Première Série
1. Le Messie, fils de la Vierge
2. La sainte et parfaite obéissance
3. Le Messie fixé sur la croix.
4. L’ensevelissement du Messie
5. Le Messie ressuscitant.
6. Le Messie est Dieu.
7. Le règne du Messie
Deuxième Série
1. La postérité de la femme
2. La postérité d’Abraham
3. Le Schiloh
4. L’homme, le Seigneur Jéhovah
5. Les grâces de David
assurées.
6. La femme qui entoure l’homme.
Uniformité de traduction dans l’Ancien
Testament
1. Grâce
2. Vérité
3. Croire
4. Foi, fidélité
5. Rédempteur et racheter.
6. Sacrificateur
7.
Les diverses espèces de sacrifices
Erreurs et inexactitudes diverses
1. Le Nom de Dieu
2. L’Ange de Jéhovah, l’Ange de la Face,
la Face de Jéhovah, la Voix de
Jéhovah
3. Erreurs touchant la Résurrection et
la Rédemption.
4. Erreurs touchant les choses finales.
5. Le dépôt de l’Éternel
6. Inexactitudes diverses
7. Inexactitudes dans les quatre
premiers chapitres de la Genèse
Nouveau Testament
1. Variantes et Texte reçu
2. Divinité de Jésus-Christ
3. Uniformité de traduction
4. Confusion des temps des verbes grecs
5. Prépositions
6. Erreurs diverses
7. Inexactitudes diverses
La version dite de
Lausanne
Note sur Ésaïe 7:14-16
Extrait d’une
publication: Notes sur la version du
Dr Segond
L’emploi de la version
des Septante du le Nouveau Testament
Note sur 2 Timothée 4:10
Nous
faisons remarquer aux lecteurs que le
texte original de
Gustave-A. Krüger, que vous avez sous
les yeux, n’a été altéré en aucune
façon, toutefois nous y avons ajouté des
annotations ici et là qui font part de
nos réflexions concernant le texte
dévoyé de la Bible Segond.
Soulignons dès le départ quelques-uns
des faits les plus importants qui sont à
la source de tous les problèmes de la
version Segond.
Premièrement il est rapporté avec
assurance, dans plusieurs écrits du 19e
siècle, que Louis Segond ne croyait pas
à la divinité de Christ. Ce fait seul
serait suffisant pour qu’un christien
réel jette cette version dénaturée aux
oubliettes. Il ne suffit pas de
simplement faire des corrections dans
cette version frelatée de la Bible,
tellement son texte est pollué, mais de
la proscrire afin qu’elle disparaisse
des archives historiques. Pourquoi
utiliser une telle version, pourquoi
persister à y faire des modifications
dans une tentative futile d’améliorer
son texte dévoyé, lorsque nous avons de
très bonnes versions fidèles à la
divinité de Christ dans celles de la
Martin et de l’Ostervald?
Quelle
est cette obsession
parmi ceux qui se disent chrétiens et
qui affirment reconnaître la divinité de
Christ, de s’attacher obstinément à une
version de la Bible qui s’attaque à
cette doctrine essentielle? Le
christianisme moderne aurait-il cessé de
croire en la divinité de Christ tout en
déclarant le contraire? Les croyants
sont-ils devenus si ignorants et
indolents qu’ils n’ont plus aucun
discernement de la vérité et qu’ils en
demeurent dans une indifférence totale?
En sommes nous rendu au point qu’on peut
se dire chrétien tout en refusant la
déité au Seigneur Jésus-Christ? Tout
semble indiquer que oui et que le
christianisme moderne a sombré dans
l’apostasie la plus incisive de son
histoire.
Deuxièmement, la traduction de Louis
Segond et de son collègue Hugues
Oltramare, fut faite sur la base de
l'édition critique de Konstantin
Tischendorf, un texte corrompu et
adultéré fait d'une compilation du Codex
Sinaïticus, frère du Codex Vaticanus.
Ces deux textes de la Septante, en
provenance de la cinquième colonne de l’Hexaple
d’Origène d’Alexandrie, sont les plus
défectueux et corrompus de toute la
masse des manuscrits en existence, ils
ont comme caractéristiques communs de
diluer la divinité de Christ dans un
grand nombre de lectures. D'ailleurs, la
commission d'experts, dont plusieurs
d'eux ne croyait pas non plus en la
divinité de Christ, chargée de
superviser son travail fut en réalité
celle du Cardinal Newman en 1881 qui
adoptèrent le Texte Critique ou Texte
Falsifié du Nouveau Testament compilé
par les deux plus grands apostats de la
Critique Textuelle, Wescott et Hort.
«Qui est menteur, si ce n'est celui qui
nie que Jésus est le Christ? Celui-là
est l'antichrist, qui nie que le Père
soit même le Fils.» (1 Jean 2:22)
Ces points doivent nous interpeller
tous, aucun christien réel ne peut
rester indifférent devant de telles
aberrations.
Dans la
Préface du Nouveau Testament d’Oltramare
1872, nous voyons qu’il est dit
astucieusement par la Compagnie des
pasteurs de Genève:
«Dirigée
par le désir de remplir fidèlement un
mandat séculaire, mais sentant de plus
en plus la haute convenance d'une œuvre
homogène, la Compagnie reconnut, il y a
quelques années, la nécessité de
modifier notablement le programme des
travaux qui lui incombaient comme
gardienne d'un dépôt sacré. Elle
jugea que le meilleur moyen de répondre
aux exigences de la situation, c'était
d'encourager de son appui une œuvre
individuelle, placée sous son contrôle
officieux, et soumise ultérieurement à
son approbation. C'est dans ces
conditions, heureusement réalisées, et
sur le préavis favorable de ses
commissaires, qu'elle offre aux fidèles
de notre Église, la version du
Nouveau Testament due aux soins de M. le
pasteur et professeur Oltramare, et
qu'elle peut leur annoncer comme
prochaine la publication parallèle d'une
version de l'Ancien Testament par M. le
Dr Segond... M. Oltramare a cherché
à donner pour base à son travail ce
qu'il y a de plus sûr en fait de texte
grec. En conséquence, il ne s'est pas
conformé au texte publié
précipitamment en 1516 par les soins
d'Érasme, d'après des manuscrits ne
remontant qu'au quinzième et au
treizième siècle, revu plus tard par
Théodore de Bèze, reproduit par Robert
Étienne et popularisé par les éditions
des Elzévirs, sous le titre imposant de
texte reçu. — Répondant à un
vœu de la Compagnie des pasteurs, le
traducteur a mis à profit les résultats
les plus positifs de la science: il a
utilisé particulièrement les travaux
récents du Dr Tischendorf sur les
manuscrits du Nouveau Testament, sans
suivre toutefois son guide d'une manière
aveugle et servile. Ceux qui savent que
l'autorité des plus anciens textes
(Vaticanus et Sinaïticus) est le
grand principe d'après lequel cet
illustre critique se décide en cas de
variantes, et que l'histoire des
manuscrits les plus célèbres remonte
jusqu'au quatrième siècle, ne verront
pas une témérité novatrice dans la
préférence habituelle que M. Oltramare
donne à sa recension sur un texte
arbitrairement adopté...»
En plus,
dans un même esprit de finesse, nous
trouvons dans la Revue Mensuelle «Le
Livre» publiée à Paris en 1880, qu’il
est écrit:
«Dans le
domaine théologique, Genève s'est
surtout attachée à perfectionner les
versions de la Bible. En 1805 paraissait
dans notre ville une traduction nouvelle
de l’Ancien, et, en 1835, du Nouveau
Testament. En 1874, à un demi-siècle de
distance, deux professeurs de la Faculté
de théologie attachée à notre Académie,
devenue depuis Université, MM. Louis
Segond, docteur en théologie, et Hugues
Oltramare, publiaient chez
Cherbuliez une version complète des
Livres saints, dans laquelle M. Segond,
qui professe l'hébreu, s'était chargé de
la traduction du texte hébreu (la Sainte
Bible, Ancien Testament, 2 vol. in-8°),
tandis que son collègue à la chaire
d'exégèse du Nouveau Testament livrait
la traduction du texte grec (le Nouveau
Testament, 1 vol., même format). Depuis
cette date, M. Segond a encore entrepris
et achevé pour son compte une traduction
du Nouveau Testament (d’après les
mêmes manuscrits employés par Oltramare),
de manière à pouvoir publier toute la
Bible sous son nom. A côté de l'édition
de Genève, il a paru aussi à Oxford une
jolie édition populaire de la Bible
complète, version Segond. Si l'on
compare, pour le Nouveau Testament,
Segond et Oltramare, on voit que la
première de ces deux traductions ne
s'est séparée des anciens et meilleurs
ouvrages de ce genre que là où c'était
nécessaire, tandis que M. Oltramare a
rompu plus carrément avec ses
devanciers.»
La source
de la foi ayant été polluée par
l’éclectisme raffiné d’une Compagnie de
pasteurs de Genève sous prétention
d’en maintenir la pureté, la voie
vers l’apostasie finale de
l’arminianisme fut grande ouverte. Les
partisans du libre-choix ont réussis à
écarter les gens de la vérité du Texte
Reçu qui occasionna la Réforme et pour
lequel des millions de chrétiens ont
versé leur sang en témoignage.
Quelle
différence entre les chrétiens du
premier réveil de ce siècle
et notre génération! Alors on
discutait, au point de vue de la
fidélité doctrinale, la supériorité de
la version de Martin sur celle
d’Ostervald. On s’efforçait, je le dis
sans aucune nuance de blâme, avec un
soin jaloux, de couler le moucheron.
Aujourd’hui, nous avalons des chameaux.
Nous acclamons avec enthousiasme la
version de M. Segond, bien qu’elle
élimine plusieurs des principales
prophéties messianiques. Nos journaux
religieux évangéliques en ont fait
l’éloge les uns après les autres, depuis
la Revue chrétienne et
l’Église libre jusqu’à l’Ami
d’Israël. Cette dernière feuille,
cependant, aurait dû avoir des motifs
tout particuliers pour désirer retrouver
intégralement les prophéties
messianiques dans la nouvelle version.
La
limpidité du style a-t-elle donc
tellement ébloui les lecteurs de la
Bible de M. Segond, qu’ils n’y ont pas
aperçu les graves lacunes dogmatiques?
Ou bien trouve-t-on que ces erreurs ne
valent pas la peine d’être relevées? Ou
même ne les regarde-t-on plus comme des
erreurs? Dans le premier cas,
on s’est rendu coupable d’une bien
grande précipitation dans une question
de premier ordre: la large diffusion
d’une traduction nouvelle de la Parole
inspirée de Dieu, source unique et
exclusive de toute connaissance
chrétienne. Dans les deux autres, on
aurait prouvé que, malgré notre activité
religieuse, malgré nos efforts pour
maintenir la vérité évangélique et
malgré nos prières multipliées pour une
action plus puissante du Saint Esprit,
nous sommes atteints d’une maladie
mortelle: l’indifférence doctrinale et
l’incapacité de discerner les esprits.
J’espérais toujours que quelque
voix influente pousserait un cri
d’alarme. Au contraire,
au mois de janvier dernier, une
petite feuille publiée par un dévoué
serviteur de Jésus-Christ pour les
membres de l’Union pour la lecture de
la Bible et la prière, vint à son
tour recommander la version de M. Segond
et l’offrir à bas prix à ses trois mille
cinq cents lecteurs. Dès lors je ne
pouvais plus me résigner au silence. Si
les forts se taisent, c’est aux plus
faibles d’élever la voix et d’avertir
les Églises.
Telle est
l’origine de cette critique, qui aurait
paru trois mois plus tôt sans un
incident indépendant de ma volonté, et
une absence de six semaines. Sous un
certain rapport, je n’ai, pas regretté
ce retard. Grâce à lui, j’eus
connaissance des Notes critiques
dont il est question ci-dessous (voir:
Extrait d’une publication),
et j’appris aussi par, l’Église libre
du 1er juillet que K.,
que je ne connais pas, et B., qui est un
fidèle pasteur de l’Église réformée
officielle, ont adressé à cette feuille
des lettres critiquant là version en
vogue, lettres auxquelles la
rédaction a, parait-il, refusé
l’insertion. J’appris, par la même voie,
que M. le pasteur Henri Blanc, de
Vauvert, avait présenté au synode
régional de Codognan un rapport critique
sur la version de M. Segond, rapport que
cette assemblée par un vote formel a
recommandé au Synode général qui doit se
réunir à Marseille en Octobre prochain.
