L'HABITATION DE CHRIST

EN NOUS

Par

Jean leDuc

1 Janvier 2025

Traduit et adapté du livre «Le Christ dans l'homme» par James Campbell 1897 avec beaucoup d'information supplémentaire.

 

 

Mise en page par Jean leDuc et Alexandre Cousinier.

 

 

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SAINT-ESPRIT OU SAINTE PRÉSENCE DE CHRIST

 

LE CHRIST INTERNE DE LA FOI RÉELLE

 

LA RÉVÉLATION INTÉRIEURE DU CHRIST INTERNE

 

LE MYSTÈRE DE LA SAINTE PRÉSENCE DÉVOILÉ

 

LE CHRIST EST FORMÉ À L'INTÉRIEUR

 

LA SUBSTITUTION VERS L'INTÉRIEUR

 

L'UNITÉ AVEC LE CHRIST INTÉRIEUR

 

LE CHRIST INTÉRIEUR EST UNE SOURCE DE FORCE

 

LE CHRIST INTÉRIEUR, RACINE DE LA JUSTICE

 

LE CHRIST EN SOI, LE CIEL EN SOI

 

COMMENT ENTRER DANS LA CONSCIENCE DU CHRIST INTÉRIEUR

 

LA SAINTE PRÉSENCE RÉELLE DE L'ESPRIT DES VIVANTS

 

LA SAINTE PRÉSENCE PERMANENTE

 

L'IDENTIFICATION DU CHRIST COMME SAINT-ESPRIT

 

LE CHRIST DANS CHAQUE ÉLU ET LA COMMUNION FRATERNELLE

 

LE CHRIST INCARNÉ DANS LA VIE DES CHRÉTIENS

 

 

 

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SAINT-ESPRIT OU SAINTE PRÉSENCE DE CHRIST

De nos  jours beaucoup de chrétiens s’intéressent au Saint-Esprit et ne connaissent absolument rien de la Sainte Présence de Christ. Pourtant rien n'est plus important pour le chrétien authentique, élu en Christ depuis avant la fondation du monde, que la Sainte Présence de Christ qui habite en lui, car elle est sa vie et son salut, la lumière dans sa conscience, le respire de son existence, et la puissance de sa résistance contre la concurrence. Pour lui Christ est son Souverain Prince et Sauveur, son Roi majestueux, mais aussi son Frère et son Ami le plus intime, son Confident fidèle et tout-puissant. Il ne pourrait ni ne saurait rien faire sans Lui.

 

Évidemment il existe beaucoup de confusion qui circule à propos de ce sujet. Le problème majeure est que le Saint-Esprit proclamé par le christianisme traditionnel et le mouvement dit évangélique est un faux Saint-Esprit, troisième personne d'une trinité chimérique néo-platonicienne et babylonienne. De même le Jésus et le Père de cette même trinité des théoriciens de Nicée sont des faux. Ce faux dieu à trois faces des réprouvés a séduit les nations de la terre depuis de nombreuses générations, qui sombrèrent toutes dans l'idolâtrie de ce monstre infernal.

 

Or contrairement à l'hérésie de la dite orthodoxie avec ses crédos œcuméniques pleins de subtilités diaboliques, la Bible enseigne clairement que JÉSUS est Lui-même le Père, c'est à dire la Source de toutes existences; l'Engendrement unique de cette Source; et la Sainte Présence de cette même Source créatrice et éternelle. La notion de Sainte Présence vient de l'anglais Holy-Ghost (Bible King-James) pour Saint-Esprit qui est Jésus Lui-même dans son ministère d'exaltation, lorsqu'il revint officiellement le jour de la Pentecôte pour habiter le cœur de ses élus pour tous les temps. Oui, le Saint-Esprit est bien réel, il n'est pas une notion nébuleuse ou mystique, il est JÉSUS Lui-même comme Réflexion Vivifiante qui réside en nos raisonnements et nos pensées, pour nous instruire et nous former en ses voies, en vue de notre transformation en son image lors de son émergence pour notre glorification. Comme le vent qui souffle dans les feuilles d'un arbre, son action est réelle et tangible. On ne peut pas le voir, car il est Esprit et donc invisible aux yeux des mortels, et son agissement en nous est secret et mystérieux. Mais nous devrions trouver des traces visibles et concrètes de son action dans les changements qui se produisent en nos vies de tous les jours, comme de posséder l'assurance inébranlable de la grâce du salut, et d'avoir la paix qui surpasse toute intelligence. Il est notre seul Pasteur et divin Berger de nos âmes, et ses brebis véritables entendent sa voix qui les appelle à renaitre en Lui et par Lui seul qui en détient la puissance, et selon le bon plaisir de sa volonté. Cette renaissance est celle d'une différente origine déterminée par la puissance de l'Esprit des vivants depuis avant la fondation du monde, et manifestée dans son décret d'Élection envers ceux qui ont été choisi pour hériter la vie éternelle (Ac. 13:48).

 

Notre Dieu, l'Esprit des vivants (Elohim) et Souverain Suprême (YaHWeH), à savoir le Seigneur JÉSUS, a fait de chacun de nous qui sommes des vases de terre misérables, le Temple de son Saint-Esprit, c'est à dire de sa Sainte Présence, le Sanctuaire Sacré de sa Majesté Suprême. Le Roi de l'univers, Maitre absolu sur sa création, est venu habiter en nous comme dans l'humilité d'une colombe, pour que nous puissions nous envoler avec Lui dans sa gloire éternelle, pleine de merveilles et de réjouissances sans fin. Nous sommes à Lui et il est à nous sans réserve, pour que nous soyons à sa ressemblance dans tous les aspects de son existence.

 

LE CHRIST INTERNE DE LA FOI RÉELLE


L'Habitation de Christ est une doctrine révolutionnaire et essentielle à la grâce du salut. En d'autres mots, elle est une doctrine de révélation accordée aux élus seuls, et elle est incompréhensible à ceux qui n'ont pas la Réflexion Vivifiante en eux pour les instruire dans les voies de la justice.
 

JÉSUS qui a vécu en Palestine il y a plus de 2000 ans vit encore dans le monde d'aujourd'hui. Il a un accès direct et constant à l'esprit de l'homme, touchant les âmes frappées par le péché avec son pouvoir de guérison; vivifiant les âmes mortes par l'inspiration de son Esprit vivifiant; combattant, vainquant, expulsant la mort lente qui s'est emparée du corps de ses élus, s'étant dépouillé de tout en leur faveur. Dans toutes ses activités au sein de l'âme, son renoncement qui cherche et qui sauve est manifeste dans son sacrifice de Lui-même sur la croix du calvaire, s'exprime intérieurement dans son effort inlassable pour faire de son salut ineffable une réalité dans l'expérience humaine de ceux qu'il a choisi dans son décret d'élection. Les quatre évangélistes ont relaté sa vie extérieure; seuls ceux qui sont donnés de le connaitre, non pas selon la chair mais selon l'Esprit de sa Réflexion Vivifiante, peuvent relater son activité incessante dans la sphère interne de la nature spirituelle de l'homme dans son raisonnement de la vérité.
 

Des deux hémisphères de vérité qui constituent l'ensemble de l'Évangile - l'œuvre du Christ pour nous et l'œuvre du Christ en nous - le second souffre souvent d'une éclipse presque totale. Beaucoup pensent presque exclusivement à ce que le Christ a fait pour eux historiquement; et négligent ou ignorent ce qu'il fait en eux, se privant factuellement de la grâce du salut; ils considèrent la rédemption du côté divin comme une œuvre achevée, et ne la considèrent pas du côté humain comme une œuvre graduelle continue; ils sont tellement accaparés par l'idée du Christ mourant sur la croix pour leurs offenses qu'ils oublient presque qu'il vit dans leurs cœurs, si son Esprit habite vraiment en eux: « Mais pour vous, vous n'êtes point par la chair, mais par la Réflexion Vivifiante, s'il est vrai que la Sainte Présence de L’ESPRIT DES VIVANTS habite en vous. Or, si une personne n'a point la Réflexion Vivifiante de Christ, celle-là n'est point à Lui ». (Rom. 8:9), pour les guider, les inspirer, les bénir et les sauver. Ce qui nous indique davantage que le salut est le choix de Christ seul, et non de l'homme qui désire s'en emparer par une décision de choisir de croire, car sa volonté est esclave de la chair et du péché.
 

Avant que l'expérience chrétienne réelle puisse être complétée, les côtés divin et humain de l'œuvre du Christ doivent être embrassés dans une Alliance indissociable; l'œuvre du Christ dans son intégralité doit être amenée dans la réalisation de la sphère interne de la conscience personnelle, puisque la conscience est l'aspect réceptif ou femelle de la nature humaine qui reçoit la vie en elle. Le Christ externe de l'histoire doit devenir le Christ de l'expérience interne; le Christ mort du Calvaire doit devenir le Christ vivant du moment présent; le Christ embaumé dans un livre doit habiter et régner dans le cœur. Ce n'est pas le Christ sur la croix, ni le Christ dans la Bible, ni le Christ au ciel qui sauve, mais le Christ profondément caché au plus profond de l'esprit ou raisonnement qui est imprégné de la Réflexion Vivifiante et qui est le Maitre de la conscience, le Christ constamment présent à chaque instant et à chaque moment dans la vie d'un élu véritable, le Christ inspirant chaque pensée, chaque parole, chaque perception, chaque réalisation et chaque acte ou agissement d'une foi active. Le Christ dans l'âme, et non le Christ enterré dans un tombeau, enchâssé dans un temple ou assis sur un trône, est la vraie Vie chrétienne. Sans l'habitation de Christ il n'y a pas de vie ni de salut possible.
 

La doctrine de l'habitation du Christ dans le cœur est révolutionnaire. Lorsqu'elle est acceptée comme un article de foi et réalisée comme une question d'expérience, il se produit un soulèvement des forces prosternées de l'âme; les organes de la chair se rendent un à un au Roi couronné d'épines, qui tient dans sa main le sceptre du renoncement tout-puissant; toutes les forces insurrectionnelles sont écrasées; l'empire moral du Souverain Suprême sur l'homme est pleinement et fermement établi et accompli par la Sainte Présence de Christ qui nous habite dans son aspect de Substitution; et à l'intérieur de toutes les frontières de la belle terre que le Christ a conquise, il y a l'ordre et la paix pour les élus dans leur cœur.
 

Puisque le Christ est à l'intérieur de nous, c'est là que nous sommes attiré de façon irrésistible à le chercher, c'est là que nous le trouverons assis comme Roi sur le trône de notre cœur. Hélas, sa Sainte Présence, même si elle est parfois niée par les réprouvés évangéliques, est si souvent ignorée par d'autres, surtout par ceux dont la foi est purement superficielle et émotionnelle. De nombreux chrétiens semblent à peine conscients qu'un Hôte Royal a élu domicile dans leur cœur. La conscience qu'ils ont de sa présence est, au mieux, irrégulière et faible, et même manquante. Leur assurance du salut est couverte de nuages obscurs parce qu'il leur manque l'élément important de la pleine assurance ou de la foi en la Sainte Présence divine du Christ interne qui habite seulement le cœur de ses élus pour leur en donner la révélation. Ils ressemblent à un château assiégé dont l'approvisionnement régulier en eau a été coupé. Les soldats souffrent et meurent de soif, sans savoir que dans les profondeurs de la forteresse, creusée dans le roc solide de la grâce, se trouve une Source cachée dont les eaux ne tarissent pas. Quel frisson de joie la découverte de ce puits apporterait au reste de cette garnison désemparée ! La connaissance de cette Source secrète de la nature divine de Christ nommée aussi le Père et Créateur, serait pour eux la vie d'entre les morts, et son eau serait en vérité l'eau de la vie éternelle. Un changement analogue s'opérerait sur bien des cœurs abattus si l'on découvrait que les provisions spirituelles ne sont pas à chercher au loin, que des ressources infinies ont été mises à leur portée, qu'au fond du sanctuaire vivant de l'âme des élus se trouve une Source intarissable qui rend parfaitement indépendant des circonstances extérieures et de l'environnement celui qui s'en prévaut. La crainte obsédante d'une soif future ne peut jamais venir à celui qui sait que l'eau que le Christ lui a donnée est devenue en lui une Source d'eau qui jaillit pour la vie éternelle, Source d'une Réflexion Vivifiante qui transforme les élus à l'image de Christ.
 

La question de l'emprise du Christ sur la vie interne est extrêmement plus importante que les questions relatives à la bonne orientation des activités religieuses, car ces dernières ne sont que des contrefaçons conçues pour séduire et égarer les gens de la vérité. En fait le christianisme authentique n'est pas une religion, mais une relation personnelle avec le Christ interne. La religion est de l'idolâtrie, mais la relation est de l'adoration. Plus importante que les questions de méthode est la question de l'Esprit de Christ; plus importante que les questions de formalisme est la question de la vie éternelle. Si le Christ est suprême à l'intérieur, s'il a sa propre voie dans le domaine de l'âme, toutes les questions relatives à la forme idolâtre particulière que devrait prendre les prétendus services religieux, sont secondaires. Nous savons d'ailleurs que le formalisme est l'ennemi le plus dangereux du christianisme authentique. Pour celui qui, dans son ignorance ou sa rébellion, lui est entièrement dévoué, il est tout à fait assuré, que le service soit actif ou passif, qu'il consiste à faire ou à subir la volonté divine; il est tout à fait certain que la position assignée soit de se tenir dans la main divine ou d'être conduit par la main divine; de rester debout et d'attendre ou de courir et de travailler. Une chose est sûre, la vie que le Christ possède et dirige ne peut pas manquer sa cible, l'élu est certain d'arriver à sa destinée qui fut déterminé d'avance en Christ depuis avant la fondation du monde.
 

Dans la claire conscience du Christ interne comme principe secret de la vie spirituelle, nous devons tous faire l'expérience de la réalité et de la plénitude de son pouvoir qu'est la grâce du salut. Aucun Christ lointain ne peut essuyer nos larmes, porter nos lourds fardeaux, écraser les têtes de la couvée du serpent qui se niche dans notre vigueur, purifier nos cœurs du péché et nous donner une force suffisante pour le labeur et le sacrifice quotidiens. Jusqu'à ce que la présence personnelle du Christ devienne le fait le plus profond de la conscience, aucun test réel n'a été fait de son pouvoir de réconforter, de vivifier et de sauver.
 

Le salut actuel ne peut venir que d'un Christ présent. La plénitude de son énergie rédemptrice est immédiatement disponible pour ceux qu'il habite consciemment. Ils n'ont pas besoin de monter au ciel pour faire descendre leur Sauveur, ni de descendre dans l'abîme pour le faire remonter. Leur rédemption s'opère de l'intérieur, elle n'est pas superposée de l'extérieur. C'est de l'intérieur que leurs réserves spirituelles sont constamment réapprovisionnées; c'est de l'intérieur que coule à jamais la fontaine curative et purificatrice de la vie divine; c'est de l'intérieur que se construit une sainte virilité, comme la fleur se construit à partir de la graine, ou comme le corps se construit à partir de l'âme; c'est de l'intérieur que la gloire de la vie céleste brille d'un éclat toujours croissant, luttant contre les couvertures les plus grossières de la vie terrestre, comme le soleil lutte contre les nuages les plus sombres.
 


LA RÉVÉLATION INTÉRIEURE DU CHRIST INTERNE

 " O ! Jésus ! Roi merveilleux,
Conquérant renommé,
Douceur ineffable,
En qui se trouvent toutes les joies !
Quand une fois Tu visites le cœur,
C'est alors que la vérité commence à briller,
Alors les vanités terrestres disparaissent,
Alors s'allume l'amour divin".
- E. Caswall. (Trans.)
 

L'essentiel de l'expérience relationnelle avec la Source de l'existence, est la révélation intérieure du Christ. Plus importante que la révélation historique du Christ à l'homme est la révélation factuelle du Christ dans l'homme, c'est à dire en ses élus; plus importante que la révélation du Christ dans la Parole est la révélation du Christ dans le cœur. En effet, ce n'est que lorsque la révélation extérieure de la Parole est devenue une expérience subjective, que le Christ de l'Écriture a été connu intérieurement et personnellement, que l'œil intérieur a contemplé sa beauté et que l'oreille intérieure a entendu sa voix, que la lumière et la gloire de son Esprit ou Réflexion Vivifiante ont rempli le temple de l'âme, que la relation avec Christ est autre chose qu'une forme vide. À quoi sert-il de voir la manifestation de la présence divine dans le monde, si nous ne jouissons pas de la manifestation de la présence divine dans nos cœurs ? A quoi sert-il de professer notre foi dans le Christ des Écritures, si nous ne reconnaissons pas notre dépendance à son égard en tant que racine originelle de notre être, et si nous ne jouissons pas d'un développement continu et progressif grâce à notre union personnelle avec lui ? Aucune vision extérieure du Christ, aucune connaissance de seconde main à son sujet ne servira à rien si la révélation de sa Sainte Présence et de sa puissance n'a pas eu lieu en nous-mêmes.
 

Parlant de la grande crise spirituelle de sa vie, qui a eu lieu sur le chemin de Damas, Paul insiste particulièrement sur le fait que la gloire essentielle de son Seigneur ressuscité, qui éclatait devant sa vue, éclatait aussi dans son cœur pour lui donner la révélation de son nom JE SUIS, et de son habitation en lui comme Roi et Sauveur. Les mots suivants donnent un aperçu de cette expérience profonde:

15 «Mais quand il plut à L’ESPRIT DES VIVANTS, qui m'avait différencié dès le sein de ma mère, et qui m'a appelé par sa grâce,

16 De se révéler comme Fils en moi, afin que je l'annonce parmi les Gentils; aussitôt, je ne consultai ni la chair ni le sang» (Gal. 1 : 15, 16.)

 

Plus que la vision extérieure d'une clarté aveuglante, c'était la révélation du Fils, Dieu même en lui qui l'intéressait. C'est lorsque le Christ, révélé extérieurement à la vue, fut révélé intérieurement à la foi que son cœur fut conquis ; et se prosternant à ses pieds, il demanda: "Seigneur, que veux-tu que je fasse ?
 

Cette révélation intérieure du Christ est donnée, non pas médiatement, mais immédiatement. Il ne s'agit pas d'une déduction, mais d'une connaissance et d'une conscience immédiates. La foi réelle est une vision spirituelle, une perception spirituelle dans la conscience. Elle apporte à l'âme "l'évidence des choses qu'on ne voit pas". Elle "voit celui qui est invisible". Ceux qui la possèdent peuvent dire du Christ: " Nous l'admirons, lui que nous n'avons pas vu et qui, bien que nous ne le voyions pas pleinement encore, nous réjouit d'une joie indicible et pleine de gloire. "Pour ceux qui marchent par la perception des sens, pour ceux qui ne croient en rien de ce qui se trouve au-delà de la sphère des sens, pour ceux qui testent toutes les preuves par la méthode scientifique qui ne prend connaissance de rien en dehors du monde des phénomènes, cette révélation intérieure du Christ est aussi complètement cachée que les beautés d'un paysage ou d'un tableau sont cachées à un aveugle. "Seigneur, ouvre mes yeux pour que je voie" est une prière appropriée pour tous ceux qui ont cherché en vain cette vision béatifique réservée aux élus seuls. Paul attribue à l'action directe de l'Esprit des vivants l'irruption soudaine de la lumière qui lui a permis de connaître son Seigneur. C'est l'Esprit des vivants qui s'est révélé comme Fils en lui. "Il faut une onction du Saint pour purifier les yeux des mortels de toute pellicule terrestre afin qu'ils puissent voir le Christ spirituel. Lorsque Simon Pierre reçut cette révélation intérieure de son Seigneur, il lui fut dit : "Tu es heureux, Simon Bar-Jonah, car ce n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux."
 

Cette révélation intérieure du Christ est, comme toutes les expériences profondes de la vie, réservée à chaque élu individuellement. C'est quelque chose qui se réalise dans l'expérience individuelle, quelque chose dont aucun étranger ne doit se mêler. Celui qui la reçoit ne "s'entretient pas avec la chair et le sang"; il ne prend pas conseil avec son propre cœur; il ne se laisse pas gouverner par les opinions d'autrui. C'est avec son Seigneur vivant qu'il s'entretient en privé. Il se rend seul dans la tente de son général pour recevoir ses ordres directement de sa main. S'élevant au-dessus des influences et des intérêts du monde, il ne reconnaît d'autre règle de vie que la volonté de son Seigneur. Dans la gloire de la vision qu'il contemple, toutes les considérations terrestres s'effacent, comme les étoiles s'effacent du ciel devant l'éclat du soleil levant.
 

