’Alberg [Dalberg], il fit beaucoup pour la réputation de l’université de Heidelberg. Par la suite, il fut pendant onze ans président du tribunal de justice souabe de Tübingen. Quand en A.D. En 1513, le siège de cette cour fut transféré à Augsbourg, il se retira à Stuttgart, fut appelé en A.D. 1519 par Guillaume de Bavière à Ingolstadt comme professeur de grec et d’hébreu. Sur l’apparition de la peste à Ingolstadt en apr. J.-C.En 1520, il accepte d’être rappelé à Tübingen, où il meurt en 1520 . Année 1522. Il n’a jamais cédé à l’idée réformatrice de Luther. Il laissa sans réponse une lettre du réformateur en A.D. Année 1518. Mais en tant que promoteur de toutes les entreprises scientifiques, en particulier en ce qui concerne l’étude du texte original de l’Ancien Testament, Reuchlin avait acquis une renommée impérissable. Il avait bien le droit de conclure ses Rudimenta linguæ Hebraicæ de l’an J.-C. 1506 avec les paroles d’Horace, Stat monumentum aëre perennino, car ce livre a été la base de toute la philologie hébraïque chrétienne.356 Il a également abordé le sujet difficile des accents hébreux dans un traité spécial, De Acc. et Orthogr. Hebr. 11. iii, et les doctrines secrètes des Juifs dans son De arte Cabbalistica. Il offrit d’instruire tout Juif qui le désirerait dans les doctrines du christianisme, et aussi de s’occuper de ses affaires temporelles. L’attention qu’il porta aux études rabbiniques l’entraîna dans une controverse qui répandit sa renommée dans toute l’Europe. Un Juif baptisé, Pfefferkorn, à Cologne en apr. J.-C.En 1507, il manifesta le zèle d’un néophyte en écrivant des invectives amères contre les Juifs, et en 1507. En 1509, l’empereur Maximilien demanda à tous les écrits rabbiniques de brûler à cause des blasphèmes contre le Christ qu’ils contenaient. L’empereur demanda l’avis des universités de Mayence, de Cologne, d’Erfurt et de Heidelberg, ainsi que de Reuchlin et de l’inquisiteur de Cologne Hoogstraten. Erfurt et Heidelberg ont donné une réponse nuancée, Reuchlin une réponse sans réserve à la proposition. Il condamnerait en effet les écrits juifs ouvertement injurieux, par exemple le célèbre Toledoth Jeschu, mais tous les autres livres, par exemple le Talmud, la Kabbale, les gloses et les commentaires bibliques, les livres de sermons, de prières et de chants sacrés, ainsi que tous les écrits philosophiques, scientifiques, poétiques et satiriques des Juifs, il était prêt à les défendre inconditionnellement. Pfefferkorn l’a combattu avec passion dans son « Handspiegel » de J.-C. 1511, ce à quoi Reuchlin répondit dans son « Augenspiegel ». La faculté de théologie de Cologne, composée pour la plupart de dominicains, déclara hérétiques quarante-trois déclarations dans l’Augenspiegel et demanda sa suppression. Reuchlin donna alors libre cours à sa passion, et dans sa Defensio c. calumniatores suos Colonienses, il dénonça ses adversaires comme des chèvres, des porcs et des enfants du diable. Hoogstraten le fit citer devant un tribunal d’hérésie. Reuchlin ne se présenta pas, mais en appela au pape Léon X. (A.D. 1513). Une commission nommée par Léon se réunit à Spires en apr. J.-C. En 1514, et le déclara non coupable d’hérésie, il déclara Hoogstraten responsable des frais du procès, qui fut exécuté avec une satisfaction chaleureuse par Franz von Sickingen en A.D. Année 1519. Mais entre-temps, Hoogstraten avait fait une explication personnelle de ses affaires à Rome, et avait gagné l’influent magister sacri palatii, Sylvester Prierias (122, 2), qui a obtenu le pape en A.D. 1520 d’annuler le jugement et de condamner Reuchlin aux dépens et au silence éternel. Les hommes de Cologne triomphèrent, mais dans l’opinion publique allemande, Reuchlin était considéré comme le véritable vainqueur.
120.5. Une multitude de plumes vigoureuses et puissantes étaient maintenant en mouvement pour le compte de Reuchlin. À l’automne de notre ère. 1515 parut le premier livre de la Epistolæ obscurorum virorum, qui prétendait être la correspondance d’un ami avec le professeur de Cologne Ortuinus Gratius de Deventer. Dans le latin monastique le plus délicieux, les affaires secrètes des moines mendiants et leur haine de Reuchlin étaient exposées, de sorte que même les dominicains, selon Érasme, considérèrent pendant un certain temps la correspondance comme authentique. D’autant plus accablant fut le ridicule qui s’abattit sur eux dans toute l’Europe. Les mendiants obtinrent en effet de Léon une bulle contre les auteurs du livre, mais cela ne fit qu’augmenter sa diffusion. Les auteurs sont restés inconnus ; mais il n’y a pas de doute qu’ils n’appartenaient au parti des Munis. Justus Jonas, membre de cette guilde, affirme que Crotus Rubianus a joué un rôle principal dans sa composition. L’idée en a probablement été suggérée par Mutian lui-même. Ulrich von Hutten a répudié toute participation à cette initiative, ce qui est plus que probable, pour des raisons internes et externes. Busch, Urban, Petrejus et Eoban Hesse y ont très probablement contribué. Afin de maintenir la tromperie, Venise a été donnée comme lieu de publication, le nom du célèbre Alde Manuce, l’éditeur papal de Venise, a été mis sur le titre, et un imprimatur pseudo-papal a été attaché. Le deuxième livre a été publié en J.-C. 1517 par Frobenius à Bâle. Le parti monastique publia en contre-attaque les Lamentationes obscurorum virorum à Cologne en A.D. 1518, mais l’esprit boiteux et forcé du livre le marqua tout de suite comme un échec ridicule. Les moines et les scolastiques furent une fois pour toutes moralement anéantis.357
120.6. Desiderius Erasmus de Rotterdam était le plus brillant de tous les humanistes, non seulement de l’Allemagne, mais aussi de toute l’Europe. Né en A.D.En 1465, il fut éduqué par les Frères de la Vie Commune à Deventer et Herzogenbusch, puis forcé par ses parents à entrer dans un monastère en 1465 . Année 1486. En apr. J.-C. En 1491, il est libéré des contraintes monastiques par l’évêque de Cambray et envoyé terminer ses études à Paris. Il visita l’Angleterre en J.-C. 1497, en compagnie de jeunes Anglais dont il avait été le précepteur. Là, le théologien humaniste Colet d’Oxford exerça sur lui une influence salutaire qui se répercuta sur toute sa vie future. Après avoir passé un an et demi en Angleterre, il passa les six années suivantes, tantôt en France, tantôt aux Pays-Bas ; était en Italie à partir de J.-C. 1507 à J.-C. En 1510, il passa de nouveau cinq ans en Angleterre, où il enseigna la plupart du temps le grec à Cambridge, puis six autres années aux Pays-Bas, et enfin en A.D. En 1521, il s’installe avec son éditeur Frobenius à Bâle, où il entretient des relations avec les plus grands érudits de l’époque et entretient une correspondance abondante. Il refusa toutes les offres de nomination officielle, même le rang de cardinal, mais en réalité il exerçait une influence incontestée en tant que roi dans le monde des lettres. Il fit beaucoup pour l’avancement des études classiques et favorisa de diverses manières la Réforme protestante. Il dénonça sans ménagement les défauts de la méthode scolastique dans l’étude de la théologie, tandis que les méfaits du clergé, l’ignorance et la paresse des moines lui fournirent matière à ses impitoyables satires. L’esprit païen de beaucoup d’humanistes, ainsi que la procédure turbulente et révolutionnaire d’Ulrich von Hutten, lui déplaisaient tout à fait ; mais ses tendances pélagianisantes l’empêchaient aussi d’apprécier le vrai caractère de l’Évangile. Il désirait une réforme de l’Église, mais il n’avait pas la profondeur de l’émotion religieuse du réformateur, la foi conquérante du monde, l’amour de l’abnégation et la préparation héroïque au martyre. Il aimait beaucoup trop une vie littéraire géniale, et sa perception de la corruption de l’Église était beaucoup trop superficielle, de sorte qu’il cherchait la réforme plutôt par la culture humaine que par la puissance divine de l’Évangile. Lorsque la Réforme a vaincu Bâle en 1944. En 1529, Érasme se retire à Fribourg. Il retourna à Bâle en A.D. 1536 pour conférence avec Frobenius, et y mourut soupçonné d’hérésie sans les sacrements de l’Église. Ses amis les moines, à une époque antérieure, à l’occasion d’une fausse nouvelle de sa mort, avaient dit dans leur latin barbare qu’il était mort « sine lux, sine crux, sine Deus ». Les plus importants de ses ouvrages sont ses traités critiques et exégétiques sur le N.T. La première édition de son N.T. grec, avec une traduction latine, de brèves notes et trois sections introductives, a été publiée en A.D. Débloquer 1516. Dans la deuxième édition de A.D. En 1519, l’une de ces sections introductives, Ratio veræ theologiæ, parut sous une forme très étendue, et à partir de J.-C. Année 1522 Il a été publié séparément et a connu plusieurs éditions. Ses paraphrases de tous les livres bibliques, à l’exception de l’Apocalypse, commencée en J.-C., n’étaient guère moins importantes. Année 1517. Il a aussi rendu beaucoup de services par ses éditions des Pères. Sur sa polémique avec Luther, voir 125, 3. Son Ecclésiaste s. concionator evangelicus de l’A.D. 1535 est un traité d’homilétique admirable en son genre. Dans son « Éloge de la folie » (Ἐγκώμιον μωρίας, s. Laus stultitiæ) de l’apr. J.-C. 1511, dédié à son ami Sir Thomas More, il accable de ridicule les scolastiques, ainsi que les moines et le clergé ; et dans ses « Colloques » de l’A.D. En 1518, par lequel il espérait rendre les garçons latiniores et meliores, il ne laissa passer aucune occasion de faire des reproches aux moines, au clergé et aux formes de culte qu’il regardait comme superstitieuses. Aussi son Adagia d’A.D. L’année 1500 lui avait donné une grande marge de manœuvre pour le même genre de choses. Une piété du type le plus pur et le plus noble, tirée des écoles des Frères de la Vie Commune, et des relations avec Colet, respire à travers son Enchiridion militis christiani de l’A.D. Année 1502.358―Suite 123, 3.
120.7. L’humanisme en Angleterre.—En Angleterre, nous rencontrons deux hommes à la fin du XVe siècle, étroitement liés à Érasme, d’une influence suprême en tant qu’humanistes pour faire avancer les revendications de réforme au sein de l’Église catholique. John Colet dans A.D. En 1496, il retourna en Angleterre après un long séjour en Italie, où il avait obtenu, non seulement une culture humaniste, mais aussi, au contact de Savonarole et de Mirandole, un puissant élan religieux. Il commença alors, à Oxford, ses conférences sur les épîtres pauliniennes, dans lesquelles il abandonna la méthode scolastique et retourna à l’étude de l’Écriture et des Pères. Là, en A.D. En 1498, il s’attache étroitement à Érasme et au jeune Thomas More, qui étudie dans ce lieu. En apr. J.-C. En 1505, Colet fut nommé docteur et doyen de Saint-Paul, poste dans lequel il exposa avec un grand succès des livres bibliques entiers et une grande partie d’autres dans ses sermons. Après la mort de son père en apr. J.-C. En 1510, il mit sa grande fortune au service de la fondation d’une école de grammaire à Saint-Paul pour l’enseignement de la littérature classique, biblique et patristique à plus de 150 garçons. Une convocation des évêques anglais en A.D. 1512, pour trouver des moyens d’éradiquer l’hérésie ( 119, 1), lui a donné l’occasion, dans son sermon d’ouverture, de s’adresser clairement aux évêques rassemblés. Il leur a dit que la réforme de leur propre ordre était le meilleur moyen de protéger l’Église contre l’incursion des hérétiques. Cela suscita l’amère colère du vieil évêque fanatique Fitzjames de Londres, qui le détestait excessivement à cause de ses tendances réformatrices et de son activité pastorale et éducative. Mais l’archevêque, Warham de Cantorbéry, repoussa l’accusation fanatique d’hérésie de l’évêque ainsi que les soupçons du roi Henri à l’égard des sympathies politiques de l’homme simple et pieux. Colet meurt en apr. J.-C. 1519. — Thomas More, né en A.D. En 1480, il fut recommandé au roi par le cardinal Wolsey, et s’éleva d’étape en étape jusqu’à ce qu’il atteigne notre ère. En 1529, il succède à son protecteur en tant que Lord Chancelier d’Angleterre. Dans les liens les plus étroits avec Colet et Érasme, More partageait aussi leurs désirs de réforme, mais s’appliquait, conformément à sa position civile et officielle, plus aux aspects sociaux et politiques qu’aux aspects ecclésiastiques de la question. Sa contribution la plus complète se trouve dans sa célèbre satire, « Utopia », d’A.D. 1516, dans lequel il expose ses vues sur l’organisation naturelle et rationnelle de tous les rapports sociaux et politiques de la vie par opposition aux institutions corrompues des États existants. Le côté religieux de ce paradis utopique est le déisme pur, le culte public étant limité à l’usage de ce qui est commun à toutes les religions, et les particularités des religions particulières sont reléguées à des services spéciaux ou privés. Nous ne pouvons cependant pas en tirer de conclusion quant à ses propres croyances religieuses. More demeura jusqu’à la fin un catholique zélé et un ascète strict, et fut un homme d’un caractère singulièrement noble et ferme. Dans la controverse entre le roi et Luther ( 125, 3) Il soutint le roi et, en tant que chancelier, il écrivit en contradiction directe avec les principes de tolérance religieuse qu’il préconisait dans son« Utopie », avec une amertume venimeuse contre les partisans de la réforme anti-catholique. Mais il refusa catégoriquement d’acquiescer au divorce du roi ; et quand Henri se querella, avec le pape en A.D. 1532 et commença à mener des réformes d’une manière césaro-papiste ( 139, 4), il démissionna de ses fonctions, refusa fermement de reconnaître la suprématie royale sur l’Église d’Angleterre et, après un long et sévère emprisonnement, fut décapité en Jésus-Christ. Année 1535.359
120.8. L’humanisme en France et en Espagne.—En France, les études humanistes ont été tenues pendant un certain temps à l’arrière-plan par la réputation mondiale de l’Université de Paris et de sa Sorbonne. Mais un changement s’est produit lorsque le jeune roi François Ier, après J.-C. 1515-1547, devient le mécène et le promoteur de l’humanisme. L’un de ses représentants les plus célèbres fut Budæus, bibliothécaire royal, qui aida à fonder un collège pour la culture de la science, libéré des chaînes de la scolastique, et dénonça les corruptions de la papauté et du clergé. Mais bien qu’il sympathisât avec l’esprit de la Réforme, il se dérobait à toute rupture ouverte avec l’Église catholique. Il mourut en apr. J.-C. Année 1540. Son contemporain Faber Stapulensis, professeur de littérature classique à Paris, rassembla autour de lui des foules d’élèves et, dès l’A.D. 1507 s’appliqua presque exclusivement à l’exégèse biblique. Il critiqua et corrigea le texte corrompu de la Vulgate, commenta le texte grec des évangiles et des épîtres apostoliques, et à cause de cela, ainsi qu’en raison d’une dissertation critique sur Marie-Madeleine de J.-C. 1521, fut condamné par la Sorbonne. François Ier. et sa sœur Marguerite d’Orléans le protégea de nouvelles persécutions. Aussi son ancien élève, Guillaume Brionnet, évêque de Meaux, qui s’efforçait ardemment de restaurer la moralité et la piété dans son clergé, le nomma son vicaire général, et lui donna l’occasion de faire paraître sa traduction française du Nouveau Testament de la Vulgate en A.D. 1523, qui fut suivi d’une traduction de l’Ancien Testament et d’un commentaire français sur les péricopes des dimanches et des fêtes. Comme Faber représentait ici les Écritures comme la seule règle de foi pour tous les chrétiens, et enseignait que l’homme n’est pas justifié par ses œuvres, mais seulement par la foi en la grâce de Dieu en Christ, la Sorbonne l’accusa d’hérésie luthérienne, et le Parlement, pendant l’emprisonnement du roi en Espagne (126, 5) en apr. J.-C. En 1525, il nomma une commission chargée de rechercher et de réprimer l’hérésie dans le diocèse de Meaux. Les livres de Faber furent condamnés aux flammes, mais lui-même, menacé du bûcher, s’échappa en s’enfuyant à Strasbourg. Après son retour, le roi lui procura une retraite sûre à Blois, où il travailla à sa traduction de l’Ancien Testament, qu’il acheva en J.-C. Année 1528. Il passa ses dernières années à Nérac, résidence de sa protectrice Marguerite, devenue reine de Navarre, où il mourut en . 1536 dans sa 86e année. Bien qu’il fût au fond éloigné de l’Église catholique, il ne l’abandonna jamais formellement. — En Espagne, le cardinal Ximenes (118, 7) ont agi comme le Mæcenas des études humanistes. L’humaniste espagnol le plus distingué était Antoine de Lebrija, professeur à Salamanque, compagnon de travail de Ximenès sur la Polyglotte Complutensienne, et protégé par lui de l’Inquisition, qui lui aurait demandé des comptes pour sa critique de la Vulgate. Il mourut en apr. J.-C. Année 1522.
120.9. L’humanisme et la réforme du seizième siècle. — Les humanistes, comme les réformateurs, s’insurgeaient contre la scolastique avilie aussi bien que contre la superstition de l’époque. Ils l’ont fait cependant sur des bases très différentes, et ont mené leur guerre par des méthodes très différentes. Tandis que les réformateurs employaient la parole de Dieu et s’efforçaient de sauver l’âme, les humanistes employaient l’esprit et le sarcasme, et recherchaient le bien-être temporel des hommes. C’est pourquoi la réaction de la scolastique méprisée et du monachisme méprisé contre l’humanisme était souvent juste. Une réforme de l’Église par le seul humanisme aurait été un retour au paganisme nu. Mais, d’autre part, les études classiques ont fourni aux hommes qui désiraient une véritable réforme de l’Église une riche culture linguistique, philosophique et scientifique, sans laquelle, appliquées aux recherches sur l’histoire de l’Église, à l’exposition de l’Écriture et à la révision de la doctrine, les réformes du XVIe siècle n’auraient guère pu être menées d’une manière complète et satisfaisante. L’avantage le plus permanent obtenu pour l’Église et la théologie par le réveil de l’érudition a été de retirer l’Écriture sainte de dessous le boisseau et de lui redonner la place qui lui revient comme lampe de l’Église. Il pointait en arrière de la Vulgate, dont depuis J.-C. En 1500, quelque quatre-vingt-dix-huit éditions imprimées avaient paru, au texte original, condamné la méthode allégorique d’exposition, éveillé une appréciation du système grammatical et historique de l’interprétation, fourni à l’appareil scientifique par ses études philologiques, et par la publication de Bibles imprimées assuré la diffusion du texte original. Dès l’invention de l’imprimerie, les Juifs ont été actifs dans l’impression de l’Ancien Testament. D’après J.-C. En 1502, un certain nombre d’érudits chrétiens, sous la présidence de Ximenes, travaillèrent à Alcalá à la grande Polyglotte Complutensienne, publiée en A.D. Année 1520. Il contenait les textes hébreux et grecs, les Targums, la LXX et la Vulgate, ainsi qu’une traduction latine de la LXX. et des Targums, avec un appareil grammatical et lexical indispensable. Daniel Bomberg, d’Anvers, a publié à Venise diverses éditions de l’Ancien Testament, certaines avec, d’autres sans, des commentaires rabbiniques. Ses assistants étaient Félix Pratensis, un juif érudit ; et Jacob ben Chaijim, rabbin de Tunis. Comme le coûteux Polyglotte de Complutensie n’était accessible qu’à quelques-uns, Érasme rendit de grands services par son édition pratique du Nouveau Testament grec, malgré ses graves lacunes critiques. Érasme lui-même publia cinq éditions successives, mais bientôt plus de trente épreuves furent épuisées.
Dans la Réforme du seizième siècle, l’intelligence de l’Allemagne, qui avait été jusque-là sous la formation et la tutelle de l’Église romaine, atteignit sa maturité par l’application des principes formels et matériels du protestantisme, seule autorité normative de l’Écriture, et justification par la foi seule, sans œuvres de mérite. Elle s’émancipa de son maître d’école qui, à des fins égoïstes, avait fait et continuait encore à faire des efforts acharnés pour réprimer tout mouvement vers l’indépendance, toute tentative de liberté ecclésiastique, théologique et scientifique, toute lutte après la réforme évangélique. Cependant cette émancipation ne s’opéra pas complètement dans toutes les nationalités purement allemandes, et encore moins chez les peuples romains et slaves qui s’étaient courbés devant la hiérarchie pontificale. L’Église romaine de la Réforme a non seulement adhéré à la forme et au contenu de son ancienne constitution non évangélique, mais elle a également développé et élaboré formellement son credo dans la même direction non évangélique, et le résultat a été une scission de l’Église occidentale en une Église protestante évangélique et une Église catholique romaine. Là encore, les principes de la Réforme ont été exposés de différentes manières, et le protestantisme s’est divisé en deux divisions, les luthériens et les réformés. En plus de ces trois nouvelles Églises occidentales et de l’ancienne Église orientale, qui reposaient toutes sur la base œcuménique commune de l’ancienne Église catholique, une variété de sectes en sont issues. À travers ces divisions, plus ou moins grandes, l’histoire moderne de l’Église, où, avec quelques avantages et quelques inconvénients, une Église est opposée à une autre, possède un caractère entièrement différent de l’histoire de l’Église des temps antérieurs.
L’histoire moderne de l’Église se divise naturellement en quatre divisions. Le trait distinctif de l’une et de l’autre se trouve en partie dans l’opposition des Églises particulières les unes aux autres, en partie dans l’antagonisme de la foi et de l’incrédulité. Le passage de l’un à l’autre correspond généralement aux limites des siècles. Le seizième siècle forme la période de la Réforme, au cours de laquelle le nouveau protestantisme, séparé de l’ancien catholicisme romain, se débarrassa des éléments déformateurs qui s’y étaient attachés, et développa pour lui-même un système de doctrine, de culte et de constitution ; tandis que l’Église catholique romaine, à partir du milieu du siècle, se mit à l’œuvre dans une contre-Réforme, par laquelle elle réussit dans une large mesure à reconquérir le champ qui avait été perdu. Le XVIIe siècle a été caractérisé du côté protestant comme l’âge de l’orthodoxie, dans lequel le confessionnalisme a obtenu une suprématie sans partage, se détériorant cependant dans la doctrine et la vie dans un formalisme glacial, qui a appelé le mouvement du piétisme comme correctif ; mais, du côté catholique, elle a été caractérisée comme une période de restauration réussie et continue. Au XVIIIe siècle commence la lutte contre l’Église dominante et les conceptions dominantes du christianisme sous les formes du déisme, du naturalisme et du rationalisme au sein des Églises protestantes et catholiques. La quatrième division embrasse le dix-neuvième siècle. La foi nouvellement éveillée s’efforce vigoureusement de rationaliser, puis, du côté protestant, se divise en unionisme et confessionnalisme ; tandis que, du côté catholique, elle se développe pleinement dans un ultramontanisme zélé. Mais le rationalisme renouvelle sa jeunesse sous le manteau de la science, et à côté d’elle apparaît une incrédulité plus déguisée dans les formes nettement antichrétiennes du panthéisme, du matérialisme et du communisme, qui cherchent à anéantir tout ce qui est chrétien dans l’Église et l’État, dans la science et la foi, dans la vie sociale et politique.
Au début du XVIe siècle, tout semblait conjugué en faveur de ces efforts réformateurs qui avaient été freinés au moyen âge. Il y avait une vive perception des corruptions de l’Église, un désir profond et universel de réforme, l’appareil scientifique nécessaire à son accomplissement, un pape, Léon X, négligent et indolent ; un trafiquant d’indulgences, Tetzel, stupidement hardi et sans vergogne ; un prince noble, pieux et capable, Frédéric le Sage ( 123, 9), d’agir en tant que protecteur de la nouvelle croyance ; un empereur, Charles Quint. ( 123, 5), Assez puissant et hostile pour allumer le feu purificateur de la tribulation, mais trop occupé par des enchevêtrements politiques pour pouvoir se livrer à une oppression téméraire et violente. Il y avait aussi des milliers d’autres personnes, circonstances et relations qui aidaient, renforçaient et faisaient avancer l’œuvre. Et maintenant, à l’heure opportune, à l’endroit le plus convenable et dans le milieu le plus convenable, un génie religieux, en la personne de Luther, apparut comme le réformateur, avec la combinaison la plus rare de qualités de tête et de cœur, de caractère et de volonté, pour s’engager dans cette grande œuvre pour laquelle la Providence l’avait si merveilleusement qualifié. Cette puissante entreprise fut commencée par quatre-vingt-quinze thèses simples, qu’il cloua à la porte de l’église de Wittenberg, et la Dispute de Leipzig marqua la première crise importante de son histoire.
122.1. Les années de préparation de Luther.―Martin Luther, fils de mineur, est né le 10 novembre de notre ère. Année 1483. Son enfance se passa sous le contrôle sévère de ses parents et au milieu d’une pauvreté extrême, et il alla à l’école à Mansfeld, où ses parents avaient émigré ; puis à Magdebourg, où, parmi les Frères de la Vie Commune, il dut surtout s’assurer sa propre subsistance en tant que chanteur dans les rues ; puis à Eisenach, où madame Ursule Cotta, émue de sa belle voix et de ses supplications, l’accueillit chez elle. En apr. J.-C. En 1501, il commença l’étude de la jurisprudence à Erfurt ( 120, 2), a obtenu le diplôme de bachelier en A.D. 1502, et celui de maître en 1502. Année 1505. Au cours d’un orage épouvantable, qui le surprit alors qu’il rentrait chez lui, il fut poussé par la terreur à jurer qu’il deviendrait moine, impressionné qu’il était par la mort soudaine d’un ami anonyme qui avait eu lieu peu de temps auparavant. Le 17 juillet de l’an J.-C. En 1505, il entre au couvent des Augustins d’Erfurt. Profondément préoccupé par le salut de son âme, il chercha par l’ascétisme monactique, le jeûne, la prière et les pénitences à satisfaire sa conscience, mais les luttes intérieures ne firent que s’intensifier. Un vieux moine proclama à l’enquêteur fatigué, qui s’évanouissait presque sous l’anxiété de l’esprit et des tortures qu’il s’imposait lui-même, la déclaration réconfortante du credo : « Je crois au pardon des péchés. » Plus puissante encore pour le diriger, la conversation de son noble supérieur, Jean Staupitz (112, 6). Il lui a montré le chemin de la vraie repentance et de la foi dans le Sauveur crucifié non pour des péchés peints. Suivant ses conseils, Luther étudia assidûment la Bible, ainsi que, de son propre chef, les écrits d’Augustin. En apr. J.-C.En 1507, il fut ordonné prêtre et, en 1507. 1508 Staupitz le promut à l’université de Wittenberg, fondée en 1508 . 1502, où il donna des conférences sur la « Dialectique » et la « Physique » d’Aristote . En 1509, il est fait Baccalaureus biblicus. À l’automne de la même année, il se rendit de nouveau à Erfurt, probablement sur le conseil de Staupitz, jusqu’à ce que, un an et demi plus tard, il obtint un établissement définitif à Wittenberg. Le voyage qui, en A.D. En 1511, il se rendit à Rome dans l’intérêt de son ordre. À la première vue de la ville sainte, il tomba à genoux et, les mains levées au ciel, s’écria : « Je te salue, sainte Rome. » Mais il se retira tout à fait dégoûté de la frivolité et de l’immoralité impies dont il était témoin parmi le clergé de tous côtés, et mécontent de l’extériorité des exercices pénitentiels qu’il avait entrepris. Tout au long de son voyage, l’Écriture retentit à son oreille : « Le juste vivra par sa foi. » C’était une voix de Dieu dans son âme, qui portait enfin la paix bénie de Dieu dans son esprit blessé. Après son retour, en A.D. En 1512, Staupitz ne lui laissa aucun répit jusqu’à ce qu’il obtînt le grade de docteur en théologie ; et maintenant il donna des conférences à l’université sur l’Écriture Sainte, et ensuite prêcha dans l’église de la ville de Wittenberg. Il s’appliqua de plus en plus, avec l’aide d’Augustin, à l’étude de l’Écriture et de sa doctrine fondamentale de la justification par la foi seule. C’est aussi à cette époque qu’il fut puissamment influencé par le mysticisme de Tauler et par la « Deutsche Theologie », dont il publia une édition en A.D. Débloquer 1516.
122.2. Les thèses de Luther sur J.-C. 1517. — Le pape Æsthetic et luxueux Léon X. ( 110, 14), Il s’était déclaré pour la construction de Saint-Pierre, en réalité pour remplir ses propres coffres vides, avait proclamé une indulgence générale. L’Allemagne était divisée entre trois commissions d’indulgence. L’électeur-cardinal Albert de Mayence, archevêque de Magdebourg et frère de l’électeur Joachim de Brandebourg, se chargea de la direction de la commission de sa province archiépiscopale, dont il devait recevoir la moitié du produit pour le paiement de ses dettes. Le plus éhonté des trafiquants d’indulgences qu’il employait était le prieur dominicain de Leipzig, Jean Tetzel. Cet homme avait été condamné à Innsbrück à se noyer pour adultère, mais sur l’intercession de l’électeur de Saxe, sa peine fut commuée en emprisonnement à perpétuité. Il a été retiré de sa prison pour faire ce travail pour Albert. Avec beaucoup de succès, il allait d’un endroit à l’autre, et offrait ses marchandises à la vente, proclamant leurs vertus sur le marché public avec une audace sans pareille. Il se rendit à Jüterbock, dans les environs de Wittenberg, où il attira des foules d’acheteurs de tous horizons. Luther découvrit dans le confessionnal l’influence corruptrice d’un tel procédé et, dans l’après-midi de la Toussaint, le 31 octobre de notre ère. En 1517, il cloue sur la porte de l’église du château de Wittenberg quatre-vingt-quinze thèses, expliquant le sens de l’indulgence. Bien qu’ils fussent dirigés non pas tant contre le principe des indulgences que contre leur incompréhension et leur abus, ils comprenaient le germe réel du mouvement de la Réforme, négativement dans la conception de la repentance qu’ils exposaient, et positivement dans la déclaration distincte que la grâce de Dieu en Christ peut seule servir au pardon des péchés. Avec une rapidité incroyable, les thèses se répandirent dans toute l’Allemagne, dans toute l’Europe. Luther les accompagna d’un sermon sur l’indulgence et la grâce. Les applaudissements immenses qu’elle provoqua amenèrent les partisans des anciennes vues à ceindre leurs armures. Tetzel brûla publiquement les thèses à Jüterbock et, avec l’aide de Wimpina, afficha et fit circuler à Francfort et en d’autres endroits des contre-thèses. Les étudiants de Wittenberg achetèrent des quantités de ces thèses et, en représailles, les brûlèrent, mais Luther n’approuva pas leur conduite. En avril, A.D. En 1518, Luther se rendit à Heidelberg, pour y prendre part à un chapitre régulier des Augustins, qui était généralement accompagné de prédications publiques et de disputes entre les membres de l’ordre. La dispute qui, à cette occasion, fut confiée à Luther, lui donna l’occasion heureuse de faire connaître à des cercles plus larges ces opinions philosophiques et théologiques qu’il n’avait jusque-là exprimées qu’à Wittenberg. Les professeurs de l’université de Heidelberg les ont répudiés et se sont opposés, mais dans presque tous les cas avec douceur et tolérance. D’autre part, beaucoup de jeunes théologiens qui y étudiaient acceptèrent avec enthousiasme ses doctrines, et plusieurs d’entre eux, par exemple Martin Bucer de Strasbourg (125, 1), John Brenz et Erhard Schnepf de Souabe ( 133, 3), ainsi que Théobald Billicanus, plus tard réformateur de Nördlingen, etc., se consacrèrent là à l’œuvre de leur vie.
122.3. Prierias, Cajetan et Miltitz, A.D. 1518, 1519. — Léon X considéra d’abord l’affaire comme une insignifiante querelle de moines, et loua frère Martin comme un véritable génie. Il n’a pas prêté attention au cri d’hérésie de Hoogstraten, et il n’a pas non plus encouragé les prierias dominicains dans son attaque contre Luther. Le livre de Prierias était une affaire inoffensive. Luther lui donna une réponse courte et écrasante. Prierias répondit dans un deuxième et un troisième traité, que Luther se contenta de republier avec des préfaces sarcastiques et accablantes. Le pape ordonna alors le silence à son infortuné intendant. En mai, A.D. En 1518, Luther écrivit une humble épître au pape et ajouta une série de résolutions pour justifier ses thèses. Staupitz aurait révisé les deux. Dans l’intervalle, il avait été décidé à Rome de s’occuper sérieusement de l’affaire de Wittenberg. Le procureur pontifical porta plainte contre Luther. Un tribunal fut commissionné, qui le convoqua à comparaître en personne à Rome pour répondre de lui-même. Mais, sur les représentations de l’université de Wittenberg et de l’électeur Frédéric le Sage, le pape chargea le cardinal Cajetan, son légat à la diète d’Augsbourg, de prendre en considération la question. Luther apparut et fit appel à la Bible. Le légat, cependant, voulut qu’il argumentât avec les scolastiques, exigea une rétractation inconditionnelle et finit par congédier avec arrogance « la bête aux yeux profonds et aux spéculations merveilleuses dans la tête ». Luther fit un appel formel a sanctissimo Domino Leone male informato ad melius informandum, et quitta Augsbourg de bonne humeur. Le cardinal chercha alors à soulever Frédéric contre le moine réfractaire, mais la confiance pleine d’entrain et d’humilité de Luther gagna le cœur du noble électeur. Cajetan continua d’être un adversaire vigoureux de la doctrine réformée. Mais la supériorité de Luther dans la connaissance de l’Écriture avait tellement impressionné le cardinal, qu’il s’appliqua maintenant étroitement à l’étude de la Bible dans les langues originales ; et ainsi, tout en étant fermement attaché au système romain, il fut amené sur de nombreux points, par exemple sur l’Écriture et la tradition, le divorce, les injonctions sur les viandes, l’utilisation de la langue vernaculaire dans le culte public, le caractère répréhensible de l’interprétation allégorique, etc., à adopter des vues plus libérales, de sorte qu’il fut dénoncé par certains controversistes catholiques romains comme coupable de diverses hérésies. C’est pourquoi il prépara à l’avance un appel pour un concile œcuménique, que l’éditeur, contre la volonté de Luther, répandit aussitôt au dehors. À Rome, l’orgueil du cardinal fut blessé par l’échec de son entreprise. Une bulle papale définissait la doctrine des indulgences, afin de se prémunir plus exactement contre les fausses représentations, et un courtisan accompli, le chambellan du pape, Carl von Miltitz, un Saxon, fut envoyé en Saxe, en J.-C. 1519, en tant que nonce apostolique, pour porter à l’électeur la rose d’or consacrée et assurer une heureuse conclusion à la controverse. L’envoyé commença par adresser une sévère admonestation à Tetzel, et accueillit Luther avec une grâce hypocrite. Luther reconnut qu’il avait agi imprudemment, écrivit une lettre humble et soumise au pape et publia « une instruction sur quelques articles qui lui ont été attribués par ses traducteurs ». Mais, après toutes les rétractations qu’il fit à la diète, il maintint encore fermement la justification par la foi, sans le mérite des œuvres. Il promit au nonce de s’abstenir de toute polémique, à condition que ses adversaires se taisent. Mais ils ne seraient pas silencieux.
122.4. La Dispute de Leipzig, A.D. John Eck, d’Ingolstadt, s’était engagé dans une controverse avec un partisan zélé et collègue de Luther, André Bodenstein de Carlstadt, professeur et prédicateur à Wittenberg, et Luther lui-même prit part à la discussion entre les deux. Cette dispute eut lieu à Leipzig et dura du 27 juin au 16 juillet. Mais la vanité d’Eck l’amena non seulement à rechercher la plus grande renommée possible dans sa dispute actuelle, mais aussi à entraîner Luther en contestant ses thèses. Eck disputa pendant huit jours avec Carlstadt au sujet de la grâce et du libre arbitre, et avec beaucoup d’éloquence, d’audace et d’érudition, il donna raison au semi-pélagianisme romain. Puis il disputa pendant quatorze jours avec Luther au sujet de la primauté du pape, de la repentance, des indulgences et du purgatoire, et le pressa fortement au sujet de l’hérésie hussite. Mais Luther s’opposa fermement à lui sur la base de l’Écriture, et se confirma dans la conviction que même les conciles œcuméniques pouvaient se tromper, et que toutes les doctrines hussites ne sont pas hérétiques. Les deux partis ont revendiqué la victoire. Luther a poursuivi la discussion dans divers traités controversés, et Eck, lui aussi, n’est pas resté silencieux. De nouveaux combattants, pour et contre, de tous les côtés, apparurent sur la scène. Les humanistes libéraux ( 120, 2) avait d’abord peu fait attention à l’affirmation de Luther. Mais la dispute de Leipzig les amena à changer d’attitude. Luther leur paraissait maintenant un nouveau Reuchlin, Eck un autre spécimen d’Ortuinus Gratius. Une satire mordante de Pirkheimer ( 120, 3), « Der abgehobelte Eck » parut au début de l’an J.-C. 1520, dépassant dans l’esprit aristophane aucune des épîtres des obscurantistes. Il fut suivi de plusieurs satires d’Ulrich von Hutten, qui reçut une nouvelle inspiration de l’apparition de Luther à Leipzig. Hutten et Sickingen, avec toute leur troupe, entreprirent de protéger Luther corps et âme, par l’épée et la plume. C’était une alliance d’un certain avantage pour la Réforme dans ses premières années ; mais s’il n’avait pas été abrogé de nouveau, il aurait pu détourner le mouvement dans une direction tout à fait erronée. À partir de ce moment, le duc Georges de Saxe, au château duquel et en présence de qui la dispute avait eu lieu, devint l’ennemi irréconciliable de Luther et de sa Réforme.
122.5. Philippe Melanchthon.―A la dispute de Leipzig apparut aussi un homme destiné à devenir d’une importance suprême dans l’accomplissement de la Réforme. Né le 16 février A.D. En 1497, à Bretten dans le Palatinat, Philippe Melanchthon entra à l’université de Heidelberg dans sa treizième année, et à l’âge de seize ans publia une grammaire grecque. Il obtint le grade de maître à dix-sept ans, et à vingt et un ans, en apr. J.-C. En 1518, sur la recommandation de son grand-oncle Reuchlin, il est nommé professeur de grec à Wittenberg. Sa renommée se répandit bientôt dans toute l’Europe et attira à lui des milliers d’auditeurs de toutes les parties. Luther et Érasme rivalisaient d’éloges sur ses talents, sa belle culture et son savoir, et ses contemporains lui ont donné le titre honorable de Præceptor Germaniæ. C’était un Érasme d’une forme plus noble et d’une puissance supérieure, un contraste complet avec Luther. Tout son être respirait la modestie, la douceur et la grâce. Avec une simplicité enfantine, il reçut les vérités reconnues de l’Évangile. Il s’inclina humblement devant l’esprit puissant et pratique de Luther, qui, de son côté, reconnaissait avec une profonde reconnaissance le trésor inestimable que Dieu lui avait envoyé, ainsi qu’à son œuvre dans ce compagnon de travail. Mélanchthon écrivit à son ami Œcolampadius, à Bâle, un récit de la dispute de Leipzig, qui tomba par hasard entre les mains d’Eck. Il en résulta une controverse littéraire, dans laquelle la vaine surestimation d’Eck de lui-même apparaît en contraste très frappant avec la noble modestie de Mélanchthon. Il participa à la Réforme pour la première fois en février de l’an J.-C. 1521, par une apologie pseudonyme de Luther.361
122.6. George Spalatin.―En conséquence de sa position influente à la cour de l’électeur, qu’il obtint sur le terrain de Mutian ( 120, 2) Après avoir terminé ses études philosophiques, juridiques et théologiques à Erfurt, George Burkhardt, né en A.D. En 1484, à Spalt, dans le diocèse d’Eichstadt, et donc appelé Spalatinus, il joua un rôle important dans la Réforme germanique. Frédéric le Sage, qui avait, en apr. J.-C.En 1509, il lui confia l’éducation de son neveu Jean-Frédéric, le nomma en 1509 . 1514, son aumônier de cour, son bibliothécaire et son secrétaire particulier, en cette qualité il accompagnait l’électeur à toutes les diètes, et était presque exclusivement le canal pour lui communiquer des nouvelles de Luther. Jean le Constant, en apr. J.-C.En 1525, il le nomma surintendant d’Altenbourg, et l’emmena avec lui à la diète de Spires, en 1525 . 1526, 1529, et d’Augsbourg en A.D. Année 1530. Jean-Frédéric le Magnanime, son ancien élève, l’employa en A.D. 1537 sur d’importantes négociations à la conférence des princes à Schmalkald [Schmalcald] ( 134, 1). D’après J.-C. 1527 Spalatin s’occupa particulièrement de la visite et de l’organisation de l’église saxonne ( 127, 1), Il a mené, dans l’intérêt de la Réforme, une correspondance abondante et a composé plusieurs ouvrages sur l’histoire de son temps et sur l’histoire de la Réforme.
La dispute de Leipzig avait amené Luther à un point de vue plus avancé. Il en vint à comprendre qu’il ne pouvait pas rester debout à mi-chemin, que l’application du principe de la Réforme, la justification par la foi, était incompatible avec le système hiérarchique de la papauté et son fondement dogmatique. Mais au milieu de toute la violence et de l’unilatéralité subjective dont il fit preuve au début de cette période de conflit, il avait assez de maîtrise de lui-même pour mettre en évidence le caractère spirituel de ses efforts de réforme et pour rejeter fermement les armes charnelles qu’Ulrich von Hutten et ses compagnons révolutionnaires voulaient qu’il prenne, reconnaissant comme il l’était de leur chaleureuse sympathie. Son point de vue en tant que réformateur est montré dans les écrits qu’il a publiés au cours de cette période. La bulle romaine d’excommunication le provoqua à des paroles fortes et à des mesures extrêmes, et avec une hardiesse héroïque il entra à Worms pour présenter à l’empereur et à la diète un compte rendu de ses actions. L’interdiction papale a été suivie par le décret impérial de mise hors la loi. Mais l’exilé de la Wartburg le sauva des mains de ses ennemis et de ses amis.
123.1. Les trois principaux écrits de Luther sur la Réforme, apr. J.-C. 1520. — Dans le puissant traité « À Sa Majesté Impériale et à la noblesse chrétienne de la nation allemande sur l’amélioration de la condition chrétienne », paru au commencement du mois d’août de l’an J.-C. 1520, Luther bombarde d’abord les trois murs derrière lesquels les romanistes se sont retranchés, la supériorité du pouvoir spirituel sur le pouvoir civil, le seul droit du pape d’interpréter l’Écriture et de convoquer des conciles œcuméniques. Ensuite, il recommande aux laïcs, comme consacrés par le baptême à un sacerdoce spirituel, en particulier aux dirigeants civils ordonnés de Dieu, la tâche d’accomplir la réforme que la parole de Dieu exige, mais que le pape et le clergé entravent ; Et puis, finalement, il lance un appel puissant pour mener à bien ce travail d’une manière pratique. Il dénonce les fausses prétentions de la curie pontificale, exige la renonciation aux annats et la confirmation papale des évêques nouvellement élus, l’abandon complet de l’interdit et de l’abus de l’excommunication, l’interdiction des pèlerinages et de la mendicité des moines, la limitation des jours saints, la réforme des universités, la permission pour le clergé de se marier, la réunion avec les Picards de Bohême (119, 8), Le second ouvrage, De la captivité babylonienne de l’Église, est un traité dogmatique, et il est dirigé principalement contre le mauvais usage des sacrements et le fait qu’on les considère comme sept, qui ont été faits entre les mains du pape un instrument de tyrannie sur l’Église. Il n’y en a que trois qui soient reconnues comme fondées sur l’Écriture : le baptême, la pénitence et la Cène du Seigneur, avec la remarque que, à proprement parler, même la pénitence, en tant qu’elle manque d’un signe extérieur, ne peut pas être appelée sacrement. La doctrine de la transsubstantiation, le refus de la coupe aux laïcs et l’idée d’un sacrifice dans la messe sont résolument rejetés. Le troisième traité, « De la liberté de l’homme chrétien », entre dans le domaine de l’éthique. Il représente la vie du chrétien, enracinée dans la foi justificatrice, comme une unité complète avec le Christ. Sa relation avec le monde qui l’entoure est donc exposée en deux propositions : l’homme chrétien est un maître libre de toutes choses, et n’est soumis à personne ; et l’homme chrétien est un serviteur de toutes choses, et soumis à tous. D’une part, il a la liberté parfaite d’un roi et d’un prêtre placé sur toutes les choses extérieures ; mais, d’un autre côté, il cède une soumission complète dans l’amour à son prochain, ce qu’exige sa liberté même, en tant que considération pour les faibles.362
123.2. La bulle pontificale d’excommunication, apr. J.-C. 1520. — Afin de recueillir les fruits de sa prétendue victoire à Leipzig, Eck s’était rendu à Rome, et en était revenu triomphant comme nonce apostolique avec la bulle Exsurge Domini du 16 juin. Il accusait Luther de quarante et une hérésies, recommandait de brûler ses œuvres et menaçait de le mettre au ban s’ils ne se rétractaient pas dans les soixante jours. Miltitz renouvela ses tentatives de conciliation, qui n’aboutirent cependant à aucun résultat, bien que Luther, pour montrer au moins sa bonne volonté, assistât à la conférence et, comme base d’une compréhension mutuelle, publia son traité « De la liberté d’un homme chrétien », en octobre après J.-C. Année 1520. Il l’accompagna d’une lettre au pape, dans laquelle il le traitait avec un respect personnel, comme une brebis au milieu des loups et comme un Daniel assis au milieu des lions ; mais il n’y avait là aucune parole de repentir ni de désir de se rétracter. On aurait pu facilement prévoir que ces deux documents seraient tout à fait déplaisants pour la cour romaine. Pendant ce temps, Eck avait lancé le taureau. Luther publia une polémique cinglante contre elle, et renouvela son appel, lancé deux ans auparavant, à un concile œcuménique. En Saxe, Eck ne gagna que le mépris et l’opprobre avec son taureau ; mais à Lyon, à Mayence, à Cologne, etc., les œuvres de Luther ont été brûlées. C’est alors que Luther a pris la mesure la plus audacieuse de toute sa carrière. Avec une suite nombreuse de médecins et d’étudiants, qu’il avait invités par un avis affiché au tableau, le 10 décembre de notre ère. En 1520, à la porte Elster de Wittenberg, il jeta dans le tas de flammes la bulle et les décrétales pontificales avec ces mots : « Parce que tu as troublé les saints du Seigneur, que le feu éternel te consume. » C’était le renoncement total du pape et de son Église, et avec lui il a coupé toute possibilité de retour.
123.3. Érasme, A.D. 1520. ― Érasme ( 120, 6) avait été jusque-là en bons termes avec Luther. Ils se tenaient mutuellement une véritable considération. Aussi diverses que fussent leurs tendances positives, ils étaient d’accord pour lutter contre la scolastique et la monasterie. Érasme n’était pas fâché de voir des coups aussi rudes portés aux moines détestés, et refusait constamment d’écrire contre Luther ; il n’avait pas non plus, avouait-il, le désir d’apprendre de sa propre expérience le tranchant des dents de Luther. Lorsque la bulle papale parut, il la désapprouva sans hésiter et refusa même de croire à son authenticité. En tant qu’oracle de son époque, beaucoup s’adressaient à lui pour avoir son opinion sur la question. Son jugement était que ce n’était pas la décision papale en elle-même, mais son style et sa forme qui devaient être désapprouvés. Il désirait un tribunal d’hommes savants et pieux et trois princes (l’empereur et les rois d’Angleterre et de Hongrie), au verdict desquels Luther aurait à se soumettre. Lorsque Frédéric le Sage le consulta, il exprima l’opinion que Luther avait fait deux erreurs, en touchant la couronne du pape et le ventre des moines ; il regrettait dans les procédés de Luther un manque de modération et de discrétion. Ce n’est pas sans profit que l’électeur entendit ainsi parler l’oracle. — Suite 125, 3.
123.4. La controverse de Luther avec Emser, A.D. 1519-1521. — Emser, secrétaire et orateur au service du duc Georges, après la dispute de Leipzig, à laquelle il avait assisté, chercha par des lettres à s’aliéner les Bohémiens (139, 19) de la part de Luther, le représentant comme ayant parlé avec amertume contre eux. Cela poussa Luther à faire une réponse passionnée. Après que plusieurs pamphlets d’un caractère violent eurent été publiés par les deux combattants, Emser lança son accusation dans un traité complet et complet, auquel Luther répondit dans son ouvrage : « La réponse de Martin Luther au livre non chrétien, ultra-ecclésiastique et trop ingénieux de l’Emser à Leipzig ». Ils avaient aussi un passage serré à armes l’un avec l’autre, en J.-C. 1524, sur la canonisation de l’évêque Benno de Meissen, à laquelle Emser, par ordre de son duc, prit une part zélée ( 129, 1). Mais tous les écrits ultérieurs de cette controverse, Luther les a laissés sans réponse. Emser, avec beaucoup d’amertume, attaqua la traduction de la Bible par Luther, dans laquelle il prétendait avoir trouvé 1 400 falsifications hérétiques et plus de 1 000 bévues lexicales. Luther était assez candide pour reconnaître que plusieurs de ses animadversions n’étaient pas sans fondement. Sur la traduction d’Emser lui-même, parue peu de temps avant sa mort en A.D. 1527, voir 149, 14.
123.5. L’empereur Charles-Quint.—L’empereur Maximilien était mort le 12 janvier de l’ère chrétienne. Année 1519. L’électeur de Saxe, en tant qu’administrateur de l’empire, réussit à déterminer l’élection, qui eut lieu le 28 juin de notre ère. 1519, contre le candidat français, François Ier, soutenu par le pape, en faveur du jeune roi d’Espagne, Charles Ier, petit-fils de Maximilien. Retenu chez lui par les affaires espagnoles, c’était le 23 octobre de notre ère. 1520, avant d’être couronné à Aix-la-Chapelle. Tous les espoirs étaient maintenant tournés vers le jeune empereur. On s’attendait à ce qu’il se mette à la tête du mouvement religieux et national en Allemagne. Mais Charles, peu inspiré par le sentiment allemand, et même ignorant de la langue allemande, avait d’autres intérêts, qu’il n’était pas enclin à subordonner à la politique allemande. La couronne allemande n’était pour lui qu’une partie intégrante de son pouvoir. Ses intérêts doivent s’accommoder des intérêts communs de tous les domaines, sur lesquels le soleil ne se couche jamais. Il considérait le mouvement allemand comme un mouvement de haute importance, mais il le considérait moins sous son aspect religieux que sous son aspect politique. Cela lui a fourni les moyens de tenir le pape en échec et de l’obliger à poursuivre en justice pour obtenir sa faveur. Deux choses exigeaient du pape comme prix à payer pour réprimer le mouvement allemand : la renonciation à l’alliance française et l’abrogation du bref pontifical par lequel une transformation avait été recommandée de l’Inquisition espagnole, le principal contrefort de la monarchie absolue en Espagne. Le pape accéda à ces deux exigences, et les espoirs des Allemands en leur nouvel empereur, qu’il libérerait enfin leur nation du joug exaspérant de Rome, furent ainsi complètement anéantis.
123.6. La Diète à Worms, A.D. 1521. — Immédiatement après l’arrivée de la bulle, l’empereur lui donna pleine force de loi dans les Pays-Bas, où il résidait alors. Il n’osa pas tout de suite faire la même proclamation pour l’Allemagne, surtout par égard pour Frédéric le Sage, le prince de Luther lui-même, qui insistait pour qu’il ne fût pas condamné sans avoir été entendu. Négociations personnelles entre Frédéric et l’empereur et ses conseillers à Cologne, en novembre de l’an J.-C. L’année 1520 se termina par une demande de l’électeur d’amener Luther à la diète, convoquée à Worms, le 28 janvier de notre ère. 1521 ; mais sur le désir d’Aléandre, nonce apostolique, qui protestait énergiquement contre la proposition que les juges civils traitent des questions de foi avec un hérétique déjà condamné, l’empereur, en décembre, retira cette sommation. Au début de février, il y eut un bref pontifical, dans lequel il était prié d’urgence de donner effet à la bulle dans toute l’Allemagne. Aléandre a même esquissé un mandat impérial pour son exécution, mais n’a pas pu empêcher l’empereur de le soumettre à ses conseillers pour leur avis et leur approbation. Cela a été fait à la mi-février. Et voilà qu’il s’éleva une tempête d’opposition tout à fait inattendue. Les conseillers demandèrent que Luther fût amené sous un sauf-conduit impérial à Worms, pour y répondre de lui-même. Ses attaques contre les abus des Romains, ils ne voulaient pas et ne pouvaient pas les considérer comme des crimes, car eux-mêmes, avec le duc George à leur tête, avaient présenté au pape une plainte contenant 101 chefs d’accusation. D’autre part, ils déclarèrent que si Luther ne rétractait pas ses caprices doctrinaux, ils seraient prêts à exécuter l’édit. Ils persistèrent dans cette attitude lorsqu’un autre projet leur fut proposé, qui insistait sur l’autodafé des écrits de Luther. Au début du mois de mars, une troisième proposition lui fut faite, qui ne demandait que la mise sous séquestre temporaire de ses œuvres. Et ils ont accepté. L’empereur, quoique contre son gré, se soumit à leur demande, et cita le réformateur de Wittenberg pour répondre de lui-même à Worms. Le 6 mars, il signa une sommation, accompagnée d’un sauf-conduit, destinée, comme le dit Aléandre dans une lettre à Rome, plutôt à l’effrayer de venir qu’à désirer sa présence. Mais le résultat n’a pas été celui qu’ils souhaitaient. Le courrier chargé de remettre cette citation ne fut pas envoyé, mais à sa place, le 12, un héraut impérial, qui remit à Luther une invitation respectueuse commençant par l’adresse : « Noble, cher et vénérable monsieur. » Ce héraut devait le conduire honorablement et sain et sauf à Worms, et le ramener sain et sauf. Tout cela se fit dans le dos d’Aléandre, qui l’apprit le 15, et n’eut certainement pas tort d’attribuer le changement d’avis de l’empereur à un soupçon d’intrigues politiques françaises, dans lesquelles Léon X, malgré ses négociations d’alliance avec l’empereur, aurait eu part. Deux semaines plus tard, cependant, ces soupçons se sont avérés infondés. Trop tard, on regretta l’envoi du héraut, et l’on s’efforça de se concilier le nonce par la publication du mandat de séquestration, qui avait été supprimé jusque-là.
Pendant ce temps, Luther n’était pas inactif à Wittenberg, attendant avec un calme héroïque l’issue des négociations de Worms. Il prêchait deux fois par jour, donnait des conférences à l’université, enseignait et exhortait par des livres, des lettres et des conversations, combattait avec ses adversaires, en particulier Emser, etc. Pendant que Luther s’occupait de ces multiples tâches, le héraut impérial arriva. Il mit tout de côté et, le 2 avril, il obéit hardiment et avec confiance à l’appel. Les craintes de ses amis de Wittenberg et les conseils de rebrousser chemin qui lui parvinrent sur son chemin furent repoussés avec la conscience héroïque qu’il était sur le chemin du devoir. Il avait écrit le 14 mars au Spalatin : Intrabimus Wormatiam invitis omnibus portis inferni et potentatibus aëris ; et de nouveau d’Oppenheim, il lui écrivit qu’il irait à Worms, même s’il y avait là autant de diables que de tuiles sur les toits. Une autre tentative fut faite contre lui à Oppenheim. Le confesseur de l’empereur, Glapio, un franciscain, qui n’était nullement un adorateur aveugle de la curie romaine, pensait qu’il était possible de parvenir à une bonne entente. Il était d’avis que si Luther retirait seulement les pires de ses livres, en particulier celui sur la captivité babylonienne, et reconnaissait les décisions du concile de Constance, tout pourrait être réglé d’accord. C’est dans ce dessein qu’il s’adressa à l’électeur de Saxe, et, comme il n’y recevait aucun encouragement, à Franz von Sickingen, qui invita Luther, à son arrivée à Ebernburg, près de Worms, à une entrevue avec Glapio. mais Luther déclina l’invitation. — Tout son voyage, il fut comme une marche triomphale. Le 16 avril, au milieu d’un grand concours de peuple, il entra à Worms, avec ses amis Justus Jonas et Nic. Amsdorf, ainsi que son conseiller juridique Jérôme Schurf. Il a été convoqué le lendemain. Il reconnut que les livres étalés devant lui étaient les siens, et lorsqu’on lui demanda de se rétracter, il demanda un ajournement d’un jour. Le 18, le procès proprement dit commença. Luther distinguait trois catégories de ses écrits, les traités systématiques, les traités controversés contre la papauté et la doctrine papale, et les traités controversés contre les particuliers, et ne savait pas qu’il y avait dit quoi que ce soit qu’il pût rétracter. On lui a demandé de donner une réponse directe. Il en donna ensuite un « sans cornes ni dents », disant qu’il ne pouvait et ne voulait rien rétracter à moins qu’il ne soit prouvé qu’il était faux de l’Écriture, ou sur d’autres raisons bonnes et claires, et il concluait par ces mots : « Me voici ; Je ne peux pas en faire autrement ! Que Dieu me vienne en aide, Amen. Parmi les chevaliers et les princes allemands, il avait gagné beaucoup de cœurs, mais n’avait fait aucune impression favorable sur l’empereur, qui, lorsque Luther dénonça l’autorité absolue des conciles, arrêta les procédures et renvoya le moine hérétique. Le lendemain, sans consulter l’avis des conseillers, il prononça une sentence de condamnation inconditionnelle. Mais les conseillers ne voulurent pas que l’affaire fût réglée de cette manière, et l’empereur fut obligé, le 24 avril, de rouvrir les négociations devant une commission spéciale, sous la présidence de l’archevêque de Trèves. Une conférence privée de l’archevêque et de Luther, le 25, au cours de laquelle le prélat accompagna son exhortation à se rétracter de la promesse d’un riche priorat dans son voisinage, sous sa protection et sa faveur et celles de l’empereur, fut vaine. Luther appuya son refus en se référant avec assurance aux paroles de Gamaliel, Actes v. 38. Le 26 avril, il quitta Worms sans encombre; car l’empereur avait résolument refusé de céder à l’infâme proposition de violer le sauf-conduit d’un hérétique. — En conséquence du refus persistant de Luther de se rétracter, la majorité de la diète se déclara prête à accepter le jugement de l’empereur contre lui. Celui-ci confia alors à Aléandre la rédaction d’un nouveau mandat qui devait proclamer dans les termes les plus sévères l’interdiction de l’empire contre Luther et tous ses amis. Après qu’il eut été approuvé dans un conseil du cabinet impérial et qu’il fut prêt à être imprimé dans sa forme définitive en latin et en allemand, avec la date du 8 mai, il fut soumis à la signature de l’empereur, ce qu’il différa cependant de jour en jour, et enfin, malgré toutes les remontrances du nonce, il décida qu’il devait être produit avant la diète. Quand il parut qu’il fallait le faire, les deux nonces furent tous impatients de le faire passer bientôt. Mais ce ne fut que le 25 mai, après la clôture de la diète, et après le départ de plusieurs princes, surtout des électeurs de Saxe et du Palatinat, que Charles leur fit présenter l’édit, auquel tous les assistants consentirent. Le 26 mai, après le service divin à l’église, il signa solennellement les formules latine et allemande, qui furent publiées au son des trompettes le lendemain, et le mercredi les livres de Luther furent brûlés. Peut-être soupçonnait-il le pape d’un nouvel acte de trahison politique ; probablement aussi voulait-il différer la publication de l’édit jusqu’à ce que les conseillers impériaux eussent promis de contribuer à son voyage projeté à Rome, et peut-être jusqu’à ce que les nobles dissidents de la procédure contre Luther se fussent retirés.
123.8. L’exil de la Wartburg, A.D. 1521, 1522. — Quelques jours après que Luther eut congédié le héraut impérial, sa voiture fut arrêtée dans un bois près d’Eisenach par deux chevaliers déguisés avec quelques serviteurs. Il fut lui-même emmené avec violence et conduit à la Wartburg, où il devait rester en habit de chevalier sous le nom de Junker Georg sans rien savoir de plus de l’affaire. C’était, en effet, une machination du sage électeur, bien qu’il n’ait probablement pas pris une part active à l’affaire, de sorte qu’il pouvait déclarer à Worms qu’il ne savait rien du moine saxon. Les rapports les plus contradictoires ont été diffusés. Quelquefois le cardinal Albert de Brandebourg ( 122, 2) était considéré comme l’auteur de l’acte, parfois Franz von Sickingen ( 124, 2), quelquefois un noble franconien qui était en bons termes avec Frédéric. Et comme la nouvelle se répandit rapidement que le corps de Luther, percé d’une épée, avait été trouvé dans une ancienne mine d’argent, le tumulte à Worms devint si grand qu’Aléandre eut de bonnes raisons de craindre pour sa vie. par des tracts édifiants et émouvants, qu’il vivait encore, et qu’il n’était pas enclin à être réduit au silence ou réprimé. Il acheva l’exposé du Magnificat, travailla sur l’exposition latine des Psaumes, publia la première série de ses « Postils ecclésiastiques », écrivit une « Instruction aux pénitents », un livre « Sur la confession, si le pape a le pouvoir de l’ordonner », un autre « Contre les abus de la messe », aussi « Sur les vœux sacerdotaux et monastiques », etc. Lorsque le cardinal Albert, en septembre de l’an J.-C. 1521, proclama un pèlerinage avec une indulgence illimitée à la châsse des reliques de Halle ( 115, 9), Luther a écrit un tract cinglant, « Contre la nouvelle idole à Halle ». Et quand Spalatin l’assura que l’électeur ne souffrirait pas qu’on le lui donnât, il refusa de le refuser, mais lui envoya le petit livre, avec ordre impératif de le remettre à Mélanchthon pour qu’il le publiât. Tandis que Spalatin tardait encore sa sortie, Luther quitta son château, se dirigea vers Wittenberg à travers le cœur même des territoires du duc Georges, et apparut soudain parmi ses amis dans l’habit d’un chevalier, avec une longue barbe et de longs cheveux. Lorsqu’il apprit que le simple rapport de ce qu’il se proposait de faire avait conduit les gens de Halle à arrêter le trafic des indulgences, il décida de ne pas procéder à la publication, mais il adressa à Albert une lettre dans laquelle l’archevêque devait lire plus d’un mot fort sur « la fourberie des indulgences, « l’endurcissement de la condition de pharaon des tyrans ecclésiastiques », etc. Le prélat envoya une réponse des plus humbles, des plus désolées et des plus gracieuses au hardi réformateur. Luther retourna alors à son exil protecteur, tel qu’il l’avait laissé, sans être inquiété. Mais plus elle se prolongeait, plus cette tutelle électorale devenait insupportable. Il préférerait « brûler sur des charbons ardents plutôt que de passer ainsi une vie à moitié oisive ». Mais c’est précisément cet exil forcé qui a sauvé Luther et la Réforme d’un renversement total. Outre les dangers de l’interdiction de l’empire, qui l’aurait peut-être obligé de se jeter dans les bras de Hutten et de ses compagnons, et d’avoir ainsi fait de la Réforme une révolution, cet enfermement dans la Wartburg fut à divers égards une bénédiction pour Luther et son œuvre. Il était important que les hommesIl apprit à distinguer entre l’œuvre de Luther et la personne de Luther, et la discipline de cet exil sur Luther lui-même fut d’une importance encore plus grande. Il risquait d’être entraîné hors de la voie de la réforme positive dans celle du révolutionnisme violent. Les loisirs de la Wartburg lui donnaient le temps de réfléchir tranquillement sur lui-même et sur son travail, sur les extravagances des fanatiques de Wittenberg et sur les excuses extravagantes des prophètes de Zwickau (124, 1) pouvaient être estimés avec une liberté de préjugés qui aurait été impossible à quelqu’un vivant et se mouvant au milieu d’eux. De plus, il n’avait pas atteint la maturité des connaissances théologiques nécessaires à la conduite de sa grande entreprise, et il était à bien des égards entravé par un subjectivisme unilatéral. Dans sa réclusion, il pouvait passer d’une critique purement destructrice à la construction et, par une étude tranquille des Écritures, il devenait capable d’élargir, de purifier et de confirmer sa connaissance religieuse. Mais le plus important de tous était le projet qu’il forma dans la Wartburg, et en ce qui concerne le Nouveau Testament qui s’y réalisa, de traduire l’ensemble des Écritures.363
123.9. L’attitude de Frédéric le Sage à l’égard de la Réforme.―Frédéric le Sage, A.D. 1486-1525, a généralement été appelé « le promoteur de la Réforme ». Kolde, cependant, a cherché à le représenter comme favorable à Luther en raison de son intérêt pour l’université de Wittenberg qu’il a fondée, dont le succès était dû en grande partie à Luther, et en raison de son désir patriotique de voir les questions allemandes réglées chez lui plutôt qu’à Rome. Cet auteur suppose qu’après la Diète de Worms, Frédéric ne s’intéressa pas particulièrement à la Réforme, si ce n’est qu’il regardait comment les choses allaient tourner. À tout cela, Köstlin a répondu que toute l’attitude de Frédéric pendant la diète de Worms trahissait un intérêt chaleureux et sincère pour la vérité évangélique ; que sa correspondance avec Tucher de Nuremberg, A.D. 1518-1523, soutient cette opinion ; que dans l’une de ces lettres, il s’adresse à son correspondant avec une satisfaction évidente en bon luthérien ; que dans une autre, il joint un exemplaire de l’Assertio omnium articulorum de Luther ; qu’à une époque ultérieure il lui envoie un exemplaire du Nouveau Testament de Luther, et exprime l’espoir qu’il obtiendra la bénédiction spirituelle de sa lecture. Lui-même trouva sa plus grande consolation à l’heure de la mort, prenant part à la communion sous les deux espèces, à la manière réformée, qui ôte tout lieu de soupçonner qu’il n’a cédé qu’aux importunités de son frère Jean et de son chapelain Spalatin. Et même si Frédéric, jusqu’à J.-C. En 1522, il continua d’augmenter la riche collection de reliques qu’il avait précédemment constituée pour l’église de son château, ce qui prouve seulement que ce n’est pas d’un seul coup, mais seulement peu à peu, qu’il a pu se détacher de ses tendances et de ses prédilections religieuses antérieures.
Pendant l’absence de Luther, la Réforme de Wittenberg n’avança que trop rapidement et finit par tomber dans les extravagances les plus folles. Mais Luther s’y hâta, régla le mouvement et le guida dans les sages voies évangéliques. Ce fanatisme naquit à Wittenberg, mais s’étendit bientôt à d’autres régions. La Réforme était en même temps menacée d’un danger venant d’un autre côté. Le mouvement religieux entra en contact avec la lutte des chevaliers allemands contre les princes et celle des paysans allemands contre les nobles, et risquait d’être identifié à ces processus révolutionnaires et de partager leur sort. Mais Luther tint bon comme un mur contre toutes les tentations, et ainsi ces dangers furent évités.
124.1. Le fanatisme de Wittenberg, A.D. 1521, 1522. — En apr. J.-C. 1521 Un augustin, Gabriel Didyme ou Zwilling, prêche une violente tirade contre les vœux et les messes privées. À la suite de ce sermon, treize des frères de son ordre se retirèrent aussitôt. Deux prêtres du voisinage se marient. Carlstadt écrivit contre le célibat et suivit leur exemple. Au couvent de Wittenberg, les sécessions de l’ordre étaient permises à volonté, et la mendicité, ainsi que le sacrifice de la messe, était abolie. Mais les choses ne se sont pas arrêtées là. Didyme, et plus encore Carlstadt, répandirent un esprit fanatique parmi le peuple et les étudiants, qui furent encouragés dans les actes de violence les plus sauvages. Les offices publics furent troublés pour mettre fin à l’idolâtrie de la messe, les images furent jetées hors des églises, les autels furent démolis, et l’on manifesta le désir d’en finir avec la science théologique aussi bien qu’avec les ordres cléricaux. Un esprit fanatique commença alors à se répandre aussi à Zwickau. À la tête de ce mouvement se trouvaient le tailleur Nicolas Storch et un lettré Marcus Stübner, qui se vantait des révélations divines ; tandis que Thomas Münzer, avec une éloquence fervente, proclamait le nouvel évangile du haut de la chaire. Retenus par les mesures énergiques prises contre eux, les prophètes de Zwickau errèrent à l’étranger. Münzer se rendit en Bohême, Storch et Stübner à Wittenberg. Là, ils ont raconté leurs révélations et se sont insurgés contre le baptême des enfants comme étant une œuvre de Satan. L’effervescence à Wittenberg grandissait de jour en jour. Les ennemis de la Réforme se réjouissaient ; Mélanchthon ne put donner aucun conseil, et l’électeur fut confondu. Alors Luther ne pouvait plus se contenir. Contre l’ordre exprès de l’électeur, il quitta la Wartburg le 3 mars de l’an J.-C. En 1522, il lui écrivit une noble lettre, se prévalut de son incognito de chevalier en chemin, et parut publiquement à Wittenberg. Pendant une semaine, il prêcha quotidiennement contre le fanatisme et obtint le contrôle total des éléments révolutionnaires sauvages. Les prophètes de Zwickau quittèrent Wittenberg. Carlstadt resta, mais pendant quelques années, il garda le silence. Luther et Mélanchthon s’efforçaient alors d’assurer une base positive à la Réforme. Melanchthon avait déjà fait ses débuts en J.-C. 1521 par la publication de ses Loci communes rerum theologicarum. Luther maintenant, en A.D. En 1522, contre la volonté décidée de son ami, il publia ses Annotationes in epist. t. Pauli ad Rom. et Cor. En septembre de la même année parut la traduction de Luther du N.T. En plus de ceux-ci, il publia également plusieurs traités de défense de la Réforme.
124.2. Franz von Sickingen, A.D. 1522, 1523. — Une querelle privée amena Franz von Sickingen à attaquer l’électeur et l’archevêque de Trèves en A.D. 1522, mais bientôt d’autres intérêts furent en jeu, et il fut rejoint par tout le parti des chevaliers. L’adversaire de Sickingen était un prélat et un ennemi déclaré de la Réforme, et il était aussi un prince et un pair de l’empire. Dans les deux personnages, il est opposé à Sickingen, qui appelle à l’aide au nom de la religion et de la liberté. Les chevaliers, mécontents du gouvernement et de la bureaucratie impériale, des princes et des prélats, se pressèrent sous son étendard. Sickingen aurait également volontiers obtenu le moine de Wittenberg comme allié, mais Luther n’était pas à gagner. L’entreprise de Sickingen échoua. L’électeur du Palatinat et le jeune landgrave de Hesse accoururent au secours de leurs voisins assiégés. Les chevaliers furent renversés l’un après l’autre ; Sickingen mourut des suites de ses blessures mortelles en mai de son ère. 1523, immédiatement après la prise d’Ebernburg. Le pouvoir des chevaliers était complètement brisé. La Réforme perdit ainsi, il est vrai, de braves et nobles protecteurs, mais elle fut elle-même sauvée.
124.3. Andrew Bodenstein de Carlstadt, A.D. 1524, 1525. — Même après la suppression du fanatisme de Wittenberg, Carlstadt continua à entretenir ses idées révolutionnaires, et ce ne fut qu’avec peine qu’il se retint pendant quelques années. En apr. J.-C. En 1524, il quitta Wittenberg et se rendit à Orlamünde. Avec d’amères invectives contre le papisme de Luther, il y reprit son iconoclasme et avança sa doctrine de la Cène du Seigneur, dans laquelle la présence réelle du corps et du sang du Christ était absolument niée (131, 1). Afin d’éviter les troubles, Luther, sur l’ordre de l’électeur, se rendit à Iéna, et là, en présence de Carlstadt, prêcha avec la plus grande insistance contre les briseurs d’image et les sacramentaires. Cela souleva l’indignation de Carlstadt. Lorsque Luther visita Orlamünde, il fut accueilli par des jets de pierres et des malédictions. Carlstadt fut alors banni de ses territoires par l’électeur. Il se rendit ensuite à Strasbourg, où il chercha à gagner les deux pasteurs évangéliques, Bucer et Capito. Luther publia une lettre d’avertissement : « Aux chrétiens de Strasbourg ». Carlstadt se rendit à Bâle et publia des tracts violents contre la « théologie non spirituelle et irrationnelle » de Luther. Luther répondit en apr. J.-C. 1525, sérieusement, complètement et fermement dans son traité : « Contre les prophètes célestes, ou les images et les sacrements. » Carlstadt s’était assuré le soutien des réformateurs suisses, qui continuèrent la controverse avec Luther. Il s’engagea dans la guerre des paysans, et ensuite, par l’intercession de Luther auprès de l’électeur, il obtint la permission de retourner en Saxe. Il rétracta ses erreurs, mais renoua bientôt avec ses anciennes pratiques désordonnées ; et, après une carrière singulièrement mouvementée, il mourut comme professeur et prédicateur à Bâle pendant la peste de l’an J.-C. Année 1541.
124.4. Thomas Münzer, A.D. 1523, 1524. — Les prophètes, lorsqu’ils furent expulsés de Wittenberg, ne restèrent pas oisifs, mais se mirent à produire toutes sortes de désordres dans l’Église et dans l’État. À la tête de ces perturbateurs se trouvait Thomas Münzer. Après son expulsion de Zwickau, il s’était rendu en Bohême, où il avait été reçu comme apôtre de la doctrine taborite (119, 7). En apr. J.-C. En 1523, il retourna en Saxe et s’installa à Allstadt [Allstädt] en Thuringe, et après avoir été chassé par l’électeur, il se rendit à Mühlhausen. Dans les deux endroits, il obtint bientôt un grand nombre d’adeptes. La Réforme de Wittenberg n’a pas été condamnée moins que la papauté. Ce n’est pas la parole de l’Écriture, mais l’Esprit qui devait être le principe de la Réforme ; Non seulement tout ce qui était ecclésiastique, mais aussi tout ce qui était civil devait être spiritualisé et réorganisé. La doctrine de la liberté évangélique du chrétien a été grossièrement mal conçue, les sacrements méprisés, le baptême des enfants dénoncé, et le seul poids a été mis sur le baptême de l’Esprit. Les princes doivent être chassés de leurs trônes, les ennemis de l’Évangile détruits par l’épée, et tous les biens doivent être mis en commun. Lorsque Luther écrivit une lettre d’avertissement à l’église de Mühlhausen à ce sujet, Münzer publia une réplique injurieuse, dans laquelle il parlait avec mépris du « Christ doux comme le miel » de Luther et de « l’évangile astucieusement conçu ». De Mühlhausen, Münzer partit en croisade de prosélytisme en A.D. 1524, à Nuremberg, puis à Bâle, mais ne trouva que peu d’écho dans l’une ou l’autre ville. Ses extravagances révolutionnaires eurent plus de succès parmi les paysans de l’Allemagne méridionale.
124.5. La guerre des paysans, A.D. 1524, 1525. — Les paysans de l’empire gémissaient depuis longtemps sous leurs lourds fardeaux. Deux fois déjà, en A.D. En 1502, en 1514, ils s’étaient révoltés, sans grand avantage pour eux-mêmes. Lorsque les idées de Luther sur la liberté de l’homme chrétien leur parvinrent, ils tirèrent à la hâte des conclusions conformes à leurs propres désirs. La prédication fanatique de Münzer conduisit à l’adoption de théories encore plus résolument communistes. En août, A.D. En 1524, en Forêt-Noire, une rébellion éclate, qui est cependant rapidement réprimée. Au début de l’ère A.D. 1525 Les troubles éclatent à nouveau. Les paysans exposèrent leurs revendications en douze articles, qu’ils insistèrent pour que les princes, les nobles et les prélats acceptent. Toute la Franconie et la Souabe furent bientôt sous leur pouvoir, et même de nombreuses villes firent cause commune avec eux. Münzer n’était cependant pas satisfait de ce succès. Les douze articles étaient trop modérés pour lui, et les conditions qui avaient été conclues avec les nobles et le clergé lui déplaisaient encore davantage. Il retourna en Thuringe et s’installa à nouveau à Mühlhausen. De là, il répandit son fanatisme dans tout le pays et organisa une révolte générale. Avec une cruauté impitoyable, des milliers de personnes ont été massacrées, tous les cloîtres, les châteaux et les palais ont été impitoyablement détruits. Aussi hardiment que Luther avait attaqué la tyrannie ecclésiastique existante, il laissa résolument les affaires civiles tranquilles. Il prêchait que l’Évangile rend l’âme libre, mais pas le corps ou la propriété. Il éprouvait une profonde sympathie pour les paysans durement opprimés, et tant que leurs revendications n’allaient pas au-delà des douze articles, il espérait pouvoir régler le mouvement par la force de la parole. Les révolutionnaires eux-mêmes, dans leur douzième article, avaient offert d’abandonner toutes leurs prétentions qui n’auraient aucun fondement de la parole de Dieu. Lorsque les troubles de Münzer commencèrent en Thuringe, Luther visita les villes les plus menacées et les exhorta au calme et à l’obéissance. Mais la mort de l’électeur, le 5 mai, le rappela à Wittenberg. C’est de là qu’il publia ses Exhortations à la paix sur les douze articles des paysans souabes, dans lesquelles il s’adresse vivement à la conscience des nobles non moins qu’à celle des paysans. Mais quand l’agitation continua à s’étendre et qu’une énormité après l’autre fut perpétrée, il donna libre cours à sa colère en termes non mesurés dans son livre « Contre les paysans qui volent et assassinent ». Là, avec des paroles enflammées, il appela vigoureusement les princes à écraser la rébellion fanatique. Philippe de Hesse fut le premier à entrer sur le terrain. Il est rejoint par le nouvel électeur de Saxe, frère de Frédéric, Jean le Constant. 1525-1532, ainsi que par Georges de Saxe et Henri de Brunswick. Le 15 mai de l’an J.-C. En 1525, les rebelles sont anéantis après une lutte acharnée à Frankenhausen. Münzer est fait prisonnier et décapité. Même dans le sud de l’Allemagne, les princes furent bientôt maîtres de la situation. Dans cette guerre, 100 000 hommes avaient perdu la vie et les districts les plus fertiles avaient été transformés en déserts stériles.
Les compagnons de travail de Luther dans l’œuvre de l’Évangile augmentaient de jour en jour, de même que le nombre des villes du nord et du sud de l’Allemagne où l’on prêchait la doctrine pure. Mais Wittenberg était le cœur et le centre de tout le mouvement, le lieu de rassemblement de tous ceux qui étaient persécutés et exilés pour l’Évangile, le point de rassemblement et la pépinière de nouveaux prédicateurs. Parmi les adversaires théologiques de la doctrine de Luther figure une tête couronnée, Henri VIII. d’Angleterre, et aussi « le roi de la littérature », Érasme de Rotterdam, s’inscrivit sur les listes contre lui. Mais ni l’un ni l’autre, sans parler des grossières invectives de Thomas Murner, ne purent ébranler l’audacieux réformateur et arrêter la propagation rapide de ses opinions.
125.1. Diffusion des idées évangéliques. — Les hérauts les plus puissants de la Réforme furent les ordres monastiques. La vie dans le cloître était devenue si corrompue que les plus vertueux des frères ne pouvaient plus la supporter. Soucieux de respirer une atmosphère plus saine, des évangélistes inspirés d’une doctrine plus pure surgirent dans toutes les parties de l’Allemagne, d’abord et surtout parmi l’ordre des Augustins (112, 6), qui passa presque à la Réforme et eut la gloire de fournir son premier martyr ( 128, 1). L’ordre considérait l’honneur de Luther comme le sien. À côté d’eux venaient les franciscains, qui se sont distingués au Moyen Âge en tant qu’opposition fanatique ( 98, 4 ; 108, n° 5 ; 112, 2), dont beaucoup ont eu le courage de se libérer de leurs chaînes. De leurs cloîtres sont sortis, par exemple, les deux célèbres prédicateurs populaires, Eberlin de Günzburg et Henri de Kettenbach à Ulm, le réformateur de Hambourg Stephen Kempen, le fervent réformateur Lambert de Hesse, l’ami de Luther Myconius de Gotha, et bien d’autres encore. D’autres ordres fournissaient aussi leur contingent, même les dominicains, auxquels appartenait Martin Bucer, le réformateur de Strasbourg. Blaurer de Wurtemberg était bénédictin, Rhegius carmélite, Bugenhagen prémontré, etc. Au moins un des évêques allemands, George Polenz de Samland, se joignit ouvertement au mouvement, prêcha l’Évangile à Königsberg et inspira les mêmes vues aux prêtres de son diocèse. D’autres évêques, comme ceux d’Augsbourg, de Bâle, de Bamberg, de Mersebourg, sympathisèrent avec le mouvement ou du moins ne lui mirent aucun obstacle. Mais le clergé séculier a donné des foules de témoins. Dans toutes les grandes villes d’Allemagne, et même dans quelques-unes des plus petites, les doctrines de Luther étaient prêchées du haut des chaires avec l’approbation des magistrats, et là où elles étaient refusées, les prédicateurs se rendaient sur les marchés et dans les champs. Là où les ministres manquaient, les artisans et les chevaliers, les épouses et les jeunes filles, continuaient l’œuvre. — L’une des premières villes qui ouvrit librement ses portes à l’Évangile fut Strasbourg. Nulle part ailleurs les écrits de Luther n’ont été lus, discutés, imprimés et diffusés avec plus de zèle que dans cette ville. Peu avant Geiler de Kaisersberg ( 115, 11) avait préparé le sol pour recevoir la première semence de la Réforme. D’après J.-C. 1518 Matthew Zell avait travaillé comme pasteur à Saint-Laurent à Münster. Lorsque le chapitre lui défendit l’usage de la chaire de pierre érigée pour Geiler, la corporation des menuisiers lui fit bientôt une chaire de bois, qui fut portée en procession solennelle à Münster, et placée à côté de celle qui avait été fermée contre lui. Zell fut bientôt aidé par Capito, Bucer, Hedio et d’autres.
125.2. « La somme de l’Écriture sainte » et son auteur. — Cet ouvrage, appelé aussi Théologie allemande, parut anonymement à Leyde en l’an 2010. 1523, et fut confisqué en mars de l’an 2015. Année 1524. Dans diverses éditions néerlandaises et dans des traductions françaises, italiennes et anglaises, il fut bientôt largement répandu dans toute l’Europe ; mais elle fut si vigoureusement supprimée qu’au milieu du siècle, elle avait disparu et était oubliée. En apr. J.-C.En 1877, le Comba vaudois découvrit et publia une ancienne version italienne, et Benrath la traduisit en allemand en 1877 . 1880 une ancienne édition hollandaise d’A.D. 1526, et réussit à démêler pour l’essentiel son intéressante histoire. Il trouva qu’il avait été composé en latin et, sur les instances des amis de l’auteur, traduit en hollandais. C’est ainsi que le professeur Toorenenberger d’Amsterdam découvrit l’original latin, qui avait paru anonymement à Strasbourg en J.-C. 1527 sous le titre Æconomica christiana. Benrath a également découvert que l’auteur était Hendrik van Bommel, qui était dans la première moitié de notre ère. 1520 prêtre et recteur d’une confrérie à Utrecht, expulsé en 1520 . 1536 de Clèves, d’après J.-C. De 1542 à 1560, instituteur et prédicateur évangélique à Wesel, il mourut en 1560 . 1570 comme curé à Duisbourg. La « Somme » est évidemment influencée par les œuvres de Luther qui sont apparues jusqu’à J.-C. 1523, son contenu tout à fait populaire, édifiant et positif est basé sur une étude attentive de l’Écriture, et il est tout au long inspiré par la grande idée que le salut des hommes pécheurs repose uniquement sur la grâce de Dieu en Christ appropriée par la foi.
125.3. Henri VIII et Érasme. — Henri VIII d’Angleterre, en tant que second fils, avait été primitivement destiné à l’Église. Aussi conserva-t-il une certaine prédilection pour les études théologiques et désirait-il être considéré comme un théologien érudit. En apr. J.-C. En 1522, il apparaît comme le champion de la doctrine romaine des sept sacrements en opposition au livre de Luther sur la « captivité babylonienne de l’Église », traitant le fils du paysan avec un mépris seigneurial. Luther le paya de la même monnaie, et traita son adversaire royal avec moins d’égards qu’il n’en avait montré à Emser et à Eck. Le roi obtint ce qu’il désirait, le titre honorifique papal de Defensor fidei, mais la réponse écrasante de Luther l’empêcha de tenter de poursuivre la controverse. Il se plaignit à l’électeur, qui le consola en se référant à un concile général (comp. 129, 1). Les relations assez tolérables entre Érasme et Luther subirent alors un choc sévère. Érasme, redevable au roi d’Angleterre de tant de faveurs, fut irrité par la sévérité sans mesure de Luther. Jusque-là, il avait refusé tous les appels à écrire contre Luther. De nombreuses chaires l’accusaient d’avoir une entente secrète avec l’hérétique ; d’autres pensaient qu’il avait peur de lui. Tout cela tendait à pousser Érasme à une hostilité ouverte envers le réformateur. Il étudia alors assidûment les écrits de Luther, pour lesquels il obtint la permission du pape, et s’empara d’une doctrine qui ne l’obligeait pas à se présenter comme le défenseur des abus romains, bien qu’il fût tout à fait incompétent pour la juger et l’estimer dans toute sa signification. Les expériences de vie de Luther, jointes à l’étude des épîtres de Paul et des écrits d’Augustin, avaient forgé en lui la conviction que l’homme est par nature incapable de faire le bien, que sa volonté n’est pas libre et qu’il est sauvé sans aucune bonne action par la grâce gratuite de Dieu en Christ. Chez Luther, comme chez Augustin, cette conviction s’exprimait dans la doctrine de la prédestination absolue. Mélanchthon avait également formulé la doctrine dans la première édition de ses Loci communes. Cette doctrine fondamentale de Luther a été mise en main par Érasme en J.-C. 1524 dans son traité, Διατριβή de libra arbitrio, déclaré dangereux et non biblique, tandis que son propre semi-pélagianisme lui était opposé. Au bout d’un an, Luther répondit dans son traité, De servo arbitrio, avec toute la puissance et la confiance d’une conviction personnelle et expérimentale. Érasme répondit dans ses diatribes sur les Hyperasppistes adv. Lutheri servum arbitrium d’A.D. 1526, dans lequel il a donné libre cours à sa passion, mais n’a pas avancé le moins du monde l’argument. Luther ne voyait donc pas la nécessité de poursuivre la discussion.364
125.4. Thomas Murner.―Le franciscain Thomas Murner de Strasbourg avait publié en A.D. 1509 son « Exorcisme des fous » et d’autres pièces, qui lui ont valu une place élevée parmi les satiristes allemands. Il n’épargna aucune classe, pas même le clergé et les moines, prit le parti de Reuchlin contre les hommes de Cologne (120, 4), mais s’opposa passionnément au mouvement de Luther. Sa satire la plus réussie contre Luther s’intitule « Sur le grand fou luthérien tel qu’il a été exorcisé par le Dr Murner, A.D. 1522. Il n’aborde pas l’aspect spirituel de la Réforme, mais s’en prend avec un esprit mordant aux extravagances révolutionnaires, fanatiques et rhétoriques qui lui étaient souvent étroitement associées. Luther ne s’est pas aventuré dans les listes avec le moine sauvagement sarcastique, mais les humanistes ont déversé sur lui un flot de réponses calomnieuses.
125.5. Un témoignage catholique notable en faveur de la Réforme est l'"Onus ecclesiæ », un tract anonyme de l’ère chrétienne. 1524, écrit par l’évêque Berthold Pirstinger de Chiemsee. Dans une phraséologie apocalyptique, il décrit la corruption de l’Église et appelle à la réforme. L’auteur dénonce cependant Luther comme un sectaire et un révolutionnaire, bien qu’il accepte nettement ses vues sur les indulgences. Il réformerait l’Église de l’intérieur. Quatre ans plus tard, le même théologien écrivit une « Tewtsche Theologey », dans laquelle, à l’exception de la doctrine de l’indulgence, tout le système romain est justifié et les corruptions de l’Église sont ignorées.
En conséquence des conditions de son élection, Charles-Quint dut, à la diète de Worms, consentir à l’érection à Nuremberg d’un gouvernement impérial permanent, qui, en son absence, aurait la direction suprême des affaires impériales. Au sein de cette commission, quoique présidée par l’archiduc Ferdinand, frère de l’empereur, il se trouva bientôt une majorité qui se prononça ouvertement en faveur de la nouvelle religion. Ainsi protégée par la plus haute judicature impériale, la Réforme a pu se répandre longtemps sans entrave et a ainsi fait des progrès rapides (125, 1). La cour de Nuremberg succomba certes aux efforts conjugués de ses adversaires politiques, parmi lesquels se trouvaient de nombreux nobles d’esprit évangélique, mais ceux-ci n’en firent que plus énergiquement la défense des intérêts de la Réforme. Et leurs efforts furent si fructueux qu’il fut décidé que les choses seraient réglées sans en référer au pape et au concile lors d’une assemblée nationale générale allemande. Mais le légat pontifical Campegius se forma à Ratisbonne, en J.-C.En 1524, une ligue de nobles catholiques pour faire respecter l’édit de Worms, contre lequel les nobles évangéliques établirent une ligue défensive à Torgau, en 1524 . Débloquer 1526. L’assemblée générale nationale a fait l’objet d’un veto de la part de l’empereur, mais la décision de la Diète des Flèches de l’ère chrétienne. 1526 donna à tous les nobles le droit de décider des affaires religieuses de leurs provinces selon leurs propres vues.
126.1. La Diète de Nuremberg, A.D. 1522, 1523. — La cour impériale tint sa première diète à la fin de l’an J.-C. Année 1522. Léon X. était décédé en décembre de l’ère chrétienne. 1521, et Hadrien VI. ( 149, 1), Strictement conservateur dans la doctrine et le culte, réformateur de la discipline et des abus hiérarchiques, avait réussi avec la détermination de « restaurer l’épouse difforme du Christ dans sa pureté originelle », mais vigoureusement de supprimer l’hérésie luthérienne. Son légat présenta à la diète une lettre dans laquelle il confessait des abus et promettait des réformes, mais insistait sur l’exécution de l’édit de Worms. La diète déclara qu’à cause des corruptions avouées de l’Église, il ne fallait pas songer à l’exécution actuelle de l’édit de Worms. Jusqu’à ce qu’un concile général ait été convoqué dans une ville allemande, avec la liberté de discussion garantie, la discussion devait être évitée et la parole de Dieu, avec une véritable explication chrétienne et évangélique, devait être enseignée.
126.2. La Diète de Nuremberg, A.D. 1524. — Une nouvelle diète eut lieu à Nuremberg le 14 janvier de notre ère. Année 1524. Il s’agit tout d’abord de la question de l’existence de la cour impériale. Les tendances réformatrices du gouvernement montraient que ce qui était vital pour cette cour l’était aussi pour la Réforme. Ce parti avait des partisans importants dans l’archi-catholique Ferdinand, qui espérait ainsi se fortifier dans ses efforts pour obtenir la couronne romaine, dans l’électeur de Mayence, le principal instigateur du trafic des indulgences, qui avait des antipathies personnelles pour les ennemis de la cour, dans l’électeur de Saxe, son créateur propre, et dans les princes de Brandebourg. Mais il y avait de puissants adversaires : la ligue souabe, les princes de Trèves, du Palatinat et de Hesse, qui avaient réussi à s’opposer à Sickingen, et les villes impériales, qui, bien qu’étant d’accord avec la cour en faveur de la Réforme, étaient aigries contre elle à cause de ses projets financiers. Le légat pontifical Campegius s’est également joint à l’opposition. Hadrien VI. était mort en apr. J.-C. 1523, et fut remplacé par Clément VII, A.D. De 1523 à 1534. Habile politicien sans convictions religieuses, il décida de renforcer par tous les moyens possibles le pouvoir temporel du siège pontifical. Son légat était un homme selon son propre esprit. L’opposition l’emporta, et Ferdinand lui-même, après une lutte, céda. Le collège central nouvellement organisé n’était plus que l’ombre de l’ancien, sans pouvoir, sans influence et sans indépendance. Ainsi une seconde ( 124, 2) La Réforme perdit un puissant appui, et le légat insista de nouveau pour l’exécution de l’édit de Worms. Mais les évangéliques, rassemblant toutes leurs forces, surtout dans les villes, obtinrent la majorité. Ils furent en effet obligés d’admettre la légalité de l’édit ; Ils ont même promis de l’exécuter, mais avec la clause de sauvegarde « dans la mesure du possible ». On demanda un concile dans le sens de l’ancienne diète, et l’on résolut de convoquer à Spire une assemblée générale nationale qui serait entièrement consacrée aux questions religieuses et ecclésiastiques. Dans l’intervalle, la Parole de Dieu dans sa simplicité devait être prêchée.
126.3. La Convention de Ratisbonne, A.D. 1524. — Tandis que les nobles évangéliques, par l’intermédiaire de leurs théologiens et de leurs diplomates, se préparaient avec ardeur à Spires, une assemblée des partisans des anciennes vues se réunit à Ratisbonne, en juin et juillet de notre ère. Année 1524. Ignorant l’arrangement précédent, ils se mirent à traiter les questions religieuses et ecclésiastiques qui avaient été réservées à la diète de Spires. C’était le résultat des machinations de Campegius. L’archiduc Ferdinand, les ducs de Bavière, l’archevêque de Salzbourg et la plupart des évêques de l’Allemagne méridionale se joignirent au légat de Ratisbonne pour insister sur l’édit de Worms. Les écrits de Luther furent de nouveau interdits, leurs sujets furent strictement interdits de fréquenter l’université de Wittenberg ; plusieurs abus extérieurs furent condamnés, les charges ecclésiastiques sur le peuple allégées, le nombre des fêtes réduit, les quatre Pères latins, Ambroise, Jérôme, Augustin et Grégoire, érigés en étendard de la foi et de la doctrine, tandis qu’il était ordonné que les offices fussent conduits sans changement à la manière de ces Pères. C’est ainsi que se produisit cette déchirure dans l’unité de l’empire qui ne fut plus jamais guérie. — La politique impériale et la politique pontificale étaient tellement liées l’une à l’autre, que les actes des diètes de Nuremberg, avec leurs tendances nationales, déplaisaient à l’empereur ; C’est ainsi qu’à la fin de juillet, il y eut un rescrit impérial, qui faisait de la présence à l’Assemblée nationale un crimen læsæ majestatis, passible d’un ban et d’un double ban. Les nobles obéirent, et l’assemblée ne se tint pas. Avec elle, les espoirs de l’Allemagne d’un développement pacifique ont été brisés.
126.4. Les nobles évangéliques, A.D. 1524. — Plusieurs nobles, jusque-là indifférents, se firent partisans de la Réforme. Philippe de Hesse, ému par une entrevue avec Mélanchthon, se donna avec enthousiasme à la cause de la vérité évangélique. Ainsi que le margrave Casimir, Georges de Brandebourg-Ansbach, le duc Ernest de Lunebourg, l’électeur Louis de Palatinat et Frédéric Ier. de Danemark, comme duc de Schleswig et de Holstein, l’a fait plus ou moins dans leurs différents pays pour l’avancement de la cause de la Réforme. Le grand-maître de l’ordre teutonique, Albert de Prusse, revint de la diète de Nuremberg, où il avait entendu prêcher Osiandre, doutant de la conformité scripturaire de la règle de son ordre. Il se rendit donc à Wittenberg pour consulter Luther, qui lui conseilla de renoncer à la règle, de se marier et d’obtenir des héritiers pour son duché de Prusse (127, 3). Les villes prirent une position des plus décidées. À deux grands régimes urbains à Spires et Ulm en A.D. En 1524, il fut résolu de permettre la prédication d’un évangile pur et d’aider à empêcher l’exécution de l’édit de Worms dans leur juridiction.
126.5. La Ligue de Torgau, A.D. 1526. — Amis et ennemis de la Réforme s’étaient unis pour réprimer la révolte paysanne. Leurs divergences religieuses, cependant, éclatèrent de nouveau immédiatement après. George consulta à Dessau en juillet de l’an 2010. En 1525, avec plusieurs princes catholiques sur les moyens d’empêcher une reprise de l’épidémie, ils décidèrent à l’unanimité que la secte luthérienne condamnée devait être extirpée comme source de toute confusion. Peu de temps après, deux citoyens de Leipzig, qui avaient en leur possession des livres luthériens, furent mis à mort. Mais l’électeur Jean de Saxe eut une conférence à Saalfeld avec Casimir de Brandebourg, au cours de laquelle il fut convenu à tout prix de s’en tenir à la parole de Dieu ; et à Friedewald, en novembre, Hesse et l’électeur s’engagèrent à rester fidèles à l’Évangile. Une diète à Augsbourg en décembre, faute de quorum, n’avait pas abouti. Une nouvelle diète fut donc convoquée à Spires, et tous les princes furent cités à comparaître en personne. Pendant ce temps, le duc Georges rassembla les princes catholiques à Halle et à Leipzig, et ils résolurent d’envoyer Henri de Brunswick en Espagne auprès de l’empereur. Peu de temps avant son arrivée, l’empereur avait conclu une paix à Madrid avec le roi de France, qui avait été fait prisonnier à la bataille de Pavie. François Ier, sentant qu’il ne pouvait pas s’en empêcher, avait accepté toutes les conditions, y compris l’engagement de se joindre à la suppression des hérétiques. Charles croyait donc pleinement qu’il avait les mains libres, et résolut d’extirper l’hérésie en Allemagne. Henri de Brandebourg apporta aux princes allemands une réponse extrêmement ferme, dans laquelle cette opinion était exprimée. Mais avant son arrivée, l’électeur et le landgrave s’étaient rencontrés à Gotha, et avaient ensuite renouvelé la ligue à Torgau, résidence de l’électeur, pour qu’elle s’unisse de toutes ses forces pour défendre l’Évangile. Philippe entreprit de gagner les nobles des hautes terres. Mais la peur de l’empire l’empêcha de réussir. L’électeur était plus chanceux parmi les nobles des basses terres. Le 9 juin, les princes de Saxe, de Luneberg, de Grubenhague, d’Anhalt et de Mansfeld se réunirent à Magdebourg et souscrivirent à la ligue de Torgau. Aussi la ville de Magdebourg, émancipée depuis J.-C. En 1524, sous la juridiction de son archevêque, Albert de Mayence, et en acceptant la confession luthérienne, il rejoignit la ligue.
126.6. Le régime alimentaire des flèches, A.D. 1526. — La diète se réunit le 25 juin de l’an J.-C. Débloquer 1526. Les princes évangéliques étaient confiants ; sur leur armure se trouvait la devise : Verbum Dei manet in æternum. Malgré toute l’opposition des prélats, trois commissions ont été approuvées pour examiner les abus. Lorsque les débats furent sur le point de commencer, les commissaires impériaux déposèrent une instruction qui leur défendait de changer quoi que ce soit aux anciennes doctrines et usages, et enfin insistèrent sur l’exécution de l’édit de Worms. Les évangéliques, cependant, ont été réconfortés par la date apposée sur le document. Ils savaient que, depuis sa parution, les relations entre le pape et l’empereur étaient devenues tendues. François Ier. avait été relevé par le pape de l’obligation de son serment, et le pape s’était joint à François dans une ligue à Cognac, à laquelle se joignit aussi Henri VIII. d’Angleterre y adhéra. Toute l’Europe occidentale s’était réunie pour briser la suprématie acquise par la dynastie hispano-bourguignonne à Pavie, et l’empereur dupé se retrouva dans une situation difficile. Serait-il maintenant enclin à s’en tenir à ses instructions ? Les commissaires, apparemment à la demande de Ferdinand, avaient retenu le document jusqu’à ce que les affaires des catholiques devinssent désespérées. Les nobles évangéliques se sentirent encouragés à envoyer une ambassade à l’empereur, mais avant qu’elle ne commence, l’empereur réalisa leurs souhaits. Dans une lettre à son frère, il lui communiqua un projet d’abolition des peines de l’édit de Worms et de renvoi des questions religieuses à un concile. En même temps, il appela à l’aide contre ses ennemis italiens. Voyant donc que, dans les circonstances présentes, il ne paraissait pas à propos de révoquer, encore moins d’exécuter l’édit, le seul plan était de donner à chaque prince le pouvoir discrétionnaire sur son propre territoire. C’était l’anniversaire de la constitution territoriale sur une base formellement légitime.
Les nobles avaient maintenant non seulement le droit, mais aussi le devoir d’établir des arrangements ecclésiastiques sur leurs territoires comme ils le jugeaient le mieux. Les trois années suivantes marquent donc la période de fondation et d’organisation des Églises évangéliques provinciales. L’électorat de Saxe est arrivé le premier avec un bon exemple. C’est sur ce modèle que les Églises de Hesse, de Franconie, de Lunebourg, de Frise orientale, de Schleswig et de Holstein, de Silésie, de Prusse et de tout un groupe d’États bas-allemands ont modelé leur constitution et leur culte.
127.1. L’organisation de l’Église de l’électorat saxon, A.D. 1527-1529. ― Luther écrivait en apr. J.-C. 1528 Une instruction aux visiteurs des pasteurs de l’électorat, qui indiquait ce que les ministres devaient prêcher et comment ils devaient prêcher, indiquait les réformes à faire dans le culte, protestait contre l’abus de la doctrine de la justification en insistant sur la nécessité de prêcher la loi, etc. L’ensemble du territoire était divisé en quatre commissions, composées de laïcs et de membres ecclésiastiques. Les enseignants religieux ignorants et incompétents devaient être renvoyés, mais il fallait pourvoir à leurs besoins. Des instituteurs devaient être installés au-dessus des églises et des écoles, et des surintendants devaient inspecter périodiquement leur travail, et c’est à ces derniers que l’on confiait la célébration des mariages. Les bénéfices vacants devaient être affectés à l’amélioration des églises et des écoles ; et ceux qui n’étaient pas vacants devaient être taxés pour l’entretien des hôpitaux, l’entretien des pauvres, la fondation de nouvelles écoles, etc. Les dangers occasionnés par l’ignorance souvent incroyable du peuple et de ses maîtres ont conduit Luther à composer ses deux catéchismes en J.-C. Année 1529.
127.2. L’organisation des Églises de Hesse, A.D. 1526-1528. — Philippe de Hesse avait assemblé les pairs temporels et spirituels de ses États en octobre après J.-C. 1526, à Homberg, pour discuter de la question de la réforme de l’Église. Une tentative réactionnaire échoua grâce à l’éloquence fervente du franciscain Lambert d’Avignon, homme notable, qui, réveillé dans son cloître d’Avignon par les écrits de Luther, mais non tout à fait satisfait, partit pour Wittenberg, s’engagea en chemin à Zurich dans une dispute publique contre les réformes de Zwingli, mais abandonné converti par son adversaire, puis passa par l’école de Luther à Wittenberg. C’est là qu’il se maria en A.D. 1523, et après un long séjour officieux et laborieux à Strasbourg, on le trouva enfin, en A.D. 1526, résidence permanente en Hesse. Il mourut en apr. J.-C. 1530. — La personnalité de Lambert domina le synode de Homberg. Il esquissa une organisation de l’Église selon son idéal de communion de saints avec une base démocratique et une discipline stricte administrée par la communauté elle-même. Mais l’impraticabilité du projet devint bientôt évidente et, en A.D. En 1528, l’Église de Hesse adopta les principes de la visite de l’Église saxonne. L’Université de Marbourg a été fondée à partir des revenus vacants de l’église en 2015. 1527 comme seconde école de formation en théologie réformée. Lambert en fut l’un des premiers professeurs.
127.3. Organisation des autres Eglises provinciales allemandes, A.D. 1528-1530. — Georges de Franconie-Brandebourg, après la mort de son frère Casimir, organisa son église à l’assemblée d’Anspach sur le modèle saxon. Nuremberg, sous la direction de son habile secrétaire du conseil, Lazare Spengler, s’unit pour mener à bien une organisation commune. À Brunswick-Lunebourg, le duc Ernest, fortement impressionné par la prédication de Rhegius à Augsbourg, introduisit l’organisation de l’Église évangélique dans ses États. En Frise orientale, où le prince régnant ne s’intéressait pas à la question, le jeune noble Ulrich de Dornum s’occupa du développement de l’Église. Dans le Schleswig et le Holstein, les prélats ne s’opposèrent pas à la réorganisation, et les autorités civiles se chargeaient de l’œuvre. En Silésie, les princes étaient favorables, Breslau était depuis longtemps du côté de la Réforme, et même le grand-duc qui, en tant que roi de Bohême, était suzerain de Silésie, se sentit obligé d’accorder aux nobles de Silésie les privilèges accordés par la diète de Spires. En Prusse ( 126, 4), Albert de Brandebourg, duc héréditaire de ces contrées, avec l’aide cordiale de ses deux évêques, procura à ses sujets une constitution évangélique.
127.4. La Réforme dans les villes de l’Allemagne du Nord, A.D. 1524-1531. — Dans ces villes, la Réforme s’est répandue rapidement après leur émancipation du contrôle épiscopal. Il a été organisé à Magdebourg dès J.-C. 1524 par Nic. Amsdorf, envoyé à cet effet par Luther ( 126, 5). À Brunswick, l’église a été organisée en apr. J.-C. 1528 par Bugenhagen de Wittenberg. À Brême, en A.D.En 1525, toutes les églises, à l’exception de la cathédrale, étaient aux mains des luthériens ; en 1525 . En 1527, les cloîtres sont transformés en écoles et en hôpitaux, puis la cathédrale est enlevée aux catholiques. À Lübeck, les nobles, les conseillers et le clergé avaient opprimé et chassé les pasteurs évangéliques ; mais les conseillers, dans leurs difficultés financières, s’endettèrent auprès de soixante-quatre citoyens, qui stipulèrent que les pasteurs devaient être rétablis, les catholiques expulsés, les cloîtres transformés en hôpitaux et en écoles, et enfin Bugenhagen fut appelé à préparer pour leur église une constitution luthérienne.
À la publication de l’édit de Worms, plusieurs princes catholiques, notamment le duc Georges de Saxe, commencèrent la persécution. Les disciples de Luther furent d’abord emprisonnés, flagellés et bannis, et en apr. J.-C. En 1521, un libraire qui vendait les livres de Luther est décapité. C’est aux Pays-Bas que la persécution fut la plus sévère, héritage de l’empereur indépendant de l’empire. En Autriche, en Bavière et en Souabe, de nombreux confesseurs évangéliques ont été mis à mort par l’épée et sur le bûcher. La révolte paysanne de J.-C. 1525 augmenta la violence de la persécution. Sous prétexte de punir les rebelles, ceux qui ont pris part à la Convention de Ratisbonne (126, 3) ont été expulsés du pays, des milliers d’entre eux n’ayant d’autre faute que leur attachement à l’Évangile. La conclusion de la Diète des Flèches en A.D. 1526 ( 126, 6) De l’huile sur le feu ont été ajoutées. Tandis que les nobles évangéliques, profitant de cette décision, procédaient vigoureusement à l’implantation et à l’organisation de l’Église réformée, les ennemis de la Réforme exerçaient le pouvoir qui leur avait été donné dans les persécutions cruelles de leurs sujets évangéliques. Les aléas de la meute ( 132, 1) a conduit à un réveil et à une intensification de l’esprit de persécution. En Autriche, au cours de l’A.D. En 1527, 1528, une visite à l’église avait été organisée dans le style de celle de Saxe, mais dans le but de traquer et de punir les hérétiques. En Bavière, les routes étaient surveillées, pour empêcher les pèlerins d’aller prêcher au-delà des frontières. Ceux qui étaient pris étaient d’abord condamnés à une amende, mais plus tard, ils étaient noyés ou brûlés.
Les premiers martyrs de la vérité évangélique furent deux jeunes moines augustins d’Anvers, Henry Voes et John Esch, qui moururent sur le bûcher en apr. J.-C. 1523, et leur héroïsme a été célébré par Luther dans un bel hymne. Ils furent remplacés par le prieur du cloître, Lampert Thorn, qui fut étranglé en prison. La Ligue souabe, qui fut renouvelée après le soulèvement de la Diète des Flèches, dans le but avoué d’extirper les anabaptistes, dirigea ses mesures cruelles contre tous les évangéliques. L’évêque de Constance en A.D. En 1527, Jean Hüglin fut brûlé comme adversaire de la sainte mère l’Église. L’électeur de Mayence a cité le prédicateur de la cour, George Winkler, de Halle, pour avoir dispensé le sacrement sous les deux espèces à Ascheffenburg [Aschaffenburg]. Winkler s’est défendu et a été acquitté, mais a été assassiné en chemin. Luther écrivit alors son tract : « Consolation aux chrétiens de Halle à l’occasion de la mort de leur pasteur ». Dans le nord de l’Allemagne, il n’y eut pas d’effusion de sang, mais le duc Georges fit flageller par le geôlier ceux qui confessaient leur foi et les chassa du pays. L’électeur Joachim de Brandebourg et ses nobles résolurent en A.D. 1527 pour donner un appui vigoureux à l’ancienne religion. Mais l’Évangile s’est profondément enraciné dans son pays, et sa propre femme Élisabeth a lu les écrits de Luther et a fait administrer le sacrement selon la forme luthérienne. Mais le secret fut révélé, et l’électeur se mit à tempêter et à menacer. Elle s’enfuit alors, habillée en paysanne, chez son cousin l’électeur de Saxe.
Ce n’est qu’en décembre de l’an J.-C. En 1524, Luther quitta le cloître, le dernier de ses habitants à l’exception du prieur, et le 13 juin de notre ère. En 1525, il épousa Catherine Bora, du couvent de Nimptschen, dont il se vanta plus tard de l’estimer plus que le royaume de France et le gouvernement de Venise. Bien que souvent déprimé par la maladie, presque écrasé sous le poids des affaires, et harcelé jusqu’à la fin par les menaces de ses ennemis contre sa vie, il conservait un caractère vif et joyeux, s’amusait pendant ses heures de loisir parmi ses amis avec de simples divertissements de chants, de musique, de conversations intellectuelles, et inoffensifs, quoique souvent piquants et piquants. échange d’esprit. C’est ainsi qu’il s’est avéré un véritable réconfort et une aide dans toutes sortes de difficultés. Par des écrits constants, par des relations personnelles avec les étudiants et les étrangers qui affluaient à Wittenberg, par une correspondance abondante, il gagna et maintint une grande influence dans la diffusion et l’établissement de la Réforme. Par la traduction et l’exposition des Écritures, par des sermons et des traités doctrinaux, il imprimait au peuple ses propres vues évangéliques. Un facteur particulièrement puissant dans la Réforme était ce trésor de chants sacrés (142, 3) que Luther a donné à son peuple, en partie dans des traductions d’autrefois, en partie dans la composition de nouveaux hymnes, qu’il a mis en musique sur des mélodies lumineuses et agréables. Il s’occupa aussi avec beaucoup de zèle de promouvoir l’éducation dans les églises et les écoles, d’assurer la construction de nouvelles écoles primaires et secondaires, et il insista particulièrement sur l’importance des études linguistiques dans une Église qui valorisait la parole pure de Dieu.
129.1. Les œuvres littéraires de Luther. 1524 parut le premier recueil de chants spirituels et de psaumes, au nombre de huit, avec une préface de Luther. Ses réformes du culte étaient extrêmement modérées. En apr. J.-C. En 1523, il publia de petits traités sur le baptême et la Cène du Seigneur, répudiant l’idée d’un sacrifice à la messe et insistant sur la communion sous les deux espèces. En apr. J.-C. En 1527, il écrivit sa « Messe allemande et ordre du culte public » ( 127, 1) qui a été introduit généralement dans tous les domaines de l’électeur. Il rédigea une adresse aux bourgmestres et aux conseillers municipaux au sujet de l’amélioration de l’éducation dans les villes. Outre sa polémique contre Érasme et Carlstadt, contre Münzer et les paysans révoltés, ainsi que contre les sacramentaires (131), il entra alors en controverse avec Cochlée. Bulle pontificale pour la canonisation de l’évêque Benno de Meissen (93, 9) appelé en J.-C. 1524 Tract de Luther : « Contre le nouveau Dieu et le vieux diable qui s’établissent à Meissen. » Il se laissa persuader par Christian II. du Danemark pour écrire, en A.D. 1526, lettre très humble à Henri VIII d’Angleterre ( 125, 3), à laquelle on répondit dans un style extrêmement venimeux et amer. Lorsque ses ennemis déclarèrent triomphalement qu’il s’était rétracté, Luther répondit : 1527, avec son livre, « Contre les écrits abusifs du roi d’Angleterre », dans lequel il reprend le ton audacieux et confiant de sa polémique antérieure. Une épître humble et conciliante envoyée en A.D. 1526 au duc George n’eut pas plus de succès. Il continua alors sans se lasser de traduire la Bible. La première édition de toute la Bible a été publiée par Hans Lufft à Wittenberg, en J.-C. Année 1534. Un recueil de paroles de Luther recueillies par Lauterbach, un diacre de Wittenberg, en A.D. 1538, a servi de base à des éditions ultérieures et plus complètes de « Luther’s Table Talk ». Un recueil chronologique a été fait dix ans plus tard, et a été publié dans A.D. 1872 d’après un manuscrit de la Bibliothèque royale de Dresde. Aurifaber dans son recueil n’a pas suivi l’ordre chronologique, mais a regroupé les énoncés selon leurs sujets, mais avec beaucoup d’altérations et de modifications arbitraires. Le dicton faussement attribué à Luther : « Qui n’aime pas le vin, les femmes et les chants ? », etc., est attribué par Luther lui-même à sa logeuse d’Erfurt, mais a été récemment retracé jusqu’à une source italienne.
129.2. Le célèbre historien de l’Église catholique Döllinger, qui, dans son histoire de la Réforme, avait diffamé Luther et son œuvre avec une amertume ultramontaine, ne put s’empêcher vingt ans plus tard de célébrer Luther dans une conférence publique comme « le patriote le plus puissant et le personnage le plus populaire que l’Allemagne possédât ». En apr. J.-C. En 1871, il écrivait ce qui suit : « C’est la capacité intellectuelle suprême de Luther et sa merveilleuse versatilité qui ont fait de lui l’homme de son temps et de sa nation. Il n’y a jamais eu d’Allemand qui ait aussi bien compris ses compatriotes et qui ait été compris par eux que ce moine augustin de Wittenberg. Toute la fabrication intellectuelle et spirituelle des Germains était entre ses mains comme l’argile entre les mains du potier. Il a donné plus à sa nation qu’aucun homme n’a jamais fait : la langue, l’éducation populaire, la Bible, le chant sacré ; et tout ce que ses adversaires pouvaient dire contre lui et à côté de lui semblait insipide, faible et incolore en comparaison de son éloquence dominatrice. Ils balbutiaient, il parlait. C’est lui qui a marqué de son empreinte la langue allemande aussi bien que le caractère allemand. Et même les Allemands qui l’abhorrent de tout leur cœur comme le grand hérétique et le traître à la religion ne peuvent s’empêcher de prononcer ses paroles et de penser ce qu’il pense.
Alors que la Réforme de Luther se répandait en Allemagne, un mouvement similaire se développait dans les provinces voisines de la Suisse allemande. Ses débuts remontent à J.-C. Débloquer 1516. Les caractéristiques personnelles de son premier promoteur et le mouvement politico-démocratique dans lequel il a pris naissance lui ont donné une physionomie entièrement différente de celle de la Réforme luthérienne. La divergence la plus évidente s’est produite dans la doctrine de la Cène (131), et comme les vues suisses sur ce point étaient généralement acceptées dans les villes des hautes terres, la controverse passa dans l’Église réformée allemande et empêcha l’action commune, malgré les intérêts communs et les dangers communs.
130.1. Ulrich Zwingli.―Zwingli, né à Wildhaus dans le Toggenburg le 1er janvier de l’ère chrétienne.En 1484, un élève du célèbre humaniste Thomas Wyttenbach à Bâle, fut, après dix ans de service comme pasteur à Glaris, nommé curé de Maria-Einsiedeln en 1484 . Débloquer 1516. L’affluence des pèlerins au célèbre sanctuaire de Marie à cet endroit l’a amené à prêcher contre les notions superstitieuses d’accomplissements méritoires. Mais sa nomination le 1er janvier après J.-C. fut beaucoup plus décisive pour déterminer son attitude à l’égard de la Réforme . En 1519, comme prêtre de carême à Zurich, où il prit connaissance pour la première fois des œuvres de Luther et prit parti avec lui contre le parti de la cour romaine. Zwingli ne tarda pas à occuper une position qui lui était propre. Il ne serait pas seulement un réformateur religieux, mais aussi un réformateur politique. Pendant plusieurs années, il s’était vigoureusement opposé à l’envoi de jeunes Suisses comme mercenaires dans les armées des princes étrangers. Ses adversaires politiques, les oligarques, dont les revenus dépendaient de ce trafic, s’opposaient également à ses réformes religieuses, de sorte qu’il était entièrement soutenu par la démocratie. Une autre distinction importante entre les mouvements suisse et allemand était que Zwingli était devenu un réformateur non pas par une profonde conviction du péché et des conflits spirituels, mais par l’étude classique et biblique. Les écrits de Pic de Mirandole ( 120, 1), n’étaient pas sans influence sur lui. Pour lui, la justification par la foi n’était donc pas au même degré que pour Luther l’étoile directrice de sa vie et de son action. Il commença l’œuvre de la Réforme, non pas tant par la purification de la doctrine, que par l’amélioration du culte, de la constitution, de la vie ecclésiastique et morale. Son point de vue théologique est exposé dans les ouvrages suivants : Comment. de vera et falsa relig., A.D. 1525 ; Fidei ratio ad Car. Imp., A.D. 1530 ; Christian. fidei brevis à Clara Expos., éd. Bullinger, A.D. 1536 ; De providentia Dei ; et Apologeticus. Des deux principes de la Réforme anti-romaine ( 121) le réformateur de Wittenberg a mis au premier plan le matériel, le réformateur zurichois le formel. Les premiers ne rejetaient que ce qui n’était pas conciliable avec l’Écriture ; celui-ci répudiait tout ce qui n’était pas expressément prescrit dans l’Écriture. Le premier était prudent et modéré dans ses rapports avec les formes de culte et les simples aspects extérieurs ; Celle-ci était extrême, immodérée et violente. Luther a conservé les images, les autels, les ornements des églises et le caractère sacerdotal de l’office, le purifiant simplement des corruptions non évangéliques ; Zwingli dénonça toutes ces choses comme de l’idolâtrie, et brûla même les tuyaux d’orgue et les cloches des horloges. Luther ne reconnaissait aucune action de l’Esprit Saint en dehors de la parole et du sacrement ; Zwingli l’a séparé de ceux-ci et l’a identifié à un simple sentiment subjectif. Les sacrements n’étaient pour lui que des signes mémoriels ; la justification uniquement par les mérites du Christ comme une joyeuse assurance du salut avait pour lui une signification négative plutôt que positive, c’est-à-dire une opposition à la doctrine romaine des mérites ; Le péché originel n’était pour lui qu’une maladie morale héréditaire, un défaut naturel, qui n’est pas lui-même un péché, et des païens vertueux, comme Hercule, Thésée, Socrate et Caton, furent admis comme tels dans la société des bienheureux, sans avoir apparemment part à la rédemption du Christ. Ses spéculations, qui conduisaient d’un côté presque au panthéisme, favorisaient une théorie de la prédestination, selon laquelle la volonté morale n’a pas de liberté contre la Providence.365
130.2. La Réforme à Zürich, A.D. 1519-1525. En 1518, un trafiquant d’indulgences, le franciscain Bernard Samson, de Milan, exerçait son commerce peu recommandable en Suisse. Sur le désir de Zwingli, les portes de Zurich lui furent fermées. En apr. J.-C. En 1520, le concile autorisa les prêtres et les prédicateurs de la ville et du canton à ne prêcher que dans l’ancien et le nord-testament. Tout cela s’est passé sous les yeux des deux nonces apostoliques restés à Zurich ; mais ils n’intervinrent pas, car la curie était extrêmement désireuse d’obtenir des auxiliaires pour l’armée pontificale en vue d’une attaque contre Milan. On promit à Zwingli de vivre richement s’il ne prêchait plus contre le pape. Il refusa l’appât et continua son chemin de réformateur. L’indulgence continue de la curie a permis à la Réforme de s’enraciner encore plus solidement. Zwingli a publié, en A.D. 1522, son premier ouvrage, « De l’élection et de la liberté dans l’usage de la nourriture », et les Zürichers mangeaient de la viande et des œufs pendant le carême de notre ère. Année 1522. Il réclama aussi la liberté de se marier pour le clergé. À cette époque, Lambert vint d’Avignon à Zurich ( 127, 2). Il prêcha contre les nouvelles opinions, disputa en juillet avec Zwingli, et s’avoua vaincu et convaincu. Les adversaires de Zwingli avaient placé de grands espoirs dans l’éloquence et l’habileté dialectique de Lambert. L’effet de la dispute n’en fut que plus grand. Le concile, maintenant impressionné, ordonna que la parole de Dieu soit prêchée sans ajouts humains. Mais lorsque les adhérents du parti romain protestèrent, il organisa une discussion publique le 29 janvier après J.-C. 1523, sur soixante-sept thèses ou conclusions rédigées par Zwingli : « Tous ceux qui disent : L’Évangile n’est rien sans la garantie de l’Église, blasphèment Dieu ; le Christ est l’unique chemin du salut ; notre justice et nos œuvres sont bonnes en tant qu’elles sont à Christ, ni justes ni bonnes en tant qu’elles sont nôtres, « Et ainsi de suite. Un ancien ami de Zwingli, Jean Faber, mais tout à fait changé depuis qu’il avait fait un voyage à Rome, et maintenant vicaire général de l’évêque de Constance, entreprit de soutenir les anciennes doctrines et coutumes contre Zwingli. Limité à la preuve de l’Écriture, il a été forcé de céder. Les cloîtres sont abandonnés, de violentes polémiques sont publiées contre le canon de la messe et le culte des saints et des images. Le concile décida de trancher la question de la messe et des images par une seconde dispute en octobre de l’an J.-C. Année 1523. Léon Judä, prêtre de carême à Saint-Pierre de Zurich, s’opposa au culte des images, Zwingli à la messe. Ni l’un ni l’autre ne s’opposèrent guère à l’un ou à l’autre. À la Pentecôte, A.D. En 1524, le concile fit retirer toutes les images des églises, couper les fresques et blanchir les murs à la chaux. Il était interdit de jouer de l’orgue et de sonner les cloches comme étant superstitieux. Une nouvelle formule biblique simple du baptême a été introduite, et l’abolition de la messe, en J.-C. 1525, achève les travaux. À Pâques de cette année, Zwingli célébra une fête d’amour, au cours de laquelle on portait du pain dans des trancheuses en bois et on buvait du vin dans des coupes en bois. C’est ainsi qu’il pensait que le rite apostolique chrétien authentique était rétabli. En apr. J.-C.En 1522, il avait épousé une veuve de quarante-trois ans, mais il ne le reconnut publiquement qu’en 1522 . Année 1524. Il confesse pénitemment que sa vie de célibataire d’avant la Réforme, comme celle de la plupart des prêtres de son époque, n’avait pas été irréprochable ; Mais la pureté morale de sa vie ultérieure est au-dessus de tout soupçon.
130.3. Réforme à Bâle, A.D. 1520-1525. — À Bâle, de bonne heure, Capito et Hedio travaillèrent comme prédicateurs bibliques. Mais dès qu’ils eurent posé de bonnes bases, ils acceptèrent un appel à Mayence, en A.D. 1520, qu’ils quittèrent bientôt pour Strasbourg, où ils continuèrent l’œuvre de la Réforme avec Bucer. Leur travail à Bâle a été poursuivi avec zèle et succès par Röublin. Il prêchait contre la messe, le purgatoire et le culte des saints, souvent devant 4 000 auditeurs. Le jour de la Fête-Dieu, il produisit une Bible à la place des reliques habituelles, qu’il appelait avec mépris des ossements morts. Il fut banni et rejoignit ensuite les anabaptistes. Une nouvelle époque commença à Bâle en J.-C. 1523. Œcolampadius ou Jean Hausschein, né à Weinsberg en apr. J.-C.En 1482 , Mélanchthon de Zwingli était prédicateur à Bâle en 1482 . 1516, et y était en bons termes avec Érasme. Il accepta un appel en A.D. 1518 à la cathédrale d’Augsbourg, mais un an plus tard se retira dans un couvent d’Augsbourg de Sainte-Brigitte. Là, il étudia les écrits de Luther et, en A.D. En 1522, il trouva refuge dans le château de Sickingen, où il officia pendant quelques mois en tant qu’aumônier. Il retourna ensuite à Bâle, devint prédicateur à Saint-Martin, et fut bientôt fait, avec Conrad Pellican ( 120, 4 note), professeur à l’université. Autour d’eux se rassembla bientôt un groupe de jeunes hommes qui soutenaient énergiquement le mouvement évangélique. Ils dispensaient le baptême en langue allemande, administraient la communion sous les deux espèces et étaient infatigables dans la prédication. En apr. J.-C. 1524 Le concile autorise les moines et les moniales, s’ils le souhaitent, à quitter leur cloître. L’arrivée en Bâle fut particulièrement importante pour le progrès de la Réforme à Bâle . 1524 de Guillaume Farel du Dauphiné ( 138, 1). Il avait été obligé de s’enfuir de France, et fut reçu avec bonté par Œcolampadius, chez qui il demeura quelques mois. En février, il eut une dispute publique avec les opposants à la Réforme. L’université et l’évêque l’avaient interdit, mais le concile était d’autant plus décidé qu’il devait être supprimé. Il en résulta une grande impulsion pour la Réforme, bien que Farel, cette même année, probablement à la suggestion d’Érasme, qu’il avait décrit comme un nouveau Balaam, ait été banni par le concile (138, 1).366
130.4. La Réforme dans les autres cantons, A.D. 1520-1525.― À Berne, à partir de J.-C. 1518 Haller, Kolb et Mayer poursuivent l’œuvre de la Réforme en tant que réformateurs politiques et religieux à la manière de Zwingli. Nic. Manuel, poète, satiriste et peintre, appuyait leur prédication par ses écrits satiriques contre le pape, les prêtres et la superstition en général. De même, dans sa Danse macabre, qu’il a peinte sur les murs d’un cloître à Berne, il a couvert le clergé de ridicule. En apr. J.-C. En 1523, le concile autorisa les départs des couvents, et plusieurs moines et moniales se retirèrent et se marièrent. L’opposition a fait appel au dominicain John Haim, comme porte-parole, en A.D. Année 1524. Entre lui et le franciscain Mayer, il s’éleva une discussion passionnée, et le concile les exila tous les deux. Mais Haller continua son œuvre, et la Réforme s’enracina de jour en jour. — À Mühlhausen [Mühlhausen], où l’Ulr. von Hutten passa ses derniers jours, le concile donna un mandat en A.D. 1524 qui donna libre cours à la Réforme. À Bienne aussi, on lui laissait une liberté sans restriction. En Suisse orientale, Saint-Gall joua un rôle particulièrement important sous la direction de son bourgmestre Joachim V. Watt, qui défendit avec zèle les intérêts de la Réforme par la parole, l’écriture et l’action. John Karsler, qui avait étudié la théologie à Wittenberg en 1914.En 1522, et il fut obligé, afin d’éviter de lire la messe, d’apprendre et de pratiquer le métier de sellier, prêcha l’Évangile ici, dans la salle des métiers, dans son tablier de sellier, en 1522 .En 1524 , il prit la charge de pasteur réformé et de précepteur latin en 1524 . Année 1537. Il mourut en apr. J.-C. 1574 président de Saint-Gall. À Schaffhouse, Erasmus Ritter, appelé à s’opposer dans la discussion au pasteur réformé Hofmeister, s’avoua vaincu et rejoignit le parti réformiste. Dans le canton de Vaud, Thos. Platter, l’original et savant marin, plus tard recteur du lycée de Burg, jeta les bases de la Réforme. À Appenzel et à Glaris, les travaux progressent progressivement. Mais dans les Midlands suisses, les nobles s’opposèrent en faveur de leurs revenus, et les habitants de Berg, dont toute la religion reposait sur les pèlerinages, les images et les saints, s’opposèrent constamment à l’introduction des nouvelles vues. Lucerne et Fribourg étaient les principaux remparts de la papauté en Suisse.
130.5. L’épidémie anabaptiste, apr. J.-C. 1525. — En Suisse, bien que les réformateurs y eussent pris un terrain très avancé, il s’éleva un certain nombre d’ultra-réformateurs qui pensaient qu’ils n’allaient pas assez loin. Leurs chefs étaient Hätzer ( 148, 1), Grebel, Manz, Röublin, Hubmeier et Stör. Ils commencèrent des troubles à Zolticon près de Zurich. Hubmeier tint un concile à Waldshut, la veille de Pâques, après J.-C. 1525, et fut rebaptisé par Röublin. Au cours de la semaine de Pâques, 110 d’entre eux ont reçu le baptême, puis plus de 300 encore. Le canton de Bâle, où vivait Münzer, se révolta ouvertement contre la ville. À elle seule, Saint-Gall comptait 800 anabaptistes. Zurich, à la demande de Zwingli, prit immédiatement des mesures décisives. Beaucoup ont été bannis, certains se sont noyés sans pitié. Berne, Bâle et Saint-Gall ont suivi cet exemple.367
130.6. Dispute à Baden, A.D. Le parti réactionnaire ne pouvait pas refuser de contester une dispute, mais en dépit de toutes les protestations, elle fut décidée à se tenir dans le quartier catholique de Bade. Les champions et les représentants des cantons et des évêques s’y rendirent au mois de mai . En 1526, Faber et Eck sont à la tête des papistes, Haller de Berne et Œcolampadius de Bâle représentent le parti de la réforme. Le conseil de Zurich interdit à Zwingli d’y assister, mais il est tenu au courant quotidiennement par Thos Platter. Les thèses d’Eck ont été combattues l’une après l’autre. Elle a duré huit jours. Eck s’étonna de la faible voix d’Œcolampadius, mais celui-ci était immensément supérieur en puissance intellectuelle. Enfin Thomas Murner ( 125, 4) parut avec quarante articles injurieux contre Zwingli. Œcolampadius et dix de ses amis s’obstinèrent à rejeter les thèses d’Eck ; tous les autres les acceptèrent. L’Assemblée des États déclara les réformateurs hérétiques, et ordonna aux cantons de les faire bannir.
130.7. Dispute à Berne, A.D. 1528. — Le résultat de la dispute de Berne fut mal reçu par les démocrates de Berne et de Bâle. Une dernière dispute fut organisée à Berne, à laquelle assistèrent 350 membres du clergé et de nombreux nobles. Zwingli, Œcolampadius, Haller, Capito, Bucer et Farel étaient là. Elle s’est poursuivie du 7 au 27 janvier après J.-C. Année 1528. Les catholiques manquaient cruellement de contestataires compétents, et ils subirent une défaite totale. Le culte et la constitution ont été radicalement réformés. Les cloîtres sont sécularisés ; Les prédicateurs prêtaient serment aux magistrats civils. Il y a eu de graves émeutes à la suite de la suppression des images. Le précieux orgue de la cathédrale Saint-Vincent a été brisé par les impitoyables iconoclastes. Une réforme politique fut opérée avec les religieux, et tous les stipendiaires reçurent leur avertissement.
130.8. Victoire complète de la Réforme à Bâle, Saint-Gall et Schaffhouse, A.D. 1529. — Le bourgmestre von Watt apporta à Saint-Gall la nouvelle de l’issue victorieuse de la dispute de Berne. Cela a donné le coup de grâce au parti catholique. Ainsi, dans A.D. En 1528, non sans quelques excès iconoclastes, la Réforme triompha. — À Bâle, le concile était divisé, et il ne prit donc que des demi-mesures. Le Vendredi Saint de l’an A.D. En 1528, des citoyens brisent les images de l’église Saint-Martin. Ils ont été appréhendés. Mais un soulèvement de citoyens obligea le conseil à les délivrer, et plusieurs églises d’où les images avaient été retirées furent livrées aux réformateurs. En décembre, A.D. En 1528, les corps de métier présentent une pétition demandant l’abolition définitive de l’idolâtrie. Le parti catholique et les réformés prirent les armes, et une guerre civile semblait imminente. Le conseil, cependant, réussit à réprimer les troubles en annonçant une dispute où la majorité des citoyens déciderait par leurs votes. Mais la minorité catholique protesta avec tant d’énergie que le concile eut de nouveau recours à des demi-mesures. Le mécontentement des réformés a conduit à une explosion d’images violentes pendant le Carême de notre ère. Année 1529. D’immenses feux de joie d’images et d’autels ont été allumés. Les membres catholiques stricts du concile s’enfuirent, les autres répriment la révolte par une capitulation inconditionnelle. Même Érasme céda (120, 6). Œcolampadius s’était marié en apr. J.-C. Année 1528. Il mourut en apr. J.-C. Année 1531. À Schaffhouse jusqu’à A.D. En 1529, les affaires étaient indécises, mais les procès de Bâle et de Berne donnèrent la victoire au parti réformé. Le drame s’est terminé par un double mariage. L’abbé de Tous-les-Saints épousa une religieuse et Erasmus Ritter épousa la sœur de l’abbé. Les images ont été enlevées sans tumulte et la messe abolie.
130.9. Le premier traité de Cappel, A.D. 1529. — Dans les cinq cantons forestiers, les catholiques eurent le dessus, et là furent impitoyablement réprimées toutes les tentatives de réforme politique aussi bien que religieuse. Zurich et Berne n’en pouvaient plus. Unterwald se révolta alors et trouva un soutien considérable dans les quatre autres cantons, et la situation des villes devint sérieuse. Les cantons forestiers se tournèrent alors vers l’Autriche, le vieil ennemi de la liberté suisse, et conclurent à Innsbrück en l’an 2000. 1529 une ligue formelle avec le roi Ferdinand pour l’assistance mutuelle en matière de foi. Se fiant à cette ligue, ils multiplièrent leurs cruelles persécutions contre les réformés, et brûlèrent vifs un prédicateur zurichois, Keyser, qu’ils avaient saisi sur la voie publique en territoire neutre. Alors les Zurichois se révoltèrent. Avec leur prépondérance décidée, ils auraient certainement écrasé les cinq cantons, et alors toute la Suisse aurait entouré Zwingli pour soutenir la réforme. Mais Berne était jalouse de l’importance croissante de Zurich, et même de nombreux Zurichois, par crainte de la guerre, ont exhorté à négocier la paix avec les anciens membres de la ligue. C’est ainsi qu’est né le premier traité de Cappel en apr. J.-C. Année 1529. Les cinq cantons renoncèrent à détruire l’acte de la ligue autrichienne, s’engagèrent à défrayer les frais de la guerre et convinrent que la majorité de chaque canton déterminerait la foi de ce canton. Quant à la liberté de croyance, il a seulement été dit qu’aucune partie ne devait pénaliser la foi de l’autre. C’était moins que ce que Zwingli souhaitait, mais c’était un gain considérable. La Thurgovie, le pays de Bade, Schaffhouse, Soleure, Neuchâtel, Toggenbourg, etc., sur la base de ce traité, ont aboli la messe, les images et les autels.
130.10. Le deuxième traité de Cappel, A.D. 1531. — Même après le traité, les cinq cantons continuèrent à persécuter les réformés et renouvelèrent leur alliance avec l’Autriche. Leur prépondérance excessive à l’Assemblée conduit Zurich à exiger une révision de la fédération. Cela amena les cantons forestiers à multiplier les cruautés contre les réformés. Zurich se prononça pour des hostilités immédiates, mais Berne décida de refuser tout commerce avec les cinq cantons. Lors de la diète de Lucerne, les cinq cantons décidèrent en septembre de l’an J.-C. 1531, pour éviter la famine en déclarant immédiatement la guerre. Ils firent leurs arrangements si secrètement que le parti réformé n’était pas le moins du monde préparé, lorsque tout à coup, le 9 octobre, une armée de 8 000 hommes, décidée à se venger, se précipita sur le canton de Zurich. En toute hâte, 2 000 hommes furent rassemblés, qui furent presque anéantis à la bataille de Cappel le 11 octobre. Là aussi, Zwingli est tombé. Son corps a été écartelé et brûlé, et les cendres dispersées aux vents. Zurich et Berne amenèrent bientôt une troupe de 20 000 hommes sur le champ de bataille, mais le courage de leurs ennemis s’était accru à mesure que toute confiance et tout esprit s’éloignaient des réformés. D’autres succès amenèrent les cantons forestiers, qui jusque-là n’avaient agi que sur la défensive, à passer à l’offensive, et les réformés furent contraints d’accepter à des conditions humiliantes le second traité de Cappel d’après J.-C. Année 1531. Celle-ci accordait la liberté de culte aux réformés dans leurs propres cantons, mais assurait la restauration du catholicisme dans les cinq cantons. Les vaincus eurent aussi à supporter les frais de la guerre et à renoncer à leur ligue avec Strasbourg, Constance et la Hesse. La minorité catholique, jusque-là opprimée, commença à s’affirmer de toutes parts et, en beaucoup d’endroits, elle réussit plus ou moins bien à s’emparer de l’ascendant. Il en fut de même en Argovie, en Thurgovie, à Rapperschwyl, à Saint-Gall, à Rheinthal, à Soleure, à Glaris, etc.
Luther dans sa « Captivité babylonienne de l’Église », de l’an J.-C. 1520, avait, à l’encontre des idées dominantes, qui faisaient dépendre l’efficacité des sacrements de la réception objective sans égard à la foi du receveur, opus operatum, mis en avant le côté subjectif d’une manière quelque peu extrême. Au cours de la première période de sa carrière de réformateur, et même à une période ultérieure, comme le montre sa lettre aux hommes de Strasbourg, il risquait d’aller jusqu’à négliger ou à nier le contenu réel objectif et divin du sacrement. Mais si décidée qu’elle fût à la théorie scolastique de la transsubstantiation, et convaincue qu’il était que le pain et le vin devaient être considérés comme de simples symboles, le texte de l’Écriture semblait lui dire clairement qu’il devait y reconnaître la présence du vrai corps et du vrai sang du Christ. Son souci d’éviter les erreurs des fanatiques, et sa simple acceptation de la parole de l’Écriture, l’ont conduit à cette conviction qui l’a inspiré jusqu’à la fin, que dans, avec et sous le pain et le vin, le vrai corps et le vrai sang du Seigneur sont reçus, par les croyants pour le salut, par les incroyants pour la condamnation.
Carlstadt ( 124, 3) avait nié complètement la présence du corps et du sang du Seigneur dans le sacrement. Il cherchait à écarter la force des mots de l’institution en donnant à τοῦτο un sens absurde : le Christ avait montré son propre corps actuel, et avait dit : « Voici mon corps, que je donnerai pour vous dans la mort, et en mémoire de celui-ci, je mangerai ce pain. » Lorsque Carlstadt, expulsé de Saxe, vint à Strasbourg, il chercha à intéresser les prédicateurs de cette ville, Bucer et Capito, à lui-même et à sa vision sacramentelle. Mais Luther n’a pas été ému par leurs tentatives de conciliation. Zwingli, lui aussi, prit le parti de Carlstadt. En accord pour l’essentiel avec Carlstadt, mais en posant la question sur une autre base, Zwingli interpréta les mots de l’institution, « Ceci est », par « Cela signifie », et réduisit la signification du sacrement à un mémorial symbolique de la souffrance et de la mort du Christ. Dans une épître au luthérien Matthew Alber à Reutlingen en A.D. En 1524, il exposa cette théorie et se rangea du côté de Carlstadt contre Luther. Il développa ses vues plus en détail dans son traité dogmatique, Commentarius de vera et falsa relig., A.D. 1525, où il caractérise la doctrine de Luther comme une opinio non solum rustica sed etiam impia et frivola. Œcolampadius, lui aussi, prit part à la controverse en tant que partisan de son ami Zwingli lorsqu’il fut attaqué par Bugenhagen, et écrivit dans A.D. 1525 son De genuina verborum Domini, Hoc est corpus meum, expositione. Il voulait comprendre le σῶμα des mots d’institution comme équivalent à « signe du corps ». Œcolampadius présenta son traité aux réformateurs souabes Brenz et Schnepf ; mais ceux-ci, de concert avec douze autres prédicateurs, répondirent dans le Syngramma Suevicum de l’an J.-C. 1525 tout à fait conforme à la doctrine de Luther. La polémique continue de s’étendre. Luther est apparu ouvertement contre les Suisses pour la première fois en J.-C. 1526 dans son « Sermon sur le sacrement contre les fanatiques », et à cela Zwingli répondit. Luther répondit encore dans son tract : « Que les mots : Ceci est mon corps, demeurent fermes ; » et dans A.D. En 1528, il publia son grand manifeste, « Confession à l’égard de la Cène du Seigneur » ( 144, 2, remarque). Malgré les efforts de conciliation des Strassbourg, la controverse continua. La déclaration de Zwingli était le shibboleth de la Réforme suisse, et a également été adoptée dans de nombreuses villes des hautes terres. Strasbourg, Lindau, Meiningen et Constance l’acceptèrent ; même à Ulm, Augsbourg, Reutlingen, etc., elle avait ses partisans. — Suite, 132, 4.
Pendant trois ans après le régime de Spires en A.D. 1526 Aucune procédure publique n’a été faite sur les questions religieuses. Cependant, le succès de la Réforme au cours de ces années a incité le parti catholique à faire un grand effort. À la diète suivante à Spires, en A.D. En 1529, les catholiques sont majoritaires et des mesures sont adoptées qui, espère-t-on, mettront fin à la Réforme. Les évangéliques déposèrent une protestation formelle (d’où le nom de protestants) et s’efforcèrent d’y donner suite. Les négociations d’union avec les Suisses et les montagnards n’ont certes pas abouti, mais dans la Confession d’Augsbourg de J.-C. En 1530, ils dressèrent devant l’empereur et l’empire un étendard autour duquel ils se rassemblèrent désormais avec une cordiale bienveillance.
132.1. L’incident de la meute, A.D. 1527, 1528. 1527 De sombres rumeurs de dangers pour les évangéliques commencent à se répandre. Le landgrave, soupçonnant l’existence d’une conspiration des princes catholiques allemands, donna à un officier du gouvernement du duc George, Otto von Pack, 10 000 florins pour obtenir des documents prouvant son existence. Il en produisit un avec le sceau ducal, qui obligeait les princes catholiques d’Allemagne à tomber sur les territoires de l’électeur et de la Hesse, et à partager les terres entre eux, etc. Le landgrave était tout feu et fureur, et l’électeur Jean lui-même se joignit à lui dans une ligue pour faire une vigoureuse démonstration contre l’attaque projetée. Mais Luther et Mélanchthon insistèrent sur les paroles de l’électeur Notre-Seigneur : « Tous ceux qui prendront l’épée périront par l’épée », et le convainquirent qu’il devait résister à l’attaque et se borner à la simple défense. Le landgrave, très offensé de l’échec de son projet, envoya une copie du document au duc Georges, qui déclara que toute l’affaire n’était qu’un tissu de mensonges. Philippe avait commencé des opérations contre l’électeur, mais il eut honte de lui-même quand il reprit ses esprits. Pack, lorsqu’il fut interrogé, se trouva mêlé à des contradictions, et il s’avéra que c’était un très mauvais sujet, qui avait déjà été condamné pour mensonge et intrigues. Le landgrave l’expulsa de ses territoires. Il erra longtemps en exil sans abri, et finalement, en A.D. 1536, fut exécuté sur ordre du duc Georges aux Pays-Bas. Tout cela a gravement nui aux intérêts de l’Évangile. La méfiance mutuelle entre les chefs protestants continua, et la sympathie se créa pour les princes catholiques en tant qu’hommes injustement accusés.
132.2. L’attitude de l’empereur, apr. J.-C. 1527-1529.―L’infidélité du roi de France et la ratification de la Ligue de Cognac ( 126, 6) a conduit à des relations très tendues entre le pape et l’empereur. Le vieux Frundsberg leva une armée en Allemagne, et les paysans allemands, sans solde ni récompense, traversèrent les Alpes, brûlant du désir d’humilier le pape. Le 6 mai de l’an J.-C. En 1527, l’armée impériale d’Espagnols et de Germains prend d’assaut Rome. Le soi-disant sac de Rome présenta une scène de pillage et de spoliation rarement égalée. Clément VII, assiégé à Saint-Ange, fut obligé de se rendre prisonnier. Mais une fois de plus, les espoirs de l’Allemagne ont été jetés à terre par l’empereur. Considérant l’opinion qui prévalait en Espagne, et influencé par sa propre antipathie pour l’hérésie saxonne, en plus d’autres combinaisons politiques, il oublia qu’il avait été sauvé par des soldats luthériens. En juin, A.D. En 1528, à Barcelone, il conclut une paix avec le pape et promit d’employer tout son pouvoir à réprimer l’hérésie. Par le traité de Cambray, en juillet de l’an J.-C. En 1529, la guerre de France est enfin terminée. Dans ce traité, les deux potentats promettaient de maintenir la chaire pontificale et François Ier. renouvela son engagement de fournir des secours contre les hérétiques et les Turcs. Charles se hâta alors de se rendre en Italie pour être couronné par le pape, entendant alors, par ses attentions personnelles, régler les affaires de l’Allemagne.
132.3. La Diète à Spires, A.D. 1529. — À la fin de l’an 1529. En 1528, l’empereur convoqua une autre diète à Spires, qui se réunit le 21 février après J.-C. Année 1529. Les choses avaient changé depuis J.-C. Débloquer 1526. Les catholiques sont réveillés par l’épisode de la Meute, les nobles hésitants sont terrorisés par l’empereur, les prélats sont présents en grand nombre, et les catholiques, pour la première fois depuis la diète de Worms, sont décidément majoritaires. La proposition des commissaires impériaux d’annuler les conclusions de la diète d’A.D. 1526 a été adopté à la majorité, et formulé comme la décision de la diète. Aucune innovation ne devait être introduite avant qu’au moins un concile n’ait été convoqué, que la messe fût partout tolérée, que la juridiction et les revenus des évêques fussent dans tous les cas entièrement rétablis. C’est le glas de la Réforme, car elle donne aux évêques le droit de déposer et de punir les prédicateurs à leur guise. Comme Ferdinand était sourd à toutes les remontrances, les évangéliques présentèrent une protestation solennelle, exigeant qu’elle soit incorporée dans le livre des lois impériales. Mais Ferdinand refusa de le recevoir. Les protestants ne prirent plus aucune mesure, mais rédigèrent un exposé formel de leur cause pour l’empereur, firent appel à un concile libre et à une assemblée nationale allemande, et déclarèrent qu’ils s’en tenaient constamment aux décisions de la diète précédente. Ce document était signé par l’électeur de Saxe, le landgrave de Hesse, Georges de Brandebourg, les deux ducs de Lunebourg et le prince Wolfgang d’Anholt. Parmi les villes des hautes terres, quatorze y souscrivèrent.
132.4. La Conférence de Marbourg, A.D. 1529. — L’électeur de Saxe et de Hesse entra dans une ligue défensive avec Strasbourg, Ulm et Nuremberg à Spires. Les théologiens présents n’acceptèrent qu’avec hésitation d’admettre le Strasbourg zwinglien. Le landgrave forma en même temps une alliance avec Zurich, qui s’attacha aux intérêts de François Ier. de la France. C’est ainsi que commença la coalition la plus formidable qui se fût jamais formée contre la maison d’Autriche. Mais on avait négligé un point qui rompait à nouveau tout : les différences religieuses entre les confessions luthériennes et zwingliennes. Mélanchthon retourna à Wittenburg [Wittenberg] avec de sérieux scrupules de conscience ; Luther s’était prononcé contre toute ligue, surtout contre toute fraternisation avec les « sacramentaires », et l’électeur était dans une certaine mesure d’accord avec lui. Même les théologiens de Nuremberg avaient des scrupules. La ligue proposée devait être ratifiée à Rotach en juin. La réunion a eu lieu, mais aucune conclusion n’a été tirée. Le landgrave était furieux, mais l’électeur était résolu. Philippe convoqua alors les principaux théologiens des deux côtés à une conférence à Marbourg, dans son château, qui dura du 1er au 3 octobre de notre ère. Année 1529. D’un côté, il y avait Luther, Mélanchthon, Justus Jonas, de Wittenberg, Brenz de Souabe, et Osiander de Nuremberg ; de l’autre côté, Zwingli de Zurich, Œcolampadius de Bâle, Bucer et Hadio [Hedio] de Strasbourg. Après que, par l’arrangement bien intentionné du landgrave, Zwingli eut discuté en particulier avec Mélanchthon, et Luther avec Œcolampadius, le premier jour, la conférence publique commença le second. Tout d’abord, plusieurs points ont été discutés sur la divinité du Christ, le péché originel, le baptême, la parole de Dieu, etc., à propos desquels des soupçons sur l’orthodoxie de Zwingli avaient été courants à Wittenberg. Sur tous ces points, Zwingli abandonna volontiers ses théories particulières et accepta les doctrines de l’Église œcuménique. Mais il maintenait vigoureusement son point de vue sur la Cène du Seigneur. Il s’en tint à Jean VI, 63 : « La chair ne sert à rien ; » mais Luther écrivit à la craie sur la table devant lui : « Ceci est mon corps », comme la parole de Dieu que personne ne peut expliquer. Aucun accord n’a pu être trouvé. Zwingli déclara qu’il était prêt pour la communion fraternelle, mais Luther et son parti refusèrent à l’unanimité. Luther a dit : « Vous êtes d’un autre esprit que nous. » Pourtant, Luther n’avait pas trouvé ses adversaires aussi mauvais qu’il s’y attendait, et les Suisses aussi trouvaient que la doctrine de Luther n’était pas aussi grossière et caborderaïque qu’ils l’avaient imaginé. Ils se mirent d’accord sur quinze articles, dans le quatorzième, ils décidèrent, sur la base de la doctrine œcuménique de l’Église, de s’opposer aux erreurs des papistes et des anabaptistes, et dans le quinzième, les Suisses admettaient que le vrai corps et le vrai sang du Christ étaient dans le sacrement, mais ils ne pouvaient admettre qu’ils étaient corporellement dans le pain et le vin. Trois exemplaires de ces articles de Marbourg ont été signés par les théologiens présents. — Suite, 133, 8.
132.5. La Convention de Schwabach et le landgrave Philippe.—Une assemblée s’est réunie à Schwabach en octobre de l’ère chrétienne. 1529, au cours de laquelle une confession de dix-sept articles fut proposée aux représentants des Suisses, mais rejetée par eux. Pendant ce temps, la réponse impériale aux décisions de la diète était arrivée d’Espagne, contenant des expressions très disgracieuses contre les protestants. Les nobles évangéliques envoyèrent une ambassade à l’empereur en Italie ; mais il refusa de recevoir la protestation, et traita les ambassadeurs presque comme des prisonniers. Ils sont rentrés en Allemagne avec un mauvais rapport. Jusque-là, il n’y avait eu qu’une fédération défensive contre les attaques de la Ligue souabe ou d’autres princes catholiques. L’espoir de Luther de gagner l’empereur fut anéanti. La question était maintenant de savoir ce qu’il fallait faire si l’empereur lui-même attaquait les réformés. Les juristes étaient en effet d’avis que les princes allemands n’étaient pas inconditionnellement soumis à l’empereur ; eux aussi ont l’autorité par la grâce de Dieu, et dans l’exercice de celle-ci, ils sont tenus de protéger leurs sujets. Mais Luther n’hésita pas un instant à comparer les rapports de l’électeur à l’empereur avec ceux du bourgmestre de Torgau avec l’électeur ; car il soutenait l’idée de l’empire aussi fermement que celle de l’Église. Il insista pour que les princes ne résistent pas à l’empereur, et qu’ils supportent tout patiemment pour l’amour de Dieu. Ce n’est que si l’empereur persécutait leurs propres sujets à cause de leur foi qu’ils devaient renoncer à leur obéissance. Les négociations du landgrave avec Zwingli n’aboutirent pas non plus. Pour des raisons politiques, malgré l’opposition de Wittenberg, il se forma une coalition de tous les protestants du nord, à l’exception du Danemark, qui s’étendait également au sud et embrassait même Venise et la France. Les Suisses arrêteraient le chemin de l’empereur à travers les Alpes ; Venise serait utile avec sa flotte, et le roi très chrétien de France devait être appelé comme protecteur de la liberté politique et religieuse de l’Allemagne. Mais ces beaux plans ont été considérés comme de vains rêves quand le moment est venu de les mettre en pratique.
132.6. La Diète d’Augsbourg, A.D. 1530. — De Boulogne, où le pape l’avait couronné, l’empereur convoqua une diète à Augsbourg, à laquelle, pour la première fois depuis neuf ans, il devait être personnellement présent. Une fois de plus, il chercherait à amener les protestants à revenir tranquillement à l’ancienne foi, et sa missive était donc très conciliante. Mais avant son arrivée, de nouvelles irritations s’étaient élevées à Augsbourg. L’électeur Jean permit aux prédicateurs qui l’accompagnaient, Spalatin et Agricola, de s’engager librement dans la prédication. L’empereur en fut très mécontent et lui envoya une requête pour retirer cette permission, qu’il ne tint cependant pas compte. Le 15 juin, accompagné du légat pontifical Campegius (126, 2, 3), il fit une entrée brillante, les protestants, sur le terrain de 2 Rois v. 17, 18, n’offrant aucune opposition à toutes les cérémonies civiles et ecclésiastiques de réception. Cela a donné à l’empereur une plus grande confiance dans le renouvellement de la demande d’arrêter la prédication. Mais les protestants tinrent bon, et le margrave George attira la colère sans mesure de l’empereur par sa déclaration décidée, mais humble, qu’avant de renier la parole de Dieu, il s’agenouillerait là où il se tenait et se ferait trancher la tête. Tout aussi catégoriquement, il refusa l’appel de l’empereur à se joindre à la procession de la Fête-Dieu le lendemain, même en ajoutant que c’était « à la gloire du Dieu Tout-Puissant ». À la fin, ils cédèrent la question de la prédication jusqu’à l’interrompre pendant le séjour de l’empereur, l’autre partie s’engageant à cesser les discours polémiques. Le 20 juin, la diète s’est ouverte. Sur la proposition de l’empereur, la question de la guerre contre les Turcs fut remise à plus tard, afin de permettre une discussion approfondie des questions religieuses.
132.7. La Confession d’Augsbourg, 25 juin apr. J.-C. 1530. — En vue de la diète, les théologiens évangéliques préparèrent pour l’électeur une courte confession sous la forme d’une révision des dix-sept articles de Schwabach, appelés articles de Torgau. Mélanchthon employa les jours qui précédèrent l’ouverture de la diète à rédiger, sur la base des articles de Torgau, en correspondance constante avec les théologiens évangéliques, la Confession d’Augsbourg, Confessio Augustana. Ce document concis, clair et décidé, quoique modéré, reçut l’approbation chaleureuse de Luther, qui, comme toujours sous le coup de l’interdiction, fut retenu par l’électeur de Cobourg. Il contenait vingt-et-un Articuli fidei præcipui, et aussi sept Articuli in quibus recensentur abusus mutati. Le 24 juin, les protestants déclarèrent qu’ils désiraient que leur confession fût lue publiquement. Mais ce fut avec peine qu’ils obtinrent l’accord de l’empereur pour qu’on en lût la lecture le 25 juin, et même pas dans la salle publique, mais dans une chapelle épiscopale beaucoup plus petite, où seuls les membres de la diète pouvaient trouver place. Les deux chanceliers de l’électorat, Baier et Brück, parurent, l’un avec un allemand, l’autre avec une copie latine de la confession. L’empereur voulut le latin, mais l’électeur insista pour que l’on lise la copie allemande sur le sol allemand. Cela fait, le Dr Brück remit les deux copies à l’empereur, qui conserva la copie latine et donna la copie allemande à l’électeur de Mayence. Tous deux ont été souscrits par l’électeur Jean, le margrave Georges, le duc Ernest de Lunebourg, le landgrave Philippe, le prince Wolfgang d’Anhalt et les villes de Nuremberg et de Reutlingen. L’aveu fit une impression favorable sur beaucoup de princes assemblés, et beaucoup de préjugés furent dissipés ; tandis que les évangéliques étaient grandement fortifiés par la confession unanime de leur foi devant l’empereur et l’empire. Les théologiens catholiques Faber, Eck, Cochlæus et Wimpina reçurent l’ordre de l’empereur de contester la confession. Sur ces entrefaites, Mélanchthon entama des négociations avec le légat Campegius, dans lesquelles son amour de la paix alla jusqu’à retirer toutes les demandes de mariage du clergé et de remise de la coupe aux laïcs, et à permettre la juridiction ecclésiastique des évêques, réservant la question de la messe à la décision d’un concile. Mais ces faibles concessions ne trouvèrent que peu ou pas de faveur auprès des autres protestants, et le légat ne put prendre aucun engagement contraignant avant d’avoir consulté Rome. Le 3 août. la réfutation des théologiens catholiques a été lue. L’empereur déclara qu’il maintenait les vues qu’il défendrait. Il s’attendait à ce que les princes fassent de même. Il était le défenseur de l’Église et n’était pas disposé à souffrir le schisme ecclésiastique en Allemagne. Les protestants demandèrent pour un examen plus approfondi une copie de la réfutation. Cela a été refusé. Le landgrave quitta alors la diète. À l’électeur, il dit qu’il lui avait donné, ainsi qu’à la parole de Dieu, corps et biens, terres et peuples ; et aux représentants des villes, il écrivit : « Dites aux villes qu’elles ne sont pas des femmes, mais des hommes. Il n’y a pas de peur ; Dieu est de notre côté. Le zélé duc papiste Guillaume de Bavière déclara à Eck : « Si j’entends bien, les luthériens s’assoient sur l’Écriture et nous à côté d’elle. » Les villes du côté de Zwingli, de Strasbourg, de Memmingen, de Constance et de Lindau, présentèrent leur propre confession rédigée par Bucer et Capilo [Capito], la Confessio TetrapolItana. Dans son dix-huitième article, il enseigne que le Christ donne dans le sacrement son vrai corps et son vrai sang pour être mangé et bu pour la nourriture de l’âme. L’empereur fit lire une réponse catholique, dont il exprima sa satisfaction. Pendant ce temps, Luther avait soutenu de Cobourg ceux qui luttaient pour la confession par la prière, le conseil et la consolation. Il prêcha fréquemment, écrivit de nombreuses lettres, négocia avec Bucer (133, 8), Il travailla à la translation des prophètes, et composa plusieurs ouvrages évangéliques d’édification.
132.8. Les conclusions de la diète d’Augsbourg. — L’esprit ferme et brillant de la minorité la fit paraître à la majorité catholique trop considérable pour permettre une brèche ouverte. Une nouvelle tentative a donc été faite pour parvenir à un accord. Une commission fut nommée, composée de part et d’autre de deux princes, de deux docteurs en droit canonique et de trois théologiens. Sur les vingt-et-un articles doctrinaux, à l’exception de celui sur les sacrements, ils étaient pratiquement d’accord, mais les protestants étaient appelés à abandonner tout ce qui concernait la constitution et les coutumes. La tentative échoua donc. Cinq villes impériales prirent le parti de l’empereur, le reste s’attacha aux princes protestants. Les protestants voulurent lire l’apologie de Mélanchthon pour la Confession d’Augsbourg contre l’accusation de réfutation catholique, mais l’empereur refusa avec un entêtement inflexible. C’était l’œuvre la plus décisive que Melanchthon ait jamais faite. À la fin de la diète, le 22 septembre, les princes protestants furent informés qu’on leur laisserait le temps de réfléchir jusqu’au 15 avril de l’année suivante ; En attendant, ils ne doivent imposer aucune innovation et doivent permettre la confession et la messe sur leurs territoires. La convocation rapide d’un concile fut expressément promise. Les princes de l’Église virent tous leurs droits rétablis. L’empereur déclara sa ferme résolution d’appliquer dans toute sa rigueur l’édit de Worms, et chargea le procureur de procéder contre les désobéissants jusqu’à les mettre au barreau. Le tribunal était formellement et expressément habilité à mettre en œuvre les conclusions de la diète. Enfin, l’empereur exprima le souhait qu’en raison de ses fréquentes absences, son frère Ferdinand fût élu roi de Rome. L’élection fut donc bientôt faite à Francfort ; mais l’électeur protesta contre elle.
Les protestants firent alors un effort sérieux pour réaliser une union en se formant en J.-C. 1531 La Ligue de Schmalcald. C’est à cette action décidée et aux difficultés politiques de l’empereur que nous devons la paix de Nuremberg [Nuremberg] de l’an J.-C. Année 1532. Le pas audacieux du landgrave libéra le Wurtemberg du joug autrichien et de l’oppression papale. En même temps, la Réforme triomphait en Anhalt, en Poméranie et dans plusieurs villes de Westphalie. Toute la Westphalie aurait pu n’en être qu’une sans les anabaptistes. Les efforts inlassables de Bucer réussirent enfin par le concordat de Wittenberg à ouvrir la voie à la ligue de Schmalcald dans les villes des Hautes Terres. La ligue se composait désormais d’un nombre imposant de membres puissants.
133.1. La fondation de la Ligue de Schmalcald, A.D. 1530, 1531. — Conférer à la cour de justice le pouvoir d’exécuter les décrets de la diète d’Augsbourg était des plus dangereux pour les protestants. Pour se protéger contre ce dessein, les nobles protestants, lors d’une assemblée à Schmalcald en décembre après J.-C. 1530, prit la résolution hardie que tous devaient se tenir à l’unisson pour résister à toutes les attaques de la cour. Mais lorsqu’il s’agit de discuter la question de savoir si, en cas de besoin, ils doivent aller jusqu’au bout de la résistance armée à l’empereur, l’opinion est partagée. Les vues des juristes l’emportèrent finalement sur celles des théologiens, et l’électeur insista pour qu’il y eût une ligue contre tout agresseur, fût-ce l’empereur lui-même. Lors d’une nouvelle convention à Schmalcald en mars, A.D. En 1531, une ligue fut conclue à ces conditions pour six ans. Ses membres étaient les électeurs de Saxe, de Hesse, de Lunebourg, d’Anhalt, de Mansfeld et de onze villes.
133.2. La paix de Nuremberg, A.D. 1532. — L’énergique coalition des protestants les avait rendus redoutables, et le sultan Soliman menaçait d’une nouvelle attaque. Si les protestants devaient être vaincus, il fallait s’entendre avec les Turcs ; si l’on voulait humilier les Turcs, un règlement pacifique avec les protestants était indispensable. La politique de Ferdinand pencha d’abord dans cette dernière direction, et sur son conseil, l’empereur convoqua une diète à Ratisbonne, et jusqu’à l’assemblée défendit toute poursuite sur la base des décrets de la diète d’Augsbourg. Mais bientôt la catastrophe en Suisse ( 130, 10) changea la politique de Ferdinand. Il lui semblait maintenant que c’était le moment le plus opportun pour porter un coup semblable aux évangéliques d’Allemagne. Il envoya donc une ambassade au sultan, avec le pouvoir de faire les conditions de paix les plus humiliantes. Mais Soliman rejeta toutes les propositions avec mépris et, en avril de l’an prochain. En 1532, il s’avança avec une armée de 300 000 hommes. Pendant ce temps, la Diète de Ratisbonne avait ouvert ses portes le 17 avril après J.-C. Année 1532. Les protestants ne présentèrent plus une humble pétition, comme ils l’avaient fait deux ans auparavant, mais ils firent valoir leurs revendications avec fermeté. Il n’est plus question de compromis ou de suffrance. Ils réclamaient la paix en matière de religion ; l’annulation de toutes les poursuites religieuses ; et, enfin, un concile général libre, où les choses devraient être décidées uniquement par la parole de Dieu. Tant que Ferdinand avait l’espoir d’obtenir une réponse favorable des Turcs, il n’envisageait pas sérieusement les propositions de paix. Mais quand cet espoir fut brisé et que le terrible hôte de Soliman approcha, il n’y eut pas de temps à perdre. À Nuremberg, la paix fut conclue le 23 juillet de l’an J.-C. Année 1532. L’électeur fidèle fut autorisé à voir l’heureux jour, mais mourut la même année. Son fils, Jean-Frédéric le Magnanime, lui succéda . 1532-1547. Une noble armée fut bientôt levée parmi les gardes impériaux. Soliman subit divers malheurs sur terre et sur l’eau, et se retira sans rien accomplir. L’empereur se rendit alors en Italie et insista pour que le pape convoque un concile général. Mais le pape pensait que le moment n’était pas venu pour cela. De même, l’annulation des poursuites promises dans le traité est restée longtemps sans exécution. Les poursuites en cours, principalement au sujet de la restitution des biens ecclésiastiques et de la juridiction, ont été déclarées non pas comme des questions de religion, mais de spoliation et de violation de la paix. Les protestants déposèrent une plainte officielle en janvier de notre ère. Année 1534. On n’en tint pas compte, et l’on s’arrangea pour mettre certains nobles au ban lorsque des événements survinrent dans le Wurtemberg qui changèrent l’aspect des choses.
133.3. L’évangélisation du Wurtemberg, A.D. 1534, 1535. — La ligue souabe, dans l’intérêt de l’Autriche, avait obtenu le bannissement du duc Ulrich en A.D. 1528, et fit échouer toutes les tentatives d’obtenir son retour. Son fils Christophe avait été éduqué à la cour de Ferdinand, et en A.D. En 1532, il accompagne l’empereur en Espagne. Il s’enfuit dans les Alpes et revendiqua publiquement son héritage allemand. Le landgrave Philippe, ami personnel d’Ulrich, avait depuis longtemps résolu de reconquérir le Wurtemberg pour lui. Enfin, au printemps de l’an J.-C. En 1534, avec l’aide de l’or français, il exécuta son plan. À Laufen, l’armée de Ferdinand fut presque anéantie, et lui-même fut obligé par la paix de Cadau de l’an J.-C. 1534 pour rétablir Ulrich dans le Wurtemberg en tant que sous-feudataire, mais avec siège et vote à la diète impériale, et lui laisser les mains libres dans l’exécution de la Réforme sur son territoire. Les vues de Luther avaient dès le début trouvé un accueil chaleureux dans le Wurtemberg. Le plus ancien et le plus distingué des réformateurs souabes, dont la réputation s’était répandue bien au-delà du Wurtemberg, était Jean Brenz ( 131, 1 ; 132, 4 ; 135, 2 ; 136, 6 et 8). Il a été prédicateur à Halle souabe à partir de J.-C. 1522, prévôt à Stuttgart à partir de J.-C. 1553, et mourut en A.D. Année 1570. Mais le gouvernement de Ferdinand avait tendu le bras jusqu’à tuer à mort toutes les manifestations de sympathie pour la Réforme. L’œuvre d’évangélisation se poursuivait d’autant plus rapidement. Ulrich amena avec lui Ambroise Blaurer, disciple de Zwingli et ami de Bucer, et Erhard Schnapf, partisan convaincu de Luther ; C’est à la première qu’il confia l’évangélisation de la partie supérieure, et à la seconde l’évangélisation de la partie inférieure de ses territoires. Tous deux s’étaient mis d’accord pour accepter une formule commune des principes de la Réforme. En fondant l’université de Tübingen, organisée sur le modèle de Marbourg, Ulrich rendit d’importants services à la cause de l’enseignement protestant. Plusieurs tribunaux et villes voisins ont été encouragés à suivre l’exemple du Wurtemberg.
133.4. La Réforme en Anhalt et en Poméranie, A.D. 1532-1534. — Wolfgang d’Anhalt avait de bonne heure introduit la Réforme sur les bords de la Saale et à Zerbst. Un autre prince d’Anhalt, Georges, d’abord adversaire de Luther, mais converti par ses écrits, commença en A.D. 1532 la Réforme du pays à l’est de l’Elbe. Et quand l’évêque de Brandebourg refusa d’ordonner ses prêtres mariés, il les envoya se faire ordonner par Luther à Wittenberg. La Réforme de Poméranie fut beaucoup plus violente. Les nobles et le clergé cherchèrent à soulever le peuple contre le luthéranisme. Le prince Barnim était un ardent partisan de Luther, mais son frère George s’y opposait farouchement. À la mort de Georges, son fils Philippe se joignit à Barnim pour introduire la Réforme dans le pays. À l’assemblée de Treptow, en décembre de l’ère chrétienne. En 1534, ils présentèrent un projet de Réforme, que les nobles acceptèrent de bon cœur. Elle a été mise en service par Bugenhagen par une visite d’église sur le modèle de celle de la Saxe.
133.5. La Réforme en Westphalie, A.D. 1532-1534. — Dans les villes de Westphalie, les hymnes de Luther ont beaucoup accompli. Pideritz, curé de Lamgo, était un partisan d’Eck ; mais, désireux de voir par lui-même l’action des nouvelles vues, il se rendit à Brunswick, et revint inaugurer la Réforme dans sa propre ville. À Soest, le concile catholique condamna à mort un ouvrier qui en avait parlé avec irrespect. Deux tentatives maladroites furent faites sur l’échafaud, et la victime fut enfin ramenée chez elle par la foule en triomphe. Il est décédé le lendemain. Le conseil s’enfuit précipitamment de la ville. Et c’est ainsi qu’en juillet, A.D. En 1533, le catholicisme perdit son dernier appui en ce lieu. À Paderborn, où l’on jouissait de la liberté de prêcher, l’électeur de Cologne (135, 7) fit emprisonner quelques-uns des principaux luthériens ; et quand quelques-uns de ceux qui se trouvaient sur le râtelier avouèrent une correspondance traîtresse avec le landgrave de Hesse, dont ils avaient été faussement accusés, il les condamna à mort. Mais ému par la demande d’un vieillard de partager leur mort, et par les pleurs des femmes et des jeunes filles, Hermann leur épargna la vie. À Münster, les doctrines de Luther ont été prêchées dès J.-C. 1531 par Rottmann, et bientôt les évangéliques gagnèrent l’ascendant, de sorte que le conseil et le clergé quittèrent la ville. L’évêque de Waldeck, après une tentative infructueuse par la force des armes, fut obligé en A.D. 1533 pour accorder une liberté religieuse inconditionnelle. Les villes voisines étaient sur le point de suivre l’exemple de la capitale, lorsqu’une catastrophe se produisit qui eut pour résultat la restauration complète du catholicisme.
133.6. Troubles à Münster, A.D. 1534, 1535. — Rottmann avait ajouté à son credo zwinglien le renoncement au baptême des enfants, et préparé la voie aux excès anabaptistes. Jean de Leyde est apparu en apr. J.-C. En 1534, il gagna une grande popularité en tant que prédicateur, et le concile fut assez faible pour accorder une reconnaissance légale aux fanatiques. Les fous furieux affluent dans la ville. L’un de leurs prophètes a proclamé que c’était la volonté de Dieu que les incroyants soient expulsés. C’est ce qui fut fait le 27 février de notre ère. Année 1534. Sept diacres se partagèrent ce qui restait entre les croyants. En mai, l’évêque assiégea la ville. Cela eut pour effet de confiner le désordre fou à Münster. Après la destruction de toutes les images, de tous les organes et de tous les livres, à l’exception seulement de la Bible, la communauté des biens a été introduite. Jean de Leyde obtint que le concile fût annulé comme l’exigeaient ses révélations, et nomma un gouvernement théocratique de douze anciens, qui s’inspirèrent du prophète. Il proclama la polygamie, prenant lui-même dix-sept femmes, tandis que Rottmann se contenta de quatre. C’est en vain que la conscience morale des habitants protesta-t-elle. Les opposants ont été exécutés. L’un de ses compagnons prophètes proclama Jean roi du monde entier. Il établit un établissement ostentatoire et coûteux, et commit les abominations les plus effroyables. Il se considérait comme appelé à inaugurer le millénium, envoya vingt-huit apôtres pour étendre son royaume et nomma douze ducs qui devaient gouverner le monde sous sa direction. Les assiégeants firent une tentative infructueuse en août de l’an J.-C. 1534, pour prendre d’assaut la ville. Si des secours ne leur avaient pas été envoyés avant la fin de l’année de Hesse, de Trèves, de Clèves, de Mayence et de Cologne, ils auraient été obligés de lever le siège. Même alors, ils ne pouvaient songer qu’à réduire la ville par la famine. Il était déjà dans une situation très difficile. La nuit de la Saint-Jean, A.D. En 1535, un déserteur conduit les troupes jusqu’aux murailles. Après une résistance opiniâtre, les anabaptistes furent battus. Rottmann se jeta au plus vif du combat, et y périt. Jean, avec ses principaux officiers, fut fait prisonnier, mis à mort avec d’effroyables tortures le 22 janvier de l’ère chrétienne. 1536, puis pendu enchaîné à la tour Saint-Lambert. Le catholicisme fut ainsi rétabli dans sa suprématie absolue.
133.7. Extension de la ligue de Schmalcald, A.D. 1536. — Une guerre avec la France avait éclaté en A.D. 1536, qui taxa toutes les ressources de l’empereur. François Ier. avait fait alliance avec Soliman pour une attaque combinée contre l’empereur. Au lieu de punir les princes protestants pour leurs agissements dans le Wurtemberg, il fut donc obligé de faire tout ce qu’il pouvait pour les concilier, car François demandait leur alliance. Ferdinand donc, à partir de l’été de l’an J.-C. 1535, chercha à s’attirer les bonnes grâces des protestants. En novembre, il reçut la visite de l’électeur à Vienne et accorda la prolongation de la paix de Nuremberg à tous les nobles qui, depuis sa ratification, étaient devenus protestants. L’électeur se rendit alors à une assemblée à Schmalcald, où la ligue de Schmalcald fut prolongée de dix ans, l’ambassade de France dissipée et l’opposition à l’Autriche abandonnée. Sur la base du pacte de Vienne, le Wurtemberg, la Poméranie, l’Anhalt et plusieurs villes furent ajoutés à la ligue. La signature de la Confession d’Augsbourg était la condition indispensable de la réception. Bucer réussit à convaincre les villes des hautes terres d’accepter cette condition.
133.8. Le Concordat de Wittenberg de J.-C. 1536. — Bucer et finalement Œcolampadius, firent sur la doctrine des sacrements des concessions les convainquirent de manière satisfaisante pour Luther, mais elles furent rejetées par Bullinger de Zurich. En décembre, A.D. En 1535, il y eut une conférence à Cassel entre Bucer et Melanchthon. Une conférence plus importante eut ensuite lieu à Wittenberg, à laquelle assistèrent Bucer et Capito, de Strasbourg, ainsi que huit autres théologiens distingués des hautes terres. Alors qu’ils acceptaient la formule « dans, avec et sous », la seule question qui restait était de savoir si les incroyants participaient au corps de Christ. Ils l’admettaient à l’égard des indignes, mais non pas, comme Luther le voulait, à l’égard des impies et des incrédules. Luther était satisfait. Le 25 mai de l’an J.-C. En 1536, Mélanchthon composa la « Concorde de Wittenberg », qui fut signée par tous et ratifiée par la participation commune au sacrement. À la suite de cet effort d’union, trois des théologiens suisses, Bullinger, Myconius et Grynæus, firent sécession et produisirent la Confessio Helvetica prior, dans laquelle la doctrine zwinglienne des sacrements était maintenue modérément, mais fermement.
Clément VII trouva bien des excuses pour différer la convocation d’un concile. Enfin, en apr. J.-C. En 1533, il se déclara disposé à le faire dans le courant de l’année, mais il exigea des protestants qu’ils acceptent sans réserve ses décisions, ce qu’ils n’acceptèrent pas. Son successeur, Paul III, apr. J.-C. 1534-1549, convoqué à Mantoue en 1544 . Année 1537. Luther composa pour elle comme un manifeste les Articles de Schmalcald ; mais finalement les protestants renouvelèrent leur demande d’un concile libre dans une ville allemande. En apr. J.-C. En 1538, les nobles catholiques conclurent la Sainte-Alliance à Nuremberg pour l’exécution des décrets de la diète d’Augsbourg ; mais les difficultés politiques de l’empereur l’obligèrent à faire de nouvelles concessions aux protestants dans l’intérim de Francfort de l’an 2000. Année 1539. Mais la même année, le duché de Saxe et l’électorat de Brandebourg passèrent à la Réforme. Au début de l’ère chrétienne. En 1540, presque toute l’Allemagne du Nord est conquise. Seul le duc Henri de Brunswick défendit l’ancienne foi.
134.1. Les articles de Schmalcald, A.D. 1537. — En apr. J.-C. 1535 Paul III envoie son légat Vergerius (139, 24) en Allemagne pour fixer un lieu de réunion pour le conseil. À Wittenberg, il s’entretint avec Luther et Bugenhagen, qui, ne s’attendant guère à ce que le concile fût indifférent à l’endroit. Le concile fut formellement convoqué à Mantoue le 23 mai de notre ère. Année 1537. Lors d’un régime à Schmalcald en février A.D. En 1537, les protestants énoncent leurs revendications. Luther, par l’ordre de l’électeur, avait rédigé les articles dont le concile doit s’occuper. Ces articles de Schmalcald sont nettement polémiques et indiquent hardiment les limites de la hiérarchie pontificale exigée par les évangéliques. La première partie énonce brièvement quatre positions incontestées sur la Trinité et la personne du Christ ; la seconde partie traite de l’office et de l’œuvre de Christ ou de notre rédemption, et marque brusquement les points de différence entre les deux confessions ; La troisième partie traite des points que le Conseil peut examiner plus avant. Dans la deuxième partie, Luther rejeta inconditionnellement la primauté du pape, comme n’étant pas de droit divin et incompatible avec le caractère d’une véritable Église évangélique. Quand les articles eurent été souscrits par les théologiens, Mélanchthon ajouta sous son nom : « Quant au pape, je tiens que s’il n’opprime pas l’Évangile, pour le bien de la paix et de l’unité des chrétiens qui sont ou peuvent être sous lui, sa supériorité sur les évêques jure humano pourrait être admise par nous. » Les traités de Mélanchthon sur « Le pouvoir du pape » et la « juridiction des évêques » ont également été souscrits par les théologiens et ajoutés aux articles de Schmalcald. Il fut alors décidé que, pour obtenir un concile chrétien libre, il devait se tenir dans une ville allemande. L’électeur fit même la proposition audacieuse de faire convoquer un contre-concile, par exemple à Augsbourg, par Luther et ses collègues évêques.
134.2. La Ligue de Nuremberg, A.D. 1538. — Les princes protestants furent étonnés, à la fin de la convention de Schmalcald, d’apprendre par le vice-chancelier Held, au nom de l’empereur, qu’il ne reconnaissait ni la paix de Cadau ni le pacte de Vienne, et que les poursuites seraient reprises. Ils reprirent donc leur ancienne attitude d’opposition. Mais Held visita tous les tribunaux catholiques afin d’achever la formation d’une ligue catholique pour la suppression du protestantisme. Ferdinand, qui savait bien que Held avait outrepassé ses instructions, était très en colère, car l’empereur était dans la plus grande détresse, mais il ne pouvait pas offrir d’opposition directe sans offenser les princes catholiques. Ainsi, le 10 juillet après J.-C. En 1538, la Sainte-Alliance est formée à Nuremberg, englobant Georges de Saxe, Albert de Brandebourg, Henri et Éric de Brunswick, le roi Ferdinand et l’archevêque de Salzbourg. Les nobles Schmalcald se préparèrent à répondre à la force par la force. Un engagement général sanglant semblait inévitable.
134.3. L’intérim de Francfort, A.D. 1539. — Comme l’empereur avait besoin d’aide contre Soliman, il rappela Held, et envoya à sa place Jean, ancien archevêque de Leyde. Les électeurs du Brandebourg et du Palatinat se rendirent en médiateurs auprès du nouvel envoyé à Francfort, où des négociations furent entamées avec les protestants présents, qui réclamaient une paix inconditionnelle et durable, ainsi qu’un tribunal judiciaire composé de membres protestants et catholiques. Ces demandes furent d’abord refusées, mais un besoin pressant obligea l’empereur à rouvrir les négociations, proposant la tenue d’une diète, composée de théologiens érudits et de laïcs simples et pacifiques, pour réaliser une union définitive des chrétiens dans la foi et le culte. Il accorderait également la suspension de toutes les poursuites contre les protestants pendant dix-huit mois. Les protestants acceptèrent dans ce « Frankfort Interim » ce qui avait été tant recherché à la diète de Nuremberg. C’est une victoire du Schmalcald sur la Ligue de Nuremberg. La confiance du public dans le protestantisme grandit et la cause s’étendit rapidement à de nouvelles régions.
134.4. La Réforme en Saxe albertine, A.D. 1539. — Le duc Georges de Saxe, A.D. 1500-1539, était un fervent adepte de l’ancienne foi. De ses quatre fils, un seul survécut, et il était presque imbécile. Il l’a fait marier, mais il est mort deux mois après le mariage. Le vieux prince était dans la perplexité, car son frère Henri, ardent partisan de la Réforme, était son héritier le plus proche. Il pouvait difficilement supporter l’idée de voir toute l’œuvre de sa vie immédiatement défaite. Le jour de la mort de son dernier fils, il proposa à ses nobles un plan de succession, selon lequel son frère Henri ne lui succéderait que s’il adhérait à la ligue de Nuremberg ; sinon, il doit aller à l’empereur ou au roi de Rome. Le duc Henri rejeta la proposition, et le duc George mourut avant d’avoir pu produire un autre plan. C’est avec de grandes réjouissances que le peuple reçut son nouveau prince, et il lui prêta serment d’allégeance à Leipzig. Luther était là, pour la première fois depuis vingt ans, et prêchait avec un succès extraordinaire. La Réforme s’est déroulée rapidement dans tout le district. Le roi de Rome voulut en effet contester la prétention de Georges, mais la ligue de Schmalcald résolut de le soutenir, de sorte que Ferdinand jugea prudent de ne pas prendre d’autres mesures.
134.5. La Réforme dans le Brandebourg et les États voisins, A.D. 1539. — Henri de Neumark se joignit à la ligue de Schmalcald, et introduisit la Réforme dans ses territoires ; mais son frère Joachim II de Brandebourg, A. D. De 1535 à 1571, il adhéra pendant plusieurs années à l’ancienne foi sans interdire la prédication évangélique, ce qui fit peu à peu impression sur son propre esprit. Au début de l’ère A.D. En 1539, avec l’approbation de ses nobles, il adhère aux doctrines réformées. La ville de Berlin demanda la communion sous les deux espèces, et une partie considérable de la noblesse de Brandebourg exprima un ardent désir de l’Évangile pur. Le 1er novembre apr. J.-C. En 1539, Joachim rassembla tous les prédicateurs de son pays dans l’église Nicolai de Spandau, l’évêque de Brandebourg fit la première communion évangélique, et toute la cour et de nombreux chevaliers reçurent la communion sous les deux espèces. Le peuple suivit l’exemple du prince. Joachim esquissait un service qui laissait subsister plusieurs des anciennes cérémonies, mais la justification par la foi était le point central de la doctrine, et la communion sous les deux espèces le centre du culte. La duchesse Élisabeth de Calenberg-Brunswick suivit l’exemple de son frère. Après la mort de son mari Éric, qui était d’un autre avis, elle exerça son influence en tant que régente pour la propagation de la religion réformée. Le cardinal-archevêque et électeur de Mayence, Albert de Brandebourg, cherchait à préserver son diocèse archiépiscopal de Magdebourg, mais ses appels constants à l’argent ne seraient satisfaits qu’à la condition qu’il accorde la liberté de prêcher. À sa résidence de Halle, il opposa une vigoureuse résistance, mais là aussi il fut obligé de céder. Sous ses yeux, Justus Jonas, l’ami le plus fidèle de Luther et son compagnon de travail, professeur et prévôt de Wittenberg depuis J.-C. 1521, poursuivit l’œuvre de la Réforme dans la ville. Le cardinal, furieux, quitta Halle et « l’idole de Halle » (123, 8) Le Mecklembourg adopta aussi, vers cette époque, la constitution évangélique, principalement encouragée par l’un de ses princes, Magnus, évêque de Schwerin. L’abbesse de Quedlinbourg, Anna von Stolberg, n’avait pas osé, tant que vécut le duc Georges de Saxe, présenter sa confession évangélique ; mais maintenant, sans opposition, elle réforma son couvent et la ville.
L’Intérim de Francfort a ravivé l’idée d’une union libre entre ceux qui, pour la plupart, étaient d’accord sur les questions de foi et de culte. Dans le but de réaliser cette idée, toute une série de conférences religieuses ont été organisées. Mais, à peu près comme sa réalisation sembla l’être à un moment donné, toutes les mesures prises se révélèrent avortées les unes après les autres, parce que l’empereur ne voulait pas reconnaître les conclusions d’une conférence à laquelle un légat pontifical n’assistait pas. Et c’est précisément à cette époque, où la puissance imposante des nobles protestants excitait les plus vives espérances, que les princes protestants eux-mêmes posaient les bases de leur plus profonde humiliation : le landgrave par son double mariage, et l’électeur par ses querelles avec la cour ducale saxonne.
135.1. Le double mariage du landgrave, A.D. 1540. — Le landgrave Philippe de Hesse avait épousé Christine, fille du défunt duc Georges de Saxe. Diverses causes avaient amené une brouille entre eux, et une forte nature sensuelle, qu’il n’avait pu maîtriser, l’avait poussé à des actes répétés d’infidélité. Sa conscience le réprimandait ; Il se sentait indigne d’être admis à la communion, si grand que fût son désir, et doutait du salut de son âme. À l’égard de sa femme, il ne pouvait songer à divorcer. Puis vint l’idée, suggérée par la polygamie de l’Ancien Testament qui n’avait pas été abrogée dans le Nouveau Testament, qu’avec le consentement de sa femme, il pourrait contracter un second mariage régulier avec Margaret von der Saale, l’une des servantes de sa sœur. En nov., A.D. En 1539, il envoie Bucer à Wittenberg afin d’obtenir les conseils de Luther et de Melanchthon. L’alternative était soit la poursuite de l’adultère, soit une vie conjugale honorable avec une seconde épouse prise avec le consentement de la première. Luther et Mélanchthon le supplièrent instamment, pour lui-même et pour l’Évangile, d’éviter ce terrible scandale, mais ils reconnurent avec hésitation que cette dernière alternative était moins odieusement méchante que la première. Ils ajoutèrent cependant que, pour éviter le scandale, le mariage devait être privé, et que leur réponse ne devait pas être considérée comme une opinion théologique, mais comme un conseil confidentiel. Le landgrave fit consommer le mariage en mai de l’an J.-C. Année 1540. Mais l’histoire s’est rapidement répandue. La cour de Saxe albertine était profondément indignée, l’électeur hors de lui-même de rage, les théologiens dans le plus grand embarras. Mélanchthon commença à assister à une conférence religieuse à Hagenau, mais l’excitation de cette malheureuse affaire le prosterna sur un lit de malade à Weimar. L’empereur menaça Philippe d’infliger la peine capitale, qui, selon la loi de l’empire, était attachée au crime de bigamie. Finalement, l’électeur convoqua à Eisenach une assemblée de théologiens saxons et hessois pour se concerter à ce sujet. Luther refusa de traiter cela comme une question de droit et exigea la vie privée absolue comme condition d’autorisation. Parmi les adversaires de la Réforme, c’est le duc Henri de Brunswick qui insiste pour imposer les plus hautes peines de la loi. Il était, en effet, le moins apte, par son propre caractère, à jouer le rôle de défenseur de la morale. Il était bien connu qu’il vivait alors dans l’adultère avec Eva von Trott, après sa mort et son enterrement prétendus. Dans sa perplexité, Philippe se tourna vers le chancelier impérial Granvella, qui était prêt à intercéder pour lui, mais à des conditions auxquelles le landgrave ne pouvait accéder. Enfin, à la diète de Ratisbonne, en apr. J.-C. En 1541, Philippe s’engagea à promouvoir les intérêts impériaux et à ne s’unir à aucune union hostile à ceux-ci, et, à ces conditions, l’empereur consentit à lui accorder une indemnité complète.
135.2. La Conférence Religieuse de Worms, A.D. 1540. — Les négociations de paix avec la France ayant échoué, l’empereur avait encore besoin de l’appui du parti protestant. Il accepta donc la tenue d’une conférence religieuse à Worms, afin de parvenir si possible à une bonne compréhension mutuelle sur la base de l’Écriture Sainte. Elle a eu lieu en novembre après J.-C. 1540, sous la présidence de Granvella. D’un côté, il y avait Melanchthon, Bucer, Capito, Brenz et Calvin ; de l’autre, Eck, Gropper, chanoine de Cologne, l’Espagnol Malvenda, etc. Mais l’empereur avait insisté pour que le nonce apostolique Marone y participe, ce qui, contrairement à son intention, réduisit à néant toute l’affaire. En effet, Marone présenta d’abord un certain nombre d’objections formelles, et lorsqu’enfin, en janvier de notre ère. En 1541, la conférence commença et éveilla les plus grandes appréhensions pour la papauté, il ne se reposa que lorsque Granvella, avant même que le premier article sur le péché originel eût été discuté, ne dissolvât la conférence au nom et sur l’ordre de l’empereur. Mais l’empereur ne renonça pas à l’idée d’une conciliation, et convoqua une diète à Ratisbonne, où les négociations devaient être renouvelées.
135.3. La Conférence religieuse de Ratisbonne, A.D. 1541. — La diète de Ratisbonne fut ouverte le 5 avril de notre ère. Année 1541. L’empereur, désireux d’arriver à une conclusion pacifique, nomma d’un côté Eck, Gropper et Julius von Pflugk, doyen de Meissen ; et Melanchthon, Bucer et Pistorius, de l’autre côté ; avec Granvella et Frédéric, comte palatin, comme présidents. Le nonce Contarini était le représentant de la curie. Par une telle réunion, l’empereur espérait parvenir à la conclusion souhaitée. En Italie ( 139, 22) il s’était écoulé un certain nombre d’hommes bien instruits dans l’Écriture, qui cherchaient à réformer la doctrine de l’Église en adoptant le principe de la justification par la foi, sans toucher à la primauté du pape et à tout le système hiérarchique. Contarini était l’un des chefs de ce parti. Il s’était entendu avec l’empereur sur le fait que la justification par la foi, l’usage de la coupe dans la communion par les laïcs et le mariage des prêtres devaient être autorisés pour l’Allemagne, et que, d’autre part, les protestants devaient accepter la primauté du pape. La justitia imputativa a été reconnue par les deux parties ; et même lorsque Contarini, sur la base de cette imputation, insista sur une justitia inhærens, c’est-à-dire non seulement une déclaration, mais une déclaration juste, puisqu’il la fondait uniquement sur les mérites du Christ, les protestants acquiescèrent. Des divergences surgirent au sujet de la doctrine de l’Église, qui furent réservées pour une autre occasion. Et maintenant, ils arrivèrent au sacrement de l’autel. La communion sous les deux espèces a été acceptée par les deux ; Mais des problèmes surgirent au sujet du mot transsubstantiation. Non seulement Eck, qui s’était opposé à toutes les concessions, mais même Contarini, qui avait reçu ses ordres de Rome, ne voulut pas céder. Pas plus que les protestants. La conférence a donc dû être dissoute. L’empereur voulut que les deux partis acceptassent les articles convenus comme un critère commun, et qu’on leur accordât la tolérance sur les points contestés ; mais la majorité catholique n’y consentirait pas. C’est pourquoi, comme on appelle habituellement la décision de la diète, l’intérim de Ratisbonne prolonge la paix de Nuremberg (133, 2) à tous les membres actuels de la Ligue de Schmalcald, et n’imposait aux protestants que les articles acceptés.
135.4. La Déclaration de Ratisbonne, A.D. 1541. — L’empereur, pour satisfaire les protestants naturellement mécontents, fit une déclaration spéciale, annulant le décret de poursuite de la diète d’Augsbourg et déchargeant les adhérents de la confession d’Augsbourg de toute incapacité. De plus, l’injonction de ne retenir aucun droit du clergé fut étendue aux ministres protestants. Mais le jour même où la déclaration fut publiée, l’empereur tint une séance privée avec la majorité catholique, au cours de laquelle la Ligue de Nuremberg fut renouvelée et le pape reçu. Il espérait ainsi recevoir de l’aide de tous les partis et conjurer les conflits intestins jusqu’à une époque plus opportune. Il conclut un traité séparé avec le landgrave et l’électeur Joachim II, tous deux s’engageant à soutenir les intérêts impériaux. L’électeur promit expressément de ne pas adhérer à la ligue de Schmalcald ; et le landgrave promit de s’opposer à toute association de la ligue, non seulement avec les puissances étrangères (Angleterre et France), mais aussi avec le duc de Clèves, avec lequel l’empereur avait une querelle permanente. En retour, le landgrave obtint une amnistie pour tous les délits antérieurs et une liberté paisible en matière de religion. Les négociations de l’empereur avec l’électeur de Saxe échouèrent à cause de la querelle de Clèves, car le duc de Clèves était son beau-frère.
135.5. L’évêché de Naumburg, A.D. 1541, 1542.―Depuis A.D. En 1520, les doctrines luthériennes s’étaient répandues dans le diocèse de Naumburg. À la mort de l’évêque, en . En 1511, le chapitre élit le savant et doux prévôt Julius von Pflugk. Mais l’électeur considéra qu’il était convenable dans un État luthérien d’avoir un évêque luthérien, et refusa donc de confirmer la nomination de Pflugk, et fit Nic. von Arnsdorf ( 127, 4) ordonné évêque par Luther, en . 1542, « sans chrême, beurre, suif, saindoux, goudron, graisse, encens et charbons ». L’administration civile du diocèse était confiée à un officier électoral ; Arnsdorf se contentait du petit revenu de 600 florins et le reste des revenus était appliqué à des usages pieux. Après la bataille de Mühlberg, en A.D. 1547, Arnsdorf est expulsé et Pflugk rétabli. À sa mort en 1564, le chapitre, bien que luthérien, ne restaura pas Arnsdorf, mais en confia l’administration à un prince saxon. La violence de l’électeur dans cette affaire offensa beaucoup la cour Albertine. Le duc Henri était mort en apr. J.-C. 1541, et son fils Maurice lui succède. L’électeur et le jeune duc se querellèrent sur une question de juridiction, et ce ne fut qu’avec beaucoup de peine que Luther et le landgrave parvinrent à une solution pacifique du différend. Mais peu après, l’éloignement mutuel et la rivalité entre les cours éclatèrent sous une forme violente.
135.6. La Réforme à Brunswick et dans le Palatinat, A.D. 1542-1546. — Le duc Henri de Brunswick accusa la ville de Goslar de la destruction de deux monastères, et, malgré toutes les concessions faites aux protestants, la cour prononça l’interdiction contre la ville et autorisa Henri à l’exécuter. L’électeur et le landgrave, agissant au nom de la ligue de Schmalcald pour la défense de la ville, entrèrent sur le territoire d’Henri en apr. J.-C. 1542 et l’a conquise. L’Évangile fut alors prêché, et une constitution évangélique fut donnée à Brunswick par Bugenhagen. C’est ainsi que fut achevée la conquête de l’Allemagne du Nord pour l’Évangile.― En Allemagne du Sud, Ratisbonne reçut la Réforme en apr. J.-C. Mais la Bavière, sous l’influence de Ferdinand, ne laissa aucune place aux hérétiques. Dans le Haut-Palatinat, les prédicateurs évangéliques ont longtemps été tolérés. Le jeune prince du Palatinat de Neubourg en A.D. En 1543, il appelle Osiander de Nuremberg [Nuremberg], et rejoint la ligue de Schmalcald. L’électeur palatin Louis mourut en A.D. Année 1543. Son frère Frédéric II, qui lui succéda, n’était pas défavorable à la Réforme, et l’introduisit formellement dans ses États en A.D. Année 1546. Même en Autriche, les idées évangéliques firent de tels progrès que Ferdinand ne put ni ne voulut tenter les mesures violentes qu’il avait essayées auparavant.
135.7. La Réforme dans l’électorat de Cologne, A.D. 1542-1544.―Hermann von Weid ( 133, 5), L’archevêque et électeur de Cologne, maintenant très avancé dans la vie, s’était convaincu par l’étude de la Bible de Luther de la validité scripturaire de la Confession d’Augsbourg. Il décida de réformer sa province conformément à la parole de Dieu. À l’Assemblée de Bonn du mois de mars A.D. En 1542, il fait connaître son projet, et se trouve soutenu par ses nobles. Il invita Bucer à inaugurer l’œuvre, et il fut bientôt rejoint par Melanchthon. En juillet, A.D. En 1543, l’électeur présenta aux nobles son projet de Réforme, qui l’accepta à l’unanimité. Le chapitre cathédral et l’université s’y opposèrent dans l’intérêt de la papauté ; ainsi que le conseil de Cologne par crainte de perdre leur autorité. Néanmoins, le mouvement progressait, et l’on espérait que l’opposition serait progressivement vaincue. Cologne devait rester par la suite, comme auparavant, une principauté ecclésiastique, mais avec une constitution évangélique. L’évêque de Münster se prépara à suivre l’exemple, et si l’œuvre de Cologne avait été durable, beaucoup d’autres auraient certainement suivi la même voie.
135.8. Les difficultés de l’empereur, A.D. 1543, 1544. — Soliman en apr. J.-C. En 1541, la Hongrie avait envahi, converti l’église principale en mosquée et établi un pacha sur tout le pays, qui devint alors une province turque. L’aide contre les Turcs a été votée lors d’une diète à Spires au début de l’année après J.-C. 1542, et les protestants furent laissés sans être inquiétés pendant cinq ans après la fin de la guerre. La campagne contre les Turcs menée par Joachim II. n’a pas abouti. Pendant ce temps, de nouveaux troubles surgirent avec la France, et Soliman se prépara à une seconde campagne. L’empereur convoqua alors une diète pour se réunir à Nuremberg, en janvier de notre ère. Année 1543. Ferdinand était prêt à accorder aux protestants la Déclaration de Ratisbonne, mais Guillaume de Bavière préférait voir périr le monde entier ou le croissant régner sur toute l’Allemagne. À l’été de l’an J.-C. En 1543, l’empereur était assailli de tous côtés ; La France attaqua les Pays-Bas, Soliman conquit Grau, les Danois fermèrent le détroit aux sujets de l’empereur, une flotte turco-française dominait la Méditerranée et s’était déjà emparée de Nice, et les protestants adoptaient une attitude menaçante. Chrétien III. du Danemark et Gustave Vasa de Suède demandèrent à être reçus dans la ligue de Schmalcald. Le duc de Clèves, lui aussi, rompit sa trêve. C’est ce qui réveilla le plus l’empereur. Il se précipita sur Clèves et la Gueldre, les conquit et rétablit le catholicisme. La situation de l’empereur s’améliora : Clèves fut apaisée ; Le Danemark et l’Angleterre se réconcilièrent avec lui. Mais ses ennemis les plus dangereux, Soliman et François Ier, étaient toujours en armes. Il ne pouvait pas encore se passer de l’appui puissant des protestants.
135.9. Régime alimentaire à Spires, A.D. 1544. — Afin d’obtenir de l’aide contre les Turcs et les Français, à la diète de Spires, en février de l’ère chrétienne. En 1544, l’empereur soulagea les protestants de toute incapacité, promit un véritable concile chrétien libre pour régler les questions litigieuses, et, au cas où cela n’aboutirait pas, à l’automne suivant, une assemblée nationale pour trancher définitivement les questions sans pape ni concile. L’empereur promit de proposer un plan de réforme, et invita les autres nobles à proposer des projets. Après de telles concessions, les protestants se rallièrent de bon cœur aux projets politiques de l’empereur. Il souhaitait tout d’abord de l’aide contre les Français. La même année, l’empereur mena contre la France une armée composée principalement de protestants, et en septembre de l’année suivante. 1544, obligea le roi à conclure la paix de Crespy. Il fallait ensuite s’occuper des Turcs, et les protestants étaient impatients de montrer leur dévotion à l’empereur. En vue de l’Assemblée nationale, l’électeur de Saxe chargea ses théologiens de rédiger un plan de réforme. Ce document, connu sous le nom de « Réforme de Wittenberg », accorde aux prélats leurs fonctions spirituelles et civiles, leurs revenus, leurs biens et leur juridiction, le droit d’ordination, de visite et de discipline, à condition que ceux-ci soient exercés dans un esprit évangélique.
135.10. Différences entre l’empereur et les nobles protestants, A.D. 1545, 1546. — Le pape, en convoquant un concile à Trente, sema la discorde entre l’empereur et les protestants. Les propositions de réforme de l’empereur étaient si loin de répondre aux exigences des protestants qu’elles furent rejetées à l’unanimité. Le mouvement de la Réforme à Cologne avait sérieusement mis en péril le gouvernement impérial des Pays-Bas. Une tentative d’Henri de reconquérir Brunswick fut déjouée par l’action combinée du landgrave de Hesse et du duc de Saxe. Frédéric II, électeur palatin, commença à réformer ses provinces et à demander son admission dans la ligue de Schmalcald. Quatre des six électeurs s’y étaient rendus, et le cinquième, Sébastien, qui, après la mort d’Albert en A.D. En 1545, il avait été fait, sous l’influence de la Hesse et du Palatin, électeur de Mayence, et il venait de se résoudre à suivre leur exemple. Toutes ces choses avaient beaucoup irrité l’empereur. Il conclut une trêve avec les Turcs en octobre après J.-C. 1545, et s’arrangea avec le pape, qui mit en gage tous ses biens et sa couronne, pour la campagne contre les hérétiques. Le 13 décembre de notre ère. En 1545, le pape ouvrit le concile de Trente, et ne cacha pas qu’il était destiné à la destruction des protestants. L’empereur tenta d’obtenir la participation des protestants. En 1546, une conférence eut lieu au cours de laquelle Cochlée ( 129, 1) et d’autres rencontrèrent Bucer, Brenz et Major ; mais elle fut bientôt dissoute, en raison de divergences initiales. L’horrible fratricide commis à Neubourg sur un Espagnol, Juan Diaz, montra aux protestants combien les bons catholiques pensaient qu’il fallait traiter les hérétiques. Le meurtrier fut arrêté, mais par ordre du pape à l’évêque de Trente, remis en liberté. Il resta impuni, mais se pendit à Trent A.D. Année 1551.
135.11. La mort de Luther, A.D. 1546. — Luther mourut à Eisleben dans sa 63e année, le 18 février 1546. Au cours des dernières années de sa vie, il fut harcelé par de dures épreuves. La tournure politique qu’avaient prise les choses lui déplaisait tout à fait, mais il était impuissant à l’empêcher. À Wittenberg même, beaucoup de choses ont été faites qui n’étaient pas conformes à sa volonté. Fatigué de ses labeurs quotidiens, souffrant de douleurs aiguës et de faiblesse physique qui en résultait, il aspirait souvent à mourir en paix. Au début de l’ère A.D. En 1546, les comtes de Mansfeld l’appelèrent à Eisleben afin d’aplanir leurs différends par son jugement impartial. Pour s’acquitter de cette tâche, il passa les trois dernières semaines de sa vie dans sa ville natale et, n’ayant presque aucune maladie antérieure, dans la nuit du 18 février, il s’endormit paisiblement en Jésus. Son corps fut transporté à Wittenberg et enterré dans l’église du château.
Toutes les tentatives d’accord en matière de religion étaient terminées. Le pape, cependant, avait finalement convoqué un concile dans une ville allemande. L’empereur espérait se concilier les protestants en amenant une réforme à la mode, en supprimant de nombreux abus hiérarchiques, en concédant le mariage du clergé, la coupe aux laïcs, et peut-être même en acceptant la doctrine de la justification. Mais il ne tarda pas à rompre avec les protestants, et la guerre éclata avant que les ligueurs de Schmalcald n’y fussent préparés. Leur pouvoir, cependant, était bien supérieur à celui de l’empereur ; mais, par des scrupules inutiles, des retards et de l’indécision, ils laissèrent échapper l’occasion d’une victoire certaine. La puissance de la ligue fut complètement détruite, et la puissance de l’empereur atteignit le sommet de sa force. Toute l’Allemagne méridionale fut forcée de se soumettre à l’intérim détesté, et dans l’Allemagne du Nord, seule Magdebourg, proscrite, osa maintenir, malgré l’empereur, une pure profession protestante.
136.1. Préparatifs de la guerre de Schmalcald, A.D. 1546. — À la suite de divergences entre les membres de la ligue, l’empereur conçut le plan de s’assurer des alliés parmi les protestants eux-mêmes, par une distribution judicieuse des faveurs. Le margrave Hans de Cüstrin et le duc Éric de Brunswick, l’un cousin, l’autre gendre du duc de Wolfenbüttel, exilé et emprisonné, étaient prêts à prendre part à la guerre contre les brigands des domaines de leur ami. Cependant, l’empereur était beaucoup plus empressé à gagner le jeune duc Maurice de Saxe. Il le tenta avec la promesse de l’électorat et de la plus grande partie du territoire de l’électeur, et il réussit. L’empereur ne pouvait, en effet, libérer formellement aucun d’entre eux de la soumission au concile, mais il promettait en tout cas de réserver à leurs pays la doctrine de la justification, la coupe dans la communion laïque et le mariage des prêtres. Lorsqu’il fut sûr de Maurice, l’empereur continua ouvertement ses préparatifs, et ne cacha pas son intention de punir les princes qui avaient méprisé son autorité impériale et s’étaient emparés des biens d’autrui. Les ligueurs de Schmalcald ne pouvaient plus se leurrer, et ils commencèrent donc leurs préparatifs. C’est avec une brèche aussi ouverte que la Diète de Ratisbonne prit fin en juin de notre ère. Année 1546.
136.2. La campagne sur le Danube, A.D. 1546. — Schärtlin, à la tête d’une puissante armée, aurait pu attaquer l’empereur ou s’emparer du Tyrol ; mais le conseil de guerre, écoutant Guillaume de Bavière, qui professait la neutralité, et espérant gagner Ferdinand, ordonna sottement un délai. C’est ainsi que l’empereur gagna du temps pour rassembler une armée. Le 20 juin de l’an J.-C. En 1546, il émet de Ratisbonne une interdiction contre le landgrave Philippe et l’électeur Jean-Frédéric en tant que vassaux qui ont violé le serment. Ces princes, à la tête de leurs troupes, avaient rejoint Schärtlin à Donauwörth [Donauwört]. Des dépêches papales tombèrent entre leurs mains, dans lesquelles le pape proclamait une croisade pour l’éradication des hérétiques, promettant l’indulgence à tous ceux qui aideraient à l’œuvre. Une fatale indécision régnait encore dans le conseil de guerre, et l’hiver arriva sans qu’il y eût de bataille. La nouvelle que Maurice avait pris possession des domaines de l’électeur amena le landgrave et l’ex-électeur à rentrer chez eux, et Schärtlin, faute d’argent et de munitions, ne put faire face à une campagne d’hiver en Franconie. Ainsi tout le pays était ouvert à l’empereur. L’une après l’autre, les villes acceptèrent des conditions plus ou moins sévères. Au début de l’ère A.D. En 1547, il était maître de toute l’Allemagne méridionale. Il mit enfin fin au mouvement de Cologne (135, 7). Le pape avait émis l’interdiction contre l’archevêque en J.-C. En 1546, l’empereur fit proclamer archevêque et électeur l’ancien coadjuteur, malgré l’opposition des nobles. Hermann était prêt à assurer la paix religieuse de ses domaines par la résignation, mais cela fut refusé, et étant trop faible pour offrir une résistance, il démissionna sans condition. C’est ainsi que les provinces rhénanes furent irrémédiablement perdues pour le protestantisme.
136.3. La campagne sur l’Elbe, A.D. 1547. — Après avoir rapidement reconquis ses propres territoires, l’électeur Jean-Frédéric se hâta avec une armée considérable d’aller au-devant de son ennemi. À Mühlberg, il tomba soudain sur les forces de l’empereur. Il n’y eut presque pas de bataille. Son armement, relativement petit, fondit devant la supériorité numérique de l’armée impériale, et l’électeur fut fait prisonnier le 24 avril de notre ère. Année 1547. Il avait déjà été condamné à mort comme rebelle et hérétique. On jugea plus prudent de n’exiger de lui que la reddition de ses forteresses. Le pieux prince renonçait volontiers à toutes les dignités temporelles, mais en matière de religion il était inflexible. Il a été condamné à la prison à vie et ses biens ont été donnés pour la plupart à Maurice. Le landgrave Philippe, faute d’argent, de munitions et de troupes, avait été empêché de faire quoi que ce soit. La nouvelle des malheurs de Jean-Frédéric le désespéra presque. Trop impuissant pour s’y opposer, il se rendit à discrétion à l’empereur. Il devait se prosterner devant l’empereur, livrer toutes ses forteresses, ne souffrir ni maintenant ni à l’avenir les ennemis de l’empereur dans ses terres, et renoncer toute sa vie à toutes les ligues, délivrer Henri de Brunswick et le rétablir dans ses États. La cérémonie de la prosternation a eu lieu à Halle le 19 juillet. Les deux électeurs avec le landgrave allèrent ensuite sur invitation à souper avec le duc d’Albe. Après le souper, le duc déclara le landgrave prisonnier. Les remontrances de l’électeur auprès d’Albe, et le lendemain auprès des conseillers impériaux, furent vaines. L’empereur était également sourd à toutes les représentations.
136.4. Le Concile de Trente, A.D. 1545-1547. — Le concile de Trente s’ouvrit en décembre après J.-C. 1545 ( 149, 2). D’emblée, contrairement à la volonté de l’empereur, le pape pose des conditions qui excluent les protestants de la participation. L’Écriture et la tradition ont d’abord été discutées. Les apocryphes de l’Ancien Testament ( 59, 1 ; (p. 161 et 8) Il a eu la même autorité que les autres livres de l’Ancien Testament et du Nouveau Testament, et la Vulgate a été déclarée être le seul texte authentique pour les discussions théologiques et les sermons. La Tradition était placée sur un pied d’égalité avec l’Écriture, mais son contenu était soigneusement défini. Le péché originel a été éteint par le baptême, et après le baptême, il n’y a que la transgression réelle. La doctrine scolastique de la justification fut sanctionnée de nouveau, mais accommodée autant que possible à la phraséologie de l’Écriture ; La justification est le changement intérieur réel d’un pécheur en un homme juste, non seulement le pardon des péchés, mais avant tout la sanctification et le renouvellement de l’homme intérieur. Elle s’accomplit, non pas tant par l’imputation des mérites de Christ, que par l’infusion de la justice habituelle, qui permet aux hommes de gagner le salut par les œuvres. Il ne s’agit pas d’un acte médico-légal, mais d’un acte physique de Dieu, qui n’est pas accompli une fois pour toutes, et non pas par la foi seule, mais graduellement par la libre coopération de l’homme. L’empereur, qui voyait dans ces décisions le renversement de ses tentatives de conciliation, en fut fort mécontent, et voulut au moins en différer la promulgation. Le pape obéit pendant un certain temps ; mais lorsque l’empereur menaça de s’immiscer dans les délibérations du concile, il fit publier les décrets en janvier de notre ère. En 1547, et quelques semaines après, sous prétexte qu’une peste dangereuse s’était déclarée, il transporta le concile à Bologne, où les procédures furent suspendues pour le moment.
136.5. L’intérim d’Augsbourg, A.D. 1548. — Lors d’une diète à Augsbourg en septembre de l’ère chrétienne. En 1547, les protestants se déclarèrent disposés à se soumettre de nouveau à un concile à Trente, et à recommencer ; mais comme le pape refusait cela, l’empereur fut obligé de prévoir un intérim, qui devait servir d’étendard à tous les partis, jusqu’à ce qu’un accord fût conclu dans un concile convenable. Il accordait la coupe aux laïcs et au mariage des prêtres, mais était tenu par la doctrine tridentine de la justification. Il représentait le pape comme le plus grand évêque, en qui l’unité de l’Église est visiblement affichée. Le droit d’interpréter l’Écriture a été donné exclusivement à l’Église. Les sacrements furent dénombrés au nombre de sept, et la doctrine de la transsubstantiation fut maintenue avec emphase. On insistait strictement sur le devoir de jeûner et de rechercher l’intercession de la mère de Dieu et des saints, d’observer toutes les cérémonies catholiques du culte, les processions, les fêtes, etc. L’empereur était satisfait, ainsi que certains princes protestants. Maurice, cependant, sentait que son peuple n’accepterait pas son adoption. Il donna enfin un demi-assentiment, que l’empereur accepta comme une approbation. L’empereur ne tenait pas compte de ceux qui s’y opposaient, la présence de ses Espagnols dans leurs domaines empêcherait tout trouble. L’empereur n’était pas assez fort pour forcer les nobles catholiques à accepter son intérim, et son observance ne devait donc être obligatoire que pour les protestants. Le landgrave Philippe, dont la puissance était à jamais brisée, céda, mais rien au monde ne pouvait amener le noble Jean-Frédéric à se soumettre. Le pape refusa lui aussi obstinément de reconnaître l’intérim, et ce n’est qu’en août de notre ère. 1549, il permit aux évêques d’accepter les concessions qu’elle faisait aux protestants.
136.6. L’exécution de l’intérim devait être obligatoire de toutes parts. Nuremberg, Augsbourg, Ulm furent l’une après l’autre contraints de l’adopter. Constance résista, fut mise au ban et perdit tous ses privilèges, jusqu’à ce qu’enfin, au lieu de l’intérim, la papauté y trouvât son entrée, et que le protestantisme évangélique obtint le coup de grâce. Les autres villes se soumirent à l’inévitable. Tous les prédicateurs qui refusaient l’intérim étaient exilés et persécutés. Plus de 400 vrais serviteurs de la parole ont erré avec leurs femmes et leurs enfants à travers l’Allemagne du Sud, sans abri et sans pain. Frecht d’Ulm fut emmené enchaîné au camp de l’empereur. Brenz, l’un des adversaires les plus déterminés de l’intérim, échappa souvent par miracle à la capture au cours de ses pérégrinations. L’opposition en Allemagne du Nord a été beaucoup plus durable. À Magdebourg, toujours sous le coup de l’embargo impérial, les adversaires fugitifs de l’intérim se rassemblaient de toutes parts, et là seule la presse était encore libre de s’exprimer contre l’intérim. Un flot de tracts controversés, de satires et de caricatures a été envoyé dans toute l’Allemagne. En Hesse et en Brandebourg, les princes ne purent faire respecter ces mesures odieuses ; Maurice encore moins pouvait-il le faire dans l’électorat.
136.7. Le Leipzig ou Little Interim, A.D. 1549. — Maurice, dans ses difficultés, envoya chercher Mélanchthon. Depuis la mort de Luther et le renversement de Jean-Frédéric de Saxe, la tendance de Mélanchthon à céder en grande partie pour l’amour de la paix avait perdu ses freins salutaires. En écrivant au ministre Carlowitz, l’ennemi le plus acharné de Luther et de l’électeur, il alla même jusqu’à se plaindre de la combativité de Luther. Le résultat de diverses négociations fut la rédaction d’un document à l’assemblée de Leipzig, le 22 décembre de notre ère. 1548, par les théologiens de Wittenberg conformément aux vues de Mélanchthon. Cet intérim modifié devint la norme de la pratique religieuse en Saxe, et un répertoire du culte en harmonie avec celui-ci fut rédigé par les théologiens et publié en juillet de notre ère. Année 1549. Calvin et Brenz ont écrit des lettres qui ont touché Melanchthon au cœur. La mesure fut partout regardée avec indignation par les luthériens zélés, et l’intérim de Leipzig fut encore plus odieux au peuple que celui d’Augsbourg. L’emprisonnement et l’exil furent vigoureusement pratiqués au moyen de cette loi, mais la révolution et l’effervescence continuèrent à s’accroître. — L’Intérim de Leipzig traita les coutumes et les cérémonies romaines presque comme des choses indifférentes, passa de côté beaucoup de différences doctrinales moins essentielles, et donna aux différences fondamentales un cadre qui pouvait s’appliquer aussi bien à la pure doctrine évangélique qu’à celle de l’intérim d’Augsbourg. La doctrine évangélique de la justification était essentiellement là, mais elle n’était pas exprimée de manière décidée et sans ambiguïté ; et encore moins les erreurs des Romains étaient-elles répudiées d’une manière sévère et indubitable. On disait que les bonnes œuvres étaient nécessaires, mais pas dans le sens où l’on pouvait gagner le salut au moyen d’elles. La question de savoir si de bonnes œuvres au-delà des exigences de la loi pouvaient être accomplies n’était pas explicitement déterminée. En ce qui concerne l’Église et la hiérarchie, les positions de l’Intérim d’Augsbourg ont simplement été réaffirmées. Au pape en tant qu’évêque suprême, ainsi qu’aux autres évêques, qui accomplissaient leurs devoirs selon la volonté de Dieu pour l’édification et non la destruction, tous les ecclésiastiques devaient obéir. Les sept sacrements ont été reconnus, mais dans un autre sens que celui des Romains. Dans la messe, la langue latine a de nouveau été introduite. Les images de saints étaient permises, mais pas pour le culte ; il en est de même des fêtes de Marie et de la Fête-Dieu, mais sans processions, etc.
136.8. Le Concile de nouveau à Trente, A.D. 1551. — En septembre de l’an J.-C. En 1549, Paul III dissout le concile de Bologne, où il n’avait rien fait. Son successeur, Jules III, apr. J.-C. De 1550 à 1555, le candidat du parti impérial accéda aux souhaits de l’empereur de faire tenir à nouveau le concile à Trente. Les nobles protestants se déclarèrent prêts à le reconnaître, mais demandèrent l’annulation des procédures antérieures, un siège et un vote pour leurs représentants. L’empereur était prêt à l’accorder, mais le pape et les prélats ne voulurent pas l’accepter. Le concile commença ses travaux le 1er mai de l’an J.-C. 1551, avec la doctrine de la Cène du Seigneur. Pendant ce temps, les protestants préparaient une nouvelle confession, qui pourrait constituer la base de leurs discussions au concile. Mélanchthon, qui commençait à reprendre courage, esquissa la Confessio Saxonica, ou, comme on l’a bien nommée, la Repetitio Confessionis Augustanæ, où l’on ne trouve aucune trace de l’indécision et de l’ambiguïté de l’Intérim de Leipzig. La doctrine pure est exposée avec fermeté, avec même un ton polémique, mais d’une manière modérée et conciliante. Brenz, qui s’était caché jusque-là sur l’ordre du duc Christophe de Wurtemberg, esquissa dans le même but la « Confession de Wurtemberg ». En novembre, A.D. En 1551, les premiers protestants, des délégués laïcs du Wurtemberg et de Strasbourg, apparaissent à Trente. Ils furent suivis en janvier par des hommes d’État saxons. Le 24 janvier de l’an J.-C. En 1552, ceux-ci déposèrent leurs lettres de créance devant le conseil, mais, malgré tous les efforts des commissaires impériaux, ils ne purent être admis. Au mois de mars, les théologiens de Wurtemberg et de Strasbourg arrivèrent, Brenz à leur tête, et Mélanchthon, accompagné de deux prédicateurs de Leipzig, était en route, quand tout à coup Maurice mit fin à tous leurs plans bien concertés.
Au début de l’ère A.D. En 1550, les affaires de la Réforme étaient dans un état pire que jamais. Dans les fers de l’entre-temps, c’était comme un criminel sur lequel la peine de mort allait être prononcée. Puis, juste au bon moment, l’électeur Maurice apparut comme l’homme qui pouvait briser les chaînes et reconduire au pouvoir et à l’honneur. Sa trahison de la cause avait amené le protestantisme au bord de la destruction ; Sa trahison de l’empereur lui a sauvé la mise. Le Pacte de Passau garantissait aux protestants la pleine liberté religieuse et l’égalité des droits avec les catholiques jusqu’à ce qu’un nouveau concile se réunisse. La paix religieuse d’Augsbourg supprima même cette limitation et mit fin à l’histoire de la Réforme allemande.
137.1. L’état des choses en apr. J.-C. 1550. — C’était un temps triste pour l’Allemagne. L’empereur, à l’apogée de sa puissance, élaborait ses plans pour assurer la succession dans la dignité impériale à son fils Philippe d’Espagne. Dans un esprit hardi et autocratique, il foula aux pieds tous les droits des nobles impériaux et, contrairement aux traités, il maintint la présence des troupes espagnoles dans l’empire, qui commettaient chaque jour des actes d’atroces violences. La délivrance du landgrave fut obstinément refusée, bien que toutes les conditions en fussent remplies depuis longtemps. L’Allemagne protestante gémissait sous le joug de l’intérim ; Le Conseil ne ferait que le confirmer, sinon il appliquerait quelque chose d’encore pire. Un seul rempart de la liberté évangélique se dressait sur le chemin de l’empereur, le courageux et proscrit Magdebourg. Mais comment pourrait-il continuer à tenir le coup ? Jusqu’à l’automne, A.D. En 1552, toutes les tentatives de prendre d’assaut la ville avaient échoué. Alors Maurice entreprit, par l’ordre de l’empereur et aux frais de l’empire, d’exécuter le ban.
137.2. L’électeur Maurice, A.D. Maurice avait perdu le cœur des siens, et était considéré avec détestation par les protestants d’Allemagne, et, malgré la faveur impériale, sa position n’était nullement assurée. Cependant il était trop du prince allemand et protestant pour voir d’un bon œil les procédés de l’empereur, tandis qu’il s’indignait de la détention illégale de son beau-père. Dans ces circonstances, il résolut de trahir l’empereur, comme auparavant il lui avait trahi la cause du protestantisme. Maître dans la dissimulation, il continua le siège de Magdebourg avec toute la diligence possible, mais en même temps il se joignit à une ligue secrète avec le margrave Hans de Cüstrin et Albert de Brandebourg de Franconie, ainsi qu’avec les fils du landgrave, pour le rétablissement de la liberté évangélique et civile, et entra en pourparlers avec Henri II. de France, qui s’engagea à l’aider avec de l’argent. Magdebourg finit par capituler, et Maurice y entra le 4 novembre de notre ère. Année 1551. Les arriérés de solde lui servaient d’excuse pour ne pas licencier les troupes impériales, et, renforcé par la garnison de Magdebourg et les troupes auxiliaires de ses alliés, il jeta le masque et publia des proclamations publiques dans lesquelles il portait des accusations amères contre l’empereur et déclarait qu’il ne pouvait plus se coucher sous les pieds des prêtres et des Espagnols. L’empereur appela en vain à l’aide les princes catholiques. Il se trouva sans troupes ni argent à Innsbrück, qui ne pouvait soutenir un siège, et toutes les routes vers ses territoires héréditaires semblaient fermées, car là où les princes allemands ligués n’étaient pas, les Ottomans sur mer et les Français sur terre étaient prêts à s’opposer à lui. Maurice était déjà en route pour Innsbrück « pour chercher le renard dans son trou ». Mais les demandes de solde de ses troupes le retinrent, et l’empereur gagna du temps. Par une nuit froide et humide, il s’enfuit, bien qu’il ne fût pas encore guéri de la fièvre, à travers les montagnes couvertes de neige, et trouva refuge à Villach. Trois jours après, Maurice entra à Innsbrück ; Le conseil avait déjà été dissous.
137.3. Le Pacte de Passau, A.D. 1552. — Avant la fuite de l’empereur d’Innsbrück, Maurice eut une entrevue avec Ferdinand à Linz, où, outre la libération du landgrave, il demanda une assemblée nationale allemande pour l’union religieuse, et jusqu’à ce qu’elle rencontre une tolérance inconditionnelle. L’empereur, malgré tous ses embarras, ne voulut pas écouter la proposition. Les négociations furent rouvertes à Passau, et les propositions de Maurice furent acceptées dans l’ensemble. Ferdinand y consentit, mais l’empereur ne voulut pas. Ferdinand lui-même se rendit à Villach et employa toute son éloquence, mais l’empereur ne voulut pas lui accorder une tolérance inconditionnelle. Son entêtement l’emporta ; la majorité céda et accepta un pacte qui donnait aux protestants une amnistie complète, une paix générale et l’égalité des droits, jusqu’à la réunion d’un concile national ou œcuménique, qui devait être arrangé à la prochaine diète. Pendant ce temps, l’empereur avait fait de grands préparatifs. Francfort était sa principale forteresse, et c’est contre elle que Maurice s’avança et commença le siège. Les choses n’étaient pas prometteuses, lorsque le délégué de Passau parut dans son camp avec le projet des conditions de la paix. S’il avait refusé de signer, l’interdiction aurait été prononcée contre lui, et son cousin aurait été rétabli dans l’électorat. Il a donc souscrit le document. Ferdinand obtint avec peine la souscription de l’empereur, qui se croyait assez fort pour continuer la bataille. Les deux princes emprisonnés furent enfin libérés, et les prédicateurs exilés par l’intérim furent autorisés à revenir. Jean-Frédéric mourut en apr. J.-C. 1554, et le landgrave Philippe en 1554 . Année 1567.
137.4. Mort de Maurice, A.D. Le margrave Albert de Brandebourg avait été le compagnon de Maurice dans la guerre de Schmalcald, et avec lui il se retourna contre l’empereur. Mais après la ratification du Pacte de Passau, auquel il n’était pas partie, Albert continua la guerre contre les prélats et leurs principautés. Il se brouilla alors avec Maurice, et fut mis à son service par l’empereur, qui non seulement lui accorda une amnistie pour tous ses actes de spoliation et de violation de la trêve, mais promit de le faire reconnaître par tous les évêques. Albert aida donc l’empereur contre les Français, puis porta ses conquêtes en Germanie. Bientôt une rupture ouverte se produisit entre lui et Maurice. À la bataille de Sievershausen, Maurice remporta une brillante victoire, mais reçut une blessure mortelle, dont il mourut en deux jours. Albert s’enfuit en France. Le rude soldat est brisé par le malheur, les convictions religieuses de sa jeunesse s’éveillent, et la composition d’un bel hymne allemand bien connu marque le tournant de sa vie. Il mourut en apr. J.-C. 1557. — L’année 1554 fut entièrement occupée par des troubles intérieurs. Le désir d’une paix durable prévalait, et les calamités des deux partis rapprochaient protestants et catholiques les uns des autres. Même Henri de Brunswick était prêt à tolérer le protestantisme dans ses domaines.
137.5. La paix religieuse d’Augsbourg, A.D. 1555. — Lorsque la diète se réunit à Augsbourg en février de l’an J.-C. En 1555, le pouvoir de l’empereur avait disparu. Pour sauver son orgueil et sa conscience, il renonça à toute participation à ses délibérations en faveur de son frère. Les membres protestants étaient bien unis dans la revendication d’une liberté religieuse inconditionnelle, et Ferdinand penchait de leur côté. Sur ces entrefaites, le pape Jules mourut et les cardinaux Morone et Truchsess se hâtèrent de quitter la diète pour se rendre à Rome afin de prendre part à l’élection papale. L’opposition catholique s’en trouva affaiblie à la diète. Les protestants insistaient pour que la paix s’applique à tous ceux qui, à l’avenir, pourraient se joindre à cette confession. Cette revendication a donné lieu à de fortes contestations. Finalement, on s’est mis d’accord sur la formule simple : personne ne devait être gêné à cause de la Confession d’Augsbourg. Mais une dispute plus véhémente s’éleva sur ce qui devait arriver si des prélats ou des princes spirituels se joignaient au parti protestant. C’était une question vitale pour le catholicisme, et l’acceptation du point de vue protestant serait son coup de grâce. Il a donc été proposé que chaque prélat qui passerait par là perdrait non seulement son rang spirituel, mais aussi sa domination civile. Mais l’opposition n’a pas cédé. Les deux parties ont fait appel à Ferdinand, qui a tardé à rendre sa décision. Des conseils ont également été demandés au sujet de la proclamation de paix. Les protestants prétendaient que les juges de la cour impériale devaient prêter serment d’observer la paix religieuse et qu’ils devaient être choisis en nombre égal dans les deux partis religieux. Le 30 août. Ferdinand exposa sa résolution. Comme on pouvait s’y attendre, il se rangea du côté des catholiques pour que les prélats deviennent protestants, mais, contre toute attente, il refusa aussi une paix durable et inconditionnelle. Sur ce dernier point, cependant, il se déclara le 6 septembre. prêts à céder si les protestants voulaient bien concéder le point sur les prélats. Ils cherchèrent à vendre leur concession le plus cher possible en assurant aux sujets évangéliques des princes catholiques le droit au libre exercice de leur religion. Mais les prélats catholiques, sur la base du système territorial ( 126, 6) préconisé par les protestants eux-mêmes, ne céderait pas. Il fut finalement convenu que tout noble en matière de religion avait une autorité territoriale, mais que les sujets d’une autre religion, en cas de refus au libre exercice de leur religion, auraient garanti une liberté illimitée de se retirer sans perte d’honneur, de propriété ou de liberté. Le 25 septembre apr. J.-C. En 1555, les décrets de la Diète sont promulgués. Les réformés n’étaient pas inclus dans la paix religieuse ; cela a été fait pour la première fois dans la paix de Westphalie ( 153, 2).
L’importance politique des princes protestants était à peu près égale à celle des catholiques ; les électeurs de Cologne, de Mayence et de Trèves n’étaient pas plus puissants que ceux de Saxe, du Palatinat et de Brandebourg ; et le grand nombre de villes protestantes, avec presque tous les petits princes, n’était pas derrière les forces combinées de l’Autriche et de la Bavière. Le maintien de la paix a été confié à une corporation légalement constituée de nobles catholiques et protestants, qui a détenu le pouvoir jusqu’à notre ère. Année 1806. L’espoir de parvenir à une entente mutuelle sur les questions de religion n’était nullement abandonné, mais le maintien de la paix ne devait en aucune façon dépendre de sa réalisation. Une nouvelle tentative d’union qui, comme tous les efforts précédents, se solda par un échec, fut bientôt faite lors de la consultation de Worms. Un projet d’union de l’empereur Ferdinand Ier échoua également. Le protestantisme ne pouvait plus obtenir des princes catholiques. Une seconde tentative de protestantisation de l’électorat de Cologne échoua comme la première ( 136, 2).
137.6. La consultation des vers, A.D. 1557. — Un autre effort fut fait après l’échec du concile dans l’intérêt de l’union. Les délégués catholiques et protestants sous la présidence de Pflugk se rencontrèrent à Worms en apr. J.-C. Année 1557. Lors d’une réunion préliminaire, les princes de Hesse, de Wurtemberg et du Palatinat adoptèrent la Confession d’Augsbourg comme lien d’union et étendard des négociations. Les délégués saxons insistèrent pour que l’intérim fût nettement rejeté et que d’autres détails fussent insérés, ce qui donna aux catholiques un prétexte pour mettre fin aux négociations. Auparavant, ils avaient expressément refusé de reconnaître l’Écriture comme le juge inconditionnel et unique des controverses, car c’était elle-même une question litigieuse (136, 4).
137.7. Deuxième tentative de réforme dans l’électorat de Cologne, A.D. 1582. — L’archevêque et électeur de Cologne, Gebhard Truchsess de Waldburg, s’y rendit en A.D. En 1582, il épousa la comtesse Agnès de Mansfeld, proclama la liberté religieuse et chercha à convertir sa principauté ecclésiastique en une domination temporelle. Son plan était acceptable pour les nobles et le peuple, mais le clergé de son diocèse s’y opposa de toutes ses forces. Le pape tonna l’interdiction contre lui, ainsi que l’empereur Rodolphe II. l’a déposé. Les princes protestants finirent par l’abandonner, et l’archevêque nouvellement élu, le duc Ernest de Bavière, le vainquit par la force armée. La question de la tentative de Gebhard a semé la terreur parmi d’autres prélats qui avaient envisagé des démarches similaires.
137.8. L’empereur d’Allemagne.―Ferdinand Ier, A.D. 1556-1564, conciliant envers le protestantisme, profondément mécontent du concile tridentin, tenta à plusieurs reprises d’obtenir une union, qui se soldèrent par un échec. Maximilien II, apr. J.-C. 1564-1576, imprégné par son précepteur, Wolfgang Severus, d’un esprit évangélique, qui s’approfondit sous l’influence de son médecin Crato von Crafftheim (141, 10), Il accorda une liberté parfaite aux protestants dans ses États, les admit à un grand nombre des fonctions supérieures et inférieures de l’État, maintint les jésuites, et ne fut empêché de passer officiellement au protestantisme que par ses relations politiques avec l’Espagne et les princes catholiques de l’empire. Ces relations ont cependant conduit à l’adoption de demi-mesures, d’où est née la guerre de Trente Ans. Son fils Rodolphe II, A.D. De 1576 à 1612, éduqué par les jésuites à la cour d’Espagne, il redonna à cet ordre une portée illimitée, fit du tort aux protestants de toutes parts, et ne fut empêché que par l’indécision et la lâcheté de tenter la suppression complète du protestantisme.
En Suisse romande, la Réforme est apparue un peu plus tard, mais essentiellement sous la même forme qu’en Suisse alémanique. Son caractère particulier lui a été donné par Farel et Viret, les prédécesseurs de Calvin. Le puissant génie de Calvin assura à ses vues la victoire sur le zwinglianisme en Suisse, et lui valut l’ascendant dans les autres Églises réformées.
138.1. Les prédécesseurs de Calvin, A.D. 1526-1535. — William Farel, élève et ami de l’exégète libéral Faber Stapulensis ( 120, 8), est né en A.D. 1489 à Gap en Dauphiné. Quand en A.D. En 1521, la Sorbonne condamne les doctrines et les écrits de Luther, il est obligé, en tant qu’adhérent présumé de Luther, de quitter Paris. Il se retira à Meaux, où il fut bien reçu par Mgr Brionnet, mais prêcha si hardiment les doctrines réformées, que l’évêque lui-même, sur de nouvelles plaintes, ne put ni ne voulut le protéger. Il se retira ensuite à Bâle (130, 3). Sa première résidence permanente fut à Neuchâtel, où, en novembre A.D. En 1530, la Réforme est introduite par son influence. Il quitta Neuchâtel en A.D. 1532 pour travailler à Genève. Mais les autorités civiles ne purent le protéger contre l’évêque et le clergé. Il fut obligé de quitter la ville, mais Saunier, Fromant et Olivétan ( 143, 5) a continué l’œuvre dans son esprit. Une révolution s’est opérée ; L’évêque tonna son interdiction contre le conseil réfractaire, et le sénat répondit en déclarant sa charge confisquée. Farel retourna alors à Genève, A.D. 1535, et là l’accompagna Pierre Viret, plus tard réformateur de Lausanne. Viret est né à Orbe en J.-C. 1511, et s’était attaché à la cause protestante pendant ses études à Paris. Il avait donc également été obligé de quitter la capitale. Il se retira dans sa ville natale et s’efforça d’y répandre la connaissance de l’Évangile. L’arrivée de ces deux réformateurs enthousiastes à Genève donna lieu à une lutte à mort, dont les évangéliques sortirent triomphants. À la suite d’une dispute publique en août, A.D. En 1535, la magistrature se prononce en leur faveur, et Farel donne au mouvement une base doctrinale par l’émission d’une confession. L’année suivante, Calvin est de passage à Genève. Farel l’adjura au nom de Dieu d’y rester. Farel avait vraiment besoin d’un compagnon de travail d’un tel génie et d’une telle puissance, car il avait une dure bataille à livrer.
138.2. Calvin devant son ministère genevois.—Jean Calvin, fils du procureur diocésain Gerhard Cauvin, naquit le 10 juillet de notre ère. 1509, à Noyou en Picardie. Destiné à l’église, il était, dès sa douzième année, en possession d’un bénéfice. En rencontrant son parent Olivetan, il vit ses premiers doutes sur la vérité du système catholique éveillés. Avec l’assentiment de son père, il se tourna alors vers l’étude du droit, qu’il poursuivit avec ardeur pendant quatre ans à Orléans et à Bourges. À Bourges, Melchior Wolmar, professeur allemand de grec, exerça sur lui une influence si puissante, surtout par l’étude des Écritures, qu’il décida, après la mort de son père, de se consacrer exclusivement à la théologie. C’est dans cette intention qu’il se rendit à Paris en A.D. 1532, et y adopta avec enthousiasme les principes de la Réforme. Le nouveau recteur de l’université, Nic. Cop, devait prononcer un discours à l’occasion de la fête de la Toussaint. Calvin le prépara pour lui, et y exprima des opinions libérales et évangéliques telles qu’on n’en avait jamais exprimé auparavant en ce lieu. Cop le lut hardiment, et n’échappa à l’explosion de colère que par une fuite opportune. Calvin, lui aussi, jugea prudent de quitter Paris. La persécution sanglante des protestants par François Ier. l’amena enfin à quitter complètement la France. C’est ainsi qu’il s’en alla, en A.D. 1535, à Bâle, où il fait la connaissance de Capito et de Grynæus. L’année suivante, il publie la première esquisse de l’Institutio Religionis Christianæ. Il a été fait pour défendre les protestants de France, persécutés par François sous prétexte qu’ils avaient des opinions anabaptistes et révolutionnaires. Il dédia donc le livre au roi, avec une adresse noble et ferme. Il quitta bientôt Bâle et se rendit à la cour de la duchesse Renata de Ferrare, d’esprit évangélique (139, 22). afin d’obtenir ses bons offices pour ses compatriotes qui souffrent pour leur foi. Il gagna toute la confiance de la duchesse, mais au bout de quelques semaines, il fut banni du pays par son mari. Sur le chemin du retour à Bâle, Farel et Viret l’arrêtèrent à Genève en A.D. 1536, et déclara qu’il était appelé à être prédicateur et professeur de théologie. Le 1er octobre de l’an J.-C. En 1536, les trois réformateurs, lors d’une dispute publique à Lausanne, défendent les principes de la Réforme. Viret resta à Lausanne et y perfectionna l’œuvre de la Réforme. En tant que confession de foi, un catéchisme, qui n’est pas sous forme de dialogue, a été composé par Calvin comme un résumé populaire de son Institutio en langue française, et a prêté serment en apr. J.-C. 1536, par tous les citoyens de Genève. Le Catéchisme génénique, très prisé dans toutes les églises réformées, est une rédaction ultérieure, qui parut pour la première fois en français en J.-C. 1542, puis en latin, en A.D. Année 1545.370
138.3. Le premier ministère de Calvin à Genève, A.D. 1536-1538. — À Genève, comme en d’autres lieux, il s’éleva à côté de la Réforme, et bientôt en opposition mortelle avec elle, une secte libertine antinomique, qui luttait pour s’affranchir de toute contrainte et de tout ordre (146, 4). Dans la lutte contre ce développement dangereux, qui trouva une faveur particulière parmi la jeunesse aristocratique de Genève, Calvin déploya toute la puissance de son esprit logique et de sa volonté inflexible, et chercha à en briser la force par l’exercice d’une discipline ecclésiastique excessivement stricte. Il créa un consistoire spirituel qui s’arrogeait le droit exclusif de discipline ecclésiastique et d’excommunication, et voulut imposer aux magistrats le devoir d’infliger des peines civiles à toutes les personnes condamnées par lui. Mais non seulement les sections libertines s’opposaient avec le plus d’acharnement, mais les magistrats voyaient aussi avec jalousie et suspicion l’érection d’un tel tribunal. Magistrats et libertins s’allièrent donc pour renverser le consistoire. Un prétexte bienvenu a été trouvé dans un synode à Lausanne en J.-C. 1538, qui condamne l’abolition de toutes les fêtes sauf le dimanche, la suppression des fonts baptismaux des églises et l’introduction du pain levé à la Cène par l’Église genevoise comme des innovations injustifiées. Les magistrats demandèrent alors qu’on les retirait et bannissaient les prédicateurs qui n’obéiraient pas. Farel se rendit à Neuchâtel, où il resta jusqu’à sa mort en A.D. 1565 ; Calvin se rendit à Strasbourg, où Bucer, Capito et Hedio lui donnèrent la charge de professeur et de prédicateur. Au cours de ses trois années de résidence, Calvin, en tant que délégué de Strasbourg, fut fréquemment mis en relation étroite avec les réformateurs allemands, en particulier avec Melanchthon (134, 135). Mais il resta toujours étroitement lié à Genève, et lorsque le cardinal Sadolet ( 139, 12) issu de Lyon en apr. J.-C. En 1539, alors qu’il lançait un appel aux Genevois pour qu’ils reviennent au sein de l’Église romaine, Calvin tonna contre lui une réponse anéantissante. Ses amis genevois, eux aussi, ne ménagent pas leurs efforts pour lui gagner les faveurs du conseil et des citoyens. Ils y réussirent d’autant plus facilement que, depuis le renversement du consistoire théocratique, le parti libertin s’était heurté à toutes sortes d’excès émeutiers. Par un décret du conseil du 20 octobre A.D. En 1540, Calvin fut rappelé très honorablement. Après mûre réflexion, il accepta l’appel en septembre de l’ère chrétienne. 1541, et maintenant, avec un redoublement d’énergie, il se mit à exécuter le plus strictement possible l’œuvre qui avait été interrompue.
138.4. Le deuxième ministère de Calvin à Genève, A.D. 1541-1564. — Calvin rétablit, après son retour, le consistoire, composé de six ministres et de douze anciens laïcs, et gouverna par lui avec un pouvoir presque absolu. C’était un tribunal d’inquisition bien organisé, qui réglait dans tous les détails la vie morale, religieuse, domestique et sociale des citoyens, leur demandait des comptes sur le moindre soupçon de faute, faisait bannir les incorrigibles par les autorités civiles et mettre à mort les plus dangereux d’entre eux. Le traducteur cicéronien de la Bible, Sebastian Castellio, nommé recteur de l’école genevoise par Calvin, n’avait plus de sympathie pour les rigueurs morales et les prescriptions obligatoires en matière de foi sous la domination calviniste, et accusait le clergé d’intolérance et d’orgueil. Il a également contesté la doctrine de la descente aux enfers et a décrit les Cantiques comme un poème d’amour. Il fut destitué et, afin d’échapper à d’autres peines, il s’enfuit à Bâle en J.-C. Année 1544. Un libertin du nom de Gruet fut exécuté en A.D. 1547, parce qu’il avait fait circuler un tract injurieux contre le clergé, et qu’on trouvait dans ses papiers des allusions blasphématoires ; par exemple que le christianisme n’est qu’une fable, que le Christ était un séducteur et sa mère une prostituée, que tout finit par la mort, que ni le ciel ni l’enfer n’existent, etc. Le médecin, Jérôme Bolsec, ancien moine carmélite à Paris, a été emprisonné en A.D. 1551, puis banni, en raison de son opposition à la doctrine de la prédestination de Calvin. Il retourna ensuite à l’église romaine et se vengea par une biographie de Calvin pleine de calomnies malveillantes. Sur l’exécution de Servet en apr. J.-C. 1533, voir 148, 2. Entre les années 1542 et 1546, il n’y eut pas moins de cinquante-sept condamnations à mort exécutées avec l’approbation de Calvin et soixante-seize condamnations au bannissement. Les magistrats le soutenaient fidèlement dans toutes ses mesures. Mais sous le règne inquisitoire de terreur de son consistoire, le parti libertin se fortifia pour une lutte véhémente, et parmi les magistrats, à partir d’environ J.-C. En 1546, il s’éleva une puissante opposition, et des foules fanatiques menacèrent à plusieurs reprises de le jeter dans le Rhône. Cette lutte a duré neuf ans. Mais Calvin ne s’éloigna pas d’un iota de la rigueur de ses exigences antérieures, et la crainte de sa puissante personnalité était si grande que ni la rage des foules déchaînées, ni l’hostilité de la magistrature ne purent obtenir son bannissement. En apr. J.-C. En 1555, son parti remporta de nouveau l’ascendant aux élections, principalement grâce à l’aide d’une foule de réfugiés venus de France, d’Angleterre et d’Écosse, qui avaient obtenu le séjour et donc les droits de citoyens à Genève. À partir de ce moment et jusqu’à sa mort, le 27 mars de notre ère. En 1564, son influence est suprême. L’empreinte de son esprit fort s’imprima de plus en plus distinctement sur toutes les institutions de la République, les exigences de sa discipline rigoureuse furent volontiers et chaleureusement adoptées comme code moral, et assurèrent à Genève cette prééminence qu’elle conserva pendant deux siècles parmi toutes les églises réformées comme ville honorable, pieuse et rigoureusement morale. En dépit d’un corps faibleCalvin, pendant les vingt-trois années de ses deux résidences à Genève, accomplit un travail extraordinaire. Il s’était marié en A.D. 1540, à Strasbourg, Idaletta de Bures, veuve d’un anabaptiste converti par lui. Sa femme mourut en apr. J.-C. Année 1549. Il prêchait presque tous les jours, assistait à toutes les séances du consistoire et de l’association des prédicateurs, inspirait toutes leurs délibérations et leurs résolutions, donnait des conférences dans l’académie fondée par ses ordres en Jésus-Christ. 1559, composa de nombreux ouvrages doctrinaux, polémiques et apologétiques, entretint une abondante correspondance, etc.
138.5. Écrits de Calvin. — Le plus important des écrits de Calvin est son Institutio Religionis Christianæ, dont la meilleure et la plus complète édition parut en A.D. 1559, un volume complémentaire aux Loci de Melanchthon, mais beaucoup plus complet et complet en tant que traité formel et scientifique. Dans cette œuvre, Calvin élabore son système doctrinal profond avec une grande puissance spéculative et une logique audacieuse et implacable, combinée à la grâce particulière d’un style clair et charmant. Viennent ensuite, par ordre d’importance, ses commentaires sur presque tous les livres de l’Écriture. Ici aussi, il se montre partout doué d’une brillante perspicacité, d’une bonté religieuse, d’une profonde sympathie chrétienne et d’un talent exégétique remarquable, mais aussi pointilleux sur les petits points ou sérieusement entravé par des préjugés dogmatiques. Ses productions exégétiques ont besoin de la chaleur et de l’identification enfantine du commentateur avec son texte, ce qui distingue Luther à un si haut degré, tandis qu’elles sont incomparablement supérieures dans la forme pour la concision et la précision scientifique. En chaire, Calvin était le même logicien strict et cohérent que dans ses œuvres systématiques et polémiques. De l’éloquence populaire de Luther, il n’avait pas la moindre trace.371
138.6. La doctrine de Calvin. — Calvin plaça Zwingli bien au-dessous de Luther, et n’hésita pas à qualifier de profane la doctrine zwinglienne des sacrements. Avec Luther, qui le respectait beaucoup, il n’entra jamais en contact personnel étroit, mais ses relations avec Melanchthon eurent une forte influence sur ce dernier. Mais décidément, lorsqu’il se rapprochait de la doctrine de Luther, il était en principe plutôt sur la même plate-forme que Zwingli. Sa vision des principes protestants est essentiellement zwinglienne. Il rompit avec la tradition ecclésiastique avec Zwingli aussi nettement que Zwingli. Dans la doctrine de la personne du Christ, il penchait vers le nestorianisme, et ne pouvait donc pas atteindre la même plénitude de foi que Luther dans sa doctrine de la Cène du Seigneur. Il enseignait, comme l’avait fait Bérenger auparavant, que le croyant, par le moyen de la foi, ne participe au sacrement que spirituellement, mais cependant réellement, du corps et du sang du Seigneur, par une puissance provenant du corps glorifié du Christ, tandis que l’incroyant ne reçoit que du pain et du vin. Dans sa doctrine de la justification, il est formellement d’accord avec Luther, mais il a introduit une différence très marquée par son légalisme strict, presque l’Ancien Testament. Sa doctrine de la prédestination va même au-delà de celle d’Augustin par sa constance rigide et sa sévérité inflexible.372
138.7. La victoire du calvinisme sur le zwinglianisme. — Par sa vaste correspondance et ses nombreux écrits, l’influence de Calvin s’étendit bien au-delà des limites de la Suisse. Genève devint le lieu de refuge de tous ceux qui étaient exilés à cause de leur foi, et l’université fondée par Calvin y fournissait à presque toutes les églises réformées des professeurs, qui étaient modelés sur un modèle calviniste strict. Berne, non influencée par des jalousies politiques, se montra très réticente à adopter la doctrine calviniste. Zürich s’est montrée plus conforme. Après la mort de Zwingli, Henry Bullinger se trouve à la tête du clergé zurichois. Avec lui, Calvin entama des négociations doctrinales et réussit finalement à l’amener à ses vues sur la Cène du Seigneur. Dans le Consensus Tigurinus d’après J.-C. En 1549, rédigée par Calvin, une union fut conclue sur une base calviniste ; mais Berne, où les Zwingliens qui disputaient avec les amis luthériens de Calvin avaient la majorité, refusa de souscrire. Le Consensus pastorum Genevensium, d’après J.-C. En 1554, provoquée par le conflit avec Bolsec, dans lequel la doctrine de la prédestination de Calvin avait une importance similaire, non seulement Berne, mais aussi Zurich refusèrent d’accepter. Pourtant, ces deux confessions ont peu à peu gagné en notoriété dans toute la Suisse alémanique. Même l’objection personnelle de Bullinger à la doctrine de la prédestination fut de plus en plus surmontée à partir de J.-C. 1556 par l’influence de son collègue Pierre Martyr ( 139, 24), bien qu’il n’ait jamais accepté le système calviniste dans toute sa sévérité et sa dureté. Lorsque même l’électeur palatin Frédéric III. ( 144, 1) voulait faire une confession justificative devant la Diète d’Augsbourg en A.D. En 1566, qui menaçait de l’exclure de la paix parce qu’il passait à l’Église réformée, Bullinger, qui en fut chargé de la rédaction, lui envoya, comme appendice au testament qu’il avait composé, une confession, qui fut connue sous le nom de Confessio Helvetica posterior (133, 8). Cette confession fut non seulement reconnue dans tous les cantons suisses, à l’exception de Bâle, qui l’adopta aussi, quatre-vingts ans plus tard, mais elle acquit aussi une grande considération dans les églises réformées d’autres pays. Sa doctrine des sacrements est calviniste, avec des penchants non négligeables vers la théorie zwinglienne. Sa doctrine de la prédestination est le calvinisme, très considérablement modifié.
138.8. Le successeur de Calvin à Genève.—Théodore de Bèze était de l’âge de J.-C. 1559 Il fut le compagnon de travail le plus zélé de Calvin et, après sa mort, lui succéda dans ses fonctions. Il ne tarda pas à être considéré dans son pays et à l’étranger avec la même vénération que son grand maître lui avait acquise. Il mourut en apr. J.-C. Année 1605. Né en A.D. Issu en 1519 d’une vieille famille noble de Vézelay en Bourgogne, il fut envoyé pour son éducation dans sa neuvième année chez l’humaniste Melchior Wolmar d’Orléans, et accompagna son maître lorsqu’il accepta un appel à l’Académie de Bourges, jusqu’en A.D. 1534 Wolmar est obligé de retourner dans sa patrie souabe pour échapper à la persécution en tant qu’ami et promoteur de la Réforme. Bèze s’appliqua alors à l’étude du droit à l’université d’Orléans, et obtint le grade de licencié en A.D. Année 1539. Il passa ensuite plusieurs années à Paris comme homme du monde, où il acquit la réputation de poète et d’esprit, et gaspilla un patrimoine considérable dans une vie lâche et insouciante. Un mariage secret avec une jeune femme de la ville dans des conditions modestes, en A.D. 1544, mit fin à ses extravagances, et une grave maladie donna une direction religieuse à son changement moral. Il avait fait la connaissance de Calvin à Bourges, et en A.D. En 1543, il se rendit à Genève, se maria publiquement et, l’année suivante, obtint, sur la recommandation de Viret, la chaire de grec à Lausanne. Profondément en sympathie avec toutes les vues de Calvin, il soutint sa doctrine de la prédestination contre les attaques de Bolsec, justifia l’exécution de Servet dans son traité De hæreticis a civili magistratu puniendis, se lia d’amitié avec zèle avec les Vaudois persécutés, et Farel fit la cour aux princes protestants allemands afin d’obtenir leur intercession en faveur des huguenots français. et négocia avec les théologiens de l’Allemagne du Sud une union en ce qui concerne la doctrine de la Cène. En apr. J.-C. 1558 Calvin l’appelle à Genève comme prédicateur et professeur de théologie dans l’académie qui y est érigée. En apr. J.-C. En 1559, il défendit la doctrine de Calvin sur la Cène contre les attaques de Westphal (141, 10) dans un langage assez modéré ; mais en apr. J.-C. En 1560, il lança deux violents dialogues polémiques contre Hesshus (144, 1). Il passa les deux années suivantes en France (139, 14) en tant que défenseur théologique et avocat des huguenots. Après la mort de Calvin, tout le fardeau du gouvernement de l’Église de Genève retomba sur ses épaules et, pendant quarante ans, les Églises réformées de tous les pays le considérèrent avec confiance comme leur patriarche éprouvé. À côté de l’église de Genève, celle de sa terre natale lui tenait le plus à cœur. À plusieurs reprises, nous le trouvons appelé en France pour diriger les réunions du synode. Mais l’intérêt qu’il prenait aux controverses des réformés allemands avec leurs adversaires luthériens n’était guère moins vif. Lors de la conférence religieuse de Mömpelgard, convoquée par le comte luthérien Frédéric de Wurtemberg. 1586, pour faire en sorte que les réfugiés calvinistes puissent communier avec leurs frères luthériensBèze lui-même prit la défense du palladium de l’orthodoxie calviniste contre Andreä, dont la théorie de l’ubiquité (141, 9, 10) Il l’avait déjà contesté dans ses écrits. Vers la fin de sa vie, l’Église catholique, par l’intermédiaire de son convertisseur expérimenté d’hérétiques, François de Sales (156, 1), vainement tenté de le ramener à l’Église où seul est le salut. À une folle rumeur que cet effort avait réussi, Bèze lui-même répondit dans un poème satirique plein de tout son feu de jeunesse.373
Le besoin de réforme était si grand et si répandu que le mouvement commencé en Allemagne et en Suisse s’étendit bientôt à tous les pays de l’Europe. L’Église catholique s’opposa partout à la Réforme par le feu et par l’épée, et réussit dans certains pays à la supprimer complètement ; tandis que dans d’autres, elle était restreinte dans les limites d’une secte simplement tolérée. La confession luthérienne allemande a été généralement acceptée par les Scandinaves du nord de l’Europe, les réformés suisses par les races romanes du sud et de l’ouest ; tandis qu’à l’est, chez les Slaves et les Magyars, les deux confessions ont été reçues. La puissante influence personnelle de Calvin avait beaucoup contribué à chasser la Confession luthérienne des pays romans où elle s’était auparavant implantée. La présence de nombreux réfugiés des différents pays occidentaux pendant un certain temps en Suisse, ainsi que les relations naturelles entre celle-ci et des pays tels que l’Italie et la France, ont contribué au même résultat. Mais des raisons plus profondes que celles-ci sont nécessaires pour expliquer ce fait. D’une part, les romans sont enclins aux extrêmes, et ils ont trouvé plus de satisfaction dans la réforme radicale de Genève que dans la réforme plus modérée de Wittenberg ; et, d’autre part, ils ont un amour pour les formes démocratiques et républicaines de gouvernement que les premiers, mais non les seconds, satisfaisaient. 1525, en Prusse, siège des chevaliers teutoniques ( 127, 3) ; puis dans les pays scandinaves. En Suède, il a pris de l’ascendant en J.-C. 1527, et au Danemark et en Norvège en 1527. Année 1537. Dans les provinces baltes également, la Réforme avait trouvé son entrée dans l’ère chrétienne. 1520 ; par A.D. En 1539, elle avait vaincu toute opposition en Livonie et en Estonie, mais en Courlande, il fallut encore dix ans avant qu’elle ne fût complètement organisée. L’Église réformée obtint la possession presque exclusive de l’Angleterre en J.-C. 1562, d’Écosse en apr. J.-C. 1560, et des Pays-Bas en A.D. Année 1579. La Confession réformée n’obtint en France qu’une simple tolérance en A.D.En 1598 , les réformés et les luthériens s’implantent en Pologne en 1598 . 1573, en Bohême et Moravie en 1573 . 1609, en Hongrie en A.D. 1606, et en Transylvanie en 1606. Année 1557. Ce n’est qu’en Espagne et en Italie que l’Église catholique a réussi à écraser complètement la Réforme. Quelques tentatives pour intéresser l’Église grecque à la Confession luthérienne ont échoué, mais les restes des Vaudois ont été complètement gagnés à la Confession réformée.