L’auteur de ces pages n’est donc plus
seul à avertir ses frères; c’est pour
lui un grand encouragement. Il n’a pas
jugé inutile de les publier, car plus il
y a de protestations, mieux cela vaut
pour la sainte cause que nous défendons
l’intégrité des oracles de Dieu.
Sous ce
rapport, il est très regrettable que l’Église
libre n’ait pas ouvert
largement ses colonnes à un débat
contradictoire sur les mérites ou les
défauts de la version qu’elle patronne;
et que K. et B. n’aient pas, eux aussi,
publié leurs critiques, l’Église
libre refusant de les insérer. Ni
crainte, ni fausse modestie, ni
sacrifices ne doivent nous retenir dans
une circonstance aussi solennelle.
Pourquoi ne pas traiter au grand jour
des questions de cette importance?
Mais
comment un homme comme M. Segond, qui
n’a voulu mettre sa science qu’au seul
service de la vérité, aurait-il pu
tromper à ce point?
Note 1
— Un fait à remarquer est que
l’érudition académique n’est pas un
garantie de fidélité et de vérité. En
fait l’intellectualisme est le nouvel
idole d’un christianisme contrefait qui
cherche sa propre renommée et non celle
de Christ. À sa base se trouve la
doctrine du libre-choix de
l’arminianisme qui déforme la foi réelle
en lui donnant une autre signification
que celle qui lui est attribuée par les
Saintes-Écritures. On ne peut s’éloigner
de la souveraineté de Dieu et de sa
divine providence et ne pas se tromper.
L’exercice du libre-choix dans la
sélection des manuscrits et des lectures
qu’ils contiennent ne peut faire
autrement que d’arriver à des fausses
conclusions dans la traduction des
Saintes-Écritures. L’homme n’est pas le
maître de la vérité ni de son destin,
CHRIST SEUL EST LA VÉRITÉ ET LA VIE.
On a fait
à l’auteur de ces lignes cette objection
avec une certaine insistance. Si
délicate qu’elle soit, il faut y
répondre; car il y a toujours des hommes
qui jugent d’une œuvre, plutôt par le
nom de son auteur que par son mérite
propre.
Or, voici
un autre traducteur de la Bible, M.
Reuss. Je parlerai de lui avec la mesure
que commande le respect pour un ancien
professeur à qui j’ai de grandes
obligations. La valeur scientifique de
cet éminent théologien ne peut être mise
en doute, sa sincérité non plus; il en a
donné des preuves évidentes dans son
Commentaire sur le Nouveau Testament. Eh
bien! Malgré les qualités
personnelles du traducteur, son œuvre
s’écarte bien plus à gauche que la
version de M. Segond.
Autre
exemple: Voici une Société de
traducteurs, composée de pasteurs
fidèles et de savants docteurs en
théologie, appartenant à la France et à
la Suisse. Après de longues années d’un
travail collectif, ils publient, après
l’avoir consciencieusement révisée, leur
œuvre à Lausanne (de là le nom de
Version de Lausanne, voir: La
version dite de Lausanne). Qui
oserait dire qu’ils n’ont pas mis leur
science et leur zèle au seul service de
la vérité? Or, ils sont arrivés à un
tout autre résultat que M. Segond. On
retrouve dans la version de Lausanne les
passages messianiques que M. Segond a
éliminés.
Note 2
— Une vérification soigneuse des membres
de cette Société de traducteurs,
donnerait l’évidence qu’ils honoraient
tous la souveraineté de Dieu et la
divinité de Christ dans leurs principes
de traduction. Certes ils portaient tous
les bagages de leurs formatages
religieux qui influença leurs
traductions dans certains domaines de la
foi, mais leur amour pour la vérité fit
qu’ils arrivèrent à de différents
résultats que M. Segond.
Nous
avons ainsi, d’un côté, à droite, la
version de Lausanne; du côté opposé, à
gauche, la Bible de M. Reuss; entre les
deux, mais penchant sensiblement vers la
gauche, la traduction
M.
Segond.
Les
auteurs de ces trois versions ont été
des théologiens d’une science
incontestable, au courant de la
philologie sacrée, de l’exégèse et de la
dogmatique, et ils avaient tous le
sincère désir de ne travailler que pour
la vérité.
(voir:
Note 1)
D’où
viennent alors des résultats si
différents?
Qu’on me
permette une comparaison; aussi bien
est-ce surtout aux simples chrétiens que
ces pages s’adressent: L’un des côtés du
temple anglo-français de Pau longe un
étroit passage, borné par une maison
dont la hauteur dépasse celle du lieu de
culte. L’autre donne sur un vaste espace
libre et jouit pleinement du soleil. Les
vitraux peints du premier côté sont
ternes, les couleurs en sont sans éclat
et mortes; les vitraux de l’autre sont
brillants et animé. Les uns et les
autres sont l’œuvre du même artiste,
mais ils sont inégalement exposés: ceux
de gauche manquent de lumière, ceux de
droite sont pénétrés du soleil en vue
duquel ils ont été faits. Si vous les
regardez du dehors, en tournants le dos
au soleil, vous ne verrez que des verres
opaques entourés de plomb; à peine
distinguerez-vous quelques grossières
nuances. Pour juger l’œuvre de l’artiste
et en saisir toute la beauté et
l’harmonie, il faut l’exposer à la
lumière et prendre soi-même la vraie
position vis-à-vis du soleil.
Il en est
de même pour la traduction des saintes
Écritures: la science et le désir
sincère de travailler pour la vérité ne
suffisent pas. Il faut avant tout
comprendre la Bible, et, pour cela, se
trouver dans la véritable position
vis-à-vis d’elle et vis-à-vis de
Jésus-Christ, le Soleil spirituel qui
illumine et en vue duquel elle a été
inspirée de Dieu. Aucune prophétie de
l’Écriture n’est d’une solution
particulière (2 Pierre 1:21); de
même que c’est le Saint-Esprit qui l’a
inspirée, de même c’est lui seul
qui peut l’expliquer. Or, comment
découvrir la pensée du Saint-Esprit, si
ce n’est en comparant entre elles, avec
la soumission d’un humble disciple, les
différentes parties de ses oracles. Pour
cela, il faut en admettre l’autorité
divine dans toutes ses parties. C’est,
l’acceptation totale ou partielle, ou le
rejet de ce principe fondamental, chez
les auteurs des trois versions en
question, qui est la cause des
divergences qui les
caractérisent.
C’est
ainsi que le caractère particulier de la
Bible de M. Reuss est la conséquence
directe du degré d’autorité qu’il
reconnaît à Jésus-Christ et aux apôtres.
La théologie apostolique n’est pas pour
lui le type, la norme de toute
théologie; elle n’est qu’un point de
départ, la première élaboration de toute
une série de systèmes, qui tous ne sont
que des essais. Si l’Esprit
de Dieu a agi sur les apôtres, il agit
aussi sur nous. Avec ce point de
vue on n’est plus un disciple des
Écritures, on en est le juge:
l’interprétation et la traduction s’en
ressentiront nécessairement.
Les
auteurs de la version de Lausanne, au
contraire, déclarent croire à la pleine
inspiration de la Bible (voir: La
version dite de Lausanne, 4e
paragraphe) et admettent par conséquent
la pleine autorité de Jésus-Christ et
des apôtres. Dès lors ils n’éprouveront
pas le moindre embarras de traduire,
selon le sens ordinaire des mots
hébreux, des passages qui, pris à la
lettre, ne peuvent pas s’appliquer aux
personnages contemporains; ils y
reconnaissent, avec toute l’Église
chrétienne et avec le Nouveau Testament,
des prophéties concernant le Messie.
M. Segond occupe une position dogmatique
intermédiaire, comme malheureusement la
plupart des théologiens de notre
époque. Il déclare (Église libre,
Numéro du 1er juillet 1881)
qu’il est «convaincu plus que
personne du surnaturel dans les
Écritures». S’exprimer ainsi, c’est bien
dire qu’on croit qu’il y a dans la Bible
des miracles à des prophéties; mais
c’est indiquer aussi, par le caractère
vague même de cette expression, qu’on ne
croit pas au caractère surnaturel de la
Bible elle-même, à sa pleine
inspiration. Tout le reste découle de
cette base dogmatique insuffisante.
M. Segond admettra certaines prophéties
messianiques, il en rejettera d’autres.
Il parle en termes sentis d’Ésaïe 53,
où il reconnaît le Messie souffrant
(voir son ouvrage: Le Prophète Ésaïe,
p. 5); mais il n’admet pas la
prédiction de la naissance miraculeuse
de Jésus-Christ, sans parler
d’autres prophéties messianiques
directes. Le motif déterminant de ce
triage ressort de la comparaison des
prophéties messianiques qu’il admet avec
celles qu’il repousse. La première
catégorie renferme celles que M. Reuss
et toute l’école rationaliste sont
obligés de traduire de manière à ce que
quiconque ne nie pas à priori
l’existence de prophéties dans la Bible
est forcé de les reconnaître comme
telles, parce que les mots du texte
original rendent absolument impossible
toute tentative contraire. M. Segond
repousse avec toute l’école rationaliste
(sauf De Wette pour Ésaïe 7:14;
il peut y avoir, du reste, encore
d’autres exceptions) toutes celles dont
le texte renferme soit quelque
obscurité, soit une expression hébraïque
qui peut se traduire de plusieurs
manières. Mais pour éliminer le
caractère messianique des passages de
cette seconde catégorie, le traducteur
est obligé de violer soit le sens
habituel des mots, soit le sens clair du
contexte, soit les deux à la fois.
Pour ne parler, par exemple, que d’Ésaïe
7:14, ce ne sont certes pas des
raisons lexicologiques qui ont pu
déterminer M. Segond à rejeter cette
prophétie de première importance, il est
au contraire obligé, pour l’éliminer, de
donner à un mot du texte un sens qu’il
n’a jamais (voir ci-dessous:
Prophéties messianiques ainsi
que Note sur Ésaïe 7:14-16).
Ce mot signifie jeune fille; mais
M. Segond, malgré l’autorité de
Matthieu 1:22-23, pense qu’il s’agit
dans notre passage, non du Messie, mais
d’un propre fils du prophète (ouvrage
cité p. 41, Sommaire); il ne pourra dès
lors évidemment plus employer le terme
de jeune fille, il dira: jeune
femme. Est-ce peut être le contexte
qui engage M. Segond à rejeter
l’interprétation messianique? Le verset
15, traduit comme il l’est
habituellement, présente une difficulté;
mais par une traduction plus conforme au
contexte on arrive à la résoudre (voir:
p. 163). Le texte et le contexte
s’opposent formellement à
l’interprétation de M. Segond. La
jeunesse de la prophétesse est une
pure hypothèse écartée par l’âge du fils
d’Ésaïe, Schear-Jaschoub, qu’on peut
calculer approximativement. Il faudra,
dès lors, admettre que la mère
d’Emmanuel était une seconde femme que
le prophète venait d’épouser. Or, à la
même époque, le prophète a un autre
enfant, Maher-schalal-hasch-baz. Ésaïe
aura, donc eu deux femme: la jeune
femme, mère d’Emmanuel, et la
prophétesse, comme Ésaïe appelle
lui-même sa femme (Ésaïe 8:3),
mère de Maher-schalal; ce qui est peu
vraisemblable, vu la manière même dont
le prophète parle de sa femme dans le
passage cité. Ou bien aussi
Maher-Schalal et Emmanuel désignent le
même enfant, ce qui est peu probable, vu
la manière dont un oracle de Dieu a
désigné le nom des deux, Ésaïe 7:14
et 8:3. Mais ce n’est pas
tout: Dans l’hypothèse de M. Segond, les
paroles d’une grandeur si majestueuse d’Ésaïe
8:8
«Il
(le roi d’Assur) passera sur Juda, il
inondera et passera outre; il atteindra
jusqu’au cou, et le déploiement de ses
ailes remplira la largeur DE TA
TERRE, ô Emmanuel»,
ne
seraient plus que des paroles adressées
au petit enfant du prophète; cela
revient à faire dire au prophète: «Le
déploiement de ses ailes remplira la
largeur, de ton pays, ô mon petit
garçon»! Nous ne faisons pas
d’hypothèse; c’est bien ainsi que M.