Cette révélation intérieure du Christ constitue un idéal qui fait autorité. Si la révélation historique du Christ est "une conscience objective", la révélation intérieure du Christ est une conscience subjective. Elle est une loi impérative de justice, un pouvoir souverain sur la vie. Elle établit le Christ comme Seigneur de la conscience au siège de l'autorité, le place sur le trône de sa gloire - car quel trône plus glorieux le Roi des rois peut-il occuper qu'un cœur dévoué et loyal ? Ceux qui voient dans le Nazaréen crucifié le Seigneur de gloire se prosternent devant lui; voyant en lui la grâce de l'Esprit des vivants, ils s'y résignent; voyant en lui l'autorité du Souverain Suprême, ils lui obéissent; voyant en lui l'image de leur Souverain Prince. Il devient désormais le modèle de leur imitation quotidienne qu'ils contemplent dans le miroir des Saintes-Écritures.
 

Appeler la conscience " le Christ essentiel ", comme l'a fait Joseph Cook, c'est confondre des choses qui diffèrent. La conscience n'est pas le Christ. Elle est la bouche de l'âme par laquelle le Christ parle. C'est sa voix secrète, inspirée, qui témoigne pour l'Esprit des vivants dans l'homme. Elle n'est pas la révélation intérieure du Christ. Elle est plutôt le miroir sur lequel se reflète la révélation intérieure et personnelle du Christ.
 

Tous les hommes ont une conscience, plus ou moins faible ou distincte, d'un caractère idéal, d'un caractère qui incarne la plus haute excellence morale qu'ils puissent concevoir. Néanmoins elle est souillée par l'esprit ou raisonnement la nature humaine déchue et corrompue qui est esclave de la chair et du péché. Miss Frances Power Cobbe, dans ses intéressantes "Reminiscences", cite une remarque de John Stuart Mill, selon laquelle "même les hommes les plus sceptiques ont un autel intérieur à la Perfection invisible, en attendant que la vraie leur soit révélée". Cette "Perfection invisible" serait comme une lumière diffuse de Christ sur un temple abandonné lors de la rébellion en Éden. C'est toujours par lui qui est le Maitre absolu sur toutes choses, que leur conduite doit être éprouvée; c'est à lui que leur vie doit se conformer et être jugée. L'incarnation historique de ce caractère idéal qui flotte devant l'esprit des hommes comme une lumière directrice, se trouve dans la vie de Jésus-Christ comme celle d'un phare dans la nuit. En lui, l'idéal éthique est pleinement exprimé. Ainsi, pour connaître parfaitement le Christ idéal, nous devons connaître le Christ historique; pour connaître le Christ dans l'homme, nous devons connaître le Christ dans la Bible qui respire de sa Sainte Présence. L'influence d'un idéal est plus puissante lorsqu'il est incarné dans une vie que lorsqu'il existe à l'état abstrait. La justice actualisée et la dévotion incarnée ont un pouvoir obligatoire que la justice idéale et la dévotion idéale ne possèdent pas. Nous parlons de la puissance du christianisme, alors qu'il s'agit en réalité de la puissance du Christ. Le christianisme est une abstraction, le Christ une réalité potentielle. Et le pouvoir du Christ sur un homme sera toujours proportionnel à la mesure dans laquelle il est connu. Ceux qui acquièrent la vision la plus claire de sa gloire seront les plus prompts à reconnaître l'autorité dont il est investi et à s'y soumettre. Aucune prétendue église, ce qu'elles sont toutes sans exception, ou religion organisée avec ses dogmes comme celui du Cerbère Nicéen et ses Crédos contrefaits faisant autorité, ne sera autorisé à s'interposer entre eux et son autorité suprême. Ils ne reconnaîtront aucun droit de couronne, sauf ceux qui appartiennent à Celui qui, en raison de la royauté de son caractère, est devenu le Roi de leur vie pour toujours, puisqu'il est Lui-même l'Esprit des vivants et Souverain Suprême, Celui qui est JE SUIS et par lequel nous sommes.
 

Cette révélation intérieure du Christ apporte avec elle une sainte impulsion à la consécration complète. Elle fournit non seulement un modèle intérieur, mais aussi un motif intérieur ; non seulement une autorité intérieure, mais aussi une contrainte intérieure. La vérité révélée dans une personne est dynamique. L'illumination qui touche le secret d'une grande vie est une source d'inspiration. La vision de la grandeur spirituelle enflamme toujours le cœur. C'est pourquoi ceux qui ont vraiment vu le Seigneur font l'expérience de sa puissance. Il s'empare d'eux, les contrôle, les contraint. Leur cœur est rempli d'une passion dévorante pour accomplir sa volonté en toutes choses. Dans une vie de dévouement joyeux à ses intérêts, rien ne peut les retenir. C'est avec courage qu'ils s'avancent dans les ténèbres du monde pour raconter les merveilles du Christ, que l'Esprit des vivants leur a révélées par sa Réflexion Vivifiante. Ils n'ont pas seulement un message à proclamer, mais un témoignage à rendre. Ils ont vu le Roi dans sa beauté car il habite en eux; ses gloires ont été intérieurement dévoilées devant leurs yeux émerveillés, et ils sont poussés à parler de cette vision envoûtante, poussés à proclamer la louange de Celui qui, en se révélant en eux, a révolutionné et racheté leur vie par son renoncement qui fait battre le cœur d'anticipation.
 


LE MYSTÈRE DE LA SAINTE PRÉSENCE DÉVOILÉ

Le Christ idéal n'est pas une idée subjective de notre propre esprit, ni une vérité ou un précepte appréhendé intellectuellement. Au contraire, si nous devons parler du Christ idéal, c'est l'Esprit vivant du Christ qui imprègne ses élus des offres et des influences de la grâce rédemptrice apportée dans le monde par Lui, et qui le révèle à notre conscience.
 

Il n'y a pas de différence essentielle entre la relation que le Christ a entretenue avec les hommes dans les âges passés et la relation qu'il entretient avec eux dans l'âge actuel de l'Évangile. À travers tous les âges, un seul et même dessein éternel de grâce les lie dans un développement historique continu, et les amène finalement à leur consommation dans l'incarnation du Christ, qui par analogie se rapporte à notre nouvelle naissance dès l'origine depuis avant la fondation du monde. Le lien du Christ avec les âmes humaines de ses élus n'est pas affecté par le temps et le lieu. La sphère de son activité rédemptrice n'est pas une question de latitude et de longitude. En fait le temps n'existe pas dans l'éternité ou tout est d'un présent constant, et Christ est l'Éternel manifesté dans la dimension du temps dans un corps de chair qu'il s'est formé dans le sein d'une vierge. Descendant biologiquement du roi David selon la postérité de Marie, sa mère, il était venu pour racheter ses élus seuls de la malédiction de la loi pour leurs transgressions de ses principes qui les retenait dans la mort, et paya pleinement la rançon comme leur Substitut pour les en délivrer.
 

Il vient à tout homme, se tient devant tout homme, tend une main secourable à tout homme, mais seulement les élus viennent à Lui (Jean 10:2-5). Depuis les premiers temps jusqu'à aujourd'hui, Il n'a jamais manqué d'apporter à toute âme pécheresse des influences suffisantes pour le salut. Il est "la vraie lumière qui éclaire tout homme venant dans le monde"; l'unique fontaine centrale dont les eaux, ouvertement ou secrètement, nourrissent la vie de tout cœur saint.
 

Paul affirme que son ministère apostolique avait pour but de révéler aux hommes le glorieux mystère de l'habitation divine en les élus seuls, de montrer que l'unité et l'universalité de l'influence du salut proviennent depuis le début du Christ immanent et intrinsèque. Il dit:

 « 25 j'ai été fait ministre, selon la charge que L’ESPRIT DES VIVANTS m'a donnée auprès de vous, pour accomplir la Réflexion Vivifiante de L’ESPRIT DES VIVANTS,

26 Le mystère qui était caché dans tous les siècles et dans tous les âges, mais qui est maintenant manifesté à ses saints élus;

27 À qui L’ESPRIT DES VIVANTS a voulu faire connaître quelle est la richesse de la gloire de ce mystère parmi les Gentils; lequel est Christ en vous, l'anticipation de la gloire». (Col. 1: 25-27.) Or le mot anticipation signifie un avant-gout, nous indiquant que par son habitation en nous Christ nous donne les premiers aspects de sa gloire à venir. En d'autres termes, le but de sa prédication était de déclarer aux païens que la Présence invisible, dont ils avaient ressenti l'envoûtement, était la Présence du Christ. Le grand mystère de la relation, l'habitation de l'Esprit des vivants dans les élus d'entre les hommes, mystère que l'incarnation avait pour but de révéler, est maintenant dévoilé dans les saints de l'Esprit des vivants, afin que, par eux, il soit connu du monde. Pour leur illumination et leur enrichissement spirituels, "ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans la région de l'ombre de la mort" ont besoin de connaître le Christ qui est l'Esprit des vivants, leur Ami et leur Sauveur, le Mystère devant lequel ils ont souvent reculé de terreur, dont ils ont souvent vainement imploré l'aide, dont ils ont cherché la faveur avec angoisse, et dont ils ont parfois faiblement fait confiance au dévouement de ses soins. Quelle joie que la connaissance de ce mystère ! Quelle joie de savoir que la Vie éternelle, la puissance universelle dans laquelle toutes les vies sont enracinées, est le Rédempteur de l'âme des élus ! Quelle joie de savoir que l'Esprit des vivants immanent, qui, dans sa nature auto-existante, est toujours présent, est le Christ de l'histoire du christianisme authentique d'une relation interne !
 

Par son incarnation, "le Christ du mystère est devenu le Christ de la manifestation". "La Vie a été manifestée", dit l'apôtre Jean; mais avant sa manifestation, elle existait en tant que Père, le Créateur et Source  de toutes existences, le Raisonnement Suprême ou Réflexion Vivifiante". La venue du Christ dans la chair implique sa préexistence comme Père et Roi de l'univers. Il était dans le monde avant le moment où il s'est "manifesté". Les hommes ont senti sa présence avant de voir sa révélation. À sa venue, l'ésotérique est devenu exotérique ; le mystère des mystères a été éclairci; les cieux ont été fendus; la source du péché et de l'impureté cachée dans le cœur de l'humanité, a été "ouverte dans la maison de David"; la manifestation divine que le monde attendait avec impatience depuis la promesse en Éden a enfin été donnée. L'incarnation n'indiquait pas un changement dans la nature divine, elle était simplement une manifestation de ce qui existait déjà. Le grand mystère de la divinité, l'union éternelle de l'Esprit des vivants avec l'humanité, a été révélé historiquement en Celui "qui a été manifesté dans la chair, justifié dans l'Esprit, vu des anges, prêché parmi les nations, cru dans le monde, reçu dans la gloire" (I Tim. 3 : 16.).
 

L'initiation au mystère de la demeure divine est réservée à quelques âmes élues, et non à tous ceux qui entendent et croient l'Évangile, car la majorité de ces derniers en ont aucune notion et plusieurs s'en moquent éperdument, préférant leur faux Évangile du libre-choix.
 

Le mystère qui a enfin été manifesté dans l'Evangile comme " le Christ en vous, l'anticipation de la gloire ", est dit être révélé par l'Esprit des vivants" dans ses saints " et non dans ceux qui ne le sont pas; il est révélé dans leur cœur, dans leur conscience intérieure, par la nouvelle lumière qui s'est levée sur eux. La connaissance du Christ historique est le terreau sur lequel se développe la révélation du mystère de l'habitation divine. Lorsque le Christ de l'histoire est découvert dans le Christ de la vie intérieure, lorsque celui qui se trouve déjà dans le cœur est trouvé dans la parole, lorsque les hommes ont appris à l'appeler du nom de Christ, lorsqu'ils sont entrés dans une relation consciente et une connaissance personnelle avec lui, il est plus important pour eux qu'il ne l'a jamais été auparavant. Il habite désormais plus richement dans leurs cœurs. Une vie relationnelle plus mûre et plus fructueuse naît de l'expérience d'une présence plus profonde. Désormais, le désir suprême, dans lequel sont engloutis tous les désirs moindres, est de révéler au monde le mystère de l'habitation divine, qui est le Christ dans l'homme, mais non dans tous les hommes, afin que l'inconnu dont beaucoup se sont éloignés ou détournés, manifesté dans la vie humaine comme Ami et Frère de chaque élu, puisse gagner la confiance et la résignation de tous les hommes à venir à Christ.
 

C'est à cette identification du Christ de l'Écriture avec le Christ de la conscience que Mozoomdar, le chef du Brahmo-Somaj, attribue la grande crise spirituelle de sa vie. À une heure de profonde obscurité et de détresse, il se tourna vers le Nouveau Testament pour y trouver une consolation, lorsque, regardant les Évangiles dans son propre cœur, il dit: "Soudain, il m'a semblé (permettez-moi de dire que cela m'a été révélé) qu'il y avait près de moi une personnalité plus sainte, plus bénie, plus aimante, sur laquelle je pouvais reposer ma tête troublée. Jésus était découvert dans mon cœur, comme un amour étrange, humain, semblable, comme un repos, comme une consolation sympathique, comme un trésor inachevé auquel j'étais librement invité. La réponse de ma nature fut immédiate et sans hésitation. Jésus, à partir de ce jour, devint pour moi une réalité sur laquelle je pouvais m'appuyer. Ce fut alors une impulsion, un flot de lumière, d'amour et de consolation. Aujourd'hui, ce n'est plus une impulsion. C'est une foi et un principe; c'est une expérience vérifiée par un millier d'épreuves". Combien le disciple moyen se rapproche-t-il de la plénitude de la vérité telle qu'elle est en Jésus ? Combien de chrétiens trouvent-ils moins en Christ ? Combien plus un chrétien trouve-t-il en Lui ?
 

C'est dans cette conscience individuelle du Christ dans le cœur que l'apôtre trouve "l'espérance de la gloire". Le fondement de l'espérance chrétienne, c'est le Christ sur la croix; la preuve de cette espérance pour les autres, c'est le Christ dans la vie de tous les jours; la conviction personnelle de cette espérance, c'est le Christ dans le cœur. Celui qui croit a le témoignage en lui-même. Le Christ en lui est l'espérance de la gloire. Quelle meilleure preuve peut avoir quelqu'un qu'il est un héritier de la gloire que le fait que Christ est en lui, et qu'en lui le processus du salut, qui s'achève dans la gloire éternelle, est en train de se dérouler ? Quelle meilleure raison d'espérer qu'il entrera dans le pays de la gloire que le fait qu'il a commencé à vivre la vie de la gloire ? Quelle meilleure raison d'espérer qu'il partagera la gloire du Christ pour toujours que le fait que le Christ est maintenant sa lumière dans les ténèbres, sa force dans la faiblesse, son réconfort dans la détresse, son espérance dans le désespoir, et son triomphe dans la défaite ? Quiconque fait l'expérience de la puissance du Christ vivant ne peut pas plus douter qu'il est l'héritier légitime de toute la gloire qui doit encore être révélée, qu'il ne peut douter de la venue du soleil, alors qu'il est déjà baigné dans son éclatante lueur d'avant-saison. L'expérience du Christ qui habite en nous anticipe tout ce qui est à venir et scelle l'âme qui en jouit en tant qu'héritière de la gloire céleste.
 

Nous voyons ainsi que le Christ dans le cœur est l'espérance de la gloire, parce qu'il en est l'annonce, le gage et le commencement. Ceux qui ont le Christ au-dedans trouvent le ciel commencé en bas. Ils sont assis dans les lieux célestes parce qu'ils ont été rendus participants d'une vie céleste; ils sont transfigurés à la glorieuse ressemblance du Christ, parce qu'ils sont devenus possesseurs de son Esprit, de sa Réflexion Vivifiante. La puissance de transformation dans leur vie s'opère de l'intérieur, de l'intérieur vers l'extérieur. Elle imprègne la nature entière, stimulant les forces naturelles et les amenant à donner le meilleur d'elles-mêmes. Elle élève l'homme à un niveau plus élevé que celui qu'il aurait pu atteindre dans sa force naturelle. Dire que le Christ se met dans les hommes comme le général se met dans ses soldats, ou comme le professeur se met dans ses élèves, n'exprime pas toute la vérité. Le Christ agit directement sur les hommes élus, non pas comme quelqu'un qui se tient à l'écart, mais comme quelqu'un qui vit à l'intérieur. Il agit "en eux pour qu'ils veuillent et fassent ce qui est conforme à son bon plaisir". Leurs actes sont les leurs, mais la puissance par laquelle ils sont accomplis est la sienne; leurs volontés sont les leurs, mais elles sont perdues dans la sienne, ou plutôt elles sont trouvées ou assimilées dans la sienne; dans leur vie, sa vie est exprimée; leur activité est son activité; leur patience est sa patience ; leur amour est son amour; leur sacrifice est son sacrifice. Recevant sa nature même, il leur est naturel de prononcer ses paroles, d'accomplir ses œuvres, de perpétuer son influence et de reproduire sa vie. Faisant l'expérience de la présence et de l'action de son Esprit dans leur cœur, ils développent une vie et un caractère étrangers à leur propre nature déchue, mais en parfait accord avec la nature de Celui qui habite en eux. Leur titre au ciel consiste en la préparation au ciel que le Christ met en œuvre. L'Esprit des vivants les a déjà "transférés dans le royaume du Fils de son renoncement", parce qu'ils en font partie. Ils sont dans le royaume parce que le royaume est en eux. La gloire du royaume qu'ils espèrent voir est une gloire qui a déjà commencé à poindre en eux. Ils sont maintenant fils de l'Esprit des vivants, mais ce qu'ils seront n'est pas encore manifesté. Le Christ n'en a pas fini avec eux. Il poursuivra jusqu'à la perfection la bonne œuvre qu'il a commencée en eux. Leur expérience est en germe. La vie qui s'agite en eux est prophétique. Comme" les œufs bleus dans le nid du rouge-gorge aura bientôt des ailes, un bec et une poitrine".
 

Ainsi, la vie nouvelle qui se meut faiblement dans l'âme deviendra bientôt une bonté incarnée. Commencée dans la faiblesse, la vie de la grâce grandira par sa propre puissance expansive jusqu'à ce qu'elle s'élance vers la vie de la gloire éternelle.
 

LE CHRIST EST FORMÉ À L'INTÉRIEUR

"Même si le Christ naît mille fois à Bethléem, s'il n'est pas né en toi, ton âme est toujours abandonnée".
 

Par un effort résigné et persistant, l'apôtre Paul a cherché à amener les chrétiens, dont la foi était encore en voie de progression, à la pleine conscience du Christ intérieur. Entendez-le s'exclamer avec une tendresse et une sollicitude maternelles: "Mes petits enfants, pour lesquels j'ai encore travaillé jusqu'à ce que le Christ soit formé en vous." (Gal. 4: 19). (Les chrétiens de Galatie, comme beaucoup d'autres aujourd'hui, étaient dans un état embryonnaire; leur vie intérieure n'était pas parvenue à un développement complet. Le Christ n'avait pas été pleinement formé en eux a cause de leur persistance de se justifier par les œuvres de la loi et, par conséquent, ils n'avaient pas été entièrement mature dans la foi. Paul était en proie à une anxiété et à une douleur constantes à cause d'eux, travaillant en Esprit pour les voir naître à cette vie supérieure. Il laisse même entendre que ses efforts pour les faire naître, c'est à dire pour réveiller leur conscience, ne pouvaient prendre fin avant que le Christ engendré en eux  par le message de la grâce, ne devienne l'idéal clair et l'inspiration vitale de leur vie. Il savait bien que ce n'est qu'en formant le Christ en eux que la vie spirituelle peut être amenée à maturité.
 

Ce désir ardent, qui caractérise tous ceux qui contribuent à l'accouchement des âmes, et que Paul compare à la douleur d'une mère en travail d'enfant, n'est qu'un faible reflet de l'aspiration divine à voir se développer dans l'homme l'image divine.

I. Le Christ doit naître en nous miraculeusement comme il est né dans le sein d'une vierge. C'est ainsi qu'il vient vivre en nous. La vie divine, comme la vie naturelle, commence par la naissance, conception déterminée en Christ depuis avant la fondation du monde.
 

Il faut être né de nouveau d'une différente origine dans la vie spirituelle, comme on est déjà né dans la vie naturelle. De cette vie spirituelle qui commence avec la nouvelle naissance ou régénération d'en haut, le Christ est le principe d'origine et de soutien. Nous sommes nés dans sa vie, il est né dans notre vie. Sa naissance dans la chair a sa contrepartie dans sa naissance dans nos cœurs. Ce n'est que lorsqu'il est né en nous qu'il devient pour nous un Christ vivant et Sauveur; ce n'est que lorsque nous sommes imprégnés de son Esprit ou Réflexion Vivifiante que nous sommes transformés à son image.
 

2. Le Christ doit grandir en nous. Il doit grandir dans le sein de notre faculté de raisonner et de penser, grandir dans le cœur de la foi de Christ qui nous fut attribué gratuitement et sans condition dans les mérites de son sacrifice sur la croix, grandir au centre même de notre être comme le principe séminal de notre vie. Un homme adulte en Christ est quelqu'un en qui le Christ a grandi jusqu'à devenir un homme mature dans la foi, un soldat de Christ qui combat pour la vérité révélée de Christ en nous, l'anticipation de la gloire.
 