139.1. Suède.—Pendant cinquante ans, la Suède avait été libérée du joug danois qui lui avait été imposé par l’union calmar de l’an J.-C. Année 1397. Le haut clergé, qui possédait les deux tiers des terres, n’avait cessé de conspirer en faveur du Danemark. L’archevêque d’Upsala, Gustavus Trolle, se brouilla avec le chancelier, Sten Sture, et fut destitué. Pape Léon X. prononça l’interdiction et l’interdiction contre la Suède. Chrétien II. du Danemark a conquis le pays en J.-C. En 1520, dans l’effroyable massacre de Stockholm pendant les festivités du couronnement, en dépit de ses assurances jurées, 600 des plus nobles du pays, désignés par l’archevêque comme ennemis du Danemark, furent tués. Mais à peine Christian était-il rentré chez lui que Gustave Vasa débarqua de Lübeck, où il s’était enfui, chassa les Danois et fut élu roi de l’an J.-C. Année 1523. Pendant son exil, il s’était montré favorable à la Réforme, et maintenant il se joignit aux protestants pour obtenir leur aide contre le clergé adverse. Olaf Peterson, qui avait étudié à partir de l’A.D. 1516 à Wittenberg, peu après son retour chez lui, en 1516 . En 1519, il commença comme diacre à Strengnæs, avec Lawrence Anderson, plus tard administrateur du diocèse de Strengnæs, pour répandre les doctrines réformées. Par la suite, ils ont été rejoints par le frère cadet d’Olaf, Laurence Peterson. Pendant l’absence du roi en A.D. En 1524, deux anabaptistes visitèrent Stockholm, et même le calme Olaf fut emmené par eux pendant un certain temps. Le roi réprima rapidement les troubles et se mit de bon cœur à l’œuvre de réforme. Anderson, nommé chancelier par Vasa, en A.D. En 1526, il traduisit le N.T., et Olaf, avec l’aide de son savant frère, entreprit l’O.T. Le peuple, cependant, s’accrochait encore à l’ancienne foi, jusqu’à ce qu’à la diète de Westnæs, en l’an de J.-C. En 1527, le roi leur proposa l’alternative d’accepter sa démission ou la Réforme. L’amour du peuple pour son roi l’emporta sur toute opposition cléricale. Les biens de l’Église étaient utilisés pour fournir des revenus aux rois et aux nobles, et pour fournir des salaires aux pasteurs qui devaient prêcher l’Évangile dans sa pureté. La Réforme fut introduite pacifiquement dans toutes les parties du pays, et les régimes alimentaires d’Örebro, en J.-C. 1529, 1537, et à Westnæs, en A.D. 1544, a mené les travaux à leur terme. La nouvelle organisation adopta la constitution épiscopale et, dans le domaine du culte, de nombreuses cérémonies catholiques furent autorisées à subsister. La plupart des évêques ont accepté l’inévitable. L’archevêque Magnus d’Upsala, légat du pape, se rendit en Pologne, et l’évêque Brask de Linköping s’enfuit avec tous les trésors de son église à Dantzig. Laurence Peterson a été créé en A.D. En 1531, il fut le premier archevêque évangélique d’Upsala, et épousa une parente de la maison royale. Mais son frère Olaf tomba en disgrâce à cause de sa protestation contre les actes de rapacité réels ou supposés du roi. Lui et Anderson, parce qu’ils n’avaient pas signalé une conspiration dont ils avaient eu connaissance dans le confessionnal, furent condamnés à mort, mais graciés par le roi. Gustave mourut en apr. J.-C.�1560. Sous la direction de son fils Éric, une réaction catholique s’installa, et son frère Jean III, en A.D. En 1578, il confessa secrètement le catholicisme au jésuite Possevin, poussé à cet effet par sa reine catholique et la perspective du trône de Pologne. Le fils de Jean, Sigismond, également roi de Pologne, rejoignit ouvertement l’Église romaine. Mais son oncle Charles de Sodermanland, un protestant zélé, en tant que gouverneur après la mort de Jean, convoqua les nobles à Upsala en J.-C. En 1593, le livre de messe en latin introduit par Jean fut interdit et la reconnaissance de la Confession d’Augsbourg fut renouvelée. Mais comme Sigismond continuait à favoriser le catholicisme, les pairs du royaume déclarèrent, en apr. J.-C. 1604, qu’il avait perdu le trône, que son oncle montait alors sous le nom de Charles IX. — La Réforme avait déjà été transportée de la Suède en Finlande.374
139.2. Danemark et Norvège. — Christian II, neveu de l’électeur de Saxe et beau-frère de l’empereur Charles-Quint, quoiqu’il se fût associé à la hiérarchie romaine en Suède pour renverser le parti national, avait pris en Danemark le parti de la Réforme contre le clergé, qui y était suprême. En apr. J.-C. En 1521, il réussit à obtenir de Carlstadt qu’il vienne à son aide, mais il est bientôt forcé de quitter le pays. En apr. J.-C. En 1523, le clergé et la noblesse renoncent formellement à leur allégeance et donnent la couronne à son oncle Frédéric Ier, duc de Schleswig et de Holstein. Christian s’enfuit en Saxe, y fut complètement gagné à la Réforme par Luther, convertit aussi sa femme, sœur de l’empereur, et fit imprimer à Leipzig le premier N.T. danois, par Hans Michelson, et le fit circuler au Danemark. Pour s’assurer l’aide de l’empereur, cependant, il abjura la foi évangélique à Augsbourg en Jésus-Christ. Année 1530. L’année suivante, il conquit la Norvège et s’engagea, lors de son couronnement, à maintenir la religion catholique. Mais en A.D. En 1532, il fut obligé de se rendre à Frédéric, et passa les vingt-sept dernières années de sa vie en prison, où il se repentit de son apostasie et eut l’occasion de s’instruire par l’étude de la Bible danoise. Son fils Christian III. introduisit sans réserve la Réforme dans ses duchés. En cela, il a été encouragé par son père. En apr. J.-C. En 1526, il professa ouvertement la foi évangélique et invita le réformateur danois Hans Tausen, disciple de Luther, qui avait prêché l’Évangile au milieu de nombreuses persécutions depuis J.-C. 1524, pour s’installer comme prédicateur à Copenhague. Lors d’un régime à Odensee [Odense] en A.D. En 1527, il restreint la juridiction épiscopale, proclame la tolérance religieuse universelle, donne aux prêtres la liberté de se marier et de quitter leur cloître, et jette ainsi les bases de la Réforme. Tausen en A.D. En 1530, il soumit aux nobles sa propre confession, la Confessio Hafinca, et la Réforme progressa rapidement. Frédéric mourut en apr. J.-C. Année 1533. Les évêques se levèrent alors en masse et insistèrent pour que les États refusassent de reconnaître son fils Christian III. Mais lorsque le bourgmestre de Lübeck, profitant de l’anarchie, complota de soumettre le Danemark à l’orgueilleuse ville commerciale, et en A.D. En 1534, Copenhague fut assiégée, les nobles du Jutland s’empressèrent de jurer fidélité à Christian. Il chassa les Lübecker et, en apr. J.-C. 1536 avait la possession de toute la terre. Il résolut alors d’en finir pour toujours avec les machinations du clergé. En août, A.D. En 1536, il fit emprisonner tous les évêques en un jour, et lors d’une diète à Copenhague, il les fit déposer formellement. Leurs biens tombèrent dans le trésor royal, tous les monastères furent sécularisés, certains offerts aux nobles, d’autres convertis en hôpitaux et en écoles. Afin de compléter l’organisation de l’église, Bugenhagen a été appelé en A.D. Année 1537. Il couronna le roi et la reine, esquissa un directoire de culte, qui fut adopté à la diète d’Odensee [Odense] après J.-C. 1539, et retourna à Wittenberg en 1539 . Année 1542. À la place des évêques, des surintendants luthériens ont été nommés, auxquels le titre d’évêque a ensuite été donné, et la Confession d’Augsbourg a été acceptée comme norme. La Réforme a été introduite en même temps en Norvège, qui a reconnu le roi en J.-C. Année 1536. L’archevêque de Drontheim, Olaf Engelbrechtzen, s’enfuit aux Pays-Bas avec les trésors de l’église. L’Islande s’est distinguée plus longtemps, mais a cédé en apr. J.-C. 1551, lorsque le pouvoir des évêques rebelles fut brisé.375
139.3. Courlande, Livonie et Estonie. — La Livonie s’était séparée de la domination des chevaliers teutoniques en J.-C. En 1521, sous le grand-maître Walter de Plattenburg, il assuma la position d’une principauté indépendante. La même année, un archidiacre luthérien, Andr. Knöpken, expulsé de Poméranie, vint à Riga et prêcha l’Évangile avec modération. Peu de temps après, Tegetmaier arriva de Rostock et dénonça si vigoureusement le culte des images que des foules excitées entrèrent dans les églises et démolirent les images ; Pourtant, il était protégé par le conseil et le grand-maître. Le troisième réformateur, Briesmann, fut l’élève immédiat de Luther. L’habile greffier de la ville de Riga, Lohmüller, travailla avec ardeur avec eux, et la Réforme se répandit dans les villes et les campagnes. À Wolmar et Dorpat, en A.D. En 1524, l’œuvre fut poursuivie par Melchior Hoffmann, dont le luthéranisme était sérieusement teinté d’extravagances anabaptistes ( 147, 1). Le diocèse d’Oesel adopta les doctrines réformées, et en même temps une église luthérienne fut formée à Reval. Après qu’une forte opposition ait été offerte, enfin, en A.D. En 1538, Riga accepta la confession évangélique, rejoignit la ligue de Schmalcald et, en peu de temps, toute la Livonie et l’Estonie acceptèrent la confession d’Augsbourg. Des troubles politiques, occasionnés principalement par la Russie, obligent le dernier grand maître, Kettler, en A.D. 1561 de céder la Livonie à Sigismond Auguste de Pologne, mais avec l’assurance formelle que les droits des évangéliques seraient préservés. Lui-même conserva la Courlande comme un duché héréditaire sous la suzeraineté de la Pologne, et se donna sans se lasser à l’organisation évangélique de son pays, puissamment secondé par Bülau, premier surintendant de la Courlande. Sous la protection polonaise, un collège jésuite a été établi à Riga en J.-C. Année 1584. Deux églises de la ville durent être livrées aux catholiques, et Possevin mena une propagande catholique active, qui ne prit fin que lorsque la Livonie, en A.D. En 1629, comme un peu plus tôt, l’Estonie passa sous la domination de la Suède. À la suite de la guerre des Scandinaves, les deux pays furent incorporés à l’empire russe, et par la paix de Nystadt, de l’an 2010. En 1721, son église luthérienne conserva tous ses privilèges, à condition qu’elle n’interfère en aucune façon avec l’Église orthodoxe grecque de la province. En apr. J.-C. 1795 La Courlande est également passée sous l’emprise de la Russie, et toutes ces régions sont maintenant connues sous le nom de provinces baltes.
139.4. Angleterre.376―Henri VIII, apr. J.-C. 1509-1547, après la querelle littéraire avec Luther ( 125, 3), cherchait à justifier son titre, « Défenseur de la foi », par l’utilisation de l’épée et du gibet. Les écrits de Luther furent lus avec avidité en Angleterre, où, dans de nombreux cercles, les mouvements de Wiclif furent considérés avec faveur, et deux nobles Anglais, John Fryth et William Tyndal, donnèrent à leur pays natal une traduction du Nouveau Testament en A.D. Débloquer 1526. Fryth a été récompensé par la participation dans A.D. 1533, et Tyndal a été décapité aux Pays-Bas en 1533 . Année 1535.377 Mais pendant ce temps, le roi se brouillait avec le pape. En assumant le gouvernement, il avait épousé Catherine d’Arragon, fille de Ferdinand le Catholique et d’Isabelle, de six ans son aînée, veuve de son frère Arthur, mort dans sa seizième année, pour laquelle il obtint une dispense pontificale au motif que le premier mariage n’avait pas été consommé. Son amour adultère pour Anne Boleyn, la belle demoiselle d’honneur de sa reine, et l’opinion biblique de Cranmer (Lév. xviii. 16 ; xx. 21) l’a convaincu en apr. J.-C. 1527 du péché de son mariage non canonique. Clément VII, d’abord peu disposé à accéder à sa demande de divorce, refusa après s’être réconcilié avec l’empereur, neveu de Catherine (132, 2). Complètement réveillé, le roi se débarrassa de l’autorité du pape. La Convocation a été forcée de le reconnaître en A.D. En 1531, il est à la tête de l’Église d’Angleterre, et en 1532, le Parlement interdit de payer des annats au pape. La même année, Henri épousa Anne et obtint un divorce formel d’avec Catharine accordé par un tribunal spirituel. Parlement en A.D. En 1534, il abolit formellement la juridiction papale sur le pays et transfère tous les droits et revenus ecclésiastiques au roi. Le vénérable évêque Fisher de Rochester et le chancelier résolu, Sir Thomas More (120, 7), en apr. J.-C. 1535 payèrent le prix de leur opposition sur l’échafaud. C’est alors qu’est venue l’interdiction, dont on a longtemps menacé. Sous prétexte d’une réforme plus que nécessaire, pas moins de 376 monastères furent fermés au cours des années 1536-1538, leurs occupants, moines et moniales, expulsés, et leurs riches biens confisqués.378Néanmoins, dans la doctrine, le roi voulut rester un bon catholique, et à cette fin passa dans le parlement de l’an 2000. 1539 la loi des Six Articles, qui faisait de toute contradiction avec les doctrines de la transsubstantiation, de la rétention de la coupe, du célibat du clergé, de la messe et de la confession auriculaire, un crime capital. La persécution faisait rage également contre les luthériens et les papistes, tantôt plus contre l’un, tantôt plus contre l’autre, selon qu’il était mû par son propre caprice ou par l’influence de ses femmes et de ses favoris du jour. D’un côté, à la tête des papistes, se tenaient Gardiner, évêque de Winchester, et Bonner, évêque de Londres ; et de l’autre, Thomas Cranmer, que le roi avait élevé en apr. J.-C. 1533 au siège de Cantorbéry, afin d’effectuer ses réformes dans la constitution ecclésiastique. Mais Cranmer, qui, en tant qu’agent du roi dans les négociations du divorce, avait souvent traité avec des théologiens protestants étrangers, et avait épousé secrètement à Nuremberg la nièce d’Osiander, était dans l’âme un partisan zélé de la Réforme suisse, et favorisa autant qu’il le put avec sécurité son introduction en Angleterre. Entre autres choses, il a obtenu l’introduction en A.D. 1539, dans toutes les églises d’Angleterre, d’une traduction anglaise de la Bible, révisée par lui-même. Il est soutenu dans ses efforts par la seconde épouse du roi, Anne Boleyn ; mais elle, ayant été soupçonnée d’infidélité, fut exécutée en A.D. Année 1536. La troisième épouse, Jane Seymour, mourut en 1944. 1537 à la mort d’un fils. La quatrième, Anne de Clèves, fut six mois plus tard, après J.-C. En 1540, le promoteur du mariage, le chancelier, Thomas Cromwell, fut amené à l’échafaud. La même année, le roi épousa Catharine Howard, avec qui le parti catholique reprit le gouvernail et fit appliquer rigoureusement l’Acte des Six Articles. Mais elle aussi, en A.D. En 1543, elle fut accusée d’adultères récidivistes, et tomba, avec ses amis et ceux qui étaient réputés coupables avec elle, sous la hache du bourreau. La sixième épouse, Catharine Parr, qui favorisa de nouveau les protestants, échappa au même sort par la mort du tyran.379
139.5. Édouard VI, apr. J.-C. 1547-1553, fils d’Henri VIII et de Jane Seymour, succéda à son père dans sa dixième année. À la tête de la régence se trouvait le frère de sa mère, le duc de Somerset. Cranmer avait maintenant les mains libres. Les messes privées et le culte des images étaient interdits, le souper était administré sous les deux espèces, le mariage des prêtres était rendu légitime et une visite générale de l’église était fixée pour l’introduction de la Réforme. Gardiner et Bonner, qui s’opposaient à ces changements, furent envoyés à la Tour. Somerset correspondit avec Calvin et invita, à la demande de Cranmer, d’éminents théologiens étrangers à l’aider à visiter les églises. Martin Bucer et Paul Fagius de Strasbourg vinrent à Cambridge, et Peter Martyr à Oxford.380 Bernardino Ochino était prédicateur d’une congrégation de réfugiés italiens à Londres. Une commission, sous la présidence de Cranmer, rédigea pour la lecture dans les églises un recueil d’homélies, pour l’instruction des jeunes un catéchisme, et pour le service une liturgie intermédiaire entre la forme catholique et protestante, le soi-disant Livre de la prière commune de l’an J.-C. 1549 ; mais de la seconde édition ont été omis le chrême et l’exorcisme, la confession auriculaire, l’onction des malades et la prière pour les morts. Puis suivit, en A.D. En 1553, une confession de foi, composée de quarante-deux articles, rédigée par Cranmer et l’évêque Ridley de Rochester, qui était distinctement du type réformé, et qui mettait en avant la suprématie ecclésiastique du roi comme article de foi. Le jeune roi, qui soutenait la Réforme de tout son cœur, mourut en apr. J.-C. 1553, après avoir nommé comme successeur Jane Grey, la petite-fille d’une sœur de son père. Ce n’est pas elle, cependant, mais une catholique fanatique, Marie, A.D. 1553-1558, fille d’Henri VIII et de Catherine d’Espagne, monta sur le trône. Le parlement docile abrogea alors toutes les lois ecclésiastiques d’Édouard VI, qu’il avait lui-même sanctionnées, revint à la loi des Six Articles de Henri, et en chargea Gardiner comme chancelier de son exécution. Les chefs protestants furent jetés dans la Tour, les ossements de Bucer et de Fagius furent brûlés publiquement, des prêtres mariés avec femmes et enfants furent chassés par milliers du pays. L’année suivante, A.D. En 1554, le cardinal Reginald Pole, qui s’était enfui sous le règne d’Henri, revint en tant que légat du pape, absout le Parlement repentant et reçut toute l’Angleterre dans le giron de l’Église romaine.18 ans La noble et innocente lady Jane Grey, qui n’était que dans sa seizième année, bien qu’elle eût volontairement et joyeusement renoncé à la couronne, fut mise à mort avec son mari et son père. Au cours de l’année suivante, A.D. En 1555, les évêques Ridley, Latimer, Ferrar et Hooper subirent la mort sur le bûcher avec une noble constance.382 En prison, Cranmer avait renoncé à sa foi évangélique, mais il avait abondamment expié cette faiblesse par la fermeté héroïque avec laquelle il avait rétracté sa rétractation et tenu la main qui l’avait souscrite dans les flammes, afin qu’elle fût d’abord consumée. Il a souffert en apr. J.-C. 1556. — La reine s’était mariée en A.D. 1554 Philippe II d’Espagne, de onze ans son cadet, et lorsqu’il fut en A.D. En 1555, il retourna en Espagne, elle tomba dans une profonde mélancolie, et sous la pression de celle-ci, sa haine du protestantisme se manifesta par les actes les plus sanglants et les plus cruels. Un tribunal hérétique, à la manière de l’Inquisition espagnole, fut créé, qui, sous la présidence du « Bonner sanglant », livra aux flammes des foules de confesseurs de l’Évangile, ecclésiastiques et laïcs, hommes et femmes, vieux et jeunes. Après cinq ans de persécution, « Bloody Mary » mourut d’un chagrin d’amour et d’hydropisie.383
139.6. Élisabeth, A.D. De 1558 à 1603, la fille d’Anne Boleyn, bien qu’auparavant qualifiée de bâtarde par le Parlement, monta sur le trône sans opposition en tant que dernier membre vivant de la famille d’Henri VIII. Éduquée sous la direction de Cranmer dans la foi protestante de sa mère, elle avait été obligée, sous le règne de sa sœur, de se conformer extérieurement à l’Église romaine. Elle procéda avec beaucoup de prudence et de modération ; mais quand Paul IV. et la princesse écossaise Marie Stuart, petite-fille de la sœur d’Henri, prit le titre de reine d’Angleterre, Élisabeth épousa plus ardemment la cause du protestantisme. En apr. J.-C. En 1559, le Parlement adopta l’Acte d’Uniformité, qui réaffirmait la suprématie royale sur l’Église nationale, prescrivait une révision du Livre de la prière commune, qui mettait de côté la prière pour la délivrance des « énormités détestables » de la papauté, etc., et reproduisait pratiquement le plus ancien et le moins parfait des Livres de prières d’Édouard VI, tandis que toute perversion de la papauté était menacée de confiscation des biens. l’emprisonnement, le bannissement, et en cas de récidive avec la mort, comme un acte de trahison. À la tête du clergé se trouvait Matthew Parker, consacré archevêque de Cantorbéry par certains évêques exilés sous Marie. Il avait été auparavant aumônier d’Anne Boleyn. Sous sa direction, les quarante-deux articles de Cranmer furent réduits à trente-neuf, donnant un type de doctrine à mi-chemin entre le luthéranisme et le calvinisme ; ceux-ci ont été confirmés par la convocation en A.D. 1562, et ont été adoptés comme une loi fondamentale de l’Angleterre par une loi du Parlement en 1562 . Année 1571. Ceci met fin à la première étape de l’histoire de la Réforme anglaise, l’établissement par la loi de l’Église anglicane d’État avec une constitution épiscopale, avec une succession apostolique, sous la suprématie royale, en tant qu’Église établie.384 (Pour l’opposition puritaine à ce sujet, voir 143, 3.) La manière quelque peu indulgente avec laquelle l’Acte d’Uniformité fut d’abord appliqué contre les catholiques les encouragea de plus en plus dans leurs tentatives d’obtenir une restauration. Même en A.D. 1568 William Allen fonda à Douay un séminaire pour former des Anglais catholiques à une mission dans leur pays, et Grégoire XIII quelques années plus tard, dans le même but, fonda à Rome le « Collège anglais ». Son prédécesseur, Pie V., avait, en A.D. 1570 déposa et prononça l’interdiction contre la reine, et menaça de la plus grande excommunication tous ceux qui céderaient à son obéissance. Le Parlement punissait désormais tout retrait de l’Église d’État comme une haute trahison. De jour comme de nuit, les maisons étaient perquisitionnées, les suspects interrogés sous la torture, et s’ils étaient reconnus coupables, ils étaient souvent mis à mort comme traîtres.385― Suite, 153, 6 ; 154, 3.
139.7. Irlande.―Hadrien IV, lui-même Anglais ( 96, 14), sur le plaidoyer que la donation de Constantin ( 87, 4) embrassa aussi les « îles », donna l’Irlande au roi Henri II. comme fief pontifical en apr. J.-C. Débloquer le niveau 1154. Pourtant, le roi n’a réussi à conquérir la frontière orientale, le Pale, que dans les années 1171-1175. Henri VIII. introduit la Réforme dans cette province en A.D. 1535, avec l’aide de son archevêque de Dublin, George Brown. La suprématie ecclésiastique de la Couronne est proclamée, les monastères fermés et leurs biens impropriés, en partie répartis entre les pairs irlandais et anglais. Mais en matière de foi, il y a eu peu de changements. On s’opposa de plus en plus à la réforme radicale de la foi et du culte d’Édouard VI. Les évêques, y compris Brown, résistèrent, et le clergé inférieur, qui était maintenant obligé de lire le Livre de la prière commune dans une langue étrangère à la plupart d’entre eux, favorisa diligemment l’attachement populaire à l’ancienne foi. L’ascension de la reine Marie fut donc bien accueillie en Irlande, tandis que la tentative d’Élisabeth de réintroduire la Réforme rencontra de l’opposition. Des épidémies répétées, auxquelles participèrent également les habitants des districts de l’ouest, prirent fin en J.-C. 1601 dans l’asservissement complet de toute l’île. Par la confiscation massive des domaines, toute la noblesse s’appauvrit et les biens de l’Église furent remis au clergé anglican ; mais la masse du peuple irlandais demeura catholique et soutint volontiers ses prêtres avec ses maigres ressources.386― Suite, 153, 6.
Patrick Hamilton, qui avait étudié à Wittenberg et à Marbourg, prêcha d’abord l’Évangile en Écosse et mourut sur le bûcher dans sa vingt-quatrième année après J.-C. Année 1528.387 Au milieu des confusions politiques de la régence pendant la minorité de Jacques V, A.D. De 1513 à 1542, fils d’une sœur d’Henri VIII d’Angleterre, la Réforme s’enracina solidement parmi les nobles, qui haïssaient le clergé, et parmi le peuple opprimé, bien que les évêques, avec David Beaton, archevêque de Saint-André à leur tête, cherchèrent à l’écraser par la persécution la plus violente. Lorsque Henri VIII. demanda à son neveu de l’aider dans son travail de réforme, Jacques refusa et, cédant aux conseils de Beaton, forma une alliance avec la France et épousa Marie de Guise. Cela provoqua une guerre en J.-C. 1540, dont l’issue désastreuse entraîna la mort du roi d’un cœur brisé. D’après la volonté du roi, Beaton devait assumer la régence, car Marie Stuart n’avait que sept jours. Mais les nobles le transférèrent au comte protestant d’Arran, qui emprisonna Beaton et fit affaucher l’enfant royal au fils d’Henri, Édouard. Beaton s’échappa, avec la connivence de la reine-mère, s’empara de l’enfant et contraignit le faible régent, en A.D. 1543, pour abjurer l’alliance anglaise. La persécution des protestants par le feu et par l’épée recommença. Après que beaucoup d’autres eurent été victimes de sa rage persécutrice, Beaton fit brûler sous ses yeux un célèbre prédicateur protestant, George Wishart ; mais peu de temps après, en J.-C. 1546, surpris dans son château et tué. Quand en A.D. 1548 Somerset, le régent anglais après la mort d’Henri, chercha à reprendre les négociations sur le mariage de Marie, alors âgée de cinq ans, avec Édouard VI, sa mère la fit emmener en France, où elle fut éduquée dans un couvent et fiancée au dauphin, plus tard François II. Par des actes hypocrites, elle obtint le transfert de la régence en A.D. 1554 d’Arran à elle-même. Pendant deux ans, la Réforme progressa sans trop d’opposition. En décembre, A.D. En 1557, ses promoteurs les plus dévoués conclurent une « alliance », s’engageant à la vie et à la mort à faire avancer la parole de Dieu et à déraciner l’idolâtrie de l’Église romaine. Cependant, la reine-régente, après le mariage de sa fille avec le dauphin en A.D. En 1558, elle se sentit assez forte pour défier les nobles protestants. Les anciennes lois sévères contre les hérétiques furent renouvelées, et un tribunal fut établi pour punir les prêtres apostasiants. La dernière victime de la persécution fut Walter Mill, un prêtre de quatre-vingt-deux ans, qui mourut sur le bûcher à Perth ( ?) après J.-C. Année 1559.388 Le pays se révolta ouvertement. Le régent fut donc obligé de proclamer la tolérance religieuse universelle. Mais au lieu de tenir sa promesse de retirer toutes les troupes françaises, leur nombre a en fait été augmenté après François II. monta sur le trône de France. Élisabeth, elle aussi, s’indigna de la prise par le roi et la reine de France du titre royal d’Angleterre, de sorte qu’elle aida les insurgés avec une armée et une flotte. Pendant la progression victorieuse des Anglais, le régent mourut, en . Année 1560. Les Français sont obligés de se retirer, et la victoire des protestants écossais est décisive.
139.9. Il y avait un homme dont l’opposition inflexible à la constitution, au culte, à la doctrine et à la discipline de l’Église de Rome, manifestée par une détermination rigide qui n’a presque jamais été égalée, laissa son empreinte indélébile sur la Réforme écossaise. John Knox, né en A.D.En 1505, c’est par l’étude d’Augustin et de la Bible qu’il a adopté des vues évangéliques qui, en 1505, ont été amenées à adopter des vues évangéliques qui, en 1505 . En 1542, il prêche dans le sud de l’Écosse. Persécuté en conséquence par l’archevêque Beaton, il se joignit aux conspirateurs après l’assassinat de ce prélat, en .En 1546, il fut fait prisonnier et, en 1546. En 1547, il servit comme esclave dans les galères françaises. Les mauvais traitements qu’il subit ainsi renforcèrent son caractère naturellement fort et résolu et cette intrépidité qui caractérisa toute sa vie ultérieure. Grâce à la médiation des Anglais, il fut libéré en apr. J.-C. 1549, et devint en 1549 . En 1551, il fut aumônier d’Édouard VI, mais s’offusqua du levain papiste autorisé à rester dans la Réforme anglaise, et refusa par conséquent un évêché qui lui était offert. Lorsque la catholique Marie monta sur le trône en A.D. En 1553, il s’enfuit à Genève, où il jouit de la plus étroite intimité avec Calvin, dont il approuve sans réserve la doctrine de la prédestination, le presbytérianisme rigide et la discipline rigoureuse. Après avoir présidé pendant quelque temps une congrégation de réfugiés anglais à Francfort-on-the-Maine, il y retourna en 1915. En 1555, il se rendit en Écosse, mais l’année suivante, il accepta d’être appelé à l’Église des réfugiés anglais de Genève, qui s’était formée entre-temps. Les évêques écossais, qui n’avaient pas osé le toucher pendant qu’ils étaient présents, le condamnèrent à mort après son départ et le brûlèrent en effigie. Mais Knox entretint une correspondance animée avec son pays natal par des lettres, des proclamations et des tracts controversés et, avec l’aide de plusieurs amis, traduisit les Écritures en anglais. En apr. J.-C. En 1558, il publia sous le titre « Le premier coup de trompette contre le monstrueux régiment de femmes », le plus violent de tous ses ouvrages controversés, dirigé principalement contre la reine Marie d’Angleterre, alors décédée. Elle excita contre lui l’antipathie invincible de son successeur, et augmenta au plus haut point la haine des deux autres Maries contre lui. Pourtant, il accepta l’appel des seigneurs protestants et retourna l’année suivante en Écosse, où il fut le cœur et l’âme de la révolution qui éclata peu après. Des images et des livres de messe ont été brûlés, des autels dans des églises ont été brisés en morceaux, et 150 monastères ont été détruits ; car Knox a dit : « Si les nids sont abattus, les corbeaux ne reviendront pas. » Après la mort du régent en A.D. En 1560, le Parlement proclame l’abolition de la papauté, ratifie la Confessio Scotica, strictement calviniste, et interdit de célébrer la messe sous peine de mort. Puis, en décembre, la première Assemblée Générale prescriva, dans le « Premier Livre de Discipline », une constitution strictement presbytérienne sous Christ comme seul chef, avec un ordre d’adoration rigoureusement puritain (163, 3).
139.10. En août, A.D. En 1561, la reine Marie Stuart, très cultivée et pleine d’entrain, revient de France en Écosse, jeune veuve dans sa 19e année. Élevée dans un couvent français dans un attachement fanatique à l’Église romaine et à la cour de France, avec des idées absolutistes aussi bien que des mœurs faciles à vivre, le calvinisme sévère et la rigueur morale du puritanisme écossais lui déplaisaient autant que son affirmation de l’indépendance politique. À l’instigation de son demi-frère James Stuart, qu’elle éleva au rang de comte de Moray et qui était à la tête du ministère en tant que l’un des chefs du parti réformé, elle promit à son arrivée de ne pas s’immiscer dans les arrangements ecclésiastiques du pays, mais refusa de donner la sanction royale aux procédures de l’ère chrétienne. En 1560, elle célébra un service catholique dans la chapelle de sa cour et favorisa de toutes parts les romanistes. Par son mariage, en A.D. En 1565, avec le jeune catholique Lord Darnley, petit-fils d’un second mariage de sa grand-mère Marguerite d’Angleterre, qui prit alors le titre de roi, Moray fut chassé de son poste, et la restauration du catholicisme fut vigoureusement et ouvertement poursuivie par des négociations avec l’Espagne, la France et le pape. Le directeur de toutes ces intrigues était le musicien italien David Rizzio, qui était venu dans le pays en tant qu’agent pontifical, et était devenu le favori et le secrétaire particulier de Marie. La grossièreté et la débauche du jeune roi lui avaient bientôt éloigné le cœur de la reine. Il prit donc part à une conspiration des seigneurs protestants, promettant de se rallier à leur foi. Leur première victime fut le détesté Rizzio. Il fut abattu et tué le 9 mars de notre ère. 1566, alors qu’il était assis à côté de la reine, déjà très avancée dans sa grossesse. Darnley se repentit bientôt de son acte, se réconcilia avec la reine, s’enfuit avec elle au château de Dunbar, et une armée rassemblée par le comte protestant de Bothwell réprima bientôt le soulèvement. Les rebelles et les assassins furent, à la demande de Marie, presque tous graciés. Darnley, qui vivait alors dans une inimitié mortelle avec les chefs de la noblesse protestante, et de nouveau en mauvais termes avec la reine, tomba malade en décembre après J.-C. 1566, à Glasgow. Sur son lit de malade, il se réconcilia avec sa femme, et, semble-t-il, pour qu’elle pût mieux le soigner, on l’amena dans une villa près d’Édimbourg. Mais dans la nuit du 9 février après J.-C. En 1567, alors que Marie assiste au mariage d’une servante, la maison et ses habitants sont détruits par une explosion de poudre. L’opinion publique accusa Bothwell et la reine d’avoir fomenté cet horrible crime. Bothwell fut jugé, mais acquitté par les lords. Les soupçons s’accrurent lorsque, peu de temps après, Bothwell emmena la reine dans son château et l’épousa le 15 mai. Dans la guerre civile qui éclata, Marie fut faite prisonnière et, le 24 juillet, obligée d’abdiquer en faveur de son fils Jacques VI, âgé d’un an, dont Marie entreprit la régence. Bothwell s’enfuit au Danemark, où il mourut dans la misère et le besoin. mais Mary fut autorisée à s’évader de prison par le jeune George Douglas. Il leva aussi en son nom une petite armée, qui, cependant, en mai de l’an J.-C. En 1568, il a été complètement détruit par Moray dans le village de Langside. La malheureuse reine ne pouvait plus que chercher protection auprès de son ennemie mortelle Elizabeth d’Angleterre, qui, après vingt ans d’emprisonnement, l’envoya à l’échafaud en A.D. 1587, sous prétexte qu’elle était coupable du meurtre de son propre mari et de haute trahison en complotant la mort de la reine d’Angleterre. — La culpabilité de Marie serait établie d’une manière concluante, si une correspondance avec Bothwell, qu’on dit avoir été trouvée dans son bureau, était acceptée comme authentique. Mais tous ses apologistes, avec une conviction apparemment forte, ont cherché à prouver que ces lettres sont des fabrications de ses ennemis. Cependant, l’examen approfondi des documents originaux par Bresslau [Breslau] n’a abouti qu’à reconnaître le second comme un faux, prouvant ainsi, non pas la complicité de Marie dans le meurtre de son mari, mais son amour adultère pour Bothwell, et montrant aussi que sa réconciliation apparente avec Darnley sur son lit de malade n’était qu’hypocrite.389
139.11. La jeune reine avait d’abord cherché à gagner par ses beaux discours le réformateur audacieux et influent John Knox, qui était alors prédicateur à Édimbourg. Mais son cœur était enveloppé d’une armure septuple contre toutes ses flatteries, comme plus tard contre ses menaces ; Même ses larmes le trouvaient aussi sévère et froid que sa colère. Lorsqu’il convoqua une assemblée de nobles pour mettre un terme au culte catholique introduit par elle à la cour, il fut accusé de haute trahison, mais acquitté par les seigneurs. Le mariage avec Darnley et tout ce qui s’ensuivit de cette union malheureuse ne firent qu’augmenter son audace. Il prêcha publiquement sans réserve contre la papauté et la légèreté de la reine, au début de la guerre civile, exhorta à sa déposition et exigea son exécution pour adultère et meurtre de son mari. L’assassinat du régent Moray en apr. J.-C. L’année 1570 plongea le pays dans une nouvelle confusion, qui ne fut surmontée que par son troisième successeur, Morton. Le fugitif Knox retourna alors à Édimbourg, et mourut peu de temps après, le 24 novembre de notre ère. Année 1572. Parmi ses écrits existants, le plus important est son « Histoire de la Réforme », qui remonte jusqu’à J.-C. Année 1567. Le gouvernement vigoureux de Morton détruisit complètement le parti de Mary, mais restreignit aussi les prétentions du presbytérianisme. Après son renversement en A.D. En 1578, Jacques VI, alors dans sa douzième année, entreprit lui-même le gouvernement à la tête d’un conseil d’État. Sa faiblesse de caractère se manifesta par le fait qu’il hésitait entre une alliance avec l’Espagne catholique et une alliance avec l’Angleterre protestante, ainsi qu’entre la faveur secrète du catholicisme et la volonté ouverte de remplacer le presbytérianisme puritain par un épiscopat anglican-protestant. En apr. J.-C. En 1584, le parlement, élargi par l’introduction des classes inférieures de la noblesse, définissait la suprématie royale de manière à priver l’Église presbytérienne de plusieurs de ses droits et privilèges. Mais en A.D. En 1592, le roi fut obligé de les restituer absolument. Après la mort d’Élisabeth en apr. J.-C. En 1603, en tant qu’arrière-petit-fils d’Henri VII, il unifia les royaumes d’Angleterre et d’Écosse sous le titre de Jacques Ier.390― Suite, 153, 6.
139.12. Pays-Bas.—Par le mariage de Marie de Bourgogne, héritière de Charles le Chauve, avec Maximilien Ier, en A.D. En 1478, les Pays-Bas passèrent à la maison de Habsbourg, et après la mort de Maximilien, en J.-C. 1519, revient à son petit-fils Charles Quint. Déjà dans la période précédente, le terrain a été ouvert dans ces régions pour l’introduction de la Réforme du XVIe siècle par l’intermédiaire des Frères de la Vie Commune ( 112, 9) et les précurseurs hollandais de la Réforme ( 119, 10), travaillant comme ils l’ont fait au sein d’un peuple intrépide et épris de liberté. Les écrits de Luther ont été introduits très tôt en Hollande, et les premiers martyrs de la Confession luthérienne ( 128, 1) ont été conduits au bûcher d’Anvers, en J.-C. Année 1523. L’alliance avec la France et la Suisse, cependant, fut l’occasion d’assurer par la suite le triomphe de la Confession réformée (voir 160, 1). Mais des anabaptistes fanatiques suivirent bientôt le mouvement de réforme et envoyèrent leurs émissaires en Allemagne et en Suisse. Comme l’empereur avait là une autorité aussi absolue que son cœur pouvait le désirer, il se mit à exécuter implacablement l’édit de Worms, et des multitudes de témoins de l’Évangile ainsi que des sectaires fanatiques furent mis à mort par l’épée et sur le bûcher. Plus terribles encore furent les ravages commis par l’Inquisition après l’abdication de Charles, en A.D. 1555, sous son fils et successeur Philippe II d’Espagne, qui avait pour but de renverser à la fois la liberté ecclésiastique et la liberté politique. Afin de mieux résister à la Réforme, les quatre évêchés d’origine furent augmentés par l’ajout de quatorze nouveaux évêchés, et trois furent érigés en archevêchés, Utrecht, Malines et Cambray. Mais même ces mesures n’ont pas réussi à atteindre le but désiré, parce que les Hollandais, même ceux qui jusque-là étaient restés fidèles à l’Église romaine, n’y voyaient qu’un instrument pour faire avancer le despotisme espagnol. 1523 La traduction du Nouveau Testament par Luther avait déjà été traduite en néerlandais et imprimée à Amsterdam. En apr. J.-C. 1545 Jacob van Liesfield traduisit toute la Bible, et fut envoyé à l’échafaud en 1545 . Année 1545. Un symbole calviniste a été mis en avant en apr. J.-C. 1562 dans la Confession belge. La ligue formée par les nobles, en A.D. 1566, pour résister à la tyrannie des Espagnols, à laquelle leurs oppresseurs donnaient le nom méprisant de mendiants, nom qu’ils adoptèrent eux-mêmes comme titre d’honneur, augmentèrent de jour en jour en force et en importance, et le peuple, assoiffé de vengeance, démolit les églises, les images et les autels. Cependant la prudente régente, Marguerite de Parme, demi-sœur de Philippe, aurait mieux réussi à prévenir une explosion de rébellion par ses manœuvres conciliatrices, si son frère lui avait donné une plus grande liberté d’action. Au lieu de le faire, il lui envoya à son secours, en A.D. 1587, le terrible duc d’Alva, avec une armée permanente de 10 000 Espagnols. Le « Conseil sanglant » qu’il avait institué pour réprimer la révolte commença alors son horrible déroulement, sendiDes milliers et des milliers d’hommes et de milliers d’hommes à la crémaillère et à l’échafaud. Le régent, protestant contre de tels actes, demanda son rappel, et Alva fut mise à sa place. Le tribunal sanglant se déplaçait maintenant de ville en ville ; tous les passages de tête étaient couverts de victimes pendues à des gibets, et quand enfin Alva, en l’an 2000. 1573, fut rappelé à sa demande, il pouvait se vanter d’avoir exécuté en six ans 18 600 exécutions. Pendant ce temps, le grand prince d’Orange, Guillaume le Silencieux, ancien gouverneur royal des provinces hollandaises, mais depuis A.D. En 1568, fugitif sous le coup de l’interdiction, il avait ouvertement signifié son adhésion au protestantisme et, en 1572, il s’était mis à la tête de la révolte. Après avoir remporté plusieurs victoires sur terre et sur mer, il réussit, dans la soi-disant pacification de Gand, de l’ère chrétienne. 1576, en unissant presque toutes les provinces, protestantes et catholiques, sous la résolution d’exercer la tolérance les unes envers les autres et de montrer de la résistance à l’ennemi commun. Le nouveau gouverneur, Alexandre Farnèse, duc de Parme, réussit en effet à détacher les provinces catholiques du sud de la ligue, mais les sept provinces du nord se lièrent d’autant plus étroitement dans l’Union d’Utrecht de J.-C. 1579, promettant de se battre jusqu’au bout pour leur liberté religieuse et politique. L’ami le plus fidèle de William, son conseiller et le directeur de ses actions politiques, depuis la formation de la ligue d’A.D. En 1566, Philippe de Marnix, comte de Sainte-Aldegonde. Il avait rédigé les statuts de la ligue, et était également célèbre comme homme d’État et comme soldat, et comme théologien, satiriste, orateur et poète. Il était avant tout un ardent patriote et un partisan enthousiaste de la Réforme de Calvin. Il avait été lui-même l’élève du grand Genevois. Outre une version matérielle du Psautier, son principal ouvrage satirico-théologique fut « La Ruche de la Sainte Église romaine », écrit en dialecte flamand. En 1584, son fils Maurice lui succéda et parvint à lui succéder après de longues années de lutte sanglante. 1609, en libérant complètement son pays du joug espagnol.391
139.13. France.—La Réforme en France a commencé à Wittenberg, mais ensuite les réformateurs genevois ont acquis une influence dominante. Même en A.D. En 1521, la Sorbonne publie une Determinatio super doctr. Luth., déclarant hérétiques l’enseignement et les écrits de Luther, ce à quoi Mélanchthon, la même année, répondit avec une vigueur inaccoutumée dans son Apologia adv. furiosum Parisiensium theologastrorum decretum. Tout dépendait de l’attitude que le jeune roi François Ier. 1515-1547, pourrait supposer en référence aux différents partis religieux. Son amour pour les études humanistes, aujourd’hui florissantes en France, dont il fut le zélé promoteur et protecteur contre les attaques de la Sorbonne scolastique ( 120, 8), ainsi que la politique traditionnelle de sa famille en matière ecclésiastique depuis l’époque de saint Louis (96, 21), semblait favoriser l’espoir qu’il ne se montrerait pas tout à fait hostile aux idées de la Réforme. Mais dès J.-C. En 1516, il avait, dans son concordat avec le pape (110, 14), il abandonna les acquisitions du concile de Bâle par la révocation de la pragmatique Sanction de Charles VII, et de cette manière, par le droit qui lui avait été donné de nommer tous les évêques et les abbés, il obtint sur tout le clergé de son royaume un pouvoir trop conforme à ses idées dynastiques pour qu’il pût le sacrifier en faveur de l’autonomie luthérienne dans l’administration de l’Église, sans parler des exigences encore plus radicales de la constitution calviniste. Même dans son antagonisme avec l’empereur ( 126, 5, 6 ; 133, 7), ce qui l’amena à se lier d’amitié d’une manière très décidée avec les protestants allemands, ses intérêts se croisant, dans la mesure où il avait besoin de conserver la bienveillance du pape. La suppression du protestantisme dans son propre pays et son encouragement en Allemagne étaient donc les objectifs de sa politique malhonnête. Il caressa en effet pendant un certain temps l’idée d’introduire en France une Réforme modérée sur le modèle érasmien, afin de s’assurer un attachement et une union plus étroits avec le protestantisme allemand. Il entra en négociations avec Philippe le Magnanime, et fit inviter Mélanchthon en apr. J.-C. 1535 d’assister à une conférence sur ces questions en France. Mélanchthon ne fut pas indisposé à y aller, mais il fut interdit par son prince l’électeur, qui craignait qu’il ne fît de trop grandes concessions. Et c’est à peu près à cette époque que furent publiés des pamphlets et des affiches d’une violence fanatique, qui furent même jetés dans les appartements royaux, et ainsi la colère du roi fut excitée au plus haut point. Les persécutions qui, à partir de l’apr. J.-C. 1524, avait déjà amené de nombreux témoins isolés à l’échafaud et au bûcher, prit maintenant un caractère systématique et général. En apr. J.-C. En 1535, un tribunal de l’Inquisition fut institué, dont les membres étaient nommés par le pape, et comme supplément à celui-ci, on institua au Parlement de Paris ce qu’on appelait la chambre ardente : le premier rédigeait le procès contre les hérétiques, le second prononçait et exécutait la sentence. Des milliers de confesseurs héroïques sont morts sous la torture, sur la potence, par l’épée ou par le feu. Sous Henri II, apr. J.-C. 1547-1559, qui continuentÀ la suite de la mauvaise politique de son père, la Chambre ardente devint de plus en plus active, et la cruauté de la persécution augmenta. Parmi les ennemis jurés de la Réforme, Diane de Poitiers, un vieil amour de son père, eut pendant un certain temps la plus grande influence sur le roi. Il l’éleva au rang de duchesse. Avec une satisfaction diabolique, elle se réjouissait du spectacle des autos-de-fé exécutés à sa demande, et s’enrichissait des biens confisqués des victimes. À côté d’elle, animé d’une même haine du protestantisme, se tenait le grand maréchal et tout-puissant ministre d’État, le connétable de Montmorency. Ces deux-là étaient en outre soutenus par toute l’influence de la puissante famille ducale des Guises, branche d’une maison lorraine naturalisée en France, composée de six frères, à leur tête les deux aînés, le cardinal Charles de Lorraine, archevêque de Reims, mort en . 1574, et François, le conquérant de Calais. La moins influente de la ligue à cette époque était la reine, Catherine de Médicis.
139.14. En dépit de toutes les persécutions, l’Église réformée fit des progrès rapides, surtout dans les districts méridionaux. Ses adhérents furent connus sous le nom de Huguenots, ce qui signifiait à l’origine des Ligueurs, des Covenantaires, en raison de leur lien avec Genève. Une étymologie populaire du mot le fait dériver des assemblées nocturnes dans une localité hantée par l’esprit du roi Hugo. Calvin et Bèze, en tant que fils de France, aidèrent la jeune Église par des conseils et de l’aide. Mais même à l’intérieur des limites du royaume, il avait des partisans politiques très importants. Certains membres de la maison de Bourbon, branche puissante de la famille royale, Anton, qui avait épousé la brillante héritière de Navarre, Jeanne d’Albret, et son frère Louis de Condé, s’étaient attachés à la cause protestante. D’autres personnages distingués, tels que le noble amiral Gaspard de Coligny, neveu de Montmorency, et plusieurs membres éminents du Parlement, se dévouèrent avec enthousiasme au protestantisme, et, se retirant de la cour frivole et licencieuse, donnèrent à la profession de foi réformée une grande réputation de morale stricte et de piété profonde. Le premier synode général de l’Église réformée s’est tenu à Paris du 25 au 28 mai après J.-C. Année 1559. Il adopta un symbole calviniste, la Confessio Gallicana, et, comme directoire pour la constitution et la discipline de l’Église, quarante articles, également inspirés par l’esprit de Calvin. Il fut suivi successivement par ses trois fils, Francis, Charles et Henry, qui moururent tous sans postérité. Sous François II, apr. J.-C. En 1559, 1560, qui monta sur le trône dans sa seizième année, les deux Guise, les oncles de sa reine Marie Stuart, exerçaient une influence illimitée et donnaient beaucoup de travail à la chambre ardente. Une conspiration dirigée contre eux en J.-C. L’année 1560 a conduit à l’exécution de 1 200 personnes impliquées. Les deux Bourbons eux-mêmes furent jetés en prison, et le plus jeune condamné à mort. Cependant, la mort prématurée du roi empêcha l’exécution de la sentence. La reine-mère, Catherine de Médicis, parvint alors à rompre le joug des Guises et à s’assurer la régence pendant la minorité de son fils Charles IX . 1560-1574. Mais les tentatives des Guises pour saper son autorité l’obligèrent à chercher des partisans parmi les protestants. Coligny a pu en A.D. 1560 pour exiger la tolérance religieuse du Parlement impérial, et réussit finalement à tel point qu’en A.D. 1561 Un édit a été publié abolissant la peine capitale pour hérésie. Afin d’amener autant que possible une entente entre les deux grands partis religieux, une conférence religieuse de cinq semaines se tint en septembre de la même année à l’abbaye de Poissy, près de Paris, à laquelle furent conviés, du côté évangélique, Bèze de Genève et Pierre Martyr de Zurich, ainsi que beaucoup d’autres théologiens. Du côté catholique, le cardinal de Lorraine représentait la doctrine de son Église, et par la suite aussi le général des jésuites, Lainez. Les débats, dans lesquels l’érudition, l’éloquence et la courtoisie louable de Bèze envers ses adversaires avaient un grand poids, se concentrèrent sur les doctrines de l’Église et de la Cène du Seigneur, mais ne donnèrent aucun résultat.De plus, il n’y a pas d Afin d’enflammer les luthériens et les réformés les uns contre les autres, les catholiques s’efforçaient d’amener les partisans de la confession d’Augsbourg dans les discussions sur ces points. Cinq théologiens allemands ont été convoqués, dont Jacques Andreä de Wurtemberg, mais trop tard pour participer à la conférence. Le 17 janvier A.D. En 1562, le régent publia un édit autorisant les protestants à célébrer des offices religieux en dehors des villes, ainsi qu’à tenir des réunions synodales sous la supervision de commissaires royaux.
139.15. La rage des Guises et de leur parti fanatique à l’égard de cet édit ne connut pas de bornes. François de Guise jura de le découper avec son épée, et le 1er mars de notre ère. En 1562, à Passy en Champagne, il tomba sur les huguenots rassemblés là pour le culte dans une grange, et les tua presque jusqu’à un homme. À Cahors, un lieu de culte huguenot est encerclé par une foule catholique et incendié. Aucun de ceux qui s’y étaient rassemblés n’a survécu, car ceux qui ont échappé aux flammes ont été embusqués et assassinés. À Toulouse, les protestants opprimés, avec femmes et enfants, au nombre de 4 000, s’étaient rendus au Capitole. On leur promit un débouché gratuit, et ils furent ensuite massacrés, parce que personne, disait-on, ne devait tenir sa parole à un hérétique (200, 3). Louis Condé convoqua ses coreligionnaires protestants pour qu’ils prennent les armes pour se défendre contre de telles atrocités, se retrancha à Orléans et obtint, avec l’aide du landgrave Philippe de Hesse, des auxiliaires allemands. Les Guise, de leur côté, gagnèrent à leur cause le roi et sa mère. Et voilà que le strict légitimiste Coligny se met à la tête du mouvement huguenot. La bataille de Dreux en décembre apr. J.-C. En 1562, il en résulta un résultat défavorable pour les protestants, mais pendant le siège d’Orléans, François de Guise fut assassiné par un noble huguenot. Le régent or, dans l’édit de paix d’Amboise, du 19 novembre de l’an J.-C. 1563, accorda aux protestants la liberté de culte, sauf dans certains districts et villes, dont Paris. Cependant, après s’être affranchie du joug des Guises, elle ne tarda pas à montrer ouvertement sa vieille haine des protestants. Elle s’est jointe à une ligue avec l’Espagne pour l’extirpation de l’hérésie, restreinte en J.-C. 1564 par l’édit de Roussillon ses concessions antérieures, et trama des complots incessants pour faire la capture ou l’assassinat des deux grands chefs du parti huguenot. Les incursions menaçantes du duc d’Albe dans les provinces voisines des Pays-Bas, en . 1567, provoqua le déclenchement de la deuxième guerre de religion. Le projet de transfert de la cour à Monceaux échoua en effet, à la suite de la fuite précipitée du roi à Paris, mais le renversement de l’armée royale à la bataille de Saint-Denys, en novembre de l’ère chrétienne. L’année 1567, au cours de laquelle Montmorency tomba, ainsi que le renforcement de l’armée huguenote par un corps auxiliaire sous la conduite de Jean Casimir, prince du Palatinat, amenèrent Catherine à conclure la paix de Longjumeau, en mars de l’an dernier. 1568, qui garantissait à nouveau toutes les concessions antérieures. Mais comme la persécution des huguenots se continuait par des exécutions sans nombre, avant la fin de l’année, ils durent encore, pour la troisième fois, recourir aux armes. L’Angleterre les soutint avec de l’argent et des munitions, et l’Allemagne protestante leur donna 11 000 auxiliaires ; tandis que l’Espagne aidait ses adversaires. Louis Condé tomba de la main d’un assassin en A.D. 1569, mais les huguenots en eurent si évidemment le dessus, que le roi et sa mère se virent obligés de leur accorder une entière liberté de conscience et de culte dans le traité de paix de Saint-Germain-en-Laye, le 8 août de l’an de suite. 1570, sauf à Paris et dans les environs immédiats du palais. En garantie du traité, quatre places fortes du sud de la France leur sont cédées. Il fut en outre stipulé, afin de confirmer à jamais la bonne entreprise, que Henri de Navarre, fils de Jeanne d’Albret, épouserait Marguerite, sœur de Charles IX.
139.16. Lors du mariage, consommé le 18 août de l’an de suite. En 1572, connu par la suite sous le nom de Mariage sanglant, les chefs du parti huguenot sont réunis à Paris. Jeanne d’Albret était morte à la cour, probablement empoisonnée, le 9 juin, et Coligny avait été mortellement blessé d’un coup de feu le 22 août. La nuit de la Saint-Barthélemy, entre le 23 et le 24 août, la cloche du château sonnait. C’était le signal concerté de la destruction de tous les huguenots présents à Paris. Pendant quatre jours, le carnage fut inlassable par la milice de la ville désignée à cet effet, les gardes royaux suisses et une foule d’artisans fanatiques. Coligny tomba en priant au milieu des coups de ses meurtriers. Aucun huguenot n’a été épargné, ni les enfants, ni les femmes, ni les vieillards. Leurs chefs princiers, Henri de Navarre et Henri Condé, fils de Louis, se voient offrir le choix entre la mort et la participation à la célébration de la messe. Ils ont opté pour la deuxième option. Pendant ce temps, des messagers s’étaient précipités dans les provinces avec les arrêts de mort, et là le massacre recommençait. Le nombre total de victimes est estimé entre 10 000 et 100 000 ; rien qu’à Paris, il tomba de 1,000 à 10,000. — Le décret de mort n’était pas tant le résultat d’une conspiration préparée de longue date et régulièrement conçue, qu’une résolution soudaine suggérée par les circonstances politiques. La reine-mère était en désaccord avec son fils sur sa politique anti-espagnole, qui l’avait toujours incliné favorablement à Coligny ; C’est ainsi que, de concert avec son fils préféré, Henri d’Anjou, elle parvint à porter un coup mortel au grand amiral par la main d’un assassin. Le roi jura de se venger terriblement des auteurs inconnus de ce crime. Catharine fit alors tous ses efforts pour conjurer le coup qui la menaçait. Elle réussit à convaincre le roi, par l’intermédiaire de ses compagnons de conspiration, que les huguenots le considéraient comme complice de l’outrage, et que sa vie était donc en danger à cause d’eux. Il jura maintenant par la mort de Dieu que non seulement les chefs, sur lesquels Catherine et ses auxiliaires avaient attiré une attention particulière, mais tous les huguenots de France, mourraient, afin qu’il n’en restât pas un seul pour porter cette accusation contre lui. D’un autre côté, il est à peu près certain que l’idée d’un acte aussi diabolique s’était suggérée auparavant, si tant est qu’on ne l’ait pas explicitement exprimée. Devant les tribunaux espagnols et romains, le gouvernement français a représenté l’acte comme un acte prémédité, devant le tribunal allemand comme un acte non prémédité. Mais avant même cela, une lettre de Rome à l’empereur Maximilien II. ( 137, 8) contenait ce qui suit : « À cette heure (se référant aux festivités du mariage) où tous les oiseaux sont dans la cage, ils peuvent s’en emparer tous ensemble, et peuvent avoir celui qu’ils désirent. » Il était profondément excité par la scélératesse de la transaction, tandis que Philippe II. d’Espagne, en l’apprenant, aurait ri pour la première fois de sa vie. Pape Grégoire XIII. Il craignait en effet les pires conséquences, mais il changea bientôt d’avis, et fit illuminer Rome, sonner toutes les cloches, tirer les canons, faire un Te Deum, faire des processions et frapper une médaille, avec l’inscription Ugonottorum strages. Il chargea l’ambassadeur de France d’informer son roi que cette performance lui était cent fois plus reconnaissante que cinquante victoires sur les Turcs.392
139.17. Cependant, l’acte épouvantable échoua complètement dans l’accomplissement du but visé. Même après que 100 000 d’entre eux eurent été massacrés, il restait encore plus de dix fois plus de huguenots qui, en possession de leurs places fortes, occupaient des positions d’une grande importance stratégique. Après un bref temps de répit, ils purent donc, à cinq reprises, après J.-C. 1573, 1576, 1577, 1580, pour renouveler la guerre civile religieuse, alors que la trêve avait été rompue par les catholiques. Charles IX. lui succéda le fils préféré de Catherine, Henri III . 1574-1589, qui, joignant l’immoralité la plus éhontée à la bigoterie et à l’ascétisme les plus étroits ( 149, 17), n’était pas loin derrière son frère en débauche, et il se distinguait encore plus par sa méchanceté et sa lâcheté. Henri Condé avait, immédiatement après la mort de Charles, abjuré de nouveau la confession catholique et s’était mis à la tête de la révolte huguenote. Henri de Navarre rejoignit ses anciens amis deux ans plus tard, après avoir entre-temps rivalisé de frivolité et d’immoralité avec son beau-frère et sa femme incestueuse. Il put prendre part avec succès à la cinquième guerre de religion, dans laquelle les huguenots, soutenus une fois de plus par les auxiliaires allemands du comte palatin Jean Casimir, obtinrent de tels avantages, que la cour, dans le traité de Beaulieu, de l’an 2000. 1576, furent obligés de leur accorder une liberté religieuse complète et un plus grand nombre de places fortes. Mais alors Henri de Guise, de concert avec ses frères Louis, cardinal et archevêque de Reims, et Charles, duc de Mayenne, forma la sainte ligue, à laquelle il contraignit le roi de se joindre, et renouvela la guerre avec plus de vigueur. Dans la huitième guerre depuis l’apr. J.-C. En 1584, qui, de la part des Guises, était en réalité autant dirigée contre la politique huguenote du roi que contre les huguenots eux-mêmes, Henri fut obligé, par le traité de Nemours, d’après J.-C. 1585, pour déclarer que les protestants étaient privés de tous droits et privilèges. Lors de la bataille de Coutras, cependant, en A.D. En 1587, Henri de Navarre anéantit les forces adverses. Mais comme il ne parvint pas à donner suite aux avantages qu’il obtint alors, les Guises reprirent leurs forces à un tel point qu’ils purent travailler ouvertement à la destitution du roi. Henri ne put se sauver que par le meurtre des deux Guises aînés à la diète de Blois. Il ne lui restait plus d’autre alternative que de se jeter dans les bras des huguenots, et c’est pour cette raison qu’au siège de la capitale, il fut assassiné par le dominicain Clément. Henri de Navarre, en tant que seul héritier légitime, monta sur le trône sous le nom d’Henri IV. De 1589 à 1610. Après une lutte acharnée, qui dura quatre ans, dans laquelle il fut soutenu par l’Angleterre et l’Allemagne, tandis que ses adversaires, le duc de Mayenne à leur tête, étaient aidés en argent et en hommes par l’Espagne, la Savoie et le pape, il se décida enfin, en J.-C. 1593, pour passer au catholicisme, car, comme il le disait, « Paris vaut bien une messe ». Il obtint cependant pour ses anciens coreligionnaires, par l’édit de Nantes, du 13 avril de l’an J.-C. 1598, pleine liberté de tenir des dans toutes les villes où il y avait eu auparavant des congrégations réformées, ainsi qu’une complète égalité avec les catholiques dans tous les droits et privilèges civils, surtout en ce qui concerne l’éligibilité à toutes les charges civiles et militaires. Les forteresses et les forteresses qu’ils avaient jusque-là détenues jusque-là devaient leur être laissées pendant huit ans, et dans le Parlement une « Chambre de l’édit » spéciale fut instituée, avec huit membres catholiques et huit protestants. Mais, d’un autre côté, ils continuaient à être soumis aux lois catholiques sur le mariage, étaient obligés de cesser de travailler aux fêtes catholiques et de payer la dîme au clergé catholique. Après une résistance opiniâtre de la part du Parlement de Paris, de l’Université et de la Sorbonne, ainsi que de celle des évêques, le roi, en février de l’an J.-C. 1599, obtint l’incorporation de l’édit dans les lois de France. Le 14 mai de l’an J.-C. En 1610, il est terrassé par le poignard du Feuillant Ravaillac, jésuite fanatique. Malgré ses nombreux défauts moraux, la France l’a célébré à juste titre comme l’un des plus grands et des meilleurs de ses rois. Avec sagesse, prudence et humanité, il travailla sans relâche à l’avancement d’une république réduite aux profondeurs les plus basses. Il protégea les protestants dans la jouissance des privilèges qui leur étaient garantis et, bien qu’il exerçât une légère pression sur ses vieux amis huguenots pour qu’ils suivent son exemple, il honorait néanmoins ceux qui refusaient obstinément. Son ministre Sully, bien qu’on suppose qu’il se fût cru obligé de conseiller au roi de passer au catholicisme, resta lui-même fidèle sans hésitation à sa profession de foi huguenote, tout en conservant la confiance du roi, et en se montrant son conseiller et son administrateur le plus fidèle pendant toutes les négociations de paix et de guerre. Philippe du Plessis Mornay, d’autre part, s’est distingué encore plus comme homme d’État, diplomate et feld-maréchal que comme théologien et auteur.393 mais surtout comme un chrétien et un homme dans le sens le plus noble du mot, qui, croyant que la vérité évangélique affirmerait, même dans l’Église catholique, sa puissance conquérante, s’était mis d’accord avec la Ligue catholique pour instruire le roi dans la foi catholique, et lui avait ainsi fait paraître l’acte d’apostasie moins offensant. Mais justement parce que la seule présence d’un ami d’une haute moralité et de vrais principes religieux était une piqûre trop aiguë pour la conscience du roi, il dut se soumettre à une charge honorifique de gouverneur de Saumur, où il devint le fondateur de la célèbre académie que Louis XIV. supprimé en apr. J.-C. Année 1685. Théodore Agrippa d’Aubigné, lui aussi, qui s’était distingué comme un brave guerrier dans l’armée des huguenots, ainsi qu’un historien, un poète et un satiriste, jouissait d’une grande faveur auprès du roi, bien qu’Henri, souvent excité par son orgueil inflexible, l’expulsa à plusieurs reprises de la cour. Après la mort d’Henri, D’Aubigné retourna à Genève, où il mourut en . Année 1630.394
139.18. Pologne. — La Réforme avait été introduite en Pologne d’abord par les Frères de Bohême exilés, et les écrits de Luther peu de temps après leur parution furent lus avec avidité dans cette région. Sigismond Ier, apr. J.-C. 1506-1548, s’y opposa de toutes ses forces. C’est en Pologne prussienne qu’il rencontra le plus de succès. Dantzig, en apr. J.-C. 1525, chassa le concile catholique. Sigismond s’y rendit lui-même, fit exécuter plusieurs citoyens et rétablit l’ancien mode de culte en J.-C. Débloquer 1526. Mais à peine avait-il quitté la ville qu’elle revint à la profession de foi luthérienne. Elbing et Thorn suivirent son exemple. En Pologne proprement dite, les nouvelles doctrines firent place à de nouvelles doctrines. En dépit de toutes les interdictions, beaucoup de jeunes Polonais affluèrent à Wittenberg et en rapportèrent dans leur pays natal un enthousiasme ardent pour Luther et son enseignement. La Confession suisse y avait déjà trouvé son entrée, et les persécutions que Ferdinand d’Autriche poursuivit après la guerre de Schmalcald en Bohême et en Moravie amenèrent un grand nombre de Frères de Bohême à passer sur les territoires polonais. Sigismond Auguste, A.D. 1548-1572, était personnellement favorable à la Réforme. Il étudia les « Institutes » de Calvin, reçut des lettres de lui et de Melanchthon, et, conformément aux décisions d’une assemblée nationale à Petrican en A.D. 1555 exigea du pape un concile national, ainsi que l’autorisation du mariage des prêtres, de la communion sous les deux espèces, de la célébration de la messe en langue vernaculaire et de l’abolition des annats. Le pape refusa naturellement de céder, mais en apr. J.-C.En 1556, il envoya dans le pays un légat d’un tempérament despotique et violent, appelé Aloysius Lippomanus, qui fut remplacé en 1556 . 1563 par la fade et éloquente Commendone. Tous deux ont été puissamment soutenus dans leur lutte contre l’hérésie par le cardinal catholique fanatique Stanislas Hosius, évêque d’Ermeland. La noblesse protestante rappela alors, en A.D. En 1556, leur célèbre compatriote Jean de Lasco, qui, vingt ans auparavant, avait, à cause de sa foi évangélique, démissionné de sa charge de prévôt de Gnesen et quitté sa patrie. Entre-temps, il avait pris part à la Réforme de la Frise orientale et avait été prédicateur à Emden pendant plusieurs années. Après cela, il était parti, à l’appel de Cranmer, en A.D. 1550, en Angleterre ; à la mort d’Édouard VI, avec une partie de son troupeau d’exilés étrangers à Londres, il avait cherché refuge en Danemark, ce qui lui fut refusé à cause de son attachement à la doctrine de Zwingli, et s’installa enfin à Francfort-sur-le-Maine comme pasteur d’une congrégation d’exilés français, anglais et hollandais. Après son retour chez lui, il s’efforça de réaliser l’union des luthériens et des réformés, fit de concert avec plusieurs amis une traduction de la Bible et mourut en apr. J.-C. Année 1560. Lors d’un synode général à Sendomir, en A.D. En 1570, une union fut enfin conclue entre les trois partis dissidents, par laquelle la doctrine luthérienne de la Cène du Seigneur fut reconnue, mais sous une forme si indéfinie que l’opinion de Calvin pouvait également être admise. L’opposition luthérienne au synode avait été réprimée par des supplications pressantes, mais éclata ensuite de nouveau sous une forme encore plus violente. Au synode de Thorn, en A.D. En 1595, le pasteur luthérien Paul Gericke en était le chef ; mais l’un des nobles présents tenait un poignard dans son cœur, et le synode le suspendit de sa charge de perturbateur de la paix. Sigismond Auguste était mort entre-temps, en apr. J.-C. Année 1572. Au cours de l’interrègne qui suivit, les nobles protestants formèrent une confédération qui, avant l’élection d’un nouveau roi, réussit à obtenir une paix religieuse complète, la Pax dissidentium de J.-C. 1573, par lequel catholiques et protestants devaient pour toujours vivre ensemble en paix et jouir de droits civils égaux. Le roi nouvellement élu, Henri d’Anjou, chercha à éviter de s’engager par serment à l’observance de cette paix, mais le maréchal impérial lui adressa un langage ferme et décidé : Si non jurabis, non regnabis. L’année suivante, cependant, le nouveau roi quitte la Pologne pour monter sur le trône de France sous le nom d’Henri III. Stephen Bathori, A.D. 1576-1586, jura sans hésiter d’observer la paix, et tint son serment. Sous son successeur, Sigismond III, prince suédois, A.D.De 1587 à 1632, les protestants eurent à se plaindre de la violation d’un grand nombre de leurs droits, qui, à partir de ce moment jusqu’au renversement du royaume de Pologne, en 1587-1632. 1772, ils n’en jouirent plus jamais.395― Suite, 164, 4.
139.19. Bohême et Moravie.— Les nombreux Frères de Bohême et de Moravie ( 119, 8), à la tête duquel se trouvait Luc l’aîné de Prague, accueillit l’apparition de Luther avec la joie la plus pleine d’espoir. Cependant, par des messages et des écrits qui, en apr. J.-C. 1522-1524 ont été échangés entre eux, d’importantes diversités de vues ont été découvertes. Luc n’aimait pas la théorie réaliste de Luther sur la Cène du Seigneur, continuait à s’en tenir aux sept sacrements, rejetait la doctrine de la justification par la foi seule et s’offusquait particulièrement de la vision de Luther sur la liberté chrétienne, qui lui semblait vouloir la rigueur nécessaire de la discipline apostolique de la vie et sous-estimer l’importance et la valeur du célibat et de la virginité. Luther, d’autre part, les accusait d’un manque de compréhension de la doctrine et d’une surestimation novatien des simples exercices extérieurs et de la discipline. Et c’est ainsi que ces négociations se terminèrent par des récriminations mutuelles, et seulement après la mort de Luc, en J.-C. 1528, et la glorieuse Diète d’Augsbourg, en 1528. 1530, où ils ont rouvert. La tendance luthéraniste, pour laquelle travaillaient surtout les deux aînés John Roh et John Augusta, prit alors le dessus pendant deux décennies. En apr. J.-C. En 1532, les Frères présentèrent au margrave Georges de Brandebourg une apologie de la doctrine et des coutumes, qui fut imprimée à Wittenberg, et préfacée par Luther, dans laquelle il s’exprimait en termes très favorables sur la doctrine des Picards, et ne s’opposait qu’à leur tendance spiritualisante, dont leur doctrine de la Cène et du baptême n’était pas tout à fait exempte. en ce sens que, tout en pratiquant le baptême des enfants, ils exigeaient que chacun, lorsqu’il atteignait sa maturité, prononce les vœux sur lui-même et se fasse répéter le baptême. Il parla encore plus favorablement de leur confession présentée en A.D. 1535 au roi Ferdinand, dans laquelle ils avaient laissé de côté le rebaptême, lui substituant l’imposition solennelle des mains comme confirmation. Lorsque les Frères, à la demande de Luther, eurent modifié les deux articles qui l’offensaient, leur théorie insatisfaisante de la justification, et celle de la salubrité, mais non de la nécessité, du célibat clérical, il se déclara pleinement satisfait, et lors de leur dernière conférence personnelle, en A.D. En 1542, il tendit la main par-dessus la table à Augusta et à ses compagnons en gage d’une fraternité indissoluble, bien qu’il ne fût pas d’accord sur diverses questions de constitution et de discipline. Le refus des Frères de se battre contre leurs compatriotes protestants allemands dans la guerre de Schmalcald a conduit leur roi Ferdinand, à la fin de celle-ci, à émettre des lois pénales contre eux. Expulsé en exil après J.-C.En 1548, beaucoup d’entre eux se rendirent en Pologne, le plus grand nombre en Prusse, d’où ils retournèrent dans leur pays natal en 1548 . Année 1574. Entre-temps, les choses avaient pris là, à bien des égards, une tournure tout à fait nouvelle. Dans les dernières années de son règne, Ferdinand était devenu plus favorable au mouvement évangélique dans ses domaines héréditaires, et Maximilien II, après J.-C. 1564-1576, lui donna un cours absolument gratuit ( 137, 8). Ainsi, les Frères ne pouvaient pas seulement aller de l’avant de jour en jourÀ côté d’eux, il y avait une véritable communauté luthérienne et un corps calviniste indépendant. Le crypto-calvinisme qui remportait en même temps la victoire en Saxe (141, 10) projeta son ombre sur le mouvement luthéranisant parmi les Frères. Et ce mouvement en disait d’autant plus contre le parti luthérien qu’à une époque antérieure il y avait eu de puissantes influences à l’œuvre, inspirées par un esprit national de Bohême, pour résister à l’ingérence allemande en matière de religion. Depuis la mort de Luc l’aîné, le parti national avait de plus en plus réussi à revenir à la véritable constitution bohémienne, à la discipline et à la confession de ses pères. À la tête de ce mouvement se trouvait John Blahoslaw, de l’A.D. 1553 diacre du Jungbunzlau, d’après Luc de Prague et avant Amos Comenius ( 167, 2) le plus important défenseur de la Confession de Bohême-Moravie. C’est surtout à lui que les Frères sont redevables du haut développement de l’activité littéraire et scientifique qu’ils ont manifesté au cours de la seconde moitié du siècle, et ses nombreux écrits, mais surtout sa traduction du Nouveau Testament, se sont avérés presque aussi influents et historiques pour la langue bohémienne que la traduction de la Bible par Luther l’a été pour la langue écrite de l’Allemagne. Lui-même l’un des plus habiles parmi les très nombreux auteurs de chants spirituels de Bohême, il fut le restaurateur des simples et majestueux chorals de Bohême. Comme il l’avait fait lui-même, en A.D. En 1568, il traduisit le N.T. à partir du texte grec original, il entreprit également, avec l’aide de plusieurs jeunes hommes de nobles dons, une traduction similaire de l’Ancien Testament et un commentaire sur l’ensemble de la Bible. Mais il mourut en apr. J.-C. 1571, dans sa quarante-huitième année, avant la parution de son grand ouvrage, à l’commencement duquel il avait dépensé tant de réflexion et de soin. Cette grande entreprise fut achevée et publiée en six volumes entre J.-C. 1579-1593. La forte affinité spirituelle entre la société des Frères et l’Église calviniste, en particulier dans sa doctrine de la Cène et dans son zèle pour la discipline rigide de l’Église, avait entre-temps été remise en évidence et avait conduit à un relâchement de plus en plus décidé de l’attachement à l’Église luthérienne et, malgré l’antagonisme de son épiscopalienisme avec le presbytérianisme calviniste, à la formation de liens plus étroits avec le calvinisme. Mais maintenant, d’un autre côté, le danger commun qui les menaçait de la part de Rodolphe II, qui était roi de Bohême depuis l’an J.-C. 1575, à l’instigation des jésuites par l’intermédiaire de la cour d’Espagne, amena tous les non-catholiques, de quelque confession spéciale qu’ils fussent, à se rapprocher le plus possible. C’est ainsi qu’une ligue se forma la même année, dans laquelle les Frères furent largement dépassés en nombre par les luthériens, les réformés et les calixtins (119, 7). au moyen de laquelle, dans la Confessio Bohemica de J.-C. En 1575, un symbole commun est rédigé et les quatre partis sont placés sous la direction d’un consistoire commun. Mais quand, après la mort de Maximilien, Rodolphe II. s’efforça de plus en plus rigoureusement de supprimer complètement toute hérésie, les Bohémiens se soulevèrent d’un seul cœur, et enfin, en J.-C. En 1609, lui extorquèrent le rescrit qui leur donnait la liberté religieuse absolue selon la confession de Bohême, un consistoire commun à eux et une académie à Prague. La Bohême était alors un pays presque entièrement évangélique, et à peine un dixième de ses habitants professait son attachement à la foi catholique.396― Suite, 153, 2 ; 167, n° 2.
139.20. Hongrie et Transylvanie. En 1524, Martin Cyriaci, un élève de Wittenberg, travailla en Hongrie pour la propagation de la vraie doctrine. Le roi Louis II. menacé ses adhérents de toutes les peines possibles. Mais en A.D. En 1526, il tomba au combat contre les Turcs à Mohacz. L’élection d’un nouveau roi a entraîné la prise de possession du champ par deux prétendants ; Ferdinand d’Autriche s’assura un point d’appui dans les provinces de l’ouest, et le Woiwode Jean Zapolya dans les provinces de l’est. Tous deux cherchaient à réprimer la Réforme, afin de gagner le clergé à les soutenir. Mais il n’en a pas moins pris l’ascendant, favorisé par les confusions politiques de l’époque. Matthias Devay, un érudit de Luther, et pendant un certain temps résident dans sa maison, à partir de J.-C.En 1521, il prêcha l’Évangile à Ofen, après y avoir été appelé par plusieurs des principaux habitants sur la recommandation de Mélanchthon, et en 1521. En 1533, une traduction hongroise des épîtres pauliniennes fut imprimée à Cracovie. En apr. J.-C. 1541 Erdösy publia le Nouveau Testament complet, qui fut également le premier livre imprimé en Hongrie. Lors d’un synode à Erdöd, en A.D. En 1545, vingt-neuf ministres rédigent une confession de foi en douze articles, en accord avec la Confession d’Augsbourg. Mais la doctrine suisse aussi avait trouvé son entrée et gagnait de jour en jour de plus en plus d’adhérents. Ceux-ci ont été adoptés lors d’un concile à Czengar, en J.-C. 1557, une confession calviniste, avec une répudiation décidée de la théorie zwinglienne ainsi que de la théorie luthérienne de la Cène du Seigneur, décrivant cette dernière comme une insania sarcophagica. Le gouvernement de Maximilien II. n’a pas entravé les progrès de la Réforme ; mais lorsque Rodolphe II. tentèrent d’interférer avec des mesures violentes, les protestants se révoltèrent sous la direction d’Étienne Bocskaï et contraignirent le roi à leur accorder une liberté religieuse complète par la paix de Vienne de J.-C. Année 1606. Parmi les Hongrois de souche, la confession réformée prévalait, mais les résidents allemands restaient fidèles au luthéranisme. (Suite 153, 3.) ―En tant que dès l’apr. J.-C. En 1521, des marchands avaient apporté en Transylvanie d’Hermanstadt des copies des écrits de Luther. Le roi Louis II. Cependant, la persécution des évangéliques se poursuivit jusque dans ce territoire, persécution qui fut poursuivie après sa mort par Zapolya. En apr. J.-C. En 1529, cependant, Hermanstadt se hasarda à expulser tous les adhérents de l’église romaine de l’intérieur de ses murs. À Cronstadt, l’œuvre de la Réforme s’est poursuivie à partir de notre ère. 1533 par Jac. Honter, qui avait étudié à Bâle. Depuis Zapolya, par le biais d’un accord avec Ferdinand, en A.D. En 1538, il est assuré de la possession de la Transylvanie de son vivant, il agit avec plus de douceur envers les protestants. Après sa mort, le moine Martinuzzi, en tant qu’évêque de Grosswardein, prit la direction des affaires du fils de Zapolya pendant sa minorité, opprimant les protestants par des persécutions sanglantes, tandis qu’Isabelle, la veuve de Zapolya, leur était favorable. Martinuzzi remit donc le pays à Ferdinand, mais fut assassiné en J.-C. Année 1551. Au bout de quelques années, Isabelle revint avec son fils et une assemblée nationale à Clausenburg, en J.-C. En 1557, il organisa le pays en principauté indépendante et proclama la liberté religieuse universelle. La population saxonne resta attachée à la confession luthérienne, et les Tchèques et les Magyars préférèrent adopter la confession réformée.397
139.21. Espagne.— Le rapprochement établi entre l’Espagne et l’Allemagne par l’élection de Charles-Quint comme empereur amena l’introduction très précoce dans la péninsule de la doctrine et des écrits de Luther. En effet, beaucoup de théologiens et d’hommes d’État qui sont allés en Allemagne dans le train de Charles sont revenus avec des convictions évangéliques dans leur cœur, comme, par exemple, le bénédictin Alphonse de Virves, le fougueux Ponce de la Fuente, tous deux aumôniers de la cour de l’empereur, et son secrétaire particulier Alphonso Valdez. Un laïc, Roderigo de Valer, par une étude sérieuse de la Bible, parvint à la connaissance de l’Évangile et devint l’instrument de conduire beaucoup d’autres sur la voie du salut. L’Inquisition confisqua ses biens et le condamna à porter le san benito (117, 2). Juan Gil, un ami de Valer, évêque de Tortosa, fonda une société pour l’étude de la Bible. L’Inquisition le déposa, et seule la faveur de Charles le protégea du bûcher ; mais par la suite, ses os ont été déterrés et brûlés. Beaucoup d’autres prélats aussi, tels que Carranza de Tolède, Guerrero de Grenade, Guesta de León, Carrubias de Ciudad Roderigo, Agostino de Lérida, Ayala de Ségovie, etc., admettaient la nécessité d’une révision complète de la doctrine, sans se détacher du pape et de l’Église romaine ; et dans cette direction, ils travaillèrent avec zèle et succès au milieu des menaces de l’Inquisition. Le premier martyr protestant en Espagne fut Francisco san Romano, un marchand qui avait pris connaissance de la doctrine de Luther à Anvers. Il a été conduit au bûcher de Valladolid, en J.-C. Année 1544. Francis Enzina, en A.D. 1543, traduit le Nouveau Testament. Il a été jeté en prison, et le livre interdit. Une Bible espagnole complète a été imprimée par Cassiod. de Reyna à Bâle, en A.D. Année 1569. À Séville et à Valladolid tout d’abord, et plus tard aussi dans de nombreuses autres villes espagnoles, des congrégations évangéliques ont organisé des services secrets. Même dès que j’ai appris ce qu’il en était. En 1550, le mouvement de la Réforme menaçait de devenir si général et si étendu, qu’un historien espagnol de cette époque, Ilesca, dans son histoire des papes, exprime la conviction que toute l’Espagne serait envahie par l’hérésie si l’Inquisition avait tardé de trois mois de plus à mettre fin à la peste. Mais il appliquait maintenant ce remède aux doses les plus importantes et les plus fortes possibles. Les mesures de l’Inquisition furent particulièrement promptes et vigoureuses sous le règne de Philippe II . 1555-1598. Il ne se passait guère d’année sans qu’il n’y eût dans chacun des douze tribunaux de l’Inquisition un ou plusieurs grands autos-de-fé, dans lesquels des foules d’hérétiques étaient brûlées. Et le remède fut efficace. Après deux décennies, le mouvement évangélique a été éradiqué. La détermination avec laquelle la croisade fut menée est démontrée par la procédure dans le cas de l’archevêque de Tolède, Barthol. Carranza. Ce prélat avait publié un « Commentaire sur le Catéchisme », dans lequel il exprimait le souhait de voir « l’antique esprit de nos pères et de l’Église primitive renaître dans sa simplicité et sa pureté ». Le grand-inquisiteur y discerna l’hérésie luthérienne, et bien qu’il occupât l’une des plus hautes positions de l’Église espagnole, Carranza fut retenu prisonnier pendant huit ans dans les cachots de l’Inquisition, et après qu’il eut enfin été guéri.Il fut retenu pendant neuf ans dans le château de Saint-Ange à Rome. Là, enfin, après avoir abjuré seize propositions hérétiques, en particulier sur la justification, le culte des saints et des images, il fut condamné à cinq ans d’emprisonnement dans le cloître dominicain d’Orvieto, mais mourut quelques semaines plus tard, en J.-C. 1576, dans sa soixante-treizième année. Au Quemadero, théâtre des autos-de-fé du tribunal de l’Inquisition de Madrid, on discernait jusqu’à tout récemment les traces des hécatombes humaines qui y avaient été offertes à l’insatiable Moloch du fanatisme religieux. Le journal officiel de la capitale du 12 avril A.D. 1869, rapporte comment, lors de l’enlèvement de la terre dans le but d’allonger une rue, les sinistres archives géologiques des incendies de l’Inquisition ont été mises à nu, tandis qu’avec une minutie horrifiante, il décrit le maximum atteint et la diminution progressive de ces atrocités papales.398
139.22. Italie. — La Réforme fit des progrès en Italie dans diverses directions. Un grand nombre d’humanistes ( 120, 1) avait, dans un paganisme qui se suffisait à lui-même, perdu tout intérêt pour le christianisme, et était tout aussi indifférent à la Réforme qu’à l’ancienne Église ; mais une autre partie était encline à favoriser une réforme dans le style d’Érasme. L’un et l’autre restèrent en contact extérieur avec l’ancienne église. Mais en plus de ceux-ci, il y avait beaucoup d’hommes instruits d’une tendance plus décidée, certains d’entre eux tentant des réformes de leur propre main, et rejetant ainsi souvent les doctrines fondamentales du christianisme, telles que les divers anti-trinitaires de cette époque (148). quelques-uns qui se rattachèrent aux réformateurs allemands, mais plus fréquemment aux réformateurs suisses. Tous deux ont présenté les idées réformatrices au peuple par la prédication et l’écriture. Presque tous les ouvrages des réformateurs allemands et suisses circulèrent immédiatement après leur publication en Italie sous forme de traductions, et, sous le bouclier de l’anonymat, dispersés dans tout le pays, avant que l’Inquisition ne s’en empare. Parmi les partisans princiers du mouvement de la Réforme, le plus éminent était Renata d’Este, duchesse de Ferrare et belle-sœur du roi de France François, distinguée autant par sa piété que par sa culture et son savoir. Sa cour était un lieu de refuge et un point de ralliement pour les exilés français et italiens. Calvin resta quelques semaines avec elle en A.D. 1536, et la confirma dans sa foi évangélique par une conversation personnelle, puis par une correspondance épistolaire. Son mari, Hercule de Ferrare, qu’elle épousa en 1944.En 1534, on la laissa d’abord faire ce qu’elle voulait, mais en 1534. En 1536, Calvin fut expulsé de ses domaines et sa femme fut enfermée dans l’ère chrétienne. 1554, en tant qu’hérétique luthérien obstiné, dans le vieux château d’Este. Cependant elle fut autorisée à retourner auprès de son mari après s’être résolue à se confesser à un prêtre romain. Mais quand, après sa mort, en A.D. En 1560, Alphonse, son fils, lui présenta l’alternative d’abjurer sa foi ou de quitter le pays, elle retourna en France, et là fit ouvertement profession de foi et s’attacha aux huguenots. François de Guise était son gendre, et elle fut soumise, à cause de son protestantisme, aux persécutions incessantes des Guise. Elle mourut en apr. J.-C. 1575. — Nous avons déjà vu, en 135, 3, que l’idée d’une propagande des chrétiens catholiques en Italie avait été évoquée. Avec une conviction forte et vive de l’importance de la doctrine de la justification par la foi, ils en ont fait le point central de la vie et de la connaissance religieuses, et ainsi, sans s’y opposer directement, ils ont insufflé une vie nouvelle à l’Église catholique. Le premier germe de ce mouvement est apparu dans ce qu’on appelle l’Oratoire de l’Amour Divin, une association formée au début de l’ère chrétienne . 1520 à Rome, sur le modèle apostolique, pour l’édification religieuse mutuelle, composée de cinquante ou soixante jeunes hommes enthousiastes, la plupart de l’ordre clérical. L’un des fondateurs originaux était Jacques Sadolet, qui, dans cet esprit, a exposé l’épître aux Romains. C’est aussi à elle qu’appartenaient des hommes tels que le fondateur de l’ordre des Théatins (149, 7), Cajetan de Thiene, et John Pet. Caraffa, évêque de Chieta, et plus tard le pape Paul IV, qui cherchait le salut de l’Église plutôt dans la pratique d’une discipline inquisitoire rigoureuse. Le sac de Rome ( 132, 2) a brisé cette association en A.D. 1527, mais étendit ses efforts à toute l’Italie. Le cardinal anglais fugitif, Reginald Pole, s’attacha à Venise au parti de Sadolet. À Ferrare, il y avait la poétesse la plus célèbre d’Italie, Vittoria Colonna ; à Modène, l’évêque Morone, qui, bien qu’étant légat pontifical en Allemagne, défendait avec zèle les prétentions pontificales ( 135, 2 ; 137, 5), mais, dans son propre diocèse, il aida avec beaucoup d’ardeur les tendances évangéliques de ses compagnons, et c’est ainsi sous Paul IV. fut jeté dans l’Inquisition, pour n’en sortir que sous Pie V, après avoir subi trois ans de prison. À Naples, il y avait Juan Valdez, frère d’Alphonse, secrétaire du vice-roi espagnol de Naples et auteur des « Cent Dix Considérations divines », ainsi que d’un livre de doctrine chrétienne pour la jeunesse en langue espagnole. À Sienne, il y avait Aonio Paleario, professeur de littérature classique, célèbre comme poète et orateur. À Rome, il y avait le notaire pontifical Carnesecchi, ancien ami personnel de Clément VII. Dans d’autres endroits, il y en avait beaucoup plus. Le représentant le plus visible du parti était le Vénitien Gasparo Contarini (135, 3), qui mourut en apr. J.-C. Année 1542.
139.23. La tendance de la pensée de ces hommes est exposée de la manière la plus claire et la plus complète dans le petit ouvrage : « Le bienfait de la mort de Christ ». À Venise, où il est apparu pour la première fois en J.-C. En 1542, en six ans, 60 000 exemplaires de ce tract ont été publiés, et par la suite, d’innombrables réimpressions et traductions en ont été diffusées. Comme Aonio Paleario avait écrit, selon ses propres dires, un traité d’un caractère similaire, il en vint à être généralement considéré comme son auteur, jusqu’à ce que Ranke découvrît une notice parmi les actes de l’Inquisition, selon laquelle le joyau hérétique devait être attribué à un moine de San Severino à Naples, disciple de Juan Valdez. et par la suite, Benrath réussit à prouver qu’il s’appelait Don Benedetto de Mantŏva. L’esprit conciliant de ces amis de la réforme modérée laissait de grandes espérances, d’autant plus que Paul III. Tout au long de sa vie, il a semblé favoriser le mouvement. Il nomma Contarini, Sadolet, Pole et Caraffa cardinaux, institués en apr. J.-C.En 1536, il devint une congregatio præparatoria, et fit de Contarini le représentant de la curie à la Conférence religieuse de Ratisbonne en 1536 . 1541 ( 135, 3), qui cherchait à amener la conciliation des protestants allemands. Mais à peu près à cette époque, probablement pas sans la coopération de l’ordre des Jésuites fondé en J.-C. En 1540, une scission se produisit qui anéantit toutes ces grandes espérances. Le zèle de Caraffa se mit à la tête de l’opposition, et Paul III, conformément à ce qu’il avait proposé dans sa bulle Licet ab initio d’après J.-C. En 1542, il réorganisa la défunte Inquisition romaine sur le modèle espagnol en tant qu’institution centrale pour le déracinement de l’hérésie protestante. Ce « Saint-Office » poursuivit dès lors sa violente carrière sous le pontificat de Caraffa lui-même, qui monta sur le trône pontifical en A.D. 1555 sous le nom de Paul IV. Par la suite, aussi, sous l’obstiné, fanatique, et donc canonisé pape moine Pie V, à partir de J.-C. En 1566, tout soupçon de protestantisme était rigoureusement et impitoyablement puni par l’emprisonnement, la torture, les galères, l’échafaud et le bûcher. La persécution fut menée avec tant d’énergie contre les partisans et les patrons de la Réforme, qu’à la fin du siècle on ne trouvait plus aucune trace de sa présence dans les limites de l’Italie. L’une des dernières victimes de cette persécution fut Aonio Paleario. Après avoir passé trois ans dans les prisons de l’Inquisition, il fut étranglé puis brûlé. Un sort similaire avait déjà été réservé à Carnesecchi. La guerre d’extermination menée contre le liber perniciosissimus, « Sur le bienfait de la mort du Christ », montre à quel point le Saint-Office a été consciencieux et a réussi à supprimer les livres soupçonnés d’une souillure hérétique. Malgré les cent mille exemplaires du livre qui avaient été en circulation, l’Inquisition poursuivit avec tant de soin et de constance sa tâche d’extirpation, que trente ans après sa parution, on ne le trouvait plus dans l’original et qu’après cent ans, aucune traduction n’était censée exister. Rien qu’à Rome, on brûla un tas de copies qui atteignaient la hauteur d’une maison. En apr. J.-C.En 1853, une copie de l’original a été trouvée à Cambridge et a été publiée à Londres en 1855, avec une traduction anglaise faite par le duc de Devonshire en 1855 . Année 1548.399
139.24. Parmi les réformateurs italiens qui se sont libérés entièrement de la papauté, et qui n’ont échappé à la prison, à la torture et au bûcher que par la fuite dans des pays étrangers, les suivants sont les plus importants.
139.25. La protestantisation des Vaudois ( 108, 10).― Le La nouvelle de la Réforme provoqua une grande émotion parmi les Vaudois. Dès J.-C. En 1520, le barba piémontais, ou ministre, Martin de Lucerne, entreprit un voyage en Allemagne, et rapporta avec lui plusieurs ouvrages des réformateurs. En apr. J.-C. En 1530, les Vaudois français envoyèrent deux délégués, George Morel et Peter Masson, qui s’entretinrent verbalement et par écrit avec Œcolampadius à Bâle, et avec Bucer et Capito à Strasbourg. Il en résulta qu’en A.D. En 1532, un synode se tint dans le village piémontais de Chauvoran, dans la vallée de l’Angrogna, auquel assistèrent les deux théologiens genevois Farel et Saunier. Un certain nombre de préjugés étroits qui prévalaient chez les anciens Vaudois étaient maintenant abandonnés, tels que l’interdiction de prêter serment, d’exercer des fonctions magistrales, de prendre des intérêts, etc. et plusieurs notions catholiques auxquelles ils avaient autrefois adhéré, telles que la confession auriculaire, le calcul des sacrements comme sept, l’injonction des jeûnes, le célibat obligatoire, la doctrine des mérites, etc., ont été abandonnées comme non évangéliques, tandis que la doctrine réformée de la prédestination a été adoptée. Sur cette base, la protestantisation complète de toute la communauté vaudoise fit de rapides progrès, mais elle lui attira de toutes parts des persécutions sanglantes. En Provence et en Dauphiné, il y avait, en J.-C. 1545, quatre mille assassinés, et vingt-deux districts dévastés par les flammes. Leurs restes se sont confondus avec les réformés français. Lorsque les colonies vaudoises de Calabre apprirent que leurs frères piémontais se protestantisaient, elles envoyèrent, en J.-C. 1559, délégué pour leur chercher un pasteur à Genève. Ludovico Pascale, catholique piémontais de naissance, qui avait étudié la théologie à Genève, fut choisi pour cette mission ; mais peu de temps après son arrivée, il fut jeté en prison à Naples, et de là emmené à Rome, où, en J.-C. En 1560, il se rendit avec toute la joie et la foi du martyr au bûcher érigé pour lui par l’Inquisition. Dans les procès de cet homme, Rome comprit pour la première fois l’importance et l’attitude des colonies calabraises, et maintenant le grand inquisiteur Alexandrini, avec quelques dominicains, fut envoyé pour les convertir ou les exterminer. Les églises florissantes étaient en J.-C. 1561 complètement déraciné, au milieu de scènes d’atrocité presque incroyables. Les hommes qui s’échappaient du bûcher étaient forcés de travailler dans les galères espagnoles, tandis que leurs femmes et leurs enfants étaient vendus comme esclaves. En Piémont, le duc, après de vaines expéditions militaires pour leur conversion, que les Vaudois, poussés aux armes, avaient résistées avec succès, fut obligé de leur permettre, dans la paix de Cavour de l’an de J.-C. 1561, une mesure restreinte de la liberté religieuse. Mais comme les tentatives violentes pour obtenir des conversions n’ont pas cessé, ils se sont liés les uns aux autres, en J.-C. 1571, dans ce qu’on appelle « l’Union des Vallées », par laquelle ils s’engageaient à se défendre mutuellement dans l’exercice de leur culte évangélique.
139.26. Tentative de protestantisation de l’Église d’Orient. — L’opposition à la papauté romaine, qui leur était commune à l’Église d’Orient, a conduit les protestants d’Occident à désirer et à s’efforcer d’obtenir une union avec ceux qui étaient jusque-là d’accord avec eux. Un jeune Crétois, Jacob Basilicus, qu’Héraclide, prince de Samos et de Paros, avait adopté, dans ses voyages à travers l’Allemagne, le Danemark et la Suède, était entré en relations amicales avec Mélanchthon et d’autres membres du parti réformé, et avait tenté, après qu’il fut entré dans le gouvernement de ses deux îles en l’an de grâce. 1561, pour introduire une réforme de l’église locale selon les principes évangéliques. Mais il a été assassiné en J.-C. 1563, et avec lui toute trace de son mouvement s’évanouit. En 1559, un diacre de Constantinople, Démétrius Mysos, passa quelques mois avec Mélanchthon à Wittenburg [Wittenberg], et emporta avec lui une traduction grecque de la Confession d’Augsbourg, dont cependant il n’obtint aucun résultat. À une période ultérieure, en apr. J.-C. En 1573, les théologiens de Tübingen, Andreä, Luc Osiander et d’autres, rouvrent les négociations avec le patriarche Jérémie II. ( 73, 4), par l’intermédiaire d’un pasteur luthérien, Étienne Gerbach, qui se rendit à Constantinople dans la suite d’un noble protestant zélé, David d’Ungnad, ambassadeur de Maximilien II. Les théologiens de Tübingen envoyèrent avec lui une traduction grecque de la Confession d’Augsbourg, composée par Mart. Crusius, avec une demande de jugement à ce sujet. Le patriarche, dans sa réponse en A.D. 1576, s’exprima franchement sur les erreurs du livre. Les docteurs de Tübingen écrivirent en confirmation de leur formule, et dans une seconde réponse, en A.D. En 1579, le patriarche réitéra les objections formulées dans la première. Après un troisième échange de lettres, il refusa toute discussion ultérieure et autorisa une quatrième épître, en apr. J.-C. 1581, pour rester sans réponse.— Suite, 152, 2.
Dans l’Église luthérienne, ce type de christianisme spécifiquement allemand qui, depuis l’époque de Charlemagne, était toujours haletant après l’expression indépendante, atteignit sa maturité et son plein développement. Le trésor sacré de la vraie catholicité, que l’Église des premiers temps avait nourri sous la forme de la culture gréco-romaine, est repris libre d’excroissances et enrichi par les acquisitions du moyen âge qui en avaient fait la preuve. Sa vocation était d’établir le « juste milieu » entre les mouvements et les luttes ecclésiastiques antagonistes de l’Occident, et de donner sa force principalement au développement d’une saine doctrine. Et s’il n’a pas exercé une influence égale dans tous les domaines, en accordant le plus d’attention au culte et le moins aux questions de constitution, on ne peut nier, d’autre part, que même dans ces directions, on s’est efforcé de modifier la contradiction violente des extrêmes (142, 1, 2).
L’attitude médiate et médiatrice de l’Église luthérienne se manifeste dans sa conception fondamentale de l’essence du christianisme comme union du divin et de l’humain, dont le prototype se trouve dans la personne du Christ, et dans ses illustrations dans les Écritures, l’Église, les sacrements, la vie chrétienne, etc. C’est dans les diverses manières dont cette union est conçue que se trouve le terrain le plus profond et le plus intime de la divergence qui existe entre les trois Églises occidentales. L’Église catholique désire voir l’union du Divin et de l’humain ; le luthérien, veut le croire ; réformé, veut le comprendre. La tendance prévaut dans l’Église catholique à confondre les deux, le Divin et l’humain, et cela de telle sorte que l’humain perd son caractère humain, et que son union avec le Divin est considérée comme constitutive de l’identité. L’Église réformée, encore une fois, est encline à séparer les deux, à considérer le divin par lui-même et l’humain par lui-même, et à considérer l’union comme un placement de l’un à côté de l’autre, comme ayant non pas un lien objectif, mais simplement subjectif, non pas réel, mais simplement idéal. Mais l’Église luthérienne, se prémunissant de toute confusion et de toute séparation des deux éléments, avait cherché à considérer l’union comme la communion, l’interpénétration et la réciprocité les plus vitales, les plus riches et les plus intérieures. Du point de vue de l’Église catholique, l’humain et le terrestre, qui est si souvent un véhicule très imparfait du Divin, dans lequel le Divin est souvent parvenu à un développement très incomplet, doivent être considérés comme étant déjà le Divin en lui-même et par lui-même. Il en est de même de l’idée de l’Église, et donc de la doctrine d’une Église purement extérieure et visible, qui, en tant que telle, n’est que le canal du salut. Il en est de même dans le développement historique de l’Église, et donc dans l’autorité absolue de la tradition et le renversement des vrais rapports entre l’Écriture et la tradition. Il en est de même de la doctrine des sacrements, et donc de l’idée d’un opus operatum et d’une transsubstantiation. Donc, en ce qui concerne le sacerdoce, d’où la hiérarchisation ; Il en est de même de l’idée de sanctification, et donc du semi-pélagianisme et de la doctrine des mérites. Le point de vue de l’Église réformée était tout à fait opposé à tout cela. Elle était plutôt encline à séparer complètement le Divin dans le christianisme de son véhicule terrestre et visible, et à penser que l’opération du Divin sur l’homme était purement spirituelle et ne se communiquait que par la foi subjective. Elle a renoncé à toute tradition, et a ainsi rompu avec tout développement historique, qu’il soit normal ou anormal. Dans sa doctrine de l’Écriture, la signification littérale du mot était souvent exaltée au-dessus de l’esprit ; Dans sa doctrine de l’Église, la signification de l’Église visible par rapport à celle de l’invisible. Dans sa doctrine de la personne du Christ, la nature humaine du Sauveur glorifié était exclue d’une pleine participation personnelle à tous les attributs de sa divinité. Dans la doctrine des sacrements, la grâce surnaturelle et les éléments terrestres étaient séparés l’un de l’autre ; et dans la doctrine de la prédestination, la prescience divine des volitions de l’homme était isolée, etc. L’Église luthérienne, d’autre part, avait au moins fait l’effort de se diriger entre ces deux extrêmes et de lier dans une unité vivante la vérité qui se trouve à la base de l’un et de l’autre. Dans l’Ecriture, il désire aussi peu voir l’esprit sans la parole, que la parole sans la parole.Et c’est là que l’esprit est le même. dans l’histoire, elle reconnaît le règne et l’action de l’Esprit de Dieu dans les développements humains et ecclésiastiques ; et elle ne rejette que la fausse tradition qui n’a pas eu sa croissance organique à partir de l’Écriture Sainte, mais qui la contredit. Dans sa doctrine de l’Église, elle tient avec la même ténacité à l’importance de l’Église visible et de celle de l’invisible. Dans sa doctrine de la personne du Christ, il affirme l’humanité parfaite et la divinité parfaite dans l’union vivante et la réciprocité richement communicative des deux natures. Dans sa doctrine des sacrements, elle donne tout son poids aussi bien au fait divin objectif que la grâce céleste présente dans les éléments terrestres qu’à la condition subjective de l’homme, à qui le sacrement se révélera salvateur ou condamnant, selon qu’il est croyant ou incroyant. Et, enfin, il exprime la croyance que dans le décret divin la contradiction apparente entre la prescience de Dieu et l’autodétermination de l’homme est résolue, alors qu’il considère la prédestination comme conditionnée par la prescience de Dieu ; alors que le calvinisme inverse cette relation.
Même du vivant de Luther, mais beaucoup plus après sa mort, diverses controverses doctrinales ont éclaté dans l’Église luthérienne. Ils sont apparus pour la plupart sur les frontières du calvinisme ou du catholicisme, et ont généralement été occasionnés par l’offense faite à l’attitude des partisans les plus raides et les plus obstinés de Luther par ceux de l’école mélanchthonienne ou philippiste, qui avaient des sentiments iréniques et unionistes à l’égard des deux camps. Le théâtre de ces conflits se trouvait en partie dans l’électorat de la Saxe albertine et dans le duché d’Ernestine en Saxe. Wittenberg et Leipzig étaient les quartiers généraux des Philippistes, et Weimar et Iéna des stricts luthériens. De part et d’autre, la rancœur et l’amertume ne manquaient pas. Mais si les Gnésio-Luthériens dépassaient de beaucoup les Mélanchthoniens en inconciliabilité, en dénonciation calomnieuse et en injures scandaleuses, ils n’en montrèrent pas moins une force de conviction, une fermeté et un dévouement martyreux des plus louables ; tandis que leurs adversaires s’exposaient souvent à l’accusation, d’une part, d’une souplesse pusillanime et malicieuse, et, d’autre part, d’utiliser des moyens indignes et des moyens secrets et trompeurs. Leurs controverses ont abouti à une conclusion après diverses alternances de victoires et de défaites, avec des conséquences souvent très tragiques pour le parti le plus malheureux, dans la composition d’un nouveau document confessionnel, la Formule Concordia.
141.1. La controverse antinomienne, apr. J.-C. 1537-1541, qui tournait autour de la place et de la signification de la loi sous la dispensation chrétienne, se situait en dehors de la portée des querelles philippistes. John Agricola, pendant un certain temps pasteur dans sa ville natale d’Eisleben, et si souvent appelé Maître Eisleben, en J.-C. 1527 s’offusqua de Mélanchthon d’avoir dans ses articles de visite ( 127, 1) exhortèrent les pasteurs à enjoindre à leur peuple l’observance de la loi. Il se déclara, en effet, pour un moment satisfait de la réponse de Mélanchthon, qui avait aussi l’approbation de Luther, mais peu de temps après, il avait, en A.D. En 1536, devenu collègue de l’un et de l’autre à Wittenberg, il renouvela son opposition en publiant des thèses défavorables. Il ne contestait pas l’usage pédagogique et civilo-politique de la loi en dehors de l’Église, mais partant du principe qu’une morale prescrite ne pouvait pas aider l’homme, il soutenait que la loi n’a plus de signification ni d’autorité pour le chrétien, et que l’Évangile, qui, par la puissance de l’amour divin, opère la repentance, est le seul à être prêché. Mélanchthon et Luther, au contraire, soutenaient que l’angoisse et le chagrin du péché sont les fruits de la loi, tandis que la résolution salvatrice de réformer est l’effet de l’Évangile, et ils insistaient sur la poursuite de la prédication de la loi, parce qu’à cause de l’inachèvement de la sanctification du croyant dans ce monde, un renouvellement quotidien de la repentance est nécessaire. Après plusieurs années de discussions orales et écrites, Agricola quitta Wittenberg en J.-C.En 1540, accusant Luther de l’avoir insulté personnellement, il fut nommé prédicateur de la cour de Berlin, où, en 1540, il fut nommé prédicateur de la cour de Berlin. 1541, ayant découvert son erreur, il la répudia dans un exposé conciliant. La réputation dans laquelle il jouissait à la cour de Brandebourg lui valut d’être par la suite l’un des collaborateurs de l’Intérim d’Augsbourg, tant détesté (136, 5). Comme son antinomisme refaisait surface de temps en temps, la Formule Concordiæ a finalement tranché la controverse en déclarant qu’il faut attribuer à la loi, non seulement un usus politicus et un usus elenchticus pour terroriser et arrêter le pécheur, mais aussi un usus didacticus pour la sanctification de la vie chrétienne.
141.2. La controverse d’Osiander, A.D. 1549-1556. Luther avait, en opposition à la doctrine romaine des mérites, défini la justification comme un acte purement de Dieu, dont le fruit ne peut être approprié par l’homme que par l’exercice de la foi. Mais il distinguait de la justification en tant qu’acte de Dieu pour l’homme, la sanctification en tant qu’opération de Dieu dans l’homme. La première consiste en ceci que le Christ s’est offert une fois pour toutes sur la croix pour les péchés du monde entier, et que maintenant Dieu attribue le mérite de la mort sacrificielle du Christ à chaque individu comme si elle avait été la sienne, c’est-à-dire juridiquement ; Le croyant est ainsi déclaré, mais il n’est pas rendu juste. Le croyant, parce qu’il a été déclaré juste, est rendu juste au moyen d’un processus sanctifiant qui pénètre toute la vie terrestre et progresse constamment, mais dans ce monde jamais absolument parfait, ce qui s’effectue par la communication de la vie nouvelle que le Christ a créée et mise en lumière. André Osiander proposa une théorie qui s’écartait de cette doctrine, et penchait vers celle énoncée dans le Concile Tridentin (136, 4), mais il se distingue du point de vue romain par un attachement décidé au principe protestant de la justification par la foi seule. Il avait été de l’A.D. 1522 pasteur et réformateur à Nuremberg, et avait proclamé ses idées sans pour autant s’en offusquer. Cela se produisit pour la première fois lorsque, après son expulsion de Nuremberg pour cause d’intérim, il avait commencé à annoncer sa doctrine particulière dans l’Université de Königsberg nouvellement fondée, où il avait été nommé professeur par le duc Albert de Prusse en an de J.-C. 1549 ( 126, 4). Confondant la sanctification avec la justification, il a voulu définir cette dernière, non pas comme une déclaration de justice, mais comme une justification de la justice, non pas comme un acte juridique, mais comme un acte médicinal, opéré par une infusion, c’est-à-dire un influx continu de la justice du Christ. La mort sacrificielle du Christ n’est pour lui que la condition négative de la justification, sa condition positive repose sur l’incarnation du Christ, dont la reproduction chez le croyant est la justification, qui doit donc être rapportée non pas à la nature humaine, mais plutôt à la nature divine dans le Christ. Parallèlement à cela, il était également convaincu que l’incarnation de Dieu en Christ aurait eu lieu afin d’achever la création de l’image de Dieu dans l’homme, même si la chute n’avait jamais eu lieu. Le point principal de son opposition était fondé sur ceci : il croyait que la théorie juridique avait négligé l’élément subjectif religieux, qui, cependant, est toujours présent dans la foi comme condition subjective de la déclaration de justice. La vive et âpre controverse sur ces questions s’étendit de l’université parmi le clergé, et de là aux citoyens et aux familles, et se poursuivit bientôt de part et d’autre avec beaucoup de passion et de chaleur. La faveur publiquement accordée à Osiander par le duc, qui le plaça évêque de Samland à la tête du clergé prussien, augmenta l’amertume de ses adversaires à son égard. Parmi ceux-ci se trouvait Martin Chemnitz, un érudit de Melanchthon, et de l’A.D. 1548 recteur du lycée de Königsberg. Il y a aussi le professeur Joachim Mörlin, un élève favori de Luther, Francis Staphylus, qui retourna ensuite au chu romainrch ( 137, 8), et François Stancarus de Mantoue, homme qui a une très mauvaise réputation pour fomenter des querelles, étaient parmi les ennemis les plus acharnés d’Osiander. Stancarus poussa son opposition à Osiander jusqu’à soutenir que le Christ n’est devenu notre justice qu’en ce qui concerne sa nature humaine. Les opinions reçues de l’étranger étaient pour la plupart contre Osiander. Cependant, John Brenz, de Wurtemberg, penchait plutôt pour l’opinion d’Osiander que pour celle de ses adversaires, tandis que Mélanchthon, en se ralant à l’opinion de Wittenberg, s’efforçait, en dissipant les malentendus, de réconcilier les partis opposés, mais sur le point principal, il se prononçait contre lui. Même la mort d’Osiander en apr. J.-C. 1552 ne mit pas fin à la controverse. À la tête de son parti apparaissait alors le prédicateur de la cour, John Funck, qui, jouissant d’une faveur égale à celle du duc, remplissait tous les postes avec ses propres partisans. Dans sa vanité démesurée, il se mêla des affaires politiques et se mit en antagonisme avec les nobles et les hommes importants de l’État. Une commission d’enquête sur la souveraineté polonaise, à leur instigation, le déclara coupable de haute trahison et le fit décapiter en J.-C. Année 1566. Les autres osiandriens furent déposés et exilés. Mörlin, d’après J.-C. En 1533, surintendant général de Brunswick, il fut honorablement rappelé comme évêque de Samland, réorganisa l’Église prussienne et, de concert avec Chemnitz, qui avait été de l’A.D. 1554 prédicateur à Brunswick, où il mourut en 1554 . En 1586, en tant que surintendant général, il rédigea pour la Prusse une nouvelle norme doctrinale dans le Corpus doctrinæ Pruthenicum d’A.D . Année 1567.404
141.3. La controverse d’Æpinus sur la descente du Christ aux enfers, que Jean Æpinus, premier surintendant luthérien à Hambourg, dans son exposé du Psaume 16, en A.D. 1542, interprété, à la manière des théologiens réformés, de son état d’humiliation, et comme l’achèvement de l’obéissance passive du Christ dans l’endurance des peines de l’enfer ; tandis que la compréhension luthérienne habituelle était qu’il se référait au triomphe du Christ sur les puissances de l’enfer et de la mort dans son état d’exaltation. Une opinion envoyée de Wittenberg, en A.D. 1550, laissa la question indéterminée, et même la Formule de Concorde se contenta d’enseigner que le Christ, dans toute sa personnalité, descendit aux enfers afin de délivrer les hommes de la mort et de la puissance du diable. 1563-1570, sur la signification de l’obéissance active du Christ, que le pasteur d’Anspach, George Karg ou Parsimonius, fit longtemps un sujet de contestation ; mais il se rétracta ensuite, convaincu de son erreur par les théologiens de Wittenberg.
141.4. Les Philippistes et leurs adversaires. — Peu de temps après que la Confession d’Augsbourg eut été acceptée comme norme commune de l’Église luthérienne, deux partis s’élevèrent, dans lesquels des tendances d’un caractère tout à fait divers se développèrent graduellement. La véritable base de cette opposition résidait dans la disposition et le développement intellectuels divers des deux grands chefs de la Réforme, dont les érudits de l’un et de l’autre ont hérité sous une forme très exagérée. Les disciples de Mélanchthon, les soi-disant Philippistes, s’efforçaient, à l’exemple de leur maître, de tirer le meilleur parti possible de ce qu’ils avaient en commun, d’une part, avec les réformés et, d’autre part, avec les catholiques, et de maintenir une attitude conciliante qui pouvait aider à réaliser l’union. Les amis personnels, les érudits et les partisans de Luther, au contraire, pour la plupart plus luthériens que Luther lui-même, imitant la décision brutale de leur grand chef et l’exécutant d’une manière unilatérale, étaient plutôt soucieux de souligner et d’élargir autant que possible le fossé qui les séparait de leurs adversaires. réformés comme catholiques, et de rendre ainsi impossible toute réconciliation et toute union par voie de compromis. Luther ne s’attacha ni à l’un ni à l’autre de ces partis, mais il essaya de les empêcher de se précipiter vers les extrêmes, et de maintenir autant qu’il le pouvait la paix entre eux. L’année 1535 fut dénoncée par les luthériens stricts comme catholicisante, mais ils s’opposèrent encore plus fortement à la modification du dixième article de la Confession d’Augsbourg qu’il introduisit dans une nouvelle version de celle-ci, la soi-disant Variata, en A.D. Année 1540. Dans sa forme originelle, il se présentait ainsi : Docent, quod corpus et sanguis Domini vere adsint et distribuantur vescentibus in cœna Domini et improbant secus docentes. À ces mots, il substitua ce qui suit : Quod cum pane et vino vere exhibeantur corpus et sanguis Christi vescentibus in cœna Domini. Cette déclaration n’était en effet nullement calviniste, car au lieu de vescentibus, les calvinistes auraient dit credentibus. Pourtant, le changement arbitraire et, en tout cas, calvinisant, étonna les luthériens stricts, et Luther lui-même demanda à son auteur de se rappeler que le livre n’était pas le sien, mais le credo de l’Église. Après la mort de Luther, le parti philippiste, dans l’Intérim de Leipzig de l’ère chrétienne. 1519, fit plusieurs autres concessions très importantes aux catholiques ( 136, 7), Et cela a conduit leurs adversaires à les dénoncer comme des traîtres déclarés à leur église. Magdebourg, qui refusait obstinément de reconnaître l’intérim, devint la ville de refuge de tous les luthériens zélés ; tandis qu’en opposition au Philippiste Wittenberg, l’Université d’Iéna, fondée en J.-C. 1548 par les fils de l’ex-électeur Jean-Frédéric selon son désir, devint le bastion du luthéranisme strict. Les chefs de file du côté des philippistes étaient Paul Eber, George Major, Justus Menius, John Pfeffinger, Caspar Cruciger, Victorin Strigel, etc. À la tête du parti luthérien strict se trouvaient Nicolas Amsdorf et Matthias Flacius. Le premier vécut, après son expulsion de Naumburg ( 135, 5), un « exul Christi », avec les jeunes ducs Weimar. En raison de sa violente opposition à l’intérim, il fut obligé, en A.D.En 1548, il s’enfuit à Magdebourg, et après la reddition de la ville, il fut placé par ses protecteurs ducaux à Eisenach, où il mourut en 1548 . Année 1565. Ce dernier, originaire d’Istrie, et donc connu sous le nom d’Illyricus, fut nommé professeur de langue hébraïque à Wittenberg en J.-C.En 1544 , il s’enfuit à Magdebourg en 1544 . 1549, d’où il se rendit à Weimar en 1549 . 1556, et fut appelé à Iéna en 1556 . Année 1557.
141.5. La controverse de l’adiaphoriste, A.D. Les années 1548-1555, quant à la licéité des formes catholiques dans la constitution et le culte, étaient liées à l’élaboration de l’Intérim de Leipzig. Ce document décrivait la plupart des formes catholiques de culte comme des adiaphora, ou des questions d’indifférence, qui, afin d’éviter des dangers plus graves, pouvaient être traitées comme permises ou non essentielles. Les luthériens, au contraire, soutenaient que même une chose en elle-même non essentielle dans des circonstances comme celle-ci ne pouvait pas être considérée comme permise. De Magdebourg se déversa un flot de littérature violente, polémique et injurieuse contre les renégats de Wittenberg et les apostats saxons. La position modifiée de ce dernier à partir de J.-C. L’année 1551 étouffa dans une certaine mesure la colère des zélotes, et la paix religieuse d’Augsbourg ôta toute occasion de prolonger la lutte.
141.6. La controverse des majoristes, A.D. 1551-1562. — Les luthériens stricts, dès la fin de l’intérim, manifestèrent une défaveur sans réserve envers le parti philippiste et le considérèrent avec une profonde méfiance. Quand en A.D. En 1551, George Major, alors surintendant à Eisleben, en accord essentiel avec l’intérimaire, dont il était l’un des auteurs, et avec les vues doctrinales ultérieures de Melanchthon, soutint la position que les bonnes œuvres sont nécessaires au salut, et refusa de se rétracter, bien qu’il modifiât quelque peu ses expressions en disant que ce n’était pas une nécessité mériti. mais seulement une necessitas conjunctionis s. consequentiæ ; et quand aussi Justus Menius, le réformateur de Thuringe, surintendant à Gotha, lui donna raison dans deux traités, Amsdorf, dans le feu de la controverse, opposa à la thèse extrême et répréhensible, que les bonnes œuvres sont nuisibles au salut, et même dans l’apr. J.-C. 1559 la justifiait comme « une proposition vraiment chrétienne prêchée par saint Paul et Luther ». Malgré toute l’amertume passionnée qui s’était mêlée à la discussion, les amis les plus sensés d’Amsdorf, y compris Flacius lui-même, virent que l’ambiguïté et l’indéfinition de l’expression conduisaient à l’erreur de part et d’autre. Ils reconnaissaient, d’une part, que seule la foi, et non les bonnes œuvres en elles-mêmes, est nécessaire au salut, mais que les bonnes œuvres sont le fruit inévitable et la preuve nécessaire d’une foi vraie et salvatrice ; et, d’autre part, que ce ne sont pas les bonnes œuvres en elles-mêmes, mais seulement se confier à elles au lieu des mérites du Christ seul, qui peuvent être regardées comme nuisibles au salut. Major, pour le bien de la paix, a rappelé sa déclaration en A.D. Année 1562.
141.7. La Controverse Synergique, A.D. 1555-1567. ― Luther dans sa controverse avec Érasme ( 125, 3), ainsi que Mélanchthon dans la première édition de ses Loci, en A.D. 1521, avait nié inconditionnellement la capacité de la nature humaine à s’emparer indépendamment du salut, et enseigné une souveraineté absolue de la grâce divine dans la conversion. Dans sa dernière édition des Loci, à partir de J.-C. 1535, et dans la Confession d’Augsbourg de l’A.D. En 1540, cependant, Mélanchthon avait admis une certaine coopération ou synergie d’un reste de libre arbitre dans la conversion, et l’avait définie plus exactement dans l’édition des Loci d’A.D. 1548 comme la capacité de s’emparer par sa propre impulsion du salut offert, facultas se applicandi ad gratiam ; et bien que même dans l’Intérim de Leipzig de l’an 2000. En 1549, le shibboleth solê luthérien revenait constamment, c’était simplement dans le but d’exclure complètement toute prétention de mérite de la part de l’homme dans la conversion. Luther, avec une indulgence tolérante, avait supporté le changement dans les convictions de Mélanchthon, et s’était seulement opposé à son incorporation dans le credo de l’Église. Mais, à partir de la date de l’intervalle, la suspicion et l’opposition des luthériens stricts s’accrurent de jour en jour, et éclatèrent en une violente controverse lorsque John Pfeffinger, surintendant à Leipzig, également l’un des auteurs de l’intérim détesté, publia, dans A.D. 1555, ses Propositiones de libero arbitrio, pour défendre la synergie de Mélanchthon. Les chefs des Gnésio-luthériens, Arnsdorf à Eisenach, Flacius à Iéna et Musacus à Weimar, sentaient qu’ils n’osaient pas se taire, et ils soutenaient donc, comme seule la doctrine luthérienne authentique, que l’homme naturel ne peut pas coopérer avec les œuvres de la grâce divine sur lui, mais qu’il ne peut que s’y opposer. Sur l’ordre du duc Jean-Frédéric, ils se préparèrent à Weimar, en l’an 2000. 1559, comme nouveau manifeste du luthéranisme restauré, un traité contenant une réfutation de toutes les hérésies qui avaient surgi jusque-là au sein de l’église luthérienne. L’un de ceux qui furent invités à prendre part aux travaux, Victorin Strigel, professeur à Iéna, fut amené à souffrir de la sympathie qu’il manifestait pour la synergie en endurant un emprisonnement étroit et sévère. Le duc, cependant, redevint bientôt plus favorable à Strigel, qui, en A.D. En 1560, il se défendit lors d’une dispute publique à Weimar contre Flacius, et fut appelé peu après à Leipzig. Quand en A.D. En 1561, le duc institua un consistoire à Weimar, et lui transféra le droit jusque-là exclusivement exercé à Iéna d’excommunication ecclésiastique et de censure des livres théologiques, et le parti flacien s’opposa à ce « césaro-papisme » avec une violence sans mesure, tous les adhérents du parti furent chassés d’Iéna et de tout le territoire. et leurs places remplies de Mélanchthoniens. Cette victoire du Philippisme, cependant, ne fut que de courte durée. Afin de regagner le rang électoral perdu, le duc se laissa séduire et prit part à la soi-disant affaire Grumbach. Il fut jeté dans la prison impériale, et son pèreJohn William, qui assumait alors le gouvernement, s’empressa, en A.D. 1567, pour restaurer le parti théologique renversé. Même dans la Saxe électorale, l’intérêt pour la synergie catholicisante, au moins, après la mort de Melanchthon, en A.D. 1560, a été progressivement perdue de vue à mesure que la controverse sur la doctrine calviniste de la Cène du Seigneur a progressivement pris de l’importance.
141.8. La controverse flacienne sur le péché originel, A.D. 1560-1575. — Au plus fort de la controverse avec Strigel à la conférence de Weimar, en . En 1560, Flacius s’était engagé à affirmer que le péché originel dans l’homme n’est pas quelque chose d’accidentel, mais quelque chose de substantiel. Ses propres amis le pressaient alors de revenir sur cette proposition, que ses adversaires avaient qualifiée de manichéenne. Son auteur ne l’avait pas voulu, en effet, dans le mauvais sens qu’on pourrait lui supposer. Flacius, cependant, était d’un caractère trop opiniâtre et trop obstiné pour se rappeler ce qu’il avait dit. Expulsé avec le reste des luthériens en apr. J.-C. 1562, et n’a pas été rappelé avec eux en 1562 . En 1567, il erra sans lieu fixe, chassé de presque tous les endroits où il entra, jusqu’à ce que, peu de temps avant sa mort, il se souvienne de son expression trop hâtive. Il mourut à l’hôpital de Frankfort-on-the-Maine, en A.D. Année 1575. En lui, un caractère puissant et une richesse étonnante d’érudition se perdirent complètement par suite de circonstances peu favorables, qui étaient en partie sa faute et en partie son malheur.
141.9. La doctrine luthérienne de la Cène du Seigneur. — L’union réalisée par la Concorde de Wittenberg de l’ère chrétienne. 1536 ( 133, 8) avec les villes de l’Allemagne méridionale, qui à l’origine favorisaient les vues zwingliennes, avaient souvent menacé de se dissoudre à nouveau, et les attaques des hommes de Zürich obligeaient Luther à le faire en . 1544 pour composer sa dernière « Confession du Saint-Sacrement contre les fanatiques ». La rupture avec les Zwingliens était maintenant considérée comme irréparable, mais il semblait qu’il était encore possible de s’entendre avec la théorie plus profonde de la Cène du Seigneur exposée par Calvin. Réaliser cette union était une pensée très chère au cœur de Mélanchthon. Il avait la conviction, non pas que la doctrine luthérienne de la présence réelle du corps et du sang dans le pain et le vin est erronée, mais plutôt que, par la doctrine calviniste d’une jouissance spirituelle du corps et du sang du Christ dans la Cène au moyen de la foi, aucun élément essentiel de la vérité religieuse n’était perdu. C’est ainsi qu’il chercha à surmonter la différence entre la confession et la doctrine. Mais les luthériens stricts n’étaient nullement satisfaits de cette explication, et des discussions longues et extrêmement passionnées ont eu lieu dans les divers pays luthériens, en particulier en Basse-Saxe, dans le Palatinat et dans l’électorat. Mais la controverse ne se borna pas à la question du souper ; elle reposait plutôt sur des bases plus profondes. Luther, appliquant les principes des troisième et quatrième conciles œcuméniques, avait enseigné que la connexion personnelle des deux natures dans le Christ implique une communication des attributs de l’une à l’autre, communicatio idiomatum, que par conséquent le Christ, puisqu’il est entré de nouveau par son ascension dans le plein exercice de ses attributs, est, en tant qu’homme-Dieu, même à l’égard de son corps, omniprésent, ubiquitas corporis Christi, et a refusé de se laisser perplexe par l’incompréhensibilité pour l’entendement humain d’un corps omniprésent. C’est ici que nous rencontrons la distinction radicale entre le point de vue de Luther et celui de Zwingli et de Calvin, selon lequel le corps du Christ ne peut pas être à la fois dans le ciel à la droite de Dieu et sur la terre dans le pain et le vin. Mais Calvin, aussi bien que Zwingli, de par sa constitution intellectuelle même, ne pouvait que considérer la doctrine luthérienne de l’ubiquité du corps glorifié du Christ comme une absurdité absolue, et ainsi, répudiant la communicatio idiomatum, il enseignait que la glorification du corps du Christ est limitée à sa transfiguration, et que maintenant dans le ciel, comme auparavant sur la terre, Il ne peut être présent qu’à un seul endroit. Une conséquence nécessaire de ce point de vue fut le rejet de sa présence corporelle dans la Cène, et tout au plus l’admission d’une communication dans le sacrement aux croyants d’une influence spirituelle du corps glorifié du Christ. 3). Dans le Syngramma Suevicum de J.-C. 1525 ( 131, 1), il a pris sa place très décidément du côté de Luther, et c’est ce qu’il avait fait de nouveau, en A.D. 1529, à la conférence de Marbourg ( 132, 4). Ensuite, dans J.-C. En 1559, en tant que prévôt à Stuttgart, à la suite de l’attitude dubitative d’un pasteur souabe sur la question de la Cène, il convoqua un synode à Stuttgart, devant lequel il déposa une confession qui exprimait la doctrine de la Cène et de l’ubiquité en stricte conformité avec les vues luthériennes. Pour défendre l’idée de l’ubiquité, il citait Éphésiens iv. 10, comme fournissant un soutien suffisant de l’Écriture. Le synode l’adopta à l’unanimité, et le duc approuva cette Confessio et doctr. theologor. et ministror. Verbi Dei in Ducatu Wirtb. de vera præsentia Corp. et sang, J. Chr. in Cœna Domini, en ordonnant que tous les prédicateurs l’adoptent, et qu’il ait une autorité symbolique dans toute l’église de Wurtemberg. Mélanchthon, qui avait été jusque-là particulièrement intime avec Brenz, s’indigna vivement de cette croyance « hors de saison » en « latin barbare ». Brenz, cependant, ne serait pas dissuadé de donner une expression et un développement plus adéquats au dogme répréhensible, et à cette fin, publié, dans A.D. 1560, son livre, De personali unione duarum natur. in Christo.
141.10. Le cryptocalvinisme dans sa première étape, A.D. 1552-1574. — La lutte des Gnésio-Luthériens contre la doctrine de Calvin sur la Cène, et la faveur secrète que lui témoignèrent plusieurs théologiens luthériens, commença en J.-C. 1552 par Joachim Westphal, curé à Hambourg. Calvin et Bullinger ne tardèrent pas à lui répliquer sèchement. Sous une forme plus violente encore, la querelle éclata à Brême, où le prédicateur de la cathédrale Hardenberg, et à Heidelberg, où le diacre Klebitz s’inscrivit sur les listes contre le dogme luthérien. Dans les deux cas, la lutte s’est terminée par la défaite du luthéranisme (144, 1, 2). À Wittenberg aussi, les philippistes George Major, Paul Eber, Paul Crell, etc., soutenus par le très influent médecin de la cour électorale de Saxe, Caspar Peucer, gendre de Melanchthon, à partir de J.-C. 1559 a fait avancer avec succès les intérêts du cryptocalvinisme. Mélanchthon lui-même, cependant, ne devait pas vivre assez longtemps pour voir les troubles qui s’élevèrent à ce sujet, une dispensation vraiment gracieuse de la Providence en faveur d’un homme déjà cruellement abattu et tremblant de craintes hypocondriaques, pour qu’il fût ainsi délivré un theologicorum de rage. Il mourut le 19 avril de notre ère. Année 1560. Alors que l’électeur Auguste, A.D. De 1553 à 1586, il voulait que son Wittenberg fût toujours le principal bastion du luthéranisme strict, les philippistes s’avançaient toujours avec de plus en plus d’audace et cherchaient à se préparer la voie en remplissant toutes les places de membres de leur parti. Ils persuadèrent l’électeur de donner une autorité nominative dans toute la Saxe à un recueil de documents doctrinaux et confessionnels mélanchthoniens qu’ils avaient compilés, Corpus doctrinæ Philippicum s. Misnicum, 1560. Le Catéchisme, la Catéchèse, etc., ad usum scholar. puerilium, 1571, exposa une doctrine des sacrements et de la personne du Christ si manifestement calviniste, que l’électeur lui-même fut obligé de céder à cause des fortes objections qu’on lui opposait. Les Philippistes, cependant, réussirent à le satisfaire par le Consensus Dresdensis, du 10 octobre après J.-C. En 1571, à tel point qu’après la mort du duc Jean-Guillaume, dans l’exercice de son autorité de régent, il fut amené à expulser les zélotes luthériens Wigand et Hesshus d’Iéna, et en A.D. En 1573, plus d’une centaine d’ecclésiastiques du duché de Saxe furent déposés. À Breslau, leurs intérêts furent également défendus avec zèle par l’influent médecin impérial Jean Krafft, à qui l’empereur Maximilien II. avait accordé un brevet de noblesse en A.D. 1568, avec le nouveau nom de Crato von Crafftheim. Un autre médecin silésien, Joachim Curæus, également spécialiste de Mélanchthon, a publié dans A.D. En 1574, sans aucune indication du nom de l’auteur, du lieu de publication ou de la date de publication, son Exegesis perspicua controversiæ de cœna, qui représentait la doctrine de Melanchthon de la Cène du Seigneur comme la seule défendable, contestait celle des luthériens comme papiste, faisait l’éloge de celle de l’Église réformée comme celle qui honorait le plus Dieu et conseillait instamment l’union avec les calvinistes. La chaleureuse recommandation de ceMais ce fut plutôt à son échec que contribua l’échec de l’œuvre des Philippistes de Wittenberg. Pour l’instant, enfin, l’électeur lui-même s’était convaincu du danger qui menaçait le luthéranisme par les insinuations que lui donnaient les princes et par les renseignements qu’il avait obtenus par des lettres interceptées. Les Philippistes furent bannis, leurs chefs jetés en prison, Peucer étant enfermé pendant douze ans. 1574-1586. Un service d’action de grâces dans toutes les églises et une médaille commémorative ont célébré l’éradication après J.-C. En Danemark, Nicolas Hemming, pasteur et professeur à Copenhague, distingué à la fois par une érudition adéquate et une riche activité littéraire, et par la douceur et la tempérance de caractère, et désigné par la douceur et la tempérance du caractère, et désigné par conséquent précepteur du Danemark, fut le chef reconnu de l’école mélanchtonienne. En tant qu’adversaire résolu de la doctrine de l’ubiquité, bien qu’il en fût autrement sur tous les points, et en particulier dans sa doctrine de la Cène du Seigneur, bon luthérien, il tomba sous le soupçon des gnésio-luthériens allemands en tant que cryptocalviniste, et fut donc combattu par eux. En apr. J.-C. En 1579, par ordre de l’électeur Auguste, son beau-frère, le roi de Danemark le destitua de ses fonctions à Copenhague, le nommant chanoine dans la cathédrale de Roeskilde, où en 15 apr. J.-C. Il mourut en 1600.
141.11. Le Pacte de Francfort, A.D. 1558, et l’Assemblée des Princes de Naumburg, A.D. 1561. — Après la honteuse issue de la Conférence de Worms de l’an 1561 . 1557 ( 137, 6), les princes protestants, les électeurs Auguste de Saxe, Joachim de Brandebourg et Otthéinrich du Palatinat, Philippe de Hesse, Christophe de Wurtemberg et le comte palatin Wolfgang, qui s’étaient réunis autour de l’empereur Ferdinand, se consultèrent sur les moyens qu’ils devaient employer pour assurer et confirmer l’unité menacée de l’Église évangélique d’Allemagne. Le résultat de leurs délibérations fut qu’ils acceptèrent de signer une déclaration rédigée par Mélanchthon et connue sous le nom de Pacte de Francfort, dans laquelle ils déclaraient de nouveau leur attachement unanime à la doctrine exposée dans l’Augustana, la Variata et la Saxonica (136, 8). et, en ce qui concerne les questions controversées qui avaient été discutées au sein de l’Église, ils se sont exprimés en termes modérés comme étant enclins aux vues de Melanchthon. Le parti flacien d’Iéna s’empressa d’exposer ses sentiments opposés dans le manifeste d’A.D. 1559, déjà mentionné, dans lequel le strict gnésio-luthéranisme a été établi de la manière la plus dure et la plus hardie possible. Les divisions qui s’élevèrent au sein de l’Église luthérienne après la mort de Mélanchthon et la réunion imminente du concile tridentin conduisirent les princes évangéliques d’Allemagne, qui, à l’exception de Philippe de Hesse, appartenaient tous à une nouvelle génération, une fois de plus, de tout mettre en œuvre pour rétablir l’unité par l’adoption d’une confession évangélique commune. Lors de l’assemblée des princes désignés pour se réunir à cet effet à Naumburg en l’an de J.-C. 1561, la plupart d’entre eux sont apparus personnellement. On ne songea pas à préparer une nouvelle confession, parce qu’on craignait qu’en ces temps d’agitation il ne fût impossible de rédiger un tel document, ou que, même s’ils y parvenaient, il ne comblât pas la brèche, mais l’élargissait. Il ne restait donc plus qu’à tenter de guérir le schisme en revenant au point de vue de la Confession d’Augsbourg. Mais alors la question s’est posée de savoir si la forme originale de l’énoncé de A.D. 1530, ou son élaboration ultérieure de l’an 1530 . 1540, doit être prise comme base des négociations d’union. — C’est du moins ce qu’on pouvait dire en faveur de cette dernière, qu’elle avait été adoptée à l’unanimité comme confession commune de tous les évangéliques d’Allemagne à la conférence de paix de Worms en A.D. 1540, où Calvin lui-même l’avait signé, et à Ratisbonne en 1540. 1541 ( 135, 2, 3) ; et maintenant Philippe de Hesse et Frédéric III. du Palatinat se prononça résolument en sa faveur. Mais le duc Jean-Frédéric de Saxe s’y opposa avec d’autant plus d’opiniâtreté, et fit tous ses efforts pour amener les autres princes à voter en faveur de la confession d’Augsbourg de l’ère chrétienne. Année 1530. Mais le désir du duc d’y ajouter les articles de Schmalcald ne trouva que très peu de faveur. Finalement, un compromis a été trouvé, en vertu duquel, dans une préface nouvellement rédigée, l’Apoll’Augustana, ainsi que l’édition de l’A.D . 1540, a été reconnu, tandis que les Articles de Schmalcald, ainsi que la Confessio Saxonica ( 136, 8) et le Pacte de Francfort, ont été passés sous silence. Jean-Frédéric exigea alors l’adoption d’une condamnation expresse des sacramentaires calvinisants. Cela a conduit à une discussion animée entre lui et son beau-père, l’électeur palatin. Il partit le lendemain sans avoir reçu son congédiement, laissant derrière lui une protestation acerbe. Ulrich de Mecklembourg refusa également de souscrire, mais se laissa finalement persuader de le faire. À la seizième session, deux légats pontificaux remirent personnellement aux princes un bref les invitant à assister au concile. Celui-ci, cependant, fut retourné sans l’ouvrir lorsqu’ils découvrirent dans l’adresse la formule habituelle, mais astucieusement dissimulée, « dilecto filio ». De même, la demande de l’ambassade impériale accompagnant les légats de participer au concile fut résolument rejetée, car cela signifierait non pas une révision, mais simplement une continuation des sessions précédentes du concile, au cours desquelles la doctrine évangélique avait déjà été définitivement condamnée.
141.12. La Formule de la Concorde, A.D. 1577. — Déjà depuis longtemps le savant chancelier Jac. Andreä de Tübingen travaillait sans relâche au rétablissement de la paix parmi les théologiens de l’Église luthérienne. Afin de gagner aussi l’ensemble des membres en faveur de la paix, il tenta dans six discours populaires, prononcés en A.D. 1573, pour les instruire sur les points en litige et sur les moyens appropriés pour surmonter ces différends. Il eut tant de succès dans ses efforts, qu’il se hasarda bientôt à proposer que ces conférences fussent la base de nouvelles négociations. Mais lorsque Martin Chemnitz, le théologien le plus distingué de son temps, les déclara impropres à cet usage, Andreä les transforma de nouveau, conformément aux suggestions critiques de Chemnitz, dans ce qu’on appelle la « concorde souabe ». Mais même sous cette forme, ils ne satisfaisaient pas les théologiens de Basse-Saxe. Les théologiens souabes, cependant, dans leurs critiques et leurs corrections, y avaient répondu à diverses déclarations, et dans l’A.D. En 1576, ils produisirent un nouveau plan d’union, rédigé par Luc Osiander, appelé la « formule de Maulbronn ». L’électeur Auguste de Saxe convoqua alors une assemblée théologique à Torgau, à laquelle, outre Andreä et Chemnitz, étaient également présents Chytrée de Rostock, ainsi que Körner et Andr. Musculus de Francfort-sur-l’Oder. Ils ont forgé la matière ainsi accumulée devant eux dans le « Livre de Torgau », de l’ère chrétienne. Année 1576. Sur ce livre aussi, les princes évangéliques émettent de nombreuses opinions, et maintenant, enfin, pour obéir à l’ordre des princes, Andreä, Chemnitz, Selnecker ( 142, 4), Chytrée, Musculus et Körner se retirèrent dans le cloître de Berg, à Magdebourg, afin de faire une dernière révision de tout ce qui se trouvait devant eux. C’est ainsi qu’est né, en A.D. 1577, le Livre de Berg ou la Formule de Concorde, sous deux formes différentes, d’abord dans le style le plus condensé possible dans ce qu’on appelle l’Epitome, puis plus complètement dans le document connu sous le nom de Solida declaratio. Ce document traitait de toutes les questions controversées qui avaient été agitées depuis J.-C. 1530 en douze articles. Il a exposé la doctrine de la personne du Christ, en mettant en évidence la théorie de l’ubiquité, comme base de la doctrine de la Cène, laissant cependant indéterminé, conformément à l’enseignement de Brenz, si l’ubiquité doit être considérée comme absolue ou relative, si seulement on soutient que le Christ, en ce qui concerne sa nature humaine, c’est pourquoi, à l’égard de son corps, il y a ubicunque velit, plus particulièrement dans la sainte Cène. On trouva aussi l’occasion de traiter des questions synergiques pour exposer la doctrine de la prédestination, bien qu’il n’y ait jamais eu de véritable controverse à ce sujet au sein de l’Église luthérienne. Luther, qui d’abord ( 125, 3) avait lui-même exprimé une doctrine particulariste de l’élection, s’était peu à peu éloigné de cette position. Il en était de même de Mélanchthon, seulement avec cette différence importante, que, tandis que Luther, par la suite comme par la suite, excluait toute espèce de coopération de l’homme dans la conversion, Mélanchthon se sentait obligé d’admettre un certain degré de coopération, que même la censure de Calvin lui-même ne pouvait le conduire à répudier. Lorsque la Formule de la Concorde, rejetant la synergie de la manière la plus décidée, affirmait que, depuis la chute, il ne restait même pas dans les hommes une étincelle, ne scintillula quidem, de puissance spirituelle pour l’appropriation libre et indépendante de la grâce offerte, elle était passée de la plate-forme de Mélanchthon à celle que Calvin, suivant le cours de la dure, avait faite. logique, avait été amené à adopter, dans l’affirmation d’une doctrine de la prédestination absolue. La formule était donc en grande partie en accord avec la spéculation de Calvin. Mais il refusa d’accepter les conclusions auxquelles le calvinisme était parvenu en déclarant que, bien que l’homme voulût de lui-même le pouvoir de s’emparer de la grâce divine et de coopérer avec elle de quelque manière que ce soit, il était néanmoins capable de lui résister et de refuser de l’accepter. C’est ainsi qu’elle a pu s’en tenir aux déclarations expresses de l’Écriture qui représentent Dieu comme voulant que tous les hommes soient sauvés, et le salut comme une œuvre absolue de la grâce, mais la condamnation comme la conséquence de la propre culpabilité de l’homme. Il considère le salut des hommes comme le seul objet de la prédestination divine, la condamnation comme un simple objet de la prescience divine. — Plus tard, on essaya de dissiper les scrupules qui prévalaient çà et là en s’assurant à Berg, en février de l’an J.-C. 1580, l’adoption d’une addition sous la forme d’une Præfatio rédigée par Andreä comme solution définitive de la controverse. Le caractère de ce nouveau document symbolique, selon son occasion et son but, n’était pas tant celui d’une exposition populaire pour l’Église, mais plutôt celui d’un traité théologique scientifique. Pour cette période d’excitation et de controverse, il est tout à fait remarquable et digne de grands éloges pour son bon sens, sa modération et sa circonspection, ainsi que pour l’exactitude et la clarté avec lesquelles il s’est acquitté de sa tâche. Le fait que neuf mille docteurs de l’Église y aient souscrit fournit une preuve suffisante qu’elle a accompli le but qu’elle se proposait. Le Danemark et la Suède, le Holstein, la Poméranie, la Hesse et l’Anhalt, en plus de huit villes, Magdebourg, Dantzig, Nuremberg, Strasbourg, etc., refusèrent de signer pour des motifs divers et souvent contradictoires. En apr. J.-C. 1581 Frédéric II de Danemark l’aurait en effet jeté au feu. Pourtant, dans les années suivantes, il a été adopté dans un grand nombre de ces régions, par exemple en Suède, dans le Holstein, en Poméranie, etc. L’électeur Auguste de Saxe, dans le Livre de la Concorde, a publié un recueil de tous les écrits confessionnels luthériens généraux qui, signés par cinquante et un princes et trente-cinq villes, ont été solennellement promulgués à l’occasion de l’anniversaire de la Confession d’Augsbourg, le 25 juin de notre ère. Année 1580. C’est ainsi que toute l’Église luthérienne d’Allemagne obtint un corpus doctrinæ commun, et les nombreux recueils de documents confessionnels et doctrinaux reconnus par l’Église, que les Églises nationales jusque-là séparées avaient rédigés à cet effet, perdirent désormais leur autorité.
141.13. Deuxième étape du cryptocalvinisme, A.D. 1586-1592. — Cependant, une fois de plus, les efforts calvinistes des Philippistes furent renouvelés dans l’électorat de Saxe, sous le successeur d’Auguste, Christian Ier, qui avait obtenu cette position en J.-C. 1586, par ses relations avec la famille du comte palatin. Son chancelier, Nicholas Crell, remplissait les fonctions de pasteurs et d’enseignants d’hommes de ses propres opinions, abolissait l’exorcisme au baptême et avait même commencé la publication d’une Bible avec un commentaire calvinisant à la mort de Christian, en J.-C. Année 1591. Le duc Frédéric-Guillaume d’Altenbourg, en tant que régent pendant la minorité, réintroduisit immédiatement un luthéranisme strict et, en prévision d’une visite à l’église, fit compiler une nouvelle norme de doctrine anti-calviniste dans les soi-disant Articles de la Visitation de J.-C. 1592, que tous les officiers civils et ecclésiastiques de Saxe étaient tenus d’accepter. En bref, des thèses et des antithèses claires et bien définies exposaient les différences doctrinales sur la Cène, la personne du Christ, le baptême et l’élection. En ce qui concerne le baptême, la doctrine anti-calviniste a été promulguée, selon laquelle la régénération a lieu par le baptême, et que, par conséquent, chaque baptisé est régénéré. Le plus important parmi les compilateurs de ces Articles de Visitation fut Ægidius Hunnius, appelé peu de temps auparavant à Wittenberg, après avoir, depuis J.-C. De 1576 à 1592, en tant que professeur à Marbourg, il s’opposa de toutes ses forces au calvinisme de la Hesse. Il avait aussi, par sa défense de la doctrine de l’ubiquité, dans sa « Confession de la doctrine de la personne du Christ » en allemand, en A.D. 1577, et son traité latin, « Libelli IV. de pers. Chr. ejusque ad dexteram sedentes divina majestate », dans A.D. En 1585, il se montra un ardent défenseur du luthéranisme strict. Il mourut en apr. J.-C. Cependant l’infortuné chancelier Crell, qui s’était rendu odieux aux luthériens comme le promoteur et le principal instigateur de toutes les mesures calvinisantes de l’électeur défunt, et qui plus encore par son intervention énergique dans les usurpations des nobles, subit un emprisonnement de dix ans dans la forteresse de Königstein, et fut alors, après un procès conduit de la manière la plus arbitraire, déclaré traître et ennemi de la paix publique, et exécuté en A.D. Année 1601.
141.14. La controverse Huber, A.D. 1588-1595.―Samuel Huber, pasteur réformé dans le canton de Berne, fut impliqué dans une controverse avec Wolfgang Musculus au sujet de la doctrine de l’élection. Allant même au-delà de la doctrine luthérienne, il affirmait que tous les hommes sont prédestinés au salut, bien que par leur propre faute tous ne soient pas sauvés. Banni de Berne en A.D. En 1588, après une dispute avec Bèze, il entra dans l’église luthérienne et devint pasteur à Wurtemberg. Ici, il accusa le professeur Gerlach de cryptocalvinisme, parce qu’il enseignait que seuls les croyants sont prédestinés au salut. La controverse fut interrompue par son appel à Wittenberg. Mais même ses collègues de Wittenberg, Polic. Leyser et Ægidius Hunnius, tombèrent sous le soupçon de cryptocalvinisme, et furent en conséquence combattus par lui. Lorsque toutes les disputes et les conférences eurent échoué à lui faire abandonner sa doctrine, et que des partis commencèrent à se former parmi les étudiants, il fut, en A.D. 1594, retiré de Wittenberg. Avec une rancœur croissante, il continua la controverse et erra à travers l’Allemagne pendant de nombreuses années afin de s’assurer un soutien à sa théorie, mais sans succès. Il mourut en apr. J.-C. Année 1624.
141.15. La controverse Hofmann à Helmstadt, A.D. 1598. — La grande influence que l’étude de la philosophie aristotélicienne en liaison avec celle de l’humanisme obtint dans l’Université Julius fondée à Helmstadt en J.-C. 1576, semblait à son professeur de théologie, Daniel Hofmann, menacer de nuire à l’étude théologique et d’être préjudiciable à la pure doctrine luthérienne. Il s’attacha donc aux Romistes ( 143, 6), et profita de l’occasion de l’attribution des grades de docteur pour prononcer une violente invective contre les incursions de la raison et de la philosophie dans le domaine de la religion et de la révélation. En conséquence, ses collègues philosophes se plaignirent de lui au sénat comme d’un reproche à la raison et d’un outrage à leur faculté. Ce tribunal l’obligea à se rétracter et à s’excuser, puis le priva de son poste de professeur de théologie.
En ce qui concerne aussi la constitution ecclésiastique, en s’en tenant fermement au point de vue et à l’élaboration du système qu’elle avait esquissé dans sa confession et son enseignement doctrinal, l’Église luthérienne cherchait à servir de médiateur entre les extrêmes, bien que, au milieu des tempêtes de l’extérieur et de l’intérieur qui la menaçaient, ce soit précisément à ce moment-là qu’elle ait le moins réussi. Elle reflétait son caractère plus clairement et plus nettement dans l’ordre de son culte que dans sa constitution. — La Réforme assouplit enfin cette interdiction hiérarchique qui, pendant des siècles, avait imposé une restriction absolue au chant de l’assemblée et avait exclu l’usage de la langue vernaculaire dans les services de l’église. Même dans les limites de l’époque de la Réforme, le chant d’église allemand atteignit un degré d’excellence si merveilleux, qu’il fournit la preuve la plus convaincante de la plénitude, de la puissance et de la spiritualité, de l’élévation authentique et de l’enthousiasme nouveau de la vie spirituelle de cette époque. La poésie sacrée de l’Église est la confession du peuple luthérien, et elle a accompli plus que la prédication pour étendre et approfondir la vie chrétienne de l’Église évangélique. À peine un chant sacré de ce genre fut-il sorti du cœur du poète, qu’il fut partout repris par le peuple chrétien du pays, et devint familier à toutes les lèvres. Elle pénétrait dans toutes les maisons et dans toutes les églises, était chantée devant les portes, dans les ateliers, sur les places de marché, dans les rues et dans les champs, et gagnait d’un seul coup des villes entières à la foi évangélique. L’attention fidèle aux intérêts spirituels de leur peuple, la prédication éthique vigoureuse et les efforts zélés de leurs pasteurs pour promouvoir l’instruction des jeunes, ont créé chez eux une crainte saine et sincère de Dieu, sans l’application d’un système très sévère de discipline ecclésiastique, un attachement complet et authentique à l’Église. La science théologique prospérait surtout dans les universités de Wittenberg, de Tübingen, de Strasbourg, de Marbourg et d’Iéna.
142.1. La constitution ecclésiastique de l’Église luthérienne était théoriquement juste, bien qu’en pratique et en théorie on pût signaler de nombreux défauts. Il s’agissait au moins d’une protestation contre tout mélange ou subordination de l’un ou de l’autre dans ces deux domaines. En raison des besoins urgents de l’Église, les princes et les magistrats, en qualité d’évêques d’urgence, se chargeaient de l’administration suprême et de la direction des affaires ecclésiastiques, et transféraient l’exercice de ces droits et de ces devoirs à des conseils spéciaux appelés consistoires, composés de membres laïcs et ecclésiastiques, qui devaient avoir juridiction sur le clergé, l’administration de la discipline, et l’organisation et l’application des lois sur le mariage. Ce qui avait été introduit simplement comme une nécessité dans l’état troublé de l’Église à cette époque en vint peu à peu à être revendiqué comme un droit prescriptif. Selon le système épiscopal, le seigneur territorial en tant que tel prétendait avoir rang et agir en tant que summus episcopus. Après avoir introduit quelques modifications prudentes et absolument indispensables, le droit canonique a en fait laissé intact le fondement de la jurisprudence. La restauration de l’idée biblique d’un sacerdoce universel de tous les croyants ne tolérerait pas le maintien de la théorie d’une distinction essentielle entre le clergé et les laïcs. Le clergé fut proprement désigné comme serviteur, ministri, de l’église, de la parole, de l’autel, et toutes les restrictions qui avaient été imposées au clergé, et qui le distinguaient en tant qu’ordre, furent supprimées. On renonça aux distinctions hiérarchiques au sein du clergé, par opposition à l’esprit du christianisme ; mais l’avantage d’une superordination et d’une subordination à l’égard des seuls droits de l’homme, dans l’institution de charges telles que celles de surintendants, de prévôts, etc., a été reconnu. — Les biens ecclésiastiques ont été souvent détournés de l’Église et arbitrairement appropriés par la cupidité et la rapacité des princes et des nobles, mais encore en grande partie, surtout en Allemagne. Il demeurait en possession de l’Église, sauf dans la mesure où il était appliqué à la dotation des écoles, des universités et des institutions charitables. Les monastères tombèrent sous le coup d’un sort qu’ils avaient amplement mérité à cause de leur corruption. Il ne fallait pas songer à rétablir de tels établissements dans un esprit évangélique dans une période de convulsion et de révolution. — Suite, 165, 5.
142.2. Le culte public et l’art.—Tandis que l’ordre du culte catholique romain était dominé presque entièrement par la fantaisie et le sentiment, et que celui de l’église réformée principalement par la raison, l’église luthérienne cherchait à combiner ces deux caractéristiques dans ses services. Dans le culte romain, tous faisaient appel aux sens, et dans celui des églises calvinistes, tous faisaient appel à l’intelligence ; mais dans le culte luthérien, les deux côtés de la nature humaine étaient pleinement reconnus, et une place proportionnée était assignée à chacun. L’unité de l’Église n’était pas considérée comme résidant dans l’uniformité rigide des formes de culte, mais dans l’unité de la confession. Les autels ornés de cierges et de crucifix, ainsi que toutes les images qui pouvaient se trouver dans les églises, étaient autorisés à rester, non pas comme objets de culte, mais plutôt pour aider à exciter et à approfondir la dévotion. La liturgie était étroitement calquée sur le rituel romain de la messe, à l’exclusion de tous les éléments non évangéliques. La prédication de la parole a été érigée en point central de tout le service public. Le style de prédication de Luther, dont la noble et puissante popularité n’a probablement jamais été égalée depuis, certainement jamais surpassée, était le modèle et le modèle que les autres prédicateurs luthériens se sont fixés. Parmi ceux-ci, les plus célèbres étaient Ant. Corvin, Justus Jonas, George Spalatin, Bugenhagen, Jerome Weller, John Brenz, Veit Dietrich, J. Mathesius, Martin Chemnitz. Il a été établi comme absolument essentiel à l’idée du culte public, que la congrégation y prendrait part et que la langue commune du peuple serait exclusivement employée. L’adoration du sacrement sur l’autel, ainsi que le service romain de la messe, ont été mis de côté comme non évangéliques, et le sacrement de la Cène devait être administré à toute l’assemblée sous les deux espèces. D’autre part, il était admis que le baptême était nécessaire et qu’il pouvait et devait être administré en cas de besoin par des laïcs. La formule habituelle de l’exorcisme dans le baptême fut d’abord maintenue sans contestation, et bien que Luther lui-même n’y attachât pas une grande importance, les gnésio-luthériens ultérieurs s’opposèrent à toute tentative pour en assurer l’interruption, car elles représentaient un goût de cryptocalvinisme. Cependant, il ne faut pas oublier que des représentants orthodoxes du luthéranisme tels que Hesshus, Ægidius Hunnius et Martin Chemnitz, ainsi que plus tard John Gerhard, Quenstedt et Hollaz, n’étaient favorables qu’à ce qu’elle soit autorisée, mais non à ce qu’elle soit considérée comme nécessaire. Spener se déclara de nouveau résolument en faveur de sa suppression, et au XVIIIe siècle, elle passa sans aucune opposition sérieuse en désuétude dans presque toute l’Église luthérienne, jusqu’à ce qu’elle soit réintroduite au XIXe siècle par les Vieux-Luthériens (176, 2). Les fêtes ecclésiastiques se limitaient à la célébration des faits de la rédemption ; seules les fêtes de Marie et des saints ont été retenues qui avaient un fondement légitime dans l’histoire de la Bible ; par exemple, les jours des apôtres, l’annonciation de Marie, le jour de la Saint-Michel, le jour de la Saint-Jean, etc. Luther tenait l’art en haute estime, en particulier la musique. Lucas Cranach, mort en A.D. 1553, Hans Holbein, père et fils, et Albert Dürer, mort en 1553 . En 1528, ils mettent leur art de peintre au service de l’Évangile et ornent les églises de tableaux beaux et réfléchis.
142.3. Chant d’église.—Le caractère commun aux chants sacrés de l’église luthérienne du seizième siècle est qu’ils sont parfaitement adaptés aux fins de la congrégation et qu’ils sont vraiment populaires. Ce sont des chants de foi et de credo, avec une empreinte claire d’objectivité. Ceux qui les écrivent ne décrivent pas leurs sentiments subjectifs, ni leurs expériences individuelles, mais ils laissent l’Église elle-même exprimer par leur bouche sa foi, son réconfort, son action de grâces et son adoration. Mais ce sont aussi de véritables chants du peuple ; Vrai, simple, chaleureux, lumineux et audacieux dans l’expression, rapide dans le mouvement, pas d’immobilité et de regard en arrière, pas de peinture et de description élaborées, pas de démonstration et d’enseignement subtils. Même dans leur forme extérieure, ils ressemblent beaucoup aux vieilles épopées allemandes et à la ballade historique populaire, et étaient destinés avant tout non seulement à être lus, mais à être chantés, et cela par toute l’assemblée. Vers la fin du XVIIe siècle, les autorités ecclésiastiques commencèrent à introduire des livres de cantiques dans les différentes provinces. Auparavant, il n’y avait eu que des recueils privés de chants sacrés, et les hymnes ne se distinguaient que par les paroles de la première ligne ; et ils étaient si largement connus, que leur mention suffisait pour que l’hymne ainsi désigné soit chanté par l’assemblée présente à l’office public. Parmi tous les poètes sacrés de cette époque, Luther occupe une place prééminente. Ses trente-six hymnes ou poèmes sacrés appartiennent à cinq classes différentes.
Après Luther, les auteurs d’hymnes les plus célèbres de l’église luthérienne du XVIe siècle sont Paul Speratus, réformateur en Prusse, mort en J.-C. 1554 ; Nicolas Dèce, d’abord moine, puis pasteur évangélique à Stettin vers J.-C. Année 1524. Paul Eber, professeur et surintendant à Wittenberg, mort en 1944. 1569, auteur des hymnes « Quand à l’heure du plus grand besoin » ; « Seigneur Jésus-Christ, vrai Homme et vrai Dieu », et l’un d’entre eux est une paraphrase de notre célèbre « Jésus, Ton sang et Ta justice ».406 Hans Sachs, cordonnier à Nuremberg, mort en J.-C. 1567, écrit pendant la famine dans cette ville en A.D. 1552 l’hymne : « Pourquoi es-tu ainsi abattu, mon cœur ? » John Schneesing, pasteur à Gothaschen, mort en apr. J.-C. 1567, a écrit : « Seigneur Jésus-Christ, en Toi seul. » Jean Mathesius, recteur et diacre de Joachimsthal, qui a également prononcé des sermons sur la vie de Luther, est mort en J.-C. En 1565, il écrivit un bel hymne matinal et d’autres douces pièces sacrées. Nicholas Hermann, mort en A.D. En 1561, chantre à Joachimsthal, il écrivit les sermons de Mathesius dans des hymnes : « Le soleil heureux, tout est parti », l’hymne funéraire : « Maintenant, taisez vos cris, et ne versez pas de larmes », etc. Michael Weisse clôt la série des auteurs d’hymnes de l’époque de la Réforme. Il était un pasteur allemand en Bohême, traducteur et éditeur des chants sacrés des Hussites de Bohême, et mort en J.-C. Année 1540. Il a écrit « Le Christ Seigneur est ressuscité » et l’hymne funéraire auquel Luther a ajouté un verset : « Maintenant, nous nous couchons tranquillement dans la tombe. »407
142.4. Dans la période qui suit immédiatement, à partir de l’apr. J.-C. 1560 à J.-C. En 1618, nous rencontrons de nombreux poètes qui écrivent sur des thèmes sacrés en rimes doggerel. Même ceux qui sont poètes par don naturel, et inspirés de la grâce divine, sont beaucoup trop prolifiques ; Mais ils nous ont légué une véritable richesse de beaux chants d’église, caractérisés par une saine objectivité, une simplicité enfantine et une singulière faculté de faire appel au cœur des grandes masses populaires. Mais une tendance commence déjà à se manifester dans le sens de cette subjectivité excessive qui fut le vice des auteurs d’hymnes dans la période suivante ; L’élément doctrinal devient également de plus en plus important, ainsi que l’application à des circonstances et à des occasions particulières de la vie ; Mais la confession de foi objective est toujours prédominante. Parmi les poètes sacrés de cette période, les plus importants sont Bartholmaus Ringwaldt, pasteur de Brandebourg, mort en 1944. 1597, auteur de « 'Cis sure that awful time will come » ; Nicolas Selnecker, enfin surintendant à Leipzig, qui mourut en A.D. 1592, comme le soupçonnait jadis l’érudit de Mélanchthon de cryptocalvinisme, mais, après qu’il eut pris part à la composition de la formule de concorde, objet de la haine la plus acharnée et de la persécution constante de la part des cryptocalvinistes de Saxe : il écrivit : « O Seigneur mon Dieu, je crie vers toi » ; Martin Schalling, pasteur à Ratisbonne et à Nuremberg, mort en J.-C. 1608, écrivait : « Seigneur, tout mon cœur est fixé sur Toi » ; Martin Böhme ou Behemb, pasteur en Lusace, mort en A.D. 1621, auteur de « Seigneur Jésus-Christ, ma Vie, ma Lumière ». La série se termine avec Philip Nicolai, un opposant violent et déterminé au calvinisme, qui fut plus tard pasteur à Hambourg, et mourut en J.-C. Année 1608. Sa poésie vigoureuse et rythmée, avec sa profonde nuance de douceur, est dans une certaine mesure calquée sur le Cantique des Cantiques. Il a écrit : « Réveillez-vous, réveillez-vous, car la nuit s’envole » ; le choral de « Saint Paul » de Mendelssohn, « Dormeurs, réveillez-vous, une voix vous appelle », est une traduction du même morceau.
142.5. Chant choral.—Le chant de l’assemblée, que la Réforme a fait partie intégrante du culte évangélique, était essentiellement une reproduction du mode ambrosien (59, 5) sous une forme plus pure et avec une plénitude plus riche. Il se distinguait du style grégorien par le fait qu’il ne s’agissait pas du chant d’un chœur de prêtres, mais du chant populaire de toute l’assemblée. Le nom de chant choral, cependant, a été maintenu et est devenu la désignation technique et appropriée du nouveau mode. Il se distingue encore du mode grégorien par cette autre caractéristique, qu’au lieu de chanter dans un ton monotone uniforme de notes simples de même longueur, il introduit un rythme plus riche avec une modulation plus vive. Et, enfin, il se caractérise par l’introduction de l’harmonie à la place de l’unisson habituel. Mais, d’un autre côté, le chant choral peut être considéré comme un renouvellement de l’ancien cantus firmus, tout en mettant de côté le style de musique profane et les artifices du contrepoint et l’ornementation élaborée dont le faux goût du Moyen Âge l’avait recouvert d’un faux goût. L’assemblée chantait le cantus firmus ou mélodie à l’unisson, les chanteurs du chœur lui donnaient l’accompagnement d’une harmonie. À l’époque de la Réforme, l’orgue servait de support et n’accompagnait que dans une musique élaborée et de grande classe. Mais la mélodie était jouée dans une tonalité moyenne, qui, en tant que voix principale, s’appelait Ténor. Les mélodies des nouveaux hymnes d’église ont été obtenues, en partie par l’adaptation des anciens airs pour les hymnes et les séquences latines, en partie par l’appropriation d’airs populaires médiévaux, en particulier chez les Frères de Bohême, en partie aussi et surtout par l’utilisation libre des airs de chansons populaires de l’époque, auxquels personne n’a fait aucune objection. car, en effet, les chants spirituels étaient souvent des parodies des chants populaires dont les airs étaient utilisés pour l’usage de l’église. Les quelques mélodies originales de cette époque ont été pour la plupart composées par les auteurs des hymnes eux-mêmes ou par les chanteurs, et ont été le résultat de la même inspiration que celle qui avait suscité les poèmes. Ils ont donc rarement été égalés en termes d’impression, d’éclat spirituel et de puissance par les productions plus artistiques des temps ultérieurs. La connaissance des nouvelles mélodies était répandue parmi le peuple par des chanteurs ambulants, des garçons de chœur dans les rues et des joueurs de cornet de la ville. Des chanteurs ou de ceux qui ont adapté les mélodies, il faut distinguer les compositeurs qui, en tant que musiciens techniques, ont arrangé l’harmonie et l’ont mise en place sous une forme adaptée à l’usage religieux. George Rhaw, chantre à Leipzig, plus tard imprimeur à Wittenberg, et Hans Walter, maître de chapelle de l’électeur, tous deux amis intimes de Luther, comptaient parmi les compositeurs les plus célèbres de leur temps. La musique d’église évangélique atteint son point culminant vers la fin du XVIe siècle. Le grand compositeur de musique, John Eccart, qui fut plus tard maître de chapelle à Berlin, et qui mourut en A.D. 1611, fut l’agent le plus actif pour assurer cette perfection de son art. Afin de rendre la mélodie plus claire et plus distinctement entendue, elle a été transférée de la voix moyenne, le ténor, à la voix supérieure ou aiguë. Les autres voix s’accordaient maintenant comme de simples accords à côté de la mélodie, et l’orgue, qui avait été presque perfectionné par l’introduction de nombreuses améliorations importantes, entrait maintenant dans l’usage général avec son harmonie complète, pure, riche et exacte, comme support et accompagnement du chant de l’assemblée. La distinction entre chanteurs et compositeurs s’est également de plus en plus estompée. Le chant artistique habile a ainsi été mis en relation plus étroite avec le chant de l’assemblée, et la puissance créatrice, à partir de laquelle une abondante offre de mélodies originales a été produite, a grandi et s’est développée d’année en année.
142.6. La science théologique. — Dans la mesure où la Réforme avait son origine dans la parole de Dieu et s’appuyait sur ce seul fondement, les théologiens de la Réforme étaient obligés d’accorder une attention particulière aux études bibliques. John Förster, mort en 1944. 1556, et Jean Avenarius, mort en 1556 . En 1576, tous deux de Wittenberg, ont compilé des lexiques hébraïques, qui incorporaient les résultats d’enquêtes indépendantes. Matthias Flacius, dans son Clavis Scr. s., a fourni ce qui, pour l’époque, était une aide très utile à l’étude de l’Écriture. La première partie donne par ordre alphabétique une explication des mots et des formes de discours de l’Écriture, la seconde forme un système d’herméneutique biblique. L’exégèse proprement dite a trouvé de nombreux représentants. Luther lui-même, incontestablement, occupe le premier rang dans ce domaine. Après lui, les exégètes luthériens les plus importants de cette époque sont pour le Nouveau Testament, Melanchthon ; Victorin Strigel, qui a écrit Hyponm. in Novum Testamentum ; Flacius, avec ses Glossa compendiaria in Novum Testamentum ; Joachim Camerarius, avec ses Notationes in Nov. Testamentum ; Martin Chemnitz, avec son Harmonia IV. Evangeliorum, continué par Polic. Leyser, et enfin complété par Jean Gerhard : pour l’Ancien Testament, en particulier Jean Brenz, dont les commentaires méritent encore d’être consultés. Les nombreux commentaires de l’ordre complet, compilés par David Chytræus de Rostock, qui mourut en 1914, sont moins importants . Année 1600. La série des dogmatiques luthériens s’ouvre avec Melanchthon, qui publia ses Loci communes en apr. J.-C. Année 1521. Martin Chemnitz, dans ses Loci theologici, a contribué à un commentaire admirable de l’œuvre de Melanchthon, et il est rapidement devenu le traité dogmatique standard reconnu dans l’église luthérienne. En apr. J.-C. En 1562, il publia son Examen Conc. Trident, dans lequel il combattait la doctrine romaine avec autant d’érudition et de rigueur que de bon sens, de douceur et de modération. La théologie polémique a été engagée avec une grande vigueur au milieu des nombreuses controverses internes et externes, souvent menées avec une passion et une amertume intenses. Dans le département de l’histoire de l’Église, nous avons l’œuvre gigantesque des centuriateurs de Magdebourg, résultat du projet audacieux de Matthias Flacius. Par son Catalogus testium veritatis, il avait déjà avancé des preuves pour montrer qu’à aucun moment de son histoire l’Église n’avait été dépourvue de héros de foi éclairés et pieux, qui avaient poursuivi la continuité historique ininterrompue de la vérité évangélique, et assuré ainsi une succession ininterrompue depuis l’Église apostolique primitive jusqu’à celle du seizième siècle. 159, n° 4.
142.7. Littérature nationale allemande. — La Réforme s’est produite à une époque où la poésie et la littérature nationale de l’Allemagne étaient dans un état de profonde prostration, sinon d’effondrement total. Mais elle a entraîné un réveil des forces créatrices dans la vie nationale et intellectuelle du peuple. Sous l’influence et l’impulsion de l’exemple de Luther lui-même, une nouvelle littérature en prose, inspirée par un esprit large et libéral, comme l’expression d’une nouvelle vision du monde, a vu le jour, ce qui a conduit les Allemands à penser et à enseigner en allemand. C’est surtout le frottement intellectuel du contact d’un esprit nouveau avec un autre à l’égard des questions agitées dans le mouvement de la Réforme qui a donné aux écrits satiriques de l’époque cet éclat, cette pointe et cette popularité qui, dans l’histoire de la littérature allemande, n’ont pas été atteints auparavant et n’ont jamais été atteints depuis. Dans d’innombrables feuilles fugitives, dans les formes les plus diverses de style et de langage, dans la poésie et la prose, en latin et en allemand, ces satires répandaient le mépris et le mépris contre et en faveur de la Réforme. Comme nous l’avons du côté catholique Thomas Murner (125, 4), et du côté réformé Nicolas Manuel ( 130, 4), nous avons donc du côté luthérien John Fischart, qui surpasse de beaucoup les deux premiers, et même le plus grand satiriste que l’Allemagne ait encore produit. C’est à lui que l’on doit surtout le flot presque incessant de satires anonymes du XVIe siècle. Il appartenait, comme Sebastian Brandt et Thomas Murner, à Strasbourg, fut longtemps avocat à la cour royale de justice de Spires, et mourut en A.D. Année 1589. Sa veine satirique s’exerça d’abord sur les questions ecclésiastiques : « Le Corbeau de la nuit (Rabe) et le Corbeau encapuchonné », contre un certain J. Rabe, devenu catholique. « Sur la jolie vie de saint Dominique et de saint François », effusion injurieuse contre les dominicains et les franciscains. « La Ruche de l’essaim romain », la plus connue de toutes ses satires, une élaboration indépendante et originale du thème du livre du même nom de Philip von Marnix (139, 12). « La chauve-souris à quatre cornes des jésuites », en rimes, la satire la plus cinglante, la plus spirituelle et la plus cinglante qui ait jamais été écrite contre les jésuites. Puis il s’est tourné vers des sujets profanes. Sa « Ruche » peut être considérée comme une pièce complémentaire du « Bouffon luthérien » de Murner ; mais surpassant cette production passionnément sévère par l’esprit, l’esprit et le sarcasme brillant et rieur, il est tout aussi certain de remporter la prééminence et de remporter la victoire. Parmi les poètes profanes de ce siècle, le cordonnier de Nuremberg, Hans Sachs, mort en 1944. 1576, admirable spécimen du bourgeois luthérien, tient le premier rang. En tant que ménestrel, il est presque aussi insignifiant que n’importe lequel de ses contemporains, mais il excelle remarquablement dans l’interprétation poétique de nombreux contes, légendes et traditions par sa drôlerie naïve, sa bonté honnête et sa vigueur et son style frais et vif. Il laisse derrière lui 208 comédies et tragédies, 1 700 contes humoristiques, 4 200 lays et ballades. Il a donné un salut lumineux et joyeux à la Réforme en J.-C. 1523 dans son poème, « Le rossignol de Wittenberg », et par là il contribua aussi beaucoup à promouvoir et à recommander l’introduction des enseignements de la Réforme parmi ses concitoyens.
142.8. Pour les missions auprès des païens, très peu de choses ont été faites pendant cette période. La raison de cela n’est en effet pas loin à chercher. L’Église luthérienne estimait que les affaires intérieures avaient la première et, dans l’intervalle, une revendication totale de son attention et de son énergie. Elle n’avait pas l’appel qu’avait l’Église catholique romaine, par suite de ses relations politiques et commerciales avec des pays lointains, à poursuivre des missions dans les pays païens, ni les moyens de mener des entreprises telles que celles dans lesquelles les ordres monastiques étaient engagés. Pourtant, nous trouvons les prémices d’une mission luthérienne même dans cette première période, car Gustave Vasa de Suède fonda, en J.-C. 1559, une association pour porter l’Évangile aux Lapons négligés et ignorants.408
Le lien étroit que toutes les Églises nationales luthériennes avaient obtenu en leur possession d’une confession commune manquait à l’Église réformée, dans la mesure où chaque Église nationale y avait rédigé sa propre confession. La victoire du dogmatique calviniste sur le zwinglien dans l’Église mère suisse (138, 7) n’était pas sans influence sur les autres Églises nationales réformées ; et le calvinisme, en partie dans toute sa rigueur et sa sévérité, en partie sous une forme plus ou moins modifiée, sans s’exprimer dans un symbole commun, formait désormais un lien d’union et une norme commune pour les attaques contre la dogmatique luthérienne. L’origine de la divergence qui s’éleva entre le zwinglianisme et le calvinisme dans le domaine de la constitution ecclésiastique fut tout à fait semblable. Dans ce cas aussi, la victoire a été remportée par l’organisation calviniste. Son idéal englobait la restauration de la constitution presbytérale et synodale apostolique primitive, ainsi que l’indépendance inconditionnelle de l’Église vis-à-vis de l’État. Cela s’avéra beaucoup plus acceptable que la théorie qui, sous les auspices de Zwingli, avait été adoptée en Suisse allemande, selon laquelle le gouvernement ecclésiastique et l’administration de la discipline étaient mis entre les mains des magistrats civils chrétiens. Cependant, un système rigide de discipline pénitentielle ecclésiastique était appliqué de tous côtés à la vie publique et privée de tous les membres de l’Église. Sous une telle discipline, la communauté en vint généralement à présenter une image de moralité singulièrement pure et correcte, et il n’est pas rare que nous voyions un développement remarquable d’un caractère moral élevé. Il a favorisé la noble confiance de l’esprit martyr, qui en effet n’a que trop souvent couru dans les extrêmes et a fait un usage injustifiable des précédents et des modèles de l’Ancien Testament. En ce qui concerne le culte, l’église réformée, avec sa forme de service la plus simple possible, dépouillée de toute pompe et de toute cérémonie, présente le contraste le plus complet et le plus marqué avec le culte magnifique et richement cérémoniel de l’église catholique romaine. 6), dans presque tous les détails relatifs à la constitution, au culte, à la discipline et aux coutumes, a complètement rompu son lien avec les caractéristiques distinctives de l’Église réformée, et s’est allié aux formes et aux cérémonies traditionnelles de l’Église catholique romaine. D’autre part, en ce qui concerne le dogme, elle se rapproche, à plusieurs égards, de l’opinion de l’Église luthérienne, dans son attitude médiatrice. Mais les puritains qui se séparaient de l’Église anglicane, ainsi que de la stricte Église presbytérienne d’Écosse, s’appropriaient d’autant plus rigide et exclusive le rigorisme du modèle genevois, tant en ce qui concerne le culte que la doctrine.
143.1. La constitution ecclésiastique. — De même que, dans l’Église luthérienne, les chefs ecclésiastiques avaient été poussés par la nécessité à se soumettre à ce qu’on appelle le super-épiscopat des princes, il arriva aussi ici, en Suisse allemande, que, sous la pression des circonstances, ce pouvoir, ainsi que la discipline ecclésiastique et l’infliction des censures ecclésiastiques, furent mis entre les mains des magistrats. Sur l’ordre de Zwingli et d’Œcolampadius, on fonda à Zurich, en A.D. 1528, et à Bâle en 1528 . 1530, synodes se tiendront chaque année pour les visites de l’église. Tous les pasteurs de la ville et du district devaient y assister, et un ou plusieurs hommes honorables devaient être nommés dans chaque congrégation, afin d’examiner et de disposer de toutes les plaintes qui pourraient être faites contre la vie et la doctrine de leurs pasteurs. Mais l’intention des deux réformateurs de donner à cette institution une influence dominante dans le gouvernement de l’Église et dans l’organisation ecclésiastique fut contrecarrée par suite de la jalousie avec laquelle les magistrats au pouvoir s’accrochaient à l’autorité qui leur avait été assignée en matière ecclésiastique. À Genève, au contraire, l’énergie inflexible de Calvin réussit, après de longues et pénibles luttes (138, 3, 4), en transférant des magistrats le gouvernement de l’Église, ainsi que la discipline ecclésiastique et l’imposition des censures, auxquelles ils prétendaient là aussi, à un consistoire fondé par lui, composé de six pasteurs et de douze anciens ou presbytres laïcs, qui était suprême dans son propre domaine, et libre de toute ingérence de la part des autorités civiles, tandis que les magistrats étaient tenus d’exécuter des peines civiles sur ceux qui étaient excommuniés par le tribunal ecclésiastique. L’introduction de cette constitution presbytérale dans les Églises nationales réformées a dû contribuer dans une large mesure à leur extension et au maintien de l’unité de l’Église nationale. À la tête de chaque congrégation s’élevait désormais un presbytère, appelé consistoire français, composé de pasteurs et d’anciens, ces derniers ayant été choisis soit directement par la congrégation, soit par le magistrat local selon les votes de la congrégation, puis ils furent également autorisés à augmenter leur propre nombre. De nouveau, les prêtres d’une circonscription particulière étaient groupés en classes dites « classes », avec un modérateur choisi pour la circonstance ; et aussi, un synode classique annuel, composé d’un pasteur et d’un ancien laïc choisis dans chacun des consistoires. De même, à des intervalles plus longs, ou au moment où la nécessité l’exigeait, des synodes provinciaux ont été convoqués, composés de députés de plusieurs synodes classiques ; et parmi ses membres étaient choisis des représentants au synode général ou national, qui constituait la plus haute autorité législative pour toute l’Église nationale.409
143.2. Culte public. — Zwingli voulut d’abord supprimer les cloches d’église, l’orgue et la psalmodie d’église, et Calvin lui-même ne tolérait pas les autels, les crucifix, les images et les cierges dans les églises. Il les considérait comme contraires à la loi divine révélée dans le décalogue, dans la mesure où le commandement qui se tenait proprement en second comme une loi distincte et séparée, bien qu’il fût sorti de l’énumération habituelle chez les catholiques et les luthériens, était compris comme interdisant l’usage des images. Les églises ont été réduites à des lieux nus et sans ornements pour la prière et des salles de réunion pour la prédication, et de simples tables de communion ont pris la place des autels. S’agenouiller, comme un cérémonial, était écarté ; la fraction du pain a de nouveau été introduite dans l’administration de la Cène du Seigneur comme formant une partie importante du symbolisme ; la confession privée a été abolie ; l’exorcisme au baptême, ainsi que le baptême en cas d’urgence comme une chose nécessaire, a été abandonné ; la liturgie a été réduite à de simples prières prononcées, non chantées, et d’un purisme littéraliste, l’habituel Vater unser a été changé en Unser Vater. Les fêtes furent réduites au plus petit nombre possible, et l’on ne célébra que les principales fêtes chrétiennes, Noël, Pâques, Pentecôte ; tandis que la fête du dimanche était observée avec presque la rigueur de l’Ancien Testament pour l’observance du sabbat. 1542, fut particulièrement actif. En apr. J.-C. En 1536, il publia une petite psalmodie, avec quelques psaumes bibliques sur des mélodies luthériennes. À la demande de Calvin, Clément Marot a mis en musique un bon nombre de Psaumes sur des airs populaires français en A.D. 1541-1543 ; Bèze l’acheva, puis Calvin introduisit ce psautier français dans l’église de Genève. Claude Goudimel ( 149, 15) en apr. J.-C. 1562 publia seize de ces psaumes avec des harmonies à quatre voix. Il fut assassiné lors du massacre de la Saint-Barthélemy à Lyon, en 1944. Année 1572. Professeur de droit à Königsberg, Ambrose Lobwasser, en A.D. En 1573, il arrangea le Psautier en langue allemande d’après le style de Marot. Ce psautier, malgré ses défauts poétiques, a continué à être utilisé pendant longtemps en Allemagne et en Suisse. L’aversion de Zwingli pour le chant de l’assemblée ne s’est manifestée qu’à Zurich, mais même là, le service de louange a été introduit par un décret du concile en J.-C. Année 1598. Dans les autres cantons suisses alémaniques, ils ne se bornèrent pas à l’usage des psaumes, mais adoptèrent sans hésitation des chants spirituels des poètes réformés et luthériens. Parmi les premiers, qui ne pouvaient approcher les seconds ni en nombre ni en capacité, les plus importants étaient John Zwick et Ambrose Blaurer (133, 3). Ce n’est qu’au XVIIe siècle que l’Église sœur luthérienne abandonna son adhésion rigide à l’usage exclusif des psaumes de Lobwasser dans le chant de l’assemblée, lorsque la montée du piétisme, puis la propagation du rationalisme, surmontèrent cette étroitesse d’esprit.410
143.3. Les puritains anglais. — La Réforme sous Élisabeth (139, 6), avec son point de vue doctrinal luthérien et ses formes de catholicisation de constitution et de culte, avait été sanctionné en A.D. 1559 par l’Acte d’uniformité dans l’exercice de la suprématie royale qui était revendiquée sur toutes les institutions ecclésiastiques du pays. Mais les protestants qui avaient fui les persécutions de Bloody Mary et qui étaient revenus en troupes considérables quand Élisabeth monta sur le trône apportèrent avec eux de leurs stations étrangères, en Suisse de Genève, de Zurich, de Bâle, en Allemagne de Strasbourg, de Francfort, d’Emden, des notions entièrement différentes sur la nature du christianisme évangélique authentique ; Et maintenant, avec toute l’arrogance des confesseurs, ils cherchaient à faire réaliser ces idées dans leur pays natal. Inspirés pour la plupart par l’esprit rigoriste de la Réforme genevoise, ils désiraient, au lieu de la suprématie royale, faire proclamer l’indépendance de l’Église et, à la place du système épiscopal hiérarchique, une constitution presbytérale avec une stricte discipline ecclésiastique, organisée selon le modèle genevois. Ils donnaient aussi une importance unilatérale au principe formel de l’Écriture Sainte, adhéraient rigoureusement à la théorie doctrinale de Calvin et à un mode de culte aussi dépouillé que possible, dépouillé de tout vestige de superstition papiste, comme les vêtements sacerdotaux, les autels, les cierges, les crucifix, le signe de la croix, les formes de prière, les parrains, la confirmation, l’agenouillement devant le sacrement, incliner la tête à l’évocation du nom de Jésus, des cloches, des orgues, etc. En raison de leur opposition à l’Acte d’Uniformité, ceux-ci ont été désignés comme des non-conformistes ou des dissidents. On les appelait aussi Puritains, parce qu’ils insistaient sur une organisation de l’Église purifiée de toute invention humaine, et ordonnée strictement en accord avec la parole de Dieu. Leurs principes, qui s’énonçaient d’abord dans les conventicules privés, trouvèrent un très large accueil parmi les ministres et le peuple. Ce mouvement s’avéra trop fort pour être réprimé, même par les fréquents privations et bannissements des ministres, ou par l’amende et l’emprisonnement de leurs adhérents. Au milieu de la sévérité de la persécution et de l’oppression, le puritanisme continua de croître et, en J.-C. 1572 De nombreuses congrégations séparatistes se dotent d’une constitution presbytérale et synodale, la première pour la gestion des affaires des congrégations particulières, la seconde pour le règlement des questions qui touchent toute l’Église. Particulièrement offensantes pour la reine, et par conséquent strictement interdites par elle et rigoureusement supprimées, les prophéties introduites dans beaucoup d’églises anglaises sur le modèle des prophéties de l’église de Zurich. Il s’agissait de réunions de la congrégation en semaine, au cours desquelles les sermons du dimanche étaient expliqués et illustrés à partir des Écritures par les prédicateurs, et appliqués aux circonstances et aux besoins de l’église de l’époque.411
143.4. Avant même la fin du XVIe siècle, une tendance ultra-puritaine s’était développée, dont les adhérents étaient appelés brownistes, du nom de leur chef Robert Brown. En tant qu’aumônier du duc de Norfolk, il fut mis en contact à Norwich avec des réfugiés anabaptistes hollandais ; et, excité par eux, il commença une polémique violente et amère, non seulement contre le césaro-papisme et l’épiscopat de l’Église d’État, mais aussi contre l’élément aristocratique de la constitution presbytérale et synodale. Il enseignait que l’église et la congrégation devaient être complètement identifiées ; que chaque congrégation séparée, parce qu’elle n’est soumise à aucune autre autorité que celle du Christ et de sa parole, a le droit d’organiser et d’administrer ses propres affaires de manière indépendante selon les décisions de la majorité. Après avoir été jeté en prison, mais de nouveau libéré grâce à la puissante influence de ses amis, il se retira en J.-C. En 1581, il se rendit en Hollande et y fonda une petite congrégation à Middleburg, en Zélande. Lorsque cela fut bientôt réduit à une simple poignée, il retourna en Angleterre en J.-C. En 1589, il renouvela son agitation, mais il se soumit ensuite à l’Église hiérarchique de l’État, et mourut en A. D. 1630 dans la jouissance d’une vie riche. Après son apostasie, le juriste Henry Barrow prit sa place à la tête des brownistes, qui comptaient encore plusieurs milliers de personnes, et qu’on appelait désormais d’après lui des barrowistes. Persécuté par le gouvernement et harcelé par des mesures sévères de la part de l’A.D. En 1594, des troupes entières se retirèrent dans les Pays-Bas, où, dans plusieurs des principales villes, ils formèrent des congrégations considérables, et publièrent, en A. D. 1598, leur premier document symbolique, « La Confession de foi de certains Anglais exilés ». Le second fondateur du parti, un chef plus digne de confiance et un apologiste plus vigoureux, fut le pasteur John Robinson, qui, en A.D.En 1608, il s’installa à Amsterdam avec sa congrégation de Norwich et, en 1608. 1610 s’installe à Leyde. Il mourut en apr. J.-C. Année 1625. Les points fondamentaux de la constitution sous sa direction étaient les suivants :
Les assemblées synodales n’étaient autorisées qu’à des fins de consultation et de conseil mutuels et, lorsqu’elles étaient ainsi restreintes, elles étaient considérées comme bénéfiques. C’est dans ce but qu’un conseil congrégationaliste fut nommé pour siéger à Londres, et qu’il forma un centre commun d’union. Et comme dans la constitution, de même dans le culte, il y a eu une rupture complète avec toutes les traditions et tous les développements de l’histoire de l’Église. À l’exception du dimanche, tous les jours de fête ont été abolis. Dans les assemblées pour le culte public, chaque individu avait le droit de s’exprimer librement pour l’édification de la congrégation. Tous les formulaires liturgiques et les prières prescrites, même le Notre Père à l’exception de celui-ci, ont été mis de côté, comme entravant la mission du Saint-Esprit dans la congrégation. mais dans une égale mesure, au moins inspirés par le désir d’ouvrir de nouvelles voies pour le royaume de Dieu dans le Nouveau Monde, beaucoup de leurs familles se mirent en route, en J.-C. En 1620, de Hollande pour l’Amérique du Nord, et là, en tant que « Pères pèlerins », au milieu de difficultés indescriptibles, ils établirent une colonie dans les déserts du Massachusetts et jetèrent les bases de cette dénomination congrégationaliste qui est maintenant devenue une église si puissante et si influente.412
143.5. La science théologique. — En apr. J.-C. En 1523, le grand concile de Zurich établit l’institution particulière de la prophétie (1 Corinthiens xiv. 29) ou conférences bibliques. Les pasteurs et les étudiants, ainsi que certains érudits spécialement appelés à cet effet, devaient se réunir tous les matins, à l’exception des dimanches et vendredis, dans le chœur de la cathédrale, où, après une courte prière d’ouverture, des exposés exégétiques publics de l’Ancien Testament étaient donnés dans l’ordre régulier des livres et des chapitres. avec une comparaison stricte et détaillée de la Vulgate, de la LXX. et le texte original ; Puis, à la fin, l’un des professeurs exposa les résultats de la conférence dans un discours pratique pour l’édification de la congrégation. Plus tard, les études théologiques s’épanouirent à Genève et à Bâle, dans l’église française à l’académie de Saumur et dans les séminaires théologiques de Montauban, Sedan et Montpellier. Sebastian Münster, autrefois à Heidelberg, puis à Bâle, délivré, en A.D. 1523, un lexique hébreu complet. Les théologiens zurichois, Leo Judä et d’autres, en apr. J.-C. 1524-1529 traduisit la Bible de Luther en dialecte suisse, faisant cependant une révision indépendante conformément au texte original. À l’instigation des Vaudois, Robert Olivetan de Genève ( 138, 1) entrepris, en A.D. 1535, une traduction des Saintes Écritures de l’original en langue française ; mais en ce qui concerne le Nouveau Testament, il suivit presque littéralement la traduction de Faber (120, 8). Dans les éditions suivantes, il a été grandement amélioré sur divers points, bien qu’il reste encore aujourd’hui très insatisfaisant. Théodore de Bèze a donné une recension améliorée du texte du Nouveau Testament et une nouvelle traduction latine de celui-ci. Sebastian Münster a édité le texte de l’Ancien Testament avec une traduction latine indépendante. Leo Judä à Zurich entreprit également un travail similaire, pour lequel il était bien qualifié par une connaissance compétente des langues. Sebastian Castellio, à Genève, s’est efforcé de faire parler les prophètes et les apôtres en latin classique et en pleine période cicéronienne. La traduction latine de l’Ancien Testament qu’Emmanuel Tremellius produisit à Heidelberg, en collaboration avec son gendre François Junius, eut le plus de succès. Jean Piscator, destitué de Heidelberg sous l’électeur Louis VI. ( 144, 1), à partir de J.-C. En 1584, professeur à l’académie fondée à Herborn la même année, il publia une nouvelle traduction allemande de la Bible, qui fut introduite avec autorité dans les églises de Berne et dans d’autres communautés réformées. Les commentateurs de l’Écriture Sainte étaient également nombreux à cette époque. Outre Calvin, qui les dépasse tous de loin ( 138, 5), les suivants se sont distingués par leurs performances exégétiques : Zwingli, Œcolampadius, Conrad Pellican ( 120, 4 note), Théodore de Bèze, François Junius, Jean Piscator, Jean Mercer et le Français Marloratus. — En tant que dogmatique, Calvin occupe sans aucun doute le premier rang. Par la puissance spéculative et la maîtrise approfondie de ses matériaux, il surpasse tous ses contemporains. Les catéchismes de Leo Judä, deux en allemand et un en latin, dans lesquels l’érudit pose la question et l’enseignant donne la réponse et l’explication, ont continué longtemps à être utilisés dans le ZL’église d’Ürich. Parmi les théologiens réformés allemands, André Hypérius de Marbourg, mort en 1944. 1564, prend une place honorable comme exégète par ses exposés des épîtres pauliniennes, comme dogmatique par sa Methodus theologiæ, comme prédicateur par son De formandis concionibus s., et comme premier fondateur de l’encyclopédie théologique par son De recte formando theolog. studio. — Les efforts piétistes du parti puritain anglais trouvèrent une bonne pépinière dans l’Université de Cambridge. où William Whitaker, décédé en A.D.En 1598, l’auteur du Catéchisme s. institutio pietatis, et surtout William Perkins, mort en 1598 . 1602, auteur du De casibus conscientiæ, ainsi que de beaucoup d’autres ouvrages d’édification anglais, s’efforça sans relâche d’insuffler un esprit pieux dans les études théologiques. Tous deux étaient également des partisans ardents et enthousiastes de la doctrine calviniste de la prédestination ; mais la tentative, par le biais des « Neuf articles de Lambeth », présentée à l’archevêque Whitgift dans son palais en A.D. 1598, et acceptée et approuvée par lui, de faire de cette doctrine un test doctrinal absolu pour l’université fut frustrée par le veto décidé de la reine Elisabeth.
143.6. Philosophie.—Pour la construction scientifique formelle de la théologie systématique, la dialectique aristotélicienne, en tant qu’héritage légué par la scolastique médiévale, continua d’exercer sur les titulaires des chaires professorales réformées, ainsi que dans les séminaires luthériens, une influence dominante jusqu’au XVIIe siècle. Émanciper la philosophie, et avec elle aussi la théologie, de ces entraves qui entravaient toute liberté de mouvement, et inaugurer une méthode scientifique plus simple, fut une tentative faite d’abord par Pierre Ramus, qui, dès l’apr. J.-C. 1551 était professeur de dialectique et de rhétorique à Paris, distingué aussi comme polyhistor, humaniste et mathématicien, et appliqué à diffuser ses vues à la tribune et par la presse. Comme il s’était ouvertement déclaré calviniste, il dut à plusieurs reprises se réfugier dans la fuite. Après un long séjour en Suisse et en Allemagne, où il gagna beaucoup d’adhérents, connus sous le nom de Ramistes, il pensa qu’après la paix de Saint-Germain (139, 15), en apr. J.-C.En 1571, il pouvait retourner en toute sécurité à Paris, mais là, en 1571. En 1572, il fut victime du fanatisme romain dans la nuit de la Saint-Barthélemy. — Suite, 163, 1.
143.7. L’Église réformée fit une tentative missionnaire en J.-C. Année 1557. Un aventurier français, Villegagnon, présenta à l’amiral Coligny un plan de colonisation des huguenots persécutés au Brésil. À cette proposition se rattachait un projet de mission parmi les aborigènes païens. Il navigua sous le patronage de Coligny en A.D. 1555 avec un certain nombre d’artisans huguenots, et fonda le fort Coligny à Rio de Janeiro. À sa demande, Calvin lui envoya deux pasteurs genevois en A.D. Année 1557. L’intolérable tyrannie que Villegagnon exerçait sur les colons sans protection, l’échec de leurs efforts parmi les indigènes, la famine et la misère les poussèrent, l’année suivante, à regagner leurs rivages natals, qu’ils atteignirent après un voyage des plus désastreux. Tous n’ont pas été en mesure d’obtenir une place dans les navires de retour, et même parmi ceux qui sont partis, plusieurs sont morts de faim en cours de route. — Continuation, 161, 7.413
Les controverses cryptocalvinistes menées avec une telle violence de parti se sont avérées vaines en ce qui concerne le ralliement au calvinisme philippiste de l’Église luthérienne dans son ensemble (141, 10, 13) ; mais ils n’ont pas réussi à entraver, mais plutôt à encourager et à faire progresser l’adoption publique de la Confession réformée par plusieurs Églises nationales en Allemagne, ni à les contraindre par la force à accepter la constitution et le credo calvinistes. Le premier exemple d’une procédure de ce genre se trouve dans le Palatinat. Elle fut suivie par Brême, Anhalt, et au début du siècle suivant par Hesse Cassel et la dynastie électorale de Brandebourg (154, 3).
144.1. Le Palatinat, A.D. 1560. — Tilemann Hesshus, jadis érudit et fervent admirateur de Mélanchthon, avait été banni par les magistrats comme perturbateur de la paix de Goslar, puis de Rostock, à cause de son administration imprudente et sévère de la discipline ecclésiastique. Sur la recommandation de Mélanchthon, l’électeur Ottheinrich du Palatinat l’appela professeur et surintendant général à Heidelberg, en . Année 1558. C’est là qu’il entra en collision avec son diacre William Klebitz. Ce dernier avait produit, à l’occasion de l’obtention de son baccalauréat, une thèse dans laquelle il défendait une théorie calvinisante de la Cène du Seigneur, sur quoi Hesshus le condamna et le suspendit, en A.D. Année 1559. Mais Klebitz ne bougeait pas. La passion des deux côtés se transforma en fureur insensée, qui s’exprima en chaire et à l’autel. Le nouvel électeur, Frédéric III. le Pieux, A.D. De 1559 à 1576, il les envoya tous deux en exil, et obtint de Mélanchthon un avis qui lui conseillait de s’en tenir aux paroles de Paul dans 1 Corinthiens x. 16, « le pain est la communion du corps du Christ ». L’électeur, qui avait longtemps été favorable à la doctrine et au culte réformés, maintenant introduits, en A.D. En 1560, dans toutes les églises de ses domaines, un ordre réformé de service, fit enlever des autels, des fonts baptismaux, des images et même des orgues des églises, remplit les chaires des professeurs avec des professeurs calvinistes étrangers, et en J.-C. En 1562, le « Catéchisme de Heidelberg » a été composé par deux professeurs de Heidelberg, Zach. Ursinus et Gaspar Olevianus, pour l’usage dans les écoles de ses territoires.414 En ce qui concerne la simplicité qui sied à un manuel populaire, par la puissance et la spiritualité, il ne doit pas être comparé au « Petit Catéchisme » de Luther, mais il se distingue certainement par son érudition, son génie théologique, sa ferveur chrétienne et son esprit modéré et pacifique, et mérite à un degré éminent l’acceptation qu’il a trouvée, non seulement parmi les Allemands, mais aussi parmi les Allemands. mais aussi parmi les Églises réformées étrangères. La doctrine de Calvin sur la prédestination est évitée, et sa théorie de la Cène du Seigneur est enseignée sous une forme qui se rapproche le plus possible de la vision luthérienne, mais la messe catholique romaine est caractérisée comme une idolâtrie exécrable. L’introduction de ce catéchisme, cependant, a achevé la séparation du Palatinat de l’Église luthérienne. Brenz, à Stuttgart, attaqua sa doctrine de la Cène ; Bullinger à Zürich et Bèze à Genève la défendirent avec un ardeur passionné ; et la conférence organisée par l’électeur pour se tenir à Maulbronn, en A.D. En 1564, entre les théologiens du Palatinat et du Wurtemberg, pendant les six jours de discussions, l’amertume des partis augmenta et rendit la scission perpétuelle. Les États luthériens allemands, irrités par la sécession de l’électeur, se plaignirent de lui à la diète d’Augsbourg, en . 1564, qu’il avait rompu la paix religieuse d’Augsbourg par l’introduction forcée du calvinisme. Il répondit pour sa défense qu’il n’avait pas lu lui-même les œuvres de Calvin, et qu’il n’était donc pas en mesure de savoir ce qu’était le calvinisme ; qu’à Naumburg, en A.D. 1561 ( 141, 11), il avait souscrit à l’Augustana, plus exactement à la Variata, et s’en tenait toujours à la confession qu’il avait faite alors. La diète n’osa alors pas s’en mêler, et se contenta d’une simple expression de désapprobation. Par l’introduction des consistoires par l’ordre de l’électeur, en A.D. En 1570, pour l’administration de la discipline ecclésiastique, Olevianus s’engagea dans une controverse avec le conseiller électoral et professeur de médecine à Heidelberg, Thomas Erastus (117, 4), qui préférerait de beaucoup que l’ordre ecclésiastique zurichois soit introduit ( 143) que la théorie zwinglienne de la cène. Il insista avec beaucoup d’insistance sur cette idée, mais sans succès. Bien que lui-même membre du conseil ecclésiastique, il tomba sous son interdiction, avec Neuser et Sylvanus (148, 3) comme soupçonné d’unitarisme, mais cette accusation n’a jamais été prouvée contre lui. En apr. J.-C. En 1510, il s’installa à Bâle et y mourut en 1510 . 1583, comme professeur de philosophie morale. Son traité controversé, « Explicatio gravissimæ quæstionis, utrum excommunicatio mandato nitatur divino, an excogitata sit ab hominibus », a été publié après sa mort. Bèze répondit par deux dissertations : « De presbyteriis » et « De excommunicatione ». On remarqua alors sa théorie en Angleterre et en Écosse, et parmi les noms de sectes de ces pays au XVIIe siècle, nous trouvons celui d’Érastiens. Aujourd’hui encore, toute subordination du gouvernement ecclésiastique sous l’autorité de l’État est communément appelée érastianisme.415―Le règne de Louis VI, A.D. De 1576 à 1583, un ami zélé de la Formule de Concorde, fut de trop courte durée pour assurer la restauration complète du luthéranisme dans ses États. Le comte palatin Jean Casimir, qui dirigea le gouvernement en tant que régent pendant la minorité, chassa systématiquement tous les pasteurs luthériens et forma son pupille Frédéric IV. dans le calvinisme. — Suite, 153, 3.
144.2. Brême, A.D. 1562. — À Brême, le prédicateur de la cathédrale, Albert Rizæus von Hardenberg, fut longtemps soupçonné de favoriser la théorie zwinglienne des sacrements. Il répudia publiquement la doctrine luthérienne de l’ubiquité du corps du Christ, que son collègue John Timann avait défendue dans son traité « Farrago sententiarum... de cœna Domini », de l’apr. J.-C. Année 1555. Là-dessus, une vive controverse commença entre eux. Tous les pasteurs se rangèrent du côté de Timann, mais Hardenberg avait un puissant partisan en la personne du bourgmestre Daniel van Büren, et une opinion obtenue de Melanchthon en la personne de Mélanchthon. L’année 1557 le favorisa également en lui conseillant de faire des concessions. Par son refus de souscrire une confession de foi au sujet de la cène que lui avait soumise le concile, l’excitation à Brême augmenta et se répandit de là dans toutes les provinces de la Basse-Saxe. Timann mourut en apr. J.-C. Année 1557. Sa place en tant que champion de la doctrine luthérienne de la Cène fut prise par Hesshus, qui avait été chassé de Heidelberg en J.-C. 1559, et avait été appelé presque immédiatement après à Brême. Il provoqua Hardenberg dans une dispute publique, qui n’eut cependant pas lieu, car le nouvel archevêque de Brême, le duc Georges de Brunswick-Luneberg, lui interdit d’y prendre part, et porta l’affaire devant la ligue des villes de Basse-Saxe. La ligue tint une diète provinciale à Brunswick, en A.D. 1561, où Hardenberg fut démis de ses fonctions, mais sans porter atteinte à son honneur. Il se rendit alors à Oldenbourg, et mourut en apr. J.-C. 1574 comme pasteur à Emden. Hesshus avait quitté Brême en J.-C. 1560, ayant accepté un appel à Magdebourg, et de là continua sa controverse avec Hardenberg. Son successeur à Brême, Simon Musæus, insista avec autant de passion sur l’expulsion de tous les partisans de Hardenberg, et il avait réussi à faire accepter la proposition par le conseil, lorsque les choses prirent une tout autre tournure. Büren, en dépit de toute opposition, devint bourgmestre en chef en A.D. Année 1562. Musæus et douze autres pasteurs furent expulsés, et les conseillers qui étaient en faveur du luthéranisme sentaient qu’ils ne pouvaient rien faire d’autre que de quitter la ville. Par la médiation étrangère, un accord a été conclu en A.D. 1568, par lequel ceux qui avaient été chassés furent autorisés à retourner dans la ville, mais pas à leurs bureaux. Toutes les églises de Brême, à l’exception de la cathédrale, qui obtint de nouveau un pasteur luthérien en apr. J.-C. 1568, resta en possession du parti réformé. — Mais Hesshus était en A.D.En 1562 , il fut également expulsé de Magdebourg, ainsi que plus tard de son poste de prédicateur de la cour à Neubourg, en 1562 . 1569, et de son poste de professeur à Iéna en 1569 . 1573 ( 141, 10), à cause de ses polémiques passionnées et violentes. Il fut également expulsé de son évêché de Samland, en apr. J.-C. 1577, comme maître de l’erreur, parce qu’il avait attribué la toute-puissance, etc., à la nature humaine du Christ etiam in abstracto. Il mourut en apr. J.-C. 1588 comme professeur à Helmstadt.
144.3. Anhalt, A.D. 1597. — Après la mort du prince Joachim Ernest, quatre dynasties d’Anhalt furent formées par ses fils, Dessau, Bemburg, Köthen, Zerbst. Jean-Georges, premier chef de la famille d’Anhalt-Dessau, régna au nom de ses frères, qui n’avaient pas encore atteint leur majorité, à partir de l’ère chrétienne. 1587 à J.-C. 1603, et épousa une fille de Jean Casimir, comte palatin. Après avoir refusé de signer la Formule de Concorde, il commença la calvinisation du pays en J.-C. 1589 en supprimant l’exorcisme, puis, en A.D. En 1596, il remet l’ordre de l’Église réformée à la place de l’ordre luthérien. Peu de temps après, le catéchisme de Luther fut mis de côté et, en J.-C. En 1597, un document fut produit, composé de vingt-huit articles calvinistes avec une doctrine modifiée de la prédestination, que tous les pasteurs, sous peine de bannissement du pays, étaient tenus de souscrire. Les agents les plus actifs dans ce mouvement étaient Caspar Peucer ( 141, 10), qui avait été expulsé de Wittenberg, et le surintendant Wolfgang Amling de Zerbst. En apr. J.-C. En 1644, cependant, Anhalt-Zerbst retourna à l’ancienne confession luthérienne, sous le prince Jean, qui avait été formé par sa mère dans la foi luthérienne.
Que dans un mouvement spirituel aussi puissant que celui que la Réforme a suscité, des enthousiastes et des extrémistes de toutes sortes aient cherché à faire avancer leurs fantaisies et leurs caprices, ce n’est rien de plus que ce à quoi on aurait pu s’attendre. Mais que de telles excroissances ne soient pas imputables à la Réforme, comme constituant une partie essentielle de celle-ci, c’est ce que l’on peut démontrer par la manière dont la Réforme et la Déformation sont constamment mises en antagonisme l’une avec l’autre. Le point de départ est évidemment le même dans un cas que dans l’autre ; c’est-à-dire l’opposition et la révolte contre la condition avilie de l’Église de l’époque. Mais la Réforme se distingue complètement dès le début de la Déformation, joint souvent ses forces même à celles du catholicisme pour assurer le renversement de ce qu’elle considérait comme un développement faux et dangereux ; et c’est ainsi qu’en général, nous voyons les champions de ce mouvement manifester une haine aussi acharnée contre les réformateurs protestants que contre les romanistes. Son origine s’explique par la tendance inhérente à la nature humaine, une fois engagée dans une voie d’opposition, à se précipiter à l’extrême du radicalisme, qui s’est manifestée dans ce cas en partie sous la forme du rationalisme, en partie sous la forme du mysticisme. La Réforme a reconnu la parole de Dieu dans les Saintes Écritures comme la seule règle et norme en matière de religion, et comme juge et arbitre de la tradition. L’esprit rationaliste dans le mouvement déformateur, d’autre part, subordonne l’Écriture Sainte à la raison et estime la vérité révélée conformément à l’exigence supposée de la pensée logique. La Réforme s’oppose à la déification catholique de l’Église, mais la Déformation va jusqu’à contester la divinité du Christ (Antitrinitaires et Unitariens). D’autre part, le côté mystique de la Déformation, qui se traduit souvent par un panthéisme plus ou moins clairement exprimé, peut être considéré comme une affirmation extrême et exagérée de la revendication des réformateurs d’une conception plus spirituelle de la vie religieuse en opposition à l’externalisme du romanisme. Il place à côté de la parole telle qu’elle est exprimée dans l’Écriture sainte ce qu’il appelle une illumination intérieure par l’Esprit Saint comme une sorte de révélation tout aussi élevée, voire supérieure, méprisant les sacrements, ainsi que toutes les formes publiques ou extérieures du culte divin. Une troisième tendance déformatrice, et celle qui, en effet, était la plus puissante à l’époque de la Réforme, est représentée par l’anabaptisme. Les efforts ultra-réformateurs du mouvement visaient, non seulement à diriger la vie privée et ecclésiastique de l’individu chrétien, mais aussi à reconstruire, selon ce qu’il considérait comme la norme apostolique, tout le tissu de la vie sociale et civile. Il tire son nom de la demande de rebaptême qui a été faite à la suite de la négation de l’utilité et de la validité du baptême des enfants. C’était, en effet, le seul terme commun de sa confession, dans lequel ses membres, cédant dans de nombreuses directions à des particularités subjectives individualistes, étaient tenus d’être d’accord. Le baptême des adultes devint ainsi la note caractéristique de leur communauté en tant que secte distincte.
Les notions catholiques qui prévalaient au Moyen Âge quant à la manière dont les hérétiques devaient être traités étaient si fermement soutenues par les protestants, que même Calvin, sans hésitation, en J.-C. 1553, délivré sur celui qui niait la doctrine de la Trinité ( 148, 2) d’être puni par les autorités civiles. Leur condamnation à mort par le feu sur le bûcher fut exécutée sous sa sanction et celle de presque tous les réformateurs notables de l’époque, Bullinger et Farel, Bèze et Viret, Œcolampadius, Bucer et Pierre Martyr, même Melanchthon et Urbanus Rhegius. À une époque antérieure, en effet, Luther s’était parfois indigné de ce qu’il voyait des horreurs de l’Inquisition, s’était opposé à l’idée que les hérétiques en tant que tels devaient être punis de la torture et de la mort, et peu à peu il s’était assuré la victoire dans la théorie et la pratique protestantes pour l’opinion selon laquelle les hérétiques en tant que tels ne devraient être ni contraints de se rétracter ni d’être mis à mort. mais plutôt être ramené à un meilleur esprit et mis à l’écart de la possibilité de faire du mal par l’emprisonnement ou le bannissement.
Outre le véritable mysticisme évangélique au sein de l’Église, que Luther estimait tout au long de sa vie comme un approfondissement de la vie religieuse chrétienne, et que l’Église luthérienne n’avait jamais exclu de son sort, un mysticisme non évangélique et profondément anti-ecclésiastique a éclaté très tôt sous une multitude de formes différentes. Dans le cas de Schwenkfeld, cette tendance, bien que caractérisée par une hostilité très décidée à l’égard de l’Église, occupait une position avantageuse, tant par l’attitude qu’elle adoptait à l’égard de la théologie que par la manière calme et sobre dont elle menait sa propagande. Agrippa et Paracelse sont les représentants d’un mysticisme fondé sur la philosophie naturelle, qui a été forgé sous des formes fantastiques par Valentin Weigel dans sa théosophie. Sébastien Franck puisait son mysticisme aux sources des écrits d’Eckhart et de Tauler ; et Giordano Bruno, par son mysticisme sauvage, presque délirant, culminant dans le panthéisme le plus hardi, s’empara de l’enjeu ardent. Les libertins spirituels français embrassaient un panthéisme antinomique sublime, tandis que les familistes, apparus plus tard en Angleterre, se groupaient au service d’une apothéose de l’amour comme les membres d’une même famille.
146.1. Schwenkfeld et ses disciples. — Parmi les mystiques de la période de la Réforme hostiles à l’Église, Caspar Schwenkfeld, noble silésien d’une vieille famille, de la lignée d’Ossingk, occupe une place éminente et honorable comme homme d’une piété profonde et authentique. Il s’attacha d’abord avec enthousiasme à la Réforme de Wittenberg ; mais à mesure qu’elle avançait, son cœur, qui était exclusivement fixé sur un christianisme intérieur et mystique, devenait insatisfait. En apr. J.-C. En 1525, il rencontra personnellement Luther à Wittenberg. Les relations amicales qui s’y maintenaient, malgré toutes les divergences qui se manifestaient sur les questions fondamentales et dans la manière de voir les choses, firent bientôt place du côté de Schwenkfeld à un antagonisme ouvert. Il exprima avec force son mécontentement à l’égard des réformateurs de Wittenberg, disant qu’il préférait rejoindre les papistes plutôt que les luthériens. Même en A.D. En 1528, il avait été expulsé de son pays natal et commença à opérer à Strasbourg, où Bucer s’opposa à lui. 1534, en Souabe, où il rencontra l’opposition vigoureuse de Jac. Andreä. Partout, il se mit en antagonisme direct, non seulement avec les réformateurs allemands, mais aussi avec les réformateurs suisses, et s’engagea dans des controverses incessantes avec les théologiens, travaillant constamment dans l’intérêt d’une réforme conforme à ses vues particulières. Il mourut en apr. J.-C. 1561 à Ulm, et laissa derrière lui en Souabe et en Silésie une poignée de disciples, qui, en A.D. En 1563, il publia une édition complète des « Livres et écrits orthodoxes chrétiens de l’homme noble et fidèle, Caspar Schwenkfeld », en quatre volumes in-folio. Expulsé de Silésie en J.-C. En 1728, beaucoup d’entre eux s’enfuirent dans l’État voisin de Lausitz, d’autres en Pennsylvanie en Amérique du Nord, où ils trouvèrent quelques petites communautés. Ce que Schwenkfeld a si vivement objecté dans la Réforme luthérienne n’était rien d’autre que sa ferme objectivité biblico-ecclésiastique. L’adhésion de Luther à l’autorité inconditionnelle de la parole de Dieu, il déclara qu’elle était un culte de la lettre. Il a lui-même donné à la parole intérieure de l’Esprit de Dieu dans les hommes une place supérieure à la parole extérieure de Dieu dans l’Écriture. Toutes les institutions extérieures de l’Église rencontrèrent son opposition la plus intransigeante. D’une manière semblable à celle d’Osiander ( 141, 2), il a identifié la justification et la sanctification, et l’a expliquée comme une incarnation de Christ dans le croyant. Rejetant la doctrine de la communicatio idiomatum, il enseigna une « déification complète de la chair du Christ », fondée sur la naissance par la Vierge Marie, régénérée dans la foi et complétée par la souffrance, la mort et la résurrection ; de sorte que, dans son état d’exaltation, sa nature divine et sa nature humaine sont parfaitement combinées en une seule. Il condamna le baptême des enfants et affirma qu’une personne régénérée peut vivre sans péché. Dans la Cène du Seigneur, selon lui, tout dépendait de l’action intérieure de l’Esprit. Le pain dans le sacrement n’est qu’un symbole de la vérité spirituelle selon laquelle le Christ est le vrai pain de l’âme. Il mit particulièrement l’accent sur Jean VI, 51, et considéra le τοῦτο des mots d’institution non pas comme le sujet, mais comme le prédicat : « Mon corps est ceci » ; c’est-à-dire qu’il est le pain pour la vie éternelle.416
146.2. Agrippa, Paracelse et Weigel.―Agrippa von Nettesheim, mort en ap. J.-C. En 1535, un homme d’une érudition vaste et variée, qui se vantait de sa connaissance des choses secrètes, menait une carrière extrêmement changeante et aventureuse d’homme d’État et de soldat, enseignait la médecine, la théologie et la jurisprudence, fouettait les moines avec ses satires mordantes, de sorte qu’ils le faisaient persécuter comme hérétique, luttait contre la croyance en la sorcellerie, dénonçait impitoyablement dans son traité De incertitudine et vanitate scientiarum les points faibles de la scolastique dominante, et en opposition à celle-ci, il a développé dans son livre De occulta philosophia son propre système de philosophie mystique kabbalistique. — Un homme d’un type tout à fait semblable était le savant médecin suisse Philippe Aureolus Theophrastus Bombastus Paracelsus de Hohenheim, qui mourut en J.-C. 1541 ; homme de génie et penseur profond, mais d’une imagination mal réglée et d’une imagination trop luxuriante, qui l’amena à professer qu’il avait trouvé la solution de tous les mystères de la nature divine, ainsi que de la nature terrestre et supra-terrestre, et qu’il avait découvert la pierre philosophale. Ces deux-là continuèrent à conserver leur position dans les limites de l’église catholique. — Valentine Weigel, au contraire, qui mourut en A. D. Né en 1588, il était pasteur luthérien à Schopau en Saxe, universellement respecté pour son caractère constant et pieux et son travail sérieux et dévoué. Sa tendance mystico-théosophique, influencée par Tauler et Paracelse, ne fut pleinement comprise que longtemps après sa mort par la publication de ses ouvrages pratiques, « Messages de l’Église et de la Maison sur les Évangiles », « Un livre sur la prière », « Un Directoire pour atteindre la connaissance de toutes choses sans erreur », etc. et jusqu’au dix-neuvième siècle, il avait de nombreux disciples parmi les gens tranquilles et contemplatifs dans tout le pays. Tout en dépréciant complètement la théologie de l’Église ainsi que toutes sortes de formes extérieures dans le culte, il accordait d’autant plus d’importance à la lumière intérieure et à l’onction de l’Esprit de Dieu, sans lesquelles tout enseignement et toute prière seraient vains. Il voit dans l’homme un microcosme de l’univers, et il considère la croissance de l’homme dans la sainteté comme une continuation de l’incarnation de Dieu en lui. Il laissait encore une place à la doctrine de l’Église comme coquille allégorique pour la connaissance de l’âme à Dieu et au monde, et c’est de là qu’on peut expliquer comment il a pu souscrire sans hésitation à la Formule de Concorde. Bened. Biedermann, qui fut longtemps son diacre, puis son successeur dans la charge pastorale, sympathisa avec les vues de son maître et fit par la suite de vigoureuses tentatives pour les diffuser dans ses écrits. C’est pour cette raison qu’il fut déposé en apr. J.-C. Année 1660.417
146.3. Franck, Thamer et Bruno. — Sebastian Franck, de Donauwört, en Souabe, savant imprimeur et écrivain volumineux en allemand et en latin, aussi pendant quelque temps savonneur, s’était attaché avec enthousiasme à la Réforme, qu’il servit pendant plusieurs années comme pasteur évangélique. Par la suite, cependant, il s’en sépara, condamna et injuria avec une critique acerbe et une satire mordante tous les mouvements théologiques de son temps, réclama une liberté religieuse sans restriction, défendit les anabaptistes contre l’intolérance des théologiens, et chercha sa satisfaction dans un mysticisme tendant vers le panthéisme construit à partir d’Érigène, d’Eckhart et de Tauler. Parmi ses écrits théologico-philosophiques, les plus importants sont « l’Arche d’or, ou Arbre de la connaissance du bien et du mal », et surtout les 280 pleins d’esprit « Paradoxa, c’est-à-dire les Paroles merveilleuses tirées de l’Écriture Sainte ». Contre ce qu’il considérait comme le culte idolâtre de la lettre dans la théologie de Luther, il dirigea « Le Livre scellé des Sept Sceaux ». Dans les contradictions non réconciliées recueillies dans ce traité tiré de l’Écriture, il pense pouvoir prouver que Dieu lui-même a voulu nous mettre en garde contre la déification de la lettre. La lettre est le siège du diable, l’épée de l’antéchrist ; Il a la lettre de son côté, l’esprit contre lui. C’est par cette lettre que les anciens pharisiens ont tué le Christ, et leurs représentants modernes font de même aujourd’hui. La lettre tue, l’esprit seul donne la vie. Il attachait aussi très peu d’importance à la Sainte-Cène et aux ordonnances extérieures. Il ne fait aucune distinction, ou tout au plus une distinction de degré, entre Dieu et la nature. Dieu, le Verbe de Dieu, le Fils de Dieu, le Saint-Esprit et la nature ne sont avec lui que divers aspects ou manifestations de la même puissance, qui est tout en tous ; et sa théorie du mal incline fortement vers le dualisme. D’autre part, il mérite la reconnaissance la plus chaleureuse en tant qu’écrivain allemand en prose en ce qui concerne la pureté, l’abondance et le raffinement de son style, et en tant qu’auteur des premiers manuels d’histoire et de géographie en langue allemande. Après une vie mouvementée et mouvementée dans plusieurs villes de l’Allemagne méridionale, après avoir été expulsé successivement de Nuremberg, de Strasbourg et d’Ulm, il mourut à Bâle en an J.-C. 1542. — Une carrière en tous points semblable à la sienne fut celle de Théobald Thamer, d’Alsace. Après s’être assis aux pieds de Luther à Wittenberg en disciple enthousiaste, il adopta une attitude d’opposition à la Réforme en donnant une autorité déterminante absolue au principe subjectif de la conscience, et en rejetant la doctrine luthérienne de la justification. Il est finalement allé à l’église catholique romaine en J.-C. En 1557, pour y chercher la paix de l’âme qu’il avait perdue, il mourut comme professeur de théologie à Fribourg, en . 1569. — Un penseur beaucoup plus puissant que l’un ou l’autre était le moine dominicain italien, Giordano Bruno de Nole. Ses invectives violentes et injurieuses contre la monitosité, la transsubstantiation et l’immaculée conception l’obligent, en A.D. 1580, pour s’enfuir à Genève. De là, il se rendit à Paris, où il donna des conférences sur l’ars magna de Lullus (103, 7) ; Il passa ensuite plusieurs années à Londres pour s’adonner à des travaux littéraires, à partir de J.-C. 1586 à J.-C. 1588 enseigné à Wittenberg, et, en quittant cette place, il prononça un éloge passionné de Luther. Après une autre vie d’aventure pendant quelques années en Allemagne, il retourna en Italie et fut brûlé à Rome en J.-C. 1600 comme hérétique. Il n’existe pas d’édition complète de ses nombreux écrits en langue italienne. Celles-ci sont en partie allégorico-satiriques, en partie métaphysiques, sur l’idée de l’unité et de l’universalité divines, dans lesquelles le poétique et le philosophique se mêlent. Il adopta la doctrine de Dieu énoncée par Nicolas de Cues (113, 6), représentant la divinité comme étant à la fois le maximum et le minimum, et a mené cette idée à sa conclusion logique dans le panthéisme. Bruno mérite une reconnaissance spéciale en tant que protestataire constant contre les théories géocentriques de la science scolastique ecclésiastique, et pour cela mérite une place parmi les premiers apologistes du système copernicien.418
146.4. Les Sectes Libertines Panthéistes des Spirituels en France, nous rappelant en théorie et en pratique les Frères et Sœurs du Moyen Âge du Libre Esprit ( 116, 5), avaient leur origine dans les provinces wallonnes des Pays-Bas. Dès J.-C. En 1529, un certain Coppin prêche leur évangile dans sa ville natale de Lille ou Ryssel. Quintin et Pocquet, tous deux originaires de la province de Hennegau, l’ont transplanté en France en J.-C. Année 1530. À la cour de la reine Marguerite de Navarre, libérale et talentueuse ( 120, 8), ils trouvèrent d’abord un accueil chaleureux, et à partir de ce centre, ils firent secrètement une propagande couronnée de succès, jusqu’à ce que l’influence de Calvin sur la reine, ainsi que sa polémique énergique : « Contre la secte fantastique et folle des libertins, qui s’appellent eux-mêmes spirituels, A.D. 1545 », mit un terme à leur progression. Les libertins contemporains de Genève ( 138, 3, 4), qui se sont soulevés contre la discipline rigoriste de l’Église de Calvin, ne doivent pas être confondus avec ces libertins franco-néerlandais, bien que leur apôtre Pocquet ait également vécu et travaillé longtemps à Genève. L’immoralité impudente des libertins genevois était tout à fait différente de la légèreté morale des spirituels, qui avait toujours une signification spiritualiste-panthéiste, leurs caractéristiques consistant plutôt dans une négation et un mépris généraux des doctrines chrétiennes et des faits de l’histoire évangélique.
146.5. Sous le nom de Familistes, Familia charitatis, Henry Nicolai ou Nicolas de Münster, qui avaient été auparavant étroitement parents de David Joris ( 148, 1), fonda une nouvelle secte mystique en Angleterre sous le règne d’Élisabeth. Ils se distinguaient des anabaptistes en traitant avec indifférence la question du baptême des enfants. Nicolas est apparu comme l’apôtre de l’amour dans et par lequel s’accomplit la déification mystique de l’homme. Bien qu’il n’ait pas fait d’études, il composa plusieurs ouvrages et, dans l’un d’eux, il se désigna lui-même comme « doué de Dieu dans l’esprit de son amour ». Ses disciples ont été accusés de pratiques immorales, et la doctrine leur a été attribuée que Christ n’est rien de plus qu’une condition divine se communiquant à tous les saints.419
Les tendances fanatiques ultra-réformatrices qui caractérisent ce qu’on appelle plus tard l’anabaptisme, firent leur apparition pour la première fois dans le domaine de la Réforme saxonne. Elles éclatèrent alors dans de tumultes révolutionnaires sauvages, et étaient fondamentalement les mêmes que les expositions précédentes de Wittenberg (124). Dans ce cas aussi, une opposition passionnée s’est manifestée à la continuation du baptême des enfants, sans toutefois aller jusqu’à insister résolument sur le rebaptême, et en faire un lien et un insigne communs pour distinguer et maintenir ensemble des communautés séparées, inspirées par cette tendance fondamentale. Cela a été fait pour la première fois en J.-C. 1525 parmi les représentants des mouvements ultra-réformistes, qui s’assurèrent bientôt une place sur le sol suisse. Et c’est ainsi qu’en Allemagne centrale ce mouvement était complètement écrasé par la guerre des paysans, la Suisse devint la pépinière et le foyer de l’anabaptisme. Ses chefs, lorsqu’ils furent chassés, se répandirent dans le sud et le sud-est de l’Allemagne jusqu’au Tyrol et en Moravie, et fondèrent des communautés dans toutes les grandes villes et dans de nombreuses petites villes. Et bien qu’en A.D.En 1531 , les anabaptistes, à l’exception de quelques restes très petits et insignifiants, ont été déracinés de Suisse, mais en 1531. En 1540, ils purent envoyer une nouvelle colonie s’établir à Venise, afin de poursuivre l’œuvre de prosélytisme en Italie. — Principalement par l’intermédiaire des apôtres de l’Allemagne méridionale, des communautés anabaptistes et des conventicules furent semés dans tout le nord-ouest jusqu’à la Baltique et la mer du Nord. Et même dès le début de l’ère chrétienne. En 1530, il sortit des Pays-Bas un mouvement indépendant, d’un caractère particulièrement violent, fanatique et révolutionnaire, qui se répandit au loin. En apr. J.-C. En 1534, Jean de Leyde établit son royaume anabaptiste à Münster avec un éclat et un étalage sans fin, et envoya des messagers dans le monde entier pour rassembler le « peuple de Dieu » dans la « nouvelle Sion ». La fin malheureuse de son court règne, cependant, eut une influence dégrisante sur les enthousiastes excités, de sorte qu’ils résolurent d’abandonner ces tendances révolutionnaires et socialistes, auxquelles leurs frères de l’Allemagne du Sud et de l’Est n’avaient jamais cédé, ou, si tant est qu’ils l’aient fait, seulement dans des cas isolés où ils avaient été emportés par des attentes chiliastiques. Pourtant, ils ont été dans le nord aussi bien que dans le sud, après comme avant, impitoyablement persécutés de toutes parts, presque aussi sévèrement par les gouvernements protestants que par les gouvernements catholiques, et souvent emprisonnés dans la foule, bannis, flagellés, noyés, pendus, décapités, brûlés. Sous toutes ces tribulations, ils ont développé une persévérance de croyance vraiment merveilleuse et ont fait preuve d’un esprit de martyr héroïque. Rassembler leurs restes épars, et les sauver de la destruction par une réforme calme et sensée, telle fut l’œuvre à laquelle, depuis l’A.D. 1536 Menno Simons s’applique inlassablement.
147.1. Le mouvement anabaptiste en général. — Le nom d’anabaptistes a toujours été répudié par ceux qui le désignent comme un surnom calomnieux et un terme de reproche. Et, en fait, il est clairement inadéquat, dans la mesure où il ne caractérise ni le principe régulateur, ni le noyau essentiel et la nature du but du parti, qui avait déjà été pleinement développé avant que le rebaptême n’ait été érigé en terme d’adhésion. Au sein de leurs propres congrégations, il n’y avait pas de second baptême, mais un seul baptême d’adultes sur la base d’une profession de foi personnelle. Néanmoins, la désignation rejetée avait, à l’époque où elle avait pris naissance, cette justification, qu’alors tous les membres de cette communauté étaient effectivement rebaptiseurs ou avaient été rebaptisés ; et l’introduction d’un second baptême, comme il était le résultat et la conséquence de leur principe fondamental, devint aussi l’occasion, le moyen et la base de leur incorporation dans une dénomination indépendante. Les représentants du mouvement anabaptiste montrèrent leur caractère ultra-réformateur par ce que, tout en ne faisant qu’un avec Luther et Zwingli dans la recherche du renversement de toutes les vues et pratiques de l’Église catholique romaine qu’ils considéraient comme non évangéliques, Ils caractérisaient la position des réformateurs comme une halte à mi-chemin, et les dénonçaient comme étant encore profondément enracinés dans les erreurs antichrétiennes de la papauté. Et parce que les réformateurs les répudiaient fermement, et s’opposaient vigoureusement et refusaient d’approuver ces revendications radicales et leurs attentes chiliastiques fanatiques qui allaient beaucoup plus loin, ils se retournèrent contre eux et leurs institutions réformées, souvent avec une fureur et une amertume encore plus intenses que celles qu’ils manifestaient à l’égard de leurs adversaires romains. Ce qui les choquait le plus, c’était l’attitude des réformateurs à l’égard des autorités civiles. Ils étaient particulièrement indignés contre les réformateurs qui ne rejetaient pas avec mépris l’aide des magistrats dans l’exécution du mouvement de la Réforme, qui reconnaissaient non seulement le droit, mais le devoir des dirigeants civils de coopérer à la reconstruction de l’Église, d’exercer un contrôle sur la vie ecclésiastique et religieuse de la communauté ainsi que de chaque individu. de veiller au maintien de l’ordre ecclésiastique, et de visiter les réfractaires avec des peines civiles. Leur principe le plus intime était alors de s’efforcer de faire une distinction complète et complète entre le royaume de la nature et le royaume de la grâce, le royaume de Dieu et le royaume du monde, entre les convertis et les inconvertis, afin de restaurer un royaume visible des saints en rassemblant tous les vrais croyants de toutes les sections de l’église complètement corrompue dans une nouvelle sainte communion des régénérés. C’est ainsi qu’ils prépareraient la voie pour le millénium promis, lorsque les saints gouverneront le monde. L’État, avec ses peines et ses châtiments, appartient essentiellement au domaine du mal, et ne doit être supporté qu’aussi longtemps qu’il y aura des incroyants et des inconvertis, qui seuls sont sous sa juridiction. La communauté des vrais chrétiens, au contraire, n’a besoin d’aucune magistrature séculière, car cette loi, que le pouvoir civil administre, ne concerne que les injustes et les malfaiteurs. Mais en matière de religion et d’homme intérieur, l’autorité civile ne peut avoir aucun droit d’ingérence ; comme, d’autre part, les croyants ne doivent accepter aucune sorte de fonction magistrale ou de rang civique. La liberté de conscience, de religion, de culte et de doctrine est une L’axiome fondamental, qui forme le privilège principal de toute confession religieuse, et la seule punition admissible en ce qui concerne les questions religieuses, c’est l’exclusion de la communauté particulière. Le seul code législatif inconditionnellement valable pour les chrétiens est la Bible. Mais il ne doit se soumettre à la loi de l’État que dans les choses spirituelles, et même dans les choses temporelles seulement dans la mesure où l’Écriture sainte et sa propre conscience, éclairée par l’Esprit de Dieu, n’entrent pas dans une protestation ; mais là où l’injonction d’un magistrat dépasse les limites, il doit opposer une résistance énergique et lutter jusqu’au sang et à la mort. En ce qui concerne le mode de vie et d’activité dans les rangs de la communauté, les prétentions particulièrement élevées qu’ils ont mises en avant pour être considérés comme une congrégation de saints élus exigeaient qu’ils insistent sur la conversion personnelle et la régénération réelle de chaque membre individuel. l’exclusion de tout ce qui est pécheur et mondain au moyen d’une discipline rigoureusement stricte et, si nécessaire, par l’expulsion de la communion de l’Église, ainsi que l’évitement de tout rapport inutile avec les inconvertis et les incrédules, et l’exercice d’un amour fraternel vrai et parfait les uns envers les autres, ce qui, dans la mesure où les circonstances actuelles pourraient le permettre, devrait se manifester dans le partage volontaire des biens. Comme condition de l’admission d’un individu dans la communauté, il fallait donner la preuve du repentir et de la foi, et comme un sceau d’authentification d’un côté de l’entrée étant accordé, et de l’autre côté de l’obligation étant contractée, le baptême était administré, ce qui, maintenant, comme le baptême des enfants était dénoncé comme une invention du diable, s’entendait simplement du baptême des adultes, administré la plupart du temps de la manière habituelle par aspersion. La constitution ecclésiastique des congrégations régulièrement formées était calquée sur ce qu’elles considéraient comme le type apostolique. Leur culte en congrégation était extrêmement simple, tout à fait exempt de tout ornement ou cérémonie. Leur système doctrinal, en raison de l’importance accordée à la pratique et à l’éthique, n’était que peu développé, et n’a donc jamais été exposé dans une confession de foi obligatoire pour toutes les communautés. Dans l’ensemble, ils penchaient plus vers la doctrine zwinglienne que vers la doctrine luthérienne, surtout dans leurs vues sur le baptême et la Cène du Seigneur. Le dogme de la grande Réforme, celui de la justification par la foi seule, a été rejeté, de même que l’idée que même le régénéré ne peut pas atteindre dans ce monde l’impeccabilité parfaite. Ici et là aussi, des vues antitrinitaires ont trouvé leur place, mais la majorité a fermement adhéré à la foi œcuménique de l’Église, ou du moins y est rapidement revenue. Les théories et les attentes chiliastiques étaient largement répandues, mais les tentatives de les réaliser dans le présent au moyen de mouvements révolutionnaires ont été rapidement reconnues et dénoncées comme malveillantes, de sorte que l’engouement fanatique et pseudo-prophétique par lequel de nombreux dirigeants du mouvement ont été entraînés a été peu à peu discrédité.
147.2. Keller, dans sa Réforme und die ält. Le Reformparteien de 1885 a entrepris de donner une base historique à une conception de l’origine et du caractère du mouvement anabaptiste qui s’écarte à plusieurs égards importants de celle qui a été généralement acceptée jusqu’à présent. Il voit dans la tendance de l’anabaptiste suisse à aller au-delà de la position adoptée par Luther et Zwingli, non pas seulement, comme l’avaient déjà fait plusieurs chercheurs antérieurs, une reprise de certains efforts médiévaux de réforme, mais une continuation réelle et ininterrompue de ceux-ci, impliquant, non seulement une relation, consciente ou inconsciente, mais aussi un lien historico-génétique et personnel étroit avec « ces vieilles confréries évangéliques, qui, à travers de nombreux siècles, sous de nombreux noms », malgré les persécutions qui ont fait rage contre eux, ont survécu dans des vestiges secrets jusqu’au XVIe siècle. De ces confréries, au XIIe siècle, les Vaudois formaient le cœur et le noyau. Leurs précurseurs furent les Pétrubrusiens, les Frères apostoliques, les Arnoldistes, les Humiliati, etc. leurs successeurs et parents spirituels étaient les hérétiques Beghards et Lollards, les Spirituels avec Marsile de Padoue et le roi Louis de Bavière, les mystiques allemands, les Amis de Dieu et les Winkelers, les Frères hollandais de la Vie Commune, et, en association particulièrement étroite avec les Vaudois allemands, les Frères de Bohême et de Moravie ; Jean Staupitz, la famille Zucker de Nuremberg, Albert Dürer et un grand nombre d’autres notables appartenant aux premières décennies du XVIe siècle étaient également de même caractère. Et tous, comme appartenant à une seule et même famille spirituelle, et formant une chaîne ininterrompue, maillon uni à maillon, lorsque l’Église et l’État se déchaînaient contre eux par le feu et l’épée, trouvaient toujours des pépinières et des lieux de refuge dans ces « nobles corporations de constructeurs et de maçons », dont l’organisation éprouvée avait été faite par eux la base de la constitution de l’Église. et a donc été transmis jusqu’aux temps modernes. Luther, qui, poussé par Staupitz et l’étude de Tauler et de la « Théologie allemande », fut d’abord enclin à se jeter dans le courant spirituel, à partir de J.-C. En 1521, il s’en retira de plus en plus, et Zwingli lui-même s’en détacha à cause de certains procédés qu’il n’approuvait pas. L’origine de ce qu’on appelle l’anabaptisme n’est donc pas simplement retracée jusqu’à ces deux grands réformateurs, mais elle est plutôt conditionnée par le maintien ferme d’une tendance évangélique primitive, dont ces deux-là se sont détournés. Dans le premier cas, nous avons de « nouveaux évangéliques », fondant une nouvelle communion ; dans l’autre, les « vieux évangéliques », conservant et continuant l’ancienne communion. Et pas Zürich, où le mouvement anabaptiste a commencé à prendre pied en J.-C. 1524, mais Bâle, fut son véritable berceau. Là, en A.D. En 1515, les imprimeurs d’esprit libéral Frobenius, Curion et Cratander, qui furent les premiers à imprimer les écrits réformateurs du moyen âge, réunirent à plusieurs reprises les représentants secrets et les amis de ces anciennes confréries dans leurs cachettes des montagnes de Suisse et de Savoie, ainsi que du sud de la France et de l’Allemagne, dans leurs « sessions capitulaires », tenues là pour se concerter sur la fondation de nouvelles confréries ; et de là l’opposition au baptême des enfants fut d’abord transplanté à Zurich.―Mais ces « sessions capitulaires » servaient àD’autre part, il n’y avait pas d’autre but que de favoriser les sociétés vaudoises et anabaptistes, et étaient plutôt dévoués à la promotion des intérêts de l’humanisme libéral et de l’érudition. Et l’adhésion de toutes les sectes susmentionnées comme représentant un seul et même courant spirituel, bien qu’elle soit soutenue par un grand nombre de combinaisons, de suppositions, de suppositions et de déductions, qui, par leur audace même et la confiance avec laquelle elles sont énoncées, sont souvent surprenantes, semble tout à fait insoutenable, et ne procède pas tant d’une étude impartiale des sources originales que d’un jugement préjugé manipulant les faits avec beaucoup d’art et d’habileté. En conclusion, Keller s’occupe des acteurs ultérieurs du mouvement anabaptiste, et les trouve non seulement chez les mennonites et les puritains, mais aussi dans les loges franc-maçonnes, les rosicruciens et les piétistes. Même les tendances spirituelles de Lessing, de Kant, dans une certaine mesure aussi de Schiller, aussi de Schleiermacher, par ses relations avec les Frères de Herrnhut, lui semblent déterminées et dominées par ce même principe fondamental ! L’absence de fondement des arguments de Keller a été complètement exposée par Kolde et Carl Müller, mais il continue inlassablement à les répéter et à les exposer.
147.3. Les anabaptistes suisses. — Même en Suisse allemande, bien que les réformateurs de ce pays soient allés beaucoup plus loin que les réformateurs saxons dans le sens de l’élimination de tout vestige du catholicisme romain dans la constitution, la doctrine, le culte et la discipline, des tendances ultra-réformatrices ont rapidement fait leur apparition parmi ceux qui pensaient que ces changements n’étaient pas assez radicaux et assez profonds. Ici aussi, le refus de reconnaître le baptême des enfants a été mis en évidence. En fait, Zwingli lui-même s’est d’abord prononcé contre sa nécessité et son utilité. Selon lui, le baptême n’était pas, comme chez Luther, un moyen de grâce, mais analogue à la circoncision de l’Ancien Testament, un signe d’obligation, au moyen duquel le sujet du baptême acceptait la foi et la vie chrétiennes comme s’engageant pour lui. C’est ainsi qu’il fut enclin pendant un certain temps à déprécier le baptême des enfants, sans toutefois le déclarer absolument inadmissible. Mais lorsque, par la suite, il devint évident que l’opposition radicale de ses anciens amis, et leur insistance sur l’obligation de n’observer que le baptême des adultes, procédaient d’une tendance ultra-réformatrice, qui menaçait de ruine beaucoup de ce qui était nécessaire à l’ordre ecclésiastique et civil, et tendait à faire des conséquences les plus extrêmes de ces vues le fondement même de leur système, il se prononça d’autant plus résolument en faveur du maintien obligatoire du baptême des enfants. — Les chefs les plus zélés du mouvement anabaptiste en Suisse furent Conrad Grebel, humaniste cultivé, fils d’un éminent sénateur zurichois, déjà désigné par Zwingli comme « le coryphée des baptistes » ; Felix Manz, également humaniste, et célèbre comme un ardent promoteur des études hébraïques, mais noyé en J.-C. 1527 par ordre du concile de Zurich ; George Jacobs, moine de Coire, dans le pays des Grisons, communément appelé Blaurock, à cause de son habillement ; Louis Hätzer de Thurgovie, etc. Outre ces Suisses de naissance, les suivants travaillèrent avec le même enthousiasme à la promotion de la cause anabaptiste : Guillaume Röubli, prêtre banni de Rottenburg sur le Neckar à cause de son zèle évangélique ; Simon Stumpf, qui avait émigré de Franconie, et Michael Sattler de Breisgau ; mais surtout le célèbre Balthazar Hubmeier, disciple de John Eck, distingué comme prédicateur populaire, apologiste infatigable et habile polémiste du côté des anabaptistes. Il était, en A.D. 1512, professeur de théologie à Ingolstadt, en 1512 . 1516 pasteur de l’église cathédrale de Ratisbonne, d’où, en 1516, il est pasteur de l’église cathédrale de Ratisbonne . En 1522, déjà puissamment influencé en faveur de la vérité évangélique par les écrits de Luther, il s’installa à Waldshut, où il entreprit l’œuvre de la Réforme, mais se prononça ensuite contre la continuation du baptême des enfants et en faveur de l’anabaptisme. Le gouvernement autrichien, sous le protectorat duquel se trouvait Waldshut, exigea qu’il fût livré, ce que le gouverneur refusa obstinément. Mais quand, en décembre 1525, Waldshut fut obligé de se rendre à discrétion, il s’enfuit à Zurich, y fut fait prisonnier et fut contraint, par crainte d’être livré à l’Autriche, de se rétracter publiquement. Il quitta ensuite Zurich et passa en Moravie.―Le foyer originel du mouvement anabaptiste en Suisse était Zurich et ses environs. Chez Wyticon et Zollicon, Röubli prêcha publiquement en apr. J.-C. 1524 contre le baptême des enfants, et persuada plusieurs parents de refuser de faire baptiser leurs jeunes enfants. Quand, en janvier 1525, le concile de Zurich vota l’expulsion de tous les agitateurs ultra-réformistes, ceux-ci se réunirent la veille de leur départ pour s’édifier mutuellement et s’établir par la prière et la lecture de l’Écriture. Alors Blaurock se leva et supplia Grebel « pour l’amour de Dieu de le baptiser du vrai baptême chrétien dans la vraie foi », et, quand cela fut fait, il le communiqua lui-même à tous les autres présents. Le même genre de chose se produisit peu de temps après à Waldshut, où Hubmeier reçut la veille de Pâques le baptême de la main de Röubli, puis le jour de Pâques, le conféra à 110 et ensuite à plus de 300 personnes. C’est ainsi qu’une rupture complète s’est opérée, non seulement avec les vieux catholiques, mais aussi avec la jeune Église réformée, et les bases d’une communauté anabaptiste indépendante ont été jetées, qui s’est maintenant répandue à pas rapides dans toute la Suisse réformée. C’est ainsi que sont nées, par exemple, les douze congrégations anabaptistes qui existaient à Zurich et dans les environs dès notre ère. 1527, les vingt-cinq dans les hautes terres de Zurich, et aussi les seize qui, en 1527, dans l’A.D. 1531 se trouvaient dans la plaine zurichoise. On s’efforça ensuite de répandre l’information parmi les sectaires et de les détourner de leurs erreurs au moyen de discussions et de tracts polémiques, Zwingli prêtant son aide par la parole et la plume ; puis on a eu recours à des amendes et à des peines d’emprisonnement. En juin 1525, Saint-Gall, suivant l’exemple de Zurich, prononça une sentence de bannissement contre les baptistes. Mais comme l’expulsion des chefs ne contribua en rien à l’écrasement des communautés, qui se renforçaient plutôt en secret, et que les exilés étaient maintenant pour la première fois pleinement en mesure de répandre sur tous les pays les germes de leurs doctrines anabaptistes, on conclut finalement que la peine capitale était une nécessité. Le concile de Zurich, en mars 1527, publia un édit d’après lequel tous les rebaptiseurs et rebaptisés devaient être noyés sans exception, et cet exemple fut suivi par les autres magistrats. En conséquence de la persécution générale qui s’ensuivit, l’agitation anabaptiste en Suisse pouvait être considérée comme éradiquée en A.D. En 1531, bien que çà et là de petits groupes se réunissaient dans des coins reculés et cachés, sous la menace constante de la prison et de la mort, traînèrent une existence misérable pendant une vingtaine d’années encore.421
147.4. Les anabaptistes de l’Allemagne méridionale. — Les anabaptistes expulsés de Suisse en apr. J.-C. 1525 se répandit d’abord dans les provinces voisines du sud de l’Allemagne. Blaurock, fouetté publiquement à Zurich, retourna dans le pays grison, et, lorsqu’il fut de nouveau chassé de ce refuge, dans le Tyrol, où les vues anabaptistes trouvèrent une faveur singulière. Röubli et Sattler se retirèrent en Alsace, où Strasbourg devint l’une des principales pépinières de l’anabaptisme, et de là ils poursuivirent avec succès une œuvre missionnaire en Souabe. Louis Hätzer et John Denck ( 148, 1) il a rassemblé un grand nombre d’adeptes à Nuremberg, Augsbourg et Strasbourg ; également à Passau, Ratisbonne et Munich ; puis, poussant vers l’est le long de l’Inn et du Danube, leurs adhérents fondèrent des communautés anabaptistes à Salzbourg, en Styrie, à Linz, à Stein et même à Vienne. Ils ont connu le plus grand succès de tous parmi les classes industrielles, et les artisans itinérants se sont révélés leurs apôtres les plus zélés. Bien qu’en plus de faire une propagande inlassable en faveur de leur propre confession religieuse, ils aient presque toujours refusé de s’identifier à toute autre sorte d’agitation sociale et politique, ils ont été de toutes parts les plus cruellement persécutés ; Aucune ville, aucun village de campagne, aucun village n’était à l’abri d’un examen inquisitoire. Leur disparition radicale fut, par la décision de la diète de Spires en A.D. 1529, représenté comme un devoir envers l’empire reposant sur tous ; car la sixième section de ses décrets enjoignait que « tous les rebaptisés et rebaptisés, hommes et femmes, parvenus à l’âge de discrétion, seraient amenés au bûcher et à mort sans aucun procès devant le juge spirituel ». La plus grande partie du sang a en effet été versée dans les pays sous les gouvernements catholiques. Dans le Tyrol et à Görz, par exemple, on dit que, même dans l’A.D. En 1531, le nombre d’exécutés s’élevait à plus de 1 000, parmi lesquels Blaurock, qui fut brûlé en apr. J.-C. Année 1529. Sebastian Franck, en A.D. En 1530, on estimait le nombre des tués à environ 2 000, et la chaleur de la persécution ne commença qu’à partir de cette année-là. Le duc Guillaume de Bavière alla plus loin, avec l’ordre atroce : « Quiconque se rétracte, qu’il soit décapité ; Quiconque refuse de se rétracter, qu’il soit brûlé vif. Mais aussi les gouvernements, les princes et les magistrats protestants prirent part avec plus ou moins de zèle à l’œuvre d’extermination recommandée dans l’intérêt de l’empire. Seuls le landgrave Philippe de Hesse et les magistrats de Strasbourg gardèrent au moins leurs mains pures de sang, bien qu’ils aient également fait de leur mieux, en emprisonnant et en bannissant, pour empêcher la propagation de cette hérésie dans leurs domaines.
147.5. Les anabaptistes moraves. — Balthazar Hubmeier, banni, en apr. J.-C. 1526, de Zurich, avait trouvé à Nikolsburg en Moravie un lieu de refuge. Sous la puissante et vaste protection des seigneurs du Liechtenstein, qu’il obtint pour son évangile, la Moravie devint « une terre délicieuse » et Nikolsburg une « nouvelle Jérusalem » pour les anabaptistes durement opprimés, qui avaient été pourchassés comme des bêtes sauvages et transformés en vagabonds sans abri. Et ils y restèrent, malgré de graves attaques hostiles, dont ils souffrirent à plusieurs reprises, surtout entre les années 1536 et 1554. Il a été suivi par « le bon temps », d’A.D. 1554 à 1565, et à partir de J.-C. 1565 à 1592 par « l’âge d’or » de la communauté, qui compte aujourd’hui 15 000 frères. Avec A.D. L’année 1592 recommença « les temps de la tribulation », jusqu’à ce que leur Église, ainsi que le protestantisme en général dans tout le pays, reçoivent le coup de grâce. D’après leurs nombreuses « chroniques » et « mémoires », décrivant à leur postérité les destinées de la communauté, datant de l’ère chrétienne. 1524, le nombre d’anabaptistes mis à mort jusqu’à J.-C. En 1581, il y en avait 2 419 en Suisse, dans le sud de l’Allemagne et dans tous les États autrichiens. Hubmeier avait déjà, à la fin de l’an A.D. En 1527, après que la Moravie fut passée sous la domination autrichienne, il fut fait prisonnier à Vienne, avec sa femme, et là, au printemps de l’an J.-C. En 1528, il se rendit au bûcher avec l’esprit héroïque d’un martyr. Trois jours plus tard, sa femme, montrant le même mépris audacieux pour la mort, se noya dans le Danube. En apr. J.-C. 1531 James Huter, originaire du Tyrol, se tient à la tête des anabaptistes moraves. En raison de la persécution qui, à partir de l’A.D. En 1529, il s’y déchaîna contre ses compagnons dans la foi, d’où il émigra avec 150 frères. Il parvint à composer les nombreuses scissions et querelles qui avaient éclaté à la suite de ces migrations entre les diverses sortes d’anabaptistes de Silésie, de Bavière, de Souabe et du Palatinat, et parvint à les organiser en un seul corps uni avec les premiers colons. Sa réputation et son influence étaient donc si grandes que la communauté lui prit le nom de « Frères Hutériens ». Au cours de la persécution qui a été dirigée contre eux en J.-C.En 1535, il s’enfuit dans le Tyrol, mais il y fut fait prisonnier et brûlé en mars 1536.— Les anabaptistes moraves, qu’on avait surnommés à juste titre « le calme du pays », se caractérisaient par une piété exemplaire, une discipline stricte, un sérieux moral, une diligence industrielle, une obéissance consciencieuse aux lois, une patience et une douceur sans exemple au milieu de toutes les souffrances, mais surtout par une patience et une douceur sans exemple. par l’étonnant courage de leurs martyrs et leur courage sous la torture. En ce qui concerne la doctrine, à l’exception de quelques « faux frères » affectés par les vues sociniennes, ils reconnurent unanimement et dès le début leur adhésion aux symboles œcuméniques. Leur mode d’adoration était d’un caractère extrêmement simple. En tant que sacrements, c’est-à-dire en tant que « symboles d’une chose sainte », ils reconnaissaient
La messe, la confirmation, l’extrême-onction, la confession et l’indulgence, le culte des images, des saints et des reliques, ainsi que le baptême des enfants, étaient totalement rejetés par eux. Ils étaient également décidés à nier tout mérite dans le jeûne et l’observance des jours de fête, dans la répudiation de la doctrine du purgatoire et de beaucoup de cérémonies de l’église romaine. Ils rejetaient également la doctrine luthérienne et zwinglienne de la justification, qu’ils considéraient comme un vestige du romanisme antichrétien. Mais en tant que véritable et unique communion des saints, ils se considéraient comme les seuls constituant la véritable Église. À la tête de leur communauté se tenait
Un facteur particulièrement important pour le maintien de l’union des communautés dispersées a été la constitution synodale introduite par Hubmeier. Les surintendants des petites circonscriptions se réunissaient pour se consulter chaque semaine, et les adjoints des grandes circonscriptions se réunissaient une fois par mois. tandis que les synodes généraux, embrassant aussi les frères au-delà des limites de la Moravie, étaient convoqués pour les besoins de l’administration une fois par an, quand cela était possible. — Suite, 162, 2.
147.6. Les anabaptistes vénitiens. — Jusqu’en 1540, le mouvement de réforme évangélique en Italie (139, 22-24) avait un caractère essentiellement luthérien orthodoxe. Mais par la suite, un courant anabaptiste s’installa, probablement venu de Suisse, et communiqua par l’intermédiaire de réfugiés italiens qui y résidaient, et qui prit par la suite la direction d’un mouvement rationaliste unitarien. Son centre principal était dans le domaine de Venise, et son promoteur le plus zélé était un Italien, exilé de chez lui à cause de sa foi, Titien, qui, sans domicile fixe, résidait tantôt de ce côté-ci, tantôt de l’autre côté des Alpes. Nous le devons aux confessions d’un de ses disciples, Manelfi, récemment découvertes dans les archives vénitiennes, qu’il rédigea volontairement et pénitemment devant l’Inquisition, d’abord à Bologne, puis à Rome, en octobre et novembre 1551. Don Pietro Manelfi, prêtre à San Vito, fut conduit, en A.D. 1540 ou 1541, par la prédication d’un capucin, Jérôme Spinazola, à la conclusion que l’église romaine est contraire à l’Écriture Sainte, et qu’elle est une invention humaine, oui, diabolique. Ce même prêtre le présenta aussi à Bernardino Ochino (139, 24), qui lui a fourni plusieurs écrits de Luther et de Mélanchthon, et lui a enseigné que le pape est l’antéchrist et l’idolâtrie satanique de masse. Appelé par les « luthériens » de Padoue, il parcourut pendant deux ans tout le nord de l’Italie et l’Istrie en tant que luthérien « ministre de la parole ». Puis, à Florence, il fit la connaissance de Titien, et, après une longue résistance, il finit par se faire baptiser par lui. Au cours d’une conversation qui, en A.D. En 1549, Tizien avait avec lui et plusieurs autres amis à Vincenza, la question fut soulevée, à propos du Deutéronome xviii. 18, si le Christ est Dieu ou homme. Pour trancher la question, il fut convenu de convoquer un concile anabaptiste qui devait se réunir à Vienne en septembre 1550. Il y eut une soixantaine de députés qui répondirent, dont entre vingt et trente de Suisse, pour la plupart des réfugiés italiens, qui, à la quarantième session de leur conclave secret, « après la prière, le jeûne et la lecture de l’Écriture », posèrent les propositions doctrinales suivantes comme s’imposant à toutes leurs congrégations : « Le Christ n’est pas Dieu, mais un homme, mais un homme plein de la puissance divine, fils de Joseph et de Marie, qui après lui enfantèrent aussi d’autres fils et d’autres filles : Il n’y a ni anges ni démons au sens propre ; mais lorsque, dans les Saintes Écritures, les anges apparaissent, ce sont des hommes envoyés par Dieu pour des desseins spéciaux, et là où le diable est parlé, il s’agit de l’esprit charnel de l’homme : Il n’y a pas d’autre enfer que le tombeau, dans lequel les élus dorment dans le Seigneur jusqu’à ce qu’ils soient réveillés au dernier jour ; tandis que les âmes des impies, ainsi que leurs corps, comme ceux des bêtes, périssent dans la mort : Dieu a donné à la semence humaine la capacité d’engendrer l’esprit aussi bien que le corps : Les élus ne seront justifiés que par la miséricorde et l’amour de Dieu, sans les mérites, le sang et la mort de Christ. La mort du Christ n’est qu’un témoignage de la justice, c’est-à-dire de la miséricorde et de l’amour de Dieu. Sur leur doctrine spécifiquement anabaptiste, parce qu’elle n’était pas l’objet d’une controverse, il n’y a pas eu de délivrance. La négation de la naissance surnaturelle du Christ, cependant, a conduit à une limitation de la doctrine fondamentale de l’autorité absolue des Écritures de l’Ancien et du Nouveau Testament par la l’exclusion des premiers chapitres des évangiles de Matthieu et de Luc, dont on affirmait maintenant qu’ils avaient été forgés par Jérôme sur l’ordre du pape Damase. Les décrets du concile furent adoptés par toutes les communautés, à l’exception de celle de la Citadelle, qui fut en conséquence exclue de l’union. Manelfi, élu évêque, voyagea en cette qualité pendant toute une année parmi les églises qui lui étaient assignées, toujours accompagné d’un frère. Puis il se repentit et s’en remit à la grâce de l’Inquisition pontificale. Ses confessions, en particulier celles qui portaient sur les noms et les allées et venues de ses anciens compagnons, luthériens aussi bien qu’anabaptistes, furent envoyées de Rome au tribunal vénitien de l’Inquisition, qui commença alors son œuvre de persécution et de vengeance avec tant de zèle et de succès, qu’après quelques décennies, toute trace de luthéranisme et d’anabaptisme fut extirpée. Beaucoup d’entre eux ont échappé à l’emprisonnement par une fuite opportune ; beaucoup aussi manquèrent de courage et se rétractèrent ; mais les fidèles confesseurs furent brûlés ou noyés en grand nombre. Pendant ce temps, cette tribulation ardente s’était révélée dans la plupart des communautés un feu purificateur. La tendance hérétique radicale qui avait prévalu depuis le concile céda peu à peu la place aux vues plus modérées des premiers jours. Ce changement a été grandement favorisé par l’étroite intimité qui existait entre les anabaptistes italiens et les frères moraves à partir du milieu de notre ère. Année 1550. Le mérite d’avoir opéré cette alliance et d’en avoir assuré les avantages à leurs compatriotes revient surtout à deux nobles d’esprit, Francesco della Saga, ancien élève de Rovigo, et Giulio Gherardi, ancien sous-diacre à Rome. Mais ce dernier, en A.D. 1561, le premier un an plus tard, tomba entre les mains de l’Inquisition vénitienne. Après que toutes les tentatives de conversion se soient avérées vaines, tous deux ont été jetés de nuit dans le canal de Venise, Gherardi après J.-C. 1562, et Saga en 1562 apr. J.-C. Année 1565.
147.7. Les anciens apôtres de l’anabaptisme dans le nord-ouest de l’Allemagne. — Dans le nord-ouest non moins que dans le sud et l’est, depuis le Bas-Rhin jusqu’à la Frise et le Holstein, dans le Jülich, le Clèves, le Berg, dans la Hesse, la Westphalie et la Basse-Saxe, ainsi qu’en Hollande et dans le Brabant, où la Réforme avait commencé à prendre pied, L’anabaptisme a également obtenu une entrée et un certain succès. Parmi les apôtres les plus âgés qui travaillaient dans ces régions, les plus distingués étaient Hoffmann et Ring.