Segond entend ce passage: Emmanuel, le
fils du prophète, mentionné dans le
précédent oracle, est pris à témoin des
malheurs de la patrie» (ouvrage cité
p. 47, note 5). Ah! Il valait
bien la peine
1.
de donner à un mot du texte hébreu un
sens qu’il n’a nulle part;
2.
de rejeter l’autorité de Matthieu
1:22-23;
3.
de construire des hypothèses
invraisemblables au sujet de la femme du
prophète et de ses enfants, pour se
heurter, finalement, contre le rocher du
passage Ésaïe 8:8 et s’y briser!
Car la
dernière explication de M. Segond est un
vrai naufrage, qui engloutit,
momentanément, même le sens du beau, que
M. Segond possède cependant, comme le
prouvent certaines parties de sa
version.
C’est
donc à la base dogmatique vacillante
de M. Segond qu’il faut attribuer
les erreurs de sa version. S’il
croyait à la pleine inspiration des
Écritures, ou au moins à l’autorité du
Nouveau-Testament, le passage
Matthieu 1:22-23 aurait été pour lui
un phare-brillant, qui l’aurait guide à
travers toutes les difficultés du
passage Ésaïe 7 vers la solution
messianique, et l’aurait en même temps
préservé la nécessité de détourner un
mot du texte de son véritable sens. La
foi en la pleine inspiration des
Écritures lui aurait partout fait
découvrir des nuances qu’il néglige soit
dans l’Ancien, soit dans le Nouveau
Testament.
Note 3
— La foi en la pleine inspiration des
Écritures est essentielle pour un
traducteur, sans elle son texte est une
lettre morte sans aucune valeur. Qu’une
telle foi soit absente de quelqu’un qui
se dit chrétien est l’évidence qu’il ne
l’est pas, car aucun qui a réellement
l’Esprit de Christ en lui ne s’oppose à
l’inspiration des Écritures.
Malheureusement tous les partisans de la
Critique Textuelle comme MM. Segond,
Oltramare, Reus, etc. suivaient dans les
voies tordues des conjectures
sophistiquées des apostats Westcott et
Hort dont le but était de détrôner et de
détruire le Texte Reçu. Pour faire ainsi
ils reformulèrent la doctrine de
l’Inspiration des Écritures,
l’appliquant uniquement à des
autographes qui n’existent plus, et
compilèrent un nouveau texte Grec du
Nouveau Testament sous prétexte d’avoir
restauré la Parole de Dieu dans son état
de pureté originale d’après la base de
deux anciens manuscrits corrompus du 4e
siècle qu’ils vénérèrent comme des
idoles: le Codex Vaticanus et le Codex
Sinaïticus. Même que le Codex Vaticanus
est nommé par plusieurs comme étant le
pape papier de la Critique Textuelle.
Aucune de ces personnes ne croyait en la
pleine inspiration des Écritures et
aucune n’avait l’Esprit de Christ. Il
fallait un nouveau texte grec du Nouveau
Testament pour engendrer la grande
apostasie qui suivrait. Ce nouveau texte
dénaturé de la Parole de Dieu est connu
sous les noms de Texte Néologique, Texte
Minoritaire, et Texte Critique. Depuis
sa formulation il est présenté sous la
désignation de Texte Original et servit
de base à la traduction de toutes les
versions modernes de la Bible. Et on se
demande pourquoi le christianisme
moderne est dans un si piètre état.
Encore s’il ne s’agissait que de
quelques inexactitudes de détail! Chaque
version en renferme dans une certaine
mesure. Mais ici, les fondements même
de la foi chrétienne sont menacés.
Aujourd’hui, avec la version de
M. Segond, les chrétiens s’habitueront à
ne plus voir la naissance surnaturelle
du Messie prédite par Ésaïe, et ils
croiront, par conséquent, que la
citation de Matthieu 1:22-23 ne
repose que sur une erreur de la version
des Septante. Demain, avec M. Sabatier (Encyclopédie
des Sciences rel.
Art.
Jésus-Christ,
vol. VII,
p.
341 et
suivantes), on abandonnera complètement
les premiers chapitres de Matthieu et de
Luc; il y aura, de la sorte, un Christ
né comme nous tous, qui a senti en lui
les aiguillons de la chair et les rêves
de l’orgueil (article cité p.
368)! Ah! Ce Christ n’est plus notre
Seigneur et notre Dieu; il ne saurait
non plus être notre Sauveur.
Note 4
— Les conséquences de versions
dénaturées de la Bible comme celles de
Segond, Darby, Tob, Crampon, Jérusalem,
Traduction du Monde Nouveau, Bible en
Français Courant, etc. sont évidentes:
une fausse foi, un faux évangile, un
faux salut, un faux Jésus, un faux
esprit, une fausse église, une fausse
bible, un faux christianisme, un faux
dieu. Mais toutes ces choses ont été
voulues de Dieu afin que s’accomplisse
ces paroles de l’apôtre Paul:
«Que personne ne vous séduise en aucune
manière; car il faut que
l’inversement de la foi (l'apostasie)
se produise auparavant, et qu'on ait vu
paraître le genre d'homme du péché, le
fils de la perdition. Lui qui s'oppose
en s'exaltant lui-même sur tout ce qu'on
proclame de Dieu, ou qu'on adore,
siégeant comme Dieu dans le temple de
Dieu, montrant qu'il est lui-même Dieu.
Ne vous souvient-il pas que je vous
disais ces choses, lorsque j'étais
encore avec vous? Et maintenant vous
savez ce qui le retient, afin qu'il ne
soit manifesté que dans son temps. Car
ce mystère d'iniquité frauduleuse
est déjà actif; attendant seulement que
celui qui le retient dans les chaînes
maintenant, le relâche du milieu de
l'abîme. Et alors paraîtra la
contrefaçon du peuple de Dieu,
que le Seigneur détruira par le Souffle
de sa bouche, et qu'il anéantira par
l'éclat de son apparition. Duquel la
venue de ce faux peuple de Dieu,
aura lieu selon la conspiration de la
concurrence, avec toute la puissance des
prodiges et des faux miracles. Et avec
toutes les séductions de l'iniquité
parmi ceux qui se perdent, parce qu'ils
n'ont point reçu le renoncement pour la
vérité, afin être sauvés. C'est pourquoi
Dieu leur enverra une puissante
falsification, pour qu'ils croient au
mensonge; Afin que tous ceux qui n'ont
pas cru à la vérité, mais qui ont pris
plaisir dans la fraude spirituelle,
soient condamnés.»
(2 Thessaloniciens 2:3-12; Bible Épée
2010)
Repoussant toute version qui touche aux
passages messianiques, retenons comme le
fondement même de notre salut, le Christ
de l’Ancien et du Nouveau-Testament,
Celui qui, selon les belles paroles de
M. Bonnet, «forme l’unité vivante des
deux alliances, qui remplit l’une et
l’autre de sa présence, de son Esprit,
de sa vie», alors nous continuerons à
répéter avec l’Église universelle:
«Je
crois en Jésus-Christ, le Fils unique de
Dieu, conçu du Saint-Esprit, né de la
Vierge Marie.»
Dans mon
travail, au lieu de mettre les passages
de la version de M. Segond en parallèle
avec le texte hébreu lui-même, ce qui en
eût rendu la lecture impossible à ceux
qui ignore cette langue, j’ai pris pour
terme de comparaison la version qui se
rapproche le plus du texte original,
celle de Lausanne, en ne m’en écartant
que dans les cas, très rares du reste,
où, selon moi, le texte original peut
être rendu plus exactement.
Dans les
citations des Psaumes, on trouvera
quelquefois, après les chiffres
indiquant les versets, d’autres chiffres
entre parenthèses; ces derniers
indiquent une autre manière de
numéroter, qu’ont adoptée certaines
éditions françaises de la Bible, ainsi
que la version de Lausanne, qui ne
comptent pas comme verset certaines
suscriptions que les éditions hébraïques
numérotent à part. L’unité dans le
numérotage des versets et des chapitres
est d’une nécessité absolue pour les
citations. Ce sont les éditions
hébraïques de la Bible qui doivent faire
loi, et il serait à désirer que toutes
les Bibles françaises revinssent de leur
numérotage particulier pour éviter toute
confusion.
Puissent toutes les Églises de langue
française qui retiennent la vérité
évangélique se souvenir, en présence du
danger qui les menace: l’invasion de
traductions infidèles, des paroles que
le Seigneur adresse à ses assemblées du
haut du ciel:
«Retiens
ce que tu as, afin que nul ne prenne ta
couronne!»
G. K.
Vabre
(Tarn), 31 août 1881.
La Bible est le document divinement
inspiré de l’histoire du salut, de sa
préparation et de son accomplissement.
Jésus-Christ en est le centre vers
lequel tout converge, auquel tout
aboutit et d’où tout émane. Ce n’est pas
seulement le saint et infaillible Fils
de l’homme dans son état
d’abaissement, qui rend témoignage à ce
caractère des
Écritures, c’est encore le Seigneur de
gloire, qui, apparaissant aux disciples
après sa résurrection, leur dit:
«Il
fallait que fussent accompli toutes les
choses
qui sont écrites de Moi dans la loi de
Moïse et dans les prophètes et dans les
psaumes.»
(Luc 24:44). Toute version de la
Bible qui affaiblit dans une mesure
quelconque les prophéties messianiques
de l’Ancien Testament prononce son
propre arrêt de
condamnation. Elle n’interprète plus les
oracles de Dieu, elle, les altère.
C’est
donc à juste titre que nous commencerons
nos remarques sur la version de M.
Segond par les prophéties messianiques
directes.
Prophéties messianiques
Première série
Prophéties résumant toute l’histoire du
Messie.
Il y a
des prophéties messianiques si claires,
qu’à moins de se rendre coupable de
falsification, il serait impossible
de les altérer. On peut tenter d’en
affaiblir la portée par des notes
explicatives, comme le fait M. Reuss
pour Ésaïe 9:5-6; mais on ne peut
faire disparaître du texte de ce passage
la qualification de Dieu donnée
au Messie.
Quelques
passages messianiques se reconnaissent
comme tels dans la version de M. Segond;
ainsi, par exemple, outre le passage
cité, Michée 5:2; Zacharie 12:10,
etc.
On ne
peut en dire autant des prophéties
messianiques directes suivantes:
1 — Le Messie, fils de la Vierge
Ésaïe
7:14.
—
«Voici,
la VIERGE sera enceinte et elle
enfantera
un fils, et l’appellera du nom
d’Emmanuel.»
(Lausanne)
M. Segond traduit:
«Voici,
la JEUNE FEMME sera enceinte…»
Le mot de l’original hébreu (Alemah)
désigne une jeune fille nubile,
jamais une femme mariée. Même un lecteur
ne sachant pas l’hébreu peut s’en
convaincre. Le mot alemah ne
figure que sept fois dans l’Ancien
Testament: dans notre passage et dans
les six autres endroits suivants:
1.
Genèse
24:43;
2.
Exode 2:8;
3.
Psaumes
68:26 (25);
4.
Cantiques
1:3;
5.
Cantiques
6:8;
6.
Proverbes
30:19.
Dans tous
ces passages il ne peut être question
que de jeunes filles et non de femmes
mariées (1). Cela est si vrai,
que M. Segond lui-même se sert
invariablement dans les cinq premiers
passages du mot jeune fille. Ce
n’est que dans le sixième qu’il traduit
par jeune femme, rendant ainsi
impossible toute saine interprétation de
ce passage (2). Notons que même
le Dr De Wette, qui n’appartenait
cependant pas au parti évangélique,
traduit, dans sa version allemande de la
Bible, Ésaïe 7:14 par VIERGE.
D’ailleurs, le Nouveau Testament,
montrant que ce passage d’Ésaïe s’est
accompli par la naissance miraculeuse de
Jésus-Christ, traduit:
«Voici,
la
VIERGE sera enceinte.»
(Matthieu 1:23)
Avec la
traduction de M. Segond, non seulement
la prophétie de la naissance
miraculeuse du Messie est effacée,
mais la concordance entre l’Ancien et le
Nouveau Testament est détruite (voir:
Note sur Ésaïe 7:14-16).