Chez tous les hommes, il y a deux natures, une nature inférieure et une nature supérieure, une nature charnelle et une nature spirituelle. Entre elles, il y a un antagonisme perpétuel. "La chair a des désirs contraire à l'Esprit de Christ, et l'Esprit de Christ en a contre la chair, car ils sont contraires l'un à l'autre. L'une ou l'autre de ces natures prend le dessus dans la guerre des principes. Alors que l'une s'affaiblit, l'autre se renforce; alors que l'une grandit, l'autre dépérit; alors que la vie personnelle, comme la maison de Saül, décline en puissance, l'Esprit du Christ, comme la maison de David, devient de plus en plus fort. La question vitale qui se pose alors à chaque homme est la suivante: Est-ce la chair ou l'Esprit de Christ qui est au sommet au moment que nous y pensons ? Suis-je sevré de mes bas désirs ? Ai-je une passion croissante pour la pureté ? L'Esprit du Christ est-il entré dans mon esprit et prévaut-il en moi, surmontant l'animalité et l'égoïsme, et touchant ma vie à des questions élevées et saintes ?
 

Partant du principe que tout poison a son antidote, et tout péché sa grâce opposée, la destruction du péché vient de l'introduction dans l'âme d'un pouvoir suffisant pour le neutraliser, et certain de le supplanter. Cyrille d'Alexandrie explique ainsi l'action de cette puissance : "Le Christ est en vous par l'Esprit, convertissant ce qui est corruptible par nature en incorruptibilité, et transformant ce qui est susceptible de pécher en ce qui n'est pas susceptible de pécher". Christ naîtra en vous en tant qu'Esprit et principe de Justice, et la maîtrise du péché inné est brisée par le sang de la croix. À mesure que sa puissance se manifeste en votre cœur, la puissance du péché diminue ; à mesure qu'il prend de l'ascendant, le monde, le diable et la chair perdent leur emprise ; à mesure que l'image céleste s'impose, l'image terrestre s'estompe. Le chrétien grandira à mesure que le Christ grandira en lui. Tendre sera la conscience adoucie par sa grâce; souple sera la volonté soumise par son sacrifice conquérant; plein d'affections douces et tendres sera le cœur dans lequel il insuffle de plus en plus son Esprit sacrificiel. Ceux en qui Il est vivant sont des chrétiens vivants, des disciples de l'Esprit des vivants; ceux en qui Il grandit sont des chrétiens en croissance. À mesure que le Christ s'étend à l'intérieur, la vie chrétienne s'étend à l'extérieur ; à mesure que l'Esprit du Christ se développe, la virilité chrétienne se développe; à mesure que la puissance du Christ s'accroît, l'activité chrétienne s'accroît; à mesure que la place que le Christ occupe dans la vie intérieure s'accroît, la place qu'il occupe dans la vie extérieure s'accroît. Lorsque le Christ intérieur atteint sa pleine force et sa stature, la vie entière devient le type parfait d'un caractère conçu par le Christ.
 

3. Le Christ doit être formé extérieurement dans nos vies. Renaissant dans nos cœurs, il sera reproduit dans nos vies. Son Esprit ou Réflexion Vivifiante façonnera le caractère extérieur comme le cerveau façonne le crâne. Le Christ qui est en nous ne peut être caché. Le secret de sa Sainte Présence sera révélée comme la lumière transperce un voile. Sa Sainte Présence invisible se manifestera de manière visible. Ceux qui désirent le voir pourront découvrir quelque chose de sa forme extérieure dans la vie de ceux en qui son Esprit est né. Dans le disciple, ils verront le Maître, car le Maître est dans le disciple comme le disciple est dans le Maître. Chacun de nous devrait pouvoir dire: Si vous m'avez vu, vous l'avez vu.
 

La vie chrétienne consiste en une naissance et une sortie. Elle est à la fois réceptive et productive. Ce qu'elle absorbe, elle l'émet. Si elle reçoit le Christ, elle émet le Christ; si elle reçoit son Esprit, elle répète sa vie. Chaque nouvelle naissance est une nouvelle incarnation. Au fur et à mesure que le Christ se forme dans le cœur de ses élus, la Parole continue à se faire chair (Jean 1:14). Le Christ était l'Esprit des vivants incarné et la Source de la vie faite chair, les chrétiens authentiques sont le Christ incarné, des nouvelles créatures pour une nouvelle création. Parce que le Christ vit en eux, pour qu'ils vivent, il faut que le Christ vive en eux comme le parent vit en l'enfant, sauf qu'ici le principe d'identification est parfait. Lorsque le Christ a été formé à l'intérieur, il sera formé à l'extérieur au moment de l'Émergence.
 

LA SUBSTITUTION VERS L'INTÉRIEUR


" Oh ! qu'un homme se lève en moi
Pour que l'homme que je suis cesse d'être".
- Tennyson.
 

La pensée chrétienne s'est intéressée presque exclusivement à l'idée de la substitution extérieure, c'est-à-dire la substitution des souffrances et de la mort du Christ pour les offenses de l'homme. Elle a considéré le Christ comme prenant la place du pécheur, blessé pour ses transgressions et meurtri pour ses iniquités, mais elle a trop largement négligé la doctrine tout aussi importante de la substitution intérieure, c'est-à-dire la substitution du Christ à lui-même, la substitution de l'homme nouveau à l'homme ancien, la substitution de la volonté du Christ à la volonté de l'homme, de la puissance du Christ à l'impuissance de l'homme, de la justice du Christ à l'état de pécheur de l'homme. L'idée que le Christ prend la place du pécheur devrait être liée à l'idée que le Christ prend sa place dans le pécheur.
 

Mettant à nu le ressort caché de l'action dans sa propre poitrine, Paul dit: " Je suis crucifié avec Christ, et si je vis, ce n'est plus moi, mais c'est Christ qui vit en moi; et si je vis encore dans la chair, je vis dans la foi du Fils, L’ESPRIT DES VIVANTS Lui-même qui s'est sacrifié pour moi, et qui s'est donné Lui-même pour moi. ". (Gal. 2: 20.) Veut-il simplement dire: " Je suis si complètement identifié au Christ que, lorsqu'il a été crucifié sur la croix du Calvaire pour le péché, j'ai été crucifié avec lui ? "C'est ainsi que beaucoup interprètent ces mots. Mais toute interprétation qui épuise le sens de mots aussi profonds dans l'identification avec un Christ extérieur qui a été crucifié pour les pécheurs, ne parvient absolument pas à en sonder la profondeur. Il est vrai que lorsque le Christ a été crucifié, tous ceux dont il a porté les péchés ont été identifiés à sa mort au point de devenir morts avec lui au péché au sens juridique, de sorte que l'on peut dire que sa mort est leur mort - ce à quoi s'accorde l'argument de Paul: " Si un seul est mort pour tous, alors tous sont morts " - mais il est également vrai que tous ceux qui sont unis à lui par la foi sont identifiés à lui au point de devenir morts avec lui au sens spirituel du terme. Non seulement ils sont morts au péché, en ce sens qu'ils ne sont pas troublés par les accusations d'une loi violée, mais ils sont morts au péché en tant que puissance régnante; l'amour du péché est mort; les suggestions du péché ne trouvent en eux aucune réponse ; ils refusent de céder aux mouvements du péché dans la chair; ils ont été gracieusement délivrés de l'esclavage exaspérant du péché. Le péché n'a pas seulement reçu sa sentence de mort, il a reçu son coup de grâce. Puisque la puissance du péché est la loi (1 Cor. 15: 16), et que nous ne sommes plus sous la loi mais sous la grâce, le péché n'a plus de puissance pour nous culpabiliser ni pour nous condamner.
 

La crucifixion intérieure avec le Christ entraîne la mort du moi. Cloué sur la croix, le moi meurt d'une mort lente et douloureuse. Un homme peut être possédé par lui-même comme par un démon. Il peut être son pire ennemi, son plus grand tentateur et son plus grand tyran. Tant que ce moi pécheur vit, il est esclave de lui-même. Lorsqu'il meurt, et qu'il devient " libre de ses objectifs et de ses désirs nés de lui-même, il a obtenu un heureux débarras.
 

La mort du vieux moi, qui est l'instrument du péché, est suivie par la vivification du nouveau moi, qui est l'instrument de la justice. Lorsque la vie personnelle prend fin, la vie du Christ commence. C'est par la mort que vient la vie, et la profonde affirmation de Jacob Beohme est confirmée: "mourir chaque jour est le chemin de la vie quotidienne". Le désir de tout chercheur de sainteté s'exprime dans la prière d'un moine pieux : " Le vieil Adam en moi meurt; vis Jésus ! "
 

Cette substitution intérieure implique un changement de centre spirituel. Lorsque l'ancien centre de vie de l'égoïsme est détruit, un nouveau centre de vie de sacrifice ou renoncement né au ciel est formé. Désormais, il y a dans l'âme un nouveau principe d'action ; une nouvelle Source d'autorité est reconnue; un nouveau Roi siège sur un trône. Le moi disparaît et l'on ne voit plus que Jésus. Le grand réformateur allemand disait: " Si quelqu'un frappait à ma porte et me demandait: "Qui habite ici ? je répondrais : "Pas Martin Luther, mais le Seigneur Jésus". Chaque cœur chrétien n'est-il pas une maison dans laquelle vit le Christ, une maison dans laquelle Il est le Maître ? Celui dont le Christ est le Maître de maison peut dire: "Ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi". Son ancienne vie est devenue une chose du passé; il ne se dit plus sien; il ne cherche plus ses propres fins dans la vie; il ne travaille plus à partir de lui-même comme centre, ni ne travaille à l'intérieur de lui-même comme centre. Le Christ est maintenant le Seigneur de sa vie ; chaque chose en lui est sous son contrôle; il n'a pas d'intérêts séparés des siens; il se tient constamment prêt à exécuter ses moindres désirs; alors qu'autrefois il disait fièrement: " Non que sa volonté, mais la mienne, soit faite ", il dit maintenant docilement: " Non que ma volonté, mais la sienne, soit faite ". Le Christ intérieur est le centre à partir duquel il travaille, le centre vers lequel il travaille; il vit du Christ, il vit pour le Christ, " Saul est mort ! "s'exclame Erasmus. Oui, mais Paul vit ! Le vieil homme, la vieille nature est morte; le nouvel homme, la nouvelle nature vit. Et même l'homme nouveau ne vit pas, si ce n'est dans le sens où un autre vit en lui. Le changement est si profond, si radical, qu'on peut le décrire comme un changement de personnalité spirituelle. L'un des anciens pères, accosté par un mauvais compagnon avec lequel, avant sa conversion, il avait vécu dans le péché, connaissant sa faiblesse, s'enfuit de toutes ses forces. "Pourquoi t'enfuis-tu ? c'est moi", lui cria son ancien compagnon. Il s'empressa de répondre: " Je m'enfuis parce que je ne suis plus moi; je suis un homme nouveau. "Et parce qu'un homme nouveau, c'est un autre homme, un homme différent moralement et spirituellement, un homme avec d'autres qualités, d'autres buts, une autre destinée - une création totalement nouvelle.
 

Les figures de la crucifixion et de la mort intérieures, déjà mentionnées, font partie d'une chaîne de symboles bibliques dans laquelle les étapes successives de l'expérience chrétienne sont présentées de manière vivante. L'identification du chrétien avec le Christ est si complète qu'il est dit crucifié avec lui, mort avec lui, enseveli avec lui, ressuscité avec lui. Il s'agit d'une allégorie, mais qui décrit des expériences réelles.
 

Le chrétien est crucifié avec le Christ pour le péché; par la crucifixion, il meurt au péché; la vieille nature pécheresse, "le corps du péché", étant morte, est enterrée, et la nouvelle nature sainte, le corps de la justice, qui prend sa place, est ressuscitée d'entre les morts pour marcher dans une nouveauté de vie. De mort au péché, le chrétien devient "mort au péché"; d'enseveli dans le monde, il devient enseveli au monde; de mort aux choses de la vie spirituelle, il devient "vivant en l'Esprit des vivants, c'est à dire en sa Réflexion Vivifiante par Jésus-Christ". Dans son expérience du Christ, la vérité est devenue la vie de tous les jours, le respire de son existence. Il ne se contente pas de croire à la crucifixion du Christ, il y participe; il ne se contente pas de croire à la mort du Christ pour le péché de ses élus seuls, il est "rendu conforme à sa mort"; il ne se contente pas de croire à sa résurrection d'entre les morts, il "le connaît, lui et la puissance de sa résurrection". Sa foi est quelque chose de plus que l'acceptation intellectuelle de certains faits historiques concernant le Christ, c'est une expérience vivante de sa puissance dans sa vie. John Arndt fait de cette distinction entre la vérité crue et la vérité vécue le fondement de l'appel tendre: "Si tu crois que le Christ a été crucifié pour les péchés du monde, tu dois être crucifié avec lui pour les mêmes péchés. Si tu refuses de t'y conformer, tu ne peux pas être un membre vivant du Christ, ni être uni à Lui par la foi. Si tu crois que le Christ est ressuscité d'entre les morts, il est de ton devoir de ressusciter spirituellement avec lui. En un mot, la naissance, la croix, la passion, la mort et la résurrection du Christ doivent, d'une manière spirituelle, se dérouler en toi." Le mystique allemand Scheffler a dit, " C'est en vain que tu regardes la croix du Golgotha, si tu ne la remets pas en place en toi-même. "
 

Ce qui est vrai pour la croix du Golgotha l'est aussi pour toutes les autres parties du drame de la vie du Christ. Tout doit être rejoué dans l'âme.
 

Pour tout ce qui concerne le pardon et la réconciliation avec l'Esprit des vivants, l'accent est mis sur la mort du Christ; pour tout ce qui concerne la sanctification, l'accent est mis sur sa vie. "Si nous avons été sauvés par sa mort, combien plus par sa vie ? "Si le Christ mort sur la croix nous a délivrés de la culpabilité et de la condamnation du péché, le Christ vivant qui habite et règne dans le cœur nous délivrera de la puissance du péché. Si le Christ n'est qu'un simple personnage de l'histoire, un simple faiseur de miracles d'une époque révolue, si tout ce que nous pouvons dire de lui, c'est cela, " Il est loin, il est là.
 

Dans la ville syrienne déchirée,
Et sur sa tombe, les yeux brillants
Les étoiles syriennes regardent vers le bas", *
* Matthew Arnold.
 

Il est perdu pour nous à jamais. Il peut rester un souvenir précieux, mais il n'est plus une force vitale dans notre vie. Un Christ mort n'a pas de force vitale. Seul le Christ vivant peut nous apporter la vie. Le Christ ressuscité, le Christ vainqueur de la mort, le Christ Seigneur de la vie, est pour nous " la résurrection et la vie ". Pour nous et en nous, il est "vivant pour toujours". Informés par son Esprit, nous nous élevons au-dessus des objectifs ignobles, "fixant notre esprit sur les choses d'en haut, et non sur celles de la terre". En tant que notre vie de résurrection actuelle, Il insuffle en nous un nouvel Esprit de sainte aspiration, une Réflexion Vivifiante qui se défait des désirs bas et les encourage à s'élever; à travers nos âmes, Il envoie une vague d'énergie vitale qui nous pousse à des actes courageux et généreux; dans nos cœurs, Il allume un feu sacré et sacrificiel, qui réduit en cendres toute pensée égoïste, tout en acceptant dans ses mains blanches et pures de flamme l'offrande la plus humble déposée sur l'autel du renoncement suprême.
 

L'UNITÉ AVEC LE CHRIST INTÉRIEUR

"Enseigne-nous, Seigneur, à connaître et à posséder ce merveilleux mystère, que tu es vraiment un avec nous, et que nous sommes un avec toi ! " - J. G. Deck.
 

Dans l'enseignement christologique de Paul, le fait de saisir consciemment l'habitation de Christ, implique quelque chose de plus qu'une identification spirituelle. Il implique une unité spirituelle - une communauté de nature. "Mais celui qui s'unit au SOUVERAIN PRINCE est un même raisonnement avec lui." (I Cor. 6: 17); il est spirituellement un avec Celui dont il partage la vie; non pas un avec Lui dans son essence d'exaltation, mais un avec Lui dans sa nature spirituelle de renoncement. Comme le Christ a pris sa nature de l'Esprit des vivants, il prend la nature du Christ; comme le Christ est devenu participant de la chair et du sang, il devient participant de la nature morale divine; comme en Christ le divin est devenu humain, en lui l'humain devient divin; comme par son ancienne nature il était un enfant de colère et de désobéissance, par sa nouvelle nature, que le Christ a transmise, il est un enfant de douceur et d'obéissance - un enfant spirituel de l'Esprit des vivants, un citoyen de la Jérusalem céleste.
 

Cette unité entre le croyant et le Christ implique une copropriété. Le croyant possède le Christ et est possédé par lui; il a le Christ pour héritage et il est l'héritage du Christ; le Seigneur est sa part et il est la part du Seigneur. Revendiquant le Christ comme sien, il s'exclame : "Mon bien-aimé est à moi"; reconnaissant le droit que le Christ a sur lui, il ajoute : "Et moi, je suis à lui".
 

De cette copropriété découlent des avantages mutuels. Le Christ est satisfait de sa part, le croyant devrait être plus que satisfait de la sienne, puisqu'il repose dans l'œuvre achevé de Christ. De son côté, les avantages sont nombreux et importants. Avec le Christ, il a tout en commun; avec lui, il a une position commune, des intérêts communs, une gloire commune. En tant que cohéritier du Christ, il est doté d'une fortune spirituelle qu'il ne tient pas dans sa main mais dans son cœur; dans son âme pauvre, le Christ verse les richesses insondables de son Esprit; il lui est donné une bonne part qui ne lui sera pas enlevée - car ce que le cœur tient, ce qui est devenu une partie du vrai moi d'un homme, est une possession impérissable.
 

Ceux qui, par l'union avec le Christ qui les habite, sont amenés à participer à sa vie, sont représentés dans l'Écriture comme ayant l'intelligence, le cœur et la Réflexion Vivifiante du Christ.
 

1. "Nous avons, dit l'apôtre, l'Esprit (nous) du Christ. (I Cor. 2: 16.) Il dit encore : "Ayez en vous les sentiments qui étaient dans le Christ Jésus." (Phil. 2: 5.) Avoir les sentiments du Christ, c'est avoir le Christ vivant dans notre esprit ou faculté de raisonner, la base et le fondement de notre vie. (Avoir la pensée du Christ, c'est avoir le Christ vivant dans notre esprit, la base et le fondement de notre pouvoir de réflexion, le soutien et l'accélérateur de notre raison, " la lumière maîtresse de toute notre vision ", la Source de toute notre illumination intérieure. Il s'agit de connaître les pensées de son Esprit par sa Parole qui habite richement en nous; d'avoir notre esprit en plein accord avec le sien par son Esprit qui habite richement en nous. Sénèque a entrevu la vérité selon laquelle c'est "le souffle du Tout-Puissant qui nous donne l'intelligence" lorsqu'il a dit: "L'Esprit des vivants est présent dans notre esprit et entre dans le cœur de notre pensée".


"Oui, bien au-dessus de la limite de notre vision, et plié au plus profond du cœur comme au plus profond de l'être conscient, ta splendeur resplendit ; là, ô Souverain Suprême, tu existes".
 

Il a été observé que deux personnes vivant en sympathie spirituelle se retrouvent souvent à penser à la même chose en même temps. Elles deviennent des doubles mentaux - "deux âmes avec une seule pensée".
 

Grâce à la loi du transfert de pensée, chaque esprit projette sa pensée dans l'autre, de sorte que, sans qu'un mot ait été prononcé, il y a un jeu d'influence mentale, un flux de stimuli mentaux, un échange réel d'énergie mentale. C'est de cette manière que le Christ s'imprime dans l'esprit de ceux qui l'habitent. En agissant sur eux par la loi de la suggestion, on peut dire qu'il pense à travers eux. Influencés par lui, ils en viennent à avoir sa façon de voir les choses, sa façon de penser. Lorsqu'ils examinent une question, ils prennent l'habitude de se placer à son point de vue et de regarder à travers ses yeux. Ce n'est pas tant qu'ils entrent dans sa pensée que sa pensée entre en eux. Ils pensent ses pensées après lui, en les faisant leurs. Ils adoptent sa conception de l'Esprit des vivants, de l'homme, de la fin véritable de la vie, du gouvernement de la race, du but final du monde. Ils acceptent son évaluation des choses, son estimation de la valeur de certaines choses que les hommes méprisent, et de l'inutilité d'autres choses que les hommes poursuivent avec tant d'ardeur. Ils adoptent son point de vue et acceptent sa solution à tous les problèmes complexes auxquels ils sont confrontés.
 