147.8. Jusqu’à présent, en ce qui concerne le lieu et le temps, l’influence d’Hoffmann s’étendit, et il semble que, jusqu’à l’époque de son emprisonnement, elle ait été largement prédominante dans tout le district du nord-ouest, la vie et le mouvement des anabaptistes se tinrent à l’écart de toute tendance sociale révolutionnaire et, dans leurs aberrations par rapport aux voies des réformateurs, furent limités au domaine purement religieux. Au début de l’année 1530, cependant, un mouvement éclata de nouveau en Hollande, dans lequel il y eut une résurrection de l’esprit de Thomas Münzer, et la revendication d’une reconstruction radicale et révolutionnaire des relations sociales et politiques fut mise en évidence. Le représentant le plus important de cette tendance était un boulanger, Jan Matthys de Haarlem, qui, prétendant être un prophète, proclama l’introduction du millénaire de gloire comme la tâche propre et principale des baptistes. Pour l’accomplissement de cette tâche, il insista sur le renversement de l’ordre actuel dans l’Église et l’État, sur la résistance à leurs ennemis les armes à la main, et même sur la destruction de tous les « impies » de la surface de la terre, afin que « les saints », comme promis dans l’Écriture, règnent sur le monde et conduisent à l’achèvement du royaume de Dieu. Il se peut même que la doctrine des nouveaux prophètes ait déjà pris racine dans l’esprit des baptistes, réveillés et excités par une persécution continuelle, sans qu’ils aient clairement perçu à quoi elle conduirait en fin de compte si elle était mise en œuvre avec succès. Mais lorsqu’à Münster ces théories fanatiques furent présentées comme des faits réels et réalisés, lorsque Jean de Leyde établit son royaume prétentieux dans cette « Nouvelle Jérusalem » et envoya dans le monde entier ses nombreux apôtres avec la demande d’adhésion, dans de nombreux cas, elles trouvèrent un auditoire trop disposé. L’effondrement misérable du royaume de Münster fut la première chose qui rappela les gens à la raison, et rendit leurs restes susceptibles de la purification de l’anabaptisme à laquelle Menno Simons consacra toute sa vie.
147.9. La catastrophe de Münster, A.D. 1534, 1535. — Le prédicateur Rothmann de Münster avait soutenu pendant quelque temps la théorie zwinglienne de la Cène du Seigneur, puis il fit un pas de plus dans la répudiation du baptême des enfants. Une dispute publique en A.D. L’année 1533 n’aboutit à aucun résultat, et il refusa d’obéir à l’ordre de se retirer en exil. Il chercha alors, et avec succès, à augmenter ses partisans, en adoptant de nouveaux éléments du credo anabaptiste. À l’occasion de la fête des Trois Rois Saints en apr. J.-C. En 1534, Jean de Leyde ou Jean Bockelssohn fait son entrée dans la ville. Fils illégitime d’une jeune fille de la province de Münster, élevé par des parents à Leyde, où il revint après plusieurs années passées à voyager comme compagnon tailleur, il se trouvait à l’automne de l’an J.-C. En 1533, il se convertit par le prophète Matthys et devint bientôt son apôtre le plus zélé. À Münster, le jeune homme, âgé de vingt-cinq ans, d’apparence belle et doué de riches facultés intellectuelles, fut favorablement reçu dans la maison d’un riche et respectable marchand de draps, Bernard Knipperdolling, qui s’intéressait depuis longtemps au mouvement religieux, et épousa sa fille. Entre-temps, Jan Matthys fut également appelé d’Amsterdam à Münster. L’un et l’autre travaillaient maintenant en commun parmi les habitants de la ville. Leurs sermons, prononcés avec une éloquence éclatante, produisirent une grande impression, surtout parmi les femmes, et leur nombre de fidèles augmenta à un tel point qu’elles crurent qu’elles pourraient agir au mépris du conseil. À la suite d’une émeute, les magistrats furent assez faibles et assez souples pour conclure avec eux un accord par lequel ils obtinrent une reconnaissance légale. Puis, de toutes parts, des fanatiques anabaptistes se pressèrent à Münster. Au bout de quelques semaines, ils obtinrent la majorité au conseil, et Knipperdolling fut nommé bourgmestre. Le prophète Matthys a déclaré que c’était la volonté de Dieu que tous les incroyants soient expulsés. C’est ce qui fut fait le 27 février 1534. Sept diacres se partagèrent entre les croyants les biens de ceux qui avaient été bannis. En mai, l’évêque commença le siège de la ville. Il résulta au moins de cette procédure que l’épidémie se limita à Münster. Après que toutes les images, tous les organes et tous les livres, à l’exception de la Bible, eurent été détruits, ils introduisirent le principe de la communauté des biens. Matthys, qui se considérait comme appelé à tuer les assiégeants ennemis, tomba sous leurs épées lors d’une sortie. Bockelssohn prit sa place. À la suite de ses révélations, le conseil fut dissous et un gouvernement théocratique de douze anciens, prêts à recevoir leur inspiration du nouveau prophète, fut mis en place. Afin de pouvoir épouser la belle veuve de Matthys, il introduisit la polygamie. Il prit dix-sept femmes ; Rothmann s’est contenté de quatre. C’est en vain que les restes de conscience morale qui subsistent encore parmi les habitants protestent. Les mécontents, qui s’étaient rassemblés autour du forgeron Mollenhök, furent vaincus et tous furent mis à mort. Bockelssohn, proclamé par l’un de ses compagnons prophètes, Jean Dusendschur, roi de toute la terre, érigea une cour splendide, et perpétra les iniquités les plus révoltantes. Il se considérait comme appelé à faire entrer le millénium, envoya vingt-huit apôtres pour répandre son royaume et nomma douze ducs pour gouverner le monde sous sa direction. Pendant ce temps, les assiégeants avaient, en août 1534, fit une tentative totalement infructueuse de prendre d’assaut la ville. Si, vers la fin de l’année, ils n’avaient pas reçu le secours de Trèves, de Clèves, de Mayence et de Cologne, ils auraient été obligés de lever le siège. Même alors, ils ne pouvaient penser qu’à obtenir la reddition de la ville par la famine. Elle avait déjà été réduite à une situation difficile. Mais la nuit de la Saint-Jean, en 1535, un déserteur conduisit les soldats jusqu’à la muraille. Après une lutte des plus acharnées, les anabaptistes furent complètement renversés. Rothmann s’élança au plus fort de la bataille, et c’est là qu’il trouva la mort. Le roi Jean, son premier ministre Knipperdolling et son chancelier Krechting furent faits prisonniers, et le 22 janvier 1536, ils furent pincés à mort avec des tenailles chauffées au rouge, puis pendus à des chaînes de fer à la tour Saint-Lambert. Le catholicisme a finalement été rétabli dans sa suprématie absolue et exclusive.
147.10. Menno Simons et les mennonites.―Menno Simons, né à Wittmarsum en Frise en A.D . 1492, à partir de J.-C. En 1516, un prêtre catholique, en était venu à avoir de sérieux doutes sur la doctrine romaine à cause de l’étude attentive de l’Écriture Sainte. Le courage martyr des baptistes attira son attention sur les opinions baptistes de cette secte, et bientôt il en vint à se sentir convaincu de leur justesse. Il démissionna de son poste de prêtre à Wittmarsum en 199. 1536, et se fit baptiser. Au milieu de difficultés indescriptibles et avec une patience inlassable, il travailla, errant d’un endroit à l’autre, consacrant toutes ses forces à la réorganisation de la secte. Il lui a donné une formule doctrinale précise, « Le livre fondamental de la vraie foi chrétienne », en A.D. 1539, qui, au point de vue doctrinal, se rattachait aux confessions réformées, et ne s’en distinguait que par le rejet du baptême des enfants, et par une spiritualisation inconditionnelle de l’idée de l’Église comme pure communion de vrais saints. Il interdisait nettement le service militaire et civil, ainsi que toute prestation de serment, introduisait le lavement des pieds en plus du baptême et de la Cène du Seigneur, et par une discipline ecclésiastique sévère, maintenait un mode de vie simple et une moralité stricte. L’attitude calme et pieuse des mennonites leur assura bientôt en Hollande, et plus tard aussi en Allemagne, la tolérance et la liberté religieuse. Menno mourut en apr. J.-C. 1559. — Même du vivant de Menno, ses partisans hollandais se divisèrent en deux partis, appelés « la Fine » et « la Grossière ». Le premier appliquait dans toute sa sévérité la stricte discipline de Menno, et allait même au-delà en interdisant tout rapport avec les excommuniés, même s’il s’agissait de parents ou de maris et de femmes. Celui-ci voulait n’admettre à l’interdiction que les incapacités ecclésiastiques et non civiles, et ne l’exercer qu’après que des exhortations réitérées se seraient révélées inefficaces.
Le premier à contester la doctrine de la Trinité est venu d’entre les anabaptistes allemands. L’Espagnol Michel Servet a transformé son unitarisme en connexion avec un système qui était fondamentalement panthéiste. Le véritable foyer de l’antitrinitarisme, cependant, était l’Italie, un fruit de l’humanisme à moitié païen qui y prospérait. Bannis du pays, ses représentants se réfugient en Suisse. Chassés peu à peu de ces régions, ils se rendirent surtout en Pologne, en Hongrie et en Transylvanie, où ils trouvèrent protection contre les princes et les nobles. Un système de doctrine bien développé, élaboré par Lælius et Faustus Socinus, oncle et neveu, fut alors accepté par eux, et par ce moyen ils furent consolidés en une société corporative.
148.1. Les antitrinitaires anabaptistes en Allemagne.
148.2. Michel Servet naquit en apr. J.-C. 1509 à Villanueva en Arragon. C’était un homme doué d’une riche capacité spéculative, d’une vaste connaissance de la science et d’un esprit inquiet et curieux. À Toulouse, il se consacra d’abord à l’étude du droit, mais peu après il s’occupa avec beaucoup d’ardeur des questions théologiques. Il acquit la conviction que la doctrine chrétienne fondamentale de la Trinité, dans sa forme ecclésiastique acceptée, s’opposait également à l’Écriture et à la raison, et que, dans ce milieu, une réforme était avant tout nécessaire. Plus tard, à Paris, il se consacra à l’étude de la médecine, et est réputé le premier découvreur de la circulation du sang, et s’assura un rang éminent de médecin praticien et d’écrivain sur des sujets médicaux. Il commença sa polémique contre la doctrine dominante de l’Église à Strasbourg en J.-C. 1531 avec le traité De Trinitatis erroribus, ll. vii. Le suivant dans l’ordre apparut à Hagenau, en J.-C. 1532, son Palliatif et dans une certaine mesure rétractation Dialogorum de Trin., ll. ii. En apr. J.-C. En 1553, il publia anonymement à Vienne son œuvre principale radicale et révolutionnaire, Christianismi Restitutio, qui fut le moyen de le conduire au bûcher. Comme il réussit à s’évader de sa prison de Vienne, on ne put que le brûler en effigie ; mais à Genève, il fut, à l’instigation de Calvin, arrêté de nouveau, et sur son refus de se rétracter, il fut envoyé sur le bûcher le 27 octobre de notre ère. Année 1553. Les dernières paroles entendues de l’homme mourant dans les flammes furent : « Jésus, Fils du Dieu éternel, aie pitié de moi. » Le but réformateur de Servet dans son système doctrinal était d’élever Dieu aussi haut que possible au-dessus de la créature. Dans sa toute première forme, il était fondamentalement panthéiste, mais même ici, Dieu est considéré comme la substance originelle, et tout ce qui existe en dehors de Lui est conçu comme conditionné par une émanation substantielle de Son être. Ces principes panthéistes, cependant, font leur apparition sous une forme beaucoup plus décidée dans les développements ultérieurs et plus complets de son système, qui sont complètement dominés par les spéculations néoplatoniciennes. En particulier, il considère le Logos comme une émanation de l’élément divin de la lumière, qui est entré en possession de l’existence personnelle pour la première fois dans l’incarnation du Christ. La matière grossière de sa corporéité, il l’a reçue de sa mère ; la place de la semence mâle a été prise par l’élément divin de la lumière. À ces deux égards, il est ὁμοούσιος, car même la matière terrestre n’est qu’une forme plus grossière de la lumière primitive. Le Fils et l’Esprit ne sont que des dispositions différentes Dei, le Père seul est tota substantia et unus Deus. Et lorsque la Trinité fera son apparition en relation avec la rédemption du monde, elle disparaîtra de nouveau lorsque cette rédemption aura été achevée. La polémique de Servet, cependant, s’étendit au-delà de la doctrine de la Trinité à une attaque contre la doctrine de l’Église sur le péché originel et la répudiation du baptême des enfants. Il exposa également une théorie spiritualiste de la Cène du Seigneur, combattit la doctrine luthérienne de la justification et la doctrine calviniste de la prédestination, esquissa un schéma d’attentes chiliastiques, etc. Au milieu de tous ces aléas, il maintint son haut niveau l’estime que le Christ est le Logos, devenu Fils de Dieu par l’incarnation, le centre et la fin de toute l’histoire ; il a également continué à révérer l’Écriture sainte comme ce qui, depuis son premier livre jusqu’à son dernier, témoigne du Christ. Sa piété mystique, elle aussi, était profonde et sincère. Mais à cause de la violence immodérée avec laquelle il dénonçait les opinions opposées aux siennes comme des doctrines de démons, entre autres termes répréhensibles appliquant à la doctrine ecclésiastique de la Trinité le nom de « triceps Cerbère », le chien à trois têtes de l’enfer, ses contemporains furent empêchés d’entrevoir ne serait-ce qu’un aperçu du bon côté de sa vie et de ses efforts. de sorte que tous les théologiens les plus notables ont voté pour sa mort comme salutaire et nécessaire (145, 1).423
148.3. Les Antitrinitaires italiens et autres avant Socinus. — Claude de Savoie en apr. J.-C. 1534, à Berne, a mis en avant l’idée que le Christ ne doit être appelé Dieu que parce que la plénitude de l’Esprit divin lui a été communiquée. C’est pour cette raison qu’il fut expulsé de cette ville, et bientôt après même de Bâle, et qu’il fut reçu très froidement à Wittenberg. Il se rétracta devant un synode à Lausanne en A.D. En 1537, il joua ensuite le rôle d’agitateur populaire à Augsbourg, et fut considéré à Memmingen jusqu’à notre ère. 1550 en tant que prophète. Après cela, on ne trouve plus aucune trace de lui. — Intimement lié au Titien, par des liens d’amitié et d’affinité spirituelle, et plus tard aussi à Lælius Socinus, fut l’exilé sicilien de sa patrie, Camillo Renato. En apr. J.-C. En 1545, il obtint à Chiavenna à Veltlin, qui appartenait alors au pays des Grisons, une position de précepteur privé, et devint bientôt très respecté. Cependant, il s’engagea peu à peu dans une violente controverse avec le pasteur évangélique de l’endroit, Agostino Mainardo, au sujet des sacrements, ce qui lui valut d’être excommunié par le synode des Grisons en 1919. Année 1550. Le point central de sa théologie est la doctrine de la prédestination. Seuls les élus sont éveillés à la vie par l’Esprit de Dieu, et tandis que les enfants de l’Esprit ne dorment que dans la mort et prennent à la résurrection une forme renouvelée et purement spirituelle d’être, l’âme des non-élus meurt tout comme leur corps. Bien qu’il fût un adversaire résolu du baptême des enfants, il n’alla pas jusqu’à insister sur le rebaptême, parce qu’il dépréciait le baptême en général comme un simple signe extérieur, et donc comme n’étant pas nécessaire. Et bien qu’il ait soigneusement évité toute répudiation expresse de la doctrine de la Trinité, il ne fait guère de doute que lui et tous ses amis et disciples étaient favorables aux vues antitrinitaires. Lorsque Calvin proposa de les faire comparaître devant un tribunal, Gribaldo et Blandrata se retirèrent de Genève et se rendirent en Pologne. Il ne resta que Gentilis, et il souscrivit une confession de foi que Calvin lui présenta, mais déclara bientôt qu’il ne pouvait pas continuer à s’en tenir à elle, et exposa comme conforme à la doctrine de l’Écriture l’opinion que le Père, en tant qu’Essentiator, n’est pas une personne dans la Divinité, mais toute la substance de la Divinité. et que le Fils, en tant qu’Essentiatus procédant de Lui, n’est que le parfait reflet et l’image la plus élevée de l’unique divinité du Père. Après avoir été jeté en prison et condamné à mort, il se rétracta de nouveau, puis se retira également en Pologne. Par la suite, cependant, il retourna en Suisse, fut arrêté à Berne et décapité comme apostat en Jésus-Christ. Année 1566.424 Entre-temps, Blandrata s’était rendu en Transylvanie, y avait été nommé médecin du prince, s’était assuré les intérêts de Zapolya II et de beaucoup de nobles pour son unitarisme, de sorte que la reconnaissance publique lui avait été donnée comme une quatrième forme confessionnelle de religion. Selon la doctrine qu’il a exposée, l’adoration est rendue à Jésus comme l’homme doté par Dieu d’une grâce supérieure à tous les autres et élevé à la domination universelle. Mais en A.D. En 1588, il fut assassiné par son propre neveu, qui était resté catholique, car il n’avait pas la patience d’attendre sa mort pour s’assurer la possession de ses biens. Outre Blandrata, nous pouvons également mentionner comme l’un des principaux fondateurs de la secte unitarienne en Transylvanie Franz Davidis de Clausenburg. D’après J.-C. 1552 Pasteur luthérien, il devient calviniste en 1552 . En 1564, il fut nommé surintendant réformé et, sur la recommandation de Blandrata, prédicateur de la cour de Zapolya. Il s’attacha alors ouvertement, par la parole et par écrit, aux Unitariens, et devint, en J.-C. 1571, premier surintendant unitarien de Transylvanie. En raison de son opposition à la doctrine de la conception surnaturelle du Christ et de son droit d’être adoré, il fut répudié par Blandrata, et fut, en A.D. En 1579, il est condamné par le prince Christophe Bathori, comme blasphémateur et ennemi du Christ, à la prison à vie. Au bout de trois mois, il mourut en prison. — Les antitrinitaires italiens qui s’étaient enfuis en Pologne s’y attachèrent à l’Église réformée, et s’assurèrent de nombreux adeptes non seulement parmi les nobles, mais aussi parmi le clergé réformé. À leur tête, à Cracovie, se trouvaient le pasteur Gregor Pauli, et à Princzov George Schomann. Au Synode de Patrikaw, en A.D. En 1562, ils apparurent pour la première fois en une phalange étroite, faisant une tentative régulière de faire mettre de côté la doctrine de la Trinité. Leur attaque, cependant, a été repoussée. Un édit royal de l’ère chrétienneEn 1564 , il décrète que tous les antitrinitaires italiens doivent être bannis, et un second synode à Patrikaw, en 1564 . 1565, excommunièrent tous leurs partisans. Un dernier effort pour arriver à une entente mutuelle au moyen d’une autre conférence religieuse, tandis qu’une diète était convoquée à ce sujet à Patrikaw, n’aboutit à aucun résultat. À partir de ce moment-là, les antitrinitaires polonais, que l’on a généralement appelés ariens, occupent une position distincte en tant que confession religieuse distincte. — Dans l’Église réformée du Palatinat aussi, ce mouvement unitarien s’est terminé par une scène tout aussi tragique. Le pasteur Adam Neuser et l’inspecteur réformé John Sylvanus prirent leur place vers l’an prochain. 1570 avec les unitariens de Transylvanie. Au cours d’une enquête sur leurs opinions doctrinales, un manuscrit écrit par Sylvanus de sa propre main a été trouvé : « Une déclaration confessionnelle contre l’idole tripersonnelle et les deux natures du Christ ». Il a été décapité en apr. J.-C. 1572 sur la place du marché de Heidelberg. Neuser s’enfuit en Transylvanie, et passa ensuite au mahométisme. — De l’infidélité italienne de cette époque naquit probablement aussi ce renouveau d’une idée qui était déjà apparue au moyen âge (96, 19) Dans le livre De tribus impostoribus, Moïse, Jésus, Mahomet. D’une tendance similaire est le Colloquium Heptaplomeres du juriste français Jean Bodin ( 117, 4), qui mourut en apr. J.-C. Année 1597. Il était l’un des sept érudits vénitiens libres-penseurs qui ont mené une discussion sur la religion, dans laquelle il soutenait que les déficiences et les erreurs sont inhérentes au même degré dans toutes les religions positives. Mais un déisme idéal est recommandé comme la vraie religion.
148.4. Les deux Socins et les Sociniens. — Lælius Socinus, membre d’une célèbre famille de juristes de Sienne, et lui-même avocat, se convainquit de bonne heure que le système de doctrine romain n’était pas conforme à l’Écriture. Afin d’arriver à une connaissance sûre et certaine de la vérité, il apprit les langues originales dans lesquelles l’Écriture était écrite, fit par ses voyages la connaissance des théologiens les plus célèbres de Suisse, d’Allemagne et de Pologne, et élabora pour lui-même une théorie complète et cohérente de la croyance unitarienne. Il meurt à Zurich en l’an 2000. 1562 dans sa trente-septième année. Son neveu, Faustus Socinus, né à Sienne en apr. J.-C. Né en 1539, il fut formé dès son plus jeune âge par des relations personnelles et une correspondance épistolaire avec son oncle, et adopta des vues similaires. Il a été obligé en A.D. 1559 pour s’enfuir à Lyon, mais il y retourna en 1559 . 1562 en Italie, où il fut pendant douze ans comblé d’honneurs et de charges à la cour du grand-duc François de Médicis. Afin de pouvoir poursuivre ses études sans être dérangé, il se retira en A.D. 1574 à Bâle, d’où en A.D. En 1578, à la demande de Blandrata, il se rendit en Transylvanie pour combattre le refus de Davidis d’adorer le Christ. L’année suivante, il se rendit en Pologne afin d’unir, si possible, les différentes sections unitariennes de ce pays. À Cracovie, ils insistèrent pour qu’il leur permît de le rebaptiser, et comme il refusa fermement, ils refusèrent de l’admettre à la table de communion. Mais la décision de son caractère, ses efforts inlassables pour assurer la paix et l’union, ainsi que la supériorité de son érudition théologique, ont finalement valu à ses idées une victoire complète sur les luttes des partis opposés. Il réussit peu à peu à expulser des rangs des antitrinitaires polonais le non-adorationnisme ainsi que l’anabaptisme, et toutes leurs excroissances éthiques, sociales et chiliastiques, et finalement au synode de Racau, en J.-C. En 1603, il obtint la reconnaissance de ses propres vues théologiques telles qu’il les avait développées dans des disputes et dans des écrits. Les persécutions et les mauvais traitements de la part des catholiques ne manquaient pas ; comme, par exemple, en A.D. 1594 par les soldats catholiques, et en A.D. 1598 par les étudiants catholiques de Cracovie, qui l’ont tiré d’un lit de malade le jour de l’Ascension, l’ont traîné à moitié nu à travers la ville, l’ont battu jusqu’à ce que le sang coule, et l’auraient noyé si un professeur catholique ne l’avait délivré de leurs mains. Il mourut en apr. J.-C. 1604. — Le principal symbole de la dénomination socinienne est le Catéchisme racovien, publié en langue polonaise en apr. J.-C. Année 1605. Socinus lui-même, en compagnie de plusieurs autres, l’a compilé, principalement à partir d’un court traité antérieur, Relig. christ. brevissima institutio. Il a ensuite été traduit en latin et en allemand.425―Le Le système de doctrine socinien qui y est exposé est essentiellement le suivant : les Écritures sont la seule source de connaissance de la vérité salvatrice, et en tant que parole de Dieu, l’Écriture ne peut rien contenir qui soit en contradiction avec la raison. Mais la doctrine de la Trinité contredit la Bible et la raison ; Dieu n’est qu’une seule Personne. Jésus n’était qu’un homme, mais doué des pouvoirs divins pour l’accomplissement du salut, et en récompense de sa parfaite obéissance, élevé à la majesté divine, chargé de juger les vivants et les morts, afin qu’on lui rendît aussi hommage divin. Le Saint-Esprit n’est qu’une puissance ou un attribut de Dieu. L’image de Dieu dans les hommes ne consistait qu’à dominer les créatures. L’homme était par nature mortel, mais s’il était resté sans péché, il serait entré dans la vie éternelle sans mourir par l’opération surnaturelle de Dieu. Il n’y a pas de péché originel, mais seulement le mal héréditaire et une inclination héréditaire vers le mal, qui, cependant, n’inclut en lui aucune culpabilité. L’idée d’une prescience divine de l’action humaine doit être rejetée, parce qu’elle conduirait à accepter l’idée d’une prédestination absolue. La rédemption consiste en ceci que le Christ, par sa vie et son enseignement, a montré le meilleur chemin ; et Dieu récompense tous ceux qui suivent cette meilleure voie par le pardon des péchés et la vie éternelle. La mort du Christ n’était pas un sacrifice expiatoire, mais simplement un sceau attaché à l’enseignement du Christ et formait pour lui un chemin vers la gloire divine. La conversion doit commencer par l’exercice de ses propres pouvoirs, mais ne peut être perfectionnée que par l’aide du Saint-Esprit. Les sacrements ne sont que des cérémonies, dont on peut même se passer, quoiqu’il soit plus convenable de les conserver comme de vieilles et belles coutumes. L’immortalité du chrétien pieux est conditionnée et rendue possible par la résurrection du Christ. Mais les impies, ainsi que le diable et ses anges, sont anéantis ; et parce qu’en cela consiste leur châtiment, l’Écriture Sainte désigne l’anéantissement comme la mort éternelle et la condamnation éternelle. Il n’y a pas de résurrection de la chair ; les vivants ont en effet leurs corps restaurés dans la résurrection ; mais ceux-ci ne sont pas charnels, mais, comme Paul l’enseigne dans 1 Corinthiens xv, spirituels.426― Suite, 163, 1.
Les efforts acharnés déployés par l’Église catholique romaine pour restreindre dans les limites les plus étroites possibles le cours victorieux de la Réforme, et autant que possible pour reconquérir le terrain perdu, ont pris une telle ampleur dans son mouvement du XVIe siècle, que nous pouvons revoir toute cette époque de son histoire du point de vue de la Contre-Réforme. Ce développement s’est réalisé, d’une part, au moyen d’un renforcement et d’un réveil accrus, et, d’autre part, par des polémiques et des attaques contre ceux qui n’étaient pas là, dans ce dernier cas, favorisées par des missions auprès des païens et par la persécution et la répression violentes du protestantisme. Le Concile Tridentin, A.D. 1545-1547, apr. J.-C. 1551, 1552, apr. J.-C. Les années 1562 et 1563 furent consacrées à la réalisation de ces fins. Le côté curialiste du catholicisme scolastique médiéval fut de nouveau présenté comme la seule représentation de la vérité, compacté avec des bandes de fer dans un système rigide de doctrine, et déclaré incapable dans tous les temps de toute altération ou réforme ; en même temps, il a mis de côté ou modifié bon nombre des abus les plus flagrants. Après deux longues interruptions dues à des considérations politiques, il avait achevé ses travaux entre 1545 et 1563 en vingt-cinq sessions. Les dix premières séances ont eu lieu après J.-C. 1545-1547, sous Paul III, les six suivants après J.-C.1551 et 1552 , sous Jules III, et les neuf dernières en 1551 et 1552. 1562, 1563, sous Pie IV. — Les anciens ordres monastiques tout à fait corrompus, qui avaient jadis formé un appui si puissant à la papauté, ne s’étaient pas montrés capables de survivre au choc de la Réforme. À leur place s’éleva alors un nouvel ordre, celui des Jésuites, qui, pendant des siècles, forma un contrefort à la papauté sévèrement ébranlée, et entreut de toutes parts les progrès ultérieurs du mouvement protestant. À côté de ce grand ordre, il s’éleva une foule d’autres, en partie nouveaux, en partie anciens, sous des constitutions réformées, la plupart de tendance ecclésiastique pratique. Les luttes et les rivalités qui régnaient entre les différentes sectes protestantes suscitèrent chez l’Église romaine une activité nouvelle et remarquable dans l’étude scientifique de la doctrine ; et le mysticisme s’épanouit de nouveau en Espagne, et réussit à y atteindre un développement considérable.
149.1. Les Papes devant le Concile.— Léon X. ( 110 et 14) l’accompli, l’extravagant, le luxueux et le frivole Médicis, fut remplacé par un homme qui était à tous égards diamétralement opposé à son prédécesseur, Hadrien VI, après J.-C. 1522, 1523, le seul pape qui, pendant de nombreux siècles jusqu’à nos jours, a conservé son nom chrétien honorable lorsqu’il est monté sur le trône de saint Pierre. Hadrien Dedel, fils d’un pauvre charpentier d’Utrecht, pieux et savant dominicain, s’était élevé à une chaire de théologie à l’Université de Louvain, lorsque Maximilien Ier. le choisit pour être le précepteur de son petit-fils, qui devint plus tard l’empereur Charles Quint. Il fut ainsi mis en travers de la voie pour obtenir les plus hautes fonctions de l’Église. Il fut nommé évêque de Tortosa, grand-inquisiteur, cardinal et vice-roi d’Espagne pour Charles pendant son absence. Quand, après la mort de Léon, ni le candidat impérial Jules Médicis ni aucun autre des cardinaux présents au conclave n’obtinrent les voix nécessaires, le commissaire impérial indiqua Hadrien, et c’est ainsi que sortit de l’urne le nom d’un nouveau pape que personne ne souhaitait particulièrement. Un commentateur scolastique et instruit sur le Lombard, pieux et strict dans ses mœurs jusqu’au rigorisme, pratiquant dans son économie domestique la simplicité paysanne, et économisant même jusqu’à la mesquinerie ; un zélote pour le système doctrinal thomiste, mais qui avait en horreur la Renaissance, avec tout son éclat de culture classique, d’art et de poésie ; Pleurant amèrement sur la mondanité et la corruption de la papauté, ainsi que sur l’insondable dépravation dans toute l’Église, et fermement résolu à inaugurer une réforme complète dans la tête et les membres (126, 1), il semblait dans cette position et à cet âge, et dans ce milieu, un barbare flamand, qui ne savait même pas l’italien, et parlait latin avec un accent intolérable aux oreilles romaines, la plus grande anomalie qui ait jamais paru dans l’histoire des papes. Le peuple romain le haïssait d’une haine mortelle, et Pasquino428 était inépuisablement fécond en épigrammes cinglantes et en versets calomnieux sur le nouveau pape et ses électeurs. Les réformateurs allemands n’étaient pas enclins à le voir d’un bon œil ; car il avait auparavant, en sa qualité de grand-inquisiteur, condamné, selon Llorente, entre 20 000 et 30 000 hommes sous l’inquisition espagnole, et en avait fait brûler vifs plus de 1 600. Les Romains firent deux tentatives pour l’assassiner à coups de poignard et de poison, mais aucune ne réussit. Il mourut cependant après un court pontificat d’un an et demi, le dernier Allemand et même le dernier non-Italien à occuper le trône pontifical. Mais les Romains écrivirent sur la porte de la maison de son médecin : « Au libérateur de la patrie », et ils s’amusèrent quand le cadavre du pape défunt fut déposé entre ceux de Pie Ier. et Pie II, en répétant la faible plaisanterie : Impius inter Pios. La liesse à Rome, cependant, fut extravagante, lorsque, lors du conclave suivant, un membre de la famille des Médicis, le fils illégitime de Jules assassiné (110, 11), le cardinal Jules de Médicis, qui avait été rejeté dans la première occasion, fut proclamé sous le titre de Clément VII . De 1523 à 1534. Les braves Romains ne s’attendaient pas, en effet, à ce que ce pape, par suite de l’inconstance de sa politique et de l’infidélité de sa conduite envers l’empereur (126, 6), à la faveur et à l’influence duquel il devait principalement sa propre élévation, réduirait leur ville à un état de misère et d’abattement tel qu’on n’en avait jamais vu depuis l’époque d’Alaric et de Genséric (132, 2). La position d’un pape comme Clément, qui se considérait comme appelé, non seulement comme prince de l’Église, à redresser les institutions ecclésiastiques de l’époque, qui, dans tous les domaines, avaient été jetées dans une confusion complète par les tempêtes de la Réforme allemande (126, 2), mais aussi, en tant que prince temporel, délivrer l’Italie et les États de l’Église de la servitude menacée envers l’Allemagne et l’Espagne, non moins qu’envers la France, était d’une difficulté singulière, de sorte qu’un politicien beaucoup plus astucieux que Clément n’aurait guère pu se maintenir avec succès.
149.2. Les Papes du temps du Concile. — Après Clément VII, la dignité pontificale fut conférée à Alexandre Farnèse, qui prit le nom de Paul III. 1534-1549, un homme de culture classique et d’une ruse extraordinaire. Il doit son chapeau de cardinal, reçu une quarantaine d’années auparavant, à une intrigue adultère de sa sœur Julia Orsini avec le pape Alexandre VI. Son entrée dans cette dignité ecclésiastique ne l’amena cependant pas à renoncer à sa vie sensuelle et immorale et, après son élévation à la chaire pontificale, il pratiqua le népotisme à l’exemple des Borgia et des Médicis. Il fut, cependant, le seul pape, au moins pendant longtemps, qui semblait réellement désireux de s’entendre sur des points doctrinaux avec les protestants allemands (139, 23). Il convoqua enfin le concile œcuménique, si longtemps réclamé en vain par l’empereur, pour qu’il se réunisse à Mantoue le 23 mai de l’an prochain. 1537 ; mais il en repoussa ensuite l’ouverture, à cause de la guerre contre les Turcs, jusqu’au 1er novembre de la même année, puis de nouveau jusqu’au 1er mai de l’an J.-C. Année 1538. Ce dernier jour, il devait se réunir à Vicence, et après cette date, il fut suspendu indéfiniment. L’insistance persistante de l’empereur pour avoir un concile définitif et dûment constitué dans une ville allemande l’a conduit à fixer son choix sur Trente, où un concile a été convoqué pour se réunir le 1er novembre après J.-C. 1542, mais les troubles qui s’élevèrent entre-temps avec la France donnèrent un prétexte bienvenu pour un nouvel ajournement. La pression persistante de l’empereur a conduit à la publication d’un nouveau rescrit par le pape le 15 mars après J.-C. En 1545, il y eut le retard habituel dû à l’incapacité d’obtenir un nombre suffisant d’évêques et de délégués orthodoxes et compétents, et c’est ainsi que le concile s’ouvrit finalement à Trente le 13 décembre de notre ère. Année 1545. L’habile gestion du concile par le cardinal-légat del Monte, l’exposé soigneusement préparé à l’avance sur la base nettement anti-protestante sur laquelle ils devaient procéder ( 136, 4), et le plan bien arrangé des légats pour en assurer l’adoption en faisant compter les suffrages non pas d’après les nations, mais d’après les individus (110, 7), Au cours des sessions précédentes, il contribua largement à neutraliser les tendances conciliatrices de l’empereur et à empêcher que les protestants ne prennent une part active aux débats. Lorsque l’empereur, qui était alors parvenu au sommet de sa puissance, défendit la promulgation de ces arrangements, le pape déclara qu’il ne trouvait pas convenable et convenable que le concile se tint dans une ville allemande ; C’est pourquoi, sous prétexte qu’une épidémie de peste s’était déclarée à Trente, il publia à la huitième session un ordre selon lequel, le 11 mars de notre ère, il publia un ordre selon lequel, le 11 mars de notre ère. 1547, elle devrait reprendre à Bologne. La protestation décidée de l’empereur obligea les évêques allemands à rester à Trente, et les évêques qui s’assemblèrent à Bologne dans ces circonstances n’osèrent pas continuer leurs démarches. Comme l’empereur refusait obstinément de reconnaître le changement de siège, et qu’en conséquence les évêques présents avaient quitté la ville l’un après l’autre, le pape publia un décret en septembre après J.-C. 1547, repoussant à nouveau la réunion indéfinimentLe cardinal-légat del Monte lui succéda, et prit place sur le trône pontifical sous le nom de Jules III. 1550-1555. Il ne pouvait se livrer au népotisme que dans une mesure limitée, mais il a fait dans cette direction ce qui était possible. Poussé par la nécessité, il ouvrit de nouveau le Concile de Trente le 1er mai de notre ère. Année 1551. Des délégués protestants devaient également y assister. Mais sans tenir compte d’eux, le concile continua à s’en tenir fermement aux doctrines anti-protestantes (136, 8). La situation changea subitement et inopinément par l’apparition de l’électeur Maurice. À l’approche de son armée victorieuse, le conseil se sépara, après qu’il eut tenu sa seizième session, le 28 avril de l’an J.-C. En 1552, promulgua des articles condamnant tous les protestants, et résolut de poursuivre les poursuites pendant deux ans. Après la mort de Jules III, Marcellus II. a été élu à sa place, l’un des papes les plus nobles de tous les temps, qui s’est exclamé un jour qu’il ne pouvait pas comprendre comment un pape pouvait être heureux dans la camisole de force de la curialisation dominante. Il n’occupa la chaire de saint Pierre que pendant vingt et un jours. Il fut remplacé par John Peter Caraffa ( 139, 23), comme Paul IV, A.D. 1555-1559. Il poursuivit les opérations de l’Inquisition, réintroduite à Rome à son instigation sous Paul III. car la répression de tous les mouvements protestants, avec la sévérité et l’insistance les plus téméraires, ne se lassa pas de rechercher et de brûler tous les livres hérétiques, et protesta contre la paix religieuse d’Augsbourg. Il s’opposa également à l’élévation de Ferdinand Ier. au trône impérial, ce qui amena le nouvel empereur à publier un décret d’État, qui se terminait par ces mots : « Et chacun peut juger par là que Sa Sainteté, en raison de son âge ou d’autres causes, n’est plus en pleine possession de ses sens. » Ce pape aussi dans la bulle, Cum ex apostolatus officio de l’A.D. En 1558, il libère les sujets du devoir d’obéissance aux princes hérétiques et exhorte les souverains orthodoxes à entreprendre la conquête de leurs territoires. Mais il s’aigrit aussi parmi la populace romaine par sa tyrannie inquisitoire, de sorte qu’à la nouvelle de sa mort, ils détruisirent tous les bâtiments de l’Inquisition, brisèrent en morceaux les statues et les armes papales, et, sous la menace de mort, forcèrent tous les membres de la famille Caraffa à quitter la ville. Pie IV, apr. J.-C. De 1560 à 1565, il modéra et réduisit, autant qu’il le jugeait sûr, la violence fanatique et l’étroitesse de l’Inquisition, et l’influence réformatrice qu’il accorda à son talentueux neveu Charles Borromée sur les affaires de la curie porta beaucoup d’excellents fruits. Sans beaucoup d’opposition, il ouvrit de nouveau le Concile tridentin le 18 janvier après J.-C. 1562, qu’il semblait maintenant pouvoir reprendre avec moins de danger, en commençant par la dix-septième session et en terminant par la vingt-cinquième le 3 ou le 4 décembre de l’ère chrétienne. Année 1563. Sur les 255 personnes qui y ont participé, plus des deux tiers étaient des Italiens. Les légats pontificaux dominaient sans retenue, et c’était un secret de polichinelle que « le Saint-Esprit vint de Rome à Trente dans la boîte à dépêches ». Dans la doctrinal les dogmes médiévaux, avec une coloration plus résolument anti-protestante, mais en évitant soigneusement les points de litige entre franciscains et dominicains ( 113, 2), ont été énoncés, ainsi qu’une condamnation formelle des doctrines opposées du protestantisme. Dans les propositions de réforme, des améliorations décisives ont été introduites dans l’ordre et la discipline de l’Église, dans la mesure où cela pouvait se faire sans préjudice des intérêts de la hiérarchie. Les évêques allemands, espagnols et surtout français, ainsi que les commissaires des tribunaux catholiques, réclamèrent d’abord, dans un souci de conciliation et de réforme, la permission pour les prêtres de se marier et l’octroi de la coupe aux laïcs, la limitation du nombre des jeûnes et du culte des saints, des reliques et des images, ainsi que les extravagances hiérarchiques les plus extrêmes. Mais les légats savaient bien gagner du temps par des intrigues rusées, dégoûter leurs adversaires en excitant de subtiles disputes théologiques, et les fatiguer par des retards fastidieux ; Aussi, lorsqu’il s’agit enfin du vote, la majorité compacte des Italiens résista à toutes les oppositions qu’il fut possible de manifester. A la fin de la dernière session, Charles, cardinal de Lorraine ( 139, 13), qui, de l’opposition, était passé à la majorité, s’écria : « Anathème à tous les hérétiques ! » et les prélats répondirent en chœur. Le pape confirma les décrets du concile, mais défendit, sous peine d’excommunication, de les exposer, car cela ne concernait que le siège pontifical. Ils furent acceptés sans hésitation en Italie, en Portugal, en Pologne et en Espagne, dans la mesure où ils étaient d’accord avec les lois de l’empire. En Allemagne, en Hongrie et en France, les gouvernements refusèrent de les reconnaître ; Mais les décrets réformateurs, qui pouvaient réellement être reconnus comme des améliorations, furent acceptés volontiers, et même l’objection aux conclusions particulières en matière de foi fut bientôt réduite au silence devant le sentiment de l’importance de régler la question et d’assurer à tout prix l’unité de l’Église.429
149.3. Les Papes après le Concile.— Pie V, A.D. 1566-1572, est le seul pape pendant de nombreux siècles avant et jusqu’à nos jours qui a été canonisé. C’est ce qu’a fait Clément XI. en apr. J.-C. Année 1712. Il était auparavant dominicain et grand inquisiteur, et même en tant que pape, il a continué à vivre la vie d’un moine et d’un ascète. Il s’efforça de sortir la société romaine de sa profonde dégradation morale, condamna l’augustinisme strict en la personne de Baïus, rendit plus sévère la bulle In Cæna Domini ( 117, 3), et mit l’Inquisition romaine à l’œuvre avec une activité effrayante jamais égalée auparavant. Il libéra également tous les sujets de la reine Élisabeth d’Angleterre de leurs serments d’allégeance, menaça l’empereur Maximilien de déposition s’il accordait la liberté religieuse aux protestants et, de connivence avec l’Espagne et Venise, remporta une brillante victoire navale sur les Turcs à Lépante en J.-C. Année 1571.430―Grégoire XIII, apr. J.-C. De 1572 à 1585, célébra le mariage sanglant comme un acte de foi glorieux, produisit une édition améliorée du Corpus juris canonici, et réalisa en A.D. 1582 la réforme du calendrier qui avait déjà été proposée au concile tridentin. Le nouveau calendrier ou calendrier grégorien, qui passait à dix jours pour se débarrasser de la divergence qui s’était produite entre l’année civile ou julienne et l’année naturelle, ne fut adopté qu’après une opposition considérable même par les États catholiques. Les gouvernements évangéliques d’Allemagne ne l’ont introduit qu’en J.-C. 1700, Angleterre en A.D. 1752, et la Suède en 1752 . 1753, tandis que la Russie et tous les pays sous la domination de l’Église grecque continuent jusqu’à ce jour leur adhésion à l’ancien calendrier julien. Le successeur de Grégoire, Sixte V, apr. J.-C. 1585-1590, fut le plus grand et le plus puissant de tous les papes depuis la Réforme, non pas en tant que chef spirituel de l’Église, mais en tant qu’homme d’État et dirigeant des États pontificaux. Issu d’une famille très pauvre, Felix Peretti était comme un garçon engagé dans l’élevage des porcs. À l’âge de dix ans, cependant, grâce à l’influence de son oncle, un moine minorite, il obtint l’admission et l’éducation élémentaire dans son cloître de Montalto, près d’Ancône. Après avoir terminé ses études, il se distingua comme orateur de chaire par son éloquence, comme professeur et écrivain par son érudition, comme consultant de l’Inquisition par son dévouement zélote aux intérêts de l’orthodoxie, comme président de divers cloîtres par la rigueur avec laquelle il menait à bien les réformes morales, et, après avoir passé par toutes les étapes de la hiérarchie monastique et s’être élevé au rang de vicaire général de son ordre, il a été élevé par Pie V. au rang d’évêque et de cardinal. Il prit alors le nom de cardinal Montalto, et en tant que tel obtint une grande influence dans l’administration de la curie. La mort de son protecteur pontifical et la succession de Grégoire XIII, qui, par suite d’une expérience antérieure en tant que co-commissaire avec lui en Espagne, nourrissait une inimitié amère contre lui, le condamnèrent à se retirer dans la vie privée pendant treize ans. Il passa le temps de sa tranquillité forcée dans des entreprises d’architecture, aménageant des jardins, éditant les œuvres de saint Ambroise, exerçant des actes de bienveillance, montrant envers chacun par tout le cours de sa conduite de la douceur, de la douceur et de l’amitié, et, malgré les critiques acerbes et méchantes qu’il faisait parfois sur le pape, montrant un esprit de conciliation envers ses traducteurs. Ainsi, les cardinaux ont acquis la conviction qu’il serait un pape doux et docile, et ils l’ont donc élu à la mort de Grégoire pour être son successeur. On raconte encore à son sujet comment, le jour même de son élévation, il jeta le bâton sur lequel, avec toute l’apparence de la faiblesse de l’âge, il avait eu l’habitude de s’appuyer jusque-là ; mais c’est un fait incontestable qu’à partir de ce même jour il parut sous les traits d’un homme tout à fait différent. Froid et réservé, rusé et prévoyant dans ses projets, imprudemment et sans hésitation déterminé jusqu’à l’extrême dureté dans l’exécution de ses desseins, avide et insatiable dans l’accumulation de trésors, parcimonieux envers ses dépendants et dans son propre ménage, mais prodigue envers son exde grands édifices pour l’ornementation de la ville éternelle et pour son bien public. Il délivra les États de l’Église de la puissance des bandits, qui avaient causé une indicible confusion, et introduisit dans ces États un règne de terreur. Par une série de lois draconiques, qui furent exécutées par plusieurs centaines de personnes sans égard à la personne, il répandit une peur indescriptible parmi tous les malfaiteurs, et assura à la ville et à l’État une sécurité de vie et de propriété qui avait été jusque-là inconnue. Dans les controverses théologiques, il resta la plupart du temps neutre, mais dans la persécution des hérétiques dans son pays et à l’étranger, il n’y eut aucune rémission de son zèle antérieur. Il prit une part très active aux mouvements politiques de son temps, et le fait que les intérêts des États pontificaux lui tenaient plus à cœur que les intérêts de l’Église eut les conséquences les plus importantes et les plus profondes pour les développements futurs de l’État et de l’Église en Europe. Que la souveraineté universelle des Habsbourg à laquelle aspirait Philippe II. d’Espagne menaçait aussi l’indépendance des États pontificaux et il percevait très distinctement l’importance politique de la papauté ; mais il ne s’apercevait pas, ou du moins ne voulait pas admettre, que le succès de ce projet eût été le seul moyen sûr d’assurer l’extinction complète du protestantisme et le rétablissement de l’unité absolue de l’Église. C’est la raison pour laquelle il n’était qu’à moitié enthousiaste à soutenir Philippe dans la guerre contre la protestante Élisabeth d’Angleterre, et aussi si tiède envers la ligue catholique des Guises en France qui travaillait dans le sens des intérêts espagnols. Il réussit en effet à affaiblir la puissance espagnole en Italie et à entraver les agressions espagnoles en France, mais en même temps, il échoua par ces mêmes moyens à obtenir une victoire sur le protestantisme en Angleterre et aux Pays-Bas, tandis que la faiblesse des Habsbourg allemands face aux princes protestants allemands était en grande partie le résultat de sa politique. La populace romaine, excitée contre lui, non pas tant par sa sévérité que par les lourds impôts qu’on lui imposait, fit tomber après sa mort la statue que le sénat avait élevée à sa mémoire dans le Capitole.431 Les trois papes suivants, qui avaient tous été élus dans l’intérêt de l’Espagne, moururent peu de temps après l’autre. Urbain VIII. n’eut qu’un pontificat de douze jours ; Grégoire XIV. régna dix mois ; et Innocent IX. n’a survécu que deux mois. Puis Clément VIII, apr. J.-C. De 1592 à 1605, monta sur le trône pontifical, son pontificat en ce qui concerne la politique civile et ecclésiastique, « une faible copie de celui de Sixte ». Son successeur, Léon XI, mourut après avoir occupé la chaire pendant vingt-sept jours. — Suite, 155, 1.
149.4. L’infaillibilité papale. — La contre-réforme de cette période s’efforça de remettre au premier plan l’affirmation de l’infaillibilité du pape, qui avait été ajournée ou mise de côté au cours du siècle précédent (110, 15). Le noble Hadrien VI. il avait, en effet, dans son œuvre scolastique, des Quæstiones de sacramentis, d’après J.-C. 1516, réédité sous son pontificat, établit comme hors de tout doute que même les papes en matière de foi pouvaient se tromper et s’étaient souvent trompés : « plures enim fuerunt pontifices Rom. hæretici ». D’un autre côté, Léon X, dans la bulle lancée contre Luther, avait nettement affirmé que les papes de Rome ne s’étaient jamais trompés dans leurs décrets et leurs bulles. Grégoire XIII. déclaré en A.D. 1584, que toutes les bulles pontificales qui contenaient des décisions disciplinaires sur des rappels au Règlement étaient infaillibles. Sixte V, dans la bulle Æternus ille, avec laquelle il publia sa malheureuse édition de la Vulgate en apr. J.-C. 1589, réclama aux papes le droit de décider infailliblement de l’exactitude des lectures du texte biblique ; mais il s’empressa, par le rappel ou la suppression de la bulle, de faire oublier l’erreur. Bellarmin enseignait que le pape n’est infaillible que lorsqu’il parle ex cathedra ; c’est-à-dire qu’il définit un dogme et le prescrit à la foi de toute la chrétienté. Mais quand, malgré tous les efforts du général jésuite Lainez, aucune décision définitive n’a été prise à Trente sur la question de savoir si et jusqu’à quel point le pape devait être considéré comme infaillible, la question est restée indéfinie et incertaine pendant plus de trois siècles (187, 3).
149.5. La prophétie de saint Malachie. — Dans son livre « Lignum Vitæ », publié à Venise en A.D. En 1595, le bénédictin Wion rendit publique pour la première fois une prophétie attribuée à saint Malachie, archevêque d’Armagh, mort en 1595 . 1148, dans lequel tous les papes depuis Cœlestine II, en A.D. 1143, jusqu’à la fin du monde, englobant en tout cent onze, sont caractérisés par de courtes esquisses descriptives. Il publia également un article prétendument écrit par le dominicain Ciaconius, qui mourut en J.-C. 1599, auteur d’une Histoire des Papes, qui, cependant, dans beaucoup de détails, ne s’harmonise pas avec ce document. Dans ce fragment supplémentaire, nous avons des caractérisations brèves et fréquentes des soixante-quatorze premiers papes, allant jusqu’à Urbain VII, en apr. J.-C. Année 1590. Les dispositifs représentent pour la plupart correctement les armoiries, le nom, le lieu de naissance, l’ordre monastique, etc., des différents papes ; mais ceux-ci, dans tous les cas, sont dérivés de l’histoire de l’homme avant qu’il ne monte sur le trône pontifical. D’autre part, les dispositifs utilisés pour désigner les trois papes successifs jusqu’à J.-C. 1595 sont tout à fait inapplicables et arbitraires. Il en va de même dans presque tous les cas de tentatives de caractérisation des papes ultérieurs. On peut donc considérer qu’elle n’est que le résultat d’une coïncidence fortuite, si de temps en temps il semble y avoir quelque bonne mesure de correspondance. Ainsi le n° 83, Montium custos, décrit Alexandre VII, dont les armes représentent six montagnes ; N° 100, De balneis Etruriæ, répond à Grégoire XVI, qui appartenait à un cloître toscan ; et le n° 102, Lumen in cœlo, désigne Léon XIII, qui a une étoile dans ses armoiries. Si, après la mort de Léon, comme le remarque Harnack, un pape allemand était possible, le n° 103, Ignis ardens, pourrait être réalisé le plus exactement par l’élection du cardinal Hohenlohe. Ce qui est encore plus frappant, bien qu’il rompe avec le principe qui est rigoureusement suivi à l’égard des nombres antérieurs de 1 à 74, c’est la manière dont le malheur de Pie VI est tourné en ridicule sous le n° 96, Peregrinus apostolicus. ( 165, 10, 13) ; et dans le n° 101 Crux de cruce est appliqué à Pie IX. ( 184, 2, 3). Dans l’ensemble, il ne fait aucun doute que la composition du document appartient à J.-C. 1590, et même à la période pendant laquelle le conclave siégea pendant près de deux mois après la mort d’Urbain VII, et que l’auteur, bien qu’en vain, s’efforça d’influencer les cardinaux dans leur élection en faisant croire que la nomination du cardinal Simoncelli d’Orvieto, c’est-à-dire Urbs vetus, avec le dispositif, De antiquitate urbis, avait été ainsi divinement indiqué. Il choisit le nom de saint Malachie, parce que son ami et biographe, saint Bernard, lui avait attribué le don de prophétie. Sa série de papes dut donc commencer par un contemporain de saint Malachie ; Et comme l’auteur doit parler de lui comme d’un pape qui n’a pas encore été élu, il lui donne des désignations, ainsi qu’à tous ceux qui lui succèdent jusqu’à son époque, qui indiquent exclusivement des caractéristiques et des relations qui leur appartenaient avant leur élection à la dignité pontificale. Weingarten pense que Wion lui-même est l’auteur à la fois de la prophétie et de son appendice explicatif, mais Harnack a donné de sérieuses raisons de remettre en question cette conclusion.
149.6. Réforme des anciens ordres monastiques.
149.7. Nouvelles commandes pour les missions intérieures.
149.8. La Compagnie de Jésus : fondation de l’Ordre.―Ignace de Loyola, Don Inigo Lopez de Recalde, né au château de Loyola en A.D. Né en 1491, il descendait d’une famille distinguée de chevaliers espagnols. Grièvement blessé lors du siège de Pampelune par les Français en A.D. En 1521, il chercha à soulager l’ennui d’une longue et douloureuse maladie en lisant des romans de chevalerie et, quand il les eut terminés, les légendes des saints. Ceux-ci firent sur lui une profonde impression, et allumèrent en lui un zèle ardent pour l’imitation des saints dans leur abandon du monde, et leur supériorité sur les pensées et les voies du monde. Les convulsions nerveuses et les apparitions de la reine du ciel donnèrent leur consécration divine à cette nouvelle tendance. Après sa guérison, il distribua ses biens aux pauvres, et, en habit de mendiant, se soumit à l’ascétisme le plus rigoureux. À l’âge de trente-trois ans, il commença, en A.D. En 1524, assis au milieu des garçons, il apprend les premiers éléments du latin, puis étudie la philosophie à Complutum et la théologie à Salamanque et à Paris. Avec une détermination de fer et de volonté, il surmonta toutes les difficultés. À Paris, six hommes partageant les mêmes idées se joignirent à lui : Pierre Favre, de Savoie, qui était déjà prêtre ; François-Xavier, appartenant à une famille de grands d’Espagne ; James Lainez, un Castillan ; Simon Rodriguez, un Portugais ; Alphonso Salmeron et Nicholas Bobadilla, tous deux espagnols. Avec un enthousiasme débordant, ils dessinèrent le plan d’un nouvel ordre qui, par son nom même de « Compañia de Jesus », indiquait son caractère d’armée spirituelle, et en réunissant en lui-même tous les traits qui, séparément, caractérisaient les divers ordres monastiques, avançaient la prétention audacieuse d’être l’ordre universel et principal de l’Église romaine. Mais avant tout, ils se sont mis eux-mêmes dans l’obligation, en A.D. 1534, par un vœu solennel de pauvreté et de chasteté absolues, et promit de se consacrer au service de la foi catholique sur l’ordre du pape. Pratiquant l’ascèse la plus stricte, ils terminèrent leurs études et obtinrent l’ordination sacerdotale. Comme des difficultés insurmontables, nées de la guerre menée par Venise avec les Turcs, empêchaient l’accomplissement de leur intention primitive d’une croisade spirituelle en Terre Sainte, ils se rendirent à Rome, et après quelques hésitations, Paul III, en l’an 2000. 1540, confirmèrent leur association en tant que Ordo Societatis Jesu. Ignace en fut le premier général. À ce titre, il continua à se consacrer avec une grande énergie de volonté aux exercices spirituels, au soin des malades, aux devoirs pastoraux et au conflit avec les hérétiques. Il mourut en apr. J.-C. 1556, et fut béatifié par Paul V en 1556 . 1609, et canonisé par Grégoire XV en 1609. Année 1622. Un recueil de ses lettres a été publié en trois volumes par les Jésuites en A.D. Année 1874.435―Parmi les ses disciples qui ont imité leur maître en génie, en perspicacité et en vastes projets qui embrassent le monde, nous devons nommer le polyvalent Lainez, l’énergique Francis Borgia, un grand d’Espagne, petit-fils de Giovanni Borgia, fils du pape Alexandre VI assassiné. ( 110, 12), mais surtout le Napolitain Claudio Aquaviva, A.D. 1581-1615, qui, à bien des égards, mérite d’être considéré comme le nouveau fondateur de la création de Loyola. Sous leur règne, l’ordre entama une carrière d’une importance universelle dans l’histoire, en tant que nouvelle armée spirituelle pour la défense de la papauté. Les papes montrèrent leur faveur en l’accablant de privilèges inouïs, de sorte qu’elle devint d’année en année de plus en plus puissante et complète. Jamais aucune société humaine n’est parvenue à mieux comprendre comment éprouver les esprits, et assigner à chaque individu une place, et le mettre à l’œuvre pour les fins pour lesquelles il est le mieux adapté ; et jamais un système d’espionnage vigilant n’a été appliqué avec plus de constance et de rigueur. Tout doit être abandonné aux intérêts de l’ordre dans l’obéissance inconditionnelle aux ordres du supérieur, même ce qui est aux hommes les plus chers et les plus sacrés, la patrie, les relations, les goûts et les dégoûts. Le jugement et la conscience ne comptent pour rien ; L’ordre est tout. Ils ont compris comment utiliser tout ce que le monde offre, la science, l’apprentissage, l’art, la culture mondaine, la politique et, dans l’accomplissement de leurs missions étrangères, la colonisation, le commerce et l’industrie, comme moyens d’atteindre leurs propres fins (156, 13). L’ordre prit en main l’éducation des enfants des rangs supérieurs, et s’assura ainsi des mécènes dévoués et puissants. Par la prédication, le travail pastoral et la fondation de nombreuses confréries et sororités, ils ont exercé sur le peuple, sont devenus les conseillers des princes par le confessionnal, se sont infiltrés dans les relations et dans tous les secrets. Et tous ces innombrables appareils, toutes ces puissances et tous ces talents remarquables, unis sous la direction d’une seule volonté, étaient inébranlablement dirigés vers un seul but : du côté positif, l’avancement et la propagation du catholicisme ; du côté négatif, le renversement et le déracinement du protestantisme. À la mort du fondateur, en A.D. En 1556, l’ordre comptait déjà plus de 1 000 membres dans treize provinces et 100 colonies, et soixante-dix ans plus tard, le nombre de provinces était passé à trente-neuf, avec 15 493 membres dans 803 maisons.436― Suite, 151, 1 ; 165, n° 9.
149.9. Constitution de l’Ordre des Jésuites.—Tenu d’obéir et de rendre compte de ses actions uniquement au pape, exempt de toute autre sorte de surveillance ecclésiastique, et dédaignant par conséquent d’accepter toutes les dignités et bénéfices spirituels, tels que les évêchés, les canoniats, les pastorats, etc., cet ordre, entièrement autonome, présente une organisation plus parfaite et plus compacte qu’aucune grande association sur cette terre n’a jamais pu montrer. Seuls ceux qui avaient une bonne santé physique et des capacités intellectuelles étaient admis au noviciat de deux ans. Après que cette période de probation eut été passée d’une manière satisfaisante, les novices furent libérés de la discipline du maître des novices et soumis aux trois vœux monastiques habituels d’obéissance, de pauvreté et de chasteté. Désormais, soit ils entraient immédiatement comme « coadjuteurs séculiers » dans les fonctions qui leur étaient assignées dans l’administration et le soin des affaires extérieures des maisons de l’ordre, soit comme « scholastici approbati » pour leur culture intellectuelle ultérieure, ils étaient reçus dans les établissements collégiaux prévus à cet effet sous la direction d’un recteur. Après avoir terminé les études et les exercices prescrits, ils procédaient en tant que « scholastici formati » à leurs devoirs de « coadjuteurs spirituels », qui étaient tenus de poursuivre leurs études, d’instruire les jeunes et d’accomplir un travail pastoral. Après de nombreuses années d’épreuves, les plus capables et les plus actifs d’entre eux furent reçus dans le nombre des « professi », qui vivent uniquement d’aumônes dans une institution distincte et spéciale présidée par un supérieur. Mais parmi les professi, il y a une distinction faite entre ceux qui adoptent trois et ceux qui adoptent quatre vœux. Ceux-ci, qui, en plus des autres vœux habituels, prennent aussi un vœu d’obéissance au pape à l’égard de toute mission parmi les païens et les hérétiques qu’il lui plaira de leur confier, en tant qu’esprits d’élite de l’ordre, en constituent le noyau même et forment le cercle immédiatement autour du général, qui, avec l’absolutisme monarchique, se tient à la tête de tous. Mais cet autocrate lui-même est surveillé par les quatre assistants qui lui sont associés et par un admonesteur, qui est en même temps son confesseur, afin qu’il ne commette rien de contraire aux règles de l’ordre et n’abuse pas indûment de ses propres prérogatives ; et il est également responsable devant la Congrégation générale de tous les professi, qui se réunit tous les trois ans. Les provinciaux officient en tant que vice-rois dans les différents pays où l’ordre a un pied. À côté du supérieur spirituel de chaque maison de l’ordre se trouve un procureur, généralement de rang clérical, pour l’administration des biens et la surveillance des coadjuteurs séculiers. Comme le général, tous les autres supérieurs sont surveillés par les assistants ou conseillers qui leur sont associés, et par les admonesteurs ou les pères confesseurs. Les Constitutiones Societatis Jesu (Rom., 1583), p. vi., c. i. 1, décrivent ainsi l’obéissance qui doit être rendue aux supérieurs : Quisquis sibi persuadeat, quod qui sub obedientia vivunt, se ferri ac regi a divina providentia per superiores suos sinere debent perinde ac si cadaver essent, quod quoquoversus ferri et quacunque ratione tractari se sinit : vel similiter atque senis baculus, qui ubicunque et quacunque in re velit eo uti, qui cum manu tenet, ei inservit. Par tous les memLes membres de l’Ordre, de tous les degrés, par les novices comme par les adeptes, consacraient ordinairement une fois par an, sous la direction d’un maître d’exercice choisi pour ce travail, à l’exercitia spiritualia, dans lequel une attention rigoureuse était accordée à la prière, à la méditation, à l’examen de conscience, à la mortification, etc., comme moyen efficace de briser et de briser la volonté individuelle. La première esquisse d’un directoire pour les exercices de ce genre a été faite par le fondateur lui-même dans son Exercitia Spiritualia (Anvers, 1638). Cet ouvrage, annoté, augmenté et complété, fut finalement adopté par la congrégation générale en l’an 2000. 1594, et publié sous le titre Directorium in exer. sp.― La règle originelle des Jésuites est exposée dans les Constitutiones Societatis Jesu déjà citées ; leur règle ultérieure, finalement perfectionnée à la dix-huitième congrégation générale, est donnée dans l’Institutum Soc. Jesu (2 vol., Prag., 1757). La Monita secreta Soc. Jesu, publiée pour la première fois à Cracovie en J.-C. 1612, prétendant avoir été obtenu par des instructions privées communiquées par Aquaviva, le cinquième général de l’ordre, uniquement aux plus dignes de confiance de l’élite même des professi, qui rend compte sans la moindre réserve des moyens, souvent de la description la plus peu scrupuleuse, à mettre en œuvre pour assurer l’accroissement de l’ordre du pouvoir, La réputation, l’influence et les possessions ont été répudiées avec horreur par l’ordre comme une calomnie malveillante, par laquelle probablement quelque délinquant qui avait été expulsé cherchait à se venger. L’auteur, qui, en tout cas, trahit une connaissance approfondie des dispositions internes de l’ordre, sous la forme fictive d’un cours d’instruction donné par le général nommé, a pu communiquer, avec beaucoup d’exagérations, un compte rendu des pratiques courantes dans la société de son temps.437
149.10. Le système doctrinal et moral des jésuites. — Dans la dogmatique, Loyola lui-même et ses disciples immédiats étaient fermement attachés au système doctrinal dominant de Thomas (113, 2). Peu à peu, cependant, on s’aperçut que, sur cette base, leur conflit avec les protestants au sujet des doctrines fondamentales du péché et de la grâce, de la justification et de la sanctification était de diverses manières précaire, ce qui occasionna une inclination de plus en plus vers le côté scotiste. Leur général Aquaviva, dans l’ordre d’étude prescrit en A.D. 1586, annonça publiquement cette rupture avec la doctrine du Docteur Angélique, la restreignant toutefois aux doctrines de la grâce et de l’Immaculée Conception. D’autre part, ils étaient les défenseurs les plus zélés des doctrines caractéristiques de saint Thomas (96, 23) Même dans leur forme la plus extrême, l’infaillibilité papale, l’épiscopat universel du pape et sa suprématie absolue sur tout potentat terrestre. Dans l’intérêt de la papauté, ils jetèrent ainsi les bases d’une théorie de la souveraineté du peuple en matière de vie civile : Seul le pouvoir pontifical est, d’après Matthieu XVI, chap. 18, immédiatement de Dieu, celui des princes est du peuple. Le peuple donc, si son prince est hérétique ou tyran, peut se débarrasser de lui en le déposant, en le bannissant, ou même en le mettant à mort ; c’est-à-dire tyrannicide. C’est ce qu’enseigna Bellarmin, mort en apr. J.-C. 1621, parlant au nom de tout l’ordre, dans son traité De potestate pontificis in temporalibus, et plus nettement et plus ouvertement encore l’historien espagnol prudent et fiable Juan Mariana, qui mourut en A.D. 1624, dans son Miroir pour les Princes, De rege et regis institutione, qui fut donc condamné par le parlement de Paris à être brûlé ; tandis qu’un autre de ses ouvrages, publié seulement après sa mort, réfléchissant sur les procédés despotiques du général de l’ordre, Aquaviva, et dénonçant impitoyablement beaucoup d’autres délits de la société, fut condamné par Urbain VIII. À côté de la doctrine pélagianisante jésuite de la grâce, se développait également une doctrine laxiste de la morale, qui menaçait de saper les fondements mêmes de la moralité. Ils l’ont rendu familier aux gens en général par le confessionnal. Voici les principaux points sur lesquels leur casuistique chicanante s’est exercée de manière à jeter le discrédit sur la moralité des jésuites :
Ces axiomes moraux et d’autres semblables, qui n’ont pas été exprimés pour la première fois par l’ordre des Jésuites, mais qui sont déjà pour la plupart enracinés dans le système médiéval de la casuistique, ont certainement été appliqués pour la première fois avec une cohérence téméraire dans le code moral de la Compagnie de Jésus. De la manière la plus frivole et la plus légère, ils ont été appliqués à la vie, et exposés ouvertement et sans réserve dans le confessionnal, par les moralistes les plus célèbres de l’ordre. Ils ont été posés comme des principes bien établis, non seulement dans les discussions théologiques savantes, mais dans les manuels de morale régulièrement autorisés, approuvés par la congrégation de l’ordre, dont cinquante ou soixante-dix traités, par exemple ceux d’Escobar et de Busembaum (157, 1). existent toujours. Ils ne peuvent donc pas être répudiés comme les opinions individuelles de quelques écrivains téméraires et inconséquents. On trouvera également qu’ils sont à la base de tout le plan et de la procédure de l’ordre dans leurs poursuites contre les missions étrangères ( 150 ; 156 et 12) et dans leurs tentatives de prosélytisme des protestants ( 151, 1, 2), de fournir le principe qui sous-tend leur politique ecclésiastique et civile, leur activité industrielle et commerciale ( 156, 13), leur travail pastoral et éducatif. Ils illustrent également parfaitement leur devise bien connue, Omnia in majorem Dei gloriam. Il n’est pas nécessaire, cependant, de nier que l’ordre a de tout temps compté parmi ses membres beaucoup de gens qui se distinguaient par une piété profonde et des principes moraux stricts, et que certains d’entre eux ont expressément combattu et expérimenté à partir de l’Écriture ces doctrines si périlleuses pour la vérité et la pureté morales. Le plus célèbre des moralistes jésuites qui enseignèrent et défendirent ces vues pernicieuses furent François Toletus, qui mourut en 1944. 1596, Gabriel Vasquez, mort en 1596 . 1604, Thomas Sanchez, mort en 1604 . 1610, Francis Suarez, mort en 1610 .En 1617, le Westphalien Hermann Busembaum, mort en 1617 . 1668, et l’Espagnol Escobar de Mendoza, mort en 1668. Année 1699. Le nom de ce dernier a acquis une notoriété peu enviable par l’adoption du mot escobarderie dans la langue française.438
149.11. L’influence des Jésuites sur le culte et la superstition. — Comme le jésuitisme lui-même peut être décrit comme une reproduction sous une forme exagérée du catholicisme de la papauté médiévale, avec toute sa détérioration non évangélique et anti-évangélique, tout cela s’est manifesté de manière prééminente et caractéristique en ce qui concerne le culte et la superstition. C’est surtout dans la mariolâtrie que la doctrine et la pratique des jésuites dépassaient de loin toutes les extravagances du moyen âge. Dans le système de culte recommandé et pratiqué par les Jésuites, la divine Trinité a été supplantée par une quaternité, dans laquelle Marie a été assignée à sa place de fille adoptive du Père, de mère du Fils et d’épouse du Saint-Esprit, et ainsi ses fervents dévots ont fait éclipser son culte sur celui des trois personnes de la Divinité. En même temps que le culte de Marie, l’ordre a donné un nouvel élan à la vénération de sainte Anne (57, 2), que Thomas de Saint-Cyrille, dans son livre De laudibus b. Annæ, a célébré comme « la grand-mère de Dieu et la belle-mère du Saint-Esprit ». De la même manière, il a donné une impulsion au culte des saints, des images et des reliques, aux processions, aux pèlerinages et aux dévotions au chapelet, ainsi qu’aux croyances superstitieuses sur les scapulaires, les ceintures, les médailles, les amulettes et les talismans qui fonctionnent par miracle. Ignace et Xavier-eau, dotés de propriétés curatives au contact des reliques ou des modèles de ces saints. Les Jésuites faisaient également des découvertes sans fin de nouvelles légendes et reliques de miracles jusqu’alors inconnues. Ils sont à l’origine de l’adoration du cœur de Jésus ( 156, 6), renouvela la pratique de la flagellation, donna une nouvelle vitalité à la nuisance de l’indulgence et favorisa diligemment la croyance à la sorcellerie, à la possession démoniaque, aux apparitions du diable et à l’exorcisme. Ils ont également encouragé les idées stupides du peuple sur les sorcières, avec toutes leurs conséquences cruelles et horribles (117, 4). Le jésuite Delrio, avec l’approbation de son ordre, publia, en A.D. 1599, un livre intitulé Disquisitiones Magicæ, qui, en tant que digne complément du Marteau des sorcières, stigmatisa comme hérésie tous les doutes sur la vérité de la sorcellerie dont tant de papes infaillibles furent témoins, et donna une puissante impulsion aux persécutions des sorcières dans les pays catholiques romains. Que deux nobles jésuites, Tanner, qui mourut en apr. J.-C. 1632, et Spee, qui mourut en A.D. 1635, doivent être comptés parmi les premiers adversaires de l’illusion grossière, n’affecte en rien l’acte d’accusation porté contre l’ordre ; car Tanner a été persécuté parce que ses déclarations étaient contraires aux principes de la société, et le « Cautio Criminalis » de Spee n’a pu s’aventurer dans la lumière que anonymement, et n’a pu être imprimé que dans une ville protestante (Ruiteln, 1631).
149.12. Méthodes et institutions éducatives des Jésuites.—L’ordre des Jésuites ne s’est jamais intéressé à l’éducation élémentaire et populaire. La chaire et le confessionnal, ainsi que la fondation et le contrôle des confréries spirituelles et des sororités, offraient de nombreux moyens et occasions d’imprimer leur influence sur les ordres inférieurs du peuple. D’autre part, l’ordre s’efforçait sans relâche d’obtenir des chaires dans les gymnases, les séminaires de prêtres et les universités, et ce, non seulement dans le département de théologie, mais aussi dans toutes les autres facultés. Par ces moyens et par la fondation d’écoles régulières de jésuites, ils cherchèrent à mettre en main l’éducation des classes supérieures, afin d’obtenir d’eux le plus grand nombre possible de membres, d’amis et de protecteurs. Sous l’Aquaviva général, ce mouvement obtint un directoire autorisé et une règle dans la Ratio et institutio studiorum Soc. J., publiée en A.D. Année 1586. Et ce qui est très remarquable, quoique tout à fait unilatéral, et qui réalisait sans doute le plus efficacement les fins désirées, furent les résultats que l’ordre obtint dans le département de l’éducation catholique, qui avaient été profondément assombris par les brillants progrès de l’érudition et des méthodes d’éducation protestantes. L’étude de la philologie avait pour seul objet l’acquisition de la langue latine avec l’élégance cicéronienne, mais cela ne produisait que l’aisance à l’écrit et à l’oral. Le grec n’était étudié que d’ailleurs ; et la connaissance des antiquités classiques, ainsi que des arts et des sciences en général, à l’exception des mathématiques, était complètement négligée. Mais une attention particulière fut accordée à la rhétorique, et au moyen de disputes, de conférences publiques et de représentations dramatiques, on obtint une promptitude à parler et à répondre ; Mais la liberté de pensée et la culture indépendante ont été rigoureusement réprimées. Tout le cours d’instruction, aussi bien que la méthode d’enseignement, avait pour but de briser et de soumettre la volonté de l’élève. L’adhésion à un ordre rigide et l’obéissance inconditionnelle à des exigences raisonnables, une discipline douce, avec un contrôle strict, et un système régulier par lequel l’un était placé pour surveiller l’autre, étaient les moyens employés pour éveiller au maximum l’esprit d’émulation et donner un aiguillon aigu à l’ambition. Le programme d’études qu’un scolastique de l’ordre devait suivre dans les établissements collégiaux était divisé en studia inferiora et superiora. La première, composée de trois classes, a adopté la Grammatica comme base préliminaire pour les deux classes supérieures de l’Humanitas et de la Rhetorica. La superiora comprenait un cours de philosophie aristotélicienne de trois ans et un cours de théologie scolastique de quatre ans sur les Sentences du Lombard et la Somme de saint Thomas, ainsi qu’une étude biblique sur la Vulgate et les textes originaux, un peu d’histoire de l’Église et, comme couronnement de tout le programme, l’éthique casuistique.
149.13. Controverses théologiques.
149.14. Littérature théologique.—Divers types d’expédients ont été essayés afin d’assurer à fond l’établissement du système de croyance tridentin. Paul IV. dès J.-C.En 1499, il dressa une liste de livres interdits, qui fut de nouveau ratifiée à Trente en 1499 . 1562, et a été depuis lors continué et augmenté à travers une quarantaine d’éditions sous le nom d’Index librorum prohibitorum et expurgandorum (avec la note, donec corrigatur). Pie c. fondée en A.D. 1571 une « Congrégation de l’Index » spéciale pour s’occuper de cette affaire.439 La Professio fidei Tridentinæ de J.-C. 1564, et le Catéchisme romain de 1564 apr. J.-C. 1566, ont été publiées comme des déclarations authentiques de la doctrine tridentine ; et en A.D. En 1588, une congrégation permanente fut instituée pour expliquer ce système dans tous les cas de contestation qui pourraient survenir. De plus, le nouveau Breviarium Romanum d’A.D. 1568 ( 56, 2), ainsi que le Missale Romanum d’A.D. 1570, servit au même but. En apr. J.-C. En 1566, Pie V avait nommé une commission, les Correctores Romani, pour la préparation d’une nouvelle édition du Corpus juris canonici, que Grégoire XIII publia comme la seule forme authentique de l’ère chrétienne. Année 1582. Sixte V. publié en A.D. En 1589, une nouvelle édition de la Vulgate, Editio Sixtina, et, malgré ses nombreux errata, souvent seulement collés ou grattés, la déclara authentique. Clément VIII, cependant, publia une révision très modifiée, Editio Clementina, en A.D. 1592, et défendit formellement d’en faire aucune altération, mais fut amené lui-même à envoyer l’année suivante une seconde édition, qui se rendit coupable de cette faute même. Pendant ce temps, les catholiques romains et les érudits commencèrent, malgré le décret tridentin quant à l’authenticité de la Vulgate, à accorder une attention diligente à l’étude du texte original de l’Écriture Sainte. Le dominicain Santes Pagninus de Lucques, mort en J.-C.En 1541, un élève de Savonarole, après une étude minutieuse de tous les instruments rabbiniques, produisit un lexique hébreu en 1541. 1529, une grammaire hébraïque en 1529. 1528, une traduction littéralement exacte de l’Ancien et du Nouveau Testament à partir des textes originaux, à laquelle il s’est engagé pendant trente ans, une introduction, avec un traitement approfondi du langage tropical de l’Écriture, et des commentaires sur le Pentateuque et les Psaumes. Le sens littéral était chez lui palea, folium, cortex ; le mystique, le triticum, le fructus, le noyau suavissimus. Le dominicain Sixte de Sienne, juif de naissance, mort en J.-C., accorda plus d’importance au sens historique . Année 1569. Sa Bibliotheca sancta est une introduction à l’Écriture Sainte, extrêmement crédible pour l’époque. L’Inquisition romaine l’a condamné à mort à cause des expressions hérétiques de cet ouvrage, en particulier en ce qui concerne les livres deutéro-canoniques de l’Ancien Testament ; mais Pie V. lui pardonna après qu’il l’eut persuadé de se rétracter. Le cardinal jésuite Robert Bellarmin, décédé en 1944. En 1621, dans son Ll. IV. de verbo Dei a contesté le principe protestant, Scriptura scripturæ interpres. Jerome Emser s’insurgea amèrement contre la traduction de la Bible par Luther et, en A.D. 1527, y opposa une tentative de traduction de sa crue, qui n’est cependant rien d’autre qu’une réimpression de celle de Luther, avec les changements nécessaires en conséquence de la Vulgate et des transpositions et altérations de mots sans importance. Le même bL’impudence était pratiquée par Jean Dietenberger de Mayence, dans la prétendue traduction de l’Ancien Testament de J.-C. 1534, la traduction de Luther et Leo Judä est suivie presque mot pour mot. John Eck d’Ingolstadt a produit, en A.D. 1537, une traduction de la Bible de la Vulgate dans le plus misérable allemand, sans la moindre consultation du texte original. D’autre part, le moine augustin Luis de León, mort en A.D. En 1591, il fut non seulement célébré comme un exégète érudit et brillant, mais aussi distingué comme poète et prosateur de premier rang dans la littérature nationale de l’Espagne. Il fut jeté dans la prison de l’Inquisition espagnole à cause d’une traduction et d’une exposition du Cantique des Cantiques au sens mystico-ecclésiastique, qui ne circulaient qu’en manuscrit, et à cause de sa dépréciation de la Vulgate ; et ce n’est qu’après cinq ans de détention, au cours desquels il échappa de justesse aux mains du bourreau, qu’il fut libéré. Le savant Espagnol Arias Montanus, sous le patronage du roi Philippe II, édita le polyglotte d’Anvers en huit vol. in-folio, avec de savantes notes et excursus, en A.D. 1569 et suiv. Le nombre des exégètes qui donnaient alors une importance décisive au sens littéral devint très considérable vers la fin du siècle. Le plus notable d’entre eux est Arias Montanus, mort en J.-C.En 1598, après avoir commenté presque toute la Bible, le jésuite Jean Maldonat, mort en 1598. 1583, sur les quatre évangiles ; John Mariana, qui mourut en A.D. 1624, Scholia in V. et N.T. ; Nich. Serrarius, mort en apr. J.-C. 1609, sur l’Ancien et le Nouveau Testament ; et aussi Guillaume Estius de Douay, qui mourut en A.D. 1613, sur les épîtres du Nouveau Testament. — Dans le domaine de la dogmatique, l’ancienne méthode traditionnelle était encore suivie en commentant le Lombard. L’homme d’école le plus important de l’époque était le jésuite espagnol Francis Suarez. En apr. J.-C. 1528 Poste d’amarrage. Pirstinger, évêque de Chiemsee, sous le titre de « Tewtsche Theologey », écrivit un manuel complet de théologie en dialecte haut-allemand, qui s’était complètement émancipé des formes scolastiques (125, 5). John Eck a également produit une œuvre rivale des Loci de Melanchthon, l’Enchiridion locorum communium, qui, en cinquante ans, a connu quarante-six éditions. Mais d’une importance bien plus grande sont les Loci theologici du dominicain espagnol Melch. Canus, mort en apr. J.-C. 1550, qui ont été publiés à Salamanque en A.D. Année 1563. Il ne s’agit pas tant d’un système de doctrines proprement dites que d’investigations préliminaires complètes et savantes sur les sources, les principes, la méthode et les idées fondamentales de la dogmatique. Il rejette l’accusation de perversité absolue portée contre la scolastique, mais concède que la méthode doit être simplifiée et que ce qu’elle a de bon doit être conservé. Pour l’instruction dans les écoles supérieures et inférieures, les deux catéchismes du premier provincial jésuite allemand, Petrus [Peter] Canisius ( 161, 1), cat. major de apr. J.-C. 1554, et Cat. parvus de l’apr. J.-C. 1566, ont fait époque. Ils ont été diffusés dans d’innombrables éditions et traductions, le Petit Catéchisme ayant été imprimé plus de 500 fois, et utilisés pendant deux siècles dans toutes les écoles catholiques d’Allemagne ; Et pourtant, ils sont tenus en haute estime. Parmi les écrivains polémiques catholiques, le cardinal Bellarmin occupe incontestablement le premier rang. Ses Disputationes de controversiis chr. fidei adv. hujus temp. hæreticos, A.D. 1588-1593, sont à bien des égards inégalées même à ce jour. Avant lui, Guillaume Lindanus, évêque de Gand, auteur de Panoplia evangelica (Colon., A.D. 1563), et le jésuite François Coster de Malines, auteur de l’Enchiridion controversiarum (Colon., A.D. 1585), s’étaient acquis une grande réputation au sein de leur propre parti comme contestataires du protestantisme. Les services rendus à l’histoire de l’Église par le cardinal Baronius ont déjà été mentionnés au point 5, 2.
149.15. Art et poésie. — Dans la seconde école hollandaise ( 115, 8) Le goût musical était complètement dépravé, et la musique d’église en particulier devint si artificielle, fleurie et sécularisée, que certains des pères tridentins proposèrent très sérieusement que la musique figurée soit complètement bannie des services religieux, au moins dans l’exécution de la messe. C’est lorsque les choses ont atteint ce point bas que Palestrina, Giovanni Pietro Aloisio Sante de Palestrina, est apparu comme le sauveur et le régénérateur de l’art musical sacré. C’était un disciple de Goudimel, qui, avant de passer à l’église réformée ( 143, 2), avait fondé une école de musique à Rome. Dès J.-C. En 1560, dans ses compositions sacrées sur Michée VI 3 et suiv., qui sont encore aujourd’hui jouées le Vendredi Saint dans la chapelle Sixtine, Palestrina s’est assuré une position solide comme un maître inégalé de la musique ecclésiastique authentique. La commission nommée par Pie IV. car la réforme de la musique d’église l’obligea donc à soumettre des spécimens de ses compositions. Il a produit trois messes en apr. J.-C. 1565, parmi lesquels la célèbre Missa Marcelli, dédiée à son ancien mécène, le défunt pape Marcellus II. Avec ce chef-d’œuvre, qui représente la plus haute perfection de la musique d’église catholique, et qui a permis à son auteur de se classer au rang de prince de l’art musical, Musicæ princeps, on décida de conserver dans la messe la musique figurée, si vivement contestée dans le concile. très à contrecœur, de chercher à contrecarrer ce danger par la traduction d’hymnes latins et la composition de chants de louange en allemand ( 115, 7), ainsi que par leur introduction libérale dans les services publics. Entre J.-C. 1470 et apr. J.-C. En 1631, on n’a pas dénombré moins de soixante-deux recueils d’hymnes d’église catholiques allemands. Les plus importantes sont celles de Michael Vehe, prévôt de Halle, A.D. 1537 ; de George Witzel, un luthérien renégat, A.D. 1550 ; de John Leisetritt, doyen de la cathédrale de Budissin, A.D. 1567 ; et Gregory Corner, abbé de Gottweih, dans son « Great Catholic Hymnbook », A.D. Année 1625. Caspar Ulenberg, auparavant luthérien, en A.D.En 1582, les psaumes de David ont été traduits en rimes allemandes, et Rutzer Eding a publié en 1582 . 1583 une messe allemande, avec traduction des hymnes de l’église latine. Les noms des poètes et des traducteurs sont pour la plupart inconnus. On rencontre aussi plus d’un beau chant sacré parmi ces riches matériaux, preuve de ce qui aurait pu arriver si l’Église catholique d’Allemagne, au lieu de s’y opposer ou de ne s’y opposer qu’à moitié, avait encouragé et encouragé cette partie importante du service divin avec un enthousiasme sans réserve. 13). Outre le Corrège et le Titien, et après eux, nommés avec les nobles maîtres de la peinture, sont les deux Caracci, oncle et neveu, Domenichinon et Guido Reni. Michael Angelo Buonarotti, mort en A.D. 1564, un vieillard de quatre-vingt-dix ans, exprima les idées chrétiennes les plus profondes dans ses œuvres de peinture et de sculpture. Le style Renaissance du XVIe siècle a ouvert la voie à l’application et au développement de l’architecture ecclésiastique. L’édifice religieux le plus magnifique du siècle fut la reconstruction de l’église Saint-Pierre de Rome, entreprise par le pape Jules II. en apr. J.-C. 1506, que Bramante commença et Michel-Ange après l’exécution de son plan. En tant que peintre et statuaire, Angelo avait refusé servilement de suivre les traditions de l’Église en ce qui concerne le culte de Marie et des saints, et ainsi, en tant que poète, dans des sonnets lumineux, il n’a fait qu’exprimer une profonde tristesse pour le péché et sa véritable foi spirituelle dans le porteur du péché crucifié. Son compatriote Torquato Tasso, mort en A.D. 1595, dans sa « Jérusalem délivrée », célèbre l’héroïsme chrétien du catholicisme médiéval. Dans l’histoire de la poésie espagnole, les paroles chrétiennes de sainte Thérèse et de saint Léon sont considérées jusqu’à ce jour comme inégalées en termes d’excellence.
149.16. Les mystiques espagnols.—Par suite de la Réforme, l’Église catholique romaine a été obligée de recourir à la revivification de la mystique médiévale dont elle s’était éloignée dans sa vie et dans sa doctrine, afin de donner à la vie religieuse l’intensité et la puissance intérieure qui étaient maintenant ressenties comme indispensables sans s’éloigner de l’Église dans laquelle seule le salut peut être trouvé, et sans se rendre à l’inanis fiducia hæreticorum. C’est ainsi qu’à partir du milieu du siècle, d’abord dans les cloîtres espagnols, s’éleva un nouveau développement de la mystique qui, sans attaquer expressément la « voie extérieure » de la pratique ecclésiastique de la piété, introduisit et recommanda une seconde méthode plus élevée et plus noble, appelée « voie intérieure », parce qu’elle conduisait à la perfection chrétienne. Il s’agissait d’un exercice régulier et profondément spirituel de prière et de contemplation, avec une préférence décidée pour la prière intérieure inexprimée, avec une mortification complète de sa propre volonté et un abandon absolu à la direction divine, ayant pour but et pour point culminant le repos le plus béni dans la communion avec Dieu. Un pieux minorite, saint Pierre d’Alcantara, a donné à cette tendance une base doctrinale par son traité, De oratione et meditatione, publié en A.D. 1545, dans lequel il manifeste une opposition très acharnée au protestantisme, et un zèle prêt à coopérer à toutes les horribles cruautés de la contre-réforme espagnole. Son point culminant est atteint dans la célèbre carmélite d’Avila en Vieille-Castille, sainte Thérèse de Jésus, morte en J.-C. 1582, le saint le plus célèbre de l’église espagnole. Introduit par Pierre d’Alcantara en apr. J.-C. 1560 aux profonds mystères de la contemplation, et favorisée, au milieu des convulsions de sa vie de prière, de fréquentes visions du Christ, elle entreprit, en A.D. 1562, par la fondation d’un nouveau cloître, pour ramener son ordre à la stricte observance de cette ancienne règle. La renommée de sa sainteté s’était bientôt répandue dans toute l’Espagne, mais la haine des frères et sœurs de son ordre qui favorisaient le relâchement de l’observance s’accrut davantage. Ils poussèrent même l’amertume jusqu’à amener l’Inquisition à engager une poursuite hérétique contre elle en J.-C. 1579, sous prétexte qu’elle prétendait avoir des visions, mais celle-ci fut abandonnée par ordre du roi. Parmi ses nombreux écrits, dont Luis de León, dans A.D. En 1583, parut une édition complète, qui ont été traduites dans toutes les langues de l’Europe, le « Castillo interior », c’est-à-dire la ville de Mansoul, ou les sept résidences de l’âme, est celui dans lequel son mysticisme est le plus complètement développé. Il décrit les étapes par lesquelles l’âme doit passer pour devenir entièrement une avec Dieu. Son fidèle compagnon de travail dans la réforme de l’ordre, saint Jean de la Croix, mort en A.D. 1591, en ce qui concerne le mysticisme, occupait le même terrain qu’elle. Ses écrits, parmi lesquels la Subida del Monte Carmel, « L’Ascension du Mont Carmel », est la plus complète, ne doivent pas être comparés à ceux de sainte Thérèse dans la rare sorcellerie d’un style enchanteur, mais se distinguent par la solidité et la maturité de la pensée. TLes frères de l’ordre opposé à la réforme montraient à l’égard de Jean une amertume beaucoup plus sévère et plus continue qu’ils ne l’avaient fait à l’égard de Thérèse. Même en A.D. En 1575, il fut emprisonné dans l’un de leurs cloîtres, et cruellement maltraité. Il s’évada en effet l’année suivante en s’enfuyant, mais seulement en J.-C. En 1588, un bref pontifical, par l’établissement formel de la Congrégation des Carmélites aux pieds nus, mit fin à toutes les oppressions et persécutions. Le mysticisme recommandé par lui et par sainte Thérèse pénétrait de plus en plus dans les cloîtres, non seulement des carmélites, mais aussi des autres ordres, et comptait beaucoup d’adhérents parmi le haut et le bas clergé, ainsi que parmi les laïcs cultivés. mais n’ont jamais été expressément répudiées ou contredites, il s’est élevé sur cette même base mystique de nombreuses sectes désignées sous le nom d'« Alumbrados » éclairés, qui sont allées jusqu’à déverser des injures et du mépris sur toutes sortes de formes et de doctrines d’église, et ont ainsi suscité jusqu’au XVIIe siècle une persécution constante de la part de l’Inquisition. Thérèse a été canonisée en apr. J.-C. 1622, Pierre d’Alcantara en 1622 . 1669, et Jean de la Croix en 1669 . 1726. — Suite, 156.
149.17. Il y avait aussi beaucoup de nobles produits de la vie chrétienne pratique qui se produisirent dans ce nouveau départ que le catholicisme, après la Réforme, avait été obligé d’entreprendre, dans l’intérêt de sa propre conservation. La preuve de cet effort pratique a été donnée par le zèle avec lequel les missions intérieures ont été poursuivies. De l’ensemble du catholicisme surgit une nouvelle série de saints, qui étaient tout à fait dignes de prendre rang à côté de ceux du moyen âge. Le plus distingué d’entre eux était Charles Borromée, né après J.-C. 1538, mort après J.-C. 1584, qui, par sa position de neveu du pape Pie IV, et par son rang élevé dans l’Église en tant que cardinal et archevêque de Milan, exerça une puissante influence sur le concile tridentin et la curie, qu’il utilisa pour éliminer de nombreux abus. Sa vie est la réalisation de l’idéal parfait de celui d’un pasteur et d’un prélat catholique. Il s’est également montré digne d’être considéré comme tel pendant la terrible peste qui a fait rage à Milan en J.-C. Année 1576. Paul V. canonisé en apr. J.-C. 1610, et jusqu’à ce jour, sa haute silhouette dans une statue colossale regarde la province de Milan comme le patron de l’État.440―Le long avec l’intensification du sentiment spécifiquement catholique éveillé dans les cloîtres par les efforts déployés dans la Contre-Réforme et se répandant à partir de ceux-ci dans la communauté catholique générale, nous rencontrons un renouveau de l’ancien zèle pour l’ascétisme monactique. Les Jésuites travaillèrent particulièrement avec ardeur au rétablissement de la discipline du fouet, discréditée de bonne heure par les extravagances des Flagellants (116, 3). Et en plus de ceux-ci, beaucoup d’ordres nouveaux et réformés se donnèrent à l’avancement de la contre-réforme. Le cardinal Borromée, dont il a été question plus haut, s’intéressa vivement à ce mode d’exercice disciplinaire spirituel. Après qu’il eut à un concile à Milan, en A.D.En 1569, il donna une nouvelle organisation aux sociétés flagellantes de son diocèse, et le pape Grégoire XIII, en 1569. En 1572, il avait donné une riche indulgence à toutes les associations de ce genre, qui se répandirent en très peu de temps dans toute l’Italie. Rien qu’à Rome, ils étaient au nombre de plus d’une centaine, qui, d’après leurs couleurs, étaient désignés comme blancs, gris, noirs, rouges, verts, bleus, etc. C’est surtout le Vendredi Saint qu’ils rivalisaient entre eux pour élever leurs processions flagellantes sur la plus magnifique échelle. En France, ils étaient patronnés par le cardinal Charles de Lorraine et le roi Henri III. était lui-même un membre dévoué et enthousiaste de l’ordre. En Allemagne aussi, les jésuites ont mis en faveur les flagellants, partout où ils pouvaient s’implanter, en particulier dans les villes du nord de l’Allemagne. Le savant jésuite, Jac. Gretson, à Ingolstadt, au tout début du XVIIe siècle, a écrit sept traités rhétoriques controversés élaborés, De spontanea disciplinarum s. flagellorum cruce, etc., contre les opposants protestants à l’engouement pour les flagellants. Par la suite, cependant, l’ardeur et le zèle pour la pratique de cette discipline se refroidirent de plus en plus dans la plupart des ordres monastiques ainsi que dans la société en général, et les processions flagellantes locales, dans lesquelles il y avait généralement plus de spectacle vain et vide que de véritable ferveur pénitentielle, ne se rencontrent plus que comme des manifestations occasionnelles en Espagne et en Italie. et dans les États romains d’Amérique.
Les grandes découvertes de nouveaux continents qui avaient précédé l’ère de la Réforme, et les pertes sérieuses subies dans les pays européens, ont ravivé l’intérêt pour les missions dans toute l’Église catholique romaine. L’entreprise commerciale et les campagnes de conquête du monde, qui étaient encore presque exclusivement entre les mains des États catholiques, offraient des occasions de poursuivre l’œuvre missionnaire dans le Nouveau Monde ; et d’abondants moyens pour la mener à bien étaient fournis par les nombreux ordres monastiques.
150.1. Missions chez les païens : Indes orientales et Chine.—Les Portugais fondèrent le premier évêché des Indes orientales, à Goa, sur la côte de Malabar, en l’an J.-C. Année 1534. Peu de temps après, un tribunal de l’Inquisition fut établi à côté de lui. L’évêque limita son attention aux immigrants européens, et les inquisiteurs s’appliquèrent surtout à assurer la destruction des chrétiens de Thomas qui s’y étaient établis. Ni l’un ni l’autre n’avait la moindre idée de faire un travail missionnaire proprement dit parmi les races indigènes. Mais il en était tout autrement lorsque, en A.D. En 1542, le compagnon de Loyola, François Xavier, l’apôtre des Indiens, fait son apparition en tant que nonce apostolique dans ce vaste champ avec deux autres jésuites. Travaillant avec un zèle ardent et une abnégation sans pareille, il baptisa en peu de temps cent mille personnes, la plupart de la caste basse et méprisée des parias, allant certainement de l’avant avec une hâte qui ne lui laissait jamais le temps de s’assurer que les fruits spirituels seraient proportionnés aux succès extérieurs. Sa ferveur missionnaire sans mesure, à laquelle il donnait une expression caractéristique dans sa phrase : Amplius ! amplius ! l’a poussé à chercher sans cesse de nouveaux champs de travail. Des Indes orientales, il se rendit au Japon, et seule sa mort, survenue en J.-C. 1552, l’empêcha de se frayer un chemin en Chine. De nombreux successeurs de l’ordre de Loyola entreprirent la poursuite de son œuvre et, dès que j.-C. En 1565, les convertis des Indes orientales étaient au nombre de 300 000.441―Commerce ouvrit la voie aux missions en Chine, où toutes les traces d’un christianisme antérieur ( 72, 1 ; 93 et 15) avait déjà complètement disparu, et l’orgueilleux mépris de tout s’opposait à l’introduction de coutumes ou de formes de culte occidentales. Mais les jésuites, avec Matthieu Ricci d’Ancône à leur tête, en utilisant leurs connaissances en mathématiques, en mécanique et en sciences physiques, s’assurèrent l’accès même à la cour. Ricci se nationalisa d’abord complètement, puis commença son entreprise missionnaire en introduisant des instructions chrétiennes dans ses conférences de mathématiques et d’astronomie. Afin de rendre les Chinois favorables à l’adoption du christianisme, il le représentait comme un renouvellement et une restauration de l’ancienne doctrine de Confucius. La confession de foi que les nouveaux convertis devaient faire avant le baptême se limitait à la reconnaissance d’un seul Dieu et à la reconnaissance de l’obligation des dix commandements. Et même dans le culte, il tolérait beaucoup de pratiques et de coutumes païennes. Les écrits mathématiques et astronomiques qu’il a composés en langue chinoise auraient compté 150 volumes. L’artillerie chinoise était également sous sa supervision immédiate. À sa mort, en J.-C. En 1610, les Jésuites avaient déjà formé un réseau de centaines d’églises réparties sur une grande partie du territoire.442― Suite, 156, 11, 12.
150.2. Japon.—Xavier n’eut ici, principalement à cause de sa connaissance défectueuse de la langue, qu’un très faible succès. Mais d’autres jésuites suivirent ses traces, et connurent le plus brillant succès ; de sorte qu’en apr. J.-C. En 1581, il y avait déjà plus de deux cents églises et environ 150 000 chrétiens dans le pays, dont beaucoup appartenaient à l’ancienne noblesse féodale, les daïmios, tandis que certains étaient même des princes impériaux. Ce succès distingué était dû, d’une part, à la faveur du commandant en chef militaire de l’époque, Nobunaga, qui saluait l’avancée du christianisme comme un moyen bienvenu de saper l’influence des bonzes bouddhistes, devenus suprêmes, et, d’autre part, à l’abondance d’argent mis par le Portugal et l’Espagne à la disposition des jésuites. qu’ils utilisaient aussi bien pour orner les offices catholiques que pour accorder des dons généreux aux convertis. Mais c’était surtout en raison de la relation étroite et essentielle entre le rituel et la constitution romaine et ceux du bouddhisme, qui rendait le passage de l’un à l’autre nullement difficile. Puis tout ce qui avait permis d’assurer au bouddhisme au Japon une supériorité sur le simple sintuisme national ou culte des ancêtres, ainsi que tout ce que les bouddhistes japonais avaient l’habitude de considérer comme des conditions indispensables au culte, l’élégance des temples, les autels scintillants de couleurs vives qui se mêlaient, l’étalage théâtral dans les vêtements de leurs prêtres, les grandes processions solennelles et les messes, l’encens, les images, les statues et les chapelets, un système hiérarchique, la tonsure, le célibat, les cloîtres pour les moines et les moniales, le culte des saints et des images, les pèlerinages, etc., leur ont été donnés à un degré même exagéré dans le christianisme jésuite. Les néophytes zélés d’entre les daïmios soutenaient efficacement la prédication des pères jésuites par le feu et par l’épée. Ils forcèrent les sujets de leurs provinces à se rallier à la religion chrétienne, bannirent ou mirent à mort ceux qui se montraient réfractaires, et renversèrent les temples et les cloîtres bouddhiques. En apr. J.-C. En 1582, ils envoyèrent une ambassade de quatre jeunes nobles en Europe pour rendre hommage au pape. Après avoir reçu à Madrid l’accueil le plus flatteur de Philippe II, et à Rome de Grégoire XIII. et Sixte V., ils retournèrent chez eux en J.-C. 1590, accompagné de dix-sept prêtres jésuites, bientôt suivis par des foules entières de frères mendiants. À la fin du siècle, le nombre de chrétiens autochtones s’élevait à 600 000. Mais pendant ce temps, la hache était déjà posée à la racine de l’arbre qui avait si merveilleusement prospéré. Le successeur de Nobunaga, Hidejoshi, trouva l’occasion, en A.D. 1587, de promulguer un décret bannissant du pays tous les missionnaires étrangers. Les Jésuites eurent la sagesse de cesser immédiatement toute prédication publique, mais les moines mendiants traitèrent le décret avec mépris et défiance ouverte. En conséquence, six franciscains et dix-sept convertis japonais, ainsi que trois jésuites, furent arrêtés à Nagasaki et crucifiés (156, 11). Peu de temps après, Hidejoshi mourut. L’un de ses généraux, Ijejasu, à qui il avait confié la régence pendant la minorité de son fils de six ans, lui confia le pouvoir souverainmême. Il en résulta une guerre civile et, en J.-C. En 1600, ses adversaires, parmi lesquels se trouvaient certains daïmios chrétiens, furent vaincus dans une bataille sanglante. Ijejasu persuada le mikado de lui donner le rang héréditaire de shiogun, c’est-à-dire feld-maréchal de l’empire ; et ses successeurs jusqu’à la révolution de J.-C. 1867 ( 182, 5), En tant que vice-empereurs militaires aux côtés du Mikado, vraiment impuissant, ils avaient tout le pouvoir du gouvernement entre leurs mains. C’est ainsi qu’ont été introduits des éléments corrupteurs qui ont conduit au renversement complet de l’église japonaise.443
150.3. Amérique.―Le désir de répandre le royaume du Christ n’était nullement la moindre des impulsions qui contribuèrent à l’enthousiasme de Christophe Colomb pour la découverte de nouveaux pays ; mais l’avidité, la cruauté et l’animosité des conquérants espagnols, qui avaient moins d’intérêt à convertir les indigènes en chrétiens qu’à les réduire en esclavage. a été un terrible obstacle à la christianisation du Nouveau Monde. En effet, les missionnaires chrétiens défendirent avec beaucoup d’insistance, mais avec peu de succès, les droits de l’homme des Indiens maltraités. Le noble évêque mexicain, Bartholomew de las Casas, en particulier, a travaillé sans se lasser, consacrant toute sa vie, A.D. 1474 à J.-C. 1566, à la tâche sacrée, non seulement d’instruire les Indiens, mais aussi de les sauver des mains de ses compatriotes cupides et sanguinaires. Il se rendit six fois en Espagne afin d’user de son influence personnelle dans les hautes sphères pour améliorer le sort de ses protégés, et il fut obligé d’entreprendre un septième voyage pour se justifier et repousser les violentes accusations de ses ennemis. Même en A.D. 1517 Charles-Quint avait, sur la prière de l’évêque, accordé la liberté personnelle aux Indiens, mais en même temps donné la permission aux colons espagnols d’introduire des esclaves nègres africains pour les travaux laborieux des mines et des plantations. L’esclavage des indigènes, cependant, se poursuivit, et seulement en J.-C. En 1547, des mesures énergiques furent prises pour assurer la suppression de cette pratique, après que plusieurs millions d’Indiens eurent déjà été sacrifiés. Dans la mesure où s’étendait la domination espagnole, le christianisme s’étendit aussi et fut établi au moyen de l’Inquisition. — En Amérique du Sud, les Portugais dominaient dans l’empire riche et encore peu connu du Brésil. En apr. J.-C. 1549 Le roi Jean III y envoya une mission jésuite, avec à sa tête Emanuel Nobreya. Au milieu d’indicibles difficultés, ils gagnèrent les cannibales indigènes au christianisme et à la civilisation.444
150.4. Le zèle missionnaire nouvellement éveillé de l’Église a également fait une tentative contre les Églises schismatiques de l’Orient. L’entreprise, cependant, n’a eu un succès même modéré qu’en ce qui concerne une partie des nestoriens perses et des Indes orientales (72, 1), qui, en Perse, étaient appelés chrétiens syriens ou chaldéens, à cause de la langue qu’ils employaient dans leur liturgie, et dans l’Inde chrétiens de Thomas, parce qu’ils professaient avoir eu pour fondateur l’apôtre Thomas. Ils ont vraiment leur origine, en J.-C. 1551, en Mésopotamie, à la suite d’une double élection épiscopale. L’un des partis choisit un prêtre, Sulakas, que le pape Jules III. avait été consacré prêtre sous le nom de Jean, mais l’autre partie refusa de le reconnaître. L’archevêque Alexis Menezius s’est également impliqué dans ces controverses et a réussi à faire reconnaître la primauté romaine et à accepter la doctrine catholique ; tandis que, d’autre part, Rome a permis le maintien de son ancien rituel et de sa forme de constitution. Ces nestoriens unis étaient maintenant appelés par éminence chrétiens chaldéens. Leur chef, choisi par eux-mêmes et approuvé par le pape, était appelé évêque de Babylone, mais avait sa résidence à Mossoul en Mésopotamie. Les Thomas-chrétiens de l’Inde, cependant, se sont avérés beaucoup plus gênants. Mais même eux furent obligés, après une longue lutte, lors d’un synode à Diampur en J.-C. 1599, pour abjurer l’hérésie nestorienne. Tous les livres syriens ont été brûlés, et une nouvelle liturgie malabare en accord avec le type romain a été introduite. L’existence d’une église chrétienne jacobite indépendante en Abyssinie (64, 1) s’est d’abord fait connaître en Europe au début du XVIe siècle par le biais de missions commerciales et diplomatiques portugaises. Le sultan abyssin, David, en apr. J.-C. En 1514, sur la promesse de l’aide portugaise, dont il avait besoin à cause des agressions des États mahométans voisins, il accepta de recevoir le médecin Bermudez comme patriarche catholique. Mais le sultan suivant, Claude, l’expulsa de son pays. En apr. J.-C. 1562 Des missionnaires jésuites commencèrent à s’établir dans le pays, mais Claude les dénonça comme ariens et voulut que le peuple n’eût rien à faire avec eux. À la suite d’une communication amicale du patriarche copte, Paul V, au début du XVIIe siècle, envoya le jésuite Rodriguez en Égypte. Le patriarche accepta les riches présents que le jésuite apportait avec lui, puis le fit rentrer chez lui sans avoir atteint l’objet de sa mission.
Paul III. avait, en J.-C. En 1542, il érigea un nouveau tribunal de l’Inquisition pour la suppression du protestantisme, que Paul IV. ( 149, 2) jusqu’au point culminant de son développement. Et à peine l’Église catholique s’était-elle assurée une position stable dans ses propres domaines par l’heureuse conclusion du concile tridentin, qu’elle dirigea toutes ses forces avec la plus grande énergie pour reconquérir autant que possible le terrain perdu. Les moyens utilisés à cette fin étaient principalement de deux sortes : le système territorial, légitimé par une loi de l’empire ( 137, 5), qui, imaginé à l’origine pour sauver le protestantisme ( 126, 6), fut maintenant employé à son renversement ; et les jésuites, qui, tantôt ouvertement, tantôt avec des desseins soigneusement dissimulés, tantôt de concert avec le pouvoir civil, tantôt intriguant contre lui, se répandaient comme des essaims dans tous les pays de l’Europe où le protestantisme avait déjà pris racine. La ruse des membres de cet ordre, leurs actes diplomatiques, leurs machinations, leur pratique de la controverse, réussirent dans certains cas à attiser les braises à peine luentes du catholicisme en une flamme brillante, dans d’autres cas à flétrir les églises protestantes qui avaient été dans un état florissant. Ils espéraient ainsi pouvoir détruire ces églises de fond en comble, ou réduire le protestantisme dans les limites étroites d’une secte à peine tolérée. Mais surtout, ils ont pris soin de mettre entre leurs mains le contrôle des écoles supérieures et inférieures, afin de pouvoir implanter dans le cœur de la jeune génération montante une haine acharnée du protestantisme.
151.1. Tentatives de régénération en Allemagne. — Dès l’époque du Pacte de Passau, les convulsions politiques et la lassitude de la controverse manifestées par les princes se prouvèrent fortement en faveur du protestantisme. Dans les États catholiques aussi, la religion protestante avait fait de rapides progrès. Les députés des provinces, et surtout les nobles, exprimaient sans équivoque leurs sympathies, et demandaient au prince une concession religieuse pour chaque concession de territoire. Beaucoup de prélats ou de princes spirituels avaient plus de conseillers protestants que catholiques. Les nobles protestants fréquentaient leurs cours sans contrainte. Leurs résidences étaient souvent des villes protestantes, et il n’était pas rare que leurs revenus soient entre les mains de supérieurs évangéliques. Mais pour les Jésuites, en dépit de l’influence territoriale et des restrictions prélatiques ( 137, 5), en quelques décennies, toute l’Allemagne serait tombée entre les mains de l’Église évangélique. En apr. J.-C. En 1558, un observateur vénitien du pays et du peuple put rapporter qu’en Allemagne seulement un dixième de la population restait fidèle à l’ancienne Église ; que sur les neuf autres parties, sept étaient passées aux luthériens, et deux étaient réparties entre les diverses confessions anti-catholiques. De toutes les villes allemandes, Ingolstadt fut la première, en apr. J.-C. En 1549, il fut favorisé par la visite des Jésuites, qui y furent amenés par Guillaume IV de Bavière comme professeurs de théologie. Vient ensuite Vienne, où, en A.D. En 1551, treize jésuites, sous le nom de prêtres espagnols, sont introduits par Ferdinand. Quelques années plus tard, ils s’installèrent à Prague, ainsi qu’à Cologne. De ces quatre capitales, ils se répandirent en quelques années dans toute l’Allemagne territorialement catholique et dans tous les États autrichiens. En apr. J.-C. 1552 Loyola fonde à Rome le Collegium Germanicum, qui sera par la suite agrandi sous le nom de Collegium Germ.-Ungaricum, pour la formation de jeunes Allemands en vue de la conversion des protestants dans leur pays natal. Le premier provincial jésuite pour l’Allemagne fut le Hollandais Pierre Canisius, qui, d’abord de Vienne, puis de Maximilien II. ( 137, 8) mis les jésuites d’Autriche sous des restrictions intolérables, de Friesburg, avait si bien porté la régénération en Suisse, jusqu’à sa mort en J.-C. En 1598, alors que les protestants le désignaient Canis Austriacus à cause de sa persécution impitoyable, les membres de son ordre l’honorèrent comme le deuxième apôtre des Germains, et Pie IX, en reconnaissance de ses services, le béatifia en A.D. 1864. — La régénération catholique commença en Bavière en A.D. Année 1564. Le duc Albert V, converti en catholique zélé par l’opposition de ses députés protestants, exclut les nobles protestants de la diète bavaroise, bannit les pasteurs évangéliques, contraignit ses sujets protestants qui refusaient d’abandonner leur foi à émigrer, et obligea tous les professeurs et fonctionnaires à souscrire à la Professio fidei tridentine. Les Jésuites l’ont loué comme un second Josias et Théodose, ont appelé Munich une seconde Rome, et le pape l’a investi des privilèges ecclésiastiques et politiques d’un summus episcopus tout au long de son mandat. propres domaines. Lorsque, par héritage, il devint comte de La Haye, et que Baden-Baden passa sous sa domination en tant que régent, le protestantisme y fut complètement déraciné. L’exemple de la Bavière fut suivi, quoique d’une manière plus tempérée, par les électeurs de Trèves (Jac. von Eltz) et de Mayence (Daniel Brendel). Ce dernier a restauré le catholicisme en J.-C. 1574 dans la ville d’Eichsfelde, jusque-là entièrement protestante. En apr. J.-C. En 1575, l’abbé de Fulda, Balth. von Dernbach, qui, dans tout son territoire, était presque le seul catholique, agissait de la même manière. En faisant cette tentative, Balthasar [Balthazar] entra en collision avec son chapitre, et fut expulsé par lui et ses chevaliers. L’évêque de Wurtzbourg, Jul. Echter de Mispelbrunn, qui les avait aidés dans la révolution, en A.D. En 1576, il entreprend l’administration du diocèse. Mais au début de l’année suivante, l’abbé fut rétabli par un ordre impérial, et ainsi le dernier vestige du protestantisme fut extirpé. Jules de Wurtzbourg, sérieusement compromis, aurait probablement suivi l’exemple de Gebhard de Cologne (137, 7), quoique les procédés de ce prélat fussent dictés par des considérations tout à fait différentes ; mais par A.D. En 1584, il reprit le pouvoir en extirpant complètement le protestantisme de son propre territoire, qui avait été presque entièrement protestant. Les évêques de Bamberg, Salzbourg, Hildesheim, Münster, Paderborn, etc., ont poursuivi une politique similaire. Sur tous les points, les jésuites étaient à l’avant et les jésuites à l’arrière. Dans la cour du nonce nouvellement constituée, à Vienne, en A.D. 1581, à Cologne, en A.D. En 1582, ils avaient les grands centres de leurs conspirations et de leurs machinations. Ferdinand II. de Styrie, empereur à partir de J.-C. En 1619, Maximilien Ier de Bavière reçurent tous deux l’éducation des Jésuites à Ingolstadt. Quand en A.D. 1596 Ferdinand célèbre Pâques à Grätz, il est le seul à communier selon le rite catholique romain. Deux ans plus tard, il réalisa avec succès la contre-réforme, et son cousin, l’empereur Rodolphe II, suivit son exemple.
151.2. Mais la régénération ne se limita pas à l’Allemagne. Elle s’est répandue dans toute l’Europe. Les Jésuites se pressèrent dans tous les pays et réussirent à atteindre leurs fins, même dans des endroits où il y avait eu très peu de chances de succès. Le cardinal Charles Borromée ( 149, 17) travailla avec une énergie particulière à établir le catholicisme, et à le répandre encore plus largement dans les cantons catholiques et mixtes de la Suisse. Il entreprit lui-même un voyage dans cette ville en J.-C. 1570 ; inventé en A.D. 1574 pour faire introduire les Jésuites à Lucerne, en 1574 . En 1586, il fonda à Milan un Collegium Helveticum pour la formation des prêtres catholiques pour la Suisse, et obtint la nomination d’un nonce permanent, qui avait sa résidence à Lucerne. Dans la province du Chablais sur le lac Léman, sous la domination piémontaise, saint François de Sales, par la conversion forcée de 80 000 hérétiques en A.D. 1596, extirpa complètement le protestantisme ( 156, 1).― France, les guerres civiles sanglantes ont commencé en J.-C. Année 1562. Le duc d’Alva est apparu aux Pays-Bas en 194. Année 1567. En Pologne, les jésuites obtinrent une entrée pour la première fois en J.-C. 1569, et de là se rendirent en Livonie. En apr. J.-C. En 1578, l’astucieux jésuite Ant. Possevin obtint l’accès à la Suède et y convertit le roi (139, 1). Même en Angleterre, où Élisabeth en A.D. En 1582, tous les jésuites avaient été menacés de la peine capitale, des foules d’entre eux avaient été chassés en secret, et dans l’espoir de temps meilleurs, ils entretenaient l’étincelle vacillante du catholicisme qui couvait sous la cendre (153, 6).
151.3. La Russie et les Grecs-Unis. — Les tentatives, renouvelées de temps en temps depuis la réunion du concile florentin (73, 6), pour gagner l’Église russe, avait toujours échoué dans le but qu’elle avait en vue. En apr. J.-C. 1581, lorsque la guerre si désastreuse pour la Russie entre Ivan IV. Wassiljewitch et Stephen Bathori de Pologne ont fourni au pape l’excuse souhaitée pour faire une apparition en tant qu’artisan de la paix, Grégoire XIII. envoya à cet effet l’habile jésuite Possevin en Pologne et en Russie. Le tsar lui fit un accueil des plus flatteurs, lui permit de tenir une conférence religieuse, mais n’était disposé ni à s’attacher à Rome, ni à bannir les luthériens. D’autre part, Rome remporta une victoire, dans la mesure où, dans la province de Russie occidentale détachée et donnée à la Pologne, l’union fut consommée, en partie par la force, en partie par la manœuvre, et obtint la sanction ecclésiastique au concile de Brest, en A.D. Année 1596. Ces « Grecs unis » ont été obligés de reconnaître la suprématie romaine et les doctrines romaines, mais ont été autorisés à conserver leur propre ancien rituel.
La papauté forma de nouveaux plans de conquête dans le domaine de l’Église d’Orient, mais avec un succès tout au plus passager. Plus illusoires encore étaient les espérances nourries pendant un certain temps à Genève et à Londres au sujet de la calvinisation de l’Église grecque.
152.1. Espoirs catholiques. — Les missions des Jésuites chez les Turcs et les Grecs schismatiques échouèrent, mais chez les Abyssins quelques progrès furent réalisés. En promettant l’aide de l’Espagne, le jésuite Paez y parvint, en an de suite. 1621, en incitant le sultan Segued à abjurer l’hérésie jacobite. Mendez fut fait patriarche d’Abyssinie par Urbain VIII. en apr. J.-C. 1626, mais le clergé et le peuple se rebellèrent à plusieurs reprises contre le sultan et le patriarche. En apr. J.-C. En 1642, le sultan suivant chassa les Jésuites de son royaume, et l’on n’y trouva désormais aucune trace de catholicisme. En 1605, travaillant dans l’intérêt des catholiques polonais, il chercha à catholiciser l’empire, mais cela ne fit que convaincre les Russes qu’il n’était pas un vrai fils de tsar. Lorsque son épouse polonaise catholique est entrée à Moscou avec 200 Polonais, une émeute s’en est suivie, au cours de laquelle Démétrius a perdu la vie.445
152.2. Espérances calvinistes. — Cyrille Lucar, originaire de Crète, alors sous domination vénitienne, avait longtemps résidé à Genève en était venu à entretenir une forte sympathie pour l’église réformée. Expulsé de sa situation de recteur d’un séminaire grec à Ostrog par des machinations jésuites, il fut nommé patriarche d’Alexandrie en apr. J.-C. 1602 et de Constantinople en 1602 apr. J.-C. Année 1621. Il entretint une correspondance régulière avec des théologiens réformés en Hollande, en Suisse et en Angleterre. En apr. J.-C. En 1628, il envoya le célèbre Codex Alexandrinus en cadeau à Jacques Ier. Il travailla expressément pour l’union des Églises grecque et réformée, et à cette fin, il envoya, en J.-C. 1629, à Genève une confession presque purement calviniste. Mais les autres évêques grecs s’opposèrent à ses projets d’union, et des jésuites influents à Constantinople l’accusèrent de fautes politiques. Quatre fois le sultan le déposa et le bannit, et enfin, en J.-C.En 1638, il fut étranglé comme traître et jeté à la mer. — Un membre de son clergé alexandrin, Métrophane Critopulus, qui, en 1638. En 1616 , il avait envoyé faire ses études en Angleterre, étudia plusieurs années à Oxford, puis dans des universités protestantes allemandes, terminant à Helmstadt, où, en 1616, il fit ses études en Angleterre. En 1625, il compose en grec une confession de foi de l’Église orthodoxe grecque. Il était ouvertement hostile à la doctrine romaine, conciliant envers le protestantisme, tout en n’abandonnant rien d’essentiel dans le credo grec orthodoxe et en montrant des signes de possession d’un pouvoir spéculatif indépendant. Par la suite, Métrophane devint patriarche d’Alexandrie et, lors du synode présidé par le successeur de Lucar, Cyrille de Berrhoé, à Constantinople en . 1638, vota pour la condamnation formelle de l’homme qui avait déjà été exécuté.446
152.3. Constance orthodoxe. — L’Église orthodoxe russe, après son émancipation de Constantinople et l’érection d’un patriarcat indépendant à Moscou en J.-C. 1589 ( 73, 4), avait décidément la prééminence sur l’Église orthodoxe grecque, et le tsar russe prit la place autrefois occupée par l’empereur romain d’Orient en tant que protecteur de toute l’Église orthodoxe. Les dangers que menaçaient la foi orthodoxe des projets d’union avec les catholiques et les protestants amenèrent le savant métropolite Pierre Mogilas de Kiev à composer une nouvelle confession sous forme de catéchèse, qui, en l’an 2015. 1643, fut formellement autorisé par les patriarches orthodoxes sous le nom de Ὀρθόδοξος ὁμολογία τῆς καθολικῆς καὶ ἀποστολικῆς ἐκκλησίας τῆς ἀνατολικῆς.―Trente ans plus tard, une controverse sur l’eucharistie éclata entre les jansénistes Nicole et Arnauld, d’une part, et les calvinistes Claude et Jurieu, d’autre part ( 157, 1), dans lequel tous deux prétendaient être d’accord avec l’église grecque. Un synode fut convoqué sous Dosithée de Jérusalem en apr. J.-C. 1672, à l’instigation des diplomates français, où les questions soulevées par Cyrille sont à nouveau prises en considération. Gardant une attitude amicale envers l’Église romaine, il mena une violente polémique contre le calvinisme. Afin de sauver le caractère de la chaire de Constantinople pour une orthodoxie constante, la confession de Cyrille de l’A.D. L’année 1629 fut déclarée fausse et hérétique, et une confession composée par Dosithée, dans laquelle les hérésies calvinistes de Cyrille furent répudiées, fut incorporée aux actes du synode.
La contre-réforme jésuite ( 151) a connu un succès éminemment réussi pendant les premières décennies du siècle en Bohême. La paix westphalienne a restreint sa violence, mais n’a pas empêché les machinations secrètes et l’exercice ouvert de tous les arts imaginables de séduction. Après la conversion de la Bohême, le plus grand triomphe de la restauration fut remporté en France par la Révocation de l’édit de Nantes. En plus de ces victoires, les catholiques purent se glorifier de la conversion de plusieurs princes protestants. De nouvelles tentatives d’union ont été faites à plusieurs reprises, mais elles se sont toujours avérées aussi infructueuses que les tentatives précédentes.
153.1. Conversions des princes protestants. — Le premier prince régnant qui se convertit au romanisme fut le margrave Jacques III de Bade. Il est allé là-bas en A.D. 1590 ( 144, 4), mais comme sa mort survint peu de temps après, sa conduite eut peu d’influence sur son peuple. La conversion, en A.D., fut d’une plus grande importance. 1614, du comte palatin Wolfgang Guillaume de Neubourg, car elle préparait la voie à la catholicisation de tout le Palatinat, qui suivit en 1614 . Année 1685. On a beaucoup parlé du passage à l’église catholique de Christine de Suède, la fille très douée mais excentrique de Gustave-Adolphe. Comme elle avait démissionné de la couronne, le pape n’obtint aucun avantage politique de son nouveau membre, et d’Alexandre VII. devait même contribuer à son soutien. L’électeur de Saxe, Frédéric-Auguste II, passa à l’Église catholique romaine en apr. J.-C. 1697, afin de se qualifier pour la couronne de Pologne ; mais les droits de ses sujets protestants furent soigneusement gardés. Une gêne provenait du fait que le prince était engagé par le directoire de la Diète de Ratisbonne de J.-C. 1653 pour veiller aux intérêts de l’Église évangélique. Maintenant qu’il était devenu catholique, il promit encore formellement de le faire, mais il se fit remplir de ses fonctions par un commissaire. Par la suite, cet officier reçut l’ordre de suivre ses instructions du concile évangélique de Dresde.
153.2. La Restauration en Allemagne et dans les États voisins ( 151, 1).―Matthias ayant, en violation de la lettre royale de son prédécesseur Rodolphe II. ( 139, 19), refusa de permettre aux protestants de Bohême de construire des églises, fut chassé ; les Jésuites furent également expulsés, et l’électeur palatin calviniste Frédéric V. a été choisi comme prince en J.-C. Année 1619. Ferdinand II. (A.D. 1619-1637) le vainquit, déchira la lettre royale, rétablit les jésuites et expulsa les pasteurs protestants. Des efforts ont été faits par Christian IV. du Danemark et d’autres princes protestants pour sauver le protestantisme, mais sans succès. Ferdinand publia alors son édit de restitution de l’an J.-C. 1629, qui privait les protestants de leurs privilèges, et donnait aux nobles catholiques la liberté illimitée de supprimer la foi évangélique dans leurs domaines. C’est alors que Gustave-Adolphe de Suède, dans des intérêts non moins religieux que politiques, se présenta comme le sauveur du protestantisme.447 La malheureuse guerre a pris fin en J.-C. 1648 par la publication à Münster et Osnabrück de la paix de Westphalie, qu’Innocent X. dans sa bulle « Zelo Domus Dei » de l’A.D . 1651 déclaré « nul et non avenu, sans influence sur le passé, le présent et l’avenir ». L’Allemagne a perdu plusieurs provinces nobles, mais sa liberté intellectuelle et religieuse a été sauvée. Sous la garantie de la Suède et de la France, la paix religieuse d’Augsbourg a été confirmée et même étendue aux réformés, comme cela se rapporte à la Confession d’Augsbourg. La propriété de l’église devait être restaurée le 1er janvier après J.-C. Année 1624. L’égalité politique des protestants et des catholiques dans toute l’Allemagne était nettement assurée. En Bohême, cependant, le protestantisme a été complètement extirpé, et dans les autres États autrichiens, l’oppression s’est poursuivie jusqu’à l’époque de Joseph II. En Silésie, depuis l’adoption de l’édit de restitution, plus d’un millier d’églises avaient été violemment enlevées aux évangéliques. On ne songea plus à une compensation, mais à la persécution qui se poursuivit tout au long du siècle (165, 4). et plusieurs milliers d’entre eux ont été contraints d’émigrer, pour la plupart en Haute-Lusace.
153.3. Aussi en Livonie, à partir de J.-C. En 1561, sous la domination polonaise, les Jésuites prirent pied et commencèrent la restauration, mais sous Gustave-Adolphe à partir de J.-C. En 1621, leurs machinations furent mises à terme. — L’impitoyable massacre de Valteline de J.-C. L’année 1620 peut être décrite comme une Saint-Barthélemy suisse à petite échelle. Tous les protestants ont été assassinés en une seule journée. Les conjurés, au petit matin, à un signal de la tour de l’horloge, firent irruption dans les maisons des hérétiques et les mirent tous à mort, jusqu’à l’enfant qui était dans le berceau. Entre quatre et cinq cents furent massacrés. — En Hongrie, à la fin du siècle précédent, il ne restait plus que trois familles nobles catholiques, et les églises protestantes étaient au nombre de 2,000 ; mais les Jésuites, qui s’y étaient établis sous la protection de Rodolphe II. en 1579, ils reprirent leurs intrigues, et l’archevêque de Gran, Pazmany, travailla dur pour la restauration du catholicisme. Rakoczy de Transylvanie, dans le traité de Linz de J.-C. En 1645, conclut une ligue offensive et défensive avec la Suède et la France, qui assura la liberté politique et religieuse à la Hongrie ; mais sur les 400 églises dont les protestants avaient été dépouillés, quatre-vingt-dix seulement furent rendues. Le fanatique Léopold Ier, à partir de J.-C. En 1655, roi de Hongrie, il inaugura une persécution encore plus sévère, qui se poursuivit jusqu’à la publication de l’édit de tolérance de Joseph II en l’an 2000. Année 1781. Les 2 000 congrégations protestantes étaient alors réduites à 105.
153.4. Les huguenots en France ( 139, 17).―Henri IV. a fidèlement rempli les promesses qu’il avait faites dans l’édit de Nantes ; mais sous Louis XIII, A. D. De 1610 à 1643, l’oppression des huguenots se renouvela et entraîna de nouvelles révoltes. Richelieu leur retira leurs privilèges politiques, mais leur accorda la tolérance religieuse dans l’édit de Nismes, après J.-C. Année 1629. Louis XIV, apr. J.-C. 1643-1715, à l’instigation de ses confesseurs, chercha à expier ses péchés en purgeant son pays des hérétiques. Quand la corruption et la faveur de la cour eurent fait tout ce qu’ils pouvaient faire en matière de conversions, les redoutables dragonnades commencèrent, après J.-C. Année 1681. La révocation formelle de l’édit de Nantes suivit en J.-C. 1685, et la persécution fit rage avec la plus grande violence. Des milliers d’églises ont été démolies, un grand nombre de confesseurs ont été torturés, brûlés ou envoyés aux galères. Malgré les terribles lois pénales contre l’émigration, malgré la surveillance des frontières, des centaines de milliers de personnes s’échappèrent et furent accueillies à bras ouverts comme réfugiés dans le Brandebourg, en Hollande, en Angleterre, au Danemark et en Suisse. Beaucoup s’enfuirent dans les contrées sauvages des Cévennes, où, sous le nom de Camisards, ils entretinrent un combat héroïque pendant des années, jusqu’à ce qu’ils soient finalement exterminés par une armée au moins dix fois supérieure à leur force. La lutte atteignit l’intensité la plus intense des deux côtés en J.-C. 1702, lorsque l’inquisiteur fanatique et inhumainement cruel, l’abbé du Chaila, fut tué. À la tête de l’armée camisarde, un jeune paysan, Jean Cavalier, qui, par sa conduite énergique et habile de la campagne, étonna le monde. Enfin le célèbre maréchal de Villars, en promettant une amnistie générale, la mise en liberté de tous les prisonniers, la permission d’émigrer avec des biens, et la tolérance religieuse à ceux qui restaient, parvint à persuader à Cavalier de déposer les armes. Le roi ratifia ce marché, refusant seulement le droit à la liberté religieuse. Beaucoup, cependant, se soumirent ; tandis que d’autres émigrent, principalement en Angleterre. Cavalier entra au service du roi en qualité de colonel ; mais, se défiant des arrangements, il s’enfuit en Hollande, puis en Angleterre, où, en A.D. En 1740, il mourut en tant que gouverneur de Jersey. En apr. J.-C. En 1707, une nouvelle flambée se produisit, accompagnée d’un fanatisme prophétique, à la suite de dragonnades répétées, mais elle fut réprimée par le bûcher, la potence, la hache et la roue. La France avait perdu un demi-million de ses habitants les plus pieux, les plus industrieux et les plus capables, et cependant deux millions de huguenots privés de tous leurs droits restaient dans le pays.448
153.5. Les Vaudois dans le Piémont ( 139, 25).―Bien que en apr. J.-C. En 1654, le duc de Savoie confirma aux Vaudois leurs privilèges, à Pâques de l’année suivante, une persécution sanglante éclata, dans laquelle une armée piémontaise, ainsi qu’une horde de prisonniers libérés et de réfugiés irlandais, chassés de leur patrie par les sévérités de Cromwell, à qui le duc avait donné asile dans les vallées, commirent les plus horribles cruautés. Pourtant, dans ce conflit désespéré, les Vaudois ont tenu bon. L’intervention des cantons suisses protestants leur valut de nouveau une certaine tolérance, et de généreux dons de l’étranger les dédommageèrent de la perte de leurs biens. Cromwell envoya aussi au secours des malades le célèbre lord Morland en A.D. Année 1658. Pendant qu’il était dans les vallées, il s’empara d’un certain nombre de manuscrits (108, 11), qu’il a emporté chez lui et déposé à la bibliothèque de Cambridge. En apr. J.-C. 1685 : la persécution et la guerre civile recommencèrent à l’instigation de Louis XIV. Les soldats assiègent les vallées, et plus de 14 000 captifs sont consignés dans des forteresses et des prisons. Mais le reste des Vaudois reprit courage, infligea de nombreuses défaites à l’ennemi et déplaça ainsi le gouvernement en J.-C. 1686 de libérer les prisonniers et de les envoyer hors du pays. Certains ont trouvé le chemin de l’Allemagne, d’autres ont fui vers la Suisse. Ces derniers, aidés par les troupes suisses et conduits par leur propre pasteur, Henri Arnaud, attaquèrent le Piémont en J.-C. 1689, et conquirent à nouveau leur propre pays. Ils sont restés en possession, malgré toutes les tentatives pour les déloger.
153.6. Les catholiques en Angleterre et en Irlande. — Quand Jacques Ier, A.D. 1603-1625, fils de Marie Stuart, monta sur le trône d’Angleterre ( 139, 11), les catholiques n’attendaient de lui rien moins que la restauration complète de l’ancienne religion. Mais si grande qu’ait pu être l’inclination de Jacques pour le catholicisme, son amour de l’autorité despotique était encore plus grand. Il réprima donc rigoureusement les Jésuites, qui contestaient la suprématie royale sur l’Église ; et l’amertume des catholiques atteignit alors son comble. Ils ont organisé le soi-disant complot des poudres, avec l’intention de faire sauter la famille royale et tout le Parlement lors de la première réunion de la chambre. À la tête de la conspiration se trouvait Rob Catesby, Thomas Percy de Northumberland et Guy Fawkes, un officier anglais au service de l’Espagne. Le plan fut découvert peu de temps avant le jour fixé pour son exécution. Le 5 novembre apr. J.-C. En 1605, Fawkes, avec une lanterne et des allumettes, est saisi dans la cave. Le reste des conjurés s’enfuit, mais, après une lutte désespérée, dans laquelle Catesby et Percy tombèrent, ils furent arrêtés et, avec deux complices jésuites, exécutés comme traîtres. De grandes sévérités s’exerçaient alors à l’égard des catholiques, non seulement en Angleterre, mais aussi en Irlande, où le gros de la population était attaché à la foi romaine. Jacques Ier. acheva le transfert des biens ecclésiastiques à l’Église anglicane, dépouilla les nobles irlandais de presque tous leurs domaines et les donna à des favoris écossais et anglais. Tous les catholiques, parce qu’ils refusaient de prêter le serment de suprématie, c’est-à-dire de reconnaître le roi comme chef de l’Église, étaient déclarés inéligibles à toute fonction civile. Ces oppressions ont finalement conduit à l’effroyable massacre des Irlandais. En octobre, A.D. En 1641, une révolte désespérée des catholiques eut lieu dans tout le pays. Il visait à la destruction de tous les protestants en Irlande. Les conjurés se précipitèrent de toutes parts dans les maisons des protestants, massacrèrent les habitants et les chassèrent nus et sans défense de leurs maisons. Des milliers de personnes sont mortes de faim et de froid sur le bord de la route. En d’autres endroits, ils ont été jetés en foule dans les rivières et noyés, ou dans des maisons vides, qui ont été brûlées sur eux. Le nombre de ceux qui ont souffert est estimé entre 40 000 et 400 000. Charles Ier, A.D. 1625-1649, fut soupçonné d’être l’instigateur de cet acte terrible, et on peut le considérer comme son premier pas vers l’échafaud ( 155, 1). Après l’exécution de Charles, Oliver Cromwell, en A.D. 1649, à l’appel du Parlement, se vengea terriblement du crime irlandais. Dans les deux villes qu’il prit d’assaut, il fit égorger tous les citoyens sans distinction. Pris de panique, les habitants des autres villes s’enfuirent dans les tourbières. En l’espace de neuf mois, toute l’île fut reconquise. Des centaines de milliers d’entre eux, chassés de leur sol natal, errèrent comme des fugitifs sans abri, et leurs terres furent partagées entre les soldats et les colons anglais. À l’époque du Commonwealth anglais, A.D. En 1649-1660, tous les hommes modérés, même ceux qui avaient autrefois exigé la tolérance religieuse, non seulement pour toutes les sectes chrétiennes, mais aussi pour les juifs et les mahométans, et même pour les athées, étaient maintenant d’accord pour exclure les catholiques de son bénéficeconvenable, parce qu’ils voyaient tous dans les catholiques un parti prêt à tout moment à se montrer traîtres à leur patrie sur l’ordre d’un souverain étranger. ne pouvait pas améliorer considérablement les calamités des Irlandais. Certes, la persécution religieuse cessa, mais les biens confisqués à l’Église catholique et aux propriétaires autochtones restèrent toujours entre les mains de l’Église anglicane et des occupants protestants. Pour contrebalancer les penchants catholiques de Charles II. ( 155, 3), le Parlement anglais de l’an J.-C. En 1673, le Test Act est adopté, qui oblige tout officier civil et militaire à prêter les serments de test, condamnant la transsubstantiation et le culte des saints, et à recevoir la communion selon le rite anglican en tant que membres de l’Église d’État. Les déclarations d’un certain Titus Oates, selon lesquelles les Jésuites avaient organisé un complot pour assassiner le roi et restaurer la papauté, conduisirent à de terribles émeutes en J.-C. 1678 et de nombreuses exécutions. Mais ces rapports semblaient sans fondement, et étaient probablement le fruit d’une intrigue visant à priver le frère catholique du roi, Jacques II, du droit de succession. Lorsque Jacques monta sur le trône, en apr. J.-C. En 1685, il entra immédiatement en négociations avec Rome et remplit presque tous les postes avec des catholiques. À l’invitation des protestants, le gendre du roi, Guillaume III. d’Orange, débarqua en Angleterre en A.D. 1688, et lors de la fuite de Jacques, il fut déclaré roi par le Parlement. L’Acte de Tolérance, publié par lui en A.D. 1689, refusait toujours aux papistes les privilèges désormais accordés aux dissidents protestants ( 155, 3).449
153.7. Efforts syndicaux.
153.8. La prophétie de Lehnin. — L’espoir nourri, vers la fin du XVIIe siècle, par les catholiques de toute l’Allemagne d’une prompte restauration de l’Église-mère, s’exprima dans ce qu’on appelle le Vaticinium Lehninense. Composé au XIIIe siècle par un moine nommé Hermann, du cloître de Lehnin dans le Brandebourg, il caractérisa avec une exactitude historique en 100 vers léonins les princes de Brandebourg jusqu’à Frédéric III, dont le couronnement en A.D. 1701 il est ignorant, et après cela procède d’une manière purement fantaisiste et arbitraire. De Joachim II, qui s’est ouvertement rallié à la Réforme, il en compte onze membres, de sorte que l’histoire n’est ramenée qu’à Frédéric-Guillaume III. Avec le onzième règne les Hohenzollern prend fin, l’Allemagne est unie, l’Église catholique restaurée et Lehnin ressuscite à son ancienne gloire. Sous Frédéric-Guillaume IV, les catholiques s’efforcèrent de prouver l’authenticité de la prophétie et, par des moyens arbitraires, de l’étendre de manière à y inclure ce prince. Dernièrement, « le péché mortel d’Israël » dont il est question a été désigné comme une prophétie de la Kultur-kampf de notre époque (197). La première trace certaine du poème se trouve dans A.D. Année 1693. Hilgenfeld pense que son auteur était un pervers fanatique, Andr. Fromm, qui était auparavant pasteur protestant à Berlin, et mort en A.D. 1685 comme chanoine de Leitmeritz, en Bohême.
L’Église réformée s’est frayé un chemin au cœur de l’Allemagne luthérienne (144) par la calvinisation de la Hesse-Cassel et de la Lippe, et par l’adhésion de la maison électorale de Brandebourg. De nouvelles tentatives d’unir les deux Églises furent également infructueuses avec les efforts déployés pour parvenir à une union catholique-protestante.
154.1. Calvinisation de Hesse-Cassel, A.D. 1605-1646. — Philippe le Magnanime, mort en 1567, laissa à son fils aîné, Guillaume IV, la moitié de ses territoires, comprenant la Basse-Hesse et Schmalcald, avec résidence à Cassel ; à Louis IV. une quatrième partie, savoir la Haute-Hesse, avec résidence à Marbourg ; tandis que ses deux plus jeunes fils, Philippe et Georges, furent faits comtes, avec leur résidence à Darmstadt. Philippe mourut en 1583 et Louis en 1604, tous deux sans enfants ; en conséquence de quoi la plus grande partie du territoire de Philippe et la moitié septentrionale de la Haute-Hesse avec Marbourg tombèrent à Hesse-Cassel, et la moitié méridionale avec Giessen à Hesse-Darmstadt. de Hesse-Cassel sympathisait avec les tendances syndicales et niveleuses de son père et, par le biais de synodes généraux, s’efforçait de les faire accepter dans toute la Hesse en mettant de côté l’omniprésente christologie (141, 9) et la Formule de Concorde, tout en maintenant fermement le Corpus Doctrinæ Philippicum ( 141, 10). Le quatrième et dernier de ces synodes généraux se tint en 1582. Dans l’intervalle, la poursuite de la procédure a été rendue impossible par l’augmentation de l’opposition. Car, d’une part, Louis IV, sous l’influence de l’aigu et savant mais contestataire Ægidius Hunnius, professeur de théologie à Marbourg de 1576 à 1592, devint de plus en plus résolument un représentant du luthéranisme exclusif ; et, d’autre part, les projets calvinisants de Guillaume devinrent de jour en jour plus téméraires. Son fils et successeur Maurice s’avança avec plus d’énergie dans la même veine que son père, surtout après la mort de son oncle Louis en 1604, qui lui légua la partie Marbourg de ses territoires. Ceux-ci lui avaient été donnés à la condition qu’il s’en tiendrait à l’aveu et à ses excuses garantis par Charles-Quint. en 1530. Mais en 1605, il interdit aux théologiens de Marbourg d’exposer la théologie de l’ubiquité ; et lorsqu’ils protestèrent, ils promulguèrent une interdiction formelle du dogme avec ses présupposés et ses conséquences, et insistèrent sur l’introduction de la numérotation réformée des commandements du décalogue, et la fraction du pain à la communion, et le retrait des images restantes des églises (144, 2). Les théologiens protestèrent de nouveau et furent privés de leurs fonctions. Il en résulta l’éclatement d’un tumulte populaire à Marbourg, que Maurice réprima en faisant appel à l’armée. Lorsque, en plusieurs endroits, dans la Haute Hesse et même dans la Basse-Hesse, l’opposition persistait, et que le clergé résistant ne pouvait être gagné ni par la persuasion, ni par la menace, ni par la persécution, Maurice convoqua en 1607 des synodes diocésains consultatifs à Cassel, Eschwege, Marburg, Saint-Goar, et bientôt après un synode général à Cassel, qui, exprimant sur tous les points la volonté du landgrave, rédigent, outre un nouveau recueil de cantiques et un nouveau catéchisme, une nouvelle « confession de foi chrétienne et correcte », par laquelle ils déclarent ouvertement et résolument leur attachement à l’Église réformée. Bientôt la Hesse accepta ces conclusions, mais pas le reste de l’État, où l’opposition des nobles, du clergé et du peuple, malgré toutes les tentatives pour forcer cette acceptation par le pouvoir militaire, l’emprisonnement et la déposition, ne pouvait être entièrement surmontée. Pendant ce temps, le fils et successeur de Georges, Louis V, 1596-1626, avait ardemment cherché à tirer profit de ces troubles dans les domaines de son cousin en faveur de la Darmstadt dynastie. Il accorda sa protection aux professeurs expulsés de Marbourg en 1605, fonda en 1607 une université luthérienne à Giessen, et porta des accusations contre son cousin devant la Cour suprême impériale, qui en 1623, sur la base de la volonté de Louis IV. et la paix religieuse d’Augsbourg ( 137, 5), déclara l’héritage confisqué, et chargea les électeurs de Cologne et de Saxe de l’exécution de la sentence. Ceux-ci, de concert avec les troupes de la ligue commandées par Tilly, attaquèrent la Haute et la Basse-Hesse ; l’université luthérienne de Giessen fut transférée à Marbourg, et la Haute-Hesse, après le bannissement des pasteurs réformés, passa entièrement à la confession luthérienne. Maurice, complètement brisé, démissionna en faveur de son fils Guillaume V, qui fut obligé de faire un accord, selon lequel il céda à George II la Haute Hesse, Schmalcald et Katzenelnbogen. de Hesse-Darmstadt, successeur de Louis V. En conséquence de son attachement à Gustave-Adolphe pendant la guerre de Trente Ans, le ban de l’empire fut prononcé contre Guillaume. Il meurt en 1637. Sa veuve, Amalie Elizabeth, entreprit le gouvernement au nom de son jeune fils Guillaume VI et, en 1646, après des victoires répétées sur les troupes de Georges, conclut avec lui un nouvel accord par lequel les territoires enlevés en 1627 étaient restitués à Hesse-Cassel, sous la garantie, cependant, que le statu quo en matière de religion serait préservé et qu’ils continueraient à être principalement luthériens. La propriété de l’université a été divisée ; Giessen obtint une institution luthérienne, Marburg une institution réformée, et la Basse-Hesse reçut une constitution ecclésiastique modérément mais essentiellement réformée.
154.2. Calvinisation de Lippe, A.D. 1602. — Le comte Simon VI de Lippe, dans sa vie mouvementée, fut amené à entretenir des relations étroites avec les Pays-Bas réformés et avec Maurice de Hesse. Ses domaines étaient entièrement luthériens, mais à partir de J.-C. 1602 Le calvinisme est progressivement introduit sous le patronage du prince. Le principal promoteur de cette innovation fut Dreckmeyer, choisi surintendant général en A.D. Année 1599. Lors d’une visite d’églises en apr. J.-C. En 1602, les fêtes de Marie et des apôtres, l’exorcisme, le signe de la croix, l’hostie, les cierges allumés et le catéchisme de Luther sont rejetés. Les pasteurs opposés ont été destitués et les calvinistes ont été mis à leur place. C’est la ville de Lemgo qui s’est distinguée le plus longtemps, et qui a persévéré dans son adhésion à la confession luthérienne au cours d’une lutte de onze ans avec son prince, à partir de l’ère chrétienne. 1606 à 1617. Après la mort de Simon VI, son successeur, Simon VII, permit à la ville le libre exercice de sa religion luthérienne.
154.3. L’électeur de Brandebourg devient calviniste, A.D. 1613. — Jean Sigismond, A.D. 1608-1619, avait promis à son grand-père, John George, de maintenir ses liens avec l’Église luthérienne. Mais son inclination, renforcée par le mariage de son fils avec une princesse du Palatinat et ses relations avec les Pays-Bas, lui firent oublier sa promesse. Son prédicateur de cour, le crypto-calviniste Solomon Fink, a également contribué au même résultat. Le jour de Noël de l’an J.-C. En 1613, il passe à l’église réformée. Afin de participer à la paix d’Augsbourg, il conserva encore la Confession d’Augsbourg, naturellement sous la forme connue sous le nom de Variata. En apr. J.-C. En 1624, il publia sa propre confession calviniste, la Confessio Sigismundi ou Marchica, qui cherchait à concilier l’universalité de la grâce avec la particularité de l’élection (168, 1). Son peuple, cependant, ne suivit pas le prince, pas même son épouse, Anne de Prusse. Le prédicateur de la cour, Gedicke, qui ne voulait pas rétracter ses invectives contre le prince et la confession réformée, fut obligé de s’enfuir de Berlin, ainsi qu’un autre prédicateur, Mart. Willich. Mais lorsque les autels, les images et les fonts baptismaux furent jetés hors des églises de Berlin, un tumulte s’éleva, en J.-C. 1615, qui ne fut pas supprimée sans effusion de sang. L’année suivante, l’électeur interdit l’enseignement de la communicatio idiomatum et de l’ubiquitas corporis (141, 9) à l’Université de Francfort-sur-l’Oder. En apr. J.-C. 1614, en raison de la publication d’un traité très controversé de Hutter ( 159, 5) il défendit à aucun de ses sujets d’aller à l’université de Wittenberg, et peu de temps après, il raya la Formule de Concorde de la collection des livres symboliques de l’église luthérienne de son royaume.
154.4. Tentatives d’union.―Hoë von Hoënegg, d’une vieille famille autrichienne, était originaire de J.-C. En 1612, prédicateur en chef de la cour de Dresde et, en tant que conseiller spirituel de l’électeur, Jean-Georges, au début de la guerre de Trente Ans, obtint de la Saxe luthérienne qu’elle prenne le parti de l’empereur catholique contre le calviniste Frédéric V du Palatinat, élu roi de Bohême. En apr. J.-C. En 1621, il avait prouvé que « sur quatre-vingt-dix-neuf points, les calvinistes étaient d’accord avec les ariens et les turcs ». À la Conférence religieuse de Leipzig de l’A.D. En 1631, un compromis fut accepté de part et d’autre, mais aucun résultat pratique ne fut obtenu. La Conférence religieuse de Cassel, en A.D. 1661, fut une entreprise bien intentionnée de la part de quelques théologiens réformés de Marbourg et luthériens de l’école de Calixte ( 158, 2) ; mais en raison de l’agitation provoquée par la controverse des synergistes, aucun progrès important vers l’union ne put être accompli. Les efforts d’union du duc Guillaume de Brandebourg, A.D. De 1640 à 1688, Paul Gerhardt, prédicateur de l’église Saint-Nicolas de Berlin, s’y oppose. Refusant de s’abstenir d’attaquer la doctrine réformée, il fut démis de ses fonctions. Il fut bientôt nommé pasteur à Lübben en Lusace, où il mourut en 1944. 1676. — L’apôtre le plus zélé de l’union protestante universelle, embrassant même l’Église anglicane, fut le presbytérien écossais John Durie. D’après J.-C.En 1628, il officia comme pasteur d’une colonie anglaise à Elbing, jusqu’à sa mort à Cassel en 1628 . En 1640, il consacra inlassablement ses énergies à cette seule tâche. Il voyagea à plusieurs reprises à travers l’Allemagne, la Suède, le Danemark, l’Angleterre et les Pays-Bas, fit la connaissance des autorités ecclésiastiques et civiles, eut des rapports avec elles par la parole et par lettres, publia une multitude de tracts sur ce sujet ; mais à la fin, il ne pouvait que regarder en arrière avec des plaintes amères sur les travaux perdus de toute une vie.452― Suite, 169, 1.
Lorsque la Révolution anglaise éclata, provoquée par le despotisme des deux premiers Stuarts, des foules d’exilés puritains revinrent de Hollande et d’Amérique du Nord dans leur ancienne patrie. Ils fortifièrent puissamment leurs sympathisants secrets dans leur lutte victorieuse contre l’épiscopat de l’Église d’État (139, 6) ; mais, se divisant en partis rivaux, comme les presbytériens et les indépendants ( 143, 3, 4), a cédé la place à des extravagances fanatiques. Le parti victorieux des Indépendants se divisa aussi en deux divisions : l’une, à l’ancienne hollandaise, qui croyait simplement et strictement à l’Écriture ; l’autre, le premier dans l’armée de Cromwell, des fanatiques enthousiastes et des saints visionnaires ( 161, 1). La Restauration, sous les deux derniers Stuarts, chercha à réintroduire le catholicisme. C’était Guillaume d’Orange, par son Acte de Tolérance de l’A.D. 1689, qui mit fin aux luttes de la Réforme au sein de l’Église anglicane. Il garantissait, en effet, tous les privilèges prééminents d’un établissement à l’Église anglicane et épiscopale, mais accordait aussi la tolérance aux dissidents, tout en la refusant aux catholiques.
155.1. Les deux premiers Stuarts.―Jacques Ier, dominé par l’idée de la suprématie royale, et donc étranger au presbytérianisme dans lequel il a été élevé (139, 11), en tant que roi d’Angleterre, A.D. 1603-1625, s’attacha à l’Église épiscopale nationale, persécuta les puritains anglais, de sorte que beaucoup d’entre eux s’enfuirent à nouveau en Hollande (143, 4), et imposa l’épiscopat aux Écossais. Charles Ier, A.D. 1625-1649, dépassa son père en théorie et en pratique, et s’attira ainsi la haine de ses sujets protestants. William Laud, d’après J.-C. 1633 Archevêque de Cantorbéry, fut le promoteur imprudemment zélé de ses idées despotiques, représentant l’épiscopat, en raison de son institution divine et de sa succession apostolique, comme le fondement de l’Église et le pilier d’une monarchie absolue. Laud utilisa sa position de primat pour obtenir l’introduction de sa propre théorie dans les services religieux publics, entre autres choses faisant de l’office de communion une imitation aussi proche que possible de la messe romaine. Mais lorsqu’il tenta d’imposer aux Écossais un tel « culte de Baal » par l’ordre du roi, ils formèrent une ligue en A.D. 1638 pour la défense du presbytérianisme, la soi-disant Grande Alliance, et souligna leur demande en envoyant une armée en Angleterre. Le roi, qui avait régné pendant onze ans sans parlement, était obligé de convoquer les représentants du peuple. À peine le Long Parlement, A.D. De 1640 à 1653, où l’élément puritain était suprême, pacifia les Écossais, que l’huile fut de nouveau versée sur les flammes par le massacre irlandais de l’A.D. 1641 ( 153, 6). La Chambre basse, malgré l’opposition persistante de la cour, décida d’exclure les évêques de la Chambre haute et d’abolir formellement l’épiscopat ; et en A.D. En 1643, il convoqua l’Assemblée de Westminster pour remodeler l’organisation de l’Église anglaise, où les représentants écossais devaient siéger. Après de longs et violents débats avec une minorité indépendante, jusqu’à J.-C. En 1648, l’Assemblée rédigea une constitution presbytérienne avec un service puritain et, dans la Confession de Westminster, un credo strictement calviniste. Mais ce n’est qu’en Écosse que ces décisions ont été acceptées de bon cœur. En Angleterre, malgré leur confirmation par le Parlement, ils n’ont reçu qu’une acceptation partielle et occasionnelle, en raison de la prévalence des opinions indépendantes parmi le peuple. En 1642, la tension entre la cour et le Parlement avait provoqué la guerre civile entre les Cavaliers et les Têtes-Rondes. En apr. J.-C. En 1645, les troupes royales sont taillées en pièces à Naseby par l’armée parlementaire commandée par Fairfax et Cromwell. Le roi s’enfuit chez les Écossais, qui le livrèrent au Parlement anglais en an de suite. Année 1647. Mais lorsque les Indépendants fanatiques, qui formaient la majorité dans l’armée, commencèrent à terroriser le Parlement, celui-ci ouvrit des négociations de paix avec le roi. Il était maintenant prêt à faire presque tous les sacrifices, mais pour des raisons religieuses et de conscience, il ne pouvait accepter l’abandon inconditionnel de l’épiscopat. Même l’Écossais, dont le presbytreLe fascisme était maintenant menacé par les Indépendants, comme il l’avait été auparavant par les Épiscopaliens, désirait ardemment le rétablissement de la royauté et, pour y contribuer, envoya une armée en Angleterre en A.D. Année 1648. Mais ils furent vaincus par Cromwell, qui renvoya alors le Parlement et fit emprisonner tous ses membres presbytériens ou les contraint à la retraite. Le reste indépendant, connu sous le nom de Parlement croupion, A.D. 1648-1653, jugea le roi pour haute trahison et le condamna à mort. Le 30 janvier apr. J.-C. En 1649, il monta sur l’échafaud, sur lequel l’archevêque Laud l’avait précédé après J.-C. 1645, et tomba sous la hache du bourreau.454
155.2. Le Commonwealth et le Protecteur. — L’Irlande n’avait encore jamais expié son crime d’A.D. 1641 ( 153, 6), et comme il refusait de reconnaître le Commonwealth, Cromwell prit une terrible revanche en J.-C. Année 1649. En apr. J.-C. 1650 à Dunbar, et en A.D. En 1651, à Worcester, il détruisit complètement l’armée des Écossais, qui avaient couronné Charles II, fils du roi exécuté, chassés au mois d’avril de notre ère. En 1653, le Croupion du Long Parlement, qui en était venu à se considérer comme une institution permanente, ouvrit en juillet, par un puissant discours de deux heures, sur les voies et les jugements de Dieu, le Parlement court ou Barebones, composé d'« hommes pieux et craignant Dieu » choisis par lui-même. Dans ce nouveau parlement qui, à force de prières et de psaumes, s’efforçait de réorganiser l’exécutif, la magistrature et l’Église, les deux partis des indépendants étaient représentés, les fanatiques enthousiastes prédominant en effet, et si victorieux dans toutes les questions de débat. Cromwell lui-même appartenait à ce parti. Son attachement à cette ville, cependant, fut considérablement refroidi par suite des excès des niveleurs ( 161, 2), et la politique fantastique des saints parlementaires le dégoûtait de plus en plus. Quand donc, le 12 décembre apr. J.-C. En 1653, après cinq mois d’opposition infructueuse aux exigences radicales de l’extravagante majorité, tous les membres les plus modérés du Parlement avaient démissionné de leurs sièges et remis leurs mandats entre les mains de Cromwell, il fit irruption dans le reste chantant des psaumes avec ses soldats, et entra dans sa fonction de protecteur de la République avec une nouvelle constitution. Il proclama la tolérance de toutes les sectes religieuses, les catholiques n’étant exclus que pour des raisons politiques (153, 6). donnant des droits égaux aux presbytériens, et n’offrant aucun obstacle au réveil de l’épiscopat. Il n’en reste pas moins fermement attaché à ses premières convictions. Il croyait en un royaume des saints embrassant toute la terre, et considérait l’Angleterre comme destinée à la protection et à la propagation du protestantisme. Zurich l’accueillit comme le grand champion protestant, et il se montra dans ce rôle dans les vallées du Piémont ( 153, 5), en France, en Pologne et en Silésie. Il se joignit à tous les gouvernements protestants pour former une ligue, offensive et défensive, contre les tentatives fanatiques des papistes de regagner le terrain perdu. Lorsque l’Espagne et la France lui demandèrent son alliance, il posa comme condition avec la première qu’en plus d’autoriser le libre-échange avec les Antilles, elle abolirait l’Inquisition ; et de la France, il exigeait l’assurance que les droits des huguenots seraient respectés. Et lorsqu’en Allemagne une nouvelle élection d’empereur devait avoir lieu, il exhorta les grands électeurs à ne pas permettre que le trône impérial reste avec la maison catholique d’Autriche. Pendant ce temps, son chemin à la maison était épineux. Il fut obligé de réprimer quinze rébellions ouvertes pendant les cinq années de son règne, d’innombrables complots secrets menaçaient sa vie chaque jour, et ses ennemis les plus acharnés étaient ses anciens camarades du camp des saints. Après avoir refusé, la couronne qui lui fut offerte en A.D. En 1657, sans pouvoir réprimer par là le mécontentement des partis, il mourut le 3 septembre de l’an J.-C. 1658, l’anniversaire de ses glorieuses victoires de Dunbar et de Worcester.455
155.3. La Restauration et l’Acte de Tolérance.— La Restauration de la royauté sous Charles II, A.D. De 1660 à 1685, il commença par le rétablissement de l’Église épiscopale dans tous les privilèges qui lui avaient été accordés sous Élisabeth. La Loi sur les sociétés de décembre A.D. 1661, fut la première d’une série de lois à cet effet. Il exigeait de tous les magistrats et officiers civils qu’ils prêtent serment reconnaissant la suprématie royale et qu’ils communiquent dans l’église épiscopale. L’Acte d’Uniformité du mois de mai A.D. 1662, fut encore plus oppressante. Il interdisait à tout ecclésiastique d’entrer dans la chaire anglaise ou d’exercer une fonction ministérielle, à moins qu’il n’ait été ordonné par un évêque, qu’il n’ait signé les trente-neuf articles et qu’il ne se soit engagé à célébrer le culte exactement conformément au Livre de la prière commune récemment révisé. Plus de 2 000 pasteurs puritains, qui ne pouvaient pas se soumettre consciencieusement à ces conditions, ont été chassés de leurs églises. Puis, en juin, A.D. En 1664, la loi sur le conventicule fut renouvelée, imposant la fréquentation de l’église épiscopale et menaçant d’emprisonnement ou d’exil tous ceux qui se trouvaient dans toute réunion religieuse privée de plus de cinq personnes. L’année suivante, le Five Mile Act infligea de lourdes amendes à tous les ministres non conformistes qui s’approcheraient à moins de cinq milles de leur ancienne congrégation ou même de n’importe quelle ville. Toutes ces lois, bien qu’elles fussent principalement dirigées contre tous les protestants dissidents, s’adressaient également aux catholiques, que les sympathies catholiques du roi eussent volontiers épargnés. Lorsque sa ligue avec la France catholique contre les Pays-Bas protestants l’obligea à apaiser ses sujets protestants, il espérait y parvenir et sauver les catholiques par sa « Déclaration d’indulgence » de l’an J.-C. 1672, promulguée avec le consentement du Parlement, qui suspendait toutes les lois pénales jusqu’alors en vigueur contre les dissidents. Mais les non-conformistes protestants virent clair dans ce projet, et le Parlement de l’A.D. 1673 a adopté la loi anti-catholique Test Act ( 153, 6). Toutes les tentatives ultérieures pour assurer plus de libertés et de privilèges aux catholiques furent tout aussi vaines. Ils ne servirent qu’à développer les pouvoirs du Parlement et à rapprocher les épiscopaliens et les non-conformistes. Après avoir passé toute sa vie à osciller entre l’incrédulité frivole et la superstition catholique, Charles II, sur son lit de mort, se rendit officiellement à l’église romaine et se fit administrer la communion et l’extrême-onction par un prêtre catholique. Son frère et successeur Jacques II, A.D. 1685-1688, qui était de A.D. En 1672, un catholique déclaré, envoya une déclaration d’obéissance à Rome, reçut un nonce apostolique à Londres et, dans l’exercice du pouvoir despotique, publia, en A.D. 1687, une « Déclaration de liberté de conscience » qui, sous la belle couleur de la tolérance universelle et par l’abandon du serment d’épreuve, lui permit de remplir toutes les fonctions civiles et militaires avec des catholiques. Cet acte s’avéra tout aussi oppressif pour les épiscopaliens que pour les dissidents protestants. Cette intrigue lui coûta son trône. Il avait, comme il l’avait dit lui-même, misé trois royaumes sur une masse, et les avait tous perdus. Guillaume III. d’Orange, apr. J.-C. 1689-1702, petit-fils de Charles Ier et gendre de Jacques II, donna une décision définitive sur les droits de l’église épiscopale nationale et la position des dissidents dans l’Acte de tolérance de l’A.D. 1689, qu’il adopta avec le consentement du Parlement. Toutes les lois pénales contre ces derniers furent abrogées, et la liberté religieuse fut étendue à tous, à l’exception des catholiques et des sociniens. Toutefois, le maintien de la Loi sur les corporations et de la Loi sur les tests les excluait toujours de l’exercice de tous les droits politiques. Ils étaient également toujours tenus de payer la dîme et d’autres redevances ecclésiastiques au clergé épiscopal de leurs diocèses, et leurs mariages et baptêmes devaient être administrés dans les églises paroissiales. Leurs ministres furent également obligés de souscrire les trente-neuf articles, en réservant les points contraires à leurs principes. L’Acte d’Union de l’A.D. L’année 1707, passée sous la reine Anne, fille de Jacques II, qui unifia l’Angleterre et l’Écosse en un seul royaume de la Grande-Bretagne, donna une sanction légitime à un établissement ecclésiastique séparé pour chaque pays. En Écosse, les Églises presbytériennes continuèrent l’Église établie, tandis que l’Église épiscopale était tolérée en tant que corps dissident. Le congrégationalisme, cependant, a été pratiquement limité à l’Angleterre et à l’Amérique du Nord.456― Suite, 202, 5.
Malgré la régénération du catholicisme papal depuis le milieu du XVIe siècle, l’idéal politico-théocratique de Hildebrand ne s’est pas réalisé. Même les princes catholiques ne se laisseraient pas dicter leur conduite sur les questions politiques par le vicaire du Christ. Les plus puissants d’entre eux, la France, l’Autriche et l’Espagne, au cours du XVIe siècle, et plus tard aussi le Portugal, avaient réussi à revendiquer le droit d’exclure les candidats répréhensibles aux élections pontificales. L’interdiction et l’interdiction avaient perdu leur pouvoir. Les papes, cependant, s’accrochaient encore à cette idée après avoir été obligés de renoncer à la réalité, et lançaient de temps en temps des protestations impuissantes contre les faits désagréables de l’histoire. Plusieurs nouveaux ordres monastiques ont été institués au cours de ce siècle, principalement pour l’enseignement des jeunes et le soin des malades, mais certains aussi expressément pour la promotion de la science théologique. De tous les ordres, nouveaux et anciens, les Jésuites étaient de loin les plus puissants. Ils étaient considérés avec jalousie et suspicion par les autres ordres. En ce qui concerne la doctrine, les dominicains étaient aussi éloignés d’eux que possible dans les limites du Credo tridentin. Mais, en dépit de ces jalousies mutuelles, ils étaient tous animés d’un désir ardent de s’opposer, de restreindre et, là où c’était possible, de déraciner le protestantisme. Avec le même zèle, ils se consacrèrent avec un succès merveilleux à l’œuvre des missions étrangères.
156.1. La papauté. — Paul V, A.D. 1605-1621, également énergique dans sa politique civile et ecclésiastique, dans une lutte avec Venise, fut obligé de voir l’impuissance de l’interdit pontifical. Son successeur, Grégoire XV, apr. J.-C. De 1621 à 1623, il fonda la Propagande, prescrivit un examen secret des élections pontificales et canonisa Loyola, Xavier et Néri. Il enrichit la Bibliothèque vaticane par l’ajout des précieux trésors de la Bibliothèque de Heidelberg, que Maximilien Ier. de Bavière l’envoya à la conquête du Palatinat. Urbain VIII, apr. J.-C. 1623-1644, augmenta la Propagande, améliora le « Bréviaire » romain ( 56, 2), condamné l’Augustin de Jansen ( 156, 5), et obligea Galilée à se rétracter. Mais, d’un autre côté, par sa politique ecclésiastique unilatérale, il fut amené à sacrifier les intérêts de la maison impériale d’Autriche. Non seulement il n’apporta pas son soutien à l’empereur, mais il salua ouvertement Gustave-Adolphe, le sauveur du protestantisme allemand, comme le sauveur envoyé par Dieu de la tyrannie hispano-autrichienne. Pour cela, il fut déclaré hérétique à la cour impériale et menacé d’une seconde édition du sac de Rome (132, 2). En même temps, son âme était si remplie d’une haine fanatique contre le protestantisme, que dans une lettre de 1631 il félicita l’empereur Ferdinand II. sur la destruction de Magdebourg comme un acte très agréable au ciel et faisant le plus grand honneur à l’Allemagne, et exprimait l’espoir que la gloire d’une si grande victoire ne se bornerait pas aux ruines d’une seule ville. En apprenant la nouvelle de la mort de Gustave-Adolphe en 1632, il éclata en une grande joie, disant que maintenant « le serpent qui avait cherché à détruire le monde entier avec son poison était tué ». Son successeur, Innocent X, A.D. 1644-1655, bien que protestant vigoureusement contre la paix de Westphalie ( 153, 2), était, en raison de sa soumission abjecte à une femme, sa propre belle-sœur, on lui reprochait le titre de nouvelle Johanna Papissa. Alexandre VII, apr. J.-C. 1655-1667, eut la tutelle coûteuse de sa filleule Christine de Suède ( 153, 1), et attisa l’étincelle allumée par son prédécesseur dans la controverse janséniste (156, 5), de sorte que son successeur, Clément IX, apr. J.-C. 1667-1670, ne put l’éteindre que progressivement. Clément X., A.D. De 1670 à 1676, par sa préférence pour l’Espagne, le roi de France Louis XIV se vengea par divers empiétements sur l’administration ecclésiastique de ses États. Innocent XI, apr. J.-C. De 1676 à 1689, il fut un pape puissant, promouvant avec zèle le bien-être de l’Église et des États pontificaux en introduisant la discipline parmi le clergé et en s’attaquant à l’immoralité qui régnait dans toutes les classes de la société. Il n’hésita pas à condamner soixante-cinq propositions du laxiste code de morale des jésuites. Contre l’arrogant ambassadeur de Louis XIV. il maintint énergiquement ses droits souverains dans ses propres domaines, tout en refusant sans réserve les prétentions du clergé français, pressé par le roi en raison de la constitution exceptionnelle de l’Église gallicane. Alexandre VIII, 1689-1691, continua la lutte contre le gallicanisme, et condamna la distinction jésuite entre le péché théologique et le péché philosophique ( 149, 10). Innocent XII, apr. J.-C. 1691-1700, pouvait se vanter d’avoir obtenu la soumission complète du clergé gallican après une lutte acharnée. Lui aussi travailla avec ardeur pour la réforme des abus dans la curie. C’est à lui que l’on doit particulièrement la bulle sévère « Romanum decet pontificem » contre le népotisme, qui a extirpé la mauvaise maladie, de sorte qu’elle n’a plus jamais été ouvertement pratiquée comme un droit reconnu.
156.2. Les Jésuites et la République de Venise.—Venise fut l’une des premières villes italiennes à recevoir les Jésuites à bras ouverts, après J.-C. Année 1530. Mais l’influence qu’ils obtinrent sur les affaires publiques par l’intermédiaire de l’école et du confessionnal, et l’immense richesse qu’ils accumulèrent grâce aux legs et aux dons, conduisirent le gouvernement, en A.D. 1605, pour leur interdire de recevoir des legs ou d’ériger de nouveaux cloîtres. C’est en vain que Paul V. protester. Il mit alors Venise sous interdiction. Les Jésuites cherchèrent à exciter le peuple contre le gouvernement, et pour cela ils furent bannis en J.-C. Année 1606. Le pieux et érudit historien du concile de Trente et conseiller d’État, Paul Sarpi, s’est révélé un vigoureux défenseur des droits civils contre les hypothèses de la curie et des jésuites. Quand en A.D. En 1607, il refusa une citation de l’Inquisition, il fut dangereusement blessé par trois coups de poignard, infligés par des bandits à gages, dans les talons aiguilles desquels il reconnut le stilum curiæ. Il mourut en apr. J.-C. Année 1623. Après dix mois de vains efforts pour faire respecter l’interdiction, le pape conclut enfin, par la médiation de la France, une paix avec la république, sans toutefois pouvoir obtenir ni l’abolition des lois ecclésiastiques et politiques répréhensibles, ni l’autorisation du retour des jésuites. Ce n’est qu’après que la république eut été affaiblie par la malheureuse guerre turque de l’an J.-C. 1645 fut trouvé disposé à se soumettre. Même en A.D. En 1653, elle refusa l’offre de 150,000 ducats du général jésuite pour la campagne de Turquie ; mais lorsqu’Alexandre VII supprima plusieurs riches cloîtres, leurs revenus furent acceptés avec reconnaissance à cet effet. En apr. J.-C. En 1657, sur la promesse du pape d’une aide pécuniaire supplémentaire, le décret de bannissement est retiré. Les pères jésuites revinrent alors en foule, et retrouvèrent bientôt une grande partie de leur ancienne influence et de leur richesse. Depuis, aucun pape n’a émis d’interdiction contre un pays.457
156.3. Les libertés gallicanes. — Bien que Louis XIV de France, A. D. 1643-1715, en bon roi catholique, soutint puissamment les prétentions de la dogmatique papale contre les jansénistes ( 156, 5 ; 165, 7), Il n’était nullement infidèle à la politique ecclésiastique traditionnelle de sa maison ( 96, 21 ; 110, 1, 9, 13, 14), et était souvent irrité au plus haut point par l’opposition du pape à ses intérêts politiques. Il insista rigoureusement sur l’ancien droit coutumier de la Couronne sur le revenu de certaines charges ecclésiastiques vacantes, le jus regaliæ, et l’étendit à tous les évêchés, gronda les revenus ecclésiastiques de pensions militaires, confisqua les biens ecclésiastiques, etc. Innocent XI. protesta énergiquement contre de telles exactions. Le roi convoqua alors une assemblée des Français à Paris le 19 mars de notre ère. 1682, qui publia les fameuses Quatre Propositions du Clergé gallican, rédigées par Mgr Bossuet, évêque de Meaux. Ceux-ci énoncent les droits fondamentaux de l’Église de France :
En conséquence, Innocent refusa d’instituer l’un des évêques nouvellement nommés. Il ne fut même pas apaisé par la révocation de l’édit de Nantes en J.-C. Année 1685. Il fut content, en effet, loua l’acte et le célébra par un Te Deum, mais s’opposa aux mesures violentes pour la conversion des protestants comme contraires à l’enseignement du Christ. C’est alors qu’il s’éleva aussi une lutte acharnée contre l’extension malicieuse du droit d’asile de la part des ambassades étrangères à Rome. Sur la représentation du pape, toutes les puissances, à l’exception de la France, acceptèrent une restriction de la coutume. Le pape a toléré la nuisance jusqu’à la mort de l’ambassadeur de France en J.-C. 1687, mais insista ensuite pour qu’elle soit abolie sous peine d’interdiction. En conséquence, Louis envoya son nouvel ambassadeur à Rome avec deux compagnies de cavaliers, jeta en prison le pape en France et assiégea l’État pontifical d’Avignon (110, 4). Mais Innocent ne devait pas être terrorisé ainsi, et l’ambassadeur de France fut obligé, après dix-huit mois de vaines démonstrations, de quitter Rome. Alexandre VIII. réitéré la condamnation des Quatre Propositions, et d’Innocent XIII. a également tenu bon. L’épiscopat français, devant le refus persistant du pape d’installer des évêques nommés par le roi, fut finalement contraint de se soumettre. « Couchés aux pieds de Sa Sainteté », les évêques déclarèrent que tout ce qui avait été conclu dans cette assemblée était nul et non avenu ; et même Louis XIV, sous l’influence de Mme de Maintenon ( 157, 3), écrivit au pape en apr. J.-C. 1693, disant qu’il rappelait l’ordre que les Quatre Propositions devaient être enseignées dans toutes les écoles. Cependant il subsistait encore dans le clergé français une ferme conviction des libertés gallicanes, et le droit de régale continuait d’avoir force de loi.458― Suite, 197, 1.
156.4. Galilée et l’Inquisition. — Galilée Galilée, professeur de mathématiques à Pise et à Padoue, mort en apr. J.-C. 1642, parmi les nombreux services distingués qu’il a rendus aux sciences physiques, mathématiques et astronomiques, a l’honneur d’être le champion pionnier du système copernicien. C’est pour cette raison qu’il fut accusé par les moines de contredire l’Écriture. En apr. J.-C. 1616 Paul V, par l’intermédiaire du cardinal Bellarmin, le menaça de l’Inquisition et de la prison s’il n’acceptait pas de cesser de défendre et de donner des conférences sur sa doctrine hérétique. Il a fait la promesse requise. Mais en A.D. En 1632, il publia un dialogue, dans lequel trois amis discutaient des systèmes ptolémaïque et copernicien, sans aucune conclusion formelle, mais donnant des raisons accablantes en faveur de ce dernier. Urbain VIII, en apr. J.-C. 1636, demanda à l’Inquisition d’intenter un procès contre lui. Il a été forcé de se rétracter, a été condamné à la prison pour une période indéterminée, mais a rapidement été libéré grâce à une puissante influence. Jusqu’à quel point le vieil homme de soixante-douze ans a-t-il été forcé par la torture à se rétracter est encore un sujet de controverse. Il est cependant tout à fait évident qu’elle lui a été arrachée par des menaces. Mais que Galilée soit sorti après sa rétractation, grinçant des dents et tapant du pied, en murmurant : « Néanmoins, ça bouge ! » est une légende d’une époque romanesque. C’est pourtant le fait que la Congrégation de l’Index déclara que la théorie de Copernic était fausse, irrationnelle et directement contraire à l’Écriture ; et que même en apr. J.-C. 1660 Alexandre VII, avec l’autorité apostolique, confirma formellement ce décret et le prononça ex cathedrâ ( 149, 4) irrévocable. Ce n’était qu’en apr. J.-C. 1822 que la Curie l’a mis de côté, et dans une nouvelle édition de l’Index ( 149, 14) en apr. J.-C. 1835 omet les travaux de Galilée ainsi que ceux de Copernic.459
156.5. La controverse sur l’Immaculée Conception ( 112, 4) reçut une nouvelle impulsion de la religieuse Marie de Jésus, morte en 1665, d’Agreda, en Vieille-Castille, supérieure du cloître de l’Immaculée Conception, écrivain de la « Cité mystique de Dieu ». Ce livre prétendait donner un récit inspiré de la vie de la Vierge, plein des absurdités les plus étranges sur l’Immaculée Conception. La Sorbonne l’a déclaré offensant et stupide ; l’Inquisition en Espagne, au Portugal et à Rome en défendit la lecture ; mais les franciscains la défendaient comme une révélation divine. Une violente controverse s’ensuivit, qu’Alexandre VII. réduit au silence en apr. J.-C. 1661 en exprimant son approbation de la doctrine de l’Immaculée Conception exposée dans le livre. — Suite, 185, 2.
156.6. La dévotion du Sacré-Cœur de Jésus.—La religieuse Marguerite Alacoque, dans le cloître bourguignon de Paray le Monial, née A.D. 1647, guérie d’une maladie douloureuse alors qu’elle n’avait que trois ans, fit vœu à la mère de Dieu, qui lui apparaissait souvent, de chasteté perpétuelle, et en reconnaissance de sa guérison, adopta le nom de Marie, et lorsqu’elle fut grande, elle résista aux tentations en s’infligeant la discipline la plus sévère, telle que de longs jeûnes, des flagellations aiguës, couchée sur des épines, etc. Les visions de la Vierge ne la satisfaisaient plus. Elle désirait ardemment prodiguer ses affections au Rédempteur lui-même, ce qu’elle exprimait dans les termes les plus extravagants. Elle prit le jésuite La Colombière comme conseiller spirituel en A.D. Année 1675. Dans une nouvelle vision, elle vit le côté de son Bien-Aimé ouvert, et vit son cœur briller comme un soleil, dans lequel le sien était absorbé. Jusqu’à sa mort en apr. J.-C. 1690 Elle ressentit les plus violentes douleurs brûlantes dans son côté. Dans une seconde vision, elle vit le cœur de son Bien-Aimé brûler comme une fournaise, dans laquelle furent pris son propre cœur et celui de son conseiller spirituel. Dans une troisième vision, il enjoignit à toute la chrétienté d’observer une « dévotion du Sacré-Cœur » spéciale le vendredi suivant l’octave de la fête du Corpus Christi et le premier vendredi de chaque mois. La Colombière, nommé directeur, fit tous ses efforts pour que cette fête fût introduite dans toute l’Église, et à sa mort, l’idée fut reprise par tout l’ordre des Jésuites. Leurs efforts, cependant, pendant un bon siècle, se sont avérés vains. À ce moment-là aussi, leurs adversaires les plus acharnés étaient les dominicains. Mais, même sans l’autorité papale, les Jésuites réussirent si bien à introduire les absurdités de ce culte, et à l’exprimer en paroles et en images, qu’au commencement du XVIIIe siècle, il y avait plus de 300 sociétés masculines et féminines engagées dans cette dévotion, et enfin, en A.D. 1765, Clément XIII, grand ami des Jésuites, donna une sanction formelle à cette fête spéciale. — Suite, 188, 12.
156.7. Nouvelles congrégations et ordres.
156.8.
156.9. La Propagande. — Grégoire XV donna unité et force aux efforts de conversion des hérétiques et des païens en instituant, en A.D. 1662, la Congregatio de Propaganda Fide. Urbain VIII. en apr. J.-C.En 1627, il y rattacha une école de formation missionnaire, recrutée autant que possible parmi les natifs des pays respectifs, comme le Collegium Germanicum de Loyola, fondé en 1627 . 1552 ( 151, 1). C’est ainsi qu’à chaque Épiphanie, il pouvait étonner les Romains et les étrangers par ce qui semblait être une répétition du miracle pentecôtiste des langues. Dans cet institut, on enseignait toutes les langues, et l’on imprimait des bréviaires, des livres de messe et de dévotion, ainsi que des manuels à l’usage des missions. C’était aussi le centre d’où partaient toutes les entreprises missionnaires. — Suite, 204, 2.
156.10. Missions étrangères. — Même pendant ce siècle, les Jésuites surpassèrent tous les autres par le zèle missionnaire. En apr. J.-C. En 1608, ils envoyèrent de Madrid des colonies missionnaires parmi les Indiens errants de l’Amérique du Sud, et aucun Espagnol ne pouvait s’y établir sans leur permission. Le plus organisé d’entre eux était celui du Paraguay, dans lequel, selon leurs propres rapports, plus de 100 000 sauvages convertis vécurent heureux et satisfaits sous la domination douce et patriarcale des Jésuites pendant 140 ans après J.-C. 1610-1750 ; mais d’après un autre récit bien informé, quoique peut-être pas tout à fait impartial, celui d’Ibagnez, membre de la mission, expulsé pour avoir conseillé de se soumettre au décret qui la privait d’indépendance politique, le gouvernement paternel était imprégné d’une dose libérale de despotisme esclavagiste. C’était au moins un fait indubitable, malgré le caractère patriarcal idyllique de l’État jésuite, que l’ordre amassait de grandes richesses grâce au produit de l’industrie de ses protégés.
156.11. Dans les Indes orientales ( 150, 1) les Jésuites eurent un succès ininterrompu. En apr. J.-C. En 1606, afin de faire place parmi les brahmanes, le jésuite Rob. Nobili revêtait leur costume, évitait tout contact même avec les convertis de basse caste, leur donnant les éléments de communion non pas directement, mais par un instrument, ou les déposant pour eux devant la porte, et en tant que brahmane chrétien, il faisait une impression considérable sur les classes les plus exclusives. 2). Mendiants et jésuites s’opposaient et s’excommuniaient mutuellement. Les Espagnols et les Portugais catholiques étaient en conflit entre eux, et ne s’accordaient que pour intriguer contre les protestants hollandais et anglais. Lorsque la terre fut ouverte au commerce extérieur, elle devint le point de rassemblement de la racaille morale de tous les pays européens, et le trafic d’esclaves japonais, en particulier par les Portugais, jeta le discrédit sur la cause chrétienne. L’idée s’est répandue que les efforts de christianisation n’étaient qu’un prélude à la conquête par les Espagnols et les Portugais. Dans la nouvelle organisation du pays par le shiogun Ijejasu, tous les gouverneurs devaient faire vœu d’hostilité envers les chrétiens et les étrangers. En apr. J.-C. En 1606, il interdit l’observance de la religion chrétienne partout dans le pays. Lorsque la conspiration d’un daïmio chrétien fut découverte, il provoqua, en J.-C. 1614, des cargaisons entières de jésuites, de mendiants et de prêtres indigènes seront envoyées hors du pays. Mais comme beaucoup de bannis revenaient, la mort était menacée contre tous ceux qui pourraient être trouvés, et en A.D. En 1624, tous les étrangers, à l’exception des Chinois et des Hollandais, furent rigoureusement chassés. Et c’est alors qu’une persécution sanglante des chrétiens indigènes a commencé. Plusieurs milliers d’entre eux ont fui vers la Chine et les îles voisines ; Des foules de ceux qui restaient étaient enterrés vivants ou brûlés sur des tas constitués de bois de croix chrétiennes. Les victimes ont fait preuve d’un esprit de martyr comme ceux des premiers jours. Ceux qui se sont échappés se sont organisés en A.D. En 1637, ils opposèrent une résistance armée, et tinrent la forteresse d’Arima en face de l’armée de Shiogun envoyée contre eux. Après un siège de trois mois, la forteresse fut conquise à l’aide de canons hollandais ; 37 000 d’entre eux furent massacrés dans le fort, et les autres furent précipités du haut des rochers. Les lois les plus sévères furent promulguées contre les chrétiens, et les édits remplis de malédictions effrayantes contre « la secte méchante » et « le Dieu vil » des chrétiens furent affichés sur tous les ponts, les coins de rue et les places. Le christianisme semblait maintenant complètement éradiqué. Le souvenir de cette œuvre, cependant, a été conservé jusqu’au XIXe siècle. En effet, lorsque les missionnaires français sont allés en A.D. En 1860 à Nagasaki, ils trouvèrent à leur grande surprise dans les villages des milliers ( ?) qui les accueillirent joyeusement comme les successeurs des premiers missionnaires chrétiens.
156.12. En Chine, après la mort de Ricci ( 150, 1), Le succès de la mission s’est poursuivi sans interruption. En apr. J.-C. En 1628, un jésuite allemand, Adam Schell, sortit de Cologne, qui acquit une grande renommée à la cour pour ses compétences mathématiques. Louis XIV. fonda à Paris un collège missionnaire, qui envoya des jésuites parfaitement formés aux mathématiques. Mais les dominicains et les franciscains se plaignirent à plusieurs reprises à Rome des jésuites. Ils n’ont jamais permis aux missionnaires d’autres ordres de s’approcher de leurs propres établissements, et les ont même chassés des endroits où ils avaient commencé à travailler. Ils s’opposèrent même aux prêtres, aux évêques et aux vicaires apostoliques envoyés par la Propagande, déclarèrent que leurs brefs pontificaux étaient des faux, interdirent à leurs congrégations d’avoir des relations avec ces « hérétiques » et, soupçonnés de jansénisme, les amenèrent devant l’Inquisition de Goa. Clément X. a émis une ferme protestation contre de telles procédures ; mais les Jésuites n’y firent pas attention, et ne s’occupèrent que de leur propre général. La condamnation papale, un siècle plus tard, du plan d’accommodement des jésuites, et leur autorisation des rites et des croyances païens aux nouveaux convertis, dont se plaignaient les dominicains, fut également infructueuse. En apr. J.-C. 1645 Innocent X interdit cette pratique sous peine d’excommunication, mais ils la continuèrent jusqu’à ce que le décret fût modifié par Alexandre VII en J.-C. Année 1656. Après des plaintes persistantes des dominicains, Innocent XII. nomma une nouvelle congrégation à Rome pour étudier la question, mais leurs délibérations n’aboutirent à aucun résultat pendant dix ans. Enfin Clément XI. confirma le premier décret d’Innocent X, condamna de nouveau les rites dits chinois, et envoya le légat Thomas de Tournon en A.D. 1703 pour faire exécuter sa décision. Tournon, reçu d’abord par l’empereur à Pékin avec beaucoup d’égards, tomba en disgrâce par des intrigues jésuites, fut banni de la capitale et retourna à Nankin. Mais alors qu’il continuait ses efforts à partir de ce point, et qu’une tentative d’empoisonnement échoua en J.-C.En 1707, il se rendit à Macao, où il fut mis en prison par les Portugais, où il mourut en 1707 . Année 1710. Clément XI, en apr. J.-C. En 1715, il publia son décret contre les rites chinois sous une forme encore plus sévère ; mais le franciscain qui avait proclamé la bulle pontificale fut mis en prison comme contrevenant aux lois du pays, et, après avoir été maltraité pendant dix-sept mois, il fut banni. Les Jésuites étaient devenus si fiers de leur confiance qu’en A.D. En 1720, ils traitèrent avec mépris et mépris le légat du pape Mezzabarba, patriarche d’Alexandrie, qui essaya par certaines concessions de les amener à se soumettre. Un décret plus sévère de Clément XII. de l’apr. J.-C. 1735 a été tourné en dérision en n’étant proclamé que dans l’original latin. Benoît XIV. réussi pour la première fois, en A.D. 1742, en brisant leur opposition, après que les accusations eurent été renouvelées par le capucin Norbert. Tous les missionnaires jésuites étaient maintenant obligés par serment d’exclure toutes les coutumes et tous les rites païens ; mais c’est ainsi que s’éteignirent toute la gloire et le merveilleux succès de leurs missions asiatiques. — Suite, 165, 3.
156.13. Commerce et industrie des Jésuites.—Comme les missions chrétiennes méritent généralement d’être reconnues, non seulement pour avoir introduit la civilisation et la culture en même temps que la prédication de l’Évangile dans des pays païens lointains, mais aussi pour avoir grandement favorisé la connaissance des pays, des peuples et des langues parmi leurs compatriotes chez eux, ouvrant de nouveaux champs à la colonisation et au commerce, ces fins étaient également servies par les entreprises missionnaires mondiales des Jésuites, et étaient en parfait accord avec le caractère et l’intention de cet ordre, qui visait à la domination universelle. En exécutant ces projets, les Jésuites abandonnèrent les principes ascétiques de leur fondateur et leur vœu de pauvreté, amassant d’énormes richesses en s’assurant dans de nombreuses parties un monopole pratique du commerce. Leur cinquième général, Aquaviva ( 149, 8), obtint de Grégoire XIII, qui se déclarait favorable à la mission, le droit exclusif de commercer avec les deux Indes. Ils construisirent bientôt de grandes manufactures dans toutes les parties du monde, et firent charger sur toutes les mers des navires chargés de marchandises précieuses. Ils avaient des mines, des fermes, des plantations de canne à sucre, des boutiques d’apothicaires, des boulangeries, etc., fondaient des banques, vendaient des reliques, des amulettes miraculeuses, des chapelets, guérissaient l’eau d’Ignace et de Xavier (149, 11), etc., et dans la chasse à l’héritage, il surpassait tous les autres ordres. Urbain VIII. et Clément XI. Il a émis des bulles sévères contre de tels abus, mais n’a réussi qu’à les restreindre dans une certaine mesure. — Continuation, 165, 9.
156.14. Apostat du judaïsme. — Gabriel, ou comme on l’appelait d’après la circoncision, Uriel Acosta, était issu d’une noble famille portugaise, juive à l’origine. Doutant du christianisme à cause du trafic des indulgences, il finit par répudier le Nouveau Testament en faveur de l’Ancien. Il refusa de riches postes ecclésiastiques, s’enfuit à Amsterdam et passa officiellement au judaïsme. Au lieu du mosaïsme biblique, cependant, il a été déçu de ne trouver que l’orgueil pharisaïque et le traditionalisme talmudique, contre lesquels il a écrit un traité en J.-C. Année 1623. Les Juifs le dénoncèrent alors aux autorités civiles comme un négateur de Dieu et de l’immortalité. Toute la question de son livre a été brûlée. Par deux fois, la synagogue a tonné son interdiction contre lui. Le premier fut retiré lorsqu’il se rétracta, et le second, sept ans plus tard, lorsqu’il se soumit à une sévère flagellation. En dépit de tout ce qu’il a maintenu à son point de vue sadducéen jusqu’à sa fin après J.-C. 1647, lorsqu’il mourut de sa propre main d’un coup de pistolet, poussé au désespoir par la persécution incessante des Juifs.
Jusqu’au dernier quart du XVIIe siècle, les mystiques espagnols ( 149, 16), et surtout ceux qui étaient attachés à François de Sales, étaient reconnus comme tout à fait orthodoxes. Mais maintenant les jésuites apparaissaient comme les adversaires résolus de tout mysticisme qui sentait l’enthousiasme. Au moyen d’ignobles intrigues, ils réussirent à faire condamner Molinos, Guyon et Fénelon, comme hérétiques « quiétistes », bien que le fondateur de leur parti eût été canonisé et que sa doctrine eût été solennellement sanctionnée par le pape. Plus répréhensible encore pour les jésuites était cette réaction à l’égard de l’augustinisme qui, jusque-là limitée aux dominicains (149, 13), et traité par eux comme une théorie théologique, se répandait maintenant parmi d’autres ordres sous la forme du jansénisme français, accompagné d’une profonde sincérité morale et d’un renouveau de toute la vie chrétienne.
157.1. François de Sales et Madame Chantal.― François comte de Sales, d’après A.D. 1602 L’évêque de Genève, c’est-à-dire in partibus, ayant pour résidence Annecy, s’était montré bon catholique par son zèle à extirper le protestantisme dans le Chablais, au sud du lac Léman. En apr. J.-C. En 1604, il rencontre la jeune baronne veuve de Chantal, avec laquelle il fonde plus tard l’Ordre de la Visitation de Marie (156, 7), Il s’avéra un bon médecin pour elle au milieu de ses chagrins, de ses doutes et de ses tentations. Il a cherché à se qualifier pour cette tâche en lisant les écrits de sainte Thérèse. Le maître et l’érudit profitèrent tellement de leurs études mystiques, qu’en apr. J.-C. 1665 Alexandre VII juge l’un digne de canonisation et l’autre de béatification. En apr. J.-C. 1877 Pie IX élève François à la dignité de docteur ecclésiastique. Son « Introduction à la vie dévote » fournit aux laïcs un guide pour la vie de l’âme, au milieu de tous les troubles du monde, se reposant dans la contemplation calme et l’amour désintéressé de Dieu. Dans l’Église catholique, à côté de l’Imitation du Christ d’À Kempis, c’est le livre de dévotion le plus apprécié et le plus utilisé. Dans son « Théotime », il conduit le lecteur plus profondément dans les aspirations de l’âme après la communion avec Dieu, et décrit la paix parfaite que l’âme atteint en Dieu.461
Après François de Sales, une grande multitude d’apôtres et d’apôtres du nouvel évangile mystique surgirent et furent favorablement accueillis par tous les chefs d’église les plus modérés. Les réactionnaires, les jésuites à leur tête, s’efforçaient donc d’autant plus de sévir contre l’Espagnol Michel Molinos. S’étant installé à Rome en J.-C. En 1669, il devient rapidement le plus populaire des pères confesseurs. Son « guide spirituel » en apr. J.-C.En 1675 , il reçut l’approbation du Saint-Office et fut introduit dans l’Allemagne protestante par une traduction latine de Francke en 1675 . 1687, et une traduction allemande en A.D. 1699 par Arnold. Il y enseignait à ceux qui venaient au confessionnal que le chemin de la perfection de la vie chrétienne, qui consiste dans le repos paisible dans la communion la plus intime avec Dieu, se trouve dans la conférence spirituelle, la prière secrète, la contemplation active et passive, dans la destruction rigoureuse de toute volonté propre et dans l’amour désintéressé de Dieu. fortifiés, partout où c’est possible, par la communion quotidienne. Le succès du livre est étonnant. Elle influença rapidement tous les rangs et toutes les classes, hommes et femmes, laïcs et ecclésiastiques, non seulement en Italie, mais aussi par le biais de traductions en France et en Espagne. Mais très vite, une réaction s’est installée. Dès J.-C. En 1681, le célèbre jésuite Segneri publia un traité dans lequel il accusait le mysticisme contemplatif de Molinos d’unilatéralité et d’exagération. Le pieux et érudit oratorien Petrucci lui répondit. Une commission, nommée par l’Inquisition pour examiner les écrits des deux parties, déclara que les vues de Molinos et de Petrucci étaient conformes à la doctrine de l’Église et que les objections de Segneri n’étaient pas fondées. Tout ce que le jésuitisme considérait comme le fondement, le moyen et la fin de la piété était qualifié de purement élémentaire. On ne pouvait espérer de gagner Innocent XI, l’ennemi acharné des jésuites. Mais Louis XIV. de France, à l’instigation de son père jésuite, confesseur, Lachaise, exprima par l’intermédiaire de son ambassadeur sa surprise de voir que Sa Sainteté non seulement tolérait, mais même encourageait et soutenait un hérétique si dangereux, qui enseignait à toute la chrétienté à sous-estimer les services publics de l’Église. En apr. J.-C. 1685 Innocent soumet l’affaire au tribunal de l’Inquisition. Tout au long des deux années durant lesquelles l’enquête s’est déroulée, tous les moyens ont été utilisés pour obtenir la condamnation. Il n’était pas rare de rencontrer des déclarations extrêmes d’adhérents fanatiques de Molinos, dépréciant les ordonnances et les cérémonies publiques, la confession, l’écoute de la messe, les prières à l’église, les chapelets, etc. Le pape, facile avec l’âge, au milieu des gémissements et des lamentations, laissa les choses suivre leur cours, et confirma enfin le décret de l’Inquisition du 28 août après J.-C. 1687, par lequel Molinos fut reconnu coupable de répandre une doctrine impie, et soixante-huit propositions, en partie tirées de ses propres écrits, en partie des déclarations de ses adhérents, furent condamnées comme hérétiques et blasphématoires. L’hérétique devait abjurer ses hérésies publiquement, vêtu d’habits de pénitence, et était ensuite consigné à l’isolement à vie dans un cloître dominicain, où il mourut en J.-C. Année 1697.462
157.3. Madame Guyon et Fénelon. — Après la mort de son mari, Mme Guyon, en compagnie de son père confesseur, le Barnabite Lacombe, initié pendant un long séjour à Rome aux mystères de la mystique moliniste, passa cinq ans à voyager à travers la France, la Suisse, la Savoie et le Piémont. Bien qu’elle fût déjà très soupçonnée, elle gagna le cœur de beaucoup d’hommes et de femmes parmi le clergé et les laïcs, et attira en eux, par des conférences personnelles, de la correspondance et de son œuvre littéraire, l’ardeur de l’amour mystique. Ses écrits brillants sont en effet défigurés par des traces d’exagération insensée, de fanatisme et d’orgueil spirituel. Elle s’appelle elle-même la femme de l’Apocalypse XII, 1, et la mère de la grâce de ses adhérents. Voici les principaux traits distinctifs de son mysticisme : la nécessité de se détourner de tout ce qui est créature, de rejeter tout plaisir terrestre et de détruire tout intérêt égoïste, ainsi que de se tourner vers Dieu dans la contemplation passive, la dévotion silencieuse, la foi nue, qui se dispense de toute évidence intellectuelle, et l’amour pur et désintéressé, qui aime Dieu pour lui seul, non pas pour le salut éternel obtenu par Lui. À son retour à Paris avec Lacombe en A.D. C’est en 1686 que commença le véritable martyre de sa vie. Son principal persécuteur était son demi-frère, le supérieur parisien des Barnabites, La Mothe, qui répandit les bruits les plus scandaleux sur sa demi-sœur et Lacombe, et les fit tous deux emprisonner par un décret royal en A.D. Année 1688. Lacombe ne recouvra jamais sa liberté. Emmené d’une prison à l’autre, il perdit la raison et mourut dans un asile en A.D. Année 1699. Madame Guyon, cependant, grâce à l’influence de Mme de Maintenon, fut relâchée après dix mois de détention. La faveur de cette dame royale ne dura pas longtemps. Avertie de toutes parts par le dangereux hérétique, elle rompit tout rapport avec elle en J.-C. 1693, et persuada le roi de nommer une nouvelle commission, en 1693. 1694, avec à sa tête l’évêque Bossuet de Meaux, pour examiner ses écrits suspects. Cette commission, réunie à Issy, avait déjà, au mois de février de l’an J.-C. En 1695, il rédigea trente articles d’essai, lorsque Fénelon, précepteur du petit-fils du roi, et nommé à l’archevêché de Cambray, fut chargé par le roi de prendre part aux procédures. Il signa les articles, bien qu’il s’y opposât beaucoup, et fit ajouter quatre articles de son cru. Madame Guyon fit de même, et Bossuet finit par témoigner pour elle qu’il avait trouvé son caractère moral irréprochable et sa doctrine exempte d’hérésie moliniste. Mais le bigot Maintenon ne s’en contentait pas. Bossuet exigea la remise de ce certificat pour en rédiger un autre ; et quand Mme Guyon refusa, sur la foi d’une déclaration du fou Lacombe, elle fut envoyée à la Bastille en A.D. Année 1696. En apr. J.-C. 1697 Fénelon avait écrit pour sa défense son « Explication des Maximes des Saintes sur la Vie Intérieure », montrant que les doctrines condamnées de la contemplation passive, de la prière secrète, de la foi nue et de l’amour désintéressé, avaient toutes été enseignées auparavant par sainte Thérèse, Jean de la Croix, François de Sales et d’autres saints. Il envoya ce traité pour avis à Rome. Une violente controverse s’éleva alors entre Bossuet et Fénelon. Le pape Innocent XII, pieux et bien intentionné, s’efforça en vain d’amener une bonne entente. Bossuet et le tout-puissant Maintenon ne voulurent aucune réconciliation, mais la condamnation, et ne donnèrent aucun répit au roi et au pape jusqu’à ce que, très à contrecœur, il interdise le livre répréhensible par un bref de notre ère. 1699, et en condamna vingt-trois propositions comme hérétiques. Fénelon, fortement attaché à l’Église, et persécuteur acharné des protestants, fit une capitulation sans condition, comme coupable d’une exposition défectueuse de la vérité. Mais Madame Guyon demeura à la Bastille jusqu’à l’A.D.En 1701, elle se retira à Blois, où elle mourut en 1701 . Année 1717. Bossuet était mort en apr. J.-C. 1704, et Fénelon en 1704. Année 1715. Elle n’a publié que deux de ses écrits : « An Exposition of the Song » et le « Moyen Court et très Facile de faire Oraison ». Beaucoup d’autres, y compris sa traduction et ses exposés de la Bible, ont été édités de son vivant en vingt volumes par son ami, le prédicateur réformé du Palatinat, Peter Poiret.463
157.4. Mysticisme teinté de théosophie et de panthéisme. — Antoinette Bourignon, fille d’un riche marchand de Lille, en France, alors qu’elle était matrone d’un hôpital de sa ville natale, avait en A.D. En 1662, elle rassembla autour d’elle un groupe de croyants à ses révélations théosophiques et fantastiques. Elle fut obligée de s’enfuir aux Pays-Bas, et là, par la force de son éloquence dans la parole et dans l’écriture, elle répandit ses idées parmi les protestants. Parmi eux, elle attira le grand scientifique Swammerdam. Mais lorsqu’elle a introduit la politique, elle n’a échappé à l’emprisonnement que par la fuite. Jusqu’à sa mort en apr. J.-C. En 1680, elle poursuivit avec ardeur et succès sa mission dans le nord-ouest de l’Allemagne. Peter Poiret a rassemblé ses écrits et les a publiés en vingt et un volumes à Amsterdam, en A.D. 1679. — Le mysticisme panthéiste de l’Angélus de Silésius était d’un tout autre genre. D’abord médecin protestant à Breslau, il entra à l’église romaine en 1999. En 1653, il reçut de Vienne le titre honorifique de médecin de l’empereur. Il a été fait prêtre en J.-C. 1661, et jusqu’à sa mort en 1661 . En 1677, il entretint une vive polémique contre l’Église protestante avec tout le zèle d’un pervers. La plupart de ses hymnes appartiennent à sa période protestante. En tant que catholique, il écrivit son « Cherubinischer Wandersmann », un recueil de rimes dans lequel, avec une naïveté enfantine et une ardeur chaleureuse et jaillissante, il se fond dans l’abîme de la Divinité universelle et développe un système du panthéisme le plus prononcé.
157.5. Le jansénisme dans sa première phase. — Mgr Cornelius Jansen, évêque d’Ypres, mort en J.-C. En 1638, il donna les fruits de ses études d’Augustin dans son savant ouvrage, Augustinus s. doctr. Aug. de humanæ Naturæ Sanitate, Ægritudine, et Medicina adv. Pelagianos et Massilienses », qui fut publié après sa mort en trois volumes, Louvain, 1640. Les Jésuites provoquèrent Urbain VIII, en apr. J.-C. 1642, pour l’interdire dans sa bulle In eminenti. Les nombreux disciples d’Augustin en France se sentirent frappés par ce décret. L’élève de Jansen à Port-Royal à partir de J.-C. En 1635, Duvergier de Hauranne, communément appelé Saint-Cyran, du nom du monastère bénédictin dont il était abbé, fut l’ennemi acharné des Jésuites et de Richelieu, qui le firent jeter en prison en J.-C. 1638, dont il fut libéré après la mort du cardinal en 1638 . 1643, et peu avant la sienne. Un autre membre distingué du parti était Antoine Arnauld, docteur de la Sorbonne, qui mourut en A.D. 1694, le plus jeune des vingt enfants d’un avocat parlementaire, dont la puissante défense de l’Université de Paris contre les Jésuites a suscité leur haine et leur persécution à vie. Son manteau, en polémiste vigoureux, était tombé sur son plus jeune fils. Très importante aussi fut l’influence de sa sœur beaucoup plus âgée, Angélique Arnauld, abbesse du cloître cistercien de Port-Royal des Champs, à six milles de Paris, qui devint sous sa direction le centre de la vie religieuse et de l’effort pour toute la France. Autour d’elle se réunissaient quelques-uns des hommes les plus nobles, les plus pieux et les plus talentueux de l’époque : le poète Racine, le mathématicien et apologiste Pascal, le traducteur de la Bible De Sacy, l’historien de l’Église Tillemont, tous ardents admirateurs d’Augustin et adversaires résolus de la morale laxiste des jésuites. Le livre d’Arnauld, De la fréquente Communion, fut approuvé par la Sorbonne, le Parlement et les plus distingués du clergé français ; mais en apr. J.-C. 1653 Innocent X condamne cinq propositions jansénistes comme hérétiques. Les Augustins soutenaient maintenant que ces doctrines n’étaient pas enseignées dans le sens que leur attribuait le pape. Arnauld distinguait la question du fait de la question du droit, soutenant que celle-ci seule était soumise au jugement du Saint-Siège. La Sorbonne, maintenant considérablement modifiée dans sa composition et son caractère, l’expulsa de sa corporation en raison de cette position . Année 1656. Vers cette époque, à l’instigation d’Arnauld, Pascal, le profond et brillant auteur des Pensées sur la religion, commença, sous le nom de Louis de Montalte, à publier ses fameuses Lettres provinciales, qui, dans un style admirable, exposaient et fustigeaient avec une profonde sincérité et un esprit mordant les principes moraux de la casuistique jésuite. L’effet vraiment anéantissant de ces lettres sur la réputation de l’ordre puissant ne pouvait être arrêté par le fait qu’elles étaient brûlées par ordre du Parlement par le bourreau d’Aix en J.-C. 1657, et à Paris en 1657 . Année 1660. Mais entre-temps, le mouvement spécifiquement janséniste entrait dans une nouvelle phase de son développement. Alexandre VII. a eu un problèmed en apr. J.-C. 1656 une bulle qui dénonçait l’application de la distinction du fait et du droit aux décrets pontificaux comme dérogatoire au Saint-Siège, et affirmait que Jansen enseignait les cinq propositions dans le sens où elles avaient été condamnées. Afin d’exécuter la sentence, Annal, le père jésuite confesseur de Louis XIV, obtint en 1661 un décret royal exigeant que tous les ecclésiastiques, moines, religieuses et enseignants français signent une formule acceptant sans condition cette bulle. Ceux qui refusèrent furent bannis et s’enfuirent pour la plupart vers les Pays-Bas. Les religieuses de Port-Royal, cruellement opprimées, acceptèrent enfin à contrecœur de le signer ; mais ils étaient toujours persécutés, et en A.D. En 1664, le nouvel archevêque, Péréfixe, inaugura une persécution plus sévère, mit ce cloître sous l’interdit et envoya quelques-unes des religieuses dans d’autres couvents. En apr. J.-C. En 1669, le successeur d’Alexandre, Clément IX, obtint la soumission d’Arnauld, de Sacy, de Nicole et d’un grand nombre de religieuses par une politique de légère connivence. Mais la haine des jésuites était toujours dirigée contre leur cloître. En apr. J.-C. 1705 Clément XI exigea de nouveau l’acceptation pleine et entière du décret d’Alexandre VII, et lorsque les religieuses refusèrent, le pape, en .En 1708 , déclara ce couvent un nid irrémédiable d’hérésie, et ordonna sa suppression, ce qui fut fait en 1708 . Année 1709. En apr. J.-C. 1710 Le cloître et l’église furent rasés, et les cadavres mêmes sortis de leurs tombes.464― Suite, 165, 7.
La théologie catholique a prospéré au XVIIe siècle comme elle ne l’avait jamais fait depuis le XIIe et le XIIIe. C’est surtout dans l’église libérale gallicaine qu’il y avait une vie scientifique vigoureuse. La Sorbonne parisienne et les ordres des Jésuites, de Saint-Maur et des Oratoriens excellaient dans l’érudition théologique, particulièrement patristique et historique, et l’éclat contemporain de la théologie réformée en France fournissait une puissante impulsion. Mais les meilleurs jours de l’art, en particulier de la peinture italienne, étaient maintenant passés. La musique sacrée a été cultivée avec diligence, bien que dans un style sécularisé, et de nombreux auteurs d’hymnes talentueux ont fait leur apparition en Espagne et en Allemagne.
158.1. Science théologique ( 149, 14).―Le L’avocat parlementaire Mich. le Jay, publia à ses frais le Polyglott parisien en dix vol. in-folio , A. D. 1629-1645, qui, outre les traductions complètes en syriaque et en arabe, comprenait également le Samaritain. Le principal contributeur fut l’oratorien Morinus, qui édita la LXX. et les textes samaritains, qu’il considérait comme incomparablement supérieurs au texte massorétique corrompu par les Juifs. Les jansénistes ont produit une traduction française de la Bible avec des notes pratiques, condamnée par le pape, mais très lue par le peuple. C’est surtout l’œuvre des frères De Sacy. Le Nouveau Testament a été publié en J.-C. 1667 et l’Ancien Testament un peu plus tard, appelé la Bible de Mons du nom fictif du lieu de publication. Richard Simon, l’oratorien, mort en apr. J.-C. 1712, traita l’Écriture avec une audace de critique jamais entendue auparavant au sein de l’Église. Bien qu’elle soit combattue par de nombreux catholiques, la curie a favorisé son travail comme sapant la doctrine protestante de l’Écriture. Corneille à Lapide, mort après J.-C. 1637, exposait l’Écriture selon le quadruple sens. — Dans la théologie systématique, l’ancienne méthode scolastique dominait encore. La théologie morale a été élaborée sous la forme de la casuistique avec une lascivité sans exemple, en particulier par les jésuites (149, 10). L’œuvre de l’Espagnol Escobar, mort en J.-C. 1669, connut cinquante éditions, et celle de Busembaum, professeur à Cologne et ensuite recteur de Münster, mort après J.-C. 1668, connut soixante-dix éditions. À cause de la tentative d’assassinat de Louis XV. par Damiens en A.D.En 1757, dont les Jésuites et leur doctrine du tyrannicide furent accusés, le Parlement de Toulouse en 1757. 1757, et de Paris en A.D. En 1761, le livre de Busembaum fut brûlé publiquement, et plusieurs papes, Alexandre VII, VIII et Innocent XI, condamnèrent un certain nombre de propositions tirées des écrits moraux de ces jésuites et d’autres. Parmi les écrivains polémiques, les plus distingués furent Bécan, mort en apr. J.-C. 1624, et Bossuet ( 153, 7). Parmi les jansénistes, les plus éminents polémistes furent Nicole et Arnauld, qui, pour échapper au reproche du calvinisme, cherchèrent à prouver que la doctrine catholique de la Cène était la même que celle des apôtres, et furent accueillis par les théologiens réformés Claude et Jurieu. En apologétique, la première place est occupée par Pascal, avec ses brillantes Pensées. Huetius, évêque français et éditeur d’Origène, mort en . En 1721, répondant aux attaques de Spinoza contre le Pentateuque, et appliquant à la raison elle-même le principe cartésien, que la philosophie doit commencer par le doute, il indiqua à celui qui doutait les vérités surnaturelles révélées dans l’Église catholique comme la seule ancre du salut. Le savant jésuite Denys Petavius, mort en J.-C. En 1652, il édita Épiphane et écrivit de gigantesques ouvrages chronologiques et de nombreuses polémiques violentes contre les calvinistes et les jansénistes. Son œuvre principale est le traité patristique-dogmatique inachevé en cinq vol. in-folio, A.D. 1680, « De theologicis Dogmatibus. » L’oratorien Thomassinus a écrit un ouvrage archéologique habile : « Vetus et Nova Eccl. Disciplina circa Beneficia et Beneficiarios. »
158.2. Dans l’histoire de l’Église, outre ceux nommés en 5, 2, nous pouvons citer Pagi, le critique et le correcteur de Baronius. L’étude des sources a été poursuivie avec vigueur. Nous avons des collections d’écrits et de documents médiévaux de Sirmond, D’Achery, Mabillon, Martène, Baluzius ; des actes des conciles de Labbé et de Cossart, de ceux de France par Jac. Sirmond, et d’Espagne d’Aguirre ; les actes des martyrs par Ruinart ; par Holstenius, un pervers, qui devint bibliothécaire du Vatican et mourut à Rome après J.-C. Année 1661. Dufresne Ducange, avocat, décédé en A.D. En 1688, il rédige des glossaires du latin et du grec médiévaux et barbares, indispensables à l’étude des documents appartenant à cette époque. Le plus grand prodige de l’érudition fut Mabillon, qui mourut en J.-C. 1707, bénédictin de Saint-Maur, et historien de son ordre. Pet. de Marca, qui mourut archevêque de Paris A.D. En 1662, il écrivit le célèbre ouvrage sur les libertés gallicanes « De Concordia Sacerdotii et Imperii ». Le docteur janséniste de la Sorbonne, Elias du Pin, mort après J.-C. 1719, écrivit la Nouvelle Bibliothèque des Auteurs Ecclésiastiques en quarante-sept vol. Le jésuite Maimbourg, mort après J.-C. En 1686, il a compilé plusieurs histoires de partis sur le wiclifisme, le luthéranisme et le calvinisme ; mais, en tant que gallican, il fut privé de sa charge par le pape, et ensuite soutenu par une pension royale. Les jésuites anversois Bolland, Henschen, Papebroch ont commencé, en A.D. 1643, l’œuvre gigantesque des Acta Sanctorum, poursuivie par les savants membres de leur ordre en Belgique, connus sous le nom de Bollandistes. Il a été stoppé par l’invasion française de J.-C. 1794, alors qu’elle était arrivée au 15 octobre avec le cinquante-troisième in-folio vol. Les jésuites belges ont poursuivi l’œuvre à partir de J.-C. 1845-1867, parvenant en six volumes à la fin d’octobre, mais ne montrant pas l’habileté et la libéralité de leurs prédécesseurs. À Venise, Paul Sarpi ( 155, 2) a écrit une histoire du concile tridentin, l’un des ouvrages historiques les plus brillants de toutes les époques. Léon Allatius, un Grec converti à Rome, qui mourut en J.-C. En 1669, il écrivit un ouvrage pour montrer l’accord des Églises d’Orient et d’Occident. Le cardinal Bona s’est distingué comme écrivain liturgique. — En France, l’éloquence de la chaire atteignait le plus haut degré chez des hommes tels que Fléchier, Bossuet, Bourdaloue, Fénelon, Massillon et Bridaine. À Vienne, Abraham à Sainte-Claire s’insurgea d’une manière humoristique et grotesque contre la corruption des mœurs, avec un courant sous-jacent de profonde sincérité morale. Semblable dans le style et l’esprit, mais beaucoup plus profondément plongé dans la superstition catholique, son contemporain, le capucin Martin de Cochem, qui a missionné les provinces rhénanes et l’ouest de l’Allemagne pendant quarante ans, et a publié un grand nombre de tracts religieux populaires.
158.3. Art et poésie ( 149, 15).―Le Le plus grand maître de l’école de musique fondée par Palestrina était Allêgri, dont le Miserere est joué chaque année le mercredi après-midi de la semaine de la Passion dans la chapelle Sixtine à Rome. L’oratorio est né de l’application de la haute musique de cette école à des scènes dramatiques tirées de la Bible, pour une représentation purement musicale et non théâtrale. Philip Neri patronnait librement cette musique dans son oratoire, d’où elle tira son nom. Cette nouvelle musique d’église se sécularisa peu à peu et se rapprocha du style ordinaire de l’opéra. — Dans l’architecture ecclésiastique, le style de la Renaissance prévalait encore, mais dégradé par des ornements insensés et insipides. — Dans l’école italienne de peinture, le déclin, tant en puissance créatrice qu’en habileté d’imitation, fut très marqué à partir de la fin du XVIe siècle. En Espagne, au XVIIe siècle, la peinture religieuse atteignit un point culminant avec Murillo de Séville, mort en J.-C. 1682, un maître dans la représentation de la méditation calme et de la félicité envoûtante. — Les deux plus grands poètes d’Espagne, les créateurs du drame espagnol, Lope de Vega (mort après J.-C. 1635) et Pedro Calderon (mort après J.-C. 1681), d’abord soldats, puis prêtres, ont prospéré au cours de ce siècle. L’aîné surpassait le cadet, non seulement par la fécondité et la versatilité (1 500 comédies, 320 automobiles, 115, 12, etc.), mais aussi dans le génie poétique et le patriotisme. Calderon, avec ses 122 drames, 73 pièces de théâtre, 200 préludes, etc., a surpassé De Vega dans l’expression artistique et la beauté de l’imagerie. L’un et l’autre glorifient également l’Inquisition, mais parfois ils subordonnent Marie et les saints à la grande rédemption de la croix. von Spee, mort après J.-C. Année 1635. Ses chants spirituels témoignent d’un amour profond pour le Sauveur et d’un profond sentiment pour la nature, se rapprochant à certains égards du style des auteurs d’hymnes évangéliques. Spee était un farouche opposant aux poursuites en sorcellerie, mais sans succès. Un autre génie poétique éminent de l’époque fut le jésuite Jacques Balde de Munich, qui mourut en A.D. Année 1688. C’est dans la poésie lyrique qu’il est à son meilleur. Une veine religieuse profonde traverse toutes ses odes latines, dans lesquelles il fait appel avec enthousiasme à la Vierge pour qu’elle l’élève au-dessus de toutes les passions terrestres. C’est à Herder qu’appartient le mérite de l’avoir sauvé de l’oubli.
La Formule de la Concorde s’est recommandée au cœur et à l’intelligence des luthériens, et a assuré une suprématie de cent ans à l’orthodoxie, malgré deux controverses christologiques. Peu à peu, cependant, une nouvelle scolastique dogmatique s’éleva, qui avait les défauts aussi bien que les excellences du système médiéval. L’orthodoxie de cette école se détériora, d’une part, en une violente polémique sur les différences confessionnelles et, d’autre part, en une dépréciation excessive des formes extérieures en faveur d’une vie spirituelle et d’une piété personnelle. Ces tendances sont représentées par les controverses syncrétistes et piétistes.
159.1. Controverses christologiques.
159.2. La controverse syncrétiste. — Depuis la controverse de Hofmann (141, 15) l’université de Helmstadt avait montré une tendance humaniste décidée, et avait donné encore plus de liberté dans le traitement des doctrines que la formule de concorde, qu’elle refusa d’adopter. C’est à cette école qu’appartenait George Calixt, et à partir de J.-C. 1614 Pendant quarante ans, il travailla à promouvoir ses intérêts. C’était un homme d’une grande culture et d’une grande expérience, qui avait acquis une connaissance approfondie de l’histoire de l’Église et la connaissance des théologiens les plus distingués de toutes les Églises, au cours de ses nombreux voyages à l’étranger, et avec cela une gentillesse et une largeur de vue qui n’étaient pas du tout communes à cette époque. En effet, il ne désirait pas une union formelle entre les différentes Églises, mais plutôt une reconnaissance mutuelle, de l’amour et de la tolérance. Dans ce but, il a posé comme principe secondaire de la théologie chrétienne, à côté de l’Écriture, comme principe premier, le consensus des cinq premiers siècles comme base commune à toutes les Églises, et a cherché à représenter les différences ecclésiastiques ultérieures comme non essentielles ou de moindre importance. Cela a été dénoncé par les luthériens stricts comme le syncrétisme et le cryptocatholicisme. En apr. J.-C. En 1639, le prédicateur hanovrien Buscher l’accuse d’être un papiste secret. Après la Conférence de l’Épine de J.-C. En 1645, une violente controverse éclata, qui divisa les luthériens en deux camps. D’un côté, les universités de Helmstadt et de Königsberg ; d’autre part, les théologiens de l’électorat de Saxe, Hülsemann de Leipzig, Waller de Dresde et l’abbé Calov, qui mourut professeur à Wittenberg en . Année 1686. Calov a écrit vingt-six traités controversés sur ce sujet. Iéna chercha en vain une médiation entre les parties. Dans le Theologorum Sax. Consensus repetitus Fidei vera Lutheranæ d’A.D. En 1655, pour laquelle les théologiens de Wittenberg n’ont pas réussi à obtenir une autorité symbolique, les sentiments suivants ont été qualifiés d’erreurs syncrétistes : que dans le Symbole des Apôtres est enseigné tout ce qui est nécessaire au salut ; que les systèmes catholique et réformé conservent les vérités fondamentales ; que le péché originel est d’une nature purement privative ; que Dieu indirect, inconvenant, et per accidens est la cause du péché ; que la doctrine de la Trinité a été clairement révélée pour la première fois dans le Nouveau Testament, etc. Calixt est mort après J.-C. 1656 au milieu des plus violentes controverses. Son fils Ulrich les continua, mais n’eut ni l’habileté ni la modération de son père. Même la Conférence de Cassel, qui s’est déroulée pacifiquement et qui s’est déroulée après J.-C. 1661 ( 154, 4) n’a versé de l’huile que sur les flammes. La querelle finit par se perdre dans des actions en dommages-intérêts entre le jeune Calixt et son adversaire acharné Strauch de Wittenberg. Lassés de ces discussions stériles, les théologiens tournèrent alors leur attention vers le mouvement naissant du piétisme.467
159.3. La controverse piétiste dans sa première phase.―Philip Jacob Spener né en Alsace en A.D. En 1635, il fut nommé président d’un séminaire clérical à Francfort-sur-le-Main, en raison de sa spiritualité, de ses dons distingués et de son érudition singulièrement étendue. En apr. J.-C.En 1686 , il devint prédicateur en chef de la cour de Dresde et prévôt de Berlin en 1686 . En 1691, il avait été expulsé de Dresde en raison de son ardeur dans le travail pastoral. Il meurt à Berlin en 194. Année 1705. L’année qu’il passa à Genève après avoir terminé son cursus à Strasbourg eut une influence importante sur l’ensemble de sa carrière. C’est là qu’il apprit à apprécier la discipline pour assurer la pureté de la vie aussi bien que de la doctrine, et il fut aussi puissamment impressionné par les conférences pratiques de Labadie (163, 7) et la lecture de la « Pratique de la Piété » et d’autres écrits ascétiques des puritains anglais (162, 3). Bien que fortement attaché à l’Église luthérienne, il croyait que dans la restauration de la doctrine évangélique par la Réforme de Wittenberg, « tout ce qui devait être fait n’avait pas été accompli », et que le luthéranisme, sous la forme de l’orthodoxie de l’époque, avait perdu la force vivante des réformateurs et risquait d’enterrer son talent dans un service mort et stérile de la lettre. Il y avait donc un besoin pressant d’une nouvelle réforme plus vaste. Dans l’Église luthérienne, en tant que dépositaire de la saine doctrine, il reconnut le terrain le plus propice au développement d’une vie authentiquement chrétienne ; mais il appréciait de tout cœur tout véritable mouvement spirituel, quelle que fût l’église où il se trouvait. Il est passé de la dogmatique scolastique à l’Écriture sainte comme source vivante de la connaissance salvifique, a substitué à la théologie orthodoxe externe la théologie du cœur, en a exigé la preuve dans une pieuse marche chrétienne : c’est par ces moyens qu’il a cherché à promouvoir sa réforme. Toute une série de théologiens luthériens du XVIIe siècle ( 159) avaient en effet contribué à ce même but par leurs œuvres de dévotion, leurs hymnes et leurs sermons. Ce qu’il y avait de nouveau chez Spener, c’était la conviction de l’insuffisance des moyens utilisés jusque-là et de l’importance excessive accordée à la doctrine, et l’effort qu’il fit en conséquence pour élever le ton de la vie chrétienne. Dans son humilité enfantine et pieuse, il ne se considérait nullement appelé à accomplir cette œuvre, mais il sentait qu’il était de son devoir d’insister sur la nécessité de cette œuvre et d’indiquer les moyens qu’il fallait employer pour la réaliser. C’est ce qu’il a fait dans son œuvre d’A.D. 1675, « Pia Desideria ». Comme son but était de recommander le christianisme biblique pratique au cœur du chrétien individuel, il a fait revivre la doctrine presque oubliée « Du sacerdoce spirituel » dans un traité séparé. En apr. J.-C. En 1670, il commença à tenir des réunions dans sa propre maison pour encourager la piété chrétienne dans la communauté, qui furent bientôt imitées dans d’autres endroits. L’influence de Spener sur l’Église luthérienne devint de plus en plus grande grâce à sa position à Dresde. Animés par son esprit, trois jeunes diplômés de Leipzig. A. H. Francke, Paul Anton et J. K. Schade, formé en A.D. 1686 une Collegia Philobiblica privée pour l’exposition pratique de Scriet la prestation de cours d’exégèse publique à l’université en langue allemande. Mais la faculté de théologie de Leipzig, avec J. B. Carpzov II. à sa tête, il les accusait de mépriser les ordonnances publiques aussi bien que la science théologique, et de favoriser les vues des séparatistes. La Collegia Philobiblica fut supprimée, et les trois amis obligés de quitter Leipzig en J.-C. Année 1690. C’est le début des controverses piétistes. Peu de temps après, Spener fut expulsé de Dresde ; mais, dans sa nouvelle position à Berlin, il s’assura une grande influence dans les nominations à la faculté de théologie de la nouvelle université fondée à Halle par l’électeur pacifique Frédéric III. de Brandebourg, en opposition aux universités controversées de Wittenberg et de Leipzig. Francke, Anton et Breithaupt furent nommés professeurs de théologie. Halle reprit alors la position qu’avaient occupée Wittenberg et Genève à l’époque de la Réforme, et la controverse piétiste entra ainsi dans une seconde époque, plus générale et plus critique, de son histoire.468― Suite, 166, 1.
159.4. Littérature théologique ( 142, 6).―Le « Philologia Sacra » de Sol. Glassius d’Iéna, publié en A.D. 1623, est considérée comme une œuvre classique depuis près de deux siècles. D’après J.-C. De 1620 à la fin du siècle, une vive controverse s’est déroulée sur le style grec du Nouveau Testament, à laquelle les luthériens, et en particulier les réformés, ont participé. Les puristes soutenaient que l’idiome du Nouveau Testament était pur et classique, pensant que son inspiration serait autrement en danger. La première introduction historico-critique aux Écritures fut l'"Officina Biblica » de Walther en J.-C. Année 1636. Pfeiffer de Leipzig s’est distingué dans la critique biblique et l’herméneutique par sa « Critica Sacra » de J.-C. 1680 et « Hermeneutica » de J.-C. Année 1684. L’exégèse fait alors des progrès, en dépit de sa dépendance à l’égard des interprétations traditionnelles des passages de la preuve doctrinale et de sa théorie mécanique de l’inspiration. L’exégète le plus distingué fut Érasme Schmidt de Wittenberg, mort en 1944. 1637 : il rédige une traduction latine du Nouveau Testament avec des notes admirables, et une concordance très utile du Nouveau Testament grec, sous le titre Ταμεῖον, qui a été révisée et améliorée par Bruder ; Seb. Schmidt de Strasbourg, qui a écrit des commentaires sur plusieurs livres de l’Ancien Testament et sur les épîtres pauliniennes ; et l’abbé Calov de Wittenberg, mort en apr. J.-C. 1686, dans sa 74e année, dont la Biblia Illustrata, en quatre vol., est un ouvrage de recherche et d’érudition étonnantes, mais entièrement composé dans l’intérêt de la dogmatique. Calixt éveilla un nouvel enthousiasme pour les études historiques, et Gottfried Arnold ( 159, 2), piétiste, chiliaste et théosophe, farouchement opposé à toute forme d’orthodoxie, et ne trouvant le vrai christianisme que dans les sectes, les séparatistes et les hérétiques, a mis en émoi tout le monde théologique par son « Unparteiische Kirchen- und Ketzer-historie », en A.D. 1699 ( 5, 3).
159.5. L’école orthodoxe s’appliqua avec le plus grand soin à la dogmatique sous une forme strictement scolastique. Hutter de Wittenberg, mort en A.D. En 1616, il écrivit « Loci communes theologici » et « Compendium Loc. Theol. » Jean Gerhard d’Iéna, mort en J.-C. 1637, publié en A.D. 1610 son « Loc. Theologici » en neuf vol. in-folio, l’étendard de l’orthodoxie luthérienne. J. Andr. Quenstedt de Wittenberg, mort après J.-C. 1688, exposa le meilleur et le pire de la scolastique luthérienne dans son « Theol. didactico-polemica ». Le dogmatique le plus important de l’école calixtine était Conrad Horneius. Calixt lui-même n’est connu comme dogmatique que par ses conférences ; mais c’est à lui que nous devons la distinction généralement adoptée entre la morale et la dogmatique, telle qu’elle est exposée dans son Epitome theol. Moralis. ― La polémique s’est poursuivie vigoureusement. Hoë von Hoënegg de Dresde ( 154, 3, 4) et Hutter de Wittenberg étaient des adversaires acharnés du calvinisme et du romanisme. Hutter a été appelé par ses amis Malleus Calvinistorum et Redonatus Lutherus. La polémique la plus habile et la plus digne contre le romanisme fut celle de John Gerhard dans sa « Confessio Catholica ». Nich. Hunnius, fils d’Égide. Hunnius, et successeur de Hutter à Wittenberg, à partir de J.-C. En 1623, surintendant à Lübeck, il se distingua comme un habile polémiste contre la papauté par sa « Demonstratio Ministerii Lutherani Divini atque Legitimi ». Contre les sociniens, il écrivit son « Examen Errorum Photinianorum », et contre les fanatiques un « Examen de la nouvelle théologie paracelsiste et weigélienne ». Son œuvre principale est son « Διάσκεψις de Fundamentali Dissensu Doctrinæ Luth. et Calvin. Son « Epitome Credendorum » a connu dix-neuf éditions. Le polémiste le plus infatigable fut l’abbé Calov, qui écrivit contre les syncrétistes, les papistes, les sociniens, les arminiens, etc. — Continuation, 167, 4.
L’attachement de l’Église luthérienne de cette époque à la doctrine pure a conduit à une surestimation unilatérale de celle-ci, aboutissant souvent à une orthodoxie morte. Mais une succession de théologiens compétents et érudits, qui reconnaissaient l’importance de la théologie du cœur aussi bien que de la saine doctrine, ont corrigé cette mauvaise tendance par l’étude des Écritures, la prédication et un travail pastoral fidèle. Un mysticisme noble et modéré, qui était tout à fait orthodoxe dans ses croyances, et qui ne s’opposait à l’orthodoxie que là où elle était devenue extérieure et mécanique, avait de nombreux représentants influents dans tout le pays, surtout pendant la première moitié de celui-ci. Mais aussi des séparatistes, des mystiques et des théosophes qui étaient résolument hostiles à l’Église. Le chant sacré refleurit au milieu des troubles de la guerre de Trente Ans ; mais elle perdit peu à peu son caractère d’église objectif sublime, qui était mal compensé par une versification plus fluide, un langage poli et une forme élégante. Un progrès correspondant a également été réalisé dans la musique d’église.
160.1. Mysticisme et ascétisme. — À la tête des mystiques orthodoxes se trouve John Arndt. Son « Vrai Christianisme » et son « Paradiesgärtlein » sont les livres de dévotion luthérienne les plus lus, mais ils ont suscité l’hostilité amère de ceux qui se consacrent au maintien d’une orthodoxie stérile. Il mourut en apr. J.-C. 1621, comme surintendant général à Celle. Il avait été expulsé d’Anhalt parce qu’il ne voulait pas condamner l’exorcisme comme une superstition impie, et fut ensuite publiquement accusé à Brunswick par son collègue Denecke et d’autres fanatiques luthériens de papauté, de calvinisme, d’osiandrianisme, de flacianisme, de schschenckfeldisme, de paraclisme, d’alchimisme, etc. Parmi les hommes du même esprit, précurseurs de l’école de Spener, on peut citer Jean Gerhard d’Iéna, avec ses Meditationes Sacræ et sa Schola pietatis, et Christian Scriver, dont les Emblèmes de Gotthold sont bien connus des lecteurs anglais. Rahtmann de Dantzig soutenait que la parole de Dieu dans l’Écriture n’a en elle-même le pouvoir d’éclairer et de convertir les hommes que par l’influence bienveillante de l’Esprit de Dieu. Il a été soutenu, après un long retard, en A.D. 1626 par l’université de Rostock, mais combattu par Königsberg, Iéna et Wittenberg. En apr. J.-C. En 1628, l’électeur de Saxe obtint l’opinion des théologiens les plus célèbres de son royaume contre Rahtmann ; mais sa mort, qui suivit peu après, mit fin à la controverse. Le théologien wurtembergeois, Jean-Valentin Andreä, petit-fils d’un des auteurs de la formule de concorde, était un homme d’une originalité frappante, célèbre par ses satires sur les corruptions du siècle. Son « Ordre des Rosicruciens », publié à Cassel en A.D. 1614, ridiculisait les absurdités de l’astrologie et de l’alchimie sous la forme d’un roman satirique. Son influence sur l’Église de son temps était grande et salutaire, de sorte que même Spener s’exclama : « Si j’avais le pouvoir de rappeler quelqu’un d’entre les morts pour le bien de l’Église, ce serait J. V. Andreä. Son travail de dévotion ultérieur a été presque complètement oublié jusqu’à ce que l’attention soit attirée sur elle par Herder.469
160.2. Mysticisme et Théosophie. — Une tendance mystico-théosophique, en partie en rapport extérieur avec l’Église, en partie en dehors et en opposition ouverte avec elle, a été favorisée par les écrits alchimistes d’Agrippa et de Paracelse, les œuvres théosophiques de Weigel (146, 2) et par les profondes révélations du cordonnier inspiré de Görlitz, Jacob Boehme, philosophus teutonicus, le plus talentueux de tous les théosophes. À un degré remarquable, il combinait un génie de la spéculation avec la piété la plus sincère qui tenait fermement à la vieille foi luthérienne. Même lorsqu’il était commerçant ambulant, il se sentit pendant sept jours dans un repos calme, entouré de la lumière divine. Mais il date sa profonde illumination théosophique d’un moment de notre ère. En 1594, alors qu’il était jeune compagnon et marié, plongé dans l’extase, il obtint la connaissance des mystères divins jusqu’aux principes ultimes de toutes choses et à leur qualité la plus intime. Sa théosophie, elle aussi, comme celle des anciens gnostiques, découle de la question de l’origine du mal. Il le résout en supposant une émanation de toutes choses de Dieu, en qui le feu et la lumière, les qualités amères et douces, sont complètement tempérés et parfaitement combinés, tandis que dans la créature dérivée de l’émanation de lui, ils sont en disharmonie, mais sont réconciliés et réduits à l’harmonie divine par la régénération en Christ. Bien qu’il soit opposé à Calov, il se lie d’amitié avec le consistoire de Dresde. Boehme mourut en apr. J.-C. 1624, dans sa retraite à Görlitz, dans les bras de sa famille.470―À l’heure actuelle, En lien étroit avec les boehmistes, les séparatistes et les piétistes, mais différent d’eux tous, Gottfried Arnold a abusé de l’orthodoxie et canonisé les hérétiques de tous les âges. En apr. J.-C. En 1700, il écrivit « Le mystère de la divine Sophia ». Quand Adam, à l’origine homme et femme, est tombé, sa nature féminine, la céleste Sophia, lui a été enlevée, et à sa place une femme de chair a été faite pour lui à partir d’une côte ; afin de rétablir de nouveau la perfection paradisiaque, le Christ a ramené la partie mâle dans le sein d’une vierge, de sorte que la nouvelle créature, la régénérée, se tient devant Dieu comme une « vierge mâle » ; mais l’amour charnel détruit de nouveau la connexion ainsi assurée avec la céleste Sophia. Mais dès l’année suivante, il atteint un tournant dans sa vie. Non seulement il se maria, mais il accepta en conséquence plusieurs postes dans l’Église luthérienne, sans toutefois signer la Formule de Concorde, et il appliqua son talent littéraire à la production de tracts de dévotion.
160.3. Chant sacré ( 142, 3).―Le La première époque du développement du chant sacré dans ce siècle correspond à la période de la guerre de Trente Ans, après J.-C. 1618-1648. Les Psaumes de David ont été le modèle et le modèle des poètes sacrés, et les chants de croix et de consolation les plus profonds portent l’empreinte évidente de l’époque, et ainsi le sentiment individuel prend plus d’importance. L’influence d’Opitz se fait également sentir dans le chant d’église, dans l’attention accrue accordée à la justesse et à la pureté de la langue et à la construction soignée des vers et des rimes. Au lieu de la rudesse laconique et de la vigueur d’autrefois, nous trouvons maintenant souvent des paroles diffuses et débordantes du cœur. Jean Hermann de Glogau, mort en apr. J.-C. 1647, composa 400 chants, dont voici quelques-uns : « Hélas ! Seigneur, quel mal as-Tu fait ? « Ô Christ, notre vraie et unique Lumière » ; « Avant que l’aurore n’ait rempli les cieux » ; « Ô Dieu, Dieu fidèle. » Paul Flemming, médecin dans le Holstein, décédé en 1940. En 1640, il écrivait lors de son voyage en Perse : « Où que j’aille, quelle que soit ma tâche. » Matthew Meyffart, professeur et pasteur à Erfurt, décédé en 1944. 1642, écrivait : « Jérusalem, ville belle et haute. » Martin Rinkart, pasteur à Eilenburg en Saxe, mort après J.-C. 1648, écrivait : « Maintenant, nous remercions tous notre Dieu. » Appelles von Löwenstern, mort après J.-C. 1648, composé : « Quand il est angoissé et perplexe, avec beaucoup de soupirs et de larmes. » Joshua Stegmann, surintendant à Rinteln, décédé après J.-C. 1632, écrivait : « Demeure parmi nous avec ta grâce. » Joshua Wegelin, pasteur à Augsbourg et à Presbourg, a écrit : « Puisque le Christ est allé au ciel, sa demeure. » Justus Gesenius, surintendant à Hanovre, mort en A.D. 1673, écrit : « Quand le chagrin et le remords. » Tob. Clausnitzer, pasteur dans le Palatinat, mort après J.-C. 1648, écrivait : « Béni Jésus, sur ta parole. » Les poètes nommés appartiennent pour la plupart à la première école silésienne réunie autour d’Opitz. Une position plus indépendante, bien qu’elle ne soit pas influencée par Opitz, est reprise par John Rist, qui mourut en 1944. Année 1667. Il composa 658 chants sacrés, dont plusieurs sont remarquables par leur vigueur, leur solennité et leur élévation ; p. ex. « Lève-toi, le royaume est proche » ; « Ne t’enfonce pas encore, mon âme, dans le sommeil » ; « Ô Pain vivant du ciel ! » « Que l’on Te chante des louanges et des actions de grâces. » À la tête de l’école de Königsberg de la même époque se trouvait Simon Dach, professeur de poésie à Königsberg, qui mourut en A.D. Année 1659. Il a composé 150 chants spirituels, dont les plus connus sont : « Ô âmes bénies et fidèles, êtes-vous ! » « Veux-tu hériter de la vie avec Christ en haut ? » Les membres les plus distingués de cette école sont : Henry Alberti, organiste à Königsberg, auteur de « Dieu qui fou la terre et le ciel », et George Weissel, pasteur à Königsberg, mort en A.D. 1655, auteur de « Levez la tête, portes puissantes ».
160.4. À partir du milieu du XVIIe siècle, le chant sacré devint plus subjectif et tendit donc à se répartir en divers groupes. L’Église ne chante plus à travers ses poètes, mais les poètes expriment directement leurs sentiments individuels. Les chants confessionnels sont moins fréquents, et ils sont remplacés par des hymnes d’édification se référant à diverses conditions de vie ; Les chants de mort, de croix et de consolation, les hymnes à la famille se multiplient. Avec l’objectivité, les traits particuliers du chant d’église disparaissent dans les hymnes de l’époque ; mais quelques-unes de ses caractéristiques essentielles demeurent, en particulier la forme et le contenu populaires, la fraîcheur, la vivacité et la simplicité de la diction, les vérités de l’expérience personnelle, la plénitude de la foi, etc. On distingue trois groupes :
160.5. Musique sacrée ( 142, 5).―Le La musique d’église du début du XVIIe siècle a été influencée par l’école italienne, tout comme le chant d’église l’a été par l’influence d’Opitz. Le plus grand maître de la phase de transition fut Jean Crüger, chantre de l’église Saint-Nicolas de Berlin, mort après J.-C. Année 1662. Il était au choral ce que Gerhardt était au chant d’église. Nous avons soixante et onze nouvelles mélodies de lui, admirablement adaptées aux chansons de Gerhardt, Hunnius, Franck, Dach et Rinkart, et utilisées dans l’église jusqu’à nos jours. Avec la seconde moitié du siècle, nous entrons dans une nouvelle période, dans laquelle l’expression et la déclamation musicale périssent. Aujourd’hui, le chant choral supplante dans une large mesure le chant de l’assemblée. Henry Schütz, organiste de l’électeur de Saxe, mort après J.-C. 1672, est le grand maître de ce style de concert sacré italien. Il introduisit des compositions musicales sur des passages choisis des Psaumes, des Cantiques et des prophètes, dans ses « Symphoniæ Sacræ » de J .-C. Année 1629. Peu de temps après, une réforme radicale fut faite par John Rosenmüller, organiste de Wolfenbüttel, décédé après J.-C. Année 1686. Une réaction contre l’adoption exclusive du style italien a été faite par Andr. Hammerschmidt, organiste à Zittau, mort après J.-C. 1675, l’un des plus nobles et des plus pieux musiciens allemands. En reprenant les vieilles mélodies d’église dans le style moderne, il remit en grâce les vieux hymnes et mit en musique les hymnes des poètes contemporains sur des airs brillants adaptés aux normes modernes du goût. Le musicien accompli Rud. Ahle, organiste et bourgmestre à Mühlhausen, mourut après J.-C. En 1673, il introduisit ses beaux airs dans la musique d’église pour les dimanches et les fêtes. Ses airs sacrés se distinguent par la fraîcheur et la puissance de la jeunesse, pénétrés d’une sainte sincérité, et tout à fait exempts de cette sécularité et de cette frivolité qui devinrent bientôt désagréablement visibles dans une telle musique.
160.6. La vie chrétienne du peuple. — Le riche développement de la poésie sacrée prouve la merveilleuse plénitude et la spiritualité de la vie religieuse de notre époque, malgré les nombreuses controverses séparatistes qui ont prévalu pendant le terrible bouleversement de la guerre de Trente Ans. L’abondance de la littérature de dévotion d’une valeur permanente témoigne de la diligence et de la piété des pasteurs luthériens. Ernest le Pieux de Saxe-Gotha, mort après J.-C. 1675, s’impose comme l’idéal d’un prince chrétien. Pour l’instruction chrétienne de son peuple, il publia, au milieu de la confusion et des horreurs de la guerre, le célèbre exposé de la Bible de Weimar ou d’Ernestine, sur lequel John Gerhard travailla avec diligence, avec d’autres théologiens distingués d’Iéna. Il est apparu pour la première fois dans A.D. 1641, et par A.D. L’année 1768 avait connu quatorze grandes éditions. Un service semblable a été rendu à l’Allemagne méridionale par les « Résumés du Wurtemberg », composés par trois théologiens du Wurtemberg à la demande du duc Eberhard III, un exposé concis et pratique de tous les livres de l’Écriture, qui pendant un siècle et demi a formé la base des offices hebdomadaires (Bibelstunden) à Wurtemberg.
160.7. Missions.—Dans l’église luthérienne, l’entreprise missionnaire avait pris un peu de retard (142, 8). Gustave-Adolphe, de Suède, poursuivit la mission lapone avec un zèle nouveau, et le Danemark, lui aussi, apporta son aide avec empressement. Un pasteur norvégien, Thomas Westen, mérite une mention spéciale en tant qu’apôtre de la mission. Un Allemand, Peter Heyling de Lübeck, se rendit à son compte comme missionnaire en Abyssinie en l’an J.-C. 1635, tandis que plusieurs de ses amis se rendaient en même temps dans d’autres pays de l’Est. De ces autres, aucune trace n’a été trouvée. Un abbé abyssin venu en Europe apporta des nouvelles de Heyling. Il fut d’abord gêné par les machinations des jésuites ; mais quand ceux-ci furent expulsés, il trouva grâce à la cour, devint ministre du roi et épousa une membre de la famille royale. On ne sait pas ce qu’il est finalement advenu de lui et de son œuvre. Vers la fin du siècle, deux grands hommes, le philosophe Leibnitz et le fondateur de l’orphelinat de Halle, A. H. Francke, épousa chaleureusement la cause des missions étrangères. Les projets ambitieux et prétentieux du philosophe n’aboutirent à rien, mais Francke fit de ses orphelinats, de ses collèges de formation et de ses centres d’où les missions luthériennes allemandes auprès des païens furent vigoureusement organisées et menées avec succès.
Les érudits réformés de France rivalisaient avec ceux de Saint-Maur et de l’Oratoire, et les théologiens réformés des Pays-Bas, d’Angleterre et de Suisse n’étaient pas en reste. Mais une tentative faite lors d’un synode général à Dort pour unir toutes les Églises nationales réformées sous une seule confession échoua. L’opposition à la théorie extrême de la prédestination de Calvin a introduit un courant pélagianisant dans l’Église réformée, qui n’était en aucun cas confiné aux arminiens professés. Dans l’Église anglicane, cette tendance est apparue sous les formes du latitudinarisme et du déisme (164, 3) ; tandis qu’en France, elle prit une direction plus modérée et se rapprocha plutôt de la doctrine luthérienne. C’était une réaction du zwinglianisme latent contre le calvinisme dominant. L’école voétienne s’opposa avec succès à l’introduction de la philosophie cartésienne et assura la suprématie d’une scolastique qui se maintint aux côtés de celle des luthériens. En opposition à cela, l’école fédérale Coccéienne entreprit de produire un système de théologie purement biblique dans tous ses départements.
161.1. Préliminaires de la controverse arminienne. — Dans la Confessio Belgica d’A.D. En 1562, les Pays-Bas protestants avaient déjà un symbole strictement calviniste, mais le calvinisme n’avait pas complètement imprégné la doctrine et la constitution de l’Église. Il y avait plus d’adversaires que de partisans de la doctrine de la prédestination, et une synergie mélanchthonienne ( 141, 7), ou même un semi-pélagien d’Érasmien, ( 125, 3) La doctrine de la liberté de la volonté et de l’efficacité de la grâce était plus fréquemment enseignée et prêchée que la doctrine augustinienne-calviniste. De même, le point de vue de Zwingli sur les relations entre l’Église et l’État était beaucoup plus favorable que le gouvernement de l’Église presbytérienne calviniste avec sa discipline terroriste. Mais le retour des exilés en A.D. 1572, qui avait adopté des vues calvinistes strictes en Frise orientale et sur le Rhin bas-allemand, conduisit à l’adoption d’un credo et d’une constitution purement calvinistes. L’adversaire le plus acharné de ce mouvement était Coornhert, notaire et secrétaire de la ville de Haarlem, qui combattit le calvinisme dans de nombreux écrits et déprécia la doctrine en général dans l’intérêt d’un christianisme pratique. Des sympathies politiques aussi bien que religieuses furent mobilisées en faveur de cette tendance ecclésiastique plus libre. La guerre d’indépendance néerlandaise était une lutte pour la liberté religieuse contre le fanatisme catholique espagnol. La jeune république devint donc le premier foyer de la tolérance religieuse, qui était difficilement conciliable avec un calvinisme strict et exclusif. Pendant ce temps, au sein de l’Église calviniste, une controverse s’éleva, qui divisa ses adhérents dans les Pays-Bas en deux partis. En opposition aux calvinistes stricts, qui, en tant que supralapsariens, soutenaient que la chute elle-même était incluse dans les conseils éternels de Dieu, il y avait des infralapsaires plus doux, qui faisaient venir la prédestination après la chute, qui n’était pas prédestinée, mais seulement prévue par Dieu.
161.2. La controverse arminienne. — En apr. J.-C. 1588, James Arminius (né en 1588 ). 1560), élève de Bèze, mais partisan déclaré de la philosophie ramiste (143, 6), Il fut nommé pasteur à Amsterdam, et les magistrats lui ordonnèrent de réfuter l’universalisme de Coornhert et l’infralapsarianisme des ministres de Delft. Il étudia donc les écrits de Coornhert, et en fut ébranlé dans ses croyances antérieures. Cela se manifesta d’abord dans certains sermons sur des passages de l’épître aux Romains, ce qui le fit soupçonner de pélagianisme. En apr. J.-C. En 1603, il est nommé professeur de théologie à Leyde, où il trouve un adversaire acharné en la personne de son collègue supralapsaire, Francis Gomarus. Des salles de classe, la controverse s’étendit jusqu’aux chaires et même dans les cercles domestiques. Une dispute publique en A.D.En 1608, il n’y eut pas de résultat pacifique, et Arminius continua à être impliqué dans des controverses jusqu’à sa mort en 1608 . Année 1609. Bien qu’il fût résolument enclin à l’universalisme, il avait dirigé sa polémique principalement contre le supralapsarianisme, comme faisant de Dieu lui-même l’auteur du péché. Mais ses disciples sont allés au-delà de ces limites. Lorsqu’ils furent dénoncés par les Gomaristes comme des pélagiens, ils s’adressèrent au parlement provincial de Hollande et de Frise occidentale, en J.-C. 1610, remontrance qui, en cinq articles, répudie le supralapsarianisme et l’infralapsarianisme, et les doctrines de l’irrésistibilité de la grâce, et de l’impossibilité pour les élus de s’en détacher enfin, et affirme hardiment l’universalité de la grâce. C’est pourquoi on les appelait Remontrants et leurs adversaires Contraremontrants. Le Parlement, favorable aux arminiens, déclara que la différence n’était pas fondamentale et enjoignit la paix. Lorsque Vorstius, qui était pratiquement un socinien, fut nommé successeur d’Arminius, Gomarus accusa les remontrants de socinianisme. Leur représentant théologique le plus compétent était Simon Episcopius, qui succéda à Gomarus à Leyde en J.-C. 1612, soutenu par l’éminent homme d’État Oldenbarneveldt et le grand juriste, humaniste et théologien Hugo Grotius de Rotterdam. Maurice d’Orange, lui aussi, se rangea longtemps de leur côté, mais en J.-C. L’année 1617 passa officiellement à l’autre parti, dont l’unité bien unie, la discipline stricte et l’énergie rigoureuse les recommandaient à lui comme les associés les plus aptes dans sa lutte pour la monarchie absolue. Le parti républicain-arminienne est vaincu, Oldenbarneveldt est exécuté en 1619, Grotius s’échappant par la stratagème de sa femme. Le synode de Dort a été convoqué dans le but de régler les différends doctrinaux. Il tint 154 sessions, du 13 novembre 1618 au 9 mai 1619. Vingt-huit théologiens d’Angleterre, d’Écosse, d’Allemagne et de Suisse acceptèrent des invitations. Le Brandebourg n’y prit aucune part ( 154, 3), et les théologiens français se virent refuser l’autorisation d’y aller. Episcopius présenta des excuses claires et complètes pour les remontrants, et défendit courageusement leur cause devant le synode. Refusant de se soumettre aux décisions du synode, ils furent expulsés à la cinquante-septième session, puis excommuniés et privés de toutes les charges ecclésiastiques. Le Catéchisme de Heidelberg et la Confession de foi belge ont été adoptés à l’unanimité comme le credo et le manuel de l’orthodoxie. enseignement. Dans la discussion des cinq points controversés, l’opposition des délégués anglicans et allemands empêcha toute insertion ouverte et manifeste de thèses supralapsaires, de sorte que les canons synodaux n’exposèrent qu’une théorie essentiellement infralapsaire de la prédestination. Ce n’est qu’après la mort de Maurice en apr. J.-C.En 1625, ils se hasardèrent à revenir, et en 1625. En 1630, ils furent autorisés par la loi à ériger des églises et des écoles dans tous les États. Un séminaire théologique à Amsterdam, présidé par Episcopius jusqu’à sa mort, en . En 1643, il devint un célèbre centre d’apprentissage et une pépinière d’études libérales. Le nombre des congrégations, cependant, restait peu élevé, et leur importance dans l’histoire de l’Église consiste plutôt dans le développement d’une vie ecclésiastique indépendante que dans la renaissance d’une doctrine semi-pélagienne et rationaliste.472
161.3. Conséquences de la controverse arminienne. — Les décrets de Dort ne furent pas acceptés dans le Brandebourg, la Hesse et Brême, où un calvinisme modéré continuait à prévaloir. En Angleterre et en Écosse, les presbytériens approuvèrent avec enthousiasme les décrets, tandis que les épiscopaliens les répudièrent et, se précipitant à l’autre extrême du latitudinarisme, firent souvent preuve d’un indifférentisme tiède dans la façon dont ils distinguaient les articles de foi comme essentiels et non essentiels. Le plus digne des latitudinaires de cette époque était Chillingworth, qui cherchait à échapper aux querelles des théologiens de l’Église catholique, mais retourna bientôt au protestantisme, cherchant et trouvant la paix dans la seule parole de Dieu. L’archevêque Tillotson était un célèbre orateur en chaire, et Gilbert Burnet, qui mourut après J.-C. 1715, fut l’auteur d’une « Histoire de la Réforme anglaise ». Dans l’Église réformée française, où prévalait un calvinisme généralement strict, Amyrault de Saumur, mort après J.-C. En 1664, il enseignait un universalismus hypotheticus, selon lequel Dieu, par un decretum universale et hypotheticum, destinait tous les hommes au salut par Jésus-Christ, même les païens, sur la base d’une fides implicita. La seule condition est qu’ils croient, et pour cela tous les moyens sont fournis in gratia resistibilis, tandis que par un decretum absolutum et speciale on n’accorde qu’aux personnes élues la gratia irresistibilis. Les synodes d’Alen le jour de l’an 2000. 1637, et Charenton, A.D. 1644, soutenu par Blondel, Daillé et Claude, déclara ces doctrines permises, mais Du Moulin de Sedan, Rivetus et Spanheim de Leyde, Maresius de Groningue [Gröningen] et d’autres, s’y opposèrent violemment. Le collègue d’Amyrault, De la Place, ou Placée, mort après J.-C. 1655, alla encore plus loin, répudiant l’imputation inconditionnelle du péché d’Adam, et représentant le péché originel simplement comme un mal qui ne devient culpabilité que comme notre propre transgression réelle. Les synodes que nous venons de nommer ont condamné cette doctrine. Un peu plus tard, Claude Pajon de Saumur, mort après J.-C. 1685, suscita une discussion amère sur l’universalité de la grâce, en soutenant que, dans la conversion, la providence divine n’opérait que par les circonstances de la vie, et le Saint-Esprit par la parole de Dieu. Plusieurs synodes français condamnèrent cette doctrine et affirmèrent une action immédiate aussi bien que médiate de l’Esprit et de la Providence. — C’est en Suisse que le calvinisme authentique était le mieux représenté, comme l’exprime enfin la Formule Consensus Helvetica de Heidegger de Zurich, adoptée en J.-C. 1675 par la plupart des cantons. C’était, comme la Formule Concordia, un manuel de doctrine plutôt qu’une confession. En opposition à Amyrault et à De la Place, il exposait une théorie stricte de la prédestination et du péché originel, et maintenait avec les Buxtorf, contre Cappellus de Saumur, l’inspiration des points de voyelle hébraïques.
161.4. Les controverses coccéiennes et cartésiennes. — Si ce n’est pas le fondateur, certainement le représentant le plus distingué dans les Pays-Bas de cette scolastique qui cherchait à exposer et à défendre l’orthodoxie, fut Voetius, qui mourut après J.-C. 1676, à partir de J.-C. 1607 pasteur en divers endroits, et à partir de J.-C. 1634 professeur à Utrecht. Une voie complètement différente a été suivie par Cocceius de Brême, qui est mort après J.-C. 1669, professeur à Franeker en 1669 . 1636, et à Leyde en 1636 . Année 1650. Le célèbre théologien zurichois Bullinger ( 138, 7), avait dans son « Compend. Rel. Chr. » de l’A.D. En 1556, il considérait toute la doctrine de la vérité salvatrice du point de vue d’une alliance de grâce entre Dieu et l’homme, et cette idée fut ensuite mise en pratique par Olevianus de Heidelberg (144, 1) dans son « De Substantia Fœderis », d’après J.-C. Année 1585. C’est devenu la méthode préférée de diffusion de la doctrine dans toute l’Église réformée allemande. Dans l’Église hollandaise, il était considéré comme tout à fait inattaquable. En Angleterre, il a été adopté dans la Confession de Westminster de J.-C. 1648 ( 155, 1), et en Suisse en A.D. 1675, dans la formule Consensus. Cocceius n’est donc pas le fondateur de la théologie fédérale. Il lui donna simplement un développement nouveau et indépendant, et l’affranchit des entraves de la dogmatique scolastique. Il distinguait une double alliance de Dieu avec l’homme : le fœdus operum s. naturæ avant, et le fœdus gratiæ après la chute. Il subdivisa ensuite l’alliance de grâce en trois économies : avant la loi jusqu’à Moïse ; sous la loi jusqu’à Christ ; et après la loi dans l’église chrétienne. L’histoire du royaume de Dieu à l’ère chrétienne a été organisée en sept périodes, correspondant aux sept épîtres, trompettes et sceaux apocalyptiques. Dans le traitement de son thème, il répudiait la philosophie, la scolastique et la tradition, et s’en tenait simplement à l’Écriture. Il est ainsi le fondateur d’une théologie purement biblique. Il s’est attaché aussi étroitement que possible à l’orthodoxie prédestinationniste dominante, mais seulement à l’extérieur. Selon lui, l’histoire sacrée, dans ses diverses époques, s’est adaptée aux besoins de la personnalité humaine et à la capacité croissante de se l’approprier. Ce n’est donc pas l’idée de l’élection, mais celle de la grâce, qui a prévalu dans son système. Le Christ est le centre de toute l’histoire, spirituelle, ecclésiastique et civile ; et ainsi tout dans l’Écriture, l’histoire, la doctrine et la prophétie, se rapporte nécessairement et immédiatement à lui. Les prophéties et les types de l’Ancien Testament pointent vers le Christ qui devait venir dans la chair, et toute l’histoire après Christ pointe vers sa seconde venue ; et O. et N.T. donnent un aperçu de l’histoire ecclésiastique et civile jusqu’à la fin des temps. C’est ainsi que la typologie forma la base de la théologie coccéienne. Dans l’exégèse, cependant, Cocceius évitait toute allégorisation arbitraire. C’était chez lui un axiome d’herméneutique, Id significan verba, quod significare possunt in integra oratione, sic ut omnino inter se conveniant. Pourtant, sa typologie l’a conduit, ainsi qu’un plus grand nombre de ses adhérents, à commettre des erreurs exégétiques fantastiques dans le traitement prophétique des sept périodes apocalyptiques.