Ce
passage, fût-il seul à être infidèlement
traduit, serait la «mouche
morte qui infecte l’huile du parfumeur»
(Ecclésiaste 10:1), et
contrebalancerait tous les autres
mérites de style que la version de M.
Segond peut avoir.
Si
l’Église nationale de Genève adoptait
officiellement, pour la faire lire dans
ses chaires, la version de M. Segond,
patronnée par la Compagnie de ses
Pasteurs, elle aurait le triste
privilège d’être la première Église de
la chrétienté qui aurait solennellement
accepté ce legs du rationalisme moderne:
la négation de la
prophétie de la naissance miraculeuse du
Messie. Nos Églises protestantes de
France, celles du moins qui veulent
encore maintenir le dépôt sacré de la
foi, la suivraient-elles dans cette voie
funeste?
(1)
Comparez
Bible annotée. Prophètes. P. 73,
2e col. au bas. —
Drechsler, Jesaja I, p.
287;
Delitzsch, Jesaj. p. 135;
Hofmann, Weissagung n. Erf. I. 22 et
suivantes; id.
Schriftbeweis (1re édition)
II, 1, p. 57.
(2)
V.
Hofmann Weiss. U. Erf. I, 223.
Deliztsch, Salom. Spruchb. p. 505.
es Annot.
in Hagiog. p. 1410.
2
— La sainte et parfaite obéissance du
Messie
a)
Psaumes 40:7-9 (6-8).
—
«Tu
n’as point pris plaisir au sacrifice et
à l’hommage: tu m’as
CREUSÉ
DES OREILLES»
(Lausanne).
Le
psalmiste veut dire que Dieu, en le
créant, l’a doué d’oreilles,
c’est-à-dire de la faculté d’entendre sa
voix, expression de sa volonté, qu’il
est disposé à pratiquer. C’est plus que
«tu
m’as
OUVERT les oreilles»,
comme dit
M. Segond, en traduisant inexactement le
mot carah de l’original. Si
l’expression creuser des oreilles
semble étrange en français, elle l’est
tout autant en hébreu, qui a le mot
patach pour dire ouvrir;
comme, par exemple, Ésaïe 50:5,
où le Messie dit que Dieu lui a
ouvert (patach) l’oreille.
Le
traducteur scrupuleux d’un texte
quelconque, et surtout d’un texte
inspiré, ne doit pas, par des allures
trop libres, effacer certaines nuances
de l’original. — Et qu’on ne dise pas
qu’il ne s’agit ici que d’une nuance
sans importance:
Avec la traduction de M. Segond, il
n’est plus possible de découvrir le
rapport qui existe entre le passage du
psaume en question et sa reproduction
modifiée dans Hébreux 10:5, où il
est dit:
«Tu
n’as pas voulu de sacrifice ni
d’offrande;
mais tu m’as FORMÉ UN CORPS».
Ce rapport se découvre assez aisément si
nous maintenons la traduction littérale
du passage du Psaume:
«tu
m’as
CREUSÉ des oreilles».
Comme il vient d’être dit, David, type
du Messie veut dire par ces mots que
Dieu, en lui donnant l’existence, lui a
donné en même temps l’instrument
nécessaire pour entendre sa voix,
condition préalable pour qu’il puisse
lui rendre ainsi une obéissance
parfaite. Pour mieux faire ressortir
l’obéissance du Messie qui devait aller
jusqu’au sacrifice de son corps sur la
croix (Philippes 2:8), l’auteur
inspiré de l’épître aux Hébreux, au lieu
de mentionner simplement une partie du
corps, dont l’existence était pour David
la condition préalable de son
obéissance, parle du corps du Messie
tout entier, qu’il devait offrir en
sacrifice sanglant pour consommer son
obéissance.
L’épître
aux Hébreux fait une citation
explicative du texte de l’Ancien
Testament. Nous ne pensons nullement
qu’elle cite la version grecque des
Septante. D’anciens copistes chrétiens,
habitués au passage en
question dans la forme que lui donne
l’épître aux Hébreux, auront changé le
mot otia (oreilles) du texte
Septante en soma (corps). Quoique
l’édition de la version des Septante de
Tischendorf (1860); que nous avons sous
les yeux, n’indique pas la variante en
question, il est néanmoins certain qu’on
lit otia dans un certain nombre
de manuscrits (3), et Hupfeld
(rationaliste) croit lui-même à une
altération du texte des Septante dans ce
passage.
Des
corrections de ce genre ont été faites
en d’autres endroits; la comparaison
entre les différents textes de la
version grecque le prouve: ainsi, par
exemple, le texte alexandrin se
rapproche beaucoup plus des citations du
Nouveau Testament que le texte du
Vatican.
b)
Nous
passons à la 2e
partie de
notre passage:
«Tu
ne demandes pas l’holocauste ni le
sacrifice de péché. Alors j’ai dit:
Voici, je viens,
IL EST
ÉCRIT DE MOI DANS LE ROULEAU DU LIVRE»
(Lausanne), ou, pour suivre exactement
l’ordre même des mots hébreux:
«Voici,
je viens, dans le rouleau du
livre il est écrit de moi.»
Le sens
est clair: les sacrifices lévitiques
étant insuffisants, le Messie se
présente, lui dont l’avènement a été
prédit par
l’Écriture.
Le mot dans, de la fin du verset,
rend exactement le préfixe hébraïque
be; c’est son premier sens, le sens
habituel. Ce préfixe signifie aussi
quelquefois avec. On pourrait
donc, au point de vue purement
lexicologique, à la rigueur, traduire:
«Voici,
je viens
AVEC le rouleau du livre»;
quoique le psalmiste, s’il avait voulu
exprimer ce sens, se fût probablement
servi de préférence de la préposition
im. C’est ainsi que traduit M.
Segond:
«Voici,
je viens,
AVEC
le rouleau du livre ÉCRIT POUR MOI»;
les trois derniers mots signifient
littéralement
écrit
à mon sujet.
La
traduction de M. Segond fait disparaître
la prophétie messianique.
Or, elle est affirmée par l’auteur
inspiré de l’épître aux Hébreux; et on y
arrive en traduisant littéralement le
passage en question.
Encore
ici, donc, dans les deux parties du
passage de notre psaume, comme
auparavant dans Ésaïe 7:44, la
version de M. Segond efface la
messianicité directe de la prophétie
et contredit en face la traduction de
l’épître aux Hébreux.
(3)
Voir
Hofmann.
Br. an
die Hebr. p. 385.
3
—
Le Messie crucifié
Psaumes
22:17 (16).
— Vu ce qui précède, il ne faut
pas s’étonner de voir M. Segond suivre
les traces des traducteurs de
toute école qui effacent la
prophétie au sujet de la crucifixion du
Messie dans le 17e verset du
Psaume 22, écrit comme au pied de
la croix de Golgotha:
«Des
chiens m’entourent, une assemblée de
gens malfaisants m’enveloppe;
ils
PERCENT mes mains et mes pieds»
(Lausanne).
M.
Segond, avec beaucoup d’autres
interprètes, au lieu de ils percent,
dit: comme un lion, et pour
rattacher ces mots aux suivants, il
intercale les mots pour saisir,
qui ne sont pas dans le texte:
«…Une bande scélérats rôdent autour
de moi, comme UN LION POUR SAISIR
mes mains et mes pieds.»
Observons
en passant que, si cette traduction
était exacte, l’image dont se sert le
psalmiste pour dépeindre l’acharnement
de ses ennemis paraîtrait bien étrange:
un lion qui s’élance sur un homme ne
cherche pas précisément à saisir ses
mains et ses pieds; d’un bond il le
terrasse et le déchire (4).
Le mot caari est, selon le savant
et pieux orientaliste J.H. Michaëlis
(5), le participe Kal de la
racine cour avec l’aleph
épenthétique et l’apocope du Mem
du pluriel; dans cette forme, il
signifie creusant ou
perçant.
On pourrait prendre ce mot aussi pour un
substantif; et alors il signifierait «comme
un lion.» Dans ce cas, la traduction
serait:
«Une
bande de gens malfaisants m’enveloppe,
comme un lion, mes mains et mes pieds».
Ce qui ne présente pas de sens.
Aussi la plus ancienne version, la
version grecque des Septante, dont
il a été question déjà plus haut,
terminée au IIIe siècle
avant Jésus-Christ, traduit-elle:
«Ils
ONT PERCÉ mes mains et mes pieds»;
et toutes les autres anciennes versions
l’ont suivie.
Note 5
— L’existence d’une Septante au IIIe
siècle avant Jésus-Christ est un mythe
fondé sur le texte d’un livre apocryphe
nommé « la Lettre d'Aristéas ». L'excuse
que les Juifs d'Alexandrie auraient
oublié l'utilisation de la langue
hébraïque en ce temps, ne tient
aucunement et est complètement ridicule.
Que 72 traducteurs Juifs de chaque tribu
d'Israel se soient rendu en Alexandrie
pour en faire la traduction n'est qu'une
légende insensée qui a persistée à
travers les siècles. En plus, le texte
Hébreu était considéré sacré par les
Juifs, nul n'aurait osé en faire une
traduction dans la langue d'un peuple
étranger considéré par eux comme des
païens et des chiens. Une traduction en
Grec des Saintes-Écritures aurait été
regardée comme un blasphème hautain
digne de la mort la plus atroce. Quoique
certains livres de l’Ancien Testament
ont été traduit en Grec durant cette
période par des Juifs apostats, jamais
un texte complet de l’Ancien ni du
Nouveau Testament dit de la Septante n’a
existé avant Origène d’Alexandrie vers
l’an 231 de notre ère. De savants
chrétiens sérieux ce sont penchés sur
cette question et il fut découvert que
la Septante est un produit de la
cinquième colonne de l’Hexaple d’Origène
qui fut compilé sur le texte corrompu de
la Pentateuque Samaritaine, texte dévoyé
dans lequel on modifia toutes références
au Messie promit. Eusèbe de Césarée,
surnommé Pamphile, produisit 50 copies
de ce texte de la Septante d’Origène
pour l’empereur Constantin. Deux de
cette Bible abominable, quoique
défectueuses en ce qui y manque
plusieurs livres et un grand nombres de
passages, survécurent jusqu’à ce jour et
sont connues comme le Codex Vaticanus et
le Codex Sinaïticus. Les partisans de la
Critique Textuelle, comme Wescott et
Hort, en accord avec tous les adeptes du
culte de l’intelligence ou culte du
soleil interne, produisirent une
compilation de ces deux Codex défectueux
et corrompus et la présentèrent à un
monde spirituellement aveugle comme la
Parole de Dieu restituée. Toutes les
traductions modernes sont des versions
de cette nouvelle Septante et sont même
en réalité que des rendements
approximatifs de cet ancien texte
corrompu par Origène et Pamphile.
L'œuvre la plus remarquable d'Origène
fut son Hexaple, ou Bible à six
colonnes. La première contenait un texte
Hébreu qui, selon le Rev. James Townley,
D.D. (Townley's Biblical Literature,
Vol.1, 1842), aurait inclus la
Pentateuque Samaritaine, un texte pollué
de l'Ancien Testament qui disparut pour
réapparaître au 17" siècle. La deuxième
contenait une translittération grecque
de ce texte Hébreu. La troisième fut la
version grecque du Juif Ébionite,
Aquilla (128). Celui-ci avait été
excommunié pour avoir pratiqué la magie
et l'astrologie. Il fut admis à l'école
du Rabbi Akiba et fit deux versions
grecques des Écritures qu'il modifia
afin qu'elles soient plus acceptables
pour les Ébionites. La quatrième fut la
version grecque de Symmachus (160-211),
un érudit Samaritain qui devint un
Ébionite et un Gnostique. Il fit une
traduction grecque des Écritures de
l'Ancien et du Nouveau Testament qui fut
grandement estimée par les Pères
apostoliques, et utilisée dans les
communautés Ébionites. Il rejetait les
épîtres de Paul, principalement celles
qui mentionnent le Salut par la Grâce,
et modifia les passages dans l'Ancien
Testament qui concernent l'incarnation
de Christ comme Dieu manifesté dans la
chair. La cinquième fut un texte grec
formulé par Origène lui-même, une
compilation de tous les autres textes
nommé "la Septante" qui contenait
l'Ancien et le Nouveau Testament et
plusieurs livres apocryphes. Les
apostasiés modernes prétendent que ce
fut seulement une copie de la Septante
qu'Origène restaura à partir d'un texte
qui, selon eux, daterait vers l'an 285
avant Jésus-Christ. Mais il n'existe
aucune évidence que ce texte
mythologique existait avant l'Hexaple
d'Origène, ni aucun manuscrit qui se
nomme la Septante avant le 9" siècle. Il
est très bien reconnu aujourd'hui, par
le Dr. R.H. Charles (The Apocrypha and
Pseudepigrapha of the Old Testament),
que la célèbre "lettre d'Aristéas", à
laquelle se réfèrent les apostas pour
attribuer l'origine de la Septante à une
date antérieure à l'Hexaple, n'est
qu'une forgerie. Il est tout probable
qu'elle fut forgée par Origène lui-même
et interpolée dans les oeuvres de Philo
et de Joséphus. La sixième fut la
version grecque de Théodote (140-190).