Ses pensées sont leurs pensées. C'est par elles qu'ils sont guidés et gouvernés dans les moindres détails de leur conduite; elles sont des lumières sur leur chemin; des "empires dans leur cerveau"; des forces germinatives dans leur vie; les accélérateurs de leurs espoirs les plus sublimes, les parents de leurs actes les plus nobles.
 

2. Nous avons le cœur du Christ. En tant que chrétiens authentiques, nous avons le cœur ( kardia ) du Christ, non seulement dans le sens où il nous l'a donné, où il l'a jeté à nos pieds, de sorte qu'il nous appartient, mais aussi dans le sens où nous le possédons et sommes possédés par lui, de sorte que l'on peut dire qu'il bat dans nos poitrines. Qu'est-ce que le cœur du Christ, le dévouement du Christ qui est en nous et qui, dans son désir ardent d'aider les âmes qui s'arrêtent à marcher dans la voie du ciel, a conduit Paul à s'exclamer: " Car L’ESPRIT DES VIVANTS m'éprouve véritablement, que je vous chéris tous d'une véritable affection en Jésus-Christ. " (Phil. 1: 8) Et qu'est-ce que le cœur du Christ en chacun qui éveille en lui l'esprit d'un ministère désintéressé, de sorte qu'au lieu de toujours penser à ses besoins et à ses intérêts personnels, il pense aux autres, fait des projets pour les autres, prie pour les autres, travaille et se sacrifie pour les autres ?
 

Il y a une grande vérité dans la rhapsodie d'Emerson:
Je suis le propriétaire de la sphère,
Des sept étoiles et de l'année solaire,
De la main de César et du cerveau de Platon,
Du cœur du Seigneur Christ et de l'esprit de Shakespeare".
C'est un grand domaine pour celui qui, propriétaire du cœur du Seigneur Christ, ressent les chaudes pulsations de l'amour du Christ dans toutes les parties de sa nature spirituelle; il aime comme le Christ aime; il aime ce que le Christ aime; il aime avec l'amour du Christ.
 

Aucun homme ne peut s'appliquer à lui-même un test plus rigoureux que celui-ci: Ai-je le cœur du Christ ? Son dévouement brûle-t-il dans ma poitrine ? Suis-je ému de sa compassion lorsque je regarde les multitudes pécheresses, affligées et souffrantes ? Est-ce que, comme Lui, je vais continuellement faire le bien ? Quand je vois un frère blessé au bord de la route, est-ce que je me hâte de le secourir ? Est-ce que j'apporte mon aide, avec un amour aveugle aux pauvres distinctions de la terre, partout où le besoin et la misère humaine lancent leur appel muet ? Est-ce que je distribue du pain à ceux qui ont faim de corps, et de la sympathie à ceux qui ont faim d'âme ? Est-ce que je pars comme un chevalier errant pour aider l'humanité déchue et rejetée, déchirée et saignante, de l'emprise meurtrière d'un cruel égoïsme ? Est-ce que je me rebiffe lorsque les épines acérées de l'épreuve transpercent mes pieds tendres ? Est-ce que je recule sur le chemin du devoir quand le serpent de la malignité enfonce ses crocs empoisonnés dans ma chair frémissante ? Suis-je prêt, pour le renoncement du Christ, à être jeté dans la fournaise ardente du mépris du monde ? Le Christ pleure-t-il jamais par mes yeux sur des hommes condamnés ? Suis-je jamais entré à Gethsémani, écrasé sous le poids des malheurs du monde, " comme on écrase une charrette chargée de gerbes " ? " Est-ce que je saigne et meurs pour les autres, en versant le sang de ma vie, non pas dans une grande oblation, mais dans d'innombrables sacrifices quotidiens ? Mon âme ! que réponds-tu ?
 

Le christianisme est une relation du cœur. Son test suprême est: " M'aimes-tu plus que tout cela ? "Le cœur du Christ dans le cœur du chrétien est le centre vital du christianisme pratique, la Source vivante de toutes ses agences de guérison. C'est par les qualités du cœur que le Christ s'est emparé du monde ; c'est par la puissance du cœur qu'il est en train de conquérir le monde. Chaque fois qu'un homme se rend compte qu'il est plus cher à Christ qu'à la mère qui l'a porté; chaque fois qu'il se rend compte que si tous les cœurs des mères du monde étaient fondus en un seul, ce cœur serait une goutte d'eau pour l'océan, un atome pour l'univers comparé au cœur qui s'est brisé en agonie pour ses offenses sur la croix; chaque fois qu'il se rend compte que le sang versé du Calvaire signifiait la vie versée, et que cette vie versée signifiait le  renoncement versé, le dépouillement de Christ le contraint; il le soumet à la tension et à la pression d'un motif impérial; il donne une direction et une force au courant des activités de sa vie en comprimant ses eaux à l'intérieur des rives rocheuses d'un but bien établi de vivre non pas pour lui-même mais pour Celui qui l'a estimé et qui s'est donné pour lui - pour Celui qui continue à l'estimer et à se donner à lui. Le renoncement du Christ qui se donne éveille un renoncement réceptif chez tous ceux qui le contemplent. Alors qu'ils méditent, le feu brûle; alors qu'ils entrent dans le renoncement du Christ, son renoncement entre en eux. Remplis de la plénitude de son renoncement, les flots refoulés en eux trouveront forcément un exutoire. Le renoncement du Christ est trop grand pour qu'un cœur puisse le contenir. Il débordera dans d'autres cœurs ; il se donnera, s'abandonnera, pour enrichir d'autres vies. Le cœur du Christ est une chose coûteuse pour quiconque le possède. Il conduira ceux qui le possèdent là où il l'a conduit. Si cela lui a coûté la croix, cela ne leur coûtera pas moins.
 

3. Une autre marque de l'habitation du Christ consiste en la possession de son Esprit. "Si quelqu'un n'a pas l'Esprit ( Pneuma) du Christ, il n'est pas des siens. (Rom. 8: 9.) Et par analogie, si quelqu'un a l'Esprit du Christ, sa Réflexion Vivifiante, il est l'un des siens. L'absence de l'Esprit du Christ, de sa Réflexion Vivifiante, chez un homme est la preuve de sa séparation d'avec le Christ; la présence de l'Esprit du Christ, de sa Réflexion Vivifiante, chez un homme marque son appartenance au Christ. Le type d'esprit d'un homme détermine son caractère essentiel. C'est sur son esprit ou capacité de réfléchir intérieur plus encore que sur ses actes extérieurs qu'il doit être jugé. Ce qu'est l'esprit d'un homme, c'est ce qu'est l'homme lui-même. Pour changer un homme, il faut donc changer son esprit. La réforme est mal engagée lorsqu'elle est entreprise de l'extérieur. Il faut une nouvelle disposition, un nouvel esprit pour produire un nouveau caractère ; il faut des hommes nouveaux pour produire un nouvel ordre social.
 

Le tempérament céleste, l'Esprit christique, dont la possession fait d'un homme un chrétien, est quelque chose d'entièrement différent de "son propre esprit". C'est quelque chose qui vient du Christ, par la communion avec Lui. Nous parlons de chérir ou de cultiver l'Esprit chrétien, mais avant que cet Esprit puisse être chéri ou cultivé, il doit être implanté. Nous devons prier: "Renouvelle en moi un esprit droit, Seigneur." Alors viendra la réponse: "Je mettrai en vous un esprit nouveau." "Je mettrai mon Esprit en vous." Pharaon reconnut dans l'esprit de sagesse et de compréhension qui caractérisait Joseph un don divin, lorsqu'il demanda: "Pouvons-nous trouver un homme tel que lui, un homme dans lequel se trouve l'Esprit de Dieu ?" Le roi de Babylone fut contraint de parler de Daniel comme de quelqu'un " en qui est l'esprit des dieux saints " (Dan. IV, 8). Certains hommes sont entourés d'un halo de lumière, d'un parfum de sainteté qui suggère aux autres la présence d'un esprit divin de sagesse et de sainteté.
 

Mais ce n'est pas seulement pour les autres, c'est aussi pour l'individu lui-même que la possession d'un esprit divin est la seule preuve concluante de l'habitation divine. "Nous savons ainsi que nous demeurons en lui, et lui en nous, parce qu'il nous a donné son Esprit. (I Jean 4:13.) Son Esprit, son propre esprit, c'est ce que le Christ qui est en nous produit en nous. Il crée en nous sa propre disposition sainte; il nous imprègne de ses propres qualités spirituelles; il nous rend semblables à lui-même, semblables à des agneaux et à des colombes; ainsi, lorsque nous sommes blessés, nous pardonnons, lorsque nous sommes frappés sur une joue, nous tendons docilement l'autre à celui qui nous frappe; il nous rend doux, tendres et charitables, de sorte que nous ne "brisons pas le roseau froissé et que nous n'éteignons pas le lin qui fume"; Il nous rend héroïques et chevaleresques, afin que nous soyons prompts à défendre les droits et à redresser les torts d'autrui; Il nous rend patients dans l'épreuve, afin que lorsque nous pleurons, nous ne murmurions pas ; Il nous rend virils et courageux, afin que lorsque nous sommes frappés, nous ne soyons pas anéantis; Il nous rend positifs dans nos sentiments à l'égard du bien et du mal, de sorte que nous " aimons la justice et haïssons l'iniquité "; Il nous rend humbles de cœur, de sorte que nous préférons continuer tranquillement à faire le travail du Maître plutôt que de nous arrêter pour en parler aux autres; Il nous rend fidèles à la loi qu'il a écrite dans nos cœurs, de sorte que nous n'avons pas besoin de vœux et d'engagements pour rester fidèles; Il nous rend séduisants par notre caractère, attrayants par la "beauté de la sainteté", de sorte que les autres, voyant notre bien, c'est-à-dire "nos œuvres de foi ou de confiance en Christ" et remontant à leur véritable Source, puissent "glorifier l'Esprit des vivants en nous."

 

LE CHRIST INTÉRIEUR EST UNE SOURCE DE FORCE

Le grand besoin du cœur humain est d'avoir quelque chose sur quoi s'appuyer. Comme la plante grimpante qui tend ses vrilles à la recherche d'un support, l'âme tend la main vers le haut, à la recherche de quelque chose sur lequel s'appuyer. Un infidèle mourant, exhorté par ses associés à "tenir bon", leva ses yeux fatigués et demanda d'un air dépité: "Dites-moi à quoi je dois m'accrocher". C'est une question vitale pour tout homme lorsqu'il est obligé de sortir de lui-même pour trouver de l'aide. Il veut que quelqu'un lui dise à quoi son âme en perdition peut s'accrocher solidement; il veut que quelqu'un lui dise à qui il doit demander de l'aide quand tout autour de lui son âme cède; il veut être sûr qu'il saisit une réalité et non une ombre; qu'il se tient sur le roc solide et non sur le sable qui s'enfonce.

 

" L'homme est faible," disait un ancien," que quelqu'un lui tende la main". Mais il ne ressent pas toujours sa faiblesse et n'est donc pas toujours prêt à accepter une main secourable, et encore moins à la demander. Pendant un certain temps, il peut être tellement égocentrique et satisfait de lui-même qu'il n'a aucun sentiment de dépendance à l'égard d'une puissance supérieure. Sur son front complaisant, on peut lire "Je me suffis à moi-même". Mais tôt ou tard, des échecs répétés amèneront certainement une triste révélation de faiblesse; le sentiment de suffisance de la créature, le sentiment de suffisance religieuse disparaîtront certainement; un effondrement de la puissance se produira certainement; le besoin d'un centre fixe de repos et de force se fera certainement sentir; et le cri amer de l'âme, "O malheureux que je suis, qui me délivrera ?" se fera certainement entendre.

 

Face à ce sentiment d'impuissance et de désarroi qui habite tout homme lorsqu'il se retrouve seul, l'Écriture met en évidence de la manière la plus forte possible la puissance qui est mise à sa disposition par Jésus-Christ. "Alors que nous étions encore faibles, le Christ est mort en son temps pour les impies. "Lorsque nous étions impuissants au bien, dépourvus de toute force morale pour marcher dans la voie de la droiture, lorsque nous étions dans un état d'infirmité spirituelle " et que nous ne pouvions en aucune manière nous relever nous-mêmes ", lorsque nous étions incapables de nous extirper des abîmes de misère et de désespoir dans lesquels nous avions été plongés par le péché, " au temps convenable ", le Christ est mort pour nous apporter la délivrance. "C'est à la manière de l'Esprit des vivants", remarque pittoresquement Matthew Henry, "d'apporter son aide au moment où l'on est dans l'impasse". L'incapacité de l'homme à se sauver lui-même rend l'intervention divine nécessaire. La situation est désespérée. L'homme est "sans force". Il est comme un enfant qui essaie de soulever un fardeau qu'il n'est pas en mesure de déplacer. Dans son extrémité, il s'en remet à celui qui est puissant et, grâce à son aide, il réussit à accomplir l'impossible. On a dit du bon roi Ézéchias qu'il avait été "merveilleusement aidé". Tous ceux qui sont divinement aidés sont merveilleusement aidés. Lorsque vous pourrez dire hardiment : "Le Seigneur est mon aide", attendez-vous à des surprises !

 

De quelle manière le Christ apporte-t-il son soutien aux faibles ? Comment sa force est-elle mise à la disposition de ceux qui n'en ont pas ? Se met-il sous leurs fardeaux, ou se met-il dans leurs âmes, les aidant " dans leurs infirmités " et leur permettant de porter leurs fardeaux ? Il aide des deux manières, mais c'est la dernière qui est généralement adoptée. Paul écrit aux Ephésiens : " C'est pourquoi je fléchis les genoux devant le Père qui a donné son nom à toute famille dans les cieux et sur la terre, afin qu'il vous accorde, selon la richesse de sa gloire, d'être fortifiés par son Esprit dans l'homme intérieur, pour que le Christ habite dans vos cœurs par la foi. " (Ici, la puissance par laquelle le moi et le péché sont vaincus et le devoir accompli est attribuée à la Sainte Présence du Christ intérieur, travaillant par son Esprit ou Réflexion Vivifiante dans les profondeurs cachées de notre nature, déversant sa force dans nos volontés affaiblies, transfusant son sang vital dans nos âmes malades et mourantes, et rendant le battement vacillant de notre vie spirituelle ferme et fort. Lorsque le Christ est en nous, sa force est la nôtre. Faibles en nous-mêmes, nous sommes "forts dans le Seigneur et dans la puissance de sa force". Nous sommes "forts dans la grâce du Christ Jésus". Pour chaque victoire remportée ou travail accompli, nous reconnaissons avec gratitude: "Ce n'est pas moi, mais le Christ qui habite en moi." Pour chaque échec et chaque défaite, nous reconnaissons avec tristesse : "Ce n'est pas le Christ, mais le péché qui habite en moi." Le découragement qui découle des tentatives vaines de vivre la vie chrétienne est dû dans tous les cas à un manque de dépendance à l'égard de la puissance du Christ qui habite en nous. Combien de fois n'entend-on pas la triste confession : "J'ai essayé et j'ai échoué." "Vous avez essayé et vous avez échoué !" Bien sûr. Mais le Christ a-t-il échoué ? A-t-il eu une chance équitable avec vous ? Pour réussir, faisiez-vous confiance à votre force naturelle ou à "la force du Seigneur notre Esprit des vivants" ? Cherchiez-vous à ce que le Christ qui est en vous mettre à mort vos péchés, lorsque le péché n'a plus de puissance pour vous culpabiliser ou vous condamner puisque vous êtes sous la grâce et non plus sous la loi ? Cherchiez-vous la victoire actuelle sur les corruptions enracinées ", par le sang de l'Agneau " ? "Avez-vous donné au Christ la pleine possession du château de votre cœur, et lui avez-vous fait confiance pour qu'il en garde la possession contre tous les assaillants ? Avez-vous coopéré librement et pleinement avec lui dans tout ce qu'il faisait en votre faveur, lorsque lui-seul détient toute la puissance ? Soyez sûr que le Christ n'a pas échoué. Personne ne peut échouer s'il s'allie au Christ intérieur comme Source secrète de sa force; et personne ne peut échapper à l'échec s'il le laisse de côté et tente de lutter seul contre les puissances du mal.

 

Lorsque quelqu'un a subi une défaite peu glorieuse et que le sentiment d'échec s'est abattu sur lui comme une ombre glacée, il sera sauvé du désespoir en gardant à l'esprit de son raisonnement la cause de son échec. S'il était dû à l'effondrement de ses propres forces, il n'y aurait rien à espérer. Sous une pression similaire, il s'effondrerait à nouveau. Mais comme il s'agit d'un abandon de la foi, d'un détachement de l'œil du chef invincible, il est possible d'y remédier. L'âme vaincue qui se souvient de ce sur quoi elle peut s'appuyer, en réprimant son découragement, reprendra le conflit en disant: " Ne te réjouis pas à mon sujet, ô mon ennemi, car si je tombe, je me relèverai "; " De sa faiblesse, il se fortifiera ", comme le dit le proverbe: " Je ne me réjouis pas à mon sujet, ô mon ennemi ".

 

"Toutes les âmes nobles à travers la poussière et la chaleur relever le défi pour vaincre le plus fort; et toujours conscient du divin en eux, ne restez plus couchés sur la terre".

La conscience du "divin intérieur", qui pour le chrétien signifie le Christ intérieur, arme le bras impuissant pour la bataille, et ceint l'âme prosternée de la force nécessaire pour triompher de tout ennemi. Heureuse la défaite qui ramène l'âme à la Source de son aide, en Celui qui est l'Agresseur du Serpent, le Vainqueur du péché et de la mort ! Heureuse est la perte de puissance qui conduit l'âme à s'agripper plus fermement au bras éternel ! Heureuse l'expérience la plus humiliante qui fait sortir l'âme d'elle-même pour l'amener au Christ et lui permettre de dire: "Je me glorifierai volontiers de ma faiblesse, afin que la force du Christ repose sur moi".

 

De la Sainte Présence du Christ dans le cœur découle une plénitude de puissance pour répondre à toutes les exigences morales. Forts de sa force, nous nous élevons dans une vie joyeuse et victorieuse; rendus vigoureux par l'apport de sa sainte énergie, nous sommes capables de résister à la tentation comme les personnes fortes et en bonne santé résistent au froid de l'hiver. Il nous donne la grâce de vaincre, et notre nature morale est renforcée et raidie pour résister au mal sous toutes ses formes et le maîtriser. Faisant l'expérience de l'entière suffisance de sa puissance, nous pouvons dire: " Comme le Christ pour nous est toute notre justice devant un Esprit des vivants saint, le Christ en nous est toute notre force devant un monde impie. "Sachant qu'Il est toujours en nous, luttant avec nous contre notre péché qu'il a vaincu, et sachant que le Sauveur qui est en nous est plus grand que le péché qui est en nous, nous savons que " le péché n'a plus d'empire sur nous ". Sa maîtrise est brisée. Avec un clair discernement de la Source de la puissance dans laquelle le chrétien parvient à vaincre, Luther remarque avec justesse: " Combien de fois les chrétiens trébuchent-ils; à les regarder extérieurement, ils semblent n'être que faiblesse et opprobre. Mais cela n'a pas d'importance, car sous leur faiblesse et leur folie réside en secret une puissance que le monde ne peut pas connaître, et qui pourtant l'emporte sur le monde - car le Christ habite en eux".

 

La force d'endurer vient aussi du divin intérieur. " Par la conscience de l'Esprit des vivants", ou plus exactement consciencieusement, c'est-à-dire par la conscience de la Sainte Présence de l'Esprit des vivants dans l'âme, "les hommes supportent les peines, les souffrances injustes" (I Pierre 2: 19). (Quelles que soient les épreuves qu'ils doivent supporter, ils sont conscients que Celui qui est l'élément même de leur vie leur procure et met à leur portée une force proportionnée à leurs besoins. Lorsqu'ils sont courbés sous le lourd fardeau des soins et des ennuis, lorsqu'ils chancellent sous le poids d'une croix trop lourde pour leurs faibles épaules, il met son bras puissant sous eux pour les empêcher de sombrer. Son aide est à la hauteur de chaque situation d'urgence. "Ma grâce," dit-il, "te suffit, car ma puissance s'accomplit dans la faiblesse." Bien qu'ils soient très sensibles aux calamités de la vie, ils apprennent à surmonter leur réticence naturelle et, en demeurant dans la tranquillité et le repos, ils montrent aux autres "combien il est sublime de souffrir et d'être fort".