161.5. Une controverse, occasionnée par la déclaration de Cocceius, dans son commentaire sur l’épître aux Hébreux en apr. J.-C.En 1658, le sabbat, tel qu’il était prescrit par la loi cérémonielle de l’Ancien Testament, n’était plus contraignant, a été arrêté en 1658. 1659 par une prohibition de l’État. Voetius n’y avait pas pris part. Mais lorsque Cocceius, en apr. J.-C. En 1665, il enseigna dans l’épître aux Romains, III, 25, que les croyants sous la loi n’avaient pas un « ἄφεσις » complet, mais seulement un « πάρεσις », il se sentit obligé d’inscrire sur les listes contre cette hérésie « socinienne ». La controverse s’étendit bientôt à d’autres doctrines de Cocceius et de ses disciples, et bientôt toute la population sembla divisée en Voétiens et Coccéens (162, 5). L’un lançait des épithètes offensantes à l’autre. Le parti politique orangiste rechercha et obtint la faveur des Voétiens, comme auparavant elle avait celle des Gomaristes ; tandis que le parti républicain libéral s’alliait aux Coccéens. Des questions philosophiques se mêlèrent ensuite à la discussion. La philosophie du catholique français Descartes ( 164, 1), s’installa en A.D. 1629 à Amsterdam, avait gagné du terrain aux Pays-Bas. Il n’avait en effet aucun lien avec le christianisme ou l’église, et ses amis théologiens souhaitaient seulement le faire reconnaître comme une branche formelle d’étude. Mais son principe fondamental, que toute vraie connaissance part du doute, est apparu aux représentants de l’orthodoxie comme menaçant l’Église d’un grave danger. Même en A.D.En 1643, Voetius s’y opposa, et principalement à cause de sa polémique, les États généraux, en 1643. 1656, interdit qu’il soit enseigné dans les universités. Leur opposition commune à la scolastique, cependant, rapprocha les Coccéens et les cartésiens l’un de l’autre. La théologie est désormais influencée par le cartésianisme. Roëll, professeur à Franeker et à Utrecht, mort après J.-C. 1718, enseignait que la divinité des Écritures doit être prouvée à la raison, puisque le testimonium Spir. s. internum est limité à ceux qui croient déjà, a rejeté la doctrine de l’imputation du péché originel, la doctrine selon laquelle la mort est pour les croyants le châtiment du péché, et l’application de l’idée de « génération » éternelle au Logos, à qui le prédicat de filiation n’appartient qu’en ce qui concerne le décret de la rédemption et de l’incarnation. Un autre cartésien zélé, Balth. Bekker, non seulement a répudié les superstitions de l’époque sur la sorcellerie ( 117, 4), mais a aussi nié l’existence du diable et des démons. Les Coccéens n’étaient nullement responsables de ces extravagances, mais leurs adversaires cherchaient à les en faire accuser. Le stathouder, Guillaume III, publia enfin un ordre, en A.D. 1694, qui arrêta pour un temps la violence de la lutte.
161.6. Littérature théologique. — La philologie orientale biblique a prospéré dans l’Église réformée de cette époque. Drusius de Franeker, mort après J.-C. 1616, fut le plus grand exégète de l’Ancien Testament de son temps. Les deux Buxtorf de Bâle, le père mourut après J.-C. 1629, le fils A.D. En 1664, les plus grands érudits rabbiniques chrétiens écrivirent des grammaires, des lexiques et des concordances hébraïques et chaldéens, et maintinrent l’antiquité et même l’inspiration des voyelles hébraïques contre Cappellus de Saumur. Hottinger de Zurich, mort après J.-C. En 1667, il rivalisa avec les deux dans sa connaissance de la littérature et des langues orientales, et écrivit abondamment sur la philologie biblique, et trouva en outre le temps d’écrire une histoire complète et savante de l’Église. Cocceius, lui aussi, occupe une place respectable parmi les lexicographes hébreux. En Angleterre, avant et après la Restauration, on trouva de l’érudition, non pas parmi les puritains controversés, mais parmi le clergé épiscopal. Brian Walton, décédé après J.-C. En 1661, avec l’aide des érudits anglais, il publia une édition du « London Polyglott » en six volumes, en A.D. 1657, qui, par l’exhaustivité du matériel et de l’appareil, ainsi que par la critique textuelle minutieuse, laisse loin derrière les éditions antérieures. Edm. Castellus de Cambridge en A.D. En 1669, il publia son célèbre « Lexicon Heptaglottum ». L’imprimerie Elzévir d’Amsterdam et de Leyde, assumant hardiment les prérogatives de tout le corps des théologiens, publia un textus receptus du Nouveau Testament en apr. J.-C. Année 1624. Les résultats exégétiques les mieux établis des temps antérieurs ont été rassemblés par Pearson dans son grand recueil, les « Critici Sacri », neuf vol. fol., Londres, 1660 ; et Matthew Pool dans son « Synopsis Criticorum », cinq vol. fol., Londres, 1669. Parmi les exégètes de cette époque, les frères, J. Cappellus de Sedan, mort après J.-C. 1624, et Louis Cappellus II de Saumur, mort après J.-C. 1658, se distinguèrent par leurs connaissances linguistiques et leur critique libérale. Pococke d’Oxford et Lightfoot de Cambridge étaient des orientalistes particulièrement éminents. Cocceius a écrit des commentaires sur presque tous les livres de l’Écriture, et son érudit Vitringa de Franeker, qui est mort après J.-C. En 1716, il acquit une grande réputation par ses exposés sur Isaïe et l’Apocalypse. Parmi les arminiens, le célèbre homme d’État Grotius, mort après J.-C. 1645, fut le plus grand maître de l’exposition grammatico-historique du siècle, et illustra l’Écriture à partir de la littérature classique et de la philologie. L’Église réformée a également apporté de brillantes contributions à l’archéologie et à l’histoire bibliques. John Selden a écrit « De Syndriis Vett. Héb., De diis Syris, etc. Goodwin a écrit « Moïse et Aaron ». Ussher a écrit : « Annales V. et N.T. » Spencer a écrit « De Legibus Heb ». Le Français Bochart, dans son « Hierozoicon » et son « Phaleg », a apporté d’admirables contributions à l’histoire naturelle et à la géographie de la Bible.
161.7. La théologie dogmatique était cultivée principalement aux Pays-Bas. Maccovius, un Polonais, mort après J.-C. En 1644, un professeur de Franeker introduisit la méthode scolastique dans la dogmatique réformée. Le synode de Dort l’innocenta de l’accusation d’hérésie portée contre lui par Amesius, mais condamna sa méthode. Pourtant, il est rapidement devenu d’un usage très général. Ses principaux représentants étaient Maresius de Groningue [Gröningen], Voetius et Mastricht d’Utrecht, Hoornbeck [Hoornbeeck] de Leyde, et l’Allemand Wendelin, recteur de Zerbst. Parmi les Coccéens, les plus distingués étaient Heidanus de Leyde, Alting de Groningue [Gröningen], et, surtout, Hermann Witsius de Franeker, dont l’Économie des alliances est écrite dans un esprit de conciliation. Le dogmatique arminienne le plus distingué après Episcopius fut Phil. Limborch d’Amsterdam, qui mourut après J.-C. 1712, en grande réputation aussi comme apologiste, exégète et historien. Le plus grand dogmatique de l’Église anglicane fut Pearson, qui mourut après J.-C. 1686, auteur de « An Exposition of the Credo ». Le Français Peyrerius obtint une grande notoriété en déclarant sur Romains v. 12, qu’Adam n’était que l’ancêtre des Juifs (Gen. II, 7), tandis que les Gentils étaient d’origine pré-adamite (Gen. I. 26), et aussi en soutenant que le déluge n’avait été que partiel. Il obtint sa libération de prison en adhérant à l’Église catholique et se rétracta, mais toujours maintenu dans ses vues antérieures. — L’éthique, qui ne consistait jusque-là guère plus qu’un exposé du décalogue, fut élevée par Amyrault au rang de science indépendante. Amesius s’occupait des cas de conscience. Grotius, dans son « De Veritate Relig. Chr. » et Abbadie, pasteur français à Berlin, puis à Londres, mort après J.-C. 1727, dans sa Vérité de la Rel. Chrét., se distinguèrent comme apologistes. Claude et Jurieu acquit une grande réputation comme polémistes contre le catholicisme et sa persécution des huguenots. — L’Église réformée, dans l’intérêt de la polémique, poursuivit également des études historiques. Hottinger de Zurich, Spanheim de Leyde, Sam. Basnage de Zütpfen et Jac. Basnage de La Haye, ont produit des histoires générales de l’Église. Parmi les nombreuses monographies historiques, les plus importantes sont « De Templis », « De Monachis », « De Festis », « Hist. Sacramentaria », « Historia Jesuitica » d’Hospinian ; « Ps.-Isidorus », « De la Primauté de l’Egl. », « Question si une Femme a été Assisse au Siège Papal » de Blondel ( 82, 6), « Excuses envoyées, Hiéron. de Presbyt. Il y a aussi Daillé de Saumur sur la non-authenticité des « Constitutions apostoliques » et des écrits ps.-dionysiaques, et son « De Usu Patrum » en opposition à la surestimation catholicisante des Pères par Cave. Nous avons aussi l’érudit anglais Ussher, qui est mort après J.-C. 1656, « Brit. Ecclesiarum Antiquitates » ; H. Dodwell, décédé après J.-C. 1711, « Diss. Cyprianicæ », etc. ; Wm. Cave, mort après J.-C. 1713, « Hist. d’App. et des Pères », « Scriptorum Ecclst. Hist. Literaria, etc. — Il faut faire une mention spéciale à Eisenmenger, professeur de langues orientales à Heidelberg. Dans ses Entdecktes Judenthum, deux vol. in-quarto,De l’arrogance autoritaire des Juifs de son temps, il fit une immense collection d’absurdités et de blasphèmes de théologie rabbinique à partir d’écrits juifs. À ses frais, il imprima 2 000 exemplaires ; pour ceux-ci, les Juifs lui offrirent 12 000 florins, mais il en demanda 30 000. Ils persuadèrent alors la cour de Venise de les confisquer avant qu’un seul exemplaire ne soit vendu. Eisenmenger mourut en apr. J.-C. 1704, et ses héritiers cherchèrent en vain à se faire remettre les exemplaires de son ouvrage. Même l’appel de Frédéric Ier. de Prusse a été refusée. Ce n’est que lorsque le roi eut résolu, en A.D. En 1711, alors qu’il publiait à ses frais une édition d’un exemplaire qui avait échappé à la confiscation, l’édition de Francfort fut enfin rendue.
161.8. La controverse des apocryphes ( 136, 4).― En apr. J.-C. 1520 Carlstadt souleva la question des livres que l’on ne trouve que dans la LXX, et y répondit dans le style de Jérôme (59, 1). Luther les a donnés dans sa traduction en appendice à l’Ancien Testament avec le titre « Apocryphes, c’est-à-dire des livres, non certes de l’Écriture Sainte, mais utiles et dignes d’être lus ». Les confessions réformées adoptèrent la même position. La Confession belge convenait en effet que ces livres devaient être lus à l’église, et que des passages d’épreuve en seraient tirés, dans la mesure où ils étaient conformes aux Écritures canoniques. L’Anglican Book of Common Prayer donne des lectures de ces livres. D’autre part, bien qu’au synode de Dort la proposition de supprimer au moins les livres apocryphes d’Esdras ou d’Esdras, de Tobie, de Judith, de Bel et du Dragon, ait été effectivement rejetée, il a été ordonné qu’à l’avenir tous les livres apocryphes seraient imprimés en caractères plus petits que les livres canoniques, seraient paginés séparément, avec un titre spécial, et avec une préface et des notes marginales si nécessaire. Leur exclusion de toutes les éditions de la Bible a d’abord été exigée par les puritains anglais et écossais. Cet exemple a été suivi par les Églises réformées françaises, mais non par les Églises réformées allemandes, suisses et hollandaises.
La vie religieuse dans l’Église réformée se caractérise généralement par un légalisme dur, un renoncement rigoureux au monde et un sérieux profond, associé à la décision et à l’énergie de la volonté, que rien au monde ne peut briser ou plier. C’est l’esprit de Calvin qui lui imprime ce caractère et détermine sa doctrine. Ce n’est que là où l’influence de Calvin a été moins puissante, par exemple dans l’Église réformée allemande luthérisée, l’Église épiscopale anglicane catholicisée et parmi les Coccéens, que cette tendance est moins apparente ou tout à fait insuffisante. D’autre part, souvent poussée à l’extrême, elle apparaît chez les puritains anglais ( 143, 3 ; 155, 1) et les huguenots français ( 153, 4), où elle a été favorisée par la persécution et l’oppression.
162.1. L’Angleterre et l’Ecosse. — Pendant la période de la Révolution anglaise (155, 1, 2), après le renversement de l’épiscopat, le puritanisme est devenu dominant ; et les éléments incongrus et contradictoires qui existaient déjà en elle prenaient des proportions exagérées ( 143, 3, 4), jusqu’à ce qu’enfin les partis opposés éclatent en violentes querelles les uns contre les autres. L’idéal du presbytérianisme écossais et anglais était l’établissement du royaume du Christ en tant que théocratie, dans laquelle l’Église et l’État étaient mélangés selon le modèle de l’Ancien Testament. Par conséquent, toutes les institutions de l’Église et de l’État devaient être fondées sur les modèles de l’Écriture, tandis que tous les développements ultérieurs ont été mis de côté comme des détériorations par rapport à cette norme. Le côté ecclésiastique de cet idéal devait être réalisé par l’établissement d’une aristocratie spirituelle représentée dans les consistoires et les synodes, qui, gouvernant les consistoires par les synodes, et les congrégations par les consistoires, se considérait comme appelée et dans l’obligation d’inspecter et de superviser tous les détails de la vie privée et publique des membres de l’église. et tout cela aussi de droit divin. Considérant que leur système était le seul à avoir une institution divine, les presbytériens ne pouvaient reconnaître aucun autre parti religieux ou ecclésiastique, et devaient exiger l’uniformité, non seulement en ce qui concerne la doctrine et la croyance, mais aussi en ce qui concerne la constitution, la discipline et le culte.474―Sur d’autre part, le congrégationalisme indépendant, dans la mesure où il mettait en évidence les idées du Nouveau Testament sur le sacerdoce de tous les croyants et la liberté spirituelle, exigeait une liberté illimitée pour chaque congrégation séparée et une égalité inconditionnelle pour tous les membres individuels de l’église. Il rejeta donc l’idéal théocratique du presbytérianisme, s’efforça d’obtenir une constitution purement démocratique et reconnut la tolérance de toutes les opinions religieuses comme un principe fondamental du christianisme. Toute tentative d’assurer l’uniformité et la stabilité des formes de culte était considérée comme une répression de l’Esprit de Dieu opérant dans l’Église, et ainsi, à côté des services publics, les conventicules privés abondaient, dans lesquels les croyants cherchaient à promouvoir l’édification mutuelle. Mais bientôt, au milieu des bouleversements de cette période agitée, un esprit fanatique se répandit parmi les diverses sectes des Indépendants. Les persécutions sous Élisabeth et les Stuarts avaient éveillé le désir ardent du retour du Seigneur, et l’avancée irrésistible de l’armée de Cromwell, composée principalement d’indépendants, donnait l’impression que le millénaire était proche. C’est ainsi que le chiliasme devint un principe fondamental de l’Indépendance, et bientôt aussi la prophétie fit son apparition pour interpréter et préparer la voie à ce qui allait arriver. Des croyants de l’ancien temps hollandais, nous arrivons maintenant aux saints du début de la période de Cromwell. Ceux-ci se considéraient comme appelés, parce qu’ils étaient inspirés par l’Esprit de Dieu, à former le « royaume des saints » sur la terre promis dans les derniers jours, et par conséquent aussi depuis Daniel II. et vii., ils étaient appelés les Hommes de la Cinquième Monarchie. Le soi-disant Court Parlement de l’A.D. L’année 1653, dans laquelle ces saints étaient majoritaires, avait déjà posé les premières pierres de cet édifice en introduisant le mariage civil, avec l’application stricte, cependant, de Matthieu v. 32, ainsi que par l’abolition de tous les droits de patronage et de toutes sortes d’impôts ecclésiastiques, lorsque Cromwell l’a dissoute. Les saints n’avaient pas et n’auraient pas de système théologique fixe et formulé. Ils avaient, cependant, un intérêt très vif pour la doctrine, et produisaient une grande diversité d’exposés de l’Écriture et de vues dogmatiques, de sorte que leurs ennemis mortels, les presbytériens, pouvaient lancer contre eux des désignations hérétiques anciennes et nouvelles par centaines. La doctrine fondamentale de la prédestination, commune à tous les puritains, était, même chez eux, pour la plupart, un présupposé de toute spéculation théologique.
162.2. En même temps que les saints apparaissaient parmi les Indépendants, les niveleurs, révolutionnaires politiques et sociaux, plutôt qu’une secte ecclésiastique et religieuse. Ils ont été injustement accusés de réclamer une répartition égale des biens. Contre les théories absolutistes des Stuarts, tous les indépendants soutenaient que le roi, comme tous les autres magistrats civils, est responsable en tout temps et en toute circonstance devant le peuple, à qui appartient originellement et inaliénablement toute souveraineté. Ce principe a été pris par les niveleurs comme point de départ de leurs réformes. Leur premier principe régulateur dans la reconstruction de la république et la détermination de la position de l’Église dans celle-ci, ils n’ont pas pris la constitution théocratique de l’Ancien Testament, comme l’ont fait les presbytériens, ni la révélation biblique du Nouveau Testament, comme l’ont fait les indépendants modérés, ni même la prophétie moderne professée des « saints », mais la loi de la nature comme base de toute révélation. et déjà enracinée dans la création, avec la souveraineté du peuple comme fondement ultime. Tandis que le reste des Indépendants s’en tenait à l’idée d’un État chrétien, et prétendait seulement que toutes les confessions chrétiennes, à l’exception des catholiques ( 153, 6), jouissait de tous les droits politiques, les niveleurs exigeaient la séparation complète de l’Église et de l’État. Cela impliquait donc, d’une part, la non-religiosité de l’État et, d’autre part, à l’exception des catholiques, la liberté, l’indépendance et l’égalité absolues de tous les partis religieux, même des sectes non chrétiennes et des athées. Pourtant, pendant tout ce temps, les niveleurs eux-mêmes étaient sincèrement et chaleureusement attachés à la vérité chrétienne telle qu’elle était défendue par les autres indépendants. un pasteur baptiste, en A.D. En 1631, il transplanta les premières graines du nivellisme d’Angleterre en Amérique du Nord et, par ses écrits, contribua à répandre à nouveau ces idées en Angleterre. Lorsqu’il rentra chez lui en A.D. En 1651, il trouva la secte déjà florissante. Le chef le plus compétent des niveleurs anglais était John Lilburn. En apr. J.-C. En 1638, alors qu’il avait à peine vingt ans, il fut fouetté et condamné à la prison à vie, parce qu’il avait imprimé des écrits puritains en Hollande et les avait fait circuler en Angleterre. Libéré au début de la Révolution, il s’engage dans l’armée parlementaire, est fait prisonnier par les royalistes et condamné à mort, mais s’échappe par la fuite. Il fut de nouveau emprisonné pour avoir écrit des diffamations sur la Chambre des lords. Libéré par le Parlement croupion, il devint colonel dans l’armée de Cromwell, mais fut banni du pays lorsqu’il fut constaté que la propagation du radicalisme mettait en danger la discipline. Jusqu’à la dissolution du Court Parlement, ses disciples furent en profonde sympathie avec les saints. Par la suite, leurs chemins s’éloignèrent de plus en plus ; les saints ont dérivé vers le quakerisme ( 163, 4), tandis que les Niveleurs dégénérèrent en déisme ( 164, 3).
162.3. De l’agitation religieuse qui régnait en Angleterre avant, pendant et après la Révolution naquit une volumineuse littérature de dévotion, destinée à donner des conseils et des directives pour une vie sainte. Son influence s’est fait sentir dans les pays étrangers, en particulier dans les églises réformées du continent, et même le piétisme luthérien allemand n’en a pas été épargné (159, 3). Que ce mouvement ne se limitait pas aux puritains, parmi lesquels il avait son origine, c’est ce que montre le fait qu’au cours du XVIIe siècle, de nombreux traités de ce type ont été publiés par les Presses universitaires de Cambridge. Lewis Bayly, évêque de Bangor A.D. 1616-1632, a écrit l’un des livres les plus populaires de ce genre, « La pratique de la piété », qui était en A.D. 1635 dans sa trente-deuxième et en A.D. 1741 dans sa cinquante et unième édition, et a également été largement diffusé dans les traductions hollandaises, françaises, allemandes, hongroises et polonaises.
162.4. Pays-Bas.—De l’Angleterre le piétisme réformé a été transplanté aux Pays-Bas, où William Teellinck peut être considéré comme son fondateur. Après avoir terminé ses études de droit, il résida quelque temps en Angleterre, où il fit la connaissance des puritains et de leurs écrits, et fut profondément impressionné par leur vie de famille sérieuse et pieuse. Il se rendit ensuite à Leyde pour étudier la théologie et, en J.-C. 1606 commence un ministère qui ne tarde pas à porter ses fruits. Il fut particulièrement béni à Middelburg en Zélande, où il mourut après J.-C. Année 1629. Ses écrits, plus grands et plus petits, au nombre de plus d’une centaine, dans lesquels une douceur particulière d’amour mystique pour le Rédempteur est combinée avec des vues calvinistes sévères, dans le style de saint Bernard, ont été largement diffusés dans de nombreuses éditions, lus avec avidité dans de nombreux pays, et pendant un siècle entier, ils ont exercé une puissante influence dans toute l’Église réformée. Teellinck ne s’écarta en rien de l’orthodoxie dominante, mais il en atténua involontairement la dureté dans ses tracts et, avec la douceur qui le caractérisait, conseilla la patience fraternelle au milieu de l’amertume de la controverse arminienne. En dépit de beaucoup d’hostilité, que tous ses efforts n’ont pu empêcher, de nombreux théologiens universitaires se sont tenus à ses côtés en tant qu’admirateurs chaleureux de ses écrits. Il ne faut pas s’étonner que parmi ceux-ci se trouvait le pieux Amesius de Franeker (161, 7), l’érudit de l’habile Perkins ( 143, 5) ; mais il est plus surprenant d’y trouver le puissant champion de l’orthodoxie scolastique, Voetius d’Utrecht, et son vigoureux partisan, Hoornbeeck de Leyde. Voetius en particulier, qui, même dans sa carrière préacadémique de pasteur, avait mené une vie particulièrement exemplaire et pieuse, appelait Teellinck le Thomas réformé à Kempis, et reconnaissait sa profonde dette envers ses écrits pieux. Il a ouvert son cursus académique en A.D. En 1634, il prononça un discours d’introduction, « De Pietate cum Scientia conjungenda », et donna année après année des conférences sur la théologie ascétique, d’où naquit son traité publié en A.D. 1664, « Τὰ Ἀσκητικὰ s. Exercita Pietatis in usum Juventutis Acad. », qui est un exposé complet de la théologie pratique évangélique sous une forme tout à fait scolastique.
162.5. Au cours de la controverse dans l’Église réformée néerlandaise entre Voetians et Cocceians, à partir de J.-C. En 1658, le premier favorisa le mouvement piétiste. Dans la controverse piétiste allemande, les Coccéiens étaient, avec les piétistes dans leur orthodoxie biblique, unis à l’indifférentisme confessionnel, mais avec les orthodoxes dans leur libéralité et leur largeur en matière de vie et de conduite. La piété sincère et pratique des Voétiens, encore une fois, les fit sympathiser avec les piétistes luthériens, et leur zèle pour la doctrine pure et la confession de l’Église les mit en relation avec les luthériens orthodoxes. De même que la discorde entre les théologiens s’éleva au sujet de l’obligation de la loi du sabbat, de même la différence entre les gens surgit de la question de l’observance du sabbat. Les Voétiens soutenaient que l’interdiction décalogue de toute forme de travail le jour du sabbat était toujours pleinement contraignante, tandis que les Coccéens, sur la base de Marc II. 27, Galates iv. 9, Colossiens ii. 16, etc., niaient son obligation continue, souvent leurs femmes, au grand dam des Voétiens, assis aux fenêtres après le service divin avec leur tricot ou leur couture. Mais l’opposition ne s’est pas arrêtée là ; Il s’est répandu dans tous les domaines de la vie. Les Voétiens attachaient une grande importance au jeûne et à la méditation privée, évitaient tous les jeux et les jeux publics, s’habillaient simplement et observaient un mode de vie simple et pieux ; leurs pasteurs portaient un costume clérical, etc. Les Coccéens, encore une fois, se sont conformés aux coutumes de l’époque, se sont mêlés librement à la gaieté et aux passe-temps du peuple, sont allés aux fêtes et aux divertissements publics, leurs femmes étaient vêtues d’une tenue élégante et élégante, leurs pasteurs n’étaient pas liés par des symboles durs et rapides, mais avaient une pleine liberté de l’Écriture, etc. — Continuation, 169, 2.
162.6. France, Allemagne et Suisse. — L’Église réformée de France a acquis une renommée impérissable comme Église martyre. Des excès fanatiques, cependant, apparurent chez les prophètes des Cévennes ( 153, 4), dont les fruits se sont poursuivis jusqu’au XVIIIe siècle, et ont paru de temps en temps en Angleterre, en Hollande et en Allemagne (160, 2, 7). L’Église réformée, qui se tenait côte à côte avec l’Église luthérienne, beaucoup plus nombreuse, avait beaucoup plus de sévérité et de sévérité qui caractérisaient le parti romano-calviniste dans la doctrine, le culte et la vie grandement modifiées ; mais là où l’élément réformé était prédominant, comme dans le Bas-Rhin, il était affecté d’une influence contraire. L’Église réformée d’Allemagne, dans son service de louange, s’en tenait aux psaumes de Marot et de Lobwasser (143, 2). Maurice de Hesse a publié Lobwasser en A.D. 1612, accompagné de quelques nouvelles mélodies lumineuses, à l’usage des églises du pays. Les hymnes luthériens, cependant, ont progressivement trouvé leur place dans l’Église réformée, qui a également produit deux poètes talentueux. Louise-Henriette, princesse d’Orange, épouse du grand électeur et souveraine de Paul Gerhardt, écrivit : « Jésus, mon Rédempteur, vit ; » et Joachim Neander, pasteur de Brême, écrivit : « Toi, le Très-Haut ! Gardien de l’humanité », « Vers le ciel, sur la terre, sur la mer et dans les airs », « Me voici, tel que je me jette. » ― En Suisse allemande, le noble Breitinger de Zurich, mort après J.-C. 1645, le plus grand successeur de Zwingli et de Bullinger, travailla avec succès pendant quarante ans de ministère, et fit beaucoup pour raviver et vivifier la vie de l’Église. Que l’esprit de Calvin et de Bèze respire encore dans l’église de Genève, c’est ce que prouve l’accueil qui y fut fait à des hommes tels qu’Andreä (160, 1), Labadie ( 163, 7), et Spener ( 159, 3).
162.7. Missions étrangères. — De deux côtés, l’Église réformée avait des débouchés pour son amour chrétien dans l’œuvre des missions étrangères : d’une part, par la cession des colonies portugaises des Indes orientales aux Pays-Bas au commencement du XVIIe siècle, et d’autre part, par la formation continue de colonies anglaises dans l’Amérique du Nord pendant tout le siècle. En ce qui concerne l’effort missionnaire, le gouvernement néerlandais a suivi les traces de ses prédécesseurs portugais. Elle insistait pour que tous les indigènes, avant d’obtenir une situation, soient baptisés et aient signé la Confession belge, et beaucoup de ceux qui remplissaient ces conditions restaient comme ils l’avaient été auparavant. Mais les puritains anglais établis en Amérique montrèrent un zèle pour la conversion des Indiens plus digne du nom protestant. John Eliot, que l’on appelle à juste titre l’apôtre des Indiens, s’est consacré à cette tâche avec un amour inlassable et sans relâche, pendant un demi-siècle. Il traduisit la Bible dans leur langue et fonda dix-sept stations indiennes, dont dix furent détruites de son vivant dans une guerre sanglante. L’œuvre d’Eliot fut reprise par la famille Mayhew qui, pendant cinq générations, travailla parmi les Indiens. Le dernier membre de la noble bande, Zacharias Mayhew, mourut sur le champ de la mission en an J.-C. 1803, dans sa 87e année.479― Suite, 172, 5.
Au cours des premières décennies du siècle, le socinianisme a fait des progrès extraordinaires en Pologne, mais s’est ensuite effondré sous la persécution des jésuites. Apparentés aux anabaptistes continentaux étaient les baptistes anglais, qui rejetaient le baptême des enfants ; tandis que les Quakers, qui adoptaient la vieille théorie fanatique d’une lumière intérieure, mettaient entièrement de côté le baptême et la Cène du Seigneur. Dans la secte des Labadistes, nous trouvons un mélange de mysticisme quiétiste catholique et d’augustinisme calviniste. En plus de ces sectes régulières, il y avait divers enthousiastes individuels et séparatistes. Celles-ci étaient particulièrement répandues aux Pays-Bas, où la constitution civile libre offrait un lieu de refuge à tous les exilés en raison de leur foi. C’est là seulement que la presse était assez libre pour servir de propagande complète au mysticisme et à la théosophie. Enfin, les sectes russes, jusqu’ici peu étudiées, méritent une attention particulière.
163.1. Les Sociniens ( 148, 4).― Les la plus importante des congrégations sociniennes en Pologne, pour la plupart petite et composée presque exclusivement de la noblesse, était celle de Racau dans le Palatinat de Sédomir. Fondée en 1569, cette ville, depuis 1600 sous Jacques Sieninski, fils du fondateur, reconnaissait le socinianisme comme religion établie ; et il s’y forma une académie qui occupa bientôt une position distinguée, et donna une telle réputation à l’endroit qu’on pouvait l’appeler « l’Athènes sarmate ». Mais la congrégation de Lublin, la plus importante après celle de Racau, fut détruite dès 1627 par la populace provoquée par les jésuites. Le même désastre s’est abattu sur Racau elle-même onze ans plus tard. Deux écoliers désœuvrés avaient jeté des pierres sur un crucifix de bois qui se trouvait devant la porte de la ville, et avaient été sévèrement punis pour cela par leurs parents, et chassés de l’école. Les catholiques, cependant, portèrent plainte devant le sénat, où les jésuites obtinrent que l’école fût détruite, que l’église fût enlevée aux « ariens », que l’imprimerie fût fermée, mais que les ministres et les instituteurs fussent proscrits et marqués d’infamie. Et les Jésuites ne se reposèrent pas jusqu’à ce que le Reichstag de Varsovie, en 1658, promulgue des décrets de bannissement contre « tous les ariens » et interdise la profession de « l’arianisme » sous peine de mort. Finalement, les efforts pour se conformer aux Sociniens polonais prévalurent à la Diète de Deesch en 1638, où toutes les communautés unitariennes s’engagèrent à offrir un culte au Christ et à accepter la formule baptismale de Matthieu XXVIII. 19. Et sous l’étendard de ce qu’on appelle la Complanatio Deesiana 106 congrégations unitariennes, avec 60 000 âmes, existent encore aujourd’hui en Transylvanie. — En Allemagne, le socinianisme avait, même au début du siècle, une pépinière secrète dans l’université d’Altdorf, appartenant au territoire de la ville impériale de Nuremberg. Soner, professeur de médecine, avait été gagné à ce credo par les sociniens résidant à Leyde, où il avait étudié en 1597, 1598, et utilisait maintenant sa position officielle à Altdorf pour, non seulement inculquer ses doctrines unitariennes au moyen de conversations philosophiques privées dans l’esprit de ses nombreux étudiants, qui affluaient vers lui de Pologne, la Transylvanie et la Hongrie, mais aussi pour avoir obtenu l’adhésion de plusieurs étudiants allemands. Ce n’est qu’après sa mort en 1612 que le concile de Nuremberg prit connaissance de cette propagande. Une enquête rigoureuse fut alors menée, tous les Polonais furent expulsés, et tous les écrits sociniens qui purent être découverts furent brûlés. — Les exultants polonais ultérieurs cherchèrent et trouvèrent refuge en Allemagne, en particulier en Silésie, en Prusse et dans le Brandebourg, ainsi que dans le Palatinat réformé, et fondèrent également quelques petites congrégations unitariennes, qui, cependant, après avoir maintenu pendant un certain temps une existence misérable, s’évanouit peu à peu. Ils eurent plus de succès et se répandirent plus largement dans les Pays-Bas, jusqu’à ce que les États généraux de 1653, à la suite de protestations synodales répétées, et sur la base d’un avis donné par l’Université de Leyde, publièrent un édit sévère contre les Unitariens, qui passèrent peu à peu dans les rangs des remontrants (161, 2) et les Collegiants. En Angleterre aussi, depuis l’époque d’Henri VIII, on trouvait des confesseurs et des martyrs antitrinitaires. Même en 1611, unTrois d’entre eux avaient été livrés aux flammes. Les sociniens polonais en profitèrent pour envoyer au roi un catéchisme racovien ; mais en 1614, il fut, par ordre du parlement, brûlé par les mains du bourreau. Les sociniens étaient également exclus du bénéfice de l’Acte de tolérance de 1689, qui était accordé à tous les autres dissidents (155, 3). Les progrès du déisme, cependant, parmi les classes supérieures ( 164, 3 ; 171, 1) Il a beaucoup fait pour empêcher que les lois pénales extrêmes ne soient mises à exécution. — Voici les plus distingués parmi les nombreux théologiens érudits de l’âge augustéen de l’érudition socinienne, qui ont contribué à l’extension, à l’établissement et à la justification du système de leur église par des écrits exégétiques, dogmatiques et polémiques : John Crell, mort en 1631 ; Jonas Schlichting, mort en 1661 ; Von Wolzogen, mort en 1661 ; et Andr. Wissowatius, petit-fils de Faustus Socinus, mort en 1678 ; et parmi ceux-ci il faut aussi ranger l’historien du socinianisme polonais, Stanislas Lubienicki, mort en 1675, dont l'« Hist. Reformat. Polonicæ, etc., fut publié à Amsterdam en 1685.
163.2. Les baptistes du continent.
163.3. Les baptistes anglais. — L’idée que le baptême des enfants est répréhensible a également trouvé grâce parmi les indépendants anglais. En raison du peu d’importance accordée aux sacrements en général, et plus particulièrement au baptême, dans l’Église réformée, en particulier parmi les indépendants, les partisans de la pratique de l’Église en ce qui concerne le baptême occupaient dans une large mesure un terrain commun avec ses adversaires. La séparation n’a eu lieu qu’après la montée des sectes prophétiques fanatiques (161, 1). Il faut cependant distinguer des anabaptistes continentaux les baptistes anglais, qui bénéficiaient de l’acte de tolérance de Guillaume III, de l’an 2010. 1689, avec les autres dissidents, en maintenant leur constitution congrégationaliste indépendante ( 155, 3). En apr. J.-C. En 1691, à propos de la question arminienne, ils se séparèrent en baptistes particuliers et généraux, ou réguliers et libres. Les premiers, de loin les plus nombreux, soutenaient la doctrine calviniste de la gratia particularis, tandis que les seconds la rejetaient. Les baptistes du septième jour, qui observaient le septième jour au lieu du premier jour de la semaine, ont été fondés par Bampfield en J.-C. Année 1665.480―À partir de Les baptistes se répandirent en Amérique du Nord, en apr. J.-C. 1630, où Roger Williams ( 162, 2), l’un de leurs premiers chefs, fonda le petit État de Rhode-Island et l’organisa sur des principes entièrement baptistes-indépendants.481― Suite, 170, 6.
163.4. Les Quakers.―George Fox, né A.D. 1624, mort après J.-C. Né en 1691, il était le fils d’un pauvre tisserand presbytérien de Drayton, dans le Leicestershire. Après une maigre scolarité, il alla apprendre la cordonnerie à Nottingham, mais en A.D. 1643 abandonne le commerce. Harcelé par des conflits spirituels, il errait çà et là à la recherche de la paix pour son âme. En entendant un Indépendant prêcher sur 2 Pierre i. 19, il fut poussé à contredire le prédicateur. « Ce à quoi nous avons affaire, dit-il, ce n’est pas à la parole, mais à l’Esprit par lequel ces hommes de Dieu ont parlé et écrit. » Il a été arrêté pour perturbation du culte public, mais a été relâché peu de temps après. En apr. J.-C. En 1649, il parcourait le pays en prêchant et en enseignant, s’adressant à tout le monde en l’appelant « tu », ne levant son chapeau à personne, ne saluant personne, attirant des milliers de personnes par sa prédication, souvent emprisonné, fouetté, torturé, chassé comme une bête sauvage. Le cœur de sa prédication n’était pas l’Écriture, mais l’Esprit, non pas le Christ au-dehors, mais le Christ à l’intérieur, non pas le culte extérieur, non pas les églises, les clochers et les cloches, non pas les doctrines et les sacrements, mais seulement la lumière intérieure, qui est allumée par Dieu dans la conscience de chaque homme, renouvelée et vivifiée par l’Esprit du Christ, qui s’y empare soudain. Le nombre de ses disciples augmentait de jour en jour. En apr. J.-C. En 1652, il trouva, avec ses amis, un bon refuge dans la maison de Thomas Fell, de Smarthmore, près de Preston, et dans sa femme Margaret, une conseillère maternelle qui consacra toute sa vie à la cause. Ils s’appelaient eux-mêmes « La Société des Amis ». Le nom de Quaker a été donné comme terme de reproche par un juge violent, que Fox a fait « trembler devant la parole de Dieu ». Après le renversement des espoirs des saints par la dissolution du Court Parlement et l’apostasie de Cromwell (155, 2), beaucoup d’entre eux rejoignirent les Quakers et les entraînèrent dans des excès révolutionnaires et fanatiques. Confinés jusque-là dans les comtés du nord, ils se répandirent maintenant à Londres et à Bristol, et dans tout le sud de l’Angleterre. En janvier, A.D. En 1655, ils tinrent une réunion générale de quinze jours à Swannington, dans le Leicestershire. Des foules d’apôtres se rendirent en Irlande, en Amérique du Nord et aux Antilles, en Hollande, en Allemagne, en France et en Italie, et même à Constantinople. Ils n’ont pas rencontré un grand succès. En Italie, ils se heurtèrent à l’Inquisition, et en Amérique du Nord, les lois pénales les plus sévères furent adoptées contre eux. En apr. J.-C. 1656 James Naylor, l’un de leurs chefs les plus célèbres, célébra à Bristol la seconde venue du Christ « dans l’Esprit », en mettant en scène la scène de l’entrée triomphale du Christ à Jérusalem. Mais le roi du nouvel Israël fut flagellé, marqué sur le front avec la lettre B comme blasphémateur, eut la langue percée avec un fer rouge, puis fut jeté en prison. Beaucoup d’extravagances absurdes de ce genre, qui attirèrent sur eux de fréquentes persécutions, ainsi que l’échec de leurs entreprises missionnaires à l’étranger, amenèrent la plupart des quakers à adopter des vues plus sobres. La grande mère quakeress, Margaret Fell, exerça une puissante influence dans cette direction. George Fox aussi, dont le mouvement avait disparu depuis longtemps, lui prêta main-forte. Naylor lui-même, dans A.D. En 1659, il publia une abjuration, adressée « à tout le peuple du Seigneur », dans laquelle il confessait : « Mon jugement a été détourné, et j’ai été captif sous la puissance des ténèbres. »
163.5. Le mouvement du quakerisme dans le sens de la sobriété et du bon sens s’est réalisé dans toute son étendue pendant la restauration des Stuart, après J.-C. 1660-1688. Abandonnant leurs tendances révolutionnaires par aversion pour la violence de Cromwell, et abandonnant la plupart de leurs extravagances fanatiques, les Quakers devinrent des modèles de vie tranquille et ordonnée. Robert Barclay, par sa « Catéchèse et Fidei Confessio », d’A.D. 1673, donna une sorte d’expression symbolique à leur croyance, et justifia ses positions doctrinales dans ses « Theologiæ vere Christianæ Apologia » de J.-C. Année 1676. Au cours de cette période, beaucoup d’entre eux ont donné leur vie pour leur foi. De l’autre côté de la mer, ils formèrent de puissantes colonies, distinguées par leur tolérance religieuse et leur amour fraternel. Le principal promoteur de ce nouveau départ fut William Penn, A.D. 1644-1718, fils d’un amiral anglais, qui, alors qu’il était étudiant à Oxford, fut impressionné par la prédication d’un quaker et le conduisit à assister aux réunions de prière et de fraternité des Amis. Afin de rompre ses liens avec ce parti, son père l’envoya, en A.D. 1661, pour voyager en France et en Italie. La frivolité de la cour de France ne l’attira pas, mais il fut longtemps envoûté par les conférences théologiques d’Amyrault à Saumur. À son retour chez lui, en A.D. En 1664, il semblait être complètement revenu à la vie mondaine, lorsqu’une fois de plus il fut arrêté par la prédication d’un quaker. En apr. J.-C. En 1668, il adhère officiellement à la société. Pour un tract controversé, The Sandy Foundation Shaken, il a été envoyé pendant six mois à la Tour, où il a composé le célèbre tract, No Cross, no Crown, et un traité dans sa propre justification, « Innocency with her Open Face ». Son père, qui, peu de temps avant sa mort en A.D. En 1670, il se réconcilia avec son fils, lui laissa un revenu annuel de 1 500 livres, avec une créance de 16 000 livres sur le gouvernement. En dépit de la persécution et de l’oppression continues, il continua sans relâche à promouvoir la cause du quakerisme par la parole et la plume. En apr. J.-C. En 1677, en compagnie de Fox et de Barclay, il fit une tournée à travers la Hollande et l’Allemagne. Dans les deux pays, il noua de nombreuses amitiés, mais ne réussit pas à établir de sociétés. Ses espoirs se tournèrent alors vers l’Amérique du Nord, où Fox avait déjà travaillé avec succès pendant les temps de persécution les plus durs, A.D. En 1671, 1672, au lieu de la revendication de son père, il obtint du gouvernement une grande étendue de terre sur la Delaware, avec le droit de la coloniser et de l’organiser sous la suzeraineté anglaise. Deux fois il sortit lui-même dans ce but, en J.-C. 1682 et 1699, et forma l’État quaker de Pennsylvanie, avec Philadelphie comme capitale. Le premier principe de sa constitution était la tolérance religieuse universelle, même pour les catholiques.482
163.6. La Constitution Quaker, telle qu’elle était établie à l’époque de Penn, était strictement démocratique et congrégationaliste, à l’exclusion complète d’un ordre clérical. À leurs services, n’importe quel homme ou femme, s’il était poussé par l’Esprit, pouvait prier, enseigner ou exhorter, ou si personne ne se sentait poussé à le faire, il s’asseyait en silence. Leurs lieux de culte n’avaient ni la forme ni l’équipement des églises, leurs services de dévotion n’avaient ni chant ni musique. Ils répudiaient le baptême d’eau, tant pour les enfants que pour les adultes, et ne reconnaissaient que le baptême de l’Esprit. La Cène du Seigneur, en tant que mémorial symbolique, n’est plus nécessaire pour ceux qui sont nés de nouveau. Des réunions mensuelles de tous les membres indépendants, des réunions trimestrielles des députés d’une circonscription et un synode annuel des représentants de toutes les circonscriptions administraient ou rédigeaient les règlements des diverses sociétés. La croyance doctrinale des quakers est complètement dominée par son dogme central de la « lumière intérieure », qui est identifiée à la raison et à la conscience comme le patrimoine commun de l’humanité. Obscurcie et affaiblie par la chute, elle est vivifiée en nous par l’Esprit du Christ glorifié, et nous possède comme un Christ spirituel intérieur, une Parole intérieure de Dieu. La Bible est reconnue comme la parole extérieure de Dieu, mais elle n’est utile que comme moyen d’éveiller la parole intérieure. La doctrine calviniste de l’élection est résolument rejetée, ainsi que celle de la satisfaction par procuration. Mais aussi les doctrines de la chute, du péché originel, de la justification par la foi, ainsi que celle de la Trinité, sont très largement mises de côté au profit d’une théologie subjective indéfinie du sentiment. L’opération du Saint-Esprit dans la rédemption et le salut de l’homme en dehors de la chrétienté est franchement admise. D’autre part, l’élément éthico-pratique, tel qu’il se manifeste dans les œuvres de bienveillance, dans la lutte pour la liberté religieuse, pour l’abolition de l’esclavage, etc., est mis en avant. En ce qui concerne la vie et les mœurs, les quakers se sont distingués dans tous les mouvements domestiques, civils, industriels et commerciaux par une industrie tranquille et pacifique, une intégrité stricte et des habitudes simples, de sorte que non seulement ils ont amassé de grandes richesses, mais ont gagné la confiance et le respect de ceux qui les entouraient. Ils refusaient de prêter serment ou de servir comme soldats, ou de s’adonner à des sports, ou de s’adonner à toute sorte de luxe. Dans les relations sociales, ils refusaient de reconnaître les titres de leur rang, ne s’inclinaient ni ne levaient le chapeau devant personne, mais s’adressaient à tous par le simple « tu ». Leurs hommes portaient des chapeaux à larges bords, un habit simple et simple, sans col ni boutons, attaché par des crochets. Leurs femmes portaient une simple robe de soie grise, avec un bonnet de la même couleur, sans ruban, sans fleur ni plumes, et un châle uni. Le port d’une robe de deuil était considéré comme une coutume païenne.483― Suite, 211, 3.
163.7. Labadie et les Labadistes.―Jean de Labadie, descendant d’une ancienne famille noble, né après J.-C.En 1610, il fit ses études à l’école des Jésuites de Bordeaux, entra dans l’ordre et devint prêtre, mais fut démis de ses fonctions à sa guise en 1610 . 1639, à cause d’une santé délicate. Même dans le collège des jésuites, les principes qui se manifestèrent plus tard dans sa vie commencèrent à s’enraciner en lui. Par l’étude des Écritures, il fut amené à adopter des vues presque augustiniennes sur le péché et la grâce, ainsi que la conviction de la nécessité d’un réveil de l’Église selon le modèle apostolique. Cette tendance fut confirmée et approfondie par l’influence du quiétisme espagnol, que même les jésuites avaient favorisé dans une certaine mesure. C’est dans l’intérêt de ces vues qu’il travailla laborieusement pendant onze ans comme prêtre catholique à Amiens, à Paris et dans d’autres endroits, au milieu de l’hostilité croissante des jésuites. Leur persécution, ainsi que la clarté croissante de ses convictions augustiniennes, l’amenèrent officiellement à se rendre à l’Église réformée en Jésus-Christ. Année 1650. Il travailla alors pendant sept ans comme pasteur réformé à Montauban. En apr. J.-C. En 1657, à cause des soupçons politiques répandus contre lui par les Jésuites, il se retira de Montauban, et, après deux ans de travail à Orange, s’établit à Genève, où ses prédications et ses visites domestiques portèrent d’abondants fruits. En apr. J.-C. En 1666, il accepta un appel à Middelburg, en Zélande. Là, il eut presque autant de succès qu’à Genève ; mais là aussi il commença à paraître qu’en lui brûlait un feu étranger à l’Église réformée. Le synode réformé français s’offusqua de son refus de signer la Confession belge. On s’aperçut qu’en de nombreux points il n’était pas en sympathie avec les principes de l’Église, qu’il avait écrit en faveur du chiliasme et de l’apokatastasis, qu’en ce qui concerne la nature et l’idée de l’Église et son besoin d’une réforme, il n’était pas en accord avec les vues de l’Église réformée. Le synode de 1668 le suspendit de ses fonctions et, comme il n’avouait pas ses erreurs, le déposa l’année suivante. Labadie s’aperçut alors que ce qu’il considérait comme l’œuvre de sa vie, la restauration de l’Église apostolique, était aussi peu réalisable au sein de l’Église réformée qu’au sein de l’Église catholique. Il organisa donc ses disciples en une dénomination distincte et fut, avec eux, banni par le magistrat. La ville voisine de Veere les reçut avec joie, mais Middelburg persuada le conseil de Zélande de publier un décret les bannissant également de cette ville. Les habitants de Veere étaient prêts à braver cet ordre, mais Labadie jugea préférable d’éviter le risque d’une guerre civile par un retrait volontaire ; et c’est ainsi qu’il s’en alla, au mois d’août de l’an J.-C. 1669, avec une quarantaine de disciples, à Amsterdam, où il jeta les bases d’une église apostolique. Cette nouvelle société se composait d’une sorte de maison monastique composée uniquement de régénérés. Ils louèrent une maison spacieuse et, de là, envoyèrent des ouvriers spirituels comme missionnaires pour répandre les principes de la « nouvelle Église » dans tout le pays. En moins d’un an, ils comptaient 60 000 âmes. Ils dispensaient le sacrement selon le rite réformé et prêchaient l’Évangile dans des conventicules. Le gain le plus important pour le parti fut l’adhésion d’Anna Maria von Schürman, née à Cologne A.D. 1607 d’une famille réformée, mais établie à partir de J.-C. 1623 avec sa mère à Utrecht, célèbre pour ses réalisations inégalées dans les langues, les sciences et les arts. Quand en A.D. En 1670, le gouvernement, pressé par le synode, défendit d’assister à la prédication des Labadistes, l’accomplie et pieuse comtesse palatine Elisabeth, sœur de l’électeur palatin, et abbesse du riche cloître de Herford, dont Schürman était l’ami intime depuis quarante ans, leur donna asile dans la capitale de son petit État.
163.8. À Herford, les « Hollandais » rencontrèrent une opposition acharnée de la part du clergé luthérien, de la magistrature et de la population, et furent traités par la foule avec insulte et mépris. Eux-mêmes n’ont donné que trop d’occasions de se moquer. Lors d’une célébration sacramentelle, le vieux Labadie et Schürman, plus âgé encore, s’embrassèrent et se mirent à danser de joie. Dans ses sermons et ses écrits, Labadie expose les doctrines quiétistes de la limitation de la vie et des souffrances du Christ dans la mortification de la chair, du devoir de la prière silencieuse, de l’enfoncement de l’âme dans les profondeurs de la Divinité, de la communauté des biens, etc. Le mariage privé des trois chefs, Labadie, Yvon et Dulignon, avec des jeunes filles riches de la société, et leurs vues sur le mariage parmi les régénérés comme une institution pour élever une semence pure, exempte du péché originel et enfantée sans douleur, offensèrent particulièrement les gens. L’électeur de Brandebourg, jusque-là favorable, comme gardien du séminaire, fut obligé, sur les plaintes de la magistrature de Herford, de nommer une commission d’enquête. Labadie rédigea une défense, qui fut publiée en latin, en néerlandais et en allemand, dans laquelle il s’efforçait d’harmoniser ses vues mystiques avec les doctrines de l’Église réformée. Mais en A.D. En 1671, les magistrats obtinrent un mandat de la cour impériale de Spires, qui menaçait l’abbesse de l’interdiction si elle continuait à héberger les sectaires. En apr. J.-C. 1672 Labadie s’installe à Altona, où il meurt en 1672 . Année 1674. Ses partisans, au nombre de 160, restèrent ici sans être dérangés jusqu’à ce que la guerre entre le Danemark et la Suède éclate en J.-C. Année 1675. Ils se retirèrent ensuite au château de Waltha en Frise occidentale, propriété de trois sœurs appartenant au groupe. Schürman meurt en apr. J.-C. 1678, Dulignon en A.D. 1679, et Yvon, qui en avait maintenant la charge exclusive, fut obligé en A.D. 1688 d’abolir l’institution de la communauté des biens, après un procès de dix-huit ans, pouvant rembourser beaucoup moins que ce qu’il avait reçu. Après sa mort en A.D. En 1707, la communauté s’est peu à peu dissoute et, après que la propriété fut passée en d’autres mains, à la mort de la dernière des sœurs en A.D. En 1725, la société se disloque définitivement.
163.9. Au cours de cette époque, diverses sectes fanatiques surgirent. En Thuringe, Stiefel et son neveu Meth causèrent beaucoup de troubles au clergé luthérien au début du siècle par leur enthousiasme fanatique, jusqu’à ce qu’ils fussent convaincus, au bout de vingt ans, des erreurs de leurs voies. Drabicius, qui avait quitté les Frères de Bohême en raison de divergences de croyances, puis avait vécu en Hongrie comme tisserand dans des conditions pauvres, s’est vanté dans J.-C. 1638 d’avoir des révélations divines, prophétisa le renversement de la dynastie autrichienne en 1638 après J.-C. En 1657, l’élection du roi de France comme empereur, la chute rapide de la papauté et la conversion définitive de tous les païens, mais il fut mis à mort à Presbourg en J.-C. 1671 comme traître avec de cruelles tortures. Comenius lui-même, le noble évêque des Moraves, prit le parti des prophètes et publia ses propres prophéties et celles d’autres sous le titre de Lux in Tenebris. Jane Leade de Norfolk, influencée par les écrits de Böhme, eut des visions dans lesquelles la Sagesse divine lui apparut sous la forme d’une vierge. Elle a répandu ses révélations gnostiques dans de nombreux tracts, fondés en J.-C. 1670 la Société de Philadelphie à Londres, et mourut en A.D. 1704, à l’âge de quatre-vingt-un ans. Le plus important de ses disciples était John Pordage, prédicateur et médecin, dont la spéculation théologique ressemble beaucoup à celle de Jac. Böhme. À l’église réformée appartenait aussi Pierre Poiret de Metz, pasteur de l’église réformée . 1664 à Heidelburg [Heidelberg], puis d’une congrégation française dans le Palatin-Zweibrücken. Influencé par les écrits de Bourignon et de Guyon, il démissionna de son pastorat et accompagna le premier dans ses pérégrinations dans le nord-ouest de l’Allemagne jusqu’à sa mort en 1680. À Amsterdam, en A.D. En 1687, il écrivit son ouvrage mystique, « L’Économie Divine » en sept vol., qui expose dans la méthode Coccéienne le mysticisme et la théosophie de Bourignon. Il mourut à Rhynsburg en apr. J.-C. 1719. — De l’Église luthérienne partaient Giftheil de Wurtemberg, Breckling de Holstein et Kuhlmann, qui se mirent à dénoncer le clergé, à proclamer des opinions fanatiques et à réclamer des réformes impraticables. D’une importance beaucoup plus grande était John George Gichtel, un disciple excentrique de Jac. Böhme, qui, en A.D. En 1665, il perdit sa position d’avocat dans sa ville natale de Ratisbonne, ses biens et ses droits civils, et subit l’emprisonnement et l’exil de la ville pour ses idées fanatiques. Il mourut dans le besoin à Amsterdam en 1944. Année 1710. Il eut des révélations et des visions, combattit la doctrine de la justification, dénonça le mariage comme une fornication qui annule le mariage spirituel avec la Sophia céleste consommée dans la nouvelle naissance, etc. Ses disciples s’appelaient eux-mêmes Frères angéliques, d’après Matthieu xxii, 20, s’efforçaient d’être sans péché angélique en s’affranchissant de toutes les convoitises, de tous les travaux et de tous les soucis terrestres, se considéraient comme un sacerdoce selon l’ordre de Melchisédek [Melchisédek] pour se rendre propitiatoire à la colère divine.
163.10. Sectes russes. — Un grand nombre de sectes se sont élevées au sein de l’Église russe, qui sont toutes comprises sous le nom général de Raskolniks ou apostats. Ils se divisent en deux grandes classes par leur caractère distinctif, diamétralement opposées l’une à l’autre.
Sous le commandement du paysan Philippe Pustosiwät, un groupe de Starowerzi, appelé de leur chef les Philippines, s’enfuit pendant la persécution de J.-C. En 1700, ils quittèrent le gouvernement d’Olonez et s’établirent en Lituanie polonaise et en Prusse orientale, où ils vivent encore aujourd’hui dans des villages du district de Gumbinnen, s’adonnant à l’agriculture et observant les rites de l’ancienne église russe.
La philosophie scolastique médiévale s’était survécue, même à l’époque d’avant la Réforme ; Cependant elle a maintenu une existence prolongée à côté de ces formes nouvelles que l’esprit moderne de la philosophie se préparait. Nous entendons un écho de l’effervescence philosophique du seizième siècle dans le dominicain italien Campanella, et dans l’Anglais Bacon de Verulam, nous rencontrons le pionnier de cette philosophie moderne qui a eu son véritable fondateur dans Descartes. Spinoza, Locke et Leibnitz furent successivement les chefs de file de ce développement philosophique. À côté de cette philosophie, et tirant d’elle ses armes pour attaquer la théologie et l’Église, un certain nombre de libres-penseurs font également leur apparition. Ceux-ci, comme leurs disciples plus radicaux du siècle suivant, considéraient l’Écriture comme illusoire, et la nature et la raison comme seules sources fiables de connaissance religieuse.
164.1. Philosophie.—Campanella de Stilo en Calabre entra dans l’ordre dominicain, mais perdit bientôt le goût de la philosophie aristotélicienne et de la théologie scolastique, et se livra à l’étude de Platon, de la Kabbale, de l’astrologie, de la magie, etc. Soupçonné de tendances républicaines, le gouvernement espagnol le mit en prison en J.-C. Année 1599. Sept fois, il a été mis sur le râtelier pendant vingt-quatre heures, puis enfermé pendant vingt-sept ans dans un isolement étroit. Enfin, en A.D. En 1626, Urbain VIII le fit transférer à la prison de l’Inquisition pontificale. Il a été libéré en J.-C.En 1629, il reçut une pension papale, mais de nouvelles persécutions de la part des Espagnols l’obligèrent à se réfugier chez son protecteur Richelieu, en France, où, en 1629, il reçut une pension papale . Il mourut en 1639. Il composa quatre-vingt-deux traités, la plupart en prison, le plus complet étant la Philosophia Rationalis, en cinq volumes. Dans son « Atheismus Triumphatus », il apparaît comme un apologiste du système romain, mais si insuffisamment, que beaucoup ont dit que Atheismus Triumphans était le titre le plus approprié. Sa « Monarchia Messiæ » apparaissait aussi, même aux catholiques, comme une apologie avortée de la papauté. Dans sa Civitas Solis, imitation de la République de Platon, il s’appuyait sur les principes communistes. 1626, le grand héritier spirituel de son homonyme médiéval ( 103, 8), fut le premier réformateur réussi du plan d’étude suivi par les scolastiques. Avec la merveilleuse compréhension d’esprit d’un prophète, il organisa toute la gamme de la science et donna une prévision de son développement futur dans son « De Augmentis » et son « Novum Organon ». Il séparait rigoureusement le domaine de la connaissance, comme celui de la philosophie et de la nature, saisi seulement par l’expérience, du domaine de la foi, comme celui de la théologie et de l’Église, atteint seulement par la révélation. Pourtant, il maintenait la position : Philosophia obiter libata a Deo abducit, plene hausta ad Deum reducit. Il est le véritable auteur de l’empirisme en philosophie et des méthodes réalistes des temps modernes. Sa vie publique, cependant, est assombrie par l’ingratitude, le manque de caractère et l’acceptation de pots-de-vin. En apr. J.-C. En 1621, il fut condamné par ses pairs, privé de sa charge, condamné à la prison à vie dans la Tour, et à payer une amende de 40 000 ; mais il fut gracié par le roi.486―Le Descartes, catholique français, n’est pas parti de l’expérience, mais de la conscience de soi, avec son « Cogito, ergo sum » comme seule proposition absolument certaine. Commençant par le doute, il s’éleva par la pensée pure à la connaissance du vrai et du certain dans les choses. L’imperfection de l’âme ainsi découverte suggère un Être absolument parfait, à la perfection duquel appartient l’attribut de l’être. C’est là la preuve ontologique de l’existence de Dieu. — Sa philosophie fut reprise avec zèle par les jansénistes et les oratoriens français et par les théologiens réformés de Hollande, tandis qu’elle était farouchement combattue par des catholiques tels que Huetius et des théologiens réformés tels que Voetius.487―Spinoza, un Juif apostat en Hollande, mort après J.-C. 1677, a acquis peu d’influence sur sa propre génération par sa profonde philosophie panthéiste, qui a puissamment influencé les âges ultérieurs. Une violente controverse, cependant, a été provoquée par son « Tractatus Theologico-politicus », dans lequel il attaquait la doctrine chrétienne de la révélation et l’authenticité des livres de l’Ancien Testament, en particulier le Pentateuque, et prônait la liberté absolue de pensée.488
164.2. John Locke, mort après J.-C. 1704, avec son sensationnalisme, se situe à mi-chemin entre l’empirisme de Bacon et le rationalisme de Descartes, d’une part, et le déisme anglais et le matérialisme français, d’autre part. Son « Essai sur l’entendement humain » nie l’existence d’idées innées et cherche à montrer que toutes nos notions ne sont que des produits d’expérience extérieure ou intérieure, de sensation ou de réflexion. Dans ce traité, et plus distinctement encore dans son traité « Le caractère raisonnable du christianisme », conçu comme une apologie du christianisme, et même des visions et des miracles bibliques, ainsi que du caractère messianique du Christ, il préconisait ouvertement le pélagianisme pur qui ne connaît rien du péché et de l’expiation.489―Leibnitz, un homme d’État hanovrien, mort après J.-C. 1716, introduisit la nouvelle philosophie allemande dans sa première étape. La philosophie de Leibnitz s’oppose à la fois à la théosophie de Paracelse et de Böhme et à l’empirisme de Bacon et de Locke, au panthéisme de Spinoza, au scepticisme et au manichæisme de Bayle. Il s’agit en effet d’une philosophie chrétienne qui n’est pas pleinement développée. Mais dans la mesure où en même temps il a adopté, amélioré et mis en œuvre le rationalisme de Descartes, il a également ouvert la voie au rationalisme théologique ultérieur. Le fondement de sa philosophie est la théorie des monades élaborée dans sa Théodicée contre Bayle et dans ses Nouveaux Essais contre Locke. En opposition à la théorie atomique des matérialistes, il considérait tous les phénomènes du monde comme des excentricités de ce qu’on appelle des monades, c’est-à-dire des substances primaires simples et indivisibles, dont chacune est une miniature de l’univers entier. À partir de ces monades qui rayonnent de Dieu, la monade première, le monde est formé en une harmonie admirée une fois pour toutes de Dieu : la théorie de l’harmonie préétablie. Ce doit être le meilleur des mondes, sinon cela n’aurait pas été le cas. À l’opposé de Bayle, qui avait argumenté d’une manière manichéenne contre la bonté et la sagesse de Dieu à partir de l’existence du mal, Leibnitz cherche à montrer que cela ne contredit pas l’idée du meilleur des mondes, ni celle de la bonté et de la sagesse divines, puisque la finitude et l’imperfection appartiennent à la notion même de créature. un mal métaphysique d’où le mal moral découle inévitablement, mais pas au point de détruire l’harmonie préétablie. Contre Locke, il soutient la doctrine des idées innées, conteste la théorie de l’indéterminisme de Clarke, maintient l’accord de la philosophie avec la révélation, qui est en effet au-dessus de la raison, mais non contraire à la raison, et espère prouver son système par la démonstration mathématique.490― Suite, 171, 10.
La tendance de l’époque à rejeter tout christianisme positif s’est manifestée ouvertement en Angleterre comme le résultat final du nivellisme (162, 2). Ce mouvement a été appelé naturalisme, parce qu’il met le naturel à la place de la religion révélée, et déisme, parce qu’à la place de l’œuvre rédemptrice du Dieu trinitaire, il n’admet qu’une providence générale du Dieu unique. Pour des raisons philosophiques, les déistes anglais affirmaient l’impossibilité de la révélation, de l’inspiration, de la prophétie et du miracle, et pour des raisons critiques, ils les rejetaient de la Bible et de l’histoire. Le système religieux simple du déisme embrassait Dieu, la providence, la liberté de la volonté, la vertu et l’immortalité de l’âme. Les doctrines chrétiennes de la Trinité, du péché originel, de la satisfaction, de la justification, de la résurrection, etc., étaient considérées comme absurdes et irrationnelles. En Angleterre, le déisme s’est répandu presque exclusivement parmi les laïcs de la classe supérieure ; Le peuple et le clergé s’en tenaient fermement à leurs croyances positives. Les traités théologiques controversés étaient nombreux, mais leur force polémique fut en grande partie perdue par le latitudinarisme de leurs auteurs.
Parmi les adversaires du déisme à cette époque, les plus notables sont Richard Baxter (162, 3) et Ralph Cudworth, A.D. 1617-1688, latitudinaire et platonicien, qui cherchait à prouver les principales doctrines chrétiennes par la théorie des idées innées. Il a écrit « Système intellectuel de l’univers » en A.D. Année 1678. Le pieux savant irlandais, Robert Boyle, fondé à Londres, en A.D. 1691, une conférence de 40 par an pour huit discours contre l’incrédulité déiste et athée.491― Suite, 171, 1.
164.4. Une tendance semblable à celle des déistes anglais était représentée en Allemagne par Matthias Knutzen, qui cherchait à fonder une secte libre-penseuse. Le « Coran » chrétien ne contient que des mensonges ; la raison et la conscience sont la vraie Bible ; il n’y a pas de Dieu, ni d’enfer, ni de ciel ; les prêtres et les magistrats doivent être chassés du monde, etc. Le sénat de l’Université d’Iéna, après enquête, trouva que sa prétention à 700 partisans était une vaine vantardise. 1647-1706, fut l’apôtre d’une incrédulité légère. Bien que fils d’un pasteur réformé, les jésuites l’ont fait entrer dans l’Église romaine, mais un an et demi plus tard, il a de nouveau apostasié. Il étudia alors la philosophie cartésienne, en tant que professeur réformé à Sedan, défendit le protestantisme dans plusieurs traités controversés et, en tant que réfugié en Hollande, composa son célèbre « Dictionnaire historique et critique », dans lequel il évitait en effet de rejeter ouvertement les faits de la révélation, mais faisait beaucoup pour les déstabiliser par la facilité avec laquelle il les traitait.
Au cours de la première moitié du siècle, la hiérarchie romaine a beaucoup souffert de la part des tribunaux catholiques, tandis que dans la seconde moitié, des tempêtes se sont accumulées de toutes parts, menaçant son existence même. Le Portugal, la France, l’Espagne et l’Italie ne se reposèrent pas jusqu’à ce que le pape lui-même portât le coup mortel aux jésuites, qui avaient été ses principaux soutiens, mais qui étaient devenus ses maîtres. Peu de temps après, les évêques allemands menacèrent de s’affranchir de Rome et de libérer leur peuple, et les réformes qu’ils ne pourraient pas faire par des mesures ecclésiastiques, l’empereur entreprit de les mettre en œuvre par des mesures civiles. À peine ce danger avait-il été surmonté que les horreurs de la Révolution française éclatèrent, qui chercha, avec la papauté, à renverser aussi le christianisme. Mais, d’un autre côté, au cours des premières décennies du siècle, le catholicisme avait remporté de nombreuses victoires d’une autre manière par la contre-réforme et les conversions. Cependant, ses missions à l’étranger, commencées avec tant de promesses de succès, ont connu une triste fin, et même les missions intérieures ont disparu, malgré la fondation de divers nouveaux ordres. Au début du siècle, la controverse janséniste entra dans une nouvelle phase, l’Église catholique étant poussée dans un semi-pélagianisme ouvert, et le jansénisme dans des excès fanatiques. La théologie ecclésiastique s’enfonça très bas, et les partisans catholiques de « l’Illumination » dépassèrent de loin en nombre ceux qui s’étaient éloignés du protestantisme.
165.1. Les papes.―Clément XI, 1700-1721, protesta en vain contre l’électeur Frédéric III de Brandebourg qui prit la couronne de Frédéric Ier de Prusse, le 18 janvier de l’ère chrétienne. Année 1701. Dans les guerres de succession d’Espagne, il chercha à rester neutre, mais la force des choses l’amena à prendre une position contraire aux intérêts allemands. Le nouvel empereur d’Allemagne, Joseph Ier, apr. J.-C. De 1705 à 1711, il dédaigna de demander la confirmation du pape, et Clément fit par conséquent omettre la prière habituelle pour l’empereur dans les services religieux. Les relations devinrent encore plus tendues, en raison d’un différend au sujet du jus primarum precum, Joseph revendiquant le droit aux revenus des vacances en tant que patron. En apr. J.-C. En 1707, le pape eut la joie de voir l’armée allemande chassée, non seulement du nord de l’Italie, mais aussi de Naples par les Français. De nouveau, ils entrèrent en conflit direct au sujet de Parme et de Plaisance, Clément les revendiquant comme un pape, l’empereur les revendiquant comme un fief impérial. Aucun pape depuis l’époque de Louis de Bavière n’avait prononcé l’interdiction contre un empereur allemand, et Clément n’osait pas le faire maintenant. Refusant l’invitation de Louis XIV. pour aller à Avignon, il était obligé, ou d’accorder sans condition les prétentions allemandes, ou de tenter la fortune de la guerre. Il a choisi cette dernière option. Les misérables troupes papales, cependant, furent facilement mises en déroute, et Clément fut obligé, en A.D. 1708, de reconnaître le frère de l’empereur, le grand-duc Charles, comme roi d’Espagne, et de céder d’une manière générale aux exigences très modérées de Joseph. Clément est l’auteur de la constitution Unigenitus, qui introduit la deuxième étape de l’histoire du jansénisme. Après le court et paisible pontificat d’Innocent XIII. J.-C. 1721-1724, vint Benoît XIII, A.D. 1724-1730, un homme pieux, bien intentionné, à l’esprit étroit, gouverné par un favori sans valeur, le cardinal Coscia. Il voulut canoniser Grégoire VII, dans l’espoir d’obtenir ainsi une nouvelle faveur à ses vues hiérarchiques, mais presque toutes les cours s’y opposèrent. D’autant plus grand fut le nombre de saints moines dont il enrichit le firmament céleste. Il promit à tous ceux qui, sur leur lit de mort, diraient : « Béni soit Jésus-Christ », un abrégé de 2 000 ans des douleurs du purgatoire. Son successeur Clément XII, apr. J.-C. De 1730 à 1740, il priva le malheureux Coscia de ses charges, lui fit restituer ses vols, lui imposa une sévère amende et dix ans de prison, mais abandonna ensuite la direction de tout à un neveu cupide et cupide. Il fut le premier pape à condamner la franc-maçonnerie, après J.-C. Année 1736. Benoît XIV, apr. J.-C. 1740-1758, l’un des papes les plus nobles, les plus pieux, les plus savants et les plus libéraux, zélé pour la foi de son Église, et pourtant patient avec ceux qui différaient, modéré et sage dans sa conduite politique, doux et juste dans son gouvernement, irréprochable dans la vie. Il avait une aversion particulière pour les Jésuites ( 156, 12), Et il déclara en plaisantant que si, comme l’affirment les curialistes, « toute loi et toute vérité » se trouvaient cachées dans le sanctuaire de sa poitrine, il n’avait pas pu trouver la clef. Il écrivit beaucoup sur la théologie et le droit canonique, fonda des séminaires pour la formation du clergé, fit traduire en italien de nombreux ouvrages français et anglais et fut un mécène libéral de l’art. Pour réprimer les excès populaires, il essaya de réduire le nombre des fêtes, mais sans succès. — Suite, aux paragraphes 165, 9, 10, 13.
165.2. Anciens et nouveaux ordres. — Parmi les anciens ordres, celui de Clugny avait amassé d’énormes richesses, et les tentatives de réforme de ses abbés n’aboutirent qu’à des querelles et à des divisions sans fin. Les abbés dilapidèrent alors les revenus de leurs cloîtres à la cour, et l’on laissa ces institutions tomber dans le désordre et la décadence. Quand, en apr. J.-C. En 1790, tous les cloîtres de France furent supprimés, la ville de Clugny acheta le cloître et l’église pour 4,000 livres, et les fit démolir tous les deux.
165.3. Missions étrangères.―Dans la controverse sur l’accommodement ( 156, 12), les Dominicains l’emportèrent en apr. J.-C. Mais l’abolition des coutumes indigènes amena en Chine une persécution acharnée, dont on ne sauva que quelques restes de l’Église. Le jésuite italien Beschi, doué de talents linguistiques de premier ordre, chercha en Inde à utiliser la littérature indigène à des fins missionnaires et à y placer une littérature chrétienne. Ici, les capucins s’opposèrent aux jésuites avec autant de succès que les dominicains l’avaient fait en Chine. Ces luttes et ces persécutions détruisirent les missions. — L’État jésuite du Paraguay (156, 10) a pris fin en J.-C. 1750 par un pacte entre le Portugal et l’Espagne. La révolte des Indiens qui s’ensuivit, inspirée et dirigée par les Jésuites, et qui tint à distance les puissances combinées pendant une année entière, fut enfin réprimée, et les Jésuites expulsèrent le pays en J.-C. 1758. — Suite 186, 7.
165.4. La Contre-Réforme ( 153, 2).― Charles XII. de Suède, en A.D. En 1707, l’empereur Joseph Ier fut contraint d’accorder aux protestants de Silésie les bienfaits de la paix westphalienne et de restaurer leurs églises. Mais en Pologne, en A.D.En 1717, les protestants perdirent le droit de construire de nouvelles églises, et en 1717. 1733 furent déclarés inéligibles aux fonctions civiles et aux places à la Diète. Dans la ville protestante de Thorn, l’insolence des jésuites suscita une rébellion qui conduisit à un terrible massacre en J.-C. Année 1724. Les dissidents ont cherché et obtenu la protection en Russie contre A.D. 1767, et le partage de la Pologne entre la Russie, l’Autriche et la Prusse en 1767. 1772 leur assura la tolérance religieuse. À Salzbourg, l’archevêque, le comte Firmian, tenta en A.D. 1729 Conversion forcée des évangéliques, qui, avec des intervalles de persécution au XVIIe siècle, avaient été tolérés pendant quarante ans comme des citoyens tranquilles et inoffensifs. Mais en A.D. En 1731, leurs aînés jurèrent sur l’hostie et consacrèrent le sel (2 Chron. xiii. 5) d’être fidèles à leur foi. Cette « alliance de sel » fut interprétée comme une rébellion, et malgré l’intervention des princes protestants, de tous les évangéliques, dans le rude hiver de l’an J.-C. 1731, 1732, ont été chassés, avec une cruauté inhumaine, du foyer et de la maison. Environ 20 000 d’entre eux ont trouvé refuge en Lituanie prussienne ; d’autres ont émigré en Amérique. Le pape fit l’éloge du « noble » archevêque, qui ne se distinguait par ailleurs que comme chasseur et buveur, et par le maintien d’une maîtresse dans la splendeur princière.
165.5. En France, la persécution des huguenots continua ( 153, 4). Les « pasteurs du désert » ont accompli leurs devoirs au péril de leur vie, et bien que beaucoup soient tombés en martyrs, leurs places ont rapidement été remplies par d’autres tout aussi héroïques. Le premier rang appartient à Anton Court, pasteur à Nismes depuis J.-C. En 1715, il meurt à Lausanne . 1760, où il avait fondé un séminaire théologique. Il travailla sans relâche et avec succès à rassembler et à organiser les membres dispersés de l’Église réformée, et à vaincre le fanatisme en leur donnant une bonne instruction. Paul Rabaut, son successeur à Nismes, était de J .-C. De 1730 à 1785, il fut le chef fidèle et compétent de l’Église martyre. L’assassinat judiciaire de Jean Calas à Toulouse en A.D. L’année 1762 présente un exemple hideux du fanatisme de la France catholique. Un de ses fils s’était pendu dans un accès de passion. Lorsque le bruit se répandit qu’il s’agissait de l’acte de son père, afin d’empêcher la conversion envisagée de son fils, les dominicains canonisèrent le suicide comme martyr de la foi catholique, soulevèrent la foule et obtinrent du parlement de Toulouse qu’il soumette le malheureux père au supplice de la roue. Les autres fils furent forcés d’abjurer leur foi, et les filles furent enfermées dans des cloîtres. Deux ans plus tard, Voltaire attira l’attention sur l’atrocité, et frappa tellement l’opinion publique que lors de la révision des procédures par le parlement parisien, l’innocence de la famille maltraitée fut clairement prouvée. Louis XV. leur paya une somme de 30,000 livres ; mais les accusateurs fanatiques, les faux témoins et les juges corrompus restèrent impunis. Cet incident améliora la position des protestants et, en apr. J.-C. En 1787, Louis XVI promulgua l’édit de Versailles, par lequel non seulement la liberté religieuse complète, mais même une existence civile légale leur étaient assurées, ce qui fut confirmé par une loi de Napoléon en A.D. Année 1802.
165.6. Conversions.—Les intérêts pécuniaires et la perspective d’un mariage avec une riche héritière ont conduit à la conversion, en J.-C. 1712, de Charles-Alexandre, alors qu’il était au service de l’Autriche ; mais lorsqu’il devint duc de Wurtemberg, il s’engagea solennellement à garder les choses telles qu’elles étaient, et à n’établir aucun service catholique dans le pays, sauf dans la chapelle de sa cour. Parmi les autres convertis, Winckelmann et Stolberg sont les plus célèbres. Tandis que Winckelmann, le plus grand des critiques d’art, non pas un religieux mais un artiste ultramontain, a été dirigé en A.D. En 1754, par l’indifférence religieuse à l’égard de l’Église romaine, le cœur chaleureux de Von Stolberg fut induit, principalement par la princesse catholique Gallitzin (172, 2) et une émigrante française, Mme Montague, pour échapper au froid du rationalisme au milieu des vapeurs d’encens des offices catholiques. — Suite, 175, 7.
165.7. Le second stade du jansénisme ( 157, 5).―Pasquier Quesnel, curé de l’Oratoire de Paris, soupçonné en 1675 de gallicanisme, à cause des notes de son édition des œuvres de Léon le Grand, s’enfuit aux Pays-Bas, où il continua ses notes sur le N.T. Utilisé et recommandé par Noailles, archevêque de Paris, et d’autres évêques français, ce livre « janséniste » fut haï par les Jésuites et condamné par un bref de Clément XI. en apr. J.-C. Année 1708. Le jésuite confesseur de Louis XIV, Le Tellier, choisit dans le livre 101 propositions, et engagea le roi à les condamner expressément par le pape. Dans la Constitution Unigenitus de l’A.D. En 1713, Clément les déclara hérétiques, et le roi exigea l’expulsion du parlement et de l’église de tous ceux qui refuseraient d’adopter cette bulle, ce qui provoqua une division de l’église française en acceptants et en appelants. Comme beaucoup de propositions condamnées ont été citées littéralement par Quesnel d’après Augustin et d’autres Pères, ou étaient en accord exact avec des passages bibliques, Noailles et son groupe ont demandé une explication. Au lieu de cela, le pape les a menacés d’excommunication. En apr. J.-C.En 1715, le roi mourut, et sous la régence du duc d’Orléans en 1715 . En 1717, quatre évêques, avec un appel solennel à un concile général, renoncèrent à la constitution pontificale comme inconciliable avec la foi catholique. Ils furent bientôt rejoints par la Sorbonne et les universités de Reims et de Nantes, Mgr Noailles et plus de vingt évêques, toutes les congrégations de Saint-Maur et des Oratoriens avec un grand nombre de clercs séculiers et de moines, surtout des Lazaristes, des Dominicains, des Cisterciens et des Camaldulensiens. Le pape, après les avoir vainement appelés à obéir, tonna l’interdiction contre les appelants en A.D. Année 1718. Mais le parlement s’en occupa, et bientôt l’aspect des choses fut complètement changé. Le favori du régent, Dubois, espérant obtenir un chapeau de cardinal, prit le parti des acceptants et emmena le duc avec lui, qui obtint du parlement en 1720 qu’il reconnaisse la bulle, avec une réserve expresse toutefois des libertés gallicanes, et commença une persécution contre les appelants. Sous Louis XV. la persécution devint plus sévère, bien qu’elle fût modérée à bien des égards par l’influence de son ancien précepteur, le cardinal Fleury. Noailles, qui mourut en 1729, fut obligé en 1728 de se soumettre sans condition, et en A.D. 1730 Le parlement ratifie formellement la bulle. Au milieu d’une oppression chaque jour croissante, beaucoup des jansénistes les plus fidèles, pour la plupart des ordres de Saint-Maur et de l’Oratoire, s’enfuirent aux Pays-Bas, où ils cédèrent de plus en plus au fanatisme. En 1727, un jeune prêtre janséniste, François de Paris, mourut avec le texte original de l’appel entre les mains. Ses adhérents l’honoraient comme un saint, et de nombreux rapports de miracles, qui avaient été accomplis sur sa tombe dans le cimetière de l’église Medardus à Paris, en faisaient un lieu de pèlerinage quotidien pour des milliers de fanatiques. Les enthousiastes excités, qui tombaient dans des convulsions et prononçaient des prophéties sur le renversement de l’Église et de l’État, se multiplièrent et, avec cette puissance hypnotique que le fanatisme a possédée à toutes les époques, influencèrent puissamment beaucoup de ceux qui avaient été auparavant négligents et profanes. L’un d’eux était membre du Le parlement De Montgeron, qui, d’un moqueur frivole, tomba tout à coup, en 1732, dans de violentes convulsions, et dans un ouvrage en trois volumes, « La Vérité des Miracles opérés par l’Intercession de François de Paris », 1737, se présenta comme un apologiste zélé du parti. Le gouvernement, en effet, en 1732, ordonna la fermeture du cimetière, mais des portions de terre provenant de la tombe du saint continuèrent à provoquer des convulsions et des miracles. Des milliers de convulsionnistes dans toute la France furent jetés en prison, et en 1752, l’archevêque Beaumont de Paris, avec beaucoup d’autres évêques, refusa le dernier sacrement à ceux qui ne pouvaient pas prouver qu’ils avaient accepté la constitution. Le tombeau de saint François, cependant, était le tombeau du jansénisme, car l’excès fanatique contient les germes de la dissolution et chaque manifestation de celui-ci hâte la catastrophe. Cependant les restes du parti subsistèrent en France jusqu’à l’éclatement de la Révolution, qu’ils avaient prophétisée.
165.8. L’Église vieille-catholique aux Pays-Bas. — Les premiers jésuites parurent en Hollande en J.-C. Année 1592. La forme de piété encouragée par le clergé supérieur et inférieur dans l’église catholique, héritage de l’époque des Frères de la Vie Commune ( 112, 9), était orientée vers l’approfondissement de la pensée et du sentiment chrétiens ; et cela, ainsi que l’attitude libérale de l’archevêque d’Utrecht, suscita l’opposition acharnée des jésuites. À la tête du clergé local se trouvait Sasbold Vosmeer, vicaire général du siège archiépiscopal vacant d’Utrecht. Il s’employa avec la plus grande énergie à déjouer les machinations des jésuites, qui visaient à abolir le siège d’Utrecht et à placer l’Église de Hollande sous la juridiction du nonce apostolique à Cologne. Sur la base de soupçons de conspiration secrète, Vosmeer fut banni. Mais ses successeurs refusèrent d’être renversés ou écartés par les jésuites. Pendant ce temps, en France, la première étape de la controverse janséniste avait été franchie. Les autorités hollandaises avaient accueilli avec enthousiasme le livre condamné de leur pieux et savant compatriote ; mais quand les cinq propositions furent dénoncées, ils s’accordèrent à les répudier, sans toutefois admettre qu’elles eussent été enseignées dans le sens que Jansen objectait. Les Jésuites, par conséquent, les accusèrent de l’hérésie janséniste, et publièrent en A.D. 1697 un pamphlet anonyme plein d’insinuations mensongères sur l’origine et les progrès du jansénisme en Hollande. Son origine remonte à une visite d’Arnauld en Hollande en J.-C. 1681, et ses effets se sont manifestés dans la circulation de livres de prières, de tracts et de sermons, exhortant à la lecture assidue de l’Écriture, dans la dépréciation du culte de Marie, des indulgences, des images de saints et des reliques, des chapelets et des scapulaires (186, 2), processions et fraternités, dans la rigueur rigoriste du confessionnal, l’usage de la langue commune du pays dans le baptême, le mariage, l’extrême-onction, etc. L’archevêque de l’époque, Pierre Codde, pour l’isoler, fut attiré à Rome, et là flatté par d’hypocrites prétentions de bonne volonté, tandis que derrière son dos se faisait sa déposition, et qu’un vicaire apostolique était nommé pour Utrecht en la personne de son ennemi mortel Théodore de Cock. Mais le chapitre lui refusa d’obéir, et les États de Hollande lui interdirent d’exercer aucune fonction officielle, et, sous la menace du bannissement de tous les jésuites, exigeaient le retour immédiat de l’archevêque. Codde fut alors envoyé avec la bénédiction papale, mais un décret formel de déposition le suivit. Pendant ce temps, le gouvernement prononçait contre son rival De Cock, qui évita un procès pour haute trahison par la fuite, une sentence d’exil perpétuel. Mais Codde, bien que constamment reconnu par son chapitre comme l’archevêque légitime, s’abstint, pour des raisons de conscience, de s’acquitter de ses fonctions officielles jusqu’à sa mort en Jésus-Christ. Année 1710. Au milieu de ces conflits, le siège d’Utrecht resta vacant pendant treize ans. Le troupeau n’avait pas de pasteur en chef, le clergé inférieur était sans direction et sans soutien, le peuple était harcelé par des émissaires jésuites, et les pastorats vacants étaient remplis par le nonce de Cologne. C’est ainsi que sur les 300 000 catholiques qui restèrent après la Réforme, quelques milliers seulement restèrent fidèles au parti national, tandis que le reste sont devenus des ultramontains amers et extrêmes, comme l’est encore l’église catholique de Hollande. Enfin, en A.D. En 1723, le chapitre d’Utrecht prend courage et choisit un nouvel archevêque en la personne de Cornelius Steenowen. Ne recevant pas de réponse à leur demande de confirmation papale, le chapitre, après avoir attendu un an et demi, le fit consacrer, ainsi que ses trois successeurs, par un évêque missionnaire français, Varlet, qui avait été chassé par les jésuites. Mais afin d’éviter la menace de perdre la consécration légitime pour les futurs évêques après la mort de Varlet en A.D.En 1742, un évêque élu à Utrecht fut ordonné la même année au chapitre de Haarlem, et en 1742. En 1758, l’évêché de Deventer, nouvellement fondé, fut ainsi approvisionné. Toutes ces élections, comme toutes les élections subséquentes, furent dûment rapportées à Rome, et une confession strictement catholique des électeurs et des élus fut envoyée ; mais chaque fois, au lieu d’une confirmation, on tonnait une interdiction épouvantable. Cela n’empêcha pas le gouvernement hollandais de reconnaître formellement les élections. — Pendant ce temps, le second et dernier acte de la tragédie janséniste s’était joué en France. Un grand nombre des appelants persécutés se réfugièrent en Hollande, et l’accueil qui leur fut réservé sembla justifier le soupçon longtemps caressé à l’égard de la population d’Utrecht à l’égard du jansénisme. Ils repoussèrent cependant ces accusations en condamnant les cinq propositions et les hérésies du livre de Quesnel ; mais ils refusèrent expressément la bulle d’Alexandre VII. et sa doctrine de l’infaillibilité papale. Cela a mis un terme à toutes les tentatives de réconciliation. Pendant ce temps, l’église d’Utrecht prospérait. Lors d’un concile tenu à Utrecht en A.D. En 1765, elle s’intitula « l’Église vieille-catholique romaine des Pays-Bas », reconnut le pape, bien que sous son anathème, comme le chef visible de l’Église chrétienne, accepta les décrets tridentins comme leur credo, et les envoya avec tous les actes du concile à Rome comme preuve de leur orthodoxie. Les Jésuites firent tout ce qui était en leur pouvoir pour renverser l’impression formidable que cela y produisit d’abord ; Et ils ont réussi. Clément XIII. déclara le concile nul, et ceux qui y prirent part endurcirent les fils de Bélial. Mais leur église contient aujourd’hui, sous la direction d’un archevêque et de deux évêques, vingt-six congrégations, au nombre de 6 000 âmes.494― Suite, 200, 3.
165.9. Suppression de l’Ordre des Jésuites, A.D. Les Jésuites avaient lutté avec un ardeur et un succès croissants vers le pouvoir mondain, et au lieu d’un dévouement absolu aux intérêts de la papauté, leur but principal était maintenant l’érection d’une domination politique et hiérarchique indépendante. Leur amour de la domination avait été freiné pour la première fois par le renversement de l’État jésuite du Paraguay ; mais ils s’étaient emparés d’une grande partie du commerce mondial ( 156, 13), et s’efforça avec succès de contrôler la politique européenne. La controverse janséniste, cependant, avait suscité contre eux beaucoup d’opprobre populaire ; Pascal les avait rendus ridicules à tous les hommes cultivés, les autres ordres monastiques leur étaient hostiles, leurs succès dans le commerce excitaient la jalousie des autres commerçants, et leur ingérence dans la politique se faisait des ennemis de toutes parts. Le gouvernement portugais a pris la première décision. Une révolte au Paraguay et une tentative d’assassinat du roi leur furent attribuées, et le ministre Pombal, dont ils s’étaient opposés aux réformes, les fit bannir du Portugal en Jésus-Christ. 1759, et leurs biens confisqués. Clément XIII, apr. J.-C. 1758-1769, choisi par les jésuites et sous leur influence, les protégea par une bulle ; mais le Portugal refusa de laisser la bulle être proclamée, conduisit le nonce apostolique au-delà de la frontière, rompit toutes les relations avec Rome et envoya des cargaisons entières de jésuites au pape. La France suivit l’exemple du Portugal lorsque le général Ricci avait répondu à la demande du roi d’une réforme de ses ordres : Sint ut sunt, aut non sint. Pour l’énorme échec financier du jésuite La Valette, l’ordre tout entier a été rendu responsable, et finalement, en J.-C. 1764, banni de France comme dangereux pour l’État. L’Espagne, Naples et Parme s’emparèrent bientôt de tous les jésuites et les transportèrent au-delà des frontières. La nouvelle élection pontificale à la mort de Clément XIII. était une question de vie ou de mort chez les jésuites, mais les influences de la cour et les craintes d’un schisme l’emportaient. Le pieux et libéral Minorite Ganganelli monta sur le trône pontifical sous le nom de Clément XIV . 1769-1774. Il commença par de radicales réformes administratives, interdit la lecture de la bulle In cœna Domini (117, 3), et, pressé par la cour des Bourbons, publié en A.D. 1773 la bulle Dominus ac Redemtor Noster supprimant l’ordre des Jésuites. L’ordre comptait 22 600 membres et le pape sentait, en accordant la bulle, qu’il mettait sa propre vie en danger. L’année suivante, il mourut, non sans suspicion d’empoisonnement. Tous les tribunaux catholiques, même l’Autriche, ont mis le décret en vigueur. Mais l’hérétique Frédéric II. toléré longtemps l’ordre en Silésie, et Catherine II. et Paul Ier. dans leurs provinces polonaises. — Pie VI, ap. J.-C. 1775-1799, à bien des égards l’antithèse de son prédécesseur, fut l’ami secret des ex-jésuites exilés et emprisonnés. Après le déclenchement de la Révolution française, une proposition fut faite à Rome, en J.-C. 1792, pour la restauration formelle de l’ordre, comme moyen de sauver l’église gravement menacée, mais il n’a pas trouvé d’encouragement suffisant.
165.10. Mouvements anti-hiérarchiques en Allemagne et en Italie. — Avant même que Joseph II pût mener à bien ses réformes dans la politique ecclésiastique, le noble électeur Maximilien-Joseph III, après J.-C. De 1745 à 1777, avec plus de modération mais un succès complet, il effectua une réforme similaire dans la Bavière envahie par les Jésuites. Lui-même catholique strict, il affirmait la suprématie de l’État sur une hiérarchie étrangère et, en réformant les églises, les cloîtres et les écoles de son pays, il cherchait à améliorer leur position. Mais sous son successeur, Charles Théodore, A.D. De 1777 à 1799, tout fut remis dans son ancien état. — Pendant ce temps, une voix puissante s’éleva du milieu des prélats allemands pour porter un coup direct au système hiérarchique pontifical. Nicolas von Hontheim, évêque suffragant de Trèves, avait publié, sous le nom de Justinus Febronius, en A.D. 1763, un traité De Statu Ecclesiæ, dans lequel il maintient l’autorité suprême des conciles généraux et l’indépendance des évêques en opposition aux prétentions hiérarchiques des papes. Il fut bientôt traduit en allemand, français, espagnol, portugais et italien. Le livre fit une grande impression, et Clément XIII. ne pouvait rien faire contre l’audacieux défenseur des libertés de l’Église. En apr. J.-C. En 1778, en effet, Pie VI eut la pauvre satisfaction d’extorquer une rétractation au vieillard de soixante-dix-sept ans, mais il vécut assez longtemps pour voir des tempêtes encore plus meurtrières éclater sur l’Église. Exhorté par le pape Charles-Théodore, électeur de Bavière, en A.D. En 1785, il avait fait de Munich la résidence d’un nonce. Les électeurs épiscopaux de Mayence, de Cologne et de Trèves, ainsi que l’archevêque de Salzbourg, voyant leurs droits archiépiscopaux en danger, se réunirent en congrès à Ems en l’an de J.-C. 1786, et là, sur la base des preuves fébroniennes, revendiqué, dans la soi-disant ponctuation d’Ems, l’indépendance pratique du pape et la restauration d’une Église nationale catholique allemande indépendante. Mais les évêques allemands trouvaient plus facile d’obéir au pape éloigné qu’aux archevêques proches. Ils joignirent donc leur opposition à celle du pape, et l’entreprise des archevêques n’aboutit à rien. — Plus menaçant encore pour l’existence de la hiérarchie fut le règne de Joseph II. en Autriche. Empereur allemand à partir de J.-C. En 1765, et co-régent avec sa mère Marie-Thérèse, il commença, dès sa succession, à régner seul en A.D. 1780, une réforme radicale de l’ensemble des institutions ecclésiastiques dans l’ensemble de ses possessions héréditaires. En apr. J.-C. En 1781, il publia son édit de tolérance, par lequel, sous diverses restrictions, les protestants obtinrent les droits civils et la liberté de culte. Les lieux de culte protestants ne devaient pas avoir de cloches ni de tours, devaient payer des redevances aux prêtres catholiques, dans les mariages mixtes, le père catholique avait le droit d’éduquer tous ses enfants et la mère catholique pouvait réclamer l’éducation au moins de ses filles. En arrêtant toutes les communications épiscopales avec la curie papale, et en plaçant toutes les bulles papales et les édits ecclésiastiques sous un contrôle civil strict, l’Église catholique s’est émancipée des influences romaines, placée sous l’autorité d’un clergé indigène et rendue utile dans le domaine moral. et l’éducation religieuse du peuple, et toutes ses institutions qui ne servaient pas à cette fin ont été abolies. Sur les 2 000 cloîtres, 606 succombèrent devant ce décret, et ceux qui restèrent furent complètement séparés de toute relation avec Rome. C’est en vain que les évêques et Pie VI. Protesté. Le pape s’est même rendu à Vienne en 1919. 1782 ; mais, quoique reçu avec beaucoup d’égards, il ne put rien faire de l’empereur. La procédure de Joseph avait été quelque peu hâtive et inconsidérée, et une réaction s’était installée, menée par les parties intéressées, à la mort prématurée de l’empereur en J.-C. 1790. — Le grand-duc Léopold de Toscane, frère de Joseph, avec l’aide du pieux évêque Scipion von Ricci, enclin au jansénisme, chercha aussi de la même manière à réformer l’église de son pays au synode de Pistoia, en A.D. Année 1786. Mais là aussi, la hiérarchie finit par l’emporter.
165.11. Littérature théologique. — La révocation de l’édit de Nantes, A.D. 1685, a donné le coup de grâce à la théologie réformée française, mais elle a également privé la théologie catholique en France de son aiguillon et de son élan. La polémique huguenote contre la papauté, et celle du jansénisme contre le semi-pélagianisme de l’Église catholique, furent réduites au silence ; Mais maintenant, le naturalisme, l’athéisme et le matérialisme les plus enragés tenaient le terrain, et la théologie de l’Église était si léthargique qu’elle ne pouvait tenter aucune opposition sérieuse. Pourtant, même ici, certains noms méritent d’être enregistrés. C’est surtout Bernard de Montfaucon de Saint-Maur, le plus habile antiquaire de France, qui, outre ses œuvres classiques, publia d’admirables éditions d’Athanase, de Chrysostome, de l’Hexapla d’Origène et de la Collectio Nova Patrum. E. Renaudot, savant spécialiste des langues orientales, écrivit plusieurs ouvrages pour justifier la Perpétuité de la Foi cath., une histoire des patriarches jacobites d’Alexandrie, etc., et compila une Collectio liturgiarum Oriental, en deux volumes. La « Bibliotheca Sacra » de l’oratorien Le Long, qui forme un admirable appareil littéraire et historique pour la Bible, est d’une valeur permanente. Le savant jésuite Hardouin, qui déclara que tous les classiques grecs et latins, à quelques exceptions près, étaient des produits monastiques du XIIIe siècle, et nia l’existence de tous les conciles généraux pré-tridentins, édita un recueil minutieux d’Actes des conciles en douze vol. in-folio à Paris, 1715, et compila une chronologie élaborée de l’Ancien Testament. Son élève, le jésuite Berruyer, écrivit une « Hist. du Peuple de Dieu » romanesque qui, bien que très critiquée, fut largement lue. Incomparablement plus important était le bénédictin Calmet, mort après J.-C. 1757, dont le « Dictionnaire de la Bible » et le « Commentaire Littéral et Critique » sur l’ensemble de la Bible sont vraiment très honorables pour leur temps. Enfin, le professeur de médecine parisien, Jean Astruc, mérite d’être nommé comme le fondateur de la critique moderne du Pentateuque, dont les Conjectures sur les Mémoires Originaux, etc., parurent à Bruxelles . 1753. — Dans les limites de la Révolution française, le noble théosophe saint Martin, mort après J.-C. En 1805, un fervent admirateur de Böhme, écrivit ses brillants et profonds traités.
165.12. En Italie, les contributions les plus importantes ont été dans le domaine de l’histoire. Mansi, dans son recueil d’Actes de conciles en trente et un vol. in-folio, A.D. 1759 et suiv., et Muratori, dans ses « Scriptores Rer. Italique, en vingt-huit vol., et Antiquitt. Ital. Med. Ævi, en six vol., témoignent d’une brillante érudition et d’une admirable impartialité. Ugolino, dans un ouvrage gigantesque, « Thesaurus Antiquitt. ss. », trente-quatre vol. in-folio, A. D. 1744 et suiv., rassemble tout ce qu’il y a de plus important pour l’archéologie biblique. Les trois Assemani, l’oncle et les deux neveux, maronites cultivés à Rome, ont travaillé dans le domaine jusqu’alors inconnu de la littérature et de l’histoire syriennes. L’oncle, Joseph Simon, bibliothécaire au Vatican, a écrit « Bibliotheca Orientalis », en quatre vol. 1719 et suiv., et édita les œuvres d’Éphrem [d’Éphraïm] en six vol. Le neveu aîné, Étienne Evodius, édita les « Acta ss. Martyrum Orient. et Occid., en deux vol., et le plus jeune, Joseph Aloysius, un Codex Liturgicus Eccles. Univ., en treize vol. Parmi les ouvrages dogmatiques, la Theologia hist.-dogm.-scholastica, en huit vol. in-folio, Rome, 1739, de l’augustin Berti mérite d’être mentionnée. Zaccaria de Venise, en une trentaine de volumes, s’est révélé un adversaire infatigable du fébronianisme, du joséphinisme et d’autres mouvements semblables, et un éditeur soigneux d’œuvres catholiques plus anciennes. L’Augustin Florez, mort après J.-C. En 1773, il fit pour l’Espagne ce que Muratori avait fait pour l’Italie en faisant des recueils d’écrivains anciens, qui, avec les continuations des frères de son ordre, s’étendirent à cinquante volumes in-folio. De ses soixante-dix traités, le plus complet est la Theologia Eclectica, Moralis et Scholastica, en quatre vol. in-folio, A.D. Année 1752. Il mena une polémique conciliante contre les protestants, contesta le mysticisme de Maria von Agreda (156, 5), et vigoureusement contesté la superstition, les miraculeux et toutes sortes d’extravagances monacales. Jusqu’à l’époque de Joseph II. C’est au surnaturaliste libéral et latitudinaire Jahn de Vienne, dont l’Introduction à l’Ancien Testament et les Antiquités bibliques ont beaucoup contribué à élever le niveau de l’érudition biblique. À cause de son anticléricalisme, il fut privé de son poste de professeur en A.D. 1805, et mourut en A.D. 1816 chanoine à Vienne. C’est aussi à ce siècle qu’appartiennent les travaux littéraires grandement bénis du mystique accompli Sailer, qui commença à Ingolstadt en an J.-C. 1777, et continua à Dillingen à partir de J.-C. Année 1784. Privé en A.D. En 1794, il fut nommé professeur sous prétexte qu’il favorisait les Illuminati, ce n’est qu’après J.-C. En 1799, il fut autorisé à reprendre ses travaux universitaires à Ingolstadt et à Landshut. Par de nombreux traités théologiques, ascétiques et philosophiques, mais beaucoup plus puissamment par ses conférences et ses relations personnelles, il a semé les graines du rationalisme, qui ont porté du fruit dans l’enseignement de nombreuses universités catholiques, et ont produit dans le cœur de nombreux élèves un catholicisme chaleureux et profond, et en même temps doux et conciliant, qui a chaleureusement salué : même chez les protestants pieux, les fondements d’une foi et d’une vie communes. Comparez 187, 1. — Suite, 191.
165.13. La contribution germano-catholique à l’Illumination. — L’Église catholique d’Allemagne fut également emportée par le courant de « l’Illumination » qui, depuis le milieu du siècle, avait envahi l’Allemagne protestante. Tandis que les exorcismes et les guérisons du père Gassner à Ratisbonne assuraient au catholicisme des triomphes signalés, bien qu’ils fussent d’un genre si douteux que les évêques, l’empereur et enfin même la curie jugèrent nécessaire de freiner la marche du faiseur de miracles, Weishaupt, professeur de droit canonique à Ingolstadt, fonda en A.D. En 1776, la société secrète des Illuminati, qui répandit ses idées déistes de culture et de perfectibilité humaine à travers l’Allemagne catholique du Sud. Bien qu’animé d’une haine mortelle contre les jésuites, Weishaupt imita leurs méthodes, et excita ainsi les soupçons du gouvernement bavarois, qui, en an J.-C. En 1785, il supprima l’ordre, emprisonna et bannit ses dirigeants. — La théologie catholique fut elle aussi affectée par le mouvement rationaliste. Mais le fait que le pouvoir de malédiction de l’Église ait survécu a été prouvé dans le cas du professeur de Mayence, Laurence Isenbiehl, qui a appliqué le passage sur Emmanuel, dans Ésaïe VII. 14, non pas à la mère du Christ, mais à la femme du prophète, pour laquelle il a été déposé en J.-C. En 1774, il fut renvoyé au séminaire pour deux ans à cause de ses connaissances défectueuses en théologie. Quand en A.D. En 1778, il publia un savant traité sur le même thème, il fut mis en prison. Le pape condamna lui aussi son exposé comme pestilentiel, et Isenbiehl « en bon catholique » se rétracta. Steinbühler, jeune juriste de Salzbourg, ayant été condamné à mort en A.D. En 1781, pour quelques paroles méprisantes sur les cérémonies catholiques, il fut gracié, mais mourut peu après des mauvais traitements qu’il avait reçus. Le mouvement rationaliste s’empara de plus en plus des universités catholiques. À Mayence, le docteur Blau, professeur de dogmatique, promulgua impunément la doctrine selon laquelle, au cours des siècles, l’Église a souvent commis des erreurs. Dans les universités autrichiennes, sous la protection de l’édit de Joséphine, toute une série de théologiens catholiques se sont aventurés à faire des critiques cyniquement libres, en particulier dans le domaine de l’histoire de l’Église. À l’Université de Bonn, fondée en A.D. En 1786, par l’électeur-archevêque de Cologne, il y eut des professeurs comme Hedderich, qui se décrivit lui-même sur la page de titre d’une dissertation comme « jam quarter Romæ damnatus », Dereser, ancien moine carmélite, qui suivit Eichhorn dans son exposé des miracles bibliques, et Eulogius Schneider, qui, après avoir rendu Bonn trop chaude pour lui par sa témérité théologique et poétique, se jeta dans la Révolution française, marcha pendant deux ans à travers l’Alsace avec la guillotine comme l’un des monstres les plus redoutés, et enfin, en J.-C. Dans les universités autrichiennes, sous la protection de la législation tolérante de Joséphine, toute une série de théologiens catholiques, Royko, Wolff, Dannenmayr, Michl, etc., critiquèrent, souvent avec une franchise cynique, les procédés et l’état de l’Église catholique. C’est aussi à cette classe, dans la première phase de sa carrière remarquablement changeante et mouvementée, qu’appartient l’Ign. FesslEr. À partir de 1773, capucin dans divers cloîtres, le dernier à Vienne, il s’attira la haine acharnée de son ordre en faisant des rapports secrets à l’empereur sur ce qui se passait dans ces couvents. Il échappa à leur inimitié en le nommant, en 1784, professeur de langues orientales et d’Ancien Testament à Lemberg, mais fut démis de ses fonctions en 1787 à cause de diverses accusations portées contre sa vie, son enseignement et ses écrits poétiques. En Silésie, en 1791, il passa à l’Église protestante, entra dans la franc-maçonnerie, occupa à Berlin le poste de conseiller aux affaires ecclésiastiques et éducatives pour les provinces catholiques nouvellement conquises de Pologne, et, après avoir perdu cette position à la suite des événements de la guerre de 1806, trouva un emploi en Russie en 1809 ; d’abord comme professeur de langues orientales à Saint-Pétersbourg, et ensuite, lorsqu’il y fut combattu et persécuté aussi parce qu’il était soupçonné d’avoir des opinions athées, comme membre d’une commission juridique dans le sud de la Russie. Entre-temps, étant passé peu à peu d’un point de vue déiste à un point de vue mystique vague, il fut nommé en 1819 surintendant et président du consistoire évangélique de Saratov, avec le titre d’évêque évangélique, et après l’abolition de cette charge en 1833, il devint surintendant général à Saint-Pétersbourg, où il mourut en 1839. Ses romans et ses tragédies, ainsi que ses écrits théologiques et religieux, sont aujourd’hui oubliés, mais ses « Souvenirs de son pèlerinage de soixante-dix ans », publiés en 1824, sont toujours intéressants, et son « Histoire de Hongrie », en dix volumes, commencée en 1812, est d’une valeur permanente.
165.14. La contribution française à l’illumination. — Le siècle de Louis XIV, avec les mœurs de ses confesseurs jésuites, la luxure, la bigoterie et l’hypocrisie de sa cour, ses dragonnades et ses polémiques de la Bastille contre les renaissances d’un christianisme vivant parmi les huguenots, les mystiques et les jansénistes, ses prophètes des Cévennes et les convulsionnistes jansénistes, etc., suscitèrent un esprit de libre pensée auquel le catholicisme, Le jansénisme et le protestantisme semblaient également ridicules et absurdes. Ce mouvement était essentiellement différent du déisme anglais. Le principe du mouvement anglais était le sens commun, la conscience morale universelle dans l’homme, avec l’arme puissante de la critique rationnelle, soutenant l’existence d’un élément idéal et moral dans les hommes, et s’en tenant aux principes plus généraux de la religion. Le naturalisme français, au contraire, était une philosophie de l’esprit, cette légèreté essentiellement française qui se moquait de tout ce qui était idéal avec mépris et esprit. Pourtant, il y avait une relation intime entre les deux. La philosophie du sens commun est venue en France, et y a été travestie en philosophie de l’esprit. L’organe de cette philosophie française fut l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, et de ses plus brillants collaborateurs, Montesquieu, Helvétius, Voltaire et Rousseau. Montesquieu, A.D. De 1689 à 1755, dont l’Esprit des Lois connut en deux ans vingt-deux éditions, il écrivit les Lettres Persanes, dans lesquelles il ridiculisait avec un esprit mordant la condition politique, sociale et ecclésiastique de la France. Helvétius, A.D. 1715-1771, fit brûler son livre, « De l’Esprit », en 1715-1771 . 1759 par ordre du Parlement, et fut forcé de se rétracter, mais cela ne fit qu’accroître son influence. Voltaire, A.D. 1694-1778, bien qu’il traite dans ses écrits de questions philosophiques et théologiques, ne donne qu’un peu de déisme anglais pimenté d’esprit frivole, montrant la même tendance dans ses œuvres historiques et poétiques, donnant une certaine éloquence aux sujets les plus communs et les plus sales, comme dans sa « Pucelle » et son « Candide ». Il obtint cependant une immense influence qui s’étendit bien au-delà de ses jours. C’est à la même classe qu’appartient Jean-Jacques Rousseau, A.D. 1712-1778, n’appartenant à l’église catholique romaine qu’en tant que pervers pendant dix-sept ans au milieu de sa vie. D’une nature plus noble que Voltaire, il a cependant souvent sombré dans une profonde immoralité, comme il le dit sans réserve, mais aussi sans aucune pénitence sincère, dans ses Confessions. Toute sa vie a été consacrée à la lutte pour ses idéaux de liberté, de nature, de droits de l’homme et de bonheur humain. Dans son « Contrat Social » d’A.D . 1762, il recommande le retour à la condition naturelle du sauvage comme la fin idéale de l’effort de l’homme. Son « Emile » de l’A.D. L’année 1761 est d’une importance capitale dans l’histoire de l’éducation, et il y expose avec éloquence son idéal d’une éducation naturelle des enfants, tandis qu’il envoyait tous ses propres enfants (naturels) dans un hôpital pour enfants trouvés. 1751, poussa le matérialisme à ses conséquences les plus extrêmes, et le baron franco-allemand Holbach, A.D. 1723-1789, rédigea le Système de la Nature qui, en deux ans, connut dix-huit éditions.495
165.15. Ces semences ont porté du fruit dans la Révolution française. Le cri de Voltaire : « Écrasez l’infâme » était dirigé contre l’église de l’Inquisition, le massacre de la Saint-Barthélemy et les dragonnades, et Diderot s’était écrié que le salut du monde ne pouvait venir que lorsque le dernier roi aurait été étranglé avec les entrailles du dernier prêtre. L’Assemblée nationale constitutionnelle, A.D. 1789-1791, voulait mettre de côté, non pas la foi du peuple, mais seulement la hiérarchie, et sauver l’État d’une crise financière par les biens de l’Église. Tous les cloîtres ont été supprimés et leurs biens vendus. Le nombre des évêques fut réduit de moitié, toutes les charges ecclésiastiques sans sphère pastorale furent abolies, le clergé élu par le peuple payé par l’État, et la liberté de croyance reconnue comme un droit inaliénable de l’homme. L’Assemblée nationale législative, A.D. 1791, 1792, obligea tout le clergé à prêter serment à la constitution sous peine de déposition. Le pape l’a interdit sous la même menace. C’est alors qu’un schisme s’est produit. Quelque 40 000 prêtres qui ont refusé le serment ont pour la plupart quitté le pays. Avignon ( 110, 4) avait été incorporé sur le territoire français. La Convention nationale terroriste, A.D. 1792-1795, qui amena le roi à l’échafaud le 21 janvier après J.-C. 1793, et la reine, le 16 octobre, interdit toutes les coutumes chrétiennes, le 5 octobre abolit le calcul chrétien du temps, et le 7 novembre, le christianisme lui-même, dévasta 2 000 églises et convertit Notre-Dame en temple de la Raison, où une danseuse de ballet représentait la déesse de la raison. Excité par le baron fanatique « Anacharsis » Cloots, « l’apôtre de la liberté humaine et l’ennemi personnel de Jésus-Christ », l’archevêque Gobel, alors dans sa soixantième année, s’avança, proclamant que toute sa vie passée était une fraude et qu’il ne possédait d’autre religion que celle de la liberté. D’autre part, le noble évêque Grégoire de Blois, premier prêtre à soutenir la constitution, qui vota l’abolition de la royauté, mais non l’exécution du roi, n’était pas poussé par le terrorisme de la convention, dont il était membre, par une profession hardie et ouverte de christianisme, apparaissant dans son habit clérical et protestant inlassablement contre le vandalisme de l’Assemblée. Robespierre496 lui-même a dit : « Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer », passé en A.D. En 1794, la résolution Le peuple fran ais reconnaît l’Être suprême et l’immortalité de l’âme, et ordonne de célébrer la fête de l’Être suprême. Le Répertoire, A.D. De 1795 à 1799, il rétablit le culte chrétien, mais favorisa la secte déiste des Théophilanthropes, dont les phrases enflées ne tardèrent pas à susciter le mépris du public, tandis qu’en 1799. En 1802, le premier consul bannit leur culte de toutes les églises. Mais pendant ce temps, en A.D. En 1798, afin d’annuler l’opposition du pape, les armées françaises avaient envahi l’Italie et proclamé les États ecclésiastiques République romaine. Pie VI. fut fait prisonnier en France et mourut en apr. J.-C. 1799 à Valence sous les mauvais traitements des Français, sans avoir le moins du monde compromis lui-même ni sa charge.497
165.16. Les Pseudo-Catholiques.
165.17.
La condition opprimée de l’Église orthodoxe dans l’empire ottoman est restée inchangée. Il s’est développé plus vigoureusement en Russie, où son ascendant n’a pas été contesté. Bien que l’Église russe, à partir du moment où elle a obtenu un patriarcat indépendant à Moscou, en J.-C. En 1589, elle fut constitutionnellement émancipée de l’Église mère de Constantinople, mais elle continua d’être en étroite affinité religieuse avec elle. Celle-ci a été intensifiée par l’adoption de la confession commune, rédigée peu de temps auparavant par Pierre Mogilas (152, 3). La constitution patriarcale en Russie, cependant, ne fut que de courte durée, car Pierre Ier, en 1702, après la mort du patriarche Hadrien, abolit le patriarcat, s’arrogea comme empereur la plus haute charge ecclésiastique, et en 1702. 1721 constitua « le Saint-Synode », auquel il confia, sous la surveillance d’un procurateur gardien des droits de l’État, la direction suprême des affaires spirituelles et ecclésiastiques. Le patriarche de Constantinople approuva ces propositions. Dans cette réforme de la constitution ecclésiastique, Théophane Procopowicz, métropolite de Novgorod, était le bras droit de l’empereur. — L’Église monophysite d’Abyssinie fut encore à cette époque le théâtre de controverses christologiques.
166.1. L’Église d’État russe. — Depuis l’époque de la réforme liturgique du patriarche Nikon (163, 10) un service nouveau et particulier de chant remplaça l’ancien style à l’unisson qui avait prévalu auparavant dans l’église russe. Sans accompagnement instrumental, elle était simplement soutenue par de puissantes voix d’hommes, et était exécutée, au moins dans les principales villes, avec un goût musical et une simplicité charmante. Parmi les théologiens, le susmentionné Procopowicz, qui mourut en apr. J.-C. 1736, occupait une position de premier plan. Son « Manuel de dogmatique », sans s’écarter des doctrines de son Église, se caractérise par l’érudition, la clarté de l’exposition et la modération. À partir du milieu du siècle, cependant, surtout parmi le clergé supérieur, s’insinua une tendance protestante, qui s’en tenait à la vieille théologie des synodes œcuméniques de l’Église grecque, mais qui mettait de côté ou mettait peu l’accent sur les développements doctrinaux ultérieurs. Même le catéchisme célèbre et largement utilisé, rédigé à l’origine à l’usage du grand-duc Paul Pétrovitch, par son précepteur, le savant Platon, plus tard métropolite de Moscou, n’était pas tout à fait exempt de cette tendance. Elle trouva une expression encore plus décisive dans le manuel dogmatique de Théophylacte, archimandrite de Moscou, publié en A.D. 1773. — Suite, 206, 1.
166.2. Sectes russes. — Aux sectes du XVIIe siècle (163, 10) Il faut y ajouter les gnostiques spiritualistes du XVIIIe siècle, dans lesquels nous trouvons un mélange des idées occidentales avec l’ancien mysticisme oriental. Parmi ceux-ci se trouvaient les Malakanen, ou consommateurs de lait, car, malgré l’interdiction orthodoxe, ils utilisaient du lait pendant les jeûnes. Ils rejetaient toutes les onctions, même le chrême et la consécration sacerdotale, et ne reconnaissaient que l’onction spirituelle par la doctrine du Christ. Ils ont également volatilisé l’idée du baptême et de la Cène du Seigneur en celle d’une purification purement spirituelle et nourrie par la parole de l’Évangile. Sinon, ils menaient une vie tranquille et honorable. Plus importants encore en termes de nombre et d’influence étaient les Duchoborzen. Bien qu’appartenant exclusivement à la classe paysanne, ils avaient un système théologique richement développé de caractère spéculatif, avec un mélange notable de théosophie, de mysticisme, de protestantisme et de rationalisme. Ils idéalisaient la doctrine des sacrements à la manière des Quakers, n’avaient pas de lieux de culte spéciaux ni de clergé ordonné, refusaient de prêter serment ou de s’engager dans le service militaire, et menaient une vie paisible et utile. Ils firent leur première apparition à Moscou au commencement du XVIIIe siècle sous Pierre le Grand, et se répandirent dans d’autres villes de l’ancienne Russie.
166.3. L’Église d’Abyssinie ( 64, 1 ; 73, 2). ―À propos Vers le milieu du siècle, un moine apparut, proclamant qu’en plus de la double naissance communément admise du Christ, la génération éternelle du Père et la naissance temporelle de la Vierge Marie, il y avait une troisième naissance par onction du Saint-Esprit dans le baptême en Jordanie. Il bouleversa ainsi toute l’Église d’Abyssinie, qui depuis des siècles était dans un état de léthargie spirituelle. L’abuna avec la majorité de son église était tenue par l’ancienne doctrine, mais la nouvelle trouva aussi beaucoup d’adhérents. La scission ainsi provoquée s’est poursuivie jusqu’à nos jours et a joué un rôle non négligeable dans les luttes politico-dynastiques des dix dernières années (184, 9).
Grâce à la fondation de l’Université de Halle en A.D. En 1694, une nouvelle impulsion fut donnée au mouvement piétiste, et trop souvent toute l’Église allemande fut mêlée à de violentes luttes de partis, dans lesquelles les deux parties ne parvinrent pas à garder le juste milieu et s’exposèrent à l’opprobre de leurs adversaires. Spener mourut en apr. J.-C. 1705, Francke en A.D. 1727, et Breithaupt en 1727. Année 1732. Après la perte de ces dirigeants, le piétisme hallois devint de plus en plus grossier, étroit, non scientifique, sans tenir compte de la confession de l’Église, renonçant fréquemment à des croyances précises pour des sentiments pieux et brumeux, et attachant une importance excessive aux formes pieuses d’expression et aux modes de vie méthodiques. Le conventionnalisme qu’il encourageait devint une véritable boîte de Pandore du sectarisme et du fanatisme (170, 1). Mais il avait aussi créé un ferment dans l’Église et dans la théologie qui a créé une influence salutaire pendant de nombreuses années. Plus de 6 000 théologiens de toutes les régions d’Allemagne avaient, jusqu’à la mort de Francke, reçu leur formation théologique à Halle et apporté le levain de son esprit dans autant d’églises et d’écoles. Dans presque toutes les Églises luthériennes des États allemands, il s’éleva alors toute une série d’éminents professeurs de théologie qui, évitant l’unilatéralité des piétistes et de leurs adversaires, enseignèrent et prêchèrent la doctrine pure et la vie pieuse. De Calixt, ils avaient appris à être doux et justes envers les églises réformées et catholiques, et par Spener ils avaient été éveillés à une piété sincère et chaleureuse. La protestation de Gottfried Arnold, si partiale qu’elle fût, leur avait appris à découvrir, même parmi les hérétiques et les sectaires, des vérités partielles et déformées ; et de Calov et de Löscher ils avaient hérité un zèle pour la doctrine pure. Le plus éminent d’entre eux était Albert Bengel, de Wurtemberg, qui mourut en J.-C. 1752, et Chr. Aug. Crusius de Leipzig, qui mourut en A.D. Année 1775. Mais lorsque le flot de « l’Illumination » s’est précipité sur l’Église luthérienne allemande vers le milieu du siècle, il a inondé même les champs ensemencés par ces nobles hommes.
167.1. Les controverses piétistes après la fondation de l’Université de Halle ( 159, 3).―Piétisme, condamné par les universités orthodoxes de Leipzig et de Wittenberg, a été protégé et encouragé à Halle. Les foules d’étudiants qui affluent dans ce nouveau séminaire suscitent la colère des orthodoxes. La faculté de Wittenberg, avec Deutschmann à sa tête, publia un manifeste en A.D. 1695, accusant Spener d’au moins 264 erreurs de doctrine. Ceux de Leipzig ne se taisaient pas non plus, Carpzov allant jusqu’à qualifier le doux et pacifique Spener de procella ecclesiæ. Les autres principaux adversaires des piétistes étaient Schelwig de Dantzig, Mayer de Wittenberg et Fecht de Rostock. Lorsque Spener mourut en J.-C. En 1705, ses adversaires discutèrent gravement pour savoir s’il pouvait être considéré comme dans la gloire. Fecht de Rostock a nié que ce soit possible. Parmi les derniers champions de la doctrine pure, le plus digne et le plus compétent fut le savant Löscher, surintendant à Dresde, après J.-C. 1709-1747, à qui l’on ne peut au moins reprocher une orthodoxie morte. Son « Vollständiger Timotheus Verinus », deux vol., 1718, 1721, est de loin l’ouvrage controversé le plus important contre le piétisme.498 François Buddée d’Iéna chercha longtemps en vain à réconcilier Löscher et les piétistes de Halle. En apr. J.-C. 1710 Francke et Breithaupt obtinrent un collègue valeureux en la personne de Joachim Lange, mais même lui ne fit pas le poids face à Löscher dans la controverse. Pendant ce temps, le piétisme s’était de plus en plus répandu dans la vie du peuple et avait occasionné en beaucoup d’endroits de violents tumultes populaires. Dans plusieurs États, les conventicules étaient interdits ; dans d’autres, par exemple le Wurtemberg et le Danemark, ils étaient autorisés.
167.2. Les orthodoxes considéraient les piétistes comme une nouvelle secte, avec des erreurs dangereuses qui menaçaient la pure doctrine de l’Église luthérienne ; tandis que les piétistes soutenaient qu’ils s’en tenaient à la pure orthodoxie luthérienne, et qu’ils ne mettaient de côté que son formalisme stérile et son extériorisme mort pour le christianisme biblique pratique. La controverse s’est concentrée autour des doctrines de la nouvelle naissance, de la justification, de la sanctification, de l’église et du millénium.
167.3. Théologie ( 159, 4).―Le les deux derniers représentants importants de l’école orthodoxe ancienne furent Löscher, qui, en plus de sa polémique contre le piétisme, apporta de savantes contributions à la philologie biblique et à l’histoire de l’Église ; et son compagnon d’armes, Cyprien de Gotha, qui mourut en apr. J.-C. 1745, le combattant le plus habile de la « Ketzerhistorie » d’Arnold, et l’adversaire des efforts d’union et de la papauté. — L’école piétiste, plus féconde en théologie pratique qu’en théologie scientifique, a fourni à la littérature de dévotion beaucoup d’ouvrages qui ne seront jamais oubliés. L’écrivain érudit et volumineux Joachim Lange, mort après J.-C. En 1744, le plus habile polémiste parmi les piétistes de Halle, auteur de la Grammaire latine de Halle, qui atteignit sa soixantième édition en A. D. En 1809, il publia un commentaire de la Bible entière en sept vol. in-folio, d’après la méthode de Coccée. En tant qu’historien de la Réforme, Salig de Wolfenbüttel, mort en 1944, est d’une grande importance en tant qu’historien de la Réforme . Année 1738. Christian Thomasius s’est d’abord attaché aux piétistes en tant qu’adversaire de l’adhésion rigide à la lettre des orthodoxes, mais a été répudié par eux comme indifférentiste. C’est à lui qu’appartient l’honneur d’avoir retourné l’opinion publique contre la persécution des sorcières (117, 4). Des querelles des piétistes et des orthodoxes naquit une troisième école, dans laquelle la théologie et l’érudition luthériennes s’unissaient à une piété authentique et à une pensée profonde, un confessionnalisme résolu avec modération et équité. Ses représentants les plus distingués furent Hollaz de Poméranie, mort en 1713 (« Examen Theologicum Acroamaticum ») ; Buddeus d’Iéna, mort en 1729 (« Hist. Ecclst. V.T., « Instit. Theol. Dogma », « Isagoge Hist. Theol. Univ. ») ; J. Chr. Wolf de Hombourg, mort en 1739 (« Biblioth. Hébr., Curæ Philol. et Crit. dans N.T. ») ; Weismann de Tübingen, mort en 1747 (« Hist. Ecclst. ») ; Carpzov de Leipzig, mort après J.-C. 1767 comme surintendant à Lübeck (« Critica s. V.T. », « Introductio ad Libros cen. V.T. », « Apparatus Antiquitt. s. Codicis ») ; J. H. Michaelis de Halle, mort en 1731 (« Biblia. Hebr. c. Variis Lectionibus et Brev. Annott. », « Uberiores Annott. dans Hagiograph. ») ; secondé dans l’un et l’autre par son savant neveu Chr. Ben. Michaelis de Halle, mort en 1764 ; J. G. Walch d’Iéna, mort en 1755 (« Einl. in die Religionsstreitigkeiten », « Biblioth. Theol. Selecta, » « Biblioth. Patristica », « Les Werke de Luther ») ; Chr. Meth. Pfaff de Tübingen, mort en 1760 (« K. G., K. Recht, Dogmatik, Moral ») ; L. von Mosheim de Helmstädt [Helmstadt] et de Göttingen, mort en 1755, le père de l’histoire moderne de l’Église (« Institt. Hist. Ecclst. », « Commentarii Rebus Christ. ante Constant. M., « Dissertations », etc.) ; J. Alb. Bengel de Stuttgart, mort en 1752 (« Gnomon N.T. », un commentaire sur le N.T. qui se distingue par la fécondité de l’expression et la profondeur de la pensée ; d’après son interprétation de l’Apocalypse, il s’attendait à ce que le millénium commence en J.-C. 1836) ; et Chr. A. Crusius de Leipzig, mort en 1775 (« Hypomnemata ad Theol. Propheticam. ») ― Une quatrième école théologique est née de l’application de la méthode mathématiqueD’après J.-C., il n’y a pas d’autre moyen d’empêcher le philosophe Chr. von Wolff de Halle de faire une démonstration. Année 1754. Wolff s’attacha au système philosophique de Leibnitz, et chercha à unir la philosophie et le christianisme ; Mais sous la manipulation de sa méthode logico-mathématique de preuve, il enleva toute vitalité au système, et l’harmonie préétablie du monde devint un mécanisme d’horlogerie purement mécanique. Il s’est contenté de regarder l’exactitude logique des vérités chrétiennes, sans chercher à en pénétrer le sens intérieur, a donné un exercice formel à l’entendement, tandis que le cœur restait vide et froid ; Et c’est ainsi qu’inévitablement, la révélation et le mystère ont fait place à une théologie purement naturelle. C’est pourquoi l’accusation portée contre le système de tendance au fatalisme et à l’athéisme, non seulement par des piétistes étroits comme Lange, mais par des théologiens habiles et libéraux comme Buddeus et Crusius, était tout à fait justifiée. Par ordre du cabinet de Frédéric-Guillaume Ier. en apr. J.-C. En 1723, Wolff fut destitué et reçut l’ordre de quitter les États prussiens dans les deux jours plus tard, sous peine de mort. Mais dès que Frédéric II. monta sur le trône en apr. J.-C. En 1740, il rappela le philosophe de Marbourg à Halle, où il avait entre-temps enseigné avec beaucoup de succès.500 Sig. Jac. Baumgarten, le pieux et savant professeur de Halle, mort en A.D. En 1757, il fut le premier à introduire la méthode de Wolff dans la théologie. En ce qui concerne le contenu, sa théologie occupe essentiellement le vieux terrain orthodoxe. Le promoteur le plus habile du système fut Jean Carpov de Weimar, qui mourut en 1944. 1768 (« Theol. revelata Meth. Scientifica Adornata »). Appliquée aux sermons, la méthode wolffienne conduisait à l’insipidité et à l’absurdité les plus extrêmes.
167.4. Efforts unionistes. — L’éminent théologien Chr. Matt. Pfaff, chancelier de l’université de Tübingen, qui, sans être compté parmi les piétistes, reconnaissait dans le piétisme une réaction salutaire contre le culte stérile de la lettre qui avait caractérisé l’orthodoxie, considérait comme praticable et souhaitable une union entre les églises luthérienne et réformée sur la base de leurs croyances communes, dont l’importance dépassait de beaucoup les points de divergence ; et en A.D. 1720 exprima cette opinion dans son « Alloquium Irenicum ad Protestantes », dans lequel il répondit au défi du « Corpus Evangelicorum » de Ratisbonne (153, 1). Sa proposition, cependant, ne trouva guère grâce aux yeux des théologiens luthériens. Non seulement Cyprien de Gotha, mais même des théologiens conciliants comme Weismann de Tübingen et Mosheim de Helmstädt [Helmstadt], s’y opposèrent. Mais quarante ans plus tard, un théologien luthérien, Heumann de Göttingen, démontra que « la doctrine réformée de la Cène est vraie » et proposa, afin de mettre fin au schisme, que les luthériens abandonnent leur doctrine de la Cène et les réformés leur doctrine de la prédestination. Ce pamphlet, édité après la mort de l’auteur par Sac de Berlin, en A.D. 1764, produisit une grande sensation et provoqua une multitude de réponses du côté luthérien, dont les meilleures furent celles de Walch d’Iéna et d’Ernesti de Leipzig. Cependant, même au sein de l’Église luthérienne, il trouva une faveur considérable.
167.5. Théories du droit ecclésiastique. — Par nécessité, pendant le premier siècle de l’Église protestante, son gouvernement fut placé entre les mains des princes, qui, parce qu’il n’y en avait pas d’autres pour le faire, dispensèrent le jura episcopalia comme præcipua membra ecclesiæ. Ce qui était permis au début dans l’exigence de l’époque en vint peu à peu à être considéré comme un droit légal. La théologie orthodoxe et le système juridique qui lui est associé, en particulier celui de Carpzov, ont justifié cette hypothèse dans ce qu’on appelle le système épiscopal. Cette théorie maintient fermement la distinction médiévale entre les pouvoirs spirituels et civils comme deux sphères indépendantes ordonnées par Dieu ; mais elle installe le prince comme summus episcopus, réunissant en sa personne la plus haute autorité spirituelle avec la plus haute autorité civile. Cependant, dans les pays où plus d’une confession régnait, ou où un prince appartenant à une autre section de l’Église réussissait, les difficultés pratiques de cette théorie devenaient très apparentes ; comme, par exemple, lorsqu’un prince réformé ou romain devait être considéré comme summus episcopus d’une église luthérienne. Poussé ainsi à chercher un autre fondement pour les prétentions à la suprématie royale, une nouvelle théorie, celle du système territorial, fut conçue, selon laquelle le prince possédait la plus haute autorité ecclésiastique, non pas comme præcipuum membrum ecclesiæ, mais comme souverain souverain dans l’État. La direction de l’Église n’était donc pas une prérogative indépendante au-dessus de celle du gouvernement civil, mais un élément inhérent à celui-ci : cujus regio, illius et religio. Le développement historique de la Réforme germanique a donné un appui à cette théorie ( 126, 6), comme on le voit dans les actes de la Diète des Flèches en A.D. 1526, lors de la paix d’Augsbourg et de Westphalie. Une base scientifique lui a été donnée par Puffendorf de Heidelberg, mort après J.-C. 1694, en alliance avec Hobbes ( 163, 3). Il a été développé et appliqué par Christian Thomasius de Halle, mort après J.-C. 1728, et par le célèbre J. H. Böhmer dans son « Jus Ecclesiasticum Potestantium ». Les relations de Thomasius avec les piétistes et son indifférence aux confessions assurèrent à la théorie un accueil favorable dans ce parti. Spener lui-même préférait en effet la constitution presbytérienne calviniste, parce que ce n’est qu’en elle que l’égalité pouvait être donnée aux trois ordres, ministerium ecclesiasticum, magistratus politicus, status œconomicus. Cette protestation de Spener contre les deux systèmes n’a certainement pas été sans influence sur la construction d’une troisième théorie, le système collégial, proposé par Pfaff de Tübingen, mort après J.-C. Année 1760. D’après ce schéma, il n’appartenait au souverain en tant que tel que la direction de l’Église, jus circa sacra, tandis que le jura in sacra, les questions relatives à la doctrine, au culte, au droit ecclésiastique et à son administration, à l’installation du clergé et à l’excommunication, comme jura collegialia, appartenaient à l’ensemble des membres de l’Église. La constitution normale exigeait donc le vote collectif de tous les membres par l’intermédiaire de leurs synodes. Mais les circonstances extérieures, pendant l’époque de la Réforme, avaient nécessité de reléguer aux princes l’acquittement de ces droits de collégialité, ce qui en soi n’était pas inadmissible, si l’on se contente de soutenir que le prince agit ex commisso et est tenu de rendre compte à ceux qui l’ont mandaté. Ce système, en raison de son caractère démocratique, trouva de fervents partisans parmi les rationalistes ultérieurs. Mais en fait, aucun des trois systèmes n’a été appliqué de manière cohérente. La constitution adoptée dans la plupart des Églises nationales n’était qu’une faible hésitation entre les trois.501
167.6. Chant d’église ( 159, 3) reçut, au cours de la première moitié du siècle, de nombreuses contributions précieuses. On peut distinguer deux grands groupes de chanteurs :
167.7. Musique sacrée ( 159, 5).―Décadence Le goût musical accompagna l’abaissement du niveau poétique, et les piétistes allèrent encore plus loin que les orthodoxes dans l’imitation et l’adaptation des airs d’opéra. Freylinghausen, non seulement a composé lui-même de nombreuses mélodies de ce genre, mais a fait une collection à partir de diverses sources en J.-C. 1704, conservant quelques-uns des airs les plus populaires des plus anciens. — Au milieu de toute cette dépravation de goût, il s’éleva un noble musicien qui, comme le bon maître de maison, pouvait tirer de son trésor des choses nouvelles et anciennes. J. Seb. Bach, l’organiste le plus parfait qui ait jamais vécu, était directeur musical de l’école de Saint-Thomas de Leipzig et mourut après J.-C. Année 1750. Il se tourna avec enthousiasme vers le vieux choral, que personne n’avait jamais compris et apprécié comme lui. Il a harmonisé les vieux chorals pour l’orgue, en a fait la base d’études d’orgue élaborées, a exprimé ses sentiments les plus profonds dans ses compositions musicales et dans ses récitatifs, ses duos et ses airs, a reproduit aux concerts sacrés beaucoup de beaux chorals anciens mariés aux passages les plus appropriés de l’Écriture. Il est pour tous les temps le maître incontesté de la fugue, de l’harmonie et de la modulation. Dans sa musique de la Passion, nous avons exprimé les idées les plus profondes du protestantisme allemand dans la musique la plus noble. Après Bach vient un maître de la musique d’oratorio jusqu’alors inégalé, G. Fr. Haendel de Halle, qui, à partir de l’A.D. 1710 jusqu’à sa mort en A.D. 1759, vécut la plupart du temps en Angleterre. Pendant vingt-cinq ans, il travailla pour l’Opéra et, dans ses dernières années, il se consacra à la composition d’oratorios. Ses opéras sont oubliés, mais ses oratorios perdureront jusqu’à la fin des temps. Son œuvre la plus parfaite est le « Messie », que Herder décrit comme une épopée chrétienne en musique. Parmi ses autres grandes compositions, on peut citer « Samson », « Judas Maccabée » et « Jephté ».502
167.8. La vie chrétienne et la littérature de dévotion. — Le piétisme a conduit à un puissant réveil de la vie religieuse parmi le peuple, qu’il a soutenu par une prédication zélée et la publication d’ouvrages de dévotion. Une activité similaire s’est manifestée parmi les orthodoxes. Francke commença ses œuvres charitables avec sept florins ; mais avec une foi inébranlable, il ouvrit son orphelinat, écrivant au-dessus de sa porte les paroles d’Ésaïe xl. 31. Par la foi et la bienveillance, Woltersdorff fut un digne successeur de Francke ; et le baron von Canstein employa tous ses moyens à la fondation de l’Institut biblique de Halle. Les missions aussi furent poursuivies avec un zèle et un succès qui témoignèrent de la vie nouvelle qui s’était élevée dans l’église luthérienne. Année 1707. Les enfants de quatre ans et plus se sont rassemblés dans les champs pour chanter et prier, et ont appelé à la restauration des églises confisquées par les catholiques. Le mouvement s’est répandu dans tout le pays. C’est en vain qu’elle a été dénoncée du haut des chaires et interdite par les autorités. L’opposition ne fit qu’exciter de plus en plus le zèle des enfants. Enfin, les églises furent ouvertes pour leurs offices. L’excitation s’est ensuite peu à peu apaisée. Ce fut cependant longtemps un sujet de discussion entre les piétistes et les orthodoxes ; les seconds la dénonçant comme l’œuvre du diable, les premiers la considérant comme un merveilleux réveil de la grâce de Dieu. ―Parmi les nombreux écrivains dévotionnels de cette période, on se souvient le mieux de Bogatsky de Halle, mort après J.-C. 1774, dont le « Trésor d’or » est toujours très estimé ;503 et Von Moser, mort après J.-C. 1785, qui mena une vie noble et exemplaire à Stuttgart au milieu de nombreuses persécutions. Le grand besoin d’une explication simple de l’Écriture apparaît dans la grande vente de commentaires populaires tels que ceux de Pfaff à Tübingen, 1730, Starke à Leipzig, 1741, et la Bible de Halle de S. J. Baumgarten, 1748.
167.9. Missions chez les païens. — L’impulsion de la vie religieuse par le piétisme porta ses fruits dans une nouvelle activité missionnaire. Frédéric IV. du Danemark fonda dans ses possessions des Indes orientales la mission de Tranquebar en J.-C. 1706, sous Ziegenbalg et Plutschau. Ziegenbalg, qui traduisit le Nouveau Testament en tamoul, mourut en apr. J.-C. Année 1719. Des possessions danoises, cette mission poursuivit son travail dans les territoires indiens anglais. Des ouvriers capables et zélés furent envoyés de l’Institut de Halle, dont le plus grand fut le Chr. P. Schwartz, qui mourut en A.D. 1798, après près de cinquante ans de nobles services dans le champ missionnaire. Dans le dernier quart du siècle, cependant, sous l’influence du rationalisme, le zèle pour les missions déclina, la société de Halle se disloqua et les Anglais purent récolter la moisson semée par les luthériens. Le professeur de Halle Callenberg fondé en A.D. 1728 une société pour la conversion des Juifs, dans l’intérêt de laquelle Stephen Schultz a voyagé à travers l’Europe, l’Asie et l’Afrique, prêchant la Croix parmi les Juifs. Le christianisme avait été introduit chez les Esquimaux au Groenland au XIe siècle (93, 5), mais la colonie scandinave y avait été oubliée, et il ne restait plus aucune trace de la religion qu’elle avait enseignée. Ce reproche au christianisme a fait mal au cœur de Hans Egede, un pasteur norvégien, et il n’a pas trouvé de repos jusqu’à ce que, soutenu par une maison de commerce dano-norvégienne, il s’embarque avec sa famille en J.-C. 1721 pour ces rivages gelés et inhospitaliers. Au milieu de difficultés presque inconcevables, et avec d’abord peu de succès, il continua à travailler sans se lasser et, même après que la compagnie eut abandonné le champ, il resta. En apr. J.-C. En 1733, il eut la joie inattendue d’accueillir trois missionnaires moraves, Christian David et les frères Stach. Sa joie fut trop vite anéantie par l’orgueil spirituel des nouveaux arrivants, qui s’obstinèrent à tout modeler sur leurs propres principes moraves, et se séparèrent du noble Egede, lorsqu’il refusa de céder, comme un homme non spirituel et non converti. D’un autre côté, Egede, bien que profondément offensé par leur justification et leur sanctification confondantes, leur mépris de la doctrine pure, leurs opinions et leur façon de parler non scripturaires, était prêt à attribuer tout cela à leur formation théologique défectueuse. Il a récompensé leur méchanceté, lorsqu’ils ont été frappés par une maladie douloureuse, par des soins inlassables et aimants. En apr. J.-C.En 1736, il retourna au Danemark, laissant son fils Paul poursuivre son travail, et continua à diriger le séminaire de la mission du Groenland à Copenhague jusqu’à sa mort en 1736 . Année 1758.10°― Suite, 171, 5.
Le comte Zinzendorf, très doué, inspiré dès son enfance, par un fervent amour pour le Sauveur, avec l’idée de réunir les amis de Jésus, profita de la visite de quelques exultants moraves dans son domaine pour réaliser son projet chéri. Sur le Hutberg, il laissa tomber la graine de moutarde du rêve de sa jeunesse dans un sol fertile, où, sous ses soins fervents, elle devint bientôt un arbre majestueux, dont les branches s’étendirent sur toutes les terres de l’Europe, et de là dans toutes les parties du globe habitable. La société qu’il fonda s’appelait « la Société des Frères Unis ». Le fait que cette société n’ait pas été submergée par les extravagances auxquelles elle s’est laissée aller pendant un certain temps, que sa fraternisation avec les fanatiques, les discours extravagants auxquels ses membres se livraient au sujet d’une alliance spéciale avec le Sauveur, et leurs prétentions non trop modestes à un rang particulier dans le royaume de Dieu, n’ont pas conduit à son renversement complet dans l’abîme du fanatisme. Et le fait que, sur les sentiers glissants de sa théorie mystique du mariage, il ait su garder ses pieds, présente un phénomène unique dans l’histoire de l’Église, et prouve plus que toute autre chose à quel point le fondateur et les disciples étaient profondément enracinés dans les vérités salvatrices de l’Évangile. Le comte lui-même mit de côté beaucoup de ses extravagances, et ce qui restait fut abandonné par son successeur sensible et prudent Spangenberg, dans la mesure où il n’était pas nécessairement impliqué dans l’idée fondamentale d’une alliance spéciale avec le Sauveur. Le service spécial rendu par la société était la protestation qu’elle soulevait contre l’apostasie qui régnait généralement. Au cours de cette période de déclinaison, elle a sauvé la foi de nombreuses âmes pieuses, en leur offrant un refuge bienvenu, avec une riche nourriture spirituelle et une riche nourriture. Cependant, avec le réveil de la vie religieuse au dix-neuvième siècle, ses adhérents perdirent de plus en plus de terrain en Europe, en maintenant leur ancienne partialité dans la vie et la doctrine, leur appréciation dépréciative de la science théologique et l’esprit querelleur qu’ils manifestaient généralement. Mais dans une province, celle des missions auprès des païens, leur énergie et leur succès n’ont jamais été égalés. Leur système d’éducation rigoureux et bien organisé mérite également une mention particulière. À l’heure actuelle, la Société des Frères compte un demi-million de personnes, réparties dans environ 100 localités.
168.1. Le fondateur de la Fraternité morave, Nic. Ludwig, comte von Zinzendorf et Pottendorf, naquit à Dresde en J.-C. 1700. Spener était l’un de ses parrains lors de son baptême. Son père étant mort prématurément et sa mère s’étant mariée une seconde fois, le garçon, richement doté de dons de la tête et du cœur, fut élevé par sa grand-mère piétiste pieuse, la baronne von Gersdorf. C’est là que, dans sa première jeunesse, il apprit à chercher son bonheur dans la communion personnelle la plus étroite avec le Seigneur, et la tendance de toute sa vie future à céder aux impulsions des sentiments pieux commençait déjà à s’affirmer. À l’âge de dix ans, il entra à l’Institut de Halle sous la direction de Francke, où l’idée piétiste de la nécessité de l’ecclesiolæ in ecclesia s’empara fermement de son cœur. Même dans sa quinzième année, il chercha à la réaliser en fondant parmi ses condisciples « l’Ordre du Grain de Graine de Moutarde » (Matt. xiii. 31). Après avoir terminé son cours d’école, son oncle et tuteur, afin de mettre fin à ses extravagances piétistes, l’envoya étudier le droit à l’Université orthodoxe de Wittenberg. Là, il dut d’abord subir une sorte de martyre comme un piétiste rigide nageant à contre-courant de l’orthodoxie. Son séjour à Wittenberg, cependant, lui fut bénéfique en le libérant inconsciemment du piétisme de Halle, qui avait freiné son développement spirituel. Il soutenait en effet fermement l’idée fondamentale du piétisme, ecclesiolæ in ecclesia, mais dans son esprit, elle acquit une signification plus large que celle que le piétisme lui avait donnée. Ses efforts pour obtenir une conférence personnelle et, si possible, une union entre les dirigeants de Halle et de Wittenberg furent infructueux. En apr. J.-C. En 1719, il quitta Wittenberg et voyagea pendant deux ans, visitant les représentants les plus distingués de toutes les confessions et de toutes les sectes. Cela aussi a nourri son idée d’un grand rassemblement de tous ceux qui aiment le Seigneur Jésus. À son retour chez lui, en A.D. En 1721, à la demande de ses proches, il entra au service du gouvernement saxon. Mais un génie religieux comme Zinzendorf ne pouvait trouver aucune satisfaction dans un tel emploi. Et bientôt une occasion se présenta d’exécuter le plan vers lequel ses pensées et ses désirs étaient dirigés.506
168.2. La fondation de la Fraternité, A.D. 1722-1727. Le Schmalcald, et plus encore la guerre de Trente Ans, avaient apporté d’affreuses souffrances et des persécutions aux frères de Bohême et de Moravie. Beaucoup d’entre eux se réfugièrent en Pologne et en Prusse. L’un des réfugiés était le célèbre pédagogue J. Amos Comenius, qui mourut en 1944. 1671, après avoir été évêque des Moraves à Lissa in Posen à partir de 1648. Ceux qui restèrent furent soumis à l’oppression la plus cruelle même après la paix de Westphalie ! Ce n’est qu’en secret dans leurs maisons et au péril de leur vie qu’ils pouvaient adorer Dieu selon la foi de leurs pères ; et ils furent obligés de professer publiquement leur adhésion à l’église romaine. C’est ainsi que peu à peu la lumière de l’Évangile s’éteignit dans les maisons de leurs descendants, et qu’il ne resta plus qu’une tradition, de plus en plus faible, comme souvenir de leur foi ancestrale. Un charpentier morave, Christian David, né et élevé dans l’église romaine, mais converti par la prédication évangélique, réussit, au début du XVIIIe siècle, à attiser de nouveau dans certaines familles la lumière qui s’était éteinte. Ce petit groupe de croyants, sous la direction de David, s’avança en Jésus-Christ. 1722 et se réfugie dans le domaine de Zinzendorf en Lusace. Le comte était alors absent, mais l’intendant, avec l’assentiment chaleureux de la grand’mère du comte, leur donna le Hutberg de Berthelsdorf comme colonie. Avec les paroles du Psaume LXXXIV. 4 sur les lèvres, Christian David frappa la hache dans l’arbre pour construire la première maison. Bientôt la petite ville de Herrnhut s’éleva comme le centre de cette société chrétienne que Zinzendorf cherchait maintenant de tout son cœur et de toutes ses forces à développer et à promouvoir. Peu à peu, d’autres Moraves arrivèrent, mais un plus grand nombre encore de lointains et de proches affluèrent, de toutes sortes de revivalistes religieux, de piétistes, de séparatistes, de partisans de Schwenckfeld, etc. Zinzendorf ne songeait pas à se séparer de l’Église luthérienne. Les colons furent donc placés sous la tutelle pastorale de Rothe, le digne curé de Berthelsdorf (167, 6). Organiser une multitude aussi mélangée n’était pas une tâche facile. Seuls l’enthousiasme glorieux de Zinzendorf pour l’idée d’une congrégation de saints, ses éminents talents d’organisateur, l’élasticité et la ténacité merveilleuses de sa volonté, l’extraordinaire prudence, circonspection et sagesse de sa gestion, permirent de cimenter les éléments incongrus et d’éviter une brèche ouverte. Les Moraves insistèrent pour rétablir leur ancienne constitution et leur ancienne discipline, et parmi les autres, chacun désirait que l’on donnât de l’importance à tout ce qu’il jugeait particulièrement important. Ils n’étaient tous d’accord que sur un point, le devoir de refuser de se conformer à l’église luthérienne et à son pasteur Rothe. Le comte se sentit donc obligé de former une société nouvelle et séparatiste. Personnellement, il n’avait pas de goût particulier pour l’ancienne constitution morave ; mais le sort se prononça en sa faveur, tandis que l’idée de continuer une église martyre d’avant la Réforme n’était pas sans un certain charme. C’est ainsi que Zinzendorf rédigea une constitution avec d’anciennes formes et noms moraves, sur la base de laquelle la colonie fut établie, le 13 août après J.-C. 1727, sous le nom de Fraternité unie.
168.3. Le développement de la Fraternité jusqu’à la mort de Zinzendorf, A.D. 1727-1760. ―Avec beaucoup d’énergie, la nouvelle société se mit à fonder des colonies en Allemagne, en Hollande, en Angleterre, en Irlande, au Danemark, en Norvège et en Amérique du Nord, ainsi que parmi les résidents allemands dans d’autres pays. En apr. J.-C.En 1734, Zinzendorf se présenta à l’examen de Tübingen en tant que candidat à la licence, et en 1734. En 1737, il reçut la consécration épiscopale du prédicateur de la cour de Berlin, Jablonsky, qui était en même temps évêque des Frères moraves, que le même prélat avait accordée deux ans auparavant au docteur Nitschmann, un autre membre de la société. Les efforts des Frères pour répandre leur cause attirèrent alors l’attention. Le gouvernement saxon en A.D. En 1736, il envoya à Herrnhut une commission dont Löscher était membre. Mais en A.D. En 1736, avant de présenter son rapport, qui était dans l’ensemble favorable, Zinzendorf quitta le pays, probablement sur l’ordre de l’électeur à l’instigation du gouvernement autrichien, qui s’opposait à l’hébergement de tant d’émigrés de Bohême et de Moravie. Comme tous ceux qui étaient persécutés à cette époque à cause de leur religion, il se réfugia à Wetterau (170, 2). Avec sa petite famille de pèlerins, il s’installa à Ronneburg, près de Büdingen, fonda les églises prospères de Marienborn et de Herrnhaag et voyagea beaucoup en Europe et en Amérique. Cette période d’exil fut la période où la société réussit le mieux à se répandre vers l’extérieur, mais c’est aussi la période où elle souffrit le plus des troubles et des dissensions à l’intérieur. Elle fut amèrement attaquée par les théologiens luthériens, et beaucoup plus venimeusement par les apostats de son propre bercail. À cette époque, les Frères n’offraient que trop de sujets de malentendus et de reproches. C’est à cette époque qu’appartient la fameuse fiction d’une alliance spéciale, boîte de Pandore de toutes les autres absurdités ; le développement des vues théologiques du comte et de sa forme particulière d’expression dans ses nombreuses œuvres ; la composition et l’introduction de chants spirituels peu recommandables, avec leurs prétentions stupides et leurs nombreuses images et analogies blasphématoires et même obscènes ; les louanges de leur Église, les méthodes de propagande, pas toujours pures, l’introduction d’une discipline matrimoniale propre à briser toutes les modestes contraintes ; et, enfin, les soi-disant Niedlichkeiten, ou festivals bruyants. Même les piétistes s’opposèrent à ces excès antinomiques. Tersteegen, aussi ( 169, 1), dont la tendance mystique l’inclinait fortement vers les idées piétistes, reprochait aux Herrnhuter de frivolité. Cette polémique, si désagréable qu’elle fût, exerça une influence salutaire sur la société. Le comte devint plus prudent dans son langage et plus prudent dans sa conduite, tandis qu’il écartait les excroissances les plus répugnantes de la doctrine et de la pratique qui commençaient à se manifester dans la communauté. Enfin, en apr. J.-C. En 1747, le gouvernement saxon réitéra l’édit de bannissement en ce qui concernait la personne du fondateur, et quand, deux ans plus tard, la société accepta expressément la Confession d’Augsbourg, elle fut formellement reconnue en Saxe. Cette même année, A.D. En 1749, un acte du parlement anglais la reconnaissait comme une église avec une succession épiscopale pure, sur un pied d’égalité avec l’église épiscopale anglicane. — Zinzendorf continua jusqu’à sa mort à diriger les affaires de cette église, qui lui tenait une affection enfantine, reflétant sa personnalité, non seulement dans ses excellences, mais aussi dans toutes ses extravagances. Il mourut en apr. J.-C. 1760 dans la pleine jouissance de cette béatitude que lui avait apportée son fervent amour pour le Sauveur.
168.4. Le plan et l’œuvre de Zinzendorf. — Bien que Zinzendorf ait reçu sa première impulsion du piétisme, il s’est vite aperçu de son unilatéralité et de son étroitesse. Il n’aurait pas de conventicule, mais une communauté organisée ; pas d’idéal invisible, mais une véritable église visible ; pas de méthodisme étroit, mais une administration riche et libre de l’esprit chrétien. Il ne visait pas, en premier lieu, à la conversion du monde, ni même à la réforme de l’Église, mais à rassembler et à conserver ceux qui appartenaient au Sauveur. Il espérait cependant ériger un réservoir dans lequel il pourrait recueillir chaque petit ruisseau d’eau vive, à partir duquel il pourrait à nouveau arroser le monde entier. Et quand il réussit à organiser une communauté, il était tout à fait convaincu que c’était la Philadelphie de l’Apocalypse (III, 7 sq.), qu’elle introduisait « la période de Philadelphie » de l’histoire de l’Église, que tous les prophètes et les apôtres avaient prophétisée. À l’origine, son plan se référait à toute la chrétienté, et il fit même un pas vers la réalisation de cette idée universelle. Afin de construire un pont entre l’Église catholique et sa propre communauté, il a publié, en A.D. 1727, un livre de cantiques et de prières christo-catholiques, et avait même esquissé une lettre au pape pour accompagner un exemplaire de son livre. Il essaya aussi, par une lettre aux patriarches puis à Élisabeth, impératrice de Russie, d’intéresser l’Église grecque à son projet, en s’attardant sur l’extraction grecque de l’Église des Frères moraves (79, 2). Cependant, ses membres se limitaient pratiquement aux Églises protestantes. Toutes les confessions et toutes les sectes lui fournissaient des contingents. Il était lui-même profondément attaché aux doctrines distinctives de l’Église luthérienne. Mais dans une société dont la particularité devait être le point de rassemblement des pieux de toutes nationalités, la doctrine et la confession ne pouvaient être le lien unificateur. Il ne pouvait s’agir que d’une communion d’amour et non de croyance, et le lien d’une communauté de sentiments et d’actes d’amour. Le principe le plus intime du luthéranisme, la réconciliation par le sang du Christ, a été sauvé, et même il est devenu la doctrine caractéristique et vitale, le seul point d’union entre les Moraves, les Luthériens et les Réformés. Au-dessus des trois partis, le comte lui-même, comme ordinaire. mais cela a donné une unité extérieure et non confessionnelle. L’acceptation subséquente de la Confession d’Augsbourg, en A.D. 1749, était un acte politique, de manière à recevoir un état civil, et n’avait autrement aucune influence. Au lieu de la confession, Zinzendorf fit de la constitution le lien de l’union. Ses formes étaient empruntées à l’ancien ordre ecclésiastique morave, mais dominées et inspirées par l’esprit de Zinzendorf. L’ancienne constitution morave était épiscopale et cléricale, et procédait de l’idée de l’Église ; tandis que la nouvelle constitution de Herrnhut était essentiellement presbytérale, et procédait de l’idée de la communauté, et cela comme une communion de saints. Les évêques de Herrnhut n’étaient que des évêques titulaires ; Ils n’avaient pas de diocèse, pas de juridiction, pas de pouvoir d’excommunication. Toutes ces prérogatives appartenaient à l’unité des anciens, dans laquelle l’élément laïc était nettement prédominant. Herrnhut n’avait pas de pasteurs, mais seulement des frères prédicateurs ; La pastorale était dévolue aux anciens et à leurs assistants. Mais à côté de ces particularités mi-luthériennes et pseudo-moraves, il y avait aussi un élément donatiste à la base de la constitution. TIl reposait sur l’idée fondamentale d’enfants de Dieu absolument vrais et purs, et a atteint sa pleine expression dans la conclusion d’une alliance spéciale avec le Sauveur à Londres le 16 septembre de notre ère. Année 1741. Pendant quelques années, Leonard Dober exerça les fonctions d’ancien général. Mais, au synode de Londres, on déclara qu’il n’avait pas les dons requis pour cette charge. Dober souhaitait alors démissionner. Alors qu’ils étaient dans la confusion quant à savoir qui ils pouvaient nommer, il est venu à l’esprit de tous de nommer le Sauveur lui-même. « Notre sentiment et notre conviction de cœur étaient qu’il avait fait une alliance spéciale avec son petit troupeau, nous prenant comme son trésor particulier, veillant sur nous d’une manière spéciale, s’intéressant personnellement à chaque membre de notre communauté, et faisant pour nous parfaitement ce que nos anciens précédents ne pouvaient faire qu’imparfaitement. »
168.5. Parmi les nombreuses extravagances que Zinzendorf approuva pendant un certain temps, on peut citer les suivantes.
168.6. La grandeur de Zinzendorf résidait dans la ferveur de son amour pour le Sauveur et dans le désir ardent de rassembler à l’ombre de la croix tous ceux qui aimaient le Seigneur. Sa faiblesse ne consistait pas tant dans ses extravagances manifestes que dans l’idée qu’il avait été appelé à fonder une société. Pour réaliser cette idée, il a donné sa vie, ses talents, son cœur et ses moyens. Les avantages du rang et de la culture, il les a également donnés à cette tâche. Il était personnellement convaincu de son appel divin, et comme il ne reconnaissait pas l’autorité de la parole écrite, mais seulement des impressions subjectives, il est facile de voir comment il dérivait vers l’absurdité et l’incohérence. Le but qu’il méditait lui paraissait d’une importance suprême, de sorte que, pour le réaliser, il ne se faisait pas scrupule de s’écarter de la stricte véracité. — Les écrits de Zinzendorf, au nombre de plus d’une centaine, sont caractérisés par l’originalité, l’éclat et des formes d’expression particulières. Sur ses 2 000 hymnes, pour la plupart improvisés pour les services publics, 700 des meilleurs ont été révisés et publiés par Knapp. Deux d’entre eux se trouvent encore dans la plupart des recueils, et sont plus ou moins reproduits dans nos hymnes anglais, « Jesus still lead on » et « Jesus, Thy blood and righteousness ».
168.7. La Confrérie sous l’administration de Spangenberg.―Pour sa forme actuelle, la Fraternité est redevable à son sage et sensé évêque, Aug. Gottl. Spangenberg, mort après J.-C. Année 1792. Né en 1704, il fit personnellement la connaissance de Zinzendorf en 1727, après avoir terminé ses études à Iéna sous la direction de Buddæus, et continua par la suite dans des conditions d’intimité étroite avec lui et sa communauté. Grâce aux bons offices de G. A. Francke, fils et successeur de A. H. Francke, il fut appelé, en septembre 1732, à un poste d’assistant à la faculté de théologie de Halle, et nommé inspecteur d’école de l’orphelinat ; mais très vite on s’offusqua de la fraternité qu’il entretenait, non seulement avec la société de Herrnhut, mais aussi avec d’autres séparatistes. Le malentendu qui s’éleva ainsi conduisit en avril 1733 à sa déchéance en vertu d’un ordre du cabinet royal, et à son expulsion de Halle par le pouvoir militaire. Il se joignit alors officiellement à la communion des Frères. La première moitié de son ministère béni de soixante ans parmi les Moraves fut principalement consacrée à l’œuvre missionnaire à l’étranger, tant dans leurs colonies à l’étranger que dans leurs stations dans les pays païens. En Hollande en 1734, en Angleterre et au Danemark en 1735, il obtint l’autorisation officielle de fonder des colonies moraves au Surinam, dans l’État américain de Géorgie et à Santa Cruz, dont il entreprit lui-même la formation et la gestion, en plus de diriger l’œuvre missionnaire dans ces endroits. De retour d’Amérique en 1762, il acquit, après la mort de Zinzendorf, un ascendant si complet dans l’Église à tous égards, qu’il peut bien être considéré comme son second fondateur. Au synode de Marienborn, en A.D. En 1764, la Constitution est révisée et perfectionnée. La prérogative monarchique de Zinzendorf fut abandonnée à l’ancien, et Spangenberg obtint prudemment le retrait de toutes les excroissances et extravagances. Mais l’idée centrale d’une alliance spéciale n’a pas été touchée, et le 16 septembre est toujours considéré comme une grande fête de la Pentecôte. Dans la cinquième section des statuts des Frères unis à Gnaden, en 1819, elle se distingue de toutes les églises comme une « société de vrais enfants de Dieu ; comme une famille de Dieu, avec Jésus pour chef. Dans la quatrième section de l'« Histoire de la constitution des Frères unis à Gnaden, 1823 », la société est décrite comme « une compagnie de membres vivants du corps invisible de Jésus-Christ » ; et dans sa litanie du matin de Pâques, elle ajoute comme quatrième détail à l’article du credo : « Je crois que nos frères N. N., et nos sœurs N. N. se sont jointes à l’église d’en haut, et sont entrées dans la joie du Seigneur. Le synode de J.-C. 1848 a modifié cet article, et en général les opinions distinctives de la société ne sont pas mises en évidence. Cette tendance libérale a reçu une expression dogmatique dans l’Idea Fidei Fratrum de Spangenberg. Seules quelques nouvelles colonies ont été formées depuis la mort de Zinzendorf, et aucune n’a d’importance ; tandis que les colonies moraves jusque-là florissantes de Wetterau ont été détruites et leurs membres bannis, en J.-C. 1750, par le prince régnant, le comte von Isenburg-Büdingen, à cause de leur refus de prêter le serment d’allégeance. apr. J.-C. Les années 1729-1743 s’étaient terminées par l’expulsion des Herrnhuter, ces régions s’avérèrent dans la seconde moitié du siècle un champ plus fécond que toutes les autres. Ils s’y assurèrent une relation avec l’Église nationale qu’ils n’atteignirent jamais ailleurs. Dans ces régions, ils avaient formellement organisé une église dans l’église, dont les membres, pour la plupart des paysans, se sentaient convaincus qu’ils avaient été appelés par la voix même du Seigneur comme son petit troupeau choisi, ce qui causa des troubles infinis, surtout en Livonie, aux pasteurs fidèles, qui comprirent le mal mortel qui se produisait, et témoignèrent contre eux à partir de la parole de Dieu. Cette protestation était trop puissante et trop convaincante pour être ignorée, et maintenant, non seulement trop tard, mais aussi d’une manière trop timide, commença Herrnhut, en J.-C. 1857, pour revenir en arrière, afin de sauver son institut de Livonie par une régénération intérieure d’un renversement certain.
168.8. Les particularités doctrinales de la Fraternité ne peuvent pas être qualifiées de non-luthériennes ou d’anti-luthériennes. Bengel les caractérisa intelligemment en une seule phrase : « Ils ont ramassé le stock de la saine doctrine, dépouillé de ce qu’il y avait de plus essentiel et de plus vital, et en ont conservé la moitié », qui non seulement alors, mais conserve encore sa vérité et sa valeur. Le salut est considéré comme procédant purement du Fils, l’Homme-Dieu, de sorte que la relation du Père et du Saint-Esprit avec la rédemption n’est même pas nominale ; et la rédemption de l’Homme-Dieu est de nouveau considérée d’un côté comme consistant uniquement en ses souffrances et sa mort, tandis que l’autre côté, qui est fondé sur sa vie et sa résurrection, est soigneusement ignoré, ou son fruit est représenté comme emprunté à la mort expiatoire. Ainsi, non seulement la justification, mais la sanctification dérivent exclusivement de la mort du Christ, et cela, non pas tant comme une satisfaction substitutive médico-légale, bien que cela ne soit pas expressément nié, mais plutôt comme un sacrifice d’amour divin qui éveille en nous un amour qui répond. L’ensemble de la rédemption est considéré comme sortant du sang et des plaies du Christ ; et puisque c’est dans cette manière de voir le sujet que la grâce et l’amour de Dieu sont mis en évidence plutôt que sa justice, nous entendons parler presque exclusivement de l’Évangile et peu ou pas du tout de la loi. Toutes les prédications et tous les enseignements visaient ouvertement à éveiller des sentiments pieux d’amour pour Dieu, et tendaient ainsi à favoriser une sorte de sentimentalisme religieux.
168.9. Les particularités du culte parmi les Frères étaient aussi orientées vers l’excitation des sentiments pieux ; leur musique sacrée sensuellement douce, leurs hymnes d’église, surchargés d’émotion, leurs liturgies richement développées, leur restauration de l’agapè avec du thé, du biscuit et des chants choraux, le baiser fraternel à la communion, dans leurs premiers jours aussi le lavement des pieds, etc. Le mot d’ordre quotidien de l’Ancien Testament et les textes doctrinaux du Nouveau Testament étaient considérés comme des oracles et avaient pour but de donner une impression particulière aux sentiments religieux de l’époque. Dès J.-C. En 1727, ils avaient un livre de cantiques contenant 972 hymnes. La plupart d’entre eux étaient des compositions de leur cru, reflet fidèle de leurs sentiments religieux de l’époque. Il contenait aussi des hymnes bohémiens et moraves, traduits par Mich. Weiss, ainsi que de nombreux vieux favoris de l’église évangélique, souvent tristement mutilés. Par A.D. En 1749, elle avait reçu douze appendices et quatre suppléments. Dans ces appendices, en particulier dans le douzième, la tendance unilatérale à donner de l’importance aux sentiments a été poussée jusqu’à la caricature la plus absurde dans l’utilisation de termes offensants et stupides d’affection appliqués au Sauveur. Zinzendorf reconnut les défauts de cette production, la fit supprimer en 1751 et, à Londres, prépara une nouvelle édition expurgée du recueil de cantiques. Sous la présidence de Spangenberg, Christian Gregor publia, en A.D. 1778, un recueil de cantiques, contenant 542 du livre de Zinzendorf et 308 de ses propres comptines pieuses. Il a également publié un livre de chorales dans A.D. Année 1784. Parmi leurs poètes sacrés, Zinzendorf est facilement le premier. Son fils unique, Christian Renatus, qui mourut après J.-C. 1752, laissa derrière lui un certain nombre de chants sacrés. Leurs hymnes étaient généralement mis en musique sur les mélodies des piétistes de Halle.
168.10. En ce qui concerne la vie chrétienne, la Fraternité s’est retirée de la politique et de la société, a adopté des formes stéréotypées de discours et des usages particuliers, même dans leur habillement. Ils cherchaient à vivre sans être dérangés par la controverse, en communion personnelle avec le Sauveur. Leur séparatisme en tant que peuple d’alliance peut être excusé en raison de l’incrédulité qui règne dans l’Église protestante, mais il n’a pas été surmonté par le réveil de la vie spirituelle dans l’Église. Quant à leur constitution ecclésiastique, Christ lui-même, en tant qu’ancien en chef de l’Église, devrait y avoir le gouvernement direct. Les chefs, s’appuyant sur Proverbes xvi, 33 et Actes, I, 26, soutenaient que ce principe était convenablement exprimé par l’usage du sort ; Mais bientôt l’opposition à cette pratique s’est manifestée et, avec son abandon, la théorie de « l’alliance spéciale » a perdu toute sa signification. Le lot servait à l’élection des fonctionnaires, à l’envoi de missionnaires, à l’admission comme membre, etc. Mais en ce qui concerne le mariage, il n’a été utilisé qu’avec le consentement des candidats au mariage, et un résultat défavorable n’a pas été appliqué. L’administration des affaires de la société incombait à la conférence des anciens unis. De temps en temps, des synodes généraux dotés du pouvoir législatif étaient convoqués. Les membres étaient divisés en groupes de mariés, de veufs, de célibataires, de jeunes filles et d’enfants, avec des devoirs spéciaux, des résidences séparées et aussi des services religieux spéciaux en plus de ceux communs à tous. Les officiers de l’église étaient des évêques, des prêtres, des diacres, des diaconesses et des acolytes.
168.11. Missions chez les païens. — La rencontre de Zinzendorf avec un nègre des Indes occidentales à Copenhague éveilla de bonne heure en lui le zèle missionnaire. Il soumit l’affaire à l’Église, et en A.D. En 1732, les premiers missionnaires de Herrnhut, Dober et Nitschmann, se rendirent à Saint-Thomas, et l’année suivante, des missions furent établies au Groenland, en Amérique du Nord, dans presque toutes les îles des Antilles, en Amérique du Sud, chez les Hottentots du Cap, aux Indes orientales, chez les Esquimaux du Labrador, etc. Leur entreprise missionnaire constitue la partie la plus brillante et la plus attrayante de l’histoire des Moraves. Leur procédé convenait admirablement aux races incultes, et seulement à celles-là. Dans les Indes orientales, ils n’ont donc pas réussi. Ils ne manquaient jamais de missionnaires abnégation, qui se résignaient à tout par amour pour le Sauveur. C’étaient pour la plupart des artisans pieux et capables, qui se jetaient de tout leur cœur dans leur nouvelle œuvre et se consacraient avec une tendresse affectueuse à l’avancement des intérêts corporels et spirituels de ceux parmi lesquels ils travaillaient. L’un des plus nobles d’entre eux fut le patriarche missionnaire Zeisberger, qui mourut en 1944. 1808, après avoir peiné parmi les Indiens de l’Amérique du Nord pendant soixante-trois ans. Ces missions ont été menées à un coût étonnamment faible. Les Frères s’intéressèrent aussi à la conversion des Juifs. En apr. J.-C.En 1738, Dober travailla parmi les Juifs d’Amsterdam, et avec plus de succès en 1738 . 1739, Lieberkühn, qui visita aussi les Juifs d’Angleterre et de Bohême, et fut honoré par eux du titre de « rabbin ».507
L’âpreté de la lutte entre le calvinisme et le luthéranisme fut modérée des deux côtés. Les efforts syndicaux poursuivis au cours des premières décennies du siècle en Allemagne et en Suisse ont toujours été rejetés par l’opposition luthérienne. Dans les Églises réformées néerlandaises et allemandes, même au XVIIIe siècle, le cocccéianisme jouissait encore d’une grande réputation. Après avoir modifié le calvinisme strict, l’opposition entre l’orthodoxie réformée et l’hétérodoxie arminienne est devenue moins prononcée, et de plus en plus de tendances arminiennes ont trouvé leur chemin dans la théologie réformée. Ce que le piétisme et le moravianisme étaient pour l’Église luthérienne d’Allemagne, le méthodisme l’était, dans une bien plus grande mesure et avec une influence plus durable, pour l’Église épiscopale d’Angleterre.
169.1. L’Église réformée allemande. — La dynastie de Brandebourg s’efforça sans relâche d’opérer l’union des Églises luthériennes et réformées sur l’ensemble de leurs territoires (154, 4). Frédéric Ier (III) institué à cet effet en A. D. 1703 un collegium caritativum, sous la présidence du prédicateur de la cour réformée Ursinus (rang d’évêque, afin qu’il puisse officier au couronnement royal), dans lequel aussi, du côté des réformés, Jablonsky, ancien évêque morave, et, du côté des luthériens, le prédicateur de la cathédrale Winkler de Magdebourg et Lüttke, prévôt de Cologne-sur-la-Spree, y ont participé. Spener, qui ne voulait pas d’une union faite, mais celle qu’il faisait lui-même, exprima son opinion et passa bientôt outre. Lüttke, après quelques sederunts, se retira, et lorsque Winkler, en A.D. En 1703, un plan d’union, Arcanum regium, que l’Église luthérienne se contenta de soumettre à l’approbation du roi réformé, une telle tempête d’opposition s’éleva contre le projet qu’il dut être abandonné. L’année suivante, le roi reprit l’affaire d’une autre manière. Jablonsky s’engagea dans des négociations avec l’Angleterre pour l’introduction du système épiscopal anglican en Prusse, afin de construire par là un pont pour l’union avec le luthéranisme. Mais même ce plan échoua, à la suite de la succession de Frédéric-Guillaume Ier. en apr. J.-C. 1713, dont le sens perspicace s’y opposa vigoureusement. — Les déclarations vacillantes de la Confessio Sigismundi ( 154, 3) En ce qui concerne la prédestination, les théologiens réformés du Brandebourg ont pu la comprendre comme enseignant la doctrine de la grâce particulière aussi bien qu’universelle, et ainsi la faire correspondre à l’orthodoxie réformée du Brandebourg. Le recteur du Joachimsthal Gymnasium de Berlin, Paul Volkmann, en A.D. 1712, l’interpréta comme enseignant la grâce universelle, et ainsi, dans ses Thèses théologiques, il construisit un système de théologie, dans lequel la prescience divine du résultat, en tant que moyen terme de réconciliation entre le particularisme et l’universalisme de l’appel, était exposée d’une manière favorable à ce dernier. La controverse qui s’est élevée à ce sujet, dans laquelle Jablonsky lui-même a plaidé pour le point de vue le plus libéral, tandis que de l’autre côté Barckhausen, collègue de Volkmann, dans son Amica Collatio Doctrinæ de Gratia, quam vera ref. confitetur Ecclesia, cum Doctr. Volkmanni, etc., se présenta sous le nom de Pacificus Verinus comme son adversaire le plus résolu, fut stoppé en A.D. 1719 par un édit de Frédéric-Guillaume Ier, qui enjoignait le silence aux deux partis, sans qu’aucun résultat ait été atteint. — L’un des plus nobles mystiques qui aient jamais vécu était Gerhard Tersteegen, mort après J.-C. Année 1769. Il occupe un rang élevé en tant que poète sacré. Des âmes anxieuses lui rendaient visite en pèlerinage de loin et de près pour trouver du réconfort, des conseils et des rafraîchissements. Bien qu’il ne fût pas exactement séparatiste, il n’avait pas d’attachement fort à l’Église.508―Le livre de prières de Conrad Mel, pasteur et recteur de Hersfeld en Hesse, mort après J.-C. 1733, continue jusqu’à nos jours un favori dans les familles pieuses de la communion réformée.
169.2. L’Église réformée en Suisse. — La Confession helvétique, avec sa doctrine stricte de la prédestination et sa théorie particulière de l’inspiration (161, 3), avait été effectivement accepté, en A.D. 1675, par tous les cantons réformés, comme la norme absolue de la doctrine dans l’église et dans l’école ; mais cette obligation fut bientôt ressentie comme oppressive pour la conscience, et aussi l’archevêque de Cantorbéry et les rois d’Angleterre et de Prusse intercédèrent-ils à plusieurs reprises pour son abrogation. À Genève, malgré l’opposition vigoureuse d’une minorité strictement orthodoxe, la Vénérable Compagnie y parvint, en . 1706, avec à sa tête le recteur de l’Académie, J. A. Turretin, dont le père avait été l’un des principaux auteurs de la formule, en modifiant les conditions usuelles de souscription, Sic sentio, sic profiteor, sic docebo, et contrarium non docebo, en Sic docebo quoties hoc argumentum tractandum suscipiam, contrarium non docebo, nec ore, nec calamo, nec privatim, nec publice ; et plus tard, en apr. J.-C. En 1725, elle fut entièrement mise de côté, et l’adhésion aux Écritures de l’Ancien et du Nouveau Testament, ainsi qu’au catéchisme de Calvin, fut la seule obligation. Plus tenace de part et d’autre fut la lutte de Lausanne ; mais même là, elle perdit peu à peu du terrain, et vers le milieu du siècle, elle n’avait plus aucune autorité en Suisse.― Les efforts d’union faits par la dynastie prussienne trouvèrent des défenseurs zélés, mais infructueux, dans le chancelier Pfaff de Wurtemberg luthérien (167, 4), et en Suisse réformée à J. A. Turretin de Genève.
169.3. L’Église réformée hollandaise. — Vers la fin du XVIIe siècle, à la suite de menaces de la part des magistrats, la violence passionnée de la dispute entre Voetians et Cocceians ( 162, 5) a été modérée ; mais au commencement du XVIIIe siècle, les flammes éclatèrent de nouveau, atteignant leur apogée en 1712, lorsqu’un buste en marbre de Cocceius fut érigé dans une église de Leyde. Un Voétien obstiné, le pasteur Fruytier de Rotterdam, fut gravement offensé de ce procédé, et publia un pamphlet polémique plein des reproches et des accusations les plus acerbes contre les Coccéiens, qui, à laquelle les accusés répondaient énergiquement, était beaucoup plus nuisible qu’utile aux intérêts des Voétiens. Enfin une écoute favorable fut donnée à une parole de paix qu’un Voétien très respecté, le vénérable prédicateur de quatre-vingts ans, J. Mor. Mommers, adressés aux parties engagées dans la controverse. Il a publié dans A.D. 1738, sous le titre d’Eubulus, un traité dans lequel il prouvait que ni Cocceius lui-même ni ses partisans les plus distingués ne s’étaient écartés de la foi de l’Église réformée, et que, par conséquent, malgré toutes les divergences qui s’étaient élevées depuis, la main de la communion ne devait pas leur être refusée. En conséquence, les magistrats de Gröningen décidèrent tout d’abord qu’aussitôt, pour remplir les pastorats vacants, un Coccéien et un Voétien seraient nommés alternativement ; un principe qui s’est peu à peu imposé dans tout le pays. En même temps, on veillait à ce que les deux écoles aient une représentation égale dans les facultés de théologie. Mais, dans l’intervalle, de nouveaux départs avaient été faits dans chacun des deux partis. Chez les Voétiens, d’après le modèle que leur avait jadis donné Teellinck ( 162, 4), suivi par le prédicateur frison Théod. Brakel, mort après J.-C. 1669, et développé par Jodocus von Lodenstein d’Utrecht, mort après J.-C. En 1677, le mysticisme avait fait des progrès considérables, et les Coccéens, dans la personne d’Hermann Witsius, se rapprochaient davantage du piétisme des Voétiens et des Luthériens. Le représentant le plus distingué de ce parti conciliateur était F. A. Lampe de Detmold, plus tard professeur à Utrecht, auparavant et plus tard pasteur à Brême, qui jouissait d’une grande réputation dans son église comme auteur d’hymnes, mais surtout connu par son commentaire sur Jean. 1740, d’un ouvrage de Schortinghuis de Gröningen, qui déclarait les Écritures inintelligibles et inutiles à l’homme naturel, mais rendues fécondes pour les régénérés et les élus par l’illumination immédiate du Saint-Esprit, attestée par de profonds gémissements et des convulsions convulsives. Elle a été condamnée par tous les orthodoxes. L’auteur se cantonna alors à son pastorat, où il fut richement béni. Il mourut en apr. J.-C. Année 1750. Ses idées se répandirent comme une épidémie, jusqu’à ce qu’elles fussent éradiquées par les efforts conjugués des autorités civiles et ecclésiastiques en A.D. Année 1752.
Dans l’Église épiscopale d’Angleterre, la force vivante de l’Évangile s’était évaporée dans le formalisme de l’érudition scolastique et dans un ritualisme mécanique. Une réaction a été déclenchée par John Wesley, né après J.-C. 1703, un jeune homme d’une profonde ferveur religieuse et d’un zèle fervent pour le salut des âmes. Au cours de ses études à Oxford, en A.D. En 1729, avec quelques amis, dont son frère Charles, il fonde une société pour promouvoir la vie pieuse.509 Ceux qui étaient ainsi regroupés étaient dédaigneusement appelés méthodistes. D’après J.-C. 1732, George Whitefield, né en A.D. 1714, un jeune homme brûlant de zèle pour son salut et celui de ses semblables, travailla avec enthousiasme avec eux. En apr. J.-C. En 1735, les frères Wesley se rendirent en Amérique pour travailler à la conversion des Indiens de Géorgie. À bord du navire, ils rencontrèrent Nitschmann, et à Savannah Spangenberg, qui exerça une puissante influence sur eux. John Wesley accepta un poste de pasteur à Savannah, mais rencontra tant d’obstacles qu’il décida de retourner en Angleterre en Jésus-Christ. Année 1738. Whitefield venait de s’embarquer pour l’Amérique, mais il revint la même année. Pendant ce temps, Wesley rendit visite à Marienborn et à Herrnhut, et fit ainsi la connaissance personnelle de Zinzendorf. Il ne se sentait pas complètement satisfait et a donc refusé de se joindre à la société. À son retour, il commença, avec Whitefield, la grande œuvre de sa vie. Dans beaucoup de villes, ils fondèrent des sociétés religieuses, prêchèrent quotidiennement à des foules immenses dans les églises anglicanes et, lorsque les églises étaient refusées, en plein air, souvent à 20 000 ou même 30 000 auditeurs. Ils cherchaient à réveiller les pécheurs imprudents par toutes les terreurs de la loi et les horreurs de l’enfer, et par un repentir complet pour amener une conversion immédiate. Un nombre immense de pécheurs endurcis, la plupart des classes inférieures, furent ainsi réveillés et amenés à la repentance au milieu des cris et des convulsions. Whitefield, qui partageait ses attentions entre l’Angleterre et l’Amérique, prononça en trente-quatre ans 18 000 sermons ; Wesley, qui survécut à son jeune compagnon de vingt et un ans, mourut en J.-C. 1791, et il avait coutume de dire que le monde était sa paroisse, délivré encore plus. Leur association avec les Moraves avait été rompue en J.-C. Année 1740. Pour ces derniers, non seulement le style de prédication des méthodistes était répréhensible, mais aussi leur doctrine de la « perfection chrétienne », selon laquelle le vrai chrétien régénéré peut et doit atteindre une sainteté de vie parfaite, non certes exempte de tentation et d’erreur, mais de tous les péchés de faiblesse et de convoitises pécheresses. Wesley, à son tour, accusa les Herrnhuter d’une dangereuse tendance vers les erreurs des quiétistes et des antinomiens. Zinzendorf se rendit lui-même à Londres pour dissiper le malentendu, mais n’y parvint pas. Les grands chefs méthodistes ont eux-mêmes été séparés les uns des autres en J.-C. Année 1741. La doctrine de Whitefield sur la grâce et l’élection était calviniste ; L’Arminien de Wesley. En 1748, la comtesse de Huntingdon s’attacha aux méthodistes et leur assura une entrée dans les cercles aristocratiques. Avec toute son humilité et son abnégation, elle est restée assez aristocrate pour insister pour être chef et organisatrice. Voyant qu’elle ne pouvait pas jouer ce rôle avec Wesley, elle s’attacha étroitement à Whitefield. Il devint son aumônier domestique et, avec d’autres ecclésiastiques, l’accompagna dans ses voyages. Partout où elle allait, elle se faisait passer pour une « reine des méthodistes » et on lui permettait de prêcher et d’exercer son travail pastoral. Elle construisit soixante-six chapelles et, en apr. J.-C. En 1768, il fonda un séminaire pour la formation des prédicateurs à Trevecca, au Pays de Galles, sous la direction de l’habile et doux John Fletcher,Et il n’y a pas d’autre moyen d’y parvenir que d’utiliser le contrôle suprême pour elle-même. Après la mort de Whitefield, en A.D. En 1770, l’opposition entre les partisans calvinistes de Whitefield et les wesleyens arminiens éclata sous une forme beaucoup plus violente. Fletcher et ses compagnons de travail furent chargés d’enseigner l’horrible hérésie de l’universalité de la grâce, et furent pour cette raison renvoyés par la comtesse du séminaire de Trevecca. Ils rejoignirent alors Wesley, autour duquel la grande majorité des méthodistes s’étaient rassemblés.
169.5. Les méthodistes ne voulaient pas se séparer de l’église épiscopale, mais travailler comme un levain en son sein. Whitefield fut en mesure de maintenir ce lien grâce à l’aide de sa comtesse aristocratique et de ses relations avec le haut clergé ; mais Wesley, dédaignant une telle aide et se fiant à ses grandes facultés d’organisation, se sentit de plus en plus poussé à établir une société indépendante. Lorsque les églises furent fermées contre lui et ses compagnons de travail, et qu’il fut interdit de prêcher en plein air, il se construisit des chapelles.510 Le premier a été ouvert à Bristol, en J.-C. Année 1739. Comme ses associés ordonnés étaient trop peu nombreux pour l’œuvre, il obtint l’aide de prédicateurs laïcs. Il fonda deux sortes de sociétés religieuses : les sociétés unies embrassaient tout le monde, les sociétés de bande seulement les éprouvées de ses disciples. Puis il divisa de nouveau les sociétés unies en classes de dix à vingt personnes chacune, et les chefs de classe furent tenus de rendre compte avec précision de l’état spirituel et des progrès de ceux dont ils avaient la charge. Chaque membre de la société unie ainsi que des sociétés de bande détenait un billet de société, qui devait être renouvelé tous les trimestres. Les affaires extérieures des sociétés étaient gérées par des intendants, qui s’occupaient également des pauvres. Un certain nombre de sociétés locales constituaient une circonscription avec un surintendant et plusieurs prédicateurs itinérants.511 Wesley supervisait tous les départements de surveillance, d’administration et d’arrangement, avec l’appui de l’A.D. 1744 par une conférence annuelle. La prédication quotidienne et les exercices de dévotion dans les chapelles, les réunions hebdomadaires de classe, les veilles mensuelles, les jeûnes trimestriels et les fêtes d’amour, un service annuel pour le renouvellement de l’alliance et une grande multiplication des réunions de prière, donnèrent un caractère spécial à la piété méthodiste. Charles Wesley composa des hymnes pour leurs offices. Ils ont soigneusement évité d’entrer en collision avec les services de l’Église d’État. Les méthodistes américains, qui avaient été jusque-là approvisionnés par Wesley en missionnaires itinérants, en A.D. L’année 1784, après la guerre de l’Indépendance, exprima vigoureusement leur désir d’une constitution ecclésiastique plus indépendante, ce qui amena Wesley, en opposition à tout ordre légitime, à ordonner pour eux de sa propre main plusieurs prédicateurs et à nommer, en la personne de Thomas Coke, un surintendant, qui prit en Amérique le titre d’évêque. Coke devint le fondateur de l’Église méthodiste épiscopale d’Amérique, qui dépassa bientôt toutes les autres confessions dans son zèle pour la conversion des pécheurs, et dans le succès qui en résulta. La rupture avec l’Église mère a été complétée par l’adoption d’un credo dans lequel les trente-neuf articles ont été réduits à vingt-cinq. Lors de la dernière conférence présidée par Wesley, A.D. En 1790, on annonça qu’il y avait en Grande-Bretagne 119 circonscriptions, 313 prédicateurs, et aux États-Unis 97 circonscriptions et 198 prédicateurs. Après la mort de Wesley, en A.D. En 1791, sa suprématie autocratique fut dévolue, conformément à la « Magna Charta » méthodiste, à l’Acte de déclaration de l’A.D . 1784, sur une conférence fixe de 100 membres, mais son organisation hiérarchique a été la cause de nombreuses scissions et divisions ultérieures.512
169.6. Littérature théologique ― Clericus, d’Amsterdam, mort après J.-C. 1736, un théologien arminienne, s’est distingué dans la critique biblique, l’herméneutique, l’exégèse et l’histoire de l’Église. J. J. Wettstein était en A.D.En 1730 , il fut déposé pour hérésie et mourut en 1730 . 1754 comme professeur au séminaire des remontrants d’Amsterdam. Son édition critique du N.T. de l’A.D. 1751 jouissait d’une grande réputation. Schultens de Leyde, mort après J.-C. 1750, a introduit une nouvelle ère pour la philologie de l’Ancien Testament par l’étude comparative des dialectes apparentés, en particulier l’arabe. Il a écrit des commentaires sur Job et les Proverbes. Parmi les exégètes coccéiens que nous mentionnons, Lampe de Brême, mort après J.-C. 1729, « Com. on John », trois vol., etc., et J. Marck de Leyde, mort après J.-C. 1731, « Com. sur les prophètes mineurs ». Dans l’antiquité biblique, Reland d’Utrecht, mort après J.-C. 1718, écrit : « Palæstina ex vett. monum. Illustr. Antiquitt. ss. ; » dans l’antiquité ecclésiastique, Bingham, mort après J.-C. 1723, « Origines ecclésiastiques ; ou Antiquités de l’Église chrétienne », dix vol., 1724, un chef-d’œuvre qui n’a pas encore été remplacé. Parmi les apologistes anglais qui ont écrit contre les déistes, Leland, est mort après J.-C. 1766, « Avantage et nécessité de la révélation chrétienne » ; Stackhouse, mort après J.-C. 1752, « Histoire de la Bible ». Parmi les dogmatiques, Stapfer de Berne, mort après J.-C. 1775, et Wyttenbach de Marbourg, mort A.D. 1779, qui suivit la méthode Wolffian. Parmi les historiens de l’Église, J. A. Turretin de Genève, mort après J.-C. 1757, et Herm. Venema de Franeker, mort après J.-C. 1787. — Le plus célèbre des auteurs de chants sacrés en langue anglaise fut le prédicateur congrégationaliste Isaac Watts, mort après J.-C. 1748, dont les « Hymnes et chants spirituels », parus pour la première fois en A.D. 1707, occupent encore leur place dans les recueils de cantiques de toutes les confessions, et ont largement contribué à renverser le préjugé réformé contre l’utilisation d’autres psaumes que bibliques dans le service public de louange.
Le piétisme du XVIIIe siècle, comme la Réforme du XVIe, a été suivi par l’apparition de toutes sortes de fanatiques et d’extrémistes. Les convertis étaient rassemblés en petites compagnies, qui, en tant qu’ecclesiolæ in ecclesia, conservaient la flamme vivante au milieu des ténèbres régnantes, et de là surgissaient des séparatistes qui parlaient de l’Église comme de Babylone, considéraient ses ordonnances comme impures, et sa prédication comme un simple tintement de paroles. Ils tiraient leur nourriture spirituelle des écrits mystiques et théosophiques de Böhme, Gichtel, Guyon, Poiret, etc. Leur centre principal était Wetterau, où, dans la maison du comte Casimir von Berleburg, tous les piétistes, séparatistes, fanatiques et sectaires persécutés trouvaient refuge. Le comte y choisit ses fonctionnaires de cour et ses serviteurs personnels, bien qu’il appartienne lui-même à l’Église réformée nationale. Il n’y avait guère de district dans l’Allemagne protestante, en Suisse et aux Pays-Bas où il n’y avait pas de groupes de ces séparatistes ; les uns n’étaient que des enthousiastes inoffensifs, les autres faisaient circuler des doctrines pestilentielles et immorales. En dehors du piétisme, le swedenborgianisme a fait son apparition, prétendant avoir une nouvelle révélation. Parmi les sectes plus anciennes, les baptistes et les quakers envoyèrent de nouveaux essaims, et même le prédestinationnisme donna naissance à une forme de mysticisme allié au panthéisme.
170.1. Fanatiques et séparatistes en Allemagne. — Juliana von Asseburg, une jeune fille très estimée à Magdebourg pour sa piété, déclara qu’à partir de sa septième année, elle eut des visions et des révélations, surtout au sujet du millénium. Elle trouva un partisan zélé en la personne du Dr J. W. Petersen, surintendant de Lunebourg. Après son mariage avec Éléonore de Merlau, qui eut des révélations semblables, il proclama par la parole et par l’écrit un chiliasme fantastique et la restitution de toutes choses. Il a été déposé en J.-C. 1692, et mourut en A.D. Année 1727.513 Henry Horche, professeur de théologie à Herborn, est à l’origine d’un mouvement similaire au sein de l’Église réformée. Il fonda plusieurs sociétés de Philadelphie (163, 9) en Hesse, et composa une « bible mystique et prophétique », la soi-disant « Bible de Marbourg », après J.-C. Année 1712. Parmi les autres prédicateurs fanatiques de cette époque, l’un des plus éminents était Hochmann, un étudiant en droit expulsé de Halle pour ses extravagances, un homme de talent et d’éloquence, et très estimé de Tersteegen. Chassé d’un endroit à l’autre, il trouva enfin refuge à Berleburg, où il mourut en apr. J.-C. Année 1721. Dans le Wurtemberg, le pieux aumônier de la cour, Hedinger, de Stuttgart, mourut après J.-C. 1703, fut le père du piétisme et du séparatisme. Les plus célèbres de ses disciples furent Gruber et Rock, qui, chassés du Wurtemberg, s’installèrent avec d’autres séparatistes à Wetterau, renonçant à l’usage des sacrements et au culte public. Parmi ceux qui étaient réunis à la cour du comte Casimir, les plus éminents étaient le docteur Carl, son médecin, le mystique français Marsay, et J. H. Haug, qui avait été expulsé de Strasbourg, et qui maîtrisait les langues orientales. Ils publièrent un grand nombre d’ouvrages mystiques, dont le principal de toute la Bible de Berleburg, en huit volumes, de 1726 à 1742, dont Haug fut le principal auteur. Son exposition s’est déroulée conformément au triple sens ; Il luttait avec véhémence contre la doctrine de l’Église sur la justification, contre les écrits confessionnels, l’ordre clérical, l’Église morte, etc. Il montrait parfois une profonde perspicacité et faisait des remarques brillantes, mais contenait aussi beaucoup de trivialités et d’absurdités. Le mysticisme qui prédomine dans cet ouvrage manque d’originalité, et est compilé à partir des écrits mystico-théosophiques de tous les temps, depuis Origène jusqu’à Madame Guyon.
170.2. Les sociétés inspirées de Wetterau. — Après la malheureuse issue de la guerre des Camisards en A.D. 1705 ( 153, 4) le chef des prophètes des Cévennes s’enfuit en Angleterre. Ils furent d’abord bien accueillis, mais furent ensuite excommuniés et jetés en prison. En apr. J.-C. En 1711, plusieurs d’entre eux se rendirent aux Pays-Bas, et de là se rendirent en Allemagne. Trois frères, étudiants à Halle, nommés Pott, adoptèrent leur notion du don d’inspiration et l’introduisirent à Wetterau en J.-C. Année 1714. Gruber et Rock, les chefs des séparatistes de la région, s’opposèrent d’abord à la doctrine, mais ils furent vaincus par l’Esprit et devinrent bientôt ses champions les plus enthousiastes. Des réunions de prière ont été organisées, d’immenses fêtes d’amour ont été organisées, et par des frères itinérants une ecclesia ambulatoria a été mise sur pied, par laquelle la nourriture spirituelle a été apportée aux croyants dispersés dans le pays et les enfants des prophètes ont été rassemblés de tous les pays. Les « paroles » prononcées dans l’extase étaient des appels à la repentance, à la prière, à l’imitation du Christ, des révélations de la volonté divine en matière concernant les communautés, des proclamations de l’approche prochaine du jugement divin sur une Église et un monde dépravés, mais sans chiliasme fanatique et sensuel. De plus, sauf dans le mépris des sacrements, ils s’en tenaient à l’essentiel de la doctrine de l’Église. En apr. J.-C. En 1715, une scission s’est produite entre le vrai et le faux parmi les inspirés. Le vrai maintint une constitution formelle et, en apr. J.-C. 1716 excluait tous ceux qui ne se soumettraient pas à cette discipline. Par A.D. En 1719, seul Rock revendiqua le don de l’inspiration, et ce jusqu’à sa mort en A.D. Année 1749. Gruber mourut en apr. J.-C. 1728, et avec lui tomba un pilier de la société. Rock était le seul accessoire restant. Une nouvelle ère de leur histoire commence avec leurs relations avec les Herrnhuter. Zinzendorf leur envoya une députation en A.D. 1730, et leur rendit visite en personne à Berleberg [Berleburg]. La profonde personnalité chrétienne de Rock l’impressionna profondément. Mais il s’offusquait de leur mépris des sacrements et du caractère convulsif de leurs paroles. Cependant, cela ne l’empêcha pas d’exprimer sa révérence pour leur chef compétent, qui en retour rendit visite à Zinzendorf à Herrnhut en J.-C. Année 1732. Dans l’intérêt de sa propre société, Zinzendorf se garda bien de s’identifier à ceux de Wetterau. Rock le dénonça comme un nouveau Babylone-botcher, et il riposta en traitant Rock de faux prophète. Lorsque les Herrnhuter furent chassés de Wetterau en A.D. 1750 ( 168, 3, 7), Les communautés inspirées entrèrent dans leur héritage. Mais avec la mort de Rock en A.D. 1749 La prophétie avait cessé parmi eux. Ils sombrèrent de plus en plus dans l’insignifiance, jusqu’à ce que le réveil de la vie spirituelle, A.D. 1816-1821, les remit sur le devant de la scène. L’ingérence du gouvernement a poussé la plupart d’entre eux vers l’Amérique.
170.3. J. C. Dippel, théologien, médecin, alchimiste, découvreur du bleu de Prusse et de l’oleum dippelii, d’abord adversaire orthodoxe du piétisme, puis, par l’intermédiaire de Gottfr, revêt une importance toute particulière. L’influence d’Arnold, partisan des piétistes, et finalement des séparatistes. En apr. J.-C. En 1697, sous le nom de Christianus Democritus, il commença à écrire sur un ton moqueur de tout le christianisme orthodoxe, avec un étrange mélange de mysticisme et de rationalisme, mais sans aucune trace d’expérience chrétienne profonde. Persécuté de toutes parts, exilé ou emprisonné, il parcourut çà et là l’Allemagne, la Hollande, le Danemark et la Suède, et trouva enfin un refuge à Berleberg [Berleburg] en J.-C. Année 1729. C’est là qu’il entra en contact avec les inspirés, qui firent tout ce qui était en leur pouvoir pour le gagner ; mais il déclara qu’il aimerait mieux se donner au diable qu’à cet Esprit de Dieu. Il fut longtemps intime avec Zinzendorf, mais il le déversa ensuite sur lui les injures les plus amères. Il mourut dans le château comtal de Berleberg [Berleburg] en apr. J.-C. Année 1734.11°
L’un des pires fut la secte Buttlar, fondée par Eva von Buttlar, originaire de Hesse, qui avait épousé un réfugié français, vécut gaiement pendant dix ans à la cour d’Eisenach, puis se joignit aux piétistes et devint un séparatiste rigide. Séparée de son mari, elle s’associa à la licence Winter et fonda une société de Philadelphie à Allendorf en A.D. 1702, où l’on pratiqua les immoralités les plus infâmes. Éva elle-même était vénérée comme la porte du paradis, la nouvelle Jérusalem, la mère de tous, Sophia venue du ciel, la nouvelle Ève et l’incarnation de l’Esprit. Winter était l’incarnation du Père, et leur fils Appenfeller l’incarnation du Fils. Ils ont déclaré que le mariage était un péché ; Les convoitises sensuelles doivent être tuées dans la communion spirituelle, alors même l’association charnelle est sainte. Éva vécut avec tous les hommes de la secte dans l’adultère le plus éhonté. Il en va de même pour les autres femmes de la communauté. Expulsés d’Allendorf après un séjour de six semaines, ils tentèrent en vain de s’implanter en divers endroits. À Cologne, ils sont allés à l’église catholique. Leur immoralité atteignit son paroxysme à Lüde, près de Pyrmont. Winter fut condamné à mort en A.D. 1706, mais a été relâché avec la flagellation. Eva a échappé au même châtiment en fuyant et a continué ses mauvaises pratiques sans contrôle pendant une autre année. Elle retourna ensuite à Altona, où, avec ses disciples menant extérieurement une vie honorable, elle s’attacha à l’église luthérienne et mourut, honorée et estimée, en l’an de grâce. 1717. — De la même manière, il s’éleva en A.D.En 1739, la secte Bordelum, fondée à Bordelum par les licenciés Borsenius et Bär, et la secte Brüggeler, à Brüggeler dans le canton de Berne, où, en 1739, la secte Bordelum, fondée à Bordelum par les licenciés Borsenius et Bär, et la secte Brüggeler, à Brüggeler, dans le canton de Berne, où en 1739 . En 1748, les frères Kohler se présentèrent comme deux témoins (Apoc., xi). La secte des Sionites de Ronsdorf, dans le duché de Berg, était de même nature. Elias Eller, un fabricant d’Elberfeld, excité par les écrits mystiques, s’est marié en J.-C. En 1725, il était une vieille veuve riche, mais il trouva bientôt plus de plaisir auprès d’une belle jeune femme, Anna von Buchel, qui, par une infection nerveuse et sympathique, fut poussée à l’extase prophétique. Elle a proclamé l’arrivée prochaine du millénaire ; Eller l’identifia à la mère de l’enfant-homme (Apoc., xii, 1). Quand sa femme eut langui de jalousie et de négligence et qu’elle mourut, il épousa Buchel. Le premier enfant qu’elle lui donna fut une fille, et le second, un garçon, mourut peu après. Lorsqu’une forte opposition s’éleva à Elberfeld contre la secte, il fonda, avec ses partisans, Ronsdorf, en tant que Nouvelle Sion, en J.-C. Année 1737. La colonie obtint des droits civiques et Eller fut nommé bourgmestre. Anna étant morte en A.D. En 1744, Eller donna une nouvelle mère à sa colonie et pratiqua toutes sortes de tromperies et de tyrannies. Après que l’engouement eut duré longtemps, les yeux du pasteur réformé Schleiermacher, grand-père du célèbre théologien, s’ouvrirent enfin. En s’enfuyant aux Pays-Bas, il échappa au sort d’un autre révolté, qu’Eller persuada les autorités de Düsseldorf de mettre à mort comme sorcier. Toutes les plaintes contre lui-même furent annulées par la corruption des fonctionnaires par Eller. Après sa mort en A.D. En 1750, son beau-fils continua longtemps ce jeu de Sion.
170.5. Le swedenborgianisme. — Emanuel von Swedenborg naquit à Stockholm, en l’an 2000. 1688, fils de l’évêque luthérien strict de West Gothland, Jasper Swedberg. Il fut nommé assesseur de l’École des mines de Stockholm et se révéla bientôt un homme d’érudition encyclopédique et de capacité spéculative. Après un long examen des secrets de la nature, dans un état d’extase magnétique, dans lequel il croyait avoir des rapports avec les esprits, tantôt dans le ciel, tantôt dans l’enfer, il en fut convaincu, en A.D. 1743, qu’il fut appelé par ces révélations à restaurer le christianisme corrompu en fondant une église de la Nouvelle Jérusalem comme l’église finalement parfaite. Il publia les révélations apocalyptiques sous la forme d’un nouvel évangile : « Arcana Cœlestia in Scr. s. Detecta », en sept volumes ; Vera Chr. Rel., deux vol. Après sa mort, en A.D. En 1772, sa « Vera Christiana Religio » a été traduite en suédois, mais ses opinions n’ont jamais eu beaucoup d’écho dans son pays natal. Ils se répandirent plus largement en Angleterre, où John Clowes, recteur de l’église Saint-Jean de Manchester, traduisit ses écrits, et lui-même écrivit en grande partie dans leur exposition et leur éloge. Des congrégations séparées, avec leurs propres ministres et leurs propres formes de culte, ont vu le jour à travers l’Angleterre en l’an J.-C. 1788, et bientôt il y en eut jusqu’à cinquante dans tout le pays. De l’Angleterre, la Nouvelle Église s’est répandue en Amérique. — En Allemagne, c’est surtout dans tout le Wurtemberg qu’elle a trouvé des adhérents. Là, en A.D. 1765, Oetinger ( 171, 9) Il reconnut les révélations de Swedenborg et en introduisit de nombreux éléments dans son système théosophique. — Le système religieux de Swedenborg était un mysticisme spéculatif, avec une base physique et des résultats rationalisants. Le but de la religion chez lui est d’ouvrir une correspondance intime entre le monde spirituel et l’homme, et de donner un aperçu du mystère de la connexion entre les deux. La Bible (à l’exclusion des épîtres apostoliques, comme un simple exposé), en premier lieu l’Apocalypse, est reconnue par lui comme la parole de Dieu ; Cependant, non pas dans son sens littéral, mais dans son sens spirituel ou intérieur. Parmi les dogmes de l’Église, il n’y en a pas un qu’il n’ait mis de côté ou qu’il n’ait expliqué de manière rationaliste. Il dénonce dans les termes les plus forts la doctrine ecclésiastique de la Trinité. Dieu n’est avec lui qu’une seule Personne, qui se manifeste sous trois formes différentes : le Père est le principe du Dieu qui se manifeste ; le Fils, la forme manifestée ; l’Esprit, l’activité manifestée. Le but de la manifestation du Christ est l’union de l’humain et du Divin ; La rédemption n’est rien d’autre que le combat et la victoire sur les mauvais esprits. Mais les anges et les démons sont les esprits des morts, glorifiés et damnés. Il ne croyait pas en une résurrection de la chair, mais soutenait que la forme spirituelle du corps subsiste après la mort. La seconde venue du Christ ne sera pas personnelle et visible, mais spirituelle à travers une révélation du sens spirituel de l’Écriture Sainte, et se réalise par la fondation de l’église de la Nouvelle Jérusalem.515
170.6. Sectes néo-baptistes ( 163, 3).―Dans Wetterau à propos de A.D. En 1708, une secte anabaptiste appelée Dippers est apparue, parce qu’elle ne reconnaissait pas le baptême des enfants et insistait sur l’immersion complète des croyants adultes. Ils sont apparus en Pennsylvanie en A.D. 1719, et fonda des colonies dans d’autres États. Du « parfait », ils exigeaient une séparation absolue de toutes les pratiques et jouissances mondaines et un style vestimentaire simple et apostolique. Au baptême et à la Cène du Seigneur, ils ajoutaient le lavement des pieds, le baiser fraternel et l’onction des malades. Les baptistes du septième jour observent le septième jour au lieu du premier jour de la semaine, et enjoignent le célibat « parfait » et la communauté des biens. De nouvelles sectes venues d’Angleterre continuèrent à se répandre en Amérique. Parmi ceux-ci, il y avait les baptistes de la semence ou du ventouse, qui identifiaient les non-élus avec la semence du serpent et, à cause de leur doctrine de la prédestination, considéraient toute instruction et tout soin des enfants comme inutiles. Une exagération prédestinarienne similaire est observée chez les baptistes à carapace dure, qui dénoncent toutes les missions intérieures et étrangères comme allant à l’encontre de la souveraineté divine. Beaucoup d’entre eux, parfois appelés Campbellites du nom de leur fondateur, rejettent tout nom de parti, prétendant être simplement chrétiens, et ne reconnaissent dans les Écritures que ce qui est expressément déclaré être « la parole du Seigneur ». Les Baptistes des Six Principes limitent leur credo aux six articles d’Hébreux, VI, 1, 2. Les frères Haldane, vers le milieu du XVIIIe siècle, fondèrent en Écosse la secte baptiste des Haldanites, qui s’est appliquée avec beaucoup d’énergie à la culture pratique de la vie chrétienne. — Continuation, 208, 1 ; 211, 3.
170.7. Nouvelles sectes quakers. — Les Jumpers, qui surgirent parmi les méthodistes de Cornouailles vers l’an 2000. 1760, sont en principe étroitement liés aux premiers Quakers ( 163, 4). Ils sautaient et dansaient à la manière de David devant l’arche et poussaient des hurlements inarticulés. Ils s’installèrent en Amérique, où ils ont encore des adhérents. — Les Shakers sont issus des prophètes des Cévennes qui s’enfuirent en Angleterre en J.-C. Année 1705. Ils convertirent une famille quaker de Bolton dans le Lancashire nommée Wardley, et la communauté s’agrandit rapidement. En apr. J.-C. 1758 Anna Lee, épouse d’un maréchal-ferrant Stanley, rejoint la société et, en tant qu’épouse apocalyptique, inaugure le millénaire. Elle enseignait que la racine de tout péché était la relation entre les sexes. Maltraitée par la foule, elle émigra en Amérique, avec trente compagnons, en J.-C. Année 1774. Bien qu’elle ait été persécutée ici aussi, la secte s’est développée et a formé dans l’État de New York l’Église millénaire ou Société unie des croyants. Anna est morte en apr. J.-C. Mais ses prophètes déclarèrent qu’elle avait simplement mis de côté l’habit terrestre et assumé l’habit céleste, de sorte que ce n’est qu’alors que la vénération de « Mère Anne » entra en vigueur. Comme le Christ est le Fils de la Sagesse éternelle, Anne est la fille ; comme Christ est le second Adam, elle est la seconde Ève, et la mère spirituelle des croyants comme Christ est leur père. Le célibat, la communauté des biens, le travail commun (principalement le jardinage), comme un plaisir et non comme un fardeau, la vie domestique commune comme des frères et sœurs, et des rapports constants avec le monde des esprits, sont les principaux points de sa doctrine. Par l’adjonction de prosélytes volontaires et l’adoption de pauvres enfants sans défense, la secte s’est agrandie, jusqu’à ce qu’elle compte aujourd’hui 3 000 ou 4 000 âmes dans dix-huit villages. Sa capitale est New Lebanon dans l’État de New York. Le nom de Shakers leur a été donné à cause du mouvement frémissant du corps dans leurs danses solennelles. Dans leurs offices, ils marchent en chantant : « En route vers le ciel, nous irons », « En marche vers le ciel, oui, bande victorieuse », etc. Comme les Quakers ( 163, 6) ils n’ont ni ministère ni sacrements, et toute leur manière de vivre est calquée sur celle des quakers. La pureté de la relation entre frères et sœurs a toujours été exempte de soupçons.516
170.8. Sectes prédestinariennes-mystiques. — Les Hébréens, fondés par Verschoor, licencié de l’Église réformée de Hollande, déposé sous le soupçon d’opinions spinozistes, à la fin du XVIIe siècle, tiennent pour indispensable la nécessité de lire la parole de Dieu dans l’original. Ils étaient fatalistes et soutenaient que les élus ne pouvaient commettre aucun péché. La vraie foi consistait à croire à cette doctrine de leur propre impeccabilité. Vers la même époque surgirent les Hatémistes, disciples de Pontiaan von Hattem, un prédicateur déposé pour hérésie, avec des vues fatalistes comme les Hébrées, mais avec une forte veine de mysticisme panthéiste. La vraie piété consistait en ce que le croyant se reposait en Dieu d’une manière purement passive, et laissait Dieu seul s’occuper de lui. Les deux sectes s’unirent sous le nom d’Hattemists, et continuèrent d’exister en Hollande et en Zélande jusqu’à environ J.-C. Année 1760.
En Angleterre, au cours de la première moitié du siècle, le déisme avait encore plusieurs propagandistes actifs, et tout au long du siècle, des efforts, qui n’ont pas été tout à fait infructueux, ont été faits pour répandre les vues unitariennes. À partir du milieu du siècle, alors que l’incrédulité déiste anglaise s’était éteinte, les « Lumières », sous le nom de rationalisme, trouvèrent une entrée en Allemagne. Le pélagianisme arminienne, recommandé par une brillante érudition, le déisme anglais, répandu par des traductions et des réfutations, et le naturalisme français, introduit par un grand roi très honoré, furent les facteurs extérieurs qui contribuèrent à ce résultat. Les loges francs-maçonnes, transportées d’Angleterre en Allemagne, vestige du moyen âge, aidèrent le mouvement par leurs efforts pour une religion universelle d’ordre moral et pratique. Les facteurs intérieurs étaient la philosophie wolffienne (167, 3), la philosophie populaire, et le piétisme, avec son beau-père séparatisme ( 170), qui a immédiatement préparé le terrain pour l’ensemencement du rationalisme. L’orthodoxie, elle aussi, avec ses formules qui avaient survécu, contribua au même but. Le rationalisme allemand se distingue essentiellement du déisme et du naturalisme en ce qu’il ne rompt pas complètement avec la Bible et l’Église, mais qu’il l’éviscère à la fois par ses théories d’accommodement et par ses représentations exagérées des limites de l’époque à laquelle les livres de l’Écriture ont été écrits et les doctrines du christianisme ont été formulées. Il traite ainsi la Bible comme un document important, et l’Église comme une institution religieuse utile. Contre le rationalisme surgit le surnaturalisme, faisant directement appel à la révélation. C’était une dilution de l’ancienne foi de l’Église par l’ajout de plus ou moins d’eau du rationalisme. Sa réaction a donc été faible et vacillante. Le succès temporaire du rationalisme vulgaire résidait, non pas dans sa force propre, mais dans la correspondance qui existait entre lui et l’esprit dominant de l’époque. Cependant la philosophie, aussi bien que la littérature nationale des Allemands, commença alors une lutte victorieuse contre ces tendances, et, bien qu’elle fût elle-même souvent indifférente et même hostile au christianisme, elle reconnut dans le Christ un maître d’école. Pestalozzi a rendu un service similaire à l’éducation populaire en tentant de réformer les systèmes d’effets.
171.1. Le déisme, l’arianisme et l’unitarisme dans l’Église anglaise.
171.2. Francs-maçons. — L’institution médiévale des francs-maçons (104, 13) gagna beaucoup de faveur en Angleterre, surtout après le grand incendie de Londres en 1914. Année 1666. Le premier pas vers la formation de loges franc-maçonnes de type moderne a été fait vers la fin du XVIe siècle, lorsque des hommes de distinction dans d’autres vocations ont demandé à être admis comme membres honoraires. Après la reconstruction de Londres et l’achèvement de St. Paul’s en A.D.En 1710 , la plupart des loges ont disparu et les quatre qui continuaient d’exister se sont réunies en 1710 . 1717 en une grande loge à Londres, qui, renonçant à la maçonnerie matérielle, assuma la tâche d’élever le temple de l’humanité. En apr. J.-C. En 1721, le révérend M. Anderson prépara une constitution pour cette reconstruction d’une société commerciale en une fraternité universelle, d’après laquelle tous les « francs-maçons » observant fidèlement la loi morale ainsi que toutes les prétentions de l’humanité et du patriotisme, étaient tenus de professer la religion commune à tous les hommes de bien, transcendant toutes les différences confessionnelles, sans qu’aucun individu ne soit empêché d’avoir ses propres opinions particulières. Bien que, à l’imitation de l’ancienne institution, tous les membres, en raison de leurs liens étroits, aient été tenus d’observer le secret le plus strict en ce qui concerne leurs signes maçonniques, leurs rites d’initiation et de promotion, et leurs formes de salutation, ce n’est pas à proprement parler une société secrète, puisque la constitution a été publiée en J.-C. 1723, et les membres reconnaissent publiquement qu’ils le sont. — De Londres, le nouvel institut s’étendit à toute l’Angleterre et aux colonies. Des loges ont été fondées à Paris en A.D. 1725, à Hambourg en A.D. 1737, à Berlin en A.D. Année 1740. Ce dernier a été élevé en J.-C. 1744 en grande loge, avec Frédéric II comme grand maître. Mais bientôt des troubles et des disputes surgirent, qui brisèrent l’ordre vers la fin du siècle. Rosicruciens ( 160, 1) et les alchimistes, prétendant détenir les secrets de la science occulte, les Jésuites ( 210, 1), avec les tendances hiérarchiques catholiques, et les « Illuminati » ( 165, 13), Avec des tendances rationalistes et infidèles, ainsi que des aventuriers de toutes sortes, avaient fait des loges des centres de charlatanisme, de jonglerie et de complots.519
171.3. L'"Illumination » allemande.
171.4.
171.5.
171.6. La théologie de la transition.—Quatre hommes, qui s’efforçaient de maintenir leur propre croyance en la révélation, firent plus que tous les autres pour préparer la voie au rationalisme : Ernesti de Leipzig, dans le département d’exégèse du Nouveau Testament ; Michaelis de Göttingen, dans l’exégèse de l’O.T. ; Semler de Halle, dans la critique biblique et historique ; et Töllner de Francfort-sur-l’Oder, en dogmatique. J. A. Ernesti, A.D. 1707-1781, à partir de J.-C. 1734 recteur de l’école Saint-Thomas, à partir de J.-C. 1742 professeur à Leipzig, collègue de Chr. A. Crusius ( 167, 3), était particulièrement éminent en tant qu’érudit classique, et a maintenu sa réputation dans ce département, même après être devenu professeur de théologie en A.D. Année 1758. Son Institutio Interpretis N.T., de l’A.D. 1761, a fait un axiome d’exégèse que l’exposition de l’Écriture doit être conduite exactement comme celle de n’importe quel autre livre. Mais même dans le domaine de la littérature classique, il doit y avoir une compréhension de l’auteur dans son ensemble, et l’exposant doit apprécier l’esprit de l’écrivain, ainsi que connaître sa langue et les coutumes de son époque. Et c’est précisément à cause de l’absence d’Ernesti que son traité sur l’herméneutique biblique est rationaliste, et il est devenu le père de l’exégèse rationaliste, bien qu’il ait lui-même eu l’intention de s’en tenir fermement à la doctrine de l’inspiration et au credo de l’Église. 1717-1791, fils du pieux et orthodoxe Chr. Bened. Michaelis, l’a fait pour l’O.T. Il venait de J.-C. 1750 professeur à Göttingen, un homme d’une érudition variée et d’une grande influence. Il reconnut publiquement qu’il n’avait jamais rien expérimenté du testimonium Sp. s. internum, et fonda ses preuves de la divinité des Écritures entièrement sur des preuves extérieures, par exemple les miracles, la prophétie, l’authenticité, etc., une toile d’araignée facilement mise en pièces par l’ennemi. Personne ne l’a jamais surpassé dans l’art d’imposer ses propres idées aux auteurs sacrés et de leur faire prononcer ses idées favorites. Un exemple frappant de cela est ses « Lois de Moïse », en six volumes. — Dans une bien plus grande mesure qu’Ernesti ou Michaelis ne l’ont fait pour J. Sol. Semler, A.D. 1725-1791, élève de Baumgarten, et de A.D. 1751 professeur à Halle, aide à la cause du rationalisme. Il avait grandi sous l’influence du piétisme de Halle, dans la profession d’un christianisme coutumier, qu’il appelait sa religion privée, et qui contribuait à sa vie à une base d’une véritable piété personnelle. Mais avec une rare subtilité de raisonnement d’homme de science, doué d’une riche érudition, et sans aucun désir de se séparer du christianisme, il sapa presque tous les appuis de la théologie de l’Église. C’est ce qu’il fit en mettant en doute l’authenticité des écrits bibliques, en établissant une théorie de l’inspiration et de l’accommodement qui admettait la présence d’erreurs, de malentendus et de fraudes pieuses dans les Écritures, par un style d’exposition qui mettait de côté tout ce qui n’était pas attrayant dans le Nouveau Testament en tant que « restes du judaïsme », par un traitement critique de l’histoire de l’Église et de ses doctrines. qui représentait les doctrines de l’Église comme le résultat d’une bévue, d’une erreurla conception, la violence, etc. C’était un auteur volumineux, laissant derrière lui pas moins de 171 écrits. Il a semé le vent, et a récolté le tourbillon par lequel il a été lui-même entraîné. Il résista fermement à l’installation de Bahrdt à Halle, s’opposa aux efforts de Basedow, s’appliqua avec empressement à réfuter les « Fragments de Wolfenbüttel » de Reimarus, édités par Lessing en 1774-1778, qui représentaient le christianisme comme fondé sur la tromperie et la fraude pures, et défendait même l’édit de Wöllner. Mais le courant ne devait pas être endigué ainsi, et Semler mourut le cœur brisé à la vue de la récolte abondante de ses propres semailles. 1724-1774, à partir de J.-C. Professeur à Francfort-sur-l’Oder, en 1756, il n’était pas du tout égal à ceux que nous venons de nommer ; mais il mérite une place à côté d’eux, comme celui qui a ouvert la porte au rationalisme dans le département de dogmatique. Lui-même s’en tenait fermement à la croyance à la révélation, aux miracles et à la prophétie, mais il considérait aussi comme prouvé que Dieu sauve les hommes par la révélation de la nature ; la révélation de l’Écriture n’est qu’un moyen plus sûr et plus parfait. Il examina aussi l’inspiration divine de l’Écriture, et trouva que le langage et les pensées étaient ceux des auteurs, et que Dieu s’y intéressait d’une manière qui ne pouvait être déterminée avec plus de précision. Enfin, en traitant de l’obéissance active de Christ, il en donne une représentation qui met de côté la doctrine de l’Église.
171.7. La théologie rationaliste. — De l’école de ces hommes, et surtout de celle de Semler, sont sorties des foules de rationalistes qui, pendant soixante-dix ans, ont occupé presque toutes les chaires et tous les pastorats de l’Allemagne protestante. À leur tête se tient Bahrdt, A.D. 1741-1792, auteur d’abord de manuels orthodoxes, qui, s’enfonçant de plus en plus profondément dans la vanité, le manque de caractère et l’immoralité, et suivant les traces d’Edelmann, écrivit 102 vol., la plupart d’un caractère calomnieux et blasphématoire. Les rationalistes, cependant, étaient généralement d’un genre plus noble : Griesbach d’Iéna, A.D. 1745-1812, distingué comme critique textuel du Nouveau Testament ; Teller de Berlin, publia un lexique du Nouveau Testament, qui remplaçait la régénération par « mener une autre vie », la sanctification par « amélioration », etc. Koppe, de Göttingen, et Rosenmüller, de Leipzig, ont écrit des scholies sur le N.T., et Schulze et Bauer sur l’O.T. Les exécutions de J. G. Eichhorn de Göttingen, A.D. ont été beaucoup plus précieuses. 1752-1827, et Bertholdt d’Erlangen, A.D. 1774-1822, qui a écrit des introductions à l’Ancien Testament et des commentaires. Dans le département d’histoire de l’Église, H. P. C. Henke de Helmstädt et le talentueux homme d’État Von Spittler de Wurtemberg ont écrit du point de vue rationaliste. Steinbart et Eberhardt [Eberhard] ont écrit davantage dans le style de la philosophie populaire. L’esprit subtil J. H. Tieftrunk, A.D. 1760-1837, professeur de philosophie à Halle, introduisit en théologie la philosophie kantienne avec ses catégories strictes. Jérusalem, Zollikofer et d’autres ont beaucoup fait pour répandre les idées rationalistes par leur prédication.520
171.8. Le surnaturalisme. — Abandonnant l’ancienne orthodoxie sans céder au rationalisme, les surnaturalistes cherchèrent à maintenir leur emprise sur la révélation de l’Écriture. Beaucoup d’entre eux l’ont fait d’une manière très incertaine : leur révélation n’avait presque rien à révéler qui n’ait déjà été donnée par la raison. D’autres, cependant, cherchaient avec empressement à préserver toutes les vérités essentiellement vitales. Morus de Leipzig, l’élève le plus doué d’Ernesti, Less de Göttingen, Döderlein d’Iéna, Seiler d’Erlangen et Nösselt de Halle, étaient tous des représentants de cette école. Des adversaires plus puissants du rationalisme sont apparus dans Storr de Tübingen, A.D. 1746-1805, qui pouvait rompre une lance même avec le philosophe de Königsberg, Knapp de Halle et Reinhard de Dresde, le prédicateur le plus célèbre de son temps. Le sermon de Reinhard sur la fête de la Réforme de l’an J.-C. L’année 1800 suscita un tel enthousiasme en faveur de la doctrine luthérienne de la justification que le gouvernement publia un édit attirant l’attention de tous les pasteurs sur elle comme modèle. Les apologistes les plus distingués furent le mathématicien Euler de Saint-Pétersbourg, le physiologiste, botaniste, géologue et poète Haller de Zurich et les théologiens Lilienthal de Königsberg et Kleuker de Kiel. Le défenseur le plus zélé de la foi était Goeze de Hambourg, qui combattit pour le palladium de l’orthodoxie luthérienne contre ses collègues rationalistes, contre le théâtre, contre Barth, Basedow, etc., contre les « Fragments de Wolfenbüttel », contre les « Douleurs de Werther », etc. Sa polémique était peut-être trop violente, et il n’était certainement pas à la hauteur d’un antagoniste tel que Lessing ; Il n’était cependant ni un obscurantiste, ni un ignorant, ni un fanatique, ni un hypocrite, mais un homme solennellement sérieux dans tout ce qu’il faisait. Dans le domaine de l’histoire de l’Église, Schröckh de Wittenberg et Walch de Göttingen, laborieux chercheurs et compilateurs, Stäudlin et Planck de Göttingen, et Münter de Copenhague rendirent d’importants services. 1743-1805, dont les « Principes de philosophie morale et politique » et les « Preuves du christianisme » étaient des manuels obligatoires à l’université. Ses « Horæ Paulinæ » prouvent la crédibilité des Actes des Apôtres à partir des épîtres, et sa « Théologie naturelle » démontre l’être de Dieu et les attributs de la nature.
171.9. Mysticisme et Théosophie. — Oetinger de Wurtemberg, le mage du Sud, apr. J.-C. 1702-1782, prend rang par lui-même. Il fut l’élève de Bengel ( 167, 3), bien ancré dans les Écritures, mais aussi un admirateur de Böhme et sympathisant avec les visions spiritualistes de Swedenborg. Mais au milieu de tout cela, avec son réalisme biblique et sa théosophie, qui considérait la corporéité comme la fin des voies de Dieu, il était fermement enraciné dans les doctrines de l’orthodoxie luthérienne. 1721-1793, admirateur enthousiaste de Madame Guyon, il ajouta à son mysticisme quiétiste certaines spéculations théosophiques sur la nature originelle d’Adam, la création de la femme, la chute, la nécessité de l’incarnation en dehors de la chute, le fondement de l’impeccabilité du Christ sur l’immaculée conception de sa mère, etc. Il rassembla autour de lui de son vivant un grand nombre d’adhérents pieux, mais après sa mort, ses théories furent bientôt oubliées.
171.10. La philosophie allemande. — De même que Locke accomplissait la descente de Bacon au déisme et au matérialisme, de même Wolff effectuait la transition de Leibnitz à la philosophie populaire. Kant, A.D. 1724-1804, sauva la philosophie de la calvitie et de l’autosuffisance du Wolffianisme, et lui indiqua son élément propre dans le domaine spirituel. La philosophie de Kant se tenait totalement en dehors du christianisme, sur la même plate-forme que la théologie rationaliste. Mais, en creusant plus profondément dans le sol, il a mis au jour plus d’une pépite précieuse, dont le rationalisme vulgaire n’avait jamais rêvé l’existence, sans aucune intention de devenir un maître d’école pour conduire au Christ. Kant a montré l’impossibilité d’une connaissance du surnaturel au moyen de la raison pure, mais a admis les idées de Dieu, de la liberté et de l’immortalité comme postulats de la raison pratique et comme constituant le principe de toute religion, dont le seul contenu est la loi morale. Le christianisme et la Bible doivent rester la base de l’instruction populaire, mais ne doivent être exposés que dans un sens éthique. Tout en sympathisant avec le rationalisme, il admet sa calvitie et son autosuffisance. Sa critique acerbe de la raison pure, la connaissance profonde de la faiblesse et de la corruption humaines démontrée dans sa doctrine du mal radical, son impératif catégorique de la loi morale, étaient bien propres à éveiller chez les esprits les plus sérieux une profonde méfiance à l’égard d’eux-mêmes, une estimation modeste des excellences vantées de leur époque, et le sentiment que le christianisme pouvait seul répondre à leurs besoins. J.-C. De 1743 à 1819, « le cœur chrétien, l’intelligence païenne », comme il se définissait lui-même, fit sortir la religion de la région de la simple raison pour l’amener dans les profondeurs des sentiments universels de l’âme, et éveilla ainsi une aspiration positive. 1762-1814, transforma le kantisme, auquel il adhéra d’abord, en une science idéaliste de la connaissance, dans laquelle seul le moi qui se pose apparaît comme réel, et le non-moi, seulement parce qu’il est posé par le moi ; et ainsi le monde et la nature ne sont qu’un reflet de l’esprit. Mais quand, accusé d’athéisme en A.D. En 1798, il est expulsé de son poste à Iéna, il change d’avis, passant de la limite de l’athéisme à un mysticisme proche du christianisme. Dans son « Guide pour une vie bénie », A.D. En 1806, il délivra la religion d’un simple serviteur de la morale, et chercha la béatitude de la vie dans l’abandon aimant de tout son être à l’Esprit universel, dont il trouva la pleine expression dans l’Évangile de Jean. Le christianisme paulinien, d’autre part, avec sa doctrine du péché et de la rédemption, lui paraissait une détérioration, et le Christ lui-même n’était que le représentant le plus complet de l’incarnation de Dieu répétée dans tous les temps et dans tous les hommes pieux.521
171.11. La littérature nationale allemande. — Lorsque la puissante mélodie de l’hymne de l’église évangélique eut presque expiré dans les faibles zézaiements de la poésie sacrée de Gellert, Klopstock commença à chanter les louanges du Messie sur une note plus élevée. Mais le pathétique de ses odes ne rencontra pas d’écho, et son « Messie », dont les trois premiers chants parurent en A.D. 1748, bien que reçu avec un enthousiasme sans exemple, ne pouvait rien faire pour exorciser l’esprit d’incrédulité, et fut plus loué que lu. Le point de vue théologique de Lessing, A.D. 1729-1781, est mentionné dans l’une de ses lettres à son frère. « Je méprise les orthodoxes encore plus que vous, seulement je méprise encore plus le clergé du nouveau style. Qu’est-ce que la théologie nouvelle de ces pâtés superficiels comparés à l’orthodoxie, mais comme de l’eau de fumier comparée à de l’eau sale ? Sur ce point, nous sommes d’accord, que notre ancien système religieux est faux ; mais je ne peux pas dire avec vous que c’est un patchwork de maladroits et de demi-philosophes. Je ne connais rien au monde sur lequel l’ingéniosité humaine ait été exercée plus subtilement que sur elle. Ce système religieux qui est maintenant offert à la place de l’ancien est un patchwork de maladroits et de demi-philosophes. Il s’offusque que les hommes accrochent les préoccupations de l’éternité au fil d’araignée des preuves extérieures, et c’est pourquoi il se plaisait à lancer les « Fragments » de Wolfenbüttel à la tête des théologiens et du pasteur de Hambourg Goeze, qu’il chargeait de mépris et de mépris. Tout à fait caractéristique aussi est le dicton du « Duplik » : « Si Dieu, tenant dans sa main droite toute la vérité, et dans sa main gauche la recherche de la vérité, sujette à l’erreur de toute éternité, lui offrait son choix, il dirait humblement : « Père de gauche, car la vérité pure est vraiment pour toi seul. » Dans son Nathan, seuls le judaïsme et le mahométisme sont représentés par des personnages vraiment nobles et idéaux, tandis que le principal représentant du christianisme est un fanatique sombre, et la conclusion de la parabole est que les trois anneaux sont contrefaits. Dans un autre ouvrage, il considère la révélation comme l’une des étapes de « L’éducation du genre humain », qui perd de sa signification dès que son but est atteint. Dans une conversation familière avec Jacobi, il déclara franchement qu’il acceptait la doctrine de Spinoza : Ἓν καὶ πᾶν.522 Wieland, A.D. De 1733 à 1813, il se détourna bientôt de son zèle juvénile pour l’orthodoxie ecclésiastique pour se tourner vers la philosophie populaire de l’homme cultivé du monde. Herder, A.D. 1744-1803, avec son appréciation enthousiaste du contenu poétique de la Bible, en particulier de l’Ancien Testament, ne tarda pas à souligner l’insipidité de son traitement ordinaire. Goethe, A.D. 1749-1832, haïssait profondément le vandalisme de la néologie, se réjouissait des « Confessions d’une belle âme » ( 172, 2), Dans les années précédentes, il avait de la sympathie pour les Herrnhuter, mais dans toute la vigueur intellectuelle de sa virilité, il pensait qu’il n’avait pas besoin du christianisme, qui l’offensait par son exigence de renoncement à soi et au monde. Schiller, A.D. 1759-1805, admirant avec enthousiasme tout ce qui était noble, beau et bon, a mal compris le christianisme et a introduit dans le cœur du peuple allemand le rationalisme kantien revêtu d’un riche costume poétique. Sa lamentation sur la chute des dieux de la Grèce, même si elle n’était pas voulue par le poète lui-même, ne s’adressait pas tant au christianisme orthodoxe qu’au déisme misérable, qui bannissait du monde le Dieu du christianisme et remet à sa place les forces mortes de la nature. Et s’il pensait vraiment que, pour l’amour de la religion, il ne devait confesser aucune religion, il a certainement donné un témoignage inconscient au christianisme dans de nombreuses déclarations profondément chrétiennes. 1763-1825, et Hebel, mort après J.-C. 1826, chez qui nous trouvons la même combinaison de sentiment pieux qui est attiré vers le christianisme et de compréhension sceptique qui s’est alliée à la révolte contre l’orthodoxie commune. J. H. Voss, un paysan hollandais rude et puissant, qui, dans sa Luise, a esquissé l’idéal d’un brave pasteur de campagne rationaliste, et, avec la rigueur inexorable d’un inquisiteur, a traqué les oiseaux de nuit de l’ignorance et de l’oppression. Mais à côté de ces enfants du monde se trouvaient deux véritables fils de Luther, Matthias Claudius, A.D. 1740-1815, et J. G. Hamann, A.D. 1730-1788, le « mage du Nord » et l’Élie de son temps, dont Jean-Paul II disait que ses virgules étaient des systèmes planétaires et ses périodes des systèmes solaires, à qui le philosophe Hemsterhuis érigea dans le jardin de la princesse Gallitzin une tablette avec l’inscription : « Pour les Juifs une pierre d’achoppement, pour les Grecs une folie ». Avec eux, on peut aussi nommer deux nobles fils de l’église réformée, le physionomiste Lavater, A.D. 1741-1801, et le pieux rêveur, Jung-Stilling, A.D. 1740-1817. Le célèbre historien John von Müller, A.D. 1752-1809, qui plus que tout autre historien avant a fait du Christ le centre et le sommet de tous les temps, ainsi que le non moins célèbre homme d’État C. F. von Moser, le plus allemand des Allemands de ce siècle, qui, avec un noble héroïsme chrétien, dans de nombreux tracts politiques et patriotiques, a lutté contre les vices sociaux et politiques dominants de son époque.
171.12. Le grand pédagogue suisse Pestalozzi, A.D. 1746-1827, adopta vis-à-vis de la Bible, de l’Église et du christianisme une attitude semblable à celle du philosophe de Königsberg. La conviction de la nécessité et de la salubrité d’un fondement biblique dans toute éducation populaire était enracinée dans son cœur, et il voyait clairement la superficialité de la philosophie populaire, qu’elle soit présentée sous le naturalisme excentrique de Rousseau ou sous l’utilitarisme pur et simple de Basedow. Toute sa vie est sortie du sanctuaire même du vrai christianisme, comme on le voit dans ses efforts d’abnégation pour sauver les perdus, pour fortifier les faibles et pour prêcher aux pauvres par la parole et par l’action l’évangile du Dieu tout-miséricordieux dont la volonté est que tous soient sauvés. Il a commencé sa carrière en tant qu’éducateur en A.D. En 1775, il reçut chez lui des enfants mendiants abandonnés, et poursuivit ses expériences dans ses établissements d’enseignement à Berthoud jusqu’à l’A.D. 1798, et à Isserten jusqu’à l’apr. J.-C. Année 1804. Ses écrits, qui ont largement circulé, ont valu à ses méthodes une reconnaissance et une grande approbation.523
L’ancienne foi de l’Église, même à cette époque d’incrédulité dominante, avait ses sept mille personnes qui refusaient de fléchir le genou devant Baal. Le peuple allemand était profondément enraciné dans le christianisme de la Bible et de l’Église, et là où la chaire échouait, ses besoins spirituels étaient satisfaits par les écrits pieux des premiers jours. Là où le vandalisme moderne de l’Illumination avait mutilé et édulcoré les livres de louange, les vieux chants d’église s’attardaient dans la mémoire des pères et des mères, et étaient chantés avec ardeur lors du culte familial. Pour beaucoup d’hommes cultivés, plus exposés au danger, la Société des Frères offrait un refuge bienvenu. Mais même parmi les plus accomplis de la nation, beaucoup se tenaient fermement dans les anciennes voies. Lavater et Stilling, Haller et Euler, les deux Moser, le père et le fils, John von Müller et son frère J. G. Müller, ne sont pas les seuls, mais simplement les plus connus, de ces vrais fils de l’Église. Dans le Wurtemberg et à Berg, où la vie religieuse était la plus vigoureuse, des sectes religieuses se formèrent avec de nouvelles vues théologiques qui firent une profonde impression sur le caractère et les habitudes du peuple. Vers la fin du siècle aussi, un zèle éveillé dans les missions intérieures et étrangères fut le prélude des glorieuses entreprises de nos jours.
172.1. Le livre de cantiques et la musique d’église. — Klopstock, suivi de Cramer et de Schlegel, introduisit le vandalisme consistant à modifier les anciens hymnes d’église pour les adapter aux goûts et aux opinions modernes. Mais quelques-uns, comme Herder et Schubert, ont élevé la voix contre ce philistinisme. Les altérations « illuministes » étaient d’un prosaïsme indicible, et le vieux pathos et la poésie des hymnes des XVIe et XVIIe siècles furent impitoyablement sacrifiés. Les chants spirituels du noble et pieux Gellert sont de beaucoup les meilleures productions de cette période. Les anciens chorals ont été transformés en formes modernes. Une multitude de mélodies nouvelles, impopulaires, difficiles à comprendre, avec un ton d’école chauve, ont été introduites ; La dernière trace de l’ancien rythme disparut, et une monotonie lasse commença à régner, dans laquelle toute force et toute fraîcheur se perdaient. En guise de remplacement, des préludes profanes, des interludes et des pièces finales ont été introduits. Le peuple entrait souvent dans les églises pendant qu’on jouait des ouvertures d’opéra, et on le congédiait au milieu du bruit d’une marche ou d’une valse. L’église cessa d’être le patron et le promoteur de la musique ; Le théâtre et la salle de concert ont pris sa place. Le style de l’opéra déprave complètement l’oratorio. Pour les fêtes, on composait des cantates dans un style purement profane et efféminé. Il n’y avait plus de véritable musique ecclésiastique, de sorte que même Winterfeld termina son histoire de la musique d’église avec Seb. Bach. C’était, s’il était possible, encore pire avec la musique de messe de l’église catholique romaine. L’école sérieuse et compétente de Palestrina fut complètement perdue de vue sous le style vif et frivole de l’opéra, et avec l’orgue on fit encore plus de mal que dans l’église protestante.
172.2. Personnages religieux. — Le curé du ban de la Roche à Steinthal d’Alsace, « le saint de l’église protestante », J. P. Oberlin, A. D. 1740-1826, mérite une haute place d’honneur. Au cours d’un pastorat de soixante ans, le « père Oberlin » éleva ses ouailles frappées par la pauvreté à une position de prospérité industrielle et transforma la ville stérile de Steinthal en un paradis patriarcal. On peut dire la même chose d’une noble femme chrétienne de cet âge, Sus. von Klettenberg, le « Cordata » de Lavater, la « Belle âme » de Goethe, dont les confessions authentiques sont forgées dans le « Wilhelm Meister », le centre d’un beau cercle chrétien de Francfort, où le jeune Goethe reçut des impressions religieuses qui ne furent jamais entièrement oubliées. La princesse von Gallitzin, son aumônier Overberg et le ministre von Fürstenberg formaient un groupe noble de catholiques fervents, pour lesquels l’ardent luthérien Hamann nourrissait la plus vive affection.
Dans le Wurtemberg, du piétisme de Spener, avec un soupçon de théosophie d’Oetinger, naquit le parti des Micheliens, ainsi nommé d’après un laïc, Michel Hahn, dont les écrits montrent une profonde perspicacité dans les vérités de l’Évangile. Il enseigna la doctrine de la double chute, à la suite de laquelle il se déprécia, bien qu’il n’interdise pas le mariage ; d’une restitution de toutes choses ; tandis qu’il subordonnait la justification à la sanctification, le Christ pour nous au Christ en nous, etc. En réaction contre cet extrême, les Pregizeriens prinquirent exclusivement sur le baptême et la justification, déclarèrent inutiles l’assurance et la pénitence déchirante, et donnèrent à leurs services autant d’éclat et de joie que possible. Les deux sectes se sont répandues dans le Wurtemberg et existent toujours, mais dans leur opposition commune aux tendances destructrices des temps modernes, elles se sont rapprochées plus étroitement. Dans leur chiliasme et leur restitutionnisme, ils sont tout à fait d’accord. — Les Collenbuschiens du canton de Berg ont proposé un système dogmatique dans lequel le Christ se vide de ses attributs divins et assume avec la chair pécheresse les tendances au péché qu’il a dû combattre, les souffrances du Christ sont attribuées à la colère de Satan, et sa rédemption consiste en ce qu’il a vaincu la colère de Satan pour nous et qu’il nous a transmis son Esprit pour nous permettre d’accomplir des œuvres de péché. sainteté. Les adhérents les plus distingués de Collenbusch étaient les deux Hasencamp et le talentueux pasteur de Brême Menken.
172.4. L'« illumination » rationaliste en dehors de l’Allemagne. — À Amsterdam, en A.D. En 1791, une église luthérienne restaurée ou Old Light est organisée à l’occasion de l’intrusion d’un pasteur rationaliste. Elle compte aujourd’hui huit congrégations néerlandaises avec 14 000 adhérents et 11 pasteurs. Sous le nom de Christo Sacrum, des membres de l’église réformée française de Delft, en A.D. En 1797, il fonda une dénomination qui recevait les adhérents de toutes les confessions, s’en tenant à la divinité du Christ et à son expiation, et traitant toutes les différences confessionnelles comme non essentielles et ne devant être considérées que comme des opinions privées. Dans leurs services publics, ils adoptèrent principalement les formes de l’Église épiscopale anglicane. Bien que couronné de succès au début, il est rapidement devenu déchiré par l’incongruité de ses éléments. En Angleterre, les dissidents et les méthodistes protestèrent vigoureusement contre la tiédeur de l’Église d’État. Dans William Cowper, A.D. 1731-1800, nous avons un noble et brillant poète d’un grand génie lyrique, dont la vie a été foudroyée par le terrorisme d’une doctrine prédestinarienne du désespoir et la mélancolie religieuse produite par les agonies méthodistes de l’âme.
172.5. Sociétés missionnaires et entreprise missionnaire. — Afin d’éveiller l’intérêt pour l’idée d’une grande union à des fins chrétiennes pratiques, l’ancien d’Augsbourg, John Urlsperger, voyagea à travers l’Angleterre, la Hollande et l’Allemagne. La Société bâloise pour la diffusion de la vérité chrétienne, fondée en A.D. L’année 1780 fut les prémices de son zèle, et des succursales furent bientôt établies dans toute la Suisse et dans le sud de l’Allemagne. La Société biblique de Bâle a été fondée en 1915. 1804, et la Société missionnaire en A.D. 1816. — Lors d’une réunion de prédicateurs baptistes anglais à Kettering, dans le Northamptonshire, en A.D. En 1792, William Carey est à l’origine de la création de la Baptist Missionary Society. Carey en fut lui-même le premier missionnaire. Il s’embarqua pour l’Inde en A.D. 1793, et fonda la mission de Serampore au Bengale. Le travail de la société s’est maintenant étendu aux Indes orientales et occidentales, à l’archipel malais, à l’Afrique du Sud et à l’Amérique du Sud. Un prédicateur populaire, Melville Horne, qui avait lui-même été en Inde, publia « Lettres sur les missions », en A.D. 1794, dans lequel il conseilla sérieusement une union de tous les vrais chrétiens pour la conversion des païens. En réponse à cet appel, un grand nombre de chrétiens de toutes confessions, pour la plupart des indépendants, fondés en A.D. En 1795, la London Missionary Society et, l’année suivante, le premier navire missionnaire, le Duff, sous le commandement du capitaine Wilson, partit pour les mers du Sud avec vingt-neuf missionnaires à bord. Ses activités s’étendent maintenant aux Indes, à l’Afrique du Sud et à l’Amérique du Nord. mais sa principale emprise est dans les mers du Sud. Dans les îles de la Société, les missionnaires travaillèrent pendant seize ans sans aucun résultat apparent, jusqu’à ce qu’enfin le roi Pomare II. de Tahiti recherchaient le baptême comme prémices de leurs travaux. Une victoire remportée sur un parti réactionnaire païen en A.D. En 1815, il s’assura une ascension complète vers le christianisme. L’exemple de la London Society fut suivi par la fondation de deux sociétés écossaises en an J.-C. 1796 et une société hollandaise en 1796 après J.-C. 1797, et la Church Missionary Society à Londres en 1797 . 1799, pour les possessions anglaises en Afrique, en Asie, etc. Les luthériens danois ( 167, 9) et le Herrnhut ( 168, 11) Les sociétés ont continué leurs activités.524― Suite, 183, 184.
Une réaction s’était produite contre l’esprit athée de la Révolution française et les victoires de l’A.D. 1813, 1815, encourageaient les pieux dans leur confiance chrétienne. Les princes et le peuple étaient pleins de gratitude envers Dieu. Alexandre Ier, François Ier et Frédéric-Guillaume III, représentant les trois principales Églises, en A.D. En 1815, après que la situation politique eut été déterminée par le Congrès de Vienne, il forma « la Sainte-Alliance », une ligue d’amour fraternel pour la défense mutuelle et le maintien de la paix, à laquelle tous les princes européens adhérèrent, à l’exception du pape, du sultan et du roi d’Angleterre. À travers les arts de Metternich, il finit par dégénérer en un instrument de répression et de tyrannie. La restauration de la papauté en apr. J.-C. L’année 1814 avait donné une nouvelle impulsion à l’ultramontanisme, de même que le centenaire de la Réforme . 1817 au protestantisme, tandis que le surnaturalisme et le piétisme qui prévalaient dans les églises luthériennes et réformées conduisirent à de nouvelles tentatives d’union. Les anciennes sectes ont été renforcées et de nouvelles sectes ont surgi. Le panthéisme, le matérialisme et l’athéisme, ainsi que le socialisme et le communisme, attaquèrent sans dissimulation le christianisme ; tandis que le paupérisme et le vagabondage, d’une part, et l’escroquerie boursière des capitalistes, d’autre part, répandent la consommation morale dans toutes les classes de la société. Les ultramontains, menés par les jésuites, réaffirment les prétentions les plus arrogantes de la papauté. Le point culminant a été atteint lorsque Pie IX. obtint un décret du conseil affirmant son infaillibilité, tandis que par la Némésis de l’histoire la couronne royale lui fut arrachée de la tête.
Jusqu’à J.-C. En 1840, lorsque le zèle pour elle commença à diminuer, la philosophie exerça une influence importante sur le développement religieux de l’époque, tant dans les départements de la science que de la vie. Alors que le rationalisme n’a pas été capable de transcender le point de vue de Kant, les autres tendances théologiques ont été plus ou moins déterminées formellement, et même matériellement, par les mouvements philosophiques de cette période. À côté de la philosophie, la littérature, elle-même largement influencée par la philosophie contemporaine, exerçait une puissante influence sur les opinions religieuses des plus cultivés du peuple. Les sciences, elles aussi, entrèrent en relations plus étroites, tantôt amicales, tantôt hostiles, au christianisme ; et l’art, dans quelques-uns de ses chefs-d’œuvre, rendait un noble hommage à l’Église.
174.1. La philosophie allemande ( 171, 10).―Fries, dont la philosophie était le rationalisme kantien, modifié par des éléments empruntés à Jacobi, a influencé des théologiens tels que De Wette. Schelling, dans sa « Philosophie de l’identité », était passé de l’idéalisme de Fichte à un naturalisme panthéiste. De Fichte, il avait appris que ce monde n’est rien sans esprit ; mais tandis que Fichte ne reconnaissait ce monde, le non-moi, comme réalité que dans la mesure où l’homme s’en empare et le pénètre par son esprit, et l’élève ainsi à l’être réel, Schelling ne considère l’esprit que comme la vie de la nature elle-même. Dans les stades inférieurs de cette nature-vie, l’esprit sommeille et rêve encore, mais chez l’homme, il a atteint la conscience. La nature-vie dans son ensemble, ou l’âme-monde, est Dieu ; l’homme est le réflexe de Dieu et du monde en miniature, un microcosme. Dans le développement du monde, Dieu vient à l’être objectif et déploie sa conscience de soi ; Le christianisme est le tournant de l’histoire du monde ; Ses dogmes fondamentaux de révélation, de trinité, d’incarnation et de rédemption sont des tentatives suggestives de résoudre l’énigme du monde. La vision poétique du monde de Schelling a pénétré toutes les sciences et leur a donné une impulsion nouvelle. Bien qu’odieux aux vieux rationalistes, ce système trouva d’ardents admirateurs parmi les jeunes théologiens. Comme Schelling à Fichte, Hegel était attaché à Schelling, et transforma son naturalisme panthéiste en un spiritualisme panthéiste. Ce n’est pas tant dans la vie de la nature que dans la pensée et l’action de l’esprit humain, la révélation divine est le déploiement de la conscience divine du non-être à l’être. Le judaïsme et le christianisme sont des étapes progressives de ce processus ; Le judaïsme est bien au-dessous du paganisme classique ; mais dans le christianisme, nous avons la religion parfaite, qui doit être développée dans la forme la plus élevée de la philosophie. La doctrine de l’Église protestante fut de nouveau mise à l’honneur. Marheincke a développé l’orthodoxie luthérienne en un système de théologie spéculative basé sur des principes hégéliens ; tandis que Göschel y insufflait un esprit piétiste, ce qui a fait que beaucoup ont salué le nouveau départ comme la réconciliation tant recherchée de la théologie et de la philosophie. Mais après la mort de Hegel en A.D. En 1831, l’état des choses changea subitement. Son école se scinda en une aile orthodoxe suivant les tendances ecclésiastiques du maître, et une aile hétérodoxe qui déifiait l’esprit humain. Strauss, Bauer et Feuerbach étaient à la tête de ce parti hétérodoxe en théologie, et Ruge en ce qui concerne les questions sociales, esthétiques et politiques. Persécuté par l’État en apr. J.-C. En 1843, les Jeunes Hégéliens rejoignirent les rationalistes, qu’ils avaient auparavant qualifiés de « théologiens antédiluviens ». Schelling, qui avait gardé le silence pendant près de trente ans, prit la chaire de Hegel à Berlin comme son adversaire décidé en A.D. En 1841, et avec sa doctrine dualiste des puissances, à partir de laquelle il s’est finalement avancé vers un gnosticisme chrétien, il a obtenu une influence temporaire parmi les jeunes théologiens. Il mourut aux thermes de Ragaz en Suisse en l’an J.-C. Année 1854. Il brilla un instant comme un météore, et tout à coup sa lumière s’éteignit.
174.2. La domination de la philosophie hégélienne a été renversée par la scission de l’école et le radicalisme des adhérents de l’aile gauche, et Schelling, dans la deuxième étape de son développement philosophique, n’avait pas réussi à fonder sa propre école. Un groupe de jeunes philosophes, avec I. H. Fichte à leur tête, à partir de la dialectique hégélienne, s’est efforcé de libérer la philosophie du reproche du panthéisme et de développer un théisme spéculatif en contact avec le christianisme historique. Les autres membres de cette école sont Weisse, Braniss, Chalibæus, Ulrici, Wirth, Romang, etc. — Herbart renonce à tout ce qu’avaient fait les philosophes, depuis Fichte père jusqu’à Fichte fils, et déclare la fin métaphysique de leurs systèmes au-delà de l’horizon de la philosophie, qui doit se limiter au domaine de l’expérience. Son réalisme est diamétralement opposé à l’idéalisme de Hegel. Vis-à-vis du christianisme, sa philosophie occupe une position d’indifférence. Influencé par la théorie de la connaissance de Kant ainsi que par l’idéalisme de Fichte-Schelling-Hegel et le réalisme d’Herbart, avec une infusion de la doctrine monade de Leibnitz, Hermann Lotze de Göttingen a, depuis J.-C. 1844, a mis en place un système d'« idéalisme téléologique ». Il développe ses principes métaphysiques à partir de ce que nous avons par l’expérience immédiate interne et externe, et l’invariabilité du mécanisme causal dans tout ce qui se passe dans le monde intérieur et extérieur, il l’explique comme la réalisation de buts moraux. 1860) a commencé à attirer l’attention, est dans l’esprit tout à fait opposé à la religion et à l’éthique du christianisme. Sa tâche est de décrire « le monde comme volonté et idée » ; c’est d’abord au stade de l’entrée dans la visibilité qui est représenté dans l’homme que la volonté, la chose en soi, s’unit à l’idée et apparaît maintenant avec elle contre le monde en tant que sujet conscient. Mais comme l’idée est considérée comme une pure illusion de la volonté, cela conduit à un pessimisme qui prend le désespoir absolu pour seul principe moral légitime. E. von Hartmann est allé encore plus loin dans la même direction dans sa « Philosophie de l’inconscient », publiée en 1869, dont une traduction anglaise en trois volumes a paru en 1884. Il identifie la volonté à la matière et l’idée à l’esprit, exige, en plus du désespoir absolu de l’individu ici-bas et dans l’au-delà, l’abandon complet de la personnalité au processus du monde afin d’atteindre sa fin, l’anéantissement du monde. Cette dissolution du monde consiste dans le retrait complet de la volonté dans l’absolu comme seul inconscient, de sorte qu’enfin le mal et la misère d’être produits par la volonté irrationnelle sont abolis dans ce retrait. De ce point de vue philosophique, Hartmann a tenté dans A.D. 1874 pour mettre le christianisme en pièces, montrant une certaine faveur au catholicisme vatican, mais déversant les coupes de sa colère sur le protestantisme. Sa « religion de l’avenir » consiste en un désir ardent de se libérer de tout le fardeau et de toute la misère de l’être et de participer au processus du monde en retombant dans la béatitude du non-être. En France, en Angleterre et en Amérique, on a beaucoup favorisé le positivisme athée-sensuel d’Aug. Comte, qui, à l’exclusion de toute forme de théologie et de morale, n’exige que les prétendues sciences exactes comme objet du philosophey. Sur ses notions ultérieures d’une « religion de l’humanité », voir 210, 1. C’est dans le même sens que procède Herbert Spencer, dans son Système de philosophie synthétique, à l’école duquel Darwin appartenait également. Ses disciples sont appelés agnostiques, parce qu’ils considèrent toute connaissance de Dieu et des choses divines comme absolument impossible, et évolutionnistes, parce que leur maître s’efforce de construire toutes les sciences sur la base de la théorie de l’évolution.
Les théories profondes de Schelling étaient d’autant plus importantes qu’elles ne se limitaient pas aux aspirations philosophiques de son temps, mais qu’elles inspiraient aux autres sciences le souffle d’une vie nouvelle. Dans toute la mesure du possible, les sciences naturelles se sont exposées à cette influence. Il ne manquait pas, en effet, un certain mysticisme ténébreux, auquel surtout les fantaisies du magnétisme mesmérique contribuaient largement ; mais ce brouillard se dissipa peu à peu, et les éléments chrétiens furent purifiés de leur environnement panthéiste. Steffens et Von Schubert ont enseigné que le livre divin de la nature doit être considéré comme le reflet et l’expansion de la révélation divine dans l’Écriture. La philosophie hégélienne, elle aussi, sembla d’abord devoir insuffler un esprit chrétien dans les autres sciences. En Göschel, au moins, il y avait un penseur qui donnait à la jurisprudence un caractère chrétien et au christianisme une construction juridique. À d’autres égards, la philosophie de Hegel, dans son application aux autres départements de la science, a donné à bien des égards une prédominance à une tendance dialectique absconse. Ses partisans de l’extrême gauche cherchaient à construire toutes les sciences a priori à partir de l’idée pure, et en même temps à en extirper les derniers vestiges de l’esprit chrétien.
Les plus grands noms des sciences naturelles, Copernic, Kepler, Newton, Haller, Davy, Cuvier, etc., sont des mots familiers dans les cercles chrétiens. Tous ceux-là et bien d’autres encore étaient fermement convaincus qu’il n’y avait pas de conflit entre leurs découvertes les plus brillantes et la vérité chrétienne. En apr. J.-C. En 1825, le comte de Bridgwater fonda une chaire de conférences, et des traités sur la puissance, la sagesse et la bonté de Dieu telles qu’elles se manifestent dans la création, ont été écrits par Buckland, Chalmers, Whewell, Bell, etc. Il en était autrement en Allemagne. Même Schleiermacher, dans ses « Lettres à Lücke », en A.D. En 1829, il exprima ses craintes quant au renversement prophétisé de toutes les théories chrétiennes du monde par les résultats irréfutables de la recherche physique, et Bretschneider, dans ses « Lettres à un homme d’État », en . En 1830, il annonçait sans regret au monde que déjà ce que Schleiermacher ne craignait que s’était réellement réalisé. Les physiciens, s’éveillant de l’éclat de la philosophie de la nature de Schelling, déclarèrent que toute spéculation était de la contrebande, et déclarèrent que l’empirisme pur, la simple investigation des choses réelles, était le seul objet admissible de leur travail. Et bien qu’ils aient transmis aux théologiens et aux philosophes des questions sur l’esprit dans et sur la nature, comme n’appartenant pas à leur province, une génération plus jeune a soutenu que l’esprit n’existait pas, parce qu’il ne pouvait pas être découvert par le microscope et le couteau à disséquer. Carl Vogt définissait la pensée comme une sécrétion du cerveau, et Moleschott considérait la vie comme un simple mode de matière et l’existence de l’homme après la vie seulement comme la fumure des champs. Feuerbach a proclamé que « l’homme est ce qu’il mange », et Buchner [Büchner] a popularisé ces vues dans un évangile pour les sociaux-démocrates et les nihilistes. Oersted, le célèbre découvreur de l’électromagnétisme, avait cherché « l’esprit dans la nature », mais l’esprit qu’il trouva n’était pas celui de la Bible et de l’Église. Le grand maître de la recherche scientifique allemande, Alex. von Humboldt, voyait dans le monde un cosmos de noble harmonie dans son ensemble et dans ses parties, mais des idées chrétiennes dans le grand livre de la nature de Dieu, il n’en trouve aucune trace. En apr. J.-C. 1859 le grand naturaliste anglais Darwin, mort après J.-C. En 1882, on introduisit dans l’arène la théorie de la « sélection naturelle », au moyen de laquelle la modification et le développement des quelques formes animales primaires par la lutte pour l’existence et la survie des plus aptes par la sélection sexuelle sont supposés, en millions, peut-être des milliards, d’années, avoir produit la variété et la variété actuelles des espèces animales. Des multitudes de naturalistes acceptent maintenant sa théorie de la descendance des hommes et des singes d’une souche commune.―Dans la médecine, De Valenti, du côté protestant, soutient avec une ferveur piétiste, que la foi chrétienne est un véhicule de pouvoir de guérison ; tandis qu’un cercle à Munich, du côté catholique, fait du culte des saints et de l’hostie une condition sine qua non de toute médecine. Une attitude plus modérée est adoptée par le Dr Capellmann d’Aix-la-Chapelle, catholique romain, dans sa « Médecine pastorale ».