Celui-ci avait renié Christ durant les
persécutions, et prétendait n'avoir pas
renié Dieu. Tout comme Clément
d'Alexandrie, il fut un disciple de
Tatien qui avait composé une "Harmonie
des Évangiles" qui tordait le sens de la
Parole de Dieu, nommé la Diatessaron. Il
devint un Marcionite puis finalement un
Ébionites. Dans sa traduction, il altéra
le texte en ajoutant et retranchant des
mots et des passages, afin de le rendre
plus conforme aux principes de la secte
des Ébionites qui détenait beaucoup
d'influence en cette période de
l'histoire.
Cette
manière de traduire ne saurait donc être
le résultat de l’influence d’idées
chrétiennes. Il y a plus:
La petite Massore (6) dit au
sujet du mot Caari qu’il se
rencontre deux fois dans la Bible, mais
dans deux sens différents. Or, en
effet, ce mot se trouve encore Ésaïe
38:13, où évidemment, d’après le
contexte, il doit être pris comme
substantif et signifie comme un lion.
Mais la petite Massore n’admet pas
ce sens dans le passage qui nous occupe;
nous revenons ainsi au sens: «perçant»
mes mains et mes pieds. Ce sens a dû
être tellement fixé par la tradition,
qu’il a donné lieu à une ancienne
variante attestée par les Massorètes
juifs: Caarou…; dans ce
cas, il n’y aurait plus aucun doute
possible, il faudrait traduire:
«ils
ont percé mes mains et mes pieds»
(7).
En
présence du témoignage juif de la
version des Septante et de la petite
Massore, est-il permis à des pasteurs
évangéliques de recommander une
innovation qui détruit une prophétie
messianique éclairant la nuit de
l’ancienne alliance comme une étoile de
première grandeur, innovation qui a
contre elle le témoignage de l’antiquité
juive et chrétienne?
(4)
Tholuck
fait la même observation: Uebers.
u. Ausl.
der Psalmen. p. 11 note.
(5)
Uber.
annot. in Hagiogr. I. p. 143.
(6)
On
appelle Massore un immense
recueil de notes grammaticales et
lexico-graphiques de tout genre sur le
texte de l’Ancien Testament, dont
l’origine se perd dans la plus haute
antiquité.
(7)
Delitzsch, Psalmen, p. 202. — Th. Stahl;
Essai d’un Commentaire sur le 22e
Psaume, p. 23.
4
—
L’ensevelissement honorable du Messie
Ésaïe
53:9.
— Au sujet de l’ensevelissement du
Seigneur, Ésaïe a fait la remarquable
prophétie suivante:
«Et
on lui donne un sépulcre avec les
méchants; mais il est avec le
RICHE en sa mort, PARCE QU’IL
n’a pas commis de violence.»
(Lausanne).
On sait comment cette prophétie s’est
accomplie: comme crucifié, réputé
criminel, le Seigneur aurait dû être
enseveli comme les autres malfaiteurs;
mais Joseph,
«homme
riche d’Arimathée»
(Matthieu 27:57), obtint de
Pilate l’autorisation de descendre de la
croix le corps sacré, et il le plaça
dans son sépulcre neuf (Ibid.
v. 59).
M. Segond efface complètement cette
prophétie en traduisant:
«On
a mis son sépulcre parmi les méchants,
son tombeau parmi les
ORGUEILLEUX, QUOIQU’IL n’eût point
commis de violence.»
Il n’y a
pas moins de quatre inexactitudes
dans ce verset ainsi traduit:
1.
Il y a en hébreu: on lui a donné,
et non: on a mis; la première
expression est plus vague; et ce
caractère vague de l’expression a ici
son importance, puisque les projets des
ennemis du Messie ne se sont pas
réalisés.
2.
Dans le 2e membre de phrase,
et cela est plus grave, M. Segond
traduit Bemothav par: son
tombeau; or, ce mot signifie:
dans sa mort, littéralement: dans
ses morts. «Ce pluriel, dit la Bible
annotée (I. p. 250), analogue au pluriel
chajim, les vies, pour dire la
vie, désigne l’état de mort dans
lequel le Serviteur de l’Éternel est
maintenant entré.»
3.
Aschir
signifie riche et non pas
orgueilleux.
4.
Al
doit se traduire par parce que et
non par quoique (8).
(8)
On est d’autant plus étonné de ces
quatre erreurs dans ce verset, que,
dans son ouvrage: Le Prophète Ésaïe
(p. 219), M. Segond a parfaitement
su les éviter; là, sauf les mots
après sa mort au lieu de
dans sa mort, sa traduction est
exacte:
«On
lui avait
ASSIGNÉ un sépulcre avec les
criminels; mais il a été avec le
RICHE après sa MORT, CAR il
n’avait point commis de violence.»
5
—
Le Messie ressuscitant.
Psaumes
16:10.
—
«Car
tu
N’ABANDONNERAS pas mon âme au séjour
des morts; tu ne permettras pas
que celui qui t’aime voie LA
CORRUPTION»
(Lausanne).
M.
Segond traduit:
«tu
ne
LIVRERAS pas mon âme au séjour des
morts».
Le mot de l’original asab
signifie abandonner. Sans doute
le mot français, comme le mot hébreu,
devient, dans certains cas, synonyme de
livrer. Mais, dans notre verset,
il est facile de voir la nuance qui
distingue les deux expressions:
«Tu
ne livreras pas mon âme au séjour des
morts»
signifie:
«tu
ne permettras pas que je meure; je ne
verrai pas la mort».
Au contraire,
«tu
n’abandonneras pas mon âme au séjour des
morts»
veut dire que l’âme descendra bien
au séjour des morts, qu’elle lui sera
livrée; mais qu’elle n’y restera pas,
qu’elle ne lui
sera
pas abandonnée; c’est-à-dire que Dieu
l’en délivrera.
La nuance
est importante.
Quel sera
ici l’arbitre qui décidera de la cause?
Ce sera encore le Nouveau Testament.
L’apôtre Pierre (Actes 2:31)
donne gain de cause à la traduction
littérale contre celle de M. Segond.
Pierre, précisément pour prouver la
résurrection du Seigneur, s’appuie sur
notre verset et traduit l’hébreu Asab
par le mot grec enkataleipein,
qui signifie laisser ou
abandonner:
«C’est
pourquoi (David) étant prophète, et
sachant que Dieu lui avait promis avec
serment que, du fruit de ses reins, il
susciterait, selon la chair, le Christ,
pour le faire asseoir sur son trône;
voyant
[cela] d’avance, il a dit touchant le
relèvement du Christ, que son âme n’a
pas été LAISSÉE DANS LE SÉJOUR DES
MORTS et que sa chair n’a pas vu la
corruption»
(Actes 2:30-31).
Dans la 2e partie du 10e
verset du Psaume 16, M. Segond
traduit:
«tu
ne permettras pas que celui qui t’aime
voie la fosse»,
ce qui signifie qu’il ne mourra pas;
tandis que si nous traduisons voie la
CORRUPTION, cela veut dire qu’il
pourra bien mourir, mais qu’il
ressuscitera bientôt après. Le mot de
l’original Schachat a, d’après
les dictionnaires, une double racine:
a)
II dérive au verbe Schachat qui
signifie corrompre; dans ce cas,
le substantif signifie
corruption.
b)
Il peut dérivé du verbe Schouach,
aller au fond, s’affaisser, s’enfoncer;
dans ce cas, le substantif pourrait
signifier fosse.
Mais
remarquons que du verbe Schouach
dérive déjà le substantif Schouchah
qui signifie fosse. Est-il
dès lors vraisemblable qu’on ait formé
de ce verbe un autre substantif ayant
exactement le même sens?
Nous ne
le pensons pas. Le substantif
Schachat vient du verbe
Schachat, corrompre, et
signifie en premier lieu corruption.
Le sens de fosse, qu’il a
certainement dans plusieurs passages,
n’est qu’un sens dérivé; c’est le lieu
où le corps se corrompt, se décompose.
Le sens de corruption parait
tellement être celui du mot Schachat
que la version des Septante
traduit habituellement ce mot par
corruption, même là où le mot fosse
semble mieux convenir.
Note 6
— Évidemment que la Septante porte
parfois de bonnes traductions,
puisqu’elle provient longtemps après
l’achèvement des textes du Nouveau
Testament gardés à l’Église d’Antioche,
desquels elle emprunte des lectures.
Cette fois-ci nous avons deux témoins
inspirés, qui se prononcent en notre
faveur contre M. Segond. C’est
d’abord l’apôtre Pierre dans Actes
2:31, comme le voit par le passage
cité ci-dessus; c’est ensuite l’apôtre
Paul dans Actes 13:35:
«C’est
pourquoi aussi, dans un autre endroit,
il dit: Tu ne permettras pas que ton
Saint voie
LA CORRUPTION.»
Les
apôtres voient donc dans notre passage
une prophétie touchant la résurrection
de Jésus-Christ. La version de M.
Segond efface l’idée même d’une
résurrection et, par conséquent,
d’une prophétie messianique, et détruit
ainsi une fois de plus l’harmonie qui
existe entre l’Ancien et le Nouveau
Testament.
6
— Le
Messie est Dieu.
Dans le psaume 45:7 (6) le
psalmiste s’adressant au Messie dit:
«Ton
trône,
Ô DIEU, subsiste éternellement; c’est
un sceptre de droiture que le sceptre de
ton règne; tu aimes la justice, et tu
hais la méchanceté; c’est pourquoi Ô
DIEU, ton Dieu t’a oint d’une huile
d’allégresse au-dessus de tes
compagnons.»
(Lausanne)
M. Segond
suit les traces d’anciens rabbins juifs
auxquels il répugnait naturellement
de donner la qualification de Dieu au
héros du psaume, qui, dans ce cas, ne
pourrait être que le Messie, et
traduit:
«Dieu
a établi ton trône pour toujours»,
en introduisant dans le texte les mots
a établi, qui ne s’y trouvent
point. L’omission de ces mots serait
choquante, dit à ce sujet J.H. Michaëlis
(dura ellipsis: ouvrage cité I.
p. 292).
Écartant la prophétie messianique au 7e
verset, M. Segond ne pouvait pas
autrement que d’en faire de même au
verset 8e où cela est du
reste plus facile, et il traduit:
«C’est
pourquoi Dieu, ton Dieu, t’a oint...»
Déjà l’antique version des Septante, qui
n’avait pas encore les répugnances de la
Synagogue postérieure à l’établissement
de l’Église chrétienne, traduit:
«Ton
trône, ô Dieu! Est au siècle des
siècles...»
L’auteur inspiré de l’épître aux Hébreux
en fait de même. Il cite ce passage
précisément pour prouver la supériorité
du Fils sur les anges, par la
qualification de Dieu qui lui est
donnée.
«Quant
aux anges, sans doute, il dit: Faisant
de ses anges des vents, et de ses
ministres une flamme de feu. Mais quant
au Fils: Ton trône,
Ô DIEU! Est au siècle des siècles…
C’est pourquoi, ô Dieu! Ton Dieu, t’a
oint…»
La
version de M. Segond écarte encore ici
une prophétie messianique et détruit
l’accord entre les deux Testaments.