 

C'est également du Christ qui est en nous que vient la force de servir. Lorsque des tâches désagréables et ennuyeuses nous incombent, il nous donne la force de les accomplir; lorsque la vie spirituelle est au plus bas, il nous donne la force de faire fonctionner toutes les machines que nous pouvons utiliser avec profit; lorsque nous sommes spirituellement infirmes et que nous pouvons à peine accomplir les fonctions de la vie, n'ayant pas de force à consacrer aux activités productives de la vie, il revigore nos âmes faibles, les remplissant d'une vitalité débordante qui fait du travail pour les autres un délice. L'âme la plus faible qui a ses sources en Lui peut dire: "Je puis tout par le Christ qui me fortifie". C'est-à-dire que tout ce qu'il m'est ordonné de faire, tout ce qui entre dans le cadre de mon devoir prescrit, je peux le faire grâce à Celui qui est la Source présente et continue de mon aide. Celui qui désigne ma tâche, aussi difficile qu'elle soit, aussi impossible qu'elle paraisse, fournira sûrement la force nécessaire à son accomplissement. Tout ce que je peux faire par Lui montre ce qu'Il peut faire avec l'instrument le plus faible. Et comme c'est Lui qui a la puissance, que ce soit Lui qui ait la gloire.

" Les possibilités de la vie chrétienne sont donc mesurées," comme le souligne le Dr R. W. Dale, "non par nos propres ressources naturelles, mais par la perfection infinie du Christ lui-même." Il n'y a pas de limite à la mesure de notre puissance, si ce n'est la limite que nous mettons à l'action de sa puissance en nous. Lorsque nous lui laissons le champ libre en nous, nous pouvons reprendre les mots du prophète Michée: "En vérité, je suis rempli de force par l'Esprit du Seigneur". Quelle expérience délicieuse ! Les forces vitales de l'âme en pleine effervescence ! La plénitude de la puissance de l'Esprit des vivants, la plénitude de la puissance pour le bien ! Une puissance suffisante pour le devoir quotidien; une puissance qui se renouvelle aussi souvent que le monde épuise l'esprit; une puissance qui, renouvelée comme celle de l'aigle, subsiste avec toute la fraîcheur et la vigueur d'une jeunesse éternelle; une puissance qui permet à son possesseur de courir rapidement sur le chemin poussiéreux de l'humble labeur et de ne pas se lasser, de marcher fermement sur le chemin dur et rocailleux de l'abnégation et de ne pas s'affaiblir.

 

Cet Évangile de la force pour ceux qui n'ont pas de force est plein de joie et d'espoir. La porte ouverte de la délivrance de la faiblesse et de l'entrée dans la force se trouve devant chaque homme. Le "Fils fort, l'Esprit des vivants même," offre le pouvoir à tous. Et là où la puissance est possible, c'est un péché d'être faible. Le saint le plus faible, réalisant où se trouve sa force, devrait toujours être prêt à se joindre au chant de triomphe: "

20 Or, à Celui qui peut faire, par sa puissance qui agit en nous, infiniment plus que tout ce que nous demandons et au delà de ce que nous pensons;

21 À Lui soit la gloire parmi les convoqués à renaître en Jésus-Christ, dans tous les âges, aux siècles des siècles! Amen " (Eph. 3: 20, 21.)

 

LE CHRIST INTÉRIEUR, RACINE DE LA JUSTICE

"l'Esprit des vivants dans notre nature, c'est-à-dire le Christ - la Racine de la nouvelle sève ou de la vie éternelle dans l'homme, sans laquelle aucun homme n'aurait pu être juste, et par la Sainte Présence de laquelle, dans notre nature, tout homme peut être juste".

 

Une âme pécheresse ne possède aucun pouvoir inhérent pour vivre dans la droiture. Il n'y a pas de vertus naturelles. Lorsque les païens " font par nature les choses contenues dans la loi ", ils les font parce que le Christ agit à travers leur nature. Immanent dans la nature, et particulièrement dans la nature humaine, le Christ s'est toujours tenu prêt à répondre à toutes les nécessités nées de la condition de l'homme en tant qu'être déchu. Lorsque l'homme est tombé, il était naturel que celui qui se trouvait déjà dans une relation essentielle avec lui soit son libérateur promis. La chute de l'homme a donné au Christ l'occasion de se montrer; elle lui a donné l'occasion de montrer que sa relation avec l'homme était plus originelle que le péché originel; et que son sacrifice pour pour ses élus d'entre les hommes était antérieur à la première déclaration ouverte de ce renoncement. Dans son incarnation, nous le voyons entrer dans la nature humaine afin d'affronter et de vaincre les puissances maléfiques qui la détruisaient; nous le voyons s'unir organiquement à l'homme afin de lui transmettre plus largement la puissance du salut. Mais nous ne devons pas supposer qu'il n'avait rien à voir avec l'homme avant sa venue dans la chair. Il a toujours été à l'œuvre sur l'homme. En tant que Source toujours vive de la vie et du dévouement divins, il s'est toujours donné à l'homme en tant que Racine vivante de l'humanité puisqu'il est le Souverain absolu sur toutes choses, il a toujours été une force productrice de justice dans la race entière. Le salut de l'homme ne dépend pas de l'action ou de l'agence de ses semblables. Il dépend du Christ seul. Enchâssée dans sa grâce, chaque vie contient en elle-même des possibilités de bien que le temps ne limite pas. Enveloppée dans son dépouillement nourricier, chaque vie peut développer des qualités de beauté morale qui ne sont pas propres au sol d'une nature pécheresse. Le péché est originel, la justice est dérivée; le péché est propre à l'homme, la justice vient du Christ. Tout caractère gracieux, où qu'il se trouve, est l'émanation de la vie qu'il transmet. Comme toute lumière et toute chaleur viennent du soleil, toute justice vient de celui qui est " le Soleil de justice ". "Ta beauté a été parfaite par la beauté que j'ai mise sur toi, dit l'Éternel."

 

Les meilleurs esprits païens reconnaissaient la présence en l'homme d'une puissance œuvrant pour la justice. Ils voyaient que tout ce qu'il y avait de bon dans l'homme ne provenait pas de lui-même, mais d'une puissance divine en lui. Or d'après la Bible, seule autorité de notre foi, il n'y a vraiment rien de bon dans l'homme, sa nature est totalement déchue et entièrement corrompue, et sa volonté est esclave de la chair et du péché. Selon Sénèque, "Dieu est près de toi, il est en toi. Un esprit sacré habite en nous, observateur de tous nos maux et de tous nos biens. Il n'y a pas d'homme bon sans Dieu". Il dit encore: "C'est Dieu qui vient à moi; oui, plus encore, il entre en moi; car aucun esprit ne peut devenir vraiment bon sans son assistance." Les paroles de Socrate vont dans le même sens: "Partout où la vertu apparaît, elle semble être le fruit d'une dispensation divine." Chaque adorateur hindou répète les mots du Vishnu Darmottara : "Je sais ce qu'est la justice, mais je n'ai pas la volonté de l'accomplir. Je sais ce qu'est l'injustice, mais je n'ai pas le pouvoir de m'en abstenir. Ô Rhishikesa, tu es dans mon cœur, dispose de moi comme tu le souhaites, et j'agirai en conséquence. " Mais le chrétien authentique ne se confie point aux philosophes, mais à Christ seul et en sa révélation dans les Saintes-Écritures.

 

Se réclamant de la puissance d'où procède toute justice, le Christ déclare aux hommes pécheurs : "En dehors de moi", c'est-à-dire séparés de moi, "vous ne pouvez rien faire". Ses paroles doivent être prises dans leur sens le plus absolu. En dehors de lui, la vigne vivante, personne ne possède la moindre parcelle de pouvoir fructifiant. En dehors de Lui, personne ne peut produire, dans quelque mesure que ce soit, les fruits de la justice. Toute vie sainte est une branche de la vraie vigne et se nourrit de sa sève. Il est la puissance qui, dans l'homme, incite à la justice, la puissance qui rend juste, la puissance qui fait la justice. L'humanité dépend de Lui pour la vie spirituelle, comme la branche dépend de l'arbre, l'arbre du sol, la rivière de la fontaine, l'animal de l'air, la planète du soleil. La branche coupée de l'arbre, l'arbre déraciné du sol se dessèche et meurt, la rivière coupée de sa source s'assèche, l'animal exclu de l'air expire, la planète séparée du soleil devient une masse inerte et gelée, et l'âme séparée du Christ devient une âme morte, incapable de faire quoi que ce soit de moralement méritoire.

 

S'il est important de voir que, dans la sphère matérielle, "nous sommes toujours en présence d'une énergie infinie et éternelle d'où procèdent toutes choses", il est tout aussi important de voir que, dans la sphère spirituelle, nous sommes toujours en présence d'une énergie infinie et éternelle d'où procèdent toutes choses justes. Ce pouvoir divin de justice, ne réside pas dans l'humanité déchue depuis la rébellion en Éden, n'est pas un pouvoir impersonnel diffusé à travers la nature humaine, mais une présence spirituelle qui, par ses lois dans la conscience, influence la nature humaine. Faraday explique que, puisque toute force est, en dernière analyse, une force de volonté, dans chaque élan du cœur nous pouvons sentir la présence de Dieu en nous; de même, puisque toute justice est, en dernière analyse, une qualité divine, dans chaque pensée et action sainte nous pouvons tracer l'influence de Celui qui est "le Seigneur notre justice" - la cause unique et efficace de la sainteté de caractère.

 

Le mieux que l'homme puisse produire par lui-même est une justice extérieure, mécanique - une justice qui n'a pas la valeur de "chiffons sales"; mais une justice vitale, spirituelle - une justice acceptable pour Dieu, ne lui est possible que si son esprit est pénétré et imprégné par l'Esprit du Christ. C'est par le contact du Christ, "l'Esprit vivifiant" de l'humanité, que la nature intérieure de l'homme est vivifiée et renouvelée, et que sa vie extérieure est réformée et transformée. Ceux qui participent à son Esprit deviennent "participants à sa sainteté". Ils sont incités à rechercher et à atteindre la justice idéale incarnée dans sa vie. De l'afflux de son sacrifice ou renoncement dans leur cœur, résulte l'afflux de sa justice dans leur vie. S'abandonnant aux impulsions saintes qui viennent de Lui, " les poussant vers de nobles buts ", ils sont " rendus justes à Dieu en Lui ". "Spirituellement, ils ne sont pas des hommes faits par eux-mêmes, mais des hommes faits par le Christ. Ils sont son œuvre. Ils portent sur chaque partie de leur vie les marques de ses doigts qui les ont façonnés. Ils présentent un caractère saint qui a besoin de lui pour s'expliquer. Le secret de leur vie régénérée est la puissance régénératrice qu'Il a introduite dans leur nature par sa Sainte Présence. Chaque désir saint qu'ils nourrissent, chaque acte d'amour qu'ils accomplissent témoignent de Sa présence secrète.

" Oui, toutes les vertus qu'ils possèdent, et chaque conquête gagnée, et chaque pensée de sainteté est la sienne seule."

L'effet heureux de la réalisation par le croyant du Christ intérieur en tant que loi intérieure et puissance de justice est ainsi énoncé par Paul: " Mais si Christ est en vous, le corps est bien mort à cause du péché, mais la Réflexion Vivifiante est animée à cause de la justice de Christ " (Rom. 8: 10). Autrement dit, si le corps, à cause du péché qui l'habite, porte en lui le germe de la mort, l'Esprit du Christ qui l'habite, en tant que principe de sainteté, porte en lui le germe d'une vie sans fin. Non seulement l'Esprit vit, mais il " est la vie ". Il porte en lui la vie même du Christ et forme un nouveau centre de vie à partir duquel les influences sanctifiantes commencent à agir. C'est à la fois la partie de l'homme qui est reliée au Christ, la partie par laquelle la vie du Christ entre, et aussi la partie à partir de laquelle la vie du Christ rayonne. C'est à partir de l'Esprit que le corps est atteint. Le Christ vivifie l'Esprit, l'Esprit vivifie le corps. Le Christ maîtrise l'Esprit, l'Esprit maîtrise le corps; le Christ gouverne l'Esprit, l'Esprit gouverne le corps. Lorsque le Christ règne à l'intérieur, le corps est "maintenu en dessous", l'Esprit est au sommet. Du trône de l'Esprit, il domine l'homme tout entier.

 

La vie de justice que le Christ érige en son sein est éternelle. De la sanctification dont il est l'auteur, il est aussi le perfectionneur. Sa présence dans le cœur est le gage de choses plus grandes encore à accomplir, la prophétie de sommets de sainteté plus sublimes encore à atteindre. La justification est un acte, la sanctification un processus. Nous sommes justifiés complètement au début, lorsque nous sommes entrés en Christ, nous sommes sanctifiés progressivement en ayant Christ demeurant en nous. Sa Sainte Présence et sa justice n'auront pas de fin. La justice qu'il a introduite pour nous et qu'il réalise en nous est une "justice éternelle".

 

Pour agir puissamment et progressivement en nous pour la justice, le Christ doit s'emparer entièrement du cœur. Combien de fois n'a-t-on pas vu un parent dire à propos d'un enfant rebelle : "Si seulement je pouvais entrer complètement en lui et lui faire désirer et choisir pour lui-même ce que je désire et choisis pour lui, comme il serait facile de changer sa vie !" C'est ce que le Christ cherche à accomplir dans toutes les actions qu'il entreprend pour le salut de ses élus. Il obtient une influence déterminante dans nos vies. Il a pénétré dans les profondeurs de nos âmes afin de changer nos désirs, de rénover nos volontés et de nous transformer entièrement, en travaillant en nous une nouvelle disposition qui donnera naissance à un nouveau caractère, un nouvel homme, une nouvelle race. Il entre en nous pour être "le cœur de notre renoncement, la volonté de notre résolution, la Source de notre bonté". En un mot, Il s'implante profondément dans nos âmes comme la racine vivante du bel arbre de la justice sur lequel poussent toutes les vertus célestes.

 

LE CHRIST EN SOI, LE CIEL EN SOI

"Des richesses infinies dans une petite pièce." 

" Toute la gloire et la beauté du Christ sont manifestées à l'intérieur, et c'est là qu'il se plaît à demeurer; ses visites sont fréquentes, sa condescendance étonnante, ses conversations douces, ses réconforts rafraîchissants; et la paix qu'il apporte dépasse toute intelligence."

-Thomas à Kempis.

 

Le ciel est là où se trouve le Christ, et le Royaume est là où se trouve le Roi. Sa Sainte Présence dans le cœur fait que le ciel est dans le cœur. On a demandé à un chrétien s'il était sur le chemin du ciel. Il a répondu: "Je le respire et j'y vis". Le ciel n'est pas si éloigné que beaucoup le pensent. La porte qui y mène s'ouvre vers l'intérieur. "Le Royaume des Cieux est au milieu de vous." Là où le Roi établit sa cour, là où son Esprit règne, là où l'on fait l'expérience de la richesse et de la plénitude de sa Sainte Présence, là le royaume des cieux est venu.

 

Il y a des amis dont la présence est une bénédiction. Ils font appel à ce qu'il y a de meilleur en nous. Le débordement de leur personnalité dans la nôtre apporte santé et espoir. L'influence qu'ils exercent sur nous donne une idée de l'influence du Christ sur ceux qui entrent dans le cercle de son amitié. Lorsqu'on se tient à ses côtés, la vie apparaît sublimée et transfigurée. Dans la conscience de sa Sainte Présence, dans le scintillement de sa Réflexion Vivifiante et la lumière de ses merveilles, les larmes se transforment en sourires, les soupirs en chants, la nuit en jour. "J'ai pensé au Christ", jusqu'à ce que chaque pierre de ma cellule de prison terrestre brille comme un rubis". Une prison charnelle se transforme en palais céleste lorsque l'on réalise que la Sainte et Brillante Présence du Christ est venue habiter en nous. Certains témoignent même du pouvoir de dissipation de la peur et de la joie que leur a procuré la Sainte Présence, ressentie du Seigneur au milieu de leurs durs travaux solitaires et parfois très dangereux. Parlant d'une circonstance d'épreuve ou Dieucidence exceptionnelle, ils disent: "Rien d'autre que la Sainte Présence permanente et la puissance de notre cher Seigneur et Sauveur n'aurait pu nous empêcher de perdre la raison et de périr misérablement. Ses paroles, 'Voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde', sont devenues pour nous si réelles que nous n'aurions pas été effrayé de le voir, comme Étienne, contempler la scène. Oh, la félicité de vivre et d'endurer en voyant Celui qui est invisible ! Cette félicité, qui est un doux avant-goût de la gloire à venir, tout le monde peut l'avoir. Il ne s'agit pas d'un privilège particulier, mais d'une possibilité réelle et actuelle. Ce que l'on reçoit est donné à tous les élus. A chacun est offerte gratuitement une amitié plus précieuse que les plus belles amitiés de la terre, une fraternité plus douce que celle des âmes humaines qui se ressemblent. Il n'y a aucune raison pour que ceux qui vivent aujourd'hui envient ceux qui vivaient à l'époque où le Seigneur venait en personne séjourner sous les toits hospitaliers de ses amis. Il vient encore dans nos maisons et nos cœurs pour y établir sa demeure et les remplir de sa gloire resplendissante. Chaque maison peut encore être une Béthanie, chaque cœur une chambre d'hôte du Roi.

 

Le cœur dans lequel Christ habite devient une belle maison. C'est une demeure bien ordonnée. Tous ses plans et arrangements sont sous sa supervision et son contrôle. La paix et la joie règnent autour de son foyer. Le dévouement est l'esprit qui y règne. En remplissant le cœur de lui-même, il le remplit de résignation, et nous pouvons nous exclamer en mourant: "Jésus et le renoncement, c'est la même chose". Et ce dépouillement dont le Christ remplit le cœur a pour effet de rendre plus claire la vision de sa Sainte Présence dite aussi Réflexion Vivifiante. Le Christ du renoncement se manifeste aux cœurs dépouillés, comme il ne peut se manifester aux cœurs égoïstes du monde. Le renoncement rend sa Sainte Présence réelle. "Si quelqu'un m'est résigné", dit-il, "il gardera mes paroles, et mon Père l'aimera; nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui". "Si nous nous sacrifions les uns pour les autres, l'Esprit des vivants habite en nous, et son renoncement est parfait en nous. Celui qui demeure dans le renoncement demeure en l'Esprit des vivants, et l'Esprit des vivants en lui." Et celui qui habite en l'Esprit des vivants en demeurant dans le renoncement, habite le ciel et le ciel en lui.

 

Ce renoncement céleste qui entre dans l'âme lorsque le Christ y pénètre apporte le ciel ou suprématie exaltée avec lui. Il engendre l'harmonie et l'harmonie engendre le ciel. Comme le Christ et le renoncement sont un, le renoncement et le ciel sont un. Le renoncement divin dans le cœur amène l'homme à s'adapter complètement à l'ordre moral réalisé ou accompli en Christ comme notre Substitut, et dans lequel il vit et dont tout péché est une violation ou transgression de la loi qui est abolie sous la grâce. L'insoumission à l'ordre moral divin est l'anarchie, et l'anarchie est l'enfer; la soumission est la paix, et la paix est le ciel. Ce n'est que lorsque la volonté humaine se fond dans la volonté divine, que l'esprit mutin de l'homme s'incline devant le sceptre de l'autorité divine, qu'il y a abdication complète de soi en faveur du Christ, le véritable Roi de l'âme, qu'il peut y avoir un ajustement dans toutes les relations entre l'Esprit des vivants et l'homme, et que l'homme peut entrer dans le royaume de la Réflexion Vivifiante. Le royaume de l'Esprit des vivants, c'est d'abord la justice, puis la paix. Lorsque le feu de l'ambition impie est éteint, lorsque la fièvre de la recherche égoïste est maîtrisée, lorsque le choc des intérêts rivaux a cessé, lorsque l'âme, ne se trouvant plus entre deux forces opposées, reçoit la volonté divine en toutes choses, lorsque la tâche désespérée de mettre en forme une vie mal assortie a été abandonnée et que la gestion entière des choses est remise entre les mains du Tout-puissant, la liberté est trouvée de toute perplexité et de toute anxiété. La volonté de l'Esprit des vivants s'avère alors être "un oreiller sur lequel on peut se reposer, et non un fardeau à porter". Dès lors, il y a dans la vie plus d'attention et moins de soucis. Les frictions et les soucis qui usent la vie sont supprimés. S'il n'y a pas de repos dans les ennuis, il y a du repos dans les ennuis; s'il n'y a pas de repos dans le labeur, il y a du repos dans le labeur. Au milieu des bruyantes disputes du monde, au milieu des luttes acharnées de la vie, le Seigneur ordonne la paix. Quand les petits soucis bourdonnent autour de la tête, la tranquillité demeure dans le cœur. Comme la boussole du navire qui est réglée de manière à garder son niveau au milieu de toutes les turbulences de la mer, le cœur qui ressent le pouvoir d'attraction du renoncement intérieur du Christ reste calme et stable, même s'il est ballotté par les vagues des problèmes terrestres. La tempête peut faire rage à l'extérieur, la paix règne à l'intérieur.