174.4. Parmi les juristes chrétiens, nous avons, du côté protestant, Stahl, Savigny, Puchta, Jacobson, Richter, Meier, Scheuerl, Hinschius, etc. ; et du côté catholique, Walther, Philipps, etc. Parmi les historiens, le plus grand des temps modernes est Leopold von Ranke, qui, avec ses disciples, occupe un point de vue tout à fait chrétien. Cependant, de la part de beaucoup d’historiens protestants, tels que Voigt, Léon, Mentzel, Vorreiter, Hurter, Gfroerer, etc., il y a eu une tendance de la manière la plus évidente à reconnaître et à admirer les phénomènes brillants du catholicisme médiéval, allant même jusqu’à renoncer aux principes vitaux du protestantisme et à glorifier un Boniface, un Grégoire VII. et un Innocent III, et caractérisant la Réforme comme une révolution. Les ultramontains n’ont été que trop disposés à faire à leur usage toutes ces concessions, mais ils ne montrent aucune inclination à faire de semblables aveux préjudiciables à leur camp, de sorte que chez eux l’histoire consiste plutôt à abuser de tout ce qui est protestant comme vil et perfide, au lieu d’être un récit de recherches indépendantes. Janssen [Jansen] de Francfort se détache nettement au-dessus des flots du « Kulturkampf » ( 197), comme le plus grand maître de ce style ultramontain de faire l’histoire. — La géographie, élevée pour la première fois au rang de science par Carl Ritter, a reçu de son grand fondateur une empreinte chrétienne et doit une grande partie de son développement aux recherches des missionnaires chrétiens. Enfin, la philologie, entre les mains de Creuzer, de Görres, de Sepp, etc., déploie dans un esprit chrétien la religion et la mythologie du paganisme classique ; et, entre les mains de Nägelsbach et de Lübker, expose la vie religieuse du monde antique en relation avec la vérité chrétienne.
174.5. Littérature nationale ( 171, 11).―À Dans une certaine mesure, Goethe, mais beaucoup plus résolument l’école romantique des poètes, était attaché à la philosophie de la nature de Schelling. Les romantiques ont développé une profonde religiosité des sentiments, comme on le voit dans Novalis et La Motte Fouqué, et une opposition violente à la théologie rationaliste comme le montre Tieck, qui, dans le cas du père Schlegel, allait à l’autre extrême de la frivolité morale comme on le voit dans son Lucinde. L’école romantique ainsi représentée par Schlegel fut rejointe par le parti de la Jeune Allemagne avec son évangile de la réhabilitation de la chair. Son porte-parole était le poète talentueux Heine. La déification panthéiste de la nature par Schelling et l’auto-déification de l’école hégélienne ont trouvé une expression poétique chez Léop. Laienbrevier und Weltpriester de Schafer, ainsi que dans Laienevangelium de Sallet ; tandis que les sympathies des jeunes hégéliens pour les mouvements révolutionnaires s’exprimaient dans les poèmes de Herwegh, et sur un ton plus sérieux dans ceux de Freiligrath. Plus récemment, les vues du Protestantenverein ( 180) ont trouvé leur représentant poétique en la personne de Nic. Eichhorn, dont le « Jésus de Nazareth », drame tragique, 1880, traite de la vie, des œuvres et des souffrances du « Christ historique », dans le style de la science protestante libre, avec une riche analyse psychologique du personnage dans une brillante production imaginative. Bien que composée en vue d’une représentation théâtrale, elle n’a encore jamais été mise en scène.
174.6. L’élément chrétien était présent dans les nobles chants patriotiques de E. M. Arndt525 et Max. von Schenkendorf beaucoup plus distinctement que dans l’école romantique. L’enthousiasme dans la lutte pour la liberté a éveillé la foi dans le Dieu vivant. Les beaux vers d’Uhland, avec leur enthousiasme pour les intérêts actuels de la patrie, lui donnent le droit de se classer parmi les poètes patriotes, et leur interprétation brillante et profonde des vieilles légendes allemandes le place dans l’école romantique, qu’il laisse cependant loin derrière lui par sa clarté et sa profondeur. Sans être un poète typiquement chrétien, sa sympathie chaleureuse pour la vie du peuple allemand lui donne un véritable intérêt pour la religion chrétienne. On peut dire la même chose des poèmes très achevés de Rückert, qui ont transplanté les fleurs parfumées de la sensualité orientale et de la contemplation dans le jardin de la poésie allemande. Une consécration chrétienne plus décidée du génie poétique se voit dans les nobles et belles paroles d’Emanuel Geibel, mort en 1884, le plus grand et le plus chrétien des poètes laïques d’aujourd’hui. Parmi ceux qui sont ordinairement classés comme poètes sacrés, on peut citer Knapp, Döring, Spitta, Garve, Vict. Strauss, etc., qui, pour la plupart, ont contribué leurs chants sacrés au « Christoterpe » de Knapp (1833-1853). Une publication ultérieure d’un mérite égal, appelée « Neue Christoterpe », a été éditée depuis 1880 par Kögel, Baur et Frommel. Mais avec toute la profondeur et la spiritualité chrétiennes, la fraîcheur et la chaleur que nous rencontrons dans les productions de ces poètes chrétiens, aucun d’entre eux n’a été capable de s’élever à la noble simplicité, à la puissance, à la force populaire et à l’objectivité qui sont présentes dans les anciens hymnes évangéliques de l’église. À cet égard, ils portent tous trop ostensiblement la signature de leur époque, avec sa tonalité subjective et le bruit et le tumulte des conflits actuels. De tous les poètes modernes, Rückert est le seul qui approche dans son hymne de l’Avent la mesure et l’esprit du vieux chant d’église. — Dans le domaine des romans et des romans, on a montré une hostilité presque invariable contre le christianisme, la religion étant entièrement évitée ou méprisée par le fait d’avoir pour représentants des naïfs, des hypocrites ou des fripons.
174.7. En France, Chateaubriand, dans son Génie du Christianisme, prononce un éloquent éloge du christianisme à demi païen du Moyen Âge. Dans un autre ouvrage, il fait agir les représentants du paganisme du siècle de Constantin comme des héros homériques, et ceux du christianisme comme des théologiens du siècle de Bossuet. Lamartine peut être décrit comme un romantique chrétien. Victor Hugo, Balzac, George Sand, Sue, Dumas, etc., influencés par la Révolution, développent une tendance antichrétienne ; tandis que le naturalisme nu, le réalisme photographique dans la représentation du côté le plus bas de la vie parisienne, en particulier l’adultère et la prostitution, est représenté par Flaubert, Daudet, De Goncourt, Zola, etc. — En Italie, l’aimable Manzoni a donné une noble expression au sentiment chrétien dans ses Inni Sacri et dans son roman magistral Promessi Sposi, et le célèbre poète Silvio Pellico, dans sa Mia Prigioni», offre un noble exemple de la puissance de soutien de la vraie religion pendant dix ans d’emprisonnement rigoureux dans un cachot autrichien. Le plus doué des poètes italiens modernes, Giacomo Leopardi, a sombré dans un pessimisme désespéré, qui s’est exprimé dans le domaine de la religion dans une satire mordante et une ironie sauvage. Parmi les poètes d’aujourd’hui qui, avec un patriotisme ardent, non seulement ont aspiré à la délivrance et à l’unité de l’Italie, mais ont vécu assez longtemps pour les voir s’accomplir, et ont depuis exprimé, bien que sous des points de vue politiques et religieux différents, le désir de la réconciliation du royaume uni libre avec l’Église irréconciliable, les plus distingués sont Aleardi, Carducci, Imbriani, Guercini, Cavalotti. — En Espagne, Caecilia Böhl von Faber, bien que fille d’un père allemand et élevée en Allemagne, a introduit, sous le nom de Fernan Caballero, le roman moderne dans un style espagnol tout à fait national, et dans un esprit chrétien purement moral et catholique. Dans les provinces flamandes, Hendrik Conscience, l’habile romancier, a décrit la vie des villages flamands dans un esprit tout à fait en sympathie avec le christianisme. — L’Angleterre avait en lord Byron un poète de premier ordre, qui, plus que tout autre poète, avait l’expérience en lui-même des convulsions et des contradictions de son siècle. Sur des tonalités puissantes et impressionnantes, il expose les disharmonies irréconciliables de la nature et de la vie humaine. La douleur incurable, le désespoir, la lassitude de la vie et la haine de l’humanité, sans espoir, mais sans désir de réconciliation, l’admiration enthousiaste du monde antique, l’amour passionné de la liberté et l’orgueil titanesque de la puissance humaine se mêlent à des scènes de grognement, de misère et de débauche. D’autre part, la littérature romanesque anglaise, riche et pour la plupart solide, s’inspire principalement d’un esprit chrétien.
174.8. Éducation populaire. — Alors que la littérature nationale poétique ne trouvait pour la plupart son entrée que dans les milieux cultivés et adultes, cette époque, presque aussi aimante à écrire qu’à lire, produisit une quantité énorme de livres pour le peuple et pour les enfants. Mais seuls quelques-uns ont réussi à trouver le ton approprié pour les masses et la jeunesse, et encore moins ont fourni à leurs lecteurs ce qui était vraiment pieux. Le « Lienhard und Gertrud » de Pestalozzi, le « Schatzkästlein » de Hebel et le « Goldmacherdorf » de Tschokke respectaient au moins le sentiment chrétien du peuple, bien qu’ils ne le renforçaient pas ou ne l’encourageaient pas. Mais, d’un autre côté, dans ces dernières années, un certain nombre d’écrivains sont apparus, tout à fait populaires et en même temps profondément chrétiens, qui, en tant que poètes et romanciers populaires, sont devenus des apôtres des vues, des mœurs et des coutumes chrétiennes pour le peuple. Les plus distingués d’entre eux sont Jeremiah Gotthelf (Albert Bitzius, mort en 1854), dont la « Kate la grand-mère » a été traduite dans le Sunday Magazine de 1865, Von Horn, Carl Stöber, Wildenhahn, Nathusius, Frommel, Weitbrecht, etc. Dans l’église catholique, Albanus Stoltz, mort en 1883, développa un merveilleux pouvoir de composition populaire, qu’il mit cependant plus tard au service d’un ultramontanisme fanatique, et sacrifia ainsi une grande partie de sa noblesse et de sa valeur. De l’énorme masse des livres pour enfants, très peu seulement atteignent leur but. Au premier rang se tient le brillant patriarche de l’écriture de contes chrétiens, Von Schubert, mort en 1860. Après lui, il y a Barth, l’auteur du « Pauvre Henri », Stöber et le Suisse Spyri, et le catholique Christian Schmid, l’auteur des « Œufs de Pâques ». ― Les écoles publiques, surtout sous Dinter (mort en 1831), membre du consistoire et du conseil scolaire de Königsberg, furent longtemps les pépinières du rationalisme docile, plat et satisfait de lui-même de l’ancien régime ; mais depuis 1830, et plus particulièrement à la suite des violentes agitations du directeur du séminaire Diesterweg, mort en 1866, réduit au silence en 1847, mais toujours très respecté pour son travail dans le domaine de l’éducation, beaucoup d’instituteurs prirent un plus haut vol dans la direction naturaliste et démocratique. Par la parole et par la plume, Diesterweg fit une propagande en faveur d’une éducation libre et libérale pour le peuple. Ses disciples, voulant son esprit chrétien sincère, ont mené imprudemment ses tendances radicales, et maintenant la foi chrétienne n’a pas d’ennemis plus tenaces que les professeurs des écoles publiques. En apr. J.-C. En 1870, une association d’enseignants de Vienne vota 6 000 voix en faveur du radicalisme. Lors d’une réunion à Hambourg en A.D. 1872 sur 5 100 enseignants, des progrès ont été démontrés par des individus élevant la voix pour défendre le christianisme, qui, cependant, était généralement noyé dans des cris et des sifflements. Une association évangélique d’enseignants tint sa neuvième assemblée à Hambourg en l’an 2000. 1881 avec 1 500 membres. Les opinions chrétiennes sont maintenant habilement représentées dans les écoles, les revues éducatives et la littérature. Une question brûlante à l’heure actuelle est de savoir si l’école nationale doit être préférée à l’école confessionnelle. Les libéraux de l’Église et de l’État devraient le dis-le ; les conservateurs ne devraient pas dis-le ; tandis que les deux parties pensent que leurs points de vue sont étayés par l’expérience du passé. Le ministre prussien de l’Éducation, Falk, A.D. De 1872 à 1879, il insista fermement sur le développement du système national, mais ses successeurs Von Puttkamer et Von Gossler revinrent au système confessionnel. En octobre 1882, le Congrès des écoles évangéliques allemandes de Hambourg exigea que les écoles primaires et secondaires aient un caractère confessionnel.
174.9. Art.―L’essor intellectuel provoqué par l’ouverture du nouveau siècle a donné un nouvel esprit et une nouvelle vie à la culture des arts. Winckelmann, mort après J.-C. 1768, avait ouvert la voie à une compréhension de l’art classique païen, et le romantisme a éveillé l’appréciation et l’enthousiasme pour l’art chrétien médiéval. Les plus grands maîtres de l’architecture étaient Schinckel, Klenze et Heideloff. La première pierre de la dernière partie de la cathédrale de Cologne a été posée par un roi protestant, Frédéric-Guillaume IV, en 1999. 1842, et les travaux ont été achevés par un constructeur protestant en 1842 . Année 1880. La statuaire a eu trois grands maîtres, qui ont exprimé de profondes idées chrétiennes dans le bronze et le marbre, l’Italien Canova, l’Allemand Dannecker, et le plus grand de tous, le Danois Thorwaldsen, dont le Christ et les Apôtres et d’autres œuvres forment une attraction principale pour les visiteurs de Copenhague. Trois jeunes maîtres allemands de l’art, qui ont hérité de leur renommée, sont Rauch, Rietschl et Drake.―Dans la peinture aussi, une ère nouvelle commençait. Un groupe d’artistes allemands homosexuels à Rome, avec Overbeck à leur tête, forma une société en A.D. 1813, et la plupart sont devenus des pervers du romanisme. Pierre Corneille, le plus doué de l’école, lui-même né catholique, répondit à la demande de ses amis de placer Luther dans un tableau du jugement dernier, en enfer : « Oui, mais avec la Bible dans ses mains et les démons tremblant devant lui » ; et dans un tableau ultérieur du jugement, il a donné au réformateur allemand sa place parmi les saints dans le ciel. Son élève, Julius Schnorr von Karolsfeld, est bien connu pour son « Bibel in Bildern ». Ludwig Richter, l’Albert Dürer du XIXe siècle et créateur de la gravure sur bois moderne, a rempli les maisons allemandes de ses créations artistiques et poétiques, qui respirent Dieu, la nature et le coin du feu familial. Le Français, Gustave Doré de Strasbourg, a également illustré la Bible d’une manière digne d’être rangée aux côtés de Schnorr, bien qu’un effort typiquement français pour l’effet soit partout discernable. car les vitraux des églises étaient tombés presque entièrement en usage au XVIIIe siècle, mais ils sont revenus en faveur au XIXe siècle, et ont été faits à Dresde, à Nuremberg et à Munich. L’artiste le plus éminent dans ce domaine était Ainmiller de Munich, dont on peut voir des spécimens dans toutes les parties du monde.
174.10. La musique et le drame. — À Vienne, les trois grands maîtres de la composition musicale, Mozart, Haydn et Beethoven, ont produit dans le département de la musique sacrée quelques-unes de leurs plus nobles œuvres. Mendelssohn, dans son Saint Paul et Élie et dans ses Psaumes, a cherché à reproduire la puissance et la vérité de la simple parole de Dieu. Une mort prématurée l’empêcha d’exprimer son idéal du Christ en musique. Le virtuose hongrois Liszt sacrifie le calme sacré et la dignité à l’effet théâtral. Son gendre, Richard Wagner, inspiré par la philosophie de Schopenhauer, poète et compositeur richement doté, proclamé par ses disciples comme le Messie de la musique de l’avenir, remontant à la légende médiévale, a produit un drame musical quasi chrétien, dans lequel l’évangile du pessimisme prend la place de l’évangile de la grâce de Dieu. qui est une reproduction des mystères médiévaux ( 115, 12). Il trouve son origine dans un vœu fait en 1633 à l’occasion d’une peste qui a frappé l’endroit, et se répète tous les dix ans les dimanches de fin mai à mi-septembre. L’histoire de la passion du Sauveur est ici représentée par des intermèdes de passages messianiques de l’Ancien Testament expliqués par un chœur semblable à celui de la tragédie classique, avec des décors, des draperies et un accompagnement musical appropriés. En présence d’un immense concours d’étrangers pour l’hébergement desquels un grand amphithéâtre a été construit, presque tous les villageois, hommes, femmes et enfants, prennent part au spectacle et font preuve d’une rare puissance artistique. Le texte du drame s’accorde en grande partie avec le récit évangélique, n’étant qu’occasionnellement entrecoupé de légendes, et tout à fait exempt d’hagiologie et de mariolâtrie ultramontaines. La performance d’A.D. 1850, et plus encore celle de l’an 1850 . 1880, a attiré des foules de pèlerins et de touristes dans la vallée calme et isolée. Une exposition indépendante, peu en retard sur l’originale par le caractère artistique de sa composition et de sa production, a été donnée, en 1883, les dimanches de juillet et d’août dans le village tyrolien de Brixlegg, et a été visitée par des foules similaires.
Les protestants pouvaient reconnaître, ce qui n’était pas le cas des catholiques, des éléments de vérité et de beauté dans les croyances de leurs adversaires. Lorsque des ecclésiastiques catholiques faisaient preuve d’un esprit pacifique et conciliant, c’était l’occasion de soupçons et de persécutions de la part de l’ancien parti romain. Des projets d’union ont été entretenus par les Vieux-Catholiques ( 190), et des négociations ont été entamées par l’Église orthodoxe grecque, d’une part, et les Églises catholique romaine et anglicane, d’autre part, mais dans les deux cas sans aucun résultat pratique. Sur les négociations d’union entre les différentes sectes protestantes, voir 178 ; et sur l’évêché prusso-anglican de Jérusalem, voir 184, 8. Parmi les nombreuses conversions du protestantisme au catholicisme et du catholicisme au protestantisme, nous ne pouvons mentionner ici que celles qui ont excité l’intérêt du public d’une manière particulière.
175.1. Tendances romanisantes chez les protestants. — Non seulement en Angleterre, où un important parti de la haute église embrassa un puseyisme plus qu’à moitié catholique (202, 2), mais même dans l’Allemagne protestante, un courant romanisant s’est installé de plusieurs côtés. Le goût du romantisme, de l’art, de l’histoire ( 174, 5, 9, 4), ainsi que les tendances ecclésiastiques féodales-aristocratiques et hyper-luthériennes ont ouvert la voie dans cette direction. Beaucoup cherchaient le repos dans le sein de l’Église « où seul se trouve le salut », tandis que d’autres, trop profondément enracinés dans la vérité évangélique, déploraient la perte d’institutions « nobles et vénérables » dans le culte, la vie et la constitution de l’Église, mais étaient incapables d’accepter les diverses augmentations non évangéliques qui rendaient nulle la doctrine de la justification par la foi seule. C’était la position de Löhe de Neuendettelsau, luthérien strict, qui publiait une sélection de légendes catholiques comme modèles d’abnégation pour ses diaconesses, souhaitait rétablir l’onction des malades, etc. Certains pasteurs protestants ont exprimé une chaleureuse sympathie pour le pape lors de ses malheurs en J.-C. 1860, et approuva le maintien de la papauté et de la domination temporelle du pape. Une conférence de catholiques (le comte Stolberg, le docteur Michelis, etc.) et de protestants (Léon, Bindewald, etc.) à Erfurt en A.D. 1860, sur la base d’une reconnaissance commune des avantages moraux de la papauté, a cherché à réaliser l’union des Églises. Plus remarquable encore est l’histoire racontée par le professeur vieux-catholique Friedrich. Juste avant l’ouverture du Concile du Vatican, certains pasteurs évangéliques de Saxe écrivirent des lettres à l’évêque Martin de Paderborn, que Friedrich lui-même lut, demandant instamment qu’au concile fût donnée aux prêtres la permission de se marier et de donner la coupe dans la communion aux laïcs, et promettant que dans ce cas, eux-mêmes et de nombreux pasteurs partageant les mêmes idées se joindraient à l’Église romaine. Que les lettres aient été écrites et reçues, c’est incontestable ; mais il est douteux que ce soit la folie et l’imbécillité ou un désir de canular et de mystification qui aient dirigé la plume. L’écrivain ou les écrivains, comme l’a prouvé l’interrogatoire devant le consistoire de la localité, ne doivent pas être recherchés parmi les pasteurs dont les noms sont annexés. Jusqu’où va le parti réactionnaire ultra-conservateur protestant avec les ultramontains et jusqu’où il aiderait au renversement et à l’affaiblissement de l’État protestant et de l’Église évangélique, c’est ce que montre la conduite du conseiller privé et juge en chef Ludwig von Gerlach (176, 1). qui, en 1872, à la Chambre des représentants prussienne, prit place dans le parti ultramontain du centre, hostile à l’empire et ami des Polonais, et dans sa brochure « Kaiser und Papst » de 1872 décrivait le nouvel empire allemand comme un antéchrist incarné. Les guelfes luthériens de Hanovre sont également des partisans zélés de toutes les revendications du centre au parlement prussien et au Reichstag allemand.
175.2. L’attitude du catholicisme à l’égard du protestantisme. — Chaque évêque catholique a encore, en prenant ses fonctions, prêter le serment : Hæreticos pro posse persequar. Les Jésuites, restaurés en apr. J.-C. 1814, envahit bientôt toutes les sections de leur esprit intolérant. L’énorme mensonge selon lequel le protestantisme est essentiellement révolutionnaire en matière d’État comme d’Église, tandis que le catholicisme est le rempart de l’État contre la révolution et la démocratie, a été affirmé avec une telle audace que même les hommes d’État protestants y ont cru. Le jésuite romain Perrone ( 191, 9) Dans un catéchisme italien controversé, il enseigna à la jeunesse catholique qu'« ils devaient sentir une horreur rampante s’emparer d’eux à la seule mention du mot protestantisme, plus encore que lorsqu’une attaque meurtrière leur était faite, car le protestantisme et ses défenseurs sont dans le monde religieux et moral tout comme la peste et les pestiférés le sont dans le monde physique, et dans tous les pays, les protestants sont la racaille de tout ce qui est vil et immoral », etc. Dans une pastorale de l’an J.-C. En 1855, Von Ketteler, évêque de Mayence, compara les Allemands qui, par la Réforme, avaient déchiré l’unité de l’Église, aux Juifs qui crucifièrent le Messie. Les prélats romains ont rivalisé d’injures les uns avec les autres à l’égard des protestants et du protestantisme. En apr. J.-C. En 1881, Léon XIII, parlant de la propagation du nihilisme russe, chargea les missionnaires protestants d’étendre la domination du prince des ténèbres. Le professeur Hohoff de Paderborn, dans ses « Études sur le protestantisme et le socialisme », Paderb., 1881, a réitéré l’accusation : « Oui, il en est ainsi, le protestantisme a engendré l’athéisme, le matérialisme, le scepticisme, le nihilisme. La Réforme a été l’assassin de toute science, le plus grand ennemi de la culture et de l’érudition, et le falsificateur de toute l’histoire. Les Loci de Melanchthon peuvent être considérés comme la production la moins scientifique dans le domaine de la dogmatique. Oui, la Réforme s’est avérée être une source primordiale de superstition, un pas en arrière dans l’histoire de la civilisation. L’Église catholique a été la championne de la conscience, de la raison et de la liberté. Personne n’est tout à fait capable de juger les faits historiques sans préjugés comme le chrétien catholique croyant. Mais tandis que la grande majorité des écrivains catholiques abusent ainsi du protestantisme, d’autres, comme Seltmann d’Eberswald, cherchent à gagner dans les rangs de l’Église romaine ceux qui peuvent être trompés par de beaux discours. Les correspondants « protestants » du périodique de Seltmann écrivent sous le couvert de l’anonymat. — En Espagne, la Réforme a longtemps été attribuée aux Augustins, jaloux des dominicains comme seuls dispensateurs d’indulgences, et au désir de Luther de se marier ; mais le poète Nuñez de Arca, dans sa Vision de Fray Martin, l’attribua à la corruption de l’Église et de la papauté de son temps, et considéra avec sympathie les luttes spirituelles du réformateur. Bien qu’en bon catholique, il conclue son poème par l’interdiction de l’église contre Luther, il le décrit néanmoins comme un homme juste et méritant.
175.3. Controverse romaine.―Au commencement de l’an J.-C. En 1872, le professeur vaudois Sciarelli publia comme un défi la thèse selon laquelle l’apôtre Pierre n’avait jamais mis les pieds à Rome, et Pie IX donna son consentement avec une simplicité enfantine à une dispute publique, qui eut lieu à Rome les 9 et 10 février. Trois champions protestants, avec Sciarelli à leur tête, sont confrontés à trois catholiques, Fabiani en tête, devant 125 auditeurs admis par billet. Les deux camps ont revendiqué la victoire ; mais les rapports sténographiques étaient plus largement lus dans toute l’Italie qu’il ne pouvait convenir à la cour pontificale.
Tandis que les missionnaires protestants américains s’efforçaient avec zèle de convertir les Églises schismatiques orientales, Rome, avec la même diligence, mais avec peu de succès, s’efforçait de gagner à sa propre communion les Grecs orthodoxes. Il y eut une grande joie pour la conversion des Bulgares au romanisme en J.-C. Année 1860. Profitant d’un mouvement national pour la restauration d’un patriarcat indépendant de Constantinople (207, 3), quelques jésuites français réussirent à persuader un petit nombre de mécontents d’accepter une union avec Rome. En 1861, le pape consacra un vieux prêtre bulgare, Jos. Sokolski, archevêque de l’Église bulgare unie. Très vite, cependant, lui et presque tous ses disciples retournèrent à leur allégeance à l’Église orthodoxe grecque. Léon XIII. dans son encyclique d’A.D. 1880, en rendant un hommage à Cyrille et à Méthode, en exprimant des sentiments bienveillants à l’égard de l’Église chrétienne d’Orient et en conférant un rang élevé aux dignitaires de l’Église d’Orient, cherche à aplanir la voie à l’union des deux grandes Églises.
175.5. Plans d’union des Grecs orthodoxes. En 1867, l’archevêque de Cantorbéry adressa une lettre au patriarche de Constantinople et à toute l’Église d’Orient, afin d’ouvrir la voie à une compréhension commune et à l’union des Églises, en envoyant une traduction grecque moderne du Livre de la prière commune et en leur demandant leur aide pour la consécration d’une église anglicane à Constantinople. Le patriarche Gregorius [Gregory] accéda à cette demande et répondit à la lettre d’une manière amicale, passant outre les avertissements de l’anglican contre les ajouts superstitieux à la doctrine, par exemple la mariolâtrie, mais qualifiant toutes les doctrines contraires des Trente-Neuf Articles de « très modernes ». En même temps, des membres de l’Église russe et de l’Église anglicane prenaient des mesures énergiques dans le même but. En 1870, le professeur Overbeck de Halle entreprit de servir d’intermédiaire dans ces négociations. Il avait publié en 1865, en réponse à l’encyclique pontificale du 8 décembre 1864 ( 185, 2), un tract avec la devise Ex oriente lux, dans lequel il plaçait les revendications de l’Église orthodoxe orientale avant les catholiques romains aussi bien que les protestants. À l’ouverture du concile du Vatican en 1869, il préconisa dans une brochure l’éclatement de l’Église pontificale et la formation d’Églises nationales catholiques. En Amérique du Nord, le professeur Bjerring, du séminaire catholique pour prêtres de Baltimore, a adopté la même position. En mars 1871, il se rendit à Saint-Pétersbourg, y fut ordonné prêtre orthodoxe et, à son retour à New York, institua un service dominical en langue anglaise selon le rite grec. On ne sait rien d’un progrès ultérieur dans cette direction de l’union.
175.6. Vieux projets d’union catholique.― Döllinger ( 191, 5) en apr. J.-C. L’année 1871 était marquée par l’espoir d’une union non seulement avec l’Église grecque, mais aussi avec l’Église anglicane, et des espoirs similaires étaient nourris en Angleterre et en Russie, et d’éminents représentants des deux communions prirent part aux congrès vieux-catholiques (190, 1). Sur l’invitation de Döllinger, en tant que président du comité chargé par le Congrès de Fribourg de l’A.D. En 1874, pour traiter de l’union avec l’Église anglicane, quarante amis de l’union d’Allemagne, d’Angleterre, du Danemark, de France, de Russie, de Grèce et d’Amérique se réunirent en conférence à Bonn. Après un débat animé, la fracture entre l’Orient et l’Occident fut comblée par un compromis traitant le filioque comme un ajout inutile au symbole de Nicée, et affirmant que, si souhaitable que puisse être une compréhension mutuelle sur les questions doctrinales, les différences existantes dans la constitution, la discipline et le culte ne présentaient aucun obstacle à l’union. Les catholiques présentèrent aux anglicans quatorze thèses essentielles à l’union, dans lesquelles les doctrines anti-protestantes étaient pour la plupart atténuées, mais la transsubstantiation nettement affirmée. Les conférences suivantes n’ont jamais dépassé ces préliminaires. Il fut cependant convenu qu’en cas de nécessité, anglicans et vieux-catholiques pourraient se dispenser le souper les uns aux autres.
Les convertis les plus célèbres du siècle furent Hurter, le biographe d’Innocent III, la comtesse Ida von Hahn-Hahn, écrivaine de romans religieux, Gfroerer [Gfrörer], l’historien de l’Église, l’hégélien radical Daumer, l’historien de la théologie anté-tridentine Hugo Lämmer, et le Dr Ed. Preuss, qui avait écrit contre l’Immaculée Conception et pour conduite criminelle dut fuir le pays. En apr. J.-C. 1844 Carl Haas, pasteur protestant, se convertit à l’église romaine, mais les deux nouveaux dogmes de Pie IX l’amenèrent à étudier les œuvres de Luther. Il retourna alors à l’Église luthérienne, justifiant sa démarche dans un traité intitulé « To Rome, and from Rome back again to Wittenberg, 1881 ». Le pasteur luthérien du Mecklembourg, le Dr A. Hager, qui, après sa conversion, avait pris la direction d’un journal ultramontain à Breslau en 1873, fut obligé de démissionner quelques années plus tard. On parlait de son retour à l’Église évangélique, lorsqu’il mourut subitement en 1883, après avoir reçu le dernier sacrement dans l’Église catholique. Le point culminant des abus contre Luther et l’Église luthérienne a été atteint par les Hanovriens Evers, qui s’y étaient rendus en 1880 ; dans tous ses écrits scandaleux et injurieux, il se décrit lui-même sur la page de titre comme « ancien pasteur luthérien ». Ses jets de boue, cependant, ont été poussés si loin, que même l’ultramontain Köln. La Volkszeitung fut contrainte de lui conseiller d’écrire plus décemment.
175.8. L’affaire Mortara de J.-C. L’année 1858 retint particulièrement l’attention. Le fils de huit ans du juif Mortara de Bologne a été violemment enlevé à ses parents à Rome parce que sa nourrice chrétienne lui avait dit que deux ans auparavant, au cours d’une maladie dangereuse, elle l’avait baptisé. L’Église répondit aux supplications des parents et au tollé universel en disant que le sacrement avait un caractère indélébile et que le pape ne pouvait pas changer la loi. Encore une fois en A.D. En 1864, Joseph Coën, apprenti tisserand à Rome, âgé de dix ans, est attiré par un prêtre dans son cloître et là persuadé de recevoir le baptême. En vain sa mère, la communauté juive et même l’ambassadeur de France insistèrent-ils pour qu’il fût rétabli ; et quand, en apr. J.-C. En 1870, le pouvoir temporel du pape est renversé, le jeune homme, alors âgé de seize ans, est devenu lui-même un catholique si fanatique qu’il refuse d’avoir quoi que ce soit à faire avec sa mère en tant qu’incroyant.
175.9. Dans le Tyrol en A.D. En 1830, il y eut de nombreuses conversions du catholicisme au protestantisme (198, 1). Un prêtre catholique de Baden, Henhöfer de Mühlhausen, influencé par les écrits de Sailer et Boos, est allé à l’église luthérienne en J.-C. 1823, et continua jusqu’à sa mort en A.D. 1862 un adversaire vigoureux du rationalisme dominant. Le comte Leopold von Seldnitzsky, ancien prince-évêque de Breslau, se sentit obligé en 1840, à cause des objections de conscience qu’il avait à remplir ses devoirs officiels envers l’Église et l’État pendant les controverses ecclésiastiques et politiques de 1830 ( 193, 1), de démissionner de ses fonctions. Il a ensuite été conduit en A.D. 1863, par la lecture des Écritures et des œuvres de Luther, après une lutte acharnée, pour rejoindre l’Église évangélique. Il consacra tous ses moyens à la fondation d’établissements d’enseignement protestants à Berlin et à Breslau. Il mourut en apr. J.-C. 1871, dans sa quatre-vingt-quatrième année. La proclamation par le Vatican du dogme de l’infaillibilité a chassé de la communion romaine de nombreux catholiques pieux et fervents. Parmi ceux-ci, Carl von Richthofen, chanoine de Breslau, retient tout particulièrement notre intérêt. Fils d’une pieuse mère luthérienne, et éduqué sous la douce direction spirituelle de Gossner (187, 2), sa nature douce et profondément religieuse ne s’était attachée à l’Église catholique romaine de son père que dans l’illusion que la doctrine romaine de la justification n’était pas tout à fait inconciliable avec la doctrine évangélique. Il se soumit d’abord au décret du Vatican, mais y renonça bientôt ; fut excommunié par l’archevêque Förster, renonça volontairement à ses émoluments ; rejoignit les Vieux-Catholiques en A.D. 1873, et les Vieux-Luthériens séparés en A.D. Année 1875. L’année suivante, il mourut d’une mort douloureuse de l’explosion d’une lampe à pétrole. — Dans l’ensemble, Rome a fait le plus de convertis en Amérique et en Angleterre ; et elle a subi des pertes plus ou moins sévères en France, en Belgique, en Irlande, en Italie, en Espagne et en Bohême.
175.10. Le centenaire de Luther, A.D. La célébration de la naissance de Luther a été célébrée avec beaucoup d’enthousiasme dans toute l’Allemagne, plus d’un millier de tracts sur Luther et la Réforme ont été publiés, des statues ont été érigées, des services spéciaux ont été célébrés dans toutes les églises, lycées et universités luthériens, et de brillantes manifestations ont été faites à Iéna, Worms, Wittenberg et Eisleben. On fonda à Kiel une maison de Luther, à Worms et aux bibliothèques de Luther de la Wartburg, à Leipzig et à Berlin. À Eisleben, une statue en bronze du réformateur a été solennellement dévoilée, représentant qu’il déchirait la bulle papale de la main droite et pressait la Bible contre son cœur de la main gauche. Un autre noble monument fut élevé par la munificence de l’empereur par la parution cette année-là du premier volume de l’édition critique des œuvres de Luther par le pasteur Knaake. Un « Institut Luther allemand » a pour but d’aider les enfants du clergé et des enseignants les plus pauvres, et une « Société d’histoire de la Réforme » a entrepris de publier des tracts populaires sur les personnes, les événements et les principes de cette période et de la période suivante, basés sur des documents originaux. Les protestants de tous les pays, à l’exception du parti de la Haute Église anglaise, contribuèrent généreusement ; les Américains avaient une copie de la grande statue de Luther du monument de Worms ( 178, 1) fabriqué et érigé à Washington. Même en Italie, la presse libérale faisait l’éloge de Luther, tandis que les ultramontains chargeaient sa mémoire de calomnies et de reproches sans mesure. Les contre-manifestations menaçantes des ultramontains allemands tombèrent tout à fait à plat et sans danger. Le centenaire de Zwingli du 1er janvier apr. J.-C. 1884, a été célébré avec enthousiasme dans toute l’Église réformée, en particulier en Suisse. D’autre part, la célébration du cinq-centième anniversaire de la mort de Wiclif, le 31 décembre 1884, suscita relativement peu d’intérêt.
Au début du siècle, le rationalisme était généralement répandu, mais la philosophie et la littérature ont rapidement affaibli ses fondements, et la guerre d’indépendance a poussé le cœur du peuple vers la foi de ses pères. Le piétisme est entré dans les listes contre le rationalisme, et la controverse de Halle de J.-C. L’année 1830 marque la crise de la lutte. Les rationalistes ont été contraints de faire appel au peuple par des agitateurs populaires. Au cours de l’A.D. En 1840, ils réussirent à fonder plusieurs « églises libres » qui, cependant, n’eurent pour la plupart qu’une existence courte et peu prospère. Ils ont eu plus de succès en A.D. 1860 avec le Protestantenverein comme instrument de leur propagande ( 180).
176.1. Le vieux rationalisme a été attaqué par les disciples de Hegel et de Schelling, et en J.-C. 1834 Röhr de Weimar trouva en Hase d’Iéna un adversaire aussi acharné que n’importe quel polémiste piétiste ou orthodoxe. Ce chef reconnu des vieux rationalistes avait froidement tenté de substituer une forme nouvelle et rationnelle de doctrine, de culte et de constitution aux formules archaïques de la Réforme, et s’était attiré la réprimande même de ceux qui sympathisaient avec lui dans ses vues doctrinales. 1817 Claus Harms de Kiel, à l’occasion du centenaire de la Réforme, lance une attaque contre ceux qui s’étaient éloignés de la foi de leurs pères, en publiant quatre-vingt-quinze nouvelles thèses, rappelant l’attention sur les doctrines presque oubliées de Luther. En apr. J.-C. 1827 Aug. Hahn, dans une discussion académique à Leipzig, soutint que les rationalistes devaient être expulsés de l’Église, et Hengstenberg commença son Evangelische Kirchenzeitung. Le juriste Von Gerlach dans A.D. En 1830, Gesenius et Wegscheider de Halle accusèrent Gesenius et Wegscheider de mépris flagrant pour la vérité chrétienne et demandèrent l’intervention de l’État. Dans toutes les parties de l’Allemagne, au milieu de l’opposition des théologiens scientifiques et du mépris des philosophes, le piétisme a cédé la place au rationalisme, de sorte que même les hommes cultivés l’ont regardé comme un reproche à compter parmi les rationalistes. L’incrédulité, cependant, était répandue parmi les masses. Lorsque Sintenis, prédicateur à Magdebourg en A.D. En 1840, déclara superstitieux le culte du Christ et fut réprimandé par le consistoire, ses voisins, les pasteurs Uhlich et König, fondèrent la société des « Amis de la lumière », dont l’assemblée à Köthen était alors fréquentée par des milliers d’ecclésiastiques et de laïcs. Dans l’une de ces assemblées en A.D. En 1844, Wislicenus de Halle, en posant la question : Les Écritures ou la raison doivent-elles être considérées comme la norme de la foi ? » brisa l’illusion que le rationalisme occupait encore la plate-forme de l’Église et de l’Écriture. L’aile gauche de l’école de Schleiermacher s’offusqua des mesures sévères exigées par Hengstenberg et son parti, et publia en 1846 à Berlin un manifeste de quatre-vingt-huit signatures contre le pape de papier des confessions archaïques de la Réforme et les procédures inquisitoriales du parti Kirchenzeitung, comme hostiles à toute liberté de foi et de conscience, ne voulant que maintenir fermement la vérité que Jésus-Christ est hier. aujourd’hui, et pour toujours, le seul et unique terrain de salut. Les Amis de la Lumière, s’alliant aux catholiques allemands et aux jeunes hégéliens, fondèrent des églises libres à Halle, Königsberg et dans bien d’autres endroits. Leurs offices et leurs sermons vides de religion, dans lesquels la Bible, le Christ vivant, et plus tard même le Dieu personnel, n’avaient pas de place, mais seulement le culte nu de l’humanité, avaient une vitalité temporaire que leur donnaient les mouvements révolutionnaires de l’ère chrétienne. Année 1848. Cela donna à l’État un prétexte, longtemps désiré, pour intervenir, et bientôt on trouva à peine trace de leurs églises.
176.2. Le piétisme n’avait pas été entièrement chassé de l’Église évangélique pendant la période d’appauvrissement ecclésiastique, mais, purifié de beaucoup d’excès excentriques, et cherchant refuge et appui pour la plupart en s’attachant à la communauté des Frères moraves, il s’était établi, même dans le Wurtemberg, de manière indépendante et dans un esprit essentiellement théosophico-chiliastique. Là aussi, une sorte de spiritisme a été introduit par le médecin et poète Justin Kerner de Weinsberg, et le philosophe Eschenmayer de Tübingen, avec des révélations spirituelles d’en haut et d’en bas. Au milieu des mouvements religieux du début du siècle, le piétisme a pris un avantage décisif. Elle prend la forme d’une protestation contre le rationalisme qui prévaut dans le clergé. Les fervents et les dévots cherchaient une nourriture spirituelle dans les conventicules et les soi-disant Stunden, adressés par des laïcs, pour la plupart de la classe ouvrière, bien familiarisés avec les Écritures et les œuvres de théologie pratique. Persécutés par la foule irréligieuse, le clergé rationaliste et parfois par les autorités, ils obtinrent peu à peu des représentants parmi le jeune clergé et dans les chaires universitaires, et firent de vigoureuses missions dans le pays et à l’étranger. Ce piétisme était distinctement évangélique et protestant. Il ne s’est pas opposé à l’orthodoxie de la confession de l’Église, mais s’est simplement efforcé de le restaurer. Cependant il avait beaucoup des caractéristiques du piétisme antérieur : surestimation de l’invisible au détriment de l’Église visible, de la sanctification plutôt que de la justification, tendance au chiliasme, etc. — L’activité missionnaire de Mme de Krüdener de Riga n’était pas moins importante pour éveiller la vie religieuse dans toute l’Allemagne, et particulièrement en Suisse. Cette dame, après de nombreuses années d’une vie gaie, abandonna le monde, et commença en J.-C. En 1814, elle parcourt l’Europe, prêchant la repentance, proclamant le message de l’Évangile dans les prisons, la folie de la croix aux sages de ce monde, et aux rois et aux princes la majesté du Christ comme Roi des rois. Partout où elle allait, elle faisait trembler les pécheurs négligents et attirait autour d’elle des foules d’anxieux et d’accablés spirituels de toutes sortes et de toutes conditions. Honorée par certains comme une sainte, une prophétesse et une faiseuse de miracles, ridiculisée par d’autres comme une folle, persécutée comme une dangereuse fanatique ou une trompeuse, chassée d’un pays à l’autre, elle mourut en Crimée en J.-C. Année 1824.527
176.3. Le mouvement religieux de Königsberg, A.D. 1835-1842. — Le pieux théosophe J. H. Schönherr de Königsberg, partant des deux substances primitives, le feu et l’eau, développa un système de théosophie dans lequel il résolvait les énigmes de la théogonie et de la cosmogonie, du péché et de la rédemption, et harmonisait la révélation avec les résultats de la science naturelle. D’abord influencée par ces vues, mais à partir de J.-C. En 1819, J. W. Ebel, pasteur de la même ville, rassembla autour de lui un groupe d’hommes et de femmes chrétiens fervents, les comtes Kanitz et Finkenstein et leurs épouses, Von Tippelskirch, plus tard prédicateur à l’ambassade à Rome, le professeur de théologie H. Olshausen, le pasteur Dr. Diestel et le médecin Sachs. Au bout de quelques années, Olshausen et Tippelskirch se retirèrent, et des dissensions surgirent qui donnèrent l’occasion aux autorités ecclésiastiques d’ordonner une enquête. Ebel fut accusé d’avoir fondé une secte dans laquelle les pratiques impures étaient encouragées. Il a été suspendu en A.D. 1835, et à l’instigation du consistoire, un procès criminel fut engagé contre lui. Le Dr Sachs, qui avait été expulsé de la société, était le principal et presque le seul témoin, mais de vagues rumeurs allaient bon train sur les rites mystiques et les orgies nocturnes. Ebel et Diestel ont été déposés en J.-C. En 1839, il fut déclaré incapable d’exercer une fonction publique et, en tant que fondateur de la secte, Ebel fut condamné à l’emprisonnement dans la prison commune. En appel devant le tribunal de Berlin, la déposition fut confirmée, mais tout le reste de la sentence fut annulé, et les parties furent déclarées capables d’exercer toutes les fonctions publiques, à l’exception de celles de nature spirituelle. Deux raisons ont été invoquées pour justifier la déposition :
En général, ils étaient accusés de répandre une doctrine qui était en conflit avec les principes du christianisme, et de faire un usage des relations sexuelles propre à éveiller de mauvaises pensées dans l’esprit des auditeurs. Ebel a été déclaré innocent de sectarisme. — Kanitz a écrit un livre pour se défendre, qui représente Ebel et Diestel comme des martyrs de leur pure piété chrétienne à une époque hostile à tout mouvement piétiste ; tandis que Von Wegnern, suivi par Hepworth Dixon, dans un style romanesque et frivole, donnent légèrement de la valeur à de mauvaises conjectures sans offrir aucune base solide de preuve. Toute l’affaire attend toujours une enquête patiente et impartiale.528
176.4. La controverse de Bender. — Au festival du centenaire de Luther en l’an J.-C. En 1883, le professeur Bender, de Bonn, déclara que, dans les écrits confessionnels de la Réforme, la vérité évangélique avait été obscurcie par la scolastique romaine, introduite par des juristes subtils et des théologiens sophistiqués. Cela provoqua une vigoureuse opposition, à laquelle participèrent deux de ses collègues, 38 étudiants en théologie, 59 membres du synode rhénan. Le surintendant général Baur, dans un discours du Nouvel An, s’insurgea également contre les déclarations de Bender. D’autre part, 170 étudiants de Bonn, dont 32 étudiants en théologie, ont fait une grande ovation au « courageux défenseur de la liberté académique ». Les synodes de Rhénanie et de Westphalie déplorèrent l’offense faite par le discours de Bender et protestèrent contre ses attaques dures et sans fondement contre les écrits confessionnels. Au synode de Westphalie, le professeur Mangold déclara que la faculté était aussi offensée de ce discours que l’avait été l’Église, mais que son auteur, lorsqu’il s’aperçut que ses paroles avaient créé un tel sentiment, chercha par tous les moyens à réprimer l’agitation, et n’avait eu l’intention que de porter un jugement scientifique sur les développements ecclésiastiques et théologiques.
D’après J.-C. 1817 La Prusse favorisa et favorisa le projet d’union entre les deux Églises évangéliques, et sur cette question une scission s’éleva dans le camp du piétisme. D’un côté, il y avait les confessionnalistes, déterminés à maintenir ce qui était distinctif dans leurs symboles, et de l’autre, ceux qui sacrifieraient presque tout pour l’union. Pour la plupart, les deux Églises appuyèrent cordialement les efforts du chef royal de l’Église ; ce n’est qu’en Silésie qu’une minorité luthérienne a refusé de céder, qui conserve encore une existence séparée.
177.1. L’Union évangélique. — Les circonstances ont favorisé ce mouvement. Tant dans l’Église luthérienne que dans l’Église réformée, on insistait relativement peu sur les doctrines confessionnelles distinctes, et le piétisme et le rationalisme, pour des raisons différentes, avaient enseigné l’insignifiance relative du dogme. C’est ainsi qu’un accord général fut donné à la proposition du roi, à l’occasion du centenaire de la Réforme. 1817, fortifier l’église protestante au moyen d’une union de luthériens et de calvinistes. Le nouveau Livre de l’Ordre Commun de l’A.D. L’année 1822, à la préparation de laquelle le pieux roi Frédéric-Guillaume III avait lui-même pris part, fut en effet condamnée par beaucoup comme étant trop haute-église, voire catholicisante dans sa tendance. Une édition révisée en A.D. 1829, donnant un plus grand choix de formulaires, fut légalement autorisé, et l’union devint un fait accompli. Il existait alors en Prusse une Église nationale évangélique avec un gouvernement et une liturgie communs, embrassant en son sein trois sections différentes : une luthérienne et une réformée, qui s’en tenaient à leurs doctrines distinctes, sans les considérer comme une cause de séparation, et un véritable parti d’union, qui abandonnait complètement les points de divergence. Mais de plus en plus, l’union s’identifia à l’indifférentisme doctrinal et au mépris de tous les symboles de l’Église, et ceux chez qui le sentiment ecclésiastique prévalait encore furent poussés à s’opposer à l’union (193). L’exemple de la Prusse en saccageant l’union des deux Églises fut suivi par Nassau, Bade, la Bavière rhénane, l’Anhalt et, dans une certaine mesure, la Hesse (194, 196).
177.2. La séparation luthérienne. — Bien que l’union ait nié qu’il y ait eu un passage d’une église à une autre, elle a pratiquement déclaré que les doctrines distinctives n’étaient pas essentielles, et a ainsi adopté le point de vue de l’église réformée. Steffens ( 174, 3), l’ami de Scheibel de Breslau, qui avait été privé de son poste de professeur en A.D. 1832 pour son opposition résolue à l’Union, et mourut en exil en 1843 ( 195, 2), réaction en faveur de l’ancien luthéranisme. Plusieurs ecclésiastiques suspendus en Silésie tinrent un synode à Breslau en J.-C. 1835, pour organiser un parti luthérien, mais les autorités civiles les accablèrent si lourdement que la plupart d’entre eux émigrèrent en Amérique et en Australie. Guericke de Halle, ordonné pasteur en secret, exerçait son ministère dans sa propre maison auprès d’une petite compagnie de séparatistes luthériens, fut privé de son poste de professeur en A.D. 1835, et n’a été restauré qu’en 1835 . 1840, après qu’il eut présenté des excuses pour sa conduite. D’après J.-C.En 1838, les lois ont été modifiées par Frédéric-Guillaume IV, les ecclésiastiques emprisonnés ont été libérés en 1838 .En 1840, une église luthérienne de Prusse, indépendante de l’église nationale, fut constituée par un synode général à Breslau en 1840 . 1841, qui a reçu la reconnaissance de la faveur royale en 1841. Année 1845. Les affaires sont administrées par un conseil suprême résidant à Breslau, présidé par l’éminent juriste Huschke. D’autres séparations ont été empêchées par des concessions opportunes de la part de l’Église nationale. Les séparatistes revendiquent 50 000 membres, avec cinquante pasteurs et sept surintendants.
177.3. La séparation dans la séparation. — Des divergences s’élevèrent entre les luthériens séparés, surtout sur la question de l’église visible. La majorité, dirigée par Huschke, définissait l’Église visible comme un organisme de divers offices et ordres embrassant même les incroyants, qui doit être passé au crible par le jugement divin. C’est à elle qu’appartient l’office du gouvernement de l’Église, qui est un jus divinum, et seulement en ce qui concerne la forme extérieure un jus humanum. L’opposition comprenait la visibilité de la prédication de la parole et de la dispensation des sacrements, et soutenait que les incroyants appartenaient aussi peu à l’Église visible qu’à l’Église invisible. La distribution des ordres et des offices est un arrangement purement humain sans nomination divine, les membres individuels sont tout à fait indépendants les uns des autres, l’Église ne reconnaît pas d’autre gouvernement que celui de la prédication sans entraves de la parole, et chaque pasteur gouverne dans sa propre congrégation. Diedrich de Jabel et sept autres pasteurs se plaignirent des prétentions papistes du concile suprême et, lors d’un synode général en apr. J.-C. 1860 refusa de reconnaître l’autorité de ce concile, ou d’une majorité de synodes, et en A.D. En 1861, avec leurs congrégations, ils firent officiellement sécession et constituèrent le soi-disant Synode de l’Emmanuel.
L’union n’avait fait qu’ajouter une troisième dénomination aux deux qui existaient auparavant, et était le moyen de dissensions et de séparations encore plus grandes. Ainsi, les intérêts du protestantisme étaient menacés par l’incrédulité à l’intérieur de ses propres frontières et les machinations des catholiques ultramontains à l’extérieur. Une tentative a donc été faite en A.D. 1840 pour combiner les forces protestantes dispersées, au moyen de la confédération, pour un travail commun et un conflit avec des ennemis communs.
178.1. La Société de Gustave-Adolphe.―En apr. J.-C. En 1832, à l’occasion du bicentenaire de la naissance du sauveur du protestantisme allemand, sur la proposition du surintendant Grossman de Leipzig, une société fut formée pour aider les églises protestantes dans le besoin, en particulier dans les districts catholiques. D’abord presque confiné à la Saxe, il s’est rapidement répandu dans toute l’Allemagne, jusqu’à ce que la Bavière ne descende que jusqu’à J.-C. 1849, et l’Autriche jusqu’à J.-C. 1860, ont été exclus de ses opérations par une loi civile. Les masses ont été attirées par la simplicité de sa base, qui était simplement l’opposition au catholicisme, et les démagogiques Amis de la Lumière ont rapidement trouvé la suprématie dans ses conseils. En raison de l’opposition à l’expulsion de Rupp, en A.D. En 1846, en tant qu’apostat du principe du protestantisme, un grand nombre de personnes ayant des tendances ecclésiastiques firent sécession et tentèrent de former une union rivale en A.D. Année 1847. Après s’être remis des convulsions de l’apr. J.-C. En 1848, sous la sage direction de Zimmermann de Darmstadt, la société retrouva une position solide. En apr. J.-C. En 1883, elle comptait 1,779 succursales, outre 392 unions de femmes et 11 associations d’étudiants, et un revenu d’environ 43,000 livres pour l’année. Cette œuvre de génie, conçue par Rietschel, et achevée après sa mort en A.D. 1857 par ses élèves, et inauguré le 25 juin de l’an J.-C. 1868, représente tous les principaux épisodes de l’histoire de la Réforme. Il a été érigé au coût de plus de 20 000 dollars, recueillis par des contributions volontaires, et le projet s’est avéré si populaire qu’il y a eu un excédent de 2 000 dollars, qui a été consacré à la fondation de bourses pour les étudiants en théologie.
178.2. La conférence d’Eisenach. — Les autres États allemands ont emprunté l’idée de la confédération à la Prusse et au Wurtemberg. Il a pris forme concrètement dans les réunions des députés à Eisenach, commencées en J.-C. 1852, et se tint pendant un certain temps une fois par an, puis tous les deux ans, pour se concerter sur les questions de culte, de discipline et de constitution. Au-delà de l’exposé de ces questions, la conférence n’a donné aucun résultat.
178.3. L’Alliance évangélique. — Une tentative a été faite en Angleterre, sur la motion du Dr Chalmers (202, 7), à une confédération encore plus complète de toutes les églises protestantes de tous les pays contre les empiétements du papisme et du puseyisme (202, 2). Après plusieurs réunions préliminaires, la première session de l’Alliance évangélique se tint à Londres au mois d’août de l’an J.-C. Année 1846. Son but était la fraternisation de tous les chrétiens évangéliques sur la base d’un accord sur les vérités fondamentales du salut, la justification et la propagation de cette foi commune, et la lutte pour la liberté de conscience et la tolérance religieuse. Neuf articles ont été établis comme conditions d’adhésion : la croyance en l’inspiration de l’Écriture, en la Trinité, en la divinité du Christ, dans le péché originel, dans la justification par la foi seule, dans l’obligation des deux sacrements, dans la résurrection du corps, dans le jugement dernier, et dans la bénédiction éternelle des justes et la condamnation éternelle des impies. Il pourrait donc inclure les baptistes, mais pas les quakers. En apr. J.-C. En 1855, elle tint sa neuvième réunion à la grande Exposition industrielle de Paris comme une sorte d’exposition d’églises, les représentants des différentes églises faisant rapport de l’état de leurs diverses confessions. La dixième réunion, de l’ère chrétienne 1857, a eu lieu à Berlin. Le conseil de l’Alliance, présidé par sir Culling Eardley, présenta une adresse au roi Frédéric-Guillaume IV, dans laquelle on disait qu’il portait un coup non seulement au sadducéanisme, mais aussi au pharisaïsme de l’Église évangélique allemande. Les luthériens confessionnels, qui s’étaient opposés à l’Alliance, considéraient cette dernière référence comme dirigée contre eux. Le roi, cependant, reçut la députation avec la plus grande grâce, tout en déclarant qu’il nourrissait les plus brillantes espérances pour l’avenir de l’Église, et qu’il exhortait à l’amour fraternel cordial entre les chrétiens. Bien que de nombreux confessionnalistes distingués aient été membres de l’Alliance, aucun d’entre eux ne s’est présenté. Les membres du « Protestantenverein » ( 180) n’y participerait pas parce que les articles étaient trop orthodoxes. D’autre part, de nombreux représentants du piétisme, de l’unionisme, du mélanchtonianisme, ainsi que des baptistes, des méthodistes et des moraves, accoururent de toutes parts et étaient soutenus par les principaux libéraux de l’Église et de l’État. Alors qu’on parlait sans fin de l’unité et des différences des enfants de Dieu, du sacerdoce universel, de la supériorité de la présente réunion sur les conciles œcuméniques de l’ancienne Église, du manque de vie spirituelle dans les Églises, même là où l’on professait la théologie des confessions, etc., avec des dénonciations du luthéranisme demi-catholique et de son sacramentarisme et de son officialisme, et plus d’une déclaration vraie et admirable de ce que sont les besoins de l’Église, Merle d’Aubigné introduisit la discorde par l’accueil chaleureux qu’il fit à son ami Bunsen, et qui fut intensifié par la manière passionnée dont Krummacher en fit le rapport. La gracieuse réception royale des membres de l’Alliance, au cours de laquelle Krummacher exprima ses sentiments excités en ces termes : « Votre Majesté, nous ne tomberions pas tous à vos pieds, mais à votre cou ! » fut décrite par son frère, le Dr F. W. Krummacher, comme un prélude raisonnable aux scènes solennelles du jugement dernier. Sir Culling Eardley déclara : « Il n’y a plus de mer du Nord. » Lord Shaftesbury a déclaré à Londres qu’avec l’Assemblée de Berlin, une nouvelle ère avait commencé dans l’histoire du monde ; et d’autres, qui en étaient revenus, l’exaltèrent comme une seconde Pentecôte.
178.4. L’Alliance de l’Église Evangélique.―Après la révolution de l’A.D. En 1848, les théologiens, les ecclésiastiques et les laïcs les plus distingués, très attachés à l’Église, cherchèrent à créer une confédération des Églises luthérienne, réformée, unie et morave. Lorsqu’ils tinrent leur deuxième assemblée à Wittenberg, A.D. En 1849, beaucoup de luthériens stricts s’étaient déjà retirés, en particulier ceux de Silésie. Le congrès luthérien, tenu peu de temps auparavant à Leipzig sous la présidence de Harless, avait déclaré la confédération insatisfaisante. La réaction politique en faveur de l’Église avait également enlevé l’occasion d’une telle confédération. Pourtant, les délibérations annuelles de ce conseil sur les questions de la vie pratique de l’Église ont rendu de bons services. Une tentative faite lors de la réunion de Berlin de l’A.D. En 1853, l’adoption de l’Augustana comme confession religieuse suscita une vive opposition. Lors de la réunion de Stuttgart de l’A.D. En 1857, il y eut de violents débats sur les missions étrangères et la catholicité évangélique entre les représentants du luthéranisme confessionnel, jusque-là maintenus en relation, avec la Confédération et la majorité unioniste. Les luthériens se retirèrent alors. La tentative faite lors de l’assemblée d’octobre de Berlin d’A.D. En 1871, au milieu de l’excitation produite par la glorieuse issue de la guerre franco-prussienne et la fondation du nouvel empire allemand avec un prince protestant, d’attirer dans la confédération les luthériens confessionnels et les adhérents du « Protestantenverein », afin de former une grande église nationale protestante allemande, il échoua, et une réunion de la confédération dans l’ancien style se réunit à nouveau à Halle l’année suivante. Mais on s’aperçut maintenant que son temps était passé.
178.5. La Ligue évangélique. — Lors d’une réunion du parti évangélique central prussien à l’automne 1886, certains membres, « contraints par le chagrin de la reddition des armes par le gouvernement prussien dans le Kulturkampf », se réunirent pour une conférence privée et résolurent, pour défendre les intérêts menacés de l’Église évangélique, de fonder une « Ligue évangélique » à partir des divers partis théologiques et ecclésiastiques. Les principaux chefs de parti des deux camps ayant été admis, un certain nombre de représentants modérés de toutes les écoles ont été invités à une réunion consultative à Erfurt. Le 15 janvier 1887, un appel à rejoindre les membres de la ligue est lancé. Il fut signé par des hommes distingués du parti moyen, tels que Beyschlag, Riehm de Halle, etc., des représentants modérés du confessionnalisme et de l’union positive, tels que Kawerau de Kiel, Fricke de Leipzig, Witte, Warneck, etc., et des théologiens libéraux comme Lipse et Nippold d’Iéna, etc. et il reçut bientôt l’ajout d’environ 250 noms. Elle reconnaissait Jésus-Christ, comme le Fils unique de Dieu, comme le seul moyen de salut, et professait les doctrines fondamentales de la Réforme. Il représentait la tâche de la Ligue comme double : d’une part, la défense des intérêts de l’Église évangélique sur tous les points contre les prétentions croissantes de Rome, et, d’autre part, le renforcement de la conscience communautaire de l’Église chrétienne évangélique contre l’influence exiguë du parti, ainsi que contre l’indifférentisme et le matérialisme. Pour l’accomplissement de cette tâche, la ligue s’organisa sous le contrôle d’un conseil central avec des branches subordonnées dans toute l’Allemagne, chacune ayant un comité pour représenter ses intérêts dans la presse, et avec des assemblées générales annuelles de tous les membres pour la consultation commune et la promulgation des décrets.
Si répandue qu’ait été l’accueil favorable de l’Union prussienne, il y avait encore un certain nombre d’États luthériens dans lesquels l’Église réformée n’avait guère d’adhérents, par exemple la Bavière, la Saxe, le Hanovre, le Mecklembourg et le Schleswig-Holstein, et on pourrait en dire autant des provinces baltes et des trois royaumes scandinaves. De même, en Autriche, en France et en Russie, les deux dénominations se séparaient ; et en Pologne, l’union d’A.D. 1828 a été dissous en A.D. 1849 ( 206, 3). La réaction confessionnelle luthérienne en Prusse a stimulé ceux qui s’étaient ainsi tenus à l’écart. Dans tous les pays, au milieu du conflit avec le rationalisme, l’esprit confessionnel des luthériens et des réformés s’est de plus en plus prononcé.
179.1. Le luthéranisme dans l’Union. — Après que l’Église d’État prussienne eut été minée par la révolution de J.-C. En 1848, on tenta en vain d’établir à sa place une église confessionnelle luthérienne pure. Lors de l’assemblée d’octobre à Berlin, en A.D. En 1871, les luthériens unis firent des efforts inefficaces pour coopérer avec ceux qui étaient unionistes par principe. Pendant l’agitation provoquée par les lois de mai ( 197, 5) et la procédure Sydow ( 180, 4), la première conférence évangélique luthérienne générale s’est tenue en août de l’an J.-C. 1873, à Berlin. Il adopta un ton modéré et conciliant à l’égard de l’union, déclara les efforts du « Protestantenverein » ( 180) une apostasie des doctrines fondamentales de l’Évangile, déplora la promulgation des lois de mai, protesta contre leurs principes, mais reconnut le devoir d’obéissance, et termina une adresse à l’empereur par une pétition en faveur d’une constitution de l’Église démocratique et du mariage civil. « édité par Hengstenberg, et maintenant par Zöckler, et l'"Allgem. konserv. Monatsschrift für die christl. Deutschl. », par Von Nathusius.
179.2. Le luthéranisme en dehors de l’Union. — Une conférence générale luthérienne se tint sous la présidence de Harless, en juillet de l’an J.-C. 1868, au cours de laquelle les sentiments de Kliefoth, dénonçant une union sous un gouvernement ecclésiastique commun sans accord sur la doctrine et les sacrements, rencontrèrent une acceptation presque universelle. Lors de la réunion de Leipzig d’A.D. En 1870, Luthardt insiste sur le devoir de maintenir fermement l’unité doctrinale dans l’Église luthérienne. L’assemblée de l’année suivante ne reconnut l’empereur comme chef de l’Église que dans la mesure où il n’interférait pas avec la dispensation de la parole et des sacrements, admettait la légalité d’un mariage purement civil, mais soutenait que ceux qui méprisaient l’ordonnance ecclésiastique devaient être soumis à la discipline, que la communion ne devait être autorisée ni aux réformés ni aux unionistes s’ils résidaient fixement. mais aux unionistes fidèles à la confession s’ils résident temporairement, même sans adhérer expressément à leur parti ; et aussi en ce qui concerne l’assemblée d’octobre de l’année précédente, l’union des deux Églises protestantes d’Allemagne sous un système mixte de gouvernement ecclésiastique a été condamnée. La troisième conférence générale de Nüremberg [Nuremberg], en A.D. 1879, traitait des questions suivantes : L’Église doit-elle être sous le contrôle de l’État ou libre ? Les écoles devraient-elles être confessionnelles ou non ? et, dans les deux cas, il se prononça en faveur de cette dernière alternative. — Son organe littéraire est l’Allg. Luth. Kirchenzeitung.
179.3. Le mélancthonisme et le calvinisme. — L’Église réformée d’Allemagne a maintenu une position à mi-chemin entre le luthéranisme et le calvinisme, très semblable à celle du mélanchtonianisme ultérieur. Ebrard chercha en effet à prouver que le prédestinarisme strict n’était qu’une excroissance du système réformé, tandis que Schweitzer, dans le seul intérêt de la science (182, 9, 16), a montré qu’il est son nerf et son centre qui conditionnent tout, auxquels il doit sa merveilleuse vitalité, sa force et sa cohérence. Heppe de Marbourg est allé encore plus loin qu’Ebrard dans sa tentative de combiner le luthéranisme et le calvinisme dans une église mélancthonienne [mélanchthonienne] (182, 16), en cherchant à prouver que l’église évangélique originelle de l’Allemagne était mélanchthonienne, qu’après la mort de Luther les fanatiques, plus luthériens que Luther, fondèrent la soi-disant église luthérienne et la complétèrent en publiant la formule de concorde ; que le calvinisme du Palatinat, de la Hesse, du Brandebourg, de l’Anhalt n’était qu’une réaction contre l’hyper ou pseudo-luthéranisme, et que la restauration du mélanchtonianisme originel et le mouvement unioniste moderne n’étaient que l’achèvement de cette restauration. Les contributions antérieures de Schenkel à l’histoire de la Réforme ont évolué dans une direction similaire. Ebrard aussi, en A.D. En 1851, il fonde une « Réf. Kirchenzeitung ». Mais même le calvinisme authentique et strict a eu des adhérents zélés au cours de ce siècle, et pas seulement en Écosse (202, 7) et les Pays-Bas ( 200, 2), mais aussi en Allemagne, notamment dans le Wupperthal. G. D. Krummacher, d’après A.D. En 1816, pasteur à Elberfeld, et son neveu F. W. Krummacher de Barmen en furent longtemps les principaux représentants. Quand la Prusse chercha en A.D. En 1835, pour forcer l’union dans le Wupperthal, et menacer de destitution les pasteurs réformés opposés, la révolte s’avéra ici presque aussi grave que celle des luthériens en Silésie. Les pasteurs, avec la majorité de leur peuple, n’acceptèrent finalement l’union que dans la mesure où elle était conforme au mode de culte réformé. Mais une partie, embrassant ses membres les plus importants, se tint à l’écart et refusa toute conciliation. L’Acte royal de tolérance de l’A.D. En 1847, ils purent former une congrégation indépendante à Elberfeld avec le Dr Kohlbrügge comme ministre. Ce théologien, ancien pasteur luthérien d’Amsterdam, fut chassé à la suite d’une lutte avec un collègue rationalisateur, et devint par la suite, grâce à l’étude des écrits de Calvin, un ardent calviniste. Ce corps, sous le nom d’Église réformée hollandaise, constituait la seule dénomination anti-unioniste et strictement calviniste en Prusse. dont en A.D. En 1830, l’Église de Hollande, qui se répandit au-delà des frontières allemandes, y fonda l’Église de Frise orientale et Bentheim, qui compte aujourd’hui neuf congrégations et sept pasteurs. En 1873, les presbytériens présents décidèrent de convoquer un concile œcuménique réformé. Une conférence à Londres en A.D. L’année 1875 amena à maturité l’idée d’une assemblée panpresbytérienne. Le conseil se réunit tous les trois ans. Les membres reconnaissent l'L’autorité suprême de l’Ancien et du Nouveau Testament en matière de foi et de pratique, et d’accepter le consensus de toutes les confessions réformées. Le premier « Conseil presbytérien général » s’est réuni à Édimbourg du 3 au 10 juillet 2010 . 1877, environ 300 délégués étant présents. La procédure consistait en une glorification sans mesure du presbytérianisme « tiré de toute l’Écriture, depuis les soixante-dix anciens du Pentateuque jusqu’aux vingt-quatre anciens de l’Apocalypse ». Le deuxième concile s’est réuni à Philadelphie en J.-C. 1880, et se vantait de représenter quarante millions de presbytériens. Il a nommé un comité chargé d’élaborer un consensus des confessions de toutes les Églises réformées. Le troisième conseil, composé de 305 membres, se réunit à Belfast en l’an 2000. En 1884, après un long débat, ils refusèrent, à une grande majorité, d’adopter un consensus strictement formulé sur la doctrine, qu’ils jugeaient inopportun et indésirable, et par l’accueil des presbytériens de Cumberland, ils abandonnèrent même la Confession de Westminster (155, 1) comme le seul symbole qualifiant pour l’appartenance au Conseil. Le quatrième concile s’est réuni à Londres en an J.-C. 1887. — Un congrès œcuménique méthodiste s’est tenu à Londres en 1887 . 1881, à laquelle assistent 400 délégués.
Les rationalistes de toutes sortes, les adeptes de l’école de Baur, aussi bien que les disciples de Hegel et de Schleiermacher de l’aile gauche, se tenaient à l’écart de toute union évangélique. Mais la négation commune des tendances qui caractérisaient les confédérations évangéliques et l’effort commun vers une organisation libre, démocratique et non confessionnelle de l’Église protestante allemande, éveillèrent en elles le sentiment de la nécessité de la combinaison et de la coopération. Alors qu’en Allemagne du Nord, ce sentiment s’exprimait puissamment dès J.-C. En 1854, dans l’organe littéraire compétent de la « Protestation. Kirchenzeitung », dans le sud de l’Allemagne, avec Heidelberg comme centre et le doyen Zittel comme agitateur en chef, des « Protestantenvereine » locales ont été formées, qui se sont réunies en une organisation unifiée dans l’Assemblée de Francfort, après J.-C. Année 1863. Après de longs débats, les sociétés du Nord et du Sud se sont réunies en une seule. En juin, A.D. En 1865, la première assemblée générale protestante se tint à Eisenach, et la nature, le motif et la fin des associations furent définis. À ces assemblées se réunissaient d’année en année des membres de la société accourus de toutes les parties de l’Allemagne afin de s’encourager mutuellement à persévérer dans la diffusion de leurs idées par la parole et la plume, et de prendre des mesures en vue de la fondation d’associations filiales pour répandre parmi le peuple un christianisme qui renonce au miraculeux et met de côté les doctrines de l’Église.
180.1. L’Assemblée protestante. — La première assemblée générale protestante allemande, composée de 400 notabilités cléricales et laïques, se réunit à Eisenach en l’an 200. 1865, sous la présidence du juriste Bluntschli de Heidelberg et du prédicateur en chef de la cour Schwarz de Gotha. La présence de Rothe de Heidelberg donna à la réunion un éclat particulier. Le discours de Schwarz sur « Les limites de la liberté doctrinale dans le protestantisme » était particulièrement important, qu’il cherchait non pas dans la confession, ni dans l’autorité de la lettre de l’Écriture, ni même dans certains articles dits fondamentaux, mais dans l’unique vérité morale religieuse du christianisme, l’évangile de l’amour et de la paternité divine telle que le Christ l’a enseignée. l’exposa dans sa vie et le scella par sa mort. À Berlin, Osnabrück et Leipzig, les églises ont été refusées pour les services selon le Protestantenverein. En apr. J.-C. En 1868, quinze chefs de famille de Heidelberg demandèrent au conseil ecclésiastique de leur accorder l’usage de l’une des églises de la ville où un ecclésiastique croyant pouvait célébrer le service à l’ancienne mode orthodoxe. Cette demande a été rejetée par cinquante voix contre quatre. Baumgarten dénonça cette intolérance et déclara qu’à moins d’être répudiée par le syndicat, elle porterait une tache très sérieuse à sa réputation. En apr. J.-C. En 1877, il se retira publiquement de la société.
180.2. La propagande protestante. — Les idées de l’Union ont été répandues par des conférences populaires et des articles dans les journaux et les revues. Le « Protestanten-Bibel », édité par Schmidt et Holtzendorff en A.D. L’année 1872, dont une traduction anglaise a été publiée, donnant les résultats de la critique du Nouveau Testament, « a mis la hache à la racine de la dogmatique et du confessionnalisme » et a prouvé que « nous sommes toujours chrétiens, bien que notre conception du christianisme diverge en beaucoup de points de celle du deuxième siècle, et nous proclamons un christianisme sans miracles et en accord avec la théorie moderne de l’univers ». Le succès de tels efforts pour répandre la théologie au sens large a été largement surestimé. Les partisans enthousiastes de l’union prétendaient avoir tout le monde évangélique derrière eux, tandis que Holtzendorff se vantait d’avoir tous des Allemands réfléchis avec eux.
180.3. Souffrances endurées.—Dans de nombreux cas, les membres de la société ont été disciplinés, suspendus et déposés. En octobre, A.D. En 1880, Beesenmeyer de Mannheim, lors de sa nomination à Osnabrück, est examiné par le consistoire. Il confessait une Trinité économique mais non essentielle, l’impeccabilité et la piété parfaite, mais pas la divinité du Christ, la puissance expiatoire de la mort du Christ, mais pas la doctrine de la satisfaction par procuration. Il a été déclaré peu orthodoxe et donc inapte à occuper un poste. Schroeder, pasteur du consistoire de Wiesbaden en A.D. En 1871, parce qu’il refusait d’utiliser le Credo des Apôtres lors de son baptême et de sa confirmation, il fut destitué, mais après avoir fait appel au ministre du culte, le Dr Falk, il fut rétabli au début de l’ère chrétienne. Année 1874. Le consistoire de Stettin a refusé d’ordonner le Dr Hanne en raison de son ouvrage « Der ideale u. d. geschichtl. Christus », et un appel à la cour supérieure et un autre au roi furent infructueux. Plusieurs membres de l’église protestèrent contre l’appel du Dr Ziegler à Liegnitz en A.D. En 1873, à cause de son discours d’essai et d’une conférence antérieure sur l’autorité de la Bible, le consistoire refusa de soutenir l’appel. Le Concile suprême de l’Église, cependant, lorsqu’il fut appelé, se déclara satisfait de la promesse de Ziegler de prononcer inconditionnellement le vœu d’ordination, qui exige l’acceptation des doctrines fondamentales de l’Évangile et non du système théologique particulier des symboles.
180.4. Les conflits à Berlin étaient particulièrement vifs. En apr. J.-C. En 1872, le vieux pasteur de la soi-disant Nouvelle Église, le Dr Sydow, prononça une conférence sur la naissance miraculeuse de Jésus, dans laquelle il déclara qu’il était le fils légitime de Joseph et de Marie. Son collègue, le Dr Lisco, fils du célèbre commentateur, a parlé d’éléments légendaires dans le Symbole des Apôtres et a nié son autorité. Lisco a été réprimandé et averti par le consistoire. Sydow fut destitué. Il en appela, avec vingt-six ecclésiastiques de la province de Brandebourg et douze pasteurs de Berlin, au Conseil suprême de l’Église. Les théologiens d’Iéna présentèrent également une pétition largement signée au Dr Falk contre la procédure du consistoire, tandis que le clergé de Weimar et de Wurtemberg envoya une pétition en faveur du maintien d’une discipline stricte. La cour supérieure infirma la sentence, au motif que la conférence n’avait pas été donnée dans l’exercice de ses fonctions, et réprimanda sévèrement Sydow pour avoir offensé gravement en la prononçant publiquement. Lors d’un synode provincial à Berlin en A.D. En 1877, une attaque a été faite par le pasteur Rhode contre l’abonnement à la croyance. Hossbach, prêchant dans une église vide, déclara qu’il répudiait la doctrine confessionnelle de la divinité du Christ, qu’il considérait la vie de Jésus dans les évangiles comme un ensemble de mythes, etc. Certains protestèrent bruyamment et d’autres pressèrent avec autant d’empressement qu’il s’installe. Le consistoire accepta la rétractation de Rhode et annula l’appel de Hossbach. Le Conseil suprême de l’Église soutint le consistoire et donna l’ordre strict à son président de ne pas souffrir de déroger à la confession. La congrégation a ensuite choisi le Dr Schramm, un adhérent déclaré du même parti, qui a également été rejeté. En apr. J.-C. 1879 Werner, biographe de Boniface, disciple plus modéré de la même école, tenant une sorte de position arienne, reçoit la nomination. Quand, en apr. J.-C. En 1880, le Conseil suprême de l’Église exigea de Werner une déclaration claire de sa croyance concernant les Écritures, la divinité et la résurrection du Christ, et le Credo des Apôtres, et après avoir reçu sa réponse, le convoqua à une conférence à Berlin, il démissionna de son poste.
180.5. Les conflits dans le Schleswig-Holstein ont également provoqué une vive émotion. Le pasteur Kühl d’Oldensworth avait publié un article à Pâques, A.D. 1880, intitulé « Le Seigneur est vraiment ressuscité », dans lequel la résurrection est rendue purement spirituelle. Il fut accusé d’avoir violé son vœu d’ordination, les sectaires montrèrent son papier comme preuve de leur théorie selon laquelle l’Église d’État était la Babylone apocalyptique, et des pétitions de 115 ministres et 2 500 laïcs furent présentées contre lui au consistoire de Kiel. Le consistoire exhorte Kühl à être plus prudent et ses adversaires à être plus patients. La même année, cependant, il publia un article dans lequel il niait que l’ordre de la nature ait été mis de côté par des miracles. On lui conseille alors d’abandonner l’écriture et de se limiter à son travail pastoral. Lühr répondit à un pamphlet de Decker sur « L’ancienne foi et la nouvelle », et sa façon de traiter le vœu d’ordination était d’une telle nature qu’elle amena le pasteur Paulsen à en parler comme d’une « chloroformation de sa conscience ».
Au cours du XVIIIe siècle, les services de l’Église évangélique s’étaient complètement corrompus et désordonnés sous l’influence des « Lumières » et étaient tout à fait incapables de répondre aux besoins chrétiens et aux goûts ecclésiastiques du XIXe siècle. Chaque fois qu’il y avait un réveil en faveur de la foi de leurs pères, un mouvement se faisait dans le sens de formes améliorées de culte. Les rationalistes et les amis de la lumière, cependant, ont empêché le progrès, sauf dans quelques États. Même la conférence officielle d’Eisenach n’a fait que préparer le terrain et indiquer comment des mesures pourraient être prises par la suite.
181.1. Le livre de cantiques. — Des traces du vandalisme de l’Illumination étaient visibles dans tous les livres de cantiques. Le noble poète Ernst Moritz Arndt fut le premier à entrer sur les listes en tant que restaurateur ; et diverses tentatives ont été faites par Von Elsner, Von Raumer, Bunsen, Stier, Knapp, Daniel, Harms, etc., pour rendre des recueils de chants sacrés conformes au sentiment chrétien ravivé du peuple. Ceux-ci en vinrent à être largement utilisés, non pas dans les services publics, mais dans le culte familial, et préparèrent la voie à la révision officielle des livres à l’usage de l’église. La Conférence d’Eisenach de l’A.D. En 1853, il décida de publier 150 hymnes classiques avec les anciennes mélodies comme appendice à l’ancien recueil et comme modèle pour un travail ultérieur. Ce n’est qu’avec difficulté que la résolution de faire de l’A.D. fut adoptée. 1750 Le terminus ad quem dans le choix des pièces. Wackernagel a insisté sur le strict respect du texte original et s’est retiré de la commission lorsque cela n’a pas été accepté. Ce n’est que dans quelques États que la collection Eisenach a été introduite ; par exemple en Bavière, où il a été incorporé dans son nouveau recueil de cantiques.
181.2. Le Livre des Chorals.—En apr. J.-C. En 1814, Frédéric-Guillaume III de Prusse cherche à assurer une plus grande importance à la liturgie dans le service religieux. En apr. J.-C. En 1817, Natorp de Münster exprima avec force la nécessité de remettre le choral à sa place d’antan, et il fut suivi par le juriste Thibaut, dont l’ouvrage sur « La pureté du ton » a été traduit en anglais. C’est dans le Wurtemberg que la réforme du choral fut la plus vigoureuse, mais c’est en Bavière que l’ancien choral, dans sa simplicité primitive, fut le plus largement introduit.
181.3. La liturgie. — Sous le règne des Illuministes, la liturgie avait souffert encore plus que les hymnes. Les luthériens revinrent alors aux anciens modèles de la Réforme, et les offices liturgiques, avec des spectacles musicaux, devinrent populaires à Berlin. Les conférences tenues à Dresde firent beaucoup pour la réforme liturgique, et les œuvres et les collections de Schöberlein fournirent d’abondants matériaux pour l’exécution pratique du mouvement.
181.4. Les Saintes Écritures.—La Bible Calw, dans sa cinquième édition, a adopté des vues quelque peu avancées sur l’inspiration, le canon et l’authenticité, tout en maintenant généralement le point de vue des étudiants les plus respectueux et les plus pieux de l’Écriture. Le commentaire de Bunsen a assumé une position de « médiation », et la « Bible protestante » sur le Nouveau Testament, traduite en anglais, celle de l’école supérieure. Les exposés de Besser sur les livres du Nouveau Testament, dont nous avons en anglais ceux sur l’évangile de Jean, ont eu une popularité sans exemple. La conférence d’Eisenach entreprit une révision de la traduction de la Bible par Luther. Le Nouveau Testament révisé a été publié en A.D. 1870, et acceptée par certaines sociétés bibliques. La tâche beaucoup plus difficile de la révision de l’Ancien Testament a été confiée à un comité d’éminents théologiens universitaires, qui a terminé ses travaux en J.-C. Année 1881. Une Bible « preuve » a été publiée en J.-C. 1883, et le rendu final corrigé en A.D. Année 1886. Toute une légion de pamphlets sortit alors de toutes parts. Certains s’opposent farouchement à toute modification du texte de Luther, d’autres critiquent sévèrement l’œuvre, de sorte que l’ensemble du mouvement semble maintenant au point mort.529―À l’heure actuelle, En mai 1885, le travail de révision de la version anglaise de la Bible, entrepris par ordre de convocation, fut achevé après quinze ans de travail et publié conjointement par les deux universités d’Oxford et de Cambridge. Le Nouveau Testament révisé, préparé quatre ans auparavant, avait été télégraphié en courtes sections en Amérique par le représentant du New York Herald, de sorte que l’ouvrage complet parut dans ce pays un peu plus tôt qu’en Angleterre. Mais dans le cas de la révision de l’Ancien Testament, une telle industrie de flibustier a été empêchée par la réserve stricte et prudente de tous ceux qui étaient impliqués dans l’œuvre. Entre-temps, le Nouveau Testament révisé n’avait jamais été introduit dans les services publics ; Reste à savoir si la Bible achevée parviendra un jour à surmonter ce préjugé.530
Le véritable fondateur de la théologie protestante moderne, l’Origène du dix-neuvième siècle, est Schleiermacher. Son influence était si puissante et si multiple qu’elle s’étendait non seulement à sa propre école, mais aussi dans presque toutes les directions, même à l’Église catholique, embrassant des tendances destructrices et constructives telles qu’elles étaient apparues auparavant chez Origène et Érigène. À côté du rationalisme vulgaire, qui avait encore des représentants notables, De Wette fonda la nouvelle école du rationalisme historico-critique, et Neander celle du surnaturalisme piétiste, qui éclipsa bientôt les deux anciennes écoles du surnaturalisme rationnel et supra-rationnel. Sur la base de la philosophie de Schelling et de Hegel, Daub fonda l’école de théologie spéculative à tendance évangélique ; mais après la mort de Hegel, il s’est scindé en une aile droite et une aile gauche. Comme la première ne pouvait pas maintenir sa position, ses adhérents se tournèrent peu à peu vers d’autres écoles ; et celle-ci, mettant de côté les spéculations et la dogmatique, s’appliqua à l’étude critique de l’histoire primitive du christianisme, et fonda l’école de Baur à Tübingen. L’école de Schleiermacher s’est également scindée en une aile droite et une aile gauche. Chacun d’eux a pris l’union pour étendard ; mais la droite, qui se réclamait de la théologie « allemande » et de la théologie « moderne », souhaitait une union sous un consensus des confessions, et cherchait à opérer un compromis entre l’ancienne foi et le libéralisme moderne ; tandis que la gauche souhaitait l’union sans confession et la tolérance inconditionnée de la « science libre ». Cette dernière tendance, cependant, a obtenu une plus grande importance et une plus grande importance à partir de J.-C. 1854, en s’associant avec les représentants de l’historico-critique et de la jeune génération de l’école baurienne, d’où est née la théologie « protestante libre ». D’autre part, sous l’influence du piétisme, il s’est élevé depuis J.-C. 1830, en particulier dans les universités d’Erlangen, de Leipzig, de Rostock et de Dorpat, une école confessionnelle luthérienne, qui cherche à développer un système de théologie luthérienne du type de Gerhard et Bengel. Une tendance similaire s’est également manifestée dans l’Église réformée. L’école théologique la plus récente est celle fondée par Ritschl, reposant sur une base luthérienne, mais considérée par les confessionnalistes comme plutôt alliée à la théologie « protestante libre », en raison de son libre traitement de certaines doctrines fondamentales du luthéranisme.
182.1. Schleiermacher, A.D. 1768-1834.―Profondément enraciné dans la philosophie et profondément imbu du sentiment pieux des Moraves parmi lesquels il avait été formé, Schleiermacher commença sa carrière dans l’A.D. En 1807, il est professeur et prédicateur à l’université de Halle, mais, pour échapper à la domination française, il se rend la même année à Berlin, où il cherche par la parole et l’écriture à éveiller le patriotisme allemand. C’est là qu’il fut nommé prédicateur en A.D. 1809, et professeur en A.D. 1810, et continua d’occuper ces fonctions jusqu’à sa mort en A.D. Année 1834. En apr. J.-C. En 1799, il publia cinq « Reden über d. Religion ». Ce n’était pas le christianisme biblique et encore moins ecclésiastique qu’il cherchait avec une éloquence éclatante à adresser au cœur du peuple allemand, mais le panthéisme spinoziste. L’idée fondamentale de sa vie, que Dieu, « l’unité absolue », ne peut être atteint par la pensée ni saisi par la volonté, mais seulement embrassé dans le sentiment en tant que conscience immédiate, et que par conséquent ce sentiment est le siège propre de la religion, apparaît déjà dans ses premières productions comme le centre de son système. L’année suivante, A.D. En 1800, il exposa sa théorie éthique en cinq « Monologues » : chaque homme devrait représenter à sa manière l’humanité dans un mélange spécial de ses éléments. L’étude et la traduction de Platon, qui l’occupaient depuis plusieurs années, exerçaient sur lui une puissante influence. Il s’est approché de plus en plus vers le christianisme positif. Dans un discours de Noël en A.D. 1803 sur le modèle du Banquet de Platon, il représente le Christ comme l’objet divin de toute foi. En apr. J.-C. En 1811, il publia son « Short Outline of Theological Study », qui a été traduit en anglais, une esquisse magistrale d’une encyclopédie théologique. En apr. J.-C. En 1821, il produisit son grand chef-d’œuvre, « Der Chr. Glaube », qui fait du sentiment le siège de toute religion comme la conscience immédiate d’une dépendance absolue, parfaitement exprimée en Jésus-Christ, dont la vie rachète le monde. La tâche de la dogmatique est de donner une expression scientifique à la conscience chrétienne telle qu’elle voit la vie des rachetés ; Il ne s’agit pas de prouver, mais seulement d’élaborer et d’exposer, par rapport à toute la vie spirituelle, ce qui est déjà présent comme un fait d’expérience. Ainsi la dogmatique et la philosophie sont tout à fait distinctes. Il prouve le caractère évangélique protestant des doctrines ainsi développées par des citations du consensus des deux confessions. Malgré ses protestations, beaucoup de ses contemporains trouvèrent encore des vestiges du panthéisme spinoziste. Sur certains points aussi, il n’a pas réussi à satisfaire les prétentions de l’orthodoxie ; par exemple dans sa doctrine sabellienne de la Trinité, sa théorie de l’élection, sa doctrine du canon, et son récit du commencement et de la fin de la vie de notre Seigneur, de la naissance et de l’ascension.531
182.2. L’ancienne théologie rationaliste. — L’ancien rationalisme, dit vulgaire, se caractérisait par l’autosuffisance avec laquelle il rejetait tous les progrès de la philosophie et de la théologie, de la science et de la littérature nationale. La nouvelle école du rationalisme historico-critique s’est servie de tous les secours dans le sens de la recherche scientifique. Le père du rationalisme vulgaire de cette époque était Röhr de Weimar, qui a fait preuve d’ingéniosité pour prouver comment quelqu’un qui avait de telles opinions pouvait encore occuper un poste dans l’Église. C’est aussi à cette école qu’appartenait Paulus de Heidelberg, décrit par Marheineke comme quelqu’un qui croit et pense qu’il croit, mais qui était incapable de l’un ou de l’autre ; Wegscheider de Halle, qui, dans ses « Institutions theol. Christ. dogmaticæ » répudie les miracles ; Bretschneider de Gotha, qui a commencé comme surnaturaliste et est ensuite passé à un rationalisme extrême ; et Ammon de Dresde, qui passa ensuite au surnaturalisme rationnel.
182.3. Le fondateur du rationalisme historico-critique était De Wette, contemporain de Schleiermacher à l’Université de Berlin, mais privé de ses fonctions en J.-C. 1819 pour avoir envoyé une lettre de condoléances à la mère de Sands, qui a été considérée comme une excuse pour son crime. D’après J.-C. 1822 jusqu’à sa mort en A.D. En 1849, il continua à travailler sans relâche à Bâle. Sa position théologique avait son point de départ dans la philosophie de son ami Fries, à laquelle il adhéra fidèlement jusqu’à la fin de sa vie. Son amitié avec Schleiermacher eut également une grande influence sur lui. Lui aussi plaçait la religion essentiellement dans le sentiment, qu’il associait cependant beaucoup plus étroitement à la connaissance et à la volonté. Dans les doctrines de l’Église, il reconnaissait une expression symbolique importante des vérités religieuses, et c’est ainsi que le rationaliste pur et dur se moqua de lui en tant que mystique. Mais sa principale force résidait dans le traitement critique acerbe qu’il accordait au canon biblique et à l’histoire de l’Ancien Testament et du Nouveau Testament. Ses commentaires sur l’ensemble du Nouveau Testament sont d’une valeur permanente et contiennent ses dernières pensées, alors qu’il s’approchait le plus du christianisme positif. Sa carrière littéraire a commencé en A.D. 1806 avec un examen critique des livres des Chroniques. Il a également écrit sur les Psaumes, sur l’histoire juive, sur l’archéologie juive et a fait une nouvelle traduction de la Bible. Ses Introductions à l’Ancien Testament et au Nouveau Testament ont été traduites en anglais. — Winer de Leipzig est surtout connu par sa « Grammaire du grec du Nouveau Testament », publiée pour la première fois en A.D. 1822, dont plusieurs traductions anglaises et américaines ont paru, la dernière et la meilleure étant celle du Dr Moulton, faite en A.D. 1870, à partir de la sixième édition allemande. Il a également édité un admirable « Bibl. Reallexicon » et a écrit un ouvrage sur la symbolique qui a été traduit en anglais sous le titre « A Comparative View of the Doctrines and Confessions of the Various Communities of Christendom » (Edin., 1873). Né en 1842, il s’est acquis une grande réputation par ses services grammaticaux et lexicographiques et comme auteur d’un commentaire sur Isaïe-Hupfeld de Marbourg et Halle, mort après J.-C. 1866, surtout connu par son ouvrage en quatre volumes sur les Psaumes, dans son attitude critique à l’égard de l’Ancien Testament, appartenait au même parti. 1875, surpassa de loin tous les autres par le génie, la subtilité de l’esprit et l’acuité critique. Il a écrit des commentaires sur la plupart des prophètes et des recherches critiques sur l’histoire de l’Ancien Testament. 1803-1875, dont la main était contre tout homme et la main de chaque homme contre lui, occupait la position de dictateur reconnu dans le domaine de la grammaire hébraïque, et prononçait des oracles comme un interprète infaillible des livres bibliques. Dans son Journal for Biblical Science, il tient un autodafé annuel de toute la littérature biblico-théologique de l’année précédente ; et, prenant place à côté d’Isaïe et de Jérémie, il prononçait dans chaque préface un fardeau prophétique contre les malfaiteurs théologiques, ecclésiastiques ou politiques de son temps. Ses écrits exégétiques sur les livres poétiques et prophétiques de l’Ancien Testament, son « Histoire d’Israël jusqu’à l’âge post-apostolique » et une reproduction condensée de sa « Doctrine biblique de Dieu », sous le titre : « La Révélation, sa nature et ses annales » et « Théologie de l’Ancien et du Nouveau Testament », ont tous paru dans des traductions anglaises, et présentent partout des traces d’un génie brillant et d’une originalité suggestive.532
182.4. Le surnaturalisme de l’ancien type ( 171, 8) était maintenant représentée par Storr, Reinhard, Planck, Knapp et Stäudlin. Dans le Wurtemberg, l’école de Storr conserva sa prééminence jusqu’à notre ère. Année 1830. Neander, Tholuck et Hengstenberg peuvent être décrits comme les fondateurs et les plus puissants énonciateurs du surnaturalisme piétiste plus récent. Fortement influencé par Schleiermacher, son collègue à Berlin, Neander, A.D. 1789-1850, exerça une influence telle qu’aucun autre professeur de théologie n’en avait exercé depuis Luther et Melanchthon. Adoptant le point de vue de Schleiermacher, il considérait la religion comme une question de sentiment : Pectus est quod theologum facit. Par sa théologie pectorale subjective, il est devenu le père du piétisme scientifique moderne, mais cela l’a empêché de comprendre le désir de l’époque de restaurer une base objective solide pour la foi. Il n’était pas moins opposé à la philosophie hégélienne qu’au confessionnalisme. Neander était si complètement pectoraliste, que même sa critique était dominée par le sentiment, comme en témoignent ses hésitations sur les questions d’authenticité et d’historicité du Nouveau Testament. Son « Histoire de l’Église », dont nous avons d’admirables traductions anglaises, a fait époque, et ses monographies historiques ont été le résultat d’une recherche originale et minutieuse.533―Tholuck, A.D. 1799-1877, à partir de J.-C. En 1826, professeur à Halle, d’abord consacré aux études orientales, éveillé à l’intérêt pratique par le baron von Kottwitz de Berlin, il se donna de toute sa culture en prêchant, en donnant des conférences et en conversant pour conduire ses étudiants au Christ. Sa théologie scientifique était latitudinaire, mais elle avait la chaleur et la fraîcheur d’un contact immédiat avec le Sauveur vivant. Ses œuvres les plus importantes sont apologétiques et exégétiques. Dans ses « Préludes à l’histoire du rationalisme », il donne un aperçu curieux de la vie scandaleuse des étudiants au XVIIe siècle ; et il avoua plus tard que ces études avaient contribué à l’amener à sympathiser étroitement avec le confessionnalisme. Bien qu’il ait toujours été laxiste dans ses vues sur l’authenticité, il en est venu à adopter une position très décidée en ce qui concerne la révélation et l’inspiration. 1802-1869, à partir de J.-C. 1826 professeur à Berlin, eut un tout autre genre de développement. Rendu déterminé par d’innombrables controverses, dans lesquelles il n’a pas atténué d’un seul cheveu, il regarda de travers la science comme un don des Danaïdes, et exposa contre le rationalisme et le naturalisme un système de théologie non modifié par toutes les théories des temps modernes. Né dans l’Église réformée et dans sa compréhension de l’Écriture toujours plus calviniste que luthérien, ne rationalisant que sur les miracles qui semblaient porter atteinte à la dignité de Dieu, et dans ses dernières années enclin à la doctrine romaine de la justification, il peut néanmoins prétendre être classé parmi les confessionnalistes au sein de l’union. Il mérite le mérite d’avoir donné une grande impulsion aux études sur l’Ancien Testament et une puissante défense des livres de l’Ancien Testament, bien qu’il ait souvent abandonné la position d’apologiste pour celle d’avocat. Sa « Christologie de l’Ancien Testament », en quatre volumes, « L’authenticité du Pentateuque et de Daniel », trois vol., « L’Égypte et les livres de Moïse », ses commentaires sur les Psaumes, l’Ecclésiaste, Ézéchiel, l’Évangile de Jean, l’Apocalypse, et son « Histoire du Royaume de Dieu dans l’Ancien Testament », ont tous été traduits en anglais.
182.5. Ce qu’on appelle le surnaturalisme rationnel admet la révélation surnaturelle dans l’Écriture sainte, et met la raison à côté d’elle comme une source tout aussi légitime de connaissance religieuse, et maintient la rationalité du contenu de la révélation. Son principal représentant était Baumgarten-Crusius d’Iéna. D’une tendance similaire, mais plus influencé par la culture esthétique et le sentiment raffiné, et s’inclinant de plus en plus vers le point de vue du « protestantisme libre », Carl Hase, après sept ans de travail à Tübingen, commença sa carrière à Iéna en A.D. 1830, qu’il termina en démissionnant de son poste de professeur en 1830 . 1883, après soixante ans de travail dans la chaire théologique. Dans sa « Vie de Jésus », publiée pour la première fois après J.-C. 1829, il représente le Christ comme l’homme idéal, sans péché mais non exempt d’erreur, doué de la plénitude de l’amour et de la puissance de l’humanité pure, comme étant vraiment ressuscité et devenu l’auteur d’une vie nouvelle dans le royaume de Dieu, dont l’essence même s’exprime de la manière la plus pure et la plus profonde dans l’évangile du disciple qui repose sur le cœur du Maître. La dernière révision de cet ouvrage, publiée en A.D. 1876, sous le titre « Geschichte Jesu », traite le quatrième évangile comme non-Johnannine dans son auteur et mythique dans son contenu, et explique la résurrection par la théorie d’un évanouissement ou d’une vision. Dans son « Hutterus Redivivus », A.D. 1828, douzième édition 1883, il cherche à exposer la dogmatique luthérienne comme Hutter aurait pu le faire s’il avait vécu à cette époque. Cela a conduit à la publication de pamphlets controversés dans A.D. 1834-1837, qui porta le coup de grâce au Rationalismus Vulgaris. Son « Histoire de l’Église », qui se distingue par ses admirables petites esquisses de personnalités éminentes, a été publiée en A.D. 1834, et la septième édition de A.D. 1854 a été traduit en anglais.
182.6. Théologie spéculative. — Son fondateur fut Daub, professeur à Heidelberg depuis J.-C. 1794 jusqu’à sa mort en A.D. Année 1836. Occupant et écrivant à partir des points de vue philosophiques de Kant, Fichte et Schelling successivement, il publia dans A.D. 1816 « Judas Iscariote », une discussion élaborée sur la nature du mal, mais passée sous silence en A.D. 1833, avec son traité de dogmatique, à la position hégélienne. Il exerça une grande influence en tant que professeur, mais ses écrits se révélèrent des plus inintelligibles. — Marheineke de Berlin, dans la première édition de sa Dogmatique, occupait le point de vue de Schelling, mais dans la seconde, il exposait l’orthodoxie luthérienne conformément aux formulæ du système hégélien. En 1831, ses élèves aînés, Rosenkranz et Göschel, cherchèrent à mettre sa philosophie au service de l’orthodoxie. Richter fut le premier à s’en offusquer, par sa « Doctrine des choses dernières », dans laquelle il dénonçait la doctrine de l’immortalité dans le sens de l’existence personnelle après la mort. Strauss, A.D. 1808-1874, a représenté la « Vie de Jésus », dans son œuvre de J.-C. 1835, comme le produit d’une romance involontaire, et dans son « Glaubenslehre » de J.-C. En 1840, il chercha à prouver que la science moderne met fin à toutes les doctrines chrétiennes, et enseigna ouvertement le panthéisme comme le résidu du christianisme. Bruno Bauer, après être passé de l’aile hégélienne de droite à l’aile gauche, a décrit les évangiles comme le produit d’une fraude consciente, et Ludwig Feuerbach, dans son « Essence du christianisme », A.D. 1841, exposa dans toute sa nudité le nouvel évangile de l’adoration de soi. La brèche entre les deux parties dans l’école était maintenant complète. Quoi que Rosenkranz et Schaller du centre, et Göschel et Gabler de la droite, aient fait pour défendre l’honneur du système, ils n’ont pas pu restaurer l’illusion à jamais brisée qu’il était fondamentalement chrétien. Ceux de droite sont retombés dans les camps de la « théologie allemande » et du confessionnalisme luthérien ; tandis que dans les temps les plus récents, la gauche n’a pas d’autre représentant théologique éminent que Biedermann de Zurich.
182.7. L’école de Tübingen. — Strauss n’était que l’escarmoucheur avancé d’une école qui, sous la direction d’un chef capable, soumettait l’histoire du christianisme primitif à un examen approfondi. Fred. Chr. Baur de Tübingen, A.D. De 1792 à 1860, presque sans égal parmi ses contemporains en acuité, en assiduité et en érudition, élève de Schleiermacher et de Hegel, il se consacra principalement à la recherche historique sur les débuts du christianisme. Dans ce domaine, il rejeta presque tout ce que l’on croyait auparavant. Il a nié l’authenticité de tous les écrits du Nouveau Testament, à l’exception de l’Apocalypse et des épîtres aux Romains, aux Galates et aux Corinthiens ; traitant le reste comme des faux du IIe siècle, résultant d’une lutte acharnée entre les partis pétrinien et paulinien. Ce schéma a été exposé sous une forme rudimentaire dans le traité sur « Les soi-disant épîtres pastorales de l’apôtre Paul », A.D. Année 1835. Ses œuvres, « Paul, l’apôtre » et « Histoire des trois premiers siècles », ont été traduites en anglais. Il eut pour collaborateurs Schwegler, Zeller, Hilgenfeld, Volkmar, etc. Ritschl, qui fut d’abord un partisan de l’école, fit d’importantes concessions à la droite, et dans la seconde édition de son grand ouvrage, « Die Entstehung d. alt-kath. Kirche », d’A.D. 1857, se déclare opposant. Hilgenfeld d’Iéna, lui aussi, a tracé de nouvelles lignes pour lui-même dans l’introduction du Nouveau Testament et dans l’évaluation de la doctrine de l’Église primitive, modifiant de diverses manières les positions de Baur. Les travaux de cette école et de ses adversaires ont rendu de grands services à la cause de la science.
182.8. Strauss, qui s’était entre-temps occupé des études du « Nathan » de Von Hutten, de Reimarus et de Lessing, sentant que les recherches de l’école de Tübingen avaient archaïque sa « Vie de Jésus », et stimulé par la « Vie de Jésus » de Renan, écrite avec une élégance et une vivacité françaises, dans laquelle il décrivait le Christ comme un aimable héros d’une histoire de village galiléen, entreprit en 1864 une reproduction semi-jubilaire de son œuvre, adressée au « peuple allemand ». Il fut suivi d’un pamphlet sévèrement controversé, « La moitié et le tout », dans lequel il fustigeait les tentatives hésitantes de Schenkel ainsi que le conservatisme intransigeant de Hengstenberg. Il signale maintenant des cas de romantisme intentionnel dans les récits évangéliques ; la résurrection repose sur des visions subjectives des disciples du Christ. Ses « Conférences sur Voltaire » parurent dans A.D. 1870, et en 1870 après J.-C. 1872 le plus radical de tous ses livres, « L’Ancienne et la Nouvelle Foi », qui ne fait du christianisme qu’un judaïsme modifié, l’histoire de la résurrection un simple « fumisterie », et toute l’histoire de l’Évangile le résultat des « hallucinations » des premiers chrétiens. À la question de savoir si « nous » sommes encore chrétiens, il répond ouvertement et honorablement par la négative. Il a également surmonté le point de vue du panthéisme. La religion du dix-neuvième siècle, c’est le pancosmisme, son évangile les résultats des sciences naturelles avec les découvertes de Darwin comme bible, ses œuvres de dévotion les classiques nationaux, ses lieux de culte, les salles de concert, les théâtres, les musées, etc. Les attaques les plus violentes contre ce livre sont venues du Protestantenverein. Strauss avait dit : « Si l’ancienne foi est absurde, alors l’édition modernisée du Protestantenverein et de l’école d’Iéna l’est doublement, triplement. L’ancienne foi ne fait que contredire la raison, pas elle-même ; Le nouveau se contredit sur tous les points, et comment peut-il alors se concilier avec la raison ?13°
182.9. La théologie médiatrice. — Cette tendance provenait de l’aile droite de l’école de Schleiermacher, encore plus ou moins influencée par le pectoralisme de Néandre. Il adopta dans la dogmatique une manière plus positive et dans la critique une manière plus conservatrice. Il s’efforçait sincèrement de promouvoir les intérêts de l’union, non seulement en tant que combinaison pour le gouvernement de l’Église, mais en tant que communion sous un consensus confessionnel. Ses principaux organes théologiques étaient les « Studien und Kritiken », commencés en J.-C. 1828, édité par Ullmann et Umbreit à Heidelberg, puis par Riehm et Köstlin à Halle, et le « Jahrbücher für deutsche Theologie » de Dorner et Leibner, A.D. 1856-1878. — Bien que la théologie médiatrice ait cherché à faire tomber toutes les différences confessionnelles, l’ascendance confessionnelle était plus ou moins traçable chez la plupart de ses adhérents. Ses principaux représentants de l’Église réformée étaient : Alexander Schweizer, qui a le plus fidèlement conservé la tendance critique de Schleiermacher, et, dans un style beaucoup plus habile et plus subtil que tout autre théologien moderne, a exposé le système de doctrine réformé dans sa stricte cohérence logique. Dans son propre système, il donne un exposé scientifique de la foi évangélique du point de vue unioniste, avec beaucoup de pieuses réflexions sur l’Écriture et la confession ainsi que sur les résultats de l’expérience chrétienne, basée sur la triple manifestation de Dieu présentée sans miracle dans l’ordre physique du monde, dans l’ordre moral du monde. Sack, l’un des élèves les plus anciens et les plus positifs de Schleiermacher, professeur à Bonn, puis surintendant à Magdebourg, a écrit sur l’apologétique et la polémique. Hagenbach de Bâle, A.D. 1801-1874, est bien connu par son « Encyclopédie théologique et méthodologie », son « Histoire de la Réforme » et son « Histoire de l’Église aux XVIIIe et XIXe siècles », qui sont tous traduits en anglais. 1802-1884, un homme de génie, imaginatif, poétique et spéculatif, avec des tendances strictement positives, largement connu par sa « Vie du Christ » et le commentaire de l’Ancien et du Nouveau Testament, édité et contribué par lui. Né en Suisse, il accepta en 1843 d’être appelé professeur au séminaire théologique de l’Église réformée allemande à Mercersburg. Il fut bientôt soupçonné d’hérésie, mais fut acquitté par le synode de New York en 1845. En 1869, il accepta un poste de professeur au Presbyterian Union Theological Seminary de New York, richement doté. D’abord en allemand, puis en anglais, ses ouvrages traitent de presque toutes les branches de la science théologique, en particulier de l’histoire et de l’exégèse. Il est également président de plusieurs sociétés engagées dans une œuvre chrétienne active.
182.10. Parmi ceux qui appartenaient à l’origine à l’Église luthérienne, il y avait le successeur de Schleiermacher à Berlin, Twesten, dont le traité dogmatique ne s’étendait pas au-delà de la doctrine de Dieu, un fidèle adhérent de l’aile droite de Schleiermacher du côté luthérien ; Nitzsch, professeur à Bonn A.D. De 1822 à 1847, puis de Berlin jusqu’à sa mort en 1822-1847 . 1868, surtout connu par son « Système de doctrine chrétienne » et sa réponse protestante au « Symbolisme » de Möhler, un penseur profond avec une noble personnalité chrétienne, et l’un des plus influents parmi les théologiens consensuels. Julius Müller de Halle, A.D. Les années 1801-1878, si l’on excepte sa théorie d’une chute anté-temporelle, occupèrent la plate-forme doctrinale commune des unionistes confessionnels. Son œuvre principale, « La doctrine chrétienne du péché », est un chef-d’œuvre de réflexion profonde et de recherche originale. Ullmann, A.D. 1796-1865, professeur à Halle et à Heidelberg, personnage noble et pacifique, se distingua dans le domaine de l’histoire par sa monographie sur « Grégoire de Nazianze », ses « Réformateurs avant la Réforme » et surtout par son beau traité apologétique sur « L’impeccabilité de Jésus ». ―Isaac Aug. Dorner, A.D. 1809-1884, né et éduqué dans le Wurtemberg, plus tard professeur à Berlin, s’appliqua principalement à l’élaboration de la doctrine chrétienne, et donna au monde, dans sa « Doctrine de la personne du Christ », en A.D. 1839, un travail de recherche historique minutieuse et de spéculation théologique. Les idées fondamentales de sa christologie sont la théorie privilégiée par la théologie « allemande » en général de la nécessité de l’incarnation même en dehors du péché (à laquelle Müller s’opposait fermement), et la notion de l’archétype du Christ, l’Homme-Dieu, en tant que somme collective de l’humanité, dans lequel « sont rassemblés les modèles de toutes les individualités ». Son « Système de doctrine chrétienne » a constitué le copestone d’une carrière académique de près de cinquante ans. La naissance virginale du Christ est admise comme la condition de l’union essentielle en Lui de la divinité et de l’humanité ; mais l’incarnation du Logos s’étend à toute la vie terrestre du Rédempteur ; elle s’achève d’abord dans son exaltation par le moyen de sa résurrection ; c’était donc une opération du Logos, en tant que principe de tout mouvement divin, extra carnem. Son « Système d’éthique chrétienne » a été édité après sa mort par son fils.535―Richard Rothe, A.D. 1799-1867, nommé en A.D. En 1823, aumônier de l’ambassade de Prusse à Rome, où il fait la connaissance intime de Bunsen. En apr. J.-C. En 1828, il est nommé éphore au séminaire des prédicateurs de Wittenberg, puis professeur à Bonn et à Heidelberg. Rothe fut l’un des penseurs les plus profonds du siècle, et aucun de ses contemporains n’en égala pour la portée, la profondeur et l’originalité de ses spéculations. Bien qu’influencé par Schleiermacher, Neander et Hegel, il se retira longtemps comme un anachorète des querelles des théologiens et des philosophes, et prit position aux côtés d’Oetinger dans la chambre des théosophes. Sa constitution mentale et spirituelle avait en effet beaucoup de points communs avec celle de ce grand mystique. Dans son premier ouvrage important, « Die Anfänge der chr. Kirche », il exprimait l’idée que, dans sa forme parfaite, l’Église se confond avec l’État. La même pensée est développée dans son « Éthique théologique », un ouvrage dont la profondeur, l’originalité et le caractère concluant du raisonnement sont presque inégalés, et qui est plein des vues chrétiennes les plus profondes, malgré ses nombreuses hétérodoxies. Dans les dernières années de sa vie, il prit part aux conflits ecclésiastiques de Bade (196, 3) avec le Protestantenverein ( 180, 1), et entra dans l’arène de la vie ecclésiastique publique.536―Beyschlag de Halle, dans sa « Christologie d. N. T. », A.D. En 1866, Schleiermacher réalisa l’idée du Christ comme homme seul, non pas Dieu et homme, mais l’idéal de l’homme, non pas de deux natures mais d’une seule, l’archétype de l’humain, qui, cependant, en tant que tel, est divin, parce que la représentation complète de la nature divine dans l’humain. De ce point de vue aussi, il confirme l’authenticité de l’Évangile de Jean et de Romains ix-xi. élabore une « Théodicée paulinienne ». ―Hans Lassen Martensen, A.D. De 1808 à 1884, professeur à Copenhague, évêque de Zélande et primat du Danemark, avec de hautes dotations spéculatives et une teinture considérable de mysticisme théosophique, il est devenu, par sa « Dogmatique chrétienne », son « Éthique chrétienne », en trois volumes, etc., d’un type tout à fait luthérien, l’un des théologiens les plus connus du siècle.
182.11. Parmi les exégètes de l’Ancien Testament, les plus distingués sont : Umbreit, A.D. 1795-1860, de Heidelberg, qui écrivit du point de vue surnaturaliste, influencé par Schleiermacher et Herder, des commentaires sur les écrits de Salomon et ceux des prophètes, et sur Job ; Bertheau de Göttingen, de l’école d’Ewald, a écrit des commentaires historico-critiques et philologiques sur les livres historiques ; et Dillmann, le successeur de Hengstenberg à Berlin, particulièrement distingué par sa connaissance de la langue et de la littérature éthiopiennes, a écrit des commentaires critiques sur le Pentateuque et Job.―Parmi les exégètes du Nouveau Testament, on peut citer : Lücke de Göttingen, connu par son commentaire des écrits de Jean ; Bleek, l’habile critique du Nouveau Testament et commentateur de l’épître aux Hébreux ; Meyer, A.D. 1800-1873, le plus distingué de tous, dont le « Commentaire critique et exégétique sur le Nouveau Testament », commencé en A.D. 1832, dans lequel il fut aidé par Huther, Lunemann et Düsterdieck, est bien connu dans son édition anglaise comme le manuel exégétique le plus complet du Nouveau Testament ; Weiss de Kiel et de Berlin, auteur de traités sur les systèmes doctrinaux de Pierre et de Jean, « La théologie biblique du Nouveau Testament », « La vie du Christ », « Introduction au Nouveau Testament », révise et réécrit les commentaires sur Marc, Luc, Jean et Romains, dans la dernière édition de la série Meyer. von Tischendorff [Tischendorf] de Leipzig, A.D. 1815-1874, qui saccagea toutes les bibliothèques d’Europe et d’Orient dans la poursuite de son travail. La publication de plusieurs codex anciens, par exemple le Cod. Sinaiticus, un cadeau des moines sinaïtiques au tsar à l’occasion du millième anniversaire de l’empire russe en A.D. 1862, le Cod. Vaticanus N.T., une nouvelle édition de la LXX., la collection la plus complète d’apocryphes et de pseudépigraphes du Nouveau Testament, et enfin toute une série d’éditions du Nouveau Testament (à partir de J.-C. De 1841 à 1873, vingt-quatre éditions parurent, dont l’Editio Octava Major de 1872 est la plus complète en matière d’appareil critique), sont les fruits riches et mûrs de ses recherches. Une seconde édition, comparée aux recensions de Tregelles et de Westcott et Hort, a été publiée par Von Gebhardt, et un troisième volume de Prolégomènes a été ajouté par C. R. Gregory. En tant que théologien, il s’attacha, surtout dans les années qui suivirent, au luthéranisme de ses collègues de Leipzig et, sur les questions de critique et d’introduction, adopta une position strictement conservatrice, comme on peut le voir dans son célèbre tract : « Quand nos Évangiles ont-ils été écrits ? »
182.12. Parmi les professeurs d’université de son temps, John Tob. Beck, A.D. 1804-1878, assuma un poste qui lui était propre. Après un pastorat de dix ans, il commença en A.D. 1836 sa carrière académique à Bâle, et est allé en A.D. 1843 à Tübingen, où il oppose à l’enseignement de l’école de Baur une théologie purement biblique et positive, avec un succès qui dépasse toutes les espérances. Württemberger de naissance, de nature et de formation, il ignora complètement l’histoire de l’Église et de ses dogmes, ainsi que la critique moderne, et exposa un système de théologie tiré d’une étude théosophique réaliste de la Bible. Il s’intéressait peu aux mouvements excités de son époque en faveur des missions intérieures et étrangères, de l’union, de la confédération et des alliances, aux questions relatives à la liturgie, à la constitution, à la discipline et aux confessions, dans lesquelles il ne voyait que la forme de la piété sans le pouvoir. Des temps meilleurs ne pouvaient être espérés que comme résultat de l’intervention immédiate de Dieu. Sa « Théologie pastorale » et sa « Psychologie biblique » ont été traduites en anglais.
182.13. La théologie confessionnelle luthérienne.―Sartorius, A.D. 1797-1859, à partir de J.-C. 1822 professeur à Dorpat, puis à partir de J.-C. En 1835, surintendant général à Königsberg, il lança de nouvelles et vigoureuses attaques contre le rationalisme, et soutint l’union comme préservant « le vrai milieu » du luthéranisme. Il est surtout connu par sa « Doctrine de l’Amour Divin ». Rudelbach, Danois de naissance et finalement établi à Copenhague, occupant le même terrain, devint un adversaire violent de l’union. Guericke de Halle, d’abord piétiste, passa par l’union à un luthérien rigoureux, et se joignit à Rudelbach pour éditer le journal dirigé par la suite par Luthardt de Leipzig. L’année 1840 s’est divisée en plusieurs groupes. Leurs divergences portaient principalement sur deux points :
À la tête du premier groupe, qui maintenait l’ancienne théorie protestante de l’église et de l’office et regardait de travers les théories chiliastiques, soutenant les anciennes doctrines par tous les matériaux disponibles de la science moderne, se trouve Harless, A.D. 1806-1879, professeur à Erlangen et à Leipzig, commissaire ecclésiastique en chef à Dresde, et enfin à Munich. Sa réputation théologique repose sur son « Commentaire sur l’épître aux Éphésiens », après J.-C. 1835, son « Éthique chrétienne », A.D. Année 1842. À côté de lui, Thomasius d’Erlangen, A.D. 1802-1875, a travaillé dans une direction similaire.―Keil, A.D. 1807-1888, à partir de J.-C. 1833 professeur à Dorpat, depuis A.D. De tous les élèves de Hengstenberg, Hengstenberg a conservé le plus fidèlement le conservatisme exégétique et critique de son maître. Il a commencé en A.D. 1861 à propos de Delitzsch son « Commentaire de l’Ancien Testament » sur des lignes strictement conservatrices. Nous avons une traduction anglaise de cet ouvrage, ainsi que de son « Introduction à l’Ancien Testament » et de son « Archéologie de l’Ancien Testament ». ―Philippes, A.D. 1809-1882, fils de parents juifs, au cours de sa carrière académique à Dorpat, A.D. De 1841 à 1852, il exerça une puissante influence en assurant au luthéranisme strict un ascendant très répandu parmi le clergé de Livonie. D’après J.-C. 1852 jusqu’à sa mort en A.D. En 1882, il réside à Rostock. En tant qu’exégète et dogmatique, il a, à l’instar d’un John Gerhard et d’un Quenstedt du XIXe siècle, reproduit la théologie luthérienne du XVIIe siècle, non modifiée par les développements de la pensée moderne. Il est connu des lecteurs anglais par son « Commentaire sur l’épître aux Romains ». Son œuvre principale est « Kirchl. Glaubenslehre, en six vol. — À côté de lui, et à peine moins important, se tient Théodose Harnack, qui quitta Dorpat en apr. J.-C. 1853 à Erlangen, mais retourna à Dorpat en A.D. 1866, et prit sa retraite en A.D. Année 1873. Il a écrit sur le culte de l’Église de l’âge post-apostolique, sur la théologie de Luther et sur la théologie pratique.
182.14. A la tête du second groupe, caractérisé par un réalisme biblique résolu et enclin à un chiliasme biblique, se trouve Von Hofmann d’Erlangen, A.D. 1810-1877, dont la « Weissagung und Erfüllung », 1841, représente les antipodes mêmes de la vision de Hengstenberg de l’Ancien Testament, plaçant l’histoire et la prophétie en relation vitale l’une avec l’autre, et étudiant la prophétie dans son contexte historique. Dans son Schriftbeweis, nous avons un système de doctrine entièrement nouveau tiré de l’Écriture, la doctrine de l’expiation étant exposée sous une forme tout à fait différente de celle généralement approuvée, mais justifiée par son auteur contre Philippes comme « une nouvelle manière d’enseigner l’ancienne vérité ». Dans son commentaire sur le Nouveau Testament, il adopte une position conservatrice sur les questions de critique et d’introduction. 1846, Erlangen, A.D. 1850, à Leipzig depuis A.D. En 1867, plus intimement familiarisé avec la littérature rabbinique que tout autre théologien chrétien, il devint un partisan enthousiaste de la position de Hofmann. Sa théologie, cependant, a une tendance plus résolument théosophique, tandis que son attitude critique est plus libérale. Il est bien connu par sa « psychologie biblique », son commentaire des Psaumes, d’Isaïe, des écrits de Salomon, de Job, de l’épître aux Hébreux, et un nouveau commentaire sur la Genèse dans lequel il accepte de nombreuses positions de l’école avancée de critique biblique. Son « Commentaire sur l’Évangile de Jean », « Auteur du quatrième Évangile » et ses « Conférences apologétiques sur les vérités fondamentales, salvatrices et morales du christianisme » sont bien connus. 1812-1872, avec érudition et puissance spéculative, dans sa « Théologie de l’Ancien Testament », et dans diverses monographies importantes sur les doctrines de l’Ancien Testament. Les représentants les plus importants du troisième groupe, qui met fortement l’accent sur la théorie luthérienne extrême de l’Église et de l’office, sont Kliefoth de Schwerin, liturgiste et commentateur biblique ; et Vilmar, qui a commencé sa carrière académique à Marbourg, en 1856, avec un programme controversé intitulé « La théologie des faits contre la théologie de la rhétorique ». Les conférences de Vilmar, compétentes, bien que sommaires et incomplètes, ont été publiées après sa mort en A.D. 1868 par quelques-uns de ses disciples. C’est à la même école qu’appartenait Von Zezschwitz d’Erlangen, A.D. 1825-1886, dont la « Catéchèse » est un trésor d’érudition solide.
182.15. Parmi les théologiens luthériens qui n’ont que peu ou rien à voir avec ces questions controversées, Kahnis, A.D. 1814-1888, à partir de J.-C. En 1850, professeur à Leipzig, il adopta un point de vue confessionnel luthérien strict, ne divergeant que par l’adoption d’une doctrine subordinationniste sur la personne du Christ, d’une théorie sabellienne de la Trinité et d’une théorie de la Cène du Seigneur sur certains points différente de celle des stricts luthériens. Ses esquisses historiques sont vigoureuses et vivantes. ― Zöckler de Giessen et de Greifswald a apporté d’importantes contributions à l’histoire de l’Église, à l’exégèse et à la dogmatique, et en particulier à la théorie et à l’histoire de la théologie naturelle. En 1886, il commença la publication d’un court commentaire biblique auquel contribuèrent les théologiens positifs les plus distingués, lui-même éditant le Nouveau Testament et Strack l’Ancien Testament. Il doit être en douze volumes, et est en cours de traduction en anglais. — Von Oetingen de Dorpat s’est consacré aux problèmes sociaux et aux statistiques morales. — Frank d’Erlangen s’est révélé un puissant apologiste de l’ancien luthéranisme, et dans son « Système de preuves chrétiennes », il a introduit une nouvelle branche de la théologie, dans laquelle la certitude chrétienne subjective que le croyant a avec sa foi est la base de l’exposition scientifique de la vérité Il l’exposa dans son « Système de vérité chrétienne », un traité de doctrine réfléchi et spéculatif, suivi de « Le Système de la morale chrétienne » comme conclusion de son travail théologique. La théologie luthérienne avait aussi des représentants zélés dans plusieurs juristes distingués : Göschel, président du consistoire de Magdebourg, qui écrivit contre Strauss, chercha à tirer de Goethe et de Dante un enseignement chrétien profond, et il a écrit sur les dernières choses, et sur l’homme à l’égard du corps, de l’âme et de l’esprit ; Stahl, A.D. 1802-1861, professeur de droit à Erlangen et à Berlin, chef depuis A.D. 1849 du parti aristocratique réactionnaire de la Haute Église à la Chambre prussienne, appuyait ses vues en se référant à la doctrine de l’Écriture sur l’origine divine de l’autorité magistérielle.
182.16. Comme représentants zélés du confessionnalisme réformé, qui mettent de côté le dogme de la prédestination et ne manifestent ainsi aucun antagonisme à l’égard de l’union, on peut citer : Heppe, adversaire de Vilmar à Marbourg, qui consacra une grande partie de sa carrière d’historien à saper le luthéranisme, puis à travailler sur l’histoire des églises provinciales, du mysticisme catholique et du piétisme, etc.; et Ebrard, A.D. 1818-1887, brillant théologien croyant qui combattit le rationalisme et le catholicisme, professeur de l’A.D. 1847 de théologie réformée à Erlangen, connu par son « Histoire de l’Évangile : un Compendium d’investigations critiques à l’appui de l’Église historique des quatre Évangiles », son « Apologétique », en 3 vol., « Commentaire sur l’épître aux Hébreux », etc.
182.17. La théologie protestante libre. — Cette école a pris naissance dans l’aile gauche de la suite de Schleiermacher, et a pour organes littéraires la Zeitschrift de Hilgenfeld et le Jahrbücher für prot. Théologie. — L’éminent homme d’État Von Bunsen, A.D. De 1791 à 1860, ambassadeur à Rome, puis à Londres, il se trouva d’abord à la tête du réveil des intérêts et de la vie de l’Église, mais dans son « Église de l’avenir », il conçut une idée constitutionnelle sur une base démocratique, pour laquelle il chercha un appui dans les études historiques sur l’âge ignatien, etc., et la réfutation historique de la christologie orthodoxe et du trinitarisme. Son travail élaboré sur « La place de l’Égypte dans l’histoire du monde », plein de critiques arbitraires, négatives et positives, sur les données chronologiques et historiques de l’Ancien Testament, cherche à montrer qu’en rétablissant la chronologie égyptienne, nous faisons pour la première fois entrer l’histoire biblique dans l’histoire générale. « Les Signes des Temps » comprennent des philippiques élogieuses contre les prétentions hiérarchiques des papistes et des luthériens encore plus dangereux, insiste sur le fait que l’Écriture soit traduite du sémitique au mode de langage japhétique, auquel il a consacré ses dernières grandes œuvres, « Dieu dans l’histoire » et son « Commentaire de la Bible », ce dernier achevé après sa mort par Kamphausen et Holtzmann. J.-C. 1813-1885, professeur à Heidelberg à partir de J.-C. 1851 jusqu’à sa démission en A.D. En 1884, de l’aile droite de l’école médiatrice, par l’intermédiaire de l’unionisme et du mélanchthonisme, il s’avança jusqu’au point de vue de son « Charakterbild Jesu », qui dépouille le Christ de tout aspect surnaturel, le proclame cependant le rédempteur du monde, et s’efforce de sauver sa résurrection comme une vérité historique et salvifique, et explique ses apparitions après la résurrection comme « des manifestations réelles de la personnalité vivante et glorifiée après la mort ». Plus tard, il chercha à se rapprocher encore plus du christianisme positif. Keim de Zürich et Giessen, A.D. 1825-1878, le plus habile de tous les historiens récents de la vie de Jésus, et avec toute sa radicalité conservant quelques tendances conservatrices, est surtout connu par son « Jésus de Nazareth », en six volumes. — Holtzmann de Heidelberg et de Strasbourg, passa de l’école médiatrice à celle de Tübingen, d’où il s’est maintenant écarté sur des points importants. dont « l’Histoire des temps du Nouveau Testament » est bien connue. Sous le pseudonyme de George Taylor, il a composé plusieurs romans historiques qui connurent un grand succès. — Les organes de cette école sont le Zeitschrift de Hilgenfeld et, depuis 1875, le Jahrbücher für protest d’Iéna. Théologie.
182.18. Dans le département de l’Ancien Testament, une école critique libérale s’est développée qui a renversé l’ancienne relation de « la loi et des prophètes », traitant l’origine de la loi comme postérieure à l’exil, et comme n’étant pas venue au début, mais à la fin de l’histoire juive. Reuss, dont l'"Histoire des livres du Nouveau Testament » a marqué une époque dans l’introduction du Nouveau Testament, a été le premier à s’engager dans cette direction, dans ses conférences commencées à Strasbourg en J.-C. 1834, dont les résultats nous sont donnés dans son « Histoire de la théologie du siècle apostolique » et dans son « Histoire du canon ». Pendant ce temps, Vatke de Berlin avait, en A.D. 1835, entreprit de prouver que la religion patriarcale était un pur culte sémitique de la nature, et que les prophètes furent les premiers à l’élever au rang de jéhovisme monothéiste. Ses efforts n’ont guère été couronnés de succès. De meilleurs résultats ont été obtenus par les deux élèves de Reuss, Graf en A.D. 1866, et Kayser en A.D. Année 1874. L’exposé le plus brillant de cette théorie a été donné par Julius Wellhausen de Greifswald, transféré en J.-C. 1882 à la Faculté de philosophie de Halle, dans son Histoire d’Israël. Dans ses « Prolégomènes à l’Histoire d’Israël » et dans l’article « Israël » de l'« Encyclopædia Britannica », il exprime avec clarté et force sa critique négative radicale, et développe une conception purement naturaliste de l’Ancien Testament. Le professeur Kuenen, de Leyde, a transplanté ces vues aux Pays-Bas, et Robertson Smith les a introduites en Écosse et en Angleterre, tandis qu’en Allemagne, elles sont enseignées par un certain nombre de jeunes professeurs, Stade à Giessen, Merx à Heidelberg, Smend à Bâle, etc. Et maintenant, enfin, après J.-C. 1882 le vénérable maître de l’école, Edouard Reuss, a lui-même dans sa « Geschichte d. h. Schr. d. A. Test. » donné un exposé brillant et modifié sur beaucoup de points de ces théories radicales. L’histoire d’Israël, selon lui, se divise en quatre périodes successives des héros, des prophètes, des prêtres et des scribes, caractérisées respectivement par l’individualisme, l’idéalisme, le formalisme et le traditionalisme. Avant même la fin du prophétisme, l’influence sacerdotale commença à s’affirmer, mais ce n’est qu’après l’exil, sous la domination des prêtres, que la construction et la codification de la loi commencèrent à faire impression sur le peuple juif. De même, à l’époque des rois, il existait une tradition lévitique sur les rites et le culte, dont les premières lignes remontaient à l’époque de Moïse, bien qu’à cette époque il n’y ait pas eu de codex officiel écrit d’aucune sorte. En ce qui concerne Moïse, nous devons penser non seulement à sa personne comme historique, mais aussi à sa carrière comme à celle d’un homme inspiré par l’esprit divin et reconnu comme tel par ses contemporains et ses compatriotes. non par leur interprétation historique ou théologique, suppléait en quelque sorte à ce défaut par ses Prolégomènes à l’histoire d’Israël. Il admet qu’une grande partie de l’histoire d’Israël relatée dans l’Ancien Testament est crédible. Il va même jusqu’à admettre que cette histoire a été une préparation et un précurseur du christianisme, mais sans miracle ni prophétie, et sans aucune intervention immédiate de Dieu dans les affaires d’Israël.
182.19. Parmi les dogmatiques libres-penseurs les plus distingués de ces derniers temps, Biedermann de Zurich, A.D. 1819-1885, a occupé la position la plus avancée. Son œuvre principale, « Christliche Dogmatik », A.D. 1869, définit Dieu et l’origine du monde comme l’auto-développement de l’Idée Absolue selon le schéma hégélien, reconnaît dans la personne du Christ la première réalisation du principe chrétien de la filiation divine dans une vie personnelle, puis procède à l’exposition libre de l’Écriture et des doctrines de l’Église, et combat ouvertement les doctrines de l’Église et, à travers elles, aussi celles de l’Écriture, — Lipse de Leipzig, de Kiel et d’Iéna, dans son premier traité sur la doctrine paulinienne de la justification en A.D. En 1853, il a tenu la position de la théologie médiatrice, mais sous l’influence de Kant, Hegel et Baur, il a été amené à adopter le point de vue de l’école « protestante libre ». Son histoire du gnosticisme et ses recherches sur la littérature apocryphe ancienne sont d’importantes contributions à notre connaissance du christianisme primitif. Son « Lehrbuch d. ev. Prot. Dogmatik, 1876, 2e éd., 1879, sur la base de Kant et de Schleiermacher, fixant les limites de la science avec le premier, et maintenant avec le second la nécessité de la foi et de la vie religieuses, ne rejetant pas la métaphysique en général, mais seulement ses spéculations sur Dieu et les choses divines qui se trouvent tout à fait en dehors de l’expérience humaine, cherche dans la foi commune de l’Église chrétienne de tous les temps, tel qu’il est exprimé dans les Écritures et dans les confessions, par l’application de la critique subjective la plus libre de la lettre de la révélation, pour assurer une théorie du monde en harmonie avec les vues modernes. » occupe plus le point de vue spéculatif hégélien que celui de la critique kantienne.
182.20. Ritschl et son école.―Ritschl, 1822-1889, d’après A.D. 1846 à Bonn, à partir de A.D. En 1864, à Göttingen, après s’être retiré du parti de Tübingen, il s’appliqua à des études dogmatiques et fonda une école dont les adhérents, divisés en ailes droite et gauche, ont obtenu un certain nombre de nominations académiques. Après l’achèvement de son grand ouvrage dogmatique sur « Justification et réconciliation », Ritschl reprit ses études historiques dans une « Histoire du piétisme », qu’il fait remonter à travers les anabaptistes persécutés de l’époque de la Réforme jusqu’aux tertiaires de l’ordre franciscain et au mysticisme de saint Bernard. Il maintient sincèrement son adhésion aux confessions de l’église luthérienne, et considère comme la tâche de sa vie de démêler la pure doctrine luthérienne des accroissements de la métaphysique scolastique. Plus décidément encore que Schleiermacher, il bannit toute philosophie du domaine de la théologie. La grande signification de la doctrine de la connaissance de Kant, avec son affirmation de l’incompréhensibilité de toute vérité transcendante, à l’exception des postulats éthiques de Dieu, de la liberté et de l’immortalité, tels qu’ils sont exposés d’une manière plus profonde par Lotze, est en effet admise, mais seulement comme base méthodologique de toutes les recherches religieuses, et avec un rejet déterminé de tout support matériel de la construction de la religion par Kant dans les limites de la raison pure. Ritschl se prononce plutôt en faveur du principe formel du protestantisme, et déclare clairement que toute vérité religieuse doit être tirée directement de l’Écriture, principalement du Nouveau Testament en tant que témoignage de l’Église primitive non corrompue par la métaphysique platonicienne-aristotélicienne, mais aussi secondairement de l’Ancien Testament en tant que récit du contenu de la révélation faite à la communauté religieuse d’Israël. La véracité du système de vérité biblique, en particulier du Nouveau Testament, ne repose cependant pas sur une théorie de l’inspiration, mais sur le fait qu’il s’agit d’une déclaration authentique de l’Église primitive de la doctrine du Christ, dans la mesure où appartient à ce témoin le degré nécessaire de fides humana. La christologie de Ritschl repose sur le témoignage du Christ à lui-même dans les synoptistes, par lequel il se proclame le seul prophète qui, dans le dessein divin de grâce pour l’humanité, a reçu la consécration parfaite, envoyé par Dieu dans le monde pour représenter la fondation du royaume de Dieu sur la terre préfigurée dans la révélation de l’Ancien Testament ; mais aucune tentative n’est faite pour expliquer comment le Christ est devenu possesseur des secrets du décret divin. C’est à lui, en tant que premier et unique Fils de Dieu, se tenant en union essentielle avec le Père, qu’appartient l’attribut de la divinité et le droit d’adoration. Mais d’une préexistence éternelle du Christ, nous ne pouvons parler que dans la mesure où il s’agit du dessein éternel et miséricordieux de Dieu de racheter le monde par lui au moyen du déploiement complet du royaume de Dieu dans la communion de l’amour. Tout ce qui va au-delà dans le quatrième évangile, dont l’authenticité johannique n’est pas contestée par ailleurs, ainsi que dans les épîtres de Paul et dans l’épître aux Hébreux, résulte de la nécessité ressentie par leurs auteurs d’assigner une raison suffisante à l’assomption d’une gloire aussi incomparable de la part du Christ. En tant qu’archétype de l’humanité destinée au Royaume de Dieu, le Christ est l’objet originel de l’amour divin, de sorte que l’amour de Dieu pour le membreEt c’est par lui qu’il y a un certain nombre d’hommes qui ne viennent à eux. Et de même que la fondation terrestre, ainsi aussi l’achèvement céleste du royaume de Dieu est assigné au Christ, et c’est pourquoi, après sa résurrection, tout pouvoir lui a été donné, de l’exercice transcendant duquel nous ne pouvons cependant rien savoir. L’universalité du péché humain est admise par Ritschl comme un fait d’expérience, mais il désespère d’arriver à une affirmation dogmatique quant à l’origine du péché par la tentation d’une puissance maléfique surhumaine. Mais que le péché soit héréditaire et, comme la culpabilité originelle est sous la condamnation de Dieu, il n’est ni enseigné ni présupposé par l’enseignement de Christ ou des apôtres. La rédemption (réconciliation et justification) consiste dans le pardon des péchés, par lequel la culpabilité qui s’éloigne de Dieu est enlevée et le pécheur est restauré dans la communion du royaume de Dieu. Le pardon, cependant, n’est pas accordé à la condition des souffrances pénales par procuration du Christ, dont les souffrances et la mort sont significatives plutôt parce que sa vie et ses œuvres ont été un accomplissement complet de son appel, et qu’il a été attesté comme tel par Dieu en le ressuscitant d’entre les morts. La justification assure l’accueil du pécheur pénitent dans la communion du Royaume de Dieu, prêché et parfaitement développé par le Christ, et la filiation dont jouit son appartenance, préfigurée dans le Christ lui-même, qui contient en elle-même le désir et la capacité de faire de bonnes œuvres par amour pour Dieu. à Marbourg par Herrmann, à Bonn par Bender, à Giessen par Gottschick et Kattenbusch, à Strasbourg par Lobstein, à Bâle par Kaftan, anciennement de Berlin.537
182.21. Des adversaires et des critiques de l’école de Ritschl, en particulier dans les rangs confessionnels luthériens, se sont manifestés en nombre considérable. Luthardt de Leipzig en apr. J.-C. L’année 1878 marque le début de la campagne contre le ritschilianisme, suivi par Bestmann, qui l’accuse de saper le christianisme. Le synode hanovrien de l’an J.-C. En 1882, il décida à une large majorité que les résultats scientifiques de la science théologique devaient être régis par les confessions de l’Église évangélique. Le thème principal de la conférence de Pentecôte hanovrienne suivante était « l’incarnation du Fils de Dieu », la discussion étant dirigée par le professeur Dieckhoff de Rostock, contre lequel aucune voix ne s’éleva en faveur des vues de Ritschl. Peu de temps après, le professeur Fricke, de Leipzig, publia une conférence qu’il avait donnée à la conférence de Meissen, sur les rapports actuels de la métaphysique et de la théologie, suivie des déclarations de Kübel de Tübingen, de Grau de Königsberg, de Kreibig et de H. Schmidt à Berlin, toutes défavorables à la théologie de Ritschl. l’arrière-plan dogmatique, la réduction des vérités fondamentales objectives de la confession en idées éthiques subjectives, etc. ; selon Luthardt : La position de Ritschl selon laquelle il importe tant de savoir quels sont les faits de la foi chrétienne en eux-mêmes, que ce qu’ils signifient pour nous, fait que tout son système dogmatique est suspendu en l’air, si dans le christianisme nous n’avons pas à faire avec ce que sont Dieu, Christ, la résurrection, mais seulement avec quelle signification nous leur attachons. Le christianisme est dépouillé de toute importance, la signification d’une chose doit avoir son fondement dans la chose elle-même, etc. selon Dietchoff : Ritschl, en acceptant la divinité du Christ, établit la règle selon laquelle le contenu spécial de ce que l’on entend par le terme divinité doit être transférable au croyant, et donc pour Ritschl, le Christ est un simple homme qui, dans sa personne, a été le premier à représenter une relation à Dieu qui est destinée à tous les hommes dans la même mesure. etc.; selon Fricke : le nouveau scepticisme kantien à l’égard des idéaux et des transcendantaux, réduisant les éléments religieux à la morale, avec la suppression par Ritschl de tous les faits métaphysiques, les principales vérités de notre foi chrétienne sont enlevées, du moins sous la forme scientifique sous laquelle nous les avons, par exemple la doctrine de la Trinité, notre christologie, notre théorie de la satisfaction, à la place de laquelle vient la justitia infusa catholique, etc. selon Münchmayer : « l’objet de la justification chez Ritschl n’est pas l’individu mais la communauté, ce n’est pas un acte de Dieu sur l’individu mais un dessein éternel de Dieu pour la communauté, son effet sur l’individu n’est pas le pardon divin objectif de la faute, mais un acte subjectif d’incorporation de l’individu dans la communauté rachetée ; Le Christ et son œuvre ne sont pas le fondement de la justification, mais seulement le moyen de révéler la volonté justificatrice éternelle de Dieu, et c’est pourquoi, finalement, une continuation de l’œuvre historique du Christ au moyen de son Église prend la place de l’intercession personnelle du Rédempteur exalté pour le pécheur pénitent. Kreibig et Schmidt s’expriment de la même manière. — Ritschl lui-même n’a pas entrepris de réponse, mais ses disciples ont cherché à dissiper ce qu’ils considèrent comme des malentendus, et en général à justifier le système de leur maître.
182.22. Écrivains sur le droit constitutionnel et l’histoire. — Les écrivains les plus distingués sur le droit constitutionnel de l’Église sont Eichhorn et Dove de Göttingen, Jacobsen de Königsberg, Wasserschleben de Giessen, Richter et Hinschius de Berlin, Friedberg de Leipzig, qui appartiennent au parti unioniste ; tandis que Bickell de Marbourg, Mejer de Göttingen et de Hanovre, Von Scheuerl d’Erlangen et Sohm de Strasbourg appartiennent aux luthériens confessionnels. le nombre est si grand que nous ne pouvons même pas énumérer leurs noms. — La « Theologische Literaturzeitung » de Schürer et Harnack est une revue scientifique libérale, distinguée par ses critiques justes par des écrivains dont les noms sont donnés.
En ce qui concerne l’œuvre missionnaire à l’intérieur, l’Église protestante a longtemps été à la traîne de l’Église catholique, qui avait vigoureusement travaillé par l’intermédiaire de ses ordres monastiques. L’Angleterre entra d’abord avec zèle sur le terrain, en particulier les dissidents et les membres du parti de la basse église, et par la suite aussi le parti ritualiste de la haute église (202, 1, 3). qui s’intéresse aujourd’hui activement à ce travail. L’Allemagne, devant le peu de moyens dont disposaient les piétistes et le parti ecclésiastique, fit de nobles efforts. Dans d’autres pays continentaux, mais surtout en Amérique du Nord, beaucoup a été fait pour les missions intérieures. Bientôt, tout le monde protestant commença à organiser des institutions de bienfaisance et d’évangélisation. Le laborieux Wichern, en A.D. En 1849, il parcourut toute l’Allemagne pour éveiller l’intérêt pour les missions intérieures, et commença un congrès annuel sur le sujet à Wittenberg. Jusqu’à sa mort en apr. J.-C. En 1881, Wichern continua à diriger ce congrès et à promouvoir les intérêts qu’il représentait.
183.1. Institutions.—La première école de charité fut celle fondée à Düsselthal par le comte Recke-Volmarstein, en an J.-C. 1816, suivi de celui de Zeller à Beuggen en 1816 . Année 1820. L’une des plus célèbres de ces institutions était la Rauhe Haus de Wichern, à Horn, près de Hambourg, après J.-C. Année 1833.538 L’Institut des diaconesses de Fliedner à Kaiserswerth est la fierté de l’église évangélique. Elle compte aujourd’hui 190 branches, avec 625 sœurs, sur les quatre continents. Il existe de nombreuses institutions indépendantes qui s’en inspirent en Allemagne, en Angleterre, en Suède, en Norvège, au Danemark, en Russie et en France. En apr. J.-C. En 1881, il y avait en Allemagne 31, et dans les villes d’autres pays 22, les principales institutions de diaconesses de cet ordre allemand, avec 4 751 sœurs et 1 491 champs de travail en dehors de l’institution. L’institut d’origine de Kaiserswerth comprend un hôpital avec 600 patients, un refuge pour les femmes déchues et les prisonnières libérées, un orphelinat pour les filles, un séminaire pour les gouvernantes et une maison pour les femmes imbéciles.539 Löhe fonda l’institut des diaconesses de Neuendettelsau, sur des principes luthériens stricts, avec un hôpital, une école de filles et un asile pour les enfants imbéciles. En France, une institution des plus réussies a été fondée par le pasteur Bost de Laforce, en A.D. 1848, pour les enfants trouvés, les imbéciles et les épileptiques. En Angleterre, George Müller, un pauvre étudiant allemand de Halle, élève de Tholuck, à partir de l’an 2000. En 1832, il fonda à Bristol cinq orphelinats richement dotés sur le modèle de celui de A. H. Francke, dans lesquels des milliers d’enfants des rues démunis ont été éduqués, et pour cette raison et d’autres, il a dépensé près de 1 000 000 sans jamais demander de contribution à personne, agissant sur la foi que « le Dieu d’Élie vit encore ». La mission de la ville de Londres emploie 600 missionnaires. À New York, depuis A.D. En 1855, environ 60,000 enfants des rues ont été placés, par la Société pour les enfants pauvres, dans des familles chrétiennes, et 21 écoles industrielles sont entretenues avec 10,000 élèves. La Société pour l’Allemagne du Nord poursuit avec succès une œuvre similaire ; la Calw Publication Society fait circuler des manuels chrétiens avec des gravures sur bois à un prix remarquablement bas. À Berlin, l’Evangelical Book Society publie des réimpressions des anciens traités sur la divinité pratique. Des femmes chrétiennes, comme la quakeresse anglaise Elizabeth Fry, la noble Amalie Sieveking de Hambourg, Mlle Florence Nightingale, l’héroïne de la guerre de Crimée, et la courageuse Maria Simon de Dresde, qui organisa le corps féminin des infirmières des guerres de 1866, 1870, 1871, aidèrent à l’œuvre des missions intérieures dans tous les pays, en particulier dans les départements de soins aux pauvres et aux malades.
183.2. L’Ordre de Saint-Jean, sécularisé en apr. J.-C.En 1810 , il a été réorganisé par Frédéric-Guillaume IV en 1810 . 1852 en association pour le soin des malades et des pauvres. Sous la direction d’un grand maître, elle compte 350 membres et 1 500 associés. Ses revenus proviennent des droits d’entrée et des cotisations annuelles. Elle compte une trentaine d’hôpitaux. En apr. J.-C. En 1861, elle fonda un hôpital pour hommes à Beyrout pendant la persécution des chrétiens en Syrie et en 1861 . En 1868, il apporta son aide pendant la famine qui suivit l’épidémie de typhus en Prusse-Orientale et rendit de nobles services dans les guerres de l’an prochain. 1864, 1866 et 1870.
183.3. Le prédicateur itinérant Gustav Werner dans le Wurtemberg.―Abandonnant sa charge en A.D. En 1840, Werner commença ses travaux itinérants et, au cours de l’année, forma plus d’une centaine de groupes d’adhérents dans tout le Wurtemberg. Sa prédication était allégorique et eschatologique, et évitait les doctrines de satisfaction et de justification. Lorsqu’il répudia la Confession d’Augsbourg, les conseils de l’Église refusèrent de le reconnaître, et il alla çà et là prêcher un communisme chrétien. En apr. J.-C. En 1842, il acheta un terrain à Reutlingen, construisit une maison et fonda une école pour quatre-vingts enfants. Afin de développer ses vues sur la pratique des arts industriels sur une base chrétienne, il acheta, en A.D. En 1850, la papeterie de Reutlingen pour 4 000 livres, puis la transfère à Dettingen sur une plus grande échelle, moyennant une dépense de 20 000 euros. Par A.D. En 1862, il n’avait pas établi moins de vingt-deux succursales, où l’on exerçait des manufactures, avec des institutions de toutes sortes pour l’éducation, le travail pastoral, le sauvetage des perdus et le sauvetage des morts. Chaque membre vit et travaille pour l’ensemble ; aucun ne reçoit de salaire ; Les revenus excédentaires servent à augmenter le nombre et l’étendue des institutions. De vastes multitudes de familles engloutées et démunies ont été ainsi rétablies dans des positions sociales respectables et dans une vie religieuse morale.
183.4. Sociétés bibliques.—Les sociétés bibliques constituent une branche indépendante de la mission d’origine. Les efforts modernes pour faire circuler les Écritures ont commencé en Angleterre. En tant qu’auxiliaire nécessaire des sociétés missionnaires, la grande Société biblique britannique et étrangère a été fondée à Londres en J.-C. 1804, embrassant toutes les sectes protestantes, à l’exception des Quakers. Il fait circuler des Bibles sans note ni commentaire. La controverse apocryphe de J.-C. De 1825 à 1827, la société décida de ne pas publier les apocryphes dans ses numéros. À la suite de cette décision, cinquante sociétés allemandes, dont l’actuelle société de Berlin, firent sécession. L’Association de New York, fondée en A.D. 1817, est en parfait accord avec la société de Londres. La Société missionnaire de Baden a relancé la discussion en A.D. 1852 en en faisant le sujet d’une dissertation pour un prix, qui fut remporté par le savant travail de Keerl, qui, avec les luthériens les plus stricts, condamna les apocryphes. L’autre côté était pris par Stier et Hengstenberg, et la plupart des consistoires conseillaient d’adhérer à l’ancienne pratique, car tout malentendu était évité par la préface de Luther et l’interdiction d’utiliser des passages des apocryphes comme textes de sermons.540
Le zèle protestant pour les missions auprès des païens n’a cessé de progresser depuis la fin du siècle dernier (172, 5). Les sociétés missionnaires s’accroissent d’année en année. En apr. J.-C. En 1883, il y avait soixante-dix sociétés indépendantes avec d’innombrables branches, qui contribuaient annuellement à environ 1 500 000 personnes, soit cinq fois plus que l’église romaine, et entretenaient 2 000 stations missionnaires, 2 940 missionnaires européens et américains, 1 000 pasteurs indigènes ordonnés et 25 000 enseignants et assistants indigènes, ayant sous leur responsabilité 2 214 000 convertis du paganisme. Dans l’entreprise missionnaire, l’Angleterre occupe la première place, vient ensuite l’Amérique, puis l’Allemagne. Parmi les sectes protestantes, les méthodistes et les baptistes sont les plus zélés pour la cause des missions, et les Frères moraves ont le plus travaillé avec succès dans ce domaine. Les missions ont également beaucoup fait pour préparer la voie à la suppression de la traite des esclaves par les puissances européennes en J.-C. 1830, et l’émancipation de tous les esclaves dans les possessions britanniques en 1830. 1834, pour un coût de 20 000 000. Le noble philanthrope anglais, William Wilberforce, travailla sans relâche à ces fins. — En Angleterre, en Allemagne, en Russie et en France, de nouvelles associations furent formées pour les missions auprès des Juifs, et l’œuvre fut poursuivie avec une patience admirable, bien que les résultats visibles fussent très faibles.
184.1. Sociétés missionnaires. — La grande Société Missionnaire Américaine a été fondée à Boston en J.-C.En 1810 , l’anglais wesleyen en 1810 apr. J.-C. 1814, l’American Methodist in A.D.En 1819 , l’épiscopal américain en 1819 apr. J.-C. 1820, et la Société de Paris en A.D. Année 1824. Les nouvelles sociétés allemandes étaient confessionnelles : celle de Bâle en A.D. 1816, de Berlin en A.D.En 1823, le Rhénan, avec le séminaire missionnaire de Barmen en 1823, est né en 1823 .En 1829, l’Allemagne du Nord, sur la base de la Confession d’Augsbourg, en 1829. Année 1836. La Société de Dresde, qui reprit l’ancienne œuvre luthérienne dans les Indes orientales (167, 9), fonda un séminaire à Leipzig en A.D. 1849, afin d’obtenir le bénéfice de l’Université. Des sociétés luthériennes, pour la plupart affiliées à celle de Leipzig, ont vu le jour en Suède, au Danemark, en Norvège, en Russie, en Bavière, au Hanovre, dans le Mecklembourg, en Hesse et en Amérique. L’Institut Neuendettelsau a travaillé par le biais du synode de l’Iowa parmi les Indiens d’Amérique du Nord, et par le synode de l’Emmanuel parmi les aborigènes d’Australie. L’Institut d’Hermannsburg, sous la direction de Harms, poursuivit l’œuvre missionnaire avec beaucoup de zèle. En apr. J.-C. En 1853, Harms envoya dans son propre navire missionnaire huit missionnaires et autant de colons chrétiens. On a objecté à cette mission que les efforts d’élévation sociale et de formation industrielle ont relégué à l’arrière-plan la question principale de la conversion individuelle. 1883 pour commencer une mission sur leurs propres lignes particulières. Ils ne proposent aucune opposition aux agences existantes, et ont l’intention de faire leur première expérience parmi les races civilisées de l’Inde et du Japon.
184.2. L’Europe et l’Amérique. — La mission suédoise en Laponie (160, 7) a été reprise en A.D. 1825 par Stockfleth. Les Moraves continuèrent leur œuvre parmi les Esquimaux au Groenland, devenu un pays entièrement chrétien, et aussi au Labrador, qui était à peu près dans le même état. L’aumônier de la Compagnie de la Baie d’Hudson, J. West, fonda une mission prospère dans ce territoire en A.D. Année 1822. Parmi les indigènes et les esclaves nègres des possessions britanniques, des États-Unis et des Antilles, les Moraves, les méthodistes, les baptistes et les épiscopaliens anglicans ont patiemment et avec succès poursuivi l’œuvre. Parmi les indigènes et les nègres de la brousse, descendants d’esclaves fugitifs, en Guyane, les Moraves firent une noble œuvre : l’Amérique du Sud catholique resta fermée aux missions protestantes. Mais le zèle ardent du capitaine Allen Gardiner l’amena à choisir les rivages inhospitaliers de la Patagonie comme champ de travail. Il y a atterri en J.-C. 1850 avec cinq missionnaires, mais l’année suivante, on ne retrouva que leurs cadavres. L’œuvre, cependant, a été recommencée en J.-C. 1856, et poursuivie avec succès sous la direction d’un évêque anglican.
184.3. Afrique. — Les Moraves ont travaillé chez les Hottentots, les missionnaires de Berlin chez les sauvages Corannas, et la Société évangélique française chez les Bechuanas. Hahn de Livonie est l’apôtre des Hereros. Sur la côte est, la Société missionnaire de Londres a travaillé parmi les Cafres belliqueux, et d’autres sociétés britanniques travaillent dans le Natal parmi les Zoulous. Sur la côte ouest, la colonie anglaise de Sierra Leone a été fondée pour l’installation et la christianisation des esclaves libérés, et plus au sud se trouve le Libéria, une colonie américaine similaire ; tous deux dans un état florissant, sous la garde des méthodistes, des baptistes et des épiscopaliens anglicans. Les missionnaires bâlois travaillent sur la Côte d’Or, les baptistes dans le vieux Calabar, et les sociétés américaines et nord-allemandes sur la rivière Gaboon. 1818, mais son successeur Ranavalona institua une persécution sanglante des chrétiens en 1818 . 1835, au cours de laquelle David Jones, l’apôtre des Malgaches, souffrit le martyre en 1835 . Année 1843. Dans l’île Maurice, où il y a un évêque anglican, de nombreux chrétiens malgaches ont trouvé refuge. Après la mort de la reine en A.D. En 1861, son fils chrétien Radama II rappelle les exilés chrétiens et les missionnaires. Il fut bientôt victime d’une révolution de palais. Sa femme et successeur Rosaherina resta païenne jusqu’à sa mort en J.-C. 1868, mais n’a mis aucun obstacle sur le chemin de l’Évangile. Mais sa cousine Ranavalona II. renversa l’idolâtrie, fut baptisé en apr. J.-C. 1869, et l’année suivante, brûlèrent les idoles nationales. Le protestantisme fit alors des progrès rapides, jusqu’à ce qu’il fût interrompu par les intrigues des jésuites français, qui ont été favorisées par la récente occupation française.
184.4. Livingstone et Stanley ont apporté de merveilleuses contributions à notre connaissance géographique de l’Afrique centrale et aux missions chrétiennes qui s’y trouvent. Le missionnaire écossais, David Livingstone, garçon d’usine, plus tard médecin et ministre, travailla, A.D. De 1840 à 1849, sous la direction de la London Missionary Society en Afrique du Sud, il entreprit ensuite l’œuvre d’exploration de sa vie en Afrique centrale. Au cours de son troisième voyage d’exploration à l’intérieur des terres en A.D. En 1865, alors qu’il était consul britannique, on n’entendit plus parler de lui pendant une année entière. H. M. Stanley, du New York Herald, fut envoyé en A.D. 1871, et le trouva à Ujiji sur le lac Tanganyiká. Livingstone mourut de dysenterie sur la rive sud de ce lac en apr. J.-C. Année 1873. Plus important encore fut le deuxième voyage de Stanley, A.D. 1874-1877, qui a donné les résultats scientifiques les plus brillants, et qui a fait époque dans l’histoire des missions africaines. Il obtint du plus grand potentat de ces régions, le roi Mtesa d’Ouganda, qui avait été converti par les Arabes au mahométisme, qu’il adopte le christianisme et permette la construction d’une église chrétienne dans sa ville. Les lettres de Stanley d’Afrique suscitèrent la ferveur missionnaire dans toute l’Angleterre. La Church Missionary Society en A.D. En 1877, il établit une station missionnaire dans la capitale et met un bateau à vapeur sur le Victoria Nyanza. Les offices religieux étaient régulièrement fréquentés, l’éducation et l’œuvre de la civilisation poursuivies avec zèle, le travail du dimanche et la traite des esclaves interdits, etc. Les jésuites français entrèrent en A.D. En 1879, insinuant des soupçons sur les missionnaires anglais à l’oreille du roi, et les machinations des marchands d’esclaves arabes rendaient leur position dangereuse. Des missionnaires arrivèrent par l’Égypte avec des recommandations flatteuses du ministre anglais des Affaires étrangères au nom de la reine. Mais les négociants, au moyen d’une traduction arabe d’une lettre censée être du consul anglais à Zanzibar, jetèrent le soupçon sur le document comme un faux, et représentèrent ses porteurs comme étant à la solde des Égyptiens hostiles. La colère de Mtesa ne connut pas de limites, et seule sa faveur pour le médecin missionnaire sauva la mission et l’amena à envoyer une ambassade de trois chefs et de deux missionnaires en Angleterre en juin de notre ère. 1879, pour découvrir la vérité. Entre-temps, sa colère s’apaisa et le travail de la mission reprit. Il se préparait à mettre un terme définitif au paganisme national, quand soudain le bruit se répandit que la plus grande de toutes les Lubaris ou divinités inférieures, celle du lac Nyanza, s’était incarnée dans une vieille femme, afin de guérir le roi et de restaurer l’ancienne religion. Toute la populace était en tumulte ; Mtesa, sous la menace de la déposition, a restauré le paganisme, avec des sacrifices humains, le vol d’hommes et la traite des esclaves. Puis l’excitation de Lubari s’est refroidie. Mtesa, mû par un songe, se déclara de nouveau mahométan et convertit l’église chrétienne en mosquée. Les missionnaires anglais, dépouillés de tout moyen, affamés et soumis à toutes sortes de privations, ne bronchèrent pas. Enfin, en janvier, A.D. En 1881, l’ambassade, envoyée dix-huit mois auparavant en Angleterre, revint au pays et, par le récit de son accueil, provoqua une répulsion en faveur de la mission anglaise, qui prospéra de nouveau sous la protection du roi. Mais Mtesa meurt en 1884. Son fils et successeur, Mwanga, jeune despote méfiant, maussade, adonné à toutes sortes de vices, recommença la persécution la plus cruelle, dont l’évêque Hannington, envoyé d’Angleterre, avec cinquante compagnons, furent les victimes. Seuls quatre d’entre eux ont réussi à s’échapper.
184.5. Asie.—Le champ de mission le plus important en Asie est l’Inde. L’ancienne mission luthérienne avait de grandes difficultés à combattre : le système des distinctions de castes, l’orgueilleuse autosuffisance des brahmanes panthéistes, les intérêts politico-commerciaux de la Compagnie des Indes orientales, etc. La Société de Leipzig a seize stations parmi les Tamouls, et à côté se trouvent des missionnaires anglais, américains et allemands de chaque école. La Société Gossner travaille parmi les Kohls de Chota Nagpore, où une mission rivale a été fondée par l’évêque puseyite de Calcutta, le Dr Milman, à laquelle, en A.D. En 1868, six des douze missionnaires allemands et douze des trente-six chapelles sont transférés. Les missionnaires bâlois travaillent à Canara et à Malabar. La révolte militaire dans le nord de l’Inde en A.D. L’année 1857 interrompit les opérations missionnaires pendant deux ans, mais l’œuvre reprit ensuite avec une grande vigueur. La bienveillance chrétienne manifestée pendant la famine de l’apr. J.-C. L’année 1878, qui fit périr trois millions de personnes, fit une grande impression en faveur de l’Église protestante. Dans les années précédentes, dans toute l’Inde, on n’y ajoutait annuellement qu’entre 5 000 et 10 000 âmes ; mais en apr. J.-C.En 1878, le nombre de nouveaux convertis s’éleva à 100 000 et, en 1878. En 1879, il y en avait 44 000. — L’île de Ceylan était, sous la domination portugaise et hollandaise, en grande partie nominalement christianisée ; mais lorsque la contrainte fut supprimée sous la domination britannique, cette fausse profession prit fin. Des multitudes retombèrent dans le paganisme et, au cours des dix premières années de la domination britannique, 900 nouveaux temples d’idoles furent érigés. D’après J.-C. 1812 Les missionnaires baptistes, méthodistes et anglicans ont travaillé dur avec peu de fruits. Dans l’Inde lointaine, les missionnaires américains ont travaillé depuis J.-C. Année 1813. Judson et son héroïque épouse firent un noble travail parmi les Karens et les Birmans. Aussi à Malacca, à Singapour et au Siam, les missions protestantes ont eu un brillant succès. Le travail à Sumatra a été retardé par l’opposition des Malais et par la fièvre paludéenne mortelle. La prédication de l’Évangile a eu un succès éminemment réussi à Java, où, depuis J.-C. 1814 Les missionnaires baptistes et les agents de la Société de Londres ont travaillé héroïquement. À Célèbes, les missionnaires hollandais trouvèrent vingt congrégations chrétiennes de vieille stature, très détériorées par manque de soins pastoraux, mais utilisant encore le catéchisme de Heidelberg. À Banjermassin, en A.D. En 1835, la Société rhénane fonda sa première station à Bornéo et travailla sans succès parmi les Dyaks païens. Mais en A.D. En 1859, une rébellion des habitants mahométans a conduit à l’expulsion des Hollandais et au meurtre de tous les chrétiens. Seuls quelques-uns des missionnaires échappèrent au martyre et s’installèrent ensuite à Sumatra.
184.6. L’œuvre en Chine commença en J.-C. En 1807, la London Missionary Society installa Morrison à Canton, où il commença l’étude de la langue et la traduction de la Bible. Gutzlaff de Poméranie, en apr. J.-C. En 1826, il conçut le plan d’évangéliser la Chine par l’intermédiaire des convertis chinois, mais, bien qu’il ait poursuivi ses efforts jusqu’à sa mort en J.-C. En 1854, le projet échoua en raison de l’indignité de nombreux professeurs. La guerre contre le trafic de l’opium, A.D. De 1839 à 1842, il ouvrit cinq ports à la mission et conduisit au transfert de Hongkong aux Anglais. La mission chinoise avançait alors à grands pas ; mais l’intérieur était encore intact. Le conflit entre le gouverneur de Canton et les Anglais, les Français et les Américains, et le châtiment infligé aux Chinois en apr. J.-C. 1857, conduisit l’empereur, en A.D. En 1858, de conclure un traité avec les trois puissances et aussi avec la Russie, par lequel tout le pays était ouvert au commerce et aux missions, et la pleine tolérance accordée au christianisme. Cependant, la haine populaire des étrangers, et surtout des missionnaires, occasionna souvent des rencontres sanglantes, et en A.D. En 1870, il y eut un déchaînement de fureur dirigé contre les missionnaires français. Au cours d’une terrible famine dans le nord de la Chine, en J.-C. En 1878, alors que plus de cinq millions de personnes périrent, la conduite héroïque et pleine d’abnégation des missionnaires leur valut une grande faveur. Dans toute la Chine, il y a maintenant 320 congrégations chrétiennes organisées avec 50 000 adhérents sous la direction de 238 missionnaires étrangers. Après avoir été retiré pendant trois siècles, le Japon, à peu près à la même époque que la Chine, s’est ouvert par traité au commerce européen et américain, malgré l’opposition de l’ancienne noblesse féodale, les soi-disant Daimios. En apr. J.-C. 1871 Le gouvernement du Mikado réussit à renverser complètement le pouvoir des daïmios et à écarter le shiogun ou vizir militaire, qui avait exercé le pouvoir exécutif suprême. Des coutumes européennes ont été introduites, mais les lois rigoureuses contre les autochtones convertis au christianisme étaient toujours appliquées. Une persécution cruelle des chrétiens indigènes a été perpétrée en J.-C. 1867, mais les missionnaires protestants continuèrent à travailler sans se lasser, préparant des dictionnaires et lisant des livres. Les prêtres bouddhistes cherchaient à mettre sur pied une mission rivale pour envoyer des agents en Amérique et en Europe, tandis que beaucoup de journaux de premier plan exprimaient l’opinion que le Japon devait bientôt mettre le christianisme à la place du bouddhisme comme religion d’État.
184.7. Polynésie et Australie.―L’église protestante florissante de Tahiti, la plus grande et la plus belle des îles de la Société ( 172, 5), souffert de l’apparition de deux jésuites français en A.D. Année 1836. Lorsque la reine Pomare les contraignit à se retirer, le gouvernement français, considérant cela comme une indignité pour leur nation, envoya une flotte pour attaquer le peuple sans défense, proclama un protectorat français et introduisit non seulement des missionnaires catholiques, mais des vices européens. Cependant, au milieu de nombreuses persécutions, les protestants ont tenu bon. En décembre 1880, l’arrêt Pomare v. Dans les groupes du sud-est, une grande opposition se manifesta, mais dans le nord-ouest, le christianisme fit des progrès rapides. L’île de Raiatea était le centre des missions des mers du Sud. Là, à partir de J.-C. 1819 John Williams, l’apôtre des mers du Sud, a travaillé jusqu’à ce qu’il rencontre la mort en martyr après J.-C. Année 1839. Il est allé d’un endroit à l’autre dans un navire missionnaire construit de ses propres mains. Le groupe Harvey a été christianisé en apr. J.-C. 1821, et le groupe de navigateurs en 1821. Année 1830. Les Français ont pris les îles Marquises en J.-C. 1838, et introduisit des missionnaires catholiques. La tentative d’évangélisation des Nouvelles-Hébrides a conduit à la mort de Williams et de deux de ses compagnons. Missionnaires de la Société de Londres, A.D. De 1797 à 1799, il avait échoué dans les îles Friendly à cause du caractère sauvage des indigènes, mais en 1799. En 1822, les méthodistes firent un bon départ. De là, l’Évangile a été transporté aux îles Fidji, qui sont maintenant sous domination britannique. Les deux groupes sont devenus presque entièrement christianisés. Les îles Sandwich forment un troisième centre missionnaire, créé par le conseil américain. Kamehameha Ier. adopta volontiers les éléments de la civilisation chrétienne, tout en rejetant le christianisme : tandis que son successeur Kamehameha II. en apr. J.-C. 1829 abolit le tabou et renverse les temples des idoles. En apr. J.-C. 1851 Le christianisme est adopté comme religion nationale. L’œuvre fut plus difficile en Nouvelle-Zélande, où la Church Missionary Society, représentée par Samuel Marsden, l’apôtre de la Nouvelle-Zélande, commença ses activités en A.D. Année 1814. Pendant dix ans, la position des missionnaires fut des plus dangereuses ; Pourtant, ils tinrent bon, et la conversion du plus sanguinaire des chefs fit beaucoup pour faire avancer leur cause. En Nouvelle-Guinée, la London Society a fait des progrès constants. Parmi les indigènes immobiles du continent de la Nouvelle-Hollande, les Papous, les travaux des Moraves depuis l’apr. J.-C. 1849 n’ont pas donné beaucoup de fruits. Depuis J.-C. 1875 Le Synode germano-australien de l’Emmanuel, soutenu par Neuendettelsau, a travaillé à la conversion des païens dans les districts de l’intérieur.
184.8. Missions aux Juifs. — En apr. J.-C. 1809 Société de Londres pour la promotion du christianisme parmi les Juifs ( 172, 5) fut formée par l’union de toutes les confessions, mais passa bientôt aux mains des anglicans. Grâce à la diffusion des Écritures et des tracts, et à l’envoi de missionnaires, pour la plupart des Juifs convertis, l’œuvre a été poursuivie au milieu de nombreux découragements. En apr. J.-C. 1818 La Pologne s’ouvre à ses missionnaires et quelque 600 Juifs y sont baptisés. La société exerça également ses activités en Allemagne, en Hollande, en France et en Turquie. Le travail en Pologne a été interrompu par la guerre de Crimée et n’a été repris qu’après J.-C. Année 1875. En Bessarabie, Faltin a travaillé avec succès parmi les Juifs depuis notre ère. Année 1860. Il a été rejoint dans l’œuvre en A.D. 1867 par le rabbin converti Gurland, qui avait étudié la théologie à Halle et à Berlin. En apr. J.-C. En 1871, Gurland accepta un appel à un travail similaire en Courlande et en Lituanie, et depuis J.-C. 1876 a été pasteur luthérien à Mitau. En apr. J.-C. En 1841, l’évêché évangélique de Saint-Jacques fut fondé à Jérusalem conjointement par les gouvernements anglais et prussien, les présentations devant être faites alternativement, mais l’ordination devant se faire selon le rite anglican. Le premier évêque fut Alexandre, un juif converti. Il mourut en apr. J.-C. En 1845, il fut remplacé par le zélé missionnaire Gobat, élu par le gouvernement prussien. Il mourut en apr. J.-C.En 1879, Barclay lui succéda, qui mourut en 1879 . Année 1881. C’était de nouveau au tour de la Prusse de prendre rendez-vous. La revendication anglaise d’avoir des ministres luthériens ordonnés successivement diacre, presbytre et évêque avait offensé, et donc aucune nouvelle nomination n’a été faite. En juin 1886, le pacte anglo-prussien fut officiellement annulé et une proposition fut faite pour fonder un évêché évangélique prussien indépendant.
184.9. Missions parmi les Églises orientales. En 1815, la Church Missionary Society fonda un emporium missionnaire dans l’île de Malte, comme dépôt de tracts pour l’évangélisation de l’Orient. En 1846, le Collège protestant de Malte a été érigé pour former des missionnaires indigènes, des enseignants, des médecins, etc., pour travailler dans les différents pays orientaux. Dans les îles Ioniennes, à Constantinople et en Grèce, des missionnaires britanniques et américains commencèrent leurs opérations en apr. J.-C. 1819 en érigeant des écoles et en faisant circuler les Écritures. Au début, le clergé orthodoxe était favorable, mais au fur et à mesure que l’œuvre progressait, il devint activement hostile, et seules deux écoles missionnaires en Syra et à Athènes furent autorisées à continuer. En Syrie, les Américains ont fait de Beyrout leur quartier général en A.D. 1824, mais les travaux sont interrompus par les conflits turco-égyptiens. Par la suite, cependant, il a prospéré de plus en plus, et, avant le massacre syrien de J.-C. 1860 ( 207, 2), il y avait neuf stations prospères en Syrie. La fondation de l’évêché de Jérusalem en J.-C. 1841, et l’émission du Hatti-Humayun en 1841. 1856 ( 207, 2), Incita la Church Missionary Society à faire des efforts plus vigoureux qui, cependant, furent abandonnés par la suite faute de succès. Jusqu’à l’éclatement de la persécution des chrétiens syriens en A.D. En 1860, cette société comptait cinq stations florissantes. D’après J.-C.En 1831, les Américains avaient travaillé avec zèle et succès parmi les Arméniens de Constantinople et des environs, mais en 1831. En 1845, le patriarche arménien excita une violente persécution qui menaçait de renverser complètement l’œuvre. L’ambassadeur britannique, Sir Stratford de Redcliffe, insista cependant pour que la Porte reconnaisse les droits des Arméniens protestants en tant que confession religieuse indépendante, et depuis lors, les missions ont prospéré. Parmi les nestoriens de Turquie et de Perse, les Américains, avec le Dr Grant à leur tête, commencèrent des opérations en A.D. 1834 ; mais par des intrigues jésuites, les soupçons des Kurdes et des Turcs furent excités, et en A.D. En 1843 et 1846, une guerre d’extermination fut menée contre les nestoriens des montagnes, qui anéantit les missions protestantes parmi eux. Les opérations ont toutefois repris avec un succès encourageant. Parmi les Coptes profondément dégradés en Égypte, et s’étendant d’eux jusqu’en Abyssinie, les Moraves avaient travaillé sans aucun résultat apparent de l’A.D. 1752 à A.D. Année 1783. En apr. J.-C. En 1826, la Church Missionary Society, sous la direction de missionnaires allemands formés à Bâle (Gobat, Irenberg, Krapf [Krapff], etc.), entreprit l’œuvre, jusqu’à ce qu’elle soit arrêtée par le gouvernement en J.-C. Année 1837. En apr. J.-C. En 1855, les missionnaires bâlois recommencèrent à travailler en Abyssinie avec l’approbation du roi Théodore. Cet état de choses changea bientôt. L’ambition de Théodore était de conquérir l’Égypte et de renverser l’Islam. Mais lorsqu’il est J.-C. En 1863, ce projet ne fit qu’attirer des menaces de Londres et de Paris, il donna libre cours à sa férocité naturelle et mit aux fers le consul d’Angleterre et les missionnaires allemands. Au moyen d’une expédition armée en A.D. En 1868, l’Angleterre oblige à la libération des prisonniers, et Théodore met fin à ses jours. Après le retrait des Anglais, le pays fut dévasté par des guerres civiles, et à la fin de ces troubles en A.D. En 1878, la mission reprend ses activités.
La papauté, humiliée mais non détruite par Napoléon Ier, fut en A.D. En 1814, avec l’aide de princes de toutes confessions, il retrouva la pleine possession de son autorité temporelle et spirituelle, et au milieu de nombreuses difficultés, il réaffirma pour la plupart avec succès ses prétentions hiérarchiques dans les États catholiques et dans ceux dont le protestantisme et le catholicisme étaient également tolérés. De nombreux coups sévères ont été portés à la papauté, même dans les États romains, par des mouvements révolutionnaires, mais la réaction politique a généralement mis l’Église dans une position aussi bonne, sinon meilleure, qu’elle ne l’avait été auparavant. Mais tandis que de ce côté-ci des Alpes, surtout depuis l’apparition de l’A.D. En 1848, l’ultramontanisme remporta une victoire après l’autre dans son propre domaine, en Italie, il subit une humiliation après l’autre, et tandis que le Concile du Vatican, qui mettait la couronne sur ses présomptions idolâtres (189, 3), Tout l’orgueil de sa souveraineté temporelle fut brisé : les États de l’Église furent rayés du nombre des puissances européennes, et Rome devint la capitale et la résidence du prince de Sardaigne comme roi de l’Italie unie. Mais la vénération pour le pape atteignit alors un sommet parmi les nations catholiques qu’elle n’avait jamais atteint nulle part auparavant.
185.1. Les quatre premiers papes du siècle. — Napoléon, en tant que premier consul de la République française, en . 1801 conclut un concordat avec Pie VII. 1800-1823, qui, sous la protection de l’Autriche, fut élu pape à Venise, ce qui lui permit de rétablir ses droits temporels et spirituels, mais fut obligé d’abandonner ses prétentions hiérarchiques sur l’Église de France (203, 1). Il couronna le consul empereur des Français à Paris en A.D. 1804, mais lorsqu’il persista dans l’affirmation de ses principes hiérarchiques, Napoléon en A.D. En 1808, il entra dans les territoires pontificaux et, en mai de l’an 2008. En 1809, il répudie formellement la donation de « son prédécesseur » Charlemagne. Le pape traita comme une insulte l’offre de paiement de deux millions de francs, menaça l’empereur de l’interdiction et, en juillet de l’an prochain.En 1809, il fut emprisonné à Savone, et en 1809. 1812 est emmené à Fontainebleau. Il refusa pendant un certain temps de donner l’institution canonique aux évêques nommés par l’empereur, et bien qu’il cédât enfin et consentît à résider en France, il retira bientôt sa concession, et les complications de l’A.D. 1813 contraignit l’empereur, le 14 février, à libérer le pape et les États pontificaux. En mai, le pape entra de nouveau à Rome. L’un de ses premiers actes officiels fut la restauration des jésuites par la bulle Sollicitudo omnium, comme à la demande unanime de toute la chrétienté. La Congrégation de l’Index fut de nouveau instituée et, au cours de l’année, 737 accusations d’hérésie furent entendues devant le tribunal du Saint-Office. Toutes les ventes de biens ecclésiastiques ont été déclarées nulles et 1 800 monastères et 600 couvents ont été réclamés. En apr. J.-C. En 1815, le pape protesta formellement contre la décision du Congrès de Vienne, en particulier contre le renversement des principautés spirituelles dans l’empire allemand (192, 1). Sa demande de restauration d’Avignon fut tout aussi vaine (165, 15). En apr. J.-C. En 1816, il condamna les sociétés bibliques comme un fléau pour la chrétienté et renouvela l’interdiction des traductions de la Bible. Ses projets diplomatiques furent déterminés par son habile secrétaire, le cardinal Consalvi, qui, non seulement au Congrès de Vienne, mais aussi par la suite, par plusieurs concordats, s’assura de l’expression la plus complète possible des intérêts et des prétentions de la curie. 1823-1829, qui, plus sévère dans son administration civile que son prédécesseur, condamna les sociétés bibliques, renouvela les poursuites de l’Inquisition, célébra le jubilé en A.D. 1825, ordonna des prières pour l’éradication de l’hérésie, reconstruisit le mur du ghetto de Rome, renversé sous la domination française (95, 3), qui délimitait le quartier des Juifs, jusqu’à Pie IX. l’a de nouveau jeté à terre en J.-C. Année 1846. Après le règne de huit mois de Pie VIII, après J.-C. 1829-1830, Grégoire XVI, A.D. De 1831 à 1846, monta sur le trône pontifical et chercha, au milieu des troubles intérieurs et extérieurs, à s’élever jusqu’au bout l’idée hiérarchique. En apr. J.-C. En 1832, il publia une encyclique dans laquelle il déclarait une guerre irréconciliable à la science moderne ainsi qu’à la liberté de conscience et à la liberté de la presse, et tout son pontificat fut une application conséquente de ce principe. Il rencontra une opposition incessante de la part des mouvements libéraux et révolutionnaires sur son propre territoire, qui n’était freinée que par l’ingérence militaire autrichienne et française. 1832-1838, et du rejet de ses schémas hiérarchiques par l’Espagne, le Portugal, la Prusse et la Russie.541
185.2. Pie IX, apr. J.-C. 1846-1878. — Le comte Mastaï Feretti, dans sa cinquante-quatrième année, succéda à Grégoire le 16 juin, et prit le nom de Pie IX. Si, dans les affaires ecclésiastiques, il semblait disposé à s’en tenir aux anciennes voies et se prononçait clairement contre les sociétés bibliques, il favorisait la réforme de l’administration civile et encourageait les espoirs des libéraux qui aspiraient à l’indépendance et à l’unité de l’Italie. Mais cela ne fit que réveiller l’orage qui ne tarda pas à éclater sur sa tête. Le cri retentissant des jours jubilaires, « Evviva Pio Nono ! » s’est terminé par la fuite du pape à Gaète en novembre 1848 ; et en février 1849, la République romaine est proclamée. Cependant, la République française, en raison de l’attitude menaçante de l’Autriche, s’empressa de prendre Rome et de rétablir le pouvoir temporel du pape. Au milieu des convulsions de l’Italie, Pie XII ne put retourner à Rome qu’en avril 1850, où il fut soutenu par des baïonnettes françaises et autrichiennes. Abandonnant ses idées libérales, le pape se mit de plus en plus sous l’influence des jésuites, et sa politique absolutiste et réactionnaire fut dirigée par le cardinal Antonelli. De son exil à Gaëte, il avait demandé l’avis des évêques de toute l’Église sur l’immaculée conception de la sainte Vierge, à la protection de laquelle il croyait devoir son salut. Les opinions de 576 étaient favorables, s’appuyant sur des preuves bibliques : Genèse iii. 15, Cantique de Sol. iv. 7, 12, et Luc i. 28 ; mais certains évêques français et allemands s’y opposèrent fermement. La question fut alors soumise à un examen plus approfondi à diverses congrégations, et finalement les évêques consentants furent invités à Rome pour régler les termes de la définition doctrinale du nouveau dogme. Après quatre séances secrètes, il fut reconnu par acclamation, et le 8 décembre 1854 ( 104, 7), le pape lut dans la chapelle Sixtine la bulle Ineffabilis et plaça un diadème brillant sur la tête de l’image de la reine du ciel. Les disciples de saint Thomas écoutaient en silence cette mise en accusation de l’orthodoxie de leur maître ; On n’a pas prêté attention à deux voix isolées qui ont protesté ; les évêques de tous les pays catholiques proclamèrent le nouveau dogme, les théologiens le confirmèrent, et le peuple amateur de spectacles se réjouit de la pompeuse fête de Marie. La grande performance suivante du pape fut l’encyclique Quanta cura du 8 décembre 1864 et le programme qui l’accompagnait, cataloguant en quatre-vingt-quatre propositions toutes les erreurs de l’époque, par lesquelles non seulement les tendances antichrétiennes et anti-ecclésiastiques, mais aussi les revendications de la liberté de croyance et de culte, de la liberté de la presse et de la science, de l’indépendance de l’État vis-à-vis de l’Église, L’égalité des laïcs et du clergé en matière civile, en un mot tous les principes de la vie politique et sociale moderne, furent condamnés comme hérétiques. Trois ans plus tard, le centenaire de Pierre (16, 1) amena cinq cents évêques à Rome, avec d’autres ecclésiastiques et laïcs de tous les pays. L’enthousiasme pour la chaire pontificale était tel que le pape fut encouragé à convoquer un concile œcuménique. Le jubilé de sa consécration sacerdotale en A.D. L’année 1869 lui apporta des adresses de félicitations signées par un million et demi de personnes, remplit les coffres du pape, attira un nombre immense de visiteurs à Rome et assura à tous les fidèles rassemblés une entière indulgence. Sur le Concile du Vatican qui s’est réuni au cours de la même année, voir 189.542
185.3. Le renversement des États pontificaux. — Dans la paix de Villafranca de 1859, qui mit fin à la courte guerre franco-austro-autrichienne en Italie, une confédération fut organisée de tous les princes italiens sous la présidence d’honneur du pape pour rédiger la future constitution de l’Italie. Pendant la guerre, les Autrichiens avaient quitté Bologne, mais les Français restèrent à Rome pour protéger le pape. La révolution éclata alors en Romagne. Victor-Emmanuel, roi de Sardaigne, fut proclamé dictateur pour un temps sur cette partie des États pontificaux et un gouvernement provisoire fut mis en place. C’est en vain que le pape a rappelé à la chrétienté, dans une encyclique, la nécessité de maintenir son pouvoir temporel, c’est en vain qu’il a tonné son excommuniation majeure contre tous ceux qui contribueraient à son renversement. Une guerre de pamphlets contre le pouvoir temporel commença alors, et les lettres d’About dans le Moniteur décrivaient avec un mépris amer l’incapacité du gouvernement pontifical. Dans son pamphlet, « Le Pape et le Congrès », Laguéronnière proposait de restreindre la souveraineté du pape à Rome et à ses environs, de prélever un impôt pour le soutien de la cour pontificale sur toutes les nations catholiques et de laisser Rome tranquille par des troubles politiques. Le 31 décembre 1859, Napoléon III. exhorta le pape à se plier à la logique des faits et à abandonner les provinces qui refusaient d’être les siennes. Le pape publia alors un rescrit dans lequel il déclarait qu’il ne pourrait jamais renoncer à ce qui n’appartenait pas à lui, mais à l’Église. Le vote populaire en Romagne s’est prononcé presque à l’unanimité en faveur de l’annexion à la Sardaigne, et ce, malgré l’interdiction papale, a été fait. Une révolution éclata en Ombrie et la Marche d’Ancône, et Victor-Emmanuel rattacha sans plus tarder ces États à sa domination en A.D. 1860, de sorte que le pape ne conserva que Rome et la Campagna, et même ceux-ci uniquement grâce à l’appui de la France. Lors de l’assemblée de septembre de l’A.D. 1864 L’Italie s’engage à maintenir intact le domaine pontifical, à permettre l’organisation d’une armée pontificale indépendante et à contribuer au trésor pontifical, tandis que la France doit quitter le territoire romain au plus tard dans les deux ans. Le pape se soumit à ce qu’il ne pouvait empêcher, mais il insista toujours sur ses prétentions les plus extrêmes, répondit à toutes les tentatives de conciliation avec son stéréotype non possumus, et en apr. J.-C. 1866 proclame sainte Catherine de Sienne ( 112, 4) patron de la « ville ». Lorsque les dernières troupes françaises prirent le navire en A.D. En 1866, le parti radical crut que le moment était venu de libérer l’Italie de la domination papale, et souleva tout le pays par une proclamation publique. Garibaldi se mit de nouveau à la tête du mouvement. L’État pontifical fut bientôt encerclé par des bandes de volontaires, et des insurrections éclatèrent jusqu’à Rome même. Napoléon déclara qu’il s’agissait d’une violation de la convention de septembre et, en J.-C. En 1867, les volontaires furent complètement mis en déroute par les Français à Mentana. Les Français gardaient Civita Vecchia et fortifiaient Rome. Mais en août 1870, leurs propres exigences nationales exigeaient le retrait des troupes françaises, et après la bataille de Sedan, les Italiens insistèrent pour avoir Rome comme capitale, et Victor-Emmanuel acquiesça. Le pape chercha de l’aide de près et de loin auprès des puissances catholiques et non catholiques, mais il ne reçut que l’écho de son discours.wn mots, non possumus. Après une canonnade de quatre heures, une brèche fut faite dans les murs de la ville éternelle, le drapeau blanc apparut sur Saint-Ange, et au milieu des cris de la populace les troupes italiennes entrèrent le 20 septembre 1870. Un plébiscite dans les possessions pontificales donna 133 681 voix en faveur de l’annexion et 1 507 contre ; rien qu’à Rome, il y avait 40 785 pour et seulement 46 contre. Le roi promulgua alors le décret d’incorporation ; Rome devint la capitale de l’Italie unifiée et le Quirinal la résidence royale.
185.4. Le prisonnier du Vatican, A.D. 1870-1878. — Le roi pontifical détrôné ne pouvait que protester et prononcer des dénonciations. Il n’en résulta aucun résultat de l’adoption de saint Joseph comme gardien et patron de l’Église, ni de la consécration solennelle du monde entier au très sacré-cœur de Jésus, au jubilé du 16 juin de notre ère. Année 1875. Les mesures de l’A.D. L’année 1871, par laquelle Cavour cherchait à réaliser son idéal d’une « Église libre dans un État libre », fut déclarée absurde, rusée, trompeuse et un outrage aux apôtres Pierre et Paul. Par ces mesures, les droits et les privilèges d’un souverain pour toujours avaient été conférés au pape : la sainteté et l’inviolabilité de sa personne, une garde du corps, un bureau des postes et télégraphes, la libre communication des ambassadeurs avec les puissances étrangères, l’exterritorialité de son palais du Vatican, comprenant quinze grands salons, 11 500 chambres, 236 escaliers, 218 corridors, deux chapelles, plusieurs musées, archives, bibliothèques, grands et beaux jardins, etc., ainsi que du Latran et du palais d’été du château Gandolphe, avec toutes les dépendances, ainsi qu’un revenu annuel, libre de toutes charges et de tous impôts, de trois millions et quart de francs, égal à l’ancien montant de ses revenus, ainsi qu’une liberté illimitée dans l’exercice de tous les droits ecclésiastiques de souveraineté et de primauté, et la renonciation à toute ingérence de l’État dans l’aliénation des évêchés et des bénéfices. Le droit du clergé inférieur d’exercer l’appellatio ab abusu devant un tribunal civil fut écarté, et de tous les droits civils, seul celui de l’exequatur royal dans l’élection des évêques, c’est-à-dire le simple droit d’investir le candidat de la curie dans la possession des revenus de sa charge, fut conservé. et « le saint-père affamé en prison, qui n’a pas où reposer sa tête », reçut trois ou quatre fois plus en deniers de Pierre versés par toute la chrétienté catholique. Jouant le rôle d’un prisonnier, il ne dépassait jamais l’enceinte du Vatican. Il atteignit le semi-jubilé de son couronnement papal en apr. J.-C. 1871, étant le premier pape à falsifier le vieil adage, Annos Petri non videbit. Il refusa l’offre d’un trône d’or et le titre de « grand », mais il accepta le cadeau d’une dame parisienne d’une couronne d’épines en or. À l’appui du mythe de la prison, les pailles de la cellule papale étaient vendues en Belgique pour un demi-franc la tige, et pour le même prix des photographies du pape derrière une grille de fer. De même qu’autrefois la légende s’élevait au sujet du disciple que Jésus aimait pour qu’il ne mourût pas, de même a-t-on dit jadis du pape ; et le jour de son quatre-vingt-troisième anniversaire, en J.-C. En 1874, un journal jésuite romain, faisant l’éloge de la pureté morale de sa vie, lui mit ces mots dans la bouche : « Lequel d’entre vous me convainc de péché ? » Mais lui-même, par des rescrits sans cesse renouvelés, des encycliques, des brefs, des allocutions aux cardinaux et à de nombreuses députations de loin et de près, attisa inlassablement la flamme de l’enthousiasme et du fanatisme dans toute la chrétienté pontificale, et tonna des prophéties menaçantes non seulement contre les États italiens, mais aussi contre les États étrangers, car avec la plupart d’entre eux il vivait en guerre ouverte. Un recueil de ses « Discours prononcés à le Vatican » a été publié en 1874, commenté par Gladstone dans la Contemporary Review de janvier 1875, qui donne d’abondantes citations montrant les hypothèses papales, les malédictions, les abus et l’incompréhension des Écritures dont elles regorgent. À l’occasion du cinquantième anniversaire de la consécration épiscopale du pape, en juin 1877, des foules de tous les pays se rassemblèrent pour offrir leurs félicitations, avec des présents coûteux et un denier de Pierre s’élevant à seize millions et demi de francs. Il mourut le 8 février 1878, dans la quatre-vingt-sixième année de son âge et la trente-deuxième de son pontificat. Ses héritiers réclamèrent les dotations impayées de vingt millions de lires, mais les tribunaux leur refusèrent.543―Son Le secrétaire Antonelli, descendant d’une vieille famille de brigands, qui, depuis son séjour à Gaète, était son démon maléfique, mourut avant lui en J.-C. Année 1876. Bien que fils d’un pauvre berger et bûcheron, il laissa plus de cent millions de lires. Sa fille naturelle, au grand dam du Vatican, chercha, mais sans succès, devant les tribunaux, à faire valoir ses prétentions contre les frères cupides de son père.
185.5. Léon XIII. — Après seulement deux jours de conclave, le cardinal-archevêque de Pérouse, Joachim Pecci, né en A.D. 1810, fut proclamé le 20 février 1878 sous le nom de Léon XIII. Dans des lettres autographes, il annonça son avènement aux empereurs d’Allemagne et de Russie, mais non au roi d’Italie, et exprima son souhait d’une bonne entente mutuelle. Il déclara au gouvernement des cantons suisses qu’il espérait que leurs anciennes relations amicales pourraient être rétablies. À Pâques 1878, il publia une encyclique à tous les patriarches, primats, archevêques et évêques, dans laquelle il leur demandait d’implorer instamment la médiation de la « reine immaculée du ciel » et l’intercession de saint Joseph, « le bouclier céleste de l’Église », et ne souligna pas non plus l’infaillibilité de la chaire apostolique. et de condamner toutes les erreurs condamnées par ses prédécesseurs, en soulignant la nécessité de restaurer le pouvoir temporel du pape, et en confirmant et en renouvelant toutes les protestations de son prédécesseur Pie IX, de sainte mémoire, contre le renversement des États pontificaux. Le premier anniversaire de son élévation, il proclama un jubilé universel, avec la promesse d’une indulgence totale. Il persistait encore dans le mythe carcéral de son prédécesseur et, comme lui, il renvoyait la contribution de son « geôlier ». Dans les conflits avec les puissances étrangères hérités de Pie XII, aussi bien que dans les siens, il a employé un langage généralement modéré et conciliant. — Il n’a pas hésité à faire le premier pas vers une bonne entente avec ses adversaires, pour lequel, tout en maintenant obstinément les anciens principes de la chaire pontificale, il fait certaines concessions sur les questions subordonnées. toujours avec le dessein et l’attente de les voir l’emporter de l’autre côté par la conservation de toutes les autres prétentions hiérarchiques du système curial. Cependant, ce n’était qu’au milieu de l’ère chrétienne. En 1885, il devint évident que le pape avait décidé, sans permettre qu’aucun malentendu ne s’élève entre lui et ses cardinaux, de briser les entraves des fanatiques irréconciliables du collège. Et en effet, après la conclusion du Kulturkampf allemand ( 197, 13, 15), C’est ainsi que, dans une allocution adressée aux cardinaux en mai 1887, il exprima de façon inattendue son désir et son désir d’une entente avec le gouvernement sur la question italienne, ce qui impliquait un renoncement total à l’obstiné Non possumus de son prédécesseur, attitude qu’il avait maintenue jusque-là sans faillir. « Plût à Dieu, dit-il, que des conseils pacifiques, embrassant tous nos peuples, prévalassent aussi en Italie, et qu’enfin cette malheureuse différence pût être surmontée sans perte de privilèges pour le saint-siège ! » Une telle harmonie, en effet, n’est possible que lorsque le pape « n’est soumis à aucune autorité et jouit d’une liberté parfaite », ce qui ne causerait aucune perte à l’Italie, « mais assurerait seulement sa paix et sa sécurité durables ». Qu’il compte sur les bons offices de l’empereur d’Allemagne pour réaliser ce rétablissement tant désiré d’un tel modus vivendi avec le gouvernement italien, il l’a clairement indiqué dans ses communications préliminaires au centre prussien exhortant à la paix (197, 14). Le Moniteur de Rome ( 188, 1), cependant, interprété les paroles de Le pape écrivait ainsi : « L’Italie ne perdrait rien matériellement ou politiquement, si elle donnait au pape un petit coin de son territoire, où il pourrait jouir d’une souveraineté effective comme garantie de son indépendance spirituelle. » ― Sur les contributions de Léon à la science théologique, voir 191, 12 ; sur son attitude à l’égard du protestantisme et de l’Église d’Orient, voir 175, 2, 4. Il s’est exprimé contre les francs-maçons dans une encyclique de J.-C. 1884 avec encore plus de sévérité que Pie XII. En conséquence, l’Inquisition romaine a publié une instruction à tous les évêques du monde catholique leur demandant d’enjoindre à leur clergé en chaire et au confessionnal de faire savoir que tous les francs-maçons sont eo ipso excommuniés, et par des associations catholiques de toutes sortes, en particulier par la propagation du tiers-ordre de Saint-François (186, 2), L’injonction a été exécutée. Dans le même temps, un sursis d’un an fut accordé aux francs-maçons, pendant lequel les lois romaines sur l’hérésie, qui exigeaient de leurs enfants, de leurs épouses et de leurs parents qu’ils les dénoncent à tout le clergé et à tous les laïcs, devaient être suspendues. Si les coupables, cependant, permettaient à ce jour de grâce de passer, ces lois devaient être pleinement appliquées, et alors il ne resterait plus qu’au pape de les absoudre de leur terrible péché.
L’ordre des Jésuites restauré en A.D. 1814 par Pie VII imprégna tous les autres ordres de son esprit, acquit une influence dominante sur Pie IX, fit des évêques ses agents, et transforma toute l’Église catholique en une institution jésuite. Un nombre immense de sociétés ont vu le jour dans le but d’accomplir l’œuvre missionnaire intérieure, inspirées par l’esprit jésuite et mettant en œuvre sans conteste les idées ultramontaines de leurs dirigeants. De plus, le zèle pour les missions étrangères sur les vieilles lignes jésuites se ranima, et l’enthousiasme pour le martyre était dû principalement à la même cause.
186.1. La Compagnie de Jésus et les ordres apparentés. — Après la suppression de leur ordre par Clément XIV, les Jésuites trouvèrent refuge principalement chez les Rédemptoristes (165, 2), dont le quartier général était à Vienne, d’où ils se répandirent à travers l’Autriche et la Bavière, trouvant également une entrée en Suisse, en France, en Belgique et en Hollande, et après 1848 en Prusse catholique, ainsi qu’en Hesse et en Nassau. La Congrégation du Sacré-Cœur a été fondée par d’anciens jésuites en Belgique en 1944. 1794, et se répandit bientôt en Autriche et en Bavière.― L’ordre des Jésuites restauré rencontra une tempête d’opposition de la part des libéraux. La révolution de juillet de l’ère chrétienneEn 1830, les Jésuites chassèrent de France, et lorsqu’ils cherchèrent à se rétablir, Grégoire XVI, sous la pression du gouvernement, insista pour que leur général abolisse les institutions françaises en 1830 . Année 1845. Une branche importante de l’ordre s’était établie en Suisse catholique, mais l’issue défavorable de la guerre des cantons séparés de 1847 chassa ses membres de ce refuge. La révolution de 1848 menaça l’ordre d’extinction, mais la restauration papale de l’ère chrétienne. 1850 le réintroduit dans la plupart des pays catholiques. Depuis lors, les fils de Loyola ont renouvelé leur jeunesse comme l’aigle. Ils se sont introduits de force dans tous les pays, même dans ceux des deux côtés de l’océan qui leur avaient été fermés par des lois législatives, répandant des vues ultramontaines parmi les catholiques, convertissant les protestants et répandant leurs principes dans les écoles et les collèges. Même Pie IX, sous les auspices duquel Aug. Theiner avait été autorisé, en A.D. En 1853, dans son Histoire du pontificat de Clément XIV, pour porter contre eux l’artillerie lourde tirée des « archives secrètes du Vatican », il leur confia de nouveau la direction de l’instruction publique, et se livra de plus en plus à leur influence, de sorte qu’à la fin il ne voyait plus que de leurs yeux, n’entendait que de leurs oreilles, et résolus seulement selon leur volonté.544 La fondation du royaume d’Italie sous le prince de Sardaigne en J.-C. L’année 1860 entraîna leur expulsion de toute l’Italie, à l’exception de Venise et des restes des États pontificaux. Quand, en apr. J.-C. En 1866, Venise devint également une province italienne, ils émigrèrent de là dans le Tyrol et d’autres provinces autrichiennes, où ils bénéficièrent des bienfaits du concordat (198, 2). L’Espagne aussi, à propos de l’expulsion de la reine Isabelle en A.D. En 1868, et même au Mexique et dans plusieurs États de l’Amérique centrale et de l’Amérique du Sud, les disciples de Loyola ont été chassés. D’autre part, ils firent de brillants progrès en Allemagne, surtout en Hesse rhénane et dans les provinces catholiques de Prusse. Mais sous le nouvel empire allemand, le Reichstag, en A.D. En 1872, il adopta une loi supprimant les Jésuites et tous les ordres similaires dans tout l’empire (197, 4). Ils ont également été officiellement expulsés de France en J.-C. 1880 ( 203, 6). Pourtant, cependant, en A.D.En 1881, l’ordre comptait 11 000 membres dans cinq provinces et, selon les calculs de Bismarck en 1881. En 1872, leurs biens s’élevaient à 280 millions de thalers. En apr. J.-C. 1853 John Beckx, de Belgique, est nommé général. Il prit sa retraite en A.D. En 1884, à l’âge de quatre-vingt-dix ans, Anderlady, un Suisse, ayant été nommé en A.D. 1883, son collègue et successeur. — L’espoir que Léon XIII s’émanciperait de la domination de l’ordre semble de plus en plus se révéler une vaine illusion. En juillet 1886, il publia, à l’occasion d’une nouvelle édition des institutions de l’ordre, une lettre à Anderlady, dans laquelle, de la manière la plus extravagante, il parle de l’ordre comme ayant rendu les services les plus signalés « à l’église et à la société », et confirme à nouveau tout ce que ses prédécesseurs avaient dit et fait en sa faveur, tandis qu’il se souvient expressément et formellement de tout ce que l’un d’eux avait dit et fait contre lui.
186.2. Autres ordres et congrégations. — Après les tempêtes de la révolution, les ordres religieux ont rapidement regagné le terrain perdu. La France décrète, le 2 novembre 1789, l’abolition de tous les ordres, et des cloîtres et en 1802, sous les auspices de Napoléon, ils sont également supprimés dans l’empire allemand et les princes amis indemnisés de leurs biens. Pourtant, pour des raisons d’utilité, Napoléon restaura les Lazaristes, ainsi que les Sœurs de la Miséricorde, dont il recueillit les restes épars en A.D. 1807 à Paris en un chapitre général, sous la présidence de l’impératrice-mère. Mais de nouveaux cloîtres furent érigés en grand nombre spécialement en Belgique et en France (en opposition à la loi de 1789, qui ne fut pas abrogée), en Autriche, en Bavière, en Prusse, en Hesse rhénane, etc., ainsi qu’en Angleterre et en Amérique. En 1849, il y avait en Prusse cinquante instituts monastiques ; en 1872, il y en avait 967. À Cologne, un sur 215, à Aix-la-Chapelle un sur 110, à Münster un sur soixante et un, à Paderborn un sur trente-trois, était un prêtre catholique ou membre d’un ordre. En Bavière, entre 1831 et 1873, le nombre de cloîtres passa de 43 à 628, tous, à l’exception de quelques anciens monastères bénédictins, inspirés et dominés par les jésuites. Même les dominicains, à l’origine des adversaires si déterminés, sont maintenant imprégnés de l’esprit jésuite. La restauration de l’ordre trappiste ( 156, 8) mérite une mention spéciale. Sur leur expulsion de la Trappe en A.D. En 1791, les frères trouvèrent un asile dans le canton de Fribourg, et lorsqu’ils y furent chassés par l’invasion française de l’A.D. En 1798, Paul Ier obtint du tsar la permission de s’installer en Russie blanche, en Pologne et en Lituanie. Mais expulsé de ces régions à nouveau en J.-C. En 1800, ils errèrent à travers l’Europe et l’Amérique, jusqu’à ce qu’après la défaite de Napoléon, ils rachetèrent le monastère de la Trappe et en firent le centre d’un groupe de nouveaux établissements dans toute la France et au-delà. et sans l’obligation de la réclusion, ainsi que les confréries et les sororités sans aucune règle de ce genre, qui, après la restauration de l’A.D. 1814 en France et après A.D. 1848 en Allemagne, ont été formés dans le but de la prière, de la charité, de l’éducation, etc. De France, beaucoup d’entre eux se répandirent dans les provinces rhénanes et de Westphalie. — En Espagne et en Portugal ( 205, 1, 5) tous les ordres ont été abolis à plusieurs reprises, par la suite aussi en Sardaigne et même dans toute l’Italie ( 204, 1, 2), et aussi dans plusieurs États d’Amérique romaine ( 209, 1, 2), ainsi qu’en Prusse et en Hesse (197, 8, 15). Enfin, la IIIe République française a appliqué les lois existantes contre tous les ordres et congrégations non autorisés par l’État ( 203, 6). le 700e anniversaire de la naissance de saint François, en septembre 1882, Léon XIII. publia une encyclique déclarant l’Institut des Tertiaires franciscains ( 98, 11) seul capable de sauver la société humaine de tous les dangers politiques et sociaux du présent et de l’avenir, qui ont eu quelque succès au moins en Italie.
De quelle barbarie inhumaine les supérieurs des cloîtres sont encore capables, c’est ce qu’illustre l’horrible traitement infligé à la religieuse Barbara Ubryk, qui, de son propre aveu, à cause d’une violation de son vœu de chasteté, était enfermée depuis J.-C. 1848 dans le cloître des carmélites à Cracovie, dans une cellule étroite et sombre, à côté de l’égout du couvent, sans feu, sans lit, sans chaise, sans table. Ce n’était qu’en apr. J.-C. 1869, à la suite d’une communication anonyme aux officiers de justice, qu’elle avait été libérée de sa prison dans un état semi-animal, tout à fait nue, affamée et couverte d’immondices, et consignée dans un asile. La population de Cracovie, exaspérée d’une telle conduite, ne put être empêchée de démolir tous les cloîtres qu’avec l’aide de l’armée.
186.3. Le Pius Verein.—Une société sous le nom de Pius Verein a été fondée à Mayence, en octobre 1848, pour promouvoir les intérêts catholiques, en préconisant l’indépendance de l’Église vis-à-vis de l’État, le droit du clergé à l’instruction directe, etc. Lors des assemblées annuelles, ses principaux membres se vantaient en termes grossièrement exagérés de ce qui avait été accompli et prophétisaient imprudemment ce qui serait encore accompli. Lors de la vingt-huitième assemblée générale tenue à Bonn en A.D. En 1881, avec une assistance de 1 100 personnes, le même ton confiant a été maintenu. Windhorst rappela au gouvernement prussien l’achat des livres sibyllins, et déclara que chaque cas de rupture des négociations augmentait le prix de la paix. Pas un titre des revendications ultramontaines ne serait abandonné. Le mot d’ordre est le rétablissement complet du statu quo ante. Le baron von Loë, président du Canisius Verein, termina son discours triomphal par l’appel à porter le nombre des membres du syndicat de 80 000 à 800 000, oui à 8 000 000 ; alors le temps serait proche où l’Allemagne redeviendrait un pays catholique et l’Église le chef du peuple. Lors de l’assemblée de Düsseldorf en A.D. En 1883, Windhorst déclara, sous les applaudissements enthousiastes de toutes les personnes présentes, qu’après l’abrogation absolue des lois de mai, le centre ne se reposerait pas tant que l’éducation ne serait pas de nouveau confiée sans réserve à l’Église. Lors de l’assemblée de Münster en A.D. En 1885, il exalte le pape (malgré toute confiscation et emprisonnement pour le moment) comme gouverneur et seigneur du monde entier. La trente-troisième assemblée de Breslau en l’an 2000. L’année 1886, avec une insistance particulière, exigea le rappel de tous les ordres, y compris celui des jésuites.
186.4. Les divers syndicats allemands tombèrent peu à peu sous l’influence des ultramontains. La Société Borromée a fait circuler des livres catholiques inculquant des points de vue ultramontains en politique et en religion. L’Union Boniface, fondée par Martin, évêque de Paderborn, vient en aide aux congrégations catholiques nécessiteuses des districts protestants. D’autres syndicats se consacraient aux missions étrangères, au travail parmi les Allemands dans les pays étrangers, etc. Dans toutes les universités, de telles sociétés ont été formées. En Bavière, des associations paysannes patriotes furent mises sur pied, en tant qu’armée permanente, dans le conflit de la hiérarchie ultramontaine avec le nouvel empire allemand. Dans le même but, l’évêque Ketteler fonda en A.D.En 1871, l’Union catholique de Mayence, qui, en 1871, a été créée en 1871 . 1814 comptait 90 000 membres. La Société Görres de 1876 ( 188, 1) et la Société Canisius de 1879 ( 151, 1) En Italie, ces sociétés se sont efforcées de rétablir le pouvoir temporel et la suprématie de l’Église sur l’État. Les unions de France ont été confédérées en J.-C. 1870, et cette association générale tient un congrès annuel. Les différents syndicats s’appelaient des « œuvres ». L’Œuvre du Vœu National, par exemple, avait pour tâche de rendre à la France pénitente le « sacré-cœur de Jésus » (188, 12) ; l’Œuvre pontificale faisait des collectes de deniers de Pierre et pour les prêtres persécutés ; l’Œuvre de Jésus-Ouvrier concernait les classes populaires, etc.
186.5. La connaissance de la toute-puissance du capital à cette époque a conduit à diverses propositions pour en tirer parti dans l’intérêt du catholicisme. Les projets de banque catholique de la banque belge Langrand-Dumonceau en 1872 et de la banque de Munich étaient de pures escroqueries ; et celle d’Adele Spitzeder (1869-1872), déclarée « sainte » par le clergé et la presse ultramontaine, s’effondra avec un déficit de huit millions et quart de florins. Il investit dans des terres, avança de l’argent pour la construction d’églises, de cloîtres, d’écoles, etc., et dans l’A.D. En 1878, il se retrouva en faillite et son passif s’éleva à cinq millions de dollars. Il offrit alors de démissionner de sa charge, mais le pape refusa et lui donna un coadjuteur, après quoi l’archevêque se retira dans un cloître où il mourut dans sa quatre-vingt-troisième année. Dans l’Union générale de Paris, fondée en 1876, qui s’effondre en 1882, l’aristocratie française, le haut clergé et les membres des ordres perdent des centaines de millions de francs.
186.6. Les missions catholiques.―L’impulsion donnée aux intérêts catholiques après 1848 s’est manifestée dans le zèle avec lequel les missions dans les pays catholiques, comme le réveil méthodiste protestant et les réunions de camp ( 208, 1), ont commencé à faire l’objet de poursuites. On essaya donc de rassembler les masses qui s’étaient éloignées de l’Église pendant les tempêtes de la révolution. Les Jésuites et les Rédemptoristes ont joué un rôle de premier plan dans ce travail. Par groupes de six, ils visitaient les stations, y restaient trois semaines, écoutaient les confessions, s’adressaient aux réunions trois fois par jour et terminaient par une communion générale.
186.7. Outre la propagande ( 156, 9), quatorze sociétés à Rome, trois à Paris, trente dans toute la chrétienté catholique, sont consacrées à la diffusion du catholicisme parmi les hérétiques et les païens. L’Association lyonnaise pour la propagation de la foi, instituée en 1822, a un chiffre d’affaires de quatre à six millions de francs. La Société Picpus, ainsi appelée de la rue de Paris où elle a son siège, est particulièrement célèbre. Son fondateur était le diacre Coudrin, élève du séminaire sacerdotal de Poictiers [Poitiers] dissous en J.-C. Année 1789. Au milieu des maux causés à l’Église et aux prêtres par la Révolution, il entendit dans sa cachette un appel divin à fonder une société dans le but de former la jeunesse aux principes catholiques, d’éduquer les prêtres et d’apporter l’Évangile aux païens « en expoant les excès, les crimes et les péchés de toutes sortes par une dévotion incessante jour et nuit au très saint sacrement de l’autel ». Une telle société qu’il a fondée en fait en J.-C. 1805, et Pie VII l’a confirmé en 1805 . Année 1817. Le fondateur mourut en apr. J.-C. 1837, après que sa société se soit répandue sur les cinq continents. Son but principal était désormais les missions auprès des païens. Tandis que la société Picpus, ainsi que les autres séminaires et ordres monastiques, envoyaient des foules de missionnaires, d’autres sociétés se consacraient à la collecte d’argent et à la prière. La plus importante d’entre elles est la Société lyonnaise pour la propagation de la foi de l’ère chrétienne. Année 1822. La contribution hebdomadaire du membre est de 5 cents, la prière quotidienne exige un paternoster, un salut d’ange et un « Saint François Xavier, priez pour nous ». Le journal fanatique de la société avait un tirage annuel de près de 250 000 exemplaires, en dix langues européennes. Les papes avaient prodigué à ses membres de riches indulgences. — Après que les missions protestantes eurent reçu une si puissante impulsion au dix-neuvième siècle, les sociétés catholiques furent ainsi poussées à intervenir de force partout où le succès avait été remporté et semblait susceptible d’être assuré, et à travailler avec tous les arts et tous les artifices jésuites imaginables, pour la plupart sous la protection politique de la France. Les missions catholiques ont été poursuivies avec le plus grand zèle et le plus grand succès dans l’Amérique du Nord, en Chine, dans l’Inde, au Japon et parmi les églises schismatiques du Levant. Depuis 1837, ils ont été avancés par l’aide de la marine française dans les mers du Sud ( 184, 7) et en Afrique du Nord par l’occupation française d’Alger, et plus récemment à Madagascar. En Afrique du Sud, ils n’ont fait aucun progrès. De 1837 à 1839, une persécution sanglante fit rage au Tonquin et en Cochinchine ; en 1837-1839, une persécution sanglante fit rage au Tonquin et en Cochinchine . 1866 Le christianisme est extirpé de la Corée, et plus de 2 000 chrétiens sont tués ; deux ans plus tard, la persécution reprend au Japon. En Chine, à travers l’oppression des Français, le peuple s’est soulevé contre les catholiques qui y résidaient. Ce mouvement atteignit son paroxysme lors de la rébellion de 1870 à Tien-tsin, lorsque tous les fonctionnaires, missionnaires et sœurs de la miséricorde français furent mis à mort, et que le consulat de France, les églises catholiques et les maisons de mission furent rasés. Aussi dans l’Inde postérieure depuis la guerre française de J.-C. En 1883, avec le Tonquin, pour lequel la Chine revendique des droits de suzeraineté, les missions catholiques ont de nouveau souffert, et de nombreux missionnaires sont tombés en martyrs.
Parallèlement à la croissance constante de l’ultramontanisme depuis la restauration de la papauté en J.-C. En 1814, il s’éleva aussi un mouvement réactionnaire, en partie de caractère mystico-irénique, évangélique-renouveau, libéral-scientifique, et en partie radical-libéral. Mais tous les dirigeants de ces mouvements succombèrent tôt ou tard devant la discipline strictement administrée de la hiérarchie. La réaction des Vieux-Catholiques ( 190), d’autre part, en dépit de divers inconvénients, maintient toujours une existence vigoureuse.
187.1. Tendances mystico-iréniques. — J. M. Sailer, privé en A. D. 1794 de son bureau à Dillingen ( 165, 12), a été nommé en A.D.En 1799, il est professeur de théologie morale et pastorale à Ingolstadt, et est transféré à Landshut en 1799 . Année 1800. Là, pendant vingt ans, son mysticisme doux et conciliant ainsi que profondément pieux influença puissamment des foules d’étudiants d’Allemagne du Sud et de Suisse. Bien que le pape ait refusé de confirmer sa nomination par Maximilien comme évêque d’Augsbourg en A.D.En 1820, il s’est jusqu’alors débarrassé des soupçons de mysticisme, de séparatisme et de crypto-calvinisme, qu’en 1820. En 1829, aucune opposition n’a été faite à sa nomination comme évêque de Ratisbonne. Sailer est resté fidèle à la dogmatique catholique, et aucun de ses nombreux écrits n’a été mis à l’Index. Pourtant, il resta soupçonné jusqu’à sa mort en J.-C. 1832, et cela semblait justifié par les relations que lui et ses disciples avaient avec les piétistes protestants. Son érudit, ami et vicaire général, l’évêque suffragant Wittmann, lui succéda à Ratisbonne, mourut avant d’avoir reçu la confirmation papale. De tous ses élèves, le plus distingué fut le baron westphalien von Diepenbrock, sur la nature sauvage, intraitable et juvénile duquel Sailer exerçait une influence magique. En apr. J.-C. En 1823, il fut ordonné prêtre, devint le secrétaire de Sailer, demeura son compagnon de confiance jusqu’à sa mort, fut nommé vicaire général du successeur de Sailer dans l’ère chrétienne. 1842, et en 1842. En 1845, il fut élevé à la chaire archiépiscopale de Breslau, où il rejoignit les ultramontains, et entra de tout son cœur dans les conflits ecclésiastiques et politiques du congrès épiscopal de Wurtzbourg (192, 4). Ses services furent récompensés par un chapeau de cardinal de Pie IX. en apr. J.-C. Année 1850. Cependant, ses lettres pastorales, ainsi que ses sermons et sa correspondance privée, montrent qu’il n’a jamais complètement oublié l’enseignement de son père spirituel. Il se plaisait dans l’étude des mystiques du moyen âge et était particulièrement attiré par les écrits de Suso.
187.2. Tendances du réveil évangélique. — Un mouvement beaucoup plus évangélique que celui de Sailer, ayant pour centre la doctrine de la justification par la foi seule, a été créé par un simple prêtre bavarois, Martin Boos, et a bientôt embrassé soixante prêtres dans le diocèse d’Augsbourg. Les expériences spirituelles de Boos étaient similaires à celles de Luther. Les paroles d’une pauvre vieille femme malade ont apporté la paix à son âme en J.-C. 1790, et l’amena à l’étude de l’Écriture. Sa prédication parmi le peuple et ses conversations avec le clergé environnant produisirent un réveil généralisé. Au milieu de multiples persécutions, il passa d’une paroisse à l’autre, et s’enfuit de la Bavière à l’Autriche et de là à la Prusse rhénane, où il mourut en J.-C. En 1825, en tant que prêtre de Sayn, il allumait partout où il allait le flambeau de la vérité. Même après sa conversion, Boos croyait qu’il maintenait toujours la position catholique, mais il fut finalement convaincu du contraire par ses relations avec les piétistes protestants et l’étude des œuvres de Luther. Mais tant que l’Église mère le garderait, il ne voulait pas l’abandonner.545 Il en va de même pour ses compagnons Gossner et Lindl, qui ont été expulsés de Bavière en J.-C. 1829 et s’installe à Saint-Pétersbourg. Lindl, en tant que prévôt de la Russie méridionale, alla résider à Odessa, où il exerça une puissante influence sur les catholiques et les protestants et parmi les classes supérieures des Russes. Les machinations de l’Église catholique romaine et de l’Église grecque ont poussé Gossner et Lindl à quitter la Russie en J.-C. Année 1824. Ils rejoignent ensuite l’église évangélique Lindl à Barmen et Gossner à Berlin. Lindl dérive de plus en plus vers le fanatisme mystico-apocalyptique ; mais Gossner, d’après J.-C. 1829 jusqu’à sa mort en A.D. En 1858, comme pasteur de l’église de Bohême à Berlin, il se révéla un évangélique sincère et un ouvrier des plus efficaces. — Le prêtre bavarois Lutz de Carlshuld, influencé par Boos, se consacra au bien-être temporel et spirituel de son peuple, prêcha le Christ comme le sauveur des pécheurs et exhorta à une lecture assidue de la Bible. En apr. J.-C. En 1831, avec 600 membres de sa congrégation, il se joignit à l’Église protestante ; mais pour éviter d’être séparé de son peuple bien-aimé, il revint au bout de dix mois, et la plus grande partie de ses ouailles avec lui, conservant toujours ses convictions évangéliques. Il ne fut cependant pas rétabli dans ses fonctions, et par la suite, en A.D. En 1857, avec trois prêtres catholiques du diocèse, il s’attacha aux Irvingites et fut excommunié avec eux.
187.3. Tendances libérales-scientifiques. — Von Wessenberg, en tant que vicaire général du diocèse de Constance, introduisit des réformes administratives si radicales qu’elles déplaisèrent au nonce de Lucerne et à la curie romaine. Il s’efforça aussi, sans succès, de rétablir une Église nationale catholique allemande. Dans la retraite de ses dernières années, il écrivit une histoire des synodes ecclésiastiques des XVe et XVIe siècles, qui offensa beaucoup les ultramontains. — Le P. von Baader, de Munich, s’exprima si fortement contre l’absolutisme du système pontifical que le ministre ultramontain, Von Abel, suspendit ses conférences sur la philosophie de la religion en an J.-C. Année 1838. Il offensa encore plus par son travail sur le catholicisme oriental et occidental, dans lequel il préférait le premier au second.546 Le talentueux Hirscher de Fribourg, plus intéressé par ce qui est chrétien que par ce qui est catholique, ne put être convaincu de céder le service du parti aux ultramontains. Ils persécutèrent implacablement Léop. Schmid, dont les spéculations théosophiques avaient tant contribué à restaurer le prestige de la théologie à Giessen, et avaient complètement discrédité leurs prétentions. Lorsque ses ennemis s’opposèrent avec succès à sa consécration comme évêque de Mayence en A.D. En 1849, il démissionne de son poste de professeur et rejoint la faculté de philosophie. Aiguillonné par les attaques venimeuses de ses adversaires, il s’avança vers une position plus extrême et finit par déclarer « qu’il était obligé de renoncer à l’Église spécifiquement catholique romaine tant qu’elle refuserait de reconnaître la vraie valeur de l’Évangile ».
187.4. Tendances radicales-libérales. — Les frères Theiner de Breslau ont écrit dans A.D. 1828 contre le célibat du clergé ; mais par la suite Jean s’attacha aux catholiques allemands, et en A.D. 1833 Augustin retourna à son allégeance à Rome ( 191, 7). la révolution de Juillet à Paris, le prêtre Lamennais, jadis partisan zélé de l’absolutisme, devint l’apôtre enthousiaste du libéralisme. Son journal L’Avenir, A.D. 1830-1832, fut l’organe du parti, et ses Paroles d’un Croyant, A.D. L’année 1834, dénoncée par le pape comme d’une méchanceté indicible, fit une sensation sans précédent. Cependant, l’effort d’unir des éléments tout à fait incongrues conduisit à l’éclatement progressif de l’école, et Lamennais lui-même se rapprocha de plus en plus des principes du socialisme moderne. Il mourut en apr. J.-C. Année 1854. L’un de ses associés les plus talentueux au sein de l’équipe de l’Avenir était le célèbre orateur Lacordaire, A.D. 1802-1861. À la suite de la dénonciation du journal par Grégoire en A.D. 1832 Lacordaire se soumet à Rome, entre dans l’ordre dominicain en A.D. En 1840, il écrivit une vie de Dominique dans laquelle il faisait l’éloge de l’Inquisition ; mais son éloquence attirait encore les foules à Notre-Dame. Finalement, il tomba complètement sous l’influence des jésuites.
187.5. Tentatives de réforme dans le gouvernement de l’Église. 1861 Liverani, aumônier et notaire apostolique du pape, dénonça la scandaleuse mauvaise gestion d’Antonelli, la corruption du sacré collège, la démoralisation du clergé romain et les projets ambitieux des jésuites, recommanda la restauration du saint empire romain germanique, non pas aux Allemands, mais aux Italiens : le pape conférerait au roi d’Italie par l’autorité divine le titre et les privilèges d’empereur romain. qui, de son côté, se chargerait comme mandataire pontifical de l’administration politique des États de l’Église. Mais en A.D. En 1873, il demanda et obtint du pape le pardon de ses erreurs. Les passaglia jésuites exprimèrent leur approbation enthousiaste des mouvements de Victor-Emmanuel et de l’idéal de Cavour d’une « Église libre dans un État libre ». Il fut expulsé de son ordre, son livre fut mis à l’Index, mais le gouvernement italien le nomma professeur de philosophie morale à Turin. Finalement, il rétracta tout ce qu’il avait dit et écrit. Dans la préface de son exposé populaire des évangiles de 1874, le père jésuite Curci insistait sur l’opportunité d’une réconciliation entre le Saint-Siège et le gouvernement italien, et exprimait sa conviction que les États ecclésiastiques ne seraient jamais restaurés. Cette année-là, il s’adressa au pape en des termes similaires et, refusant de se rétracter, il fut expulsé de son ordre en J.-C. Année 1877. Léon XIII. par des mesures amicales, il tenta de le faire abjurer, mais sans succès. La condamnation de ses livres a conduit à leur diffusion plus large. En apr. J.-C. En 1883, il accusa le Saint-Siège d’être coupable du schisme impie entre l’Église et l’État ; mais l’année suivante, il se rétracta de tout ce que le pape considérait dans ses écrits comme contraire à la foi, à la morale et à la discipline de l’Église catholique.
187.6. Tentatives de fondation d’Églises catholiques nationales. — Après la révolution de juillet de l’an J.-C. 1830 l’abbé Châtel de Paris se fit consacrer évêque d’une nouvelle secte par un nouveau dignitaire templier ( 210, 1) et devint primat de l’Église catholique française, dont le credo ne reconnaissait que la loi de la nature et considérait le Christ comme un simple homme. Après la formation de diverses congrégations, elle fut réprimée par la police en A.D. Année 1842. L’abbé Helsen de Bruxelles s’efforça beaucoup plus sérieusement de faire passer l’Église de sa patrie de l’antéchrist au vrai Christ. Son Église catholique apostolique a été dissoute en 1940. 1857 et ses restes rejoignirent les protestants. La fondation de l’Église catholique allemande en A.D. L’année 1844 s’annonçait plus durable. Au mois d’août de la même année, Arnoldi, évêque de Trèves, exposa le saint manteau qui y était conservé et attira un million et demi de pèlerins à Trèves (188, 2). Un prêtre suspendu, Ronge, dans une lettre à l’évêque, dénonce le culte des reliques, cherchant à se faire passer pour le Luther du XIXe siècle. En août 1844, Czerski de Posen s’était séparé de l’Église catholique et, en octobre, il avait fondé l’Église apostolique catholique chrétienne, dont le credo incarnait les négations sans les croyances positives des confessions protestantes, tout en maintenant à d’autres égards les articles fondamentaux de la foi chrétienne. Pendant ce temps, Ronge forma des congrégations dans toutes les régions d’Allemagne, à l’exception de la Bavière et de l’Autriche. Une assemblée générale tenue à Leipzig en mars 1845 mit en lumière le déplorable nihilisme religieux des dirigeants du parti. Czerski, qui refusait d’abandonner la doctrine de la divinité du Christ, se retira de la conférence, mais Ronge organisa une procession triomphale à travers l’Allemagne. Sa vacuité, cependant, devint si évidente que ses partisans eurent honte de leur enthousiasme pour le nouveau réformateur. Ses congrégations commencèrent à se disloquer ; Beaucoup se retirèrent, plusieurs des chefs jetèrent le masque de la religion et adoptèrent le rôle de révolutionnaires politiques. Après la colonisation qui suivit les troubles de l’A.D. En 1848, les restes de ce parti disparaissent.547
187.7. Le clergé inférieur d’Italie, après l’émancipation politique de Naples de la domination des Bourbons en A.D.En 1860 , aspirait à être délivrée de la tyrannie cléricale et fondée en 1860 . 1862 une société dans le but d’établir une église nationale italienne indépendante de la curie romaine. Quatre églises napolitaines furent mises à la disposition de la société par le ministre Ricasoli, mais en 1865, un accord ayant été conclu entre la curie et le gouvernement, les évêques furent rappelés et les églises restaurées. Des milliers d’entre eux, pour se sauver de la famine, se soumirent à la famine, mais un petit groupe resta fidèle. Encouragé par les événements de 1870 ( 135, 3 ; 189, 3), ils purent rédiger en 1875 une « déclaration dogmatique » pour « l’Église d’Italie indépendante de la hiérarchie romaine », qui, en effet, en plus des Saintes Écritures, admettait l’autorité de l’Église universelle comme gardienne et interprète infaillible de la vérité révélée, mais n’acceptait comme contraignantes que les sept premiers conciles œcuméniques. La même année, l’évêque Turano de Girgenti excommunia cinq prêtres de la ville silicienne de Grotta comme adversaires du programme et du dogme de l’infaillibilité. Tout le clergé de la ville, au nombre de vingt-cinq, renonça alors à son obéissance à l’évêque et, avec l’approbation des habitants, se déclara en faveur de la « déclaration ». Au nord de Rome, ce mouvement fit peu de progrès ; mais, en 1875, trois villages du diocèse de Mantoue réclamèrent l’ancien privilège de choisir leur propre prêtre, et l’évêque et les autres autorités furent obligés de céder. Le mouvement napolitain, cependant, dans son ensemble, semble se perdre dans le sable.
187.8. Le Français Charles Loyson, connu sous son nom de moine carmélite du Père Hyacinthe, fut protégé des Jésuites par l’archevêque Darboy lorsqu’il invectiva les corruptions de l’Église, et même Pie IX, lors de sa visite à Rome en 1868, le traita avec faveur. Le général de son ordre lui ayant imposé le silence, il annonça publiquement sa sécession de l’ordre et apparut comme un « prédicateur de l’Évangile », réclamant d’un futur concile général une réforme radicale de l’Église, protestant contre la falsification de l’évangile du Fils de Dieu par les jésuites et le syllabus papal. Il a ensuite été excommunié. En apr. J.-C. En 1871, il rejoignit les Vieux-Catholiques allemands ( 190, 1) ; et bien qu’il les offensât par son mariage, cela n’empêcha pas les vieux-catholiques de Genève de le choisir pour pasteur. Mais au bout de dix mois, parce qu’il « ne cherchait pas le renversement, mais la réforme de l’Église catholique, et qu’il réprouvait le despotisme de la populace aussi bien que celui du clergé, l’infaillibilité de l’État aussi bien que celle du pape », il se retira et retourna à Paris, où il s’efforça d’établir une Église nationale française libre de Rome et du pape. Le ministre ecclésiastique Broglie, cependant, l’obligea à se limiter à des conférences morales et religieuses. En février 1879, il fait construire une chapelle dans laquelle il prêche le dimanche et célèbre la messe en langue française. Il chercha à s’allier avec les chrétiens catholiques suisses, dont l’évêque, Herzog, lui rendit la pareille, et avec l’Église anglicane, qui lui répondit amicalement. Mais que ce « maïs de semence » d’une « Église catholique gallicienne » puisse jamais devenir une plante pleinement développée, c’était dès le début rendu plus que douteux par la nature particulière du semeur, ainsi que de la semence et du sol.
La restauration de l’ordre des Jésuites conduisit, pendant le long pontificat de Pie IX, à la renaissance et à la prospérité jusque-là inégalée de l’ultramontanisme, surtout en France, dont les évêques jetèrent par-dessus bord les libertés gallicanes ( 156, 3 ; 203, 1), et en Allemagne, où les princes protestants eux-mêmes l’encourageaient avec un étrange engouement. Même le bas clergé fut formé dès sa jeunesse aux idées hiérarchiques, et, sous la domination despotique de ses évêques, et sous le règne de la terreur exercé par les espions et les tribunaux secrets, il fut contraint de continuer à professer l’absolutisme le plus strict.
188.1. La propagande ultramontaine. — En France, l’ultramontanisme renaît avec la Restauration. Son premier et plus habile prophète fut le comte de Maistre, A.D. 1754-1821, longtemps ambassadeur de Sardaigne à Saint-Pétersbourg. Il a écrit contre les vues modernes des relations de l’Église et de l’État, soutenant l’infaillibilité, l’absolutisme et l’inviolabilité du pape. Il est soutenu par Bonald, Chateaubriand, Lamartine, Lamennais, Lacordaire et Montalembert. Seul Bonald maintint cette attitude. Entre lui et Chateaubriand, un différend s’éleva au sujet de la liberté de la presse ; Lamennais et Lacordaire commencèrent à mêler le radicalisme politique à leur ultramontanisme ; Lamartine s’engagea dans la révolution de février 1848 en apôtre de l’humanité ; et Montalembert se mit à mi-chemin. En 1840, Louis Veuillot fonda l’Univers Religieux à la place de l’Avenir, dans lequel, jusqu’à sa mort en 1883, il défendit l’ultramontanisme le plus extrême. Görres, professeur d’histoire à Munich, a représenté la Réforme comme une seconde chute, et a présenté les légendes des ascètes dans son « Histoire du mysticisme » comme une histoire saine. Les évêques allemands se mirent en devoir de former le clergé à des vues hiérarchiques, et, par une règle de terreur, ils empêchèrent toute déviation de cette théorie. L’ultramontanisation des masses s’est poursuivie par des missions et par l’établissement de confréries et de sororités. Au début de l’ère A.D. En 1860, il n’y avait que treize journaux ultramontains avec très peu d’abonnés, tandis qu’en janvier 1875, il y en avait trois cents. La plus importante était la Germanie, fondée à Berlin en 1871. — La Civiltà Cattolica de Rome a toujours été révisée avant sa publication par Pie IX et sous Léon XIII. une position similaire est occupée par le Moniteur de Rome, tandis que l’Osservatore Romano et la Voce della verità ont également un caractère officiel.
188.2. Miracles.—Le prince Hohenlohe parcourut plusieurs parties de l’Allemagne, de l’Autriche et de la Hongrie, accomplissant des guérisons miraculeuses ; mais son jour de faveur passa bientôt, et il s’installa comme écrivain d’ouvrages ascétiques.― Les pèlerinages aux sanctuaires miraculeux furent encouragés par les rapports de guérisons opérées sur la petite-nièce de l’évêque de Cologne ( 193, 1), guéri d’une maladie de l’articulation du genou avant le saint manteau de Trèves ( 187, 6). Soumis à l’examen, le prétendu manteau sans couture s’est avéré être un peu de l’enveloppe de laine grise d’un coûteux vêtement byzantin de soie d’un pied de large et d’un pied de long.
Dans de nombreux cas, on a constaté que ces marques avaient été faites frauduleusement, mais dans d’autres cas, on peut se demander si nous n’avions pas ici un problème pathologique, ou si l’hystérie a créé un désir de tromper ou prédisposé le sujet à être dupé sous l’influence cléricale. Anna Cath. Emmerich, religieuse de Dülmen en Westphalie, en 1812, a déclaré avoir sur son corps des marques de blessures sanglantes du Sauveur. Pendant cinq ans, jusqu’à sa mort en 1824, le poète Brentano s’assit à ses pieds, la vénérant comme une sainte et écoutant ses révélations extatiques sur la mort et les souffrances du Rédempteur et de sa mère. Overberg, Sailer et Von Stolberg étaient également satisfaits de l’authenticité de ses révélations et de la marque miraculeuse de son corps. Le médecin Von Drussel examina les empreintes des plaies et les certifia miraculeuses ; mais Bodde, professeur de chimie à Münster, a prononcé les taches de sang produites par le sang de dragon. Des médecins compétents ont déclaré qu’elle était une femme hystérique incapable de faire la distinction entre le rêve et la réalité, la vérité et le mensonge, l’honnêteté et la tromperie. D’autres célébrités dans la même lignée étaient Maria von Wörl, Dominica Lazzari et Crescentia Stinklutsch ; ainsi que Dorothea Visser de Hollande et Juliana Weiskircher de la région de Vienne.
188.4. D’un genre très douteux étaient les marques miraculeuses de Louise Lateau, fille d’un mineur belge. Le 24 avril 1868, on dit qu’elle a été marquée de l’empreinte des blessures du Sauveur sur les mains, les pieds, le côté, le front et les épaules. En juillet, A.D. En 1868, elle tomba dans une extase dont elle ne pouvait être réveillée que par son évêque ou par un évêque autorisé par lui. Des médecins dignes de confiance, après un examen médical minutieux, rapportèrent qu’elle souffrait d’une maladie qu’ils proposaient d’appeler « neuropathie stigmatique ». L’analyse chimique a prouvé la présence de nourriture qui avait été prise régulièrement, probablement dans une transe somnambulique. Au cours de l’été de 1875, sa sœur mit un terme à l’affaire en refusant l’entrée du clergé dans la maison, et elle fut alors obligée de manger, de boire et de dormir comme les autres chrétiens, de sorte que les marques sanglantes du vendredi disparurent. Mais maintenant, disent les journaux ultramontains, Louise tomba dangereusement malade, et le clergé fut appelé à son secours, et les marques étaient de nouveau visibles. Son protecteur, Mgr Dumont de Tournay, ayant été déposé par le pape en 1879, elle prit part à la lutte contre son successeur, et fut menacée d’excommunication ( 200, 7). Elle était maintenant abandonnée par les ultramontains et le clergé belge, et traitée comme une pauvre invalide faible d’esprit. Elle mourut négligée et dans l’obscurité en apr. J.-C. Année 1883.
188.5. Les pseudo-stigmatisations n’ont pas manqué, même dans les temps les plus récents. En 1845, Caroline Beller, une jeune fille de quinze ans, en Westphalie, fut examinée par un médecin habile. Le jeudi, il étendit une toile de lin sur les traces des plaies, et le vendredi, elle était marquée de taches de sang ; mais aussi des bandes de papier posées dessous, à son insu, ont été piquées avec des aiguilles. La délinquante avoua alors sa supercherie, qu’elle avait été tentée de commettre en lisant les œuvres de François d’Assise, de Catherine de Sienne et d’Emmerich. Theresa Städele en 1849, Rosa Tamisier en 1851 et Angela Hupe en 1863 ont été reconnues coupables d’avoir frauduleusement prétendu avoir des stigmates. Il fut prouvé que celle-ci avait feint la surdité et la boiterie pendant une année entière, qu’elle avait lu assidûment les écrits d’Emmerich en 1861, qu’elle avait montré au médecin des plaies saignantes fraîches aux mains, aux pieds et au côté, et qu’elle avait affirmé qu’elle n’avait ni mangé ni bu depuis un an. Quatre sœurs de la miséricorde ont été envoyées pour l’assister, et elles ont rapidement découvert la supercherie. En 1876, le père confesseur d’Ernestine Hauser fut poursuivi pour dommages et intérêts, ayant porté atteinte à la santé de la jeune fille par le traitement sévère auquel elle avait été soumise afin de provoquer l’extase et d’obtenir l’occasion d’imprimer les stigmates. Sabina Schäfer, de Bade, dans sa dix-huitième année, avait porté pendant deux ans la réputation d’une sainte miraculeuse, qui montrait tous les vendredis les cinq empreintes de plaies, et disait en extase qui était en enfer et qui était au purgatoire. Elle prétendait vivre sans nourriture, bien qu’elle se rendît souvent à la cuisine pour prier seule, et qu’elle emportât même de la nourriture avec elle pour la donner à son ange gardien afin qu’il la porte aux pauvres éloignés. Lorsqu’elle fut surveillée en 1880, elle chercha à soudoyer son tuteur pour qu’il lui apporte de la viande et de la boisson, des fragments de nourriture furent trouvés parmi ses vêtements, ainsi qu’une fiole avec du sang et un instrument pour percer la peau. Elle a avoué sa culpabilité et a été condamnée par le tribunal correctionnel de Bade à dix semaines d’emprisonnement. L’ultramontain Pfälzer Bote se plaignait que les soi-disant libéraux empiètent impitoyablement sur les droits de l’Église et de la famille.
188.6. Manifestations de la Mère de Dieu en France. — La plus célèbre de ces manifestations eut lieu en 1858 à Lourdes, où, dans une grotte, la Vierge apparut à plusieurs reprises à une paysanne de quatorze ans, presque imbécile, nommée Bernadette Soubirous, disant : « Je suis l’Immaculée Conception », et pressant l’érection d’une chapelle à cet endroit. Un puits miraculeux a jailli là-haut. Depuis 1872, les pèlerinages sous l’approbation de la hiérarchie ont été d’une magnificence sans exemple, et les guérisons en nombre et en importance surpassant de loin tout ce dont on avait entendu parler auparavant. — Au village de La Salette, dans le département de l’Isère, en 1846, deux pauvres enfants, un garçon de quinze ans et une fille de onze ans, virent une belle dame vêtue de blanc assise sur une pierre et versant des larmes. Et voici, de l’endroit où son pied reposait jaillissait un puits, où d’innombrables guérisons ont été opérées. L’épidémie de visions de la Vierge atteint son paroxysme en Alsace Lorraine en 1872. Dans un bois près du village de Gereuth, des foules de femmes et d’enfants se rassemblèrent, professant avoir des visions de la mère de Dieu ; Mais quand la police est apparue pour protéger la forêt, l’engouement pour les manifestations s’est répandu dans tout le pays, et dans trente-cinq stations, on a eu des visions presque quotidiennes. L’épidémie atteignit son paroxysme au mois de Marie, en mai 1874, et continua par intervalles jusqu’à la fin de l’année. Dans certains cas, la tromperie a été prouvée ; mais, en général, elle semblait être le résultat d’une imagination maladive et d’une illusion sur soi-même, encouragée par les pourvoyeurs spéculatifs, la presse et le clergé ultramontains.
188.7. Manifestations de la Mère de Dieu en Allemagne.—Dans l’été de 1876, trois jeunes filles de huit ans du village de Marpingen, dans le département de Trèves, virent près d’un puits une dame vêtue de blanc, avec l’auréole au-dessus de la tête et un enfant dans les bras, qui se faisait connaître sous le nom de la Vierge immaculée, et demanda l’érection d’une chapelle. Une voix du ciel dit : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, etc. Il y avait aussi des processions et des chœurs d’anges, etc. Le diable aussi apparut et leur ordonna de se prosterner et de l’adorer. Des milliers de personnes accoururent de loin et de près, et l’eau de la fontaine opérait des guérisons miraculeuses. Le clergé des environs fit une affaire lucrative d’envoyer de l’eau en Amérique, et la Germanie de Berlin ne se lassa pas de faire ses louanges. Devant la cour de justice, les enfants avouèrent la fraude et furent condamnés à la maison de correction ; et bien que ce jugement ait été annulé pour des raisons techniques, la Cour suprême d’appel en 1879 a déclaré que toute l’affaire était une escroquerie scandaleuse et honteuse. — Weichsel, prêtre de Dittrichswald en Ermland, qui a acquis une grande réputation comme exorciste, a fait un pèlerinage à Marpingen dans l’été de 1877, et à son retour a fait un tel récit de ce qu’il avait vu à sa classe de communiants que l’un d’eux, puis l’autre ont vu la mère de Dieu à un érable, qui est également devenu un lieu de villégiature favori pour les pèlerins.
188.8. Canonisations. — Quand, en 1825, Léon XII. canonisa un moine espagnol Julianus, qui, entre autres miracles, avait fait s’envoler des oiseaux rôtis de la broche, les esprits romains remarquèrent qu’ils préféreraient un saint qui mettrait des oiseaux à la broche pour eux. Saint Liguori a été canonisé par Grégoire XVI. en 1839. Pie IX. canonisé cinquante-deux et béatifié vingt-six des martyrs du Japon. Les franciscains avaient cherché auprès d’Urbain VIII. en 1627 canonisation de six missionnaires et dix-sept convertis japonais martyrisés en 1596 ( 150, 2), mais ils ont été refusés parce qu’ils ne voulaient pas payer 52 000 thalers romains pour ce privilège. Pie IX. et y compris trois missionnaires jésuites. À la Pentecôte 1862, la célébration eut lieu, au milieu des acclamations, des coups de canon et des sonneries de cloches. En 1868, l’infâme président du tribunal hérétique Arbúes [Arbires] ( 117, 2) a reçu cette distinction. Le nombre des doces ecclesiæ fut augmenté par Pie IX. par l’adjonction d’Hilaire de Poitiers en 1851, de Liguori en 1870 et de François de Sales en 1877. Et Léon XIII. canonisa quatre nouveaux saints, dont le plus distingué fut le mendiant français, Bened. Jos. Labre, qui, après avoir été rejeté par les chartreux, les cisterciens et les trappistes comme inenseignable, fit un pèlerinage à Rome, où il demeura quinze ans dans une pauvreté abjecte, et mourut en 1783 dans sa trente-sixième année.
188.9. Découvertes de reliques. — Les catacombes romaines continuèrent encore à répondre à la demande de reliques des saints pour les autels nouvellement érigés. Vers la fin de l’an J.-C. 1870 l’archevêque de Saint-Iago de Compostelle ( 88, 4) fit des fouilles dans la crypte de sa cathédrale, à la suite d’une vieille tradition selon laquelle les ossements de l’apôtre Jacques l’Ancien, le prétendu fondateur de l’église, y avaient été déposés, et il réussit à découvrir un cercueil de pierre avec les restes d’un squelette. Le rapport en fait à Pie IX. donna lieu à la nomination d’une commission de sept cardinaux qui, après des années d’examen minutieux de toutes les questions historiques, archéologiques, anatomiques et locales, soumirent leur rapport à Léon XIII, sur quoi, en novembre 1884, il publia un « bref apostolique », par lequel il déclarait (sans publier le rapport) l’authenticité indubitable des ossements découverts comme ex constanti et pervulgato apud omnes sermone jam ab Apostolorum ætate memoriæ prodita, a déclaré les reliques généralement perennes fontes, d’où jaillit la dona cælestia comme des ruisseaux parmi les nations chrétiennes, et attire l’attention sur le fait que c’est précisément dans ce siècle, dans lequel la puissance des ténèbres s’est levée en lutte contre le Seigneur et son Christ, que ces reliques et aussi beaucoup d’autres « divinitus » ont été découvertes, comme, par exemple, les ossements de saint François, de sainte Claire, de l’évêque Ambroise, des martyrs Gervasius et Protasius, des apôtres Philippe et Jacques le Mineur, dont l’authenticité avait été attestée par ses prédécesseurs Pie VII. et Pie IX.
188.10. Le sang de saint Janvier, martyr du siècle de Dioclétien, se liquéfie trois fois par an pendant huit jours, et à l’occasion de tremblements de terre et de calamités semblables à Naples, le sang est apporté dans deux fioles par une matrone près de la tête du saint ; s’il se liquéfie, le signe est favorable aux Napolitains, s’il reste épais défavorable ; mais, dans l’un et l’autre cas, elle forme un puissant moyen d’agitation entre les mains du clergé. Les incroyants osent suggérer que ce precioso sangue del taumaturgo S. Gennaro n’est pas du sang, mais un mélange qui devient liquide par la chaleur de la main et la chaleur de l’air dans la pièce bondée, une sorte de produit cétacé coloré en rouge.
188.11. Environ 100 membres du clergé, vingt porte-drapeaux, 150 musiciens, 10 000 sauteurs, 3 000 mendiants et 2 000 chanteurs participent à la procession bondissante à Echternach au Luxembourg, qui est célébrée chaque année le mardi de Pentecôte. On en parlait au XVIe siècle comme d’une coutume ancienne. Après un sermon « passionnant », le cortège se forme en rangées de quatre à six personnes liées entre elles par des mouchoirs de poche tenus à la main ; On joue la danse de Wilibrord, et tous sautent au rythme de la musique, cinq pas en avant et deux en arrière, ou deux en arrière et trois en avant, variés de trois ou quatre sauts à droite, puis autant à gauche. C’est ainsi que le cortège traverse les rues de la ville jusqu’à l’église paroissiale, monte les soixante-deux marches de l’escalier de l’église et longe les bas-côtés de l’église jusqu’au tombeau de Wilibrord (78, 3). La danse se poursuit sans relâche pendant deux heures. Les interprètes le font généralement à cause d’un vœu, ou comme pénitence pour une faute, ou pour obtenir l’intercession du saint pour la guérison de l’épilepsie et des crises convulsives, courantes dans cette région, principalement en raison sans doute de ces procédés insensés. L’origine de cette coutume est obscure. La tradition raconte que peu de temps après la mort de Wilibrord une maladie apparut parmi le bétail qui sautait sans cesse dans les stalles, jusqu’à ce que le peuple se rende en procession au tombeau de Wilibrord et que la peste fût arrêtée ! Mais la coutume est probablement une adaptation chrétienne d’une ancienne danse de la fête du printemps de l’époque païenne ( 75, 3 ; comp. 2 Sam. vi. 14).
188.12. La dévotion du Sacré-Cœur.—Même après la suppression de l’ordre des Jésuites, la dévotion du Sacré-Cœur (156, 6) pratiquée avec zèle par les ex-jésuites et leurs amis. Lors de la restauration de l’ordre, de nombreuses confréries et sororités, surtout en France, se consacrèrent à cet exercice, et le mouvement de revanche de l’A.D. 1870 en fit l’un de ses instruments les plus puissants. Des foules de pèlerins affluaient à Paray le Monial, et là, agenouillés devant le berceau de Bethléem, ils imploraient le sacré-cœur de Jésus de sauver la France et Rome, et le refrain de tous les chants des pèlerins : « Dieu, de la clémence... sauvez Rome et la France au nom du sacré-cœur », est devenue la Marseillaise spirituelle de la France retournant au bercail catholique. Avec l’argent récolté sur l’ensemble du terrain, une belle église du Sacré-Cœur a été érigée sur Montmartre à Paris. On apporta alors de Rome la bonne nouvelle que le Saint-Père avait résolu, le 16 juillet 1875, vingt-neuvième anniversaire de son accession au trône pontifical et bicentenaire des grands événements de Paray-le-Monial, que le monde entier adorerait le Sacré-Cœur. En France, ce jour fut fixé pour la pose de la première pierre de l’église de Montmartre, et l’archevêque de Cologne, Paul Melchers, ordonna à l’Allemagne catholique de montrer plus de zèle dans l’adoration du Sacré-Cœur, « ordonnée par révélation divine » deux cents ans auparavant.
188.13. Amulettes ultramontaines. — Les Carmélites adoptèrent un brun, les Trinitaires un blanc, les Théatins un bleu, les Servites un noir, et les Lazarites un scapulaire rouge, assurés par des visions divines que leur port était un moyen de salut. Un tract, intitulé « Gnaden und Ablässe des fünffachen Skapuliers », publié par l’autorité épiscopale de Münster en 1872, déclarait que tout laïc qui porterait les cinq scapulaires participerait à toutes les grâces et indulgences qui leur appartiennent. Le plus utile de tous était le scapulaire carmélitain, impénétrable aux balles, imperméable aux poignards, rendant les chutes inoffensives, calmant les mers orageuses, éteignant les incendies, guérissant les possédés, les malades, les blessés, etc. — Les Bénédictins n’avaient pas de scapulaires, mais ils avaient des médailles de bénédicte, dont ils tiraient un riche revenu. Cette amulette a fait son apparition pour la première fois à l’abbaye bavaroise de Metten. Le tract, intitulé « St. Benediktusbüchlein oder die Medaille d. h. Benediktus, publié à Münster en 1876, raconte comment il guérit les maladies, soulage les maux de dents, arrête les saignements du nez, guérit les brûlures, surmonte l’envie de boire, protège des attaques des mauvais esprits, retient les chevaux nerveux, guérit le bétail malade, débarrasse les vignes du mildiou, assure la conversion des hérétiques et des impies, etc. En 1878, parut à Mayence, avec l’approbation de l’évêque, un livre dans sa troisième édition, intitulé : Der Seraphische Gürtel und dessen wunderbare Reichtümer nach d. Franz. d. päpstl. Hausprälaten Abbé v. Segur », d’après lequel Sixte V. en 1585 fonda l’Archiconfrérie de la Ceinture de Saint-François. Il affirme aussi que quiconque porte cette ceinture jour et nuit et répète les six paternosters prescrits, participe à toutes les indulgences de la terre sainte et de toutes les basiliques et sanctuaires de Rome et d’Assise, et a le droit de libérer 1 000 âmes par jour du purgatoire. biens et biens, sont attribués par les Jésuites à « l’eau bénite de saint Ignace » ( 149, 11), dont la vente en Belgique, en France et en Suisse leur a été une affaire lucrative. Mais la mère de Dieu elle-même les a favorisés d’une eau miraculeuse encore plus puissante dans les fontaines de Lourdes et de Marpingen.
188.14. Nous donnons en terminant un spécimen de l’éloquence ultramontaine de la chaire. Un prêtre bavarois, Kinzelmann, a dit dans un sermon en 1872 : « Nous, les prêtres, nous sommes aussi loin au-dessus de l’empereur, des rois et des princes que le ciel est au-dessus de la terre... Les anges et les archanges se tiennent au-dessous de nous, car nous pouvons, à la place de Dieu, pardonner les péchés. Nous occupons une position supérieure à celle de la mère de Dieu, qui n’a enfanté le Christ qu’une seule fois, alors que nous le créons et l’engendrons chaque jour. oui, en un sens, nous sommes au-dessus de Dieu, qui doit toujours et partout nous servir, et qui, à la consécration, doit descendre du ciel sur la messe », etc. — Apothéose du sacerdoce digne du moyen âge.
Immédiatement après Pie IX. avait, à l’occasion du centenaire de saint Pierre en 1867, laissé entendre qu’un concile général pourrait être convoqué à une date rapprochée, la Civiltà Cattolica de Rome fit des déclarations distinctes selon lesquelles les questions les plus importantes à discuter seraient la confirmation du programme (185, 2), la sanction de la doctrine de l’absolutisme pontifical dans l’esprit de la bulle Unam sanctam de Boniface VIII. ( 110, 1), et la proclamation de l’infaillibilité papale. La Civiltà avait déjà enseigné que « quand le pape pense, c’est Dieu qui pense en lui ». Lorsque le concile s’ouvrit le jour de l’Immaculée Conception, le 8 décembre 1869, le jésuite Catrilla employa tous les artifices imaginables d’habile diplomatie, de cajoleries amicales et de violentes menaces de la part du pape, afin de réduire au silence ou de gagner et, au cas où cela ne pourrait se faire, d’étouffer et de réprimer l’opposition qui, même déjà, n’était pas négligeable en nombre. mais beaucoup plus important au point de vue de l’influence morale, théologique et hiérarchique. Le résultat recherché a été obtenu. Sur les 150 premiers adversaires, cinquante seulement osèrent maintenir leur opposition jusqu’au bout, et même eux reculèrent lâchement devant un conflit décisif, et écrivirent de leurs diocèses respectifs, comme leur foi catholique les y obligeait, notifiant leur acquiescement le plus complet.
189.1. Histoire préliminaire du concile.— Quand Pie IX. à l’occasion du centenaire de saint Pierre, il fit connaître aux évêques assemblés son intention de convoquer un concile général, et ils exprimèrent leur conviction que, par la bénédiction de la Vierge immaculée, ce serait un moyen puissant d’assurer l’unité, la paix et la sainteté. La convocation formelle a été émise le jour de la Saint-Pierre et de la Saint-Paul de l’année suivante, le 29 juin 1868. Le but pour lequel le concile a été convoqué était généralement énoncé comme suit : sauver l’Église et la société civile de tous les maux qui les menacent, contrecarrer les efforts de tous ceux qui cherchent à renverser l’Église et l’État, déraciner toutes les erreurs modernes et renverser tous les ennemis impies de la chaire apostolique. En Allemagne, l’Assemblée générale catholique, qui se réunit à Bamberg peu de temps après, déclara qu’à partir de ce jour, une nouvelle époque de l’histoire du monde commencerait, car « ou bien le salut du monde résultera de ce concile, ou bien le monde est hors de portée de tout secours ». Cette espérance a prévalu dans tout le monde catholique. Encouragée par les déclarations de la Civiltà Cattolica, l’excitation grandissait de jour en jour. Le savant évêque in partibus Maret, doyen de la faculté de théologie de Paris, se présentait alors comme un éloquent défenseur des libertés gallicanes ; même le catholique jusque-là si strict, le comte de Montalembert, au grand étonnement de tous, prit une attitude hardie et indépendante à l’égard du concile, et protesta énergiquement dans une publication du 7 mars 1870, six jours avant sa mort, contre les intrigues des jésuites et le dogme de l’infaillibilité qu’on se proposait d’autoriser. Mais la plus grande émotion fut occasionnée par l’ouvrage « Der Papst und das Konzil », publié à Leipzig, en 1869, sous le pseudonyme de Janus, dont les véritables auteurs furent Döllinger, Friedrich et Huber de Munich, qui levèrent l’artillerie lourde de l’érudition historique la plus complète contre les intentions évidentes de la curie. Les évêques allemands se réunirent sur la tombe de saint Boniface à Fulda, en septembre 1869, et publièrent de là une lettre pastorale générale à leurs ouailles troublées, déclarant qu’il était impossible que le concile décidât autrement que conformément à l’Écriture sainte et aux traditions apostoliques et à ce qui était déjà écrit dans le cœur de tous les catholiques croyants. Le secrétaire pontifical, le cardinal Antonelli, calma également l’inquiétude des ambassadeurs des puissances étrangères à Rome en leur assurant que le Saint-Siège n’avait en vue ni la confirmation du programme, ni l’affirmation du dogme de l’infaillibilité. C’est en vain que le premier ministre de Bavière, le prince de Hohenlohe, insista pour que les chefs des autres gouvernements s’associent pour prendre des mesures afin d’empêcher que le conseil n’empiète sur les droits de l’État. Les grandes puissances décidèrent de se contenter d’une attitude vigilante et ne répondirent que trop tard à des dénonciations et à des menaces sérieuses.
189.2. Organisation du concile.—Sur 1.044 prélats habilités à prendre part au concile, 767 se présentèrent, dont 276 Italiens et 119 évêques in partibus, tous satellites souples de la curie, ainsi que le plus grand nombre d’évêques missionnaires, qui, avec leurs assistants dans la propagande, furent soutenus aux frais du Saint-Père. Les soixante-deux évêques des États pontificaux étaient doublement soumis au pape, et des quatre-vingts évêques espagnols et sud-américains, il fut affirmé à Rome qu’ils seraient prêts, sur l’ordre du Saint-Père, à définir la Trinité comme composée de quatre personnes. Quarante cardinaux italiens et trente généraux d’ordres étaient également fiables. Les races romanes n’étaient pas représentées par moins de 600, les Allemandes par quatorze au plus. Pour la première fois depuis la tenue des conciles généraux, les laïcs étaient entièrement exclus de toute influence dans les délibérations, même les ambassadeurs des puissances catholiques et tolérantes. L’ordre du jour dressé par le pape était arrangé dans tous ses détails de manière à paralyser l’opposition. Le droit de tous les pères du concile de faire des propositions fut certes concédé, mais un comité choisi par le pape décida de leur recevabilité. Des commissions spéciales, dont les présidents étaient nommés par le pape, les projets de décrets étaient envoyés à la congrégation générale, où le président pouvait à volonté interrompre tout orateur et lui demander de se rétracter. Au lieu de l’unanimité requise par le droit canonique en matière de foi, une majorité simple de voix a été déclarée suffisante. Une protestation formelle de la minorité contre ces propositions inconstitutionnelles et d’autres semblables n’a pas été entendue. Les délibérations ont effectivement été notées par des sténographes, mais même les membres du conseil n’ont pas été autorisés à voir ces rapports. Les conclusions de la congrégation générale étaient renvoyées pour révision finale aux commissions spéciales, et lorsqu’elles étaient enfin soulevées de nouveau dans les sessions publiques, elles n’étaient pas discutées, mais simplement votées avec un placet ou un non-placet. Le transept droit de Saint-Pierre était le lieu de réunion du concile, dont l’acoustique était aussi mauvaise que possible, mais le pape refusa toute demande d’hébergement plus approprié. D’ailleurs, les divers membres parlaient avec des accents divers, et beaucoup n’avaient qu’une connaissance défectueuse du latin. Bien qu’un secret absolu ait été enjoint sous peine de tomber dans le péché mortel, sous l’excitation de la journée, tant de choses se répandirent et furent si soigneusement rassemblées et passées au crible dans certains cercles romains, qu’une compréhension assez complète fut atteinte aux mouvements intérieurs du concile. C’est de ces sources que l’auteur du Römischen Briefe, que l’on suppose avoir été Lord Acton, ami et érudit de Döllinger, tira la matière de son récit, qui, porté par des messagers fidèles au-delà des limites de l’État pontifical, parvint à Munich et, après une révision minutieuse par Döllinger et ses amis, fut publié dans l’Allg d’Augsbourg. Zeitung. De même, le professeur Friedrich de Munich, qui avait accompagné le cardinal Hohenlohe à Rome en tant que conseiller théologique, a recueilli ce qu’il pouvait apprendre dans les cercles épiscopaux et théologiques dans une revue qui a été publiée à une date ultérieure.