7
—
Le règne du Messie
Terminons
cette série de passages par la belle
prophétie messianique renfermée dans
2 Samuel 23:3b-4.
«UN JUSTE [sera] DOMINATEUR parmi les
hommes, un dominateur ayant la crainte
de Dieu, et pareil à la lumière du
matin, quand le soleil se lève, à un
matin sans nuage...»
(Lausanne)
«UN DOMINATEUR SUR LES HOMMES
[s’élèvera], UN JUSTE, un dominateur
ayant la crainte de Dieu...»
En tout
cas, il s’agit ici du Messie, ce
qu’indique déjà le majestueux prologue
qui ouvre cette prophétie (2 Samuel
23:1-3a).
M. Segond
affaiblit ce verset de la façon
suivante:
«Celui
qui règne parmi les hommes avec justice,
celui qui règne dans la crainte de Dieu,
est pareil à la lumière du matin…»
Traduit
ainsi, ce passage ne s’applique qu’à un
roi ordinaire.
L’image
du Messie, vrai homme et vrai Dieu, qui
resplendit dans ces sept passages
reproduisant les principaux traits de
son histoire, depuis sa naissance de la
Vierge jusque sur le trône de sa gloire,
à travers l’ignominie de la croix, est
effacée dans la version de M. Segond,
qui, comme nous l’avons dit et répété,
détruit du même coup l’accord entre les
différentes parties des oracles de Dieu.
Relevons
encore d’autres inexactitudes de
traduction dans les prophéties
messianiques suivantes:
Deuxième
série
Inexactitudes diverse
1
—
La postérité de la femme
Genèse
3:15.
—
«Cette
[postérité] te BRISERA
la tête, et tu lui BRISERAS le
talon.»
(Lausanne)
Dans
l’original il y a le même verbe
briser ou écraser dans les
deux membres de phrase, malgré la dureté
que cette expression présente dans le
second cas. Cette identité dans
l’expression semble indiquer qu’il y
aura chez les deux lutteurs la même
énergie de volonté d’anéantir
l’adversaire en le brisant, en
l’écrasant. Seulement le deuxième ne
parviendra qu’à briser le talon, tandis
que le premier brise au second la tête.
M. Segond dit dans le premier membre de
phrase écraser, mais, dans
le second, il affaiblit la pensée de
l’auteur sacré en se servant
inexactement du mot blesser:
«celle-ci
t’écrasera la tête et tu lui blesseras
le talon.»
2
—
La postérité d’Abraham
Après avoir à plusieurs reprises traduit
avec exactitude ta postérité
au singulier, là où il est question
de la promesse faite à Abraham, M.
Segond traduit Genèse 17:7:
«J’établirai
mon alliance entre moi et toi
et TES
DESCENDANTS après toi, selon leurs
générations.»
De même au verset huitième:
«Je
te donnerai, et à
TES DESCENDANTS après toi, le pays…»
Dans les
deux cas, il y a en hébreu le singulier,
TA POSTÉRITÉ.
M. Segond
met sans doute le pluriel pour éviter ce
que peut avoir de choquant le
singulier ta postérité suivi dans
les deux cas d’un pluriel en leurs
âges, au verset 7, et je
deviendrai leur Dieu au verset 8.
Mais ce
même inconvénient existe dans le texte
original; c’est l’auteur sacré, qui dans
des cas de ce genre, est responsable des
tournures extraordinaires qu’il donne à
ses phrases, et non le traducteur qui
n’a qu’à être fidèle et
exact. Or il y a des raisons fort
sérieuses qui ont engagé l’auteur
inspiré à se servir du singulier. C’est
l’Écriture elle-même qui nous le dit;
elle fait reposer toute l’argumentation
au sujet de la doctrine de la
non-permanence de l’alliance légale, sur
l’emploi du mot postérité au
singulier dans Galates 3:16.
L’emploi invariable du singulier dans
tous les cas est donc de rigueur.
3
—
Le Schiloh
Genèse
49:10.
— M. Segond traduit:
«Le
sceptre ne s’éloignera pas de Juda...
jusqu’à ce que vienne le repos, et que
les peuples lui obéissent.»
Le mot
lui, à la fin du verset, se
rapporte, d’après cette manière de
traduire, évidemment à Juda. Or, dans
l’original, il se rapporte au Repos
(Schiloh) si l’on prend ce mot comme
nom du Messie; et il faut traduire
avec Lausanne:
«... jusqu’à ce que vienne le Repos,
et à lui [appartient]
l’obéissance des peuples.»
C’est ainsi que traduisait déjà
l’ancienne synagogue qui voyait dans le
Schiloh (Repos) un nom du Messie.
Les deux premières paraphrases
chaldaïques (Targums) du Pentateuque
disent tout simplement:
«Jusqu’à
ce que vienne le Messie à qui appartient
le règne»
(9).
(9)
Delitzsch. Genesis p. 507. Keil. Genes.
p. 289.
4
—
L’homme, le Seigneur Jéhovah
2 Samuel
7:19.
— D’après J.H. Michaëlis (ouvrage cité
III, p. 464) tous les anciens
commentateurs qu’il cite, ainsi que
d’après Ebrard dans l’Encyclopédie
théologique de Herzog (Jesu Christi
dreifaches Amt. VI p. 609), nous
traduisons de la manière suivante ce
passage difficile:
«Et
tu as même parlé au sujet de la maison
de ton esclave pour un temps éloigné; et
ceci
[est] la loi de l’homme, [qui est
le] Seigneur Jéhovah.»
Le Chroniste en effet reproduit d’une
façon explicative les mêmes paroles
(1 Chroniques 17:17) et dit
littéralement:
«Et
tu as parlé de la maison de ton esclave
pour un temps éloigné, et tu m’as vu
(ou
regardé) à la manière de l’homme des
hauts lieux [qui est] Jéhovah
Dieu.»
Comme
dans le Psaume 110, David
entrevoit ici que la promesse éternelle
d’une postérité se réalisera finalement
en un de ses fils qui sera en même temps
son Seigneur, le Seigneur Jéhovah
lui-même (comparez Psaumes 110:1
et Matthieu 22:41-46).
M. Segond
traduit le passage 2 Samuel 7:19
comme suit:
«Tu
parles aussi de la maison de ton
serviteur pour les temps à venir. Et tu
daignes instruire un homme de ces
choses, Seigneur Éternel...»
Et 1 Chroniques 17:17:
«Tu
parles de la maison de ton serviteur
pour les temps à venir. Et tu daignes
porter les regards sur moi à la manière
des hommes, toi qui es élevé, Éternel
Dieu.»
La
version de Lausanne aussi aurait dû
traduire ici plus exactement.
5
—
Les grâces de
David assurées.
Ésaïe
55:3.
—
«Je
traiterai avec vous une alliance
éternelle,
LES
GRÂCES DE DAVID QUI SONT ASSURÉES»
(Lausanne).
Ce sont
les grâces promises à David,
c’est-à-dire les promesses d’un trône
éternel, par la venue du Messie
(Psaumes 89:29 (28); 2 Samuel 23:5,
etc.) — qui sont assurées,
immuables.
M. Segond affaiblit cette pensée en
traduisant:
«Je
traiterai avec vous une alliance
éternelle pour rendre durables mes
faveurs envers David.»
— Comme dans Ésaïe 7:14,
la traduction de De Wette se prononce
ici contre M. Segond, ainsi que l’apôtre
Paul qui cite ce passage (Actes
13:34) de la manière suivante:
«les
saintes grâces de David, qui sont
assurées.»
6
—
La femme qui entoure l’homme.
Jérémie
31:22.
—
«L’Éternel
crée une chose nouvelle sur la terre: la
femme
ENTOURE l’homme.»
Le mot souligné signifie entourer
et non protéger (Lausanne), ni
rechercher, comme le veut M. Segond.
Avec les
anciens commentateurs nous voyons ici
l’annonce de la venue en chair du
Messie, cette chose nouvelle que Dieu
crée sur la terre. La traduction
littérale permet au lecteur d’y trouver
ce sens; cela devient impossible si l’on
traduit par protéger ou par
rechercher.
7
—
Le Désir des nations
Aggée 2:7.
—
«Je
ferai trembler toutes les nations, et le
DÉSIR de toutes les nations arrivera.»
(Lausanne)
Il y a
ici sans doute une difficulté
grammaticale, le verbe arriver,
dans l’original, est au pluriel.
M. Segond traduit avec beaucoup d’autres
interprètes
«…et
les TRÉSORS de toutes les
nations viendront».
Cette
traduction rétablit le pluriel du verbe,
mais elle met du même coup au pluriel le
substantif qui dans l’original est au
singulier; il est vrai qu’on peut le
prendre dans un sens collectif; la
difficulté est renversée, à moins de
changer la ponctuation massorétique et
de lire Chamoudoth. La prophétie
au sujet de la personne même du Messie
disparaîtra et le mot Chemdah
(désir) n’est plus pris dans son sens
primitif.
Pour
éviter toutes ces difficultés nous
suivrions de préférence les
commentateurs qui prennent Chemdah
(désir) non pas comme sujet du verbe
arriveront, ce qui n’est pas
possible, mais comme accusatif de la
direction; on obtient ainsi la
traduction suivante:
«....Je ferai trembler toutes les
nations et elles viendront vers le
DÉSIR de toutes les nations.»
Uniformité de traduction
L’exactitude, la plus scrupuleuse
exactitude doit être la première règle
du traducteur du Livre inspiré de Dieu.
Ce principe conduit à celui de traduire
autant que possible le même mot de
l’original par le même mot français.
Un
exemple frappant, choisi dans le Nouveau
Testament, fera comprendre l’importance
de cette règle:
Le mot
Paraclètos, (défenseur, avocat,
conseiller, assistant) se trouve
dans l’Évangile de Jean 14:16,26;
15:26; 16:7 où il sert à désigner le
Saint-Esprit. Dans la 1re
Épître de Jean 2:1, Jésus-Christ, à
son tour, est appelé notre
Paraclètos, Défenseur auprès du
Père.
Les
versions de Martin et d’Ostervald
effacent cette identité d’expression, en
traduisant le mot paraclètos
appliqué au Saint-Esprit par
Consolateur, et par avocat
quand Jésus-Christ est appelé notre
paraclètos. — Le chrétien qui ne
sait pas le grec croira en conséquence
que le Saint-Esprit nous console, mais
que Jésus-Christ est notre avocat auprès
de Dieu. Si ce même chrétien se servait,
au contraire, d’une version
exacte, comme celle de Lausanne, il
découvrirait, grâce à l’uniformité de
traduction du mot paraclètos dans
les deux cas, un enseignement
important sur le ministère que le
Saint-Esprit accomplit en nous,
enseignement qui serait profitable au
développement de sa vie spirituelle: il
apprendrait que, de même que
Jésus-Christ est notre Défenseur
ou avocat auprès du Père et
obtient par son intervention en notre
faveur la rémission de nos offenses, de
même le Saint-Esprit est notre
Défenseur, notre Avocat, en
nous. Car, de même que dans
la vie civile on n’a pas seulement
recours à un avocat quand on a un
procès, mais aussi pour nous donner des
conseils pour éviter les procès, de même
le chrétien possède dans le Saint-Esprit
cet avocat qui le dirige dans sa voie et
le préserve de la chute.
Dans le
cas qui nous occupe, M. Segond, tout en
laissant le mot Consolateur dans
le texte des chapitres 14, 15 et 16 de
Jean, met en note les mots défenseur,
aide, soutien, et renvoie à cette
note dans le passage 1 Jean 2:1.
Mais dans
une multitude d’autres cas, M. Segond
transgresse cette règle d’uniformité de
traduction.
Nous citerons comme exemples les mots
les plus importants, qu’on peut appeler
les mots bibliques par excellence:
grâce, vérité, croire et foi.
1
—
Chesed (grâce)
Bornons-nous, pour ce mot, au seul livre
des Psaumes.
M. Segond
traduit chesed quelquefois par
grâce:
(Psaumes 23:6;
26:3; 31:22, etc.)
Le plus souvent il le traduit par
bonté: (Psaumes 13:6; 25:6;
33:5,18; 36:8, etc.)
D’autres fois par
miséricorde:
(Psaumes 25:7; 136, dans chaque verset,
etc.)