 

La paix et la joie chrétiennes ne naissent pas d'elles-mêmes, elles ne viennent pas des choses extérieures, elles viennent directement de la Sainte Présence du Christ dans le cœur. Elles se trouvent en Lui, jamais en dehors de Lui. Lorsque le Maître prévient que "dans ce monde, vous aurez des tribulations", il ajoute : "mais en moi, la paix". Il dit encore : " Je vous donne ma paix." " Je vous ai dit ces choses afin que ma joie demeure en vous. Si nous avons Christ en nous, nous avons sa paix et sa joie en nous. Par conséquent, nous ne devons pas rechercher la paix et la joie en elles-mêmes, nous devons rechercher le Christ et elles seront ajoutées. Nous ne devons pas nous efforcer d'expulser les ténèbres du doute et du chagrin de nos cœurs, nous devons permettre à la lumière de sa Sainte Présence de remplir nos cœurs, et les ténèbres seront chassées et maintenues à l'écart. Nous ne devons pas dépendre de notre propre travail et de nos propres rames lorsque les vents sont contraires ; nous devons recevoir le Christ dans notre cœur, comme les disciples poussés par la tempête l'ont reçu dans le bateau, et nous accélérerons notre marche vers le rivage céleste.

 

Nos cœurs ont besoin du Christ, et ils sont désolés tant qu'il n'habite pas en eux. Le cri de saint Augustin, "Seigneur, tu nous as faits pour toi-même, et nos cœurs sont agités jusqu'à ce qu'ils se reposent en toi", éveille en nous un écho sensible. 

 

COMMENT ENTRER DANS LA CONSCIENCE DU CHRIST INTÉRIEUR

"Regarde en toi, car c'est en toi que se trouve la Source de tout bien, et elle jaillira toujours si tu veux bien creuser".

C'est par la foi que nous parvenons à la conscience de l'immanence du Christ dans le cœur. La prière de Paul pour les Ephésiens était "que le Christ habite dans leurs cœurs par la foi". De quelle autre manière un esprit peut-il entrer en possession des trésors d'un autre Esprit que par la foi ? Qu'est-ce que la foi, sinon l'appropriation spirituelle ? Qu'est-ce que la foi en Christ si ce n'est son appropriation par l'âme individuelle, sa réception dans l'intelligence, les affections et la volonté ? Qu'est-ce que c'est sinon la remise des clés du château de Mansoul, avec un abandon libre et complet de toutes les prétentions détenues jusqu'à présent, et l'occupation incontestée de toutes les pièces, de la tourelle à la cave ? L'Écriture identifie la réception du Christ à la confiance en lui." A tous ceux qui l'ont reçu, il a donné le droit de devenir fils de Dieu, à ceux qui ont confiance en son nom. Ceux qui ont confiance au Christ le reçoivent, ils le prennent pour eux, ils le font leur par la foi qu'ils ont reçu de Lui. Ils peuvent le recevoir parce qu'il s'est donné à eux dans son renoncement suprême sur la croix. Ils n'ont pas besoin de rien faire pour qu'il entre de l'extérieur, afin que l'objet invisible qu'ils ont contemplé avec adoration puisse habiter et agir dans les profondeurs de leur être conscient. Car telle est la fonction de la foi: rendre l'objectif subjectif, faire de la révélation extérieure une voix intérieure, faire de l'œuvre du Christ sur la croix une expérience concrète dans la vie. 

 

En recevant le Christ par la foi qu'il nous accorde, nous entrons dans une union vitale avec lui et entrons en possession de sa justice et de sa force. La foi nous change par rapport à Lui, mais elle ne le change pas par rapport à nous. La foi le rend vivement présent à la conscience intérieure en tant que Sauveur réel et actuel. 

 

Le Christ est l'objet ultime de la foi chrétienne, comme il est aussi l'objet ultime de la révélation de l'Esprit des vivants à l'homme. La Parole est le moyen par lequel le Christ est connu, la fenêtre par laquelle le Christ est vu. L'exhortation souvent répétée est: "Crois au Seigneur Jésus-Christ et tu seras sauvé, toi et ta famille". Ce n'est pas parce que les mots d'un livre qui nous parle du Christ sont en nous que nous sommes chrétiens, mais parce que le Christ lui-même est en nous. Il n'y a pas de véritable lieu de repos pour l'âme tant qu'elle n'a pas trouvé le Christ. Le mot d'ordre d'aujourd'hui, "Retour au Christ", s'il est correctement interprété, signifie: retour derrière la tradition et la théologie, retour derrière la révélation originale elle-même, afin que nous puissions nous tenir face à face avec le Jésus de l'histoire chrétienne, et voir en lui le Christ de l'Esprit des vivants. La Parole a de la valeur car elle conduit au-delà d'elle-même au véritable objet de la quête de l'âme. En la parcourant, chacun devrait dire: Au-delà de la page sacrée, je te cherche ! Mon esprit se languit de toi, Ô Parole vivante !"

 

Ce qui donne à la foi chrétienne son pouvoir de salut, c'est son objet. "La foi, dit Luther, s'empare du Christ, le tient présent et l'enferme comme l'anneau le fait avec la pierre précieuse. Dans le même sens, nous pouvons dire: "L'âme est la vie du corps; la foi est la vie de l'âme, et le Christ est la vie de la foi". La foi n'est pas notre Sauveur; c'est la condition intérieure à laquelle le Christ devient nôtre; c'est l'ouverture de l'âme à Lui, afin qu'Il puisse y entrer et la remplir de toute la plénitude de sa vie divine. La puissance de la foi dépend entièrement de ce qu'elle absorbe. La foi la plus forte est une illusion et un piège si elle prend dans le cœur ce qui est indigne de confiance et incertain, car elle devient de la présomption; la foi la plus faible est d'une puissance indicible si elle prend dans le cœur un Christ tout-puissant. On demanda à une chrétienne simple d'esprit, qui se confiait implicitement au Seigneur: "Es-tu la femme qui a une grande foi ? "La sage réponse fut: "Je ne sais pas si j'ai une grande foi, mais ce que je sais, c'est que j'ai un grand Sauveur". La foi qui embrasse un grand Sauveur, si faible qu'elle soit en elle-même, aura toujours en elle quelque chose de la puissance qui appartient à son objet, et " aura des signes qui suivent ".

 

Il est nécessaire de faire la distinction entre la foi dans le fait que le Christ habite en nous et le sentiment que la conscience de ce fait est censée éveiller. Nous marchons par la foi et non par le sentiment, et cela nous devons jamais l'oublier. Nous devons avoir reçu de l'Esprit des vivants la confiance inébranlable que le Christ est avec nous, alors que nous ne sentons pas sa Sainte Présence, tout comme nous croyons que le soleil brille dans le ciel alors qu'aucun rayon de lumière ne perce l'obscurité environnante.

 

" Quand nous marchons dans les ténèbres, et que nous ne sentons pas la flamme céleste, c'est le moment de faire confiance à notre Esprit des vivants, et de nous reposer sur son nom."

 

Lorsque le Christ semble loin, c'est le moment de croire qu'il est vraiment proche; lorsque nous ne le sentons pas en nous, c'est le moment de continuer à nous déclarer à nous-mêmes qu'il est en nous, et de continuer à agir sur la base de cette foi. Si le Christ est en nous, il est en nous, que nous sentions sa Sainte Présence ou non. L'esprit, cependant, ne peut pas toujours s'attarder sur le fait de sa présence, le cœur ne peut pas toujours être dans un frisson d'extase à cause d'elle. Lorsque nous sommes plongés dans nos pensées, nous ne sommes pas activement conscients de la présence de notre ami dans la pièce; cependant, nous sommes bien conscients qu'il est à nos côtés; nous avons une sorte de subconscience de sa présence, et nous savons qu'à tout moment nous pouvons nous retourner et avoir une conversation avec lui. Nous devrions donc croire que le Christ est tout aussi proche de nous lorsque le thermomètre des sentiments est à zéro que lorsqu'il est à la chaleur de l'été; qu'il est tout aussi proche lorsque, pressés par les affaires, nous le gardons à l'arrière-plan de nos pensées, que lorsque, à genoux dans la prière, nous lui parlons face à face. Porter avec nous la conviction que la Sainte Présence du Christ ne dépend pas de nos sentiments, et faire du fait de sa Réflexion Vivifiante une question de foi permanente, par tous les temps, est le seul moyen d'obtenir la délivrance des ténèbres qui viennent d'un sentiment erroné de désertion divine. Il est absolument vrai que le Christ est avec nous "tous les jours", que nous soyons conscients de sa Sainte Présence ou non. Parfois, il est si proche que nous ne le voyons pas; nous sommes "sombres par excès de lumière".

 

" Oh, où est la mer ? s'écrient les poissons

Alors qu'ils nageaient dans la clarté du cristal ;

Nous avons toujours entendu parler de la marée de l'océan,

et nous désirons ardemment regarder les eaux bleues.

Les sages parlent d'une mer infinie; Oh, qui peut nous dire si cela existe ?

L'alouette s'est envolée dans la lumière du matin

et chantait et se balançait sur des ailes ensoleillées,

et voici sa chanson: "Je vois la lumière;

Je regarde un monde de belles choses;

Et qui volent et chantent partout.

C'est en vain que j'ai cherché l'air'. "

 

Oh, quelle tristesse de ne pas trouver l'Esprit des vivants alors qu'Il est toujours autour de nous comme l'air ambiant ; oh, quelle tristesse de ne pas sentir la Sainte Présence du Christ alors que dans nos cœurs, qu'Il a formés pour sa demeure spirituelle, Il cherche à se faire connaître afin que, dans la conscience de sa Sainte Présence, nous puissions avoir une plénitude de joie, de paix et de force. Nier sa Sainte Présence en nous est une hérésie mortelle. "Ne savez-vous pas vous-mêmes, demande Paul, que Jésus-Christ est en vous ? A moins que vous ne soyez réprouvés". (2 Cor. 13: 5.) La forme sous laquelle nous aurions dû nous attendre à ce que cette question soit posée est la suivante: "Ne savez-vous pas que vous êtes réprouvés ? " Ne savez-vous pas que vous êtes réprouvés, si Jésus-Christ n'est pas en vous ? ". Mais Paul remonte en pensée à la relation originelle de l'homme avec le Christ, et il explique que Jésus-Christ est en nous à moins que nous ne l'ayons repoussé et que nous n'ayons persisté à le maintenir à l'écart. Lorsque l'homme se sépare de la vraie vigne à laquelle il était uni à l'origine, l'acte d'excision est le sien; lorsqu'il se trouve éloigné du Christ, c'est parce qu'il a abandonné le Christ, et non parce que le Christ l'a abandonné. C'est la Sainte Présence du Christ et sa grâce efficace dans le cœur qui placent l'homme sous le signe de l'espérance, en lui fournissant toutes les conditions nécessaires à son salut. C'est dans le fait de sa Sainte Présence que réside la certitude de la rédemption. Et ce n'est que lorsque cette semence divine demeure dans l'âme, c'est-à-dire lorsqu'elle est gardée et entretenue de manière sacrée, que se développe à partir d'elle une vie sainte qui éclipse et détruit tout ce qui est péché. Comme l'a dit un autre, "Jésus-Christ nous ayant été donné par la grâce de l'Esprit des vivants, nous sommes soumis à une épreuve, que nous le recevions ou non, que nous marchions en lui ou non ".

 

C'est l'âme croyante ou réceptrice qui trouve en lui un magasin de grâces dans lequel tous les besoins sont complètement comblés.  " La lumière de Jésus-Christ à l'intérieur est la semence et le levain du royaume de l'Esprit des vivants; un moniteur fidèle et véritable dans chaque élu, le don et la grâce de l'Esprit des vivants pour la vie et le salut, qui apparaît à tous, bien que peu la considèrent. On a souvent affirmé sans réfléchir que " hors du Christ, l'Esprit des vivants est un feu dévorant ". Mais l'Esprit des vivants n'est jamais hors du Christ puisque Christ est Lui-même l'Esprit des vivants manifesté corporellement dans un corps de chair. Cependant, lorsque le Christ est hors de l'homme, lorsqu'il a été banni du cœur rebelle, lorsque le seul qui pouvait apporter la délivrance a été chassé, lorsque sa place a été donnée au diable, l'esprit de la chair et que le péché est autorisé à agir sans contrôle, l'Esprit des vivants est un feu dévorant. L'expulsion du Christ attire le jugement de Dieu sur l'âme.

 

Et lorsque quelqu'un s'est éloigné de lui par ses mauvaises actions, le Christ prend l'initiative pour prendre sa place dans les affections du cœur. Souvent, sa voix est noyée dans le bruit des passions turbulentes, les heurts d'une conscience divisée, le vacarme des trafics mondains. Et rien n'est fait pour étouffer le bruit à l'intérieur afin que Lui seul puisse s'exprimer. C'est triste à dire, mais Sa compagnie n'est pas souhaitée par les apostats et réprouvés évangéliques prétentieux. 

 

LA SAINTE PRÉSENCE RÉELLE DE L'ESPRIT DES VIVANTS

 

" Je me nourris par la foi du Christ; mon pain, c'est son corps brisé sur le bois;

Je vis en lui, mon chef vivant qui est mort et ressuscité pour moi".

 

La doctrine de la Sainte Présence réelle ne peut être comprise correctement qu'en relation avec la doctrine de l'immanence divine, interprétée christologiquement. L'ordonnance de la Cène témoigne de la Sainte Présence du Christ après son incarnation, par lequel, en tant que Logos éternel, l'Esprit des vivants reste en communication ininterrompue avec les hommes. Lui qui, en tant que Parole médiatrice comme l'Esprit des vivants, est toujours et partout présent, nous manifeste sa Sainte Présence ou Réflexion Vivifiante d'une manière particulière, lorsque, en tant qu'invités, nous prenons part à sa Cène, littéralement le partage spirituel de la grâce du salut. Le commandement du Maître, " Faites ceci en mémoire de moi ", signifie " figurativement de se sacrifier les uns pour les autres, indiquant que le partage ou renoncement est la vie même de Christ. Il ne s'agit en aucune façon d'observer cette ordonnance comme un mémorial de la mort de Christ, ce qui serait de l'idolâtrie. La Cène n'est pas une fête de la mort, mais de la vie; elle n'est pas destinée à commémorer un Sauveur mort, mais à être le moyen spirituel de renoncement par lequel nous pouvons communier avec un Sauveur vivant qui demeure en nous depuis son retour officiel le jour de la Pentecôte, comme il l'avait promis d'avance a ses disciples (Jean 14: 16-18).

16 Et je sonderai la Source en moi, qui me donnera à vous comme un différent Conseiller*, pour demeurer éternellement avec vous, *le Saint-Esprit de Christ ou Sainte Présence, qui vient habiter en permanence le cœur de ses élus véritables depuis son retour le jour de la Pentecôte.

17 La Réflexion Vivifiante de Vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu'il ne le voit point et ne le connaît point; mais vous, vous le connaissez, parce qu'il demeure avec vous en moi, et qu'il sera en vous*. 1 Co. 15. 44,45; *Christ en nous l'anticipation de la gloire qui nous est assurée.

18 Je ne vous laisserai point orphelins; JE VIENS À VOUS*. Mt. 28. 20; *Le retour de Christ le jour de la Pentecôte.

 

Maintenant qu'il n'est plus lié par un corps mortel (2 Cor. 5: 16), nous pouvons nous rapprocher de Lui, et Lui de nous, plus que si le voile de la chair faisait obstacle. Ayant franchi les limites de sa vie terrestre, il s'adresse à notre foi plutôt qu'à nos sens. Sa Sainte Présence est directe et intime. Notre rencontre avec Lui est la rencontre d'un esprit avec un autre. Notre communion avec Lui est une affaire d'âme et non de contact extérieur. La nourriture à laquelle nous participons à sa table est une nourriture spirituelle; l'acte par lequel nous nous l'approprions est un acte spirituel; les bienfaits qu'elle transmet sont des bienfaits spirituels. Ce n'est certainement pas un " signe vide de sens " par lequel le Christ est amené devant nous et par lequel nous sommes en communion avec lui ! Il ne s'agit pas d'un simple reflet du Christ, froid comme la lune, mais d'une Sainte Présence réelle, une Réflexion Vivifiante actuelle dans le moment même, chaude comme le soleil. Ce qui fait de la Cène un aspect purement spirituel de renoncement ou partage émancipé plein de réjouissances et de merveilles, le couronnement du culte spirituel chrétien, c'est qu'à travers elle nous communions avec le Christ vivant et présent. "La coupe de bénédiction que nous bénissons n'est-elle pas une communion au sang du Christ ? Le pain que nous rompons, n'est-il pas la communion au corps du Christ ? "

 

Il n'est pas fait mention de la condition spirituelle des bénéficiaires; il n'y a pas de place pour une quelconque discrimination entre ceux qui participent " dignement " et ceux qui participent " indignement "; l'enseignement uniforme de l'Écriture concernant la foi comme organe de réceptivité spirituelle est ignoré; l'expérience de ceux dans la conscience intérieure desquels le Christ est spirituellement présent alors qu'il n'y a pas de symbole pour le représenter est rejetée par les imposteurs réprouvés; et la valeur de la Cène spirituelle est perdue.

 

Utilisant une figure poétique audacieuse pour exposer le mystère de son entrée dans le cœur croyant, Jésus dit: " Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui " (Jean 6: 5-6). (Ce n'est pas le corps physique suspendu à la croix, ce n'est pas le sang physique qui a coulé en une marée cramoisie des blessures du Crucifié, qui sont les objets de l'appropriation spirituelle, mais la vie et le renoncement dont ils étaient les signes extérieurs. L'idée du Christ est évidemment que celui qui le prend en lui et vit de lui, fait de lui une partie de son être, comme le pain pris dans le corps est pris dans le sang, assimilé et converti en tissu vital. Il ne suffit pas de dire que, dans cet acte d'appropriation et d'assimilation spirituelles, le Christ est reçu dans un sens figuratif ou emblématique. Le Christ Lui-même est reçu; il s'incorpore à nous et devient la vie de notre vie; son sang se mêle au nôtre ; son esprit s'incruste dans notre être le plus profond. Il est pris dans l'esprit comme vérité, dans le cœur comme amour, dans la vie comme vie. Spirituellement présent, non seulement avec nous, mais en nous, il devient l'élément central et essentiel de notre nature spirituelle, la substance même de notre vie spirituelle.

 

Le remarquable ouvrage du Dr Henry Clay Trumbull, " The Blood Covenant ", jette un éclairage intéressant sur le sujet qui nous occupe. "Il y est démontré, à l'aide de nombreuses allusions historiques, que la coutume de conclure des alliances par le sang peut être retrouvée dans toutes les races primitives. Les contrats sont conclus en "coupant une alliance", c'est-à-dire en tuant un animal et en versant du sang sur une pierre en guise de témoin. Par l'interférence du sang de l'un et de l'autre, les hommes deviennent frères de sang et concluent "le plus étroit, le plus durable et le plus sacré des pactes". Stanley, lorsqu'il était en Afrique, s'est servi de ce rite pour s'assurer l'immunité contre le danger et l'aide fraternelle. Il est devenu le frère de sang d'une cinquantaine de chefs africains. Le Christ n'avait-il pas en vue cette coutume largement répandue lorsqu'il a dit : " Ceci est mon sang, le sang de l'alliance, qui est répandu pour beaucoup en vue de la rémission des péchés " ? "Son sang versé représente la vie donnée à travers la mort, pour l'expulsion non pas de la peine mais des péchés. La vie qu'il donne doit être reçue. "Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n'avez pas la vie en vous-mêmes. Or, la fin pour laquelle le sang du Christ a été versé, c'est qu'il puisse être reçu. "C'est la vie (que le sang est), dit le Dr Trumbull, et non la mort (qui est simplement nécessaire à l'obtention du sang) de la victime, qui est le moyen d'expiation, qui donne l'espoir d'une union entre le pécheur et l'Esprit des vivants. Clément d'Alexandrie exprime ce sentiment en ces termes : "Boire le sang de Jésus, c'est participer à l'immortalité du Seigneur". Le Dr Trumbull affirme que toutes les religions du monde dont nous avons connaissance considèrent le sang comme le symbole de la vie. Elles s'unissent pour représenter "le sang comme la vie, l'offrande du sang comme l'offrande de la vie, l'acceptation divine du sang comme l'acceptation divine de la vie, et le partage du sang comme le partage de la vie ".

 

Le désir de partager le sang du Christ, le désir de trouver l'inter-union et la communion avec le Christ par l'influx en nous de son sang versé, qu'est-ce que c'est sinon le désir de l'humain pour l'union dans la vie et l'amour avec le divin, le désir de l'humain pour l'identité intérieure complète avec le divin ! Ce désir profond et inné a trouvé une expression appropriée dans les lignes:

" Prends, Seigneur très cher, ce cœur écrasé et saignant, et dépose-le dans ta main, ta main transpercée... ";

Pour que ton sang expiatoire se mêle au mien,

Jusqu'à ce que la terre, mon bien-aimé, ne fasse plus qu'un.

LA SAINTE PRÉSENCE PERMANENTE

"Aucune fable ancienne, aucune légende mythique,

aucun rêve de bardes ou de voyants,

aucun fait mort échoué sur les rivages

des années oubliées;

Mais il est chaud, doux, tendre, et pourtant

il est une vie présente.