189.3. Délibérations du Conseil.—La première séance publique du 8 décembre 1869 fut occupée par les cérémonies d’ouverture ; la seconde, du 6 janvier, avec la souscription de la confession de foi de la part de chaque membre. Le premier préliminaire était le schéma de la foi, le second celui de la discipline ecclésiastique. Suivait ensuite le schéma sur l’Église et la primauté du pape en trois articles : la position juridique de l’Église par rapport à l’État, la suprématie absolue du pape sur toute l’Église selon les principes du Pseudo-Isidore (87, 2) et les hypothèses de Grégoire VII, Innocent III. et Boniface VIII, reproduites dans les principales propositions du syllabus ( 184, 2), et les grandes lignes d’un catéchisme à appliquer comme manuel pour l’instruction des jeunes dans toute l’Église. Le 6 mars, on ajouta, en complément du schéma de l’Église, un quatrième article sous la forme d’une esquisse du décret d’infaillibilité. Peu de temps après l’ouverture du concile, une agitation dans cette direction avait commencé. Une adresse au pape émanant du collège des Jésuites, demandant cela, fut rapidement signée par 400 abonnés. Une contre-adresse de 137 signatures suppliait le pape de ne pas faire une telle proposition. À la tête de l’agitation en faveur de l’infaillibilité se trouvaient les archevêques Manning de Westminster, Deschamps de Malines, Spalding de Baltimore, et les évêques Fessler de Saint-Pölten, secrétaire du conseil, Senestrey de Ratisbonne, le « renverseur de trônes » (197, 1), Martin de Paderborn, et, comme évêque in partibus, Mermillod de Genève. Parmi les chefs de l’opposition, les plus éminents étaient les cardinaux Rauscher de Vienne, le prince Schwarzenberg de Prague et Matthieu de Besanon, le prince-évêque Förster de Breslau, les archevêques Scherr de Munich, Melchers de Cologne, Darboy de Paris et Kenrick de Saint-Louis, les évêques Ketteler de Mayence, Dinkel d’Augsbourg, Hefele de Rottenburg, Strossmayer de Sirmium, Dupanloup d’Orléans, Le 22 mars, à la suite des discussions sur le Schéma de la Foi, il se produisit une scène orageuse qui, dans son tumulte sauvage, rappelle le honteux Synode des brigands d’Éphèse (52, 4). Lorsque l’évêque Strossmayer s’opposa à l’affirmation faite dans le préambule, que l’indifférentisme, le panthéisme, l’athéisme et le matérialisme qui règnent ces jours-ci sont imputables au protestantisme, comme contraires à la vérité, les pères furieux de la majorité, au milieu des cris et des rugissements, des poings serrés, se précipitèrent sur l’estrade, et le président fut obligé d’ajourner la séance. À la session suivante, la déclaration répréhensible a été retirée et l’ensemble du schéma de la foi a été adopté à l’unanimité lors de la troisième séance publique du concile, le 24 avril. Le schéma de l’Église a été mis à l’étude le 10 mai. La discussion a d’abord et principalement porté sur le quatrième article sur l’infaillibilité du pape. Son fondement biblique a été cherché dans Luc xxii, 32, sa base traditionnelle principalement dans le passage bien connu d’Irénée (34, 8) et sur son approbation supposée par les conciles généraux de Lyon et de Florence ( 67, 4, 6), mais l’accent a été mis sur le fait qu’elle découle nécessairement de la position du pape en tant que représentant du Christ. Dès le début, le parti d’opposition avait affaibli sa position par le comportement d’un grand nombre d’entre eux.Les adhérents qui, d’une part pour ne pas gêner excessivement le pape, et d’autre part pour laisser une porte ouverte à leur retraite, ne contestaient pas la justesse de la doctrine en question, mais insistaient d’autant plus résolument sur l’inopportunité de sa définition formelle comme menaçant l’Église d’un schisme et provoquant des conflits dangereux avec le pouvoir civil. Plus la décision était différée par des débats passionnés, plus le pape jetait tout le poids de son influence dans la balance. Par une bonté envoûtante, il en gagnait quelques-uns, par des paroles acerbes et furieuses, il en terrifiait d’autres. Il dénonçait les opposants comme des ennemis sectaires de l’Église et de la chaire apostolique, et les traitait d’ignorants, d’esclaves des princes et de lâches. Il comptait sur l’aide de la sainte Vierge pour conjurer la menace de division. À la question de savoir s’il considérait lui-même la formulation du dogme comme opportune, il répondit : « Non, mais comme nécessaire. » Pressé par les jésuites, il déclara avec assurance qu’il était notoire que toute l’Église enseignait en tout temps l’infaillibilité absolue du pape ; et, à une autre occasion, il fit taire un modeste doute quant à une tradition sûre par ces mots dictatoriaux : La tradizione sono io, ajoutant l’assurance suivante : « En tant qu’abbé Mastaï, je crois en l’infaillibilité, en tant que pape, je l’ai vécue. » Le 13 juillet, le vote final a été convoqué à la congrégation générale. Il y en avait 371 qui votaient simplement placet, soixante et un placet juxta modum, c’est-à-dire avec certaines modifications, et quatre-vingt-huit non placet. Après une dernière tentative désespérée d’une députation pour obtenir le consentement du pape à une formulation plus douce du décret, l’évêque Ketteler suppliant vainement à genoux de sauver l’unité et la paix de l’Église par quelque petite concession, les cinquante membres jusque-là inébranlables de la minorité rentrèrent chez eux, après avoir émis une déclaration écrite qu’ils devaient continuer à s’en tenir à leur vote négatif. mais, par respect pour la personne du pape, ils refusèrent de l’appliquer à une séance publique. Le lendemain, 18 juillet, eut lieu la quatrième et dernière séance publique : 547 pères votèrent placet et deux seulement, Riccio de Cajazzo et Fitzgerald de Little Rock, non placet. Un violent orage avait éclaté pendant la session et, au milieu du tonnerre et des éclairs, Pie IX, comme « un second Moïse » (Exod. XIX. 16), proclama dans le Pastor æternus la plénipotence et l’infaillibilité absolues de lui-même et de tous ses prédécesseurs et successeurs. — C’est la veille de la proclamation de ce nouveau dogme que Napoléon III. déclara la guerre à la Prusse, à la suite de laquelle le pape perdit les derniers restes de la souveraineté temporelle et toute chance de la rétablir. Sous l’influence du soleil fiévreux de juillet, le conseil se réduisit à 150 membres, et, après que toute la gloire du royaume pontifical eut disparu (185, 3), le 20 octobre, ses séances ont été suspendues jusqu’à des jours meilleurs. Le schéma de la discipline et l’esquisse préliminaire d’un catéchisme n’étaient pas terminés ; un schéma introduit par la suite sur les missions apostoliques a été laissé dans le même état ; et une pétition également pressée par les jésuites pour la définition de l’ascension corporelle de Marie n’avait même pas atteint le stade initial.
189.4. Acceptation des décrets du Conseil.—Toutes les protestations que la minorité avait faites pendant le concile contre l’ordre des travaux déterminé sur et contre toutes les irrégularités qui en résultaient, parce qu’elles n’avaient pas persisté, étaient considérées comme nulles. Leur dernière protestation écrite, qu’ils ont laissée derrière eux, dans laquelle ils refusaient expressément d’exercer leur droit de vote, était également dépourvue de valeur juridique. Et l’assentiment qu’ils donnèrent finalement, sans exception, au point de vue objectif de la loi et de la foi de l’Église catholique, n’était pas le moins du monde nécessaire pour faire apparaître que les décisions du concile, rédigées avec une unanimité telle qu’on n’en avait presque jamais vu auparavant, étaient également valables avec aucun des décrets des conciles plus anciens. Ainsi, les évêques de la minorité, s’ils ne voulaient pas occasionner une scission d’une ampleur sans exemple et des complications, des querelles et des querelles incalculables dans l’Église qui se vantait d’une unité qui avait été jusque-là sa force et son maintien, ne pouvaient rien faire d’autre que de céder à la douzième heure à la demande du pape que « sacrificio dell’intelletto» qu’ils avaient refusé à la dernière minute. Les évêques allemands, qui s’étaient montrés les plus fermes au concile, étaient maintenant dans la plus grande hâte de faire leur soumission. Dès la fin du mois d’août, à Fulda, ils se joignirent à leurs voisins infailliblistes pour adresser une lettre pastorale, dans laquelle ils déclarèrent très solennellement que tous les vrais catholiques, dans la mesure où ils attachaient de l’importance au salut de leur âme, devaient accepter sans condition les conclusions du concile auquel ils étaient parvenus à l’unanimité, et qui ne sont nullement préjudiciées par les « divergences d’opinions » suscitées au cours de la discussion. En même temps, ils exigeaient des professeurs de théologie, des professeurs de religion et des ecclésiastiques de tous les diocèses l’acceptation formelle de ces décrets comme point de vue inviolable de leur enseignement doctrinal ; Ils prirent aussi des mesures contre ceux qui refusaient de se rendre, et les excommunièrent. Même Mgr Hefele, qui n’avait pas signé cette pastorale et qui était d’abord déterminé à ne pas céder ni à s’écarter, finit par céder. Dans sa pastorale proclamant le nouveau dogme, il lui a donné une interprétation tout à fait inadmissible : De même que l’infaillibilité de l’Église, de même celle du pape en tant que maître, ne s’étend qu’aux doctrines révélées de la foi et de la morale, et même en ce qui ne concerne qu’elles ne sont que les définitions proprement dites et non les déclarations introductives, les motifs et les applications, appartiennent au département infaillible. Mais par la suite, il se jeta sans réserve dans les bras de ses collègues réunis à nouveau à Fulda en septembre 1872, où il retrouva également son ami qui partageait les mêmes idées, l’évêque Haneberg de Spires. Cependant, il s’abstint d’exiger l’assentiment exprès de ses anciens collègues de Tübingen et de son clergé, sauvant ainsi le Wurtemberg d’un schisme menaçant. C’est Strossmayer qui résista le plus longtemps, mais lui-même finit par jeter ses armes. Mais beaucoup des professeurs de théologie les plus cultivés et les plus érudits, dégoûtés par le cours que prenaient les événements, se retirèrent du champ et continuèrent en silence à défendre leurs propres opinions. Le clergé inférieur, pour la plupart formé par des bigots ultramontains et tenu dans la poigne de fer d’une stricte discipline hiérarchique, dépassait toutes les bornes dans sa glorification extravagante du nouveau dogme. Et tandis que dans les cercles libéraux des laïcs catholiques, on se moquait et on se moquait de lui, les nobles fanatiques et les masses qui avaient longtemps été habituées à l’atmosphère d’indignation d’une adoration enthousiaste du pape, fléchit le genou dans une dévotion stupide au Dieu pontifical. Mais le cœur courageux d’une noble dame allemande se brisa de chagrin devant l’indignité commise par le décret du Vatican et l’incaractère des évêques allemands envers l’Église dont elle resta jusqu’à son dernier souffle un membre dévoué en esprit. Amalie von Lasaulx, sœur de l’érudit munichois Ernst von Lasaulx (174, 4), à partir de 1849, supérieure des Sœurs de la Miséricorde à l’hôpital Saint-Jean de Bonn, gisait sans espoir de guérison sur un lit de malade où elle avait été amenée par son abnégation et sa fidélité dans l’accomplissement des devoirs de sa vocation, lorsque la supérieure de l’ordre de Nancy lui demanda péremptoirement de renoncer au dogme de l’infaillibilité. Comme elle résistait obstinément et courageusement à toutes les supplications et menaces, à toutes les adjurations et à toutes les importunités cruellement tourmentantes, elle fut destituée de ses fonctions et chassée de la scène de ses travaux, et quand, peu de temps après, en 1872, elle mourut, l’habit de son ordre fut dépouillé de son corps. Les vieux-catholiques de Bonn, dont elle n’avait pas approuvé les démarches, se chargèrent de lui assurer une sépulture chrétienne. L’Autriche y répondit en abolissant le concordat et en interdisant la proclamation des décrets. La Bavière et la Saxe refusèrent leur place ; La Hesse, le Pays de Bade et le Wurtemberg ont déclaré que les conclusions du concile n’avaient pas d’autorité contraignante en droit. La Prusse, en effet, s’en tint à son principe de ne pas s’immiscer dans les affaires intérieures de l’Église catholique, mais, en partie pour elle-même, en partie en tant que puissance dirigeante du nouvel empire allemand, elle adopta une série de lois afin de reprendre ses droits de souveraineté trop facilement abandonnés sur les affaires de l’Église catholique, et de s’assurer contre de nouveaux empiétements de l’ultramontanisme sur le domaine de la vie civile (197).). D’autre part, les États romans, et surtout la France, ont été empêchés par des troubles et des conflits internes de prendre des mesures très décisives.
Une réaction des plus prometteuses, principalement en Allemagne, dirigée par des hommes très respectés et éminents pour leur érudition, s’opposa au Concile Vatican et à ses décrets, dans le mouvement dit vieux-catholique des milieux libéraux du peuple catholique, qui alla jusqu’à fonder, même en 1873, une Église épiscopale indépendante et bien organisée. Depuis lors, en effet, il est loin d’avoir répondu aux espoirs et aux attentes trop optimistes qu’on avait d’abord nourris ; mais toujours dans des limites plus étroites, il continue à s’étendre et à se construire une structure solide, tout en reculant soigneusement, nerveusement même, devant tout ce qui est révolutionnaire. Plus en phase avec les exigences de l’esprit du temps dans ses concessions réformatrices, mais s’en tenant fermement dans tous les détails aux doctrines positives de l’orthodoxie, le mouvement vieux-catholique a fait des progrès en Suisse, tandis que dans d’autres pays catholiques, son succès a été relativement faible.
190.1. Formation et développement de l’Église vieille-catholique dans l’Empire allemand.―Au commencement du mois d’août 1870, le professeur catholique Michelis de Braunsberg, jusque-là exemplaire (191, 6), porta une accusation publique contre Pie IX. à la fin du mois d’août, plusieurs théologiens distingués (Döllinger et Friedrich de Munich, Reinkens, Weber et Baltzer de Breslau, Knoodt de Bonn et le canoniste Von Schulte de Prague) se joignirent à lui à Nuremberg pour déclarer publiquement que le concile du Vatican ne pouvait être considéré comme œcuménique. ni son nouveau dogme en tant que doctrine catholique. Cette déclaration a été souscrite par quarante-quatre professeurs catholiques de l’université de Munich avec le recteur à leur tête, mais sans les théologiens. De même, plusieurs instituteurs catholiques de Breslau, Fribourg, Wurtzbourg et Bonn protestèrent, et plus énergiquement encore un rassemblement de laïcs catholiques à Königswinter. Outre les professeurs de Breslau déjà nommés, les professeurs de Bonn Reusch, Langen, Hilgers et Knoodt refusèrent de souscrire aux décrets conciliaires à l’appel de leur évêque ; tandis que les professeurs munichois, à l’exception de Döllinger et Friedrich, cédèrent. Une injonction réitérée de son archevêque en janvier 1871 fit dire à Döllinger qu’en tant que chrétien, théologien, historien et citoyen, il était obligé de rejeter le dogme de l’infaillibilité, tandis qu’en même temps il était prêt devant une assemblée d’évêques et de théologiens à prouver qu’il était contraire à l’Écriture. les Pères, la tradition et l’histoire. Il était maintenant littéralement submergé d’adresses élogieuses de Vienne, de Wurtzbourg, de Munich et de presque toutes les autres villes de Bavière ; et une adresse au gouvernement sur les dangers pour l’État menacés par les décrets du Vatican qui se trouvaient au musée de Munich, fut rapidement remplie de 12 000 signatures. Le 14 avril, Döllinger fut excommunié, et le professeur Huber envoya une réponse extrêmement vive à l’archevêque. Après plusieurs réunions préliminaires, le premier congrès des vieux-catholiques se tint à Munich en septembre 1871, auquel participèrent 500 députés de toutes les régions d’Allemagne. Un programme fut adopté à l’unanimité qui, avec la protestation d’une ferme adhésion à la foi, au culte et à la constitution de l’ancienne Église catholique, maintenait l’invalidité des décrets du Vatican et l’excommunication occasionnée par eux, et, en plus de reconnaître l’Église vieille-catholique d’Utrecht (165, 8), exprimait l’espoir d’une réunion avec l’Église grecque, ainsi que d’un progrès progressif vers une entente avec l’Église protestante. Mais lorsque, lors de la deuxième session, le président, le Dr von Schulte, proposa l’établissement de services publics indépendants avec des pasteurs réguliers, et l’établissement dès que possible d’un gouvernement épiscopal qui leur serait propre, Döllinger contesta la proposition comme un abandon de la voie sûre de l’opposition légale, en suivant la voie funeste de la Réforme protestante. et tendant à la formation d’une secte. Cependant, comme la proposition fut adoptée par une majorité écrasante, il refusa de prendre part à leurs assemblées publiques et se retira davantage à l’arrière-plan, sans s’opposer autrement au courant dominant ni s’en détacher. Le deuxième congrès se tint à Cologne à l’automne 1872. Des Églises épiscopales d’Angleterre et d’Amérique, de l’Église orthodoxe de Russie, de France, d’Italie et d’Espagne, furent envoyés des députés et des députés.Salutations amicales. L’archevêque d’Utrecht, Mgr Loos, par la part qu’il prit au congrès, cimenta plus étroitement l’union avec les vieux-catholiques de Hollande. Même le « Protestantenverein » allemand n’était pas sans représentation. Un comité choisi à cet effet a rédigé les grandes lignes d’un ordre synodal et congrégationnel, qui prévoit l’élection des évêques lors d’une réunion annuelle à la Pentecôte d’un synode, dont tout le clergé est membre et auquel les congrégations envoient des députés, un pour 200 membres. À côté de l’évêque se trouve un conseil synodal permanent composé de cinq prêtres et de sept laïcs. L’évêque et le conseil synodal ont le droit d’opposer leur veto aux décrets synodaux douteux. Le choix des pasteurs appartient à la congrégation ; Sa confirmation appartient à l’évêque. En juillet 1873, un évêque fut élu dans l’église Pantaléon de Cologne par une assemblée de délégués, comprenant vingt-deux prêtres et cinquante-cinq laïcs. Le choix se porta sur le professeur Reinkens, qui, étant mort entre-temps de l’évêque Loos d’Utrecht, fut consacré le 11 août, à Rotterdam, par l’évêque Heykamp de Deventer, et choisit Bonn comme résidence épiscopale.
190.2. Le premier synode des vieux-catholiques allemands, composé de trente membres clercs et de cinquante-neuf laïcs, se réunit à Bonn en mai 1874. Il a été convenu de continuer la pratique de la confession auriculaire, mais sans qu’aucune pression ne soit exercée sur la conscience et sans qu’on insiste sur son observance à des moments fixes. De même, la valeur morale du jeûne a été reconnue, mais toute abstinence obligatoire, et toutes les distinctions entre la nourriture et l’inpermis, ont été abolies. Le deuxième synode, se référant à la loi sur le mariage, a adopté la position selon laquelle les mariages civils réguliers devaient également avoir la bénédiction de l’Église ; Ce n’est que dans le cas de mariages avec des non-chrétiens et des divorcés que cela devrait être refusé. Le troisième synode a introduit un rituel allemand dans lequel l’exorcisme a été omis, tandis que la messe latine a été provisoirement conservée. Le quatrième synode a permis aux congrégations qui le souhaitaient l’usage de la langue vernaculaire dans plusieurs parties du service de la messe. À tous ces synodes, les membres laïcs avaient répété avec insistance la proposition d’abolir le célibat obligatoire du clergé. Mais maintenant l’agitation, surtout de la part des représentants de Bade, était devenue si vive, qu’au cinquième synode de 1878, malgré l’avertissement lu par l’évêque Reinkens des vieux-catholiques hollandais, qui menaçaient de se retirer de la communion, la proposition fut adoptée par soixante-quinze voix contre vingt-deux. Les professeurs de Bonn, Langen et Menzel, prévoyant ce résultat, s’étaient absentés du synode, Reusch se retira immédiatement et démissionna de sa charge de vicaire général épiscopal, Frédéric protesta au nom des vieux-catholiques bavarois. Reinkens, lui aussi, s’était vigoureusement opposé au mouvement ; tandis que Knoodt, Michelis et Von Schulte l’avaient favorisée. Le synode de 1883 décida de dispenser le souper sous les deux espèces aux membres de l’Église anglicane résidant en Allemagne, mais parmi leurs propres membres de suivre la pratique habituelle de la communio sub una. Le nombre des congrégations vieilles-catholiques dans l’empire allemand est maintenant de 107, avec 38 507 adhérents et 56 prêtres. — Même à leur premier congrès, les vieux-catholiques allemands, en opposition à l’attitude antipatriotique et défiant les lois de l’ultramontanisme allemand, avaient insisté sur l’amour de la patrie et l’obéissance aux lois de l’État comme un devoir chrétien absolu. L’évêque nouvellement choisi, Reinkens, exprima également ce sentiment dans sa première lettre pastorale et fit prêter le serment d’allégeance par les gouvernements de Prusse, de Bade et de Hesse. Mais la Bavière se crut obligée, à cause des termes de son concordat, de refuser. Au début, les vieux-catholiques avaient avancé la prétention d’être les seuls vrais représentants de l’Église catholique telle qu’elle existait avant le 18 juillet 1870. Au congrès de Cologne, ils laissèrent tomber cette supposition et limitèrent leurs prétentions sur l’État à une reconnaissance égale à celle des « nouveaux catholiques », à des dotations égales pour leur évêque et à une juste proportion des églises et de leurs revenus. La Prusse répondit par une subvention épiscopale annuelle de 16 000 thalers ; Baden en a ajouté environ 6 000. Il s’avéra plus difficile de faire valoir leurs droits sur les biens de l’Église. Une loi fut votée à Bade en 1874, qui non seulement garantissait au clergé vieux-catholique ses bénéfices et revenus actuels, le libérait de la juridiction de la hiérarchie romaine et lui donnait la permission de fonder des congrégations indépendantes, mais lui accordait également un droit mutuel de posséder et d’utiliser des églises et du mobilier ecclésiastique ainsi que de partager les biens ecclésiastiques selon la proportion numérique des deux partis dans le district. Une mesure similaire fut introduite au parlement prussien et obtint la sanction royale en juillet 1875. Depuis lors, cependant, l’intérêt du gouvernement pour le mouvement vieux-catholique s’est visiblement refroidi. À Baden, en 1886, la dotation s’élevait à 24 000 marks.
190.3. Les vieux-catholiques dans d’autres pays. — En Suisse, le vieux mouvement, ou plutôt, comme on l’a appelé, chrétien et catholique, a pris naissance en 1871 dans le diocèse de Bâle-Soleure, d’où il s’est bientôt répandu dans tout le pays. Le synode national tenu à Olten en 1876 introduisit la langue vernaculaire dans les offices religieux, abolit le célibat obligatoire du clergé et la confession obligatoire des communiants, et élit le professeur Herzog évêque, Reinkens lui donnant la consécration épiscopale. En 1879, le nombre de chrétiens catholiques en Suisse alémanique s’élevait à environ 70 000, avec soixante-douze pasteurs. Mais depuis lors, à la suite de la soumission des catholiques romains aux lois ecclésiastiques condamnées par Pie IX. ils ont perdu la majorité dans pas moins de trente-neuf des quarante-trois congrégations du canton de Berne, et avec cela les privilèges qui s’y rattachent. Une proposition faite au grand conseil du canton en 1883 pour la suppression de la faculté de théologie chrétienne-catholique de l’Université de Berne, qui existe depuis 1874, a été rejetée par cent cinquante voix contre treize. À Vienne, la première congrégation vieille-catholique fut formée en février 1872, sous la direction du prêtre Anton ; et peu de temps après d’autres s’établirent en Bohême et en Haute-Autriche. Mais ce n’est qu’en octobre 1877 qu’ils obtinrent la reconnaissance civile au motif que leur doctrine était celle que l’Église catholique professait avant 1870. En juin 1880, ils tinrent leur premier synode légalement sanctionné. L’ordre provisoire synodal et congrégationnel fut définitivement adopté, et l’usage de la langue vernaculaire dans les services religieux, l’abolition du jeûne obligatoire, de la confession et du célibat, ainsi que des frais de surplis, et l’abandon de toutes les fêtes, sauf les grandes fêtes, furent annoncés le dimanche suivant. La haine acharnée que les Tchèques et le clergé ultramontain manifestent pour tout ce qui est allemand a donné depuis quelques années au mouvement vieux-catholique une nouvelle impulsion et un avantage décisif. — En France, l’abbé Michaud de Paris fustigea l’indifférence de caractère de l’épiscopat et fut excommunié, et les abbés Mouls et Junqua de Bordeaux reçurent de la police l’ordre de renoncer à l’habit clérical. Junqua, refusant d’obéir à cet ordre, fut accusé par le cardinal Donnet, évêque de Bordeaux, devant le tribunal civil, et condamné à six mois de prison. Ce n’est qu’en 1879 que l’ex-carmélite Loyson de Paris jeta les bases d’une église catholique gallicane, affiliée aux Vieux-Catholiques suisses (187, 8). L’Italie depuis 1862, indépendamment du mouvement allemand, mais sur les mêmes bases essentielles, une église nationale italienne a été créée avec des débuts très prometteurs, qui n’ont cependant pas été réalisés (187, 7). Une rare émotion fut provoquée dans toute l’Italie par la procédure du comte Campello, chanoine de Saint-Pierre de Rome, qui, en 1881, proclama publiquement son credo dans la chapelle méthodiste épiscopale, y renonçant à la papauté, et dans un manifeste publié adressé au chapitre cathédral, justifia cette démarche et porta de sévères accusations contre la curie pontificale ; mais peu de temps après, dans une lettre à Loyson, il déclara que, demeurant fidèle à la véritable Église catholique, il n’envisageait pas de se joindre à une secte protestante séparée de l’unité catholique, et dans une communication aux Rieks vieux-catholiques de Heidelberg, il déclara être sur tous les points d’accordLes Vieux-Catholiques allemands. En conséquence, il chercha à former à Rome un parti réformiste catholique, dont il défendit les intérêts dans le journal Il Labaro. L’aumônier domestique du pape, Mgr Savarese, a adopté une attitude similaire. En décembre 1883, il fut reçu par le pasteur de l’église épiscopale américaine à Rome dans l’église vieille-catholique en souscrivant au Credo de Nicée. En 1886, ils furent rejoints par un autre aumônier domestique du pape, Mgr Renier, ancien ami intime de Pie IX, qui se sépara publiquement de l’Église pontificale et prit avec eux sa place à la tête d’une « Congrégation de Saint-Paul » catholique à Rome. et l’Iglesia de Jesus mexicaine ( 209, 1), doivent être considérés comme ayant essentiellement des tendances similaires à celles des Vieux-Catholiques.
La théologie catholique en Allemagne, influencée par l’esprit scientifique qui prévalait dans le protestantisme, reçut une impulsion considérable. Du joséphinisme latitudinaire, il s’est progressivement élevé vers une attitude strictement ecclésiastique. Ses contributions les plus importantes dans le domaine de la théologie dogmatique et spéculative ont été les plus importantes. A côté et après les écoles d’Hermès, de Baader et de Günther, condamnées par la chaire pontificale, apparut toute une série de dogmatiques spéculatifs qui maintinrent leurs spéculations dans les limites de la confession ecclésiastique. Toujours dans le domaine de l’histoire de l’Église, la théologie catholique, après les productions historiques de Möhler et Döllinger, a contribué à atteindre des résultats importants qui, cependant, en raison du caractère « tendance » de leurs recherches, exigent un examen minutieux. Leurs contributions à la critique biblique et à l’exégèse sont moins importantes. En général, cependant, les professeurs de théologie des universités allemandes donnent un caractère scientifique à leurs recherches et à leurs conférences en ce qui concerne la forme et aussi la matière, dans la mesure où les limites tridentines le permettent. Mais plus les jésuites gagnaient de l’influence en Allemagne, plus la scolastique, qui répudiait la théologie universitaire allemande et lui opposait par des soupçons et des dénonciations perfides, se naturalisait, surtout dans les séminaires épiscopaux, tandis qu’elle était recommandée par Rome comme théologie officielle. Cependant, la tentative faite au Congrès des savants de Munich en 1863 pour parvenir à une entente entre les deux tendances échoua, en raison de la contrariété de leurs principes et de l’opposition des jésuites. En Espagne, la théologie n’a jamais dépassé la période du Moyen Âge. En Italie, en revanche, l’étude des antiquités chrétiennes a prospéré, stimulée par les découvertes récentes de trésors dans les catacombes, les musées, les archives et les bibliothèques.
191.1. Hermès et son école. — Le professeur de Bonn, George Hermès, influencé dans sa jeunesse par la philosophie critique, a adopté le dogme catholique de Trente, assuré qu’il résisterait à l’épreuve, par le feu du doute et l’examen minutieux de la raison, parce que seul ce qui survit à un tel examen pourrait être scientifiquement justifié. Il mourut en apr. J.-C. En 1831, il quitta une école qui porte son nom, principalement à Trèves, Bonn et Breslau. Grégoire XVI. en 1835, il condamna ses écrits, et le nouvel archevêque de Cologne, Droste-Vischering, interdit aux étudiants de Bonn d’assister aux cours des Hermésiens. Ceux-ci firent tous les efforts possibles pour obtenir le rappel de la censure papale. Braun et Elvenich se rendirent à Rome, mais leur déclaration qu’Hermès n’avait pas enseigné ce que le pape condamnait leur profita aussi peu qu’une déclaration semblable ne l’avait été pour les jansénistes. Il s’éleva alors de part et d’autre une âpre controverse, qui reçut un nouvel aliment de la lutte ecclésiastique de Prusso-Cologne (193, 1). Finalement, en 1844, les professeurs Braun et Achterfeld de Bonn furent démis de leurs fonctions par le coadjuteur-archevêque Geissel, et le gouvernement prussien acquiesça. Les professeurs du séminaire de Trèves et de Baltzer de Breslau, ce dernier influencé par la théologie de Günther, se rétractèrent. — Un an avant la condamnation d’Hermès, le même pape avait condamné la théorie opposée de l’abbé Bautain de Strasbourg, selon laquelle les dogmes chrétiens ne peuvent pas être prouvés, mais seulement crus, et que, par conséquent, tout usage de la raison dans l’appropriation des vérités du salut est exclu. Bautain, en fils obéissant de l’Église, se rétracta aussitôt : « laudabiliter se subjecit ».
191.2. Baader et son école. — La théologie catholique n’a pas tenu compte pendant longtemps du développement de la philosophie allemande. Ce n’est qu’après Schelling, dont la philosophie avait de nombreux points de contact avec la doctrine catholique, qu’un intérêt général pour de telles études s’est éveillé comme formant une base spéculative pour le catholicisme. À la théosophie de Schelling basée sur celle du cordonnier de Görlitz ( 160, 2), Francis von Baader, professeur de dogmatique spéculative à Munich, bien qu’il ne fût pas un théologien professionnel, mais un médecin et un minéralogiste, s’y attacha. Dans les dernières années de sa vie, il passa complètement à l’ultramontanisme. Son érudit Franz Hoffmann, de Wurtzbourg, a exposé le système spéculatif de Baader. À Giessen, ce système était représenté par Léop. Schmid ( 187, 3). Tous les adhérents catholiques de cette école se distinguent par leur attitude amicale envers le protestantisme.
191.3. Günther et son école.―Une théologie d’une puissance spéculative au moins égale et d’un contenu plus résolument catholique que celle de Baader, a été exposée par le prêtre séculier Anton Günther de Vienne, penseur profond et original d’un humour combatif, d’un esprit vif et d’une rudesse d’expression qui frise parfois le burlesque. Il reconnaissait la nécessité de remonter dans la spéculation philosophique et théologique jusqu’à Descartes, qui soutenait au dualisme scolastique de Dieu et de la créature, de l’Absolu et du fini, de l’esprit et de la nature, alors que toute la philosophie, selon lui, s’était toujours plongée plus profondément dans le monisme panthéiste. De là, il chercha à résoudre les deux problèmes de la spéculation chrétienne, la création et l’incarnation, et entreprit une guerre d’extermination contre « tout monisme et sémimonisme, panthéisme idéaliste et réaliste, semipanthéisme déguisé et avoué », parmi les catholiques et les protestants. Sa première grande œuvre, « Vorschule zur Spekul. Théologie », publié en 1828, traitant de la théorie de la création et de la théorie de l’incarnation, fut suivi d’une longue série d’ouvrages similaires. Ses érudits les plus éminents étaient Pabst, docteur en médecine à Vienne, qui exposait clairement les paroles sombres et aphoristiques de son maître, et Veith, qui popularisait ses enseignements dans des sermons et des traités pratiques. Certains Hermésiens, comme Baltzer de Breslau, entrèrent dans le rang de ses disciples. Les journaux historico-politiques, cependant, l’accusèrent de nier les mystères du christianisme, de rejeter la théologie traditionnelle, etc., et Clemens, privatdocent de philosophie à Bonn, devint le porte-parole de ce parti. C’est ainsi que s’éleva une controverse passionnée, qui attira l’attention de Rome. On aurait pu s’attendre à ce que Günther rencontre le sort d’Hermès vingt ans plus tôt ; mais l’affaire fut longtemps à l’étude, car une forte influence de Vienne fut exercée en sa faveur. Enfin, en janvier 1857, la réprobation formelle de la philosophie günthérienne fut annoncée, et tous ses travaux mis à l’Index. Günther se soumit humblement à la sentence de l’Église. C’est ce qu’a fait Baltzer. Mais étant soupçonné à Rome, on lui demanda volontairement de démissionner. Ce que Baltzer refusa de faire. Alors le prince-évêque Förster demanda au gouvernement de le priver ; Et quand cela a échoué, il lui a retiré la missio canonica et un tiers de ses revenus canoniques, et en 1870, sur son opposition au dogme de l’infaillibilité, il a retenu les deux autres tiers. Son salaire de l’État continua d’être payé en totalité jusqu’à sa mort en A.D. Année 1871.
191.4. John Adam Möhler. — Aucun de tous les théologiens catholiques de ces derniers temps n’atteignit l’importance et l’influence de Möhler au cours de sa courte vie de quarante-deux ans. Stimulé à rechercher une culture scientifique supérieure par l’étude principalement des œuvres de Schleiermacher et d’autres protestants, et mettant toutes ses riches dotations au service de l’Église, il s’est acquis parmi les catholiques une position semblable à celle de Schleiermacher parmi les protestants. Son premier traité de 1825, sur l’unité de l’Église, fut suivi de son « Athanase le Grand » et de l’œuvre de sa vie, la « Symbolique » de 1832, dans sa neuvième édition en 1884, qui, avec l’appareil de la science protestante, combat la doctrine de l’Église protestante et présente la doctrine catholique sous une forme si ennoblie et si sublimée, que Rome songea d’abord sérieusement à la mettre à l’Index. Jusque-là, les protestants avaient complètement ignoré les productions de la théologie catholique, mais passer à côté d’un chef-d’œuvre scientifique comme celui-ci serait un aveu de leur propre faiblesse. Et en fait, pendant tout le cours de la controverse entre les deux Églises, aucun écrit du camp catholique n’a jamais causé une telle agitation parmi les protestants que celle-ci. Les réponses protestantes les plus habiles sont celles de Nitsch [Nitzsch] et de Baur. En 1835, Möhler quitte Tübingen pour Munich ; mais la maladie entravait ses travaux scientifiques et, en 1838, dans la pleine fleur de l’âge adulte, l’Église catholique et la science catholique durent pleurer sa mort. On ne peut guère dire qu’il ait formé une école ; mais par des écrits, des discours et des conversations, il produisit un ferment scientifique dans la théologie catholique de l’Allemagne, qui continua à fonctionner jusqu’à ce qu’enfin complètement supplanté par la scolastique réintroduite en faveur par les jésuites.
De tous les théologiens catholiques d’Allemagne, à côté de Möhler et après Möhler, le plus célèbre des deux côtés des Alpes fut de loin l’historien de l’Église Döllinger, professeur à Munich depuis 1826. Son premier ouvrage important publié la même année fut sur la « Doctrine de l’Eucharistie dans les trois premiers siècles ». Son ouvrage complet, The History of the Christian Church, publié en 1833 (4 vol., Londres, 1840), ne fut pas porté au-delà du second volume ; et son « Manuel d’histoire de l’Église » de 1836, n’a été porté que jusqu’à la Réforme. Le ton de ses écrits était strictement ecclésiastique, mais sans cautionner les fautes morales des papes et de la hiérarchie. Son traité sur la Réforme, dans lequel il rassembla tout ce qui pouvait être trouvé défavorable aux réformateurs et à leur œuvre, suscita une grande émotion et acquit ainsi le sommet de la renommée comme un miracle d’érudition et un maître de l’orthodoxie catholique. Entre-temps, en 1838, il avait pris part à des controverses sur les mariages mixtes ( 193, 1), et en 1843 sur la question de la génuflexion ( 195, 2), avec des brochures sévèrement hiérarchisées. Délégué de l’université depuis 1845, il défendit avec une éloquence brillante à la Chambre bavaroise les mesures du gouvernement ultramontain et de la hiérarchie, devint en 1847 prévôt de Saint-Cajetan, mais fut aussi, la même année, mêlé au renversement du ministère Abel, et fut privé de son poste de professeur. L’année suivante, il fut l’un des membres les plus distingués de la section catholique au parlement de Francfort, où il lutta avec succès dans l’intérêt hiérarchique pour la liberté et l’indépendance inconditionnelles de l’Église. Le roi Maximilien II. le rétablit dans son poste de professeur en 1849. À partir de ce moment, ses opinions sur les questions confessionnelles devinrent plus douces et plus modérées. Il offensa d’abord beaucoup ses admirateurs ultramontains à Pâques 1861, lorsque, dans une série de conférences publiques, il en prononça une sur les États pontificaux alors menacés, dans laquelle il déclara que le pouvoir temporel du pape, dont il avait été témoin des abus lors d’un voyage à Rome en 1857, n’était nullement nécessaire à l’Église catholique. mais c’était plutôt blessant. Le nonce apostolique, qui était présent, quitta ostensiblement la réunion, et les ultramontains étaient fous d’étonnement, d’horreur et de colère. Döllinger donna quelques explications modificatrices à l’assemblée d’automne de l’Union catholique à Munich en 1861. Mais peu de temps après parut son ouvrage, « The Church and the Churches » (Londres, 1862), qui donna la conférence légèrement modifiée en appendice. Les Fables sur les papes du moyen âge (Londres, 1871) étaient aussi peu du goût des ultramontains. En effet, dans ces écrits, surtout dans le premier nommé, la polémique contre l’Église protestante avait toute son ancienne amertume ; mais il est au moins plus juste envers Luther, qu’il caractérise comme « l’homme le plus puissant du peuple, le caractère le plus populaire que l’Allemagne ait jamais possédé ». Et tandis qu’il prononce un panégyrique élogieux sur la personne du pape, il fustige sans relâche le mauvais gouvernement des États pontificaux. Au Congrès des savants de Munich, il défendit la liberté de la science. Döllinger, en tant que président du congrès, envoya au pape un télégramme qui satisfaisait Sa Sainteté. Mais les jésuites ont regardé plus profondément, et immédiatement « il povero Döllinger » a été chargé par la Civiltà Cattolica de toutes les possibilités imaginablesEt c’est là qu’il faut faire des reproches En apr. J.-C. En 1868, il fut nommé conseiller impérial à vie, et vota avec les évêques contre le projet d’éducation libérale du gouvernement. Mais sa lutte contre le concile et l’infaillibilité rendit la déchirure incurable, et son archevêque irrité lança contre lui la grande excommunication. Puis Vienne le nomma docteur en philosophie, Marbourg, Oxford et Édimbourg lui donnèrent un doctorat en droit, et le sénat de son université l’élut recteur à l’unanimité en 1871. Mais sa salle de conférence, taboue, est devenue de plus en plus déserte. Il n’a pris aucune part importante à l’organisation de l’église vieille-catholique (190, 1), mais il s’efforçait d’autant plus de promouvoir ses négociations syndicales ( 175, 6).
191.6. Les principaux représentants de la théologie systématique.―Klee, A.D. 1800-1840, de Bonn et de Munich, était un positiviste de la vieille école, et pendant la controverse hermésienne un partisan de la théologie de la curie. Hirscher, 1788-1865, de Fribourg, considéré par les libéraux comme l’un de leurs ornements et par les ultramontains fanatiques comme hérétique, a beaucoup fait pour promouvoir un catholicisme conciliant et modéré, également exempt de tendances ultramontaines et rationalistes, n’abandonnant rien d’essentiel dans la doctrine catholique. Hilgers, l’Hermésien, rejoignit ensuite les Vieux-Catholiques de Bonn. Staudenmaier et Sengler de Fribourg et Berlage de Münster occupaient un rang distingué en tant que théologiens spéculatifs. Dans le même département, Kuhn et Drey de Tübingen, Ehrlich de Prague, Deutinger de Dillingen, disciple de Schelling et de Baader, et comme tel persécuté, bien que pieux catholique croyant, Oischinger de Munich, qui, désespéré par la proclamation du décret du Vatican, arrêta brusquement sa fructueuse activité littéraire, Dieringer de Bonn, qui, pour la même raison, non seulement cessa d’écrire, mais démissionna aussi en 1871 de son poste de professeur et se retira dans un petit pastorat de campagne, et enfin, Hettinger de Würzburg, surtout connu par son « Apologie d. Christenthums ». Tandis que les susnommés, bien que soupçonnés et combattus par le parti scolastique, s’efforçaient de conserver intact leur caractère ecclésiastique catholique, d’autres représentants de cette tendance, par leurs luttes contre la scolastique, puis contre le concile vatican, étaient chassés de leur position orthodoxe. C’est ainsi que Frohschammer de Munich, lorsque son traité sur « L’origine de l’âme », dans lequel il soutenait la théorie du générationnisme en opposition à la doctrine catholique du créationnisme, et d’autres ouvrages furent mis à l’Index, demanda une révision au motif qu’il n’enseignait rien de contraire à la doctrine catholique. Il fut déchu de toutes ses fonctions cléricales et les étudiants n’avaient pas le droit d’assister à ses cours. Il protesta, et ses chambres étaient plus encombrées que jamais. Par la suite, cependant, répudié même par les vieux-catholiques, il s’éloigna de plus en plus, non seulement de l’Église, mais même de la croyance en la révélation. Contre le dernier ouvrage de Strauss, il écrivit un tract dans lequel il cherchait à prouver que « l’ancienne foi est en effet insoutenable », mais que « la nouvelle science » ne peut pas non plus la remplacer, qu’une « nouvelle foi » doit être introduite en revenant au christianisme du Christ. Michelis, homme d’une grande culture dans les départements de sciences naturelles et de philologie, ainsi que de théologie et de philosophie, avait, dans sa position antérieure de professeur à Paderborn, Münster et Braunsberg, soutenu par la parole et la plume une tendance strictement ecclésiastique ; mais le Concile Vatican II a fait de lui l’un des premiers et des plus zélés dirigeants du mouvement vieux-catholique. Son œuvre la plus importante est sa « Dogmatique catholique », de 1881, dans laquelle la conception vieille-catholique du christianisme est représentée comme l’unité supérieure purifiée des systèmes de doctrine protestante et vaticane.
191.7. Les principaux représentants de la théologie historique. — La première place, après Möhler et Döllinger, appartient à Hefele, disciple de Möhler, professeur à Tübingen depuis 1840 et évêque de Rottenburg depuis 1869, qui se distingua par l’esprit libéral de ses recherches. Ses traités sur la controverse d’Honorius firent de lui l’un des adversaires les plus dangereux du dogme de l’infaillibilité, auquel il finit cependant par se soumettre (189, 4). Son œuvre la plus importante est l’Histoire des Conciles. Hase critiqua sévèrement la deuxième édition de l’ouvrage, sévèrement mais non sans fondement, en disant que « l’évêque étouffe l’érudit ». Werner de Vienne est un écrivain prolifique dans le département d’histoire de la littérature théologique ; tandis que Bach de Munich et le dominicain Denifle ont écrit sur les mystiques du moyen âge, ce dernier aussi sur les universités du Moyen Âge. Hergenröther de Wurtzbourg, par sa monographie sur « Photius et le schisme grec », écrite dans l’intérêt de son parti, et par sa polémique contre le mouvement anti-vatican, et spécialement par son « Manuel d’histoire de l’Église », rendit de tels services à la papauté et à l’église pontificale, que Léon XIII. en 1879, il le nomma cardinal et bibliothécaire du Vatican, avec la tâche de réorganiser la bibliothèque. — Parmi les vieux-catholiques, Frédéric de Munich, outre son récit historique du concile du Vatican, avait écrit sur Wessel, Huss et l’histoire de l’Église d’Allemagne. Huber de Munich, dont la « Philosophie des Pères de l’Église » de 1859 a été mise à l’Index, tandis que son ouvrage beaucoup plus libéral sur Érigène de 1861 est passé sans censure, a écrit plus tard un compte rendu exhaustif de l’ordre des Jésuites et une réponse critique à « l’Ancienne et la Nouvelle Foi » de Strauss. Pichler de Munich, par ses recherches et ses critiques consciencieuses, attira sur lui la censure papale, et son livre sur l’Histoire de la division des Églises d’Orient et d’Occident eut l’honneur d’être mis à l’Index. Ses études et ses écrits ultérieurs l’éloignèrent de plus en plus du romanisme, lui inspirèrent l’idée d’une Église nationale allemande et lui firent naître un amour pour le mouvement protestant ; mais sa bibliomanie effrénée alors qu’il était assistant à la Bibliothèque royale de Saint-Pétersbourg en 1871, mit fin à sa carrière publique de manière triste et honteuse. Le professeur vieux-catholique Langen, de Bonn, écrivit un ouvrage en quatre volumes contre le dogme du Vatican, discuta les « différences doctrinales trinitaires entre les Églises d’Orient et d’Occident », dans l’intérêt d’une union avec l’Église grecque, et publia une monographie compétente sur « Jean de Damas », ainsi qu’une « Histoire de l’Église romaine jusqu’à Nicolas Ier » complète et impartiale. Deux vol., 1881, 1885.― A Rome, l’oratorien Aug. Theiner expia les erreurs littéraires de sa jeunesse (187, 4) par sa défense zélée des privilèges pontificaux. Ses principaux travaux furent la continuation des Annales Ecclesiastici de Baronius, et l’édition des documents historiques des diverses nations chrétiennes. Les jésuites l’accusèrent d’avoir aidé les anti-vaticanistes à partir de la bibliothèque et cherchèrent à influencer le pape contre lui afin de le priver de sa charge de préfet des archives du Vatican. Il a été suspendu de ses fonctions, et bien qu’il ait conservé son titre et occupé sa résidence officielle au Vatican, les portes de la bibliothèque ont été construites. Son édition des « Actes du concile de Trente », qui a été commencée, a également été interdite. Mais il a sucEn 1874, une partie du protocole officiel du secrétaire du Concile, Massarelli, a été imprimée avec l’aide de Mgr Strossmayer dans un style élégant, mais abrégé et donc insatisfaisant. Le cardinal Angelo Mai, en tant que bibliothécaire principal du Vatican, s’est distingué par ses études palimpsestes en littérature ancienne classique et patristique. Et tout à fait digne d’être rangé avec l’un ou l’autre en soin, en diligence et en patience, était De Rossi, qui a travaillé dans le département d’archéologie chrétienne, et qui est bien connu par son grand ouvrage, Roma sotteranea cristiana, publié en 1864 et suiv. et proclama à son retour que, dans la prochaine édition, il expliquerait ce qui avait été mal compris et retirerait ce qui était contesté. La question se pose maintenant de savoir si le travail plus récent de Xav. Funk peut échapper à une censure similaire.
Parmi les écrivains catholiques sur le canon, les plus notables sont Walters de Bonn, Phillips de Vienne, Von Schulte de Prague et de Bonn, qui, jusqu’au concile du Vatican, fut l’un des défenseurs les plus zélés de la stricte tendance catholique, depuis lors ouvertement du côté de l’opposition, un fervent partisan et, par la parole et la plume, un vigoureux promoteur. du mouvement vieux-catholique, et Vering de Prague, qui occupe le point de vue ultramontain du Vatican.
191.8. Les principaux représentants de la théologie exégétique. — Hug de Fribourg, dans son « Introduction », occupe l’attitude biblique mais ecclésiastiquement latitudinaire de Jahn. Laissant le dogme inattaquable et donc lui-même non attaqué, Mövers de Breslau, surtout connu par son travail sur les Phéniciens, un Richard Simon de son époque, développa une subtilité de critique destructrice du canon et de l’histoire de l’Ancien Testament qui étonna même le père de la critique protestante, De Wette. Kaulen de Bonn a écrit une « Introduction à l’Ancien et au Nouveau Testament », dans un esprit assez scientifique du point de vue du Vatican ; tandis que Maier, de Fribourg, a écrit une introduction au Nouveau Testament et des commentaires sur certains livres du Nouveau Testament.―Le Vieux-Catholique Reusch de Bonn a écrit « Introduction à l’Ancien Testament » et « La Nature et la Bible » (2 vol., Edin., 1886). Sepp de Munich, silencieux depuis 1867, commença sa carrière littéraire par une « Vie du Christ », une « Histoire des Apôtres », etc., dans l’esprit de l’école mystique romantique de Görres. Son « Esquisse de la réforme de l’Église, commençant par une révision du canon biblique », a suscité une émotion considérable. Avec une humble soumission au jugement de son Église, il exigea une correction des décrets tridentins sur l’Écriture conformément aux résultats de la science moderne, mais la seule réponse fut l’inclusion de son livre dans l’Index.
191.9. Les principaux représentants de la nouvelle scolastique. — Le représentant officiel et le plus magistral de cette école pour tout le monde catholique fut le jésuite Perrone, 1794-1876, professeur de dogmatique au Collegium Romanum, le plus lu des écrivains polémiques catholiques, mais indigne de nouer les souliers de Bellarmin, Bossuet et Möhler. Dans ses Prælectiones Theologicæ, neuf vol., qui ont connu trente-six éditions, sans connaître un mot d’allemand, il a fait preuve de l’ignorance la plus grossière et d’une arrogance sans pareille dans son traitement de la doctrine, de l’histoire et des personnalités protestantes (175, 2). Le jésuite allemand Kleutgen qui, sous Pie IX, était l’oracle du Vatican en ce qui concerne les affaires allemandes, introduisit la nouvelle scolastique romaine dans les séminaires épiscopaux allemands, dont les professeurs étaient pour la plupart formés au Collegium Germanicum de Rome. À côté de Perrone et de Kleutgen, dans le domaine de la morale, le jésuite Gury tient la première place, reproduisant dans ses œuvres toute l’abomination du probabilisme, de la reservatio mentalis, et de l’ancienne casuistique jésuite (149, 10). avec la lascivité habituelle dans les questions touchant les sexes. Parmi les théologiens de cette tendance dans les universités allemandes, nous mentionnons ensuite Denzinger de Wurtzbourg, qui cherche dans ses œuvres à « ramener la dogmatique des aberrations des spéculations philosophiques modernes dans les voies des anciennes écoles ». Son opposition zélée au güntherisme contribua beaucoup à lui assurer une condamnation catégorique.
191.10. Le Congrès des savants catholiques de Munich, 1863.— Afin de guérir, s’il était possible, la fracture qui s’élargissait chaque jour entre les théologiens universitaires scientifiques et les théologiens scolastiques des séminaires, et d’amener une compréhension mutuelle et une coopération amicale entre toutes les facultés de théologie, Döllinger et son collègue Haneberg convoquèrent un congrès à Munich, auquel assistèrent une centaine de savants catholiques. principalement des théologiens. Après la grand-messe, accompagnée de la récitation du credo tridentin, la conférence de quatre jours a commencé par un brillant discours présidentiel de Döllinger « Sur le passé et le présent de la théologie catholique ». Les opinions libérales qui y étaient exprimées provoquèrent des débats violents et animés, auxquels on admettait cependant volontiers, comme un devoir religieux, que toutes les discussions et recherches scientifiques cédaient aux prétentions dogmatiques de l’autorité infaillible de l’Église, car ainsi la véritable liberté de la science ne pouvait en aucune façon être compromise. Un rapport télégraphique au pape, rédigé dans cet esprit par Döllinger, reçut la même réponse le même jour par la bénédiction apostolique. Mais après que les procédures in extenso eurent été connues, un bref pontifical fut publié qui alourdissait la permission de tenir d’autres assemblées annuelles avec des conditions qui auraient dû les rendre totalement infructueuses. Ils furent en effet accueillis de mauvaise grâce au deuxième et dernier congrès de Wurtzbourg en 1864, mais tout le projet fut ainsi mis fin.
191.11. Revues théologiques. — La revue la plus sévèrement scientifique de ce siècle est la Tübingen Theol. Quartalschrift, qui, cependant, depuis le Concile du Vatican, s’efforce de maintenir une position neutre entre les extrêmes de l’ancien et du nouveau catholicisme. Afin de le supplanter, si possible, les jésuites Wieser et Stenstrup d’Innsbruck [Innsbrück] fondèrent en 1877 leur Zeitschrift für Kath. Théologie. Le Theol. Litteraturblatt, fondé en 1866 par le professeur Reusch de Bonn, a dû être abandonné en 1878, après avoir élevé l’étendard du vieux-catholicisme.
191.12. Les Papes et la science théologique. — Quel genre de théologie Pie IX. qu’il voulait faire enseigner, c’est ce que montre la proclamation de saint Liguori ( 165, 2) et saint François de Sales ( 157, 1) doctores ecclesiæ. Léon XIII, d’autre part, en 1879, recommandait dans l’encyclique Æterni patris, de la manière la plus urgente, à toutes les écoles catholiques de faire la philosophie de l’angélique Thomas d’Aquin (103, 6) leur fondation, fonda en 1880 une « Académie de saint Thomas d’Aquin », dont trois des trente membres étaient des Allemands, Kleutgen, Stöckl et Morgott, et donna 300 000 lires sur le denier de Pierre pour une édition des œuvres de Thomas d’Aquin avec les commentaires des « plus éminents commentateurs », mettant de côté « tous les livres qui, tout en prétendant être tirés de saint Thomas, sont en réalité tirés de sources étrangères et impies » ; c’est-à-dire, conformément aux désirs des Jésuites, en omettant les exposants strictement thomistes ( 149, 13), et de ne donner de la valeur qu’aux interprétations jésuites. Il n’est pas étonnant que, dans de telles circonstances, le général jésuite Beckx se soit soumis « humblement », étant loué pour cela par le pape comme un saint. Mais un service beaucoup plus grand, et même vraiment grand, a été rendu par le même pape, sans doute à l’instigation du cardinal Hergenröther, par l’accès accordé non seulement aux enquêteurs catholiques, mais aussi aux chercheurs protestants, aux trésors extrêmement riches des archives du Vatican. Bien qu’elle soit encore entourée de limites considérables, la concession semble être la libéralité elle-même comparée au refus obstiné de Pie IX. pour faciliter les études de tout enquêteur. C’est avec une honnête fierté que le pape pouvait inscrire sur son buste placé dans la bibliothèque : « Léon XIII. Pont. Max. historiæ studiis consulens tabularii arcana reclusit a 1880. Mais quelles étaient les fins qu’il avait en vue et quelles étaient les espérances qu’il nourrissait, c’est ce que l’on voit dans le rescrit d’août 1883, dans lequel il appelle les cardinaux De Luca, Pitra et Hergenröther, comme préfets du comité des études, de la bibliothèque et des archives, tout en proclamant les grands avantages que la papauté a assurés à l’Italie. de faire tout leur possible pour renverser « les mensonges proférés par les sectes » sur l’histoire de l’Église, en particulier en ce qui concerne la papauté, car, ajoute-t-il, « nous désirons qu’enfin une fois de plus la vérité prévale ». C’est pourquoi les archives et la bibliothèque doivent être ouvertes aux étudiants pieux et instruits « pour le service de la religion et de la science, afin que les contre-vérités historiques des ennemis de l’Église, qui ont trouvé entrée jusque dans les manuels scolaires, soient remplacées par la composition de bons écrits ». Les prémices du zèle ainsi stimulé furent la « Monunenta ref. Lutheranæ ex tabulariis S. Sedis », Ratisbonne, 1883, publiée par le conservateur adjoint des archives P. Balan comme extincteur du jubilé de Luther de cette année-là. Mais cette performance était si loin de répondre aux souhaits et aux attentes des zélotes romains que, par leur influence, le rédacteur en chef fut démis de ses fonctions officielles. La tentative suivante de ce genre fut l’édition par Hergenröther de la Regesta pontificale jusqu’à Léon X.
La paix de Lunéville de 1801 donna le coup de grâce à l’ancien empire allemand, par la cession formelle de la rive gauche du Rhin à la France, indemnisant les princes séculiers perdants de cet arrangement par des domaines et des possessions sur la droite du Rhin, enlevés aux villes libres neutres de l’empire et aux principautés ecclésiastiques sécularisées, les institutions, les monastères et les ordres. Une commission impériale siégeant à Ratisbonne régla les détails de ces indemnités. Ils se sont exprimés par le décret de la commission impériale de 1803. La dissolution de la constitution de l’empire allemand ainsi opérée fut encore réalisée par la paix de Presbourg de 1805, qui conféra aux princes de Bavière, de Wurtemberg et de Bade, de connivence avec Napoléon, la pleine souveraineté, et aux deux premiers nommés rang de rois, et fut complétée par la fondation de la confédération du Rhin en 1806. dans lequel seize princes allemands se séparèrent formellement de l’empereur et de l’empire et se rangèrent comme vassaux de la France sous le protectorat de Napoléon. François II, qui avait déjà pris en 1804 le titre d’empereur d’Autriche sous le nom de François Ier, maintenant que l’empire allemand avait effectivement cessé d’exister, renonça aussi au nom d’empereur d’Allemagne. Le déroulement malheureux du Congrès de Vienne de la Confédération germanique et sa représentation permanente au parlement de Francfort en 1814 et 1815, après la défaite répétée de Napoléon, conduisirent finalement à la guerre austro-prussienne de 1866.
192.1. Le décret de la Commission impériale, 1803. — L’importance de ceci pour l’histoire de l’Église ne consiste pas seulement dans la sécularisation des principautés et des corporations ecclésiastiques, mais plus encore dans l’altération qui en résulte dans la politique ecclésiastique des gouvernements territoriaux. Avec les principautés ecclésiastiques, les appuis les plus puissants de l’Église catholique en Allemagne furent perdus, et le protestantisme obtint un ascendant décisif dans le conseil des princes allemands. Les prélats catholiques n’étaient plus que des serviteurs payés de l’État, et leur double relation avec la curie et l’État entraîna plus tard des enchevêtrements et des complications sans fin. D’autre part, dans les États jusque-là presque exclusivement protestants, par exemple le Wurtemberg, le Bade, la Hesse, il y eut un grand accroissement de sujets catholiques, qui n’attira que peu d’attention sérieuse lorsque le particularisme confessionnel dans la conscience de l’époque était plus modeste et plus tolérant qu’il ne l’a jamais été avant ou depuis.
192.2. Le prince-primat de la confédération du Rhin.―Baron Carl Theod. von Dalberg, distingué par sa culture littéraire et son mécénat libéral de l’art et de la science, fut nommé en 1802 électeur de Mayence et lord grand chancelier de l’empire allemand. Quand, à la pause de 1803, les territoires de l’électorat de gauche du Rhin furent cédés à la France et ceux de droite sécularisés, le rang électoral fut aboli. La même chose s’est produite en ce qui concerne la haute chancellerie par la création de la Confédération rhénane. Dalberg fut dédommagé pour le premier par la faveur de Napoléon par le don d’un petit territoire sur la droite du Rhin, et pour le second par le renouvellement de la primauté du prince de la Confédération du Rhin avec un siège au Conseil fédéral. Il conserva toujours sa charge épiscopale et en fixa le siège à Ratisbonne. Il ne réussit pas à réaliser la fondation d’un chapitre métropolitain à Ratisbonne englobant tout le domaine de la Confédération rhénane et, en 1813, il se sentit obligé de renoncer également à ses possessions territoriales. Cependant, il continua d’exercer ses fonctions spirituelles en tant qu’archevêque de Ratisbonne jusqu’à sa mort en 1817.
192.3. Le Congrès de Vienne et le Concordat. — Le Congrès de Vienne de 1814, 1815, lui avait confié la tâche difficile de redresser les affaires politiques de l’Europe, si troublées, et de donner une nouvelle forme aux relations territoriales et dynastiques. Mais jamais une nécessaire redistribution du territoire n’avait été rendue plus difficile et plus compliquée par des intrigues diplomatiques qu’en Allemagne. Au lieu de l’ancienne fédération d’États, dont la restauration s’avéra impossible, la constitution fédérale du 8 juin 1815 créa, sous le nom de Confédération germanique, une union d’États dans laquelle tous les membres de la confédération exerçaient en tant que tels des droits souverains égaux. Leur nombre s’élevait alors à trente-huit, mais avec le temps, par suite de décès ou de retrait, ils furent réduits à trente-quatre. La nouvelle distribution du territoire, tout aussi faible que la paix de Lunéville, tenait compte de l’homogénéité confessionnelle des princes et des territoires, de sorte que la combinaison des districts catholiques et protestants, avec les conséquences mentionnées ci-dessus, se produisit dans une mesure encore plus grande. Mais la constitution fédérale garantie par l’article XVI. tolérance totale pour toutes les confessions chrétiennes dans les pays de la confédération. Les revendications de la curie romaine, qui s’avançait de la demande de restauration de toutes les principautés ecclésiastiques et du retour de toutes les églises et monastères impropriés à leurs fins originelles, à la demande de restauration du saint empire romain-germanique au sens médiéval et hiérarchique, ainsi que la protestation solennelle contre ses conclusions déposée sur la table du congrès par le légat pontifical Consalvi, n’ont pas été prises en compte. Mais aussi une proposition pressée par le vicaire général du diocèse de Constance, le baron von Wessenberg (187, 3), fonder une Église nationale catholique allemande sous un primat allemand n’a pas trouvé grâce aux yeux du congrès ; et un article recommandé par l’Autriche et la Prusse pour être incorporé dans les actes de la confédération, par lequel l’Église catholique en Allemagne s’efforçait d’assurer une constitution commune sous la garantie de la confédération, fut rejeté par l’opposition de la Bavière. Et comme, dans le parlement de Francfort, ni Wessenberg, avec son idée de primauté et d’Église nationale, ni Consalvi, avec un concordat complet répondant aux vœux de la curie, n’étaient en mesure de faire passer une mesure, il fut laissé aux différents États intéressés de faire des concordats séparés avec le pape. La Bavière conclut un concordat en 1817 ( 195, 1) ; Prusse en 1821 ( 193, 1). Les négociations avec les autres États allemands échouèrent en raison de l’excès des exigences de la hiérarchie, ou aboutirent à des résultats très insatisfaisants, comme à Hanovre en 1824 ( 194, 1) et les États appartenant à la province ecclésiastique du Rhin supérieur en 1837 ( 196, 1). Au moment de la réaction contre les excès révolutionnaires de 1848, la curie obtint pour la première fois une réelle avance. Hesse-Darmstadt ouvrit la liste en 1854 avec une convention secrète ( 196, 4) ; puis l’Autriche suivit en 1855 avec un modèle de concordat ( 198, 2) qui a servi de modèle aux concordats avec le Wurtemberg en 1857 ( 196, 6), et avec Baden en 1859 ( 196, 2), ainsi que pour la convention épiscopale avec Nassau en 1861 ( 196, 4). Mais le courant libéral renaissant de 1860 balaya les concordats de l’Allemagne du Sud ; le concile du Vatican, par son dogme d’infaillibilité, donna le coup de grâce à celui de l’Autriche, et le Kulturkampf allemand envoya le concordat prussien aux vents, et seul celui de Bavière resta en vigueur.
192.4. Le parlement de Francfort et le congrès épiscopal de Wurtzbourg de 1848. — Comme, dans les diètes de mars 1848, le mot magique de liberté souleva dans toute l’Allemagne une excitation fiévreuse, il trouva une réponse prompte parmi les catholiques, dont l’église était favorisée au plus haut degré par le mouvement. Au parlement de Francfort, les chefs les plus compétents de l’Allemagne catholique avaient des sièges. Parmi la population catholique, il s’est formé de nombreuses sociétés politico-religieuses (186, 3), et les évêques allemands, officiellement pour la célébration du 600e anniversaire de la construction de la cathédrale de Cologne, ont mis en place, à côté du parlement populaire de Francfort, un concile épiscopal allemand. Après s’être prononcés à Francfort en faveur de la liberté inconditionnelle de la foi, de la conscience et du culte, de l’indépendance complète de toutes les sociétés religieuses dans l’organisation et l’administration de leurs affaires, mais aussi de l’affranchissement des écoles de tout contrôle et de toute surveillance ecclésiastiques, ainsi que de l’introduction du mariage civil obligatoire, le concile épiscopal se réunit en octobre à Wurtzbourg sous la présidence de l’archevêque Geissel de Cologne avec dix-neuf assistants épiscopaux et plusieurs conseillers théologiques compétents. En trente-six sessions, ils sont arrivés à la conclusion qu’une séparation complète entre l’Église et l’État n’est pas souhaitable tant que l’État ne refuse pas à l’Église la place d’autorité qui lui appartient. D’autre part, ils chercheront par tous les moyens en leur pouvoir à obtenir l’abrogation du placet du souverain, la pleine indépendance de la législation, de l’administration et de la juridiction ecclésiastiques, avec l’abolition de l’appellatio tanquam ab abusu, la direction et la surveillance des écoles publiques ainsi que le contrôle de l’instruction religieuse dans les écoles supérieures qui ne sera donnée que par des professeurs agréés à cet effet par les évêques. et enfin de demander l’autorisation d’ériger des établissements d’enseignement de toute espèce, etc., et d’envoyer une copie de ces décisions à tous les gouvernements allemands. L’objectif principal de l’assemblée de Wurtzbourg, qui était d’obtenir de l’argent pour ses résolutions dans la nouvelle Allemagne, esquissées au parlement de Francfort, fut en effet frustré par le renversement rapide de ce parlement. Néanmoins, dans les différents États concernés, elle s’est avérée d’une grande et durable importance pour déterminer les procédures unanimes ultérieures des évêques.
Au pieux roi Frédéric-Guillaume III. (1797-1840) C’était une affaire de cœur et de conscience que de demander compte à la conscience religieuse de son peuple, réveillée par l’aide gracieuse de Dieu pendant la guerre d’indépendance, pour la guérison de la déchirure de trois cents ans dans l’Église évangélique par l’union des deux confessions évangéliques. La fête jubilaire de la Réforme, en 1817, lui paraissait l’occasion la plus favorable. Le roi désirait également voir l’Église catholique dans ses États restaurée dans un état ordonné et florissant, et à cette fin conclut un concordat avec Rome en 1821. Mais il a été dissous en 1836 à la suite d’un conflit entre le droit canonique et le droit civil en référence aux mariages mixtes. Frédéric-Guillaume IV. était dominé par les idées romantiques, et son règne (1840-1858), malgré toute sa décision chrétienne évangélique, manquait de la fermeté et de la consistance énergique nécessaires. Dans l’Église catholique, les jésuites étaient autorisés à promouvoir sans entrave des principes hiérarchiques ultramontains, et dans l’Église évangélique, les problèmes de constitution, d’union et de confession ne pouvaient être surmontés ni par son propre gardien, l’épiscopat, ni par les conciles supérieurs de l’Église créés en 1850. Et bien que les notifications de Guillaume Ier. Lorsqu’il accéda au gouvernement unique en 1858, les libéraux saluèrent l’assurance qu’une ère nouvelle s’ouvrait dans le développement de l’Église évangélique nationale, mais cet espoir s’avéra prématuré. Avec l’élévation de la maison royale de Prusse couronnée de victoire sur le trône de l’Empire allemand nouvellement érigé le 18 janvier 1871, une nouvelle ère s’ouvrit pour les développements et les modifications ecclésiastiques dans tout le pays.
193.1. L’Église catholique jusqu’à la fin du conflit de Cologne. — Le gouvernement de Frédéric-Guillaume III. entama des négociations avec la curie pontificale, non pas tant pour les anciennes provinces où tout allait bien, mais plutôt dans l’intérêt des provinces rhénanes annexées en 1814, dont les sièges épiscopaux étaient vacants ou avaient besoin d’être circonscrits. Le premier ambassadeur prussien à la curie romaine (1816-1823) fut le célèbre historien Niebuhr. Bien qu’il fût un vrai protestant et un critique et un restaurateur passionné de l’histoire de la vieille Rome païenne, il ne fit pas le poids face à la diplomatie subtile et habile de Consalvi. En présence des prétentions de la curie, il manifesta dans une mesure presque incroyable une sympathie et un acquiescement confiants, allant même jusqu’à s’occuper de questions qui n’étaient pas en rapport avec les affaires prussiennes, réduisant et s’opposant avec empressement à toute considération suggérée de l’autre côté. Cependant, un concordat complet, définissant en détail toutes les relations entre l’Église et l’État, ne fut pas obtenu, mais en 1821 un accord fut conclu, avec reconnaissance reconnaissante de la « grande magnanimité et bonté » dont le roi avait fait preuve, par la bulle De salute animarum, sanctionnée par le roi par un ordre du cabinet (« dans l’exercice de sa prérogative royale et sans préjudice de ces droits »), d’après lequel deux archevêchés, Cologne et Posen, et six évêchés, Trèves, Münster, Paderborn, Breslau, Kulm et Ermeland, avec un séminaire clérical, ont été érigés en Prusse et pourvus de riches dotations. Le chapitre cathédral devait avoir le libre choix de l’évêque ; mais, par une note annexée, il était recommandé de s’assurer, dans chaque élection de ce genre, que celui qui serait ainsi choisi serait grata persona du roi. L’union ainsi réalisée entre l’Église et l’État ne fut que de courte durée. Le décret de Trente interdisait aux catholiques de contracter des mariages mixtes avec des non-catholiques. Cependant, une bulle papale ultérieure de 1741 l’autorisa à la condition que le clergé ne l’assiste que passivement au mariage et que les parents s’engagent à former les enfants comme catholiques. D’un autre côté, la loi prussienne, dans les cas contestés, obligeait tous les enfants à suivre la religion de leurs pères. Comme cela s’appliquait en 1825 aux provinces rhénanes, et que les évêques de cette ville avaient, en 1828, fait appel au pape Pie VIII. Lorsque les négociations avec l’ambassadeur prussien Bunsen (1824-1838) s’avérèrent infructueuses, il publia en 1830 un bref qui autorisait les prêtres catholiques à ne donner la sanction ecclésiastique aux mariages mixtes que lorsqu’on promettait que les enfants seraient éduqués comme catholiques, mais à défaut de ne donner qu’une assistance passive. Toutes les remontrances n’ayant pas réussi à vaincre l’obstination de la curie, le gouvernement se tourna vers l’archevêque de Cologne, le comte Spiegel, ami zélé et promoteur de la théologie hermésienne (191, 1). et organisa avec lui en 1834 une convention secrète à laquelle se joignirent tous ses suffragants par son influence. Ils y promettaient de donner une interprétation telle au bref que son observance se limiterait à l’enseignement et à l’exhortation, mais ne s’étendrait nullement à l’obligation de soumettre les enfants au baptême catholique, et que la simple assistentia passiva serait utilisée aussi rarement que possible, et seulement dans les cas où cela était absolument nécessaire. Spiegel mourut en novembre 1835. En 1836, le baron westphalien Clement Droste von Vischering fut choisi pour lui succéder. Bien qu’avant son élévation, il n’avait pas hésitéPeu de temps après son intronisation, il défendit formellement à tout clergé de célébrer un mariage si ce n’est conformément au bref, et se reprocha d’avoir cru à l’accord entre la convention et le bref confirmé par le gouvernement, et de n’avoir découvert que plus tard, après un examen plus approfondi, le désaccord entre les deux. En même temps, afin de donner effet à la condamnation qui avait été faite entre-temps à la théologie hermésienne, il ordonna qu’au confessionnal les étudiants de Bonn fussent interdits d’assister aux conférences des Hermésiens. Comme l’archevêque ne parvenait pas à se soumettre, il fut condamné en 1837 pour avoir manqué à sa parole et avoir incité à la rébellion, et envoyé à la forteresse de Minden. Grégoire XIV. adressa au consistoire une allocution fulminante, et un flot de tracts controversés de part et d’autre déferla sur l’Allemagne. Görres désignait l’archevêque comme « l’Athanase du XIXe siècle ». Le gouvernement publia un document d’État justifiant sa procédure, et les tribunaux condamnèrent certains prêtres réfractaires à plusieurs années d’emprisonnement dans des forteresses ou des prisons. Le ton modéré et pacifique du chapitre de la cathédrale contribua beaucoup à apaiser les troubles, car il soutenait l’État plutôt que l’archevêque. L’exemple de Cologne encouragea aussi Dunin, archevêque de Gnesen et Posen, à publier en 1838 une pastorale dans laquelle il menaçait de suspension tout prêtre de son diocèse qui ne se soumettrait pas à une obéissance inconditionnelle au bref pontifical. Pour cela, il fut déposé par les tribunaux civils et condamné à six mois d’emprisonnement dans une forteresse, mais le roi empêcha l’exécution de la sentence. Mais Dunin s’enfuit de Berlin, où il avait reçu l’ordre du roi, à Posen, et fut conduit en 1839 à la forteresse de Kolberg. Pendant que les choses étaient dans cet état, Frédéric-Guillaume IV. monta sur le trône en 1840. Dunin fut immédiatement rétabli, après avoir promis de maintenir la paix. Droste fut également libéré de sa détention avec des marques publiques de respect, mais reçut en 1841, avec son propre approbation et celle du pape, dans l’ancien évêque de Spires, Geissel, coadjuteur, qui, en son nom et avec droit de succession, administrait le diocèse. Le gouvernement n’accorda aucune aide aux Hermésiens. La loi relative aux mariages mixtes demeurait en vigueur, mais elle était appliquée de manière à n’imposer aucune contrainte de conscience au clergé catholique. De son propre chef, le roi refusa d’exercer davantage la prérogative royale, permettant aux évêques d’avoir des relations directes avec le siège pontifical, alors qu’auparavant toute la correspondance devait passer par des comités royaux, à cette condition du ministre Eichhorn, « que cette démonstration de confiance généreuse ne soit pas abusée », et avec l’espoir que les évêques ne communiqueraient pas seulement au gouvernement le contenu de leur correspondance avec le pape. mais aussi les réponses papales qui ne traitaient pas exclusivement de doctrine, et ne parleraient pas et n’agiraient pas contre la volonté et la volonté du gouvernement. Mais Geissel, recommandé par Louis de Bavière à son gendre Frédéric-Guillaume IV. au lieu du baron von Diepenbrock ( 187, 1) On s’est d’abord rendu compte que, par ses manœuvres habiles et énergiques, allant de victoire en victoire, on a élevé l’ultramontanisme en Prusse au sommet de son influence et de sa gloire.
193.2. L’âge d’or de l’ultramontanisme prussien, 1841-1871. — Dans le conflit Cologne-Posen, Rome avait remporté une victoire presque complète, et avec tous ses satellites, elle ne songeait plus qu’à la manière de tirer le meilleur parti possible de cette victoire, dans laquelle le gouvernement trop confiant cherchait à l’aider au maximum. Ce mouvement reçut une nouvelle impulsion dans la révolution de 1848 (192, 4). En Prusse comme dans d’autres pays allemands, et là à un degré particulier, l’Église catholique a réussi à tirer des mouvements révolutionnaires de l’époque, et de la réaction qui a suivi, un avantage substantiel. La constitution de 1850 déclarait à l’article XV : « L’Église évangélique et l’Église catholique romaine, ainsi que toute autre société religieuse, règlent et administrent leurs affaires en toute indépendance ; » à l’article XVI : « La correspondance des sociétés religieuses avec leurs supérieurs est sans restriction, la publication des ordonnances ecclésiastiques n’est soumise qu’aux restrictions qui s’appliquent à tous les autres documents ; » à l’article XVI : « Le droit de nomination, de proposition, d’élection et d’institution à la charge spirituelle, en tant qu’il appartient à l’État, est aboli ; » et à l’article XXIV : « Les sociétés religieuses respectives dirigent l’instruction religieuse dans les écoles publiques. » Sous l’écran de ces privilèges fondamentaux, l’épiscopat catholique réclamait maintenant une prérogative civile après l’autre, s’émancipait entièrement des lois de l’État et, sous prétexte qu’il fallait obéir à Dieu plutôt qu’à l’homme, il faisait du droit canonique, non seulement dans les matières purement ecclésiastiques, mais aussi dans les matières mixtes, la seule norme, et la décision du pape l’appel final. À la fin, il ne restait plus à l’État que l’obligation de conférer de splendides dotations aux évêques, aux chapitres cathédrales et aux séminaires pour les prêtres, et l’honneur d’être chez lui le bourreau de la tyrannie épiscopale, et à l’étranger le vengeur de toutes les paroles défavorables à la doctrine, au culte, aux coutumes et aux lois de l’Église catholique. Avec un engouement presque incroyable, la hiérarchie catholique était maintenant considérée comme le principal soutien du trône contre les tendances révolutionnaires de l’époque et comme la garantie la plus sûre de la loyauté des sujets dans les provinces à prédominance catholique. Sous la protection de la loi permettant la formation des sociétés et le droit de réunion, l’ordre des Jésuites fonda un établissement après l’autre, et suppléa aux défauts ou à l’insuffisance de l’énergie de la pastorale ultramontaine, de l’agitation et de l’effort de conversion de la part d’autres curés pacifiquement disposés, par de nombreuses missions conduites de la manière la plus ostentatoire (186, 6). Bien que, conformément à l’article xiii. De la Constitution, les sociétés religieuses ne pouvaient obtenir des droits corporatifs que par des lois spéciales, les évêques, de leur propre autorité, sans tenir compte de cette disposition, établissaient des ordres et des congrégations religieuses où bon leur semblait. Comme ceux-ci étaient généralement placés sous des supérieurs étrangers, hommes ou femmes, auxquels on rendait à la manière jésuite une obéissance inconditionnelle, chaque membre étant « comme un cadavre », sans aucune volonté individuelle, ils se répandirent sans obstacle, de sorte que de nouveaux cloîtres et maisons d’ordres poussaient sans cesse comme des champignons sur la métropole protestante ( 186, 2). Jusqu’à présent, l’éducation dans les districts catholiques tombait de plus en plus entre les mains des corporations religieuses, et même des établissements d’enseignement supérieur de l’État comme ils s’occupaient de la formation de la jeunesse catholique (facultés de théologie, gymnases et écoles de formation), étaient entièrement sous le contrôle des évêques. Des couvents de garçons et des séminaires de prêtres, érigés dans toutes les résidences épiscopales, sortit une nouvelle génération de clercs élevés dans la plus sévère école de l’intolérance, qui, agissant d’abord comme aumôniers, par l’espionnage, l’éveil des soupçons et les calomnies, étaient la crainte des vieux curés, et, en tant qu’aumôniers en général, excitaient le fanatisme parmi le peuple. et s’assurèrent le monopole de la presse catholique. Pour les besoins du culte et de l’éducation catholiques, le gouvernement avait mis à leur disposition l’aide de l’État de la manière la plus libérale, sans exiger des évêques qu’ils en fussent l’usage. Bien que le nombre de catholiques dans l’ensemble du pays ne fût que la moitié de celui des protestants, la dotation des catholiques était presque le double de celle de l’église évangélique. L’autorité civile aidait volontiers les évêques à appliquer les peines spirituelles, et c’est ainsi que le clergé inférieur était mis dans une dépendance absolue de ses supérieurs spirituels. De 1840 à 1848, sous la direction d’Eichhorn, il y avait dans le département gouvernemental des cultes publics, sous la direction d’Eichhorn, une sous-section pour s’occuper des affaires de l’Église catholique qui, bien que limitée à la protection des droits du roi contre la curie et de ceux de l’État contre la hiérarchie, devint dans un sens tout à fait opposé « le département civil du pape en Prusse ». Sous le ministère de Von Mühler, de 1862 à 1872, elle obtint l’autorité absolue qu’elle semble avoir exercée en supprimant des archives impériales les actes et documents défavorables. Et c’est ainsi que l’Église catholique, ou plutôt le parti ultramontain qui y dominait depuis 1848, devint une puissance qui menaçait toute la république jusque dans ses fondements. — Par l’annexion du Hanovre, de la Hesse et de Nassau en 1866, quatre nouveaux évêchés, ceux de Hildesheim, d’Osnabrück, de Fulda et de Limbourg, s’ajoutèrent aux huit précédents.
193.3. L’Église évangélique dans la Vieille-Prusse jusqu’en 1848.— Sur l’accomplissement de l’union par Frédéric-Guillaume III. et les confusions qui en résultent, voir 177. Frédéric-Guillaume IV. Dès son accession au trône, il déclara son souhait, à propos de l’Église évangélique nationale, que le contrôle suprême de l’Église ne s’exerce que dans le but de lui assurer, d’une manière ordonnée et légale, l’administration indépendante de ses propres affaires. La réalisation de cette idée, après qu’une conférence ecclésiastique du clergé ordinaire de presque tous les États allemands eut eu lieu à Berlin sans résultat, fut tentée à Berlin par un synode général, ouvert le dimanche de Pentecôte 1846. Le synode, à sa dix-huitième session, entra dans l’examen de la difficile question de la doctrine et de la confession. Il en résulta l’approbation d’une formule d’ordination rédigée par le Dr Nitzsch ( 182, 10), selon laquelle le candidat à l’ordination devait faire profession des grandes vérités fondamentales et salvatrices au lieu de la confession ecclésiastique imposée jusqu’alors. Et puisque parmi ces vérités fondamentales les doctrines de la création, du péché originel, de la conception surnaturelle, de la descente aux enfers et de l’ascension du Christ, de la résurrection du corps, du jugement dernier, de la vie éternelle et du châtiment éternel n’étaient pas incluses, et ne devaient donc pas être appliquées, puisque de plus, par cette formule d’ordination, les confessions spéciales des luthériens et des réformés étaient réellement mises de côté, et l’existence d’une Église luthérienne aussi bien que d’une Église réformée au sein de l’Union semblait abolie, protesta un petit nombre de luthériens décidés dans le synode ; Des protestations plus décidées et plus vigoureuses encore s’élevèrent de l’extérieur du synode, auxquelles l’Evang. Kirchenzeitung ouvrit ses colonnes. Le gouvernement n’accorda plus d’importance aux décisions du synode, et les adversaires exerçèrent leur esprit sur le malheureux Nicène du dix-neuvième siècle, qui, en tant que Nitzschenum, était tombé à l’eau. En mars 1847, le roi délivra un brevet de tolérance, par lequel la protection était de nouveau assurée aux églises existantes, mais la formation de nouvelles sociétés religieuses était permise à tous ceux qui n’y trouvaient pas l’expression de leur croyance.
193.4. L’Église évangélique dans la Vieille-Prusse, 1848-1872. — Lorsque les orages de la révolution éclatèrent en 1848, le nouveau ministre des cultes, le comte Schwerin, aida volontiers à réorganiser l’Église selon l’esprit des masses populaires par un synode constitutionnel. Mais avant même qu’il ne se rencontre, la réaction s’était déjà installée. Le ministère de transition de Ladenberg fut assuré par les consistoires et les facultés du danger de convoquer un tel synode de représentants du peuple. Au lieu du synode, on se réunit donc à Berlin en 1850 un concile suprême de l’Église, qui, indépendant du ministère, et seulement sous l’autorité du roi en tant que præcipuum membrum ecclesiæ, devait représenter la liberté de l’Église vis-à-vis de l’État comme quelque chose de déjà réalisé. Le 6 mars 1852, le roi promulgua un décret ministériel, en conséquence duquel le Conseil suprême de l’Église administrait non seulement les affaires de l’Église nationale évangélique dans son ensemble, mais était également chargé des intérêts de l’Église luthérienne aussi bien que de l’Église réformée en particulier, et devait être composé de membres de ces deux confessions. qui devrait avoir à se prononcer seul sur les questions se rapportant à sa propre confession. Sur l’Itio in partes ainsi exigé dans ce conseil, seul le Dr Nitzsch resta en place, car il déclara qu’il ne pouvait trouver d’expression de ses convictions religieuses dans aucune des deux confessions, mais seulement dans un consensus des deux. La difficulté fut surmontée en le considérant comme un représentant égal des deux confessions. Encouragées par une telle connivence en haut lieu à nourrir des espérances encore plus hardies, les sociétés luthériennes présentèrent en 1853 au roi une pétition signée par cent soixante et un ecclésiastiques, pour la restauration des facultés luthériennes et des biens de l’église luthérienne. Mais il en résulta un ordre assez défavorable du cabinet, dans lequel le roi exprima sa désapprobation d’une telle méprise des ordonnances de l’année précédente, et déclara expressément qu’il n’avait jamais eu l’intention de rompre ou d’affaiblir l’union opérée par son père, qu’il ne voulait donner à la confession dans l’union que la protection à laquelle elle avait sans aucun doute droit. Après cela, l’intérêt luthérien séparé, si longtemps si favorisé, tomba en défaveur manifeste et croissante. Cependant, le département ministériel du culte, sous Von Raumer, de 1850 à 1858, continua à diriger les affaires des écoles et des universités dans l’esprit de la réaction orthodoxe ecclésiastique, et publia les interminables règlements scolaires conçus dans cet esprit du conseiller privé Stiehl. Le Conseil suprême de l’Église a également fait preuve d’une activité rare et a adopté de nombreuses ordonnances salutaires. L’Église évangélique gagna un grand crédit par le soin qu’elle prenait de ses membres dispersés dans des pays éloignés, en leur fournissant du clergé et des enseignants. La faveur évidente avec laquelle Frédéric-Guillaume IV. a poursuivi les efforts de l’Alliance évangélique de 1857 ( 178, 3) C’était la dernière preuve d’une aversion décidée pour le mouvement confessionnel qu’il devait être autorisé à donner. Une longue et désespérée maladie, dont il mourut en 1861, l’obligea à céder le gouvernement à son frère Guillaume Ier. Lorsqu’en octobre 1855, ce monarque commença à gouverner en son propre nom, il déclara à ses ministres nouvellement nommés qu’il était fermement résolu à ce que l’union évangélique, dont le développement bienfaisant avait fait obstacle à une orthodoxie incompatible avec le caractère de l’Église évangélique, et qui avait ainsi presque causéD’un autre côté, il n’y a pas d’autre moyen d’empêcher que l’on puisse s’en occuper. Mais pour que la tâche puisse être accomplie, les organes de son administration doivent être soigneusement choisis et, dans une certaine mesure, modifiés. Toute hypocrisie et tout formalisme, que cette orthodoxie avait favorisés, doivent être éliminés dans la mesure du possible. Cependant, l'« ère nouvelle », marquée par l’apparition des journaux libéraux, ne répond nullement aux attentes que ces paroles suscitent. Le ministère de Von Bethmann-Hollweg, de 1858 à 1862, remplissait quelques fonctions théologiques et spirituelles dans cet esprit libéral ; Stahl se retira du Conseil suprême de l’Église ; Les procédures contre les Églises libres, ainsi que les mesures sévères contre le remariage des divorcés, ont été assouplies. Mais la loi sur le mariage établie par le ministère avec l’autorisation du mariage civil fut rejetée par la Chambre des pairs, et les règlements scolaires détestés durent être entrepris par le ministre lui-même. Le ministère ecclésiastiquement conservateur de Von Mühler, de 1862 à 1872, qui, cependant, voulait un principe fixe ainsi qu’une énergie de volonté autodéterminée, et qui, par conséquent, hésitait souvent et perdait le respect de tous les partis, était tout à fait inapte à réaliser ces attentes. Le Conseil suprême de l’Église publia en 1867 les grandes lignes d’une constitution synodale provinciale pour les six provinces orientales qui n’avaient pas encore cette institution, dont jouissait les provinces du Rhin et de Westphalie depuis 1835. À cette fin, il convoqua à l’automne de 1869 un synode provincial extraordinaire, qui approuva pour l’essentiel le croquis qui lui avait été soumis, après quoi il fut provisoirement promulgué.
193.5. L’Église évangélique dans la Vieille-Prusse, 1872-1880.— Après la destitution de Von Mühler, ministre des cultes, en janvier 1872, sa place fut prise par le Dr Falk, 1872-1879. Les règlements scolaires détestés furent enfin mis de côté et remplacés par de nouvelles prescriptions modérées, conçues dans un esprit de tempérance presque inattendu. Le 10 septembre 1873, le roi promulgua une constitution congrégationnelle et synodale pour les provinces orientales, avec la déclaration expresse que la position de la confession et de l’union ne devait en aucun cas être affectée. Il prescrivait que dans chaque congrégation présidée par un pasteur, élu par les membres de l’Église qualifiés par l’Église, c’est-à-dire ceux qui avaient pris part au culte public et reçu les sacrements, il devait y avoir un conseil ecclésiastique de quatre à douze personnes, et pour les questions plus importantes, par exemple l’élection d’un pasteur, un comité de congrégation trois fois plus grand, dont la moitié devrait être renouvelée tous les trois ans. Au synode de district, présidé par le surintendant, chaque congrégation envoie comme délégués, outre le pasteur, un représentant laïc choisi par le conseil de l’église parmi ses membres ou parmi le comité de la congrégation. D’après le même principe, les synodes de district choisissent parmi leurs membres un représentant clérical et un représentant laïc au synode provincial, auquel la faculté de théologie évangélique de l’université située dans les limites envoie également un député, et le seigneur territorial nomme un nombre de membres n’excédant pas le sixième de l’ensemble. Le synode général, auquel participent également les deux provinces occidentales, la Rhénane et la Westphalie, se compose de cent cinquante délégués des synodes provinciaux et de trente nommés par les seigneurs territoriaux, auxquels les facultés de théologie et de droit des six universités situées dans le périmètre envoient chacun de leurs membres. Bien que ce décret royal se fût proclamé définitif et qu’il n’eût été renvoyé qu’à un Synode général extraordinaire pour qu’il fût immédiatement appelé à organiser les futurs synodes généraux ordinaires, cependant, lors de la réunion de ce synode extraordinaire à Berlin, le 24 novembre 1875, un projet de constitution modifiée sur divers points importants fut présenté. Des trois revendications du parti libéral sur lesquelles on insiste maintenant violemment...
La première fut de loin la plus importante et la plus grave dans ses conséquences, mais les deux autres portèrent leurs fruits par le décret selon lequel les deux tiers des membres des synodes de district et de province seraient des laïcs, et l’autre tiers serait librement élu au synode de district parmi les communautés urbaines populeuses, pour les synodes provinciaux des synodes de district plus importants. De même, en ce qui concerne les droits appartenant aux différents grades de synodes, des modifications considérables ont été apportées, par lesquelles les privilèges des communautés ont été diversement augmentés (par exemple, on leur a donné le droit de refuser d’introduire les catéchismes et les livres de cantiques sanctionnés par les synodes provinciaux), tandis que ceux des synodes de district et provinciaux ont été diminués en faveur du synode général. et ceux de ces derniers à nouveau en faveur du conseil de la Haute Église et du ministre des cultes publics. Après près de quatre semaines de discussion, le projet de loi fut adopté par l’Assemblée sans amendements sérieux et, le 20 janvier 1876, il reçut la sanction royale et devint une loi ecclésiastique. Mais pour lui donner aussi le rang de loi de l’État, il fallait une décision du Parlement des États sur les rapports de l’Église et de l’État. Déjà en 1874, lorsque la constitution congréganiste et synodale originale lui fut soumise, le parlement n’avait approuvé que la constitution congrégationale pour faire avancer le mouvement, avec un refus provisoire de tout ce qui allait au-delà. Au mois de mai 1876, le projet de loi, déjà érigé par le roi en loi ecclésiastique, fut adopté par les deux chambres du parlement, et là aussi quelques amendements furent introduits avec pour effet d’augmenter et de renforcer la prérogative de l’État. Les principaux points de la loi telle qu’elle a été adoptée à l’époque sont les suivants : Le synode général, dont les membres s’engagent à remplir leurs devoirs conformément à la parole de Dieu et aux ordonnances de l’Église nationale évangélique, a pour tâche de maintenir et de faire progresser l’Église d’État sur la base de la confession évangélique. Les lois de l’Église d’État doivent recevoir sa sanction, mais aucune mesure acceptée par elle ne peut être soumise à la sanction du roi sans l’approbation du ministre du culte public. Il se réunit tous les six ans ; Dans l’intervalle, il est, ainsi que les synodes provinciaux, représenté par un comité synodal choisi parmi ses membres. Le chef du gouvernement de l’Église est le Conseil suprême de l’Église, dont le président contresigne les lois ecclésiastiques approuvées par le roi. Le droit de nomination à cette charge appartient au ministre du culte public ; Lors de la nomination des autres membres, le président fait des propositions avec le consentement du ministre. L’imposition du synode général pour les besoins du parlement doit être approuvée par le ministre d’État, et doit l’être, si elle excède quatre pour cent. de l’impôt de classe et de l’impôt sur le revenu, doit être approuvé par la Chambre basse, qui doit également déterminer annuellement les dépenses de l’administration ecclésiastique.
193.6. Lors des préparatifs du synode général extraordinaire, le roi avait à plusieurs reprises exprimé vigoureusement son point de vue religieux positif, et sur les listes de membres de ce synode proposées par le ministre des cultes publics, tous les noms appartenant au Protestantenverein avaient été rayés. C’est encore plus nettement en 1877 qu’il manifesta sa désapprobation dans les troubles de Rhode-Hossbach (180, 4), en déclarant sa ferme croyance en la divinité du Christ, et lorsque le président du consistoire de Brandebourg de l’époque, Hegel, présenta sa démission, en raison de divergences avec le président libéral du Conseil suprême de l’Église, Hermann, le roi refusa de l’accepter, parce qu’il ne pouvait alors épargner aucun homme de la foi apostolique. En mai 1878, Hermann fut enfin, après des sollicitations répétées, autorisé à se retirer, le Dr Hermes, membre du Conseil suprême de l’Église, fut nommé son successeur, et la tendance positive du Conseil suprême de l’Église fut renforcée par l’admission des prédicateurs de la cour, Kögel et Baur. Ses propositions, de nouveau en désaccord avec les nominations royales pour le synode provincial et pour le premier synode général ordinaire de l’automne 1879, amenèrent finalement le ministre des cultes publics, le docteur Falk, à accepter sa démission, après de nombreuses sollicitations. Elle lui fut accordée en juillet 1879, et le président en chef de la province de Silésie, Von Puttkamer, partisan plus résolu du parti de l’union positive, fut désigné comme son successeur ; mais en juin 1881, il fut nommé ministre de l’Intérieur, et le sous-secrétaire du département des cultes publics, Von Gossler, fut nommé ministre. Le synode général, du 10 octobre au 3 novembre, se composait de cinquante-deux confessionnalistes, soixante-seize unionistes positifs, cinquante-six unionistes du parti moyen ou unionistes évangéliques, et neuf des rangs de la gauche, les protestants ; Trois confessionnalistes, douze unionistes positifs et quinze du parti du milieu furent nommés par le roi. Les mesures proposées par le Conseil suprême de l’Église :
ont été adoptés par le synode puis approuvés par le roi. D’autre part, une série de propositions indépendantes conçues dans l’intérêt du parti de la Haute Église restèrent en suspens. Les dernières élections du comité synodal général ont abouti à la nomination de trois membres unionistes positifs, dont le président, deux confessionnalistes et deux membres du parti du centre.549
193.7. L’Église évangélique dans les provinces annexées. — En 1866, les provinces de Hanovre, de Hesse et de Schleswig-Holstein furent incorporées au royaume de Prusse. Dans ces particularismes politiques, combinés avec le luthéranisme confessionnel, la suspicion à l’égard de tout système organisé de gouvernement ecclésiastique comme destiné à introduire l’unionisme prussien, même jusqu’à l’extrême de la rébellion ouverte, a conduit à des conflits violents. Le roi, en effet, donna personnellement l’assurance à Cassel, à Hanovre et à Kiel que la position de la confession ecclésiastique ne serait en aucune façon menacée. « Il soutiendra en effet l’union là où elle existait déjà comme un héritage sacré pour lui de la part de ses ancêtres ; Il espère aussi qu’elle pourra toujours progresser comme témoin de la grande unité de l’Église évangélique ; mais la contrainte ne doit s’appliquer à personne. Les consistoires de ces provinces devaient continuer à exister indépendamment du Conseil suprême de l’Église. Mais l’ordre ministériel pour le rétablissement de la constitution synodale représentative prévalut de plus en plus, bien que la suspicion généralisée et les protestations individuelles contre le système de gouvernement de l’Église, telles que l’interdiction temporaire du consistoire de Marbourg de la fête missionnaire, comme il était ouvertement utilisé pour l’agitation contre la constitution synodale projetée, contribuèrent à intensifier l’amertume des sentiments. Mais, d’un autre côté, beaucoup de prédicateurs, par leurs harangues inconvenantes en chaire, et leur refus de prêter le serment d’allégeance ou de service, de prier à l’église pour leur nouveau souverain, et d’observer le jour férié fixé pour être célébré en 1869 le 10 novembre (anniversaire de Luther), etc., ont forcé les autorités ecclésiastiques à imposer des amendes, des suspensions, des peines de transport, etc. et le dépôt. Dans le Schleswig-Holstein luthérien, une nouvelle constitution congrégationale a été introduite en 1869 par le ministre Von Mühler, comme base d’une future constitution synodale, qui a été adoptée par le Vorsynode de Rendsburg en 1871, préservant le statut confessionnel établi, sans discussion. En 1878, l’institution de synodes de district ou de prévôté fit un progrès et, en février 1880, le premier synode général se tint à Rendsburg. Comme dans la Vieille Prusse, le mouvement conservateur l’emporta ici. Les laïcs obtinrent la majorité dans tous les synodes, et la suprématie de l’État fut assurée par la subordination du gouvernement ecclésiastique sous le ministre du culte public.
193.8. Dans le Hanovre, où en particulier Lichtenberg, président du consistoire supérieur, et Uhlhorn, membre du consistoire supérieur (depuis 1878 abbé de Loccum), bien que beaucoup d’extrémistes luthériens soient restés longtemps mécontents, ont maintenu avec modération et dignité l’indépendance et les privilèges de l’église luthérienne, le premier synode national n’a pu être convoqué et n’a pu mener à une conclusion généralement pacifique la question de la constitution qu’à la fin de 1869, après les travaux préliminaires du Comité synodal national. En 1882, les communautés réformées de 120 000 âmes, jusque-là soumises à des consistoires luthériens, obtinrent une constitution congrégationale et synodale indépendante. Contre la nouvelle ordonnance sur le mariage promulguée en conséquence de la loi sur le mariage civil ( 197, 5), Théod. Harms (frère, et à partir de 1865 successeur de L. Harms, 184, 1), pasteur et directeur du séminaire missionnaire d’Hermannsburg, s’est rebellé contre la conviction que le mariage civil ne méritait pas d’être reconnu comme mariage. Il fut d’abord suspendu, puis destitué de ses fonctions en 1877 et, avec la plus grande partie de sa congrégation, il se retira et fonda une communauté luthérienne distincte, à laquelle furent rattachés par la suite quinze autres petites congrégations de 4 000 âmes. Comme les professeurs et les élèves du séminaire en faisaient une propagande zélée pour la sécession, les journaux missionnaires et les fêtes missionnaires furent utilisés à mauvais escient dans le même but, et comme Harms répondait aux questions du consistoire à ce sujet, en partie en niant, en partie en excusant, ce tribunal, en décembre 1878, interdit les collectes missionnaires faites jusque-là dans toutes les églises de l’Épiphanie pour Hermannsburg, Il rompit ainsi complètement le lien entre l’Église d’État et l’institution qui avait été considérée jusque-là comme « son orgueil et son sel protecteur ». Depuis, une réaction s’est produite en faveur du séminaire et de ses amis, sur l’assurance que les intérêts de la séparation ne seraient pas favorisés par le séminaire, et que plusieurs autres caractéristiques répréhensibles, par exemple l’emploi fréquent dans le service missionnaire d’artisans sans formation théologique, l’envoi d’un trop grand nombre d’entre eux sans dotation et salaire suffisants, de sorte que les missionnaires étaient obligés de se livrer à des spéculations commerciales, devaient être écartés autant que possible ; Mais comme la vie du séminaire était toujours toujours menée sur la base de la sécession ecclésiastique, elle ne pouvait conduire à aucune réconciliation permanente avec l’Église d’État. Harms mourut en 1885. Son fils Egmont fut choisi comme son successeur et, comme le consistoire refusa l’ordination, il accepta la consécration des mains de cinq membres du synode de l’Emmanuel à Magdebourg.
193.9. En Hesse, le ministère de Von Mühler chercha à réunir les trois consistoires de Hanau, Cassel et Marbourg, comme véhicule nécessaire à l’introduction d’une nouvelle constitution synodale. Dans la province même, une agitation continua pour et contre le projet constitutionnel présenté par les ministres, qui ignorait complètement l’ancien ordre ecclésiastique (127, 2). qui, bien qu’au début du XVIIe siècle, à travers les troubles ecclésiastiques de l’époque ( 154, 1), Il était tombé en désuétude, n’avait jamais été abrogé et était donc toujours juridiquement valide. Un Vorsynode convoqué en 1870 l’approuva sur tous les points essentiels, mais les assemblées de surintendants, les conférences pastorales et les adresses laïques protestèrent, et le parlement prussien, pour lequel il n’était pas encore assez libéral, refusa les subsides nécessaires. Ceux-ci ayant été accordés après le renversement de Von Mühler, son successeur, le Dr Falk, procéda immédiatement en 1873 à la création à Cassel du tribunal qui avait été si longtemps contesté. Il a été constitué sur le modèle du Conseil suprême de l’Église, composé de membres luthériens, réformés et unis, avec Itio in partes sur des questions spécifiquement confessionnelles. Le clergé de la Haute-Hesse se consola en disant que les nouveaux tribunaux où les confessions étaient combinées, sinon meilleurs, n’étaient pas pires que les consistoires antérieurs dans lesquels les confessions étaient confondues ; et ils se sentaient obligés de leur obéir, pourvu qu’ils n’exigeaient rien de contradictoire avec la confession luthérienne. D’autre part, une grande partie du clergé de la Basse-Hesse voyait dans le passage d’un simple éventuel à un mélange réel du statut confessionnel dans le gouvernement de l’Église une détérioration intolérable. C’est ainsi que quarante-cinq ecclésiastiques de la Basse-Hesse et un de la Haute-Hesse protestèrent devant le roi contre cette innovation comme destructrice des droits confessionnels de l’Église de Hesse, contraire à la volonté de la majesté suprême de Jésus-Christ. Ils furent démis de leurs fonctions avec une sévère réprimande et, à l’exception de quatre qui se soumirent à la charge, ils furent démis de leurs fonctions pour refus obstiné d’obéir. Il y avait environ seize congrégations qui, dans une plus ou moins grande mesure, se tenaient à l’écart des nouveaux pasteurs nommés par les consistoires, et qui, sans rompre avec l’Église d’État, voulaient rester fidèles à l’ancien pasteur « nommé par Jésus-Christ lui-même ». À l’automne 1884, le mouvement en faveur de la restauration d’une constitution presbytérale et synodale de l’Église évangélique de Hesse, qui avait été retardé de quatorze ans, reprit son cours. Une esquisse d’une constitution, qui la plaçait sous trois surintendants généraux (luthérien, réformé, unifié) et treize surintendants, et, pour la coopération équitable de l’élément laïc dans l’administration des affaires ecclésiastiques (le statut confessionnel, cependant, étant indiscutable), fournissait des organes appropriés sous la forme de consistoires et de synodes, avec une prédominance de l’élément laïc. a été soumis à un Vorsynode qui s’est réuni le 12 novembre, composé de deux divisions, comme une Chambre basse et une Chambre haute, siégeant ensemble. La première division, en tant que représentante de l’ordre ecclésiastique existant alors, englobait, selon la pratique des anciens synodes de Hesse, tous les membres du consistoire, c’est-à-dire les neuf surintendants et les treize pasteurs élus par le clergé ; La seconde, composée au moins d’autant de laïcs que de clercs, fut choisie par la libre élection de la congrégation. Les décrets du Vorsynode reçurent la sanction royale à la fin de décembre 1885, ce qui garantissait expressément le statut confessionnel.
Dans la plupart des petits États du nord de l’Allemagne, en raison de la très faible représentation de l’Église réformée, qui n’était considérable qu’à Brême, à Lippe-Detmold et dans une partie de la Hesse et de la Frise orientale, l’union rencontra peu de faveur. Pourtant, ce n’est que dans quelques-unes de ces provinces qu’un luthéranisme confessionnel fortement marqué a été largement accepté. C’était particulièrement et très nettement le cas dans le Mecklembourg, mais aussi dans le Hanovre, la Hesse et la Saxe. D’autre part, depuis la fin de 1860, dans presque tous ces petits États, on réclama avec détermination une constitution synodale représentative, assurant la coopération due de l’élément laïque. 1), mais dans les autres petits Länder d’Allemagne du Nord, il n’était représenté qu’ici et là.
194.1. Le royaume de Saxe.—Le royaume actuel de Saxe, autrefois principauté électorale, a des princes catholiques depuis 1679 ( 153, 1), mais l’Église catholique ne pouvait s’enraciner que dans le voisinage immédiat de la cour. En effet, ceux qui en faisaient partie ne jouissaient de l’égalité civile et religieuse qu’en 1807, date à laquelle cette distinction fut écartée. Cependant, l’érection de cloîtres et l’introduction d’ordres monastiques continuèrent d’être interdites, et toutes les publications officielles du clergé catholique nécessitaient le placet du gouvernement. L’administration de l’église évangélique, tant que le roi est catholique, est, d’après l’accord, entre les mains des ministres chargés de l’évangélisation. Bien que plusieurs d’entre eux se soient révélés des défenseurs de l’orthodoxie ecclésiastique, les Lumières rationalistes sont devenues presque universellement répandues non seulement parmi le clergé, mais aussi parmi la population en général. Pendant ce temps, une réaction piétiste s’installa, particulièrement puissante à Muldenthal, où les travaux de Rudelbach lui imprimèrent un caractère ecclésiastique luthérien. Le mouvement religieux, en revanche, dirigé par Martin Stephan, pasteur de l’église de Bohême à Dresde, a connu une fin triste et honteuse. En tant que représentant et restaurateur des vues luthériennes strictes, il avait travaillé avec succès à Dresde à partir de 1810, mais, à cause de l’adulation de ses disciples, s’approchant même du culte, il tomba de plus en plus profondément dans la présomption hiérarchique et la négligence de l’autovigilance. Lorsque, en 1837, la police restreignit ses réunions nocturnes, sans toutefois avoir découvert quoi que ce soit d’immoral, et le suspendit de ses fonctions officielles, il appela ses partisans à émigrer en Amérique. Beaucoup d’entre eux, laïcs et ecclésiastiques, obéirent aveuglément, et fondèrent en 1835, dans le Missouri, une communion d’église luthérienne (208, 2). Les hypothèses hiérarchiques despotiques de Stéphane atteignirent ici leur apogée ; Il a également donné libre cours à ses convoitises. En 1839, les femmes opprimées ou maltraitées par lui finirent par proclamer ouvertement sa honte, et la communauté l’excommunia. Il mourut en apr. J.-C. Année 1846. Instruite par de telles expériences, et purgée de l’élément donatiste-séparatiste, une réaction de l’Église contre le rationalisme progressiste fit des progrès considérables sous une forme d’Église qui la favorisait, et s’assura également des représentants influents parmi les membres de la faculté de théologie de l’université de Leipzig qui se distinguèrent par leurs réalisations scientifiques. Après des débats répétés à la Chambre sur un projet de nouvel ordre ecclésiastique et synodal soumis par le ministère, le premier synode évangélique luthérien d’État se réunit à Dresde, en mai 1871. Sur la proposition du gouvernement, la loi sur le patronage fut modifiée de manière à ce que le patron dût soumettre trois candidats au choix du conseil ecclésiastique. On décida aussi de former un consistoire supérieur ou d’État, auquel seraient confiées toutes les affaires ecclésiastiques jusque-là administrées par le ministre des cultes publics ; Le contrôle de l’éducation devait rester entre les mains du ministère, et le consistoire d’État ne devait être chargé que de la surveillance de l’instruction religieuse et de la formation éthico-religieuse. Les débats les plus animés furent ceux qui furent animés par la proposition d’abolir l’obligation qui incombait à tous les enseignants de l’Église de paraître adhérer à la confession de l’Église luthérienne, sous la direction du Dr Zarncke, recteur de l’université d’État. Le commiss,L’enquête a été envoyée sous la présidence du professeur Luthardt, a exigé le retrait absolu de cette proposition, qui visait à une parfaite liberté doctrinale. D’autre part, le professeur G. Baur a fait la proposition médiate de substituer à la déclaration sous serment la promesse d’enseigner simplement et purement au mieux de sa connaissance et selon sa conscience l’Évangile du Christ tel qu’il est contenu dans l’Écriture et attesté dans les confessions de l’Église luthérienne. Et comme Luthardt, inspiré par le désir de ne pas déchirer le premier synode d’État à sa dernière séance par un schisme incurable, accepta cette proposition, elle fut adoptée à une large majorité. À la suite de cette décision, un certain nombre de « luthériens fidèles à la confession » se retirèrent de l’Église d’État et, à l’anniversaire de la Réforme en 1871, se constituèrent en Église évangélique luthérienne libre, associée au synode du Missouri (208, 2). sur laquelle, sur la suggestion de quelques-uns des membres de la communauté qui étaient revenus d’Amérique, ils choisirent pour eux-mêmes un pasteur appelé Ruhland. Il y avait cinq congrégations de ce genre en Saxe : à Dresde, Planitz, Chemnitz, Frankenberg et Krimmitschau, auxquelles s’attachèrent quelques dissidents d’Allemagne du Sud à Stenden, Wiesbaden, Francfort et Anspach.
194.2. Les duchés saxons. — L’émigration des Stéphanes avait aussi attiré un certain nombre d’habitants de Saxe-Altenbourg. Dans un rescrit à l’Ephorus Ronneburg, en 1838, le consistoire faisait remonter ce mouvement séparatiste au fait que les besoins religieux des congrégations ne trouvaient aucune satisfaction dans la prédication rationaliste, et exhortait à une présentation plus sérieuse du haut de la chaire des doctrines fondamentales et centrales du christianisme évangélique. Ce rescrit a fait l’objet d’une violente dénonciation. Le gouvernement prit l’avis de quatre facultés de théologie sur la procédure du consistoire et de ses adversaires, qui le publièrent simplement avec les éloges et les reproches qu’il contenait, empêchant ainsi toute enquête. C’est aussi à Weimar et à Gotha que le rationalisme de Röhr et de Bretschneider, qui avait dominé presque toutes les chaires jusqu’au milieu du siècle, commença à disparaître peu à peu, et les partis plus récents de la théologie confessionnelle, de la médiation et du protestantisme libre prirent sa place. Ce dernier parti a trouvé un soutien vigoureux à l’université d’Iéna. Une pétition qui lui fut adressée en 1882 par la Conférence de l’Église de Thuringe d’Eisenach, pour appeler à Iéna un représentant de la théologie luthérienne positive, fut catégoriquement refusée et, dans un pamphlet controversé du surintendant Braasch, condamnée comme « l’outrage d’Eisenach » (Attentat). À Meiningen, le Vorsynode, qui s’y réunit en 1870, approuva l’ébauche d’une constitution synodale modérément libérale qui lui était soumise, qui plaçait la confession hors de portée de toute ingérence législative, mais garantissait également ses droits au libre examen. Le premier synode d’État, cependant, ne s’est pas réuni avant 1878. À Weimar, le premier synode se tint en 1873, le second en 1879.
194.3. Le royaume de Hanovre. — Bien que l’union n’ait pas été acceptée à Hanovre, après le renversement du rationalisme de l’ancien régime, la théologie de l’union devint dominante dans l’université. Le clergé, cependant, était en grande partie entraîné par le courant luthérien confessionnel de l’époque. En 1854, la Conférence des prédicateurs de Stade saisit l’occasion d’attirer l’attention du gouvernement sur la « divergence manifeste » entre la théologie syndicale de l’université et la confession luthérienne légale et réelle de l’Église d’État, et insista pour la nomination d’enseignants luthériens. La faculté, d’autre part, publia un mémoire en faveur de la liberté de l’enseignement public, et les conservateurs remplirent de nouveau les postes vacants avec des théologiens syndicaux. Lorsqu’en avril 1862 on proposa de remplacer le catéchisme d’État introduit en 1790, qui ne répondait ni théologiquement ni catéchétiquement aux besoins de l’Église, par une révision soigneusement passée au crible du catéchisme Walther en usage avant 1790, approuvée par la faculté de Göttingen, l’agitation du parti libéral provoqua une opposition, surtout dans les populations urbaines. qui s’exprima par des insultes aux membres des consistoires et des pasteurs, et par des combats de rue sanglants presque tous les jours avec les militaires, et obligea enfin le gouvernement à céder. — Les négociations d’un concordat avec Rome allèrent plus loin en 1824 que l’obtention de la bulle de circonscription Impensa Romanorum, par laquelle l’Église catholique obtint deux évêchés, ceux de Hildesheim et d’Osnabrück. — En 1886, le Hanovre fut incorporé au royaume de Prusse (193, 8).
194.4. Hesse.―Le landgrave Maurice, 1592-1627, avait imposé à ses territoires un calvinisme mélanchthonien modifié ( 154, 1), mais une base luthérienne avec des modes de vision luthériens et des institutions luthériennes subsistait encore, et la réaction luthérienne n’avait jamais été complètement surmontée, pas même en Basse-Hesse, bien que le nom d’Église réformée avec des modes de culte réformés y ait été progressivement introduit dans la plupart des congrégations. Cependant, les communautés de Haute-Hesse et de Schmalcald, par une opposition continuelle, sausemblèrent pour la plupart leur luthéranisme, qui leur fut garanti de nouveau en 1648 par les vacances de Darmstadt, et obtinrent une forme indépendante de gouvernement ecclésiastique dans le définitorium de Marbourg. Le mouvement unioniste, qui sortit de Prusse en 1817, rencontra également la faveur de la Hesse, mais ce n’est que dans la province de Hanau qu’en 1818 il obtint la durée d’une constitution formelle d’une église sur la base de l’union. En 1821, cependant, l’électeur publia l’édit dit de réorganisation, par lequel toute l’église évangélique de l’électorat, sans aucune référence au statut confessionnel, mais simplement en accord avec les divisions politiques de l’État, fut placée sous les consistoires nouvellement institués de Cassel, de Marbourg et de Hanau, dans la formation desquels la confession des habitants n’avait pas été prise en considération. Le Définitoire de Marbourg protesta, en effet, mais en vain, contre cet acte despotique, qui fut ressenti comme un grief, moins à cause de l’effacement de la confession qu’à cause de la perte d’un gouvernement ecclésiastique indépendant qu’il occasionnait. Le gouvernement nommait des pasteurs, des enseignants et des professeurs sans s’enquérir beaucoup de leur confession. En 1838, l’adhésion jusque-là obligatoire du clergé aux écrits confessionnels, la Confession d’Augsbourg et ses Apologies, fut modifiée en une formule déclarant qu’il en tenait compte consciencieusement. Mais Bickell, professeur de droit à Marbourg, y voyait une perte de statut juridique pour l’Église, une mise en danger de l’Église évangélique ; le professeur de théologie Hupfeld, dans la suite de la controverse, prit également son parti, tandis que l’avocat Henkel de Cassel, en tant qu’agitateur populaire, s’opposa à lui et exigea un synode d’État pour l’abolition formelle de tous les livres symboliques. Le gouvernement a ignoré ces deux demandes, et le conflit véhément s’est calmé peu à peu. Avec 1850, une nouvelle ère commença dans la vive controverse sur la question de savoir quelle confession, qu’elle soit luthérienne ou réformée, était légalement et réellement celle de l’État. Le ministère de Hassenpflug à partir de 1850, qui réprima la révolution, la considérait légalement comme luthérien, et déterminait les arrangements ecclésiastiques en ce sens, et dans cette voie le docteur Vilmar, membre du consistoire, était le bras droit du ministre. Mais l’électeur s’opposa dès le début personnellement à cette procédure et, lors du renversement du ministère en 1855, Vilmar (mort en 1868) fut également transféré à une chaire de théologie à Marbourg. Cependant, cela ne fit que donner une nouvelle impulsion au mouvement confessionnel luthérien dans l’État, car l’esprit et la tendance du professeur de théologie très vénéré influençaient puissamment la jeune génération du clergé hessois. À la suite de la guerre d’Allemagne, la Hesse fut annexée à la Prusse en 1866 ( 193, 9). l’église catholique dans cet état, comparez 196, 1.
194.5. Brunswick, Oldenbourg, Anhalt et Lippe-Detmold.―On fit aussi beaucoup de bruit à Brunswick au sujet de l’introduction d’une nouvelle constitution pour l’Église luthérienne d’État en 1869, et enfin en 1871 une ordonnance synodale fut votée par laquelle le synode d’État, composé de quatorze membres clercs et de dix-huit laïcs, devait se réunir tous les quatre ans, afin de ne pas être un facteur trop offensant dans l’administration et la législation ecclésiastiques. qui n’a donc pas touché au contenu de la confession. Le premier synode de 1872 commença par rejeter l’injonction d’ouvrir les sessions par la prière et la lecture de l’Écriture. Oldenbourg, qui, en 1849, par un synode dont les membres avaient été choisis par l’électorat primitif, avait été favorisé d’une constitution ecclésiastique démocratique entièrement séparée de l’État, accepta en 1854 sans opposition une nouvelle constitution qui rétablissait la direction de l’Église aux seigneurs territoriaux, l’administration de l’Église à un Conseil suprême de l’Église et la législation ecclésiastique à un synode d’État composé de membres clercs et laïcs. ses droits souverains donnèrent une charte en 1878 à l’église évangélique du duché d’Anhalt à une ordonnance synodale qui, bien qu’approuvée par le Vorsynode de 1876, avait été rejetée par le parlement, et qui obtint ensuite l’assentiment des représentants nationaux. était retourné au catéchisme de Heidelberg et avait protesté contre l’abolition de l’acceptation sous serment des symboles, comme destructrice de la paix de l’Église. La constitution de l’Église démocratique de 1851, cependant, a été abrogée en 1854, et à la place, l’ancien ordre de l’Église réformée de 1684 a de nouveau été promulgué. Dans le même temps, le pardon religieux et l’égalité étaient garantis aux catholiques et aux luthériens. Le premier synode d’État réformé a été constitué en 1878.
194.6. Mecklembourg. — Le Mecklembourg-Schwerin était, à partir de 1848, en possession d’un gouvernement ecclésiastique strictement luthérien sous la direction de Kliefoth, et son université de Rostock avait des théologiens résolument luthériens. Lorsque le chambellan Von Kettenburg, en passant à l’église catholique, nomma un prêtre catholique sur son domaine, le gouvernement en 1852, au motif que les lois de l’État n’autorisaient pas les services catholiques qui s’étendaient au-delà du simple culte familial, jugea qu’il avait outrepassé les limites. Une plainte à ce sujet, présentée au parlement puis au Bund allemand, a été rejetée dans les deux cas. Même en 1863, les magistrats de Rostock refusèrent d’autoriser la construction d’une église catholique avec des cloches et des cloches. — Une excitation extraordinaire fut causée par la destitution, en janvier 1858, du professeur M. Baumgarten, de Rostock. Une épreuve d’examen qu’il a posée le 2 Rois xi. par lequel on s’efforçait d’obtenir la sanction de l’Écriture pour une révolution violente, obligea le gouvernement, même en 1856, à le retirer du jury d’examen théologique. En même temps, sa polémique adressée à une conférence pastorale à Parchim, contre la doctrine du catéchisme d’État du Mecklembourg sur la loi cérémonielle, en particulier en ce qui concerne la sanctification du sabbat, augmenta la méfiance que le clergé de l’État, à cause de ses écrits, avait nourrie contre sa position théologique comme une position qui, d’une base fanatique, divergeait de tous côtés dans un antagonisme fondamental à la confession et aux ordonnances de l’Église d’État luthérienne. Le gouvernement le déposa finalement en 1858 (le laissant cependant en possession de tout son salaire, ainsi que du droit d’enseignement public), sur la base et après la publication d’un jugement du consistoire qui le déclarait coupable d’altération hérétique de toutes les doctrines fondamentales de la foi chrétienne et de la confession luthérienne, et cherchait à prouver ce verdict par ses écrits. Comme on pouvait s’y attendre, cette démarche fut suivie d’un grand tollé de la part de tous les journaux ; mais même les luthériens, comme Von Hofmann, Von Scheurl et Luthardt, s’opposaient à ce que les procédés du gouvernement excédaient la loi établie par l’ordonnance ecclésiastique, et à l’opinion du consistoire comme reposant sur un malentendu, une supposition arbitraire et une conclusion inconséquente.
La Bavière catholique, à l’origine un électorat, mais élevé en 1806, par la faveur de Napoléon, en une souveraineté royale, à laquelle avait été adjugé par le Congrès de Vienne des territoires considérables en Franconie et dans le Palatin du Rhin avec une population principalement protestante, tenta sous Maximilien-Joseph (IV). I., à la manière de Napoléon, adopta despotiquement un système libéral de politique ecclésiastique, mais se vit obligé de céder de nouveau, et sous Louis Ier. redevint le principal refuge de l’ecclésiastique catholique romain du modèle ultramontain le plus prononcé. C’est sous le noble et honnête roi Maximilien II que l’église évangélique des deux divisions du royaume, qui comptait les deux tiers de la population, parvint pour la première fois à assurer le libre usage de ses droits. Néanmoins, la Bavière catholique resta ou devint le théâtre malheureux de la plus folle agitation démagogique du clergé catholique et des « patriotes » bavarois qui jouaient leur jeu, dont le patriotisme ne consistait qu’en une haine folle de la Prusse et en un ultramontanisme fanatique. Cependant le roi Louis II, après les brillants succès de la guerre franco-allemande, ne put s’opposer à la proposition du 30 novembre 1870 de fonder un nouvel empire allemand sous une tête prussienne et par conséquent protestante.
195.1. La politique ecclésiastique bavaroise sous Maximilien Ier, 1799-1825. — La Bavière s’enorgueillissait avec la joie la plus non feinte après le déracinement du protestantisme dans ses frontières telles qu’elles étaient alors définies (151, 1), qu’elle était la plus catholique, c’est-à-dire la plus ultramontaine et la plus fanatique, des terres germanophones, et, après une courte pause dans cette tradition, par Maximilien-Joseph III. ( 165, 10), repartit toutes voiles dehors, sous les ordres de Charles-Théodore, 1777-1779, sur l’ancien parcours. Mais l’aspect tout nouveau que cet État prit lors du renversement de l’ancien empire allemand, exigeait une adaptation territoriale de la vie civile et ecclésiastique selon les rapports qu’il devait à sa position politique actuelle. Le nouvel électeur Maximilien-Joseph IV, qui se faisait appeler Maximilien Ier en tant que roi, transféra l’exécution de cette tâche à son ministre libéral, énergique et tout à fait intrépide, le comte de Montgelas, de 1799 à 1817. En janvier 1802, il fut décrété que tous les cloîtres seraient supprimés et que toutes les fondations des cathédrales seraient sécularisées ; Et ces lois ont été immédiatement exécutées d’une manière intransigeante. Même en 1801, on admettait aux protestants la qualification pour exercer les droits des citoyens bavarois, et un édit religieux de 1803 garantissait à toutes les confessions chrétiennes la pleine égalité des privilèges civils et politiques. Le clergé fut confié à l’éducation, et un nombre considérable d’étrangers et de protestants furent nommés dans les gymnases et les universités. À tous égards, la souveraineté de l’État sur l’Église et le clergé s’exprimait très nettement, l’épiscopat en tous points restreint dans sa juridiction, la formation du clergé réglée et surveillée au nom de l’État, le patronage de tous les pastorats et bénéfices usurpés par le gouvernement, même le culte public soumis au contrôle de l’État par l’interdiction des pratiques superstitieuses. etc. Mais, parmi beaucoup d’autres malheurs de ce procédé autocratique, il y avait surtout l’extinction graduelle de l’ancienne race d’évêques, qui obligea le gouvernement à chercher de nouveau une entente avec Rome ; et c’est ainsi qu’en juin 1817, après la destitution de Montgelas, un concordat fut rédigé. Par là, la religion apostolique catholique romaine assurait dans tout le royaume les droits et les prérogatives qui lui étaient dus selon la nomination divine et les ordonnances canoniques, qui, strictement prises, signifiaient la suprématie dans tout le pays. En outre, deux archevêchés et sept évêchés ont été institués, la restauration de plusieurs cloîtres a été approuvée, et l’administration illimitée des séminaires théologiques, la censure des livres, la surintendance des écoles publiques et la libre correspondance avec le Saint-Siège ont été accordées aux évêques. D’autre part, le roi avait le choix des évêques (à confirmer par le pape), la nomination d’une grande partie des prêtres et des chanoines, et le placet pour toutes les publications hiérarchiques. Après bien des vains efforts pour obtenir des amendements, le roi ratifia enfin, le 17 octobre, ce concordat ; mais, pour amadouer ses sujets protestants très irrités, il en retarda la publication jusqu’à la proclamation de la nouvelle constitution civile, le 18 mai suivant. Le concordat fut alors adopté, comme appendice à un édit qui énonçait la suprématie ecclésiastique de l’État, assurant à tous les sujets une parfaite liberté de conscience, ainsi que l’égalité des droits civils pour les membres des trois confessions chrétiennes, et en exigeant d’eux un égal respect mutuel. L’inconciliabilité de cet édit avec le concordat était évidente, et les évêques nouvellement nommés, ainsi que les députés parlementaires ecclésiastiques, déclarèrent par instruction papale qu’ils ne pouvaient prêter serment à la constitution sans réserve, jusqu’à la déclaration royale de Tegernsee, le 21 septembre, que le serment prêté par les sujets catholiques se référait simplement aux relations civiles. et que le concordat avait aussi la validité d’une loi de l’État, ce qui amena la Curie à l’accepter. Mais le gouvernement n’en continua pas moins d’insister, comme auparavant, sur la suprématie de l’État sur l’Église, élargit les prétentions du placet royal, remit les relations libres avec Rome sous le contrôle de l’État, disposa arbitrairement des biens de l’Église et surveilla les examens théologiques des séminaristes, subordonna la nomination de tout le clergé à son approbation. et refusa d’être induit en erreur en quoi que ce soit par les plaintes et les objections des évêques.
195.2. La politique ecclésiastique bavaroise sous Louis Ier, 1825-1848.— Catholique zélé comme l’était le nouveau roi, il s’en tint toujours avec une ténacité inébranlable aux droits souverains de la couronne, et l’extrême ministère ultramontain de von Abel à partir de 1837 fut le premier à lui arracher des assouplissements, par exemple la réintroduction de la libre circulation entre les évêques et le Saint-Siège sans aucun contrôle de l’État. Mais elle ne put obtenir l’abolition du placet, et tout aussi peu demanda avec empressement la permission du retour des Jésuites. D’autre part, l’ordre allié des Rédemptoristes fut autorisé, mais le roi ne tarda pas à subordonner les missions auprès du peuple bavarois à une permission qui devait être renouvelée de temps en temps. Sa tolérance à l’égard des protestants se manifesta en 1830 en refusant la demande du clergé catholique d’un renversement dans les mariages mixtes et en reconnaissant les parrains protestants aux baptêmes catholiques. Cependant son désir honorable d’être juste envers les protestants de son royaume fut souvent paralysé, en partie par ses propres sympathies ultramontaines, en partie et surtout par l’immense influence du ministère d’Abel, et la liberté religieuse qui leur était garantie par la loi en 1818 fut réduite et restreinte. Entre autres choses, la presse protestante était de toutes parts bâillonnée par le ministre, tandis que la presse et la prédication catholiques jouissaient d’une liberté effrénée. Si grand que fût le besoin dans le sud de la Bavière, le gouvernement avait formellement interdit de recevoir aucune aide de Gustave-Adolphe Verein. Louis voyait même dans le nom de cette société un affront jeté sur le nom allemand, et il était particulièrement offensé de son attitude vague, presque négative, à l’égard de la confession. Pourtant, il n’hésita pas à offrir un asile dans la Bavière catholique au confesseur luthérien Scheibel (177, 2) que la diplomatie prussienne avait chassé de la Saxe luthérienne, et n’empêcha pas l’université d’Erlangen, après que son orthodoxie morte eut été réveillée par l’habile prédicateur réformé Krafft (mort en 1845), de devenir le centre d’une stricte conscience de l’Église luthérienne dans la vie aussi bien que dans la science pour toute l’Allemagne. L’ordre d’adoration de 1838, qui obligeait même les soldats protestants à s’agenouiller devant l’hostie en guise de salut militaire, provoqua un grand mécontentement parmi la population protestante, et de nombreux pamphlets controversés parurent des deux côtés. Lorsque, en 1845, le parlement se saisit de la plainte des protestants, une proclamation royale fut suivie d’un rétablissement du salut habituellement purement militaire. En 1847, le parti ultramontain, avec Abel à sa tête, tomba en disgrâce auprès du roi, à cause de son attitude honorable dans le scandale que la tristement célèbre Lola Montez provoqua dans le milieu de la noblesse bavaroise ; mais en 1848, Louis fut obligé, à cause de la tempête révolutionnaire qui éclata sur la Bavière, de renoncer à la couronne.
195.3. La politique ecclésiastique bavaroise sous Maximilien II, 1848-1864, et Louis II. (mort en 1886).— Beaucoup plus complètement que son père ne l’a fait pour Maximilien II. s’efforcent d’agir avec justice à l’égard de l’Église protestante aussi bien qu’à l’égard de l’Église catholique, sans toutefois diminuer aucune des prétentions de suprématie constitutionnelle de la part de l’État. À la suite des négociations de Wurtzbourg ( 192, 4), les évêques bavarois assemblés à Freysing, en novembre 1850, présentèrent un mémoire dans lequel ils demandaient le retrait de l’édit religieux compris dans la constitution de 1818, comme étant à tous égards préjudiciable aux droits de l’Église accordés par le concordat, et exposaient en particulier les points les plus restreints au libre et convenable développement de l’Église catholique. Il en résulta la publication, en avril 1852, d’un rescrit qui, tout en maintenant tous les principes de l’administration de l’État suivis jusqu’alors, introduisit en détail diverses modifications qui, lors du renouvellement des plaintes en 1854, furent encore un peu augmentées comme la mesure la plus complète et la plus définitive de la capitulation. d’introduire des réformes libérales, et l’alliance offensive et défensive que le gouvernement a conclue avec la Prusse hérétique, l’échec de toutes les tentatives au début de la guerre franco-prussienne de la contraindre à maintenir la neutralité en violation du traité, puis d’empêcher la Bavière de faire partie du nouvel empire allemand fondé en 1871 à la suggestion de son propre roi, suscita à son paroxysme la colère des patriotes ecclésiastiques bavarois. Dans les luttes du gouvernement allemand, en 1872, contre les intolérables hypothèses, les prétentions et les tumultes populaires du clergé ultramontain, le département des cultes publics, dirigé par Lutz, inclina à prendre une part énergique. Mais cela s’est pratiquement limité à l’adoption de ce qu’on appelle les Kanzelparagraphen ( 197, 4) au Reichstag. Comp. 197, 14.
195.4. Tentatives de réorganisation de l’Église luthérienne.―Depuis 1852, le Dr von Harless (182, 13), président du consistoire supérieur de Munich, il était à la tête de l’Église luthérienne de Bavière. Sous sa présidence, le synode général de Baireuth en 1853 montra une vigoureuse activité dans la réorganisation de l’Église. Sur la base de ses délibérations, le consistoire supérieur ordonna l’introduction d’un admirable nouveau recueil de cantiques. Cela a donné lieu à de nombreux désaccords. Mais lorsque, en 1856, le consistoire supérieur publia une série de décrets sur le culte et la discipline, une tempête, originaire de Nuremberg, éclata à l’automne de la même année, qui se déchaîna sur tout le royaume et attaqua même l’Église d’État elle-même. Le roi fut assailli de pétitions, et les tribunaux spirituels allèrent jusqu’à soumettre l’acceptation et la non-acceptation de ses ordonnances au vote des congrégations. Entre-temps, le moment était venu de convoquer un autre synode général (1857). Un ordre du roi, en tant que chef de l’Église, abolit l’union des deux synodes d’État dans un synode général qui existait depuis 1849, et interdit toute discussion sur les questions de discipline. C’est pourquoi, au lieu d’un seul, deux synodes se réunirent, l’un en octobre à Anspach, l’autre en novembre à Baireuth. L’un et l’autre, composés d’un nombre égal de membres laïcs et ecclésiastiques, maintinrent une attitude modérée, ne renonçant à aucun des privilèges de l’Église ni aux prérogatives du consistoire supérieur, tout en contribuant grandement à apaiser l’excitation qui régnait. De plus, les membres laïcs et ecclésiastiques des synodes généraux réunis par la suite, qui se tenaient tous les quatre ans, coopéraient pour la plupart avec succès sur des lignes ecclésiastiques modérées. Le synode tenu à Baireuth en 1873 rejeta à l’unanimité une adresse envoyée d’Augsbourg inspirée par les sympathies de « l’Union protestante », quant à leur esprit « pour la plupart indistinct et là où il était distinct non évangélique ».
195.5. L’Église de l’Union dans le Palatin du Rhin.—Dans le Palatin bavarois du Rhin, l’union avait été réalisée en 1818, à la condition que les livres symboliques des deux confessions soient traités avec le respect qui leur est dû, mais qu’aucune autre norme ne soit reconnue que l’Écriture Sainte. C’est pourquoi, lorsque le professeur d’Erlangen, le docteur Rust, parut au consistoire de Spires en 1832 et que la cour s’efforça alors de remplir l’union palatine de contenus chrétiens positifs, les membres clercs et laïcs du synode diocésain présentèrent à l’assemblée des États du royaume, opportunément réunie en 1837, une plainte contre la majorité du consistoire. Comme ce mémoire n’aboutit pratiquement à aucun résultat, l’opposition s’efforça d’autant plus résolument de séparer l’église palatine du consistoire supérieur de Munich. Cela a été accompli pour la première fois en 1848, l’année révolutionnaire. Un synode général extraordinaire provoqua la séparation et donna au pays une nouvelle constitution ecclésiastique démocratique. Mais la réaction du coup ne s’est pas arrêtée là. Le consistoire désormais indépendant de Spires, à partir de 1853, sous la direction d’Ebrard, convoqua à l’automne de cette année-là un synode général, qui fit de l’Augustana Variata de 1540 le consensus entre l’Augustana de 1530 et le Heidelberg ainsi que le catéchisme luthérien, la norme confessionnelle de l’église palatine, et mit de côté la loi électorale démocratique de 1848. Lorsque le consistoire, à la seule initiative du synode général de 1853, soumit au synode diocésain de 1856 les épreuves d’un nouveau recueil de cantiques, le parti libéral déversa son indignation amère sur le système de doctrine qu’il était censé favoriser. Mais les synodes diocésains ont admis la nécessité d’introduire un nouveau recueil de cantiques et l’adéquation de l’esquisse soumise, recommandant toutefois sa révision ultérieure afin que la recension du texte puisse être mise à jour et qu’un appendice de 150 nouveaux hymnes puisse être ajouté. Le recueil de cantiques ainsi modifié fut publié en 1859, et son introduction dans l’usage ecclésiastique fut laissée au jugement des consistoires, tandis que son utilisation dans les écoles et dans l’enseignement de la confirmation fut immédiatement exigée. Cela a déclenché protestation après protestation. Le gouvernement voulut dès le début soutenir le décret synodal, mais en présence d’une agitation croissante, il changea d’attitude, recommanda au consistoire d’observer une modération décidée afin de rétablir la paix, et en février 1861, convoqua un synode général qui, cependant, en raison des tendances ecclésiastiques strictes de ses membres, se prononça de nouveau en faveur du nouveau recueil de cantiques. Entre-temps, ses conclusions ont été très mal accueillies par le gouvernement. Ebrard demanda et obtint la liberté de démissionner, et même au synode suivant, en 1869, le consistoire alla de pair avec la majorité libérale.
Les maisons princières protestantes de l’Allemagne méridionale avaient, par la paix de Lüneville, obtenu un accroissement si important de sujets catholiques, qu’elles durent se faire un devoir d’arranger leurs relations délicates en concluant un concordat avec la curie pontificale d’une manière satisfaisante pour l’État et l’Église. Mais toutes les négociations échouèrent devant les prétentions exorbitantes de Rome, jusqu’à ce que les mouvements de restauration politique de 1850 amenèrent des modifications jusque-là insoupçonnées. Les concordats conclus au cours de cette période n’ont pas été en mesure d’assurer l’application contre le courant libéral qui s’était installé avec un pouvoir redoublé en 1860, et ainsi une chose après l’autre a été jetée par-dessus bord. Même dans les Églises protestantes d’État, ce courant s’est manifesté dans les efforts persistants, qui ont également été couronnés de succès, pour obtenir le rétablissement d’une constitution synodale représentative qui donnerait à l’élément laïc dans les congrégations une influence décisive.
196.1. La province ecclésiastique du Haut-Rhin.—Les gouvernements des États de l’Allemagne méridionale se réunirent en 1818 à Francfort pour rédiger un concordat commun avec Rome. Mais, en raison de ces prétentions tout à fait extravagantes, on n’arriva pas à autre chose qu’à une nouvelle délimitation dans la bulle « Provida sollersque » de 1821, des évêchés de la province dite de l’Église rhénane supérieure : l’archevêché de Fribourg pour Bade et les deux principautés de Hohenzollern, les évêchés de Mayence pour la Hesse-Darmstadt, de Fulda pour la Hesse-Cassel, de Rottenburg pour le Wurtemberg, du Limbourg pour Nassau et de Francfort ; et même cela ne fut mis à exécution qu’en 1827, après de longues discussions, avec la disposition (bulle Ad dominicæ gregis custodiam) que le choix des évêques émanerait bien du chapitre, mais que le seigneur territorial pourrait rayer les noms répréhensibles de la liste des candidats qui lui avait été précédemment soumise. L’égalité réelle des protestants et des catholiques, que le pape n’avait pas pu admettre dans le concordat, fut proclamée en 1880 par les princes comme la loi du pays. Les indulgences pontificales et épiscopales devaient être approuvées avant d’être publiées ; les synodes provinciaux et diocésains ne pouvaient se tenir qu’avec l’approbation du gouvernement et en présence des commissaires du prince ; les impôts ne pouvaient être imposés par aucun tribunal ecclésiastique ; l’appel pouvait être interjeté devant le tribunal civil contre l’abus du pouvoir spirituel ; Ceux qui se préparent au sacerdoce doivent recevoir une formation scientifique dans les universités, une formation pratique dans les séminaires pour prêtres, etc. Le pape publia un bref dans lequel il qualifiait ces conditions de nouveautés scandaleuses, et rappela aux évêques le v. 29 des Actes des Apôtres. Mais seul l’évêque de Fulda suivit ce conseil, de sorte que la faculté de théologie catholique de Marbourg fut de nouveau fermée après une courte carrière, et que l’éducation des prêtres fut confiée au séminaire de Fulda. Hesse-Darmstadt fonda une faculté de théologie à Giessen en 1830 ; Le pays de Bade en avait déjà un à Fribourg, et le Wurtemberg avait en 1817 affilié la faculté d’Ellwanger à l’université de Tübingen, et l’avait dotée des revenus d’un riche couvent. Dans toutes ces facultés, à côté d’une rigoureuse exactitude scientifique, prévalait un libéralisme noble sans l’abandon de la foi catholique fondamentale. L’année révolutionnaire 1848 a d’abord donné aux évêques l’espoir d’une lutte victorieuse pour la liberté inconditionnelle de l’Église. Afin d’appliquer les décrets de Wurtzbourg ( 192, 4), Les cinq évêques publièrent en 1851 un mémoire commun. Comme les gouvernements tardaient à répondre, ils déclarèrent en 1852 qu’ils agiraient immédiatement comme si tout leur avait été accordé ; et quand enfin la réponse arriva, sur la plupart des points défavorables, ils dirent en 1853 que, obéissant à Dieu plutôt qu’aux hommes, ils agiraient entièrement conformément au droit canonique.
196.2. Les troubles catholiques à Bade jusqu’en 1873.— Le grand-duché de Bade, avec les deux tiers de sa population catholique, où en 1848 la révolution avait brisé tous les fondements de l’État, et où, d’ailleurs, un jeune souverain n’avait pris les rênes du gouvernement entre ses mains qu’en 1852, paraissait, malgré la libéralité largement répandue de son clergé, l’endroit le mieux adapté à une telle tentative. L’archevêque de Fribourg, Herm. von Vicari, en 1852, alors dans sa quatre-vingt-unième année, commença par interrompre arbitrairement, le soir du 9 mai, les obsèques du grand-duc défunt nommées par le Conseil suprême de l’Église catholique pour le 10 mai, interdisant en même temps la messe des morts (pro omnibus defunctis) habituelle dans les enterrements catholiques, mais jusqu’alors non refusée jusqu’alors aux princes protestants. Plus d’une centaine de prêtres, qui ont désobéi à l’injonction, ont été condamnés à faire pénitence. L’année suivante, il déclara ouvertement qu’il exécuterait immédiatement les exigences du mémoire épiscopal, et il le fit immédiatement en nommant des prêtres dans l’exercice de l’autorité absolue ; et en organisant des examens d’entrée au séminaire sans la présence de commissaires royaux, comme l’exige la loi. Comme un avertissement n’avait pas été entendu, le gouvernement donna l’ordre que toutes les indulgences épiscopales devaient, avant publication, être souscrites par un commissaire spécial grand-ducal nommé à cet effet. Contre lui, ainsi que contre tous les membres du Conseil suprême de l’Église, l’archevêque proclama l’interdiction, publia une lettre pastorale fulminante, qui devait être lue avec l’excommunication dans toutes les églises, et ordonna de prêcher pendant quatre semaines pour l’instruction du peuple sur ces questions. En même temps, il protestait solennellement contre toute suprématie de l’État sur l’Église. Le gouvernement chassa les jésuites du pays, interdit la lecture de la pastorale et punit les prêtres désobéissants d’amendes et d’emprisonnement. Mais l’archevêque, poussé par Ketteler, évêque de Mayence, s’avança plus hardiment et plus témérairement que jamais. En mai 1854, le gouvernement intenta contre lui une procédure pénale au cours de laquelle il fut retenu prisonnier dans sa propre maison. Les tentatives de son parti pour soulever la population catholique par des manifestations n’eurent aucun résultat sérieux. À la fin de l’enquête, l’archevêque a été libéré de sa détention et a continué le travail comme auparavant. Le gouvernement, cependant, restait ferme et punissait toutes les offenses. En juin 1855, cependant, un accord provisoire fut publié, et finalement en juin 1859, un concordat formel, la bulle Æterni patris, fut conclu avec Rome, ses concessions à l’archevêque dépassant presque même celles de l’Autriche (198, 2). Malgré l’opposition ministérielle, la seconde chambre, en mars 1860, porta l’affaire devant son tribunal, répudia le droit du gouvernement de conclure une convention avec Rome sans l’approbation des États du royaume, et défendit au grand-duc de l’exécuter. Il se rendit à cette demande, renvoya le ministère, insista, en réponse à la protestation papale, sur son obligation de respecter les droits de la constitution et, le 9 octobre 1860, sanctionna conjointement avec les chambres une loi sur la situation juridique des églises catholique et protestante dans l’État. L’archevêque déclara en effet que le concordat ne pouvait être aboli d’un côté, et qu’il ne pouvait pas encore être maintenuEn 1861, il renonça à l’attitude ferme du gouvernement et se contenta d’acquiescer à contrecœur, ce qui lui permit de s’assurer une plus grande indépendance qu’auparavant en ce qui concerne l’imposition des droits et l’administration des biens de l’Église. Cependant, les conflits avec l’archevêque et avec la minorité cléricale de la chambre se poursuivaient. L’archevêque mourut en 1868. Son siège demeura vacant, le chapitre et le gouvernement n’arrivant pas à s’entendre sur la liste des candidats ; l’administration provisoire fut assurée par le vicaire général Von Kübel (mort en 1881), administrateur de l’archevêché, tout à fait dans l’esprit de son prédécesseur. La loi du 9 octobre 1860 avait prescrit la preuve d’une culture scientifique générale comme condition de nomination à une charge ecclésiastique dans l’Église protestante aussi bien que dans l’Église catholique. Des ordonnances ultérieures exigeaient en outre : la possession de la nationalité badoise, la réussite d’un examen favorable à la sortie de l’université, un cursus universitaire d’au moins deux ans et demi, la participation à au moins trois cours de cours à la faculté de philosophie, et enfin aussi un examen devant un jury d’État, dans un délai d’un an et demi à compter de la fin du cursus universitaire, dans les langues latine et grecque, l’histoire de la philosophie, l’histoire générale et l’histoire de la littérature allemande (plus tard aussi le Kulturexamen). La curie de Fribourg, cependant, protesta et, en 1867, interdit au clergé et aux candidats de se soumettre à cet examen ou d’en demander la dispense. Il en résulta qu’aucun ecclésiastique ne put être nommé de façon définitive, mais jusqu’en 1874, aucune objection légale ne fut formulée à l’égard de la nomination provisoire d’administrateurs paroissiaux. La loi sur l’éducation de 1868 abolit le caractère confessionnel des écoles publiques. En 1869, la reconnaissance de l’État a été retirée aux fêtes de la Fête-Dieu, des saints apôtres et de Marie, ainsi qu’aux fêtes du Jeudi Saint et du Vendredi Saint. En 1870, le mariage civil obligatoire a été introduit, tandis que toute obligation d’observer les rites de baptême, de confirmation et de funérailles de l’Église a été abolie, et une loi sur la situation juridique des institutions de bienfaisance a été adoptée pour les soustraire autant que possible à l’administration des autorités ecclésiastiques. Sur le cours ultérieur des événements à Baden, voir 197, 14.
196.3. Les troubles protestants à Bade.—L’union des églises luthérienne et réformée s’est réalisée dans le grand-duché de Bade en 1821. Il a reconnu la signification normative de l’Augustana, ainsi que des catéchismes luthériens et de Heidelberg, dans la mesure où le libre examen de l’Écriture comme seule source de la foi chrétienne est à nouveau expressément exigé et appliqué. Un synode de 1834 a fourni à cette Église d’État un programme rationaliste d’union, un recueil de cantiques et un catéchisme. Lorsque, au début de 1850, un sentiment confessionnel luthérien recommença à prévaloir, l’Église de l’Union s’opposa à ce mouvement par des gensdarmes, des peines d’emprisonnement et des amendes. Le pasteur Eichhorn, et plus tard aussi le pasteur Ludwig, avec une partie de leurs congrégations, quittèrent l’église d’État et s’attachèrent à la Conférence de l’Église supérieure de Breslau, mais au milieu de l’intervention de la police, ils ne purent exercer leur ministère auprès de leurs ouailles que sous le nuage de la nuit. Après un long refus, le grand-duc finit par autoriser les séparatistes en 1854 à choisir un pasteur luthérien, mais refuse obstinément de reconnaître Eichhorn comme tel. Le pasteur Haag, qui ne voulait pas abandonner la formule de distribution luthérienne lors de la Cène du Seigneur, fut destitué en 1855 après un avertissement solennel. D’autre part, le sentiment ecclésiastique positif est devenu de plus en plus prononcé dans l’Église d’État elle-même. En 1854, les anciens membres rationalistes du Conseil suprême de l’Église furent réduits au silence et Ullmann de Heidelberg fut nommé président. Sous ses auspices, un synode général de 1855 présenta une esquisse de nouveaux livres d’église et d’école dans le sens du consensus de l’union, en s’efforçant également d’être juste envers les vues luthériennes. Le grand-duc confirma la décision et le pays se tut. Mais lorsqu’en 1858 le Concile suprême de l’Église, sur la base de la décision synodale de 1855, promulgua l’introduction générale d’un nouveau livre ecclésiastique, une violente tempête éclata dans le pays contre les nouveautés liturgiques qu’il contenait (extension de la liturgie par la confession du péché et de la foi, collectes, réponses, lecture de l’Écriture, agenouillement à la Cène, la confession de leur foi par des parrains), la faculté de Heidelberg, avec le Dr Schenkel à sa tête, menant l’opposition au Conseil suprême de l’Église. Pourtant, Hundeshagen, qui, au synode, s’était opposé à l’introduction d’un nouvel ordre du jour, s’inscrivit sur les listes contre Schenkel et d’autres en tant qu’apologiste du livre de l’Église abusé. Le grand-duc décida alors qu’aucune congrégation ne serait obligée d’adopter le nouvel ordre du jour, tandis que l’introduction de la forme plus courte et plus simple de celui-ci était recommandée. Les agitations qu’elles suscitèrent provoquèrent son rejet par la plupart des congrégations. Entre-temps, à la suite de la révolution du concordat en 1860, un nouveau ministère libéral était arrivé au pouvoir, et le gouvernement présenta alors aux chambres une série de projets tout à fait libéraux pour régler les affaires de l’église évangélique, qui furent adoptés à une large majorité. Vers la fin de l’année, le gouvernement, en déposant le conseiller suprême de l’Église Heintz, commença à assumer le patronage de la cour ecclésiastique suprême. Ullmann et Bähr présentèrent leur démission, qui fut acceptée. Le nouveau Conseil suprême de l’Église libérale, comprenant Holtzmann, Rothe, etc., publia alors une esquisse d’une constitution ecclésiastique sur le modèle du constitutionnalisme ecclésiastique, que le synode de juillet 1861 adopta avec de légères modifications et que le grand-duc confirma. Il prévoyait une annusynodes diocésains de laïcs et de clercs, et un synode général tous les cinq ans. Celui-ci se compose de vingt-quatre membres ecclésiastiques et de vingt-quatre laïcs, et de six choisis par le grand-duc, outre le prélat, et est représenté dans l’intervalle par un comité permanent de quatre membres, qui ont aussi un siège et une voix au Conseil suprême de l’Église. directeur du séminaire des pasteurs évangéliques de Heidelberg ; mais il n’en résultait que ce n’était que personne n’était obligé d’assister à ses conférences. Le deuxième synode, qui s’est tenu avec près d’un an de retard en 1867, a adopté une formule d’ordination libérale. Au synode suivant, en 1871, le parti piétiste orthodoxe était évidemment devenu plus fort, mais il était toujours dominé par le parti libéral, dont la force résidait dans l’élément laïc. Pendant ce temps, une modération louable régnait de part et d’autre, et l’on s’efforçait de travailler ensemble aussi pacifiquement que possible. — À Heidelberg, un nombre considérable de pasteurs attachés à l’ancienne foi, mécontents de la prédication des quatre pasteurs « protestants libres » de la ville, après avoir été en 1868 refusés leur demande d’utilisation commune d’une église de la ville pour des services privés conformément à leurs convictions religieuses ( 180, 1), avaient construit à cet effet une chapelle à eux, dans laquelle de nombreux offices étaient célébrés sous la direction du professeur Frommel du gymnase. Lorsqu’une vacance se produisit dans l’un des pastorats en 1880, cette minorité croyante, soucieuse du rétablissement de l’unité et de la paix, ainsi que de l’évitement de la séparation, demanda la nomination du professeur Frommel à cette charge. Lors d’une assemblée préliminaire de vingt-et-un membres de l’Église libérale, cette proposition fut chaleureusement soutenue par le président, le professeur Bluntschli, par tous les professeurs de théologie, à l’exception de Schenkel et de dix-huit autres électeurs libéraux, et approuvée par la majorité des deux cents libéraux qui constituaient l’assemblée. Mais lorsque les élections formelles ont eu lieu, la proposition a été rejetée par vingt-sept voix contre cinquante et une.
196.4. Hesse-Darmstadt et Nassau.—En 1819, le gouvernement du grand-duché de Hesse recommanda l’union de toutes les communautés protestantes sous une seule confession. La Hesse rhénane y consentit volontiers, et c’est là qu’en 1822 l’union fut réalisée. Dans les autres provinces, cependant, elle n’eut pas d’effet, bien que le rationalisme encouragé à Giessen parmi le clergé et le courant de pensée populaire dans les communautés eussent dépouillé la confession luthérienne aussi bien que la confession réformée de toute signification. Mais, depuis 1850, une puissante réaction luthérienne s’est manifestée parmi le jeune clergé, encouragée avec zèle par une partie de l’aristocratie de l’État, surtout dans le district de la rive droite du Rhin, qui s’est opposé avec ardeur aux luttes tout aussi ardentes du parti libéral pour introduire une constitution synodale libérale représentative pour l’Église évangélique de tout l’État. Cependant, ces efforts furent frustrés et, lors d’un synode extraordinaire de l’État en 1873, sur toutes les questions controversées, le parti du centre vota en faveur de l’union absorbante. L’Église d’État a été déclarée Église unie. La clause qui avait été ajoutée à la proposition du gouvernement : « Sans préjudice du statut des confessions des diverses communautés », fut supprimée ; c’est le lieu de résidence, et non la confession, qui détermine les qualifications dans la communauté ; l’ordination exprimait maintenant l’obligation envers les confessions de la Réforme en général, etc. Les membres de la minorité rompirent leurs liens avec le synode, et soixante-dix-sept pasteurs présentèrent au synode une protestation contre ses décisions. Le grand-duc donc, sur la base de ces délibérations, donna immédiatement une charte à la constitution de l’Église, dans laquelle les Églises luthérienne, réformée et unie étaient en effet comprises dans une Église évangélique d’État avec un gouvernement ecclésiastique commun ; mais encore, en rétablissant la phrase rayée par le synode de 1, le statut confessionnel existant à l’époque des différentes communautés a été préservé et la confession elle-même a été déclarée hors du champ d’application de la législation. Cependant quinze pasteurs luthériens déclarèrent qu’ils ne pouvaient pas l’accepter consciencieusement, et le consistoire supérieur s’empressa de les démettre de leurs fonctions peu de temps avant la fermeture des portes, c’est-à-dire avant le 1er juillet 1875, date à laquelle la nouvelle loi (197, 15) Les dépositions du clergé n’appartiendraient qu’à la Cour civile suprême. En 1877, les congrégations opposées déclarèrent alors qu’elles se retiraient de l’Église d’État et se constituèrent en « Église luthérienne libre de Hesse ». L’Église catholique du Grand-Duché de Hesse, sous les évêques pacifiques de Mayence, de Burg (mort en 1833) et de Kaiser (mort en 1849), n’avait causé aucun trouble au gouvernement. Mais il en fut autrement après la mort de Kaiser. Rome rejeta le professeur Léopold Schmid de Giessen, favorisé à Darmstadt et régulièrement élu par le chapitre (187, 3), et le gouvernement céda à la nomination du violent ultramontain westphalien, le baron von Ketteler. Son premier but fut l’extinction de la faculté catholique de Giessen ( 191, 2) ; il ne se reposa que lorsque le dernier étudiant en fut transféré au séminaire nouvellement construit à Mayence (1851). Ses efforts pour libérer l’Église catholique de la suprématie de l’État, conformément au mémorial épiscopal de la Haute-Rhin, n’ont pas été moins énergiques et couronnés de succès. Le ministère Dalwigk, en 1854, conclut un « accord provisoire ».De plus, il n’y a pas d’autre moyen de s’assurer une autonomie et une souveraineté illimitées dans toutes les affaires ecclésiastiques, et, pour satisfaire le pape par ses desiderata, ces privilèges furent encore étendus en 1856. À cette convention, rendue publique pour la première fois en 1860, le ministère, en dépit de toutes les adresses et de toutes les protestations, s’en tint avec une ténacité inébranlable, bien qu’il fût depuis longtemps convaincu de ses conséquences. Cependant, les événements politiques de 1886 amenèrent le grand-duc, en septembre de la même année, à abroger cette odieuse convention. Mais le ministre aussi bien que l’évêque considéraient qu’il s’agissait simplement de la convention épiscopale de 1850, et considéraient l’accord avec le pape de 1856 comme toujours toujours valable. Tout continua donc comme avant, même après que l’influence suprême de Ketteler dans l’État eut été brisée par le renversement de Dalwigk en 1871. Comp. 197, 15.―Le L’Église protestante du duché de Nassau s’est rattachée à l’union en 1817. Le conflit dans l’Église de Haute-Rhénanie a débordé jusque dans cette petite province. L’évêque de Limbourg, en opposition à la loi et à la coutume, nommait le clergé catholique de sa propre autorité, et excommuniait les officiers catholiques qui soutenaient le gouvernement, tandis que le gouvernement arrêtait les temporels et intentait des poursuites criminelles contre l’évêque et le chapitre. Après la conclusion des concordats de Wurtemberg et de Bade, le gouvernement se montra disposé à adopter une voie semblable pour sortir du conflit et, malgré toute l’opposition des États, conclut en 1861 une convention avec l’évêque, par laquelle presque toutes ses prétentions hiérarchiques furent admises. Il en fut ainsi jusqu’à l’incorporation de Nassau au royaume de Prusse en 1866.
196.5. Dans le Wurtemberg protestant, un mouvement religieux parmi le peuple atteignit un niveau tel qu’il n’en atteignit nulle part ailleurs. Le piétisme, le chiliasme, le séparatisme, la tenue de conventicules, etc., prirent des dimensions formidables ; Une science solide, une culture philosophique, puis aussi des tendances critiques philosophiques et destructrices émanant de Tübingen ont affecté le clergé de cet État. L’insatisfaction à l’égard de diverses nouveautés dans la liturgie, le recueil de cantiques, etc., a conduit beaucoup de gens à se séparer officiellement de l’Église d’État. Après que les tentatives de contrainte se soient avérées infructueuses, le gouvernement permit aux mécontents, sous la direction du bourgmestre G. W. Hoffman (mort en 1846), de former en 1818 la communauté de Kornthal, avec sa propre constitution ecclésiastique et civile de type apostolique. D’autres ont émigré vers le sud de la Russie et vers l’Amérique du Nord ( 211, 6, 7). De l’œuvre pastorale du pasteur Blumhardt à Möttlingen, qui prêchait avec ferveur le repentir, s’est développé, en relation avec la guérison d’un démoniaque, qui s’était accompagnée d’un grand réveil dans la communauté, le « don » de guérir les malades par l’absolution et l’imposition des mains avec une prière croyante contrite. Blumhardt, afin d’offrir ce don sans être dérangé, acheta le Bad Boll près de Göppingen, et y officia comme pasteur et guérisseur miraculeux de la manière décrite. Il mourut en 1880.— Après que la voie d’une représentation synodale de toute l’Église évangélique d’État eut été ouverte en 1851 par l’introduction, en vertu d’une ordonnance royale, de conseils paroissiaux et de synodes diocésains, le consistoire ayant également publié en 1858 un projet s’y référant, toute l’affaire fut arrêtée, jusqu’à ce qu’enfin, en 1867, au moyen d’un édit royal, la convocation d’un synode d’État composé de vingt-cinq membres cléricaux et d’autant de laïcs a été ordonnée, et par conséquent, en février 1869, un tel synode s’est réuni pour la première fois. La coopération à la législation ecclésiastique lui était assignée comme sa tâche principale, tandis qu’elle avait aussi le droit de donner son avis sur les propositions concernant le gouvernement de l’Église, de faire des suggestions et des plaintes sur ces questions, mais la confession de l’Église évangélique ne devait pas être touchée et se trouvait entièrement en dehors de sa province. En 1870, la Chambre sanctionna une loi libérale à l’égard des dissidents.
196.6. L’Église catholique dans le Wurtemberg.— Même après la fondation de l’évêché de Rottenberg [Rottenburg], le gouvernement maintint strictement les droits de souveraineté précédemment exercés sur l’Église catholique, à laquelle appartenait près d’un tiers de la population, et le libéralisme presque universellement répandu du clergé catholique n’y trouva guère d’offense. Un nouvel ordre de service divin en 1837, qui, avec l’approbation du conseil épiscopal, recommandait l’introduction d’hymnes allemands dans les offices, la dispensation des sacrements en langue allemande, la restriction des fêtes, des messes et des messes privées, des processions, etc., provoqua en effet des émeutes en plusieurs endroits, auxquelles le clergé ne prit cependant aucune part. Mais lorsqu’en 1837, à la suite de l’effervescence provoquée dans toute l’Allemagne catholique par le conflit de Cologne ( 193, 1), les cas jusque-là isolés de refus illégal de consacrer des mariages mixtes s’étaient multipliés, le gouvernement s’employa à punir sévèrement les ecclésiastiques fautifs et transporta dans un curé de village un professeur de Tübingen, Mack, qui avait déclaré illégale la célébration obligatoire. Mis en cause par le nonce de Munich pour son indolence dans toutes ces affaires et sévèrement menacé, le vieil évêque Keller résolut enfin, en 1841, de déposer devant la chambre une plainte formelle contre le tort fait à l’Église catholique, et d’exiger que l’Église soit affranchie de la souveraineté de l’État. Dans la seconde chambre, cette motion fut simplement déposée ad acta, mais dans la première, il fut recommandé au roi de l’examiner. Cependant, l’évêque et le chapitre libéral ne purent s’entendre sur les termes de la demande, des opinions contradictoires furent exprimées, et les choses restèrent telles qu’elles étaient. Mais Mgr Keller tomba dans la mélancolie et mourut en 1845. Son successeur prit position sur le mémoire et la déclaration des évêques de Haute-Rhénanie, et immédiatement en 1853, il commença le conflit en interdisant à son clergé, sous la menace d’une sévère censure, de se soumettre comme loi requise aux examens civils. Le gouvernement qui avait jusque-là si fermement maintenu ses droits souverains, sous la pression de l’influence qu’exerçait sur lui une dame très proche du roi, céda sans plus tarder, calma l’évêque d’abord par une convention en 1854, puis entra en négociations avec la curie romaine, d’où sortit en 1857 un concordat proclamé par la bulle Cum in sublimi, qui, dans l’abandon d’un droit souverain de l’État sur les affaires de l’Église, dépasse de beaucoup celui de l’Autriche (198, 2). Le gouvernement n’a pas tenu compte de toutes les protestations et pétitions des chambres en faveur de son abolition. Mais l’exemple de Bade et le ton de plus en plus décidé de l’opposition obligent enfin le gouvernement à céder. En 1861, la seconde chambre décrète l’abrogation du concordat, et un rescrit royal le déclare aboli. Au début de 1862, un projet de loi fut présenté par le nouveau ministère et adopté par les deux chambres pour déterminer les relations de l’Église catholique avec l’État. Le placet royal, ou droit d’autoriser ou de refuser, est requis pour tous les actes cléricaux qui ne sont pas purement inter-ecclésiastiques, mais qui se rapportent à des matières mixtes ; les dotations théologiques sont soumises au contrôle de l’État et à l’administration conjointe ; les séminaires de garçons ne sont pas autorisés ; les ecclésiastiques nommés à leurs fonctions doivent se soumettre à l’examen de l’État ; D’après l’IR consuetudinaireLes deux tiers environ des bénéfices sont remplis par le roi, un tiers par les évêques sur rapport au tribunal civil, qui a le droit de protester ; Les membres du clergé qui enfreignent la loi sont destitués par le tribunal civil, etc. La curie protesta, il est vrai, mais le clergé, pour la plupart pacifique, élevé non pas dans l’atmosphère resserrée des séminaires, mais au milieu de la culture scientifique de l’université, dans les salles de Tübingen, se soumit d’autant plus facilement qu’il trouva qu’il avait plus de liberté et d’indépendance qu’auparavant dans toutes les affaires interecclésiastiques.
196.7. Le territoire impérial d’Alsace et de Lorraine depuis 1871.— Après que l’Alsace avec la Lorraine allemande eut été de nouveau, par suite de la guerre franco-prussienne, réunie à l’Allemagne et qu’un territoire impérial eut été placé sous la domination du nouvel empereur allemand, le secrétaire des États pontificaux, le cardinal Antonelli, dans l’espoir confiant de pouvoir obtenir en retour des conditions beaucoup plus favorables, droits et prétentions de l’Église catholique en Prusse avec l’autocratie des évêques non restreinte par l’État, a déclaré dans une lettre à l’évêque de Strasbourg, que le concordat de 1801 ( 203, 1) a été annulée. Mais lorsque le gouvernement impérial se montra disposé à accepter la renonciation et à en tirer profit d’une manière opposée à celle qu’il avait prévue, le cardinal s’empressa, dans une autre lettre, d’expliquer comment, par l’incorporation à l’Allemagne, un nouvel arrangement était devenu nécessaire, mais qu’il était clair que l’ancien devait rester en vigueur jusqu’à ce que le nouveau ait été promulgué. De même, une pétition du clergé catholique apportée à Berlin par l’évêque lui-même, qui revendiquait cette domination illimitée sur toutes les institutions catholiques d’éducation et de bienfaisance, n’atteignit pas son but. Le clergé y travailla donc avec d’autant plus de zèle qu’il fanatisa le peuple catholique en faveur des Français et contre les intérêts allemands. Sur l’épidémie autour de l’apparition de la mère de Dieu ainsi provoquée, voir 188, 7. En 1874, le gouvernement se vit obligé de fermer les soi-disant « petits séminaires » ou collèges de garçons, parce qu’ils entretenaient des sentiments hostiles à l’Empire. Pourtant, en 1880, le nouveau gouverneur impérial, le feld-maréchal von Manteuffel (mort en 1885), à la demande du Comité des États, autorisa l’évêque Räss de Strasbourg à rouvrir le séminaire de Zillisheim, à la condition que ses professeurs soient approuvés par le gouvernement et que l’enseignement de la langue allemande soit introduit. Manteuffel s’est efforcé depuis, en cédant des faveurs aux Alsaciens et aux Lorrains épris de la France, et à leur clergé ultramontain, de les gagner à l’idée de l’empire allemand, jusqu’au sacrifice évident des intérêts des Allemands résidents et de l’Église protestante. Mais ces caresses ont produit le résultat tout à fait opposé à celui escompté.
L’ultramontanisme avait été accordé pour le moment à l’État prussien, qui non seulement lui avait laissé une liberté absolue, mais avait facilement aidé à sa croissance dans tout le royaume (193, 2), une indulgence pour cette offense qui est en elle-même inexpiable, ayant une dynastie protestante. Pie IX. avait lui-même exprimé à plusieurs reprises sa satisfaction de la conduite du gouvernement. Mais la ligue que la Prusse fit en 1866 avec le gouvernement « subalpin », c’est-à-dire italien, qui voleur d’églises, n’était pas du tout du goût de la curie. Le jour de Sadowa, le 3 juillet 1866, appela d’Antonelli le cri lugubre : Il mondo cessa, « Le monde est allé à la ruine », et le jour encore plus glorieux de Sedan, le 2 septembre 1870, mit complètement le fond hors du vaisseau de la patience et de l’endurance ultramontaines du Danaïde. Ce jour, le 18 janvier 1871, eut pour résultat le renversement du pouvoir temporel de la papauté ainsi que l’établissement d’un nouvel empire allemand héréditaire sous la dynastie protestante des Hohenzollern prussiens. L’ultramontanisme allemand se sentait d’autant plus obligé d’exiger du nouvel empereur, comme première expiation d’une usurpation aussi peu canonique, la réintégration du pape dans son pouvoir temporel perdu. Mais comme il ne répondait pas à cette demande, le parti ultramontain, par l’intermédiaire de la presse favorable à ses prétentions, déclara formellement la guerre à l’empire allemand et à ses gouvernements, et s’appliqua systématiquement à la mobilisation de toutes ses forces. Mais l’empire et ses gouvernements, avec la Prusse à la fourgonnette, avec une détermination incessante, soutenus par la majorité des représentants des États, durant les années 1871-1875, procédèrent contre les ultramontains par des mesures législatives. L’exécution de ces actes par la police et les tribunaux, en raison du refus obstiné d’obéir de la part du haut et du bas clergé, a conduit à la formation d’une opposition, communément désignée d’après une phrase du député prussien, le professeur Virchow, « Kulturkampf », qui a été modifiée dans une certaine mesure pour la première fois en 1887. Le chancelier impérial, le prince de Bismarck, prononça d’emblée cette déclaration confiante et affirmée : « Nous n’irons pas à Canossa », et même en 1880, alors qu’il semblait qu’une certaine soumission venait du côté de la papauté, et que le gouvernement prussien se montrait également prêt à faire d’importantes concessions, il déclara : « Nous n’achèterons pas la paix avec des médailles de Canossa ; ceux-là ne sont pas frappés en Allemagne. Cependant, depuis 1880, le gouvernement prussien, avec une obéissance croissante d’année en année, a annulé et modifié les lois les plus oppressives des lois de mai, afin de remédier réellement aux détresses et aux inconvénients occasionnés par l’opposition cléricale à ces lois, sans pouvoir obtenir pour cela aucune concession importante de la part de la curie pontificale, jusqu’à ce qu’enfin en 1887. Après que le gouvernement eut poussé la concession jusqu’à l’extrême limite, le pape apposa son sceau aux conditions définitives de la paix en admettant le droit de donner des informations de la part des évêques sur les nominations aux pastorats vacants, ainsi que le droit de protestation de la part du gouvernement contre ceux ainsi nommés.
197.1. L’agression de l’ultramontanisme. — Même dans l’année de la révolution de 1848, l’ultramontanisme allemand, pour obtenir ce qu’il appelait la liberté de l’Église, avait secondé avec zèle beaucoup d’efforts du radicalisme démocratique. Néanmoins, dans les années de réaction qui suivirent, il réussit à prendre la plupart des hommes d’État influents sur le bourbier de l’assurance que la hiérarchie épiscopale, avec son emprise illimitée sur le clergé et, à travers lui, sur les sentiments du peuple, constituait le seul rempart sûr et sûr contre les mouvements révolutionnaires de l’époque. et cette idée a prévalu jusqu’en 1860, et en Prusse jusqu’en 1871. Mais le renversement du concordat de Bade, de Wurtemberg et de Darmstadt par les États du royaume après un dur conflit, l’humiliation de l’Autriche en 1866, et l’accroissement d’une manière si menaçante depuis de la Prusse encore hérétique, firent naître dans tout l’épiscopat allemand une terrible appréhension de la fin de sa suprématie jusque-là intacte dans l’État. et, pour conjurer ce danger, elle fut poussée à des agitations et à des manifestations en partie secrètes, en partie ouvertes. Le 8 octobre 1868, le nonce apostolique à Munich, Mgr Meglia, exprimait ainsi sa conviction la plus profonde à l’égard du Wurtemberg : « Ce n’est qu’en Amérique, en Angleterre et en Belgique que l’Église catholique reçoit ses droits ; Ailleurs, rien ne peut nous aider que la révolution. Et le 22 avril 1869, l’évêque Senestray [Senestrey] de Ratisbonne déclara clairement dans un discours prononcé à Schwandorff : « Si les rois ne veulent plus être de la grâce de Dieu, je serai le premier à renverser le trône... Seule une guerre ou une révolution peut nous aider en fin de compte. Et la guerre arriva enfin, mais elle n’aida que leurs adversaires. Bien qu’à son éclatement en 1870, le parti ultramontain de l’Allemagne du Sud, surtout en Bavière, ait exprimé pour la plupart avec une insolence sans exemple sa sympathie pour la France, et qu’après la fin brillante et victorieuse de la guerre, il ait tout fait pour empêcher le rattachement de la Bavière au nouvel empire allemand, leurs frères de l’Allemagne du Nord, habitués à la complaisance sans bornes du gouvernement prussien. se laissèrent aller à l’espoir de poursuivre leurs propres desseins avec d’autant plus de succès sous le nouveau régime. Même en novembre 1870, l’archevêque Ledochowski de Posen rendit visite au roi de Prusse victorieux à Versailles, afin de l’intéresser personnellement à la restauration des États pontificaux. En février 1871, au même endroit, cinquante-six députés catholiques du parlement prussien présentèrent au roi, entre-temps proclamé empereur d’Allemagne, une pétition formelle pour le rétablissement du pouvoir temporel du pape, et peu après une députation de laïcs distingués l’attendit « au nom de tous les catholiques d’Allemagne, » avec une adresse dirigée vers le même but. La Patrie bavaroise (Dr. Sigl) la traita en effet avec mépris comme une « députation rampante sur le ventre, qui rampait devant le magnanime héros-empereur, le suppliant gracieusement d’utiliser ladite députation comme son crachoir ». Et le Steckenberger Bote, inspiré par le Dr Ketteler, déclarait : « Nous, catholiques, nous ne l’implorons pas comme une faveur, mais nous l’exigeons comme notre droit... Soit vous devez restaurer l’Église catholique dans tous ses privilèges, soit aucun de vos gouvernements existants ne durera. En même temps que se répandait l’insinuation que le nouvel empire allemand menaçait l’existence de l’Église catholique en Allemagne, une puissante ultra-montagnardeL’agitation électorale en vue du prochain Reichstag se mit en branle, d’où naquit le parti du « centre », ainsi appelé parce qu’il siégeait au centre de la salle, avec Von Ketteler, Windthorst, Mallinkrodt (mort en 1874) et les deux Reichensperger, comme ses chefs les plus éloquents. Même dans le débat sur l’adresse en réponse au discours du trône, ce parti a exigé une intervention, d’abord seulement diplomatique, en faveur des États pontificaux. Dans la discussion sur la nouvelle constitution impériale, A. Reichensperger chercha d’emprunter au projet de loi avorté de 1848 sur les propriétaires terriens, condamné d’ailleurs comme impie par le programme ( 185, 2), principes qui pourraient servir le tournant de l’ultramontanisme en ce qui concerne la liberté illimitée de la presse, des sociétés, des réunions et de la religion, avec la plus parfaite indépendance de toutes les communautés religieuses de l’État. Mallinkrodt insista sur la nécessité d’élargir les privilèges de l’Église catholique en raison de la grande croissance de l’empire en territoire et en population catholiques. Toutes ces motions furent rejetées par le Reichstag, et le gouvernement prussien y répondit en supprimant, en juillet 1871, le département catholique du ministère des Cultes publics, qui existait depuis 1841 (193, 2). Peu de temps auparavant, le Genfer Korrespondenz avait fait l’éloge du pape, déclarant : « Si les rois n’aident pas la papauté à recouvrer ses droits, la papauté doit aussi s’en retirer et faire appel directement au cœur du peuple. » « Comprenez-vous l’ampleur terrible de ce changement ? Vos heures, ô princes, sont comptées ! La Germania berlinoise annonçait d’un ton menaçant l’approche d’une guerre de revanche en France, à l’issue de laquelle l’empire allemand ne pourrait plus compter sur la sympathie de ses sujets catholiques ; et l’Ellwanger kath. Wochenblatt proclamait ouvertement que seule la France est capable de protéger et de sauver l’Église catholique des projets d’anéantissement de la Prusse. Et c’est ainsi que le peuple catholique de toute l’Allemagne fut excité et excité par la presse catholique, ainsi que par la chaire et le confessionnal, à la maison et à l’école, dans les monastères et les couvents catholiques, dans les clubs de mécaniciens et les syndicats de paysans, dans les casinos et les assemblées de nobles. Mgr Ketteler fonda expressément dans ce but l’Union catholique de Mayence, en septembre 1871, qui, par ses réunions itinérantes, répandit au loin la flamme du fanatisme religieux ; et un prêtre bavarois, Lechner, prêchait du haut de la chaire qu’on ne sait pas si les princes allemands sont par la grâce de Dieu ou par la grâce du diable.
197.2. Conflits occasionnés par la protection des vieux-catholiques, 1871-1872.— Que le gouvernement prussien ait refusé d’aider les évêques à persécuter les vieux-catholiques, et qu’il les ait même maintenus dans leurs positions après que l’excommunication eut été lancée contre eux, a été considéré par ces évêques comme un acte de persécution de l’église catholique. Ils exprimèrent officiellement, sous une protestation solennelle contre tous les empiétements de l’État sur le domaine de la foi et de la loi catholiques, dans un mémoire adressé à l’empereur allemand de Fulda, le 7 septembre 1871, mais on leur dit fermement et résolument de rester dans leurs propres limites. Avant cela, l’évêque Krementz d’Ermeland avait refusé la missio canonica au docteur Wollmann, professeur de religion au gymnase de Braunsberg, parce qu’il refusait de reconnaître le dogme de l’infaillibilité, et avait interdit aux érudits catholiques d’assister à ses instructions. Le ministre des cultes publics, Von Mühler, décida, parce que l’instruction religieuse était obligatoire dans les gymnases prussiens, que tous les érudits catholiques devaient fréquenter l’institution ou en être expulsés. Le gouvernement bavarois suivit une ligne de conduite plus correcte dans un cas semblable qui se présenta à peu près à la même époque ; car il reconnaissait et protégeait les instructions religieuses du prêtre anti-infaillibiliste, Renftle à Mering, comme légitimes, mais permettait toujours aux parents qui s’y opposaient d’en priver leurs enfants. Et c’est ainsi que le nouveau ministre prussien, Falk, corrigea l’erreur de son prédécesseur. Mais le gouvernement procéda d’autant plus résolument contre Mgr Krementz, lorsqu’il proclama publiquement l’excommunication prononcée contre le docteur Wollmann et le professeur Michelis, qui avait été interdite par le droit civil prussien à cause de la violation des droits civils qui s’y rattachaient selon le droit canonique. Comme l’évêque ne pouvait être amené à reconnaître explicitement son obligation d’obéir aux lois du pays, le ministre du culte public le dépouilla de ses biens temporels, le 1er octobre 1872. Mais entre-temps, un deuxième conflit avait éclaté. Le prévôt catholique de l’armée prussienne et évêque in partibus, Namszanowski, avait, sous la direction du pape, ordonné à l’aumônier divisionnaire catholique, Lünnemann de Cologne, sous peine d’excommunication, de mettre fin au culte militaire dans la chapelle de la garnison, qui, avec la permission du tribunal militaire, était utilisée conjointement par les vieux-catholiques, et fut ainsi profanée. Il fut donc traduit devant une cour de discipline, suspendu de ses fonctions en mai 1872 et, finalement, par ordonnance royale en 1873, la charge de prévôt fut entièrement abolie.
197.3. Luttes sur les questions d’éducation, 1872-1873. — Dans les anciennes provinces polonaises du royaume de Prusse, la polonisation des Allemands catholiques résidents avait récemment pris des proportions menaçantes. L’archevêque de Posen et Gnesen, le comte Ledochowski, que le pape nomma primat de Pologne au cours du concile du Vatican, fut le principal centre de cette agitation. Dans le séminaire curétrique de Posen, il forma pour lui-même, dans un clergé fanatiquement polonais, les outils pour le mener à bien, et dans le Schrimm voisin, il fonda un établissement jésuite qui dirigeait tout le mouvement. Là où auparavant on prêchait alternativement le polonais et l’allemand, l’allemand était maintenant banni, et dans les écoles publiques, dont la surveillance, comme dans toute la Prusse, était officiellement entre les mains du clergé, tous les moyens étaient employés pour décourager l’étude de la langue allemande et pour éradiquer le sentiment national allemand. Mais, même dans les deux provinces de l’Ouest, les écoles publiques catholiques furent entièrement soumises aux desseins de l’ultramontanisme par les inspecteurs d’écoles ecclésiastiques. Afin d’endiguer ce désordre, le gouvernement, en février 1872, sanctionna la loi sur l’inspection scolaire votée par le parlement, par laquelle le droit et le devoir d’inspection scolaire furent transférés de l’Église à l’État, de sorte que, pour le bien de l’État, les inspecteurs ecclésiastiques hostiles au gouvernement furent mis de côté et, si nécessaire, remplacés par des laïcs. Une lettre pastorale des évêques prussiens réunis à Fulda en avril de cette année-là se plaignait amèrement de la persécution de l’Église et de la non-christianisation des écoles, mais conseillait au clergé catholique de ne jamais démissionner volontairement de l’inspection scolaire là où elle ne lui était pas retirée. Par un rescrit du ministre des cultes publics en juin, l’exclusion de tous les membres des ordres spirituels et des congrégations de l’enseignement dans les écoles publiques fut bientôt suivie de la suppression des congrégations mariales dans toutes les écoles, et il fut enjoint en mars 1873 que dans les districts polonais, où d’autres matières avaient été enseignées dans les établissements d’enseignement supérieur en langue allemande, Cela aussi serait obligatoire dans l’instruction religieuse. Ledochowski ordonna en effet à tous les enseignants religieux de son diocèse d’utiliser la langue polonaise comme ils l’avaient fait auparavant, mais le gouvernement suspendit tous les enseignants qui suivaient ses instructions et confia l’instruction religieuse à des enseignants laïcs. L’archevêque érigea alors des écoles privées pour l’instruction religieuse des professeurs de gymnase, et le gouvernement en interdit la fréquentation.
197.4. Le paragraphe Kanzel et la loi des Jésuites, 1871-1872. — Tandis qu’ainsi le gouvernement prussien prenait des mesures de plus en plus décidées contre l’ultramontanisme qui sévissait dans ses domaines, d’un autre côté, sa troupe mobile de guerriers en soutane, habit et blouse ne cessait pas de travailler, et le gouvernement impérial adoptait des mesures de défense drastiques applicables à tout l’empire. À la demande du gouvernement bavarois, qui ne pouvait se défendre contre la violence de ses « patriotes », le Conseil fédéral demanda au Reichstag d’ajouter un nouvel article au code pénal de l’Empire, menaçant d’emprisonnement de deux ans tout usage abusif de la chaire à des fins d’agitation politique. Le ministre bavarois des Cultes, Lutz, s’engagea à soutenir ce projet de loi devant le Reichstag. « Depuis plusieurs décennies, disait-il, le clergé en Allemagne a pris un caractère nouveau ; ils sont devenus le simple reflet du jésuitisme. Le Reichstag approuva le projet de loi en décembre 1871. Bien plus profondément que ce soi-disant paragraphe de Kanzel, dont l’agitation du clergé pouvait facilement éluder l’opération par un peu de circonspection, la loi jésuite, publiée le 4 juillet 1872, a taillé dans la chair de l’ultramontanisme allemand. Déjà au mois d’avril de cette année-là, une pétition de Cologne demandant l’expulsion des jésuites avait été présentée au Reichstag. Des adresses similaires affluaient d’autres endroits. Le parti du Centre, de son côté, organise régulièrement un flot de pétitions en faveur des jésuites. Le Reichstag s’en remit tous deux au chancelier impérial, avec la demande d’introduire une loi contre les mouvements des jésuites comme dangereux pour l’État. Le Conseil fédéral accéda à cette demande, et c’est ainsi qu’une loi fut votée qui ordonnait la destitution des jésuites et des ordres et congrégations apparentés, la fermeture de leurs institutions dans un délai de six mois, et interdisait la formation de tout autre ordre par leurs membres individuels, et le gouvernement autorisait le bannissement des membres étrangers et l’internement des indigènes dans des lieux désignés. Une ordonnance ultérieure du Conseil fédéral déclara que les Rédemptoristes, les Lazaristes, les Prêtres du Saint-Esprit et la Société du Cœur de Jésus étaient des ordres liés à la Compagnie de Jésus. Les personnes concernées par cette loi ont anticipé la menace d’internement en se déplaçant volontairement vers la Belgique, la Hollande, la France, la Turquie et l’Amérique.
197.5. Les lois ecclésiastiques prussiennes, 1873-1875. — Afin de pouvoir réprimer l’ultramontanisme, même dans ses lieux de reproduction pédagogique, les collèges épiscopaux et les séminaires, et en même temps de restreindre par la loi l’absolutisme despotique des évêques en matière disciplinaire et de bénéficiaire, le gouvernement prussien introduisit quatre autres projets de loi ecclésiastiques, qui, malgré l’opposition violente du Centre et des Vieux-Conservateurs, furent successivement adoptées par les deux chambres du parlement et approuvées par le roi les 11, 12, 13 et 14 mai 1873. Leurs dispositions les plus importantes sont les suivantes : comme condition d’admission à une charge spirituelle, l’État exige la citoyenneté de l’Empire allemand, trois ans d’études dans une université allemande et, en plus d’un examen de fin d’études gymnasial précédant le cours universitaire, un examen d’État de culture générale (en philosophie, en histoire et en littérature allemande), en plus de l’examen théologique. Les séminaires et collèges épiscopaux de garçons sont abolis. Les séminaires sacerdotaux, si le ministre des cultes les juge aptes à cet usage, peuvent se substituer au cours universitaire, mais doivent être soumis à l’inspection régulière de l’État. Les candidats aux charges spirituelles, qui ne doivent jamais rester vacantes plus d’un an, seront nommés au président en chef de la province, et celui-ci pourra, pour des raisons convaincantes, déposer une protestation contre eux. La sécession d’avec l’Église est librement autorisée et libère de toutes les obligations personnelles de payer les cotisations ecclésiastiques et d’accomplir les devoirs ecclésiastiques. L’excommunication est permise, mais ne peut être proclamée que dans la congrégation concernée, et non publiquement. Le pouvoir de discipline ecclésiastique sur le clergé ne peut être exercé que par les supérieurs allemands et selon une procédure processionnelle fixe. Les châtiments corporels ne sont pas autorisés, les amendes sont autorisées dans une mesure limitée, et la retenue par l’internement dans les maisons dites Demeriti, mais seulement au plus tard dans les trois mois, et lorsque la partie concernée y consent volontairement. Les serviteurs de l’Église, dont le maintien en fonction est incompatible avec l’ordre public, peuvent être destitués par une condamnation civile. Et comme cour d’appel finale dans tous les cas de plainte entre les autorités ecclésiastiques et civiles, aussi bien que dans le domaine ecclésiastique, est constituée une cour royale de justice pour les affaires ecclésiastiques, dont les procédures sont ouvertes et la décision définitive. C’est pourquoi, en décembre 1873, par l’autorité souveraine, fut prescrite une nouvelle formule du serment d’allégeance épiscopale, reconnaissant plus distinctement et de manière plus décisive le devoir d’obéissance aux lois de l’État. Ensuite, un projet de loi a été présenté au parlement, qui avait été maintenu à l’esprit dans la constitution originale, exigeant le mariage civil obligatoire et l’abolition du baptême obligatoire, ainsi que la conduite de l’enregistrement civil par des fonctionnaires de l’État. En février 1874, elle a été adoptée. Les 20 et 21 mai 1874, deux autres projets de loi furent présentés pour proroger les lois de mai de l’année précédente, en conséquence desquels un siège épiscopal vacant par la mort, une sentence judiciaire, ou toute autre cause, doit être rempli dans l’espace d’un an, et le chapitre doit élire dans les dix jours un administrateur épiscopal. qui doit être présenté au président en chef, et prêter serment d’obéir aux lois de la l’État. Si le chapitre ne remplit pas ces conditions, un commissaire laïc sera nommé pour administrer les affaires du diocèse. Pendant la vacance épiscopale, tous les pastorats vacants, ainsi que tous ceux qui ne sont pas légalement remplis, peuvent être immédiatement valablement pourvus par l’acte du patron et, en l’absence d’un tel droit, par l’élection de la congrégation. Les biens paroissiaux, sur la nomination illégale d’un pasteur, sont remis à l’administration par un commissaire laïque.―L’empire est également venu en aide aux lois de mai par une loi impériale du 4 mai 1874, sanctionnée par l’empereur, qui habilite le gouvernement compétent de l’État à interner tous les officiers ecclésiastiques démis de leurs fonctions et ne cédant pas à celles-ci. ainsi que tous punis pour incompétence dans leurs fonctions officielles, et, si cela n’aide pas, de les condamner à la perte de leurs droits civils et à l’expulsion du territoire fédéral allemand.― Dans sa session suivante, la chambre impériale des représentants donna de nouveau une sanction législative au Kulturkampf ; car, en janvier 1875, elle vota un projet de loi présenté par le Conseil fédéral sur la déposition sous serment quant à son rang personnel, et sur le divorce avec mariage civil obligatoire, qui, allant bien au-delà du droit civil prussien de l’année précédente, et débarrassant surtout la Bavière de son droit canonique sur le mariage appliqué par le concordat, abolissait la juridiction spirituelle au profit de celle des tribunaux civils, et il donna à l’État le soin de déterminer les conditions et les obstacles au divorce, sans toutefois toucher au domaine de la conscience, ni s’enfoncer de quelque manière que ce soit dans le droit canonique et les exigences de l’Église.
197.6. Opposition dans les États aux lois prussiennes de mai. — L’évêque Martin de Paderborn avait déjà refusé d’obéir aux lois de mai de 1873. Après leur promulgation, tous les évêques prussiens déclarèrent collectivement au ministère qu’ils « n’étaient pas en mesure d’exécuter ces lois », en ajoutant qu’ils ne pouvaient même pas se conformer aux exigences qui, dans d’autres États, d’accord avec le pape, sont reconnues par l’Église, parce qu’elles sont administrées d’une manière unilatérale par l’État prussien. C’est aussi dans ce sens qu’ils ont pris des mesures. Tout d’abord, la réfractance de plusieurs séminaires leur fit perdre la dotation et le droit de représentation ; Et en second lieu, le refus des évêques de notifier leur nomination d’ecclésiastiques leur valut de fréquentes amendes, tandis que les livres et les sceaux de l’église furent retirés aux ecclésiastiques ainsi nommés, que tous les actes officiels qu’ils accomplissaient étaient déclarés invalides en droit civil, et que ceux qui les accomplissaient étaient soumis à des amendes. Mais là encore, l’évêque Martin, très versé dans l’histoire de l’Église (il avait été auparavant professeur de théologie à Bonn), avait auparavant instruit son clergé dans une pastorale que « depuis l’époque de Dioclétien, on n’avait pas vu une persécution aussi violente du nom de Jésus-Christ ». Peu de temps après, l’archevêque Ledochowski, dans un document officiel adressé au président en chef de la Pologne, compara la demande de notification des nominations cléricales à la demande de la Rome antique aux soldats chrétiens de sacrifier aux dieux païens. Et sur l’ordre du pape, des prières ont été offertes dans toutes les églises pour l’église si durement et si cruellement persécutée. Et pourtant, toute la « persécution » ne consistait alors en rien d’autre qu’une nouvelle loi de l’État, sous peine d’amende en cas de désobéissance, exigeait de nouveau des évêques payés par l’État ce qui avait été accepté pendant des siècles comme inattaquable dans la Bavière primitivement catholique, et aussi pendant longtemps en France. Portugal, et d’autres pays romains, ce que tous les évêques prussiens jusqu’en 1850 ( 193, 2) avait fait sans scrupule, ce que les évêques de Paderborn et de Münster n’avaient même jamais refusé de faire dans la partie extra-prussienne de ces diocèses (Oldenburg et Waldeck), ainsi que le prince-évêque de Breslau, depuis la promulgation des lois de mai autrichiennes similaires (198, 4) dans la partie austro-silésienne de son diocèse, ce à quoi les cours épiscopales de Wurtemberg et de Bade avaient cédé, bien que dans presque tous ces États la demande mentionnée rompît l’union avec la curie pontificale. Cependant, avant qu’un an ne se fût écoulé, les cas de punition pour ces délits s’étaient tellement multipliés, que les seules amendes très insuffisantes qui pouvaient être exigées par la saisie des biens devaient être changées en peines d’emprisonnement équivalentes. Le premier prélat qui subit ce sort fut l’archevêque Ledochowski, en février 1874. Se succédèrent successivement Eberhard de Trèves, Melchers de Cologne, Martin de Paderborn et Brinkmann de Münster. La cour ecclésiastique de justice prononça expressément une déposition contre Ledochowski en avril 1874 ; contre Martin en janvier 1875 et contre le prince-évêque Förster de Breslau en octobre 1875, qui seul avait osé proclamer dans son diocèse l’encyclique Quod nunquam (197, 7). Mais celui-ci avait même auparavant retiré la propriété diocésaine à la valeur de 900,000 marks à son château épiscopal, Johannisberg, en Autriche-Silésie, où, avec un revenu vraiment princier provenant de fonds autrichiens, il pouvait facilement se remettre de la perte de la partie prussienne de ses revenus. Martin, qui avait été interné à Wesel, s’enfuit en août 1875, sous les nuages de la nuit, en Hollande, d’où il transporta ses agitations en Belgique, et enfin à Londres (mort en 1879). Ledochowski a trouvé une résidence au Vatican. Brinkmann fut déposé en mars et Melchers en juin 1876, après que tous deux eurent prouvé leur jouissance du martyre en s’enfuyant en Hollande. Eberhard de Trèves avait anticipé sa destitution à sa mort en mai 1876. Blum de Limbourg fut déposé en juin 1877, et Beckmann d’Osnabrück mourut en 1878.―Au parlement prussien et au Reichstag allemand, le parti du centre, soutenu par les Guelfes, les Polonais et les sociaux-démocrates, avait pendant ce temps, avec colère, mépris et vitupérations, avec et sans esprit, combattu non seulement contre toutes les propositions ecclésiastiques, mais aussi contre toutes les autres propositions législatives. dont l’acceptation était particulièrement désirée par le gouvernement. Et tous les représentants de la presse ultramontaine, à l’intérieur et à l’extérieur de l’Europe, rivalisaient de dénonciation violente des lois ecclésiastiques et d’injures démesurées contre l’empereur et l’empire. Mais presque sans exception, les fonctionnaires catholiques romains en Prusse, ainsi que les protestants et les vieux-catholiques, ont mené « la persécution des chrétiens par Dioclétien » dans les mesures judiciaires et policières introduites par les lois ecclésiastiques. Un certain nombre de notables catholiques des provinces orientales acceptèrent d’eux-mêmes, dans une adresse respectueuse à l’empereur, les lois condamnées, et gagnèrent ainsi le surnom de « catholiques d’État ». La grande masse du peuple catholique, haut et bas, resta inébranlablement fidèle au clergé réfractaire, pour la plupart, dans une opposition passive, bien que même, comme l’exprimait la Germania berlinoise, « la rage catholique contre la politique ecclésiastique bismarckienne ait pu se condenser en une seule tête catholique » dans une tentative meurtrière contre le chancelier en quête de santé à Kissingen. le 13 juillet 1874. C’était le tonnelier Kullmann qui, fanatique par des discours et des écrits enflammés dans la société catholique de Salzwedel, cherchait à se venger, comme il le disait lui-même, du chancelier des lois de mai et de « l’insulte faite à son parti du centre ». Cependant, dans la suite du Kulturkampf prussien, favorisé par l’aide du confessionnal, l’assiduité insinuante de la presse cléricale et l’influence prépondérante du clergé catholique parfaitement discipliné sur les masses papistes, le Centre augmenta en nombre et en importance aux élections de session en session, de sorte qu’à partir du début de 1880, par la division malheureuse des autres partis au Reichstag aussi bien qu’à la Chambre, il s’unit tantôt aux conservateurs, tantôt et le plus souvent aux progressistes et aux démocrates renonçant au Kulturkampf, et fut soutenu sur toutes les questions par les Polonais, les Danois, les Guelfes et les Alsaciens-Lorrains, selon que l’intérêt clérical et la tactique ultramontaine l’exigeaient, conformément au plan de campagne du commandant en chef, surtout du ministre hanovrien quondam, Windthorst, dominé beaucoup plus par les tendances guelphiques que par les tendances ultramontaines. Le Centre a ainsi pu faire pencher la balance, jusqu’à ce que, au moins au Reichstag, après la dissolution et les nouvelles élections de 1887, sa dominationLe pouvoir a été brisé par la combinaison plus étroite des partis conservateur et national-libéral.
197.7. Participation au conflit pris par le Pape. — Pie IX. avait félicité le nouvel empereur en 1871, espérant, comme il l’écrivait, que ses efforts en faveur du bien commun « pourraient apporter des bénédictions non seulement à l’Allemagne, mais aussi à toute l’Europe, et pourraient contribuer non négligemment à la protection de la liberté et des droits de la religion catholique ». Et lorsque, tout d’abord, le parti du Centre, poussé par l’agitation électorale de l’ultramontanisme allemand, ouvrit sa campagne politico-cléricale au Reichstag, il exprima sa désapprobation de ses démarches à la suite de la plainte de Bismarck au secrétaire du pape, Antonelli. Cependant une députation du Centre envoyée à Rome réussit à les convaincre tous les deux. Afin de jeter un pont pour parvenir à une entente avec la curie, le gouvernement impérial nomma, en mai 1872, le cardinal prince de Bavière Hohenlohe au poste vacant d’ambassadeur au Vatican. Mais le pape, avec une imprudence offensante, rejeta cette proposition bien intentionnée et défendit au cardinal d’accepter la nomination impériale. À partir de ce moment-là, il exprima librement et publiquement en toute occasion son amertume insensée contre l’empire allemand et son gouvernement. Dans un discours à la Société allemande de lecture à Rome en juillet 1872, il se permit d’employer les expressions les plus violentes contre le chancelier allemand, et termina par la menace prophétique : « Qui sait si la petite pierre ne se détachera pas bientôt de la montagne (Dan. II. 34), qui brisera le pied du colosse ? Mais même cette diatribe fut éclipsée par l’allocution de Noël de cette année-là, dans laquelle il n’eut pas honte de qualifier d'« impudentia » la conduite des hommes d’État allemands et de leur souverain impérial. Et après la publication des premières lois de mai, il adressa une lettre à l’empereur, dans laquelle, se fondant sur le fait que même l’empereur, comme tous les baptisés, lui appartenait, le pape, il lui jetait dans les dents que « toutes les mesures de son gouvernement visaient de plus en plus depuis quelque temps à l’anéantissement du catholicisme, » et il ajoutait l’annonce menaçante que « ces mesures contre la religion de Jésus-Christ ne peuvent avoir d’autre résultat que le renversement de son propre trône ». Dans sa réponse, l’empereur mit expressément en évidence l’appel qu’il avait reçu de Dieu ainsi que son propre point de vue évangélique, et avec la dignité et le sérieux qui convenaient, il répudia résolument les hypothèses non mesurées de la papauté, et publia les deux lettres. Dans le même style de prétention immodérée, le pape de nouveau, en novembre 1875, dans une encyclique après l’autre, donna libre cours à sa colère contre l’empereur et l’empire, en particulier contre ses institutions militaires. À la place de l’archevêque Ledochowski, destitué et alors emprisonné, il nomma en 1874 un légat apostolique indigène, qui fut finalement reconnu comme étant le chanoine Kurowski, lorsqu’il fut, en octobre 1875, condamné à deux ans de prison. Mais le pape prit la mesure la plus décidée et la plus réussie par l’encyclique Quod nunquam, du 5 février 1875, adressée à l’épiscopat prussien, dans laquelle il caractérisait les lois prussiennes de mai comme « non pas données aux citoyens libres pour exiger une obéissance raisonnable, mais comme imposées aux esclaves, afin de forcer l’obéissance par crainte de la violence, » et, « pour remplir les devoirs de sa charge », déclara très ouvertement à tous ceux qu’elle concernait et aux catholiques du monde entier : « Leges illas irritas esse, utpote quæ divinæ Ecclesiæ constitutioni prorsus adversaltur ; » mais sur ces hommes « impies » qui se rendent coupables du péché d’assumer une charge spirituelle sans un appel divin, tombe eo ipso la grande excommunication. D’autre part, il récompensa, en mars 1875, l’archevêque Ledochowski, alors encore en prison, mais plus tard, en février 1876, installé à Rome, pour sa résistance énergique à ces lois, avec un chapeau de cardinal, et au prince-évêque Förster de Breslau, non moins opiniâtre, il présenta à l’occasion de son jubilé de prêtre le pall archiépiscopal. Dans l’allocution de Noël suivante, il a eu une histoire d’amour au sujet d’un second Néron, qui, alors qu’il était en un endroit avec une lyre à la main, il enchantait le monde par des paroles mensongères, dans d’autres endroits apparaissait avec du fer à la main, et, s’il ne faisait pas couler le sang dans les rues, il remplissait les prisons, envoyait des multitudes en exil, s’empare de toute l’autorité et s’arroge avec violence toute l’autorité. Aux pèlerins allemands qui se rendirent en mai 1877 à son jubilé épiscopal à Rome, il avait encore beaucoup de choses terribles à raconter sur cet « Attila moderne », laissant dans l’incertitude s’il s’agissait du prince Bismarck ou du doux et pieux empereur allemand lui-même.
197.8. Le conflit autour de l’encyclique Quod nunquam de 1875.— Par cette encyclique, le pape avait complètement rompu l’union entre l’État prussien et la curie, en s’appuyant sur la bulle De salute animarum (193, 1) ; car il répudia carrément les droits souverains de l’autorité civile qui y étaient expressément autorisés, en déclarant invalides les lois de l’État prussien, autorisa et encouragea la rébellion de tous les sujets catholiques contre elles. Le gouvernement prussien promulgua alors trois nouvelles lois qui se succédèrent rapidement, plus profondes que toutes celles qui l’avaient précédée, et qui reçurent sans peine la sanction de tous les corps législatifs.
Et enfin, en outre, il y eut l’application, au cours de cette session, de la Chambre des lois précédemment introduites sur les droits des vieux-catholiques (190, 2), et, le 20 juin 1875, sur l’administration des biens ecclésiastiques dans les paroisses catholiques. Ces dernières mesures visaient à soustraire l’administration mentionnée à l’absolutisme autocratique du clergé et à la transférer à une commission laïque élue par la communauté elle-même, dont le curé devait être membre, mais non le président. Bien que l’archevêque de Cologne, au nom de tous les évêques antérieurs à sa promulgation, ait solennellement protesté contre cette loi, parce qu’elle « perdait les droits essentiels et inaliénables de l’Église catholique », et bien que sa reconnaissance impliquât en fait la reconnaissance des lois de mai et de la cour ecclésiastique de justice, tous les évêques se déclarèrent prêts à coopérer à l’exécution des dispositions relatives à la remise des biens de l’Église à l’administration de l’Église. une commission civile. Ils obtinrent ainsi des élections tout à fait ultramontaines, mais en même temps ils se mirent dans une position de contradiction et reconnurent que le seul motif de leur opposition aux lois de mai, à savoir qu’elles étaient unilatéralement élaborées par l’État, était nul et non avenu.
Léon XIII, depuis 1878, annonçait son avènement à l’empereur Guillaume, et exprimait son regret de voir que les bonnes relations qui existaient autrefois entre la Prusse et le Saint-Siège ne se poursuivaient pas. La réponse de l’empereur exprimait l’espoir que, par l’aide de Sa Sainteté, les évêques prussiens pourraient être amenés à obéir aux lois du pays, comme le faisait effectivement le peuple sous leur garde pastorale ; et plus tard, alors qu’à la suite de l’attentat du 2 juin 1873, il était couché sur un lit de malade, le prince héritier répondit le 10 juin à d’autres communications pontificales en disant qu’aucun monarque prussien ne pouvait nourrir le désir de changer la constitution et les lois de son pays conformément aux idées de l’église romaine ; mais que, même s’il n’était pas possible de s’entendre à fond sur la controverse radicale de mille ans, l’effort de conserver une disposition conciliante de part et d’autre ouvrirait aussi à la Prusse une voie de paix qui n’aurait jamais été fermée dans d’autres États. Trois semaines plus tard, le nuntio munichois Masella était à Kissingen et s’entretint avec le chancelier, le prince Bismarck, qui y résidait, de la possibilité d’une base de réconciliation. Par la suite, les négociations se poursuivirent à Gastein, puis à Vienne avec le nuntio Jacobini qui y résidait, mais elles furent suspendues en raison des exigences de la curie auxquelles l’État ne pouvait se soumettre. Cependant, le pape tenta indirectement d’ouvrir la voie à une nouvelle consultation, car il publia un mémoire daté du 24 février 1880 à « l’archevêque Melchers de Cologne » (déposé par la cour royale de justice), dans lequel il déclarait qu’il était prêt à permettre aux conseils gouvernementaux respectifs d’informer les nouveaux prêtres élus avant leur institution canonique. Là-dessus, une communication fut envoyée au cardinal Jacobini que le ministère d’État avait résolu, dès que le pape aurait effectivement mis en œuvre cette déclaration de son empressement, de faire tous les efforts possibles pour obtenir des représentants de l’État l’autorisation d’annuler ou de modifier les promulgations des lois de mai qui étaient considérées par l’Église romaine comme dures. Mais le pape reçut très peu gracieusement ce compromis du gouvernement et manifesta son mécontentement en retirant sa concession, qui d’ailleurs ne concernait que les prêtres inamovibles, donc pas Hetzkaplane et les prêtres succursaux ou assistants, et supposait l’obtention de l’agrément, c’est-à-dire le consentement volontaire de l’État, sans permettre en aucune façon la mise à l’écart du parti élu.
197.10. Preuve de la volonté du gouvernement prussien de se réconcilier, 1880-1881.— Malgré ce refus brusque de la part de la curie pontificale, le gouvernement, à la demande du ministre des cultes publics, Von Puttkamer (193, 6), résolut, en mai 1880, de présenter un projet de loi qui donnait un large pouvoir discrétionnaire pour modérer l’état malheureux des choses qui avait prévalu depuis l’adoption des lois de mai, dans tous les districts catholiques, où 601 pastorats étaient entièrement vacants et 584 le sont partiellement, et neuf évêchés, les uns par la mort et les autres par déposition. Bien que la nécessité de la paix fût facilement admise de part et d’autre, les libéraux s’opposèrent à ces « propositions de Canossa » qu’ils jugeaient beaucoup trop importantes ; le Centre, les Polonais et les Guelfes sont beaucoup trop petits. Cependant elle obtint enfin, sous une forme considérablement modifiée, par un compromis des conservateurs avec une grande partie des nationaux-libéraux, le consentement des deux chambres. Cette loi, sanctionnée le 14 juillet 1880, comportait les dispositions suivantes :
1. |
La cour royale ne destituera plus d’officiers ecclésiastiques, mais se prononcera simplement incapables d’administrer l’office ; |
2-4. |
Le ministère de l’État est autorisé à donner à l’administrateur épiscopal chargé par l’Église de l’administration provisoire d’un évêché vacant une dispense de prêter le serment prescrit ; De plus, l’administration par commission des biens ecclésiastiques peut être révoquée aussi bien que nommée ; De même, les dotations de l’État qui avaient été retirées doivent être restituées au profit de toute l’étendue du diocèse ; |
5. |
Les actes spirituels officiels d’un ecclésiastique dûment nommé à titre d’assistance dans une autre paroisse vacante doivent être autorisés ; |
6. |
Le ministre de l’intérieur et du culte public est habilité à approuver l’érection de nouvelles institutions de sociétés religieuses entièrement consacrées au soin des malades, afin de leur permettre de prendre soin et d’élever des enfants qui n’ont pas encore atteint l’âge scolaire ; et plus récemment ont été ajoutés |
7. |
Le particulier, d’après lequel les articles 2, 3 et 4 cessent de s’appliquer après le 1er janvier 1882. |
Le gouvernement a été particulièrement attentif à l’application des dispositions temporairement reconnues à l’article 3, pour le rétablissement de l’administration épiscopale ordonnée par des administrateurs épiscopaux régulièrement élus dans les évêchés devenus vacants par la mort. Fulda, qui était resté vacant le plus longtemps, à partir d’octobre 1873, a dû être laissé de côté, car dans ce cas, il ne restait plus qu’un seul membre du chapitre et donc une élection canonique était impossible. Mais sans difficulté, en mars 1881, le vicaire général Dr. Höting pour Osnabrück et le chanoine Drobe pour Paderborn, sans prêter le serment d’allégeance, réussirent à obtenir l’administration indépendante de la propriété ainsi que le rétablissement de la solde de l’État pour l’ensemble des diocèses, bien qu’ils n’aient pas donné la notification requise par les lois de mai pour l’administration intérimaire. En octobre 1881, le prince-évêque déchu Förster de Breslau mourut, et l’évêque suffragant Gleich, élu par le chapitre, assuma avec le consentement du gouvernement la charge d’administrateur épiscopal. Et maintenant, lorsque les chapitres respectifs transférèrent leur droit d’élection au pape, les nominations méthodiques du chanoine Dr. Korum de Metz, élève de la faculté jésuite d’Innspruck [Innsbrück], très chaudement recommandée par Von Manteuffel, gouverneur d’Alsace et de Lorraine, au siège épiscopal de Trèves, en août 1881, du vicaire général Kopp de Hildesheim à Fulda en décembre, 1881, des administrateurs épiscopaux Höting et Drobe, en mars et mai 1882, respectivement à Osnabrück et Paderborn, ont été dûment mises en œuvre. Pour Breslau, le chapitre dressa une liste de sept candidats, mais le gouvernement désigna le prévôt de Berlin, Rob Herzog, comme une personne douce et conciliante. Le chapitre remit alors son droit d’élection entre les mains du pape et, en mai 1882, Herzog fut élevé à la dignité de prince-évêque. Il ne restait plus vacants que les sièges épiscopaux de Cologne, de Posen, de Limbourg et de Münster, qui avaient été vidés par les dépositions des tribunaux civils. — Entre-temps, les négociations menées à l’instigation du gouvernement par le conseiller privé Von Schlözer avec la curie de Rome pour le rétablissement de l’ambassade au Vatican avaient été terminées. La chambre vota à cet effet une somme annuelle de 90 000 marks, et Schlözer lui-même fut nommé à ce poste en mars 1882.
197.11. Négociations de conciliation, 1882-1884.—Avec le 1er janvier 1882, les trois lois de la loi de juillet 1880, qui pouvaient être appliquées à la discrétion du gouvernement, ont cessé d’être appliquées. Le 16 janvier 1882, Von Gossler, ministre des Cultes publics depuis juin 1881, présenta à la Chambre un nouveau projet de loi pour leur reconstitution et leur prorogation, qui, par un compromis entre les conservateurs et le Centre, après diverses modifications, assura la majorité dans les deux chambres. Cette deuxième loi révisée a porté sur les points suivants :
La nouvelle loi obtient la sanction royale le 31 mai 1882. Mais ses deux articles les plus importants, 2 et 3, restèrent longtemps lettre morte, et même l’article 1 ne fut exécuté que par la reprise des émoluments de l’État pour les Hohenzollern et les cinq évêchés nouvellement institués (197, 10). mais pas pour les sept autres. Mais la mauvaise humeur des ultramontains Hotspurs fut portée à son paroxysme par le sort du projet de loi présenté par le Centre au Reichstag pour écarter la loi d’expatriation du 4 mai 1874, qui paraissait indispensable au gouvernement en raison de son applicabilité aux agitations du clergé polonais contre l’empire. Ce bill, après de violents débats, fut adopté le 18 janvier 1882 à la majorité des deux tiers ; mais il a été rejeté par le Conseil fédéral le 6 juin, à la quasi-unanimité, seuls la Bavière et la Reuss jüngere Linie votant en sa faveur. C’était le résultat principalement de l’échec de toutes les tentatives de Von Schlözer pour rendre les concessions du gouvernement acceptables à la curie pontificale. D’autre part, le gouvernement introduisit de son propre chef un troisième projet de révision en juin 1883, par lequel il cherchait à soulager autant que possible les problèmes de l’Église catholique. En adoptant cette loi :
Malgré les déclarations répétées de la curie selon lesquelles elle ne pouvait et n’accepterait la notification qu’après une garantie suffisante préalable d’une formation parfaitement libre du clergé et d’une libre administration de la charge spirituelle, le roi, alors qu’il résidait au château de Mainau sur le lac de Constance, le 11 juillet 1883, sanctionna la loi dite de Mainau qui avait été adoptée par les deux chambres. et le 14, le ministre des cultes publics exigea que les évêques prussiens, sans en faire la notification, remplissent les places vacantes dans les pastorats en nommant des assistants, et qu’ils nomment les candidats qui étaient éligibles à cette nomination dans les conditions de la loi de mai de l’année précédente (197, 3). Finalement, en septembre 1883, le pape accorda la dispense requise, mais pour cette époque seulement et sans préjudice pour l’avenir. À la fin du mois de mai, 1 884 demandes avaient été adressées au doyen de l’épiscopat prussien nommé pour recevoir ce poste, Marnitz de Kulm, par 1 443 ecclésiastiques, dont le gouvernement n’en rejeta que 178 qui avaient étudié dans les institutions jésuites de Rome, de Louvain et d’Innsbrück. Brinkmann de Münster furent rétablis par la grâce royale, et pour les deux diocèses, ainsi que pour Ermeland, Kulm et Hildesheim, et enfin aussi le 31 mars, peu de temps avant la fermeture de la porte, même pour Cologne, dans ce cas, cependant, de manière révocable, la saisie des salaires cessa, de sorte que seuls les deux sièges archiépiscopaux de Cologne et de Posen restèrent vacants. et seul Posen continua d’être privé de ses dotations. D’autre part, le gouvernement laissa caducs les trois lois discrétionnaires qui étaient en vigueur jusqu’au 1er avril 1884 sans pourvoir à leur renouvellement. De même, la proposition d’abolir la loi sur l’expatriation de novembre 1884, présentée de nouveau par le Centre et adoptée de nouveau par le Reichstag à une grande majorité, fut rejetée par le Conseil fédéral ; mais, au commencement de décembre, lors de l’inauguration du nouveau Reichstag, elle fut de nouveau introduite par le Centre et adoptée, mais elle passa inaperçue du Conseil fédéral. En avril 1885, la Chambre des députés rejeta de nouveau les motions répétées du Centre pour le paiement des salaires des évêques par le Trésor public, ainsi que pour l’immunité de ceux qui lisaient la messe et dispensaient les sacrements.
197.12. Reprise des mesures de conciliation, 1885-1886.— Le sujet suivant des négociations avec la curie fut le rétablissement du siège archiépiscopal de Posen-Gnesen. En mars 1884, le pape avait nommé le cardinal Ledochowski secrétaire de la commission des pétitions, à ce titre il devait rester à Rome. Il se déclara alors prêt à accepter la démission de Ledochowski de l’archevêché si le gouvernement prussien lui permettait d’avoir un successeur qui aurait la confiance du Saint-Siège ainsi que des habitants polonais du diocèse. Mais des trois nobles chauvins polonais soumis par le Vatican, le gouvernement ne pouvait en accepter aucun. De plus, aucun accord n’ayant pu être trouvé sur la question de l’obligation de notification de l’évêque et du droit de l’État de protester, les négociations furent longtemps au point mort et furent à plusieurs reprises sur le point d’être rompues. Mais à partir du milieu de l’année 1885, un mouvement de conciliation prend le pouvoir, grâce aux conseils du parti le plus modéré parmi les cardinaux. L’archevêque Melchers, qui vivait en exil à Maestricht, fut appelé à Rome, et en récompense de son aide, il fut fait cardinal, et le pape consacré comme son successeur dans l’archevêché de Cologne, l’évêque Krementz d’Ermeland (197, 2). qui fut également reconnu par le gouvernement prussien et introduit à Cologne le 15 décembre 1885, en grande pompe, avec 20 000 torches et vingt orchestres de musique. Après qu’une longue liste de candidats eut été mise de côté par un camp et par l’autre, les uns par-ci, les autres par-là, le pape renonça enfin à sa demande d’un candidat de nationalité polonaise et, en mars 1886, il nomma au siège vacant Julius Dinder, doyen de Königsberg, allemand de nationalité mais parlant la langue polonaise. oui, même amicalement, des relations entre le pape et le gouvernement prussien. Le diplomate Léon montra son admiration pour le diplomate Bismarck en lui envoyant une précieuse peinture à l’huile de lui-même par un maître de Munich, et celui-ci étonna le monde en faisant le pape arbitre d’un conflit menaçant avec l’Espagne sur la possession des îles Carolines. Sa décision sur la question principale était en effet en faveur de l’Espagne, mais des concessions non négligeables furent faites à l’Allemagne. Le pape envoya au prince deux poèmes latins comme pretium affectionis, et lui conféra, le premier protestant qui ait jamais été ainsi honoré, à la fin de 1885 ou au début de 1886, l’ordre pontifical le plus élevé, les insignes de l’ordre du Christ, avec des brillants, après que le cardinal secrétaire d’État Jacobini, en tant que président de la cour pontificale d’arbitrage, eut été récompensé par l’ordre prussien de l’Aigle noir. et les autres membres de la cour avec d’autres ordres prussiens élevés ; et à la fin d’avril 1886, l’empereur d’Allemagne envoya lui-même au pape des remerciements pour sa médiation, avec un pectoral artistique et coûteux ( 59, 7) Le gouvernement avait, dans l’intervalle, présenté le 15 février 1886 une nouvelle proposition de révision de la politique ecclésiastique, la quatrième, et, afin d’obtenir l’avis d’un représentant distingué de l’épiscopat prussien, appelé l’évêque Kopp de Fulda à la Chambre des pairs. Mais comme ses demandes de concessions, qui lui avaient été suggérées, non par le pape, mais par le Centre, allaient bien au-delà de ce qui était proposé, elles se heurtèrent pour la plupart à l’opposition et au rejet décidés par le ministre des cultesDe plus, il n’y a pas d’autre moyen d’empêcher La loi confirmée par le roi le 24 mai 1886 apporte les modifications suivantes : abolition complète de l’examen de culture générale ; l’affranchissement des séminaires reconnus par le ministre comme propres à la formation cléricale, ainsi que les facultés établies dans les universités, les séminaires et les gymnases, de toute inspection spéciale de l’État (telle qu’elle est prévue par les lois de mai), et leur soumission aux lois communes applicables à tous les établissements d’enseignement similaires. Suppression des restrictions exigeant que la procédure disciplinaire ecclésiastique ne soit engagée que devant les tribunaux ecclésiastiques allemands ; Suppression du tribunal des affaires ecclésiastiques et transfert de ses fonctions en partie au ministère des cultes, qui n’est plus en tant que cour d’appel en matière de discipline ecclésiastique que pour les cas entraînant une perte ou une réduction des revenus officiels, en partie à la Cour suprême de Berlin, qui est compétente en cas de violation de la loi de l’État par un officier ecclésiastique ainsi qu’en cas de refus d’accomplir le serment d’obéissance ; Les textes législatifs discrétionnaires du gouvernement de 1880 ( 197, 10) sont à nouveau appliquées et les modifications apportées à l’article 6 de cette loi sont étendues à toutes les autres institutions engagées dans la propagande intérieure ; Toute lecture des messes privées et toute dispensation des sacrements ne sont plus soumises à l’infliction de peines. — Quelques semaines avant que cette loi fût sanctionnée par le roi, le cardinal Jacobini avait, à la demande du pape, exprimé sa profonde satisfaction du succès de l’avis de la chambre des pairs, ainsi que particulièrement de la perspective d’autres concessions promises par le gouvernement. Dans une communication officielle adressée au président de la Chambre des députés, il a proposé d’ajouter que la notification des nouvelles nominations aux postes de pasteurs vacants devrait commencer à partir de cette date. Au mois d’août, le gouvernement refusa jusque-là la dispense aux jésuites formés à Rome et à Innsbrück et, en novembre, avec l’assentiment du ministre des cultes publics, la réouverture des séminaires épiscopaux de Fulda et de Trèves.
197.13. Conclusion définitive de la paix, 1887.—En février 1887, le journal d’État publia une nouvelle forme de serment pour les évêques, sanctionné par ordonnance royale, dans laquelle l’obligation jusqu’alors imposée « d’observer consciencieusement les lois de l’État », fut omise, et l’affirmation ajouta : « que je n’ai pas, par le serment, prêté à Sa Sainteté le pape et à l’Église, contracté toute obligation qui peut être en contradiction avec le serment de fidélité en tant que sujet de Sa Majesté Royale ». La cinquième révision promise, entre-temps acceptée par le pape dans ses divers détails et reconnue par lui comme une base suffisante pour une paix définitive, a été présentée pour la première fois à la Chambre des pairs le 13 février 1887, contrairement à la jurisprudence. L’évêque Kopp a proposé un grand nombre de changements et d’additions, dont plusieurs d’une nature très importante ont été acceptés. Les dispositions les plus importantes de cette loi, votée le 29 avril 1887, sont les suivantes : L’obligation pour les évêques de faire une notification ne s’applique qu’à l’attribution d’une charge spirituelle à vie, et le droit de protestation de l’État doit s’appuyer sur une base nommée et appartenant au domaine civil ; Toute contrainte de l’État à la réintégration à vie dans un poste vacant est illégale ; L’immunité précédemment assurée pour la lecture de la messe et la dispensation des sacrements est maintenant appliquée aux membres de tous les ordres spirituels à nouveau autorisés dans le royaume ; Le devoir des supérieurs ecclésiastiques de communiquer les décisions disciplinaires au président en chef est abandonné. Les ordres et les congrégations qui se consacrent à l’aide au travail pastoral, à l’administration de la bienfaisance chrétienne et, sur la proposition de Mgr Kopp, ceux qui se livrent à l’œuvre éducative dans les lycées de filles et les institutions similaires, ainsi que ceux qui mènent une vie privée, doivent être autorisés et doivent également être rétablis dans la jouissance de leurs biens d’origine ; La formation de missionnaires pour le travail à l’étranger et l’érection d’institutions à cet effet doivent être permises aux ordres et aux congrégations privilégiés.― L’évêque Kopp, ainsi que le pape, avec une vive gratitude, ont accepté ces ordonnances comme faisant de la réconciliation un fait accompli ; mais ils ont également exprimé l’espoir que le succès de cet arrangement pacifique sera tel qu’il conduira à d’autres concessions importantes aux revendications légitimes de l’Église catholique. Après cette révision définitive, outre l’obligation extrêmement contractée de notification par les évêques et le droit presque insignifiant de protestation civile, il ne reste que les lois du Kulturkampf : le Kanzelparagraph, les lois des jésuites et de l’exil (toutes des lois impériales et non prussiennes), et l’abrogation des trois articles de la constitution prussienne (197, 8). Aussi insignifiantes que puissent paraître les concessions de la curie pontificale en comparaison de la capitulation presque complète du gouvernement prussien, on ne peut guère dire que Bismarck ait manqué à sa promesse de ne pas se rendre à Canossa. Avec lui, l’essentiel était toujours de rétablir dans l’empire allemand la paix qui était menacée par les nuages d’orage qui s’amoncelaient de jour en jour à l’horizon politique à l’est et à l’ouest, et ainsi, ainsi que par l’entretien et le développement des forces militaires, d’écarter le danger de guerre de l’extérieur. Mais, à cette fin, la souveraineté du Centre, qui le gênait de toutes parts, s’alliant avec tous les éléments de la Chambre et du Reichstag hostiles au gouvernement, ne pouvait pas le faire.Et il n’y a pas d’autre moyen d’empêcher que l’empire ne soit brisé. Mais cela n’était possible que s’il réussissait à briser l’amalgame artificiel et impie des intérêts de l’Église catholique pour lequel le Centre luttait contre les tendances politiques du parti hostile à l’empire, en reconnaissant ces intérêts d’une manière satisfaisante pour le pape et pour tous les catholiques allemands loyaux et sensés, et en les éloignant ainsi des projets politiques du chef du Centre. Cela n’aurait guère été possible avec Pie IX, mais avec Léon XIII, beaucoup plus clair et plus tranchant. Il y avait de l’espoir de succès. Et la perspicacité et l’abnégation d’homme d’État du prince réussirent, bien que d’abord seulement dans une mesure limitée, et ce fut un gain beaucoup plus important pour l’État que les concessions papales de notification épiscopale et le droit de protestation de l’État. le renouvellement et l’agrandissement du budget militaire, jusque-là de sept ans, étant nécessaires, et son refus du Centre et de ses adhérents étant considéré comme certain, Bismarck obtint du pape qu’il intervienne en sa faveur. Le pape l’a fait dans une communication confidentielle au président du Centre, dans laquelle il a exhorté à l’acceptation de l’acte septennal du Reichstag pour la sécurité de la patrie et le maintien de la paix sur le continent, se référant expressément à l’attitude amicale et prometteuse du gouvernement impérial envers la papauté et l’Église catholique. Mais le président a gardé la communication secrète pour les membres de son parti, et ils ont continué à s’opposer vigoureusement et unanimement au Septennat. Le Reichstag fut donc dissous. Le pape publia alors cette correspondance avec les dirigeants du Centre, trente-sept nobles rhénans séparés du parti, et les nouvelles élections au Reichstag furent pour l’essentiel favorables au gouvernement. Bien que le député Windthorst, en tant que chef des militans de l’Ecclesia Prussienne, ait protesté en toute occasion contre le respect le plus profond et la soumission conditionnelle de son parti et de sa soumission conditionnelle à toute expression de la volonté papale, et peu de temps auparavant (186, 3) Il s’était opposé à la volonté de l’infaillible pape sur la question de la Septennate, sur la cinquième révision des lois ecclésiastiques, en publiant un mémoire prouvant l’impossibilité absolue d’accepter ce projet de loi, qu’il n’exécuta pas cette fois encore.
197.14. Procédure indépendante des autres gouvernements allemands.
197.15.
À l’empereur d’Autriche, après la réorganisation des affaires par le Congrès de Vienne, de l’empire romain, il ne resta plus que le nom de défenseur du siège pontifical, de l’Église catholique et de la présidence du Conseil fédéral allemand. Les restes de la constitution ecclésiastique de Joséphine furent peu à peu mis de côté et le catholicisme solidement établi comme religion d’État ; mais le gouvernement affirma son indépendance contre toute prétention hiérarchique, et accorda, quoique dans une mesure très limitée, la tolérance au protestantisme. L’année révolutionnaire de 1848 supprima certes quelques-unes de ces limites, mais la période de réaction qui suivit donna, au moyen d’un concordat conclu avec la curie en 1855, à la hiérarchie ultramontaine du pays un pouvoir sans précédent dans presque tous les domaines de la vie civile, et préjudiciable aussi aux intérêts de l’Église protestante. Après l’issue désastreuse de la guerre d’Italie en 1859, et plus encore celle de la guerre d’Allemagne en 1866, le gouvernement fut obligé de faire un effort honnête pour introduire et développer des institutions libérales. Et après qu’un brevet impérial de 1861 eut garanti la liberté religieuse, l’auto-administration et l’égalité des droits à l’Église protestante, la législation constitutionnelle de 1868 libéra les questions civiles, éducatives et ecclésiastiques catholiques et protestantes des dispositions du concordat qui les menaçaient le plus sérieusement, et par la déclaration de l’infaillibilité papale en 1870, le gouvernement se sentit justifié de considérer l’ensemble du concordat comme archaïque et de le déclarer aboli. À sa place, une loi sur l’Église catholique a été adoptée par l’État en 1874. Mais la lutte du Kulturkampf, qui était ainsi rendue imminente pour l’Autriche, fut évitée par la souplesse des deux côtés.
198.1. L’émigration du Zillerthal. — Dans le Zillerthal tyrolien, la connaissance de la vérité évangélique s’était répandue dans plusieurs familles au moyen de livres et de Bibles protestants. Lorsque le clergé catholique, à partir de 1826, eut poussé à son extrême la tutelle cléricale au moyen de la confession auriculaire, une opposition s’éleva qui, du refus de se confesser, passa bientôt au rejet du culte des saints, des messes pour les morts, du purgatoire, des indulgences, etc., et aboutit à la sécession formelle de beaucoup à l’église évangélique en 1830. avec une référence à l’édit de tolérance de Joséphine. L’empereur François Ier, à qui ils présentèrent leur requête à l’occasion de sa visite à Innsbrück en 1832, leur promit la tolérance. Mais les nobles tyroliens protestèrent, et la décision officielle, finalement rendue en 1834, ordonna le transfert en Transylvanie ou le retour à l’église catholique. Les pétitionnaires s’adressèrent alors, comme l’avaient fait auparavant ceux de Salzbourg ( 165, 4) : par une députation auprès du roi de Prusse, qui, après s’être assuré par des communications diplomatiques du consentement de l’empereur à l’émigration, leur assigna son domaine d’Erdmannsdorf en Silésie pour la colonisation. C’est là que les exilés, au nombre de 399, s’installèrent en 1837 et, largement aidés par la munificence royale, fondèrent un nouveau Zillerthal.
198.2. Le Concordat.—Après la révolution de 1848, le gouvernement se montra beaucoup plus docile aux prétentions de la hiérarchie que sous l’ancien régime de Metternich. En avril 1850, un brevet impérial soulagea les décrets pontificaux et épiscopaux de la nécessité de l’approbation impériale, et le 18 août 1855, un concordat avec le pape fut conclu, par lequel un pouvoir et une indépendance sans précédent furent accordés à la hiérarchie autrichienne pour toujours. Le premier article assurait à la religion catholique romaine dans tout l’empire tous les droits et privilèges qu’elle réclamait par l’institution divine et le droit canonique. Les autres donnèrent aux évêques le droit de correspondre sans restriction avec Rome, déclarèrent qu’aucune ordonnance pontificale n’exigeait plus le lieu royal, que les prélats n’étaient pas entravés dans l’accomplissement de leurs obligations hiérarchiques, que l’instruction religieuse dans toutes les écoles était sous leur surveillance, que personne ne pouvait enseigner la religion ou la théologie sans leur approbation, que dans les écoles catholiques il ne peut y avoir que des instituteurs catholiques, qu’ils ont le droit d’interdire tous les livres qui peuvent être préjudiciables aux fidèles, que tous les cas de droit ecclésiastique, en particulier les affaires matrimoniales, appartiennent à leur juridiction, cependant le Siège apostolique accorde que les questions de droit purement séculier du clergé doivent être décidées devant un tribunal civil, et le droit de nomination de l’empereur aux sièges épiscopaux vacants sera maintenu, etc. Le clergé inférieur, qui n’avait plus de protection légale contre les prélats, ne pliait le cou qu’à contrecœur devant ce joug dur ; les laïcs catholiques libéraux murmuraient, ricanaient et se déchaînaient, et la presse indigène réclamait sans cesse une révision du concordat, dont la nécessité devenait de plus en plus évidente par les concessions faites entre-temps, volontairement ou à contrecœur, aux « non-catholiques ». Mais ce n’est qu’après que l’Autriche, par la suite de la guerre d’Allemagne de 1866, fut confinée dans son propre domaine, et enfin libérée de l’entrave de ses intérêts italiens ultramontains, qu’elle se vit obligée de faire tous ses efforts pour réconcilier les partis opposés sur son propre territoire, que ces vues purent réussir. Mais comme le gouvernement n’en tenait pas moins fermement au principe que le concordat, en tant que contrat d’État régulièrement conclu entre deux souverains, ne pouvait être modifié que d’un commun accord, la majorité libérale de la chambre des députés résolut de le rendre aussi inoffensif que possible au moyen d’une législation intérieure, et le 11 juin 1867, le député Herbst proposa la nomination d’un comité chargé de rédiger trois projets de loi pour rétablir le mariage civil. l’émancipation des écoles de l’Église, et l’égalité de toutes les confessions aux yeux de la loi. La motion a été adoptée par cent trente-quatre voix contre vingt-deux. L’épiscopat cisleithan (c’est-à-dire autrichien à l’exclusion de la Hongrie), avec à sa tête le cardinal Rauscher de Vienne, présenta une adresse à Sa Majesté apostolique demandant le maintien le plus rigide du concordat, dénonçant le mariage civil comme concubinage, et l’émancipation des écoles comme leur déchristianisation. Une lettre autographe impériale à Rauscher réprimandait avec des mots sévères les procédés incendiaires des évêques, et en même temps l’ambassadeur ultramontain à Rome, le baron Hübner, était rappelé. Après l’achèvement de l’arrangement avec la Hongrie, le premier ministère cisleithan, appelé Burger, a été constitué sous la présidence du prince Auersperg, composé des plus distinsdirigeants de la majorité parlementaire. Les trois projets de loi furent adoptés à une large majorité et obtinrent la sanction impériale le 25 mai 1868. Le nonce apostolique de Vienne protesta, le pape dans une allocution dénonça la nouvelle constitution autrichienne comme nefanda saine et les trois lois confessionnelles comme abominabiles leges. « Nous répudions et condamnons ces lois, dit-il, par l’autorité apostolique, ainsi que tout ce qui a été fait par le gouvernement autrichien en matière de politique ecclésiastique, et nous déterminons, dans l’exercice de la même autorité, que ces décrets, avec toutes leurs conséquences, sont et seront nuls et non avenus. » Mais tout Vienne, toute l’Autriche célébrèrent un jubilé, et le chancelier von Beust repoussa avec énergie les hypothèses de la curie sur le domaine civil. Les évêques, en effet, élevèrent des protestations et des pastorales incendiaires, et interdirent la publication de l’acte de mariage, mais se soumirent aux menaces de contrainte de la cour suprême, et l’évêque Rudigier de Linz, qui alla le plus loin dans l’incitation à l’opposition, fut traduit en justice en 1869 par la police et condamné à douze jours de prison, mais gracié par l’empereur. Vis-à-vis du Concile du Vatican, l’Autriche adopta d’abord une politique d’attente, puis en vain remontraient, avertissaient, menaçaient, et finalement, le 30 juillet 1870, après la proclamation de l’infaillibilité, déclarèrent que le concordat était désuet et aboli, parce que, par ce dogme, la position de l’une des parties contractantes avait subi un changement complet.
198.3. L’Église protestante en Autriche cisleithane.―Jusqu’en 1848, le protestantisme des deux confessions en Autriche ne jouissait que d’une tolérance très limitée. Les tempêtes de cette année ont d’abord mis de côté le nom officiel détesté de « non-catholiques » et ont obtenu la permission pour les lieux de culte protestants d’avoir des cloches et des tours. Mais les demandes répétées pour obtenir la permission de fonder des branches de l’Union de Gustave-Adolphe, la loi constamment maintenue selon laquelle les ecclésiastiques catholiques, même après être devenus officiellement protestants, ne pouvaient pas se marier, parce que le caractère indélible de la consécration sacerdotale s’attachait même aux apostats, et beaucoup de faits semblables, prouvent que le gouvernement était loin d’avoir l’intention d’accorder aux protestants l’égalité civile avec les catholiques. Mais le résultat malheureux de la guerre franco-sarde de 1859, et la crainte qui en résultait de voir toute la fédération autrichienne se disloquer, déterminèrent le gouvernement à s’occuper sérieusement de l’introduction d’institutions libérales, et aussi à rendre justice à l’Église protestante. La présidence des deux consistoires protestants de Vienne, jusque-là confiée à un catholique, était désormais confiée à un protestant ; Les réunions de l’Union de Gustave-Adolphe furent désormais autorisées, et une part fut donnée au parti protestant dans le ministère du culte public par la nomination de trois conseillers évangéliques. Après l’entrée en fonction du ministre libéral Von Schmerling, un brevet impérial fut délivré le 8 avril 1864, par lequel la liberté de foi sans restriction, l’administration indépendante de toutes les questions ecclésiastiques, éducatives et charitables, la libre élection des pasteurs, même de l’étranger, le plein exercice des droits civils et politiques, et l’égalité complète avec les catholiques étaient accordés aux protestants des territoires de la couronne allemande et de Slavonie. Toujours en 1868, sous le ministère réactionnaire de Belcredi, à l’expiration du mandat légal du Conseil suprême de l’Église évangélique, il fut réorganisé, deux postes de conseillers scolaires évangéliques furent créés et la situation pécuniaire du clergé évangélique s’améliora considérablement. Mais, malgré tous les privilèges légalement accordés à l’Église évangélique, elle continua dans bien des cas, en présence du concordat, qui resta encore en vigueur jusqu’en 1870, exposée aux caprices et aux caprices, tantôt des cours impériales, tantôt du clergé catholique.
198.4. L’opposition cléricale dans le Tyrol.—Dans le Tyrol, après la publication de la lettre patente impériale d’avril 1861, un mouvement violent fut mis en branle par l’agitation cléricale. Le Landtag, à une grande majorité, déclara que sa publication était la calamité la plus grave que le pays, jusque-là honnête, sincère et heureux dans son attachement sans partage à la foi catholique, aurait pu souffrir, et conclut que les non-catholiques du Tyrol ne devaient être autorisés qu’à titre de dispense, mais que la publicité du culte protestant et la formation de congrégations protestantes devaient toujours être interdites. Le ministère Schmerling, en effet, refusa de confirmer ces résolutions. Cependant l’agitation du clergé, qui attisait de toutes les manières possibles le fanatisme du peuple, s’accrut d’année en année, jusqu’à ce qu’enfin le ministère Belcredi de 1866 parvint à un accord avec le Landtag, sanctionné par l’empereur, selon lequel la création d’une propriété foncière évangélique dans le Tyrol n’était pas formellement interdite. mais l’autorisation pour un évangélique de posséder des terres devait dans chaque cas être obtenue du Landtag. Les lois ecclésiastiques de 1868 provoquèrent ensuite de nouveaux conflits. À deux reprises, le Landtag fut fermé à cause de l’opposition ainsi suscitée, jusqu’à ce qu’enfin, en septembre 1870, les États prêtèrent serment à la nouvelle constitution avec réserve de conscience. Mais maintenant, lorsqu’en décembre 1875, le ministère du culte approuva la constitution formelle de deux congrégations évangéliques dans le Tyrol, à Innsbrück et à Meran, la presse cléricale se remplit de dénonciations enflammées, et la majorité des membres du Landtag, réunis au mois de mars suivant, pensèrent à mettre l’accent sur leur protestation en quittant la chambre. et c’est ainsi que l’assemblée s’est terminée brusquement. En juin 1880, les trois évêques du Tyrol prononcèrent au Landtag une protestation fanatique contre le maintien des congrégations entre-temps, que la majorité du Landtag renouvela en juillet 1883.
198.5. Les universités autrichiennes. — Stremayr, ministre des cultes publics, introduisit en 1872 un projet de réorganisation des universités, par lequel le caractère exclusivement catholique qui avait appartenu jusqu’alors aux universités autrichiennes, en particulier à celles de Vienne et de Prague, devait être supprimé. Jusqu’à cette époque, un non-catholique ne pouvait y obtenir aucune sorte de diplôme académique, mais celui-ci devait maintenant être obtenu en dehors de toute question de confession. La charge de chancelier, exercée par les archevêques de Prague et de Vienne, était limitée à la faculté de théologie, à l’État était attribué le droit de nommer tous les professeurs, même dans la faculté de théologie, et la langue allemande était recommandée comme langue d’enseignement. Les candidats en théologie doivent suivre un cours complet et complet de science théologique dans un cursus universitaire de trois ans, avant de pouvoir être admis dans un séminaire épiscopal pour une formation pratique. Malgré l’opposition du clergé supérieur, le projet de loi fut adopté même à la Chambre des pairs, et devint loi en 1873.— À Innsbrück, où, selon l’ancienne coutume, le recteur était choisi successivement parmi les quatre facultés, les autres facultés protestèrent contre l’élection, lorsque, en 1872, vint le tour de la faculté de théologie (jésuite). Et ils ont fait valoir leur point de vue. La nouvelle loi d’organisation donna le choix du recteur à l’ensemble du corps professoral, et un ordre impérial subséquent retira au général des jésuites le droit de nommer tous les professeurs de théologie. etc. Mais son incorporation à l’université, bien qu’elle fût souvent demandée, fut entravée par l’opposition persistante des théologiens et des philosophes catholiques et, en 1873, elle ne rencontra pas suffisamment d’appui à la Chambre des pairs. Même l’utilisation de certaines salles dans les bâtiments universitaires, promise par le ministre, n’a pas encore pu être obtenue.
198.6. Les lois ecclésiastiques autrichiennes, 1874-1876. — Enfin, en janvier 1874, le gouvernement introduisit au Reichstag la législation de l’Église catholique, promise depuis longtemps, dans le but de suppléer aux vides occasionnés par l’annulation du concordat. Son contenu principal est le suivant :
C’est en vain que le pape, par une encyclique, chercha à exciter l’épiscopat à une violente opposition, en vain adjura-t-il l’empereur, dans une lettre de sa main, de ne pas souffrir que l’Église fût mise dans une servitude aussi honteuse ; la Chambre des députés approuva les quatre projets de loi, et l’empereur, en mai 1874, confirma au moins les trois premiers, tandis que le quatrième était en cours de discussion à la Chambre des pairs. Les évêques publièrent alors une déclaration commune selon laquelle ils ne pouvaient obéir à ces lois que dans la mesure où elles « étaient en harmonie avec les exigences de la justice telles qu’elles sont énoncées dans le concordat ». Mais cela n’est pas allé jusqu’au bout du conflit réel. Ni pour le pape et l’épiscopat, ni pour le gouvernement n’étaient une telle chose commode à l’époque. De là l’attitude de réserve de part et d’autre, qui a tout gardé comme avant. Et lorsque, malgré le fait que l’évêque Rudigier de Linz, menacé d’amendes pour son refus d’avertir les prêtres nouvellement nommés, en appela au pape, il obtint du nonce de Vienne la permission de céder sur ce point, « non dissentit tolerari posse ». Mais le nonce s’efforçait d’autant plus pressant d’empêcher l’adoption de la loi générale sur les cloîtres. En janvier 1876, il fut adopté par la Chambre des pairs avec des modifications, auxquelles l’empereur refusa cependant son assentiment. De même, la loi révisée sur le mariage de la même date, qui a supprimé les obstacles au mariage incorporés même dans le livre du droit civil, et ne reconnaissait plus les différences de religion, les chrétiens et les non-chrétiens, le remariage des séparés dont une seule partie au moment du premier mariage appartenait à l’église catholique, la consécration supérieure et les vœux d’ordres, n’a pas été adopté par la Chambre des pairs.
198.7. L’Église protestante dans les provinces de Transléithane.—En Hongrie, depuis 1833, le Reichstag avait, par une action hardie, conquis pour les protestants la pleine égalité avec les catholiques, mais à la suite de la révolution, la seigneurie militaire du protestant Haynau, en 1850, mit de nouveau dans les fers toute vie indépendante dans les deux églises protestantes. Le décret Haynau fut, en effet, de nouveau abrogé en 1854, mais le retour complet à l’ancienne autonomie de l’Église, en dépit de toutes les pétitions et de toutes les députations, ne put jamais être retrouvé, d’autant moins que la Hongrie rejeta d’une manière trop décidée les propositions constitutionnelles soumises par le gouvernement en 1856. Le brevet impérial libéral du 1er septembre 1859, qui assurait l’indépendance de l’administration et du développement de l’Église protestante dans les possessions de la couronne de Hongrie, ne reçut pas un meilleur accueil. Dans les districts germano-slaves du nord de la Hongrie, ainsi qu’en Croatie, en Slavonie et en Serbie autrichienne, elle fut accueillie avec jubilation et gratitude, mais les Hongrois magyars refusèrent pour de nombreuses raisons, pour la plupart frivoles, principalement parce qu’elle émanait de l’empereur et n’émanait pas d’un synode autonome. Lorsque le gouvernement manifesta son intention d’aller de l’avant, l’opposition fut poussée à l’extrême, de sorte que l’empereur fut obligé de suspendre temporairement les procédures en mai 1860. Pourtant, l’union ecclésiastique avec le mouvement politique continua à croître jusqu’à ce qu’en 1867, le chancelier impérial, Von Beust, réussisse à calmer les deux pour un temps par l’accord hongrois. Le 8 juin de la même année, l’empereur François-Joseph, en ratifiant l’accord, est solennellement couronné roi de Hongrie. Le brevet détesté avait été révoqué peu de temps auparavant par un édit impérial, avec l’ordre d’ordonner les affaires ecclésiastiques d’une manière constitutionnelle. Après une réconciliation complète, lors d’une convention générale protestante en décembre 1867, avec les congrégations patentes, jusque-là dénoncées comme antipatriotiques, il fut conclu qu’à l’État n’appartenait qu’un droit de protection et de surveillance de l’Église, qui est autonome dans toutes ses affaires intérieures, mais à toutes les confessions une parfaite liberté de droit, et qu’il ne devait pas y avoir de législation religieuse séparée pour chacune d’elles. mais une commune à toutes les confessions. Un comité nommé pour la première fois en 1873 à cette fin, avec la devise : « Une Église libre dans un État libre », s’est constitué, puis ajourné ad kalendas Græcas.
L’Église catholique de Suisse, après de longues difficultés, obtint de nouveau une organisation hiérarchique régulière en 1828. Depuis ce temps-là, les Jésuites s’y établirent en foule, et s’arrogèrent, dans la plupart des cantons catholiques, toute la direction de l’église et des écoles. La fâcheuse issue de la guerre cantonale de 1847 entraîna bien leur bannissement par la loi, mais, favorisés par les évêques, ils savaient encore rentrer par des portes dérobées et regagner secrètement leur influence antérieure. La ville de Calvin était le centre de leurs complots, non seulement pour la Suisse, mais aussi pour toute l’Europe cisalpine, jusqu’à ce qu’enfin l’arc trop tendu se brisât et que les gouvernements suisses devinssent les adversaires les plus décidés et les plus intransigeants des revendications ultramontaines. En 1873, le nonce pontifical, à la suite d’une encyclique pontificale insultant le gouvernement, fut banni. — Dans la Suisse protestante, outre l’influence destructrice des Lumières, antagoniste de l’Église, et du libéralisme radical, apparut un terreau réceptif au piétisme, au séparatisme et au fanatisme, dont on attribue la première culture à Mme Krüdener (176, 2). Dans l’Église protestante de Suisse allemande, les développements religieux et théologiques se rapportaient régulièrement à des mouvements similaires en Allemagne, tandis que ceux des cantons français recevaient leur impulsion et leur soutien de la France et de l’Angleterre. De la France, à laquelle ils étaient alliés par une langue commune, ils apprirent l’incrédulité des encyclopédistes ( 165, 14), tandis que les voyageurs anglais et ceux qui résidaient dans le pays pour une longue période introduisirent la ferveur et la superstition du méthodisme et d’autres sectes.
199.1. L’Église catholique en Suisse jusqu’en 1870. — La surintendance ecclésiastique de la Suisse catholique était auparavant soumise aux évêchés étrangers voisins. Mais pour la sauvegarde immédiate de ses intérêts, la curie avait nommé une nonciature à Lucerne en 1588. Quand, en 1814, le libéral Wessenberg ( 187, 3), Déjà soupçonné d’hérésie, fut appelé comme coadjuteur de Constance, le nonce manœuvra avec les confédérés catholiques jusqu’à ce que ceux-ci demandassent au pape l’établissement d’un évêché indépendant et national. Mais lorsque chacun des cantons intéressés prétendit à être nommé, les négociations sur la résidence épiscopale furent enfin suspendues, et en 1828 six petits évêchés furent érigés sous le contrôle immédiat de Rome. À la fin de l’année 1833, les représentants diocésains de Bâle et de Saint-Gall se réunirent à Bade pour se concerter sur le rétablissement d’une Union métropolitaine suisse nationale et d’une constitution commune de l’Église d’État afin de protéger l’Église et l’État contre les empiétements de la hiérarchie romaine. Mais Grégoire XIV. Il condamna les articles de conférence convenus ici, qui n’auraient donné à la Suisse que ce que les autres États possédaient depuis longtemps, comme faux, audacieux et erronés, destructeurs de l’Église, hérétiques et schismatiques, et parmi le peuple catholique une révolte fut excitée par le fanatisme ultramontain, sous l’influence duquel toute l’action fut bientôt frustrée. À l’occasion d’une révision de la constitution du canton d’Argovie, une révolte, menée par les cloîtres, éclate en 1841. Mais les rebelles furent vaincus, et le grand conseil décida de fermer tous les cloîtres, au nombre de huit. Les plaintes formulées à la diète furent considérées comme satisfaites par l’accord d’Argovie de 1843 qui rétablissait trois couvents. Une opposition s’organise contre la révision de la Constitution du canton de Lucerne en 1841. Le gouvernement libéral fut renversé, et la nouvelle constitution, dans laquelle l’État insistait sur sa place dans les affaires ecclésiastiques et sur l’octroi des droits civils cantonaux à ceux qui ne professaient leur attachement à l’Église catholique romaine, fut soumise à l’approbation du pape. Enfin, en 1844, l’académie de Lucerne fut confiée aux Jésuites, pour laquelle Joseph Leu, l’agitateur populaire, en tant que membre du grand conseil, travaillait sans relâche depuis 1839. Dans le canton de Vaud, les partis de la vieille ou du clergé et de la jeune Suisse se disputaient la maîtrise. Celle-ci subit une défaite totale en 1844, et la constitution qui fut alors promulguée n’accorda le droit de culte public qu’à l’Église catholique. À la suite de cette victoire du parti clérical, la Suisse catholique, Lucerne à sa tête, devint un centre principal de l’ultramontanisme et du jésuitisme. À la diète de 1844, en effet, l’Argovie, appuyée par de nombreuses pétitions du peuple, proposa le bannissement de tous les jésuites de toute la Suisse, mais la majorité n’y consentit pas. Les opposants jésuites expulsés de Lucerne s’organisèrent alors à deux reprises sur un corps de volontaires libres pour renverser le gouvernement ultramontain et forcer l’expulsion des jésuites, mais à chaque fois, en 1844 et 1845, il subit une cuisante défaite. Devant l’augmentation menaçante de l’excitation, qui leur faisait craindre une intervention décisive de la diète, les cantons catholiques formèrent en 1845 une ligue distincte (Sonderbund) pour la conservation de leur foi et de leurs droits souverains. Dans le cadre de cette instance, j’airéconciliable avec l’Acte de Fédération, conduisit à une guerre civile. Les membres du Sonderbund sont défaits, les gouvernements ultramontains doivent démissionner et les jésuites partent en 1847. La nouvelle Constitution fédérale, adoptée par la Suisse en 1848, garantissait la liberté de conscience inconditionnelle et l’égalité de toutes les confessions, ainsi que l’expulsion des jésuites en vertu de la loi. Mais depuis ce temps-là, l’ultramontanisme a conquis la suprématie dans la Suisse catholique, et malgré la loi existante contre les jésuites, tous les fils des mouvements cléricaux ultramontains en Suisse étaient entre les mains des jésuites. Ceux-ci n’eurent jamais plus de succès qu’à Genève, dans le canton de Genève, où l’agitateur démocratique radical Fazy se lima étroitement avec l’ultramontanisme pour mener à bien la destruction de la vieille aristocratie calviniste, et en faisant venir en grand nombre les catholiques de la classe inférieure de la France et de la Savoie voisines, il obtint une majorité catholique considérable dans le canton, et dans la capitale elle-même, rendit catholiques et protestants presque égaux.
199.2. Le conflit de Genève, 1870-1883.— L’Église catholique du canton de Genève, lors de la fondation des six évêchés suisses par une bulle pontificale, avait été incorporée « pour toujours », sur le modèle du concordat, à l’évêché de Fribourg-Lausanne. Mais le gouvernement ne fit aucune objection lorsque le curé nouvellement élu de Genève, Mermillod, jésuite de l’eau la plus pure, prit le titre et le rang de vicaire général épiscopal pour tout le canton. Mais lorsqu’en 1864 le pape le nomma évêque in partibus d’Hébron et évêque auxiliaire de Genève, il protesta. Néanmoins, lorsque, l’année suivante, l’évêque Marilley de Fribourg, par ordre pontifical, lui transféra le pouvoir absolu pour le canton avec une responsabilité personnelle, et qu’en 1870 il renonça formellement à tous les droits épiscopaux sur celui-ci, de sorte que le pape nomma désormais l’évêque auxiliaire évêque indépendant de Genève, il était évident qu’une mesure avait été prise qui ne pouvait être rappelée. Le gouvernement renouvela sa protestation et la rendit plus véhémente, en conséquence de laquelle, en janvier 1873, par un bref pontifical qui fut d’abord communiqué officiellement au gouvernement après qu’il eut déjà été proclamé de toutes les chaires catholiques, Mermillod fut nommé vicaire général apostolique avec autorité illimitée pour le canton de Genève, et le district devint ainsi pratiquement un champ de mission catholique. À la demande de l’État de renoncer à cette charge et à ce titre, et de se dessaisir de toute fonction épiscopale, on répondit par la déclaration qu’il obéirait à Dieu plutôt qu’aux hommes. Le Bund l’expulsa alors du territoire fédéral jusqu’à ce qu’il cède à cette demande. De Ferney, où il s’installa, il ne cessa d’attiser le feu de l’opposition parmi le clergé et le peuple genevois, mais le gouvernement rejeta catégoriquement toutes les protestations et, par un vote populaire, obtint la sanction d’une loi ecclésiastique catholique qui restreignait les droits de l’évêque diocésain qui pouvait résider en Suisse, mais non dans le canton de Genève. et, sans le consentement du gouvernement, il ne pouvait y nommer aucun vicaire épiscopal, et transférait l’élection des prêtres et des vicaires des prêtres aux congrégations. Les élections suivantes ont permis de relire des vieux-catholiques, car la population catholique romaine n’a pas reconnu la loi condamnée par le pape et n’a pas pris part au vote. Par décision du grand conseil de 1875, l’abolition de toutes les corporations religieuses fut ensuite promulguée, et toutes les cérémonies religieuses et processions dans les rues et les places publiques interdites. Léon XIII. Il tenta d’apaiser le conflit car, en 1879, il donna à Mgr Marilley la décharge demandée et confirma son successeur élu, Cosandry, comme évêque de Fribourg, Lausanne et Genève, sans toutefois démettre Mermillod de sa charge de vicaire apostolique de Genève. Mais cela a eu lieu après la mort de Cosandry en 1882 par la nomination de Mermillod comme son successeur en 1883. Comme il cessait de se qualifier de vicaire apostolique, le Conseil fédéral supprima le décret de bannissement à mesure que l’occasion de celui-ci avait cessé, mais laissa à chaque canton la liberté de l’accepter ou non comme évêque. Fribourg, Neuchâtel et Vaud l’acceptèrent, et Mermillod fit une entrée brillante à Fribourg, dont il fit sa résidence épiscopale. Mais Genève refusa de le reconnaître, parce qu’elle s’était déjà officiellement attachée à l’évêque vieux-catholique Herzog de Berne, et Mermillod alla si loin dans son amour ostentatoire de la paix qu’il déclara qu’il n’entrerait plus sur le territoire genevois.