Une fois par
amour: (Psaumes 86:5)
Une autre fois par faveur: (Psaumes 141:5)
Enfin une
fois par
bienfaiteur: (Psaumes 144:2)
Voilà donc, dans un même livre des
Écritures, le même mot de l’original
traduit sans nécessité aucune par six
expressions différentes qui ont chacune
sa nuance spéciale, et pour chacune
desquelles l’hébreu a un terme
particulier correspondant. Pourquoi
cette diversité de traduction? Cette
manière inexacte de traduire, non
seulement désoriente nécessairement le
chrétien ignorant l’hébreu, mais dans
certains passages, elle détruit l’accord
entre l’Ancien et le Nouveau Testament.
Ainsi le Psaume 85:11 (10)
parlant des temps messianiques dit que
«la
GRÂCE et la VÉRITÉ se
rencontrent, que la justice et la paix
se baisent».
(Lausanne) Le Nouveau Testament dit
à son tour que
«la
GRÂCE et la VÉRITÉ sont venues
par le moyen de Jésus-Christ».
(Jean 1:17).
M. Segond fait disparaître ce rapport en
traduisant dans le Psaumes en question:
«la
bonté et la fidélité se rencontrent»,
tout en disant dans sa traduction du
Nouveau Testament, au passage cité:
«la
grâce et la vérité sont
venues par Jésus-Christ.»
Le
lecteur de la version de M. Segond sera
dans l’impossibilité de faire ces
rapprochements si utiles pour saisir la
pensée divine.
2
—
Èmet (vérité)
On a vu dans le passage du Psaume
85:11 que nous venons de citer, que
M. Segond met fidélité là où la
version de Lausanne et le Nouveau
Testament mettent vérité. Dans
l’original hébreu il y a Èmet,
qui signifie vérité. M. Segond
traduit tantôt par vérité, tantôt
par fidélité. Cependant, pour
exprimer l’idée de fidélité
l’hébreu a un autre mot
Emounah.
En nous bornant encore au seul livre des
Psaumes, nous trouverons que dans les
Psaumes 15:2; 45:5 (4); 51:8;
119:43,142,160, M. Segond traduit
Èmet, par vérité, tandis
qu’il rend le même mot Èmet par
fidélité dans les Psaumes
suivants: 25:10; 43:3;
86:11;
89:15 (14); 91:4; 111:7; 115:1; 117:2.
3 — Hèèmin (croire)
Ce mot de première importance est rendu
par M. Segond par croire dans
Genèse 45:26; Exode 4:1; Exode 14:31;
Nombres 14:11; 20:12, etc. Mais dans
le passage classique, Genèse 15:6,
où pour la première fois l’acte de
croire est mentionné comme cause de
notre justification devant Dieu, au lieu
de traduire:
«Abraham
CRUT en l’Éternel, qui le lui imputa
à justice»
(Lausanne), M. Segond paraphrase de la
manière suivante:
«Abraham
EUT CONFIANCE en l’Éternel»;
cependant dans le Nouveau Testament,
Romains 4:3 et Galates 3:6,
où l’apôtre cite le passage de
Genèse
15:6,
M. Segond traduit:
«Abraham
CRUT…»
Pourquoi
cette inexactitude dans un passage
capital, et quand la concordance de
l’Ancien avec le Nouveau Testament est
en jeu?
M. Segond traduit hèèmin
(croire) par se confier encore
par exemple, 2 Chroniques 20:20;
mais il le traduit aussi par espérer
(Job 15:22); par n’être pas sûr.
(Psaumes 27:13) par prendre pour
appui. (Ésaïe 28:16)
Mais relevons particulièrement encore le
passage Psaumes 116:10:
«J’ai
CRU, c’est POURQUOI j’ai parlé»
(Lausanne). M. Segond dit:
«J’AVAIS
CONFIANCE LORSQUE JE DISAIS.»
Cette traduction inexacte met encore en
défaut le Nouveau Testament, où (2
Corinthiens 4:13) l’apôtre cite ce
passage et dit:
«selon
qu’il est écrit:
J’AI CRU, C’EST POURQUOI j’ai
parlé»
(10).
(10)
Il est
échappé aux réviseurs de la version de
Lausanne quelques passages où hèèmin
n’est pas traduit par croire:
Deutéronome 1:32 (avoir foi),
Deutéronome 9:23 (id), 1 Samuel
27:12 (avait confiance), Michée
7:5 (se fier). Nous nous permettons
de les y rendre attentifs.
4
—
Èmounah (foi,
fidélité)
Le mot Èmounah présente une
difficulté: il doit se traduire par mot
différent en français, selon, qu’il
s’applique à des personne ou à
des choses, aux rapports de l’homme avec
l’homme, ou de Dieu vis-à-vis de l’homme
ou enfin de l’homme vis-à-vis de Dieu.
On doit donc, selon les cas, le traduire
par foi, fidélité, fermeté.
Toutefois M. Segond traduit trop
librement 2 Rois 12:15 où il met
probité et Ésaïe 33:6 où
il se sert du mot
sûreté.
Mais passons au passage de première
importance: Habacuc 2:4,
«Le
juste
vivra
par sa FOI»
(Lausanne) (11).
M. Segond traduit:
«par
sa
FIDÉLITÉ».
Ce qui donne un sens tout différent. Le
contexte montre avec évidence qu’il
s’agit de la foi en la promesse de Dieu
et non de la fidélité de l’homme. C’est
ainsi que l’ancienne synagogue a déjà
compris ce passage. M. Segond est encore
ici en contradiction avec sa propre
traduction du Nouveau Testament où,
Romains 1:17, il est dit:
«selon
QU’IL EST
ÉCRIT: Le juste vivra par la Foi»,
ainsi que Galates 3:11. Qui a
raison ici, M. Segond ou l’apôtre Paul?
Note 7
— Que Segond a traduit «par sa fidélité»
dans Habacuc 2:4 est l’indice
incontestable de sa position arminienne
dont l’enseignement consiste à demeurer
fidèle afin d’être assuré de son salut.
Selon cette doctrine infernale nous ne
saurions pas justifié par la foi, nous
serions plutôt justifié par le choix.
Une telle aberration doctrinale
transforme le salut par la grâce en un
salut par les oeuvres et s’oppose à la
souveraineté absolue de notre Dieu. Par
la «fidélité», l’homme devient maître de
son destin, il est celui qui décide de
croire et d’être sauvé. Ce n’est plus
Christ qui le sauve mais sa décision
personnelle de croire et de l’accepter
comme son Sauveur personnel. Telle est
l’hérésie des derniers temps qu’il nous
faut combattre avec toutes les armes de
l’Esprit.
Et qu’on
ne dise pas que l’apôtre s’est laissé
influencer par la version des Septante,
car précisément en ce passage elle
traduit inexactement, et autrement que
l’apôtre Paul (12).
Il faut
bénir Dieu de ce qu’il a permis cette
erreur. La version grecque ne peut
servir ici de prétexte pour affaiblir la
portée de la citation du passage
d’Habacuc dans le Nouveau Testament,
où il forme avec Genèse 15:6
la base scripturaire de la justification
du pécheur par la foi en la parole, en
la promesse de Dieu.
À coté de
ces mots bibliques par excellence citons
en encore quelques autres.
(11)
Comparez
les beaux développements que donne sur
ce passage Keil: Die 12 Kleinen
Proph. p. 423; ainsi que Delitzsch,
Proph. Habakuk, cité par M. Keil.
(12)
Elle
dit: δ δέ δίκαιος έκ πιστεώς μου ζήσεται
5
—
Goël (Rédempteur) et Gad (Racheter)
Ce mot
important, à cause de la doctrine de la
rédemption et de ses types dans l’Ancien
Testament, est traduit par M. Segond,
dans les passages que nous avons
consultés, de quatre manières
différentes. Le plus souvent il traduit
le verbe par racheter; mais,
Psaumes 19:15, au lieu de rendre le
substantif par rédempteur, il le
traduit par libérateur; puis,
Nombres 35:12,19,21,25; par
vengeur, ce qui est inexact; car il
s’agit dans ces passages d’une
revendication, d’un rachat au prix du
sang du coupable, et non d’une simple
vengeance. De même dans le passage
Job 19:25, il ne s’agit nullement
d’une vengeance mais d’une
revendication.
Exode
15:13.
— M. Segond met le verbe délivrer,
et il traduit très librement:
«Par
ta
MISÉRICORDE tu as conduit, tu as
DÉLIVRÉ ce peuple»;
au lieu de traduire exactement:
«Tu
as conduit par ta
GRÂCE
le peuple dont tu t’es fait le
RÉDEMPTEUR»
(Lausanne).
Job 3:5.
— M. Segond dit: s’emparer ce qui
est tout à fait inexact, car dans ce
passage
«les
ténèbres et l’ombre de la mort»
sont considérées comme le véritable
domaine de ce jour maudit où Job est né;
ce jour n’aurait, dans la pensée de Job,
pas dû être enlevé à son domaine; les
ombres de la mort doivent donc le
racheter puisqu’elles l’ont laissé
échapper, comme on rachète un bien fonds
qui est tombé en d’autres mains. (Voir
sur ce passage Delitzsch; Das Buch Job,
p. 68).
Dans le
même ordre d’idées signalons une autre
inexactitude: Dans le Nouveau Testament:
1 Corinthiens 6:20; 7:23; 2 Pierre
2:1; Apocalypse 5:9; 14:3, M. Segond
traduit, le mot agorazein, qui
signifie acheter, comme s’il y
avait lutroo, qui signifie
racheter. Il y a cependant une
différence sensible entre ces deux
termes.
6
—
Cohen (sacrificateur)
Nous ne
nous arrêterons pas à emploi du mot
malsonnant de prêtre par lequel
M. Segond traduit le met cohen.
Nous préférons, avec la version de
Lausanne, le mot sacrificateur,
bien qu’il ait, tout comme le mot
prêtre, un sens moins général que le
mot cohen, qui n’a pas
d’équivalent assez largue en français.
Cet inconvénient, toutefois, disparaît
pour un lecteur attentif de la Bible par
la comparaison des passages 2 Samuel
8:18, où le titre de
sacrificateurs est donné aux fils de
David, avec le passage parallèle 1
Chroniques 18:17, où ces mêmes fils
de David sont appelés «les
premiers à côté du roi»,
ainsi qu’avec 1 Rois 4:5, où le
titre de sacrificateur donné à
Zaboud, fils de Nathan, est expliqué par
le terme «ami
(confident, conseiller intime)
du roi».
Un lecteur, de la Bible,
comparant passage avec passage, quand
même il ne saurait pas un mot d’hébreu,
trouverait par la Bible elle-même que le
mot sacrificateur désigne dans la
Bible quelqu’un qui se tient auprès d’un
supérieur pour traiter ses affaires et
recevoir ses communications
particulières. Il en conclura que c’est
dans ce sens aussi qu’il faut
prendre le mot sacrificateur
quand il désigne les ministres du culte
lévitique. Ce ne sont pas seulement des
hommes chargés d’offrir des
sacrifices, mais les amis de
Dieu, ses confidents, les premiers
auprès de lui. C’est précisément ce
qu’est Jésus-Christ, le vrai souverain
sacrificateur du peuple de
Dieu, et ce que nous sommes par lui,
nous qui formons un royaume de
sacrificateurs, comme dit l’Écriture.
Cette
idée riche du mot, Cohen
échappera au lecteur de la version de M.
Segond, qui dans les passages 2
Samuel 8:18; 20:26 et 1 Rois 4:5,
traduit Cohanim (13) par
ministres d’État; car il ne doutera
pas le moins du monde que des
ministres d’État puissent être
désignés dans l’original par le même mot
que les sacrificateurs du culte
lévitique. Même M. Reuss, qui se
permet de bien plus grandes libertés que
M. Segond, traduit le mot Cohanim
dans ces quatre passages, comme il le
fait partout, par prêtres.
(13)
Forme
du pluriel de
Cohen.
7
—
Les diverses espèces de sacrifices
Dans les
premiers chapitres du Lévitique les
sacrifices sanglants (Sébachim (14)),
et les sacrifices non sanglants, sont
compris sous le terme général de
Korban, (offrande).
Cette
partie des oracles de Dieu distingue
ensuite cinq espèces de
sacrifices:
A)
L’holocauste (Olah),
qui symbolise l’entière consécration à
Dieu.
B)
L’hommage (Minechah)
indique,
la consécration à Dieu.