Et la foi a encore son olivier

et l'amour sa Galilée".

- Whittier.

 

Le refrain familier " Jésus de Nazareth passe " devrait être remplacé par " Jésus de Nazareth reste ". Il n'est pas ici aujourd'hui et absent demain. Il est perpétuellement présent. Il vit et se déplace au milieu de nous. Il est plus proche de nous que n'importe qui d'autre, plus proche de nous que nous ne le sommes de nous-mêmes. Nous ne touchons pas sa main morte à travers les siècles aveugles et déconcertants; nous ne tendons pas la main après lui comme quelqu'un que nous espérons rencontrer lorsque des années innombrables auront suivi leur cours fatigué; nous n'avons pas besoin de continuer à regarder vers le ciel en espérant son retour dans un monde abandonné et désolé; nous n'avons pas besoin d'attendre que la mort nous ramène à lui. Il est quelque chose de plus que le Christ de l'histoire - un souvenir béni - ou le Christ de la prophétie - une espérance sublime - Il est le Christ d'aujourd'hui, et de tous les jours, une réalité vivante dans nos vies, une aide très présente au moment du besoin. La foi s'accroche à lui comme à quelqu'un qui est toujours avec nous dans nos communautés, dans la maison et dans le monde. Il est le proche compagnon de notre vie quotidienne. Nous marchons sur les dures collines de la vie avec des cœurs ardents parce qu'Il nous tient compagnie. Nous traversons les vallées de l'ombre de la mort d'un pas intrépide, guidés par Sa main invisible. Dans la gloire de sa présence, le labeur et la douleur sont transfigurés. Il n'y a pas de rupture dans notre intimité confiante. Aucune ombre de changement possible dans son renoncement ne vient entacher notre joyeuse communion. Il n'y a pas de crainte obsédante que la vision de sa Sainte Présence puisse s'avérer trop belle pour durer. Sa venue n'est pas une apocalypse brève et soudaine qui se terminera dans les ténèbres d'un millénarisme chimérique éphémère. C'est le lever d'un soleil couchant dans des révélations époustouflantes de sa Sainte Présence. Il est là pour rester, pour nous instruire, nous former, et nous diriger de merveilles en merveilles. Il est venu le jour de la Pentecôte demeurer avec nous pour toujours, afin de se donner à nous pour toujours.

 

Les appelés à renaitre en Christ ont attendu longtemps leur Seigneur absent pour voir;

Un Seigneur absent ! Pensez-y ; et pourtant Il a dit: "Voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la consommation du siècle." Un étranger sans amis ! Pensez-y; et pourtant il dit: "Je ne vous laisserai pas orphelins, je viendrai à vous." Pourquoi les croyants en un Christ ressuscité devraient-ils chanter tristement "Nous errons dans la sombre vallée de la vie jusqu'à ce que Jésus vienne", alors qu'ils devraient chanter avec enthousiasme "Joie dans le monde, le Seigneur est venu" ? Que les appelés à renaitre en Christ d'aujourd'hui entendent l'ancien appel: "Crie à haute voix et pousse des cris, habitante de Sion, car le Saint d'Israël est grand au milieu de toi".

 

On raconte qu'un pauvre paysan des montagnes du Pays de Galles, mois après mois, année après année, pendant une longue période de déclin de sa vie, ouvrait chaque matin, dès son réveil, sa fenêtre vers l'est et regardait si le Christ allait venir. Il n'avait pas besoin de regarder si longtemps. Le Christ dont il attendait l'apparition était présent à ses côtés, invité invisible dans son humble chaumière, puissance de réconfort inimaginable dans son cœur languissant. Le Seigneur qu'il cherchait dans les cieux, il aurait pu le trouver dans son âme.

 

L'intervalle entre le départ de Christ avant la Pentecôte et son retour dans la gloire pour habiter le cœur de ses élus a été bref. Il revint rapidement, comme il l'avait promis. Après sa résurrection, ses disciples l'ont vu et leur cœur a été inondé d'une joie nouvelle que personne ne pouvait leur enlever. Après son ascension pour débuter son ministère d'exaltation et d'habitation, il leur a été rendu pleinement, demeurant dans leurs cœurs par la puissance de son Esprit ou Réflexion Vivifiante, ravivant leurs espoirs déçus et leur inspirant courage et force pour le conflit à venir. C'est ainsi que s'accomplit dans leur expérience la parole : "Je vous le dis en vérité, il y en a parmi ceux qui sont ici présents qui ne goûteront point la mort, jusqu'à ce qu'ils voient le Fils de l'homme venant dans son règne. "

 

Le fait d'appeler la Parousie la seconde venue du Christ a entraîné une grande confusion dans les esprits. Il ne s'agit pas de la venue ou de l'avènement du Christ, mais de la Sainte Présence du Christ pour habiter les cœurs dans des révélations glorieuses qui transformeront leur vie de merveilles en merveilles. C'est l'étape de sa manifestation qui consiste à devenir et à être présent dans une dimension d'existence éternelle dans laquelle le temps n'existe plus. Par son habitation en nous, nous avons ainsi la vie éternelle. La promesse faite aux premiers chrétiens était "la promesse de sa Sainte Présence", l'habitation ou manifestation en nous de sa Réflexion Vivifiante. Leur cœur devait être fortifié et réconforté par l'assurance de " la puissance et de la Sainte Présence du Seigneur Jésus-Christ. " Ils devaient demeurer en Christ afin que, lorsqu'il serait manifesté, ils puissent "avoir de l'assurance et ne pas rougir devant lui en sa présence". 

 

"Celui qui vient est arrivé. Et pourtant, certains posent encore la question: "Si le Christ venait à Chicago, à Paris ou à Londres, que se passerait-il ?" Pourquoi ce "si" hypothétique ? Le Christ se trouve dans ces grands centres de la vie mondiale. Il en existe de nombreuses preuves infaillibles. Il marche dans les rues de nos villes modernes aussi réellement qu'il a marché dans les rues de l'ancienne Jérusalem. L'auteur en a fait l'expérience, lorsqu'il vit Jésus qui traversait une foule, et que personne ne semblait voir. L'espoir, le seul espoir de toute ville est que le Christ soit en elle, le guérisseur de ses maux, le redresseur de ses torts, le pouvoir efficace de sa régénération, mais les hommes n'en veulent pas.

 

Il faut cependant faire la distinction entre la Sainte Présence du Christ et le signe de sa présence. La Sainte Présence est invisible et spirituelle, le signe est extérieur et visible. Lorsque les disciples demandèrent au Seigneur: "Quel sera le signe de ta présence ?", il répondit: " Comme l'éclair qui sort de la terre et qui s'approche de la terre". Il répondit : "Comme l'éclair vient de l'orient et brille à l'occident, ainsi sera la présence du Fils de l'homme." Les premiers chrétiens vivaient dans l'ombre d'une grande catastrophe, la présence de Christ venait dans un jugement terrible contre Jérusalem. Un jour de tribulation ardente était imminent. Un nuage d'orage s'amoncelait, sur le point d'éclater en un déluge de colère. Le ciel s'assombrissait. Un silence de mort régnait dans l'air. L'événement redouté, que tous les hommes attendaient en silence, se produisit lorsque, dans un jugement de désolation, Jérusalem fut détruite, la nationalité juive anéantie, le système mosaïque aboli, le royaume théocratique tout entier complètement détruit par les armées romaines. Ces changements radicaux n'étaient pas identiques à la Sainte Présence du Christ, mais en étaient des attestations concomitantes. Ils constituent le signe de sa présence en forme de jugements. Ils ont marqué l'introduction d'une nouvelle époque appelée "l'âge de la régénération - l'âge du royaume". Le signe de la présence et la Sainte Présence elle-même appartiennent à deux catégories distinctes de phénomènes; l'un est palpable par les sens, l'autre transcende la sphère de la perception sensorielle. Dans le premier cas, il s'agissait de "prodiges dans les cieux en haut et de signes sur la terre en bas"; dans l'autre, de prodiges dans le monde spirituel et de signes dans le royaume intérieur de l'esprit des élus.

 

Les étapes successives de la révélation du Christ sont décrites en quatre mots: erchomai, qui signifie "venir" ou "s'approcher"; parousia, qui signifie "la présence", c'est-à-dire l'état de présence ou apparition, qui est le résultat de la venue; apokalupsis, qui signifie "la découverte" ou "le dévoilement" du Christ, qui, bien que présent, est caché à la vue, et epiphaneia , qui signifie "la manifestation", qui résulte du dévoilement. Les chrétiens de l'époque apostolique attendaient, le cœur exalté, la révélation (le dévoilement) de notre Seigneur Jésus-Christ. (I Cor. 1: 7.) Telle devrait être l'attitude de la foi chrétienne d'aujourd'hui. Elle doit continuer à attendre " le jour où le Fils de l'homme sera révélé "(Luc 17: 30). Elle doit anticiper le moment où " sa gloire sera révélée au moment de l'Émergence "(I Pierre 4: 13). Elle doit "estimer et admirer sa manifestation" (2 Tim. 4: 1.) Elle doit continuer à attendre la bienheureuse espérance et la manifestation de la gloire de l'Esprit des vivants, notre Sauveur Jésus-Christ (Tite ii: 13.) Elle doit se réjouir du temps où le Seigneur Jésus" détruira les réprouvés, les apostats, et les imposteurs" par le souffle de sa bouche, et les réduira à néant par la manifestation de sa Sainte Présence. (Tite 2: 13).

 

Il est clair que ce que nous devons rechercher dans le présent, est une réalisation plus complète de sa présence personnelle. Le Seigneur qui, dans son incarnation, s'est manifesté visiblement aux sens, se manifeste maintenant spirituellement à la foi. Sa venue dans la chair était un acte temporaire, sa Sainte Présence dans sa Réflexion Vivifiante est une condition permanente. Il est toujours avec nous, mais, hélas, nous ne sommes pas toujours avec Lui. Nous n'osons pas nier sa présence, nous l'ignorons. Une nouvelle onction des yeux de l'âme est nécessaire pour que, avec une capacité accrue d'appréhender le spirituel, nous puissions parvenir à des conceptions plus claires et plus larges du Christ toujours présent.

 

Il est tout aussi clair que ce que nous devons attendre dans l'avenir n'est pas le retour visible, mais la manifestation visible de notre Seigneur toujours présent dans la collectivité des élus transformés en son image. Nous devons attendre un temps de découverte, un temps de dévoilement, un temps où notre Seigneur notre Roi conquérant émergera de ses élus pour former une nouvelle race céleste et éternelle; un temps où Celui qui est maintenant présent manifestera ouvertement sa Sainte Présence. Un temps dans l'éclatant déploiement de sa puissance victorieuse et de sa gloire royale; un temps où le doux et humble Jésus sera révélé du ciel, avec les anges de sa puissance, dans l'éclair rouge sang du jugement, pour exécuter la vengeance sur ses ennemis et pour déclarer ouvertement et établir fermement son royaume éternel.

 

L'air palpite de sa Sainte Présence dans le moment même. Le voile entre les deux mondes s'amincit. Bientôt, il se déchirera. Avec une crainte tremblante, nous attendons la manifestation extérieure de la gloire du Roi caché, qui trône maintenant dans chaque cœur saint. Tout en nous réjouissant de sa Sainte Présence glorieuse et croissante, nous affrontons l'avenir en nous réjouissant dans l'espérance, "attendant avec impatience notre Seigneur Jésus-Christ, qui doit se révéler à nos yeux". Sans perdre de vue la Sainte Présence, nous guettons et attendons le moment où l'épiphanie complète et finale de sa gloire fera irruption dans la vision enchantée du monde, priant sans cesse: " Viens, Seigneur Jésus, viens vite ! " et en gardant toujours à l'esprit la parole d'avertissement: "Maintenant, petits enfants, demeurez en lui, afin que, lorsqu'il se manifestera, nous ayons de l'assurance et que nous n'ayons pas à rougir devant Lui.

 

L'IDENTIFICATION DU CHRIST COMME SAINT-ESPRIT

Il est absolument nécessaire de comprendre qu'il n'y a aucune distinction de personnes entre Christ et le Saint-Esprit, car les deux sont identique. Jésus est le Saint-Esprit, et le Saint-Esprit est Jésus. Il y a simplement une différence de ministère, le premier était terrestre et se rapporte a la loi, le deuxième est spirituel et se rapporte à la grâce. Le premier était le ministère de Rédemption, le deuxième est le ministère d'Exaltation à lequel est relié la notion d'Habitation. En comptant l'Incarnation nous réalisons que Christ avait trois ministères, l'Incarnation se rapportant par analogie à la nouvelle naissance et la gestation des élus.

 

Comme nous savons déjà, l'expression Saint-Esprit correspond à celle de Sainte Présence (Holy-Ghost), les deux signifiant une seule et même chose pour désigner la Sainte Présence de Christ, dite aussi la Réflexion Vivifiante par laquelle il communique à ses élus les merveilles de sa grâce dans leur faculté de raisonner la vérité.

 

 Le Saint-Esprit a pour mission de conduire le disciple à la conscience du Christ comme étant inhérent dans l'âme des élus, mais étranger à celle des exclus, confirmant le décret de la double prédestination. C'est au Saint-Esprit que Jésus a enseigné à ses disciples à rechercher non seulement la révélation finale et complète des choses profondes de Dieu, mais aussi l'interprétation pleine et entière de lui-même en tant que Parole de Dieu. Écoutez-le déclarer: "J'ai beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les supporter maintenant ; quand il sera venu, l'Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité ; car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira ce qu'il aura entendu, et il vous annoncera toutes les choses à venir. Il me glorifiera, car il prendra de ce qui est à moi et vous l'annoncera. (Les choses que le Maître avait retenues, l'Esprit devait les transmettre; une lumière nouvelle devait être jetée sur les paroles du Christ; un sens nouveau devait être donné à la personne et à l'œuvre du Christ. Le Christ qui avait été connu selon la chair devait maintenant être connu selon l'Esprit; le Christ qui avait été manifesté extérieurement dans une vie humaine devait maintenant être manifesté intérieurement dans la gloire de sa Sainte Présence spirituelle, comme la vie intérieure de l'âme des élus.

Dire que, par le Saint-Esprit, le Christ est présent de manière représentative, c'est rester en deçà de la réalité bénie. Par le Saint-Esprit, le Seigneur vivant se maintient en relation étroite et ininterrompue avec l'esprit de l'homme, rendant sa Sainte Présence réelle et son aide efficace. Le Saint-Esprit est appelé "l'Esprit de Jésus", "l'Esprit du Christ", "l'Esprit du Fils Dieu même", parce que c'est dans ce ministère d'exaltation que le Christ poursuit sa méthode de révélation intérieure et spirituelle, qu'il se rend constamment présent, bien qu'invisiblement, et qu'il devient personnellement opérant pour le salut.

 

Nous ne devons pas déduire des paroles du Christ, " Il est bon pour vous que je m'en aille, car si je ne m'en vais pas, le Consolateur ne viendra pas vers vous ", qu'il y avait un gain dans son départ, dans le sens d'un meilleur échange. Le gain consistait en l'ajout de quelque chose de nouveau. Il est parti sous une forme pour revenir sous une autre. Il est parti avec une présence corporelle pour revenir avec une puissance spirituelle. Il est présent aujourd'hui comme autrefois, mais d'une manière plus complète. Il n'est plus entravé par un corps mortel, il n'est plus limité par les conditions étroites de cette vie terrestre, il est capable d'être universellement présent. Et comme il est universellement présent, sa présence n'est pas quelque chose qu'il faut invoquer, mais quelque chose qu'il faut réaliser et vivre. Ses paroles, "Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d'eux", ne sont pas une promesse dont nous devons implorer l'accomplissement, mais une affirmation absolue de fait en laquelle nous devons nous reposer avec confiance.

 

Des raisons élaborées ont été avancées pour montrer qu'il est à l'avantage de l'appel à renaitre d'avoir la Sainte Présence du Saint-Esprit ou Réflexion Vivifiante plutôt que celle du Sauveur en personne. Mais même sur des bases a priori, il est difficile de voir comment la venue du Consolateur pourrait jamais compenser l'absence du Sauveur, sauf dans la nouvelle création; il est difficile de voir comment la perte du vieil ami pourrait être compensée par le gain du nouvel ami sauf dans l'union des élus en un seul corps et leur transformation en l'image de Christ; il est difficile de voir comment le Saint-Esprit pourrait être une meilleure aide que le Christ sauf dans la Jérusalem céleste. L'argument est inutile, car en gagnant le Saint-Esprit, nous n'avons pas perdu le Christ qui est Lui-même l'Esprit des vivants. L'Esprit n'est pas venu pour nous dédommager de l'absence de notre Seigneur, puisqu'il est Lui-même le Seigneur de gloire; il n'a pas été chargé de remplir une place devenue vide mais pour la magnifier. Il est venu nous apporter la meilleure preuve que notre Seigneur invisible ne nous a pas laissés orphelins dans un monde abandonné, car il est venu rendre présent dans nos cœurs le Père céleste, le Christ que les cieux ont reçu. Jésus a dit du Consolateur: "Il demeure avec vous et sera en vous. "De lui-même, il a dit: "En ce jour-là, vous saurez que je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous." Si l'on compare ces deux déclarations, il est clair que, par l'habitation du Consolateur, nous avons l'habitation du Christ.

 

Cette révélation intérieure du Christ intérieur par le Saint-Esprit est donnée progressivement. Comme toute autre forme de révélation, elle suit les lois ordinaires du développement intellectuel et spirituel. De même que dans l'Ancien Testament, la connaissance de l'Esprit des vivants s'accroît progressivement, de même dans le Nouveau Testament, la connaissance du Christ s'accroît progressivement. Nous pouvons retracer cette croissance dans la connaissance du Christ dans l'expérience des apôtres; nous pouvons voir comment, sous l'influence constante de l'Esprit Saint, ils ont appris à mieux connaître le Christ au fil des années; la lumière intérieure qu'ils ont reçue à la Pentecôte leur a fourni la véritable philosophie de ses enseignements, la clé qui a percé le mystère de sa vie. Des choses le concernant, qu'il avait retenues parce que le moment n'était pas venu de les dire, étaient maintenant données dans un parlé en langue hébraïque parfait; des chapitres entiers de sa vie, qui avaient été pour eux d'étranges énigmes, étaient maintenant éclairés; des vérités germinales qu'il avait laissées tomber dans leur esprit étaient maintenant fructifiées. L'Esprit des vivants leur avait rendu témoignage du Christ, et maintenant ils étaient prêts à être les propres témoins du Christ. Les choses qu'ils avaient vues et entendues pour eux-mêmes étaient maintenant prêtes à être annoncées aux autres. De leur nouvelle expérience du Christ, insufflée par l'Esprit Saint, est né l'ensemble du témoignage du Christ contenu dans les écrits qui, dans leur ensemble, constituent le Nouveau Testament. Lorsque le Christ est devenu vivant pour les disciples, ceux-ci se sont empressés de se rappeler et d'enregistrer tout ce qu'ils savaient à son sujet. Ils ont été guidés par l'Esprit dans le choix des documents. Ce qu'ils avaient à dire était ce qui leur avait été donné de dire. Au fur et à mesure que le Christ grandissait, les archives s'enrichissaient. Au fur et à mesure que le Saint-Esprit les éclairait, il leur donnait la Parole inspirée.

 

Cette révélation intérieure du Christ par le Saint-Esprit se poursuit encore aujourd'hui, vous en avez l'évidence devant vos yeux dans le moment même. Le Christ continue de grandir dans l'appréhension spirituelle des hommes qu'il a choisi dans son décret d'élection avant la fondation du monde. Ceux qui sont sous la tutelle de l'Esprit le connaissent chaque jour plus intimement. Par eux, il est de plus en plus connu des autres. Ils sont les interprètes du Seigneur Jésus. La lumière nue de la gloire du Christ, qui est trop forte pour des yeux faibles, s'adoucit et s'adoucit lorsqu'elle est regardée par le biais de la vie humaine ordinaire; la vérité sur le Christ, qui est trop vaste pour être utile à beaucoup dans sa forme originale, devient courante lorsqu'elle est transposée dans l'expérience concrète d'autres âmes humaines. Le pain de vie, qui est rejeté dans sa masse, est accepté lorsqu'il est brisé en petits morceaux. Le Christ que beaucoup ne trouvent pas dans les évangiles se trouve dans les épîtres de saint Paul ; et le Christ que beaucoup ne trouvent pas dans les épîtres de saint Paul se trouve dans les écrits de quelque saint moderne, à qui l'Esprit a révélé quelque chose de ce que l'apôtre Pierre appelle "la vérité présente" - c'est-à-dire la vérité adaptée aux conditions et aux besoins actuels. Tous les maîtres enseignés par l'Esprit sont des pédagogues qui conduisent les hommes au Christ.