199.3. Conflit dans le diocèse de Bâle-Soleure, 1870-1880.―L’évêque Lachat de Soleure, dont le diocèse comprenait les cantons de Berne, Soleure, Argovie, Bâle, Thurgovie, Lucerne et Zoug, avait été auparavant en conflit avec la conférence diocésaine, c’est-à-dire les délégués des sept cantons chargés de la surveillance de l’administration ecclésiastique, à cause de l’introduction du manuel de morale du jésuite Gury ( 191, 9), ce qui aboutit à la fermeture du séminaire, avec l’aide du gouvernement, et à l’érection d’un nouveau séminaire à ses frais. Bien que la conférence diocésaine ait ensuite interdit la proclamation du nouveau dogme du Vatican, l’évêque a menacé d’excommunier Egli à Lucerne en 1871, et Geschwind à Starrkirch en 1872, qui ont refusé. La conférence ordonna le retrait de cet acte illégal et, sur le refus de l’évêque, le déposa en janvier 1873. Les cantons dissidents, Lucerne et Zoug, déclarèrent en effet qu’après comme avant de ne reconnaître Lachat que comme évêque légitime, le chapitre refusa de procéder à l’élection requise de l’administrateur du diocèse, le clergé de Soleure et du Jura bernois sans exception prit le parti de l’évêque, ainsi que par un vote populaire la grande majorité des catholiques de Thurgovie. Mais au milieu de tout cela, la conférence ne céda pas le moins du monde. Lachat fut contraint par la police de quitter sa résidence épiscopale et se retira dans un village du canton de Lucerne. Le conseil du gouvernement bernois résolut de rappeler le clergé réfractaire du Jura, de rayer leurs noms de l’état civil et de leur interdire d’exercer aucune fonction cléricale. Les soulèvements provoqués par le clergé rebelle dans le Jura ont été réprimés par l’armée, soixante-neuf ecclésiastiques ont été exilés et, dans la mesure où les moyens le permettaient, remplacés par des successeurs libéraux introduits par le prêtre vieux-catholique Herzog (190, 3) à Olten. En novembre 1875, l’autorisation de rentrer chez eux fut accordée aux exilés en vertu de la Constitution fédérale révisée de 1874, selon laquelle le bannissement des bourgeois suisses n’était plus autorisé. Le gouvernement bernois se sentait d’autant plus disposé à exécuter cette loi du Conseil national, qu’il croyait avoir obtenu les moyens légaux d’empêcher la rébellion et l’obstination de ceux qui reviendraient. En janvier 1874, par un vote populaire, une loi fut sanctionnée pour réorganiser l’ensemble des affaires ecclésiastiques du canton de Berne. C’est par elle que tous les membres du clergé, catholiques aussi bien que protestants, sont classés comme officiers civils, dont le choix appartient aux congrégations, la durée de la charge étant de six ans. Toutes les affaires purement ecclésiastiques du canton relèvent en dernier ressort d’un synode de la confession particulière, pour les diverses congrégations avec un comité ecclésiastique, composé de laïcs et de membres ecclésiastiques librement élus. Mais si un différend surgit au sein d’une congrégation particulière au sujet d’un décret synodal, l’assemblée de la congrégation décide de sa validité ou de sa non-validité pour la congrégation particulière. Tous les décrets des tribunaux supérieurs de l’Église et les pastorales doivent avoir l’approbation de l’État, qui ne doit jamais être refusée pour des raisons dogmatiques. Si une congrégation se divise sur une question, la majorité réclame les biens de l’église et les émoluments du pasteur, etc. Et cette loi a ensuite été étendue le 31 octobre 1875, en matière de droit pénal, par la loi dite du culte policier. Il inflige de lourdes amendes pouvant aller jusqu’à 1000 francs ou un an d’emprisonnement pour toute agitation cléricalen contre la loi, les institutions ou les actes des tribunaux civils, ainsi que pour toute flambée d’hostilités contre les membres d’autres corps religieux, refuse toute ingérence de supérieurs spirituels étrangers sans autorisation accordée par le gouvernement dans chaque cas particulier, interdit toutes les processions et cérémonies religieuses en dehors du lieu fixé de l’église, etc. La même année, le premier synode cantonal catholique se déclare attaché à l’Église chrétienne ou vieille-catholique de Suisse. Mais il n’en fut pas de même après que le Grand Conseil du canton nouvellement élu, le 12 septembre 1878, eut accordé au clergé jurassien de retour une amnistie complète pour tout le passé, et, dans l’hypothèse d’une soumission future aux lois de l’État existantes, l’eut reconnu de nouveau éligible à l’élection à des charges spirituelles qui lui avaient été refusées auparavant. Non seulement le peuple catholique romain participait régulièrement aux élections des prêtres, aux conciles ecclésiastiques et aux synodes, sans doute avec l’approbation du nouveau pape Léon XIII, qui avait adressé en février une lettre de conciliation aux membres du Conseil fédéral, mais aussi les plus extrémistes du Jura se soumettaient désormais sans scrupule à la nouvelle élection exigée par la loi. et y remporta pour la plupart la majorité des voix. Dans le synode cantonal catholique convoqué à Berne, en janvier 1880, on trouvait soixante-quinze catholiques romains et seulement vingt-cinq députés vieux-catholiques. Ces derniers ont naturellement été vaincus dans toutes les controverses. Le synode déclara que le lien avec l’évêché national chrétien-catholique était annulé, que la confession auriculaire était obligatoire, que les mariages de prêtres étaient interdits, etc. Puisque la loi attribue maintenant à la majorité le salaire du prêtre ainsi que tous les biens ecclésiastiques en cas de scission, la conséquence inévitable fut que les vieux-catholiques du Jura furent privés de toute part à ces privilèges, et durent pourvoir à leur propre subsistance. Toujours dans le canton de Soleure, la loi selon laquelle tous les pasteurs doivent être réélus après l’expiration d’un délai de six ans entra en vigueur en 1872, et alors les trente-deux ecclésiastiques catholiques concernés furent, à deux exceptions près, réélus, tandis que, d’autre part, le prêtre vieux-catholique Geschwind de Starrkirch fut rejeté. que la Curie n’abandonnerait pas et que le Conseil fédéral n’autoriserait plus, jusqu’à ce qu’enfin une issue à la difficulté fût trouvée. Le canton du Tessin, qui appartenait auparavant aux diocèses italiens de Milan et de Côme, en 1859, par décret du Conseil fédéral, en fut détaché. Mais le Tessin insiste pour la fondation d’un évêché à lui, tandis que le Conseil fédéral souhaite le rattacher à l’évêché de Coire. La question resta donc indécise, jusqu’à ce qu’en septembre 1884, la curie pontificale parvint à un accord avec le Conseil fédéral pour que Lachat soit nommé vicaire apostolique de l’évêché du Tessin nouvellement fondé, et qu’à l’évêché vacant de Bâle-Soleure le prévôt Fiala de Soleure soit appelé « à la fois savant et doux ». De cette façon, tous les cantons mentionnés, à l’exception de Berne, ont été gagnés.552
199.4. L’Église protestante en Suisse allemande.―Parmi tous les cantons allemands, Bâle ( 172, 5), qui poursuivait inlassablement l’œuvre des missions intérieures et étrangères, tomba le plus complètement sous l’influence du rationalisme, puis de la théologie protestante libérale. Tandis que le piétisme obtenait un puissant appui et un puissant encouragement dans ses institutions et ses mouvements missionnaires, et qu’il y prît, bien que se développant sur le sol réformé, une couleur presque plus luthérienne que réformée, en raison de ses multiples liens avec l’Allemagne, l’université, par d’éminents professeurs de théologie doués de compétence scientifique, représentait l’école de la médiation en théologie d’un type essentiellement réformé. Dans le canton de Zurich, au contraire, la théologie avancée, théorique et pratique, obtint une maîtrise croissante et finalement presque exclusive dans l’université et dans l’église. Pourtant, lorsqu’en 1839 le Grand Conseil appela le Dr David Strauss à une chaire de théologie, le peuple zurichois s’opposa à la proposition, la nomination ne fut pas exécutée, le Grand Conseil fut renversé et Strauss mis à la retraite. La victoire et l’ascendant de cette réaction, cependant, ne durèrent pas longtemps. Le radicalisme théologique et ecclésiastique l’emporta à nouveau et le maintint sans contrôle. Dans les autres cantons allemands, les écoles théologiques les plus diverses étaient représentées les unes à côté des autres, mais avec un avantage croissant pour les tendances libérales et radicales. La faculté de théologie de Berne était surtout favorable à une théologie libérale de la médiation, et une tentative du parti orthodoxe, en 1847, d’annuler la nomination du professeur E. Zeller au moyen d’un tumulte populaire, échoua. À partir de 1860, le libéralisme ecclésiastique prévaut dans la Suisse protestante allemande, allant souvent jusqu’au radicalisme le plus extrême et manifestant son influence jusque dans la législation cantonale et synodale. Le début de la « Zeitstimmen für d. ref. Schweiz », en 1859, par Henry Lang, qui s’était enfui en 1848 du Wurtemberg en Suisse et mourut en 1876 comme pasteur à Zurich, marqua une époque dans l’histoire du mouvement libéral radical dans la théologie suisse. Dans Fred. Langhans, professeur à Berne depuis 1876, avait un camarade zélé dans la lutte. De 1864 à 1866, Langhans publia une série de tracts violents et controversés contre le parti orthodoxe piétiste en Suisse, qui poursuivait avec zèle les missions étrangères, et en 1866, il fonda l’Union réformiste suisse, tandis qu’Alb. Bitzius, fils de l’écrivain connu sous le nom de Jer. Gotthelf ( 174, 8) commença comme organe le « Reformblätter aus d. bernischen Kirche », qui fut ensuite fusionné avec le Zeitstimmem. Après des conflits plus ou moins violents avec l’orthodoxie piétiste, toujours assez fortement représentée, surtout dans l’aristocratie, l’émancipation des écoles de l’Église et l’introduction du mariage civil obligatoire furent accomplies dans la plupart des cantons, avant même la révision de la constitution fédérale de 1874 et la loi sur le mariage de 1875 a donné à ces principes une sanction légale dans toute la Suisse. Dans presque tous les cantons protestants, la réélection ou la nouvelle élection à tous les offices spirituels tous les six ans était ordonnée par la loi, dans beaucoup d’entre eux, on libérait le clergé de toute souscription à un credo avec la mise de côté des écrits confessionnels ainsi que de la liturgie orthodoxe, des livres de cantiques et des catéchismes, et on procédait également au retrait de l’AposLe Credo du culte public et de la formule baptismale a été enjoint. Le synode de Bâle de 1883, par trente-six voix contre vingt-sept, adopta la motion visant à faire du baptême une condition de confirmation ; et bien que le synode de Zurich en 1882 ait encore tenu le baptême obligatoire pour l’appartenance à l’Église nationale, le Conseil cantonal de 1883, après avoir consulté le droit de l’Église, a annulé cette décision par 140 voix contre 19.
199.5. L’Église protestante en Suisse romande. — La philosophie française du XVIIIe siècle avait donné à l’Église réformée de Genève une tendance rationaliste dominante. Malgré cela, ou juste à cause de cela, Mme Krüdener, en 1814, avec son piétisme de conventicule, y trouva une entrée, et gagna dans le jeune théologien Empaytaz un partisan zélé et un apôtre de la prédication de conversion. L’année suivante, un riche Anglais, Haldane, y apparut comme l’apôtre de la piété méthodiste et inspira au jeune pasteur Malan l’enthousiasme pour la mission de réveil. Empaytaz et Malan, par leurs paroles et leurs écrits, accusèrent l’Église nationale de défection de la foi chrétienne et gagnèrent de nombreux croyants zélés parmi leurs adhérents, en particulier parmi les étudiants en théologie. La Vénérable Compagnie du clergé genevois, jusque-là reposée sur ses lies dans un calme rationaliste, crut en 1817 calmer l’orage qui s’élevait en exigeant des candidats théologiques à l’ordination le vœu de ne pas prêcher sur les deux natures dans le Christ, le péché originel, la prédestination, etc., mais elle ne fit que jeter de l’huile sur le feu. Les adhérents du mouvement évangélique qui s’accroissait de jour en jour se retirèrent de l’Église nationale, fondèrent des communautés libres et indépendantes et des Réunions sous la bannière de la restauration de l’orthodoxie calviniste, et furent surnommés par leurs ennemis les Momiers, c’est-à-dire les marchands de momeries ou les hypocrites. Le gouvernement emprisonna et bannit leurs chefs, tandis que la foule, sans être réprimée, les accablait de toutes sortes d’injures. La persécution prit fin en 1830. Par la suite, elle s’installa tranquillement et fonda en 1831 la Société évangélique qui, en 1832, fonda une école de théologie et devint le centre du mouvement évangélique de l’Église libre. Depuis cette époque, l’Église libre de Genève a cohabité sans être inquiétée à côté de l’Église nationale, et l’opposition, d’abord si violente, a été modérée de part et d’autre par le développement de tendances conciliatrices et médiatrices. Depuis 1850, deux partis divergents se sont élevés au sein même de l’Église libre, qui, sans aucun conflit sérieux, se sont maintenus côte à côte, jusqu’à ce qu’en mai 1883, la majorité du consistoire se soit résolue à faire une séparation pacifique, la plus stricte formant la congrégation de la Pelisserie, et la plus libérale celle de l’Oratoire. En même temps, un comité fut nommé pour rédiger une confession sur laquelle les deux pourraient s’unir dans une communion durable. Mais comme cela échouait, une séparation formelle et complète fut convenue à la nouvelle année. — De Genève, le réveil méthodiste s’étendit à Vaud. Le mouvement religieux s’est implanté, surtout à Lausanne. Le Grand Conseil, cependant, n’autorisa pas la formation envisagée d’une congrégation indépendante et, en 1824, interdit toutes les assemblées « confessionnelles », tandis que la foule se déchaînait encore plus furieusement qu’à Genève contre les « Momier ». L’excitation s’accrut lorsque, en 1839, par décision du Grand Conseil, la Confession helvétique fut abrogée. Quand, en 1845, un gouvernement radical révolutionnaire entra en fonction à Lausanne, le refus de beaucoup d’ecclésiastiques de lire en chaire une proclamation politique provoqua une division profonde dans l’Église, car les prédicateurs dont il était question formaient un corps chassé de l’Église nationale. Une Église libre de Vaud se développe alors à côté de l’Église nationale, cruellement opprimée persécuté par le gouvernement radical, et s’est répandu dans d’autres cantons suisses. Elle dut sa liberté de l’étroitesse sectaire principalement à l’influence du talentueux et tout à fait indépendant Alex. Vinet, qui consacra toute son énergie et sa brillante éloquence aux intérêts de la liberté religieuse et de la liberté de conscience et à la lutte pour la séparation de l’Église et de l’État. Vinet fut à partir de 1817 professeur de langue et littérature françaises à Bâle, puis de 1837 à 1845 professeur de théologie pratique à Lausanne, mais lors de la reconstruction de l’université, il ne fut pas réélu. Il meurt en 1847.553―À l’heure actuelle, Le Conseil d’Etat a adopté en 1873 une loi qui accordait la liberté inconditionnelle de conscience, la liberté d’enseignement et de culte sans aucune restriction au clergé, aux enseignants et aux congrégations. Le Grand Conseil, par quarante-sept voix contre quarante-six, lui donna sa sanction, malgré la protestation presque unanime du synode évangélique, et refusa d’en appeler au vote populaire. Lorsqu’un appel au Conseil fédéral s’avéra infructueux, environ la moitié des pasteurs, y compris les professeurs de théologie et tous les étudiants, quittèrent l’Église d’État et formèrent une Église libre ; tandis que l’autre moitié considérait qu’il était de son devoir de rester dans l’Église nationale tant qu’elle n’était pas empêchée de prêcher la parole de Dieu dans la pureté et la simplicité. Les deux partis avaient un point de rencontre commun dans l’Union évangélique, et une loi votée à l’origine en faveur des vieux-catholiques, qui assurait à tous les sécessionnistes le droit à l’usage commun de leurs églises respectives, s’avéra également avantageuse pour l’Église libre. et soutenait que le clergé n’a de comptes à rendre qu’à sa conscience et à ses électeurs. Pourtant, lors de la nouvelle élection du consistoire en 1879, à la fin de la législature de quatre ans, le parti évangélique et modéré obtint de nouveau la suprématie, et une loi introduite par le parti radical au Grand Conseil, exigeant le retrait du budget du culte et la séparation de l’Église et de l’État, fut : le 4 juillet 1880, rejeté par le suffrage universel, par une majorité de 9 000 voix contre 4 000.
L’une des erreurs les plus graves dans le nouveau partage des États au Congrès de Vienne a été de réunir dans un seul royaume des Pays-Bas unis les provinces de Hollande et de Belgique, diverses de race, de langue, de caractère et de religion. La contagion de la Révolution française de juillet 1830, cependant, provoqua une épidémie à Bruxelles, qui se termina par la séparation de la Belgique catholique de la Hollande majoritairement protestante. Depuis lors, la Belgique a été le théâtre de conflits incessants et changeants entre les partis libéraux et ultramontains, dont la combinaison antérieure a maintenant complètement volé en éclats. Et tandis que, d’autre part, dans l’Église d’État réformée de Hollande, les études théologiques, s’appuyant sur la science allemande, ont pris une direction libérale et même radicalement destructrice, la population catholique romaine non négligeable est tombée, sous la direction des jésuites, de plus en plus dans l’obscurantisme fanatique.
200.1. Les Pays-Bas unis.—La constitution du nouveau royaume créé en 1814 garantissait une liberté illimitée à toutes les formes de culte et une égalité complète de tous les citoyens sans distinction de confession religieuse. L’épiscopat belge protesta contre cela, avec à sa tête l’évêque Maurice von Broglie, évêque de Gand, qui refusa, en 1817, les prières de l’Église pour la princesse héritière hérétique et le Te Deum pour le nouveau-né héritier du trône. Comme il allait jusqu’à exciter le peuple catholique en toute occasion contre le gouvernement protestant, le roi en colère, Guillaume Ier, le somma de répondre de sa conduite devant la cour de justice. Mais il échappa à l’enquête en s’enfuyant en France, et, coupable de haute trahison, il fut condamné à mort, ce qui ne l’empêcha pas de s’exiler sans se lasser d’attiser les flammes de la rébellion. Le nombre des cloîtres augmentait de jour en jour, ainsi que la multitude des écoles cléricales et des séminaires, où la jeunesse catholique était formée aux principes du fanatisme le plus violent. En 1825, le gouvernement ferma les séminaires, expulsa les professeurs jésuites, interdit la fréquentation des écoles jésuites à l’étranger et fonda un collège à Louvain, dans lequel tous ceux qui étudiaient pour l’Église étaient obligés de suivre un programme philosophique. La lutte commune pour le maintien de la liberté d’instruction promise par la constitution fit confédérer le radicalisme politique et l’ultramontanisme, et le gouvernement, intimidé par cette combinaison, accepta, dans un concordat avec le pape en 1827, de modifier l’obligatoire en une fréquentation facultative au Collège de Louvain. La conséquence inévitable de cela fut la décadence rapide et complète du collège. Mais la confédération des radicaux et des ultramontains continua, se dirigeant contre d’autres méfaits du gouvernement, et ne fut brisée qu’en 1830 par la disjonction de la Belgique et de la Hollande.
200.2. Le royaume de Hollande. — Dans l’Église nationale réformée, le rationalisme et le surnaturalisme latitudinaire avaient à un point tel effacé les distinctions ecclésiastiques entre réformés, remontrants, mennonites et luthériens, que le clergé d’un parti prêchait sans hésiter dans les églises des autres. C’est alors que le poète Bilderdijk, poussé du patriotisme politique au patriotisme religieux, dénonça avec une fureur éclatante la déclinaison générale de l’orthodoxie de Dort. Deux de ses convertis juifs, le poète et apologiste Isaac da Costa, et le médecin Cappadose, lui apportèrent un soutien puissant. Un jeune ecclésiastique zélé, Henry de Cock, était le porte-parole théologique du parti. Parce qu’il avait enfreint l’ordre ecclésiastique, surtout en exerçant son ministère dans d’autres congrégations, il fut suspendu et finalement destitué en 1834. La plus grande partie de sa congrégation et quatre autres pasteurs qui l’accompagnaient déclarèrent officiellement leur sécession de l’Église infidèle, comme un retour à l’Église réformée orthodoxe. En tant que séparatistes et perturbateurs du culte public, ils furent condamnés à une amende et emprisonnés, et furent finalement satisfaits de la reconnaissance qui leur fut accordée de la grâce royale en 1839, en tant qu’Église réformée séparée ou chrétienne. Elle se compose aujourd’hui de 364 congrégations, englobant environ 140 000 âmes, avec un séminaire florissant à Kampen. L’Église d’État réformée, qui regroupait les trois quarts de toute la population protestante, persévéra dans ses tendances libérales et les développa. Le synode d’État de 1883 déclara expressément que l’Église réformée des Pays-Bas exigeait de ses maîtres qu’ils ne soient pas d’accord avec toutes les déclarations des écrits confessionnels, mais seulement avec leur esprit, leur contenu et leur essence ; et le synode de 1877, par le vote d’une majorité, déclara qu’aucune sorte de confession formulée ne devait être exigée, même des candidats à la confirmation. Pourtant, même au milieu de ces procédures de divers côtés, une réaction ecclésiastique et évangélique d’une importance considérable s’est installée. Trois grands partis au sein de l’Église d’État ont mené une lutte à mort les uns contre les autres :
Les « Modernes » sont aussi les fondateurs et les dirigeants de la « Fédération protestante » sur le modèle allemand (180), avec ses assemblées annuelles depuis 1873, à l’opposé desquelles une « Union confessionnelle » tient ses réunions annuelles à Utrecht, et opère au moyen d’évangélistes et de prédicateurs laïcs dans des endroits où il n’y a que des pasteurs « modernes ». Les classes supérieures et cultivées des congrégations favorisent pour la plupart l’école de Gröningen et quelques-unes aussi l’école de Leyde, mais la grande majorité des classes moyennes et inférieures adhèrent à Kuyper et ont souvent obtenu la majorité dans le Conseil de l’Église congrégationaliste. C’est ainsi qu’il a été créé de nombreuses écoles confessionnelles indépendantes de l’État et qu’il a fondé une « Union pour l’éducation populaire chrétienne », qui s’est répandue dans tout le pays. La loi universitaire sanctionnée, après de violents débats dans la chambre, en 1876, établit à la place des anciennes facultés de théologie, des chaires pour la science de la religion en général, à l’exception de la dogmatique et de la théologie pratique, et laissa au Synode d’État réformé le soin de s’occuper de ces deux sujets, soit dans un séminaire théologique, soit en fondant pour lui-même les deux chaires de théologie dans les universités et en les soutenant sur les sommes votées pour l’État église. Le synode décida de cette dernière ligne de conduite et nomma aux nouvelles présidences des hommes d’opinions libérales modérées. Les adhérents du parti calviniste strict, cependant, fondèrent une université réformée libre à Amsterdam, qui fut ouverte à l’automne 1880. Son premier recteur fut Kuyper. — L’Église luthérienne, composée de cinquante congrégations et de soixante-deux pasteurs, compte environ 60 000 âmes, possède aussi depuis 1816 un séminaire théologique. Les tendances néologiques y prévalent.
200.3. La fondation de l’Université libre d’Amsterdam, mentionnée ci-dessus, a conduit à une série de conflits violents qui ont menacé de briser toute l’Église réformée des Pays-Bas par un schisme sauvage. Le Synode d’État réformé, composé principalement de théologiens de Gröningen, mais comptant aussi de nombreux membres appartenant à l’école moderne ou de Leyde, et constituant la cour ecclésiastique suprême, avait, en dépit de sa onzième règle, qui fait du « maintien de la doctrine » une tâche principale de tout gouvernement ecclésiastique, admis depuis longtemps le principe de la liberté illimitée de l’enseignement. et il a ordonné que même la preuve d’orthodoxie de la part des candidats à la confirmation ne serait plus considérée comme une condition de leur acceptation, leur examen ne se référant qu’à leur connaissance, le clergé examinateur et non les anciens assistants étant juges en cette matière. Lorsque l’Université libre eut été fondée en opposition directe avec le synode, celui-ci résolut de rejeter tous ses élèves à l’examen des candidats, et lorsque, dans l’été de 1885, son premier étudiant se présenta, il exécuta effectivement cette résolution. Là-dessus, l’université transféra l’examen à un comité, élu par elle-même, composé de pasteurs et d’anciens réformés orthodoxes, et une petite congrégation villageoise accepta d’élire le candidat pour son pastorat mal doté, et ainsi vacant pendant dix-sept ans. Mais le synode lui refusa l’ordination. C’est pourquoi le directeur d’un gymnase calviniste strict, ancien pasteur, célébra la cérémonie, et la congrégation annonça sa sécession de l’union synodale. Au même moment, à Amsterdam, un second conflit surgit sur la question des candidats à la confirmation. Trois pasteurs de l’école « moderne » demandèrent aux anciens qui leur étaient soumis, parmi lesquels le docteur Kuyper, de prendre part, comme il se doit, à l’examen de leurs candidats ; mais ceux-ci refusèrent d’apporter leur aide, parce que l’éducation antérieure n’avait pas été conforme à l’Écriture et à la confession, et aussi la majorité du conseil de l’église approuva ce refus, comme les parents s’en étaient plaints, et déclara que le certificat de moralité exigé par d’autres pasteurs ne pouvait être établi que si les candidats à la confirmation avaient auparavant formellement et solennellement confessé leur foi authentique et sincère en Jésus-Christ comme le seul et le plus sincère et sincère Sauveur tout-suffisant, ce que ceux-ci, cependant, conformément à la pratique hollandaise du XVIIIe siècle, refusèrent de faire. La controverse a été portée en appel devant tous les tribunaux ecclésiastiques, et finalement le synode d’État a ordonné au conseil ecclésiastique de délivrer les certificats dans un délai de six semaines sous peine de suspension. Mais cela a été provoqué avant l’expiration de cette période par l’éclatement d’un conflit beaucoup plus grave sur des questions d’administration. À Amsterdam, l’administration des biens de l’Église incombait à une commission spéciale, responsable devant le conseil de l’Église, composée de membres, dont la moitié provenait du conseil de l’Église et l’autre moitié des congrégations. Si, au début de janvier 1886, la menace de suspension et de destitution du conseil de l’église devait être exécutée, conformément à l’ordre approprié jusqu’à la nomination d’un nouveau conseil, tous les droits de celui-ci, donc aussi celui de superviser cette commission, reviendraient au « conseil classique » (143, 1) en tant que plus haut tribunal suivant. Afin d’éviter cela, la résolution fatidique a été adoptée le 14 décembre 1885, de modifier 41 des les règlements, de sorte que, si le conseil de l’Église, dans l’accomplissement de son devoir de gouverner la communauté conformément à la parole de Dieu et à la confession de l’Église légalisée, il y serait tellement entravé qu’il pourrait se sentir en conscience obligé d’obéir à Dieu plutôt qu’à l’homme et d’accepter la suspension et la déposition, et qu’un conseil de l’Église devrait être nommé, La commission administrative serait obligée de rester soumise, non pas à cela, mais à la commission d’origine. Le « conseil classique » annula cette résolution, suspendue le 4 janvier 1886 pour obstination persistante du précédent concile ecclésiastique, et se constitua, en attendant la décision de la discipline, administrateur provisoire de tous ses droits et devoirs. La majorité suspendue, cependant, convoqua une réunion pour le même jour, et lorsqu’elle trouva les portes de son lieu de réunion fermées, elle envoya chercher un serrurier pour les enfoncer. Ils en furent empêchés par la police, qui, en mettant un verrou de sûreté, en renforçant les planches de la porte par des plaques postales et en mettant une garde, réduisit considérablement les chances d’entrer. Mais l’opposition envoya aux observateurs une lettre d’un policier demandant que les représentants du conseil de l’église soient autorisés à passer ; sur quoi ceux-ci, considérant que c’était un ordre de la police, se retirèrent. Ils firent ensuite scier les plaques postées, prirent possession de la salle, des archives et du coffre au trésor qui s’y trouvaient, et refusèrent l’entrée au conseil d’administration classique. Alors qu’alors la question de la loi et de la possession était renvoyée devant les tribunaux, et que la décision finale ne serait pas rendue avant l’expiration d’un an, la procédure disciplinaire suivit son cours dans tous les tribunaux ecclésiastiques et se termina par la déposition de tous les anciens et pasteurs résistants. Celui-ci prêchait maintenant à de grandes foules dans des salles louées. De la capitale, l’effervescence s’accrut au moyen de publications violentes de part et d’autre, qui se répandirent dans tout le pays et produisirent la discorde dans beaucoup d’autres communautés. Des tumultes sauvages et tumultueux ont d’abord éclaté à Leidendorf, une banlieue de Leyde. Le pasteur et la majorité du conseil de l’église refusèrent d’inscrire sur la liste de leur congrégation deux jeunes filles qui avaient été confirmées par des ecclésiastiques libéraux d’ailleurs, et avec la plus grande partie de la congrégation, ils firent sécession de l’union synodale. En juillet 1886, le conseil des écoles classiques déclara le pastorat vacant et ordonna qu’un service régulier d’intérim fût célébré le dimanche par les pasteurs de la circonscription. Cependant, le tumulte parmi le peuple n’en fut que considérablement augmenté, de sorte que les autorités civiles furent obligées de protéger les prédicateurs délégués, par une nombreuse escorte militaire, contre les mauvais traitements grossiers, et d’assurer le calme pendant le culte public par une compagnie de police dans l’église. Et des conflits similaires ont rapidement éclaté en des occasions similaires et avec des conséquences similaires dans de nombreux autres endroits dans toutes les parties du pays. En décembre 1886, le concile de l’Église d’Amsterdam déclara également sa sécession de l’Église d’État, et un « Congrès de l’Église réformée » à Amsterdam, en janvier 1887, convoqué par Kuyper dans l’intérêt de la foule des sécessionnistes, résolut d’accepter la décision de la loi en ce qui concerne les biens de l’Église.554
200.4. Même après la séparation de la Belgique, il restait encore un nombre considérable de catholiques, environ les trois huitièmes de la population, les plus nombreux dans le Brabant, le Limbourg et le Luxembourg, et ceux-ci étaient, comme autrefois, enclins à l’ultramontanisme le plus fanatique. Cette tendance s’accrut considérablement lorsque la nouvelle loi constitutionnelle de 1848 annonça le principe de la liberté absolue de croyance, en conséquence de quoi les jésuites se pressèrent en grand nombre, et le pape organisa en 1853 une nouvelle hiérarchie catholique dans le pays, avec quatre évêques et un archevêque à Utrecht, sous le contrôle de la propagande. La population protestante s’en est beaucoup émue. Le ministère libéral de Thorbecke fut obligé de donner sa démission, mais les chambres finirent par sanctionner l’ordonnance pontificale, ne faisant que protéger la population protestante contre sa mauvaise application et ses abus.―Lors de la retraite des Français en 1814, il ne restait plus que huit cloîtres ; mais en 1861, il y en avait trente-neuf pour les moines et 137 pour les moniales, et depuis lors le nombre a considérablement augmenté. à cause de leur protestation contre le dogme de l’Immaculée Conception (185, 2), enjoint à l’Église catholique par le pape, ils furent de nouveau excommuniés, et se joignirent aux vieux-catholiques allemands pour rejeter les décrets du concile Vatican (190, 1).
200.5. Le Royaume de Belgique. — La Belgique catholique obtint, après sa séparation d’avec la Hollande, une constitution par laquelle la liberté illimitée de culte et d’éducation religieuse, ainsi que le droit de confesser son opinion et de s’associer, étaient garantis, et il n’était permis à l’État aucune ingérence dans les affaires de l’Église au-delà du devoir de payer le clergé. De même, en la personne de Léopold Ier, de 1830 à 1865, de la maison de Saxe-Cobourg, il y avait un roi qui, bien que protestant lui-même, était fidèle à la constitution et, selon l’accord, faisait élever ses enfants dans l’église catholique romaine. La confédération du radicalisme et de l’ultramontanisme, cependant, fut brisée par l’inimitié irréconciliable et les conflits violents dans la vie quotidienne et dans les chambres entre les ministres cléricaux et libéraux. Les ultramontains fondèrent à Louvain en 1834 une université strictement catholique, sous la surveillance des évêques et le patronage de la Vierge ; tandis que les libéraux promouvaient l’érection d’une université d’opposition pour la science libre à Bruxelles. Que les Jésuites aient utilisé au maximum, pour leurs propres fins, la liberté que leur accordait la constitution au moyen des missions et du confessionnal, des écoles, des cloîtres et des confréries de toute espèce, c’est ce à quoi on pouvait s’attendre. Mais le libéralisme savait aussi faire de la propagande et discréditer le clergé auprès des classes instruites en dévoilant leurs intrigues, leur chasse aux héritages, etc., alors que ceux-ci exerçaient une grande influence principalement sur les femmes fanatiques. Le nombre des cloîtres, qui, lors de la séparation d’avec la Hollande, ne s’élevait qu’à 280, s’était élevé en 1880 dans ce petit territoire à 1,559, avec 24,672 pensionnaires, dont 20,645 religieuses.
200.6. Après huit ans de suprématie presque incontestée, le ministère Malou qui lui était favorable fut renversé en juin 1878, et un gouvernement libéral, sous la présidence de Frère-Orban, le remplaça. C’est alors qu’a commencé le Kulturkampf en Belgique. La charge de l’instruction publique fut confiée au ministère de l’Intérieur, et un ministre spécial fut nommé en la personne de Van Humbeeck. Il commença par transformer toutes les écoles de filles dirigées par des sœurs d’ordres spirituels en écoles communales et, en janvier 1879, il présenta un projet de loi pour réorganiser l’enseignement élémentaire, qui sécularisait complètement les écoles ; Il priva le clergé de toute influence officielle sur lui, et relégua l’instruction religieuse aux soins de la famille et de l’Église, celle-ci, cependant, ayant le logement nécessaire autorisé dans les bâtiments scolaires. Les chambres approuvèrent le projet de loi, et le roi le confirma, malgré toutes les protestations et l’agitation du clergé. Les journaux cléricaux mettaient une bordure noire sur le numéro qui le publiait ; les conseils provinciaux, sous l’influence cléricale, annulèrent autant que possible tous les legs en argent pour les écoles publiques, et les évêques assemblés au mois d’août à Malines résolurent de fonder des écoles gratuites dans toutes les communautés, et de refuser l’absolution à tous les parents qui confieraient leurs enfants aux écoles publiques et à tous les instituteurs qui s’y trouvaient, afin de provoquer ainsi une décadence complète des écoles publiques. ce qui arriva en effet à tel point qu’en quelques mois 1,167 écoles communales n’avaient pas un seul écolier catholique. Sur plainte adressée par le gouvernement à Léon XIII, il exprima, par l’intermédiaire du nonce de Bruxelles, ses regrets et sa désapprobation des procédés des évêques ; mais, d’un autre côté, non seulement il les louait en privé à cause de leur zèle antérieur à s’opposer à la loi scolaire, mais il les incitait aussi à une opposition continue. Lorsque ce double jeu de la curie fut découvert, le gouvernement rompit en juin 1880 toutes les relations diplomatiques avec le Vatican en rappelant son ambassadeur et en donnant au nonce ses passeports. Le président ministériel a qualifié publiquement à la Chambre des députés l’action du Saint-Siège de « fourberie ». Sur quoi, au consistoire suivant, le pape appela les princes et les peuples comme témoins de cette insulte. En mai 1882, les résultats de l’enquête sur les incitations du clergé contre le public furent lus dans la chambre, où des révélations surprenantes furent faites comme celles-ci : Les prêtres enseignaient aux enfants qu’ils ne devaient plus prier pour le roi lorsqu’il avait commis le péché mortel de confirmer la loi scolaire ; les ministres sont pires que les meurtriers et les vrais Hérode ; un prêtre a même enseigné aux enfants à prier pour que Dieu fasse mourir leurs parents « libéraux », etc. Au milieu de ces conflits, le parti catholique au parlement se scinda en deux partis : celui des Politici, qui étaient prêts à se soumettre à la constitution, et celui des Intransigenti, qui, sous la direction des évêques et de l’université de Louvain, tenaient haut au-dessus de tout le niveau du programme. Celui-ci combattit avec tant de passion, que le pape se sentit obligé, en 1881, d’enjoindre à l’épiscopat « cette attitude prudente » que l’Église, en pareil cas, maintient toujours en « supportant bien des maux » qui, pour le moment, ne peuvent être surmontés. Mais, sans se décourager, le gouvernement continua de restreindre les prétentions du clergé, dans la mesure où celles-ci n’étaient pas expressément garanties par le constitutionnelEn juin 1884, à la suite des élections à la chambre des députés, le parti clérical reprit le pouvoir. Malou se retrouva à la tête d’un ministère en faveur des clercs, fit dissoudre le sénat par le roi, et, aux nouvelles élections, y remporta aussi la majorité pour son parti. À peine étaient-ils au pouvoir, que le ministère clérical, de concert avec la majorité des chambres, procéda avec une hâte inconsidérée, au milieu des explosions les plus violentes, presque quotidiennement répétées, de la partie libérale et radicale de la population, maintenant intensément aigrie, qui ne semblait qu’augmenter son zèle, à employer son pouvoir absolu au maximum dans l’intérêt du cléricalisme. Le rétablissement des relations diplomatiques avec la curie pontificale dans l’esprit d’un acquiescement absolu à ses projets fut le grand but de la réaction, ainsi qu’une nouvelle loi scolaire par laquelle les écoles furent complètement remises au clergé et aux ordres. Mais lorsque, aux élections communales suivantes, une majorité libérale fut réélue, et que les protestations des nouveaux conseils communaux affluèrent contre la loi scolaire au nom du grand nombre d’instituteurs brevetés de l’État réduits par elle à la faim et à la misère, le ministère Malou se vit obligé de démissionner en octobre 1884. Il fut remplacé par le ministère ultramontain modéré de Beernaert, qui chercha à calmer l’excitation par des mesures douces, mais s’en tint fermement sur tous les points essentiels aux principes de son prédécesseur.
200.7. Un épisode passionnant du Kulturkampf de Belgique est présenté par l’apparition de Mgr Dumont, évêque de Tournay, qui était auparavant un admirateur enthousiaste de Pie IX. et un vigoureux défenseur du dogme de l’infaillibilité, également un zélé protecteur des miracles de stigmatisation à Bois d’Haine ( 188, 4), Maintenant, il se retourna brusquement sur la question de l’école et refusa d’obéir à l’injonction papale. Pour cela, il fut d’abord suspendu, puis officiellement déposé par le pape en 1880. Il écrivit ensuite dans les journaux libéraux les plus avancés des lettres avec de violentes dénonciations du pape, qu’il ne voulait pas reconnaître comme pape, mais seulement comme évêque de Rome, et l’appela ainsi non pas Léon, mais seulement Pecci. Dans ces lettres, Dumont fait l’intéressante communication que la vierge Louise Lateau, favorisée de Dieu, a menacé d’excommunication « l’intrus » Durousseaux, désigné par le pape comme son successeur, parce qu’elle continue à révérer Dumont comme le seul évêque légitime de Tournay. Le Vatican le déclara fou, et le chapitre en appela aux autorités civiles pour le faire déclarer incapable aux yeux de la loi, ce qu’ils refusèrent cependant, parce qu’ils ne pouvaient pas considérer la folie de Dumont comme prouvée. D’autre part, Dumont refusa de renoncer à sa charge épiscopale et accusa Durousseaux d’avoir obtenu de nuit, avec l’aide d’un serrurier, l’entrée de son palais épiscopal, et de s’être emparé par la force d’un cercueil qui s’y trouvait, et qui, outre les biens diocésains d’une valeur de cinq millions, contenait aussi environ un million et demi de ses biens personnels. En attendant l’issue du conflit, pour savoir lequel des deux devait être considéré comme le véritable évêque, le palais était maintenant officiellement scellé. La tentative d’arrêter le cercueil volé dut être abandonnée, car entre-temps le chanoine Bernard, en tant que gardien des trésors du diocèse, s’était enfui avec son contenu en Amérique. Il fut cependant emprisonné à La Havane et ramené en Belgique en 1882. En avril 1884, la querelle des évêques fut définitivement close par le jugement du tribunal suprême, selon lequel Dumont, ayant été légitimement déposé, n’avait plus aucun droit au titre et aux revenus de sa charge antérieure ; et en 1886, la cour suprême d’appel de Bruxelles condamna Bernard « pour abus de confiance grave » à trois ans d’emprisonnement.
200.8. L’Église protestante n’était représentée en Belgique que par de petites congrégations dans les chefs-lieux et quelques congrégations villageoises réformées wallonnes. Mais depuis plusieurs décennies, grâce aux efforts zélés de la Société évangélique de Bruxelles, qui compte trente-quatre pasteurs et évangélistes, l’œuvre d’évangélisation, non seulement parmi les Wallons catholiques, mais aussi parmi la population flamande, a fait des progrès considérables, malgré toute agitation et incitation du peuple de la part du clergé catholique, de sorte que plusieurs nouvelles congrégations évangéliques, composés principalement de convertis, se sont formés. En effet, dans deux petits endroits, des communautés entières, excitées par l’arbitraire épiscopal, ont basculé. — Le pasteur Byse, employé par la Société évangélique de Bruxelles, a repris l’idée que tous les hommes, par la chute, ont perdu leur immortalité, et qu’elle pourrait être restaurée par la foi au Christ, tandis que tous ceux qui ne sont pas réconciliés sont livrés à l’anéantissement. la seconde mort de l’Apocalypse ii. 11, xx. 15. Tant qu’il ne soutint cette théorie que comme une opinion privée, la société ne s’en offusqua pas, mais lorsqu’il commença à la proclamer dans sa prédication et dans l’instruction qu’il donna à la jeunesse, et qu’il refusa de céder à tous les conseils à ce sujet, le synode de 1882 décida de le renvoyer. Mais une grande partie de sa congrégation lui reste fidèle.
En dépit de la base commune scandinave-nationale et luthérien-ecclésiastique sur laquelle se développe la vie civile et religieuse, elle a pris dans les trois pays scandinaves un cours complètement diversifié. Alors qu’au Danemark la vie civile portait de multiples traces de tendances démocratiques et que les rapports entre l’Église et l’État se relâchaient, la Suède, avec une ténacité presque sans pareille dans les pays protestants, s’est longtemps attachée exclusivement à l’idée d’une Église d’État. D’autre part, le Danemark était beaucoup plus ouvert aux influences extérieures hostiles à l’Église, d’un côté celles du rationalisme, de l’autre, celles des sectes anti-ecclésiastiques, en particulier des baptistes et des mormons, que la Suède, qui, dans son orthodoxie certainement stérile, sinon tout à fait morte, jusqu’après le milieu du siècle, était presque hermétiquement fermée à toutes les influences hétérogènes. mais elle ne pouvait cependant pas tout à fait dominer les mouvements piétiquistes ou méthodiques colorés d’aspiration religieuse qui s’élevaient parmi son propre peuple. Encore une fois, la Norvège, bien que politiquement unie à la Suède, a, à la fois dans le caractère national et dans le développement religieux, montré ses relations plus intimes avec le Danemark.
201.1. Danemark.―Depuis la fin du siècle dernier, le rationalisme a eu son foyer au Danemark. En 1825, le professeur Clausen, partisan modéré de l’école néologique, publia un savant ouvrage sur l’opposition du « catholicisme et du protestantisme », identifiant ce dernier au rationalisme. Tout d’abord, la même année, le pasteur Grundtvig (mort en 1872), « homme de génie poétique et versé dans l’histoire ancienne du pays », inspiré d’un enthousiasme égal pour le vieux luthéranisme de ses pères et pour le danisme patriotique, entra sur les listes et répondit avec une éloquence puissante, déplorant la décadence du christianisme et de l’Église. Il a été condamné par la cour de justice comme préjudiciable, après avoir démissionné de sa charge pastorale au cours du processus. Un sort similaire s’abattit sur l’orientaliste Lindberg, qui accusa Clausen d’avoir violé son vœu d’ordination. Les adhérents de Grundtvig se réunissaient pour s’édifier mutuellement dans des conventicules, jusqu’à ce qu’en 1832 il obtienne enfin à nouveau l’autorisation de célébrer des offices publics. L’œuvre de Sören Kierkegaard (mort en 1855) n’eut pas moins d’influence sur le fait que, en grande partie en sympathie avec Grundtvig, sans fonction ecclésiastique, il plaida dans ses écrits pour une piété subjective vivante et soutint inlassablement une lutte intransigeante contre le christianisme officiel du clergé sécularisé. La Danomania sauvage et démesurée de 1848-1849, pendant le conflit militaire avec l’Allemagne, a rassemblé les adversaires et les a rendus amis. Grundtvig déclamait contre tout ce qui était allemand, et des deux facteurs qu’il avait autrefois considérés comme les pivots de l’histoire universelle, le danisme et le luthéranisme, il abandonnait maintenant le luthéranisme comme étant d’origine allemande. Il proposa donc l’abrogation des confessions germano-luthériennes, plaça le Symbole des Apôtres au-dessus et au-dessus de la Bible et, insistant d’une manière unilatérale sur la doctrine de la grâce baptismale, exigea un « christianisme joyeux », nia la nécessité de continuer à prêcher et à exercer la repentance, et souhaita surtout introduire dans les écoles la mythologie nordique comme introduction à l’étude du christianisme. Ses adhérents ont travaillé avec le parti anti-église pour l’abolition de l’union de l’Église et de l’État. La loi constitutionnelle danoise de 1849 abolit les églises confessionnelles de l’Église d’État, et les catholiques, les réformés, les moraves et les juifs se voient accorder les mêmes droits civils que les luthériens. Depuis lors, l’Église catholique a fait des progrès lents mais constants dans le pays, et le mouvement baptiste croissant a également été favorisé par une loi du Volkthing de 1857, qui a aboli le baptême obligatoire et n’a exigé que l’inscription de tous les enfants dans les registres paroissiaux de leurs districts respectifs dans un délai d’un an. Le mariage civil avait également été accordé aux dissidents en 1851, et en 1868 fut fondée l’institution particulière des « communautés électives », au moyen de laquelle vingt familles d’une ou de plusieurs paroisses qui se déclarent mécontentes des pasteurs qui les ont nommées, peuvent, sans quitter l’Église nationale, former une congrégation indépendante sous la direction de pasteurs choisis par eux-mêmes et entretenues à leurs frais. La révolution du Schleswig-Holstein en 1848 a causé une énorme confusion et une perturbation dans les conditions ecclésiastiques du district. Plus d’une centaine de pasteurs allemands ont été expulsés et quarante-six paroisses du Schleswig privées de l’usage de la langue allemande à l’église et à l’école. En 1864, les deux provinces furent enfin rattachées au gouvernement danois par l’alliance autrichienne et prussienne, et, à la suite de la guerre allemande de 1866, furent incorporées à la Prusse.
En Suède, il s’est formé en 1803, en opposition à l’orthodoxie stérile de l’Église d’État, une association religieuse qui, si elle n’était pas tout à fait exempte d’étroitesse piétiste, n’en était pas moins dépourvue de toute tendance doctrinale hérétique et exerçait une influence tranquille et salutaire. De la lecture assidue de l’Écriture et des œuvres de Luther qui prévalait parmi ses membres, elle a obtenu le nom de Läsare. L’État procédait contre ses membres avec des amendes et des peines d’emprisonnement, conformément à l’ancienne loi sur les conventicules de 1726, et la foule les traitait avec des insultes et des violences. Mais en 1842, une tendance fanatique commença à se manifester sous la direction d’un paysan, Erich Jansen, qui incita de nombreux « lecteurs » à quitter l’Église et à jeter au feu même les Postils et le Catéchisme de Luther comme tout à fait superflus à côté de l’Écriture Sainte. Ils émigrèrent pour la plupart en Amérique en 1846. Depuis 1686, la loi du pays menaçait d’emprisonnement et d’exil tous les Suédois qui faisaient sécession de l’Église d’État luthérienne, de la perte de leurs privilèges civils et de leur droit d’héritage. On peut donc supposer que le maréchal français Bernadotte, qui monta sur le trône de Suède en 1818 sous le nom de Charles XIV, avait été obligé, en 1810, de répudier la confession catholique. Même en 1857, le Reichstag rejeta une proposition royale visant à annuler la Sécession ainsi que la loi sur les conventicules. Mais dès l’année suivante, la tenue de conventicules sous la surveillance cléricale et, en 1860, la sécession à d’autres confessions ecclésiastiques, furent autorisées par la loi. La constitution de 1865 faisait encore de l’adhésion à la confession luthérienne une condition d’admissibilité à un siège dans l’une ou l’autre des chambres. Le Reichstag de 1870 sanctionna enfin l’admission de tous les dissidents chrétiens et aussi des Juifs à tous les postes de l’État ainsi qu’aux membres du Reichstag. Au nom des dissidents, en particulier des nombreux baptistes et méthodistes, le droit au mariage civil a été accordé en 1879. En 1877, Waldenström, directeur de l’école latine de Gefle, sans ordination ecclésiastique, commença avec zèle et succès par la parole et les écrits (pour assurer la diffusion la plus large possible, dont une société par actions à capital important fut formée) à travailler pour le renouveau de la vie chrétienne dans l’Église nationale luthérienne. Il s’opposa vigoureusement à la doctrine ecclésiastique de l’expiation et de la justification, répudiant l’idée de souffrance pénale par procuration, et brisa tout l’ordre ecclésiastique en permettant que le sacrement de la Cène du Seigneur soit dispensé par des laïcs. Il s’est ainsi mis lui-même, avec ses nombreux disciples, dirigés par des prédicateurs laïcs dans leurs propres réunions de prière et salles de mission, en opposition directe avec l’Église, mais par la sage indulgence des autorités ecclésiastiques, il n’a pas encore été formellement expulsé.555
En Norvège, vers la fin du siècle dernier, le rationalisme était dominant dans presque toutes les chaires, et seuls quelques restes du renouveau morave s’élevèrent contre lui. Mais en 1796, un simple paysan ignorant, Hans Nielsen Hauge, alors dans sa vingt-cinquième année, fit son apparition en tant que prédicateur de réveil, créant un puissant mouvement spirituel qui se répandit parmi les masses dans tout le pays. Il avait acquis ses propres connaissances religieuses par l’étude de l’ancienne théologie pratique luthérienne et, à une époque d’extraordinaire effervescence spirituelle, « son appel », comme le dit Hase, « à être prophète était comme celui du berger de Tekoa ». À partir de 1799, il continua à errer pendant cinq ans, persécuté, réprimandé et calomnié par le clergé rationaliste, dix fois jeté en prison, en vertu d’une loi de 1741, qui interdisait aux laïques de prêcher, puis de les libérer, jusqu’à ce qu’il eût parcouru toute la Norvège jusque dans ses coins les plus reculés et les plus reculés, prêchant inlassablement partout dans les maisons et en plein air souvent trois ou quatre fois par jour. et nourrissant en outre la flamme qu’il avait allumée par des écrits volumineux et une abondante correspondance. Il dirigea sa prédication non seulement contre le rationalisme du clergé d’État, mais aussi contre la religion antinomique du sentiment, de la théologie du « sang et des blessures » introduite dans les temps anciens par les Moraves, avec une emphase et une exagération unilatérales certes, mais toujours dans tous les domaines en maintenant la base et en restant dans les lignes de l’orthodoxie luthérienne. En 1804, il fut accusé de tendances dangereuses pour l’Église et l’État, d’avoir obtenu de l’argent des paysans sous de faux prétextes, d’avoir incité le peuple contre le clergé, etc., et d’avoir de nouveau été jeté en prison. Cette fois, le procès dura dix ans, jusqu’à ce qu’enfin, en 1814, la Cour suprême le condamnât à payer une amende en raison de ses invectives contre le clergé, mais le déclara non coupable des autres chefs d’accusation. Brisé d’esprit et de corps par sa longue détention, il ne pouvait songer à reprendre son ancien travail. Il meurt en 1824. Cependant, de nombreux prédicateurs paysans, sortis de son école, étaient prêts à marcher sur ses traces, et jusqu’à ce jour, les effets salutaires de son activité et de la leur se manifestent dans de larges cercles. La loi de 1741 qui avait été faite pour les dénoncer fut finalement abrogée par le Storthing en 1842. En 1845, le droit de former des sectes chrétiennes fut reconnu, et en 1851 on accorda même aux Juifs le droit d’établissement qui leur avait été refusé auparavant, ainsi que la sécurité de tous les privilèges civils. Depuis lors, même en Norvège, l’Église catholique a fait des progrès considérables ; en juin 1878, elle comptait onze églises et quatorze prêtres.
Au cours du siècle, une brèche de l’extérieur a été faite dans le bastion de l’Église anglicane établie et dans son statut juridique dans tout le Royaume-Uni. La forte cohérence de l’Église épiscopale anglicane avait déjà été affaiblie à l’intérieur par la montée en son sein de tendances hautes, basses et larges. L’avancée du premier parti vers le tractarianisme et le ritualisme ouvrit la porte aux sympathies romaines, tandis que dans cette dernière école, le rationalisme et la critique allemands trouvèrent grâce, et le parti de la Basse Église n’avait pas honte d’aller de pair avec les tendances évangéliques piétistes et méthodiques des dissidents. Il s’ensuivit de nombreuses conversions à Rome, en particulier dans les rangs aristocratiques des dix mille supérieurs. L’Acte d’émancipation de 1829 ouvrit la porte des deux chambres du Parlement aux catholiques et, en 1858, les mêmes privilèges furent accordés aux Juifs. De même, les remparts que l’Église d’État avait dans les anciennes universités d’Oxford et de Cambridge ont été sapés et, en 1871, ont été complètement renversés par l’abolition légale de toutes les épreuves confessionnelles. Jusqu’en 1869, la hiérarchie de l’Église épiscopale d’État, bien que clairement étrangère au pays, maintint sa position légale dans l’Irlande catholique, jusqu’à ce qu’enfin le projet de loi sur l’Église irlandaise y mette fin. À plusieurs reprises, des projets de loi ont été présentés à la Chambre des Communes, bien que jusqu’à présent sans succès, par des membres de la Société de la Libération, qui ne cessait de s’agiter, pour dissoudre les églises d’Angleterre, d’Écosse et du pays de Galles.556
202.1. L’Église épiscopale d’État. — Les deux partis opposés de l’Église d’État correspondaient aux deux partis politiques des tories et des whigs. Le parti de la Haute Église, qui a ses représentants les plus puissants dans l’aristocratie, se tient à l’écart des dissidents, cherche à maintenir le lien le plus étroit entre l’Église et l’État, et lutte avec ardeur pour le maintien de toutes les anciennes formes et ordonnances ecclésiastiques dans la constitution, le culte et la doctrine. D’autre part, le parti évangélique ou de la Basse Église, qui est plus ou moins méthodique, entretient des relations libres avec les dissidents, s’associant avec eux dans le travail missionnaire intérieur et étranger, etc., et défend avec diverses nuances de différences les revendications du progrès contre celles de l’immobilisme, l’indépendance de l’Église contre son identification avec l’État. la liberté évangélique et le sacerdoce général des croyants contre l’orthodoxie et la hiérarchisation. C’est d’eux qu’est né en 1871 un mouvement, provoqué par les « Essays and Reviews » d’Oxford et les travaux de l’évêque Colenso, qui a abouti à la publication, sous l’autorité des évêques, du « Speaker’s Commentary », ainsi appelé parce que suggéré par Denison, qui avait longtemps été président de la Chambre des communes. C’est un commentaire érudit et tout à fait conservateur sur toute la Bible, rédigé par les théologiens les plus compétents d’Angleterre. Sur la révision de la traduction anglaise de la Bible, voir 181, 4. À côté de ces deux partis, cependant, il en est apparu un troisième, le parti de l’Église large. Elle trouve son origine dans l’éminent poète et philosophe Coleridge (mort en 1834) et comprend un grand nombre des membres du clergé les plus excellents et les plus érudits, en particulier les plus éminents pour leur connaissance de la théologie et de la philosophie allemandes. Ils ne forment pas un parti ecclésiastique organisé comme les évangéliques et les hommes de la Haute Église, mais s’efforcent non seulement de surmonter l’étroitesse et la sévérité des premiers, mais aussi d’assurer une base plus large et un horizon plus large pour la théologie aussi bien que pour l’Église.557―Le La lutte pour la légalisation du mariage avec la sœur d’une épouse décédée a été énergiquement pressée depuis 1850, mais bien que la Chambre des communes ait adopté le projet de loi à plusieurs reprises, il a été jusqu’à présent rejeté par de faibles majorités, sous l’influence des évêques, par la Chambre des lords. l’exclusion des laïcs et du clergé inférieur, avec des tendances éminemment anti-romaines et anti-ritualistes, a eu lieu à Londres en 1867 (cf. 175, 5). Lorsqu’elle se réunit pour la deuxième fois en 1878, près d’une centaine d’évêques, dont un nègre, y assistèrent. Des débats de trois semaines et de leurs résultats, cependant, aucun compte rendu détaillé n’a été publié.
L’activité des dissidents et l’attachement du parti évangélique épiscopal à leur égard ont incité les adhérents du parti de la Haute Église à défendre vigoureusement leurs intérêts et les ont poussés à une accentuation exagérée unilatérale de l’élément catholique. Le centre de ce mouvement depuis 1833 était l’université d’Oxford. Ses chefs étaient les professeurs Pusey et Newman, son organe littéraire, les Tracts for the Times, d’où le parti reçut le nom de tractariens. Il s’agissait d’une série de quatre-vingt-dix traités, publiés de 1833 à 1841, sur la base de l’anglo-catholicisme, qui cherchait, tout en s’appuyant sur les trente-neuf articles, à affirmer avec la même fermeté le véritable protestantisme contre la papauté romaine, et, dans l’importance qu’il attachait à la succession apostolique de l’épiscopat et du sacerdoce et à la tradition apostolique pour l’interprétation de l’Écriture, le catholicisme authentique contre toute forme d’ultra-protestantisme. De cette façon aussi, leur dogmatique dans toutes les diverses doctrines, dans la mesure où les trente-neuf articles le permettaient, se rapprochait de la doctrine catholique romaine et, en fait, passait bientôt entièrement à ce type de doctrine. Le Tract 90 de Newman a causé le plus d’offense, dans lequel, avec des sophismes tout à fait jésuitiques, il a été soutenu que les trente-neuf articles étaient susceptibles d’une explication sur la base de laquelle ils pourraient être souscrits même par quelqu’un qui occupait, en ce qui concerne la doctrine et la pratique de l’Église, un point de vue essentiellement catholique romain. Les autorités de l’université se crurent obligées de déclarer publiquement que les tracts n’étaient nullement sanctionnés par elles, et que l’application des principes du Tract 90 à la conduite des étudiants en matière de souscription des Trente-neuf Articles n’était pas permise. Mgr Bagot, évêque d’Oxford, jusque-là favorable aux tractariens, refusa de permettre la poursuite de la publication des tracts. Les autres évêques s’élevèrent aussi, pour la plupart, contre eux dans leurs pastorales, et un flot de pamphlets controversés suscita la colère de la population non catholique. Mais, d’un autre côté, le tractarianisme trouvait encore grâce auprès du haut clergé et de l’aristocratie. En 1845, Newman passa à l’Église catholique et mena depuis une vie retirée consacrée à l’étude de la théologie. Pie IX. ne lui prêta aucune attention, mais en 1879 Léon XIII. reconnut et récompensa ses services rendus à l’Église catholique en l’élevant au rang de cardinal. La majorité des tractariens désapprouvèrent la démarche de Newman et restèrent dans l’Église anglicane. C’est ainsi qu’agissait Pusey (mort en 1882), le chef reconnu du parti, qui leur donna le nom de Puseyites. Beaucoup, cependant, suivirent l’exemple de Newman, de sorte qu’à la fin de 1846, pas moins de cent cinquante ecclésiastiques et laïcs éminents furent reçus par la porte largement ouverte de l’Église catholique.558―Le Les douze années suivantes, de 1846 à 1858, furent occupées par deux conflits dogmatico-ecclésiastiques qui affectèrent de manière vitale les intérêts des tractariens.
202.3. À partir du milieu de l’année 1850, les tractariens, qui s’étaient jusque-là bornés au développement du système de doctrine romanisant, commencèrent à en appliquer les conséquences au rituel de l’église et à la vie chrétienne, et gagnèrent ainsi le nom de ritualistes, ce qui leur valut la désignation antérieure. Partout où ils le pouvaient, ils montraient leur zèle catholique en introduisant des images, des crucifix, des cierges, de l’eau bénite, des robes de messe, des cloches de messe et des garçons choristes, exhortaient à la restauration des sept sacrements, en particulier de l’extrême-onction, de la confession auriculaire, de la théorie sacrificielle et du jour de la Fête-Dieu, des prières pour les morts et des messes pour les âmes, de l’invocation des saints et de la sainte Vierge ; Ils ont également fait l’éloge du célibat et du monachisme, etc. Le ritualisme a dès le début fait preuve d’une habileté singulière dans l’organisation du parti. L’Union des Églises anglaises, fondée en 1860, compte aujourd’hui près de 200 000 membres, dont environ 3 000 ecclésiastiques et 50 évêques, et elle comprend 300 branches sur l’ensemble du domaine de l’Église anglicane. De nombreuses confréries et sororités, guildes et ordres, organisées sur le modèle du monachisme catholique romain, promeuvent les intérêts du ritualisme et poursuivent avec zèle le travail missionnaire à l’intérieur et à l’étranger. La Confrérie du Saint-Sacrement a vu le jour en 1862 et a pu célébrer en 1882 la Fête-Dieu dans 250 églises avec l’église romaine, en se passant uniquement de la procession. La Société de la Sainte-Croix, fondée en 1873, ne se compose que de prêtres, et forme une sorte de directoire pour toutes les branches de la propagande rituelle. L’Ordre anglais de Saint-Augustin a une division en trois parties, en frères spirituels qui se préparent aux ordres sacerdotaux, en frères convers qui sont qualifiés comme prédicateurs laïcs, tous deux sous les vœux les plus stricts, et une sorte de tertiaires, qui sont libres de vœux. Parmi les sororités qui fournissent déjà des infirmières à tous les grands hôpitaux de la capitale, la plus importante est celle qu’on appelle « du nom de Jésus ». Ils prennent, comme les béguines du moyen âge, les trois vœux, mais pas comme contraignants pour la vie. Par le parti de l’ultra-haute église, la véritable succession apostolique de l’ordination du premier archevêque protestant, Matthew Parker, et donc l’authenticité de toutes les ordinations ultérieures remontant jusqu’à lui, ont été mises en doute ; trois évêques anglicans auraient reçu la consécration épiscopale d’un évêque gréco-catholique. La démarche téméraire et délibérée des ritualistes dans l’imitation du rituel catholique romain dans le culte public provoqua de fréquentes perturbations violentes lors de leurs offices, et des foules bruyantes affluèrent dans leurs églises. Les émeutes les plus fréquentes et les plus violentes furent celles de 1859 et 1860 dans la paroisse de Saint-Georges, à Londres, où il n’y eut guère de service sans scènes honteuses de sifflements, de sifflements, de trépignements et de cris de « Pas de papisme ». Les gens de tout Londres affluaient vers les offices dominicaux comme pour un divertissement public. Au lieu d’hymnes, on chantait des chants de rue, au lieu de répondre, on criait des cris blasphématoires, on lançait des coussins et des livres de prières sur les décorations de l’autel, etc. Ces procédés inconvenants ont été provoqués par le recteur ritualiste, Bryan King, qui avait introduit le cérémonial répréhensible et l’a obstinément poursuivi malgré l’opposition et les protestations décidées de son collègue, M. Allen. La destitution de King en 1860 mit d’abord fin à ces troubles, ce que l’intervention de la police prouvaImpossible de vérifier. L’Union de l’Église ritualiste, appelée à l’existence par ces procédures, a été combattue par une Association d’Église anti-ritualiste, et des multitudes de plaintes et d’appels ont été portées devant les tribunaux ecclésiastiques et civils. Le premier cas qu’ils ont soulevé est celui du révérend A. H. MacConochie, de Holborn, qui, après avoir été réprimandé par les tribunaux ecclésiastiques en raison de ses pratiques rituelles en 1867, en appela au Conseil privé. Et bien que cette cour ait décidé en 1869 que toutes les cérémonies non autorisées par le livre de prières devaient être considérées comme interdites, lui et ses partisans ont continué d’agir selon le principe que tout ce qui n’y est pas expressément interdit doit être permis. Le projet de loi sur la réglementation du culte public, présenté par l’archevêque Tait et adopté par le Parlement, qui déterminait par voie législative la procédure dans les cas rituels, n’a pas empêché l’avancée constante de ce mouvement. La Cour d’Arches prononça alors une suspension contre les accusés, et les condamna à la prison s’ils continuaient à officier, jusqu’à ce qu’ils se déclarassent prêts à obéir ou à quitter leur charge. Tooth de Hatcham, Dale de Londres, Enraght de Bordesdale et Green de Miles Platting ont été envoyés en prison en 1880. Mais les trois premiers furent bientôt libérés par la Cour d’appel, qui trouva une faille technique dans la procédure engagée contre eux, tandis que Green, dans l’affaire duquel il n’y avait pas d’irrégularité de ce genre, resta enfermé pendant vingt mois. Les ritualistes continuaient obstinément leur pratique, et leurs adversaires renouvelaient leurs poursuites ; ceux-ci furent suivis d’appels aux cours supérieures, de la présentation de pétitions aux deux chambres du Parlement, d’adresses avec un grand nombre de signatures pour et contre à l’archevêque de Cantorbéry, à la convocation qui avait été rétablie entre-temps, au cabinet, à la reine, etc. Il en résulta que de nombreuses affaires furent abandonnées, que certaines parties odieuses furent transférées ailleurs et que très peu d’entre elles furent déposées.
202.4. Le libéralisme dans l’Église épiscopale. — La tendance plus libérale du parti de l’Église large avait aussi de nombreux partisans qui se faisaient scrupule de ne pas dépasser les limites traditionnelles de l’orthodoxie anglaise. En opposition à l’orthodoxie zélée inculquée à Oxford, le rationalisme trouva grâce dans l’université rivale de Cambridge, et les vues de l’école de Baur de Tübingen furent vigoureusement soutenues dans la Westminster Review de Londres. Et même dans la Haute Église d’Oxford, il ne manquait pas d’enseignants en sympathie avec le rationalisme critique et spéculatif de l’Allemagne. En 1860, les Essays and Reviews provoquèrent une grande émotion dans les Essays and Reviews qui, dans sept traités rédigés par tant de professeurs d’Oxford, contestèrent l’apologétique et l’herméneutique traditionnelles de la théologie anglaise, et remplacèrent à sa place un rationalisme sublimé. En Allemagne, ces traités peu importants n’auraient probablement pas excité beaucoup de remarques, mais dans l’Église anglaise, ils ont soulevé un tumulte sans pareil ; Plus de neuf mille ecclésiastiques de l’Église épiscopale protestèrent contre le livre, et tous les évêques le condamnèrent unanimement. L’excitation n’était pas encore retombée que du pétrole d’Afrique du Sud a été versé sur les flammes. L’évêque Colenso de Natal (mort en 1883), qui avait poursuivi avec zèle la mission dans cette ville, mais qui avait ouvertement exprimé la conviction qu’il n’était pas sage, contraire aux Écritures et non chrétien de répudier toutes leurs femmes, sauf une, une condition du baptême, par les Caffres vivant dans la polygamie, avait causé une offense encore plus grande en publiant en 1863 en sept volumes une dissertation critique prolixe sur le Pentateuque et le Livre de Josué. dans lequel il contestait l’authenticité et la crédibilité inconditionnelle de ces livres par des arguments familiers depuis longtemps, mais aujourd’hui tout à fait désuets et renversés en Allemagne. Au cours d’un voyage en Angleterre entrepris pour sa défense, il fut excommunié et déposé par un synode des évêques sud-africains au Cap. Le Conseil privé, en tant que cour ecclésiastique suprême en Angleterre, l’acquitta, ainsi que les auteurs des Essais, de l’accusation d’hérésie. Une aide importante pour la diffusion des opinions religieuses libérales est fournie par la conférence Hibbert. Robert Hibbert (mort en 1849), un riche particulier de Londres, affecta l’intérêt annuel d’une somme considérable à « la propagation du christianisme dans sa forme la plus simple ainsi qu’à la promotion de l’exercice sans entrave du jugement individuel en matière de religion ». Les administrateurs Hibbert sont dix-huit laïcs qui distribuent les revenus en complétant les salaires des ecclésiastiques mal payés d’opinions libérales, en offrant des bourses aux étudiants en théologie dans le pays et à l’étranger, et d’autres manières similaires, mais depuis 1878 surtout, sur l’avis d’érudits distingués, en dotant des cours annuels de conférences, publiés par la suite, sur des sujets du domaine de la philosophie. la critique biblique, la science comparée de la religion et l’histoire de la religion. Le premier conférencier Hibbert fut le célèbre professeur d’Oxford, Max Müller, en 1878. Parmi les autres conférenciers, on peut citer Renan de Paris en 1880 ; Kuenen de Leyde en 1882 ; Pfleiderer de Berlin, en 1885. La bataille menée avec une grande passion de part et d’autre depuis 1869 pour et contre la suppression du Credo d’Athanase, ou du moins de ses anathèmes, de la liturgie n’a pas encore abouti à un résultat définitif.
202.5. Les dissidents protestants en Angleterre. — Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, toutes les lois et restrictions de l’acte de tolérance de 1689 (155, 3) s’est poursuivie avec force. Mais en 1779, l’obligation pour les dissidents protestants de souscrire aux Trente-neuf Articles fut abolie et remplacée par la reconnaissance de la Bible comme parole révélée de Dieu. Le droit de fonder leurs propres écoles, qui leur avait été refusé jusque-là, leur fut accordé en 1798. En 1813, les sociniens furent également inclus parmi les dissidents qui devaient jouir de ces privilèges. Après une lutte acharnée, les lois sur la corporation et les tests furent mises de côté en 1826, ce qui permit à tous les dissidents d’accéder au Parlement et à toutes les fonctions civiles. La nécessité de se marier et de faire baptiser ses enfants dans une église épiscopale a été supprimée par la loi sur le mariage et l’enregistrement de 1836 et 1837, et les procès en divorce ont été transférés de l’ecclésiastique à un tribunal civil en 1857. En 1868, les taxes ecclésiastiques obligatoires pour l’église paroissiale épiscopale sont abolies. Le projet de loi de 1854 sur l’université de Lord Russell, en restreignant l’abonnement des trente-neuf articles aux étudiants en théologie, ouvrit les universités d’Oxford et de Cambridge aux dissidents, tandis que le projet de loi de 1871 sur les tests universitaires rendit les adhérents de toutes les confessions religieuses éligibles à tous les honneurs et émoluments universitaires dans les deux séminaires. C’est ainsi qu’une restriction après l’autre fut supprimée, de sorte qu’enfin l’Église épiscopale n’a plus rien de ses privilèges exclusifs au-delà du rang et du titre d’une Église d’État, et la possession intacte de toutes ses anciennes propriétés, dont ses prélats tirent des revenus princiers.
Les saints de la Révolution anglaise avaient en effet résolu en 1653 d’introduire le mariage civil (162, 1). Mais la réaction de Cromwell mit de côté cette loi impopulaire, et la Restauration fit du mariage par un pasteur anglican, même pour les dissidents, une condition indispensable de la reconnaissance légale. Mais dans aucun pays, surtout parmi les ordres supérieurs, les mariages privés, à l’insu et sans le consentement de la famille, n’étaient aussi fréquents qu’ici, et l’on trouvait toujours des ecclésiastiques assez peu scrupuleux pour célébrer de tels mariages dans des tavernes ou dans d’autres lieux commodes. Lorsqu’un acte du Parlement de 1753 eut mis fin à de telles irrégularités sur le sol anglais, les amants qui cherchaient à se marier secrètement se rendirent en Écosse. Dans ce pays, prévalait, et prévaut encore, la théorie selon laquelle une déclaration de bonne volonté de part et d’autre constitue un mariage parfaitement valide. La loi ecclésiastique écossaise exige en effet la proclamation et la cérémonie de l’église, mais le non-respect de cette exigence n’est suivi que d’une petite amende pécuniaire. Les couples anglais fugitifs faisaient généralement la déclaration nécessaire devant un forgeron de Gretna-Green, qui était également juge de paix dans ce petit village frontalier, et étaient alors des personnes légitimement mariées selon la loi écossaise. Ce n’est qu’en 1856 que tous les mariages célébrés de cette manière sans résidence préalable en Écosse furent déclarés invalides par une loi du Parlement.
202.7. L’Église d’État écossaise. — L’Église presbytérienne d’Écosse, depuis le début strictement calviniste dans sa constitution, sa doctrine et sa pratique, a, d’une manière générale, conservé ce caractère. Ce n’est que récemment que l’effort des soi-disant modérés pour introduire un type de doctrine plus doux a gagné la faveur. L’Église établie, en tant qu’Église nationale proprement dite et reconnue par la loi, date de l’union politique de l’Angleterre et de l’Écosse dans le royaume de Grande-Bretagne en 1707, et l’Église épiscopale anglicane y était alors réduite à une dénomination dissidente faiblement représentée. Le patronage, mis de côté à l’époque de la Réforme, mais rétabli sous la reine Anne en 1712, et depuis lors, malgré toute l’opposition du parti le plus strict, continua, parce qu’il était souvent utilisé à mauvais escient pour assurer l’intrusion de ministres inacceptables dans les congrégations, donna lieu à des sécessions répétées. C’est ainsi que l’Église de la Sécession se sépara en 1732, et l’Église de Secours en 1752, cette dernière allant au-delà de la protestation de la première contre le patronage par une répudiation inconditionnelle de l’érastianisme, c’est-à-dire de la théorie du lien nécessaire entre l’Église et l’État (144, 1), et l’affirmation de l’indépendance spirituelle de l’Église, et exprimait fermement les principes du volontariat, c’est-à-dire le paiement de tous les officiers ecclésiastiques, etc., par des contributions volontaires. Les deux partis s’unirent en 1847 dans l’Église presbytérienne unie, qui englobe aujourd’hui un cinquième de la population. En 1834, l’Assemblée générale de l’Église d’Écosse accorda aux congrégations le droit d’opposer leur veto aux présentations aux postes vacants. Les tribunaux civils, cependant, confirmèrent le droit absolu des protecteurs et, à l’assemblée de 1843, environ deux cents ministres parmi les plus distingués, avec à leur tête le grand docteur Chalmers (mort en 1847), quittèrent l’Église d’État et, en tant que non-intrusifs, fondèrent l’Église libre d’Écosse, qui forma à ses propres frais de nouvelles paroisses et se distingua par le zèle chrétien dans toutes les directions. Elle diffère de l’Église presbytérienne unie en ce qu’elle restreint son opposition à l’abus du favoritisme, sans pour autant répudier toute forme d’aide et de dotation de l’État comme étant non évangélique. Mais même pour elle, la loi votée en 1846, accordant à toutes les congrégations le droit de veto, ne semblait plus être un motif suffisant pour revenir à l’Église d’État. Même lorsqu’en 1874, le parlement, à l’appel du gouvernement, abolit formellement les droits de patronage dans toute l’Écosse et donna aux congrégations le droit de choisir leurs propres ministres, l’assemblée générale de l’Église libre, à une grande majorité, refusa de se réunir avec l’Église d’État si près d’elle, parce qu’elle concédait aux tribunaux civils une ingérence injustifiée dans ses affaires intérieures. surtout le droit de suspendre son clergé.559
Le consistoire de Glasgow a déposé devant le Synode presbytérien uni d’Édimbourg en 1878 une accusation d’hérésie contre le révérend Fergus Ferguson, parce que son enseignement était en conflit avec la doctrine de l’expiation de l’Église en disant que les pécheurs, sans l’intervention du Christ, ne souffriraient pas le châtiment éternel mais l’extinction, et que le même sort attendait encore les incroyants et les impénitents. Après cinq jours de violentes discussions, la majorité du synode, tout en étant fortement en désaccord avec ses vues et en l’exhortant à l’éviter dans sa prédication et sa catéchèse, décida de le maintenir dans ses fonctions comme ayant prouvé son adhésion à la doctrine orthodoxe de l’expiation. Mais quand, au synode de l’année prochaine, le Rév. Macrae de Gourock affirma que, malgré la Confession de Westminster, il était permis aux ministres de nier l’éternité du châtiment, et qu’il ne promettrait pas de prêcher autrement, il fut déposé à l’unanimité. — Beaucoup plus excitante et plus longue fut la procédure commencée dans l’Église libre en 1876, contre le professeur Robertson Smith d’Aberdeen, qui fut accusé devant son consistoire de déclarations offensantes sur les anges. mais surtout en contredisant l’inspiration de l’Écriture en contestant la paternité mosaïque du Deutéronome. Après que diverses propositions de déposition, de suspension, de réprimande, d’acquittement eurent été faites, l’Assemblée générale de 1880, après de longues délibérations et discussions, à la majorité, trouva que l’accusation d’hétérodoxie n’était pas prouvée, mais exhorta instamment les accusés à plus de circonspection et de modération, et la décision fut accueillie par un tonnerre d’applaudissements de la part des étudiants et par des mouchoirs agités par les dames présentes. Mais quand, très peu de temps après cet acquittement, plusieurs autres contributions de lui parurent dans l’Encyclopædia Britannica, sur la langue et la littérature hébraïques, et dans Aggée, dans l’esprit de la critique de Wellhausen (182, 18), ainsi qu’un article sur le culte des animaux chez les Arabes et dans l’Ancien Testament, dans le Journal of Philology, la Commission siégeant à Édimbourg a rétabli les poursuites contre lui. En octobre 1880, Smith justifia devant ce tribunal son attitude scientifique à l’égard de l’Ancien Testament, soutenant qu’une critique modérée des livres bibliques était conciliable avec le maintien de leur autorité inspirée. La majorité de la Commission a toutefois voté en faveur de son expulsion de son fauteuil. Smith protesta à la fois contre la compétence et contre le jugement de la Commission, mais se déclara prêt à se soumettre au jugement de l’Assemblée générale. Entre-temps, il accepta une invitation de Glasgow à y donner des conférences publiques sur l’Ancien Testament, qui furent accueillies avec une faveur extraordinaire. Ce cours a été publié sous le titre : « L’Ancien Testament dans l’Église juive ». L’assemblée générale de mai 1881 décida à une forte majorité de le démettre de sa chaire académique, tout en conservant sa licence et son salaire de professeur, ce que Smith refusa. Mais ses nombreux sympathisants lui offrirent une bibliothèque scientifique d’une valeur de 3 000 livres et lui promirent une allocation annuelle égale à son ancien salaire. En 1883, il fut nommé professeur d’arabe à Cambridge et les revenus importants de ce poste lui permirent de décliner l’offre de ses amis.560
202.9. L’Église catholique en Irlande. — Les habitants catholiques de l’Irlande, sous la direction de propriétaires protestants, et forcés de payer la dîme pour l’entretien du clergé protestant, ont toujours été privés des droits civils. En 1809, O’Connell (mort en 1847), agitateur d’une grande éloquence populaire, se mit à la tête du peuple opprimé, afin d’assurer constitutionnellement la liberté et l’égalité religieuses et politiques. Finalement, en 1829, le projet de loi d’émancipation, soutenu par Peel et Wellington, fut adopté, qui, sur la base de la déclaration formelle de tout l’épiscopat catholique, selon laquelle l’infaillibilité papale et la souveraineté papale en matière civile ne faisaient pas partie de la foi catholique et ne pouvaient y être jointes ni en Irlande ni nulle part ailleurs dans le monde catholique. a donné aux catholiques l’admission au parlement et à toutes les fonctions civiles et militaires. Mais les dîmes haïes sont restées et ont été appliquées, lorsqu’elles ont été refusées, par la force militaire. Après de longs débats dans les deux chambres du Parlement, le projet de loi sur la dîme fut adopté en 1838, qui transférait la dîme des locataires aux propriétaires sous forme d’impôt foncier, ce qui, cependant, n’était qu’un ajournement de la question. C’est ainsi qu’O’Connell la considéra. Il déclara que la justice pour l’Irlande ne pouvait être obtenue qu’en abolissant l’union législative avec la Grande-Bretagne qui existait depuis 1800 et en rétablissant son parlement indépendant. À cette fin, il organisa l’Association pour l’abrogation. En 1840, un autre agitateur populaire non moins puissant se leva en la personne du capucin irlandais, le père Mathew, l’apôtre de la tempérance, qui, avec un succès sans pareil, persuada à des milliers de personnes dégradées par la boisson de faire vœu d’abstinence de liqueurs spiritueuses. Il se tenait à l’écart de toute agitation politique, mais les fruits de ses efforts étaient tous en sa faveur. En 1843, O’Connell organisa des réunions monstres, auxquelles assistèrent des centaines de milliers de personnes. Le gouvernement le fit juger, le jury le déclara coupable, mais la Chambre des lords annula la condamnation et le libéra de prison en 1844. Le ministère Peel s’efforça alors d’apaiser l’excitation en adoptant en 1845 le Legacy Act, qui permettait aux catholiques de détenir des biens en leur propre nom, et le projet de loi Maynooth, par lequel le séminaire théologique de Maynooth recevait une riche dotation de l’État. La famine persistante et l’émigration de plusieurs centaines de milliers de personnes vers l’Amérique et l’Australie qui en résultèrent soulagea l’Irlande d’une partie considérable de sa population catholique, tandis que les missions protestantes, par la distribution de la Bible et des tracts et par les écoles, réussirent quelque peu à évangéliser ceux qui restaient. Le 5 novembre 1855, jour anniversaire de la conspiration des poudres, les Rédemptoristes de Kingstown, près de Dublin, érigèrent et brûlèrent dans les rues publiques un grand feu de joie de Bibles qu’ils avaient saisies, et l’archevêque primat d’Irlande le justifia en se référant à l’exemple des croyants d’Éphèse (Actes XIX. 19).
202.10. Le mouvement fénien, originaire des Irlandais d’Amérique, qui, depuis 1863, a créé une telle terreur parmi les Anglais, a été le résultat d’une agitation politique plutôt que religieuse. Bien que ce mouvement ait échoué dans son but propre, à savoir la séparation complète de l’Irlande et de l’Angleterre, il a cependant imposé au gouvernement la conviction de la nécessité absolue de répondre aux justes demandes des Irlandais par des réformes profondes et de mettre fin aux oppressions que les fermiers indigènes ont subies de la part des propriétaires étrangers. et les griefs endurées par l’Église catholique par le maintien de l’Église anglicane établie en Irlande. L’exécution de ces réformes fut le service rendu par le ministère Gladstone. Par le projet de loi sur les terres irlandaises de 1870, la question foncière a été résolue conformément aux exigences de la justice, et par le projet de loi sur l’Église irlandaise de 1869, qui a privé l’Église anglicane en Irlande du caractère d’Église d’État et l’a mise sur le même pied que les autres confessions, la question de l’Église a été réglée de la même manière. Les dignitaires de l’Église anglicane perdirent ainsi leur poste de fonctionnaires de l’État et leur siège à la Chambre des lords. Les riches biens de l’Église jusque-là établie furent calculés et appliqués en partie à compenser les pertes causées par cette réforme, en partie à créer des institutions de bienfaisance pour le bien général. Mais ni le projet de loi sur l’Église, ni le projet de loi sur les terres, ni le projet de loi sur les universités, qui fonda en 1880 avec l’aide de l’État une université catholique à Dublin, n’assurèrent la réconciliation des Irlandais. « Haine éternelle de l’Angleterre » était et est toujours le cri de guerre ; « L’Irlande pour les Irlandais, et rien que pour eux », tel est leur mot d’ordre. Afin de mener à bien ce projet, une « Ligue nationale » irlandaise fut formée, et d’innombrables « Moonlighters » secrets, sous la direction supposée du « capitaine Moonshine », commirent des atrocités en brûlant des fermes et en mutilant du bétail, en assassinant et en massacrant à coups de poignard et de revolver, de pétrole et de dynamite, et en dirigeant leurs opérations contre les représentants du gouvernement, contre les propriétaires qui cherchaient à obtenir des rentes. contre les locataires qui payaient un loyer, contre les fonctionnaires qui s’efforçaient de le faire respecter, et contre tout ce qui était ou s’appelait anglais. Afin de couper à la racine de cette anarchie, qui, par la proclamation de l’état de siège, n’a été que restreinte, et non renversée, le gouvernement de 1881 a adopté de nouvelles réformes agraires : tous les droits des tenanciers devaient être achetés par l’excédent du fonds formé par la dissolution de l’église irlandaise, et lorsque cela ne suffisait pas, par des subventions de l’État, et le droit de conclure des contrats de location et d’en déterminer le montant était transféré des propriétaires à un tribunal foncier nouvellement constitué, sans l’autorisation duquel, après l’expiration du terme de quinze ans, aucun contrat de location ne pouvait être conclu. Mais même cela n’a pas empêché les meurtres et les actes de destruction répétés presque quotidiennement. Le gouvernement demanda alors l’aide du pape par l’intermédiaire d’un député catholique en visite à Rome ; mais ces négociations, purement confidentielles, n’aboutirent pas à des résultats considérables. En mai 1883, la curie, à l’occasion d’une collecte promue par la Ligue nationale comme un magnifique cadeau national au grand chef (protestant) de l’agitation, M. Parnell, dans une lettre circulaire, interdisait « proprio motu », les évêques prenant de la manière la plus stricte toute part au mouvement, et les exhortait à dissuader leurs membres de le faire. Mais seul ArcL’évêque McCabe de Dublin (mort en 1885), d’abord opposé à la Ligue, publia un pastoral contre celle-ci qui devait être lu dans toutes les chaires de son diocèse. Les autres évêques ignoraient l’ordre papal et, parmi les catholiques, l’opinion s’éleva qu’ils devaient au pape obéissance dans les affaires spirituelles, mais non dans les questions politiques. Les collectes pour le fonds Parnell se poursuivirent avec un zèle redoublé. Les tentatives des dynamitards, approvisionnés en matériaux par leurs compatriotes américains, et autres délits agraires n’ont pas encore été définitivement arrêtés.
202.11. L’Église catholique en Angleterre et en Ecosse.―L’Acte d’émancipation, passé principalement pour le soulagement des Irlandais, profita naturellement aussi aux catholiques anglais, qui, en 1791, avaient été autorisés à célébrer des offices catholiques. Conduit par les nombreuses adhésions des Puseyites pour entretenir les espoirs les plus extravagants, Pie IX. En 1850, il publia une bulle par laquelle la hiérarchie catholique romaine en Angleterre fut rétablie avec douze évêchés suffragants sous l’autorité d’un archevêque de Westminster. La bulle provoqua une grande excitation dans la population protestante (agression anti-papale), et le projet de loi sur les titres ecclésiastiques interdisait l’utilisation de titres ecclésiastiques non sanctionnés par la loi du pays. Après que la première excitation fut passée, les évêques catholiques, à leur tête le savant, brillant et zélé cardinal ultramontain Wiseman (mort en 1865), et son successeur, le surpassant, sinon en génie et en érudition, du moins en zèle ultramontain, le converti puseyite Manning, fait cardinal en 1875, utilisèrent impunément leurs titres condamnés, jusqu’à ce qu’en 1871 le projet de loi sur les titres ecclésiastiques soit officiellement révoqué par une loi du parlement. Les conversions dans les familles nobles ont été particulièrement nombreuses dans les décennies suivantes. Depuis 1850, le nombre de catholiques en Angleterre et en Écosse a quadruplé. Cela a été causé en grande partie par l’émigration irlandaise, car les rangs moyens et inférieurs des Anglais ont à peine été touchés par la fièvre de conversion, qui, dernière forme de l’humeur capricieuse des Anglais, a eu une si riche moisson dans les familles de la noblesse. En 1780, tout Londres n’avait qu’un seul lieu de culte catholique, la chapelle de l’ambassade de Sardaigne, qui, le 2 juin de la même année, fut détruite et incendiée par une foule déchaînée. Aujourd’hui, la capitale anglaise compte deux diocèses épiscopaux, quatre-vingt-quatorze églises et chapelles catholiques (en plus d’environ 900 églises anglicanes) avec 313 ecclésiastiques et quarante-quatre cloîtres. À la Chambre des lords siègent vingt-huit pairs catholiques, et dans les deux pays, il y a quarante-sept baronnets catholiques. Depuis 1847, l’Angleterre a une université spécifiquement catholique à Kensington, sous l’épiscopat, et avec le pape comme chef suprême, qui, cependant, avec son personnel pauvre d’enseignants et son cours coûteux, n’attire qu’un petit nombre de jeunes catholiques d’Angleterre. Depuis l’échec de l’agression anti-papale de 1850, le peuple protestant s’est montré relativement indifférent à de telles hypothèses de la papauté. L’Écosse était assurée de l’exclusion absolue de toute sorte de hiérarchie catholique romaine pour les temps à venir. Mais, dans ces derniers temps, le nombre de ses habitants catholiques s’accrut si considérablement, que Pie IX. dans les dernières années de sa vie, non sans l’aide du gouvernement anglais, il insista avec empressement pour le rétablissement de la hiérarchie, et Léon XIII. Lors de son premier consistoire du collège cardinalice en mars 1878, il put procéder à des nominations dans les deux archidiocèses nouvellement érigés et dans leurs évêchés. Le dimanche de Pâques suivant, l’allocution qui s’y rapporte a été lue dans toutes les églises catholiques d’Écosse. La restauration s’effectua donc en dépit de toutes les protestations et manifestations des protestants écossais.
202.12. Les congrégations luthériennes allemandes en Australie.—Outre l’église anglicane dominante, l’émigration a conduit à la formation d’un nombre considérable de congrégations luthériennes allemandes, qui sont réparties en trois synodes.
En France, louée comme la fille aînée de l’Église après le renversement du premier Empire, l’ultramontanisme, sous la coopération secrète et ouverte des jésuites, a toujours surgi avec une jeunesse et une vigueur ravivées de toutes les convulsions politiques qui ont passé depuis dans le pays. Et bien qu’en effet le gallicanisme ait semblé reprendre de la vigueur sous le second Empire et, jusqu’à la fin de cette période, il ait trouvé de nombreux défenseurs compétents parmi les théologiens érudits comme Mgr Maret (189, 1), et même parmi les prélats exaltés comme le noble archevêque Darboy de Paris, martyr de sa charge sous la Commune ( 212, 4), son influence s’estompa peu à peu, et dans la dernière phase du développement politique de la France, la IIIe République, semble avoir complètement disparu, de sorte que même le « Kulturkampf » qui éclata en 1879 ne put lui redonner vie. Le nombre d’églises protestantes et de membres d’églises, malgré les persécutions sanglantes pendant la restauration des Bourbons, et de nombreuses restrictions arbitraires de la part des préfets catholiques sous le roi citoyen et le second Empire, par de nombreuses adhésions de congrégations entières et de groupes de congrégations par des efforts zélés d’évangélisation, par le biais de l’instruction scolaire, de la prédication itinérante et du colportage biblique, a quadruplé au cours du siècle. Dans l’Église réformée, l’opposition de l’orthodoxie méthodiquement teintée, renforcée par l’Angleterre et la Suisse romande, et de la libre pensée rationaliste, a conduit à de vifs conflits. Dans l’Église luthérienne également, plus fortement influencée par l’Allemagne, des discussions similaires ont surgi, mais un esprit plus conciliant a prévalu et les luttes violentes ont été évitées.
203.1. L’Église de France sous Napoléon Ier. — En 1801, Napoléon, en tant que consul, conclut avec Pie VII. un Concordat qui, adoptant le concordat de François Ier. ( 110, 14), abandonnant la pragmatique sanction de Bourges, et se contentant de marchander les limites à fixer aux deux pouvoirs, ne songeait pas à l’idée d’une saine réforme intérieure de l’Église française : le catholicisme est la religion reconnue de la majorité du peuple français ; les biens de l’Église appartiennent à l’État, avec l’obligation d’entretenir le clergé et les ordonnances ; les membres du clergé qui avaient prêté serment et ceux qui avaient été expatriés devaient tous démissionner, mais ils étaient éligibles ; de nouvelles limites devaient être tracées pour les diocèses épiscopaux en fonction des divisions politiques du pays ; Le gouvernement élit et le pape confirme les évêques, et ceux-ci, avec l’approbation du gouvernement, nomment les prêtres. Les Articles organiques unilatéraux du premier consul de 1802, qui furent annexés à la publication du Concordat en tant que code de règlements explicatifs, subordonnaient toute proclamation des ordres pontificaux et des décrets de tous les conciles étrangers à l’autorisation préalable du gouvernement, ainsi que la convocation des synodes et des assemblées consultatives du clergé. Ils ordonnèrent en outre que tous les services officiels du clergé seraient gratuits, et transférèrent au conseil civil le droit et le devoir d’enquêter strictement sur toute violation des lois civiles par le clergé et sur tout abus ou exercice excessif de l’autorité cléricale. Le trente-et-unième article, cependant, créa ce malheureux ordre de desservants ou vicaires, dont le résultat fut que des nominations provisoires furent faites à la plupart des bénéfices, afin de comprimer la solde de l’État en plus des dotations ecclésiastiques insuffisantes, et que leurs détenteurs étaient donc à la merci absolue des évêques qui pouvaient les transporter ou s’en dispenser à tout moment. Pour plus de détails sur les relations amicales et hostiles de Napoléon et du pape, voir 185, 1. Par un décret impérial de 1810, les quatre articles de l’Église gallicane ( 156, 3) ont été faites lois de l’Empire ; et un concile national français de 1811 chercha à achever la reconstruction de l’église selon les idées de Napoléon, mais se révéla tout incapable d’une telle tâche, et fut donc dissous par l’empereur lui-même. un appendice fut joint aux articles organiques, leur assurant la liberté de culte et l’égalité politique et municipale avec les catholiques. Pour former les ministres de l’Église réformée, un séminaire théologique fut fondé à Montauban, et pour les luthériens une académie avec un séminaire à Strasbourg. Par la suite, Napoléon se montra également prêt à aider les protestants. Il était tout aussi prompt à reconnaître l’opinion publique en France. En 1804, l’Institut national de France offrit un prix pour un essai sur l’influence de la Réforme de Luther sur la formation et le progrès de la vie nationale européenne, et le décerna au traité du médecin catholique Villers (Essai sur l’influence de la réf. de Luther, etc.), qui glorifiait à tous égards le protestantisme. Même le clergé catholique du premier Empire fit preuve d’un tempérament facile et d’une tolérance comme on n’en a jamais montré auparavant ou depuis. La loi sur le mariage civil obligatoire introduite par la Révolution en 1792, a été introduite dans le Code Napoléon en 1804, et a été introduite avec elle en Belgique et dans les provinces du Rhin.561
203.2. La Restauration et le Royaume Citoyen.— La Charte de la Restauration des Bourbons sous Louis XVIII. (1814-1824) et Charles X. (1824-1830) a fait du catholicisme la religion d’État et a accordé la tolérance et la protection de l’État aux autres confessions. Un nouveau concordat est conclu avec Pie VII. en 1817, par laquelle celui de Napoléon de 1801, avec les articles organiques de l’année suivante, furent abrogés, et l’état des choses d’avant 1789 rétabli par la nation, fut si vigoureusement combattu par la nation, que le ministère fut obligé de retirer la mesure introduite dans les deux chambres pour lui donner une sanction législative. L’ultramontanisme, cependant, sous sa forme la plus hardie, constamment favorisé par le gouvernement, prévalut bientôt parmi le clergé à un point tel que toute inclination au gallicanisme fut dénoncée comme une hérésie et l’intolérance du protestantisme louée comme de la piété. Dans le sud de la France, la haine rallumée de la foule catholique contre les réformés éclata en 1815 dans une persécution brutale et sanglante. Le gouvernement garda le silence jusqu’à ce que l’indignation de l’Europe l’obligeât à réprimer les atrocités, mais les coupables restèrent impunis. La connivence de ce gouvernement dans une telle anarchie contribua largement à son renversement lors de la révolution de juillet 1830. L’Église catholique perdit alors à nouveau le privilège d’une religion d’État, et les protestants jusque-là persécutés et opprimés obtinrent des droits égaux à ceux des catholiques. Mais même sous le nouveau gouvernement constitutionnel d’Orléans, l’ultramontanisme ne tarde pas à se réaffirmer. Les protestants eurent à se plaindre de beaucoup d’injures et d’injustices de la part des préfets catholiques, et le ministre protestant Guizot réclama pour la France le protectorat de tout le monde catholique. Pendant ce temps, l’Église réformée prospérait, bien qu’hésitant entre l’étroitesse méthodique et la superficialité rationaliste, se développant à la fois intérieurement et extérieurement, et les communautés luthériennes, qui en dehors de l’Alsace n’étaient que faiblement dispersées, jouissaient également d’une grande prospérité. Dans la révolution de février 1848, le clergé catholique se soumit volontiers au roi citoyen Louis-Philippe, et, sous prétexte que l’Église catholique convient à toute forme de gouvernement qui n’accorde la liberté qu’à l’Église, il ne refusa pas sa bénédiction à l’arbre de la liberté avec le peuple souverain sur les barricades.
203.3. L’Église catholique sous Napoléon III. — Louis-Napoléon, en tant que président de la nouvelle république (1848-1852), et plus nettement encore en tant qu’empereur (1852-1870), enclin à suivre les traditions de son oncle, considérait le concordat de 1801 comme toujours légalement en vigueur et semblait particulièrement désireux d’exciter le zèle pour les libertés gallicanes. Bien que ses baïonnettes aient assuré le retour du pape à Rome (185, 2) et même après avoir soutenu son autorité là-bas, il n’a pas exaucé le vœu du cœur de l’empereur par la grâce du peuple de placer la couronne impériale sur sa tête en sa propre personne. Les relations entre la cour impériale et l’épiscopat se tendirent fortement en 1860 à la suite d’un pamphlet contre la papauté inspiré par le gouvernement (185, 3). Dupanloup, évêque d’Orléans, était l’un des défenseurs les plus anciens et les plus déterminés des intérêts du siège pontifical, et de Poitiers, l’empereur était assez ouvertement qualifié de second Pilate. Le gouvernement ne s’aventura pas directement à s’immiscer entre les deux, mais rappela aux évêques que les différends de l’empereur avec le pape ne concernaient que les affaires temporelles. Il interdit également la formation de sociétés séparées pour la collecte du denier de Pierre, et dissout les sociétés de Saint-Vincent, instituées à des fins de bienfaisance, mais utilisées à mauvais escient pour des agitations ultramontaines. Lorsque l’archevêque Desprez de Toulouse, comme ses prédécesseurs en 1662 et 1762, le 16 mai 1862, avec des phrases pompeuses de piété, institua la fête jubilaire du fait glorieux, par laquelle à Toulouse, trois cents ans auparavant, au moyen d’une trahison honteuse et d’un vil manquement aux engagements, 4 000 protestants furent assassinés ( 139, 15), un cri d’indignation s’éleva de presque tous les journaux français et le gouvernement interdit le cérémonial. Il refusa également la permission de proclamer l’encyclique pontificale avec le syllabus (185, 2) et condamna plusieurs évêques qui avaient désobéi pour avoir abusé de leur charge. Cependant, sous l’influence de l’impératrice ultramontaine Eugénie, les rapports du gouvernement avec la curie et le haut clergé de l’empire, l’un ne pouvant se passer de l’autre, devinrent plus amicaux et plus intimes, jusqu’à ce que le jour de Sedan, le 2 septembre 1870, mit fin à l’empire napoléonien et au pouvoir temporel de la papauté qu’il avait maintenu.
203.4. Les Eglises protestantes sous Napoléon III. — Après la révolution de 1848, les luthériens, réunis à Strasbourg, et les réformés à Paris se consultèrent sur une nouvelle organisation de leurs églises. Mais comme celui-ci résolut, pour maintenir l’union constitutionnelle au milieu de la diversité doctrinale, de mettre entièrement de côté le symbole et le dogme, le pasteur Monod et le comte Gasparin, nobles défenseurs du protestantisme français, déposèrent une protestation et, avec trente congrégations du parti strict, constituèrent à Paris en 1849 un nouveau concile, indépendant de l’État, sous le nom d’Union des églises évangéliques de France avec des synodes biennaux. Louis-Napoléon donna à l’Église réformée un concile central à Paris avec des consistoires et des presbytères ; aux luthériens, un consistoire général annuel en tant que tribunal législatif et un directoire permanent en tant que tribunal administratif. La faculté de théologie luthérienne de Strasbourg, avec sa vigoureuse science non confessionnelle, représente l’école la plus occidentale de la théologie de Schleiermacher. L’académie de Montauban, avec Adolphe Monod à sa tête, représente l’orthodoxie réformée, non pas strictement confessionnelle mais teintée de piété méthodique, et Coquerel, à Paris, était le chef du parti rationaliste de l’Église nationale réformée. Depuis 1830, la Société évangélique de Paris a pris la tête de la réaction contre le rationalisme qui, dans le but de la protestantisation de la France, et utilisant à cette fin le colportage de la Bible, la distribution de tracts, l’envoi d’évangélistes, l’instruction scolaire, etc., a développé une activité extraordinairement agitée et couronnée de succès. Elle a été puissamment soutenue par la société évangélique de Genève. Le nombre des ecclésiastiques protestants en France n’a cessé d’augmenter, et presque chaque année, à l’intérieur et à l’extérieur de la population catholique, de nouvelles congrégations évangéliques se sont formées, malgré les difficultés sans fin que les tribunaux catholiques ont mises sur le chemin. À Strasbourg, en 1854, les jésuites persuadèrent les préfets catholiques de rappeler et d’arrêter les revenus de l’ancien institut Saint-Thomas, qui, depuis la Réforme, avaient été affectés à l’entretien d’un gymnase protestant. Le préfet de Paris, cependant, reçut l’ordre de renoncer à ses prétentions. Dans le discours du trône de 1858, l’empereur déclara que le gouvernement assurait aux protestants la pleine liberté de culte, sans oublier cependant que le catholicisme est la religion de la majorité, et le Moniteur commenta ce discours impérial d’une manière si évidente dans l’esprit de l’Univers, que les préfets ne pouvaient douter de la manière de le comprendre. Par le général Espinasse, qui, après l’attentat d’Orsini contre l’empereur en 1858, exerça longtemps les fonctions de ministre de l’Intérieur, les préfets reçurent l’ordre exprès d’étendre leur espionnage de la presse maltraitée aux travaux des sociétés évangéliques, et d’interdire le colportage des Bibles protestantes. Cependant, à la suite d’un changement de ministre, cette dernière loi fut retirée et seuls les agents des sociétés bibliques étrangères furent intervenus. Par un décret impérial de 1859, le droit d’autoriser l’ouverture de nouvelles églises et chapelles protestantes fut retiré aux tribunaux locaux et transféré au conseil d’État impérial. Pour chaque congrégation protestante, dès qu’elle compterait 400 âmes, le salaire légal de l’État pour les ecclésiastiques serait payé.
203.5. L’Église catholique dans la IIIe République française.―Le gouvernement Gambetta, la revendication nationale du 4 septembre 1870, résigna son pouvoir en février 1871 entre les mains de l’Assemblée nationale élue par toute la nation, qui, bien que par l’influence cléricale sur les électeurs principalement monarchiques et cléricaux, nomma le vieux Thiers voltairien (mort en 1877), ancien ministre président de Louis-Philippe, seul qualifié pour le difficile poste de président de la République. Dans le second vote nécessaire, en effet, il y a eu une augmentation considérable du parti républicain et, comme tel, profondément anticlérical ; mais, même dans ses rangs, on admettait que l’établissement de la France comme chef de file de toute l’Europe dans la lutte contre l’ultramontanisme et la coopération du clergé en ce sein étaient les moyens absolument indispensables de la revanche politique, après laquelle le cœur de tous les Français aspirait comme le cœur aux ruisseaux. Une pétition de cinq évêques et d’autres dignitaires à l’Assemblée nationale pour le rétablissement du pouvoir temporel du pape a été rejetée comme inopportune. Mais Mgr Guibert, archevêque de Paris, sans demander l’avis du gouvernement, proclama le dogme de l’infaillibilité, et le ministre de l’Instruction publique, Jules Simon, se contenta d’avertir amicalement l’épiscopat contre toute nouvelle démarche illégale de ce genre. Le parti clérical réussit aussi à protester auprès de l’Assemblée nationale contre la loi sur l’instruction publique qui, en élevant le niveau de l’instruction, en la plaçant sous la tutelle de l’État et en rendant obligatoire l’inspection des écoles, proposait de mettre fin à la terrible ignorance du peuple français, cause principale de sa profonde décadence. Mgr Dupanloup, évêque d’Orléans, fut nommé président de la commission chargée de l’examiner, et son sort fut ainsi scellé. Pendant ce temps, le peuple, par de fréquentes manifestations de la Vierge, était excité à un haut degré d’excitation religieuse. Des foules de pèlerins, encouragées par des guérisons miraculeuses, affluaient à Notre-Dame de La Salette, à Lourdes, etc. (188, 6), et la consécration de Notre-Dame de la Délivrance à Bayeux fut célébrée comme une brillante fête nationale. Quand, en mai 1873, Thiers céda devant les machinations de ses adversaires et que, sous le nouveau président, le maréchal de Mac-Mahon, le ministère tout clérical du duc de Broglie obtint la direction des affaires, l’engouement pour les pèlerinages, la mariolâtrie et la piété ultramontaine, aidés des préfets et des maires, augmentèrent d’une ampleur sans pareille dans tous les rangs. Sous le gouvernement Buffet de 1875, l’influence du cléricalisme ne faiblit pas. C’est à lui qu’elle doit sa plus importante acquisition, le droit de créer des universités catholiques libres, entièrement indépendantes de l’État, avec le privilège de conférer des grades. Mais lorsqu’en 1876 les nouvelles élections à l’Assemblée nationale donnèrent une majorité anticléricale, Buffet fut obligé de démissionner. Le nouveau ministère Dufaure, avec le protestant Waddington comme ministre de l’Instruction, déclara en effet qu’il maintenait la liberté d’instruction, mais refusa catégoriquement le droit de conférer des grades. La proposition en ce sens a reçu le soutien chaleureux de la nouvelle Chambre des députés. Mais la jubilation des cléricaux fut d’autant plus grande que le sénat, à une faible majorité, refusa son consentement, et que l’on continua avec d’autant plus d’empressement à fonder de nouvelles universités catholiques libres, à Paris, à Angers, à Lyon, à Lille et à Toulouse, mais, malgré tous les efforts, elles n’attirèrent qu’un très petit nombre de savants, en 1879. Lorsqu’ils ont le plus prospéré, il n’y avait que 742 étudiants dans les cinq.
203.6. Le Kulturkampf français, 1880. — Le ministère Dufaure fut remplacé en décembre 1876 par le ministère semi-libéral de Jules Simon, qui fut de nouveau chassé sommairement par le président Mac-Mahon le 16 mai 1877, et remplacé, à la dissolution de la chambre, par un ministère clérical sous le duc de Broglie. Mais dans la chambre nouvellement élue, la majorité républicaine anticléricale était si écrasante que Mac-Mahon, le 30 janvier 1879, abandonnant sa devise de gouvernement, J’y suis et j’y reste, fut enfin obligé, entre les alternatives que lui offrait Gambetta, Se soumettre ou se démettre, de choisir cette dernière. Son successeur fut Grévy, président de la Chambre, qui confia au protestant Waddington la formation d’un nouveau ministère dans lequel Jules Ferry était ministre de l’Instruction publique. En mars, Ferry présenta un projet de loi visant à abolir la représentation du clergé au Conseil supérieur de l’éducation par quatre députés archiépiscopaux, en continuant d’exercer les universités catholiques libres, mais en exigeant de leurs étudiants qu’ils s’inscrivent dans une université d’État qui seule pouvait organiser des examens et délivrer des diplômes, et enfin en décrétant par l’article 7 que le droit d’enseigner dans tous les établissements d’enseignement serait refusé aux membres de tous les ordres et congrégations religieux non reconnus par l’État. Les députés de la chambre acceptèrent ce projet sans amendement le 9 juillet, mais le sénat, le 7 mars 1880, après avoir adopté six articles, refusa d’adopter le septième. Le 29 mars, le président de la République promulgua de sa propre autorité deux décrets, basés d’ailleurs sur des textes antérieurs (1789-1852), tombés en désuétude, mais jamais abrogés ( 186, 2), demanda la dissolution de la Compagnie de Jésus, qui comptait 1 480 membres dans 56 institutions, dans un délai de trois mois, et insista pour que les ordres et congrégations non reconnus par l’État, qui regroupent 14 033 sœurs dans 602 institutions et 7 444 frères dans 384 institutions, demandaient en même temps par la production de leurs statuts et de leurs règles d’être formellement reconnus ou bien dissous. Une tempête de protestations de la part des évêques accueillit ces « décrets de mars », et des manifestations émeulentes faites devant le ministre de l’Instruction publique à sa résidence de Lille exprimèrent les protestations des étudiants de l’université catholique de cette ville. Le pape rompit alors sa réserve et, par l’intermédiaire d’un nonce, envoya au président de la République une lettre olographe dans laquelle il déclarait qu’il devait intervenir en faveur des jésuites et des ordres menacés, parce qu’ils étaient indispensables au bien-être de l’Église. Il ne souhaite pas qu’ils aient recours à des moyens illégaux, mais il faut comprendre qu’ils s’adressent aux tribunaux pour protéger leurs libertés civiles menacées. C’est pourquoi, lorsque la police se mit à expulser les jésuites de leurs maisons dans la matinée du 30 juin, ceux-ci déposèrent devant les tribunaux une plainte pour atteinte à leur paix domestique et atteinte à leur liberté personnelle. Leurs écoles ont été fermées le 31 août, à la fin de l’année scolaire ; En attendant, ils avaient pris la précaution de transférer la plupart d’entre eux dans ceux qui seraient prêts à les restituer par la suite. L’application du deuxième des décrets de mars contre les autres ordonnances a été retardée pendant un certain temps. Un compromis proposé par l’épiscopat, favorisé par le pape et non absolument rejeté même par le ministre Freycinet, successeur de Waddington, selon lequel, au lieu de Tous ces ordres devaient signer une déclaration de fidélité, s’engageant à éviter toute participation aux affaires politiques et à ne rien faire d’opposé à l’ordre existant, ce qui amena le renversement de ce ministère en septembre 1880, par les machinations du président de la chambre et dictateur latent, Léon Gambetta, pour d’autres motifs. À la tête du nouveau ministère se trouvait Ferry, qui détenait le portefeuille de l’instruction, et sous sa direction l’exécution du second décret de mars commença le 16 octobre 1880. Jusqu’à la réunion de la chambre en novembre 261, les monastères avaient été évacués ; le reste, comme dès le début, toutes les congrégations féminines, fut épargné, de sorte que la France, avec ses colonies et ses stations missionnaires, compte encore 4,288 établissements d’ordres spirituels masculins et 14,990 établissements féminins, les premiers avec environ 32,000, les seconds avec environ 166,200 pensionnaires. s’y opposait cependant farouchement. La police qui avait été convoquée pour ce devoir trouva des portes fermées et barricadées contre elles ou défendues par des paysans fanatiques et des foules de femmes hurlantes, de sorte qu’elles durent souvent être prises d’assaut et brisées par l’armée. Plus menaçante encore que cette opposition fut la réaction qui commença à s’affirmer à l’instigation des juristes presque ultramontains du pays, survivance de l’époque de Napoléon III. et Macmahon. L’avocat Rousse, qui a publiquement exprimé l’opinion que les décrets de mars étaient illégaux et donc non contraignants, a été soutenu par 2 000 avocats et plus de 200 sociétés d’avocats et par de nombreux juristes universitaires distingués. Plus de 200 fonctionnaires de l’État et de nombreux magistrats et policiers, ainsi que plusieurs officiers de l’armée, ont présenté leur démission afin d’éviter de participer à l’exécution des décrets. Lorsqu’il devint évident que les tribunaux invoqués par les jésuites rendraient des verdicts défavorables contre les exécuteurs du décret, ce qui fut bientôt fait par plusieurs tribunaux, le gouvernement interjeta appel de leur compétence devant le tribunal des conflits qui, également en fait, les déclara incompétents pour tous les cas de ce genre, et leurs décisions par conséquent nulles et non avenues ; mais les plaignants insistaient pour que leurs plaintes fussent portées devant un Conseil d’État comme le seul tribunal apte à connaître des accusations portées contre les fonctionnaires, ce qui, comme on pouvait s’y attendre, n’a pas été fait.
203.7. Dans le cours futur du « Kulturkampf » français, les mesures les plus importantes du gouvernement furent les suivantes : l’abolition de l’institut des aumôniers militaires, très utile pour l’ultramontanisation des officiers, fut effectuée en 1880, ainsi que l’obligation pour le clergé et les enseignants de faire un service militaire d’un an, et par la suite les escortes militaires à la procession de la Fête-Dieu furent également interdites. En 1880, le Conseil municipal de Paris, avec l’accord du préfet de la Seine, interdit la continuation de la belle construction de l’église du Cœur de Jésus commencée en 1875 à Montmartre (188, 12), confisquant l’emplacement qui lui avait été concédé. En 1881, les cimetières furent dépouillés de leur caractère confessionnel et, l’année suivante, le droit de les gérer, avec la permission d’une inhumation purement civile sans l’aide d’un ecclésiastique, fut transféré des autorités ecclésiastiques aux autorités civiles. En introduisant, en 1880, des lycées de jeunes filles avec internat, on mit fin à l’éducation des filles des rangs supérieurs dans les couvents, qui avait été jusque-là une pratique presque exclusive. La loi scolaire introduite par le ministre radical du culte, Paul Bert, et appliquée pour la première fois en octobre 1886, rendit la fréquentation obligatoire, relégua l’instruction religieuse entièrement à l’église et à la maison, et exclut absolument tout le clergé du droit de donner toute sorte d’instruction dans les écoles publiques, et exigea le retrait de tous les crucifix et autres symboles religieux des bâtiments scolaires. En décembre 1884, un impôt fut imposé sur les biens de tous les ordres religieux, l’allocation de l’État pour les cinq séminaires catholiques ne comptant que trente-sept étudiants fut supprimée, et beaucoup d’autres déductions importantes furent faites sur le budget du culte catholique, auxquelles le sénat s’opposa d’abord, mais qu’il finit par accepter. Le projet de loi sur le divorce, fréquemment présenté depuis 1881, qui permettait aux parties de se remarier et confiait la décision au tribunal civil, n’obtint la sanction du sénat qu’à la fin de juillet 1884. Les ecclésiastiques furent également très offensés par le décret de mai 1885 qui fermait l’église Sainte-Genoveva, l’ancien Panthéon, comme lieu de culte et en faisait à nouveau un lieu de sépulture pour des Français distingués. Cette résolution a d’abord été réalisée en y déposant la dépouille de Victor Hugo. Au milieu de ces blessures et de bien d’autres à ses intérêts, la curie romaine, concentrant toutes ses énergies sur le « Kulturkampf » allemand, s’efforça de maintenir les choses en arrière d’une manière modérée. Pourtant, en juillet 1883, le pape adressa au président Grévy une remontrance amicale mais sérieuse, qu’il traita simplement comme une lettre privée et, sans la communiquer officiellement à son cabinet, répondit qu’il ne pouvait pas agir en dehors du Parlement, mais que dans la mesure de ses moyens, lui et son ministère, ils chercheraient à éviter tout conflit avec le Saint-Siège. Et en fait, le gouvernement, surtout après le renversement du ministère Gambetta en 1882, s’opposa souvent avec succès à la proposition de la chambre radicale, par exemple la séparation de l’Église et de l’État, l’abrogation du concordat, le rappel de l’ambassade au Vatican, l’abolition des serments religieux dans les procédures judiciaires, l’arrêt de la subvention de l’État d’un million de francs pour le paiement des salaires des prêtres dans les séminaires. etc.
203.8. Les Eglises protestantes sous la IIIe République. — Depuis que les Réformés français commencèrent à imiter leurs compatriotes catholiques dans le chauvinisme sauvage, la haine fanatique de l’Allemagne et l’enthousiasme irraisonné pour la revanche, ils furent laissés par le parti clérical en marche sans être inquiétés en ce qui concerne la vie, la confession et le culte en temps de guerre. D’autre part, les luthériens, composés, bien que sur le territoire français, principalement d’émigrés et de colons allemands, même leurs membres français peu enclins à l’extravagance chauvine, furent obligés d’expier cette double offense par l’expulsion de leur maison et de leur foyer et par diverses atteintes à leurs intérêts ecclésiastiques. Après la conclusion de la paix, surtout sous le gouvernement modéré de Thiers, ce fanatisme s’est peu à peu refroidi, de sorte que les Allemands expulsés sont revenus et que les églises et les institutions qui avaient été détruites ont été restaurées, dans la mesure où les moyens le permettaient. Par le décret de Waddington, ministre de l’Instruction, en date du 27 mars 1877, au lieu de la faculté de théologie de Strasbourg, aujourd’hui perdue pour l’Église luthérienne française, une autre pour les deux Églises protestantes fut fondée à Paris. Au synode général convoqué à Paris, en juillet 1872, par le gouvernement pour réorganiser l’Église luthérienne, il fut résolu : de former deux inspections indépendantes l’une de l’autre : Paris, à prédominance orthodoxe, Mömpelgard, à prédominance libérale ; l’assemblée générale, qui se réunit tous les trois ans alternativement à Mömpelgard et à Paris, et qui sera composée de délégués des deux pays. Les deux corps d’inspection doivent correspondre directement avec le ministre de l’Instruction publique pour les questions administratives, mais pour tout ce qui concerne la confession, la doctrine, le culte et la discipline, l’assemblée générale est l’autorité suprême. En ce qui concerne la question confessionnelle, ils se sont mis d’accord sur la déclaration selon laquelle l’Écriture sainte est l’autorité suprême en matière de foi, et la Confession d’Augsbourg la base de la constitution légale de l’Église. Cependant, le clergé n’insiste pas sur un engagement exprès à cet effet. Ce n’est qu’en 1879 que cette constitution put obtenir la sanction légale de l’État, et cela seulement après des modifications considérables dans le sens du libéralisme, notamment en ce qui concerne la qualité des suffrages. En conséquence, la première assemblée générale ordinaire tenue à Paris en mai 1881 trouva les deux parties d’humeur conciliante. — L’Église réformée, avec environ 500 pasteurs et 105 consistoires, convoqua par ordre du gouvernement une assemblée générale nouvellement constituée à Paris, en juin 1872. Parmi les chefs du parti orthodoxe se distinguait l’ex-ministre Guizot, âgé ; les chefs des libéraux étaient Coquerel et Colani. Les premiers appuyaient la proposition du professeur Bois de Montauban, qui insistait sur la confession franche et pleine de l’Écriture sainte comme autorité souveraine en matière de foi, du Christ comme Fils unique de Dieu, et de la justification par la foi comme base légale de l’instruction, du culte et de la discipline ; tandis que celui-ci protestait contre toute tentative d’établir une confession obligatoire et exclusive. Le parti orthodoxe l’emporta et les dissidents qui refusèrent de céder furent rayés des listes électorales. Alors qu’à la suite de la plainte du parti libéral, la convocation d’une assemblée générale ordinaire a étéRefusés par le gouvernement, le parti orthodoxe s’est réuni à plusieurs reprises dans des assemblées provinciales et générales « officielles » sans l’aval de l’État. Le conseil d’État déclara alors nulles et non avenues toutes les décisions relatives à l’éligibilité des suffrages votés par le synode de 1872, le ministre des cultes, Ferry, ordonna la réadmission des électeurs rayés des listes, et son successeur Bert légalisa, par un décret du 25 mars 1882, la division de la circonscription consistoriale parisienne en deux consistoires indépendants de Paris et de Versailles, Le Parti libéral s’y oppose, mais les orthodoxes s’y opposent. Mais lors des élections pour le nouveau consistoire de Paris, ordonnées en dépit de toutes les protestations, et pour les consistoires des huit paroisses qui lui étaient assignées, contre toute attente, dans sept d’entre elles, les élections à une grande majorité furent en faveur des orthodoxes, et le premier document officiel publié par le nouveau consistoire fut une protestation solennelle contre le décret auquel il devait son existence. Dans de telles circonstances, le gouvernement aussi bien que le parti libéral n’avaient aucun désir de convoquer une assemblée générale officielle, et ce dernier résolut, lors d’une assemblée générale à Nîmes, en octobre 1882, d’instituer des synodes officiels pour la consultation et la protection de leurs propres intérêts.
En Italie, les choses revinrent à leur ancienne position après la restauration de 1814. Mais le libéralisme, qui visait à la liberté et à l’unité de l’Italie, l’emporta, et là où il régna pour le moment, les jésuites furent expulsés et le pouvoir du clergé restreint ; Là où il a échoué, les deux sont revenus avec une importance considérablement accrue. Les armes de l’Autriche et plus tard de la France ont écrasé de toutes parts les mouvements révolutionnaires. Pie IX, qui d’abord n’était pas indisposé, contrairement à toutes les traditions de la papauté, à se mettre à la tête du parti national, fut obligé de regretter amèrement ses rapports avec les libéraux (185, 2). La Sardaigne, Modène et Naples mirent à rude épreuve l’arc de la restauration, tandis que Parme et la Toscane se distinguèrent par l’adoption modérée de mesures libérales. La Sardaigne, cependant, en 1840, est revenue à un meilleur esprit. Charles-Albert fut le premier à innover avec une constitution plus libérale et, en 1848, il se proclama le libérateur de l’Italie, mais céda aux armes de l’Autriche. Son fils Victor-Emmanuel II. Il réussit, dans des circonstances singulièrement favorables, à réunir sous son sceptre toute la péninsule en un royaume uni d’Italie gouverné par des institutions libérales.
204.1. Le Royaume de Sardaigne.―Victor-Emmanuel I. après la restauration, il n’y eut plus qu’à rappeler les Jésuites, à leur remettre toute la direction des écoles, et, guidés et conduits par eux en tout, à rétablir l’Église et l’État dans l’état où ils prévalaient avant 1789. Charles-Félix (1821-1831) poussa encore plus loin les efforts absolutistes et réactionnaires de son prédécesseur, et Charles-Albert lui-même (1831-1849) refusa longtemps de réaliser les espérances que le parti libéral avait placées en lui. Ce n’est que dans la seconde décennie de son règne qu’il commença à manifester peu à peu une tendance plus libérale, et enfin, en 1848, lorsque, à la suite de la Révolution française, la Lombardie se souleva contre la domination autrichienne, il se mit à la tête du mouvement national pour libérer l’Italie du joug des étrangers. Mais le roi s’est glorifié de la défaite de « l’épée de l’Italie » et a été obligé d’abdiquer. Victor-Emmanuel II. (1849-1878) laissa entre-temps subsister la constitution libérale de son père et l’exécuta même jusqu’au bout. Le ministre de la Justice, Siccardi, proposa un nouveau code législatif qui abolissait toute juridiction cléricale dans les procédures civiles et pénales, ainsi que le droit d’asile et d’exiger des dîmes, ces dernières avec des indemnités modérées. Il a été adopté par le parlement et souscrit par le roi en 1850. Le clergé, avec à sa tête l’archevêque Fransoni de Turin, protesta de toutes ses forces contre ces empiétements sacrilèges sur les droits de l’Église. Pour cette raison, Fransoni fut emprisonné pendant un mois et, lorsqu’il refusa le dernier sacrement à un ministre, il fut régulièrement condamné à la déposition et au bannissement du pays. Pie IX. contrecarré toutes les tentatives d’obtention d’un nouveau concordat. Mais le gouvernement est allé de l’avant de manière imprudente. Alors que Fransoni, depuis son exil en France, poursuivait son agitation, tous les biens de la chaire archiépiscopale furent mis sous séquestre en 1854 et un certain nombre de cloîtres furent fermés. Bientôt, toutes les peines prévues dans le code pénal pour la diffusion de doctrines non catholiques ont été supprimées et les soldats non catholiques libérés de l’obligation d’assister à la messe le dimanche et les fêtes. Le coup principal tomba alors le 2 mars 1855 avec la loi sur le cloître, qui abolit tous les ordres et les cloîtres qui ne se consacrent pas à la prédication, à l’enseignement et aux soins des malades. En conséquence, 331 cloîtres sur 605 ont été fermés. Le pape ne cessa pas de condamner tous ces actes sacrilèges et de pillage d’églises, et quand ses menaces furent sans résultat, il tonna la grande excommunication en juillet 1855 contre tous les auteurs, les aides et les complices de tels actes. Parmi les masses, cela provoqua en effet une certaine excitation, mais il n’y eut jamais d’explosion.
204.2. Le Royaume d’Italie.—Au milieu de ces progrès vigoureux, l’année 1859 arriva avec sa guerre franco-italienne fatidique. L’alliance française n’avait pas, en effet, rendu l’Italie libre jusqu’à l’Adriatique, mais, par la paix de Villafranca, toute la Lombardie fut donnée au royaume de Sardaigne en cadeau de l’empereur des Français. La même année, par un vote populaire, la Toscane, y compris Modène et Parme, et l’année suivante, le royaume des Deux-Siciles, ainsi que les trois provinces des États de l’Église, se révoltèrent et furent annexés, de sorte que le nouveau royaume d’Italie embrassa toute la péninsule, à l’exception de Venise. Rome et la Campagna. Les succès remarquables de la Prusse dans la guerre allemande de sept jours de 1866 ébranlèrent Venise comme un fruit mûr sur le giron de son allié italien, et le jour de Sedan, en 1870, prépara la voie à l’adjonction de Rome et de la Campagna (185, 3). En Lombardie, puis aussi à Venise, immédiatement après leur prise de possession, le concordat avec l’Autriche fut abrogé et les jésuites expulsés. Les dîmes ecclésiastiques sur les produits de la terre furent abolies dans tout le royaume, la mendicité fut interdite aux frères mendiants comme indigne d’un ordre spirituel, les biens ecclésiastiques furent placés sous le contrôle de l’État et le soutien du clergé assuré par des subventions de l’État. En 1867, le gouvernement commença l’appropriation et la conversion des biens de l’Église ; en 1870, tous les ordres religieux furent dissous, à l’exception pour le moment de ceux de Rome, où ils ne s’engageaient pas dans des œuvres éducatives et autres œuvres utiles. En mai 1873, cette loi fut étendue à la province romaine, seulement elle ne devait pas être appliquée aux généraux d’ordres à Rome. Les moniales et certains moines étaient également autorisés à rester dans leurs cloîtres situés dans des quartiers inhabités. Le montant des pensions de l’État versées aux moines et moniales atteignit en 1882 la somme de onze millions de lires, à raison de 330 lires par personne. La suppression des facultés de théologie dans dix universités italiennes en 1873, parce qu’elles ne comptaient que six étudiants en théologie, fut considérée par la curie plutôt comme une victoire que comme une défaite. Le pape interdit aux évêques nouvellement nommés de présenter leurs lettres de créance pour inspection afin d’obtenir leurs salaires du gouvernement. La perte de temporalités ainsi occasionnée a été rattrapée par Pie IX. de l’argent de Pierre qui coulait si abondamment de l’étranger ; chaque évêque recevant 500 lires et chaque archevêque 700 lires par mois. Léon XIII, cependant, se sentit obligé en 1879, en raison de la forte diminution des contributions du denier de Pierre, d’annuler cette loi et de permettre aux évêques d’accepter l’allocation de l’État. En conséquence de la loi sur le mariage civil votée en 1866 ayant été complètement ignorée par le clergé, près de 400 000 mariages n’avaient reçu jusqu’à la fin de 1878 qu’une sanction ecclésiastique, et la progéniture de ces partis serait considérée aux yeux de la loi comme illégitime. Pour obvier à cette difficulté, une loi fut votée en mai 1879, qui stipulait que, dans tous les cas, le mariage civil devait précéder la cérémonie ecclésiastique, et que les ecclésiastiques, les témoins et les parties qui se livraient à un mariage illégal devaient être passibles de trois ou six mois d’emprisonnement ; mais tous les mariages contractés d’après les seules formes ecclésiastiques avant l’adoption de cette loi pouvaient être légitimés par l’inscription sur le registre de l’état civil.Et il n’y a pas d’autre moyen d’empêcher la propagande romaine de s’emparer de la riche propriété de la propagande romaine (156, 9) La Cour suprême décida qu’un montant de vingt millions de lires devait être converti en consols d’État en faveur de la Curie, qui avait déclaré ces fonds internationaux parce qu’ils consistaient en présents et en contributions de tous les pays. Mais non seulement les revenus de la propagande étaient soumis à un lourd impôt, mais encore toute augmentation de ses biens était interdite. C’est en vain que le pape, par l’intermédiaire de ses nonces, a demandé l’intervention des nations étrangères. Aucun d’eux n’était enclin à se mêler des affaires intérieures de l’Italie. La curie conçut alors le projet d’affilier un certain nombre de sociétés en dehors de l’Italie à la propagande pour recevoir et administrer des dons et des cadeaux.
204.3. L’évangélisation de l’Italie.— Des protestants émigrés de diverses nationalités avaient de bonne heure, par la tolérance silencieuse des gouvernements respectifs, formé de petites congrégations évangéliques dans quelques villes italiennes ; à Venise et à Livourne au XVIIe siècle, à Bergame en 1807, à Florence en 1826, à Milan en 1847. Toujours grâce à l’intervention diplomatique de la Prusse et de l’Angleterre, l’érection de chapelles protestantes pour l’ambassade fut autorisée à Rome en 1819, à Naples en 1825 et à Florence en 1826. Quand, en 1848, les espoirs de l’Italie des tendances libérales de Pie IX. Les sympathies protestantes commencèrent à se répandre dans tout le pays, même parmi les catholiques indigènes, encouragées par les missionnaires anglais, les Bibles et les tracts, que les gouvernements cherchèrent en vain à arrêter par les prisons, les pénitenciers et l’exil. La persécution commença en 1851 en Toscane, où, malgré la liberté de foi et de culte garantie par la constitution de 1848, les sujets toscans qui participaient aux offices italiens dans la chapelle de l’ambassade de Prusse à Florence furent punis de six mois de travaux forcés, et l’année suivante, le pieux couple Francesco et Rosa Madiai fut condamné à quatre ans de punition rigoureuse dans un pénitencier pour le crime de s’être édifiés et d’avoir édifié leur en lisant la Bible. C’est en vain que l’Alliance évangélique fit des remontrances (178, 3), en vain le roi de Prusse lui-même intercéda-t-il. Mais lorsque, excité par l’opinion publique en Angleterre, le premier ministre anglais lord Palmerston offrit d’assurer l’exigence de l’humanité chrétienne au moyen de navires de guerre britanniques, le grand-duc se débarrassa des deux martyrs en les bannissant du pays en 1853. Proportionnellement à l’union de l’Italie sous Victor-Emmanuel II. Le champ de l’effort d’évangélisation et les pouvoirs qui y sont consacrés se sont accrus. Il en était de même depuis 1860 dans le sud de l’Italie. Mais lorsqu’en 1866 une congrégation protestante commença à se former à Barletta à Naples, un prêtre fanatique souleva une foule populaire dans laquelle dix-sept personnes furent tuées et mises en pièces. Le gouvernement réprima le tumulte et punit les mécréants, ainsi que la partie la plus noble de la nation, dans tout le pays recueilli pour les familles de ceux qui avaient été assassinés. L’œuvre d’évangélisation soutenue par des contributions libérales provenant principalement d’Angleterre, mais aussi de Hollande, de Suisse et de l’Allemand Gustav-Adolf-Verein (178, 1), En dépit de l’intervention brutale et occasionnelle du clergé et de la foule, il y eut bientôt dans toutes les grandes villes et dans beaucoup de petites villes d’Italie et de Sicile de petites congrégations évangéliques florissantes et florissantes de catholiques indigènes convertis, au nombre de 182 en 1882.
204.4. Le principal facteur de l’évangélisation de l’Italie jusqu’à la côte méridionale de la Sicile fut la vieille Église vaudoise qui, depuis trois cents ans, occupait la plate-forme protestante dans l’esprit du calvinisme (139, 25). Des restes composés d’environ 200 000 âmes survivaient encore dans les vallées du Piémont, presque sans protection de la loi au milieu de persécutions et d’oppressions constantes (153, 5). modérée seulement par l’intervention prussienne et anglaise. Mais lorsque la Sardaigne a pris la tête du libéralisme italien en 1848, la liberté religieuse et tous les droits civils lui ont été garantis. Une congrégation vaudoise se forma alors dans la capitale, Turin, qui fut renforcée par de nombreux réfugiés protestants venus d’autres régions d’Italie. Mais en 1854, une scission s’est produite entre les deux éléments. Les nouveaux convertis italiens objectèrent, non sans fondement, aux anciens Vaudois qu’en maintenant leur gouvernement ecclésiastique avec son centre dans les vallées, les soi-disant « Tables » et leurs anciennes formes de constitution, de doctrine et de culte, beaucoup trop étroites et trop étroites pour les frontières élargies d’aujourd’hui, ils pensaient plus à vaudois qu’à évangéliser l’Italie. D’ailleurs, depuis 1630, lorsqu’une peste avait forcé leurs prédicateurs et leurs maîtres à se retirer de Genève, c’était le français, et l’orgueil national italien était disposé sur ce domaine à déployer aussi sa bannière favorite : Italia farà da se. La division s’étendit de Turin aux autres congrégations. À la tête des séparatistes, désignés plus tard sous le nom d'« Église italienne libre » (Chiesa libera), se trouvait le Dr Luigi Desanctis, homme d’une riche culture théologique et d’une éloquence éclatante, qui, lorsqu’il était prêtre catholique et théologien de l’inquisition à Rome, fut convaincu de la vérité de la confession évangélique, rejoignit l’Église évangélique de Malte en 1847 et travailla à partir de 1852 avec un grand succès dans la congrégation de Turin. Après dix ans de bons et loyaux services dans l’Église libre nouvellement formée, il se sentit obligé, à cause des vues darbystes (211, 11) qui commença à y prévaloir, pour s’attacher de nouveau en 1864 aux Vaudois, qui entre-temps s’étaient considérablement libéralisés. Il officia pour eux jusqu’à sa mort en 1869 en tant que professeur de théologie à Florence, et édita leur journal Eco della verità. En 1873, cette revue fut remplacée par l’excellent mensuel Rivista Cristiana, édité à Florence par le professeur Emilio Comba.―Après le départ de Desanctis de la Chiesa libera, son principal représentant fut l’ex-père barnabite Alessandro Gavazzi de Naples. Doué d’une éloquence éclatante et d’une remarquable popularité comme conférencier, il se présenta à Rome en 1848 comme orateur politico-religieux, s’attacha à l’église évangélique de Londres en 1850 et y prit la direction de la congrégation évangélique italienne. Il retourna en Italie en 1860 et accompagna le héros de la liberté italienne, Garibaldi, en tant qu’aumônier militaire, prêchant partout au peuple de sa voix léonine avec le même enthousiasme de Victor-Emmanuel comme seul sauveur de l’Italie et de Jésus-Christ comme seul Sauveur des pécheurs. Il entra alors dans la Chiesa libera et, à mesure qu’il se familiarisait de plus en plus avec la vérité évangélique, il s’employa avec zèle à organiser les congrégations jusque-là presque entièrement isolées les unes des autres. Lors d’une assemblée générale tenue à Milan en 1870, les députés de trente-deux congrégations rédigèrent un simple L’année suivante, on adopta à Florence un code constitutionnel qui reconnaissait la nécessité de la charge pastorale, d’assemblées annuelles et d’un comité permanent d’évangélisation. Ils prirent alors le nom de « Unione della Chiesa libere in Italia ». Les congrégations à prédominance darbyste, qui n’avaient pas pris part à ces assemblées constitutionnelles, ont depuis formé une communauté qui leur est propre sous le nom de Chiesa Cristiana, ne dépendant que de la direction immédiate du Saint-Esprit, rejetant toute sorte d’organisation ecclésiastique et officielle, et dénonçant le baptême des enfants comme non évangélique. Le 1er mai 1884, les confessions évangéliques lors d’une assemblée générale à Florence, à l’exception seulement de la Chiesa Cristiana darbyste, se sont réunies en confédération pour se réunir chaque année dans un « Congrès évangélique italien » en préparation à l’union ecclésiastique. Cependant, lorsque les diverses confessions méthodistes et baptistes commencèrent à freiner les progrès de l’œuvre d’union, les deux corps dirigeants, les Vaudois et le parti de l’Église libre, se séparèrent d’eux. Un comité choisi parmi ces deux personnes esquissa à Florence en 1885 une base d’union, selon laquelle l’Église libre adoptait la confession et l’ordre ecclésiastique des Vaudois, sous réserve de révision par les synodes conjoints, leur école théologique de Rome devait être fusionnée avec l’école vaudoise de Florence, et l’Église unie devait prendre le nom d'« Église évangélique d’Italie ». Mais un synode vaudois en septembre 1886 décida de s’en tenir à l’ancien nom d'« Église vaudoise ». On ne sait pas encore si « l’Église libre » acceptera cette demande.
Aucun pays européen n’a été, au cours du dix-neuvième siècle, le théâtre d’autant de révolutions, d’explosions et de guerres civiles, de changements de gouvernement, de ministères et de constitutions, tantôt d’un absolutisme clérical, tantôt d’une tendance démocratique radicale, et dans aucun pays la révolution n’a été aussi impitoyable pour le moment contre la hiérarchie, le clergé et le monachisme, que dans la malheureuse Espagne. Le Portugal aussi passa par des luttes semblables, qui, cependant, ne se révélèrent pas aussi terriblement désordonnées pour la république que celles de l’Espagne.
205.1. L’Espagne sous Ferdinand VII. Joseph Bonaparte (1808-1813) avait donné aux Espagnols une constitution sur le modèle français, abolissant l’inquisition et les cloîtres. La constitution que les Cortès proclamèrent en 1812 allait encore plus loin dans les exigences du libéralisme politique, mais déclarait toujours que la religion catholique romaine apostolique était la seule vraie religion de la nation espagnole et interdisait l’exercice de toute autre. Ferdinand VII, que Napoléon rétablit en décembre 1813, s’empressa de rétablir l’inquisition, le cloître et le despotisme, surtout à partir de 1815 sous la direction des jésuites qu’il estimait beaucoup. La révolution de 1820 l’obligea en effet à réintroduire la constitution de 1812 et à bannir les jésuites ; mais à peine le parti clérical féodal de la junte apostolique, avec son armée de foi en campagne et l’intervention française des Bourbons sous le duc d’Angoulême, avait-il de nouveau ouvert la voie, qu’il commença à écraser comme auparavant, au moyen de sa camarilla jésuite, tout mouvement libéral dans l’Église et dans l’État. Mais la réaction du libéralisme dans la guerre civile qui éclata après la mort de Ferdinand sous la régence de sa quatrième épouse, l’intrigante Marie-Christine (1833-1837), fut d’autant plus réussie. La révolution érigeait alors une inquisition, mais c’était une inquisition dirigée contre le clergé et les moines, et elle célébrait ses autos de fe ; mais ceux-ci ont pris la forme de spoliations de cloîtres et de massacres de moines. Les dîmes ecclésiastiques furent abolies, tous les ordres monastiques suspendus, les cloîtres fermés, les biens ecclésiastiques déclarés biens nationaux et le nonce pontifical envoyé au-delà de la frontière. Une allocution papale menaçante de 1841 ne fit qu’augmenter la violence des Cortès, et lorsque Grégoire XVI. en 1842, il déclara nuls et non avenus tous les décrets du gouvernement, il stigmatisa toute relation avec Rome comme une offense contre l’État.
205.2. L’Espagne sous Isabelle II, 1843-1865.— Ferdinand VII, négligeant le droit de son frère don Carlos, avait, en abolissant la loi salique, assuré le trône à Isabelle, sa propre fille et celle de Marie-Christine. Après que les Cortès de 1843 eurent déclaré Isabelle majeure dans sa treizième année, le gouvernement espagnol devint de plus en plus favorable à la restauration. Après de longues négociations et des hésitations sous des ministères sans cesse renouvelés, un concordat fut enfin rédigé en 1851, qui restituait les églises et les cloîtres qui n’avaient pas été vendus, permettait d’indemniser ce qui avait été vendu, réduisait de six le nombre des évêchés, mettait l’instruction et la censure de la presse sous la surveillance des évêques, et déclara que la religion catholique était la seule à être tolérée. Mais bien qu’en 1854 la Sainte Vierge ait été nommée généralissime de la brave armée et que son image à Atocha ait été décorée par la reine d’une bande de la Toison d’or, une révolution éclata bientôt dans l’armée qui menaça de donner le coup de grâce à l’ultramontanisme. Entre-temps, il n’avait pas complètement imprégné le parti républicain. La proposition d’une liberté illimitée pour toutes les formes de culte fut soutenue par une petite minorité, et la nouvelle constitution de 1855 demanda à la nation espagnole de maintenir et de garder la religion catholique que « professent les Espagnols » ; cependant, aucun Espagnol ne devait être persécuté à cause de sa foi, tant qu’il ne commettait pas d’actes irréligieux. Une nouvelle loi déterminait la vente de tous les biens de l’église et du cloître, et l’indemnisation par des loyers annuels selon le concordat existant. Plusieurs évêques ont dû être bannis en raison de leur opposition persistante ; Le pape protesta et rappela ses légats. Entre-temps, l’influence cléricale reprend le pouvoir sur la reine. La vente des biens de l’église et du cloître a été arrêtée, et les anciens possesseurs ont été indemnisés pour ce qui avait déjà été vendu. En raison des fréquents changements de ministère, dont chacun manifestait une tendance différente de la précédente, ce n’est qu’en 1859 que les choses furent réglées par un nouveau concordat. Le gouvernement y admettait l’inaliénabilité des biens de l’Église, admettait le droit illimité de l’Église d’obtenir de nouvelles propriétés de toute nature et se déclarait prêt à échanger du papier-monnaie d’État contre des biens tombés en ruine selon l’estimation des évêques. La reine prouva son zèle catholique à l’instigation de la religieuse Patrocinio par la persécution fanatique des protestants, et des sympathies sincères, mais vaines, pour les souffrances du pape et des princes italiens expatriés. Pie IX. Il récompensa Isabelle, qui lui paraissait parée de toutes les vertus, en lui envoyant en 1868 la rose consacrée, à une époque où elle causait plus que jamais le scandale public par sa vie privée, et où ses relations avec son amant Marforio avaient perdu le dernier reste du respect et de la confiance de la nation espagnole. Huit mois plus tard, son règne touchait à sa fin. Le gouvernement provisoire ordonna alors la suppression de la Compagnie de Jésus, ainsi que de toutes les associations de cloître et spirituelles, et en 1869 les Cortès sanctionnèrent le projet d’une nouvelle constitution civile, qui obligeait la nation espagnole à maintenir le culte catholique, mais autorisait l’exercice d’autres formes de culte aux étrangers et, selon les cas, même aux indigènes. et, d’une manière générale, a rendu tous les droits politiques et civils indépendants de la profession religieuse.
205.3. L’Espagne sous Alphonse XII, 1875-1885.— Lorsque le fils d’Isabelle revint en Espagne en janvier 1875, dans sa dix-septième année, il obtint la bénédiction de son parrain le pape lors de son accession au trône, promit à l’Église catholique un puissant soutien, mais aussi aux non-catholiques le maintien de la liberté de culte. Un décret du 10 février 1875 qui, abolissant la loi sur le mariage civil votée par les Cortès en 1870, rendit à l’Église catholique l’administration du mariage et des affaires qui s’y rattachent montre comment il entendait accomplir l’un et l’autre ; pour toutes les personnes vivant en Espagne, cependant, « qui professaient une autre foi que la vraie foi », ainsi que pour « les mauvais catholiques », à qui le mariage ecclésiastique est refusé à cause des censures ecclésiastiques, la liberté était donnée de contracter un mariage civil ; mais cela ne s’appliquait pas aux prêtres, aux moines et aux moniales apostats, à qui toute sorte de mariage est à jamais refusée, et dont les mariages précédemment contractés sont invalides, sans toutefois affecter la légitimité des enfants déjà nés de ces relations. mais interdit toute manifestation publique en dehors de leur lieu de culte et de leur lieu de sépulture, Pie IX. protesta comme une atteinte au concordat encore existant dans sa partie la plus « noble » et comme portant un coup sérieux à l’Église catholique. Les Cortes, cependant, l’ont sanctionné en 1876.
205.4. L’évangélisation de l’Espagne. — Un certain nombre de Bibles et de tracts, ainsi qu’un journal religieux en espagnol appelé el Albo, ont été introduits en Espagne par l’établissement anglais de Gibraltar, sans que l’Espagne ait pu, même dans les jours les plus florissants de la restauration, l’empêcher de le faire, et les sympathies évangéliques ont commencé à s’exprimer plus ou moins ouvertement. Franc. Ruat, ancien poète espagnol lascif, qui avait été réveillé à Turin par la prédication du Desanctis vaudois, et qui, par la lecture de la Bible, avait acquis la connaissance des vérités évangéliques, apparut publiquement, après la publication de la nouvelle constitution de 1855, comme prédicateur de l’Évangile en Espagne. Cependant, la réaction qui ne tarda pas à s’installer lui valut des emprisonnements répétés et, finalement, en 1856, une condamnation au bannissement à perpétuité. Il travailla ensuite avec succès pendant plusieurs années à Gibraltar, puis à Londres, puis à Alger parmi les résidents espagnols, jusqu’à ce que la nouvelle constitution civile de 1868 lui permette de retourner en Espagne, où, au service de la mission allemande de Madrid, il rassembla autour de lui une congrégation évangélique, qu’il exerça son ministère jusqu’à sa mort en 1878. Alors qu’il travaillait à Gibraltar, il gagna à la foi évangélique, entre autres, le jeune officier Manuel Matamoros, qui y vivait en tant que réfugié politique. Ce noble homme, dont toute la carrière, jusqu’à sa mort en exil en 1866, fut un douloureux martyre pour la vérité, devint l’âme de tout le mouvement, contre lequel le gouvernement prit en 1861 et 1862 les mesures les plus sévères. Grâce à une correspondance interceptée, les dirigeants et de nombreux membres de la propagande évangélique secrète ont été découverts et jetés en prison. Le jugement final condamne les dirigeants du mouvement à des châtiments sévères dans les pénitenciers et les galères. L’exécution de ces sentences avait déjà commencé lorsque la reine se vit obligée, par une visite à Madrid en 1863 d’une députation de l’Alliance évangélique (178, 3), composé des protestants les plus distingués et les plus respectés de tous les pays, pour les commuer en exil.― Après le renversement d’Isabelle en 1868, l’autorisation fut donnée pour la construction de la première église protestante à Madrid, où une congrégation de plus de 2,000 âmes se rassembla bientôt. À Séville, une congrégation presque aussi forte obtint pour ses services ce qui avait été une église des Jésuites. À Cordoue aussi, une assemblée considérable était rassemblée, et dans presque toutes les autres grandes villes, il y avait des lieux de culte très fréquentés. Plusieurs de ceux qui avaient été bannis sous Isabelle, qui étaient revenus après son renversement, Carrasco, Trigo, Alhama et d’autres, s’accrurent de nouveaux convertis qui avaient reçu leur formation théologique à Genève, à Lausanne, etc., et soutenus par des compagnons de travail américains, anglais et allemands, tels que les frères F. et H. Fliedner, qui travaillèrent avec un zèle infatigable comme prédicateurs et pasteurs, à la propagation et à l’enracinement plus profond de l’Évangile parmi leurs compatriotes. Avec la restauration de la monarchie en 1875, l’oppression des protestants se renouvela avec une sévérité croissante. L’interprétation la plus large possible a été donnée à l’interdiction de toute manifestation publique de culte dissident dans l’article XI. de la Constitution. Les excès et les insultes de la populace, dont le fanatisme était attisé par le clergé, restèrent impunis et censurés. Même les protestants les plus gravement maltraités et blessés étaient eux-mêmes emprisonnés comme perturbateurs de la paix. Il n’y a pas d’amélioration essentielle de leur conLe gouvernement libéral de Sagasta en 1881 est intervenu. Néanmoins, le nombre des congrégations évangéliques continua d’augmenter régulièrement, quoique lentement, de sorte qu’elles sont maintenant plus de soixante, avec environ 15 000 membres protestants natifs. En outre, une Iglesia Española a vu le jour en 1881, composée de huit congrégations, qui peut être considérée dans une certaine mesure comme une contrepartie nationale espagnole du vieux-catholicisme d’Allemagne. Son fondateur et premier évêque est Cabrera, ancien prêtre catholique, qui, après avoir travaillé à partir de 1868 au service de la Société d’évangélisation (presbytérienne) d’Édimbourg en tant que prédicateur à Séville, puis à Madrid, reçut en 1880 la consécration épiscopale de l’évêque anglican Riley de Mexico ( 209, 1), puis visite de Madrid. Bien qu’elle soit donc d’origine anglicane, l’Église qu’il dirige ne veut pas être anglicane, mais épiscopale espagnole. Elle s’attache donc, tout en acceptant les trente-neuf articles de l’Église anglicane, dans l’esquisse de son ordre de service en langue espagnole, davantage à l’ancien rituel mozarabe ( 88, 1) qu’à la liturgie anglicane.562
205.5. L’Église en Portugal. — Le Portugal, après quelques mois, suivit l’exemple de la révolution espagnole de 1820. Jean VI. (1816-1826) confirma la nouvelle constitution, rédigée sur le modèle de la constitution démocratique espagnole de 1812, qui prévoyait la saisie des biens ecclésiastiques et la suppression des monastères. Mais une contre-révolution, menée par le fils cadet du roi, Dom Miguel, l’obligea en 1823 à la répudier et à revenir à l’ancienne constitution. Mais il résista obstinément à la réintroduction des jésuites. Après sa mort en 1826, l’héritier légitime, Pedro I. du Brésil, abandonna ses prétentions au trône portugais en faveur de sa fille Donna Maria II. da Gloria, alors âgée de moins d’un an, qu’il a fiancée à son frère Dom Miguel. Nommé régent, Dom Miguel prêta serment à la constitution, mais rompit immédiatement son serment, se fit proclamer roi, rappela les jésuites et, jusqu’à son renversement en 1834, exerça un règne de terreur monarchique clérical. Dom Pedro, qui avait entre-temps quitté le trône du Brésil, en tant que régent, supprima de nouveau tous les ordres monastiques, s’empara des biens de l’église et abolit les dîmes ecclésiastiques, mais mourut la même année. Sa fille Donna Maria, devenue majeure et proclamée reine (1834-1853), au milieu de révolutions et de changements continuels de constitution, manifesta une inclination toujours croissante à la réconciliation avec Rome. En 1841, elle négocie un concordat et se montre si soumise que le pape la récompense en 1842 avec la rose d’or consacrée. Mais les Cortès libérales s’opposèrent à l’introduction du concordat et maintinrent le droit de veto du gouvernement civil ainsi que le reste des restrictions imposées à la hiérarchie, et le Codigo pénal de 1882 menaçait le clergé catholique de lourdes amendes et d’emprisonnement pour tout abus de ses prérogatives spirituelles et toute violation des lois de l’État. En 1857, un concordat fut enfin conclu, mais les représentants du peuple ne l’adoptèrent qu’en 1859, et seulement à une faible majorité. Ses principales dispositions consistent à réglementer les droits de patronage de la couronne à l’égard des évêchés existants et nouvellement créés. Cependant, les relations entre le gouvernement et la curie restaient tendues. La constitution déclare d’une manière générale que l’Église catholique apostolique romaine est la religion d’État. Un Portugais qui passe d’elle à un autre perd par là même ses droits civiques de citoyen. Pourtant, personne ne doit être persécuté à cause de sa religion. L’érection de lieux de culte protestants, mais non sous forme d’églises, et aussi de cimetières, là où c’est nécessaire, est permise. La première congrégation évangélique, de constitution épiscopale anglicane, fut fondée à Lisbonne par un converti espagnol, Don Angelo Herrero de Mora, qui, au service de la Société biblique, avait édité une révision de l’ancienne Bible espagnole à New York, et y avait été naturalisé citoyen américain. Composée à l’origine de protestants américains et anglais, une centaine d’Espagnols et de Portugais convertis s’y sont peu à peu attachés depuis 1868, ces derniers après avoir été faits sujets espagnols et non portugais. Sur le modèle de cette congrégation mère, deux autres ont été formées dans le voisinage de Lisbonne et une à Porto.
Le gouvernement russe depuis l’époque d’Alexandre Ier. a cherché, au milieu de nombreuses difficultés, à faire progresser l’éducation et l’instruction du peuple, et à élever l’Église orthodoxe en assurant un clergé plus cultivé, et à accroître son influence sur la vie du peuple ; une tâche qui s’est avérée particulièrement difficile en raison de l’esprit anti-ecclésiastique largement répandu ( 210, 3) et le nihilisme antichrétien incomparablement plus dangereux ( 212, 6). L’Église catholique, principalement représentée dans ce qui avait été auparavant le royaume de Pologne, s’était tellement compromise que le gouvernement, par suite de l’agitation révolutionnaire répétée des Polonais, à laquelle le clergé avait pris part avec zèle en excitant le fanatisme parmi le peuple et en convertissant sa religion et son culte en un véhicule de rébellion, que le gouvernement, En plus de supprimer les privilèges politiques nationaux, réduisit de plus en plus les droits et les libertés accordés à l’Église en tant que telle. — Le développement prospère de l’Église évangélique en Russie, qui, grâce à la loyauté absolument irréprochable de ses membres, avait jusque-là joui de la protection chaleureuse du gouvernement, en 1845 et 1846, et plus tard en 1883, à la suite de nombreuses conversions parmi les paysans esthoniens et livoniens, a été arrêtée par des persécutions incessantes.
206.1. L’Église nationale orthodoxe. — Les influences évangéliques introduites d’Occident au cours du siècle précédent, en particulier parmi le haut clergé, ont trouvé un nouvel encouragement sous Alexandre Ier, après J.-C. 1801-1825. Lui-même touché par le piétisme évangélique de Madame Krüdener ( 176, 2), il visait à élever l’Église orthodoxe dans cette direction, fonda des séminaires cléricaux et des écoles publiques, et s’intéressa vivement à la diffusion de la Bible parmi le peuple russe. Mais sous Nicolas Ier, A.D. 1825-1855, une réaction procédant du Saint-Synode dans lequel inlassablement cherché à sceller hermétiquement l’Église orthodoxe contre toute influence évangélique. Aussi sous le règne d’Alexandre II, A.D. De 1855 à 1881, un règne singulièrement fécond en réformes civiles, cette tendance s’illustra encore plus rigoureusement, tandis qu’avec le consentement et l’aide du Saint-Synode, tous les efforts furent faits pour améliorer l’Église selon ses propres principes. Le comte Tolstoï, ministre de l’instruction publique et procureur du Saint-Synode, a particulièrement participé à cette œuvre. Un comité présidé par lui produisit en 1868 toute une série de réformes utiles, qui furent approuvées par le synode et confirmées par l’empereur. Tandis que le clergé inférieur avait jusque-là formé un ordre par lui-même, tous les rangs supérieurs de promotion lui étaient maintenant ouverts, mais, d’autre part, l’obligation pour les fils de prêtres de rester dans l’ordre de leurs pères était abolie. L’abus criant de mettre de simples clercs et sacristains pour faire le travail des prêtres a également été mis un terme, et la formation dans les séminaires ou les académies cléricales a été rendue obligatoire. Auparavant, seuls les hommes mariés pouvaient occuper les fonctions de diacre et de prêtre ; Or, les veufs et les célibataires étaient admis, dès qu’ils avaient atteint l’âge de quarante ans. Afin d’augmenter les revenus des pauvres, beaucoup d’églises n’avaient pas leur équipement habituel de clergé, et au lieu de l’ensemble complet des prêtres, des diacres, des sous-diacres, des lecteurs, des sacristains et des portiers, dans les églises les plus pauvres, il n’y avait que des prêtres et des lecteurs. L’ordre fut rétabli dans la vie monastique, aujourd’hui généralement dissolue, par une règle fixe d’une table commune et d’un costume uniforme, etc. En 1860, une Société de l’Église orthodoxe pour les missions parmi les peuples du Caucase, et en 1866 une seconde pour les païens et les mahométans dans tout l’empire, ont été fondées, toutes deux sous le patronage de l’impératrice. L’Église russe a également habilement profité des événements politiques pour poursuivre l’œuvre missionnaire au Japon (184, 6). Société des « Amis des Lumières intellectuelles », fondée à Saint-Pétersbourg en 1872, qui visait principalement à l’amélioration religieuse des classes cultivées dans l’esprit de l’Église orthodoxe au moyen de tracts et d’adresses, tout en s’accordant avec les confessions étrangères sur la nature et les caractéristiques de la véritable Église. Sous Alexandre III, depuis l’apr. J.-C. En 1881, l’ancien précepteur de l’empereur, Pobedownoszew, convaincu de l’incomparable supériorité de son Église, et croyant que c’est par elle et seulement par elle que les dangereuses commotions du présent pourraient être surmontées ( 212, 6) et la Russie régénérée, comme le procureur du Saint-Synode a travaillé avec zèle dans cette direction. — Mais, dans l’intervalle, une nouvelle impulsion a été donnée au mouvement évangélique dans les cercles aristocratiques par lord Radstock, qui a paru à Saint-Pétersbourg en 1870. Le les discours qu’il prononçait en français dans les salons du monde mondain obtinrent un succès qu’il n’y avait guère à attendre. Le gain le plus célèbre fut la conversion d’un colonel des gardes jusque-là fier, mondain, riche et populaire, appelé Paschcow, qui transforma maintenant la belle salle de bal de sa somptueuse résidence en salle de réunion de prière, et avec tout l’enthousiasme d’un néophyte, proclama avec succès parmi les grands et les bas la vérité salvatrice nouvellement acquise dans un esprit évangélique biblique. mais non sans une saveur méthodique. L’effervescence ainsi créée conduisit à l’intervention de la police, et finalement, lorsqu’il refusa de s’abstenir de répandre ses opinions religieuses parmi les membres de l’Église orthodoxe par la diffusion de tracts évangéliques en langue russe, il fut, à l’instigation du Saint-Synode et de son procurateur tout-puissant, banni d’abord de Saint-Pétersbourg, puis en 1884 de l’Empire. après quoi il se retira à Londres.
206.2. L’Église catholique.— Après les Grecs dans les anciennes provinces de la Russie occidentale (151, 3), qui avaient été unis de force à Rome en 1596, étaient de nouveau en 1772, à la suite du premier partage de la Pologne, passés sous la domination russe, le gouvernement chercha à les rendre aussi à l’Église nationale orthodoxe. C’est ce qu’ils firent pour la première fois sous Nicolas Ier, lorsque, au synode de Polosk, en 1839, ils exprimèrent spontanément le désir d’être ainsi réunis avec l’Église mère. Rome perdit ainsi deux millions de membres. Mais l’allocution dirigée contre ce brigandage par Grégoire XVI. fut sans effet, et l’opinion publique de l’Europe vit dans cette réunion un cas de justice historique, quoiqu’elle ne fût pas sans des mesures sévères contre ceux qui se montraient obstinés et rebelles. Cependant il resta toujours un reste considérable, environ un tiers de million, sous l’évêque de Chelun, dans la communion romaine. Mais même ceux-ci, en 1875, après de nombreux troubles avec le prélat Popiel à leur tête, rompirent presque entièrement leurs liens avec le pape et furent de nouveau reçus dans le sein de l’Église nationale orthodoxe. Dans un mémoire adressé à l’empereur à cet effet, ils déclarèrent qu’ils y avaient été conduits d’une part par les efforts continuels de la curie et de ses partisans, par la latinisation de leur vieille liturgie grecque et la polpolisation du peuple, pour renverser leur ancienne nationalité russe, et d’autre part, par leur aversion pour les nouveaux dogmes pontificaux de l’immaculée conception de Marie et de l’infaillibilité du pape. les Polonais contre la domination russe en 1830, que même le pape Grégoire XVI. condamné, a porté des fruits amers pour l’Église catholique de ce pays. Le statut organique de 1832, il est vrai, assura de nouveau aux Polonais la liberté religieuse, mais il fut interdit aux évêques d’avoir toute communication directe avec Rome, le clergé privé de tout contrôle sur les écoles, et la loi russe sur les mariages mixtes rendue applicable à cette province. Par un accord avec la curie en 1847, le choix des évêques fut confié à l’empereur, leur investiture canonique au pape. La douceur avec laquelle Alexandre II. Les troubles politiques dans le reste de l’Europe nourrissaient l’espoir de restaurer l’ancien royaume de Pologne. Des manifestations téméraires ont eu lieu au début de 1861, des pèlerinages sur les tombes des martyrs de la liberté ont été organisés, des fêtes commémoratives politiques ont été célébrées dans les églises, un deuil national général a été ordonné, des services de deuil ont été célébrés, des chants révolutionnaires ont été chantés dans les églises, etc. Le clergé catholique a dirigé le mouvement et l’a canonisé comme un devoir religieux. C’est en vain que le gouvernement chercha à l’étouffer en faisant de libérales concessions, en vain il s’adressa à Pie IX. pour l’écarter. Quand, en octobre, le pays était en état de siège et que l’armée pénétrait de force dans les églises pour appréhender les meneurs de la rébellion, l’administrateur épiscopal, Bialobezeski, dénonça la profanation de l’église, fit fermer toutes les églises catholiques de Varsovie et répondit à la demande du gouvernement de les rouvrir en faisant des demandes extravagantes et en prononçant de fières paroles de défi. Le tribunal militaire le condamna à mort, mais l’empereur commua cette peine en un an de détention dans une forteresse, avec perte de toutes ses dignités et de tous ses ordres. Pendant ce temps, les yeux du pape s’étaient enfin ouverts. Il a maintenant confirmé la nomination par le gouvernement de l’archevêque Felinsky, quio entra à Varsovie en février 1862 et rouvrit les églises. Après la répression de la révolte en 1864, presque tous les cloîtres, en tant que pépinières de la révolution, ont été supprimés ; l’année suivante, tous les biens de l’Église furent pris en charge par l’État, et le clergé soutenu par la solde de l’État. Le pape, furieux, exprima violemment ses sentiments à l’ambassadeur de Russie à Rome pendant les festivités du Nouvel An 1866, après quoi le gouvernement rompit complètement toutes les relations avec la curie. En conséquence, en 1867, toutes les affaires de l’Église catholique furent confiées au collège clérical de Saint-Pétersbourg, et les relations entre le clergé et le pape furent interdites. De là surgirent de nombreux conflits avec les évêques catholiques, dont l’obstination fut punie par leur internement dans leurs diocèses. En 1869, le calendrier russe a été introduit et le russe est devenu la langue d’enseignement obligatoire. Mais en 1870, on s’opposa de plus près à l’introduction du russe dans les services publics au moyen de traductions des livres de prières et de psaumes polonais communs. Pietrowitsch, doyen de Wilna, lut en chaire l’oukase qui se référait à cette affaire, mais le jeta ensuite dans les flammes, avec les traductions russes, avec de violentes dénonciations du gouvernement, et donna des informations contre lui-même au gouverneur général. Il fut, selon son propre désir, emprisonné, puis transporté à Archangel. La même sentence fut prononcée contre plusieurs autres prélats et ecclésiastiques obstinés, parmi lesquels l’archevêque Felinsky, et ainsi toute nouvelle opposition fut écrasée. Peu après son entrée en 1878, il fit le premier pas vers la réconciliation. Ses efforts furent couronnés de succès en février 1883. Les prélats déchus furent rétablis dans leurs lieux d’exil, avec la promesse d’une pension libérale, et furent autorisés à choisir leurs résidences à leur guise, mais pas dans leurs anciens diocèses. À leur place, le pape consacra dix nouveaux évêques nommés par l’empereur, qui, au milieu de la liesse du peuple, entrèrent dans leurs résidences épiscopales. En ce qui concerne les séminaires catholiques romains et les académies cléricales de Varsovie, la curie accordait au gouvernement le droit de contrôler l’enseignement de la langue, de la littérature et de l’histoire russes, mais confiait l’instruction en matière canonique uniquement aux évêques, qui, après avoir obtenu l’approbation du gouvernement, nommaient le recteur, l’inspecteur et les enseignants canoniques. Les pastorats vacants étaient remplis par les évêques, et ce n’est que dans le cas des plus importants que l’approbation du gouvernement était requise. En ce qui concerne la langue à utiliser, il a été résolu que ce n’est que là où le peuple parle russe que le clergé est obligé d’employer cette langue dans la prédication et dans son travail pastoral.
206.3. L’Église évangélique. — L’Église luthérienne en Russie, composée de deux millions et demi d’Allemands, de Lettons, d’Esthoniens et de Finlandais, est la plus forte en Livonie, en Estonie et en Courlande, est l’Église nationale en Finlande, et est aussi largement représentée en Pologne, dans les principales villes de la Russie et dans les nombreuses colonies allemandes de la Russie méridionale. En 1832, elle obtint, pour les provinces baltes et les congrégations dispersées dans la Russie centrale, une constitution ecclésiastique et un livre de service, ce dernier sur la base de l’ancien livre de service suédois, le premier exigeant que tous les enseignants religieux de l’église et de l’école acceptent la formule de la concorde. Les synodes provinciaux annuels ont l’initiative de faire appel, lorsque cela est nécessaire pour des raisons législatives, à l’aide du synode général.― En Pologne, les églises réformée et luthérienne ont été réunies en 1828 sous un consistoire combiné. Cependant, par un ukase impérial de 1849, l’existence indépendante des deux églises a été restaurée. Les protestants jouissaient de tous les droits civils et jouissaient d’une liberté absolue dans l’exercice de leur religion ; mais dans la Russie centrale, jusqu’à une époque récente, lorsqu’un esprit plus libéral commença à prévaloir, il leur fut interdit de mettre des cloches dans leurs églises. L’ancienne interdiction de la prédication évangélique et de l’enseignement de la religion en langue russe a également continué ; mais la tentative faite depuis quelques décennies à Saint-Pétersbourg et dans les environs de prêcher l’Évangile aux Allemands qui avaient perdu leur langue maternelle, en langue russe, a été jusqu’à présent autorisée sans répugnance par le gouvernement. Quitter l’église nationale ou revenir dans une église qui avait été laissée auparavant, est puni de peines sévères, et les enfants de mariages mixtes, dont l’un des parents appartient à l’église orthodoxe nationale, sont réclamés par la loi pour cette église. Seule la Finlande compte parmi ses privilèges le droit d’assigner les enfants issus de mariages mixtes à l’Église du père. L’église luthérienne de Livonie, avec l’île d’Oesel, subit des pertes considérables et, selon la loi du pays, irréparables, par la sécession de soixante ou soixante-dix mille Lettons et Esthoniens au profit de l’église orthodoxe, dans l’illusion répandue que leur situation économique s’en trouverait améliorée. Les désillusions et les regrets arrivèrent trop tard, et le désir toujours croissant de restaurer l’Église, abandonnée dans un moment d’excitation, ne put obtenir qu’une satisfaction arbitraire et insuffisante dans le baptême luthérien d’enfants apparemment proches de la mort, et dans la permission à intervalles irréguliers et sans annonce préalable de s’asseoir à la Table du Seigneur selon le rite luthérien. En 1865, non pas sur le plan législatif, mais aussi sur le plan administratif, la conclusion de mariages mixtes dans les provinces baltes a été autorisée sans l’application de la loi exigeant que les enfants soient éduqués dans l’Église grecque. En Estonie, cependant, en 1883, il y eut une nouvelle vague de conversions à Leal, où cinq cents paysans passèrent à l’église orthodoxe, déclarant leur désir d’être de la même foi que l’empereur et l’ensemble du peuple russe. Par décret impérial en 1885, la suspension de la loi interdisant de se retirer de l’Église nationale, qui existait depuis vingt ans, fut abolie. À l’instigation de Pobedownoszew, le Conseil impérial accorda une subvention annuelle de 100 000 roubles pour promouvoir l’orthodoxie dans les provinces baltes. Aucune église évangélique ne pouvait être construite dans ces provinces sans l’approbation de l’évêque orthodoxe Tout pasteur évangélique qui dissuaderait un membre de son église de son intention d’adhérer à l’église orthodoxe était passible de punition. Afin de suppléer au manque d’églises et d’écoles, de prédicateurs et d’enseignants dans les congrégations luthériennes de Russie, une société semblable à la Gustav-Adolfs-Verein fut formée en 1858, sous la direction du Consistoire général de Saint-Pétersbourg, qui s’est efforcé laborieusement et avec zèle d’améliorer la condition de l’Église opprimée.563
Dans la lutte acharnée pour la liberté, la Grèce s’est libérée de la tyrannie de la domination turco-mahométane et a obtenu une indépendance civile complète. Mais les mêmes princes, représentant les trois principales confessions chrétiennes, qui, en 1830, donnèrent leur sanction à cette émancipation dans des limites lamentablement étroites, conquirent de nouveau la Terre Sainte pour les Turcs des mains d’un vassal révolté. Et les intérêts politiques des États chrétiens de l’Europe vis-à-vis de l’Orient étaient et sont encore si inextricables, qu’au parlement de Londres de 1854, on a pu affirmer que l’existence de la Turquie dans un état d’impuissance absolue était si nécessaire que, si elle n’existait pas, il faudrait la créer. À deux reprises, la Russie a fait appel à toutes ses forces militaires pour émanciper du joug turc ses frères slaves d’une race commune et d’une foi commune, sans pouvoir donner le coup de grâce à « l’homme malade » qui avait la protection de la diplomatie européenne.
207.1. L’Église orthodoxe de Grèce. — Trompés dans leurs attentes vis-à-vis du Congrès de Vienne, les Grecs essayèrent de se délivrer de la tyrannie turque. En 1814, une Hetairia fut formée, dont les branches s’étendirent sur tout le pays et favorisèrent parmi le peuple des idées de liberté. La guerre d’indépendance éclate en 1821. Son premier résultat fut un massacre épouvantable, surtout à Constantinople. Le patriarche Grégoire avec tout son synode et environ 30 000 chrétiens fut assassiné en trois mois par les Turcs avec une cruauté horrible. La Conférence de Londres de 1830 déclara enfin la Grèce un État indépendant, et une assemblée d’évêques grecs à Nauplie en 1833 libéra l’Église nationale de Grèce de l’autorité du patriarche de Constantinople, qui était sous le contrôle de la Turquie. Sa direction suprême fut confiée à un Saint-Synode permanent à Athènes, institué par le roi, mais absolument indépendant dans toutes les affaires intérieures. Le roi doit appartenir à l’Église nationale, mais sinon toutes les religions sont sur un pied d’égalité. Pendant ce temps, l’église orthodoxe est pleinement représentée, l’église catholique romaine étant la plus forte, en particulier dans les îles. L’Université d’Athènes, ouverte en 1856 avec des professeurs formés pour la plupart en Allemagne, n’a pas manqué à sa tâche, même dans le domaine de la théologie.
207.2. Massacre des chrétiens syriens, 1860. — La guerre russo-turque qui se termina au commencement de 1856, dans laquelle la France et l’Angleterre, et plus tard aussi la Sardaigne, prirent le rôle du malade, laissa la condition des chrétiens pratiquement inchangée. En effet, bien que le Hatti Humayun de 1856 leur accordât des droits civils égaux à ceux des musulmans, ce qui, bien que bien intentionné de la part du sultan de l’époque, n’apportait pratiquement aucune amélioration par rapport au Hatti Sherif de Gülhane, tout aussi bien intentionné, de 1839. L’épidémie de 1860 a également prouvé le peu d’effet qu’elle a eu sur l’enseignement de la tolérance envers les chrétiens aux musulmans. Réveillés par des émissaires jésuites et confiants dans le soutien français, les maronites du Liban se livrèrent à plusieurs attaques provocatrices contre leurs vieux ennemis héréditaires, les Druses. Ceux-ci, cependant, aidés par la soldatesque turque, étaient toujours victorieux, et dans toute la Syrie éclata une terrible persécution contre les chrétiens de toutes confessions, caractérisée par des cruautés inhumaines. Rien qu’à Damas, 8 000 chrétiens, dans toute la Syrie, 16 000 chrétiens ont été assassinés, 3 000 femmes emmenées dans des harems et 100 villages chrétiens détruits. Après que le massacre eut cessé, 120 000 chrétiens errèrent sans nourriture, sans vêtements et sans abri, et s’enfuirent çà et là, craignant la mort. Fouad-Pacha fut envoyé de Constantinople pour punir les coupables, et parut d’abord se mettre énergiquement aux affaires ; mais son zèle se refroidit bientôt, et les troupes françaises, envoyées en Syrie pour protéger les chrétiens, furent obligées, cédant à la pression de l’Angleterre, où leur présence était considérée avec suspicion, de se retirer du pays en juin 1861.
207.3. La lutte ecclésiastique bulgare. — L’Église bulgare, qui comptait environ deux millions et demi d’âmes, fut de bonne heure soumise au patriarche de Constantinople (73, 3). qui a agi envers elle comme un pacha. Il vendit les évêchés et les archevêchés bulgares aux plus offrants du clergé grec, qui ignorait tout de la langue du pays, et n’avait qu’un but en vue, celui de se recouvrer en extorquant le plus grand revenu possible. On ne se souciait pas des besoins spirituels des Bulgares, on abandonnait complètement la prédication, on lisait la liturgie dans une langue inconnue du peuple. Il n’y a donc pas lieu de s’étonner que l’Église bulgare ait aspiré pendant des années à son émancipation et à son indépendance ecclésiastique, et qu’elle ait fait tous ses efforts pour l’obtenir de la Porte. La Turquie, cependant, sympathisa avec le patriarche jusqu’à ce que la révolte en Crète en 1866-1869 et des mouvements politiques menaçants éclatent en Bulgarie. Puis, enfin, en 1870, le sultan accorda l’établissement d’une province ecclésiastique slave indépendante sous la désignation d’Exarchat bulgare, avec la liberté de se rattacher aux autres provinces slaves à la majorité des deux tiers des voix. Le patriarche Grégoire protesta, mais la Sublime Porte ne se laissa pas décourager, et en mai 1872, l’exarque élu Anthimos fut installé. Le patriarche et son synode stigmatisèrent alors le phylétisme, la lutte pour l’établissement d’une Église nationale, comme une hérésie maudite, et excommunièrent l’exarque et toute l’Église bulgare. Seul le patriarche Cyrille de Jérusalem n’était pas d’accord, mais il fut pour cette raison, à son retour chez lui, traité avec indignité et injures et fut déposé par un synode à Jérusalem.
207.4. L’Église arménienne. — Au patriarche grégorien-arménien de Constantinople (64, 3), de même que son collègue orthodoxe ( 67, 7), avait été assigné par la Sublime Porte la juridiction civile ainsi que la primauté sur tous les membres de son église dans l’empire turc. Lorsqu’en 1830, à l’instigation de la France, un patriarcat indépendant avec des droits égaux a été accordé aux Arméniens unis (72, 2), la double dépendance vis-à-vis de la Porte et de la curie romaine créa des difficultés, qui furent entre-temps surmontées en donnant au patriarche, qui, en tant que fonctionnaire turc, exerçait la juridiction civile, une primauté avec le titre d’archevêque en tant que représentant du pape. Les Arméniens unis, comme les autres Églises unies de l’Orient, avaient joui dès les premiers temps de la liberté d’utiliser leur ancienne liturgie, leur ancien calendrier ecclésiastique et leur propre constitution ecclésiastique avec la libre élection de leurs évêques et patriarches, et ces privilèges ont été laissés intacts jusqu’en 1866. Mais lorsque, cette année-là, le patriarche arménien catholique mourut, que l’archevêque Hassun fut élu patriarche, et qu’une fusion des deux pouvoirs ecclésiastiques se produisit, ce qui devait conduire à une soumission absolue et complète sous la juridiction papale et à une assimilation parfaite avec la constitution et la liturgie romaines, en même temps que Hassun, en vue de s’assurer un chapeau rouge, se montra ardent et zélé dans cette affaire. Par la bulle Reversurus de 1867 Pie IX. revendiquait le droit de nommer les patriarches de toutes les Églises unies d’Orient, de confirmer les évêques choisis par ces patriarches, même de les choisir lui-même en cas de nécessité, et de statuer sur tous les appels concernant les biens de l’Église. Mais les méchitaristes de Saint-Lazzaro ( 164, 2) avaient déjà découvert les desseins intrigants de la France et les avaient fait connaître à leurs compatriotes en Turquie. Ceux-ci, alors que Monseigneur Hassun combattait le dogme de l’infaillibilité au concile du Vatican de 1870, chassèrent ses créatures et se constituèrent en une Église indépendante de Rome, sans pour autant se joindre aux Arméniens grégoriens. L’influence de la France étant paralysée par la victoire prussienne, la Porte acquiesça au fait accompli, confirma la nomination du patriarche nouvellement choisi Kupelian, et refusa de céder aux remontrances et aux allocutions du pape. En 1874, cependant, il reconnut également le parti Hassun comme une communauté ecclésiastique indépendante, mais attribua les biens de l’église au parti de Kupelian, et bannit Hassun de la capitale en tant que fomenteur de troubles. Les sympathies chaleureuses que la curie romaine exprima si haut et si ouvertement au début de la guerre russo-turque pour la victoire du croissant sur la croix russe schismatique, firent que la Sublime Porte considéra de nouveau les Hassunites avec faveur, de sorte qu’Hassun, en septembre 1877, retourna à Constantinople, où les églises furent données à son parti et un grand nombre de Kupélianistes furent gagnés à son parti. Il fut aidé avec empressement non seulement par les Français mais aussi par l’ambassadeur d’Autriche, et le patriarche Kupelian, alors cruellement persécuté de toutes parts, finit par démissionner de son poste et se rendit à Rome en mars 1879 pour s’agenouiller en pénitent devant le pape. Par un irade du sultan, Hassun fut officiellement restauré et, en 1880, il fut décoré d’un chapeau rouge par Léon XIII. Peu de temps auparavant, le dernier des évêques du parti adverse, avec environ 30 000 âmes, avait donné sa soumission.
207.5. Le traité de Berlin, 1878. — Une oppression fréquente et sévère, le refus d’administrer la justice et la violence brutale de la part du gouvernement et du peuple turcs envers les vassaux sans défense ont poussé les États et les tribus chrétiennes de la péninsule balkanique en 1875 à une rébellion de désespoir, qui a été vengée, surtout en Bulgarie en 1876, par des atrocités scandaleuses contre les chrétiens. Lorsque l’ingérence timide de la diplomatie européenne n’appela, au lieu de réformes réelles, que l’imposture moqueuse d’une prétendue constitution représentative libre, la Russie se crut obligée, en 1877, de venger par les armes les torts de ses frères par la race et la croyance, mais en raison des menaces de l’Angleterre et de l’Autriche, elle ne put recueillir pleinement les fruits de sa victoire chèrement acquise, comme cela avait été convenu dans le traité de San Stefano. Cependant, par la conférence de Berlin de 1878, les principautés de Roumanie, de Serbie et de Monténégro, jusque-là sous la suzeraineté de la Turquie, furent déclarées indépendantes, et à elles, ainsi qu’à la Grèce, aux dépens de la Turquie, un accroissement considérable de territoire fut accordé, la partie comprise entre les Balkans et le Danube devint la principauté chrétienne de Bulgarie sous la suzeraineté turque. mais la Roumélie orientale, au sud des Balkans, aujourd’hui séparée de la Bulgarie, obtint le rang de province autonome avec un gouverneur général chrétien. La Thessalie, l’Épire et la Crète obtinrent des réformes administratives et, sur tout le territoire européen, il fut stipulé que les pleins droits religieux et politiques seraient accordés aux membres de toutes les confessions. L’administration de la Bosnie-Herzégovine fut confiée à l’Autriche, et celle de Chypre, par un traité séparé, à l’Angleterre. La plus grande partie de l’Arménie, située en Asie, appartient à la Russie.
La République des États-Unis d’Amérique, qui existe depuis la Déclaration d’indépendance en 1776 et qui est reconnue par l’Angleterre comme indépendante depuis la conclusion de la paix en 1783, n’exige de ses citoyens d’autre critère religieux que la croyance en un seul Dieu. Comme les colons avaient souvent quitté leurs premiers foyers pour des raisons religieuses, la plus grande variété de partis religieux s’y réunissait, et en raison de leur formation théologique défectueuse et de leur tournure d’esprit pratique, ils offraient un champ fertile pour les mouvements religieux de toutes sortes, parmi lesquels les réveils systématiquement cultivés par de nombreuses confessions jouent un rôle remarquable. Le gouvernement ne s’embarrasse pas de questions religieuses, et laisse chaque confession s’occuper d’elle-même. Les prédicateurs sont donc entièrement dépendants de leurs congrégations et sont souvent susceptibles d’être renvoyés à la fin de l’année. Pourtant, ils forment une classe très respectée, et nulle part dans le monde protestant le ton du sentiment et de la piété ecclésiastiques n’est aussi élevé. Dans les écoles publiques, qui sont soutenues par l’État, l’instruction religieuse est en principe omise. Les Églises luthériennes et catholiques ont donc fondé des écoles paroissiales ; les autres confessions cherchent à pourvoir au besoin par les écoles du dimanche. Les candidats au ministère sont formés dans les collèges et dans de nombreux séminaires théologiques.
208.1. Dénominations protestantes anglaises. — Les nombreuses dénominations protestantes appartiennent à deux grands groupes, l’anglais et l’allemand. Parmi les premiers nommés, les suivants sont de loin les plus importants :
208.2. Les dénominations luthériennes allemandes. — L’émigration allemande vers l’Amérique commença à l’époque de Penn. Dans l’organisation des affaires ecclésiastiques, outre Zinzendorf et les missionnaires de Herrnhut, le pasteur Melchior Mühlenberg (mort en 1787), élève de A. H. Francke, et le pasteur réformé Schlatter, de Saint-Gall, jouèrent un rôle important dans l’organisation des affaires ecclésiastiques. le premier envoyé par l’orphelinat de Halle, le second par l’église hollandaise. L’orphelinat a envoyé de nombreux prédicateurs sérieux jusqu’à ce que le rationalisme fasse irruption dans la société. Comme en même temps le flot de l’émigration allemande était presque complètement arrêté pendant plusieurs décennies, et que tout commerce avec la mère patrie cessait, des foules d’Allemands, impressionnés par les réveils, passèrent aux dénominations anglo-américaines, et dans les dénominations allemandes elles-mêmes, avec la langue anglaise, entrèrent aussi dans le puritanisme et le méthodisme anglais. En 1815, l’émigration allemande recommença et s’accrut d’année en année. Au synode de 1857, l’Église luthérienne, qui comptait 3 000 pasteurs, se divisa en trois divisions principales :
En opposition à toute cette scission en sections, un concile général de l’Église luthérienne d’Amérique se tint en 1866, qui cherchait à réunir tous les synodes de district luthériens, dont douze sur cinquante-six, avec 814 ecclésiastiques, s’y joignirent, l’Iowa adoptant une attitude amicale et le Missouri une attitude nettement hostile. La neuvième assemblée tenue à Galesburg, dans l’Illinois, en 1875, posa comme principe fondamental : « Les chaires luthériennes seulement pour les prédicateurs luthériens, et les autels luthériens seulement pour les communiants luthériens. » Les Amérindiens, cependant, insistaient pour que des exceptions soient autorisées, par exemple en cas de danger de mort, etc. Toutefois, sur la question des limites de ces exceptions, les assemblées suivantes n’ont pas été en mesure de se mettre d’accord.
208.3. Mais aussi dans la Conférence synodale fondée et dirigée par le Synode du Missouri, englobant cinq synodes, des controverses doctrinales ont surgi en 1860. Un grand nombre d’entre eux, avec le Dr Walther à leur tête, avaient une doctrine stricte de la prédestination qu’ils considéraient comme la marque du luthéranisme authentique. Dieu a, enseignaient-ils, choisi un nombre déterminé d’hommes de toute éternité pour le salut ; Ceux-ci doivent et doivent être sauvés. Le salut dans le Christ est certes offert à tous, mais Dieu ne l’assure qu’à ses élus, afin qu’ils en soient sûrs et qu’ils ne puissent plus le perdre, non certes intuitu fidei, mais seulement selon sa grâce souveraine. Même l’un des élus peut sembler temporairement déchu de la grâce, mais il ne peut pas mourir sans en être pleinement en possession. Le professeur Fritschel protesta contre cela en 1872 comme étant essentiellement calviniste, et l’opposition s’éleva également au sein de la Conférence pastorale du Missouri. Le professeur Asperheim, du séminaire du synode norvégien de Madison dans le Wisconsin, qui s’était prononcé pour la première fois contre en 1876, a été déchu de ses fonctions et obligé de se retirer du synode. La controverse éclata sous une forme violente lors des conférences d’environ 500 pasteurs tenues à Chicago en 1880 et à Milwaukee trois mois plus tard, en 1881, au cours desquelles le professeur Stellhorn de Fort Wayne, à la seconde le professeur Schmidt de Madison, s’opposa vigoureusement. Walther clôtura la conférence par ces mots : « Vous demandez la guerre, la guerre vous aurez. » Il en résulta que l’ensemble du synode de l’Ohio et une grande partie du synode norvégien du Wisconsin rompirent la communion avec le synode du Missouri. Walther et ses adhérents allèrent si loin dans leur fanatisme qu’ils déclarèrent non seulement leurs adversaires américains, mais tous les théologiens luthériens les plus distingués d’Allemagne, Philippes aussi bien que Hofmann. Luthardt aussi bien que Kahnis, Vilmar aussi bien que Thomasius, Harms aussi bien que Zöckler, etc., théologiens bâtards, semi-pélagiens, synergistes et rationalistes, et de refuser la communion ecclésiale non seulement avec toutes les Églises nationales luthériennes d’Europe, mais aussi avec les Églises libres luthériennes allemandes, qui ne s’y attachaient pas inconditionnellement. Ces communautés séparatistes du Missouri, quoique partout assez peu importantes, sont en Europe les plus fortes dans le royaume de Saxe ; ils ont également quelques représentants à Nassau, Baden, Wurtemberg, Bavière et Hesse.
208.4. Confessions germano-réformées et autres confessions germano-protestantes.— L’église germano-réformée a son séminaire à Mercersburg en Pennsylvanie. Sa confession de foi est le Catéchisme de Heidelberg, sa théologie est une ramification de la théologie évangélique de l’union allemande, mais avec une tendance nettement positive. Bien que la théologie de l’union y ait prévalu parmi les réformés aussi bien que chez les luthériens, une Union de l’Église évangélique allemande a été formée à Saint-Louis en 1841 qui souhaitait mettre de côté les noms réformé et luthérien. Il établit un séminaire à Marthasville dans le Missouri. Les Herrnhuter sont également représentés en Amérique. Plusieurs sectes méthodistes allemandes ont récemment vu le jour :
208.5. L’Église catholique. — Un certain nombre de catholiques anglais, sous la direction de lord Baltimore, s’établirent dans le Maryland en 1634. La petite communauté s’agrandit et remplit bientôt le pays. C’est là seulement dans le monde entier que l’Église catholique romaine, bien que dominante, a proclamé le principe de la tolérance et de l’égalité religieuse. En conséquence, les protestants de diverses confessions s’y pressèrent, furent plus nombreux que les premiers colons et récompensèrent ceux qui les avaient reçus avec hospitalité par des injures et de l’oppression. Dans d’autres États, les catholiques étaient également traités comme des idolâtres et exclus des fonctions publiques et des postes d’honneur. Ce n’est qu’après la Déclaration d’indépendance en 1783 que cela a changé par la rupture du lien entre l’Église et l’État et la proclamation de la liberté religieuse absolue. Le nombre de catholiques a été considérablement augmenté par de nombreuses émigrations, en particulier d’Irlande et d’Allemagne catholique. Ils revendiquent aujourd’hui sept millions de membres, avec un cardinal à New York, 13 archevêques, 64 évêques, environ 7 000 églises et chapelles. Une belle cathédrale a été érigée à New York en 1879, dont le coût immense, dépassant toute attente, a finalement été défrayé par des méthodes très peu spirituelles et non ecclésiastiques, par exemple des loteries, des foires, des expositions dramatiques, des concerts, et même des baisers chèrement vendus, etc. Les catholiques romains ont aussi une université à Saint-Louis, 80 collèges et 300 cloîtres.
Pour l’Amérique du Nord, majoritairement protestante, la position des États catholiques romains d’Amérique du Sud forme un contraste très frappant. Nulle part ailleurs l’influence et le pouvoir du clergé n’ont été aussi étendus et aussi profondément enracinés, nulle part ailleurs la dépravation du catholicisme n’a atteint une telle profondeur de superstition, d’obscurantisme et de fanatisme. Au cours de la deuxième et de la troisième décennie de notre siècle, les États espagnols, favorisés par le mouvement révolutionnaire de la mère patrie, affirmèrent l’un après l’autre leur indépendance, et le Brésil portugais s’établit comme un empire indépendant sous le prince royal légitime du Portugal, Pierre Ier. en 1822. Bien que les autres nouveaux États aient adopté une constitution républicaine, ils ne pouvaient pas se défaire de l’influence du clergé catholique et appliquer les principes de la liberté religieuse proclamés dans leurs constitutions. Le catholicisme des créoles, des métis et des mulâtres était d’un genre trop fanatique et le pouvoir du clergé trop grand pour permettre une telle chose. Le Mexique est allé le plus loin dans la tentative, et le Brésil, sous Dom Pedro II. À partir de 1831, il étonna le monde par les mesures énergiques prises par son gouvernement en 1874 contre les prétentions du haut clergé. — En dépit de tous les obstacles, un nombre non négligeable de petites congrégations évangéliques se sont formées dans l’Amérique romaine, en partie par l’émigration et en partie par l’évangélisation.
De tous les États américains, le Mexique, depuis son indépendance en 1823, a été le plus troublé par les révolutions et les guerres civiles. Le clergé riche et influent, qui possédait près de la moitié de toutes les propriétés foncières, était le facteur avec lequel tous les prétendants, présidents et dirigeants devaient compter. Après que la plupart des gouvernements précédents eurent soutenu le clergé et été soutenus par lui, le parti libéral finalement victorieux sous le président Juarez secoua le joug en 1859. Il proclama la liberté religieuse absolue, introduisit le mariage civil, abolit les cloîtres, déclara les biens de l’Église propriété nationale et exila les évêques obstinés. Le parti clérical demanda et obtint de l’aide étrangère. L’Espagne, la France et l’Angleterre s’unirent dans une convention militaire commune en 1861 pour soutenir certaines revendications de citoyens répudiés par Juarez. L’Espagne et l’Angleterre retirèrent bientôt leurs troupes, ainsi que Napoléon III. déclara ouvertement que le but de son intervention était de fortifier la race latine et le principe monarchique en Amérique. À son instigation, le grand-duc autrichien Maximilien fut élu empereur, et ce prince, après avoir reçu la bénédiction du pape à Rome, commença son règne en 1864. Méfiant de tous les partis comme d’un étranger, en difficulté avec la curie et le clergé parce qu’il s’opposait à leurs prétentions à la restitution de leurs privilèges les plus extravagants, honteusement abandonné par Napoléon par crainte de l’attitude menaçante de l’Union nord-américaine, puis vendu et trahi par son propre général Bazaine, ce noble mais malheureux prince fut finalement condamné par Juarez lors d’une cour martiale à être fusillé en 1867. Juarez conserva son poste jusqu’à la fin de sa vie en 1872 et poursuivit strictement ses réformes anticléricales. Après sa mort, le cléricalisme releva la tête, et les jésuites expulsés du Guatemala envahirent le pays. Pourtant, la loi Juarez reçut une sanction constitutionnelle au congrès de 1873. Les jésuites furent chassés de l’autre côté des frontières, les prêtres obstinés ainsi qu’un grand nombre de religieuses, qui s’étaient réunies de nouveau dans les cloîtres et recevaient les novices, furent mises en prison. Elle a commencé en 1865 avec l’éveil d’un prêtre catholique Francisco Aguilar et d’un moine dominicain Manuel Aguas, par la lecture des Écritures. Ils ont jeté les bases de l'"Iglesia de Jesus » des Mexicains convertis, avec une doctrine évangélique et une constitution apostolique et épiscopale, qui compte aujourd’hui 71 congrégations dans tout le pays avec environ 10 000 âmes. Ce mouvement reçut un nouvel élan en 1869, lorsqu’un pasteur épiscopal anglican d’origine chilienne d’une congrégation hispanophone de New York, appelé Riley, en prit le contrôle et en fut consacré évêque en 1879. En plus de cette « Église de Jésus » indépendante, des missionnaires nord-américains de diverses confessions y ont travaillé depuis 1872 avec un succès lent mais constant.
209.2. Dans les républiques de l’Amérique centrale et méridionale, lorsque le parti libéral obtint le gouvernail par des guerres civiles presque incessantes, la liberté religieuse fut généralement proclamée, le mariage civil introduit, les jésuites expulsés, les cloîtres fermés, etc. Mais en Équateur, le président Moreno, aidé par le clergé, conclut en 1862 un concordat avec la curie par lequel seul le culte catholique était toléré dans tout le pays, les évêques pouvaient condamner et confisquer n’importe quel livre, l’éducation était sous l’autorité des jésuites, et le gouvernement s’engageait à employer la police pour réprimer toutes les erreurs et obliger tous les citoyens à remplir tous leurs devoirs religieux. De plus, le public résolut en 1873, bien qu’incapable de payer les intérêts de la dette nationale, de remettre au pape un dixième de tous les revenus de l’État. Mais Moreno a été assassiné en 1875. Les Jésuites, qui n’étaient pas en faveur, quittèrent Quito. La dîme payée jusque-là au pape fut immédiatement suspendue et, en 1877, le concordat fut abrogé. De même que l’Équateur à Moreno, le Pérou avait en même temps à Pierola un dictateur selon le cœur du pape. La république doit à son mauvais gouvernement une défaite après l’autre dans la guerre contre le Chili. ― La Bolivie déclara en 1872 que la religion catholique romaine serait seule tolérée dans le pays, et subit, comme le Pérou, des défaites écrasantes de la part du Chili. ― Lorsqu’à Saint-Iago du Chili, pendant la fête de l’Immaculée Conception en 1863, l’église jésuite de La Compania fut incendiée et plus de 2 000 femmes et enfants y furent consumés, le clergé déclara que ce désastre était un acte de grâce de la sainte Vierge, qui voulait donner au pays un grand nombre de saints et de martyrs. Mais là aussi, les conflits entre l’Église et l’État se sont poursuivis. En 1874, l’épiscopat chilien prononça l’interdiction contre le président et les membres du conseil national et de la Chambre basse qui s’étaient prononcés en faveur de l’introduction d’un nouveau code pénal garantissant la liberté de culte, mais elle resta lettre morte. Lorsque la chaire archiépiscopale de Saint-Iago devint vacante en 1878, le pape refusa, à n’importe quelle condition, de confirmer le candidat nommé par le gouvernement. Après la victoire décisive sur le Pérou et la Bolivie, le gouvernement insista de nouveau, en décembre 1881, pour qu’ils soient présentés. La curie envoya alors au Chili, soi-disant pour obtenir des renseignements plus exacts, un délégué apostolique qui profita de sa position pour attiser les querelles, de sorte que le gouvernement fut obligé d’insister pour qu’il fût rappelé. Comme la curie refusait de le faire, ses passeports furent envoyés au légat en janvier 1883, et un message présidentiel fut adressé au congrès suivant qui exigeait la séparation de l’Église et de l’État, avec l’introduction du mariage civil et du registre des fonctions civiles, comme seul moyen restant pour mettre fin à la confusion causée par la tergiversation papale. Le résultat des débats longs et houleux qui suivirent fut la promulgation d’une loi par laquelle le catholicisme fut privé du caractère de religion d’État et proclama l’égalité parfaite de toutes les formes de culte. En 1874, le président Borrias ouvrit une nouvelle campagne contre le clergé en lui interdisant de porter l’habit clérical, sauf dans l’exercice de ses fonctions, et en fermant tous les couvents. Le gouvernement, en favorisant les rebelles, défendit à son clergé de prendre part à la fête nationale, et mit sous l’interdit la cathédrale dans laquelle elle devait être célébrée. Déposé et banni pour cette raison, il continua de l’île britannique de Trinidad ses efforts pour fomenter une nouvelle rébellion. Le président, Guzman Blanco, après de longues négociations infructueuses avec le nonce apostolique, soumit en mai 1876 au congrès de Saint-Domingue le projet d’un projet de loi qui déclarait l’Église nationale entièrement indépendante de Rome. Le congrès ne se contenta pas d’homologuer ses propositions, mais il les poussa plus loin, en abolissant la hiérarchie épiscopale et en affectant ses revenus à l’Échographie nationale, pour l’éducation. Finalement, la curie romaine accepta la déposition de Guevara et confirma la nomination de son successeur précédemment désigné. Mais le président Blanco demanda alors au Congrès d’abolir la loi, ce qui fut accepté. Aux États-Unis de Colombie depuis 1853, et dans la République argentine depuis 1865, la liberté parfaite de foi et de culte a été garantie par la Constitution. De ce dernier état, les jésuites avaient été bannis pendant longtemps, mais avaient réussi à s’introduire à nouveau clandestinement. Lorsque, au début de l’année 1875, l’archevêque de Buenos-Ayres, Mgr Aneiros, adressa au gouvernement qui favorisait le parti clérical plutôt qu’au congrès, qui était le seul tribunal compétent, une demande de réinvestir les jésuites des églises, des cloîtres et des propriétés qu’ils possédaient avant leur expulsion, il se produisit une terrible émeute, que l’archevêque intensifia au maximum en publiant une violente pastorale. Une foule de 30 000 hommes, convoquée par les étudiants de l’université, détruisit le palais de l’archevêque, puis attaqua le collège des Jésuites, brûla tous ses meubles et ses ornements dans les rues et, au moyen du pétrole, réduisit bientôt le bâtiment lui-même en flammes. Ce n’est qu’avec difficulté que l’armée a réussi à empêcher d’autres méfaits. En octobre 1884, le nonce apostolique fut expulsé parce que, lorsque le gouvernement refusa catégoriquement sa demande d’empêcher la propagation de l’enseignement protestant et de placer les écoles du dimanche sous la surveillance des évêques, il répondit de la manière la plus violente et la plus passionnée. Vers la même époque, la république de Costa-Rica promulgua une loi interdisant tous les ordres religieux, déclarant tous les vœux invalides, et menaçant de bannissement tous ceux qui contreviendraient à ces lois, ainsi qu’une loi sur l’éducation qui interdisait toute instruction publique autre que celle fournie par l’État.
209.3. Brésil.—Au Brésil jusqu’en 1884, la « religion catholique apostolique romaine » était, selon la constitution, la religion de l’empire. Mais à partir de 1828, il y avait une congrégation protestante à Rio de Janeiro, et dans les districts de l’intérieur, par suite de l’immigration, il y avait 100 petites congrégations évangéliques, avec vingt-cinq pasteurs ordonnés, dont les formes de culte étaient de diverses sortes. Autrefois, le mariage protestant était considéré comme un concubinage, mais en 1851, une loi a été adoptée qui lui a donné une reconnaissance civile. Mais les évêques s’en tinrent à leurs vues antérieures et exigeaient des convertis mariés une répétition de la cérémonie. Depuis 1870, cependant, le gouvernement s’est énergiquement opposé aux prétentions du clergé qui ne voulait que reconnaître l’autorité de Rome. Les mariages protestants ont été déclarés aussi légitimes que les mariages catholiques, aucune peine civile n’est encourue par l’excommunication, toutes les bulles papales sont soumises à l’approbation du gouvernement, et il a été insisté pour que l’annonce de tous les membres du clergé nommés soit faite. Le clergé considérait la franc-maçonnerie comme la source principale de tout ce courant libéral, et c’est donc contre lui qu’il dirigea toutes ses forces. Le pape aida par son bref de mai 1873, condamnant la franc-maçonnerie. À la tête des prélats rebelles se trouvait Don Vitalis Gonsalvez de Oliveira, évêque d’Olinda et de Pernambuco. Il publia le bref pontifical sans demander la permission impériale, prononça l’interdiction de tous les francs-maçons et suspendit l’interdiction de toutes les associations qui refusaient d’expulser les frères maçonniques de leurs membres. En vain le gouvernement exigea son retrait. Il l’a ensuite accusé d’une attaque contre la constitution. La Cour suprême ordonna sa détention, et il fut placé à la prison d’État de Rio de Janeiro en janvier 1874. Le procès se termina par sa condamnation à quatre ans de prison, que l’empereur, par acte de grâce, commua en détention dans une forteresse, et le libéra en un an et demi. À la suite de cet événement, les jésuites furent, en 1874, expulsés du pays. L’arrivée croissante de moines et de moniales d’Europe a conduit le gouvernement, en 1884, à nommer une commission chargée d’appliquer la loi déjà votée en 1870, pour la sécularisation de toutes les propriétés monastiques après avoir fourni des pensions à ceux qui avaient droit à un soutien. La même année, tous les non-catholiques naturalisés furent déclarés éligibles au parlement impérial et aux assemblées provinciales. Les membres des églises évangéliques sont aujourd’hui environ 50 000, dont 30 000 Allemands.566
On ne peut nier que, depuis la tentative tridentine de définir la doctrine de l’Église, beaucoup moins de sectes condamnant l’Église en tant que telle sont issues du catholicisme romain que du protestantisme. Pourtant, de tels phénomènes ne manquent pas au XIXe siècle. Leur rareté est abondamment compensée par les innombrables dégénérescences et erreurs ( 191) dans lequel l’Église catholique ou ses représentants dans les classes supérieures et inférieures du clergé non seulement sont tombées, mais ont en fait provoqué et favorisé, et ainsi encouragé un amour malsain pour les particularités religieuses. Si l’absence de nouveaux développements hérétiques, sectaires et fanatiques devait être glorifiée pour elle seule, l’Église d’Orient, avec sa stabilité absolue, obtiendrait cette distinction à un degré beaucoup plus élevé. Dans l’Église russe, cependant, la multitude de sectes qui, au milieu d’oppressions et de persécutions multiples, continuent d’exister jusqu’à nos jours, malgré de nombreuses erreurs persistantes et même condamnables, témoigne d’un profond besoin religieux dans le peuple russe.
210.1. Sectes et fanatiques dans le domaine catholique romain ( 187, 6-8, 190).―Sur les Irvingites catholiques voir 211, 10.
210.2.
210.3. Sectes et fanatiques russes. — Après l’attentat de Nicolas Ier. à la conversion forcée des Raskolniks, en particulier des Starowerziens ou Vieux-Croyants purement schismatiques ( 163, 10), s’était avéré infructueux, le gouvernement d’Alexandre II. par la patience et la concession a pris un chemin plus sûr vers la réconciliation et la restauration. En octobre 1874, leurs mariages, naissances et décès, qui n’avaient pas été légalement reconnus jusque-là, furent inscrits sur le registre régulier et leurs droits légaux d’héritage furent ainsi garantis. Sous Alexandre III. en 1883, un décret impérial fut publié, qui leur donnait la permission de célébrer le service divin selon leurs propres méthodes dans leurs chapelles, qui n’avaient pas auparavant le statut légal des églises, et les déclarait également éligibles aux nominations publiques. cruellement opprimé sous Catherine II. et Paul Ier, Alexandre Ier, après qu’ils lui eurent présenté la confession qu’ils avaient adoptée, leur accordèrent la tolérance, mais leur assignèrent une résidence séparée dans le district du Taurus. Sous Nicolas Ier. ils furent transportés au nombre de 3 000 dans les montagnes de Transcaucasie en 1841, où ils furent appelés Duchoborje.― Les colons piétistes du Wurtemberg de la Russie méridionale firent naître parmi les paysans la secte répandue des Stundistes peu après l’abolition du servage en 1863. L’initiateur de ces réunions séparatistes pour l’étude de l’Écriture, qui ont conduit tout d’abord à la condamnation du culte des images et à la non-Bible du signe de la croix, puis à un retrait complet du culte de l’église orthodoxe et de la formation de conventicules, était le paysan et ancien de la congrégation Ratusny d’Osnowa près d’Odessa. à laquelle, plus tard, avec le même zèle de propagande, le paysan Balabok s’attacha. Ce dernier fut, en 1871, condamné à un an d’emprisonnement à Kiev et à la perte de ses droits civils, et en 1873, à Odessa, un grand procès criminel fut intenté contre Ratusny et tous les autres chefs de la secte, qui, cependant, après avoir procédé pendant cinq ans, se termina par un verdict d’acquittement. Un procès entamé en 1878 contre les Schaloputs avait un problème similaire. Cette secte, très répandue parmi les Cosaques de Cuba, rejette l’Ancien Testament, les sacrements et la doctrine de la résurrection, mais croit en une effusion continuelle du Saint-Esprit sur les prophètes de l’Église qui se sont préparés à leur vocation par l’abstinence complète de chair et de liqueurs spiritueuses, ainsi que par des prières incessantes et des jeûnes fréquents.
210.4. Vers le milieu du XVIIIe siècle, chez les « Hommes de Dieu », l’interprétation stricte des prescriptions de leur fondateur Danila Filipow ( 163, 10) avait conduit beaucoup de gens à s’abstenir complètement de relations sexuelles ; lorsqu’un paysan André Selivanov apparut comme un réformateur et fonda la secte des Skopzen ou mutilateurs, qui, s’appuyant sur des passages mal interprétés de l’Écriture (Matt. v. 28-30, xix. 12 ; Apoc., xiv, 4) insistait sur la destruction du désir sexuel par la castration et l’excision des seins féminins, généralement pratiquée sous anesthésie, comme condition nécessaire pour entrer dans le royaume des cieux. La première congrégation de Skopzic s’est réunie autour de lui dans le village de Sosnowka. Les « hommes de Dieu », furieux de son succès, le dénoncèrent au gouvernement. Il fut puni du knout et condamné en 1774 aux travaux forcés à Irkutzk. L’idée que Pierre III, mort en 1762, était encore en vie, prévalait alors. Les « hommes de Dieu » avaient également adopté cette opinion et l’avaient proclamé leur Christ apparaissant pour la dernière fois, qui reviendrait bientôt de sa cachette pour demander des comptes à tous les incroyants. Sélivanov, qui le savait, se livra alors pour le monarque exilé, et fut accepté comme tel par ses partisans dans son pays natal. Lorsque Paul Ier, le fils de Pierre, prit les rênes du gouvernement en 1796, un marchand de Moscou de Skopzic lui dit secrètement que son père vivait à Irkoutzk sous le nom de Selivanov. L’empereur l’amena donc à Pétersbourg et l’enferma comme imbécile dans un asile. Après la mort de Paul, cependant, ses partisans obtinrent sa libération. Il vécut alors dix-huit ans dans l’honneur à Pétersbourg, jusqu’à ce qu’en 1820 la cour intervienne de nouveau et le fit enfermer dans un cloître à Souzdal, où il mourut quelques années plus tard. Cruellement persécuté par Nicolas Ier. beaucoup de ses partisans émigrèrent en Moldavie et en Valachie où, demeurant dans des quartiers séparés à Jassy, Bucarest et Galatz, ils vécurent comme propriétaires d’établissements de location de diligences, et obtinrent de riches présents des prosélytes. Plus vigoureusement encore était la propagande menée dans les colonies moscovites de la mer d’Azov. C’est là qu’habitait à Morschansk le chef spirituel de tout le Skopzen, le riche marchand Plotizyn. Après que le gouvernement eut pris la piste de cette société, la maison de Plotizyn fut perquisitionnée et une correspondance révélant la vaste extension de la secte fut trouvée, ainsi qu’un trésor de plusieurs, certains disent jusqu’à trente, millions de roubles, qui, cependant, disparurent en grande partie d’une manière mystérieuse. Plotizyn et ses compagnons furent bannis en Sibérie et condamnés aux travaux forcés, d’autant moins sérieusement qu’ils furent châtiés dans un cloître. — La doctrine secrète des Skopzen, pour autant que l’on sache, est la suivante : Dieu avait voulu que l’homme se propageât non par des rapports sexuels, mais par un saint baiser. Ils ont enfreint cet ordre et cela a constitué la chute. Dans la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils dans le monde. Le point central de sa prédication qui nous a été transmise sous une forme très déformée était l’introduction du baptême de feu (Matt. III. 11), c’est-à-dire la mutilation par les fers chauds à laquelle, en considération de la faiblesse humaine, on peut substituer un baptême de castration (Matt. xix. 12). Origène est regardé par eux comme le plus grand saint de l’ancienne Église ; À son exemple, tous les saints qui sont représentés comme imberbes ou avec seulement une légère barbe se sont conformés à son exemple. Le retour promis du Christ (en cela seulement, s’écartant de la doctrine des « hommes » de Dieu »), eut lieu en la personne de l’empereur Pierre III. qu’enfanta une vierge sans tache, qui s’appelait l’impératrice Élisabeth Pétrovna. Celle-ci, après quelques années, transféra le gouvernement à une dame de la cour qui lui ressemblait et se retira dans la vie privée sous le nom d’Akulina Ivanovna, où elle reste encore invisible derrière des murs dorés, attendant les choses à venir. Son fils Pierre III, qui avait lui-même subi le baptême du feu, échappa aux pièges de sa femme, reparut sous le nom de Selivanov, fit beaucoup de miracles et convertit des multitudes, obtint en récompense le knout, et fut enfin envoyé en Sibérie. L’empereur Paul l’a rappelé et a été converti par lui. Sous Alexandre Ier. il fut de nouveau arrêté et emprisonné dans le cloître de Souzdal. Mais il fut transporté de là par un miracle divin à Irkutzk, où il vit maintenant en secret, d’où il reviendra en son temps pour juger les vivants et les morts. Dans leurs propres services secrets, des psaumes inspirés étaient chantés et, après des danses passionnantes, des prophéties étaient prononcées.567
Les États-Unis d’Amérique, avec leur constitution particulière, formaient le terrain de prédilection pour le rassemblement et le modelage des sectes à cette époque. Là, outre les anciennes colonies de quakers, de baptistes et de méthodistes d’Angleterre, nous rencontrons le swedenborgianisme et l’unitarisme, tandis que les baptistes et les méthodistes commencèrent à envoyer des missionnaires en Europe, et que l’Armée du Salut entreprit une campagne pour la conquête du monde. Mais c’est aussi sur le continent européen que des développements fanatiques indépendants ont fait leur apparition. — Une nouvelle combinaison du communisme et de l’enthousiasme religieux est représentée par les harmonistes et par les perfectionnistes en Amérique du Nord. Les séparatistes grusiniens et les chiliastes bavarois sont des millénaristes d’origine allemande, dont les premiers cherchaient à se délivrer de l’esprit antichrétien dominant en s’éloignant de la Russie méridionale et en s’y installant. Les églises Amen cherchaient à rassembler le peuple de Dieu des communautés juives chrétiennes en Palestine, tandis que le soi-disant Temple allemand cherchait à rassembler les chrétiens païens. En tant que saints des derniers jours, outre les adventistes, les darbyites se sont établis sur une base indépendante ; les Irvingites, avec la renaissance des offices apostoliques et des charismes, et leur caricature américaine, les Mormons, avec l’ajout de tendances socialistes et gnostiques fantastiques. La religion de la rébellion des Taiping en Chine présentait le phénomène rare d’un christianisme national chinois de croissance indigène, et une manifestation encore plus rare se rencontre dans le spiritisme américano-européen avec de prétendues révélations spirituelles de l’autre monde.
211.1. La propagande méthodiste. — À partir de 1850, les méthodistes américains, à la fois l’Albrechtsleute ( 208, 4) et les méthodistes épiscopaux ont envoyé de nombreux missionnaires, pour la plupart allemands, en Allemagne, dont le zèle a remporté un succès considérable parmi les gens de la campagne. Dans le nord-ouest de l’Allemagne, Brême est leur principale station, d’où ils se sont répandus en Suède, en Allemagne centrale et méridionale et en Suisse, et ont des stations à Francfort, Carlsruhe, Heilbronn et Zurich. En 1866, les méthodistes nord-américains célébrèrent leur centenaire à New York par la nomination d’un grand comité de réveil et de sainteté, dans lequel se trouvaient également des membres de nombreuses autres confessions. Parmi eux, le manufacturier Pearsall Smith, de Philadelphie, converti en 1871, fit preuve d’un zèle extraordinaire. En septembre 1874, il tint à Oxford de grandes réunions de réveil, d’où la désignation du mouvement d’Oxford tira son origine. Quelques Allemands présents ont porté ses opinions en Allemagne. Au printemps 1875, il entreprend sa deuxième tournée missionnaire en Europe. Tandis que ses deux compagnons, les revivalistes Moody et Sankey, parcouraient l’Angleterre pour la conversion des masses, Smith se rendit en Allemagne et, de Berlin à la Suisse, prononça des discours en anglais, qui furent interprétés, dans dix des grandes villes. Les plus pieux parmi le clergé et les laïcs accouraient de loin et de près pour l’écouter. Le voyage du nouvel apôtre devint de plus en plus une marche triomphale. Il a été salué comme un réformateur appelé à compléter l’œuvre de Luther ; comme un prophète, qui devait féconder les déserts arides de l’Allemagne avec l’eau de la vie. Le cœur de sa doctrine était : la sainteté parfaite et l’atteinte de la perfection absolue, non pas dans l’au-delà, mais maintenant ! Maintenant! Maintenant! avec le refrain constant : « Jésus me sauve maintenant », non pas la rémission des péchés par la justification par la foi en l’efficacité expiatoire du sang de Christ, qui ne sert qu’aux actions extérieures des péchés, mais l’extinction immédiate des péchés par Christ en nous, prouvée par une expérience vivante, inébranlable, intérieure, personnelle, etc. Lors d’une grande réunion internationale et interconfessionnelle à Brighton, qui dura dix jours, en juin 1875, à laquelle assistèrent de nombreux pasteurs allemands, incités par le paiement des frais de voyage, à couronner l’œuvre. Mais à l’apogée de son triomphe, sous la tension et l’excitation qui augmentaient chaque jour, l’apôtre de la sainteté se révéla un pauvre fils pécheur de l’homme, car il s’égarait dans des erreurs, « sinon pratiquement, du moins théoriquement », que ses admirateurs appelaient d’abord des aberrations mentales, mais qu’ils cachaient aux yeux du monde sous un voile de mystère. Vers la fin de la conférence de Brighton, il déclara à ses auditeurs : « Plongez donc dans une vie d’indifférence divine ! » et « Toute l’Europe est à mes pieds. » Et dans des conversations privées ultérieures, il développa un système d’éthique qui « conviendrait à l’Utah plutôt qu’à l’Angleterre », auquel il conforma alors sa propre conduite de telle sorte que ses admirateurs, « bien que convaincus de la pureté de ses propres intentions », furent obligés de répudier énergiquement et de renvoyer en toute hâte de l’autre côté de la mer l’homme que leur propre adulation sans mesure avait trompé.
211.2. L’Armée du Salut.—Une caricature extrêmement fantastique du méthodisme anglais est l’Armée du Salut. L’évangéliste méthodiste William Booth, qui fonda en 1865 une nouvelle station missionnaire dans l’un des quartiers les plus bas de Londres, eut l’idée en 1878, afin de faire impression sur les masses grossières, de donner à ses assistants, hommes et femmes, une organisation militaire, de la discipline et de l’uniforme, ainsi que des bannières et de la musique militaires pour entreprendre une campagne contre le royaume du diable. Le général des salutistes est Booth lui-même, sa femme est son adjudant, sa fille aînée est feld-maréchal ; ses compagnons de travail, hommes et femmes, sont ses soldats, cadets et officiers de divers grades ; Le chef d’état-major est le fils aîné de Booth. Leurs services sont conduits selon les formes militaires ; leur orchestre de trombone, de tambour et de trompette s’appelle le Hallelujah Brass Band. Leur journal, avec un numéro de 400 000 exemplaires, s’intitule le Cri de guerre ; un autre pour les enfants, est Le Petit Soldat, dans lequel Jane, âgée de quatre ans, s’étend sur les expériences de sa vie intérieure ; et Tommy, onze ans, est sûr qu’après avoir servi le diable pendant onze ans, il combattra maintenant pour le Roi Jésus ; et Lucie, âgée de neuf ans, se réjouit d’être lavée dans le sang de l’Agneau. C’est en Angleterre que l’armée connut son plus grand succès. Ses nombreux « prisonniers de guerre » de l’armée du diable (prostituées, ivrognes, voleurs, etc.) sont conduits à la parade comme des trophées de guerre, et racontent leur conversion, après quoi l’ordre du général, « Tirez une volée », appelle des milliers d’alléluias. Des collectes libérales et des contributions non sollicitées, comprenant plusieurs dons de 1 000 et plus, sont données au général, non seulement pour payer ses soldats, mais aussi pour louer ou acheter et aménager des théâtres, des salles de concert, des cirques, etc., pour leurs réunions, et pour construire de nouvelles grandes « casernes ». Son merveilleux succès a assuré à l’armée de nombreux admirateurs et mécènes, même dans les plus hautes sphères de la société. La reine Victoria elle-même témoigna à Mme Booth qu’elle était très satisfaite de son noble travail. Lors de la collation des grades aussi, à la Chambre haute comme à la Chambre basse, d’éminents prélats parlèrent favorablement de ses méthodes et de ses résultats, et encourageèrent ainsi la formation d’une armée ecclésiastique qui, sous la direction du prédicateur missionnaire Aitken, suit des voies semblables à celles de l’Armée du Salut, sans toutefois ses démonstrations spectaculaires, et a récemment étendu ses efforts à l’Inde. Le parti de tempérance, d’après le même modèle, a formé une armée du ruban bleu, dont les membres, qui se distinguent par le port d’un morceau de ruban bleu à la boutonnière, se bornent à lutter contre l’alcool. En opposition à cela, les tenanciers des cabarets et leurs associés formèrent une armée du ruban jaune, qui a pour enseigne les bandes de soie jaune des paquets de cigares. Peu de temps après le premier grand succès de l’Armée du Salut, une armée de squelettes fut formée à partir de la lie la plus basse de la populace de Londres, qui, avec une bannière portant l’emblème d’un squelette, faisant du bruit avec tous les instruments imaginables et chantant des chansons de rue obscènes sur des mélodies sacrées, interrompait les marches du Salut, et ensuite de l’Église. L’armée : jetant des pierres, des pommes pourries et des œufs, et même prenant d’assaut et démolissant leurs « casernes ». En 1880, un détachement de l’Armée du Salut, avec Railton à sa tête, assisté de sept Hallelujah Lasses, fit une première campagne en Amérique, avec New York comme quartier général. L’année suivante, sous la direction de MiSs Booth, il envahit la France, où il publie un bulletin quotidien, « En Avant ». En 1882, il parut en Australie, puis en Inde, où Chunder Sen, le fondateur du Brama-Somaj, se montra favorable. En Suisse, il a été inauguré en 1882, en Suède en 1884 et en Allemagne, à Stuttgart, en novembre 1886. L’Afrique, l’Espagne, l’Italie, etc., se succédèrent. Ces corps étrangers en dehors de l’Angleterre ont également connu un succès considérable. Presque partout, ils rencontraient de l’opposition, les magistrats interdisant souvent leurs réunions, infligeant des amendes et des emprisonnements, et la foule recourant à toutes sortes d’ingérences violentes. Nulle part ailleurs les deux types d’adversaires n’ont été aussi tenaces qu’en Suisse en 1883 et 1884, surtout à Lausanne, Genève, Neuchâtel, Berne, Beil, etc. Bien que le général Booth lui-même, à l’assemblée annuelle d’avril 1884, se soit vanté que 393 000 avions été collectés au cours de l’année écoulée pour les besoins de l’armée, et que plus de 846 casernes aient été ouvertes dans dix-huit pays du monde, et qu’il parlât même maintenant de renforcer l’armée par l’établissement d’une marine du salut, les extravagances croissantes causées par l’armée elle-même. ainsi que les inconvenances bien plus grandes de ceux qui lui sont plus ou moins associés, a éloigné beaucoup de ses anciens partisans.
211.3. Baptistes et Quakers. — Les sympathies et les tendances baptistes sont souvent apparues en Allemagne en dehors d’un piétisme ou d’un mysticisme anti-ecclésiastique. Mais cette aberration prit d’abord des proportions considérables lorsqu’un marchand de Hambourg, Oncken, qui avait été convaincu par sa lecture privée de la Bible de l’insoutenabilité du baptême des enfants, fut baptisé par un baptiste américain en 1834, et non seulement fonda la première congrégation baptiste allemande à Hambourg, mais se montra également infatigable dans ses efforts pour étendre la secte à toute l’Allemagne et à la Scandinavie par des missions et la distribution de tracts. Oncken meurt en 1884. C’est ainsi qu’une centaine de nouvelles congrégations baptistes allemandes se formèrent peu à peu dans le Mecklembourg, le Brandebourg (Berlin), la Poméranie, la Silésie, la Prusse orientale (Memel, Tilsit, etc.), la Westphalie, Wupperthal, la Hesse, le Wurtemberg et la Suisse. En Suède (250 congrégations avec 18 000 âmes), ils étaient principalement recrutés parmi les « lecteurs » qui, après 1850, se rendaient en foule (201, 2). Ils trouvèrent aussi des entrées au Danemark et en Courlande, mais dans tous les cas presque exclusivement parmi les classes incultes des ouvriers et des paysans. Après de longues mais vaines tentatives de répression de la part des gouvernements pendant la période réactionnaire de 1850, ils obtinrent, grâce à la politique libérale des deux décennies suivantes, plus ou moins de tolérance religieuse dans la plupart des États. Ils s’appelaient eux-mêmes la société des « chrétiens baptisés » et soutenaient qu’ils étaient « l’église visible des saints », le peuple élu de Dieu, par opposition à « l’église héréditaire et à l’église de tous et de tous », dans laquelle ils voyaient la Babylone apocalyptique. Même les mennonites qui « aspergent », au lieu d’immerger, « tout », c’est-à-dire sans tamisage approprié, ils les considèrent comme une église « héréditaire ». Il est vrai qu’ils sont en communion avec les baptistes anglo-américains, mais ils s’opposent à eux sur plusieurs points, surtout au sujet de la communion ouverte. — Un ordre particulier de baptistes s’est élevé en Hongrie chez les Nazaréens ou Naziréens, ou comme ils s’appellent eux-mêmes : « Disciples du Christ ». Fondée en 1840 par Louis Henefey, à l’origine forgeron catholique, qui était rentré de Suisse, la secte obtint de nombreux adhérents des trois Églises, la plupart provenant de l’Église réformée, favorisée peut-être par les réminiscences pas encore tout à fait éteintes des persécutions baptistes du XVIIIe siècle (163, 2). Ils pratiquaient une ascèse stricte, refusaient de prêter serment ou de s’engager dans le service militaire, et gardaient les formes puritaines de culte nues, dans lesquelles toute personne que le Saint-Esprit éclairait était autorisée à prêcher. Leurs congrégations embrassaient des amis faibles et forts, et aussi des frères faibles et forts. Les amis forts, après avoir reçu le baptême, ont rejoint les rangs des frères faibles, puis sont redevenus des frères forts lorsqu’ils ont été admis à la Cène du Seigneur. Les officiers ecclésiastiques étaient des chanteurs, des enseignants, des évangélistes, des anciens et des évêques. — En Amérique du Nord, le quakerisme, sous l’influence d’une prospérité matérielle croissante, avait perdu une grande partie de sa rigueur primitive dans la vie et les mœurs. Les plus laxistes étaient appelés Wet-, et leurs adversaires plus rigoureux Dry-Quakers. L’enthousiasme suscité par la guerre d’indépendance américaine de 1776-1783, qui s’est répandu dans leurs rangs, a conduit à de nouveaux écarts par rapport à la norme rigide des premiers temps. Ceux qui prenaient les armes à la main étaient désignés comme des Quakers combattants. L’Assemblée générale désapprouva mais toléra ces départs ; ni le Wet ni le Fighting QuaLes Kers furent excommuniés, mais ils n’étaient pas autorisés à prendre part au gouvernement de la communauté. En 1822, un parti apparut parmi eux, dirigé par Elias Hicks, qui portait la tendance originelle du quakerisme à se séparer du christianisme historique au point de nier la divinité du Christ et de n’accorder aucune autorité de contrôle à l’Écriture en faveur de l’emprise illimitée de la raison et de la conscience. Cette rupture avec les traditions du quakerisme, cependant, rencontra une opposition vigoureuse, et le parti protestataire, connu sous le nom d’Amis évangéliques, se prononça plus résolument que jamais en faveur de l’autorité de l’Écriture. En Angleterre, malgré la richesse et la position de ses adhérents, le quakerisme, depuis la seconde moitié du XVIIIe siècle, a subi un déclin lent mais constant, tandis que même en Amérique, c’est le moins qu’on puisse dire, aucun progrès ne peut être revendiqué. En Hollande, en Frise et dans le Holstein, les missionnaires quakers avaient connu un certain succès parmi les mennonites, sans toutefois former de communautés séparées. En 1786, quelques quakers anglais réussirent à gagner un petit nombre de prosélytes en Hesse, qui, en 1792, sous la protection du prince de Waldeck, formèrent une petite congrégation à Friedersthal, près de Pyrmont, qui existe encore aujourd’hui.568
211.4. Swedenborgiens et Unitariens.—Au dix-neuvième siècle, le swedenborgianisme a trouvé de nombreux adhérents. En Angleterre, en Écosse et en Amérique du Nord, la secte a fondé de nombreuses sociétés missionnaires et de tracts. Dans le Wurtemberg, le procureur Hofacker et le bibliothécaire Tafel, en partie par des éditions et des traductions des écrits de Swedenborg, en partie par leurs propres écrits, étaient particulièrement zélés à défendre et à répandre leurs vues. En 1828, une conférence générale de toutes les congrégations de Grande-Bretagne et d’Irlande publia une confession de foi et un catéchisme, et treize journaux (trois anglais, sept américains, celui de Tafel en allemand, un italien et un suédois) représentent les intérêts du parti. L’esprit libéral des temps modernes a, dans diverses directions, introduit des modifications dans sa doctrine. Son opposition sabellienne à la doctrine ecclésiastique de la Trinité et son opposition pélagienne à la doctrine de la justification ont été conservées, et sa spiritualisation des idées eschatologiques a été intensifiée, mais les éléments magiques théosophiques ont été entièrement mis de côté et presque aucune référence n’est jamais faite aux révélations de l’autre monde. 1). Mais en Angleterre, la loi les menaçait toujours d’une condamnation à mort. Cette loi n’avait en effet pas été appliquée depuis longtemps, et en 1813 elle fut formellement abrogée. Il y a maintenant en Angleterre environ 400 petites congrégations unitariennes avec environ 300 000 âmes. Le célèbre chimiste Jos. Priestly peut être considéré comme le fondateur de l’unitarisme nord-américain (171, 1), mais ce n’est qu’après sa mort, en 1804, que le mouvement qu’il représentait se répandit largement dans tout le pays. Puis, en peu de temps, des centaines de congrégations unitariennes ont été formées. Leurs chefs les plus célèbres furent W. Ellery Channing, décédé en 1842, et Theodore Parker, décédé en 1860, tous deux de Boston.
211.5. Manifestations fanatiques extravagantes. — L’Anglaise Johanna Southcote a déclaré qu’elle était la « femme au soleil » de l’Apocalypse XII. ou la femme de l’Agneau. En 1801, elle publia ses prophéties. Ses disciples, les Nouveaux Israélites ou Sabbatariens, ainsi appelés parce qu’ils observaient la loi de l’Ancien Testament du sabbat, fondèrent une chapelle à Londres pour leur culte. Un beau berceau était depuis longtemps prêt à recevoir le Messie promis, mais Johanna mourut en 1814 sans lui avoir donné naissance. eut lieu quelques années plus tard, en 1823, dans le village de Wildenspuch dans le canton de Zurich. Marguerite-Pierre, fille de paysan, excitée dans sa prime jeunesse par des visions morbides, fut pour cette raison expulsée du canton d’Argovie, et entraînée encore plus loin dans la direction d’un mysticisme extrême par le vicaire Jean Ganz, qui la présenta à Mme de Krüdener (176, 2). Au milieu de visions et de révélations célestes continuelles, ainsi que de violents conflits avec le diable et ses mauvais esprits, elle rassembla un groupe de fidèles disciples, par lesquels elle était vénérée comme une sainte très douée, parmi lesquels un cordonnier mélancolique, Morf, que Ganz lui présenta. La relation d’amour spirituel entre les deux en une heure non surveillée a pris une forme sensuelle et a conduit à la naissance d’un enfant, que la femme indulgente de Morf, après avoir simulé avec succès une grossesse, a adopté comme le sien. Cette chute profonde, dont elle blâmait entièrement le diable, poussa son fanatisme à la folie. La procédure ridicule dans sa propre maison, où pendant toute une journée elle et ses partisans ont frappé avec des poings et des marteaux ce qu’ils pensaient être le diable, a conduit la police à intervenir. Mais avant que les ordres n’arrivent de Zurich, elle trouva refuge dans un asile, et là la fin arriva bientôt. Marguerite assura à ses disciples que pour que le Christ puisse triompher pleinement et que Satan soit renversé, le sang devait être versé pour le salut de plusieurs milliers d’âmes. Sa sœur cadette Élisabeth se laissa volontairement tuer, et elle-même, avec un courage presque incroyable, laissa ses mains et ses pieds être cloués au bois, puis d’un coup de couteau, elle fut tuée, sous la promesse qu’elle et sa sœur se relèveraient le troisième jour. La tragédie se termina par l’arrestation et la longue réclusion de ceux qui y étaient impliqués. — La secte des Springers en Ingermannland a pris naissance en 1813. Nés d’une excitation religieuse non approuvée par les autorités ecclésiastiques, ils soutenaient que chaque individu avait besoin de l’illumination immédiate du Saint-Esprit pour le salut de son âme. Dès qu’ils crurent que cela était obtenu, la présence de l’Esprit fut attestée par des prières extatiques, des chants et des cris joints à des poignées de main et à des sauts dans leurs assemblées. L’illumination spéciale exigeait comme corrélat une sanctification spéciale, et ils la recherchaient non seulement dans la répudiation du mariage, mais aussi dans l’abstinence de chair, de bière, d’eau-de-vie et de tabac. Cependant, le « saint amour », qui est prisé au lieu du mariage, conduisit ici aussi à des erreurs sensuelles, et il en résulta que beaucoup, à l’exemple des Skopzen (210, 4) Il recourut aux moyens les plus sûrs de la castration. — Parmi les paysans suédois, en 1842 apparut le phénomène singulier des Voix qui pleurent (Röstar). Des laïcs incultes, et plus particulièrement des femmes et même des enfants, après des crises convulsives, éclatèrent en murmures profonds de repentance et en prophétisations d’un jugement imminent. La substance de leurs proclamations, cependant, n’était pas opposée à la doctrine de l’Église, et les crieurs étaient eux-mêmes les plus assidus à l’église et aux sacrements. Au début de 1870, la femme d’un colon de Leonerhofe, près de San Leopoldo au Brésil, Jacobina Maurer, devint célèbre parmi les colons négligents de cette région comme une pieuse prophétesse miraculeuse. Dans les assemblées religieuses dont elle est à l’origine, elle a donné ses révélations fantastiques basées sur des interprétations allégoriques de l’Écriture, et a fondé une congrégation d'"élus » avec une constitution communiste, dans laquelle elle a assumé toutes les fonctions de l’Église comme le Christ est revenu. Les injures grossières et les mauvais traitements infligés à ces « muckers » par les « incrédules », et l’intervention de la police, qui arrêta quelques-uns des partisans les plus zélés du Christ féminin, portèrent le fanatisme à son paroxysme. Jacobine déclara alors qu’il était du devoir des croyants de se préparer à la béatitude du millénium en extirpant tous les impies. Des meurtres isolés furent le prélude de la nuit d’horreur des 25 et 26 juin 1874, au cours de laquelle des bandes de Mucker bien organisées, abondamment pourvues de poudre et de plomb, se mirent à assassiner et à brûler à travers le district à des kilomètres à la ronde. L’armée envoyée contre eux ne réussit pas à réprimer la révolte avant le 2 août, après que la prophétesse et beaucoup de ses adhérents eurent résisté dans une résistance fanatiquement courageuse.
211.6. Sectes communistes chrétiennes. — Le seul sol sur lequel elles pouvaient prospérer était celui des États libres de l’Amérique du Nord. Outre les petites communautés Shaker ( 170, 7) Toujours en 1858, les nouvelles fraternités suivantes sont les plus importantes :
211.7. Communautés d’exode millénariste.
211.8.
211.9. La communauté du « nouvel Israël ». L’avocat juif Jos. Rabinowitsch de Kishenev en Bessarabie, qui s’occupait depuis longtemps de projets pour l’amélioration de la situation spirituelle et matérielle de ses compatriotes, au début de la persécution des Juifs en 1882 dans le sud de la Russie, exhorta avec empressement leur retour dans la terre sainte de leurs pères et entreprit lui-même un voyage d’inspection. C’est là qu’une forme définie semble avoir été donnée à la pensée longtemps caressée de chercher le salut de son peuple dans un attachement national indépendant à son ancien développement historique sacré, rompu 1850 ans auparavant, en reconnaissant la messianité de Jésus. Au moins après son retour, il exprima ce sentiment, basé sur Romains XI : « Les clefs de la terre sainte sont entre les mains de notre frère Jésus », qui, en raison de la haute estime dans laquelle il était tenu par ses compatriotes, fut bientôt repris par quelque 200 familles juives. Son principal effort était maintenant la formation de communautés nationales judéo-chrétiennes indépendantes, sur le modèle de l’Église primitive de Jérusalem, en tant que « nouveaux Israélites », observant tous les anciens rites et ordonnances juifs compatibles avec la prédication apostolique du Nouveau Testament et conciliables avec les conditions civiles et sociales modernes. La Torah, les prophètes de l’Ancien Testament et les écrits du Nouveau Testament sont considérés comme absolument contraignants, tandis que le Talmud et les ajouts chrétiens païens post-apostoliques à la doctrine, au culte et à la constitution ne sont pas considérés comme tels. Jésus, enseigne Rabinowitsch, est le vrai Messie qui, comme Moïse et les prophètes l’avaient prédit, est né comme Fils de David par l’Esprit de Dieu et dans la puissance de cet Esprit, a vécu et enseigné en Israël, puis, pour notre salut, a souffert, a été crucifié et est mort, est ressuscité d’entre les morts et est monté à la droite du Père qui est aux cieux. Il rejette la trinité des personnes en Dieu ainsi que les deux natures en Christ, parce qu’elles ne sont pas enseignées dans le Nouveau Testament et qu’elles proviennent de la spéculation chrétienne païenne. Le baptême et la Cène du Seigneur (et cela « à l’exemple des chrétiens de la pure confession évangélique en Angleterre et en Allemagne ») sont reconnus comme des moyens nécessaires de grâce ; mais la Cène du Seigneur doit être, selon son institution, un véritable repas avec les anciennes prières juives. En ce qui concerne la doctrine de la Cène, Rabinowitsch est d’accord avec les vues de l’Église luthérienne. La circoncision et l’observance du sabbat et des fêtes (en particulier la Pâque) sont conservées, non pas comme nécessaires au salut, donc non pas contraignantes pour les chrétiens païens, mais patriotiquement observées par les judéo-chrétiens comme signes de leur élection de toutes les nations et devant toutes les nations en tant que peuple de Dieu. En janvier 1885, avec l’accord du gouvernement russe, la synagogue nouvellement érigée du « saint Messie Jésus-Christ » pour la petite congrégation des disciples de Rabinowitsch à Kishenev a été solennellement inaugurée, les autorités ecclésiastiques russes, le pasteur luthérien Fultin et de nombreux jeunes Juifs prenant part à l’office. Peu de temps après, Rabinowitsch reçut le baptême chrétien dans la chapelle de l’église de Bohême à Berlin des mains du professeur Mead d’Andover, probablement en reconnaissance de l’aide envoyée d’Amérique. Une communion religieuse judéo-chrétienne avec des tendances similaires s’est formée dans la ville de Jellisawetgrad, dans le sud de la Russie, sous la désignation de « Fraternité spirituelle biblique ».
211.10. L’Église apostolique catholique des Irvingites.―Edward Irving, 1792-1834, un prédicateur puissant et populaire de l’église presbytérienne écossaise de Londres, soutenait la doctrine selon laquelle la nature humaine du Christ, comme la nôtre, était affectée par le péché originel, qui a été vaincu et expié par la puissance de la nature divine. En même temps, il acquit la conviction que les dons spirituels de l’Église apostolique pouvaient et devaient encore être obtenus par la prière et la foi. Une partie de ses disciples commença bientôt à exercer le don des langues en prononçant des sons inintelligibles, des cris forts et des prophéties. Son consistoire le suspendit en 1832 et l’Assemblée générale de l’Église d’Écosse l’excommunia. Des amis riches et distingués de l’Église épiscopale, parmi lesquels le riche banquier Drummond, qui devint plus tard un apôtre éminent (mort en 1859), se rallièrent à l’homme ainsi expulsé de son Église et lui donnèrent les moyens de fonder une nouvelle Église, mais, malgré les protestations d’Irving, ils apportèrent avec eux des tendances puseyites de la Haute Église, qui chassèrent bientôt les tendances hérétiques aussi bien que puritaines. et a modifié l’élément fanatique en un formalisme hiérarchique et liturgique. Le rétablissement de la fonction d’apôtre fut le trait caractéristique du mouvement. Après de nombreuses tentatives infructueuses, ils réussirent, grâce à l’illumination divine des prophètes, à appeler douze apôtres, dont le premier et le principal était l’avocat Cardale (mort en 1877). Par les apôtres, en tant que chefs et intendants de l’église, les évangélistes et les pasteurs (ou anges, Apocalypse II. 1, 8, etc.) ont été ordonnés conformément à Éph. iv. 11 ; et, subordonnés aux pasteurs, on nommait six anciens et autant de diacres, de sorte que les responsables de chaque congrégation embrassaient treize personnes, à l’exemple du Christ et de ses douze disciples. À Londres, sept congrégations ont été formées sur le modèle des sept églises apocalyptiques (Apoc. i. 20). Parmi leurs nouvelles révélations, il y avait la promesse de l’avènement imminent du Seigneur. Le Seigneur, qui devait venir du vivant des premiers disciples et qu’ils attendaient avec confiance, retarda indéfiniment son retour à cause de l’iniquité abondante et empêcha le plein développement du second apostolat destiné aux païens et représenté seulement par Paul, parce que l’Église n’en était plus digne. Maintenant, enfin, après dix-huit siècles de dégradation, au cours desquels l’Église est devenue la Babylone apocalyptique et a mûri pour le jugement, le temps est venu où l’apostolat suspendu a été restauré pour préparer la voie aux choses dernières. On soutint d’abord avec beaucoup de confiance qu’aucun de leurs membres ne devait mourir, mais qu’il devait vivre assez longtemps pour voir la consommation finale. Mais après que la mort eut enlevé tant d’entre eux, et même les apôtres l’un après l’autre, il fut simplement dit que ceux qui devaient voir le dernier jour sont déjà nés. Cela peut venir n’importe quel jour, n’importe quelle heure. Elle commence par la première résurrection (Ap. xx, 5) et le « changement » des saints vivants (les vierges sages, c’est-à-dire les Irvingites), qui seront enlevés au Seigneur dans les nuées et dans une sphère plus élevée seront unis au Seigneur dans le repas des noces de l’Agneau. Ils sont cachés en toute sécurité pendant que l’antéchrist persécute les autres chrétiens, les vierges folles, qui ne peuvent être sauvées qu’au moyen de souffrances douloureuses, et exécute le jugement sur Babylone. Cela marque la fin de l’église des Gentils ; mais alors commence te conversion des Juifs, qui, poussés par la nécessité et la persécution des pécheurs, ont cherché et trouvé un refuge en Palestine. Après une courte victoire de l’antéchrist, le Seigneur apparaît visiblement parmi les ressuscités et les déposés. Le royaume de l’antéchrist est détruit, Satan est lié, les saints vivent et règnent avec Christ mille ans sur la terre libérée de la malédiction. Par la suite, Satan est de nouveau lâché pendant une courte période et fait de grands ravages. Puis vient le renversement final de Satan, la seconde résurrection et le jugement dernier. Leur liturgie, composée par les apôtres, est une compilation des sources anglicanes et catholiques. Le sacerdoce et le sacrifice sont importants et les vêtements sacerdotaux voyants sont considérés comme requis. Pourtant, ils répudient la doctrine romaine de la répétition sans effusion de sang du sacrifice sanglant, ainsi que la doctrine de la transsubstantiation. Mais ils maintiennent strictement la contribution de la dixième comme un devoir imposé aux chrétiens par Héb. vii. 4. Leur point de vue typique de l’histoire et de la législation de l’Ancien Testament, en particulier du tabernacle, est des plus arbitraires et sans fondement. Leur première déclaration publiée parut en 1836 dans une « Lettre apostolique aux patriarches, évêques et présidents de l’Église du Christ dans tous les pays, et aux empereurs, rois et princes de toutes les nations baptisées », qui fut envoyée aux plus éminents parmi ceux qui s’adressaient, même au pape, mais ne produisit aucun résultat. Après cela, ils commencèrent à poursuivre ouvertement leur œuvre missionnaire. Mais ils s’occupaient surtout de ceux qui étaient déjà croyants, et ne prenaient pas part aux missions auprès des païens, car ils n’étaient envoyés ni aux païens ni aux incroyants, mais seulement pour rassembler et sauver les croyants. Dans leur pays natal, l’Angleterre, où ils ont d’abord eu beaucoup de succès, leur époque semble déjà passée. En Amérique du Nord, ils n’ont réussi à fonder que deux congrégations. Ils prospérèrent mieux en Allemagne et en Suisse, où ils s’assurèrent plusieurs théologiens capables, le principal Thiersch, le professeur de théologie de Marbourg, le Tertullien de ce montanisme moderne (mort en 1885), et fondèrent environ quatre-vingts petites congrégations d’environ 5 000 membres, dont les principales sont celles de Berlin, Stettin, Königsberg, Leipzig, Marbourg, Cassel, Bâle, Augsbourg, etc. Même parmi le clergé catholique de Bavière, ce mouvement trouva un écho ; mais cela fut vérifié par une série de dépositions et d’excommunications au cours de l’année 1857. — En 1882, le pasteur luthérien Alpers de Gehrden, à Hanovre, fut cité à comparaître devant le consistoire pour répondre de ses opinions irvingistes. Il a nié l’accusation et s’est référé à sa bonne prédication luthérienne. Cependant, comme il avait pris le « sceau » sacramentel des apôtres irvingites, le tribunal considéra cela comme une preuve qu’il s’était joint au parti et le déposa ainsi.570
211.11. Les Darbyites et les Adventistes. — Apparentés d’une part à l’Irvingisme par l’attente de l’avènement imminent et par le fait qu’ils se considèrent comme les saints du dernier temps qui seraient seuls à être sauvés, les Darbyites, d’autre part, par leur indépendance absolue, forment un contraste complet avec le hiérarchisme irvingite. John Darby, 1800-1882, d’abord avocat, puis ecclésiastique de l’Église anglicane, rompant avec l’anglicanisme, fonda entre 1820 et 1830 une communauté sectaire, apocalyptique et indépendante à Plymouth (d’où le nom de Frères de Plymouth), mais s’installa en 1838 à Genève, et en 1840 se rendit dans le canton de Vaud, où Lausanne et Vevey sont devenues le siège de la secte. Tous les offices cléricaux, toutes les formes ecclésiastiques sont du malin et sont la preuve de la corruption de l’Église. Il n’y a qu’un seul office, le sacerdoce spirituel de tous les croyants, et chaque croyant a le droit de prêcher et de dispenser les sacrements. Non seulement l’Église catholique, mais aussi l’Église protestante est une « Église de Balaam », et depuis le départ des apôtres, aucune véritable Église n’a existé. Dans la doctrine, ils sont strictement calvinistes.571―Le Adventistes. En ce qui concerne les 2 300 jours de Dan. VIII. 14 Comme tant d’années, W. Miller, de New-York et de Boston, proclama en 1833 que le second avènement aurait lieu dans la nuit du 23 octobre 1847, et convainquit des milliers de personnes de la justesse de ses calculs. Quand enfin la nuit dont il est question arriva, les croyants continuèrent à s’assembler dans leurs tabernacles, attendant, mais en vain, la promesse (Matt. xxiv. 30, 31 ; 1 Corinthiens xv. 52 ; 1 Thessaloniciens iv. 16, 17), à « la voix de l’archange et la trompette de Dieu pour être enlevés dans les nuées à la rencontre du Seigneur dans les airs ». Cette erreur de calcul, cependant, n’ébranla pas la croyance des adventistes en l’approche prochaine du Seigneur, mais leur nombre augmenta plutôt d’année en année. Le plus zélé dans la propagation de leurs vues par des journaux et des tracts, des évangélistes et des missionnaires, est une branche de la secte fondée par James White du Michigan, dont les adhérents, parce qu’ils observent le sabbat à la place du jour du Seigneur, sont appelés adventistes du septième jour.
211.12. Les Mormons ou Saints des Derniers Jours.—Jos. Smith, un fermier du Vermont ruiné, qui s’est mis à creuser à la recherche de trésors cachés, a affirmé en 1825 que, sous la direction de révélations et de visions divines, il avait mis au jour sur la colline de Comora, dans l’État de New York, des tablettes d’or dans un kist de pierre sur lesquelles étaient gravés des écrits sacrés. Les lunettes d’un prophète, c’est-à-dire deux pierres percées qui, en tant qu’urim et thummim mormons, se trouvaient à côté d’eux, lui permettaient de les comprendre et de les traduire. Il a publié la traduction dans le Livre de Mormon. D’après ce livre, les Israélites des dix tribus avaient émigré en Amérique sous la direction de leur chef, Léhi. Là, ils se divisèrent en deux peuples ; les Lamanites impies, répondant aux Peaux-Rouges modernes, et les pieux Néphites. Ceux-ci conservèrent parmi eux les anciennes histoires et prophéties israélites, et, par des signes miraculeux dans le ciel et sur la terre, obtinrent la connaissance de la naissance du Christ qui avait eu lieu entre-temps. Vers la fin du quatrième siècle après Jésus-Christ, cependant, les Lamanites commencèrent une terrible guerre d’extermination contre les Néphites, à la suite de laquelle ces derniers furent extirpés, à l’exception du prophète Mormon et de son fils Moroni. Mormon a consigné ses révélations sur les tablettes d’or dont il a été question et les a cachées comme le futur témoin des saints des derniers jours sur la terre. Sur la base de ces documents et des révélations qui lui avaient été faites, Smith se déclara appelé à Dieu pour fonder l’Église des Saints des Derniers Jours. La veuve d’un prédicateur de New York a en effet prouvé que le Livre de Mormon était presque littéralement un plagiat d’un roman historico-didactique écrit par son défunt mari, Sal. Spaulding. Le manuscrit était passé entre les mains de Sidney Rigdon, ancien ministre baptiste, puis assistant d’un libraire, puis bras droit de Smith. Mais même cela n’a pas dérangé les croyants. En 1831, Smith et ses partisans s’installèrent à Kirtland, dans l’Ohio. Pour éviter l’opprobre populaire qui augmentait de jour en jour, il se rendit dans le Missouri, puis dans l’Illinois, où il fonda, en 1840, l’importante ville de Nauvoo avec un beau temple. Par la diligence, l’industrie et la bonne discipline, la richesse, la puissance et l’influence de leur république augmentèrent, mais dans la même proportion l’envie, la haine et les préjugés du peuple, qui les accusait des crimes les plus atroces. En 1844, pour éviter l’effusion de sang, le gouverneur ordonna aux deux chefs, Jos. et Hiram Smith, de se rendre à l’emprisonnement volontaire en attendant un procès régulier. Mais des foules armées furieuses ont attaqué la prison et ont abattu les deux. Les brutes de tout le district se rassemblèrent alors en une grande troupe, détruisirent la ville de Nauvoo, brûlèrent le temple et chassèrent les habitants. Ceux-ci, au nombre de 15 000 hommes, au cours de plusieurs expéditions successives, au milieu de difficultés indescriptibles, se sont pressés « à travers le désert » au-dessus des montagnes Rocheuses, afin de s’ériger une Sion de l’autre côté. Le successeur de Smith fut le charpentier Brigham Young. Le voyage dura deux années entières, de 1845 à 1847. Dans le grand bassin du lac Salé de l’Utah, ils fondèrent Salt Lake City, ou la Nouvelle Jérusalem, comme capitale de leur État sauvage de Deseret. La recherche de l’or dans l’État voisin de Californie ne les séduisait pas, car leur prophète leur disait que paver les rues, construire des maisons et ensemencer des champs était un meilleur emploi que de chercher de l’or. C’est ainsi qu’ils devinrent bientôt une république florissante.
211.13. À l’instar des Irvingites, qui reconnaissaient en eux leur propre caricature diabolique, les Mormons rétablirent la fonction apostolique et prophétique, insistèrent sur la continuation du don des langues et des miracles, attendirent l’avènement rapide du Seigneur, réintroduisirent le paiement des dîmes, etc. Mais ce qui les distinguait de toutes les sectes chrétiennes, c’était la proclamation de la polygamie comme un devoir religieux, sous prétexte que seules les femmes qui avaient été « scellées » à un saint des derniers jours partageraient la bénédiction de la vie éternelle. Celle-ci fut probablement introduite pour la première fois par Young à la suite d’une nouvelle « révélation divine », mais jusqu’en 1852, elle fut gardée secrète et niée devant « les Gentils ». Pendant ce temps, l’ambiguïté du livre de Mormon était de plus en plus reléguée à l’arrière-plan, et les enseignements et les prophéties de leur prophète étaient de plus en plus mis en avant. « La voix de l’avertissement à toutes les nations » du prosélyte zélé Parly Pratt, ancien prédicateur campbellite, exerça une grande influence sur la propagation de la secte. Mais le plus doué de tous était Orson Pratt, le successeur de Rigdon dans l’apostolat. C’est principalement à lui que l’on attribue la construction de son système religieux ultérieur, hautement fantastique, qui, composé d’éléments tirés du néo-platonisme, du gnosticisme et d’autres formes de mysticisme théosophique, embrasse tous les mystères du temps et de l’éternité. Ses idées fondamentales sont celles-ci : Il y a des dieux sans nombre ; Tous sont polygames et leurs épouses partagent leur gloire et leur félicité. Ils sont les pères des âmes humaines qui, ici-bas, mûrissent pour leur destinée céleste. Jésus est le fils premier-né du dieu suprême par sa première femme ; il a été marié sur la terre à Marie-Madeleine, aux sœurs Marthe et Marie et à d’autres femmes. Les saints qui accomplissent ici leur destinée deviennent après la mort des dieux, tandis qu’ils sont rangés selon leur mérite dans divers rangs et avec la perspective d’une promotion à des postes plus élevés. À la fin de la course de ce monde, Jésus reviendra et, trônant dans le temple de Salt Lake City, exercera son jugement contre tous les « païens » et les apostats, etc. – La constitution de l’État mormon est essentiellement théocratique. À la tête se tenait le président, Brigham Young, en tant que prophète, patriarche et prêtre-roi, entre les mains duquel se trouvent tous les fils de l’administration spirituelle aussi bien que laïque. Un grand conseil à côté de lui, composé de soixante-dix membres, ainsi que les prophètes et les apôtres, les évêques et les anciens, et généralement toute la hiérarchie richement organisée, ne sont que les instruments souples de sa volonté qui commande tout. Chacun, en entrant dans la société, renonce à tous ses biens, et contribue ensuite un dixième de son revenu annuel et de son travail personnel à la bourse commune de la communauté. Bientôt, de nombreux missionnaires ont été envoyés qui ont traversé l’Atlantique et ont obtenu un grand succès, surtout en Écosse, en Angleterre et en Scandinavie, mais aussi dans le nord-ouest de l’Allemagne et en Suisse. Après avoir dissipé le malentendu qui régnait au sujet de leur condition sociale et politique, et fourni aux sans-le-sou, sur le riche fonds d’immigration, les moyens de faire le voyage, ils persuadèrent une grande foule de leurs nouveaux convertis de les accompagner en Utah.
211.14. En 1849, les Mormons avaient demandé au Congrès de répartir le district qu’ils avaient colonisé en tant qu'« État » indépendant et autonome dans l’Union, mais ils n’obtinrent, en 1850, que la constitution d’un « territoire » sous le gouvernement central de Washington, et la nomination de leur patriarche, Young, comme gouverneur. Accoutumé à l’absolu, il chassa en deux ans tous les autres officiers nommés par le syndicat. Il fut alors déchu de ses fonctions, mais le nouveau gouverneur, le colonel Sefton, nommé en 1854, ne put conserver son poste avec le petit armement qu’on lui fournissait et se retira volontairement. Quand, en 1858, le gouverneur Cumming, nommé par le président Buchanan, entra dans l’Utah avec une forte force militaire, Young s’arma pour une lutte décisive. Un compromis a toutefois été trouvé. Une amnistie complète fut accordée aux saints, les soldats de l’Union entrèrent pacifiquement dans la ville de Salt-Lake City, et Young entretint des relations assez amicales avec le gouverneur, qui, néanmoins, par l’érection d’un fort commandant la ville, rendit la position sûre pour lui et ses troupes. Lorsque la guerre de Sécession éclata en 1861, les troupes de l’Union furent pour la plupart retirées. Mais le gouvernement central, à la fin de la guerre en 1865, résolut d’autant plus énergiquement de soumettre complètement les saints rebelles, ayant appris que, depuis 1852, de nombreux meurtres avaient eu lieu dans le territoire, et que la disparition de caravanes entières de colons n’était pas due à des attaques d’Indiens, qui auraient scalpé leurs victimes. mais à une confrérie secrète mormone appelée Danites (Juges XVIII), frères de Gédéon (Juges VI et suiv.) ou Anges de la Destruction, qui, obéissant à la moindre allusion du prophète, avait entrepris de venger par un terrorisme sanglant tout signe de résistance à son autorité, d’arrêter toute tendance à l’apostasie et de se prémunir contre l’introduction de tout élément étranger. L’Union Pacific Railway, ouvert en 1869, priva le « Royaume de Dieu » de sa protection la plus puissante, son isolement géographique, tandis que les riches mines d’argent découvertes à la même époque dans l’Utah, peuplaient les villes et les campagnes d’immenses troupeaux de « Gentils ». L’ennemi juré, qui amena l’évêque mormon Lee, vingt ans après l’acte, sous le fouet de la Haute Cour de Justice comme impliqué dans l’horrible massacre d’un grand groupe d’émigrants à Mountain Meadows en 1857, serait probablement aussi tombé sur le prophète lui-même comme le principal instigateur de ce crime et de beaucoup d’autres s’il n’était pas mort subitement deux mois plus tard. dans sa soixante-quinzième année, échappa à la juridiction de tout tribunal terrestre (mort en 1877). Aucun successeur n’a été choisi, mais l’autorité suprême est entre les mains du collège des douze apôtres, avec à leur tête l’ancien John Taylor. Les tentatives répétées faites depuis 1874 par les autorités des États-Unis par des lois pénales pour extirper la polygamie parmi les mormons ont toujours échoué, parce que son existence réelle n’a jamais pu être légalement prouvée. Le témoin appelé ne pouvait ou ne voulait rien dire, puisque le « scellement » était toujours accompli en secret, et les femmes concernées niaient qu’un mariage ait été contracté avec l’accusé, ou si l’une d’elles se confessait elle-même comme sa femme mariée, elle refusait de témoigner sur ses relations domestiques. Le parti de loin le plus important est celui des « Mormons de Salt Lake City », qui défend fermement la polygamie et toutes les autres institutions introduites par Young et le péchéIl n’y a pas d’autre moyen d’y parvenir L’autre parti est celui des Kirtland, ou Vieux Mormons, ayant à leur tête le fils de leur fondateur, Jos. Smith, qui avait été écarté à cause de sa jeunesse, ce qui répudie tout cela comme une nouveauté sans fondement et restaure le vrai mormonisme du fondateur. Les Vieux Mormons s’opposent non seulement à la polygamie, mais aussi à toutes les doctrines introduites plus récemment. Ils sont appelés Mormons de Kirtland à cause du premier temple construit par leur fondateur à Kirtland en 1814, qui, étant tombé en ruines, a été restauré par Geo. Smith, fils, et est devenu le centre de la vieille dénomination mormone. En avril 1885, ils y tinrent leur premier synode, auquel assistèrent 200 députés.572
211.15. Les Taepings en Chine.—Hung-sen-tsenen, né en 1813 dans la province de Shan-Tung, se destinait à la profession savante, mais échoua à son examen à Canton. C’est là qu’il entra pour la première fois, en 1833, en contact avec des missionnaires protestants, dont les paroles mal comprises éveillèrent en lui la conviction qu’il était appelé à accomplir de grandes choses. En même temps, il s’empara de quelques tracts chrétiens chinois. Échouant une seconde fois à son examen en 1837, il tomba dans une maladie dangereuse et eut une série de visions dans lesquelles un vieil homme à la barbe dorée apparut, lui remettant les insignes du rang impérial et lui ordonnant d’extirper les démons. Après sa convalescence, il est devenu instituteur au primaire. Un parent du nom de Li lui rendit visite en 1843. Les tracts chrétiens furent de nouveau recherchés et étudiés avec soin. Sen reconnut alors dans le vieil homme de ses visions le Dieu des chrétiens et en lui-même le frère cadet de Jésus. Les deux hommes se baptisèrent l’un l’autre et gagnèrent deux jeunes parents à leurs vues. Expulsés de leurs fonctions, ils se rendirent en 1844 dans la province de Kiang Se comme vendeurs de crayons et d’encre, prêchèrent diligemment la nouvelle doctrine et fondèrent de nombreuses petites congrégations de leur secte. Les missionnaires américains de Canton entendirent parler du succès de leur prédication et Sen accepta une invitation à se joindre à eux en 1847. Le missionnaire Roberts avait beaucoup d’estime pour lui et avait l’intention de le baptiser, lorsque, à la suite d’histoires répandues à son sujet, leurs relations devinrent tendues. En 1848, Sen retourna auprès de ses compagnons de Kiang Se, qui avaient poursuivi leur prédication avec diligence et succès. En 1850, ils commencèrent à attirer l’attention par la destruction violente des idoles. Lorsque tous les restes d’une bande de pirates se joignirent à eux en tant que convertis, ils se retrouvèrent en commun avec ceux persécutés par le gouvernement et proclamés rebelles. L’expulsion de la dynastie détestée des Mantshu, qui, deux cents ans auparavant, avait supplanté la dynastie Ming, et le renversement de l’idolâtrie étaient maintenant leur principale entreprise, et en 1857, ils organisèrent sous Sen une rébellion régulière pour l’établissement d’une dynastie Taeping, c’est-à-dire de paix universelle. L’armée de Taeping s’avança sans entrave, tous les soldats de Mantschu qui tombèrent entre ses mains furent massacrés, et parmi les habitants des provinces conquises, seuls furent épargnés ceux qui rejoignirent leurs rangs. En mars 1853, ils prirent d’assaut la deuxième capitale de l’empire, Nankin, l’ancienne résidence de la dynastie Ming. C’est là que Sen fixa sa résidence et se fit appeler Tien-Wang, le Prince Divin. Il confia à dix princes subalternes le gouvernement des provinces conquises, près de la moitié de l’immense empire. Des milliers de bibles ont été distribuées ; Les Dix Commandements proclamaient comme fondement de la loi, beaucoup d’écrits, de prières et de poèmes composés pour l’instruction du peuple, et ceux-ci avec la Bible faisaient des sujets d’examen pour l’entrée dans l’ordre savant. Une théorie arienne de la trinité a été mise en avant ; le Père est le seul Dieu personnel, dont Sen a strictement interdit la ressemblance sous forme humaine corporelle, détruisant les images catholiques aussi bien que les idoles chinoises. Jésus est le fils premier-né de Dieu, mais il n’est pas lui-même Dieu, envoyé par le Père dans le monde pour l’éclairer par sa doctrine et le racheter par ses souffrances expiatoires. Sen, le frère cadet de Jésus, a été envoyé dans le monde pour répandre la doctrine de Jésus et expulser les démons, la dynastie Mantschu. La réception se fait par le baptême. La Cène du Seigneur leur était inconnue. Les offrandes sanglantes et non sanglantes étaient encore tolérées. L’usage du vin et du tabac était interdit ; L’usage de l’opium et son trafic étaient punis de mort. Mais la polygamie a été sanctionnée. Le samedi, selon l’Ancien Testament, était leur jour saint. Leur service ne consistait qu’en prières, en chants et en instruction religieuse ; mais aussi des prières écrites étaient présentées à Dieu par le feu.
211.16. Sen lui-même n’eut plus de visions après 1837. Mais d’autres prophètes extatiques se levèrent, le prince oriental Yang et le prince occidental Siao. Les révélations de ces derniers étaient relativement sobres, mais celles des premiers étaient au plus haut degré blasphématoirement fanatiques. Il s’est déclaré le Paraclet promis par Jésus, et a enseigné que Dieu lui-même, ainsi que Jésus, avait une femme avec des fils et des filles. C’était en même temps un général brave et victorieux, et la masse des Taepings lui était attachée avec enthousiasme. Sen céda humblement aux extravagances de ce fanatique, même lorsque Yang le condamna à recevoir quarante coups de fouet. Le renversement de Sen était déjà résolu dans le conseil secret de Yang, lorsque Sen prit courage et donna au prince du Nord l’ordre secret d’assassiner Yang et ses partisans en une nuit. C’est ce qui fut fait, et Sen fut assez faible pour permettre que le bourreau de son ordre secret soit publiquement mis à mort afin d’apaiser la population excitée. Mais c’est ainsi qu’en 1856 il redevint maître de la situation. — L’un des plus anciens apôtres de Sen, son proche parent Hung Yin, avait été renvoyé à Hong-Kong. Il s’y attacha au missionnaire bâlois Hamberg qui, en 1852, le baptisa et fit de lui son aide indigène. Dans l’espoir de gagner son cousin à la vraie foi chrétienne, il se rendit en 1854 à Nankin, qu’il n’atteignit cependant qu’en janvier 1859. Sen le reçut avec joie et en fit son ministre de la Guerre. Mais ses efforts pour introduire un christianisme plus pur parmi les Taepings furent infructueux, car il essaya la voie glissante de l’accommodement et, sous la pression de Sen, se créa un harem. En octobre 1860, sur l’invitation répétée de Sen, son ancien professeur, le missionnaire Roberts de Nankin, arriva et fut immédiatement nommé ministre des Affaires étrangères. Les missionnaires de Shanghai, dont plusieurs visitèrent Nankin, eurent des entretiens intéressants avec Yin en 1860, mais pas avec l’empereur, car ils refusèrent de se mettre à genoux devant lui. Ils ont été encouragés par Yin à espérer une purification future bien nécessaire du christianisme de Taeping. Les révélations de Yang, cependant, se maintinrent après comme avant, et furent augmentées par d’autres absurdités. À ce fanatisme grossier s’ajoutait maintenant la cruauté inhumaine avec laquelle ils massacraient les vaincus et dévastaient les villes et les districts conquis. Si les puissances européennes s’étaient rangées dans une attitude amicale et pacifique aux côtés des Taepings, la Chine aurait pu être aujourd’hui un empire chrétien. Au lieu de cela, les Anglais, à cause de l’extrême opposition des Taepings au trafic de l’opium, prirent une position hostile à leur égard, tandis qu’ils étaient également en disgrâce auprès des Français, qu’ils avaient dénoncés comme idolâtres à cause de leur culte de l’image romaine. Jusqu’au début de l’année 1862, cependant, l’influence de Yin avait empêché toute action hostile contre les Européens, malgré de nombreuses provocations. Mais après cela, les Taepings leur refusèrent tout quartier. Roberts s’enfuit de nuit pour sauver sa vie. Face à des troupes européennes disciplinées, les rebelles ne purent tenir leur position. Une ville après l’autre leur fut enlevée, et enfin, en juillet 1864, leur capitale Nankin. Sen a été retrouvé empoisonné dans son palais en flammes.573
211.17. Les spirites. — L’apprenti cordonnier, Andrew Jackson Davis, de Poughkeepsie sur l’Hudson, tomba dans un sommeil magnétique dans sa dix-neuvième année et composa son premier ouvrage, « Les principes de la nature, ses révélations divines et une voix à l’humanité », en 1845. Il a déclaré que ses déclarations étaient des révélations spirituelles de l’autre monde. Mais ses écrits ultérieurs composés pendant les heures de travail ont fait la même affirmation, en particulier l’ouvrage en cinq volumes, « Great Harmonia, being a Philosophical Revelation of the Natural, Spiritual, and Celestial Universe », 1850 ff. Tous deux ont connu de nombreuses éditions et ont été traduits en allemand. La grande manifestation spirituelle promise dans le premier ouvrage ne tarda pas à se faire attendre. Dans une maison achetée par la famille Fox à Hydesville, dans l’État de New York, on entendait souvent des coups spectraux. Grâce aux rapports que les deux plus jeunes filles, âgées de neuf et douze ans, avaient avec les fantômes, on découvrit le squelette d’un enfant de cinq ans assassiné d’un colporteur enterré dans la cave, et lorsque la famille quitta peu après la maison, les fantômes les accompagnèrent et continuèrent leurs communications en tournant les tables. Rap de table, écriture de table, etc. La chose devint alors épidémique. Des centaines et des milliers de médiums, hommes et femmes, se levèrent et entretinrent des rapports extrêmement vifs et variés avec d’innombrables défunts des temps anciens et postérieurs. Les croyants comptèrent bientôt des millions, y compris des personnes très instruites de tous les rangs, même des chimistes aussi exacts que Mapes et Hare. Une abondante littérature dans les livres et les revues, ainsi que les offices dominicaux, les fréquentes réunions de camp et les congrès annuels formaient une propagande pour le prétendu spiritisme, qui trouva bientôt son chemin à travers l’océan et gagna des adhérents enthousiastes pour toutes les confessions dans tous les pays européens, en particulier à Londres, Paris, Bruxelles, Saint-Pétersbourg, Vienne, Dresde, Leipzig, etc. Ils se divisèrent alors en deux partis, appelés respectivement Spirites et Spirites. Les premiers mettaient au premier plan des expériences physiques aux résultats étonnants et aux effets miraculeux ; ces derniers, avec le Français Allan Kardec (Rivail) comme chef, donnent une place prépondérante à l’enseignement des Esprits par communication directe. Le premier en référence à l’origine de l’âme humaine soutenue par la théorie du traducianisme ; la seconde à celle de la préexistence en relation avec une doctrine de réincarnation des esprits en raison de la pureté et de la perfection croissantes. Ceux-ci voient dans le Christ l’incarnation d’un esprit de l’ordre suprême ; le premier n’est que le type le plus pur et le plus parfait de la nature humaine. Mais ni l’un ni l’autre n’admettent la véritable vérité centrale du christianisme, la réconciliation de l’humanité pécheresse avec Dieu en Christ. L’un et l’autre évaporent la résurrection en une simple manifestation spectrale de l’esprit ; et les révélations et les déclarations des esprits avec l’un et l’autre sont également triviales, stupides et vaines. Russel Wallace et le non moins célèbre physicien Wm. Crookes sont des apologistes du spiritisme. Celui-ci déclara en 1879 qu’aux trois conditions bien connues de la matière, solide, fluide et gazeuse, il fallait en ajouter une quatrième, « radiante », et qu’il y avait là la frontière où la force et la matière se rencontrent. Et en Allemagne, l’astrophysicien aigu de Leipzig, le P. Zöllner, après toute une série de séances spirites dirigées par le médium américain Slade en 1877 et 1878, avait été soigneusement examiné et testé par lui-même et mis à l’épreuve.Plusieurs de ses collègues scientifiques les plus accomplis étaient convaincus de l’existence et de la réalité d’un espace supérieur à « quatre dimensions » dans le monde des esprits, auquel appartenait le pouvoir de traverser la matière corporelle terrestre en raison de sa quatrième dimension. Les philosophes I. H. Fichte de Stuttgart et Ulrici de Halle ont admis la réalité des communications spirites et les allèguent comme des preuves de l’immortalité. Parmi les théologiens allemands, Luthardt de Leipzig considère tout cela comme l’œuvre de démons qui profitent à leurs propres fins de la dissolution morale et religieuse du monde moderne et de l’ébranlement nerveux qui en résulte, tout comme dans le monde antique aux débuts du christianisme. Zöckler de Greifswald trouve une analogie entre cela et la possession démoniaque de l’époque du Nouveau Testament ; il en est de même de Martensen dans son « Jacob Boehme », et du côté catholique de W. Schneider ; tandis que Splittgerber rapporte la plupart des manifestations en question à une origine purement subjective dans « le côté droit de la vie de l’âme humaine », mais place la matérialisation des esprits dans la catégorie de la jonglerie illusoire. Le spiritisme ne s’est guère remis de l’opprobre jeté sur lui par le démasquage des ruses de la célèbre médium Mlle Florence Cook à Londres en 1880 et de l’esprit distingué matérialisateur Bastian par le grand-duc Jean d’Autriche en 1884.574
211.18. Au domaine de l’illusion indiscutable appartient aussi le mouvement spiritualiste du Théosophisme ou Occultisme indien. Le colonel américain Olcott de New York avait déjà passé vingt-deux ans dans les milieux spirites lorsqu’en 1874 il rencontra Madame Blavatsky, veuve d’un général russe qui avait été gouverneur d’Erivan en Arménie. Elle prétendait avoir été dès sa huitième année en communication avec les esprits, puis avoir eu des rapports secrets avec les Mahatmas, c’est-à-dire les esprits des vieux pénitents indiens, pendant un séjour de sept ans dans l’Himalaya. Elle promit alors de leur présenter le colonel. Olcott et Blavatsky fondèrent à New York en 1875 une société de recherche dans le département des sciences mystiques, se rendirent en 1878 dans l’Inde et à Ceylan, et s’installèrent finalement à Madras, d’où, par la parole et par l’écriture, ils proclamèrent dans tout le pays le théosophisme ou l’occultisme comme la religion de l’avenir, qui, consistant en un mélange d’hindouisme et de bouddhisme, enrichi par les révélations spiritualistes des Mahatmas, garanti par des signes et des miracles spirites et conforme aux recherches philosophiques et scientifiques les plus récentes en Amérique et en Europe, visant à mépriser le christianisme et finalement à le chasser du champ. En tant qu’adversaires fanatiques des missions chrétiennes dans l’Inde, ils furent fortement soutenus par la hiérarchie brahmanique et bouddhiste, et obtinrent bientôt pour la société théosophique qu’ils fondèrent non seulement de nombreux adhérents parmi les indigènes, mais aussi beaucoup d’Anglais trompés par leur escroquerie spirite. En tant qu’apôtre et pionnier littéraire de la nouvelle religion apparut un Anglo-Indien du nom de Sinnett. Au printemps 1884, Madame Blavatsky et le colonel Olcott firent une tournée de propagande en Europe, où, en Angleterre, en France, en Autriche et en Hongrie, ils gagnèrent de nombreux convertis, tandis que le colonel Olcott à Elberfeld et Madame Blavatsky à Odessa fondèrent des branches de leur société théosophique. Blavatsky, en partant, avait confié les clefs de son logis et de son armoire mystérieuse avec ses divers panneaux, ses portes tombantes, etc., à M. et Mme Coulomb, qui avaient été jusque-là ses assistants dans toutes ses jonglerie. Madame Coulomb, cependant, se brouilla avec le conseil des théosophes de Madras, et se vengea en mettant entre les mains de la mission écossaise des lettres adressées par Blavatsky à elle-même et à son mari, qui fournissaient la preuve que toutes ses manifestations spirites n’étaient que de vulgaires ruse. En outre, elle a donné des expositions publiques dans lesquelles elle a montré aux spectateurs ad oculos les manifestations spirituelles des Mahatmas, et a ensuite publié un « Compte de ma connaissance avec Madame Blavatsky, 1872-1884 », avec des découvertes de ses fripons antérieurs. Entre-temps, l’escroc était elle-même, en décembre 1884, retournée à Madras en compagnie de plusieurs croyants rassemblés en Angleterre, entre autres un jeune ecclésiastique anglais, Leadbeater, qui, quelques jours auparavant, à Ceylan, avait officiellement adopté le bouddhisme. Les théosophes exigeaient alors que le tricheur et le trompeur réputés fussent traduits devant un tribunal civil. Le président, cependant, déclara que les enquêtes et le jugement d’un tribunal profane ne pouvaient pas être acceptés aux mystères de l’occultisme, mais promit un examen minutieux par une commission nommée par lui-même, et Blavatsky pensa qu’il était souhaitable « pour le rétablissement de sa santé dans un climat plus frais » de s’enfuir de la scène du conflit.575
Tandis que l’esprit antichrétien de l’époque éclate sous diverses formes théoriques dans notre littérature, il y a aussi des mouvements sociaux et communistes de nature pratique. Le socialisme et le communisme visent tous deux à une réforme profonde des droits de propriété et de possession, en stricte proportion du travail qui y est consacré. Ils se distinguent cependant en ce que, tandis que le communisme déclare la guerre à toute propriété privée et exige la communauté absolue des biens, le socialisme, au moins dans ses formes les plus anciennes et les plus nobles, partant de l’idée d’une correspondance précise entre le capital et le travail, cherche à ce qu’on lui donne une expression concrète. De l’ancien socialisme, qui s’efforçait d’atteindre son but d’une manière pacifique dans les lignes existantes de l’ordre civil, une social-démocratie ultérieure se distingue par son caractère résolument politico-révolutionnaire et sa tendance à s’attacher davantage au communisme. Ce socialisme moderne pense ouvrir la voie à la réalisation de ses idées farfelues par la confusion et le renversement de la loi et de l’ordre existants.
212.1. Les débuts du communisme moderne. — Dès 1796, Babeuf publia à Paris un manifeste communiste qui soutenait la thèse que la loi naturelle donne à tous les hommes un droit égal à la jouissance de tous les biens. Ses idées ont ensuite été systématisées et développées par Fourier, Proudhon, Cabet et Louis Blanc en France, et par Weibling et Stirner en Allemagne. Dans un traité de 1840, Proudhon répondit à la question : Qu’est-ce que la propriété ? en des termes qui devinrent plus tard proverbiaux et formèrent la devise du communisme : La propriété c’est le vol. Mais la simple négation de la propriété n’offre pas de base permanente. Tous les autels doivent être renversés ; toute religion extirpée comme le fléau de l’humanité ; la famille et le mariage, comme source de tout égoïsme, doivent être abolis ; tous les gouvernements existants doivent être renversés ; Toute l’Europe doit être transformée en une grande social-démocratie. Une propagande communiste secrète s’étendit dans toute l’Europe occidentale, eut son siège en Belgique et en Suisse, traversa les Alpes et les Pyrénées, ainsi que la Manche, et trouva un terrain favorable même en Russie.
212.2. Le comte de Saint-Simon de Paris, réduit à la misère par la spéculation, proposait, au moyen d’une organisation complète de l’industrie, de fonder un nouvel et heureux état de choses dans lequel il y aurait pure jouissance sans pauvreté et sans soucis. Une tentative de suicide, qui entraîna cependant sa mort en 1825, fit de lui aux yeux de ses disciples un sauveur du monde. La révolution de juillet 1830 donna à la nouvelle religion universelle, qui rétablit la chair dans ses droits perdus depuis longtemps et chercha à assigner à chaque individu la place pour laquelle il était fait dans la république, quelque avantage. Le « père » Enfantin, que ses disciples honoraient comme la plus haute révélation de la divinité, luttait avec des phrases pompeuses et dans un style fantastique pour l’émancipation de la femme et contre l’institution contre nature du mariage. Mais le saint-simonisme ne tarda pas à exciter les moqueries publiques, fut déclaré immoral par les cours de justice, et les restes de ses adeptes s’enfuirent en Égypte pour échapper au mépris du peuple et à la vengeance de la loi.
212.3. Owenistes et Icarians.―Le propriétaire du moulin écossais Rob. Owen se rendit en Amérique en 1829, afin d’y mettre au point, sans être gêné par les préjugés religieux, l’opposition cléricale et l’ingérence de la police, ses projets socialistes pour améliorer le monde, qu’il croyait avoir déjà un peu prouvés parmi ses ouvriers écossais. Il acheta à cet effet au Württemberger Rapp la colonie d’Harmony ( 211, 6) ; mais, comme il manquait les capitaux nécessaires à l’établissement de la république socialiste et qu’il ne réalisait pas ses espérances, le mécontentement, le désordre et l’opposition prirent le dessus et, en 1826, Owen fut obligé d’abandonner tous ses biens. Il retourna alors en Angleterre, et s’adressa en traités, en tracts et en conférences aux classes ouvrières de tout le pays, afin de les gagner à ses idées. Une vaste fraternité pour le bénéfice mutuel et pour la jouissance de leurs gains communs devait mettre fin à la misère de la terre, que les religions positives n’avaient pas diminuée, mais seulement augmentée. En 1836, dans les grandes villes industrielles, des syndicats socialistes comptant près d’un demi-million de membres se formèrent, avec leur siège central et leur congrès annuel à Birmingham. Les projets pratiques d’Owen, cependant, n’eurent aucun succès en Angleterre, et ses sociétés n’eurent aucune permanence. Il mourut en 1858. — Plus désastreux encore fut le sort de la colonie icarienne, fondée au Texas en 1848 par le Français Stephen Cabet, auteur du Voyage en Icarie, Roman philos. et social, 1840, comme une tentative de réaliser ses idées communistes et philanthropiques de l’autre côté de l’Atlantique. Les colons ne tardèrent pas à voir leurs espérances amèrement déçues, et lançèrent contre leur chef des reproches et des menaces. Quelques ex-Icariens l’accusèrent en 1849 devant le tribunal de police de Paris d’escroc, et il fut condamné à deux ans de prison et à cinq ans de privation des privilèges civils. Cabet se hâta alors de se rendre en France et, en appel, obtint la réversion de sa peine en 1851. De retour en Amérique, il fonda une nouvelle colonie icarienne à Nauvoo dans l’Illinois. Mais là aussi, tout va mal, et une révolte des colons l’oblige à fuir. Il meurt en 1856.576
212.4. L’Association internationale des travailleurs. — Des syndicats ouvriers locaux et nationaux ayant une organisation socialiste existaient depuis longtemps en Angleterre, en France et en Allemagne. L’idée d’une union embrassant le monde entier fut abordée pour la première fois à la grande Exposition de Londres en 1862, et lors d’une conférence tenue à Londres le 28 septembre 1864, à laquelle tous les pays industriels de l’Europe étaient représentés, elle prit une forme pratique par la fondation d’une association internationale universelle des travailleurs. Sa constitution était strictement centralisatrice. Un comité directeur à Londres, Carl Marx de Trèves, ancien professeur de philosophie à Bonn, à sa tête en tant que dictateur, représentait l’autorité suprême législative et gouvernementale, tandis qu’à côté d’elle un conseil général permanent détenait le pouvoir administratif et exécutif. Celle-ci était divisée en huit sections, anglaise, américaine, française, allemande, belge, néerlandaise, italienne et espagnole, et des congrès internationaux annuels à Genève, Lausanne, Bruxelles, Bâle et La Haye donnaient l’occasion d’une consultation générale sur des questions d’intérêt commun. L’admission en tant que membres était accordée par la remise d’un diplôme après six mois d’essai, et impliquait l’obéissance inconditionnelle aux statuts et ordonnances des autorités centrales et le paiement d’une cotisation annuelle. Le nombre des membres, qui n’est cependant pas exclusivement issu des classes ouvrières, aurait atteint deux millions et demi. La société a adopté les idées et les tendances socialistes et communistes actuelles. Le principe religieux de l’association était donc : l’athéisme et le matérialisme ; le politique : la démocratie absolue ; le social : l’égalité des droits du travail et du profit, avec l’abolition de la propriété privée, des droits héréditaires, du mariage et de la famille ; et comme moyen de réaliser ce programme, irréalisable par des méthodes pacifiques, la révolution et la rébellion, le feu et l’épée, le poison, le pétrole et la dynamite. De tels moyens ont déjà été utilisés de diverses manières par l’internationale dans les pays romans ; mais surtout dans le bref règne de terreur de la Commune de Paris, en mars et avril 1871, dans la tentative de révolte relativement non moins violente à Alcoy dans le sud de l’Espagne en juillet 1873. Mais, dans l’intervalle, des divergences apparurent au sein de la société, qui furent formulées au congrès de La Haye en 1872, et amenèrent des scissions, qui diminuèrent considérablement son unité, son influence et son pouvoir de faire du mal, de sorte que ce congrès peut peut-être être considéré comme le premier commencement de sa fin.577
212.5. La social-démocratie allemande. Lassalle, fils d’un riche marchand juif de Breslau, après des études complètes de philosophie et de droit, commença en 1848 à prendre une part active aux mouvements avancés de l’époque, et lorsqu’il ne trouva aucune faveur parmi les citoyens libéraux pour ses idées socialistes, il se tourna exclusivement vers les classes ouvrières. En réponse à la question de savoir ce qu’il fallait faire par le comité central d’un congrès ouvrier à Leipzig, il élabora en 1863 avec beaucoup de subtilité, dans une lettre ouverte, l’idée fondamentale de sa rédemption universelle. Tous les plans d’auto-assistance pour soulager la détresse des travailleurs proposés jusqu’à présent (en particulier celui de Schulze-Delitzsch) échouent à cause de la « loi économique d’airain des salaires », en conséquence de laquelle, sous la domination du capital et des grands employeurs de salaires-d’œuvre, le salaire est toujours réduit avec une nécessité fataliste au point indispensable pour fournir à la famille d’un ouvrier les nécessités absolues de la vie. Les classes laborieuses, cependant, ont droit, d’après la loi de la nature, à un équivalent complet de leur travail, mais pour y parvenir, elles doivent être leurs propres entrepreneurs de pompes funèbres, et là où l’auto-assistance n’est qu’une vaine illusion, l’aide de l’État doit fournir les moyens. En insistant sur le droit au suffrage universel, les classes ouvrières ont obtenu une majorité décidée dans les assemblées législatives, et y ont assuré un gouvernement de l’avenir conforme à leurs besoins. C’est sur ces principes que fut constituée la Société universelle allemande des travailleurs, présidée par Lassalle, poste qu’il occupa jusqu’à sa mort en duel en 1864. De longues querelles internes et des récriminations personnelles ont conduit à une scission au congrès d’Eisenach en 1869. Les mécontents fondèrent une « Union ouvrière social-démocrate » indépendante, sous la direction de Bebel et de Liebknecht, qui, ayant particulièrement bien réussi en Saxe, au Brunswick et dans le sud de l’Allemagne, se présente comme la branche allemande de l'« Association internationale des travailleurs ». Il s’en tint en général au programme de Lassalle, mais s’opposa à l’extravagante adulation que réclamaient pour Lassalle ses adversaires, les vrais disciples de Lassalle, qui avaient Hasenclaver pour chef et Berlin pour quartier général, substituèrent une organisation fédérale à une organisation centralisatrice, et au lieu d’un grand gouvernement centralisé désiraient plutôt à l’avenir une république fédérale embrassant toute l’Europe. Mais l’un et l’autre se prononcèrent également en faveur de la révolution ; ils rivalisaient de haine amère contre tout ce qui portait le nom de religion ; et élaborèrent avec le même enthousiasme leurs projets communistes pour l’avenir. Au congrès de Gotha de 1875, une réconciliation des partis fut réalisée. L’agitation social-démocrate reçut ainsi une nouvelle impulsion et prit des proportions menaçantes. Pourtant, il fallut des événements aussi extraordinaires que la double tentative d’assassinat du vieil empereur, par Hodel le 11 mai, et par Nobiling le 2 juin 1878, pour que le gouvernement fût poussé à l’action législative. Sur la base d’une loi votée en octobre 1878 pour deux ans et demi (mais en mai 1880, elle continua pendant trois ans et demi, et en mai 1884, puis en avril 1886, à chaque fois étendue à deux autres années), 200 sociétés socialistes dans tout l’empire allemand furent supprimées, soixante-quatre journaux révolutionnaires. Diffusé à des centaines de milliers d’exemplaires et avec des millions de lecteurs, ainsi qu’environ 800 autres écrits séditieux, ont été interdits. Mais que l’organisation social-démocrateLe fait qu’en août 1880, dans un château suisse inhabité prêté à cet effet, dans le canton de Zurich, se tint un congrès, auquel assistèrent cinquante-six socialistes allemands, avec des salutations par lettre de sympathisants de tous les pays européens, qui, entre autres choses, adopta la résolution à l’unanimité, et non plus comme cela avait été convenu à Gotha. de chercher leurs fins par des moyens légaux, comme le loi des socialistes l’impossible, mais par la voie de la révolution. D’autre part, le chancelier impérial allemand, le prince Bismarck, au Reichstag, en 1884, a pleinement admis le « droit de l’ouvrier au travail », ainsi que le devoir de l’État d’améliorer autant que possible la condition des travailleurs. et en trois propositions : « Le travail de l’ouvrier en bonne santé, le soin des malades à l’hôpital et l’entretien des invalides », accordait tout ce que demande une saine politique sociale.
212.6. Le nihilisme russe. — En Russie aussi, en dépit d’une censure rigoureusement exercée, l’évangile philosophico-scientifique du matérialisme et de l’athéisme a trouvé son entrée dans les écrits de Moleschott, Feuerbach, Büchner, Darwin, etc. (174, 3), surtout parmi les étudiants. En 1860, le nihilisme, issu de cette semence, prit pour la première fois le caractère d’un mouvement philosophique et littéraire. Il cherchait le renversement de toutes les institutions religieuses. Puis vint la question des femmes, réclamant l’émancipation de l’épouse. L’exemple de la Commune de Paris de 1871 a largement contribué au développement de l’idéalisme nihiliste, son socialisme politico-révolutionnaire. La propagande nihiliste, comme une épidémie, s’emparait maintenant de la jeunesse académique, hommes et femmes, se répandait dans les familles aristocratiques par des précepteurs et des gouvernantes, gagnait des disciples secrets parmi les fonctionnaires aussi bien que parmi les officiers de l’armée et de la marine, et était soutenue avec enthousiasme par les dames des rangs les plus cultivés et les plus élevés. Afin de répandre ses vues parmi le peuple, des jeunes hommes et des jeunes femmes déguisés en paysans sortaient parmi les paysans et les artisans, vivaient et travaillaient comme eux, et leur prêchaient leur évangile pendant leurs heures de repos. Mais leurs efforts échouèrent à cause de l’antipathie et de l’apathie des classes inférieures, et l’intervention énergique du gouvernement par l’emprisonnement et le bannissement éclaircit les rangs des propagandistes. Mais ceux qui restaient se lièrent d’autant plus étroitement sous la direction de leurs chefs centraux sous le nom de « Société pour la patrie et la liberté », et s’efforcèrent avec un empressement redoublé de répandre les principes révolutionnaires en imprimant secrètement leurs proclamations et autres productions incendiaires, et en les dispersant dans les rues et les maisons. Le 24 janvier 1878, la nihiliste Vera Sassulitsch, par vengeance personnelle, blesse dangereusement d’un coup de revolver le général Trepoff, le redoutable chef de la police de Saint-Pétersbourg. Bien qu’elle ait ouvertement avoué l’acte devant le tribunal et qu’elle s’en soit glorifiée, elle a été acquittée au milieu des acclamations du public. C’était l’heure où le nihilisme exerçait son terrorisme le plus féroce. La phrase juste et pacifique : « Travailler, se battre, souffrir et mourir pour le peuple » a été réduite au silence ; C’était maintenant, l’épée et le feu, le poignard et le revolver, la dynamite et les mines pour tous les oppresseurs du peuple, mais surtout pour les agents de la police, pour leurs espions, pour tous les délateurs et les apostats. Un « comité exécutif », inconnu de la plupart des conspirateurs eux-mêmes, prononça la sentence de mort ; Le sort déterminait le bourreau, qui lui-même subissait la mort s’il ne l’accomplissait pas. Ce qui visait maintenant, c’était l’assassinat de hauts fonctionnaires de l’État ; puis la personne sacrée de l’empereur. Trois tentatives audacieuses d’assassinat ont échoué ; le coup de revolver de SolowJews le 14 avril 1879 ; la mine sur le chemin de fer près de Moscou qui a explosé trop tard le 30 novembre 1879 ; l’horrible tentative de faire sauter le Palais d’Hiver avec l’empereur et sa famille le 17 février 1880 ; mais la quatrième, une bombe de dynamite lancée entre les pieds de l’empereur le 13 mars 1881, détruisit la vie de ce monarque noble et humain, qui en 1861-1863 avait libéré son peuple du joug du servage. Comme depuis des années on n’entendait plus parler de tentatives nihilistes, on espérait que le gouvernement avait réussi à réprimer cette rébellion diabolique, mais en 1887 la nouvelle se répandit qu’une tentative tout aussi horrible avait été projetée pour le sixième anniversaire de l’assassinat d’Alexandre II, mais heureusement des précautions opportunes furent prises contre elle.
IER SIÈCLE. |
|
---|---|
J.-C. |
|
14-37. |
L’empereur Tibère, 22, 1. |
41-54. |
L’empereur Claude, 22, 1. |
44. |
Exécution de Jacques l’Ancien, 16. |
51. |
Le concile de Jérusalem, 18, 1. |
54-68. |
L’empereur Néron, 23, 1. |
61. |
L’arrivée de Paul à Rome, 15. |
63. |
Lapidation de Jacques le Juste, 16, 3. |
54 millions |
Persécution des chrétiens à Rome, 22, 1. |
66-70. |
Guerre des Juifs, 16. |
81-96. |
L’empereur Domitien, 22, 1. |
IIe SIÈCLE. |
|
98-117. |
L’empereur Trajan, 22, 2. |
115. |
(?) Ignace d’Antioche, martyr, 22, 2. |
117-138. |
L’empereur Hadrien, 22, 2. |
|
|
132-135. |
Révolte de Barcochba [Bar-Cochba], 25. |
Dép. 150. |
Celse, 23, 3. |
|
Marcion, 27, 11. |
138-161. |
L’empereur Antonin le Pieux, 22, 2. |
155. |
Controverse pascale entre Polycarpe et Amicetus [Anicetus], 37, 2. |
161-180. |
L’empereur Marc Aurèle, 22, 3. |
165. |
Justin Martyr, 30, 9. |
166. |
(155?) Martyre de Polycarpe, 22, 3. |
172. |
(156?) Montanus apparaît sous la forme d’un prophète, 40, 1. |
177. |
Persécution des chrétiens à Lyon et à Vienne, 22, 3. |
178. |
Irénée fut nommé évêque de Lyon, 31, 2. |
180-192. |
L’empereur Commode, 22, 3. |
196. |
Controverse pascale entre Victor et Polycrate, 37, 2. |
IIIe SIÈCLE. |
|
202. |
Tertullien devient montaniste, 40, 2. |
|
Pantænus meurt, 31, 4. |
220. |
Mort de Clément d’Alexandrie, 31, 4. |
235. |
Règlement du schisme d’Hippolyte, 41, 1. |
235-238. |
L’empereur Maximin Thrax, 22, 4. |
243. |
Ammonius Saccus [Saccas] meurt, 25, 2. |
244. |
Synode arabe contre Bérylle, 33, 7. |
249-251. |
L’empereur Dèce, 22, 5. |
250. |
Le schisme de Felicissimus, 41, 2. |
251. |
Le schisme de Novatien, 41, 3. |
253-260. |
L’empereur Valérien, 22, 5. |
254. |
Jours d’origine, 31, 5. |
255-256. |
Controverse sur le baptême des hérétiques, 35, 5. |
258. |
Cyprien meurt, 31, 11. |
260-268. |
L’empereur Gallien. |
|
L’édit de tolérance, 22, 5. |
262. |
Synode à Rome contre Sabellius et Denys d’Alexandrie, 33, 7. |
269. |
Troisième synode d’Antioche contre Paul de Samosate, 33, 8. |
276. |
Mort de Mani, 29, 1. |
284-305. |
L’empereur Dioclétien, 22, 6. |
IVe SIÈCLE. |
|
303. |
Début de la persécution de Dioclétien, 22, 6. |
306. |
|
|
Schisme mélétien en Égypte, 41, 4. |
|
Mort de Constance Chlore, 22, 7. |
311. |
Galère meurt, 22, 6. |
312. |
Expédition de Constantin contre Maxence, 22, 7. |
|
Schisme donatiste en Afrique, 63, 1. |
313. |
Édit de Milan, 22, 7. |
318. |
Arius est accusé, 50, 1. |
323-337. |
Constantin le Grand, seul souverain, 42, 2. |
325. |
Premier concile œcuménique à Nicée, 50, 1. |
330-415. |
Schisme mélétien à Antioche, 50, 8. |
335. |
Synode de Tyr, 50, 2. |
336. |
Athanase exilé. Mort d’Arius, 50, 2. |
341. |
Concile d’Antioche, 50, 2. |
343. |
Persécution des chrétiens sous Shapur [Sapor] II, 64, 2. |
344. |
|
346. |
Concile de Milan contre Photinus, 50, 2. |
348. |
Ulfilas, évêque des Goths, 76, 1. |
350-361. |
Constance, souverain unique, 42, 2. |
351. |
Premier concile à Sirmium contre Marcellus, 50, 2. |
357. |
Deuxième concile à Sirmium, Homoians, 50, 3. |
358. |
Troisième concile à Sirmium, 50, 3. |
359. |
Synodes de Séleucie et de Rimini, 50, 3. |
361-363. |
L’empereur Julien l’Apostat, 42, 3. |
362. |
Synode d’Alexandrie contre Athanase, 50, 4. |
366-384. |
Damase Ier, évêque de Rome, 46, 4. |
368. |
Mort d’Hilaire de Poitiers, 47, 14. |
373. |
Mort d’Athanase, 47, 3. |
379. |
Basile le Grand meurt, 47, 4. |
379-395. |
Théodose le Grand, empereur, 42, 4. |
380. |
Synode de Saragosse, 54, 2. |
381. |
Deuxième concile œcuménique à Constantinople, 50, 4. |
|
Mort d’Ulfilas, 76, 1. |
384-398. |
Siricius, évêque de Rome, 46, 4. |
385. |
Priscillien décapité à Trèves, 54, 2. |
390. |
Mort de Grégoire de Nazianze, 47 ans, 4. |
391. |
Destruction du Sérapeion d’Alexandrie, 42, 6. |
393. |
Concile d’Hippone Rhegius, 59, 1. |
397. |
Ambroise meurt, 47, 15. |
399. |
Rufin condamné à Rome comme origéniste, 51, 2. |
400. |
Mort de Martin de Tours, 47, 15. |
VE SIÈCLE. |
|
402-417. |
Innocent I. de Rome, 46, 5. |
403. |
Synodus ad Quercum, 51, 3. |
|
Mort d’Épiphane, 47, 10. |
407. |
Chrysostome meurt, 47, 8. |
408-450. |
Théodose II. en Orient, 52, 3. |
411. |
Collatio Donatistis, 63, 1. |
412. |
Synode à Carthage contre Cœlestius, 53, 4. |
415. |
Synodes à Jérusalem et à Diospolis contre Pélage, 53, 4. |
416. |
Synodes à Milève et à Carthage contre Pélage, 53, 4. |
418. |
Assemblée générale à Carthage, 53, 4. |
|
Schisme romain d’Eulalius et de Bonifacius, 46, 6. |
420. |
Jérôme meurt, 47, 16. |
|
Persécution des chrétiens sous Behram [Bahram] V., 64, 2. |
422-432. |
Cœlestine Ier, évêque de Rome, 46, 6. |
428. |
Nestorius est fait patriarche de Constantinople, 52, 3. |
429. |
Mort de Théodore de Mopsueste, 47, 9. |
|
Les Vandales en Afrique du Nord, 76, 3. |
430. |
Anathèmes de Cyrille, 52, 3. |
|
Mort d’Augustin, 47, 18. |
431. |
Troisième concile œcuménique d’Éphèse, 52, 3. |
432. |
Saint Patrick en Irlande, 77, 1. |
|
Jean Cassien meurt, 47, 21 ans. |
440-461. |
|
444. |
Mort de Cyrille d’Alexandrie, 47, 6. |
|
Diocure succède à Cyrille, 52, 4. |
445. |
Rescrit de Valentinien III, 46, 7. |
448. |
Eutychès excommunié à Constantinople, 52, 4. |
449. |
Synode des brigands à Éphèse, 52, 4. |
|
Attaque des Angles et des Saxons contre la Grande-Bretagne, 77, 4. |
451. |
IVe synode œcuménique à Chalcédoine, 52, 4. |
457. |
Théodoret meurt, 47, 9. |
475. |
Synodes semi-pélagiens d’Arles et de Lyon, 53, 5. |
476. |
|
|
Encyclique monophysite de Basiliscus, 52, 5. |
482. |
Hénoticon de l’empereur Zénon, 52, 5. |
|
Severinus meurt, 76, 6. |
484-519. |
Le schisme de trente-cinq ans entre l’Orient et l’Occident, 52, 5. |
492-496. |
|
496. |
Bataille de Zülpich. Baptême de Clovis, 76, 9. |
VIe SIÈCLE. |
|
502. |
Synodus Palmaris, 46, 8. |
517. |
Concile d’Epaon, 76, 5. |
527-565. |
|
529. |
Synodes d’Oranges et de Valence, 53, 5. |
|
Règle monastique de Benoît de Nursie, 85. |
|
Suppression de l’Université d’Athènes, 42, 4. |
533. |
La controverse de Théopaschite, 52, 6. |
|
Renversement de l’Empire vandale, 76, 3. |
544. |
Condamnation des « Trois Chapitres », 52, 6. |
553. |
Cinquième concile œcuménique à Constantinople, 52, 6. |
15°. |
renversement de l’empire ostrogoth en Italie, 76, 7. |
563. |
Concile de Braga, 54, 2. |
|
Saint Columba chez les Pictes et les Scots. 77, 2. |
567. |
Fondation de l’Exarchat de Ravenne, 46, 9. |
568. |
Les Lombards sous Alboin en Italie, 76, 8. |
589. |
Concile de Tolède sous Reccared, 76, 2. |
|
Colomban et Gallus dans les Vosges, 77, 7. |
590-604. |
|
595. |
Mort de Grégoire de Tours, 90, 2. |
596. |
Augustin va comme missionnaire chez les Anglo-Saxons, 77, 4. |
597. |
Saint Colomba meurt, 77, 2. |
|
Ethelbert baptisé, 77, 4. |
VIIe SIÈCLE. |
|
606. |
L’empereur Phocas reconnaît la primauté romaine, 46, 10. |
611-641. |
Héraclius, empereur, 52, 8. |
615. |
Mort de Colomban, 77, 7. |
622. |
Hejira, 65 ans. |
625-638. |
Honorius I., pape, 46, 11. |
636. |
Mort d’Isidore de Séville, 90, 2. |
637. |
Omar conquiert Jérusalem, 65. |
638. |
Ecthèse monothélite d’Héraclius, 52, 8. |
640. |
Omar conquiert l’Egypte, 65. |
642-668. |
Constant II, empereur, 52, 8. |
646. |
Saint-Gall ceci, 78, 1. |
648. |
Le Typus de Constant II, 52, 8. |
649-653. |
Martin I., Pape, 46, 11. |
649. |
Premier concile de Latran sous Martin Ier, 52, 8. |
652. |
Emmeran à Ratisbonne, 78, 2. |
657. |
Constantin de Mananalis, 71, 1. |
662. |
Maxime le Confesseur, meurt, 47, 13. |
664. |
Synode à Streoneshalch (Syn. Pharensis), 77, 6. |
668-685. |
|
677. |
Wilfrid chez les Frisons, 78, 3. |
678-682. |
Agatho, pape, 46, 11. |
680. |
VIe Concile œcuménique à Constantinople (Trullanum I.), 52, 8. |
690. |
Wilibrord chez les Frisons, 78, 3. |
692. |
Concilium Quinisextum (Trullanum II.), 63, 2. |
696. |
Rupert en Bavière (Salzbourg), 78, 2. |
VIE SIÈCLE. |
|
711. |
Les Sarrasins conquièrent l’Espagne, 81. |
715-731. |
|
716. |
Winifrid va chez les Frisons, 78, 4. |
717-741. |
Léon III, l’Isaurien, empereur, 66, 1. |
718. |
Winifrid à Rome, 78, 4. |
722. |
Winifrid en Thuringe et en Hesse, 78, 4. |
723. |
Winifrid une seconde fois à Rome, consacré évêque, etc., 78, 4. |
724. |
Destruction du chêne miraculeux de Geismar, 78, 4. |
726. |
Premier édit de Léon contre le culte des images, 66, 1. |
730. |
Deuxième édit de Léon contre le culte des images, 66, 1. |
731. |
|
732. |
Boniface, archevêque et vicaire apostolique, 78, 4. |
|
Bataille de Poitiers, 81. |
|
Séparation de l’Illyrie d’avec le siège romain par Léon l’Isaurien, 66, 1. |
735. |
Bède le Vénérable meurt, 90, 2. |
739. |
Wilibrord meurt, 78, 3. |
741. |
Mort de Charles Martel, 78 ans, 5 ans. |
|
Grégoire III. Meurt. Mort de Léon l’Isaurien. |
741-752. |
|
741-775. |
Constantin Copronyme, empereur, 66, 2. |
742. |
Concilium Germanicum, 78, 5. |
743. |
|
744. |
Synode de Soissons, 78, 5. |
745. |
Boniface, archevêque de Mayence, 78, 5. |
752. |
|
754. |
Concile iconoclaste de Constantinople, 66, 2. |
|
Don de Pépin à la Chaire de Saint-Pierre, 82, 1. |
755. |
Boniface ceci, 78, 7. |
Dép. 760. |
Règle de saint Chrodegang de Metz, 84, 4. |
767. |
|
768-814. |
|
772-795. |
Pape Hadrien Ier, 82, 2. |
772. |
Destruction d’Eresburg, 78, 9. |
774. |
Don de Charlemagne à la Chaire de saint Pierre, 82, 2. |
785. |
Wittekind et Alboin sont baptisés, 78, 9. |
787. |
Septième concile œcuménique à Nicée, 66, 3. |
|
Fondation des écoles du cloître et de la cathédrale, 90, 1. |
790. |
Libri Carolini, 92, 1. |
792. |
Synode de Ratisbonne, 91, 1. |
794. |
|
795-816. |
Léon III, pape, 82, 3. |
799. |
Dispute d’Alcuin avec Félix à Aix-la-Chapelle, 91, 1. |
800. |
Léon III. couronne Charlemagne, 82, 3. |
IXe SIÈCLE. |
|
804. |
Fin de la guerre des Saxons, 78, 9. |
|
Alcuin meurt, 90, 3. |
809. |
Concile d’Aix-la-Chapelle, sur le Filioque, 91, 2. |
813-820. |
Léon l’Arménien, empereur, 66, 4. |
814-840. |
Louis le Pieux, 82, 4. |
817. |
Réforme du monachisme par Benoît d’Aniane, 85, 2. |
820-829. |
Michel Balbus, empereur, 66, 4. |
825. |
Synode à Paris contre le culte des images, 92, 1. |
826. |
Mort de Théodore Studita, 66, 4. |
|
Ansgar au Danemark, 80, 1. |
827. |
Établissement de la souveraineté sarrasine en Sicile, 81. |
829-842. |
Théophile, empereur, 66, 4. |
833. |
Fondation de l’archevêché de Hambourg, 80, 1. |
835. |
Synode de Didenhofen, 82, 4. |
839. |
Mort de Claude de Turin. Agobard de Lyon meurt, 90, 4. |
840-877. |
Charles le Chauve, 90, 1. |
842. |
Fête de l’Orthodoxie, 66, 4. |
|
Théodora recommande le déracinement des Pauliciens, 71, 1. |
843. |
Pacte de Verdun, 82, 5. |
844. |
Controverse eucharistique de Paschasius Radbertus, 91, 3. |
845-882. |
|
847. |
Archevêché de Hambourg-Brême, 80, 1. |
848. |
Synode de Mayence contre Gottschalk, 91, 5. |
850-859. |
Persécution des chrétiens en Espagne, 81, 1. |
851-852. |
|
853. |
Synode de Quiersy. Capitula Carisiaca, 91, 5. |
855. |
Synode de Valence en faveur de Gottschalk, 91, 5. |
856. |
Rabanus Maurus meurt, 90, 4. |
858-867. |
Pape Nicolas Ier, 82, 7. |
858. |
Photius, patriarche de Constantinople, 67, 1. |
859. |
Synode de Savonnières, 91, 5. |
861. |
Méthode se rend chez les Bulgares, 73, 3. |
863. |
Cyrille et Méthode se rendent en Moravie, 79, 2. |
865. |
Ansgar meurt, 80 ans, 1. |
866. |
Encyclique de Photius, 67, 1. |
867-886. |
Basile le Macédonien, empereur, 67, 1. |
867-872. |
Hadrien II, pape, 82, 7. |
869. |
VIIIe concile œcuménique des Latins à Constantinople 67, 1. |
870. |
Traité de Mersen, 82, 5. |
871. |
Basile le Macédonien écrase les Pauliciens, 71, 1. |
|
Borziwoi et Ludmilla baptisés, 79, 3. |
871-901. |
Alfred le Grand, 90, 9. |
875. |
Jean VIII. couronne l’empereur Charles le Chauve, 82, 8. |
879. |
VIIIe concile œcuménique des Grecs à Constantinople, 67, 1. |
886-911. |
Léon le Philosophe, empereur, 67, 2. |
891. |
Mort de Photius, 67, 1. |
DIXIÈME SIÈCLE. |
|
910. |
L’abbé Berno fonde Clugny, 98, 1. |
911. |
Les Carolingiens allemands s’éteignent, 82, 8. |
911-918. |
Conrad Ier, roi des Germains. 96, n° 1. |
914-928. |
Pape Jean X, 96, 1. |
919-936. |
Henri Ier, roi des Germains, 96, 1. |
934. |
Henri Ier. tolérance forcée du christianisme au Danemark, 93, 2. |
936-973. |
Otton Ier, empereur, 96, 1. |
942. |
Odon de Clugny fonde la Congrégation de Clugniac, 98, 1. |
950. |
Gylas de Hongrie baptisé, 93, 8. |
955. |
Olga baptisée à Constantinople, 73, 4. |
960. |
Mort d’Atto de Verceil, 100, 2. |
962. |
Fondation du Saint-Empire romain germanique, 96, 1. |
963. |
Le synode de Rome dépose Jean XII, 96, 1. |
966. |
Baptême de Miecislaw de Pologne, 93, 7. |
968. |
Fondation de l’archevêché de Magdebourg, 93, 9. |
970. |
Migration des Pauliciens en Thrace, 71, 1. |
973-983. |
Otton II, empereur, 96, 2. |
974. |
Mort de Tratherius de Vérone, 100, 2. |
983-1002. |
|
983. |
Mistewoi détruit tous les établissements chrétiens chez les Wendes, 93, 9. |
987. |
Hugues Capet est fait roi de France, 96, 2. |
988. |
Wladimir christianise la Russie, 73, 4. |
992-1025. |
Boleslaw Chrobry de Pologne, 93, 7. |
996-999. |
Pape Grégoire V, 96, 2. |
997-1038. |
Étienne le Saint, 93, 8. |
997. |
Adalbert de Prague, apôtre de la Prusse, meurt, 93, 13. |
999-1003. |
Pape Sylvestre II, 96, 3. |
1000. |
Mort d’Olaf Tryggvason, 93, 4. |
|
Le christianisme introduit en Islande et au Groenland, 93, 5. |
|
Étienne de Hongrie s’assure le trône, 93, 8. |
XIe SIÈCLE. |
|
1002-1024. |
Henri II, empereur, 96, 4. |
1008. |
Olaf Skautkoning de Suède baptisé, 93, 3. |
1009. |
Bruno martyrisé, 93, 13. |
1012-1024. |
Benoît VIII, 96, 4. |
1014-1036. |
Canut le Grand, 93, 2. |
1018. |
Romuald fonde la Congrégation Camaldulensienne, 98, 1. |
1024-1039. |
Conrad II, empereur, 96, 4. |
1030. |
Olaf l’épais de Norvège meurt, 93, 4. |
1031. |
Renversement des Ommaides en Espagne, 95, 2. |
1039-1056. |
|
1041. |
Treuga Dei, 105, 1. |
1046. |
Synode à Sutri, 96, 4. |
1049-1054. |
Léon IX, 96, 5. |
1050. |
Synodes à Rome et Verceil contre Bérenger, 101, 2. |
1053. |
Épître de Michel Cérulaire, 67, 3. |
1054. |
Excommunication de l’Église grecque par les légats pontificaux, 67, 3. |
1056-1106. |
Henri IV, empereur, 96, 6-11. |
1059. |
Pape Nicolas II. assigne le choix du pape au collège des cardinaux, 96, 6. |
1060. |
Robert Guiscard fonde la souveraineté normande en Italie, 95, 1. |
1066. |
Meurtre de Gottschalk, roi des Wendes, 93, 9. |
1073-1085. |
Pape Grégoire VII, 96, 7-9. |
1075. |
Troisième acte d’investiture de Grégoire, 96, 7. |
1077. |
Henri IV. pénitent à Canossa, 96, 8. |
1079. |
Bérenger souscrit à Rome la doctrine de la Transsubstantiation, 101, 2. |
1086. |
Bruno de Cologne fonde la chartreuse, 98, 2. |
1088-1099. |
Pape Urbain II, 96, 10. |
1095. |
Synode de Clermont, 94. |
1096. |
Première croisade. Godefroy de Boulogne, 94, 1. |
1098. |
Synode à Bari. Anselme de Cantorbéry, 67, 4. |
|
Robert de Cîteaux fonde l’ordre cistercien, 98, 1. |
1099. |
Conquête de Jérusalem, 94, 1. |
1099-1118. |
Pape Pascal II, 96, 11. |
XIIe SIÈCLE. |
|
1106-1125. |
Henri V, empereur, 96, 11. |
1106. |
Michael Psellus meurt à l’âge de 68 ans, 5 ans. |
1109. |
|
1113. |
|
1118. |
Fondation de l’Ordre des Templiers. |
|
Chevaliers de Saint-Jean, 98, 7. |
|
Basile, chef de Bogomili, envoyé au bûcher, 71, 4. |
1119-1124. |
Calixte II, pape, 96, 11. |
1121. |
Norbert fonde l’ordre des Sentinelles, 98, 2. |
1122. |
Concordat de Worms, 96, 11. |
1123. |
IXe Concile œcuménique (Premier Latran), 96, 11. |
1124. |
Premier voyage missionnaire d’Otton de Bamberg, 93, 10. |
1126. |
Pierre de Bruys brûlé, 108, 7. |
1128. |
Deuxième voyage missionnaire d’Otton de Bamberg, 93, 10. |
1130-1143. |
Pape Innocent II, 96, 13. |
1135. |
Mort de Rupert de Deutz, 102, 8. |
1139. |
Dixième Concile œcuménique (deuxième Latran), 96, 13. |
1141. |
Le synode de Sens condamne les écrits d’Abælard, 102, 2. |
|
Mort de Hugo Saint-Victor, 102, 4. |
1142. |
Abælard meurt, 102, 2. |
1143. |
Fondation de la Commune romaine, 96, 13. |
1145-1153. |
Le pape Eugène III, 96, 13. |
1146. |
Chute d’Édesse, 94, 2. |
1147. |
Deuxième croisade. Conrad III. Louis VII, 94, 2. |
1149. |
Mort d’Henri de Lausanne, 108, 7. |
1150. |
Decretum Gratiani, 99, 5. |
1152-1190. |
Frédéric Ier, Barberousse, 96, 14. |
1153. |
Mort de Bernard de Clairvaux, 102, 3. |
1154. |
Mort de Vicelin, 93, 9. |
1154-1159. |
Hadrien IV, pape, 96, 14. |
1155. |
Arnold de Brescia mis à mort, 96, 14. |
1156. |
Pierre le Vénérable meurt, 98, 1. |
|
Fondation de l’Ordre des Carmes, 98, 3. |
1157. |
Introduction du christianisme en Finlande, 93, 11. |
1159-1181. |
Alexandre III, 96, 15, 16. |
1164. |
Pierre le Lombard meurt, 102, 5. |
|
Concile de Clarendon, 96, 16. |
1167. |
Concile de Toulouse (Catharie), 108, 2. |
1168. |
Christianisme de l’île de Rügen, 93, 10. |
1169. |
|
1170. |
Meurtre de Thomas Becket, 96, 16. |
|
Fondation de la secte vaudoise, 108, 10. |
1176. |
Bataille de Legnano, 96, 15. |
1179. |
Onzième Concile œcuménique (Troisième Latran), 96, 15. |
1180. |
Jean de Salisbury meurt, 102, 9. |
1182. |
Les Maronites sont attachés à Rome, 73, 3. |
1184. |
Meinhart en Livonie, 93, 12. |
1187. |
Saladin conquiert Jérusalem, 94, 3. |
1189. |
Troisième croisade. Frédéric Barberousse, 94, 3. |
1190-1197. |
Henri VI, empereur, 96, 16. |
1190. |
Fondation de l’Ordre des Chevaliers Teutoniques, 98, 8. |
1194. |
Mort d’Eustathe de Thessalonique, 68, 5. |
1198-1216. |
Pape Innocent III, 96, 17, 18. |
XIIIe SIÈCLE. |
|
1202. |
Joachim de Floris meurt, 108, 5. |
|
Fondation de l’Ordre des Frères de l’Épée, 93, 12. |
|
Gengis Khan détruit le royaume du prêtre Jean, 72, 1. |
1204-1261. |
Empire latin à Constantinople, 94, 4. |
1207. |
Stephen Langton, archevêque de Cantorbéry, 96, 18. |
1208. |
Pierre de Castelnau tué, 109, 1. |
1209-1229. |
Croisade des Albigeois, 109, 1. |
1209. |
Concile de Paris contre la secte d’Amalrich de Bena, 108, 4. |
1212. |
Bataille de Tolosa, 95, 2. |
1213. |
Jean sans Terre reçoit l’Angleterre comme fief pontifical, 96, 18. |
1215-1250. |
Frédéric II, empereur, 96, 17, 19, 20. |
1215. |
XIIe Concile œcuménique (IVe Latran), 96, 18. |
1216. |
Confirmation de l’Ordre dominicain, 98, 5. |
1216-1227. |
Pape Honorius III, 96, 19. |
1217. |
Quatrième croisade. André II. de Hongrie, 94, 4. |
1223. |
Confirmation de l’Ordre franciscain, 98, 3. |
1226. |
Mort de François d’Assise, 98, 3. |
1226-1270. |
|
1227-1241. |
Pape Grégoire IX, 96, 19. |
1228. |
Cinquième croisade. Frédéric II, 94, 5. |
|
Établissement des chevaliers teutoniques en Prusse, 93, 13. |
1229. |
Synode de Toulouse, 109, 2. |
1231. |
Sainte Élisabeth meurt, 105, 3. |
1232. |
Création du tribunal de l’Inquisition, 109, 2. |
1233. |
Conrad de Marbourg tué, 109, 3. |
1234. |
Croisade contre Stedingers, 109, 3. |
1237. |
Union de l’Ordre de l’Épée avec celui des Chevaliers Teutoniques, 98, 8. |
1243-1254. |
Pape Innocent IV, 96, 20. |
1245. |
XIIIe concile œcuménique (premier de Lyon), 96, 20. |
|
Alexandre de Hales mourut, 103, 4. |
1248. |
Pose de la première pierre de la cathédrale de Cologne, 104, 13. |
|
Sixième croisade, Louis IX, 94, 6. |
1253. |
Mort de Robert Grosseteste, 103, 1. |
1254. |
Condamnation de l’Introductorius in evangelium æternum, 108, 5. |
1260. |
Première campagne de flagellants à Pérouse, 107, 1. |
1260-1282. |
Michel Paläologus, empereur, 67, 4. |
1261-1264. |
Urbain IV, pape, 96, 20. |
1262. |
Schisme arsénien, 70, 1. |
1268. |
Conradin sur l’échafaud. 96 et 20. |
1269. |
Pragmatique Sanction de Louis IX, 96, 21. |
1270. |
Septième croisade, Louis IX, 94, 6. |
1271-1276. |
Pape Grégoire X, 96, 21. |
1272. |
Mission italienne auprès des Mongols. Marco Polo, 93, 15. |
|
Mort de David d’Augsbourg, 103, 10. |
|
Mort de Bertholdt [Berthold] de Ratisbonne, 104, 1. |
1273-1291. |
Rodolphe de Habsbourg, empereur, 96, 21, 22. |
1274. |
XIVe concile œcuménique (deuxième de Lyon), 96, 21. |
|
Mort de Thomas d’Aquin, 103, 6. |
|
Bonaventure Ceci, 103, 4. |
1275. |
Cathédrale de Strasbourg, 104, 13. |
1280. |
Mort d’Albert le Grand, 103, 5. |
1282. |
Vêpres siciliennes, 96, 22. |
1283. |
La Prusse soumise, 93, 13. |
1286. |
Barhabraeus [Barhebræus] meurt, 72, 2. |
1291. |
Chute d’Acre, 94, 6. |
|
Jean de Montecorvino chez les Mongols, 93, 16. |
1294. |
Roger Bacon meurt, 103, 8. |
1294-1303. |
Boniface VIII, pape, 110, 1. |
1296. |
Taureau Clericis laicos, 110, 1. |
1300. |
Premier Jubilé romain, 117. |
|
Lollards à Anvers, 116, 2. |
|
Gerhard Segarelli brûlé, 108, 8. |
QUATORZIÈME SIÈCLE. |
|
1302. |
Bull Unam Sanctam, 110, 1. |
1305-1314. |
Pape Clément V, 110, 2. |
1307. |
Doux brûlé, 108, 4. |
1308. |
Mort de Duns Scot, 113, 1. |
1309-1377. |
Résidence des papes à Avignon, 110, 2-4. |
1311-1312. |
Quinzième concile œcuménique à Vienne, 110, 2. |
|
Suppression de l’ordre des Templiers, 112, 7. |
1314-1347. |
|
1315. |
Mort de Raimund Lullus, 93, 16 ; Chapitre 103, 5. |
1316-1334. |
|
1321. |
Dante meurt, 115, 10. |
1322. |
Scission dans l’Ordre franciscain, 112, 2. |
1327. |
Mort de Maître Eckhart, 114, 1. |
1334-1342. |
Benoît XII, 110, 4. |
1335. |
L’évêque Hemming en Laponie, 93, 11. |
1338. |
Union électorale à Rhense, 110, 5. |
1339. |
Négociations syndicales à Avignon. Barlaam, 67, 5. |
1340. |
Mort de Nicolas de Lyre, 113, 7. |
1341-1351. |
Controverse hésychaste à Constantinople, 69, 1. |
1342-1352. |
Pape Clément VI, 110, 4. |
1346-1378. |
Charles IV, empereur, 110, 4. |
1347. |
Rienzi, 110, 4. |
|
Mort de l’empereur Louis, 110, 4. |
1348. |
Fondation de l’Université de Prague, 119, 3. |
1348-1350. |
Peste noire. Campagne des Flagellants, 116, 3. |
1349. |
Mort de Thomas Bradwardine, 113, 2. |
1352-1362. |
Pape Innocent VI, 110, 4. |
1356. |
Charles IV. publie la Bulle d’or, 110, 4. |
1360. |
Wiclif contre les frères mendiants, 119, 1. |
1361. |
John Board Days, 114, 2. |
1362-1370. |
Pape Urbain V, 110, 4. |
1366. |
Henry Suso meurt, 114, 5. |
1367-1370. |
Urbain c. à Rome, 110, 4. |
1369. |
Jean Paläologus passe à l’Église latine, 67, 5. |
1370-1378. |
Pape Grégoire XI, 110, 4. |
1374. |
Danseurs, 116, 3. |
1377. |
Retour de la Curie à Rome, 110, 4. |
1378-1417. |
Schisme pontifical, 110, 6. |
1380. |
Mort de Catherine de Sienne, 112, 4. |
1384. |
Mort de Wiclif, 119, 1. |
|
Gerhard Groot meurt, 112, 9. |
1386. |
Introduction du christianisme en Lituanie, 93, 14. |
1400. |
Florentius Radewin meurt, 112, 9. |
QUINZIÈME SIÈCLE. |
|
1402. |
Hus devient prédicateur dans la chapelle de Bethléem, 119, 3. |
1409. |
|
|
Retrait des Allemands de Prague, 119, 3. |
1410-1415. |
Jean XXIII, pape, 110, 7. |
1410-1437. |
|
1412. |
Trafic d’indulgences en Bohême, 119, 4. |
1413. |
Ban pontifical contre Hus, 119, 4. |
1414-1418. |
|
1415. |
Hus obtient la couronne du martyre, 119, 5. |
1416. |
Jérôme de Prague martyrisé, 119, 5. |
1417-1431. |
Pape Martin V., 110, 7. |
1420. |
Calixtines et Taborites, 119, 7. |
1423. |
Conciles généraux de Pavie et de Sienne, 110, 7. |
1424. |
Ziska meurt, 119, 7. |
1425. |
Mort de Pierre d’Ailly, 118, 3. |
1429. |
Gerson meurt, 118, 3. |
1431-1447. |
Le pape Eugène IV, 110, 7. |
1431-1449. |
|
1433. |
Pactes de Bâle, 119, 7. |
1434. |
Renversement des hussites à Böhmischbrod, 119, 7. |
1438. |
Contre-concile pontifical à Ferrare, 110, 8. |
|
Pragmatique Sanction de Bourges, 110, 9. |
1439. |
Concile de Florence, 67, 6. |
1448. |
Concordat de Vienne, 110, 9. |
1453. |
Chute de Constantinople, 67, 6. |
1457. |
Mort de Laurentius Valla, 120, 1. |
1458-1464. |
Pape Pie II, 110, 11. |
1459. |
Congrès des princes à Mantoue, 110, 10. |
1464-1471. |
Pape Paul II, 110, 11. |
1467. |
Convention des Frères de Bohême à Lhota, 119, 8. |
1471. |
Mort de Thomas à Kempis, 114, 5. |
1471-1484. |
Sixte IV, pape, 110, 11. |
1483. |
Luther né le 10 novembre 122, 1. |
|
Inquisition espagnole, 117, 1. |
|
Clôture du Corpus juris canonici, 99, 5. |
1484-1492. |
Innocent VIII, pape, 110, 11. |
1484. |
Zwingli né le 1er janvier 130, 1. |
|
Bulle Summis desiderantes, 117, 4. |
1485. |
Mort de Rodolphe Agricola, 120, 3. |
1489. |
Mort de John Wessel, 119, 10. |
1492-1503. |
Alexandre VI, pape, 110, 12. |
1492. |
Chute de Grenade, 95, 2. |
1493-1519. |
Maximilien Ier, empereur, 110, 13. |
1497. |
Melanchthon né, 122, 5. |
1498. |
Savonarole envoyé au bûcher, 119, 11. |
XVIe SIÈCLE. |
|
1502. |
Fondation de l’Université de Wittenberg, 122, 1. |
1508-1513. |
Jules II, 110, 13. |
1506. |
Reconstruction de Saint-Pierre à Rome, 115, 13. |
1508. |
Luther devient professeur à Wittenberg, 122, 1. |
1509. |
Calvin né le 10 juillet 138, 2. |
1509-1547. |
Henri VIII. d’Angleterre, 139, 4. |
1511. |
Voyage de Luther à Rome, 122, 1. |
|
Concile de Pise, 110, 13. |
1512. |
Luther fait docteur des Saintes Écritures et prédicateur, 112, 1. |
1512-1517. |
Cinquième concile du Latran, 110, 13, 14. |
1513-1521. |
Pape Léon X, 110, 14. |
1514. |
Lutte de Reuchlin avec les Dominicains, 120, 4. |
1516. |
Epistolæ Obscur. virorum, 120,�5. |
|
Érasme édite le Nouveau Testament, 120, 6. |
|
Zwingli prêche à Mariä Einsiedeln, 130, 1. |
1517. |
Thèses de Luther, 31 octobre, 122, 2. |
1518. |
Luther à Heidelberg et devant Cajetan à Augsbourg, 122, 3. |
|
Professeur de mélanchthon à Wittenberg, 122.5. |
1519. |
Miltitz, 122, 3. |
|
Dispute à Leipzig, 122, 4. |
|
Zwingli à Zürich, 130, 1. |
|
Olaf et Laurence Peterson en Suède, 139, 1. |
1519-1556. |
L’empereur Charles-Quint, 123, 5. |
1520. |
Bulle d’excommunication contre Luther, 123, 2. |
|
Chrétien II. au Danemark, 139, 2. |
1521. |
Luther à Worms, 123, 7. |
|
Loci de Melanchthon, 124, 1. |
|
Début de la Réforme à Riga, 139, 3. |
1521-1522. |
L’exil de la Wartburg, 123, 8. |
1522. |
Les Prophètes de Zwickau à Wittenberg, 124, 1. |
|
Reuchlin meurt, 120, 4. |
1522-1523. |
Pape Hadrien VI, 126, 1. |
1523. |
Thomas Münzer dans Allstädt, 124, 4. |
|
Lutte de Luther avec Henri VIII, 125, 3. |
|
Premiers martyrs, Voes et Esch, 128, 1. |
|
Défaite de Sickingen, 124, 2. |
1523-1534. |
Pape Clément VII, 149, 1. |
1524. |
Staupitz meurt, 112, 2. |
|
Carlstadt à Orlamünde, 124, 3. |
|
Érasme contre Luther, 125, 2. |
|
Diète de Nuremberg, 126, 2. |
|
Ligue de Ratisbonne, 126, 3. |
|
Hans Tausen au Danemark, 139, 2. |
|
Fondation de l’Ordre des Théatins, 149, 7. |
1525. |
Controverse sur l’Eucharistie, 131, 1. |
|
Le mariage de Luther, p. 129. |
|
Albert de Prusse, duc héréditaire, 126, 4. |
|
Fondation de l’Ordre des Capucins, 149, 7. |
1525-1532. |
Jean le Constant, électeur de Saxe, 124, 5. |
1526. |
Synode de Hambourg, 127, 2. |
|
Ligue de Torgau, 126, 5. |
|
Régime alimentaire aux flèches, 126, 6. |
|
Dispute à Bade, 130, 6. |
1527. |
Régime alimentaire à Odense, 139, 2 ; |
|
et à Westeräs, 139, 1. |
1528. |
L’incident de la meute, 132, 1. |
|
Dispute à Berne, 130, 7. |
1529. |
Visitation de l’Église de Saxe, 127, 1. |
|
Régime alimentaire aux flèches, 132, 3. |
|
Conférence de Marbourg, 132, 4. |
|
Première paix de Cappel, 130, 9. |
1530. |
|
1531. |
Ligue de Schmalcald, 133, 1. |
|
Zwingli meurt. Seconde paix de Cappel, 130, 10. |
1532-1547. |
Jean-Frédéric le Magnanime, électeur de Saxe, 133, 2. |
1532. |
Paix religieuse de Nuremberg, 133, 2. |
|
Farel à Genève, 138, 1. |
|
Henri VIII. renonce à l’autorité du Pape, 139, 4. |
1534. |
Traduction complète de la Bible par Luther, 129, 1. |
|
Réforme dans le Wurtemberg, 133, 3. |
1534-1535. |
Troubles anabaptistes à Münster, 133, 6. |
1534-1549. |
Pape Paul III, 149, 2. |
1535. |
Vergerius à Wittenberg, 134, 1. |
|
Calvin’s Institutio rel. Christ., 138, 5. |
1536. |
Erasme ceci, 120, 6. |
|
Concorde de Wittenberg, 133, 8. |
|
Calvin à Genève, 138, 2. |
|
Diète à Copenhague, 139, 2. |
|
Menno Simons baptisé, 147, 1. |
1537. |
Articles de Schmalcald, 134, 1. |
|
Controverse antinomienne, 141, 1. |
1538. |
Ligue de Nuremberg, 134, 2. |
|
Calvin expulsé de Genève, 138, 3. |
1539. |
Épidémie à Francfort, 134, 3. |
|
La Réforme en Saxe albertine, 134, 4. |
|
Joachim II. réformes Brandebourg, 134, 5. |
|
Régime alimentaire à Odense, 139, 2. |
1540. |
La Compagnie de Jésus, 149, 8. |
|
Double mariage du landgrave, 135, 1. |
|
Conférences religieuses à Spires, Hagenau et Worms, 135, 2. |
1541. |
Carlstadt meurt, 124, 3. |
|
Intérim de Ratisbonne, 135, 3. |
|
Épiscopat de Naumburg, 135, 5. |
|
|
1542. |
Réforme à Brunswick, 135, 6. |
|
Assemblée nationale à Bonn, 135, 7. |
|
François-Xavier aux Indes orientales, 150, 1. |
|
Inquisition romaine, 139, 23. |
1544. |
Diète aux flèches, Paix de Crespy, Réforme de Wittenberg, 135, 9. |
|
Régime alimentaire à Westeräs, 139, 1. |
1545. |
Synode d’Erdöd, 139, 20. |
1545-1547. |
|
1546. |
Conférence de Ratisbonne : Meurtre de John Diaz, 135, 10. |
|
Luther meurt le 18 février 135, 11. |
|
Réforme dans le Palatinat, 135, 6. |
1546-1547. |
Guerre de Schmalcald, 136. |
1547-1553. |
Édouard VI. d’Angleterre, 139, 5. |
1547. |
Hermann de Cologne démissionne, 136, 2. |
1548-1572. |
Sigismond Auguste, de Pologne, 139, 18. |
1548. |
Intérim d’Augsbourg, 136, 5. |
|
Controverse des adiphoristes, 141, 5. |
|
Prêtres de l’Oratoire, 149, 7. |
1549. |
Consensus Tigurinus, 138, 7. |
|
André Osiander à Königsburg, 141, 2. |
|
Mission jésuite au Brésil, 150, 3. |
|
Les premiers jésuites en Allemagne (Ingolstadt), 151, 2. |
1550-1555. |
Jules III, 136, 8. |
1550. |
Frères de la Miséricorde, 149, 7. |
1551. |
|
1552. |
Pacte de Passau, 137, 3. |
|
Déclenchement de la controverse crypto-calviniste, 141, 9. |
|
Mort de François-Xavier, 150, 1. |
1553-1558. |
Marie la Catholique d’Angleterre, 139, 5. |
1553. |
Mort de l’électeur Maurice, 137, 4. |
|
Servet brûlé, 148, 2. |
1554. |
Consensus Pastorum Genevensium, 138, 7. |
|
Jean-Frédéric le Magnanime meurt, 137, 3. |
1555. |
Paix religieuse d’Augsbourg, 137, 5. |
|
Éclosion de controverses synergistes, 141, 7. |
1555-1598. |
Philippe II. d’Espagne, 139, 21. |
1556-1564. |
Ferdinand Ier, empereur, 137, 8. |
1556. |
Loyola meurt, 149, 8. |
1557. |
Assemblée nationale à Clausenburg et Confessio Hungarica, 139, 20. |
1558. |
Récréation de Francfort, 141, 11. |
1558-1603. |
Élisabeth d’Angleterre, 139, 6. |
1559. |
Mission de Gustave Vasa auprès des Lapons, 142, 7. |
|
Confessio Gallicana, 139, 14. |
|
L’Acte d’uniformité anglais, 139, 6. |
1560-1565. |
Pape Pie IV, 149, 2. |
1560. |
Confessio Scotica, 139, 9. |
|
Jean a Lasco meurt, 139, 18. |
|
Calvinisation du Palatinat, 144, 1. |
|
Mélanchthon meurt, 141, 10. |
1561. |
Gotthard Kettler, duc de Courlande, 139, 3. |
|
Conférence religieuse de Poissy, 139, 14. |
|
Marie Stuart en Ecosse, 139, 10. |
|
Diète des princes à Naumburg, 141, 11. |
1562-1563. |
Reprise et clôture du concile tridentin, 149, 2. |
1562. |
Confessio Belgica, 139, 12. |
|
XXXIX. Articles de l’Église d’Angleterre, 139, 6. |
|
Calvinisation de Brême, 144, 2. |
|
Catéchisme de Heidelberg, 144, 1. |
|
Mort de Lælius Socinus, 148, 4. |
1564. |
Calvin meurt, 138, 4. |
|
Professio fidei Tridentinæ, 149, 14. |
|
Propositions d’union de Cassandre, 137, 8. |
|
Convention de Maulbronn, 144, 1. |
1564-1576. |
L’empereur Maximilien II, 137, 8. |
1566. |
Catechasimo Romanus, 149, 10. |
|
Confessio Helvetica posterior, 138, 7. |
|
La Ligue des « Mendiants », 139, 12. |
1567. |
Les écrits de Michel Baïus condamnés, 149, 13. |
1570. |
Synode général à Sendomir, 139, 13. |
|
Paix de Saint-Germain, 139, 15. |
1572-1585. |
Pape Grégoire XIII, 149, 3. |
1572. |
John Knox meurt, 139, 11. |
|
Mariage sanglant de Paris, 24 août 139, 16. |
1573. |
Pax dissidentium en Pologne, 139, 18. |
1574. |
Convention de Maulbronn, 141, 12. |
|
Restauration du catholicisme à Eichsfelde, 151, 1. |
1575. |
Confessio Bohemica, 139, 19. |
1576. |
Livre de Torgau, 141, 12. |
|
Pacification de Gand, 139, 12. |
1576-1612. |
Rodolphe II, empereur, 137, 8. |
1577. |
La formule de la concorde, 141, 12. |
|
Restauration du catholicisme à Fulda, 151, 1. |
1578. |
Le jésuite Possevin en Suède, 151, 3. |
1579. |
L’Union d’Utrecht, 139, 12. |
1580. |
Livre de la Concorde, 141, 12. |
1582. |
Deuxième tentative de réforme à Cologne, 137, 6. |
|
Matthieu Ricci en Chine, 150, 1. |
|
Réforme du calendrier, 149, 3. |
1585-1590. |
Pape Sixte V, 149, 3. |
1587. |
Marie Stuart sur l’échafaud, 139, 10. |
1588. |
Louis Molina, 149, 13. |
1589-1610. |
Henri IV. de France, 139, 17. |
1589. |
Patriarcat de Moscou, 73, 4. |
1592. |
Articles de visite saxons, 141, 13. |
1593. |
Assemblée des représentants à Upsala, 139, 1. |
1595. |
Synode de Thorn, 139, 18. |
1596. |
Synode de Brest, 151, 3. |
1597. |
Calvinisation de la principauté d’Anhalt, 144, 3. |
|
Congregatio de auxiliis, 149, 13. |
1598. |
Édit de Nantes, 139, 17. |
1600. |
Giordano Bruno sur le bûcher, 146, 3. |
XVIIe SIÈCLE. |
|
1604. |
Mort de Faustus Socinus, 148, 4. |
1605. |
Le landgrave Maurice calvinise Hesse Cassel, 154, 1. |
|
Complot des poudres, 153, 6. |
1606. |
Le traité de Vienne, 139, 10. |
|
Interdiction de la République de Venise, 156, 2. |
1608. |
Fondation de l’État jésuite du Paraguay, 156, 10. |
1609. |
La Lettre Royale, 139, 19. |
1610-1643. |
Louis XIII. de France, 153, 3. |
1610. |
Remontrants et contre-remontrants, 160, 2. |
1611. |
Pères de l’Oratoire, 156,�7. |
1612-1619. |
Matthias, empereur, 153, 1. |
1613. |
L’électeur Jean Sigismond de Brandebourg passe à l’Église réformée, 154, 3. |
|
George Calixte dans Helmstädt [Helmstadt], 159, 2. |
1614. |
Confessio Marchica, 154, 3. |
1616. |
Mort de Leonard Hutter, 159, 4. |
1618. |
Moines de Saint-Maur en France, 156, 7. |
1618-1648. |
La guerre de Trente Ans, 153, 2. |
1618-1619. |
Synode de Dort, 161, 2. |
1619-1637. |
Ferdinand II, empereur, 153, 2. |
1620. |
Le massacre de Valteline, 153, 3. |
|
Les Pères Pèlerins, 143, 2. |
1621. |
Jean Arndt meurt, 160, 1. |
1622. |
Mort de François de Sales, 157, 1. |
|
Congregatio de propaganda fide, 156, 9. |
1624. |
Fin de la controverse sur κένωσις et κρύψις, 159, 1. |
|
Jac. Böhme meurt, 160, 2. |
1628. |
Adam Schall en Chine, 156, 12. |
1629. |
Édit de restitution, 153, 2. |
1631. |
Conférence religieuse de Leipzig, 154, 4. |
1632. |
Gustave-Adolphe tombe à Lützen, 153, 2. |
1637. |
Jean Gerhard meurt, 159, 4. |
|
L’éradication du christianisme au Japon, 156, 11. |
1638. |
Renversement du séminaire de Racovie, 148, 4. |
|
Cyril Lucar étranglé, 152, 2. |
|
Alliance écossaise, 155, 1. |
1641. |
Massacre des Irlandais, 153, 5. |
1642. |
Condamnation de l’Augustin de Jansen, 157, 5. |
1643-1715. |
|
1643. |
Confession orthodoxe de Pierre Mogilas, 152, 3. |
|
Ouverture de l’Assemblée de Westminster, 155, 1. |
1645. |
Mort d’Hugo Grotius, 153, 7. |
|
Conférence religieuse de Thorn, 153, 7. |
|
Paix de Linz, 153, 3. |
1645-1742. |
Controverse sur l’hébergement, 156, 12. |
1647. |
George Fox apparaît comme chef des Quakers, 163, 4. |
1648. |
Paix de Westphalie, 153, 2. |
|
Clôture de l’Assemblée de Westminster, 155, 1. |
1649. |
Exécution de Charles Ier. d’Angleterre, 155, 1. |
1650. |
Descartes meurt, 164, 1. |
1652. |
Réforme liturgique du patriarche Nikon, 163, 10. |
1653. |
Innocent X. condamne les Cinq Propositions de Jansen, 157, 5. |
|
Parlement de Barebones, 155, 2. |
1654. |
Christine de Suède devient catholique, 153, 1. |
|
John Val. André Jours, 160, 1. |
1655. |
Les Pâques sanglantes en Piémont, 153, 5. |
|
Consensus repetitus fidei vere Lutheranæ, 159, 2. |
1656. |
Mort de Georges Calixte, 159, 2. |
|
Pascal’s Lettres Provinciales, 157,�5. |
1658. |
Éclatement des controverses coccéiennes, 161, 5. |
1660. |
Mort de Vincent de Paul, 156, 8. |
|
Restauration de la royauté et de l’épiscopat en Angleterre, 155, 3. |
1661. |
Conférence religieuse de Cassel, 154, 4. |
1664. |
Fondation de l’Ordre des Trappistes, 156, 8. |
1669. |
Mort de Cocceius, 161, 3. |
1670. |
Les Labadistes à Herford, 163, 7. |
1673. |
Loi sur les tests, 153, 6. |
1675. |
Formule consensus Helvetici, 161, 2. |
|
Pia Desideria de Spener, 159, 3. |
1676. |
Mort de Paul Gerhardt, 154, 4. |
|
Voetius meurt, 161, 3. |
1677. |
Mort de Spinoza, 164, 1. |
1682. |
Quatuor propositiones Cleri Gallicani, 156, 1. |
|
Fondation de la Pennsylvanie, 163, 4. |
1685. |
Révocation de l’édit de Nantes et expulsion des Vaudois du Piémont, 153, 4, 5. |
1686. |
Spener à Dresde et Collegia philobiblica à Leipzig, 159, 3. |
|
Mort d’Abraham Calov, 159, 4. |
1687. |
Michel Molinos forcé d’abjurer, 157, 2. |
1689. |
Acte anglais de tolérance, 155, 3. |
|
Retour des Vaudois exilés, 153, 5. |
1690. |
Les piétistes expulsés de Leipzig, 159, 3. |
1691. |
Spener à Berlin, 159, 3. |
1694. |
Fondation de l’Université de Halle, 159, 3. |
1697. |
Frédéric-Auguste le Fort de Saxe devient catholique, 153, 1. |
1699. |
Propositions de Fénelon condamnées, 157, 3. |
XVIIIe SIÈCLE. |
|
1701. |
Thomas de Tournon dans les Indes orientales, 156, 12. |
1702. |
« Nouvelles innocentes » de Löscher, p. 167, p. 1. |
|
Excès fanatiques de Buttlar, 170, 4. |
1703. |
Collegium caritativum à Berlin, 169, 1. |
|
Pierre Codde déposé, 165, 8. |
1704. |
|
1705. |
Mort de Spener, 159, 3. |
1706. |
Fondation de la mission luthérienne de Tranquebar, 167, 9. |
1707. |
Les enfants qui prient en Silésie, 167, 8. |
1709. |
Port-Royal supprimé, 157, 5. |
1712. |
Mort de Richard Simon, 158, 1. |
|
Congrégation méchitariste, 165, 2. |
1713. |
La Constitution Unigenitus, 165, 7. |
1717-1774. |
Louis XV. de France, 165, 5. |
1715. |
Mort de Fénelon, 157, 3. |
1716. |
Mort de Leibnitz, 164, 2. |
1717. |
Appelants français, 165, 7. |
|
Mort de Madame Guyon, 157, 3. |
|
Gottfried Arnold meurt, 160, 2. |
|
Communautés inspirées dans les Cévennes, 170, 2. |
1721. |
Saint-Synode de Saint-Pétersbourg, 166. |
|
Hans Egede se rend comme missionnaire au Groenland, 167, 9. |
1722. |
Fondation de Herrnhut, 168, 2. |
1727. |
A. H. Francke meurt, 167, 8. |
|
Mort de Thomas de Westen, 160, 7. |
|
Fondation de la Société des Frères Unis, 168, 2. |
1728. |
Institut Callenberg pour la conversion des Juifs, 167, 9. |
1729. |
Mort de Buddée, 168, 2. |
|
Création d’une société méthodiste, 169, 4. |
1731. |
Émigration des évangéliques de Salzbourg, 165, 4. |
1740-1786. |
Frédéric II. de Prusse, 171, 4. |
1741. |
Alliance spéciale morave avec le Seigneur Jésus, 168, 4. |
1750. |
Mort de Sébastien Bach, 167, 7. |
|
Fin de l’État jésuite du Paraguay, 165, 3. |
1751. |
Semler, professeur à Halle, 171, 6. |
1752. |
Bengel meurt, 167, 4. |
1754. |
Chrétien. v. Wolff meurt, 167, 3. |
|
Winckelmann devient catholique romain, 165, 6. |
1755. |
Mosheim meurt, 167, 3. |
1758-1769. |
Pape Clément XIII, 165, 9. |
1759. |
Bannissement des jésuites du Portugal, 165, 9. |
1760. |
Mort de Zinzendorf, 168, 3. |
1762. |
Assassinat judiciaire de Jean Calas, 165, 5. |
1765. |
Bibliothèque universelle d’Allemagne, 171, 4. |
1769-1774. |
Pape Clément XIV, 165, 9. |
1772. |
Swedenborg meurt, 170, 5. |
1773. |
Suppression de l’ordre des Jésuites, 165, 9. |
1774. |
Fragments de Wolfenbüttel, 171, 6. |
1775-1799. |
Pie VI, pape, 165, 9, 10. |
1775. |
C. A. Crusius meurt, 167, 3. |
1776. |
Fondation de l’Ordre des Illuminati, 165, 13. |
1778. |
Voltaire et Rousseau meurent, 165, 14. |
1780-1790. |
Joseph II, souverain unique, 165, 10. |
1781. |
Édit de tolérance de Joseph, 165, 10. |
1782. |
Pape Pie VI. à Vienne, 165, 10. |
1786. |
Congrès à Ems et Synode à Pistoja, 165, 10. |
1787. |
Édit de Versailles, 165, 4. |
1788. |
L’édit religieux de Wöllner, 171, 5. |
1789. |
Révolution française, 165, 15. |
1791. |
Wesley meurt, 169, 5. |
|
Mort de Semler, 171, 6. |
1793. |
Exécution de Louis XVI. et sa Reine. Abolition du calcul chrétien du temps et de la religion chrétienne en France. Temple de la Raison, 165, 15. |
1794. |
Le peuple fran�ais reconnait l’Etre suprème et l’immortalité de l’âme, 165,�15. |
1795. |
Fondation de la London Missionary Society, 172, 5. |
1799. |
Discours sur la religion de Schleiermacher, p. 182, p. 1. |
1800. |
Stolberg devient catholique romain, 165, 6. |
DIX-NEUVIÈME SIÈCLE. |
|
1800-1823. |
Pape Pie VII, 185, 1. |
1801. |
Concordat français, 203, 1. |
1803. |
Suspension des députés impériaux, 192, 1. |
1804. |
Fondation de la Société biblique britannique et étrangère, 183, 4. |
|
Kant meurt, 171, 10. |
1806. |
Fin de l’Empire catholique allemand, 192. |
1809. |
Napoléon sous l’interdiction ; le pape emprisonné, 185, 1. |
1810. |
Fondation de l’American Missionary Society à Boston, 184, 1. |
|
Schleiermacher, professeur à Berlin, 182, 1. |
1811. |
Conseil national français, 185, 1. |
1814. |
Congrès de Vienne. Restauration du pape, 185, 1. |
|
Restauration des Jésuites, 186, 1. |
1815. |
La Sainte-Alliance, 173. |
1816. |
Séminaire missionnaire de Bâle, 184, 1. |
1817. |
Les thèses des préjudices, 176, 1. |
|
Interpellation de Frédéric-Guillaume III, 177, 1. |
1822. |
Introduction du livre de service prussien, 176, 1. |
|
Association lyonnaise pour la propagation de la foi, 186, 7. |
1823-1829. |
Pape Léon XII, 185, 1. |
1825. |
Livre de Mormon, p. 211, 12. |
1827. |
L’Evangel de Hengstenberg. Journal de l’Église, 176, 1. |
1829. |
Projet de loi sur l’émancipation des catholiques anglais, 202, 9. |
|
Fondation de l’Institut missionnaire de Barmen, 184, 1. |
1829-1830. |
Pape Pie VIII, 185, 1. |
1830. |
Révolution de Juillet, 203, 2. |
|
Controverse de Halle, 176, 1. |
|
Abbé Chatel in Paris, 187,�6. |
1831-1846. |
Grégoire XVI, pape, 185, 1. |
1831. |
Hegel meurt, 174, 1. |
1833. |
Début de l’agitation puseyite, 203, 2. |
1834. |
Conflit à Hönigern, 177, 2. |
|
Schleiermacher meurt, 182, 1. |
1835. |
Première Vie de Jésus de Strauss, 182, 6. |
|
Condamnation de l’hermésianisme, 193, 1. |
|
Mort d’Edward Irving, 211, 10. |
|
Persécution des chrétiens à Madagascar, 184, 3. |
1836. |
Fondation de l’Institut missionnaire de Dresde, 184, 1. |
1837. |
Émigrés de Zillerthal, 198, 1. |
|
Début des troubles à Cologne, 193, 1. |
1838. |
Mgr Dunin, archevêque de Posen, 193, 1. |
|
Rescrit d’Altenbourg, 194, 2. |
|
J. A. Möhler meurt, 191, 4. |
|
Loi sur les dîmes anglaises, 202, 9. |
1839. |
Appel du Dr Strauss à Zurich, 199, 4. |
|
Ordre bavarois de donner l’adoration, 195, 2. |
|
Synode de Polozk, 206, 2. |
1810-1861. |
Frédéric-Guillaume IV. de Prusse, 193. |
1841. |
Schelling à Berlin, 174, 1. |
|
Constitution des luthériens séparés de l’Église nationale de Prusse, 177, 2. |
|
Fondation de l’évêché évangélique de Jérusalem, 184, 8. |
|
Fondation de l’Association Gustave-Adolphe, 178, 1. |
1843. |
Perturbation et fondation de l’Église libre d’Écosse, 202, 7. |
1844. |
Église catholique allemande, 187, 1. |
|
« Est-ce l’Écriture, est-ce l’Esprit ? » de Wislicenus Chapitre 176, 1. |
1845. |
Fondation de l’Église libre de Vaud, 199, 2. |
1845-1846. |
Conversions en Livonie, 206, 3. |
1846-1878. |
Pape Pie IX, 185, 2-4. |
1846. |
Fondation de l’Alliance évangélique à Londres, 178, 3. |
|
Synode général prussien infructueux à Berlin, 193, 3. |
1847. |
Brevet prussien de tolérance, 193, 3. |
|
Guerre du Sonderbund suisse, 199, 1. |
1848. |
Révolution de février et mars, 192, 4. |
|
Fondation d’Evangel. Kirchentag, 178, 4. |
|
Fondation de l’Association Pie Pie catholique, 186, 3. |
|
Congrès épiscopal de Wurtzbourg, 192, 4. |
1849. |
République romaine, 185, 2. |
|
Premier Congrès pour les Missions Intérieures, 183. |
1850. |
Institution de Berlin « Oberkirchenrat », 193, 4. |
|
Retour du pape à Rome, 185, 2. |
|
Projet de loi sur les titres ecclésiastiques anglais, 202, 11. |
1851. |
Mémoire des évêques du Rhin supérieur, 196, 1. |
|
Rébellion de Taeping en Chine, 211, 15. |
1852. |
Conférence d’Eisenach, 178, 2. |
1852-1870. |
|
1853. |
Le Kirchentag de Berlin reconnaît l’Augustana, 178, 4. |
|
Institut missionnaire d’Hermannsburg, 185, 1. |
|
Nouvelle organisation de la hiérarchie catholique en Hollande, 200, 4. |
1855. |
Loi sarde sur les monastères, 204, 1. |
|
Concordat autrichien, 198, 2. |
1857. |
L’Alliance évangélique à Berlin, 178, 3. |
1858. |
Troubles à Baden au sujet du livre de service, 196, 3. |
|
La Mère de Dieu à Lourdes, 188, 7. |
1859. |
Guerre franco-autrichienne en Italie, 204, 2. |
1860. |
Persécution des chrétiens syriens, 207, 2. |
|
Abrogation du Concordat de Bade, 196, 2. |
1861. |
Le brevet autrichien, 198, 3. |
|
Introduction d’un ordre ecclésiastique constitutionnel dans le pays de Bade, 196, 3. |
|
Radama II. à Madagascar, 184, 3. |
|
Schisme parmi les luthériens séparatistes en Prusse, 177, 3. |
1862. |
Scandale du catéchisme hanovrien, 194, 3. |
|
Vie de Jésus par Renan, 182, 8. |
|
Droit ecclésiastique du Wurtemberg, 196, 6. |
1863. |
Congrès des savants catholiques à Munich, 191, 10. |
1864. |
Encyclique et syllabus, 185, 2. |
|
Vie de Jésus de Strauss et Schenkel, 182, 8, 17. |
1865. |
Le premier protestant à Eisenach, 180, 1. |
1866. |
Fondation de la Ligue d’Allemagne du Nord. |
1867. |
Fête du centenaire de Saint-Pierre à Rome, 185, 2. |
1869. |
Projet de loi sur l’Église irlandaise, 202, 10. |
|
Ouverture du Concile Vatican, 189, 2. |
1870. |
Proclamation de la doctrine de l’infaillibilité, 18 juillet 189, 3. |
|
Révocation du Concordat autrichien. 198, 2. |
|
Renversement des États ecclésiastiques, 185, 3. |
1871. |
Fondation du nouvel Empire allemand, le 18 janvier 197. |
|
Le premier congrès vieux-catholique à Munich, 190, 1. |
|
« Le Kanzelparagraphe », 197, 4. |
|
Premier synode national luthérien dans le royaume de Saxe, 194, 1. |
1872. |
Dr Falk, ministre prussien des cultes, 193, 5. |
|
Loi prussienne sur l’inspection scolaire, 199, 3. |
|
La Dispute romaine, 175, 3. |
|
La loi jésuite allemande, 197, 4. |
|
Épidémie de manifestations de la Mère de Dieu en Alsace-Lorraine, 188, 6. |
1873. |
Les quatre lois ecclésiastiques prussiennes, 197, 5. |
|
|
|
Constitution de l’Église vieille-catholique dans l’Empire allemand, 190, 1. |
1874. |
Les lois ecclésiastiques autrichiennes, 198, 6. |
|
Conférence syndicale à Bonn, 175, 6. |
1875. |
L’encyclique Quod numquam et la loi sur l’embargo, 197, 8. |
|
Synode général extraordinaire de Berlin, 193, 5. |
|
Pearsall Smith, 211, 1. |
1876. |
Astuce de la Mère de Dieu de Marpinger, 188, 7. |
|
La loi universitaire néerlandaise, 202, 2. |
1878. |
Léon XIII. monte sur la chaire pontificale, 185, 5. |
|
Organisation d’une hiérarchie catholique en Écosse, 202, 11. |
|
Congrès de Berlin, 207, 5. |
|
Amnistie au clergé récalcitrant du Jura, 199, 3. |
|
Première apparition de l’Armée du Salut, 205, 2. |
1879. |
Loi belge sur l’enseignement libéral, 200, 6. |
1880. |
Abolition du « Kulturexamen » à Baden, 197, 14. |
|
Décret français de mars, 203, 6. |
1881. |
L’affaire de l’hérésie de Robertson Smith, p. 202, p. 8. |
1882. |
Le conflit confessionnel luthérien avec l’école ritschlienne, 182, 21. |
1883. |
Le Jubilé de Luther, 175, 10. |
1884. |
Loi belge sur l’enseignement clérical, 200, 6. |
|
|
1887. |
Les gouvernements prussien et hessois concluent la paix avec la curie pontificale, 197, 13, 15. |
|
Fondation du Bund évangélique, 178, 5. |
Butler & Tanner, The Selwood Printing Works, Frome et Londres.
1 ― |
Dowling, « Introduction à l’étude de l’hist. ecclésiastique ; ses progrès et ses sources. » Lond., 1838. Smedt, « Introd. generalis ad Hist. Eccl. critical tractandam. Gandavi, 1876. |
2 ― |
Voir le sermon sur les pharisiens dans les « Sermons de l’Université » de Mozley. Lond., 1876 ; aussi Schürer, Div. II., vol. II, pp. 1-43, « Pharisiens et Sadducéens ». |
3 ― |
Voir Lightfoot, Ep. to the Col., 5e éd., Lond., 1880, Diss. sur « Les Esséniens, leur nom, leur origine et leur relation avec le christianisme », p. 349-419 ; aussi Schürer, Div. II., vol. II, pp. 188-218, « Les Esséniens ». |
4 ― |
Nutt, Esquisse de l’histoire, du dogme et de la littérature samaritains. Lond., 1874. |
5 ― |
Sur Philon, voir Schürer, Div. II., t. III, p. 321-381. |
6 ― |
J. Bannerman, « L’Église du Christ ». 2 vol., Edin., 1868. Jacob, « Politique ecclésiastique du Nouveau Testament ». Lond., 1871. Hatch, « L’organisation des premières églises chrétiennes ». Lond., 1881 ; 2e éd., 1883. D. D. Bannerman, « La doctrine de l’Église ». Éd., 1887. Hodge, « L’Église et sa politique ». Éd., 1879. Binnie, « L’Église ». Éd., 1882. Pressensé, « La vie et la pratique. de l’Église primitive. Lond., 1879. Lightfoot, « Comm. sur Philip ». « Essai sur le ministère chrétien ». 6e éd., Lond., 1881, p. 181-269. |
7 ― |
Mommsen, « De collegiis et sodaliciis Rom. » Kiel, 1843. Foucart, “Les associat. relig. chez les Grecs.” Paris,�1873. Hatch, « Organisation des premières églises chrétiennes », pp. 26-39. |
8 ― |
Lightfoot, « Épître à Phil ». 6e éd., Lond., 1881, p. 95. Notes détachées sur les synonymes « évêque » et « presbytre ». « Diss. sur le ministère chrétien. » pp. 187-200. |
9 ― |
Blondel, « Apologia pro sententia Hieron. par l’évêque. et presbyt. Amst., 1646. |
10 ― |
Le φίλημα ἅγιον de Rom. xvi. 16 ; 1 Corinthiens xvi, 20. |
11 ― |
Nous en trouvons probablement des fragments dans Éphésiens ii. 14 ; 1 Timothée, III, 16 ; 2 Timothée, ii, 11-13 ; et peut-être aussi dans 1 Tim. iii. 1 et 16 ; Jas. i. 17 ; Rév. i. 4 ; iv. 11 ; v. 9 ; xi. 15 ; xv. 3 ; xxi. 1 ; XXII. 10. |
12 ― |
Actes ii. 4, 6 ; xx. 7. |
13 ― |
Jean, xx. 26 ; Actes xx. 7 ; 1 Corinthiens xvi, 2 ; Rév. i. 10. |
14 ― |
Actes ii. 39 ; xvi. 33 ; 1 Corinthiens VII, 14. |
15 ― |
Actes viii. 17 ; vi. 6 ; xiii. 3 ; 1 Timothée, iv, 14. |
16 ― |
À ce sujet, consultez : Pressensé, « Les premières années du christianisme ». Vol. 2, « L’âge apostolique ». Lond., 1879, p. 361-381. Lechler, « Temps apostoliques et post-apostoliques ». 2 vol., Edin., 1886 ; Vol. i, p. 37-67, 130-144. |
17 ― |
Burton, « Hérésies de l’âge apostolique ». Oxford, 1829. |
18 ― |
En tant qu’autorités pour cette période, consultez : Moshemii, « Commentarii de reb. Christianor. avant Constant. Helmst., 1753. Baur, « Les trois premiers siècles de l’Église chrétienne ». Lond., 1877. Milman, « Hist. de Chr. à Abol. de Pag. dans Rom. Emp. 3 vol., Lond., 1840. Pressensé, « Les premières années du christianisme ». 4 vol., Lond., 1879. |
19 ― |
Consulter: Killen, « L’ancienne Église ». Éd., 1859 ; « L’Église Vieille-Catholique ». Edin., 1871. Lechler, « Apost. et Post-Apost. Times. 2 vol., Edin., 1886 ; Vol. II, p. 260-379. Robertson, « Hist. de l’Église chrétienne ». Vol. i., (A.D. 64-590), Lond., 1858. |
20 ― |
Bien que les âges post-apostolique et vieux-catholique soient assez nettement distingués l’un de l’autre par le point de vue du temps et du contenu selon de nombreuses lignes de développement historique, et qu’ils soient à juste titre séparés l’un de l’autre, de sorte qu’ils pourraient sembler nécessiter un traitement comme des périodes indépendantes ; cependant, d’une part, le passage de l’une à l’autre est si fréquent et est pour la plupart d’une nature si liquide et incontrôlable, tandis que, d’autre part, l’opposition et la distinction entre ces deux périodes et l’Église œcuménique catholique impériale qui leur succède sont si profondes, que nous préférons embrasser les deux sous une même période et indiquer les lignes de démarcation entre les deux partout où ceux-ci sont clairement discernables. |
21 ― |
Inge, « La société à Rome sous les Césars ». Lond., 1887. |
22 ― |
Uhlhorn, « Conflit du christianisme avec le paganisme ». Steere, « Récit des persécutions de l’Église sous les empereurs romains ». |
23 ― |
Renan, « Antéchrist ». Lond., 1874. Merivale, « Hist. de Rom. Emp. » Vol. v. vi., Lond., 1856, 1858. Les « Premiers jours du christianisme » de Farrar. Lond., 1884 ; Livre I, p. 1-44. Mommsen, Hist. de Rome. 6 vol., Lond., 1875 et suiv. |
24 ― |
Renan, « Marc Aurèle ». Lond., 1883. Lightfoot, « Ignace et Polycarpe ». 3 vol., Lond., 1885. |
25 ― |
Lightfoot, « Ignace ». Vol. i, p. 469-476. |
26 ― |
« Kirchengesch. v. Dtschl. I. 94. |
27 ― |
Mason, « La persécution de Dioclétien ». Cambridge, 1876. |
28 ― |
Cotterill, « Peregrinus Proteus. » Edin., 1879 ; Traduction anglaise des œuvres de Lucien, par le docteur Francklin, 4 vol., Lond., 1781. |
29 ― |
Baur, « L’Église chrétienne dans les trois premiers siècles ». Lond., 1877. Celse et Origène, vol. IV. des « Études courtes » de Froude. |
30 ― |
Philostrate, « Vie d’Apollonius de Tyane ». 2 premières livres, trad. par Blount, Lond., 1680. Newman, « Esquisses hist. » Vol. I, chap. II, Apollonius de Tyane. |
31 ― |
Les œuvres de Plotin se composent de 54 traités arrangés en 6 Ennéades, « Opera Omnia. » éd. Creuzer, 3 vol., Oxon., 1835. Plusieurs de ces traités ont été traduits en anglais par H. Taylor, Lond., 1794 et 1817. |
32 ― |
Zeller, « Histoire de l’éclectisme dans la philosophie grecque. » Lond., 1831. Ueberweg, « Hist. de Phil. » Lond., 1872 ; Vol. i, p. 240-252. |
33 ― |
« Narratio orig. rituum et error. Christianor. S. Joannis. » Rom., 1652. |
34 ― |
Ewald, « Hist. d’Israël ». Lond., 1886 ; Vol. VIII, p. 120. |
35 ― |
In de Sacy’s “Chrestom. Arabe.” 2�ed., I.�333. |
36 ― |
1 Corinthiens xvi, 3 ; 2 Corinthiens VIII, 19 ; Gal. ii. 9. |
37 ― |
Burton, « Hérésies de l’âge apostolique ». Oxford, 1829. Zeller, « Actes des Apôtres ». 2 vol., Londres, 1875, 1876. Pressensé, « Âge apostolique ». Londres, 1879, p. 66-73 ; 318-330. |
38 ― |
La « première plantation du christianisme et d’Antignostique » de Neander. (Bohn), 2 vol., Lond., 1851. Mansel, « Hérésies gnostiques des premier et deuxième siècles ». Ed. par l’évêque Lightfoot, Lond., 1875. King, « Restes des Gnostiques ». Lond., 1864 ; nouv. éd., 1887. Ueberweg, « Hist. de Phil. » 2 vol., Lond., 1872, t. I, p. 280-290. |
39 ― |
Ceux-ci sont publiés parmi les œuvres d’Origène. Récemment, Caspari en a découvert une admirable traduction latine faite par Rufin, et l’a publiée dans son Kirchenhist. Anecdote. I., (Christ., 1883). |
40 ― |
Lipsius, « Valentin et son école » dans le « Dict. of Biography » de Smith. Vol. iv., Lond., 1887. |
41 ― |
Dans l’ouvrage de Cureton, « Spicil. Syr. Lond., 1855. |
42 ― |
Dans sa forme copte actuelle, éd. par Petermann, Brl., 1851. Dans une traduction latine par Schwartze, Brl., 1853. En traduction française dans les « Restes des Gnostiques » de King. Lond., 1887. |
43 ― |
Pourtant, l’école de Baur considère cet Évangile de Marcion comme l’original de Luc. Hilgenfeld pense que notre Luc et Marcion ont tous deux puisé dans une source antérieure. Hahn a cherché à restaurer l’Évangile marcionite dans le livre de Thilo, « Cod. Apoc. N.T. » I. 401. Sanday, « Évangiles au IIe siècle ». Londres, 1876. |
44 ― |
Salmon, « Introd. au N.T. » Londres, 1885, p. 242-248. Reuss, « Hist. du N.T. » Éd., 1884, 291, 246, 362, 508. |
45 ― |
Lightfoot, « Comm. sur l’épître aux Galates. » Camb., 1865 ; Diss. « Saint Paul et les Trois. » |
46 ― |
Lechler, « Apost. et post-apostol. Times. Vol. II., p. 263 et suiv. Ewald, « Hist. d’Israël ». Lond., 1886, t. VIII, p. 152. |
47 ― |
Ewald, « Hist. d’Israël ». Vol. VIII, p. 122. |
48 ― |
Nous possédons cette œuvre dans l’original grec. La première édition complète fut celle de Cotelerius dans ses « Pp. Apost ». L’éd. séparée la plus récente et la plus soignée est celle de Lagarde, Lps., 1865 ; Trad. de l’anglais dans Ante Nicene Lib., Edin., 1871. |
49 ― |
N’existant que dans la trad. latine de Rufin. Publié dans Cotelerius, « Pp. Apost. » Éd. séparée par Gersdorf, Lps., 1838 ; Eng. trad. Ante-Nicene Lib., Edin., 1867. |
50 ― |
See de Sacy, “Mem. sur diverses antiqu. de la Perse.” Par.,�1794. Les plus importants de ces ouvrages arabes sont l’Histoire littéraire d’An-Naddim, Kitab al Fihrist, éd. Flügel et Roediger, Lps., 1871 ; alors L’ouvrage d’Al-Shurstani, « Hist. of relig. et phil. sectes. » édit. Cureton, Lond., 1842 ; et L’ouvrage d’Al-Biruni, « Chron. d. Orient Völker. » éd. Sachau, Lps., 1878. |
51 ― |
Chez les Mandéens, mana rabba signifie l’un des éons les plus élevés, et est donc peut-être identique au nom de Paraclet emprunté à la terminologie chrétienne, que Manès a pris. |
52 ― |
Ueberweg, « Hist. de Phil. » 2 vol., Lond., 1872, vol. i, pp. 290-325. Patristiques. Phil. jusqu’au concile de Nicée. |
53 ― |
Donaldson, « Pères apostoliques ». Lond., 1874. Lightfoot, « Clément de Rome ». 2 vol., Lond., 1869, 1877 ; Ignace et Polycarpe, 3 vol., Lond., 1885. Sanday, « Les Évangiles au IIe siècle ». Lond., 1876. |
54 ― |
|
55 ― |
« Patrum Apost. Opéra. » Ed. Gebhardt, Harnack et Zahn, 3 vol., Lps., 1876 ff. « Pères apostoliques », trad. de l’anglais dans la Bibliothèque d’Anténicée, Edin., 1867. Donaldson, « Pères apostoliques ». Éd., 1874. |
56 ― |
À Constantinople, en 1875. |
57 ― |
Comp. Lightfoot, « Saint Clément de Rome, un appendice. » etc., Lond., 1877. |
58 ― |
Donaldson, « Histoire de la littérature chrétienne ». Vol. I, Lond., 1864. Cunningham, « Dissertation sur l’épître de saint Barnabé ». Lond., 1877. |
59 ― |
« Hermæ Pastor », éd. Hilgenfeld, 2e éd., Lps., 1881. Jusqu’au milieu du XIXe siècle, il n’était connu que dans une traduction latine, mais depuis lors, l’original grec est accessible dans deux recensions, ainsi que dans une ancienne traduction éthiopienne (éd. d’Abbadie, Lps., 1860). L’une des recensions grecques presque complètes a été trouvée dans le monastère de l’Athos ; et une plus ancienne, mais moins parfaite, a été trouvée dans le Codex Sinaiticus. Schodde, « Hermâ Nabî ; La version éthiopienne du pasteur Hermæ examinée. » Lps., 1876. |
60 ― |
Comp. Harnack dans l’Expositor de mars 1886, pp. 185-192. Lightfoot, « Ignace et Polycarpe ». Lond., 1885, t. II, p. 433-470. |
61 ― |
Cureton, « Corpus Ignatianum ». (Rom., Eph., et Ep. à Polyc.), Lond., 1819. |
62 ― |
Contre leur sincérité : Dallæus, “De scrr. quæ sub Dionysii et Ignatii nom. circumfer.” Gen.,�1666. Killen, « Épîtres ignatiennes entièrement fallacieuses ». Edin., 1886. En faveur : Pearson, « Vindiciæ St. Ignat ». Cantab., 1672. Lightfoot, « Ignace et Polycarpe ». 3 vol., Lond., 1885. |
63 ― |
Salmon, « Introd. au Nouveau Testament. Lond., 1885, p. 104-126. Sanday, « Évangiles au IIe siècle ». Lond., 1876. |
64 ― |
Schaff, « Le plus ancien manuel de l’Église ». Edin., 1886. Hitchcock et Brown, « L’enseignement des douze apôtres. » New York, 1884. Taylor, « L’enseignement des douze apôtres avec l’Illus. du Talmud ». Cambr., 1886. Expositor, avril et juin 1886, p. 319 et suiv. et 401 et suiv. ; novembre 1887, p. 359-371. |
65 ― |
Donaldson, « Hist. of Chr. Lit. from death of App. to Nic. Council ». 3 vol., Lond., 1864, vol. ii. et iii., « Les Apologistes ». |
66 ― |
La traduction syriaque d’un traité de Melito, donnée dans le « Spicileg. Syr. Lond., 1853, qui se présente comme un discours prononcé devant Antonin César, n’est pas identique à son Apologie à Antonin le Pieux, dont Eusèbe a conservé trois fragments, car ces passages ne s’y trouvent pas. |
67 ― |
Les fragments des œuvres de Melito sont rassemblés par Routh, « Reliquiæ Sacr ». L., Oxon., 1814. |
68 ― |
« Opéra », éd. Otto, 3 vol., Iéna, 1876 ; Trad. anglaise dans Ante-Nicene Library, Edin., 1867. Semisch, « Juste. Mart. 2 vol., Edin., 1843. Kaye, « Écrits et Opin. des Justes. Mart. Lond., 1853. |
69 ― |
Salmon, « Introd. à un nouveau test. Sur Tatien, p. 96-104. Wace sur « Zahn’s Tatian’s Diatessaron. » dans l’Expositor de septembre et octobre 1882. |
70 ― |
Bigg, « Les platoniciens chrétiens d’Alexandrie ». Bampton Lect. pour 1886, Oxf., 1886. Kingsley, « Alexandrie et ses écoles », Camb., 1854. |
71 ― |
« Opera », édit. Harvey, Cantab., 1857 ; Introd. II. « Vie et Wr. d’Irénée. » trad. anglaise dans Ante-Nicene Lib., 2 vol., Edin., 1868, 1869. Lightfoot, « Churches of Gaul », dans Contemp. Review, août 1876. Lipsius, « Irénée » dans le « Dict. of Chr. Biog. » de Smith. III., p. 253 à 279. |
72 ― |
Beaucoup d’œuvres qui lui sont attribuées ont été perdues ; les fragments qui en existent ont été rassemblés par Fabricius et Lagarde. Il s’agit de : Exeget., une Com. sur Daniel ; Excusez-moi., Aux Juifs ? Champ., contre les Gnostiques et les Monarchiens, contre l’observance asiatique de Pâques ( 37, 2) ; Dogme., Au-delà de toutes choses, Au-delà de l’Antéchrist, Au-delà de la résurrection (22,4), Au-delà des cadeaux ? Hist.-chron., Chronique et Canon de Pâques. Sur Philosophoumena : Döllinger, « Hippolyte et Calixte. » Éd., 1876. |
73 ― |
« Opéra », éd. Dindorf, 4 vol., Oxon., 1868. — Supplementum Clementinum, dans le Forsch de Zahn. Vol. III, trad. anglaise dans Ante-Nicene Lib., 2 vol., Edin., 1867. Bigg, « Chr. Plat. d’Alex. Lectt. II. III., Oxf., 1886. Kaye, « Clément d’Alexandrie ». Londres, 1855. Reuss, « Hist du canon ». Éd., 1884, p. 112-116. |
74 ― |
Jérôme les évalue à 2 000 ; Épiphane à 6 000 ; Ceux-ci doivent inclure les milliers d’épîtres et d’homélies séparées. Bigg, « Chr. Platoniciens d’Alex. » IV-VI, Oxf., 1886. |
75 ― |
Hexaplorum quæ supersunt. Ed. Field, Oxon., 1871. |
76 ― |
Ed. Selwyn, Cantab., 1876 ; Trad. anglaise de C. Celsum et De Principiis, dans Ante-Nicene Library, 2 vol., Edin., 1869-1872. |
77 ― |
« Grégoire Thaumaturge, Denys d’Alex. et Archélaüs. » trad. par le professeur Salmond, Edin., 1871. |
78 ― |
Neander, « Antignosticus, ou l’esprit de Tertull. » annexé à « Hist. de l’implantation de l’église de Chr. ». 2 vol., Lond., 1851. Kaye, « Eccles. Hist. des 2e et 3e siècles. illustr. de Wr. de Tertull. 2 éd., Camb., 1829. Tertullien, « Œuvres ». 3 vol., Ante-Nicene Lib., Edin., 1869. |
79 ― |
Traités et épîtres de Cyprien, Lib. des Pères, 2 vol., Oxf., 1839, 1844. — Écrits de Cyprien. Ante-Nicene Lib., 2 vol., Edin., 1868. Poole, « La vie et l’époque de C. » Oxf., 1840. Pressensé, « Martyrs et apologistes ». Lond., 1879, p. 414-438. |
80 ― |
Dillmann, « Pseudépigraphe. de l’A. Ts. Duc, xii. 341. Reuss, « Hist. du N. T. » Edin., 1884. Salmon, « Introd. à N. T. » 2e éd., Lond., 1886. |
81 ― |
« Fabricius, Codex pseudepigr. V.T. » Éd. 2., Hamb., 1722. |
82 ― |
Drummond, « Messie juif ». Lond., 1877. Lawrence, « Livre d’Hénoch », Oxf., 1821. Schodde, « Livre d’Hénoch ». Andover, 1882. Schurer, « Hist. des Juifs. Peo. à l’époque de J. Chr. Div. II., vol. 3., p. 59 et suiv., 73 et suiv., 93 et suiv., 134 et suiv. ; (Hénoch, Assumptio, Esdras, livre de Jub.). Bensly, « Fragment manquant de la traduction lat. du 4e livre Bk. d’Esdras. Cambr., 1875. |
83 ― |
Plomb, « Test. XII. Patriarchum ». Cambr., 1869 ; Appendice, 1879. Malan, « Livre d’Adam et Ève ». Lond., 1882. Hort sur les livres d’Adam, dans le « Dict. of Chr. Biog. » de Smith. Lond., 1877. |
84 ― |
Salmon, « Introd. à N.T. » Lond., 1885 ; Lect. XII., « Apoc. et elle. Évangiles. » pp. 226-248. |
85 ― |
Nicholson, « Le Gosp. selon les Hébreux. Lond., 1879. |
86 ― |
Giles, « Cod. Apoc. N. T. » 2 vol., Lond., 1852. Tischendorf, « Evv. Apocr. Éd. 2, Lps., 1876. |
87 ― |
Wright, « Actes apocryphes des apôtres ». Syriaque et anglais, 2 vol., Lond., 1871. Malan, « Les conflits des saints apôtres ». Lond., 1871. Tischendorf, « Acta app. Apocr. » Lps., 1851. |
88 ― |
Phillips, « Addaï l’apôtre ». syriaque et anglais, Lond., 1876. |
89 ― |
Lightfoot, « Comm. sur Phil ». 6e éd., Lond., 1881 ; « Diss. sur Paul et Sénèque. » pp. 270-328 ; « Lettres de Paul et Sénèque, p. 329-333. Lightfoot, « Comm. on Col. », 5e éd., Lond., 1880 ; pp. 274-300, « L’épître de Laodicée ». |
90 ― |
Dorner, « Hist. of Dev. of Doctr. de la personne de Chr. 5 vol., Edin., 1862. Pressensé, « Hérésie et doctrine chrétienne ». Lond., 1879. |
91 ― |
Deut. xviii. 15 ; Ésaïe liii. 3 ; Matthieu xii, 32 ; Luc, I, 35 ; Jean VIII, 40 ; Actes ii. 22 ; 1 Timothée, ii, 5. |
92 ― |
Tertullian says: Ita duo negotia diaboli Praxeas Romæ procuravit, prophetiam expulit et hæresim intulit, paracletum fugavit et patrem crucifixit.―Ps.-Tertull.: Hæresim introduxit, quam Victorinus corroborare curavit. |
93 ― |
Dorner, « Personne du Christ ». Vol. ii. |
94 ― |
Pressensé, « Vie et pratique dans l’Église primitive ». Lond., 1872. |
95 ― |
Hatch, « L’organisation des premières Églises chrétiennes ». Lond., 1881 ; « La croissance des institutions ecclésiastiques ». Lond., 1887. Bannerman, « Doctr. de l’Église. 2 vol., Edin., 1858 ; espec. Vol. I, p. 277-480. Lightfoot, « Comm. sur Phil ». 6e éd., Lond., 1881 : « Dissertat. sur le ministère de la Chrétienté. Papiers dans Expositor, 1887, sur « L’origine du ministère chrétien » par Sanday, Harnack et d’autres. |
96 ― |
Nous ne sommes pas portés plus loin que cela par Irénée, III, 3. De même, Cyprien, De Unitate Ecclesiæ, iv. Tertullien n’accepte pas non plus la tradition romaine comme une autorité suprême, mais préfère celle de l’Asie Mineure en ce qui concerne la controverse de Pâques, et, dans le De Pudicitia, il s’oppose avec des invectives amères à la discipline pénitentielle de l’évêque romain Zéphyrin ou Calixte. De même, Cyprien répudie la pratique romaine en ce qui concerne le baptême des hérétiques (35, 5) ; et sur le même sujet, Firmilien de Césarée en Cappadoce hésite à ne pas écrire : Non pudet Stephanum, Cyprianum pseudo-christum et pseudo-apostolum et dolosum operarium dicere : qui omnia in se esse conscius prævenit, ut alteri per mendacium objiceret, quæ ipse ex merito audire deberet.―Consulter : Blondel, “Traité hist. de la primauté.” Gen.,�1641. Salace, « De primatu papas ». Lugd. Bat., 1645. Kenrick, « La primauté du siège apostolique justifiée ». New York, 1848. « Le Pape et le Concile. » par Janus, Lond., 1869. |
97 ― |
Wall, « Hist. of Infant Baptism », avec les réflexions de Gale et la défense de Wall, 4 vol., Oxf., 1836. Wilberforce, « Doctr. du Saint Baptême. Lond., 1849. |
98 ― |
L’affirmation de Funk selon laquelle l’ἀκροᾶσθαι et le γονυκλίνειν n’étaient pas des étapes du catéchuménat, mais des rangs pénitentiaires dans lesquels les catéchumènes offensants étaient placés, et qu’il n’y avait qu’un seul ordre de catéchumènes est insoutenable pour les raisons suivantes :
Pressensé, « Vie et pratique dans l’Église primitive ». Lond., 1879, p. 5-36, 333. |
99 ― |
Pressensé, « Vie et pratique dans l’Église primitive », pp. 201-216, 263-286. Lechler, « Apostolique et post-Apost. Times. 2 vol., Edin., 1886 ; Vol. ii. 298. Jacob, « Ecclest. Politique du N. T. » Lond., 1871, p. 187-319. |
100 ― |
Jacob, « Ecclest. Polit. du N.T. » Lond., 1871, Lect. vii., « La Cène du Seigneur ». Waterland, « Examen de la doctrine de l’Eucharistie ». Lond., 1737. |
101 ― |
Voir, De doctr. Christiana. II. ii. 15. — « Anciens textes bibliques latins. » Édité par John Wordsworth, Bp. de Salisbury, Oxford, 1885, etc. |
102 ― |
Lechler, « Temps apostoliques et post-apostoliques ». Éd., 1886, t. II, p. 301-310. |
103 ― |
Bosio, « Roma Sotteranea. » Rom., 1632. De Rossi, « Roma sott. Le Christ. 3 vol., Rome, 1864-1877. Northcote et Brownlow, « Roma Sotteranea ». Lond., 1869. Withrow, « Les catacombes de Rome. » Lond., 1876. |
104 ― |
Marriott, « Témoignage des catacombes ». Lond., 1877. |
105 ― |
Zöckler, « La Croix du Christ ». Lond., 1877. Allen, « Symbolisme chrétien primitif. » Lond., 1887. Didson, « Chr. Iconographie. » 2 vol., Lond., 1886. |
106 ― |
Schmidt, « Les résultats sociaux du christianisme primitif ». Lond., 1886. Accolade, « Gesta Christi ». Lond., 1883. Uhlhorn, « La charité dans l’Église ancienne ». Éd., 1883. Pressensé, « Vie et pratique dans l’Église primitive ». Lond., 1879, p. 345-477. Ryan, « Hist. des effets de la relig. sur l’humanité. Dublin, 1820. |
107 ― |
Morinus, « Le disciple. dans l’administr. S. pœnitentiæ. Par., 1651. Marshall, « Discipline pénitentielle du Prim. l’Église pendant les quatre premiers siècles. Lond., 1844 (1re éd., 1718). Tertullien, « De Pœnitentia ». Voir la trad. dans la Bibliothèque des Pères, Tertullien, vol. I, « Traités apologétiques et pratiques ». Oxf., 1843 ; XI. De la repentance, avec de longues et précieuses notes du Dr Pusey, pp. 349-408. |
108 ― |
J. de Soyres, « Le montanisme et l’Église primitive ». Cambr., 1878. Cunningham, « Les Églises d’Asie ». Lond., 1880, p. 159 et suiv. |
109 ― |
Bunsen, « Hippolyte et son siècle ». Lond., 1854. Wordsworth, « Saint Hippolyte et l’Église de Rome ». Lond., 1852. Döllinger, « Hippolyte et Calixte. » Edin., 1876 (orig. publ. 1853). |
110 ― |
Oxf., 1843, Traités de Cyprien : v. « De l’unité de l’Église. » vi. « Sur les caducs. » avec préfaces. De plus, « Epp. de S. Cyprien. (1844) xli.-xlv., lii. et lix. |
111 ― |
« Bibliothèque des Pères », Oxf., 1844 ; « Epp. de S. Cyprien. Ep. lii., aussi Ep. lv. |
112 ― |
Merivale, « Conversion de l’Empire romain ». Lond., 1864. Milman, « Hist. du christianisme à Abol. de Pag. dans Rom. Emp. 3 vol., Lond. Lecky, « Hist. des mœurs eurériennes ». Vol. II, « De Constantin à Charlemagne ». |
113 ― |
Döllinger, « Fables sur les papes du Moyen Âge ». Lond., 1871. |
114 ― |
La source originale est Eusèbe, « Vie de Constantin », trad. Lond., 1842. Voir l’intéressante conférence sur Constantin dans l’Hist. de l’Église d’Orient. Lond., 1861. Madden, « Emblèmes chrétiens sur les pièces de monnaie de Constantin Ier. » Lond., 1878. |
115 ― |
Neander, « L’empereur Julien et sa génération ». Lond., 1850. G. H. Rendall, « L’empereur Julien ». Lond., 1879. Newman, « Miracles in Eccl. Hist. » Oxf., 1842. Bp. Wordsworth, « Julian », dans Smith’s Dict. of Biog., vol. III, pp. 484-523. |
116 ― |
Sur toute cette période, consulter : Histoires de Théodoret, Sozomène, Socrate et Évagre (contenant beaucoup de matériel fabuleux, mais utile comme documents contemporains s’étendant jusqu’à J.-C. 594). Trad. en 4 vol., Lond., 1812-1846. Sur Théodose Ier, voir Hefele, Hist. of Councils, vol. II, p. 341 et suiv., Edin., 1876. |
117 ― |
Neumann (Leipz., 1880) a tenté de reconstituer l’ensemble avec soin, dans la mesure du possible, en s’accompagnant de prolégomènes et d’une traduction allemande. |
118 ― |
Hefele, « Hist. des conciles de l’Église ». Edin., 1872, vol. i, pp. 1-48. Pusey, « Conciles de Ch. de J.-C. 51 à J.-C. 381 : leur constit., obj., et leur histoire. » Oxf., 1857. |
119 ― |
Sa forme originale est probablement conservée dans une traduction syriaque ; voir les « Analecta Antenicæna » de Bunsen, ii. 45-338, Lond., 1854. |
120 ― |
Publié pour la première fois dans l’original grec par Bickell sous le titre, inapplicable à la première partie : Αἱ διαταγαὶ αἱ διὰ Κλήμεντος καὶ κανόνες ἐκκλησιαστικοὶ τῶν ἁγίων ἀποστόλων. |
121 ― |
Maitland, « L’âge des ténèbres ». Lond., 1844. Ozanam, « Hist. de la civilisation au Ve siècle », trad. par Glyn, 2 vol. Montalembert, « Moines d’Occident, de Benoît à Bernard ». 7 vol., Edin., 1861 et suiv. |
122 ― |
Stephens, « Chrysostome : sa vie et son temps. » 3e éd., Londres, 1883, p. 59 et suiv., 294 et suiv. |
123 ― |
Hatch, « Organisation des premières Églises chrétiennes ». Londres, 1881, p. 124-139. Hatch, « Ordination » dans le « Dict. of Bibl. Antiq » de Smith. Vol. ii. |
124 ― |
Hatch, « Organisation de Chr. Ch. », p. 161. Bède, Eccles. Hist., iv. 1. |
125 ― |
Dale, « Synode d’Elvire et du Christ. La vie au 4ème siècle. Londres, 1882. Lea, « Hist. du célibat sacerdotal ». Philad., 1867. Lecky, « Hist. de l’Europe. La morale. Londres, 1877, vol. II, pp. 328 et suiv. Hefele, « Hist. du Christ. Conseils. Edin., 1872, t. I, p. 150, 380, 435. |
126 ― |
Neale, « Hist. de la sainte Église orientale ». 5 vol., Londres, 1847-1873. Stanley, « Lect. sur l’Église d’Orient ». Londres, 1861. |
127 ― |
Greenwood, « Cathedra Petri : Pol. Hist. du Grand Patriarcat Latin du 1er au 16ème siècle. » 6 vol., Londres, 1856 et suiv. |
128 ― |
Hefele, Hist. des conciles, t. II, éd., 1876, p. 231 et suiv., 483 et suiv. |
129 ― |
Comp. Döllinger, « Fables sur les papes du Moyen Âge ». Lond., 1871. |
130 ― |
Milman, « Christianisme latin ». Vol. i. |
131 ― |
Bright, « Hist. de l’Église de l’A.D. 313 à 451. 2 éd., Cambr., 1869. Milman, « Christianisme latin ». Vol. i. |
132 ― |
Kellett, « Le pape Grégoire le Grand et ses relations avec la Gaule ». (Cambridge Essays, n° ii.), Cambridge, 1889. |
133 ― |
Engl. Transl.: « Eccles. Hist. avec la Vie d’Eusèbe. par Valesius. Lond., 1843. « Théophanie, ou Div. Manifeste. du Seigneur. » de Syr. par le Dr Sam. Lee, Lond., 1843. « Vie de Constantin ». Lond., 1844. « Vie d’Eusèbe. » par Bright, préfixé à l’éd. Oxf. de l’Hist. ecclésiastique de 1872. |
134 ― |
« Festal Epp. d’Athanase. (trad. du syriaque découvert en 1842 par Tattam, et édité pour la première fois par Cureton en 1848), Oxf., 1854. |
135 ― |
— Traités contre les ariens. 2 vol., Oxf., 1842 (nouv. éd., 1 vol., 1877). « Tracts historiques », Oxf., 1843 ; « Select Tracts », avec Newman’s Notes, 2 vol., Lond., 1881. |
136 ― |
Newman’s, « Hist. Sketches. » Vol. II, chap. v ; Croquis de Basile, Grégoire, etc. Publ. à l’origine sous le titre « Église des Pères ». Lond., 1842. |
137 ― |
Ullmann, « Grégoire de Nazianze ». Oxford, 1855 ; et Newman, « L’Église des Pères ». |
138 ― |
La Comm. de Cyrille sur Luc est une traduction du syriaque par le Dr. Payne Smith, Oxf., 1859. |
139 ― |
Un compte rendu très complet et admirable de Synésius et de ses écrits est donné par le révérend T. R. Halcomb dans le « Dict. of Chr. Biog. » de Smith. Vol. III, p. 756-780. |
140 ― |
Néandre, « Vie de Chrysostome ». Lond., 1845. Stephens, « Vie de Chrysostome ». 3e éd., Lond., 1883. Chase, « Chrysostome : une étude. » Cambr., 1887. Ses homélies et ses discours sont traduits en 15 vol. dans la Lib. des Pères. Oxf., 1839-1851. Diverses traductions anglaises du tract « De la prêtrise ». |
141 ― |
« Esquisses historiques » de Newman. Vol. II, chap. i, « Théodoret ». |
142 ― |
Traduit par Dean Church dans « Lib. of the Fathers. » Oxf., 1838 ; avec une préface intéressante et instructive de Newman. |
143 ― |
Ueberweg, « Hist. de la philosophie ». Lond., 1872, t. I, p. 349-352. Colet, « Sur les hiérarchies de Denys », éd. par Lupton, Lond., 1869. Wescott, « Denys l’Aréopagite », dans Contemp. Review de mai 1867. |
144 ― |
Etheridge, « Les Églises syriennes : leur Hist. ancienne, Liturg. et Lit. Lond., 1846. |
145 ― |
Morris, « Écrits choisis d’Éphraïm le Syrien ». Oxford, 1817. Burgess, « Repentance de Ninive, homélie métrique d’Éphrem ». Lond., 1853. « Choisis d’hymnes métriques et d’homélies d’Éph. Syr. Lond., 1853. |
146 ― |
Newman, « L’Église des Pères ». 2e éd., Londres, 1842. Reproduit dans Hist. Sketches, vol. II. Gilly, « Vigilantius et son temps ». Londres, 1844. |
147 ― |
Lib. des Pères, dans le vol. des Epps. de Cyprien, Oxf., 1844, p. 318-384. Pour la phrase citée, voir p. 322. |
148 ― |
Un bon compte rendu des écrits de Jérôme est donné par le regretté professeur William Ramsay dans le « Dict. of Grk. and Rom. Biogr. » de Smith. Vol. II, p. 460. Milman, « Hist. de Chr. » Vol. iii., ch. xi. Cutts, « Saint Jérôme. » Lond., 1877. Gilly, « Vigilantius et son temps ». Lond., 1844. |
149 ― |
Gilly, « Vigilantius et son temps ». Londres, 1844. |
150 ― |
Les « Ariens du IVe siècle » de Newman. Londres, 1838. Gwatkin, « Études sur l’arianisme. » Camb., 1882. Hefele, « Hist. des conciles ». Vol. i. ii., Edin., 1872, 1876. Le « Tracts Theolog. et Eccles. Chapitre ii. ; Causes doctrinales de l’arianisme. « Traités choisis d’Athanase. » Ed. par Newman, 2 vol., Londres, 1881, vol. 2 contenant des notes sur Arius, Athanasius, etc. |
151 ― |
Hefele, Hist. des conciles. I, p. 231-447. Kaye, « Hist. du concile de Nicée ». Londres, 1853. Tillemont, Hist. des ariens et du concile de Nice. Londres, 1721. |
152 ― |
Newman’s « Select Treat. d’Athanase. Vol. II., p. 196 et suiv. Hefele, « Hist. des conciles ». Vol. II, Edin., 1876, p. 193. |
153 ― |
Newman’s « Select Treat. d’Athanase. Vol. II., p. 282 et suiv. Hefele, Hist. des conciles, t. II, p. 217. |
154 ― |
Hefele, Hist. des conciles, t. II, p. 340-373. Hort, « Deux dissertations. » ii., Sur le Credo de Constantinople et d’autres Credo orientaux du IVe siècle, Camb., 1874. |
155 ― |
Swete, « L’Hist. du Doctr. de la Procession de l’Esprit Saint d’Apost. De l’âge à la mort de Charlemagne. Cambr., 1876. Pusey, « Sur la clause 'Et le fils' », Oxf., 1876. |
156 ― |
Hefele, Hist. des conciles, t. II, p. 348 et suiv., p. 97, Le Tome et le Credo. |
157 ― |
Stephens, « Chrysostome », p. 287-305. Hefele, Hist. des conciles, t. II, p. 430 et suiv. |
158 ― |
Le récit le plus utile et le plus complet de Chrysostome est celui d’Étienne. Voir aussi Milman, « Hist. of Chr. » Vol. iii., pp. 206 et suiv. |
159 ― |
Dorner, « Hist. du développement du Doctr. de la personne du Christ. 5 vol., Edin., 1861. |
160 ― |
Newman, « Traités théologiques et ecclésiastiques ». Chap. iii., L’apollinarisme. |
161 ― |
Hefele, « Hist. des conciles ». Vol. iii., p. 1-156. |
162 ― |
Le plus renseigné sur toutes ces transactions est Hefele, « Hist. of Councils. » iii., Edin., 1883 ; (Synode des brigands, p. 241 et suiv. ; Chalcédoine, p. 451 et suiv.). Perry, « Deuxième concile d’Éphèse ». Londres, 1877. Bright, « Hist. de l’Église de l’A.D. 313 à 451. Cambr., 1869. |
163 ― |
Butler, « Anciennes églises coptes ». 2 vol., Londres, 1884. |
164 ― |
Döllinger, « Fables sur les papes du Moyen Âge ». Lond., 1871. Willis, « Le pape Honorius et le nouveau dogme romain. » Lond., 1879. Bottalla, « Le pape Honorius devant le tribunal de la raison et de l’histoire ». Londres, 1868. |
165 ― |
Wiggers, « Augustinisme et pélagianisme ». Andover, 1840. Müller, « Chr. Doctrine du péché ». 2 vol., Edin., 1868. Ritschl, « Hist. de Chr. Doctr. de Justific. et la réconciliation. Éd., 1872. |
166 ― |
Laidlaw, « La doctrine biblique de l’homme ». Éd., 1879. Entendu : « Nat. tripartite de l’homme. » 3e éd., éd., 1870, p. 189-200. Delitzsch, « Psychologie biblique ». 2e éd., Edin., 1869, p. 128-142. Beck, « Esquisses de la psychologie biblique ». Éd., 1877, p. 10. |
167 ― |
Pour une représentation entièrement différente du système augustinien, voir Cunningham, « S. Austin and his Place in Hist. of Chr. Thought ». Lond., 1886 ; Surtout chap. II. et III, p. 45-107. Un bon aperçu et une bonne défense dans le « Système. Théol. Éd., 1874, t. II, p. 333-353. Mosheim, « Eccl. Hist. », éd. par le Dr J. S. Reid, Lond., 1880, p. 210, notes 3 et 4 ; (t. II, chap. v, 25.) Mozley, « Doctrine augustinienne de la prédestination ». Lond., 1855. |
168 ― |
Hodge, « Théologie systématique ». Vol. ii., p. 166-168. |
169 ― |
Lardner, « Crédibilité de l’Hist. » Vol. iv., Londres, 1743. |
170 ― |
Butcher, « Le calendrier ecclésiastique ». Londres. Hampson, « Environnements Ævi Kalend. » |
171 ― |
Gieseler, « Histoire ecclésiastique ». Édimbourg, 1848, vol. II, p. 141-145. |
172 ― |
Tyler, « Le culte de l’image de Ch. de Rome contraire à l’Écriture et au Prim. Ch. » Londres, 1847. |
173 ― |
Tyler, « Adoration de la Vierge Marie contraire à l’Écriture. et Foi de Ch. des 5 premiers Cents. » Londres, 1851. Clagett, « Prérogatives d’Anne, la Mère de Dieu ». Londres, 1688. Aussi par le même : « Discours sur le culte de la Vierge et des Saints ». Londres, 1686. |
174 ― |
Cosin, « Histoire scolastique de la transsubstantiation papiste. » Lond., 1676. |
175 ― |
Reuss, « Histoire des Écritures du Nouveau Testament. » Éd., 1884, 377. Keil, « Introduction à l’Ancien Testament. » Edin., 1870, vol. ii., pp. 201-203. |
176 ― |
Swainson, « Le Nicée et les Symboles des Apôtres. » Camb., 1875. Westcott, « La foi historique ». Lond., 1883, note iii., les Credo. Harvey, « Hist. et théologie des trois Credo. » Camb., 1854. Hort, Deux dissertations : II. « Le Credo de Constantinople et les Credo d’Orient du IVe siècle. » Camb., 1876. Schaff, « Credo de la chrétienté ». Edin., 1877, vol. i. Lumby, « Histoire des Credo. » Camb., 1873. Waterland, « Hist. critique de la croyance d’Athanase. » Camb., 1724. Heurtley, « Le Credo d’Athanase », Oxf., 1872. Ommaney, « Ath. Credo : un examen. des théories récentes concernant sa date et son origine. Lond., 1875. |
177 ― |
Neale, « Hymnes de l’Église orientale ». Lond., 1863. « Hymnes et séquences médiévales ». Lond., 1863. Gieseler, « Histoire ecclésiastique ». Vol. III, p. 353. |
178 ― |
Hawkins, « Histoire de la musique ». Lond., 1853. |
179 ― |
Hammond, « Liturgies anciennes », Oxf., 1878. Neale et Littledale, « Traductions des liturgies primitives. » Lond., 1869. Neale, « Essais sur la liturgiologie. » Lond., 1867. |
180 ― |
Marriott, « Vestiarium Christianum : Origine et développement progressif de l’habit du saint ministère de l’Église. » Lond., 1868. |
181 ― |
Woltmann et Woermann, « Histoire de la peinture ». 2 vol., Lond., 1886 ; vol. I, « Anc., Early Chr. and Mediæval Painting », éd. par le professeur Sidney Colvin. « Manuel de peinture : écoles italiennes. D’après le manuel de Kügler. » par Eastlake ; nouvelle éd. par Layard, 2 vol., Lond., 1886. |
182 ― |
Ozanam, « Hist. de la civilisation au Ve siècle ». 2 vol. Lecky, « Hist. des mœurs européennes ». Vol. ii. |
183 ― |
Smith’s « Dictionary of Christian Biography », vol. III, p. 367. |
184 ― |
Gilly, « Vigilantius et son temps ». Lond., 1840. |
185 ― |
Gieseler, Eccl. Hist., ii. 148. |
186 ― |
Ludolphus, « Histoire de l’Éthiopie ». Londres, 1684. |
187 ― |
Malan, « Grégoire l’Illuminateur : sa vie et son temps ». Londres, 1868. Article de Lipsius sur Eznik dans le « Dictionary of Chr. Biography » de Smith. Vol. II, p. 439. |
188 ― |
Muir, « La vie de Mahomet et l’histoire de l’islam ». 4 vol., Lond. Bosworth Smith, « Mahomet et le mahométisme ». Lond., 1874. Mühleisen-Arnold, « L’Islam, son Hist., Chr. et Rel. au Christianisme ». 3e éd., Lond., 1874. Deutsch, « Vestiges littéraires : l’islam ». Lond., 1874. Stephens, « Christianisme et Islam ». Lond., 1877. Mills, « Hist. du mahométisme ». Lond., 1817. |
189 ― |
Muir, « Annales du premier califat. » |
190 ― |
Finlay, « Hist. de la Grèce depuis la conquête romaine ». 7 vol., Lond., 1864, nouv. éd., 1877 ; Vol. II. et III. Les « Vies des papes » de Bower. Vol. iii. et iv., Lond., 1754. Comber, « Disc. sur le 2e concile de Nicée ». Réimprimé dans l’ouvrage de Gibson « Preserv. du papisme. Lond., 1848. Didron, « Iconographie chrétienne ». 2 vol., Lond., 1886. |
191 ― |
Mendham, « Le septième concile général, le deuxième de Nicée », dans lequel le culte des images a été établi. |
192 ― |
Allatius, “De eccl. occid. et orient. perpetua consensione.” Colon.,�1669. Swete, « Hist. de la procession du Saint-Esprit », Camb., 1876. Ffoulkes, « Les divisions de la chrétienté ». Londres. Neale, « Sainte Église orientale ». 5 vol., Londres, 1847. |
193 ― |
Popoff, « Hist. du concile de Florence », trad. du russe par Neale, Londres, 1861. |
194 ― |
Lupton, « Saint Jean Damascène ». Londres, 1882. |
195 ― |
Badger, « Les nestoriens et leurs rituels ». 2 vol., Londres, 1852. |
196 ― |
Baring-Gould, « Mythes curieux du Moyen Âge. » Lond., 1881. |
197 ― |
Murawieff, « Hist. de l’Église de Russie », trad. de la Russ., Lond., 1842. Romanoff, « Esquisses des rites et des coutumes de l’Église gréco-russe ». Lond., 1869. |
198 ― |
Potthast, « Biblioth. Hist. Modii Ævi. Berol., 1862, avec suppl. en 1868. D’Achery, “Vett. Script. Spicilegium.” (1655), 3�vols., Par.,�1783. Eccard, « Corpus Hist. Medii Ævi ». 2 vol., Lps., 1723. Du Chesne, “Hist. Francorum Serr.” 5�vols., Par.,�1636. Parker, « Rer. Brit. Serr. Vetust. Lugd. B., 1587. Gale, « Hist. Brit., Saxon., Anglo-Dan. Scrr. 2 vol., Oxf., 1691. Wharton, « Anglia Sacra. » 2 vol., Lond., 1691. Wilkins, “Conc. Brit. et Hib.” 4�vols., Lond.,�1737. Haddan et Stubbs, « Documents des Conseils et de l’Eccles. » (Révision de Wilkins), Lond., 1879 et suiv. Maitland, « L’âge des ténèbres : essais sur l’état de la religion. et Lit. aux IXe, Xe, XIe et XIIe siècles. Lond., 1844. |
199 ― |
Bryce, « Le Saint Empire romain germanique. » Lond., 1866. Ranke, « Histoire des nations latines et teutoniques ». Lond., 1886. |
200 ― |
Ebrard, « Apologétique chrétienne ». 3 vol., Edin., 1886-1887, t. II, p. 407 ; — La religion des Germains et celle des Slaves. |
201 ― |
Mallet, « Antiquités du Nord ». Londres, 1848. Hallam, « L’Europe au Moyen Âge ». Guizot, « Hist. de Civiliz. en Europe. |
202 ― |
Hodgkin, « L’Italie et ses envahisseurs : A.D. 376 à 476. 2 vol., Londres, 1880. |
203 ― |
Scott, « Ulfilas, l’apôtre des Goths ». Cambr., 1885. Douse, « Introduction au gothique d’Ulfilas ». Londres, 1886. Bosworth’s « Gothic and Anglo-Saxon Gospels. » Oxf., 1874. |
204 ― |
Gibbon, « Déclin et chute de l’Empire romain ». Chap. xxxiii., xxxvi., xxxvii. |
205 ― |
Freeman, « Essais historiques ». 3e série, Lond. ; — Les Goths à Ravenne. |
206 ― |
Ussher, « Brit. Eccl. Antiqu. » Lond., 1639. Perry, « Hist. de l’Église anglaise. » i., Lond., 1882. Lanigan, « Eccl. Hist. of Ireland. » 4 vol., 2e éd., Dublin, 1829. Stokes, « L’Irlande et le Celtic Ch. » Lond., 1886. Lingard, « Hist. et Antiqu. d’Anglo-Sax. Ch. » 2 vol., Lond., 1845. Maclauchlan, « L’Église écossaise primitive ». Edinb., 1865. Reeves, « Les Culdees des îles britanniques. » Dublin, 1864. Skene, « L’Écosse celtique ». 3 vol., Edin., 1876 ; 2e éd., 1886. Bright, « Chapitres de l’Hist. Ch. de l’Anglais », Oxf., 1878. Pryce, « Ancienne église britannique ». Lond., 1886. |
207 ― |
Todd, « Vie de saint Patrick ». Dublin, 1864. Cusack, « Vie de saint Patrick ». Lond., 1871. O’Curry, « Lects. sur l’histoire de l’Irlande. Dublin, 1861. Écrits de saint Patrick. Trad. et éd. par Stokes et Wright, Lond., 1887. |
208 ― |
Maclauchlan, « L’Église écossaise primitive », p. 145-205. Adamnan, « Life of Columba », édité par le Dr Reeves, Dublin, 1857. Smith, « Vie de Colomba ». Edin., 1798. Forbes, « Vies de Ninian, Columba, Kentigern » dans la série des historiens de l’Écosse. |
209 ― |
Ussher, « Discours sur la religion anciennement professée par les Irlandais et les Britanniques ». Lond., 1631. Maclauchlan, « L’Église écossaise primitive », p. 239-250. Warren, « Rituel et liturgie de l’Église celtique », Oxf., 1881. |
210 ― |
Soames, « L’Église anglo-saxonne ». 4e éd., Lond., 1856. Stanley, « Mémoriaux historiques de Canterbury. » Lond., 1855. Hook, « Vies des archevêques de Cantorbéry ». Vol. i. Sharon Turner, « Hist. des Anglo-Saxons à la conquête romaine. » 6e éd., 3 vol., Lond., 1836. |
211 ― |
Lappenburg, « Rois anglo-saxons ». Lond., 1845. Bède, « Eccles. Histoire ». Livre III. Maclauchlan, « L’Église écossaise primitive », p. 217-238. |
212 ― |
Gildas († apr. J.-C. 570), « De excidio Britanniæ », trad. de l’anglais par Giles, Londres, 1841. Bède († apr. J.-C. 735), « Eccles. Hist. of Engl. », trad. par Giles, Londres, 1840. |
213 ― |
Lanigan, Eccl. Hist. of Ireland, III, ch. 13. Innes, « Ancient Inhab. d’Ecosse. » dans la Série des historiens d’Ecosse. |
214 ― |
Maclauchlan, « L’Église écossaise primitive », p. 435. Reeves, « Les Culdees des îles britanniques. » Dublin, 1864. Robertson, « L’Écosse sous ses premiers rois ». Éd., 2 vol., 1862. |
215 ― |
Merivale, « Conversion des nations du Nord ». Londres, 1866. Maclear, « Apôtres de l’Europe médiévale ». |
216 ― |
Qu’il a reçu le nom latin pour la première fois après sa consécration comme évêque en J.-C. 723 est rendu plus que douteux par le fait qu’il se trouve dans des lettres d’une date antérieure. Il ne s’agit probablement que d’une latinisation de l’anglo-saxon Winfrid ou Wynfrith (de Vyn = fortune, chance, santé ; frid ou frith = paix ; donc : fortune paisible et saine) dans le nom, largement répandu dans l’antiquité chrétienne, de Bonifatius (de bonumfatum, grec : Eutychès, bonne chance). Mais la transposition sous la forme Bonifacius, qui pourrait sembler l’équivalent du mot anglo-saxon « Bienfaiteur » du peuple allemand, se rencontre pour la première fois, bien que ce ne soit qu’occasionnellement, au VIIIe siècle, mais par la suite toujours de plus en plus fréquemment, et est ensuite donnée aux papes et à d’autres porteurs antérieurs du nom. Au XVe siècle, le style original et étymologique d’écriture du nom et celui utilisé dans les documents anciens avaient été complètement abandonnés et oubliés, jusqu’à ce que la philologie, la diplomatie et les épigraphies modernes aient à nouveau clairement justifié la forme antérieure. |
217 ― |
Wright, « Biog. Britannica Literaria. » Lond., 1842. Cox, « Vie de Boniface ». Lond., 1853. Hope, « Boniface ». Londres, 1872. Maclear, « Apôtres de l’Europe médiévale ». |
218 ― |
Trench, « Conférences sur l’histoire de l’Église médiévale ». Lond., 1877. Hardwick, « Histoire de l’Église chrétienne au Moyen Âge ». |
219 ― |
Mosheim, « Eccl. Hist. » Ed. par Reid, Londres, 1880, p. 285, Cent. viii., pt. ii., ch. 5. Wright, « Biographia Brit. Literaria. » Londres, 1842. |
220 ― |
Milman, « Hist. du christianisme latin. » Vol. II, « Conférences sur l’histoire de l’Église médiévale » de Trench. |
221 ― |
« Chronique des rois d’Angleterre de Guillaume de Malmesbury. » Livre I, ch. 4. |
222 ― |
Freeman, « Essais historiques ». 2ème série : « Les Slaves du Sud ». |
223 ― |
Adam de Brême, « Gesta Hammaburgensia. » J.-C. 788 à 1072. Pontoppidan, « Annales Eccles. Danicæ. Copenhague, 1741. Merivale, « Conversion des nations du Nord ». Londres, 1865. |
224 ― |
Geijer, « Histoire des Suédois », trad. par Turner, Lond., 1847. |
225 ― |
Muir, « Annales des premiers califats ». Ockley, « Hist. des Sarrasins et de leurs conquêtes en Syrie, en Perse et en Égypte ». |
226 ― |
Condé, « Histoire de la domination des Arabes en Espagne ». 3 vol. Freeman, « Hist. et conquêtes des Sarrasins ». 2e éd., Lond., 1876. Abd-el-Hakem, « Histoire de la conquête de l’Espagne ». Trad. de l’arabe par Jones, Gött., 1858. |
227 ― |
Kingsley, « Roman et Teuton ». Conférences à l’Univ. de Cambr. : « Les Papes et les Lombards ». |
228 ― |
Crakenthorp, « La défense de Constantin, avec un traité sur la monarchie temporelle du pape ». Lond., 1621. |
229 ― |
Platina, « Vies des papes ». Sous Jean VII. Bower, « Vies des papes ». Vol. iv. Blondel, « Joanna Papissa. » Amst., 1657. Hase, « Histoire de l’Église ». New York, 1855, p. 186. |
230 ― |
Cunningham, « Discussions sur les principes de l’Église ». Éd., 1863, p. 101-163 ; « Suprématie temporelle du pape et libertés gallicanes. » Barrow, « La suprématie du pape ». Londres, 1683. |
231 ― |
Hatch, « Croissance des institutions ecclésiastiques », ch. VIII, Églises nationales, pp. 139-154. |
232 ― |
Hefele, « Histoire des conciles », iii. 69, 131, 149. Field, « De l’Église ». Réimpression par l’Eccl. Hist. Society, 5 vol., Londres, 1847 ; Vol. III, pp. 7, 245 et suiv. Hatch, « Croissance des institutions ecclésiastiques », ch. vii., The Metropolitan, pp. 128-135. |
233 ― |
Lea, « Études sur l’histoire de l’Église ». Philad., 1869. Lecky, « Histoire des mœurs européennes ». 3e éd., 2 vol., Londres, 1877. |
234 ― |
Hatch, « Croissance des institutions ecclésiastiques ». Londres, 1887, p. 43. |
235 ― |
Marriott, « Vestiarium Christianum. » P. 187 et suiv., Londres, 1868. |
236 ― |
Hatch, « La croissance des institutions ecclésiastiques », ch. v., La paroisse, pp. 89-97. |
237 ― |
Hatch, « Croissance des institutions ecclésiastiques ». Ch. ix., La Règle canonique, pp. 157-172 ; Ch. x., Le chapitre de la cathédrale, pp. 175-190. |
238 ― |
Hatch, « Croissance de Ch. Instit. » Ch. xi., Le Chapitre du diocèse, pp. 193-208. Stubbs, « Constit. Hist. d’Angleterre. Vol. iii. |
239 ― |
Walcott, « Cathedralia ». Ibid., « Archéologie sacrée ». Hatch, « Croissance des institutions ecclésiastiques ». Ch. iii., Durée fixe du curé ; Ch. iv., Le Bienfait. |
240 ― |
Lecky, « Hist. de l’Europe. Morales. » ii., 183-248. Montalembert, « Moines d’Occident de Benoît à Bernard ». 7 vol., Edin., 1861 et suiv. |
241 ― |
Hatch, « Croissance des institutions ecclésiastiques ». Ch. vi., Les dîmes et leur répartition, pp. 101-117. |
242 ― |
Roth, cependant, considère cette division comme mettant un terme complet à la sécularisation des biens de l’Église. |
243 ― |
Hatch, « Croissance des institutions de ch. ». Ch. iv., Le Bienfait, pp. 61-77. Art. « Benefice. » dans le « Dict. of Chr. Antiquities » de Smith. |
244 ― |
Ayliffe, « Parergon Juris Canonici. » Lond., 1726. Guizot, Hist. de la civilisation, trad. par Hazlitt, Lond., 1846. Walcott, « Archéologie sacrée ». |
245 ― |
Blondel, “Pseudo-Isid. et Turrianus vapulantes.” Genev.,�1628. |
246 ― |
Hopkins, « L’orgue, son histoire et sa construction ». Lond., 1855. |
247 ― |
Invité, « Histoire des rythmes anglais ». Vol. II, Londres, 1838. Wright, « Biogr. Brit. Lit. période anglo-saxonne. Londres, 1842. Thorpe, « La paraphrase de Cædmon en anglo-saxon avec traduction anglaise. » Londres, 1832. Conybeare, « Illustr. de la poésie anglo-saxonne. Londres, 1827. |
248 ― |
Evans, « Traité sur Chr. Doct. du mariage. New York, 1870. Hammond, « Sur les divorces ». Dans ses Œuvres, t. I, Londres, 1674. Cosin, « Argument sur la dissolution du mariage ». Œuvres, t. IV, Oxf., 1854. Tertullien, Traité dans « Lib. of Fath », Oxf., 1854, avec deux essais de Pusey, « Sur les seconds mariages du clergé » et « Sur les premières vues sur le mariage après le divorce ». |
249 ― |
Babington, « L’influence de Chr. dans la promotion de l’abolition de l’esclavage en Europe. » Londres, 1864. Edwards, « Enquête sur l’état de l’esclavage au début et au moyen âge de l’ère chrétienne. » Éd., 1836. |
250 ― |
Le « Dict. de Chr. Antiq » de Smith. Vol. i., p. 785-792 ; Art. : « Hospitalité, Hôpitaux, Hospitium. » |
251 ― |
Haddan et Stubbs, « Conseils et documents ecclésiastiques ». Vol. iii., Oxf., 1871. |
252 ― |
Barington, « Litt. Hist. du Moyen Âge ». Lond., 1846. Hallam, « L’Europe au Moyen Âge ». 2 vol., Lond., 1818. Trench, « Lect. on Med. Ch. Hist. » Lond., 1877. |
253 ― |
Lorentz, « Vie d’Alcuin », trad. par Slee, Lond., 1837. |
254 ― |
Kingsley, « Romain et Teuton : Paulus Diaconus. » |
255 ― |
Hampden, « La philosophie scolastique dans sa relation avec la théologie chrétienne », Oxf., 1833. Ueberweg, « Hist. de la philosophie ». Vol. i, p. 358-365. |
256 ― |
Mullinger, « Les écoles de Charles le Grand et la restauration de l’éducation au IXe siècle ». Cambr., 1877. |
257 ― |
L’ouvrage de Cassiodore en 12 av. J.-C., De rebus gestes Gotorum, a en effet été perdu, mais vers J.-C. 550 Jornandes, qui a également utilisé d’autres documents, a incorporé ce travail dans son De Getarum orig. et reb. gestis. |
258 ― |
Gildas a écrit à propos d’A.D. 560 his : Liber querulis de excidio Britanniæ (trad. angl. dans « Six Old English Chronicles ». Londres, Bohn). |
259 ― |
Nennius a écrit à propos de J.-C. 850 his : Eulogium Britanniæ s. Hist. Britonum (trad. de l’anglais dans « Six Old Engl. Chron. »). |
260 ― |
Recueil des œuvres d’Alfred, par Bosworth, 2 vol., Lond., 1858. Fox, « Livres entiers d’Alfred le Grand, avec des essais sur l’hist., les arts et les mœurs du IXe siècle. » 3 vol., Oxf., 1852. Spelman, « Vie d’Alfred le Grand », Oxf., 1709. Pauli, « Vie d’Alfred le Gt. » trad. avec l’Orosius d’Alfred, Lond., 1853. Hughes, « Alfred le Grand ». Giles, « La vie et l’époque du roi Alfred le Grand. » Lond., 1848. |
261 ― |
Robertson, « Hist. of Chr. Church », vol. II, Londres, 1856 ; pp. 154 et suiv. Dorner, « Hist. Développement de la personne de Chr. » Div. II., vol. i. |
262 ― |
Ussher, « Gotteschalci et controv. ab eo motæ hist. » Double, 1631. |
263 ― |
Principales sources pour les deux dernières sections : Adam de Brême, « Gesta Hamburg eccl. Pontificum. » et Saxo Grammaticus, « Hist. Danica. » |
264 ― |
Snorro Sturleson, « Heimskringla, or Chronicle of the Kings of Norway », trad. de l’islandais par Laing, 3 vol., Londres, 1844. |
265 ― |
Cosmas de Prague [† apr. J.-C. 1125], « Chronicon Prag ». |
266 ― |
« Le livre de ser Marco Polo le Vénitien. » Édité avec commentaire par le colonel Yule, 2 vol., Londres, 1871. |
267 ― |
Michaud, « Histoire des croisades », trad. par Robson, 3 vol., Londres, 1852. Mill, « Histoire des croisades ». 2 vol., Londres, 1820. « Chroniques des croisades : récits contemporains de Richard Cœur de Lion, par Richard de Devizes et Geoffroy de Vinsauf, et de la croisade de Saint-Louis, par lord Jean de Joinville. » Londres (Bohn). Gibbon, « Histoire des croisades ». Londres, 1869. |
268 ― |
Pulleni dicuntur, vel quia recentes et novi, quasi pulli respectu Surianorum reputati sunt, vel quia principaliter de gente Apuliæ matres habuerunt. enim paucas mulieres adduxissent nostri, qui in terras remanserunt, de regno Apuliæ, eo quod propius esset aliis regionibus, vocantes mulieres, eis matrimonia contraxerunt. |
269 ― |
Stubbs, « Chronique et mémoires de Richard Ier ». Londres, 1864. |
270 ― |
Prescott, « Histoire de Ferdinand et d’Isabelle ». Bonne édition par Kirk, en 1 vol., Londres, 1886. Geddes, « Histoire de l’expulsion des Morisques ». Dans « Miscell. Tracts. Vol. I, Londres, 1714. McCrie, « Hist. of Prop. and Suppr. de la Réforme en Espagne. Londres, 1829. Ranke, « Histoire de la Réforme », trad. par Mrs. Austin, vol. III, Londres, 1847. |
271 ― |
Milman, « Histoire des Juifs ». Livre XXIV. 1, « Le système féodal ». |
272 ― |
« De sua conversione. » Dans l’édition de Carpzov du « Pugio Fidei » de Raimund Martini, 103, 9. |
273 ― |
Milman, « Histoire des Juifs ». 3 vol., Londres, 1863 ; XXIV, XXVI. Prescott, « Ferdinand et Isabelle ». Pt. I., ch. xvii. |
274 ― |
Bryce, « Le Saint Empire romain germanique. » Londres, 1866. O’Donoghue, « Histoire de l’Église et de la cour de Rome, de Constantin à nos jours. » 2 vol., Londres, 1846. L’Histoire des Papes de Bower. Vol. v. |
275 ― |
Pour Lanfranc, voir Hook, « Vies des archevêques de Cantorbéry ». Vol. II, Londres, 1861. |
276 ― |
Bowden, « Vie et pontificat de Grégoire VII ». 2 vol., Londres, 1840. Villemain, « Vie de Grégoire VII », trad. par Brockley, 2 vol., Londres, 1874. Stephen, « Essais de biographie ecclésiastique ». 2 vol., Londres, 1850. Hallam, « Moyen Âge ». Vol. i., Londres, 1840. Milman, « Christianisme latin ». Vol. III, Londres, 1854. |
277 ― |
Église, « Saint-Anselme ». Londres, 1870. Règle : « La vie et l’époque de saint Anselme ». 2 vol., Londres, 1883. Hook, « Vies d’Archb. de Cantorbéry. Vol. II, Londres, 1879, pp. 169-276. |
278 ― |
« Vita et Epistolæ Thomæ Cantuari. » Édité par Giles, 4 vol., Londres, 1846. Morris, « Vie et martyre de Thomas à Becket ». Londres, 1859. Robertson, « Thomas à Becket, archevêque de Cantorbéry ». Londres, 1859. « Matériaux pour la vie de Thomas à Becket. » 2 vol., Londres, 1875. Hook, « Vies des archevêques de Cantorbéry ». Vol. II, Londres, 1879, pp. 354-507. Stanley, « Mémoriaux de Cantorbéry ». Londres, 1855. Freeman, « Essais historiques ». Première série, Essai IV. |
279 ― |
Sur Stephen Langton, voir Pearson, « Histoire de l’Angleterre au Haut et au Moyen Âge ». Vol. ii. Milman, « Histoire du christianisme latin. » Vol. iv., Londres, 1854. Hook, « Vies des archevêques de Cantorbéry ». Vol. ii., 4e édition, Londres, 1879, pp. 657-761. Maurice, « Vies des leaders populaires anglais. 1. Stephen Langton. Londres. |
280 ― |
Kingston, « Histoire de Frédéric II, roi des Romains ». Londres, 1862. |
281 ― |
Stubbs, « Mémoriaux de St. Dunstan. Recueil de six biographies. Londres, 1875. Soames, « Église anglo-saxonne ». Londres, 1835. Hook, « Vies d’Archb. de Cantorbéry. Vol. I, pp. 382-426, Londres, 1860. |
282 ― |
Luard, « Roberti Grosseteste, Episcopi quondam Lincolniensis Epistolæ. » Londres, 1862. |
283 ― |
D’après Giordano de Giano, qui était lui-même présent, le nombre des frères présents était d’environ 3 000, et les gens du voisinage leur fournissaient si abondamment de la nourriture et de la boisson qu’ils durent finalement mettre un terme à leur apport. Mais bientôt la tradition de l’ordre multiplia les 3 000 en 5 000, et transforma le récit tout à fait naturel de leur soutien en un « miraculum stupendum », parallèle à l’alimentation des 5 000 dans le désert (Matt. xiv. 15-21). |
284 ― |
Trench, « Les ordres mendiants », dans « Conférences sur l’histoire de l’Église médiévale ». Londres, 1878. |
285 ― |
Milman, « Histoire du christianisme latin. » Vol. v. Ouate, « Annales Minorum Fratrum. » 8 vol., Lugd., 1625. Étienne, « Saint François d’Assise ». Dans « Essais de biographie ecclésiastique ». Londres, 1860. |
286 ― |
“Annales Ordinis Prædicatorum.” Vol.�i., Rome,�1746. |
287 ― |
Gieseler, « Histoire ecclésiastique ». 72, Edin., 1853, vol. III, pp. 268-276. |
288 ― |
Addison, « Histoire des Templiers. » etc., Londres, 1842. |
289 ― |
Taafe, « Ordre de Saint-Jean de Jérusalem ». 4 vol., Londres, 1852. |
290 ― |
Ueberweg, « Histoire de la philosophie ». Vol. i, p. 355-377. Hampden, « La philosophie scolastique considérée dans sa relation avec la théologie chrétienne ». Oxford, 1832. Maurice, « Philosophie médiévale ». Londres, 1870. Harper, « La métaphysique de l’école ». Londres, 1880 f. |
291 ― |
Kirkpatrick, « La conception historiquement reçue d’une université ». Londres, 1857. Hagenbach, « Encyclopædia of Theology », trad. par Crooks et Hurst, New York, 1884, 18, pp. 50, 51. |
292 ― |
Cunningham, « Théologie historique ». Édimbourg, 1870, vol. I, ch. xv, « Le droit canonique », pp. 426-438. |
293 ― |
Räbiger, « Encyclopédie théologique ». Vol. i., p. 28, Edin., 1884. |
294 ― |
Maitland, « L’âge des ténèbres : une série d’essais, pour illustrer l’état de la religion et de la littérature aux neuvième, dixième, onzième et douzième siècles. » Londres, 1844. |
295 ― |
L’Aelfric Society, fondée en 1842, a édité ses écrits anglo-saxons et ceux d’autres personnes. Les Homélies ont été éditées par Thorpe en 2 volumes, en 1843 et 1846. « Monuments choisis de la doctrine et du culte de l’Église catholique en Angleterre avant la conquête normande, consistant en l’homélie pascale d’Aelfric. » etc., Londres, 1875. Sur Aelfric et Ethelwold, voir une admirable esquisse, avec des références complètes et des citations appropriées des premières chroniques, dans les « Vies des archevêques de Cantorbéry » de Hook. Vol. i, p. 434-455. |
296 ― |
Macpherson sur « La théorie de l’expiation d’Anselme ; sa place dans l’histoire. Dans Brit. and For. Evang. Review for 1878, pp. 207-232. |
297 ― |
Église, « Saint-Anselme ». Londres, 1870. Règle : « La vie et l’époque de saint Anselme ». 2 vol., Londres, 1883. |
298 ― |
Sur les théories d’Anselme et d’Abælard sur l’expiation, voir Ritschl, « History of Christian Doctrine of Justification and Reconciliation », pp. 22-40., Edin., 1872. |
299 ― |
Berington, « Histoire de la vie d’Abælard et d’Héloïse ». Londres, 1787. Ueberweg, « Histoire de la philosophie ». Vol. I, pp. 386-397, Londres, 1872. |
300 ― |
Néandre, « Saint Bernard et son temps ». Londres, 1843. Morison, « La vie et l’époque de saint Bernard. » Londres, 1863. |
301 ― |
Räbiger « Encyclopédie théologique. » Vol. i., p. 27, Edin., 1884. |
302 ― |
Westcott, « Épîtres de saint Jean ». Londres, 1883. Dissertation sur « L’Évangile de la création », pp. 277-280. Bruce, « L’humiliation du Christ ». Edin., 1876, p. 354 et suiv., 487 et suiv. |
303 ― |
Cet ouvrage s’intitule Contra quatuor labyrinthos Franciæ, Seu contra novas hæreses, quas Abælardus, Lombardus, Petrus Pictaviensis, et Gilbertus Porretanus libris sententiarum acuunt limant, roborant Ll. IV. |
304 ― |
Ueberweg, « Histoire de la philosophie ». Londres, 1872, vol. I, p. 405-428. Ginsburg, « La Kabbale, ses doctrines, son développement et sa littérature. » Londres, 1865. Palmer, « Mysticisme oriental ». Un traité sur la Théosophie Suffistique et Unitarienne des Perses, compilé à partir de sources indigènes, Londres, 1867. |
305 ― |
Sighart, « Albert le Grand : sa vie et ses travaux scolastiques ». Traduit de l’anglais par T. A. Dixon, Londres, 1876. |
306 ― |
Hampden, « Vie de Thomas d’Aquin : une dissertation de la philosophie scolastique du Moyen Âge. » Londres, 1848. Cicognani, « Vie de Thomas d’Aquin ». Londres, 1882. Townsend, « Les grands scolastiques du Moyen Âge ». Londres, 1882. Vaughan, « La vie et les travaux de saint Thomas d’Aquino ». 2 vol., Londres, 1870. |
307 ― |
« Monumenta Franciscana. » dans « Chroniques et mémoriaux de la Grande-Bretagne et de l’Irlande ». Édité pour la série « Master of the Rolls ». Par Brewer, Londres, 1858. En plus de l’Opus Majus mentionné ci-dessus, Brewer a édité l’Opera quædum inedita, vol. I, contenant l’Opus Tertium, l’Opus Minus et le Compendium Philosophiæ. |
308 ― |
Neubauer, « La controverse juive et la 'Pugio Fidei' ». Dans l’Expositor de février et mars 1888. |
309 ― |
Hodge, « Théologie systématique ». Vol. iii., p. 492-497. |
310 ― |
Preuss, « La doctrine romaine de l’Immaculée Conception retracée à partir de sa source. » Édimbourg, 1867. |
311 ― |
Maccall, « Légendes chrétiennes du Moyen Âge, de l’allemand de von Bülow. » Londres. Cox et Jones, « Romances populaires du Moyen Âge. » Londres. Baring Gould, « Mythes curieux du Moyen Âge ». Londres, 1884. « La légende de sainte Ursule et des vierges martyres de Cologne. » Londres, 1860. |
312 ― |
« Poésie liturgique d’Adam de Saint-Victor ». Avec traduction en anglais, et notes, par Wrangham, 3 vol., Londres, 1881. Bird, « Les hymnes latins de l’Église ». Dans le Sunday Magazine de 1865, pp. 530 et suiv., 679 et suiv., 776 et suiv. Trench, « Poésie latine sacrée ». Londres, 1849. Neale, « Hymnes médiévaux ». |
313 ― |
« Le Christ est ressuscité des liens du martyre. » |
314 ― |
Eastlake, « Histoire du néo-gothique ». Londres, 1872. Norton, « Études historiques de la construction d’églises au Moyen Âge. » New York, 1880. Didron, « Histoire de l’art chrétien au Moyen Âge ». Londres, 1851. |
315 ― |
Kügler, « Manuel de peinture : écoles italiennes. » Traduit par Eastlake, Londres, 1855. Warrington, « Histoire du vitrail. » Londres, 1850. |
316 ― |
Kingsley, « La tragédie du saint ». Londres, 1848. Un poème dramatique basé sur l’histoire de la vie de sainte Élisabeth. |
317 ― |
Sur Hilarius, moine anglais, auteur de plusieurs pièces de théâtre, voir Morley’s Writers before Chaucer. Londres, 1864, p. 542-552. |
318 ― |
Delepierre, « Histoire de la littérature flamande du XIIe siècle ». Londres, 1860. |
319 ― |
Cooper, « La flagellation et les flagellants ». Londres, 1873. |
320 ― |
Perrin, « Histoire des Vaudois ». Londres, 1624. Muston, « Israël des Alpes ». 2 vol., Glasgow, 1858. Monastier, « Histoire de l’Église vaudoise depuis son origine ». New York, 1849. Peyran, « Défense historique des Vaudois ou Vaudois ». Londres, 1826. Todd, « Les manuscrits vaudois ». Londres, 1865. Wylie, « Histoire des Vaudois ». Londres, 1880. Comba, « Histoire des Vaudois ». Londres, 1888. |
321 ― |
Sismondi, « Histoire des croisades contre les Albigeois du XIIIe siècle ». Londres, 1826. |
322 ― |
Limborch, « Histoire de l’Inquisition ». 2 vol., Londres, 1731. Lea, « Histoire de l’Inquisition ». 3 vol., Philad. et Londres, 1888. Baker, « Histoire de l’Inquisition au Portugal, en Espagne, en Italie », etc., Londres, 1763. Prescott, « Histoire de Ferdinand et d’Isabelle ». Pt. i., ch. vii. Llorente, “Histoire critique de l’Inquisition d’Espagne.” Paris,�1818. Règle : « Histoire de l’Inquisition ». 2 vol., Londres, 1874. |
323 ― |
Creighton, « Histoire de la papauté pendant la Réforme ». Vol. i.-iv., A.D. 1378-1518, Londres, 1882 et suiv. Gosselin, « Le pouvoir des papes au Moyen Âge ». 2 vol., Londres, 1853. Reichel, « Siège de Rome au Moyen Âge ». Londres, 1870. |
324 ― |
Sur Boniface VIII. voir un article dans les « Essais sur divers sujets » de Wiseman. Londres, 1888. |
325 ― |
Lenfant, « Histoire du concile de Constance ». 2 vol., Londres, 1730. |
326 ― |
Jenkins, « Le dernier croisé ; ou, La vie et l’époque du cardinal Julien de la maison de Cesarini. Londres, 1861. Creighton, « Histoire de la papauté ». Vol. II, « Le concile de Bâle : la restauration papale, A.D. 1418-1464. |
327 ― |
Creighton, « Histoire de la papauté ». Vol. iii et iv, « Les princes italiens, apr. J.-C. 1464-1518. |
328 ― |
Roscoe, « Vie et pontificat de Léon X ». 4 vol., Liverpool, 1805. |
329 ― |
Salmon, « L’infaillibilité de l’Église ». Londres, 1888. |
330 ― |
Haye, « Persécution des Templiers. » Éd., 1865. |
331 ― |
Kettlewell, « Thomas à Kempis et les frères de la vie commune ». 2 vol., Londres, 1882. |
332 ― |
Hook, « Vies des archevêques de Cantorbéry ». Vol. IV, « Bradwardine ». |
333 ― |
Ueberweg, « Histoire de la philosophie ». Vol. I, p. 460-464. |
334 ― |
Les adversaires catholiques de Luther disaient : Si Lyra non lyrasset, Lutherus non saltasset. Ce dicton avait une forme antérieure : « Si Lyra non lyrasset, nemo Doctorum in Biblia saltasset » ; « Si Lyra non lyrasset, totus mundus delirasset. » |
335 ― |
Dalgairns, « Les mystiques allemands au XIVe siècle ». Londres, 1850. Vaughan, « Des heures avec les mystiques ». 3e éd., 2 vol., Londres, 1888. |
336 ― |
Voir un admirable compte rendu d’Eckhart par le Dr Adolf Lasson dans l’Histoire de la philosophie d’Ueberweg. Vol. I, p. 467-484. |
337 ― |
Winkworth, « La vie et l’époque de Tauler, avec vingt-cinq sermons ». Londres, 1857. Herrick, « Quelques hérétiques d’hier ». Londres, 1884. |
338 ― |
Kettlewell, « La paternité de l’imitation du Christ ». Londres, 1877. Kettlewell, « Thomas à Kempis et les frères de la vie commune ». 2 vol., Londres, 1882. Ullmann, « Les réformateurs avant la Réforme ». Vol. II., Edin., 1855. Cruise, « Thomas à Kempis : notes d’une visite aux scènes de sa vie ». Londres, 1887. |
339 ― |
Baring-Gould, « Prédicateurs médiévaux : quelques comptes rendus de prédicateurs célèbres des 15e, 16e et 17e siècles. » Londres, 1865. |
340 ― |
— Biblia Pauperum. Reproduit en fac-similé d’après le manuscrit du British Museum, Londres, 1859. |
341 ― |
Douce, « La danse macabre ». Londres, 1833. |
342 ― |
Symonds, « Renaissance en Italie. » 2 vol., Londres, 1881. |
343 ― |
Church, « Dante et autres essais ». Londres, 1888. Plumptre, « Commedia, etc., de Dante, avec la vie et les études ». 2 vol., Londres, 1886-1888. Oliphant, « Dante ». Édimbourg, 1877. Ozanam, « Dante et la philosophie catholique du XIIIe siècle ». Londres, 1854. Barlow, « Contributions critiques, historiques et philosophiques à l’étude de la Divina Commedia. » Londres, 1884. Botta, « Dante en tant que philosophe, patriote et poète ». New York, 1865. M. F. Rossetti, « L’ombre de Dante ». Boston, 1872. |
344 ― |
Reeve, « Pétrarque ». Édimbourg, 1879. Simpson, article sur Pétrarque dans Contemporary Review de juillet 1874. |
345 ― |
Wratislaw, « Vie et légende de saint Jean Népomucène ». Lon., 1873. |
346 ― |
Gairdner et Spedding, « Études d’histoire anglaise ». I., « Les Lollards ». |
347 ― |
Baker, « Histoire de l’Inquisition au Portugal, en Espagne, en Italie », etc., Londres, 1763. Llorente, « Histoire de l’Inquisition depuis sa fondation jusqu’à Ferdinand VII ». Philadelphie, 1826. Mocatta, « Les Juifs d’Espagne et du Portugal, et l’Inquisition ». Londres, 1877. |
348 ― |
Lewis, « Hist. de la vie et des souffrances de John Wiclif. » Lond., 1720. Vaughan, « John de Wycliffe. Une monographie. Londres, 1853. Lechler, « John Wiclif et ses précurseurs anglais. » 2 vol., Londres, 1878. Buddensieg, « John Wyclif, patriote et réformateur ; sa vie et ses écrits. Londres, 1884. Burrows, « La place de Wiclif dans l’histoire ». Londres, 1882. Storrs, « John Wycliffe et la première Bible anglaise. » New York, 1880. |
349 ― |
Gillet, « La vie et l’époque de John Huss ». Boston, 2 vol., 1870. Wratislaw, « John Huss ». Londres, 1882. |
350 ― |
Palacky, « Documenta Mag. J. H., Vitam, Doctrinam, Causam. » etc., illust., Prague., 1869. Gillett, « La vie et l’époque de John Huss ». 2 vol., Boston, 1863. Loserth, « Wiclif et Huss ». Londres, 1884. |
351 ― |
Sur ces trois points, consultez Ullmann, « Les réformateurs avant la Réforme ». 2 vol., Edin., 1855. Brandt, « Histoire de la Réforme aux Pays-Bas ». Vol. I, Londres, 1720. |
352 ― |
Héraud, « La vie et l’époque de Savonarole ». Londres, 1843. Villari, « Histoire de Savonarole. » 2 vol., Londres, 1888. Madden, « La vie et le martyre de Savonarole ». 2 vol., Londres, 1854. MacCrie, « Histoire de la Réforme en Italie ». Édin., 1827. Roscoe, « Laurent de Médicis. » Londres, 1796. Voir aussi les chapitres sur Savonarole dans les « Faiseurs de Florence » de Mme Oliphant. Londres, 1881. Milman, « Savonarole, Erasmus. » etc., essais, Londres, 1870. |
353 ― |
Roscoe, « Léon X ». Londres, 1805. |
354 ― |
Villari, « Niccolo Macchiavelli, et son temps. » 4 vol., Lond., 1878. |
355 ― |
Strauss, « Ulrich von Hutten », trad. par Mme Sturge, Londres, 1874. Hausser, « Période de la Réforme ». 2 vol., Londres, 1873. |
356 ― |
Un jeune minorite, Conrad Pellicanus de Tübingen, avait dès J.-C. En 1501, il composa un guide très honorable pour l’étude de la langue hébraïque, sous le titre De modo legendi et intelligendi Hebræum, qui fut imprimé pour la première fois à Strasbourg en J.-C. Année 1504. Au milieu de difficultés inconcevables, purement autodidacte et avec les plus pauvres aides littéraires, il s’était acquis une connaissance de la langue hébraïque qu’il perfectionna par une application inlassable à l’étude et par des rapports avec un Juif baptisé. Il atteignit une telle compétence qu’il se fit une place parmi les exégètes les plus savants de l’Église réformée en tant que professeur de théologie à Bâle en an J.-C. 1523 et à Zürich à partir de J.-C. 1525 jusqu’à sa mort, en A.D. Année 1556. Son œuvre principale est Commentaria Bibliorum, 7 vol. fol., 1532-1539. |
357 ― |
Strauss, « Ulrich von Hutten. » Londres, 1874, p. 120-140. |
358 ― |
Érasme, « Colloques », trad. par Bailey, éd. par Johnson, Lond., 1877. « Éloge de la folie », trad. par Copner, Lond., 1878. Seebohm, « Les réformateurs d’Oxford de 1498 : Colet, Érasme et plus. » Lond., 1869. Drummond, « Érasme, sa vie et son caractère ». 2 vol., Lond., 1873. Pennington, « Vie et caractère d’Érasme. » Lond., 1874. Strauss, « Ulrich von Hutten. » Lond., 1874, p. 315-346. Dorner, « Hist. de la théologie prot. ». 2 vol., Edin., 1871, t. I, p. 202. |
359 ― |
Seebohm, « Les réformateurs d’Oxford ». Lond., 1869. Walter, « Sir Thomas More ». Lond., 1840. Mackintosh, « Vie de Sir Thomas More ». Lond., 1844. |
360 ― |
Beard, « La Réforme du XVIe siècle. dans sa relation avec la pensée et la connaissance modernes. Lond., 1883. Wylie, « Histoire du protestantisme ». 3 vol., Lond., 1875. Merle d’Aubigné, « Histoire de la Réforme au XVIe siècle. en Suisse et en Allemagne. 5 vol., Lond., 1840. D’Aubigné, « Histoire de la Réforme au temps de Calvin ». 8 vol., Lond., 1863. Ranke, « Histoire de la Réforme en Allemagne ». 3 vol., Lond., 1845. Häusser, « La période de la Réforme ». 2 vol., Lond., 1873. Hagenbach, « Histoire de la Réforme ». 2 vol., Édimbourg, 1878. Köstlin, « La vie de Martin Luther ». Lond., 1884. Bayne, « Martin Luther : sa vie et son œuvre ». 2 vol., Lond., 1887. Rae, « Martin Luther, étudiant, moine, réformateur ». Lond., 1884. Dale, « Le protestantisme : son principe ultime ». Lond., 1875. Dorner, « Histoire de la théologie protestante ». 2 vol., Édimbourg, 1871. Cunningham, « Les réformateurs et la théologie de la Réforme ». Édimbourg, 1862. Tulloch, « Chefs de la Réforme ». Édimbourg, 1859. |
361 ― |
Ledderhose, « Vie de Melanchthon », trad. par Krotel, Philad., 1855. |
362 ― |
Dorner, « Histoire de la théologie protestante ». Vol. i., p. 98-113. « Les premiers principes de la Réforme illustrés dans les quatre-vingt-quinze thèses et les trois œuvres principales de Martin Luther. » Édité avec des introductions historiques et théologiques par Wace et Bucheim, Lond., 1884. |
363 ― |
Morris, « Luther à la Wartburg et à Cobourg ». Philad., 1882. |
364 ― |
Weber, « Traité de Luther, De servo arbitrio ». Dans Brit. and For. Evan. Review, 1878, pp. 799-816. |
365 ― |
Myconius, « Vita Zwinglii. » Bâle, 1536. Hess, « Vie de Zwingli, le réformateur suisse ». Londres, 1832. Christoffel, « Zwingli ; ou, L’essor de la Réforme en Suisse. Éd., 1858. Blackburn, « Ulrich Zwingli. » Londres, 1868. |
366 ― |
Blackburn, « William Farel (1487-1531) : L’histoire de la Réforme suisse. » Éd., 1867. |
367 ― |
Burrage, « Histoire des anabaptistes en Suisse ». Philad., 1882. |
368 ― |
Cunningham, « Les réformateurs et la théologie de la Réforme ». Éd., 1862, p. 212-291 ; « Zwingli et la doctrine des sacrements. » |
369 ― |
Calvin, « Traités relatifs à la Réforme, avec la vie de Calvin par Bèze. » 3 vol., Édimbourg, 1844-1851. Henry, « Vie de Jean Calvin. » 2 vol., Londres, 1849. Audin (Cath.), « Histoire de la vie, des écrits et des doctrines de Calvin ». 2 vol., Londres, 1854. Dyer, « La vie de Jean Calvin. » Londres, 1850. Bungener, « Calvin : sa vie, ses travaux et ses écrits. » Édimbourg, 1863. |
370 ― |
M’Crie, « Les premières années de Jean Calvin, A.D. 1509-1536. Ed. par W. Fergusson, Édimbourg, 1880. |
371 ― |
« Traduction anglaise des œuvres de Calvin. » Par Calvin Translation Society, en 52 vol., Édimbourg, 1842-1853. Pour une évaluation plus sympathique et plus vraie de Calvin en tant que commentateur, voir Farrar, « History of Interpretations ». Londres, 1886. Il y a aussi des articles de Farrar sur les « Réformateurs en tant que commentateurs ». Dans Expositor, deuxième série. |
372 ― |
Voir Dorner, « Histoire de la théologie protestante ». Vol. I, pp. 384-414, pour un aperçu beaucoup plus vrai de la doctrine de Calvin d’une autre plume luthérienne. |
373 ― |
Cunningham, « Les réformateurs et la théologie de la Réforme ». Essai vii., « Calvin et Bèze ». pp. 345-412, éd., 1862. |
374 ― |
Butler, « La Réforme en Suède, son essor, ses progrès et ses crises, et son triomphe sous Charles IX ». New York, 1883. Geijer, « Histoire des Suédois », trad. du suédois par Turner, Lond., 1847. |
375 ― |
Pontoppidan, Annales eccles. Dan., II, III, Han., 1741. Ranke, « Histoire de la Réforme ». Vol. iii. |
376 ― |
Les principales autorités documentaires pour l’ensemble de cette période sont les State Papers, édités par Brewer et d’autres. Voir aussi Froude, « Histoire de l’Angleterre depuis la chute de Wolsey jusqu’à la mort d’Élisabeth ». 12 vol., Lond., 1856-1869. Burnet, « Histoire de la Réforme de l’Église d’Angleterre ». 2 vol., Lond., 1679. Blunt, « Réforme de l’Église d’Angleterre ». 4e éd., Lond., 1878. Strype, « Mémoires ecclésiastiques ». 3 vol., Lond., 1721. « Annales de la Réforme ». 4 vol., 1709-1731. Foxe, « Actes et monuments ». (Pub. J.-C. 1563), 8 vol., Lond., 1837-1841. |
377 ― |
Demaus, « Vie de William Tyndal ». Londres, 1868. Fry, « Une description bibliographique des éditions du N.T., la version de Tyndale en anglais, etc., les notes complètes de l’édition de 1534 ». Londres, 1878. « Édition en fac-similé de la première version imprimée de Tyndale. » Édité par Arber, Londres, 1871. |
378 ― |
Gasquet, « Henri VIII. et les monastères anglais. 2 vol., Londres, 1888. |
379 ― |
Hook, « Vies d’Archb. de Cantorbéry. » Vols. vi., vii. Bayly, « Vie et mort de Fisher, évêque de Rochester ». Londres, 1655. Dixon, « Histoire de l’Église d’Angleterre ». Londres, 1878, vol. I, « Henry VIII ». Froude, « Histoire d’Angleterre ». Vol. i.-iii. |
380 ― |
Heppe, « Les réformateurs de l’Angleterre et de l’Allemagne au XVIe siècle ; leurs rapports sexuels et leur correspondance. Londres, 1859. |
381 ― |
Phillip, « Histoire de la vie de Reg. Pole. » 2 vol., Londres, 1765. Hook, « Vies d’Archb. de Cant. Vol. VIII. Lee, « Reginald Pole, cardinal-archevêque de Cantorbéry : une esquisse historique ». Londres, 1888. |
382 ― |
Demaus, « Vie de Latimer ». Londres, 1869. |
383 ― |
Hayward, « Vie d’Édouard VI ». Londres, 1630. Hook, « Vies d’Archb. de Cant. Vol. vii. et viii. Froude, « Histoire de l’Angleterre ». Vol. iv. et v. Strype, « La vie de Cranmer ». Londres, 1694. Norton, « Vie d’Archb. Cranmer. New York, 1863. Foxe, « Actes et monuments ». Maitland, « Essais sur la Réforme en Angleterre ». Londres, 1849. |
384 ― |
Procter, « Histoire du Livre de la Prière Commune. » Cambr., 1855. Hole, « Le livre de prières ». Londres, 1887. Hardwick, « Histoire des articles de religion ». Cambr., 1851. Stephenson, « Livre de la prière commune ». 3 vol., Londres, 1854. Burnet, « Exposition des trente-neuf articles ». Londres, 1699. Browne, « Exposition de trente-neuf articles. » Londres, 1858. |
385 ― |
Froude, « Histoire d’Angleterre ». Vol. vi.-xii. Hook, « Vies d’Archb. de Cant. Vol. ix. |
386 ― |
Killen, « Histoire ecclésiastique de l’Irlande depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours. » 2 vol., Lond., 1875. Mant, « Hist. de l’Église d’Irlande depuis la Réforme ». Londres, 1839. Ball, « Hist. de l’Église d’Irlande ». |
387 ― |
Lorimer, « Patrick Hamilton, premier prédicateur et martyr de la Réforme écossaise. » Édimbourg, 1857. |
388 ― |
C’est certainement à St. Andrews que l’exécution a eu lieu. Le meilleur et le plus complet récit de Walter Mill est donné par M. Scott, d’Arbroath, dans ses Martyrs d’Angus et de Mearns. Londres, 1885, p. 210-271. Pour George Wishart, voir le même livre, p. 99-209 ; et Rogers, « La vie de George Wishart ». Édimbourg, 1876. |
389 ― |
Strickland, « Vie de Marie Stuart ». 5 vol., Lond., 1875. Hosack, « Marie, reine d’Écosse et ses accusateurs ». 2 vol., Lond., 1874. Schiern, « Vie de James Hepburn, comte de Bothwell, du danois. » Éd., 1880. Skelton, « Maitland de Lethington et l’Écosse de Marie Stuart ». 2 vol., Edin., 1887 f. |
390 ― |
« Les œuvres de John Knox. » Recueilli et édité par David Laing, 7 vol., Edin., 1846-1864. M’Crie, « La vie de Knox ». 2 vol., Edin., 1811. Lorimer, « John Knox et l’Église d’Angleterre ». Lond., 1875. Calderwood, « Histoire de l’Église d’Écosse ». Lond., 1675. Stuart, « Histoire de la Réforme en Ecosse. » Lond., 1780. Cook, « Histoire de l’Église d’Écosse d’après Réf. » 3 vol., Edin., 1815. M’Crie, « Esquisses de l’histoire de l’Église écossaise ». 2 vol., Lond., 1841. Cunningham, « Histoire de l’Église d’Écosse ». 2 vol., Edin., 1859. Lee, « Lectures on History of Church of Scotland from Ref. to Rev. » 2 vol., Edin., 1860. Histoires générales de l’Écosse : — Robertson. 2 vol., Edin., 1759. « Tytler. » 9 vol., Edin., 1826. “Burton.” 8�vols., Edin.,�1873. — Mackenzie. Éd., 1867. |
391 ― |
Brandt, « Histoire de la Réforme aux Pays-Bas ». 4 vol., Lond., 1720. Motley, « L’essor de la République néerlandaise ». 3 vol., Lond., 1856. |
392 ― |
Bersier, « Coligny : la vie antérieure du grand huguenot ». Lond., 1884. White, « Le massacre de la Saint-Barthélemy ». 2 vol., Londres, 1868. Lord Mahon, « Vie de Louis, prince de Condé. » New York, 1848. Baird, « Histoire de l’ascension des huguenots ». 2 vol., Londres et New York, 1880. |
393 ― |
Les documents suivants ont été traduits en anglais : — Traité de l’Église. Londres, 1579. « La vérité de la religion chrétienne, en partie par Sir Phil. Sydney. » Londres, 1587. « Sur l’Eucharistie ». Londres, 1600. |
394 ― |
De Felice, « Histoire des protestants en France depuis le commencement de la Réforme jusqu’à nos jours ». Londres, 1853. Jervis, « Histoire de l’Église gallicaine depuis J.-C. 1516 à la Révolution. 2 vol., Londres, 1872. Baird, « Les huguenots et Henri de Navarre ». 2 vol., New York, 1886. Ranke, « Guerres civiles et monarchie en France aux XVIe et XVIIe siècles. » 2 vol., Londres, 1852. Smedley, « Histoire de la Réforme en France ». 3 vol., Londres, 1832. Weiss, « Histoire de la Réforme protestante en France ». 2 vol., Londres et New York, 1854. — Mémoires du duc de Sully, premier ministre d’Henri IV. 4 vol., Londres (Bohn). |
395 ― |
Dalton, « John à Lasco : sa vie antérieure et ses travaux. » Londres, 1886. Krasinski, « Esquisse historique de l’essor, du progrès et du déclin de la Réforme en Pologne ». 2 vol., Londres, 1838. |
396 ― |
« Histoire des persécutions en Bohême depuis J.-C. 894 à J.-C. 1632. Londres, 1650. |
397 ― |
Bauhoffer, « Histoire de l’Église protestante de Hongrie, depuis le début de la Réforme jusqu’en 1850, avec référence aussi à la Transylvanie », trad. par le Dr Craig de Hambourg, avec introd. par D’Aubigné, Lond., 1854. |
398 ― |
Bochmer, « Réformateurs, vies et écrits espagnols ». 2 vol., Strasbourg, 1874. M’Crie, « Histoire du progrès et de la répression de la Réforme en Espagne ». Éd., 1829. De Castro, « Les protestants espagnols et leurs persécutions par Philippe II ». Lond., 1852. Prescott, « Histoire du règne de Philippe II ». 3 vol., Boston, 1856. |
399 ― |
M’Crie, « Histoire du progrès et de la répression de la Réforme en Italie ». 2e éd., Édimbourg, 1833. Wiffen, « La vie et les écrits de Juan Valdez. » Londres, 1865. Young, « La vie et l’époque d’Aonio Paleario ». 2 vol., Londres, 1860. |
400 ― |
Benrath, « Bernardius Ochino de Sienne. » Londres, 1876. Gordon, « Bernardius Tommassini (Ochino). » Dans la Revue théologique d’octobre 1876, pp. 532-561. |
401 ― |
Bonnet, « La vie d’Olympia Morata : un épisode de la Renaissance et de la Réforme en Italie ». Éd., 1854. |
402 ― |
Krauth, « La Réforme conservatrice et sa théologie ». Philadelphie, 1872. Döllinger, « L’Église et les Églises ». Lond., 1862. |
403 ― |
Dorner, « Histoire de la théologie protestante ». Vol. i, p. 338-383. |
404 ― |
Calvin, « Instituts ». Livre III, ch. xi. 5-12. Ritschl, « Histoire de la doctrine chrétienne de la justification et de la réconciliation ». Éd., 1872, p. 214-233. |
405 ― |
Tous les hymnes de Luther cités ci-dessus sont traduits par George Macdonald dans son « Luther the Singer ». Collabora au Sunday Magazine en 1867. |
406 ― |
Sur Speratus, Decius et Eber, voir un article intéressant du regretté Dr Fleming Stevenson dans Good Words for 1863, p. 542. |
407 ― |
Tous les hymnes mentionnés ci-dessus, ainsi que ceux qui sont donnés dans le paragraphe suivant, sont des traductions de Mlle Winkworth dans Lyra Germanica. Nouvelle édition, Londres, 1885. |
408 ― |
Warneck, « Esquisses de l’histoire des missions protestantes de la Réforme à nos jours ». Édimbourg, 1884. |
409 ― |
Hodge, « L’Église et sa politique ». Edin., 1879, page 114. |
410 ― |
Morley, « Clément Marot ». Londres, 1871. |
411 ― |
Lee, « L’Église sous la reine Elizabeth. » 2 vol., Londres, 1880. M’Crie, « Annales du presbytère anglais depuis la période la plus ancienne jusqu’à nos jours. » Londres, 1872. |
412 ― |
Neal, « Histoire des puritains ». 4 vol., Londres, 1731. Paul, « Vie de Whitgift ». Londres, 1699. Brook, « Vies des puritains ». 3 vol., Londres, 1813. Marsden, « Les premiers puritains ». Londres, 1852 ; « Les derniers puritains. » Londres, 1853. Hopkins, « Les puritains ». 3 vol., Londres, 1860. Walker, « Histoire de l’indépendance ». 3 vol., Londres, 1648. Hanbury, « Mémoriaux relatifs aux Indépendants ». 3 vol., Londres, 1839. Fletcher, « Histoire de l’indépendance. en Angleterre. 4 vol., Londres, 1862. Waddington, « Histoire de la congrégation ». Londres, 1874. Dexter, « Le congrégationalisme des trois cents dernières années, tel qu’on le voit dans sa littérature. » Londres, 1880. Marshall, « Histoire de la controverse Mar-Prélat ». Londres, 1845. Robinson, « Apologie, ou défense des chrétiens appelés brownistes ». �1604. Ashton, « Œuvres de John Robinson, pasteur des Pères pèlerins, avec mémoires et annotations. » 3 vol., Londres, 1851. Mather, « Histoire ecclésiastique de la Nouvelle-Angleterre, depuis son implantation en 1620 jusqu’en 1698 ». Londres, 1702. Doyle, « Les Anglais en Amérique : les colonies puritaines ». 2 vol., Londres, 1888. Bancroft, « Histoire des États-Unis ». |
413 ― |
Parkman, « Pionniers de la France dans le Nouveau Monde ». Londres, 1885. Baird, « L’essor des huguenots de France ». Vol. i., p. 291 et suiv. |
414 ― |
Le Catéchisme de Heidelberg a été traduit en anglais et publié à Oxford en 1828. Les exposés du catéchisme d’Ursinus ont été traduits : « La somme de la religion chrétienne », etc., Lond., 1611. |
415 ― |
Une traduction anglaise du traité d’Erastus a été publiée en 1699, et rééditée avec une préface du Dr Rob. Lee, Edin., 1844. L’une des déclarations les plus complètes et les plus habiles sur la « Controverse d’Éraste » est celle donnée au chap. xxvii. de la « Théologie historique » du directeur Cunningham. (Edin., 1870), t. II, p. 557-587. |
416 ― |
Dorner, « Histoire de la théologie protestante ». Vol. I, pp. 182-189 : « Les faux mystiques théoriques : Schwenkfeld. » Ritschl, « Histoire du Chr. Doctr. de Justification et de Réconciliation ». Édimbourg, 1872, p. 292. |
417 ― |
Morley, « Vie d’Agrippa von Nettesheim ». 2 vol., Londres, 1856. |
418 ― |
Symmonds, « L’âge des despotes ». Dorner, « Histoire de la théologie protestante ». Vol. i., p. 191-195. Voir aussi deux articles dans les parties de juillet et d’octobre de la Scottish Review de 1888, pp. 67-107, 244-270 : « Giordano Bruno avant l’Inquisition vénitienne » et « Le destin ultime de Giordano Bruno ». |
419 ― |
More, « Mystère de la piété ». Livre VI, chap. xii.-xviii. Ainsi que Enthusiasmus Triumphatus dans ses « Coll. Phil. Works ». Londres, 1662. Rutherford, « Une enquête sur l’Antéchrist spirituel, ouvrant les secrets du familisme et de l’antinomisme. » Londres, 1648. |
420 ― |
Mosheim, « Histoire ecclésiastique ». Cent. xvi, sect. iii., partie ii., chap. iii. Ranke, « Histoire de la Réforme ». Vol. iii., livre VI, chap. ix. Brandt, « Histoire de la Réforme aux Pays-Bas ». Vol. i. |
421 ― |
Burrage, « Histoire des anabaptistes en Suisse ». Philadelphie, 1882. |
422 ― |
Wallace, « Biographie antitrinitaire. » 3 vol., Londres, 1850. Dorner, « Hist. Dev. of Doctr. de la personne du Christ. Ritschl, « Hist. de Chr. Doctr. de la Justification. , p. 289. |
423 ― |
L’esquisse de Servet donnée ci-dessus est basée sur les éloges unilatéraux et grossiers de son apologiste résolu Tollin. Un exposé tout à fait impartial et objectif de son système doctrinal est donné par Dorner, « History of Prot. Theology ». Vol. i, p. 189-191. Le principal Cunningham, d’une manière très approfondie, examine les raisons pour lesquelles ses ennemis cherchent à fixer sur Calvin l’odieux de la mort de Servet dans « Réformateurs et théologie de la Réforme ». Essai VI, pp. 314-333. Rilliet, « Calvin et Servet », trad. par le Dr Tweedie, Édimbourg, 1846. Drummond, « Vie de Servet ». Londres, 1848. Willis, « Servet et Calvin ». Londres, 1876. |
424 ― |
Aretius, « Histoire de Val. Gentilis, le Trithéiste, mis à mort à Berne. » Londres, 1696. |
425 ― |
Toulmin, Mémoires de la vie, Char., etc., de Faustus Socinus. Londres, 1777. |
426 ― |
Ritschl, « Hist. de Chr. Doctr. de la justification. » pp. 298-309. Cunningham, « Théologie historique ». Chap. xxiii, « La controverse socinienne », pp. 155-236. Stillingfleet rend compte du Catéchisme racovien dans la préface de son ouvrage sur la « Satisfaction du Christ ». 2e éd., Londres, 1697. |
427 ― |
Ranke, « Histoire des papes ». Livre II, « Commencements d’une régénération du catholicisme ». |
428 ― |
Pasquino était une statue qui, peu de temps auparavant, avait été déterrée et placée à l’endroit où s’était dressée autrefois la cabane d’un cordonnier de ce nom, redouté pour son esprit piquant. Il servait à l’affichage de « pasquins » de toutes sortes, en particulier sur les papes et la curie. |
429 ― |
Un admirable article de Hase sur les « Actes du Concile de Trente » de Thiner a été traduit dans le Brit. and For. Evan. Review for 1876, pp. 358-369. Mendham, « Mémoires du concile de Trente ». Londres, 1834. « Histoire du Concile de Trente » du Père Paul Sarpi. 3e éd. fol., Londres, 1640. Bungener, « Histoire du Concile de Trente ». Éd., 1852. Buckley, « Canons et décrets du Concile de Trente ». Londres, 1851. Buckley, « Catéchisme du Concile de Trente ». Londres, 1852. |
430 ― |
Mendham, « La vie et le pontificat de Pie V ». Londres, 1832. |
431 ― |
Hübner, « La vie et l’époque de Sixte V », trad. par Jerningham, 2 vol., Londres, 1872. |
432 ― |
Dans « Mystiques espagnols ». (Londres, 1886), il y a une admirable esquisse de Thérèse, p. 39-86, et de Jean de la Croix, p. 106-113. |
433 ― |
« Mystiques espagnols ». P. 7, note. |
434 ― |
« Vie de saint Philippe Néri, apôtre de Rome et fondateur de la Congrégation de l’Oratoire. » 2 vol., Londres, 1847. |
435 ― |
Coleridge, « Vie d’Ignace de Loyola ». Londres, 1872. Ranke, « Histoire des papes ». Vol. i. |
436 ― |
Rose, « Ignace de Loyola et les premiers jésuites. » Londres, 1870. Nicolini, « Histoire des Jésuites ». Éd., 1853. Sir James Stephens sur « Les fondateurs du jésuitisme ». Dans ses « Essais sur la biographie ecclésiastique ». Vol. I, p. 249. |
437 ― |
Cartwright, « Les Jésuites, leur constitution et leur enseignement ». Londres, 1876. |
438 ― |
Griesinger, « Les Jésuites : de la fondation de l’Ordre à nos jours ». Londres, 1885. Pascal, « Lettres provinciales ». Traduit par le Dr M’Crie, Edin., 1851. « La morale des jésuites, tirée des livres des jésuites. » Londres, 1670. |
439 ― |
Gibbings, « Une réimpression exacte de l’index romain Expurgatorius. » Le seul Index du Vatican de ce genre jamais publié. Dublin, 1837. |
440 ― |
Butler, « Vie du cardinal Borromée ». Londres, 1835. Martin, « Vie de Borromée ». Londres, 1847. |
441 ― |
Venn, « La vie missionnaire et les travaux de Xavier ». Lond., 1863. |
442 ― |
Legge, « Le christianisme en Chine : nestorianisme, catholicisme romain, protestantisme ; avec les textes chinois et syriaques du monument nestorien de Hsi-an-Fû. Londres, 1888. |
443 ― |
Adams, « Histoire du Japon depuis la période la plus ancienne. » 2 vol., Londres, 1874. Sur la religion du Japon avant l’introduction du christianisme, voir Ebrard, « Apologetics ». Vol. III, pp. 66-73, Edin., 1887. |
444 ― |
Aide, « La vie de Barth. de las Casas. 2e éd., Lond., 1868. Prescott, « Histoire de la conquête du Mexique ». Londres, 1886, p. 178-184. |
445 ― |
Mérimée, « Les imposteurs russes : le faux Démétrius ». Londres, 1852. |
446 ― |
Neale, « Histoire de la Sainte Église d’Orient ». Vol. II, p. 356 et suiv. Cyrillus Lucaris, « Confessio Christianæ Fidei. » Genève, 1633. Smith, « Collectanea de Cyrillo Lucario. » Londres, 1707. |
447 ― |
Stevens, « La vie et l’époque de Gustave-Adolphe. » New York, 1884. Trench, « Gustave-Adolphe en Allemagne, et autres conférences sur la guerre de Trente Ans ». Londres. Gardiner, « La guerre de Trente Ans » dans « Époques de l’histoire moderne ». Londres, 1881. |
448 ― |
Bray, « Révolte des protestants des Cévennes ». Londres, 1870. Poole, « Histoire des huguenots de la dispersion ». Londres, 1880. Agnew, « Les exilés protestants de France sous le règne de Louis XIV ». 3 vol., Londres, 1871. Weiss, « Histoire des réfugiés protestants français ». Londres, 1854. |
449 ― |
Macaulay, « Histoire de l’Angleterre depuis l’avènement de Jacques II ». Londres, 1846. Hassencamp, « Histoire de l’Irlande depuis la Réforme jusqu’à l’Union ». Londres, 1888. Adair, « Essor et progrès de l’Église presbytérienne d’Irlande de 1623 à 1670 ». Belfast, 1866. Hamilton, « Histoire de l’Église presbytérienne en Irlande ». Éd., 1887. |
450 ― |
Butler, « Vie d’Hugo Grotius ». Londres, 1826. Motley, « Jean de Barneveld ». Vol. II, New York, 1874. |
451 ― |
« Exposé de la doctrine de l’Église catholique en matière de controverse ». Londres, 1685. « Variations du protestantisme ». 2 vol., Dublin, 1836. Butler, « Récit de la vie et des écrits de Mgr Bossuet ». Londres, 1812. |
452 ― |
« L’œuvre de John Durie en faveur de l’Union chrétienne au XVIIe siècle. » Par le Dr Briggs dans Presbyterian Review, vol. VIII, 1887, pp. 297-300. À quoi est joint un compte rendu de Durie lui-même, jamais publié auparavant, de ses propres efforts d’union de juillet 1631 à septembre 1633. Voir p. 301-309. |
453 ― |
Clarendon, « Histoire de la rébellion en Angleterre, 1649-1666 ». 3 vol., Oxford, 1667. Burnet, « Histoire de son temps, 1660-1713 ». 2 vol., Londres, 1724. Guizot, « Histoire de la Révolution anglaise de 1640 ». Londres, 1856. Gardiner, « Histoire de l’Angleterre, 1603-1642 ». 10 vol., Londres, 1885. Marsden, « Histoire des puritains primitifs et postérieurs, jusqu’à l’expulsion des non-conformistes en 1662 ». 2 vol., Londres, 1853. Masson, « Vie de Milton ». 4 vol., Londres, 1859 et suiv. |
454 ― |
Mitchell, « L’Assemblée de Westminster ». Londres, 1882. Mitchell et Struthers, « Procès-verbal de l’Assemblée de Westminster ». Édimbourg, 1874. Macpherson, « Manuel de la confession de Westminster ». 2e éd., Édimbourg, 1882. Hetherington, « Histoire de l’Assemblée de Westminster ». 4e éd., Édimbourg, 1878. |
455 ― |
Carlyle, « Lettres et discours de Cromwell. » 2 vol., Londres, 1845. Guizot, « Vie de Cromwell ». Londres, 1877. Paxton Hood, « Oliver Cromwell. » Londres, 1882. Picton, « Oliver Cromwell ». Londres, 1878. Harrison, « Oliver Cromwell. » Londres, 1888. Barclay, « La vie intérieure des sociétés religieuses du Commonwealth ». Londres, 1877. |
456 ― |
Guizot, « Richard Cromwell et la restauration de Charles II ». 2 vol., Londres, 1856. Macpherson, « Histoire de la Grande-Bretagne depuis la Restauration ». Londres, 1875. |
457 ― |
Bargraves, « Alexandre VII. et ses cardinaux. Ed. par Robertson, Londres, 1866. |
458 ― |
Cunningham, « Discussions sur les principes de l’Église ». Edin., 1863, chap. v. : « Les libertés de l’Église gallicane. » pp. 133-163. |
459 ― |
Von Gebler, « Galileo Galilei and the Roman Curia », trad. par Sturge, Londres, 1879. Madden, « Galilée et l’Inquisition ». Londres, 1863. Brewster, « Martyrs de la science ». Éd., 1841. Von Gebler nie qu’une condamnation ex cathedra ait été prononcée. |
460 ― |
Wilson, « Vie de Vincent de Paul ». Londres, 1874. |
461 ― |
Marsolier, « Vie de François de Sales ». Traduit par Coombes, Londres, 1812. |
462 ― |
« Pensées d’or du 'Guide spirituel' de Molinos. » Préfacé par J. H. Shorthouse, Londres, 1883. |
463 ― |
Upham, « Vie, opinions religieuses et expérience de Mme de la Mothe Guyon, avec un récit de Fénelon. » Londres, 1854. Brooke, « Vie exemplaire de la pieuse dame Guion ». Bristol, 1806. Butler, « Vie de Fénelon ». Londres, 1810. |
464 ― |
Barbe, « Port Royal ». 2 vol., Londres, 1861. Saint-Amour, « Journal en France et à Rome, contenant le compte rendu de cinq points de controverse entre jansénistes et molinistes ». Londres, 1664. Schimmelpenninck, « Mémoires choisis de Port-Royal ». Quatrième édition, 2 vol., Londres, 1835. |
465 ― |
Dorner, « Histoire de la théologie protestante ». Vol. ii., p. 98-251. |
466 ― |
Bruce, « L’humiliation du Christ ». p. 131, éd., 1876. |
467 ― |
Dowding, « La théologie allemande pendant la guerre de Trente Ans : la vie et la correspondance de G. Calixt ». 2 vol., Oxford, 1863. |
468 ― |
Wildenhahn, « La vie de Spener ». Traduit par Wenzel, Philadelphie, 1881. Guericke, « Vie de A. H. Francke. Londres, 1847. |
469 ― |
Jennings, « Les Rosicruciens : leurs rites et leurs mystères. » Londres, 1887. |
470 ― |
Martensen, « La vie et l’œuvre de Jacob Boehme. » Londres, 1886. |
471 ― |
Toutes les traductions des hymnes dont il est question dans cette section et dans la précédente sont tirées de la Lyra Germanica de Mlle Winkworth. Londres, 1885. |
472 ― |
Les « Œuvres d’Arminius », trad. par Nicholls, auxquelles s’ajoutent la « Vie d’Arminius » de Brandt, etc., 3 vol., Londres, 1825. Scott, « Traduction des articles du synode de Dort ». Londres, 1818. Hales, « Lettres du synode de Dort ». Glasgow, 1765. Calder, « Vie de Simon Episcopius ». New York, 1837. Cunningham, « Réforme et théologie de la Réforme ». Essai VIII, « Calvinisme et arminianisme », pp. 412-470. Motley, « Jean de Barneveldt ». 2 vol., Londres, 1874. |
473 ― |
Barclay, « La vie intérieure des sociétés religieuses du Commonwealth ». Deuxième éd., Londres, 1877. L’ouvrage du Dr Stoughton, « Histoire de la religion en Angleterre depuis l’ouverture d’un long parlement jusqu’à la fin du XVIIIe siècle ». Londres. |
474 ― |
Voir Macpherson, « Presbyterianism ». (Edin., 1883), p. 8-10, où les accusations d’intolérance telles que celles portées contre le presbytérianisme dans le texte sont répudiées. |
475 ― |
Masson, « Vie de John Milton ». 4 vol., Londres, 1859. Pattison, « Milton ». Dans la série « English Men of Letters », Londres, 1880. |
476 ― |
« Relquiæ Baxterianæ : Récit de Baxter des passages les plus mémorables de sa propre vie. » Londres, 1696. Orme, « La vie et l’époque de Richard Baxter, avec examen critique de ses écrits. » Londres, 1830. Stalker, « Baxter » dans « Evangelical Succession Lectures ». Deuxième série, Édimbourg, 1883. |
477 ― |
Froude conteste cela, et dit, p. 12, qu’il était probablement du côté des royalistes. Brown a montré qu’il était presque certain qu’en 1644, et non en 1642, Bunyan, alors dans sa seizième année, s’était joint aux forces parlementaires. Voir la « Vie » de Brown, p. 42-52. |
478 ― |
Brown, « La vie de Bunyan ». Londres, 1885. Autobiographie dans « Grace Abounding ». �1622. Southey, « La vie de John Bunyan ». Londres, 1830. Macaulay, « Essai sur Bunyan ». Dans Edinburgh Review, 1830. Froude, « Bunyan », dans « Hommes de lettres anglais ». Londres, 1880. Nicoll, « Bunyan », dans « Evangelical Succession Lectures ». Troisième série, Édimbourg, 1883. |
479 ― |
« Vie de John Eliot, apôtre des Indiens. » Par John Wilson, plus tard de Bombay, Edin., 1828. |
480 ― |
Crosby, « Histoire des baptistes anglais ». 4 vol., Londres, 1728. Ivimey, « Histoire des baptistes anglais de 1688 à 1760 ». 2 vol., Londres, 1830. Cramp, « Histoire des baptistes jusqu’à la fin du XVIIIe siècle ». 3 vol., Londres, 1872. |
481 ― |
Backus, « Histoire des baptistes anglo-américains ». 2 vol., Boston, 1777. Cox et Hoby, « Les baptistes en Amérique ». New York, 1836. Hague, « The Baptists Transplanted », etc., New York, 1846. |
482 ― |
D’une importance particulière pour les débuts de l’histoire des Quakers sont, « Lettres d’amis de la première heure. » Édité par Robert Barclay, un descendant de l’apôtre quaker, Londres, 1841. « Journal de Fox ; ou, Récits historiques de sa vie, de ses voyages et de ses souffrances. Londres, 1694. Penn, « Résumé de l’histoire, des doctrines et de la discipline des amis ». Londres, 1692. Tallack, « George Fox ; les Quakers et les premiers baptistes. Londres, 1868. Bickley, « George Fox et les premiers Quakers. » Londres, 1884. Stoughton, « W. Penn, fondateur de la Pennsylvanie ». Londres, 1883. |
483 ― |
Sewel, « Histoire des Quakers ». 2 vol., Londres, 1834. Cunningham, « Les Quakers, de leur origine en 1624 à nos jours. » Londres, 1868. Barclay, « Apologie de la vraie divinité chrétienne : une justification du quakerisme ». 4e éd., Londres, 1701. Clarkson, « Un portrait du quakerisme ». 3 vol., Londres, 1806. Rowntree, « Le quakerisme, passé et présent ». Londres, 1839. |
484 ― |
Heard, « L’Église russe et la dissidence russe ». Londres, 1887. Mackenzie Wallace, « La Russie ». Chap. xiv., xx., 2 vol., Londres, 1877. Palmer, « Le patriarche et le tsar ». 6 vol., Londres, 1871-1876. |
485 ― |
Ueberweg, « Histoire de la philosophie ». Vol. II, p. 31-135. Pünjer, « Histoire de la philosophie chrétienne de la religion de la Réforme à Kant ». Éd., 1887. Pfleiderer, « Philosophie de la religion ». Vol. i., Londres, 1887. « Histoire de la philosophie » d’Erdmann. 3 vol., Londres, 1889. |
486 ― |
« Bacon’s Works », édité par Spedding, Ellis et Heath, 14 vol., Londres, 1870. Spedding, « Lettres et vie de lord Bacon ». 2 vol., Londres, 1862. Macaulay sur Bacon dans Edinburgh Review de 1837. Church, « Bacon », dans le vol. V. des « Œuvres Complètes ». Londres, 1888. Nichol, « Bacon : Vie et philosophie. » 2 vol., Edin., 1888. |
487 ― |
« La méthode, les méditations et les principes de la philosophie de Descartes. » Trad. par le professeur Veitch, Edin., 1850 et suiv. Fischer, « Descartes et son école ». Londres, 1887. |
488 ― |
Willis, « Spinoza : son éthique, sa vie et son influence sur la pensée moderne. » Londres, 1870. Pollock, « Spinoza : sa vie et sa philosophie. » Londres, 1880. Martineau, Spinoza. Londres, 1882. « Spinoza, Quatre essais de Land, Von Floten, Fischer et Renan. » Édité par le professeur Knight, Londres, 1884. |
489 ― |
« Œuvres complètes de Locke. » 9 vol., Londres, 1853. Cousin, « Éléments de psychologie : un examen critique de l’essai de Locke. » Éd., 1856. Webb, « L’intellectualisme de Locke ». Londres, 1858. |
490 ― |
Guhrauer, « Leibnitz : une biographie », trad. par Mackie, Boston, 1845. |
491 ― |
Leland, « Point de vue des principaux écrivains déistes en Angleterre. » 2e éd., 2 vol., Londres, 1755. Halyburton, « La religion naturelle insuffisante ; ou, Une enquête rationnelle sur les principes des déistes modernes. Édin., 1714. Tulloch, « Théologie rationnelle et philosophie chrétienne en Angleterre au XVIIe siècle. » 2 vol., Edin., 1872. Cairns, « L’incrédulité au XVIIIe siècle ». Chap. ii, « L’incrédulité au XVIIe siècle ». Éd., 1881. |
492 ― |
Lecky, « Histoire de la montée et de l’influence de l’esprit du rationalisme en Europe. » 2 vol., Londres, 1873. Hagenbach, « Le rationalisme allemand ». Éd., 1865. Hagenbach, « Histoire de l’Église aux XVIIIe et XIXe siècles ». 2 vol., Londres, 1870. Leslie Stephen, « Histoire de la pensée anglaise au XVIIIe siècle ». 2 vol., Londres, 1876. Cairns, « L’incrédulité au XVIIIe siècle ». Éd., 1881. |
493 ― |
Wilson, « Les Frères des écoles chrétiennes, leur origine et leur œuvre. Avec une esquisse de la vie de leur fondateur, le Vénérable Jean-Baptiste de la Salle. Londres, 1883. |
494 ― |
Neale, « Histoire de la soi-disant Église janséniste de Hollande ». Oxford, 1858. |
495 ― |
Cairns, « L’incrédulité au XVIIIe siècle ». Chap. iv. : L’incrédulité en France. Édimbourg, 1881. Morley, « Diderot et les Encyclopédistes ». 2 vol., Londres, 1878. Morley, « Voltaire ». Londres, 1872. Lange, « Histoire du matérialisme ». 3 vol., Londres, 1877. |
496 ― |
Ce dicton est généralement attribué à Voltaire. Il a utilisé l’expression pour attaquer Pierre Bayle. L’Hist. de Phil d’Erdmann. Vol. II, p. 158. Ueberweg, « Hist. de Phil. » Vol. II, p. 125. |
497 ― |
Pressensé, « L’Église et la Révolution ». Londres, 1869. Jervis, « L’Église gallican et la Révolution ». Londres, 1882. |
498 ― |
Hagenbach, « Histoire de l’Église aux XVIIIe et XIXe siècles ». Vol. i, p. 109, 116 ; 2 vol., New York, 1869. Dorner, « Histoire de la théologie protestante ». Vol. II, p. 208. |
499 ― |
Dorner, « Histoire de la théologie protestante ». Vol. ii., p. 208-227. |
500 ― |
Dorner, « Histoire de la théologie protestante ». Vol. II, p. 266-279. Hagenbach, « Histoire de l’Église aux XVIIIe et XIXe siècles ». Vol. i, p. 117-127. |
501 ― |
Dorner, « Histoire de la théologie protestante ». Vol. II, p. 259-261. Geffcken, « L’Église et l’État ». 2 vol., Lon., 1887 ; Vol. I, p. 456-503. |
502 ― |
Burney, « La vie de Haendel ». Londres, 1784. |
503 ― |
Kelly, « La vie et l’œuvre de von Bogatsky : un chapitre de la vie religieuse du XVIIIe siècle ». Londres, 1889. |
504 ― |
Hough, « L’histoire du christianisme en Inde. » 5 vol., Londres, 1839. Sherring, « Histoire des missions en Inde ». Édité par Storrow. Londres, 1888. Pearson, « Memoirs, Life, and Correspondence of Chr. Fr. Schwartz. » Etc., 2 vol., Londres, 1834. |
505 ― |
Hagenbach, « Histoire de l’Église chrétienne aux XVIIIe et XIXe siècles ». New York, 1869 ; Conférences XVIII. et XIX., p. 398-445. |
506 ― |
Spangenberg, « Vie du comte Zinzendorf ». Londres, 1838. |
507 ― |
Spangenberg, « Compte rendu de la manière dont les unitas fratrum propagent l’Évangile et accomplissent leurs missions parmi les païens ». Londres, 1788. Holmes, « Esquisse historique des missions des Frères unis pour la propagation de l’Évangile parmi les païens depuis leur commencement jusqu’en 1817 ». Londres, 1827. |
508 ― |
« Tersteegen : Vie et caractère, avec des extraits de ses lettres et de ses écrits. » Londres, 1832. Winkworth, « Chanteurs chrétiens d’Allemagne ». Londres, 1869. |
509 ― |
Pour un récit légèrement différent, voir Tyerman, vol. I, p. 66. |
510 ― |
Wesley lui-même continua à prêcher en plein air jusqu’à la fin de l’année 1790. |
511 ― |
On trouvera de plus amples détails sur l’organisation des sociétés dans Tyerman, 1re éd., vol. I, p. 444, 445. |
512 ― |
Southey, « Vie de John Wesley ». Londres, 1820. Isaac Taylor, « Wesley et le wesleyanisme ». Londres, 1851. Tyerman, « La vie et l’époque de Wesley. » 2 vol., 4e éd., Londres, 1877. Urlin, « La vie de Wesley par l’homme d’Église ». Londres, 1880. Abbey et Overton, « L’église anglaise au XVIIIe siècle ». 2 vol., Londres, 1879. Lecky, « Histoire de l’Angleterre au XVIIIe siècle. » 2 vol., Londres, 1878. Stoughton, « Histoire de la religion en Angleterre jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. » 6 vol., Londres, 1882. Jackson, « Vie de Charles Wesley ». 2 vol., Londres, 1841. Tyerman, « La vie de Whitefield ». 2 vol., Londres, 1877. Macdonald, « Fletcher de Madeley ». Londres. Smith, « Histoire du méthodisme ». 3 vol., Londres, 1857. Stevens, « Histoire du méthodisme ». 3 vol., New York, 1858. Stevens, « Histoire de l’Église méthodiste épiscopale aux États-Unis ». 4 vol., New York, 1864. Bangs, « Histoire de l’Église méthodiste épiscopale ». 4 vol., New York, 1839. |
513 ― |
Hagenbach, « Histoire de l’Église aux XVIIIe et XIXe siècles ». Vol. i., p. 159-164. |
514 ― |
Hagenbach, « Histoire de l’Église aux XVIIIe et XIXe siècles ». Vol. i, p. 168-175. |
515 ― |
Tafel, « Documents concernant la vie et le caractère de Swedenborg ». 3 vol., Londres, 1875. White, « Emanuel Swedenborg, sa vie et ses écrits ». 2 vol., Londres, 1867. |
516 ― |
Evans, « Shakers : Compendium de l’origine, de l’histoire, des principes et des doctrines de la Société unie des croyants à la seconde venue du Christ ». New York, 1859. Dixon, « Nouvelle Amérique ». 2 vol., 8e éd., Londres, 1869. Nordhoff, « Les sociétés communistes des États-Unis ». Londres, 1874. |
517 ― |
Pusey, « Enquête historique sur les causes de la prévalence du rationalisme en Allemagne ». Londres, 1828. Rose, « L’état du protestantisme en Allemagne ». Oxford, 1829. Saintes, « Histoire critique du rationalisme en Allemagne, depuis son origine jusqu’à nos jours ». Londres, 1849. Lecky, « Histoire de la montée et de l’influence de l’esprit du rationalisme en Europe. » 2 vol., Londres, 1873. Farrar, « Histoire critique de la libre pensée en référence à la religion chrétienne ». Londres, 1863. Hagenbach, « Le rationalisme allemand ». Édimbourg, 1865. Hurst, « Histoire du rationalisme ». New York, 1865. Gostwick, « La culture allemande et le christianisme, leur controverse, 1770-1880 ». New York, 1882. |
518 ― |
Stephen, « Histoire de la pensée anglaise au XVIIIe siècle. » 2 vol., Londres, 1876. Cairns, « L’incrédulité au XVIIIe siècle ». Édimbourg, 1881. Pünjer, « Histoire de la philosophie chrétienne de la religion de la Réforme à Kant ». 5, « Les déistes anglais ». Édimbourg, 1887. |
519 ― |
Halliwell, « Les débuts de l’histoire de la franc-maçonnerie anglaise. » Londres, 1840. |
520 ― |
Ritschl, « Histoire du doctr. de la justification et de la réconciliation », pp. 347-426. Dorner, « Histoire de la théologie protestante ». Vol. ii., p. 277-292. Hagenbach, « Histoire de l’Église aux XVIIIe et XIXe siècles ». Vol. i, p. 251-321. |
521 ― |
Chalybée, « Développement historique de la philosophie spéculative, de Kant à Hegel ». Éd., 1854. Räbiger, « Encyclopédie théologique ». Vol. i, p. 73-76. |
522 ― |
Stahr, « Lessing : sa vie et ses œuvres. » Traduit par G. Evans, 2 vol., Boston, 1866. Sime, « Lessing, sa vie et ses écrits ». 2 vol., Londres, 1877. Zimmern, « G. E. Lessing : sa vie et ses œuvres. Londres, 1878. Smith, « Lessing en tant que théologien ». Dans la Revue théologique, juillet 1868. |
523 ― |
Russell, « Un bref récit de la vie et de l’histoire de Pestalozzi. » D’après « L’Histoire de Pestalozzi » de De Guemp. Londres, 1888. Suivi d’une traduction anglaise complète de l’œuvre de De Guemp. |
524 ― |
Marshman, « La vie et l’époque de Marshman, Carey et Ward. » 2 vol., Londres, 1859. Smith, « Vie de William Carey ». Londres, 1886. Wilson, « Voyage missionnaire du navire Duff ». Londres, 1799. Morison, « Pères et fondateurs de la Société missionnaire de Londres ». Londres, 1844. |
525 ― |
Baur, « La vie religieuse en Allemagne ». Londres, 1872, p. 177-196. |
526 ― |
Kahnis, « Histoire interne du protestantisme allemand depuis le milieu du siècle dernier ». Éd., 1856. |
527 ― |
Hagenbach, « Histoire de l’Église aux XVIIIe et XIXe siècles ». Vol. II, p. 413-416. |
528 ― |
Mombert, « Faith Victorious, being an Account of the Life, Labor, and Times of Dr. J. W. Ebel, 1714-1861, compilé à partir de sources authentiques. » Londres, 1882. Dixon, « Épouses spirituelles ». Londres, 1868. |
529 ― |
Strack, « L’œuvre de révision de la Bible en Allemagne ». Dans Expositor, troisième série, t. II, p. 178-187. |
530 ― |
Voir les articles de Driver, Cheyne, Davidson, Kirkpatrick, dans Expositor for 1886-1888, sur divers livres de l’Ancien Testament révisé. Westcott, « Quelques leçons de la version révisée du Nouveau Testament ». Dans Expositor, troisième série, t. V, p. 81, 241, 453. Jennings et Lowe, « Version révisée de l’Ancien Testament : une estimation critique. » Dans Expositor, troisième série, t. II, p. 57, etc. |
531 ― |
« La vie de Schleiermacher en lettres ». Traduit par Rowan, Londres, 1860. Baur, « La vie religieuse en Allemagne ». Londres, 1872, p. 197 et suiv. Dorner, « Histoire de la théologie protestante ». Vol. II, p. 374-395. |
532 — |
Cheyne, « La vie et l’œuvre de Heinrich Ewald ». Dans Expositor, troisième série, t. IV, p. 241 et suiv., 361 et suiv. |
533 — |
Il existe des traductions anglaises de sa « Vie du Christ ». « Première implantation du christianisme ». — Antignostikus. « Histoire des dogmes chrétiens. » « La vie chrétienne au Haut et au Moyen Âge ». Le tout publié par Bohn. |
534 ― |
Zeller, « David Frederick Strauss, dans sa vie et ses écrits. » Londres, 1874. Traductions : « La vie de Jésus traitée de manière critique. » �1846; « Vie de Jésus pour le peuple allemand ». �1865; « L’ancienne foi et la nouvelle. » �1874; — Ulrich von Hutten. �1874. |
535 ― |
Simon, « Isaac August Dorner ». Dans la Presbyterian Review d’octobre 1887, pp. 569-616. |
536 ― |
Rothe, « Des heures immobiles ». Traduit par Mlle Stoddart, avec un essai introductif sur Rothe par le révérend J. Macpherson. Londres, 1886. |
537 ― |
Galloway, « La théologie de Ritschl ». Dans la Presbyterian Review d’avril 1889, pp. 192-209. |
538 ― |
Série d’articles dans Good Words for 1860, pp. 377 et suiv. |
539 ― |
Fleming Stevenson, « Le drapeau bleu de Kaiserswerth. » En bonnes paroles pour 1861, p. 121 et suiv., 143 et suiv. |
540 ― |
Owen, « Histoire des dix premières années de la Société biblique ». 3 vol., Londres, 1816. |
541 ― |
Wiseman, « Souvenirs des quatre derniers papes ». 3 vol., Londres, 1853. Mendham, « Index des livres interdits par ordre de Grégoire XVI ». Londres, 1840. |
542 ― |
Legge, « Pie IX. à la Restauration de 1850. 2 vol., Londres, 1872. Trollope, « Vie de Pie IX ». 2 vol., Londres, 1877. Shea, « Vie et pontificat de Pie IX ». New York, 1877. |
543 ― |
Geffcken, « L’Église et l’État ». Vol. II, pp. 269-293 : « La question italienne et les États pontificaux. » |
544 ― |
Geffcken, « L’Église et l’État ». Vol. ii., p. 236-238. |
545 ― |
Bridges, « La vie de Martin Boos ». Londres, 1836. |
546 ― |
Hamberger, « Esquisse du caractère de la Théosophie de Baader ». Traduit dans American Presbyterian and Theological Review, 1869. |
547 ― |
Laing, « Notes sur l’ascension, le progrès, etc., de l’Église catholique allemande de Ronge et Czerski ». Londres, 1845. |
548 ― |
Manning, « La véritable histoire du Concile du Vatican ». Londres, 1877. Pomponio Leto, « Le Concile du Vatican, étant les impressions d’un contemporain (Card. Vitelleschi), traduit de l’italien avec les documents originaux. » Londres, 1876. Quirinus, « Lettres de Rome sur le concile ». Londres, 1870. Janus, « Le Pape et le Concile ». Londres, 1869. Bungener, « Rome et le concile au dix-neuvième siècle ». Édimbourg, 1870. Arthur, « Le pape, les rois et le peuple, une histoire du mouvement pour faire du pape le gouverneur du monde, 1864-1871 ». 2 vol., Londres, 1877. Acton, « Histoire du Concile du Vatican ». Londres, 1871. Friedrich, « Documenta ad illum. V.A.C. » Nördling, 1871. Martin (évêque de Paderborn), « Omnium Conc. Vat. quæ ad doctr. et discipl. pertin. docum. Collectio. �1873. |
549 ― |
Geffcken, « L’Église et l’État ». Vol. II, p. 501-531. Smith, « La législation Falk du point de vue politique ». Dans la Revue théologique d’octobre 1875. |
550 ― |
Geffcken, « L’Église et l’État ». 2 vol., Londres, 1877 ; Vol. II, p. 488-531. |
551 ― |
Les lois autrichiennes de mai étaient, à certains égards, plus radicales que les lois prussiennes (197, 5) ; mais les premiers étaient formulés en référence à la police, les seconds en référence à la loi. En Prusse, la décision, le jugement et la sentence dans tous les cas d’infraction et d’abordage étaient confiés à la cour de justice ; en Autriche, ils étaient assignés à la cour d’administration, en dernier ressort au ministre. Les lois autrichiennes pouvaient donc être invoquées et ignorées à volonté. |
552 ― |
Geffeken, « L’Église et l’État ». Vol. ii., p. 469-488. |
553 ― |
R. J. Sandeman, « Alexandre Vinet. » Dans « Conférences sur la succession évangélique ». Troisième série, Édimbourg, 1884. Dorner, « Histoire de la théologie protestante », t. II, p. 470, 478. |
554 ― |
Cairns, « La lutte actuelle dans l’Église nationale de Hollande ». Dans Presbyterian Review de janvier 1888, pp. 87-108. Wicksteed, « Les institutions ecclésiastiques de Hollande ». Londres. |
555 ― |
Lumsden, « La Suède, son état religieux et ses perspectives ». Londres, 1855. |
556 ― |
Stoughton, « La religion en Angleterre au cours de la première moitié du siècle actuel, avec un post-scriptum sur les événements ultérieurs ». 2 vol., Londres, 1876. Molesworth, « Histoire de l’Angleterre de 1830 à 1874 ». 3 vol., Londres. |
557 ― |
Littledale, « Fêtes d’église ». Art. dans la Contemporary Review de juillet 1874, pp. 287-320. Mozley, « Réminiscences du collège d’Oriel. » Londres, 1882. |
558 ― |
Newman, « Apologia pro Vita Sua ». Londres, 1864. Weaver, « Le puseyisme, une réfutation et une exposition ». Londres, 1843. |
559 ― |
Les affirmations très confuses, tout à fait inadéquates et, sur certains points, positivement incorrectes du paragraphe ci-dessus peuvent être complétées et modifiées en se référant à la littérature suivante : Buchanan, « Dix ans de conflit ». 2 vol., Edin., 1852. Moncrieff, « Justification de la revendication du droit ». Éd., 1877. Moncrieff, « Le principe de l’Église libre : son caractère et son histoire ». Éd., 1883. Mackerrow, « Histoire de l’Église de la Sécession ». Glasgow, 1841. |
560 ― |
Smith fut nommé professeur au poste de lord aumônier, avec un salaire symbolique ; mais il a ensuite été élu au poste plus rémunérateur de bibliothécaire de l’Université, et plus récemment il a succédé au professeur Wright dans la chaire d’arabe de l’Université. |
561 ― |
Jarvis, « L’Église gallican et la Révolution ». pp. 324-395, Londres, 1882. |
562 ― |
Borrow, « La Bible en Espagne ». 2 vol., Londres, 1843. |
563 ― |
Lendrum, « Ecclesia Pressa : ou l’Église luthérienne dans les provinces baltes ». Dans The Theological Review et Free Church College Quarterly, vol. II, 310-330. C. H. H. Wright, « La persécution de l’Église luthérienne dans les provinces baltes de Russie ». Dans la British and Foreign Evangelical Review, janvier 1887. |
564 ― |
Baird, « La religion aux États-Unis ». Glasgow, 1844. « Progrès et perspectives du christianisme aux États-Unis ». Londres, 1851. Gorrie, « Églises et sectes aux États-Unis ». New York, 1850. |
565 ― |
Stevens, « Histoire de l’Église méthodiste épiscopale en Amérique du Nord ». Philadelphie, 1868. Gorrie, « Histoire de l’Église méthodiste épiscopale aux États-Unis ». New York, 1881. |
566 ― |
Un compte rendu complet du développement récent du protestantisme au Brésil est donné dans un article de la Presbyterian Review de janvier 1889, pp. 101-106 : « L’organisation du synode du Brésil », par le Dr J. Aspinwall Hodge. |
567 ― |
Hepworth Dixon, « Russie libre ». 2 vol., Londres, 1870. Heard, « L’Église russe et la dissidence russe ». 2 vol., Londres, 1887. |
568 ― |
Rowntree, « Le quakerisme d’hier et d’aujourd’hui ». Londres, 1859. |
569 ― |
Dixon, « Nouvelle Amérique ». 2 vol., 8e édition, Londres, 1869. Nordhoff, « Les sociétés communistes des États-Unis ». Londres, 1874. |
570 ― |
Oliphant, « La vie d’Ed. Irving ». 3e édition, Londres, 1865. Carlyle, dans « Essais divers ». Brown, « Personal Reminiscences of Ed. Irving », dans Expositor, 3 sér., vol. VI, p. 216, 257. Miller, « Histoire et doctrine de l’irvingisme ». 2 vol., Londres, 1878. |
571 ― |
Darby, « Souvenirs personnels ». Londres, 1881. |
572 ― |
Stenhouse, « Une Anglaise dans l’Utah, l’histoire d’une expérience de vie dans le mormonisme ». 2e éd., Londres, 1880. Gunnison, « Les Mormons ». New York, 1884. Burton, « La Cité des Saints ». Londres, 1861. |
573 ― |
Wilson, « L’armée toujours victorieuse : une histoire de la campagne de Chine sous les ordres du lieutenant-colonel. C. G. Gordon, et de la répression de la rébellion de Taeping. Edimbourg. |
574 ― |
Edmonds, « Le spiritisme américain. » 2 vol., New York, 1858. Cox, « Le spiritisme répondu par la science ». Londres, 1872. Crookes, « Spiritisme et science ». Londres, 1874. Wallace, « Une défense du spiritisme ». Londres, 1874. Owen, « La terre discutable ». New York, 1872. Carpenter, « Mesmérisme, spiritisme, etc., historiquement et scientifiquement considérés. » Londres, 1877. Mahan, « Les phénomènes du spiritisme scientifiquement expliqués et exposés. » Londres, 1875. Horne, « Incidents de sa vie ». Londres, 1863. « Lumières et ombres du spiritisme. » Londres, 1877. |
575 ― |
Sinnett, « Bouddhisme ésotérique ». Londres, 1883. |
576 ― |
Sargent, « Rob. Owen et sa philosophie sociale. Londres, 1860. Nordhoff, « Les sociétés communistes aux États-Unis ». Londres, 1875. |
577 ― |
Onslow-Yorke, « L’histoire secrète de l’Association internationale des travailleurs ». Londres, 1872. Lissagaray, « Histoire de la Commune de 1871 ». Traduit par Aveling, Londres, 1886. |
578 ― |
À partir du XVe siècle, la numérotation des conciles généraux est si variable et si incertaine que même les historiens catholiques ne sont pas d’accord sur ce point. Ils ne sont d’accord que sur ceci, que les conciles anti-pontificaux qui se prétendent œcuméniques, de Pise après J.-C. 1409, Bâle A.D. 1438, et Pise A.D. 1511, devrait être désignée schismatique comme « conciliabula ». Hefele, dans son Histoire des conciles, en compte dix-huit jusqu’à la Réforme. Il fait du concile de Constance la seizième session dans sa première et sa dernière session, mais ne compte pas la session intermédiaire tenue sans le pape. Il fait de Bâle le dix-septième jusqu’à l’apr. J.-C. 1438 avec sa continuation papale à Ferrare et Florence. Enfin, en tant que dix-huitième, il donne le cinquième concile du Latran de l’an suivant. 1512-1517. Mais d’autres rayent carrément Bâle et Constance de la liste ; et beaucoup, surtout les Gallicans, rejettent aussi le cinquième concile de Latran, parce qu’il s’occupe de questions d’intérêt mineur ou simplement local. |
Les corrections suivantes ont été apportées au texte : |
|
1 ― |
ajout du mot omis 'à' (qui semblaient établir) |
2 ― |
« ministre » remplacé par « ministère » (et a renforcé son propre ministère) |
3 ― |
« 23 » remplacé par « 13 » (1 Pierre V. 13) |
4 ― |
'Commencements' remplacés par 'Commencements' (Les débuts de l’Église) |
5 ― |
' 183, 9' remplacé par ' 182, 7' (école de Baur ( 182, 7)) |
6 ― |
'Hippolyle' remplacé par 'Hippolyte' (et d’Hippolyte Ἔλεγχος) |
7 ― |
'Hebdomes' remplacé par 'Hebdomas' (les soi-disant Hebdomas) |
8 ― |
« gramatico » remplacé par « grammatico » (Examen grammatico-historique de l’Écriture.) |
9 ― |
'Septimus' remplacé par 'Septimius' (campagne de Septime Sévère) |
10 ― |
' 12, 2' remplacé par ' 13, 2' (La promesse du Christ ( 13, 2).) |
11 ― |
« immobolis » remplacé par « immobilis » (immobilis et irreformabilis) |
12 ― |
'étaient' remplacés par 'où' (et les endroits où se trouvent les reliques des martyrs) |
13 ― |
'Lettre' remplacé par 'Lettre' (une lettre catholique,) |
14 ― |
' 57, 3' remplacé par ' 37, 3' (On dies stationum ( 37, 3) rien) |
15 ― |
'portea' remplacé par 'postea' (esset postea gloriæ) |
16 ― |
' 47, 15' remplacé par ' 47, 14' (Martin de Tours ( 47, 14) établis) |
17 ― |
' 85, 1' remplacé par ' 86, 1' (Législation carolingienne ( 86, 1).) |
18 ― |
' 53, 2' remplacé par ' 50, 2' (Concile de Sarde ( 50, 2),) |
19 ― |
« Éphèse » remplacé par « Éphèse » (au Concile d’Éphèse) |
20 ― |
' 69, 4-6' remplacé par ' 59, 4-6' (Composition d’hymnes, 59, 4-6) |
21 ― |
'apocrisarius' remplacé par 'apocrisiarius' (apocrisiaire pontifical à Constantinople) |
22 ― |
« 57, 21h » remplacé par « 47, 21f' (l’auteur de Prædestinatus ( 47, 21f).) |
23 ― |
'Eutchyes' remplacé par 'Eutyches' (contre Nestorius et Eutychès) |
24 ― |
« Suivi » remplacé par « Communion » (reçu de nouveau dans la communion de l’église) |
25 ― |
'Eunonius' remplacé par 'Eunomius' (4 bks. contre Eunomius) « Amphilochum » remplacé par « Amphilochium » (Ad Amphilochium, contre le) |
26 ― |
« 467 » remplacé par « 46,7 » (à Léon le Grand ( 46, 7) à Rome) |
27 ― |
Les « diophysites » sont remplacés par les « dyophysites » (à la tête des Dyophysites) |
28 ― |
'Quadrigesma' remplacé par 'Quadragesima' (toute la saison de Quadragesima) |
29 ― |
' 160, 8' remplacé par ' 161, 8' (mentionné par les protestants ( 161, 8)) |
30 ― |
' 71, 2' remplacé par ' 70, 2' (service religieux des Psaumes (70, 2).) |
31 ― |
' 61, 7' remplacé par ' 61, 1' (et la discipline ( 61, 1),) |
32 ― |
Les « divisions » sont remplacées par des « divisions » (détenteurs des quatre divisions) |
33 ― |
« Manichéen » remplacé par « Manichéen » (à une famille manichéenne) |
34 ― |
' 162, 10' remplacé par ' 163, 10' (un nouveau départ ( 163, 10)) |
35 ― |
« 694 » remplacé par « 604 » (Grégoire le Grand, apr. J.-C. 590 à 604) |
36 ― |
' 23, 6' remplacé par ' 22, 6' (fin du IIIe siècle ( 22, 6)) |
37 ― |
Suppression du doublon 'of' (à la tête d’une horde d’Angles et de Saxons) |
38 ― |
« décidement » remplacé par « décidément » (la plupart l’ont décidément préféré) |
39 ― |
'forbiden' remplacé par 'forbidden' (et les cigognes sont absolument interdites) |
40 ― |
'ust' remplacé par 'just' (comme ils l’ont choisi) |
41 ― |
' 290, 5' remplacé par ' 90, 5' (à Servatus Lupus ( 90, 5)) |
42 ― |
'Gentiliscum' remplacé par 'Gentiliacum' (Lors d’un synode à Gentiliacum) |
43 ― |
' 166, 9' remplacé par ' 167, 9' (renversement de la colonie. — Suite, 167, 9.) |
44 ― |
'brillant' remplacé par 'brillant' (a remporté une brillante victoire) |
45 ― |
« disgracieux » remplacé par « honteux » (Commence cette série honteuse.) |
46 ― |
' 83, 13' remplacé par ' 93, 13' (Adalbert à Gniezno ( 93, 13)) |
47 ― |
' 100, 15' remplacé par ' 110, 15' (développé en diadème ( 110, 15)) |
48 ― |
« archépiscopal » remplacé par « archiépiscopal » (exercice de la fonction archiépiscopale) |
49 ― |
' 192, 5' remplacé par ' 112, 5' (Saint-Père (Suite, 112, 5)) |
50 ― |
« profondeur » remplacée par « profondeur » (d’acuité et de profondeur) |
51 ― |
« réconciliation » remplacée par « réconciliation » (il se réconcilia avec Bernard) |
52 ― |
« Badgad » remplacé par « Bagdad » (de Bagdad et Cordoue) |
53 ― |
« apolégétique » remplacé par « apologétique » (à des fins polémiques et apologétiques) |
54 ― |
' 61, 14' remplacé par ' 61, 4' (Douleurs du Purgatoire ( 61, 4)) |
55 ― |
' 173, 9' remplacé par ' 174, 9' (achevé et consacré en apr. J.-C. 1322 ( 174, 9)) |
56 ― |
' 112, 27' remplacé par ' 112, 2' (controverses dans l’ordre franciscain ( 112, 2)) |
57 ― |
' 164, 13' remplacé par ' 165, 13' (la cour romaine jusqu’à J.-C. 1791 ( 165, 13)) |
58 ― |
'Mohammad' remplacé par 'Mohammed' (les Turcs, sous Mohammed II.,) |
59 ― |
Le « mahométisme » remplacé par le « mahométisme » (apostasie au mahométisme,) |
60 ― |
'subtilement' remplacé par 'subtilement' (discussion absconse sur des cas subtilement conçus) |
61 ― |
'Cevena' remplacé par 'Cesena' (son général, Michel de Cesena,) |
62 ― |
' 170, 10' remplacé par ' 171, 10' (un précurseur de Kant ( 171, 10)) |
63 ― |
« Reichersburg » remplacé par « Reichersberg » (et les deux divins de Reichersberg) |
64 ― |
'Kaisersburg' remplacé par 'Kaisersberg' (Geiler de Kaisersberg distingué) |
65 ― |
« iniquisitorial » remplacé par « inquisitorial » (l’objet d’une ingérence inquisitoire) |
66 ― |
« original » remplacé par « original » (tiré de documents originaux) |
67 ― |
« original » remplacé par « original » (qui contient les rapports originaux) |
68 ― |
'orginated' remplacé par 'originated' (Ce mouvement est né avec) |
69 ― |
« correspondance » remplacé par « correspondance » (que sa correspondance avec Tucher) |
70 ― |
« 1256 » est remplacé par « 1526 » (les Suisses en A.D. 1526) |
71 ― |
« 160, 8 » est remplacé par « 161, 8 » |
72 ― |
' 154, 5' remplacé par ' 153, 6' |
73 ― |
' 166, 5' remplacé par ' 165, 5' (Convulsion et révolution. — Suite, 165, 5.) |
74 ― |
' 158, 4' remplacé par ' 159, 4' (XVIe siècle.— Suite, 159, 4.) |
75 ― |
« 154A » remplacé par « 154,3 » (dynastie électorale de Brandebourg ( 154, 3).) |
76 ― |
Ajout d’un guillemet de fin. (et l’amour de Dieu. ») |
77 ― |
Ajout du mot omis 'le' (l’un des papes les plus nobles) |
78 ― |
' 132, 13' remplacé par ' 139, 13' (Charles, cardinal de Lorraine ( 139, 13)) |
79 ― |
« 164, 10, 13 » remplacé par « 165, 10, 13 » (le malheur de Pie VI. ( 165, 10, 13)) |
80 ― |
' 155, 7' remplacé par ' 156, 7' |
81 ― |
' 155, 13' remplacé par ' 156, 13' (accomplissant leurs propres fins ( 156, 13)) |
82 ― |
« 164, 9 » est remplacé par « 165, 9 » |
83 ― |
« 155, 12 » est remplacé par « 156, 12 » (poursuites contre les missions étrangères ( 150 ; 156 et 12)) |
84 ― |
' 155, 13' remplacé par ' 156, 13' (et l’activité commerciale ( 156, 13)) |
85 ― |
' 186, 20' remplacé par ' 186, 2' (amulettes et talismans ( 186, 2)) |
86 ― |
' 155, 6' remplacé par ' 156, 6' (le cœur de Jésus ( 156, 6)) |
87 ― |
' 155, 5' remplacé par ' 156, 5' (l’autre d’hérésie. — Suite, 156, 5.) |
88 ― |
« 155, 11, 12 » remplacé par « 156, 11, 12 » (partie du terrain.442― Suite, 156, 11, 12.) |
89 ― |
' 186, 16' remplacé par ' 156, 11' (et là crucifié ( 156, 11)) |
90 ― |
« Référence superflue - destination incertaine. (en apr. J.-C. 1590 ( 144, 4)) |
91 ― |
' 142, 9' remplacé par ' 141, 9' (christologie omniprésente ( 141, 9)) ' 142, 10' remplacé par ' 141, 10' (Corpus doctrinæ Philippicum ( 141, 10)) |
92 ― |
' 158, 5' remplacé par ' 159, 5' (traité de Hutter ( 159, 5)) |
93 ― |
' 131, 6' remplacé par ' 139, 6' (de l’Église d’État ( 139, 6)) |
94 ― |
« 164, 7 » est remplacé par « 165, 7 » |
95 ― |
' 166, 6' remplacé par ' 167, 6' |
96 ― |
Ajout d’une légende de sous-section au texte. ( 164.2. John Locke, mort) |
97 ― |
' 155, 12' remplacé par ' 156, 12' (aversion pour les Jésuites ( 156, 12)) |
98 ― |
' 188, 20' remplacé par ' 186, 2' (Chapelets et scapulaires ( 186, 2)) |
99 ― |
' 166, 6' remplacé par ' 167, 6' (curé de Berthelsdorf ( 167, 6)) |
100 ― |
' 162, 9' remplacé par ' 163, 9' (Sociétés de Philadelphie ( 163, 9)) |
101 ― |
« J. E. Eichhorn » remplacé par « J. G. Eichhorn » (J. G. Eichhorn de Göttingen) |
102 ― |
' 170, 10' remplacé par ' 171, 10' (La philosophie allemande ( 171, 10)) |
103 ― |
' 206, 6' remplacé par ' 203, 6' (autorisé par l’État ( 203, 6)) |
104 ― |
' 111, 14' remplacé par ' 110, 14' (concordat de François Ier. ( 110, 14)) |
105 ― |
' 63, 3' remplacé par ' 63, 2' ((Trullanum II.), 63, 2.) |
106 ― |
' 100, 3' remplacé par ' 100, 2' (Verceil meurt, 100, 2.) |
107 ― |
' 100, 3' remplacé par ' 100, 2' (Vérone meurt, 100, 2.) |
108 ― |
' 6, 15' remplacé par ' 96, 15' (Bataille de Legnano, 96, 15.) |
109 ― |
' 101, 11' remplacé par ' 104, 13' (Cologne posée, 104, 13.) |
110 ― |
' 93, 17' remplacé par ' 93, 16' (Mort de Lullus, 93, 16 ; Jean 103 :5. |
111 ― |
' 116, 6' remplacé par ' 115, 10' (Dante meurt, 115, 10.) |
112 ― |
' 121, 1' remplacé par ' 124, 1' (Loci de Melanchthon, 124, 1.) |
113 ― |
' 193, 19' remplacé par ' 139, 19' (La Lettre Royale, 139, 19.) |
114 ― |
' 155, 4' remplacé par ' 154, 4' (Conférence de Leipzig, 154, 4.) |
115 ― |
' 190, 10' remplacé par ' 191, 10' (Boursiers de Munich, 191, 10.) |
116 ― |
« 187, 19 » est remplacé par « 184, 9 » |
117 ― |
' 155, 12' remplacé par ' 156, 12' (Controverse sur l’hébergement, 156, 12.) |
118 ― |
' 155, 14' remplacé par ' 156, 14' (Acosta, Uriel, 156, 14.) |
119 ― |
« 92, 12 » est remplacé par « 93, 12 » |
120 ― |
' 208, 10' remplacé par ' 211, 10' (Alpers, 211, 10.) |
121 ― |
' 164, 15' remplacé par ' 165, 12' (Amort, 165,�12.) |
122 ― |
Les « apocrisaires » remplacés par les « apocrisiens » (Apocrisiens, 46, 1.) |
123 ― |
' 23, 4' remplacé par ' 23, 2' (Asinarii, 23, 2.) |
124 ― |
' 53, 6' remplacé par ' 53, 5' |
125 ― |
« 58, 1, 5 » remplacé par « 58, 1, 4 » |
126 ― |
' 102, 10' remplacé par ' 102, 9' (Bernard Sylvestre, 102, 9.) |
127 ― |
' 186, 9' remplacé par ' 188, 1' (Bonald, 188, 1.) |
128 ― |
' 164, 5' remplacé par ' 165, 5' (Calas, 165, 5.) |
129 ― |
« 158, 2, 8 » remplacé par « 159, 2, 4 » (Calixt, Geo., 153, 7 ; Jean 159, 2, 4. |
130 ― |
« 79, 5 » est remplacé par « 79, 1 » |
131 ― |
« 92, 3 » est remplacé par « 92, 2 » |
132 ― |
' 28, 7' remplacé par ' 22, 7' (Constantin le Grand, 22, 7;) |
133 ― |
« 72, 5 » est remplacé par « 73, 5 » |
134 ― |
' 45, 5' remplacé par ' 45, 3' (Défenseurs, 45, 3.) |
135 ― |
' 139, 36' remplacé par ' 139, 26' (Démétrius Mysos, 139, 26.) |
136 ― |
' 193, 11' remplacé par ' 193, 1' (De salute animarum, 193, 1.) |
137 ― |
'�173,�3; 180, 4' remplacé par ' 174 8' (Dinter, 174, 8.) |
138 ― |
' 31, 6, 14' remplacé par ' 31, 6 ; 32,�8;' |
139 ― |
' 190, 5' remplacé par ' 190, 1' (Döllinger, 190, 1;) |
140 ― |
« 155, 11 » est remplacé par « 156, 11 » |
141 ― |
' 150, 14' remplacé par ' 149, 14' (Été, 149, 14.) |
142 ― |
' 150, 14' remplacé par ' 171, 8' (Euler, 171, 8.) |
143 ― |
' 170, 13' remplacé par ' 171, 10' (Fichte, J. G., 171, 10.) |
144 ― |
« 106, 5 » est remplacé par « 105, 4 » |
145 ― |
' 144, 11' remplacé par ' 104, 11' (Franco de Cologne, 104, 11.) |
146 ― |
' 176, 11' remplacé par ' 171, 11' (Gellert, 171, 11 ; Jean 172, 1. |
147 ― |
« 100, 3 » est remplacé par « 100, 2 » |
148 ― |
' 129, 21' remplacé par ' 139, 21' (Giles, Jean, p. 139, 21.) |
149 ― |
Nom introuvable : référence non valide. (Grabow, p. 210, p. 10.) |
150 ― |
Nom introuvable : référence non valide. (Gundioch, 75, 5.) |
151 ― |
' 31, 16' remplacé par ' 32, 4' (Hébreux, Évangile de la, 32, 4.) |
152 ― |
« 166, 5 » est remplacé par « 165, 5 » |
153 ― |
' 86, 5' remplacé par ' 85, 5' |
154 ― |
« 72, 6 » est remplacé par « 73, 6 » |
155 ― |
' 66, 9' remplacé par ' 66, 3' (Irène, 66, 3.) |
156 ― |
« 189, 7 » est remplacé par « 187, 7 » |
157 ― |
' 157, 15' remplacé par ' 157, 5' |
158 ― |
« 49, 6, 16. » remplacé par « 149, 6, 16 ». (Jean de la Croix, 149, 6, 16.) |
159 ― |
' 144, 5' remplacé par ' 143, 5' (Articles de Lambeth, 143, 5.) |
160 ― |
' 211, 74' remplacé par ' 211, 14' (Lee, Bishop, p. 211, 14.) |
161 ― |
' 155, 4' remplacé par ' 141, 14 ; 142,�6' (Leyser, 141, 14 ; Jean 142, 6. |
162 ― |
' 75, 5' remplacé par ' 78, 5' |
163 ― |
' 189, 8' remplacé par ' 187, 8' (Loyson, p. 187, p. 8.) |
164 ― |
' 187, 9' remplacé par ' 188, 1' (Maistre, 188,�1.) |
165 ― |
« 64, 5 » est remplacé par « 64, 3 » |
166 ― |
' 32, 9' remplacé par ' 32, 8' (Martyrs, Actes des, 32, 8.) |
167 ― |
'�189,�9; 190, 1' remplacé par ' 188, 1 ; 189,�1' |
168 ― |
' 190, 4' remplacé par ' 190, 3' (Mouls, 190, 3.) |
169 ― |
' 173, 4' remplacé par ' 174, 4' (Nägelsbach, 174, 4.) |
170 ― |
' 61, 6' remplacé par ' 61, 1' (Nectarius, 61, 1.) |
171 ― |
« 201, 13 » est remplacé par « 201, 3 » |
172 ― |
' 208, 6' remplacé par ' 211, 6' (Noyes, 211, 6.) |
173 ― |
' 199, 9' remplacé par ' 202, 9' (O’Connell, p. 202, p. 9.) |
174 ― |
' 45, 5' remplacé par ' 45, 3' (Oikonoi, 45, 3.) |
175 ― |
' 53, 6' remplacé par ' 53, 5' (Orange, Synode de, 53, 5.) |
176 ― |
' 155, 7' remplacé par ' 156, 7' (Oratoire, Pères des, 156, 7.) |
177 ― |
« 155, 1, 2, 5 » remplacé par « 156, 1, 2, 4 » (Paul V, 156, 1, 2, 4 ; 149 et 13.) |
178 ― |
' 173, 7' remplacé par ' 174, 7' « Pellico-Silvio » remplacé par « Pellico, Silvio » (Pellico, Silvio, 174, 7.) |
179 ― |
' 21, 1' remplacé par ' 81, 1' (Perfectus, 81,�1.) |
180 ― |
' 18, 4' remplacé par ' 17, 4' (Phœbé, 17, 4.) |
181 ― |
' 14, 2' remplacé par ' 13, 2' |
182 ― |
« 173, 6 » est remplacé par « 174, 6 » |
183 ― |
« 116, 6 » est remplacé par « 108, 6 » |
184 ― |
' 31, 18' remplacé par ' 32, 6' (Prochorus, 32, 6.) |
185 ― |
« 53, 8 » est remplacé par « 53, 5 » |
186 ― |
« Raimond de Toulouse, 109, 4. » remplacé par « Raymond IV, comte de Toulouse, 109, 1. » (Raymond IV, comte de Toulouse, 109, 1.) |
187 ― |
'194, 9'―Référence non valide. (Abus, 185, 4 ; 192, n° 4 ; 194,�9; 9ème de 197) |
188 ― |
'45, 6'―Référence non valide. (Revenus de l’Église, 45, 6 ; 86, n. 1.) |
189 ― |
' 129, 19' remplacé par ' 139, 19' |
190 ― |
« 219, 3, 4 » est remplacé par « 210, 3, 4 » |
191 ― |
« 63, 3 » est remplacé par « 63, 2 » |
192 ― |
' 23, 4' remplacé par ' 22, 4' (Severa, 22, 4 ; L’article 26.) |
193 ― |
' 18, 4' remplacé par ' 17, 4' (Stéphanas, 17, 4.) |
194 ― |
« 189, 7 » est remplacé par « 169, 2 » |
195 ― |
' 102, 10' remplacé par ' 102, 9' (Sylvestre, Berne, 102, 9.) |
196 ― |
' 32, 9' remplacé par ' 32, 8' (Sympherosa, 32, 8.) |
197 ― |
' 173, 9' remplacé par ' 174, 9' (Thorwaldsen, 174, 9). |
198 ― |
« 112, 14 » est remplacé par « 112, 4 » |
199 ― |
« 164, 1, 6. » remplacé par « 169, 2, 6 ». |
200 ― |
' 155, 4' remplacé par ' 154, 4' |
201 ― |
' 139, 40' remplacé par ' 139, 20' (Vienne, Paix de, 139, 20.) |
202 ― |
' 129, 5' remplacé par ' 199, 5' (Le Vin, 199, 5.) |
203 ― |
' 105, 5, 14, 15' remplacé par ' 165, 5, 14, 15' |
204 ― |
' 65, 4' remplacé par ' 65, 1' (Wechabites, 65, 1.) |
205 ― |
' 102, 10' remplacé par ' 102, 9' (Guillaume de Conches, 102, 9.) |
206 ― |
' 102, 2, 10' remplacé par ' 102, 2, 9' |
207 ― |
' 129, 12' remplacé par ' 139, 12' (Guillaume Ier d’Orange, 139, 12.) |
208 ― |
' 135, 13' remplacé par ' 135, 9' (Wittenberg, Esquisse de la réforme, 135, 9.) |
209 ― |
' 121, 1' remplacé par ' 124, 1' (Zwickau, Prophètes de, 124, 1.) |
210 ― |
'Assumtio' remplacé par 'Assumptio' (Hénoch, Assumptio, Esdras, Livre de Jub.) |
211 ― |
« Hadden » remplacé par « Haddan » (Haddan et Stubbs) |
212 ― |
'Stoddard' remplacé par 'Stoddart' (Traduit par Mlle Stoddart,) |