 

L'élargissement de la pensée christologique de nos jours est la preuve que le Saint-Esprit est à l'œuvre, prenant les choses du Christ et les montrant aux hommes. La place plus importante que le Christ gagne dans la pensée et la vie du monde est due à ses efforts continus. Jamais le Christ n'a été mieux connu qu'aujourd'hui à ce moment même, car c'est Lui qui vous parle. Et jamais l'intérêt des élus pour lui n'a été aussi profond. Plus les hommes l'étudient, plus ils sont convaincus qu'ils n'en ont pas fini avec Lui. Il n'y a personne au sujet duquel les hommes sont si désireux d'en savoir plus. L'esprit curieux de notre époque s'exprime dans le simple chant : "Parlez-moi de Jésus". Bienvenue, trois fois bienvenue, à tout enseignant envoyé par le Ciel, qui peut nous aider à avoir une vision plus large et plus élevée du Christ ! "Le Christ supportera d'être beaucoup mieux connu". La dernière découverte à son sujet n'a pas encore été faite; tout ce qui peut être connu n'a pas encore été dit ou appris. Le Saint-Esprit n'est pas une lumière qui s'éteint, ni une voix qui s'éteint. Il n'a pas dit son dernier mot, il n'a pas fait sa dernière révélation. "Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit des vivants, qui parle toujours, dit maintenant au sujet du Christ, aux appelés à renaitre, et par eux au monde."

 

LE CHRIST DANS CHAQUE ÉLU ET LA COMMUNION FRATERNELLE

" Il oublia son âme pour les autres, se prêtant à son prochain, et trouva le Seigneur dans ses frères souffrants, et non dans les nuages qui descendaient."

 

La grande cause première de la nature, l'âme vivante de l'univers, est Jésus-Christ, l'Esprit des vivants auto-manifesté. C'est le monde du Christ; il l'a fait; il y réside; il en remplit chaque partie de la gloire de sa présence. Dans l'inhérence du Christ vue dans la nature, nous trouvons le fondement de son immanence dans la nature humaine des élus seuls. Il n'est pas possible qu'Il soit dans le monde de la matière et qu'Il soit exclu du monde de l'Esprit, il n'est pas possible qu'Il habite le monde extérieur et qu'Il soit exclu du monde intérieur. Les deux mondes lui appartiennent; il habite dans les deux. Il est dans toutes les choses et son influence est sur toutes les âmes. Un homme peut être hors du Christ, mais le Christ n'est jamais hors de lui, qu'il soit élu ou réprouvé.

 

Il n'abandonne pas ceux qui le bannissent, mais les réserve pour le jugement. Il s'approche de chaque homme aussi près qu'il le peut; Il se donne à chaque homme dans la mesure désignée où il le reçoit.

 

Lorsque cette nouvelle vision de l'homme dans sa relation avec le Christ est obtenue, un nouveau motif de le servir est fourni. Les pauvres sont désormais les pauvres du Christ et doivent être servis en son nom; le vagabond est la brebis du Christ et doit être secouru pour lui ; le malfaiteur est l'ami du Christ et doit être pardonné pour lui ; l'offensé est le frère du Christ et doit être défendu dans ses droits comme si sa cause était la cause du Christ. Le Christ s'identifie si complètement aux nécessiteux et aux désemparés, surtout ceux de la famille des élus, que tout service qui leur est rendu est accepté par lui comme s'il lui était rendu à lui-même. En raison de la relation qu'il entretient avec tous les hommes, il dit de toute bonne action accomplie par un homme envers un autre : "Dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits, mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait". En raison de sa relation avec les plus petits et les plus faibles de la grande famille humaine, il dit : "Quiconque accueille en mon nom l'un de ces petits enfants, c'est moi qu'il accueille". Tout acte de bonté va au-delà de la personne à laquelle il s'adresse et s'achève sur le Christ comme objet ultime. 

 

D'autre part, en raison de sa sympathie intime avec les hommes, ceux qui tournent le dos aux opprimés et aux affligés Lui tournent le dos. Toute blessure faite à un autre est ressentie par Lui comme si elle lui était faite à Lui-même. "Saul, Saul, pourquoi m'as-tu persécuté ? "est la question surprenante qui a arrêté Saul de Tarse dans sa carrière de persécution. Ce jeune pharisien découvrit avec horreur qu'en persécutant les membres d'une secte chrétienne méprisée, il persécutait le Christ. Ignorant sa véritable attitude spirituelle, ignorant la signification réelle de sa conduite, il se faisait involontairement l'allié du diable en blessant le Christ, alors qu'il pensait rendre service à Dieu en punissant ses ennemis. Il était loin de se douter que le Christ, l'Oint du Seigneur, était lié de quelque manière que ce soit aux détestables hérétiques qu'il traquait jusqu'à la mort, ou qu'il avait un intérêt personnel à leur égard. Et c'est à peine si les hommes en général pensent que le Christ est d'une manière ou d'une autre lié à ceux qu'ils maltraitent ou qu'il s'intéresse à eux. Ils sont loin de penser que le coup porté au disciple frappe le Maître, que le fouet qui s'abat sur le dos de l'innocence fait bondir le cœur du Frère aîné, que la parole cruelle prononcée par colère ou par méchanceté à l'égard d'un autre Le touche de plein fouet; que les lourds fardeaux qui pèsent sur des épaules épuisées et faibles L'accablent d'un sentiment d'oppression; que la pauvreté écrasante du travailleur sans contrepartie est pour Lui une détresse continuelle; que l'injustice commise à l'égard des faibles et des sans-défense transperce Son cœur comme une épée.

 

Que le tyran impitoyable, le séducteur de la vertu, le corrupteur de la jeunesse, l'intrigant rusé qui utilise les hommes comme les outils de son ambition égoïste, le capitaliste cruel dont les richesses sont prélevées sur le sang des pauvres - que tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, font du tort à leurs semblables sachent qu'ils auront enfin le Christ qui les regarde avec des yeux pleins de pitié pour régler leurs comptes. Le juge du malfaiteur est l'ami et le frère de sa victime.

 

Dans un sens particulier, le Christ s'identifie à son peuple, ses élus, parce qu'il est son frère dans un sens particulier. L'unité naturelle s'est transformée en unité spirituelle, la fraternité naturelle en fraternité spirituelle. "Dans toutes leurs afflictions, il est affligé. "Celui qui vous touche, dit l'un des prophètes, touche la prunelle de ses yeux. " Celui qui vous méprise ", dit le Seigneur lui-même, " me méprise ". Cette identification complète du Christ avec les siens est illustrée par un incident de l'histoire écossaise. À une époque de persécution religieuse, deux tendres femmes furent condamnées à mourir parce qu'elles refusaient de reconnaître la suprématie d'un autre que le Christ. Elles furent condamnées à être attachées à des pieux sur le sable de Galway et à périr dans la marée montante. L'aînée des deux fut placée plus près de la mer, afin qu'au fur et à mesure que l'eau montait, son agonie puisse inciter son compagnon d'infortune à se rétracter. Mais la jeune fille héroïque, au lieu d'être terrifiée en voyant sa compagne se débattre dans les vagues déferlantes, s'exclama: " Que vois-je, sinon le Christ qui se débat là ? Pensez-vous que nous souffrons ? Non, c'est le Christ en nous, car il n'envoie personne combattre à sa propre charge". Pour ses yeux oints, la souffrance de ses compagnons était la souffrance du Christ; et la force qui la soutenait alors qu'elle attendait calmement son sort était la force du Christ.

 

Dans l'un des membres de son corps mystique, il a triomphé de la mort et des puissances des ténèbres.

Mais sa sympathie ne s'étend pas seulement à son peuple, " Dans toute douleur qui déchire le cœur, l'Homme de douleur a sa part".

* Toute personne élue souffrant sur terre peut compter sur sa compassion. L'ami des saints est aussi l'ami des pécheurs, car tous sont pécheurs. Il compte parmi ses frères tous ceux qui ont besoin de sa sympathie et de son aide. Tout ce qui concerne un homme le concerne. Les problèmes du monde sont rassemblés dans son cœur souffrant. Aucune douleur n'est semblable à la sienne, car aucun renoncement n'est semblable au sien. Dans les profondeurs de la misère de l'homme, il est entré dans son incarnation, devenant un avec son péché comme le parent devient un avec le péché de son enfant, souffrant pour lui, mourant pour lui, afin de délivrer l'homme de sa malédiction. Il entre encore dans les profondeurs de sa misère, se confondant avec sa douleur, la portant sur son cœur, afin d'alléger, par sa sympathie vicariale, le fardeau de sa souffrance et de remédier à ce qui doit en rester.

 

Le poète Lowell, dans sa " Vision de Sir Launfal ", montre l'effet émouvant de l'appréhension de la Sainte Présence du Christ dans l'homme. Il raconte l'histoire d'un chevalier du Pays du Nord qui fait le vœu de voyager sur terre et sur mer à la recherche du Saint Graal. Avant son départ, il a une vision nocturne de la gloire qui l'attend. Alors qu'il sort le lendemain de la porte de son château, vêtu d'une cotte de mailles étincelante, il voit un lépreux répugnant assis par terre, qui mendie en tendant la main; il passe devant lui en hâte et lui jette une pièce d'or en signe de mépris. Les années passent et Sir Launfal, vieux et grisonnant, revient de sa quête infructueuse pour trouver son héritier en possession de ses salles ancestrales. Le vieux sénéchal, ne le reconnaissant pas et ne croyant pas à son histoire, lui refuse l'entrée. Las et faible, il s'assoit sur la neige devant sa demeure princière et médite tristement et tendrement sur les événements des années écoulées. Sa rêverie est interrompue par la voix d'un lépreux qui crie: "Pour l'amour du Christ, je demande l'aumône." Sir Launfal se retourne et revoit la même "chose épouvantable" dont il s'était détourné avec dégoût des années auparavant. Mais un nouveau sentiment naît dans son cœur lorsqu'il regarde ce souffrant " dans l'horreur désolée de sa maladie ", et il s'adresse alors à lui:

" Je vois en toi

Une image de Celui qui est mort sur le bois; Tu as aussi eu ta couronne d'épines - Tu as aussi eu les buffets et les mépris du monde - Et à ta vie n'ont pas été refusées les plaies des mains, des pieds et du côté; Que le Fils de Marie me reconnaisse;

Voici que par lui je te donne".

Il partagea donc avec le lépreux son unique croûte, brisa la glace au bord du ruisseau et lui donna de l'eau pour étancher sa soif. Et soudain, tout changea.

" Le lépreux n'était plus accroupi à ses côtés, mais se tenait devant lui, glorifié, brillant, grand, beau et droit comme le pilier qui se tenait près de la Belle Porte, la porte par laquelle les hommes peuvent entrer dans le temple de l'Esprit des vivants en l'homme.

Et la voix, plus calme que le silence, dit: "Voici, c'est moi, n'ayez pas peur !

Dans de nombreux pays, sans résultat, tu as passé ta vie à chercher le Saint Graal; voici qu'il est ici - cette coupe que tu as remplie au ruisseau pour moi maintenant; cette croûte est mon corps brisé pour toi, cette eau son sang qui est mort sur l'arbre; la Sainte Cène est gardée en effet dans ce que nous partageons avec le besoin d'autrui;

Ce n'est pas ce que nous donnons, mais ce que nous partageons, car le don sans celui qui le fait est vide; celui qui se donne avec son aumône nourrit trois personnes: lui-même, son frère qui a faim et moi.

 

Si la communion fraternelle est quelque chose, elle est le renoncement envers un autre; et si le renoncement est quelque chose, il est le partage des besoins de la vie avec un autre. Celui qui ne partage pas avec son frère en besoin n'a pas l'Esprit de Christ et n'a pas la vie en lui. Prévoyez les besoins et agissez dans en toute humilité dans le silence et la tranquillité, sachant que vous êtes au service de Christ et vous en récolterez de riches bénédictions en ce monde et en l'autre. Soyez conscient que celui qui partage avec son frère, partage avec Christ. Or celui qui n'a rien ne peut partager rien sauf sa vie. Impliquez-vous activement, partagez des prières, des cantiques, des instructions, et des encouragements. En vous mettant à la place d'un autre vous connaitrez ses besoins. Ne reculez pas devant l'épreuve, mais combler les lacunes, et tenez-vous dans la brèche paré à agir en toute bienséance. La communion fraternelle est la Cène véritable en action, notre Pâque spirituelle, elle est le partage du pain de vie, savoir Christ en nous l'anticipation de la gloire.

 

Quelle vision exaltée de l'homme est acquise lorsque, dans l'éclat de la gloire du Christ intérieur, la vie la plus mesquine se trouve transfigurée !

 

LE CHRIST INCARNÉ DANS LA VIE DES CHRÉTIENS

" Que chaque œil qui me voit, voie quelque chose du Christ en moi, Que chaque homme qui m'entend, entende Jésus murmurer à son oreille. "

 

De même que l'incarnation du Christ était un témoignage de l'habitation divine, la renaissance du Christ dans son peuple d'élus est un témoignage de la Sainte Présence du Christ dans le monde. Dans la vie de ses rachetés, sa Sainte Présence est ouvertement révélée. Ils sont ses représentants ou re-présence. En eux, son incarnation se répète et se perpétue. Par eux, son influence est reproduite. La vie qu'il a perdue sur la croix, il la retrouve en eux. Ils sont des Christs pour tous ceux qu'ils rencontrent. Beaucoup ont trouvé audacieux; mais chaque chrétien n'est-il pas " un peu de Christ ", un petit Christ - le Christ actualisé, le Christ prolongé dans le présent ?

 

On demandait un jour à un enfant: "Où est Jésus-Christ maintenant ?" La réponse fut immédiate : "Il vit dans notre allée". Il vivait là, sous les yeux du monde, dans la personne de l'un de ses disciples. Il vit toujours là où son peuple vit. Le "JE SUIS" a une vie immortelle. Il se multiplie dans la vie de ses disciples. Toute vie qu'Il inspire, toute vie dont Il est le principe animateur et directeur, poursuit Sa vie et Son œuvre sur la terre. Ceux en qui Il vit ne le vivent pas seulement dans leur vie quotidienne, mais Lui-même vit à partir d'eux. Ils font son œuvre, ou plutôt, il fait son œuvre à travers eux. La réalité de sa Sainte Présence est confirmée par eux lorsqu'ils disent: ". Qu'ici, au milieu des pauvres et des aveugles, des blessés et des souffrants de notre espèce, dans les œuvres de foi que nous accomplissons, dans les prières que nous faisons, dans la vie de notre vie, Il vit aujourd'hui".

 

La continuation de la vie du Christ implique la continuation de son sacrifice. Si, dans tous les services que son peuple rend aux autres, son œuvre est poursuivie, dans toutes les souffrances qu'il endure pour les autres, son sacrifice est rejoué. Il y a un élément de vérité dans la doctrine du sacrifice perpétuel du Christ. Ce sacrifice n'est pas extérieurement et formellement répété, " un seul sacrifice pour le péché à jamais " ayant été fait; mais l'esprit de don de soi du Christ est continuellement transmis, et en ce sens le sacrifice du Christ continuellement répété. Le renoncement qui se sacrifie, qui est l'élément essentiel du caractère du Christ, est aussi l'élément essentiel du caractère de chaque chrétien en qui il habite. Comme le Christ s'est sacrifié pour les autres, il en sera de même pour tous ceux qui possèdent son Esprit. Tout chrétien devrait pouvoir dire: "Je meurs chaque jour", "Je porte sur mon corps les marques de Jésus", "Je me réjouis de mes souffrances pour les autres" et "Je remplis de mon côté ce qui manque aux afflictions du Christ". Il doit désirer connaître le Christ et la communion de ses souffrances, en se conformant à sa mort". Il doit porter dans son corps la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus soit manifestée dans son corps. Dans la souffrance active et passive, il doit être "un sacrifice vivant, saint, agréable à l'Esprit des vivants". Sa vie doit être versée comme une oblation constante au service de Christ et des frères véritables, consumée sur l'autel du renoncement comme un sacrifice perpétuel pour le salut des élus.

 

L'incarnation du Christ dans la vie chrétienne fait de sa manifestation dans la chair autre chose qu'un événement passager. Il ne se retire pas de celui dans laquelle il vient. L'assise qu'il a acquise, il continue à la conserver. Dans la vie des élus, il continue à se révéler, à travers eux, il continue à parler. Le tabernacle de l'Esprit des vivants n'est pas seulement avec l'homme, il est en l'homme. "La véritable shekinah (Sainte Présence), dit Chrysostome, est en l'homme. Le Très-Haut n'habite pas dans des temples faits de main d'homme, mais dans le temple vivant du cœur humble et saint. Ainsi parle le Très-Haut qui habite l'éternité et dont le nom est Saint: "J'habite dans le lieu élevé et saint, avec celui qui a l'esprit contrit et humble". Faisant appel à la conscience intérieure des chrétiens réels, l'apôtre des nations demande: "Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de l'Esprit des vivants et que la Réflexion Vivifiante de l'Esprit des vivants habite en vous ? "Ne savez-vous pas que, dans le sanctuaire intime de votre âme, se trouve la Réflexion Vivifiante de l'Esprit des vivants vivant ? Ne savez-vous pas qu'il y a là le lieu secret où le Très-Haut peut être rencontré et adoré ? Identifiant l'immanence divine avec l'immanence du Christ en ses élus seuls, le même apôtre demande: "Ne savez-vous pas que vos corps sont des membres du Christ" - des sanctuaires purifiés par sa Sainte Présence, des instruments rendus aptes à faire sa volonté ? Ne savez-vous pas que l'homme tout entier est à lui, que les natures intérieure et extérieure doivent être sous son contrôle, qu'il doit être glorifié dans le corps et dans l'esprit ?

 

La question répétée "Ne savez-vous pas ?" implique qu'il est possible pour les chrétiens nominatifs de rester dans l'ignorance et l'indifférence de tout ce qui est impliqué dans le fait de l'habitation divine. Le Christ peut être pour eux comme quelqu'un qui est loin, " le roi d'une étoile lointaine ", au lieu d'être une Sainte Présence vivante et couvante; ils peuvent penser à leur âme comme à un endroit où il fait une visite occasionnelle, au lieu de voir que c'est une maison qu'il a construite pour y demeurer. Savoir que Christ est en nous, savoir que nous avons été créés par Lui et pour Lui, savoir que nous avons été conçus pour être le temple vivant de Sa Sainte Présence, c'est atteindre une excellente connaissance pour laquelle tout le reste pourrait être considéré comme une perte. Que chacun se demande: "Ai-je atteint cette connaissance ? Est-ce que je vois que la fin même pour laquelle le Seigneur de Gloire a assuré ma nature était qu'Il puisse habiter dans mon pauvre cœur ? Son incarnation est-elle devenue pour moi réelle et personnelle ? Est-Il entré dans ma vie ? A-t-il élu domicile en moi ? Est-ce que je vis dans l'heureuse conscience de sa Sainte Présence permanente ? Est-ce que je l'emporte avec moi partout où je vais ? Mon avènement est-il son avènement ? La mise en œuvre de ma vie dans d'autres vies est-elle la mise en œuvre de Sa vie dans d'autres vies ? Toutes les sorties de ma personnalité rachetée sont-elles les sorties de sa personnalité divine ? Est-ce que l'on voit en moi, son saint temple, un éclat constant de sa gloire resplendissante ? Ma vie brille-t-elle tellement devant les hommes que ceux-ci, voyant mes bonnes œuvres de foi, rendent gloire à Celui dont la grâce les a produites ? En un mot, le Christ qui vit en moi est-il accepté, confessé, vécu et glorifié ?

 

L'incarnation continue du Christ réalisée dans les chrétiens individuellement, se réalise encore plus pleinement parmi les appelés à renaitre en Christ. Le tout est plus grand que la partie. Les chrétiens sont membres du Christ, la convocation à renaitre est celle du " corps du Christ". Elle est sa demeure d'élection, l'organisme dans lequel réside sa plénitude, l'agence par laquelle sa vérité et sa grâce sont connues, le témoin visible de sa Sainte Présence continue dans le monde. La mission de la sommation à renaitre est la mission du Christ. Elle existe pour Le représenter, pour agir pour Lui, pour faire ce qu'Il veut qu'elle fasse. Elle est le centre à partir duquel son énergie recréatrice et salvatrice doit se répandre dans le monde. Le salut qui doit venir de Lui pour le monde doit venir de Lui par l'intermédiaire de sa sommation à renaitre. Dans toutes ses activités, la convocation à renaitre est simplement l'organe du Christ; tout ce qu'elle fait pour élever le royaume de l'Esprit des vivants dans le cœur des élus sur la terre, c'est ce que le Christ lui permet de faire. L'effusion de sa vie au service de ses élus est l'effusion du Saint-Esprit que le Christ a tout d'abord répandu lors de son retour officiel le jour de la Pentecôte. Désormais il se forme un nouveau corps à l'intérieur de ses élus, qui formeront une nouvelle race d'immortels céleste et éternelle.

 

A Christ seul soit la Gloire