C)
Les sacrifices de prospérité (Sibechej
schelamim
ou Sébachim tout court, ou aussi
simplement Schelamim,
de Schalom, paix, prospérité.) Ce
sont des sacrifices eucharistiques ou
d’actions de grâces et de communion. En
effet, la bête étant offerte à Dieu, une
partie en revenait, de la part de Dieu,
au sacrificateur, et à celui qui offrait
le sacrifice; ou devait le manger en
présence de Dieu. C’est la victime
immolée qui devient la nourriture du
fidèle, et celui-ci devient le commensal
de Dieu. C’est l’expression la plus
haute de la joie, du bonheur et de la
paix du peuple de Dieu.
Ces
sacrifices étaient aussi offerts dans
des cas de détresse, où le fidèle,
s’humiliant et recherchant la face de
Dieu, renouvelle sa communion avec lui
sur la base des promesses, c’est-à-dire
de la communion établie dans le passé
(Juges 21:4).
D)
Le sacrifice de péché
(Chattaah) représente, par la mort de la
victime, amenée par l’effusion de son
sang, le châtiment du pécheur; car la
mort est le salaire du péché.
E)
Le sacrifice de culpabilité (Ascham)
représente la satisfaction donnée à Dieu
pour réparer le dommage que nos
transgressions lui ont causé; car, pour
que la paix avec Dieu soit parfaitement
rétablie, il ne suffit pas que la peine
du péché soit portée (sacrifice de
péché); il faut aussi que le
dommage du péché soit réparé. Le
sacrifice de culpabilité complète et
achève ainsi le sacrifice du péché;
il en est le couronnement.
Nous ne
mentionnons pas les autres noms de
sacrifices qui rentrent dans les
catégories énumérées, spécialement dans
celle des sacrifices de prospérité, et
dérivent des circonstances ou des
dispositions dans lesquelles se trouve
celui qui offre le sacrifice. Rappelons
seulement que c’est Jésus-Christ qui,
par sa vie sainte et par sa mort sur la
croix, a accompli le sens de tous ces
sacrifices: La consécration de son être
entier à Dieu, son obéissance jusqu’à la
mort, c’est l’holocauste (Olah);
l’hommage (Minechah) qui
l’accompagne toujours, c’est le détail
de la sainte activité de Jésus-Christ,
pendant chaque jour de sa vie. Dans son
sacrifice sur la croix il subit la peine
du péché du monde; c’est le sacrifice
expiatoire proprement dit, le sacrifice
de péché (Chattaah), par lequel
il apaise la justice divine. En même
temps qu’il l’offre, ce sacrifice,
accompli selon la volonté de Dieu et
précédé de sa vie sainte, consomme son
obéissance (Philippiens 2:8); il
répare ainsi nos transgressions, et
donne une entière satisfaction à la
sainteté divine; c’est le sacrifice de
culpabilité (Ascham).
Jésus-Christ, enfin, est notre sacrifice
de paix (Schèlem); car il donne à
ses croyants «sa chair à manger et son
sang à boire»; ce dont ils ont un
gage dans la Sainte Cène.
Nous
sommes entrés dans ces détails pour
faire comprendre au lecteur chrétien
combien il est important pour
l’intelligence de l’œuvre rédemptrice du
Seigneur, préfigurée dans sa plénitude
par les sacrifices lévitiques, de fixer
le caractère spécial de chaque espèce de
sacrifices. Or, pour cela il est
absolument nécessaire qu’il n’y ait pas
de confusion dans les termes. C’est ici,
ou jamais, qu’il faut traduire sans
varier le même mot du texte original par
le mot qu’on aura choisi pour lui
correspondre dans notre langue.
C’est
encore ce que ne fait pas la version de
M. Segond.
Le mot Korban (offrande) est
tantôt rendu par offrande:
(Lévitique 1:2; 3:12; 17:4; 23:14, etc.);
tantôt par le verbe offrir:
(Lévitique 3:14; 4:23,28; 9:7, etc.).
Cela peut paraître peu important,
puisque le substantif dérive de ce
verbe; cependant, que l’on compare le
passage Lévitique 22:18 traduit
littéralement avec la version de M.
Segond, et l’on verra que la traduction
littérale présente une précision qui
manque absolument à la seconde. Pour
plus de clarté, nous numéroterons les
différents membres de phrase:
Quand
un homme…
a)
offrira
SON
OFFRANDE
b)
dans tous les sacrifices votifs,
c)
dans tous les sacrifices volontaires
d)
qu’ils offrent à l’Éternel en
HOLOCAUSTE… (Lausanne)
Il s’agit là a) d’abord du cas
général d’une offrande
(Korban); b) et c) indiquent
deux cas dans lesquels cette offrande
peut-être présentée à Dieu; la
phrase d) enfin indique quelle
espèce de sacrifice constitue cette
offrande faite à Dieu: un
holocauste.
Voici comment M. Segond rend ce
passage: Tout homme...
a)
qui offrira un holocauste à l’Éternel,
b)
soit pour l’accomplissement d’un vœu,
c)
soit comme offrande volontaire…
Ce n’est
certes pas là une traduction, c’est un
résumé. La phrase d) est résumée
dans a), au détriment du mot
offrande, Korban, qui disparaît dans
le verbe; dans b), les mots
sacrifices votifs deviennent
l’accomplissement d’un vœu, et dans
c), les sacrifices volontaires
deviennent une offrande
volontaire; le terme spécial de
sacrifice, qui rappelle une effusion de
sang est remplacé par let mot
offrande qui, comme nous l’avons dit
plus haut, peut aussi désigner les
hommages non sanglants.
Dans d’autres endroits, et c’est bien
plus grave encore, M. Segond confond le
terme général offrande (Korban)
avec le sacrifie non sanglant de
l’hommage (Minechah). M. Segond
ayant adopté, comme la version de
Lausanne, le mot offrande, comme
correspondant de Korban, aurait
dû de toute nécessité employer un
autre terme pour la Minechah;
autant que nous avons pu le constater,
il ne l’a fait qu’une seule fois:
Lévitique 2:1, où il traduit
Minechah par don; dans
tous les autres cas que nous avons
comparés, il met offrande:
Exode 29:41 30:9; 40:29; Lévitique
2:3,4,5, etc., (en général, il y a
dans ce chapitre un grand nombre
d’inexactitudes). Nombres 4:16;
5:25,26; 6:15,17; 7:13; 8:8; 15:4, etc.,
etc. Josué 22:23, etc. 1 Rois
8:64,
etc. Psaumes 20:4; 40:7; 141:2.
Ésaïe 19:21, etc. Jérémie 14:12;
Ézéchiel 46:14.
Ainsi dans la version de M. Segond, le
Korban et la Minechah,
sauf une fois, sont toujours confondus
sous une même dénomination.
Quant aux Schelamim (sacrifices
de prospérité), M. Segond les appelle
sacrifices d’actions de grâces.
Ce terme est trop étroit, et
ne correspond pas à l’étymologie; mais
l’ayant adopté, M. Segond aurait dû s’y
attacher dans tous les cas; or,
Nombres 29:39, il dit sacrifice
de prospérité; le lecteur de sa
version s’imaginera donc qu’il s’agit,
dans, ce passage, d’une nouvelle espèce
de sacrifices. — D’un autre côté, M.
Segond parle de sacrifices d’actions de
grâces, qu’on croit donc être des
Schelamim, là où dans le texte il
n’y en a pas; ainsi Jérémie 33:11...
«La
voix de ceux qui offrent
DES SACRIFICES D’ACTIONS DE GRÂCES
dans la maison de l’Éternel»;
tandis qu’il y a dans le texte hébreu:
«apportant
LA LOUANGE à la maison de l’Éternel»
(Lausanne), ce qui est bien
différent. Amos 4:5, il y a une
confusion semblable; il est question
dans le texte de louange (Todah)
et M. Segond en fait des sacrifices
d’actions de grâces (Schelamim).
Quant à la Chattaah (sacrifice de
péché), M. Segond traduit
quelquefois par sacrifice de péché
ou pour le péché; Nombres
15:27. Tandis que dans d’autres cas
il traduit par sacrifices
expiatoires, ce qui est inexact,
parce qu’on pourrait croire que le
caractère expiatoire appartient
exclusivement à cette espèce de
sacrifices, alors qu’il appartient tout
aussi bien aux sacrifices de culpabilité
(Ascham) comme cela se
voit clairement dans Lévitique 5:16:
«le
sacrificateur fera
EXPIATION
pour cet homme avec le bélier DU
SACRIFICE DE CULPABILITÉ.»
— Le choix de ce terme entraîne encore
un autre inconvénient: il détruit
l’harmonie entre Psaumes 40:7, où
M. Segond dit:
«tu
ne demandes ni holocaustes, ni
VICTIME
EXPIATOIRE»,
et l’épître aux Hébreux, où M. Segond
traduit:
«tu
n’as agréé ni holocauste, ni
SACRIFICE DE PÉCHÉ.»
Mentionnons encore une autre erreur au
sujet de l’eau d’impureté (M.
Segond dit eau de purification),
dans le passage Nombres 19:9, où
M. Segond croit que les mots:
Chattath hou (littéralement:
sacrifice de péché) cela se rapportent à
l’eau d’impureté, et traduit en
conséquence: C’est une eau
expiatoire. En réalité ces mots
forment le résumé de tout le paragraphe
de la vache rousse et signifient:
C’est un sacrifice de péché;
c’est la vache rousse qui est un
sacrifice de péché, comme cela ressort
surtout du verset 17e;
l’aspersion par l’eau d’impureté
a pour but la purification
et non l’expiation, qui
devait être faite préalablement. Ce sont
des notions bien distinctes.
Enfin M. Segond confond quelquefois le
sacrifice de culpabilité (Ascham)
avec le sacrifice de péché
(Chattaah). Ainsi Lévitique 19:22,
il parle du bélier offert comme victime
pour le péché, tandis que le
texte parle du bélier de culpabilité;
de même, 1 Samuel 6:3, M.
Segond fait dire aux sacrificateurs
philistins:
«faites
à Dieu une
OFFRANDE
POUR LE PÉCHÉ»;
tandis qu’il y a littéralement:
«ne
manquez pas de lui payer un SACRIFICE
DE
CULPABILITÉ»
(Lausanne).
Cette même confusion existe dans
l’important passage Ésaïe 53:10,
où M. Segond traduit:
«Quand
il aura livré sa vie en
SACRIFICE
POUR LE PÉCHÉ»
tandis qu’il y a en hébreu:
«Quand
son âme aura fourni le
SACRIFICE
DE CULPABILITÉ»
(Lausanne) Par cette expression, le
prophète fait voir que l’œuvre
rédemptrice accomplie par le Serviteur
de l’Éternel (Jésus-Christ) est parfaite
puisque le sacrifice de culpabilité
suppose le sacrifice du péché dont il
est le couronnement.
On le
voit, il serait impossible d’étudier la
doctrine si importante des sacrifices
dans la version de M. Segond; or, c’est
là la moelle des Écritures.
(14)
Malgré
le sens général du mot Sebachim,
ce mot désigne spécialement, en tout cas
dans le Pentateuque, les sacrifices
de prospérité.
Erreurs et inexactitudes diverses
1
—
Le nom de Dieu
Dans une
révélation aussi majestueuse que celle
du Nom Dieu faite par le Dieu souverain
à un homme, il semble que la traduction
la plus exacte est de rigueur.
Nous lisons Exode 3:14:
«Dieu
dit à Moïse: Je suis celui qui
SUIS»
(Lausanne) Il serait peut-être plus
correct, en français, de dire avec M.E.
Schulz (Encyclopédie des sciences rel.
VII, 234):
«Je
suis qui je suis.»
L’une et l’autre de ces traductions
respecte scrupuleusement la forme du 2e
verbe, qui en hébreu est à la 1re
personne, comme en français. M. Segond
met le verbe du 2e membre de
phrase à la 3e personne:
Je
suis celui qui est.
De même dans la suite du verset, au lieu
de traduire selon le texte hébreu:
«Tu
diras aux fils d’Israël:
JE SUIS m’envoie vers vous»,
M. Segond dit...
«CELUI
QUI EST m’envoie vers vous».
Est-ce là
traduire fidèlement?
M. Segond en altérant ainsi la forme du
verbe rend impossible au lecteur de sa
version la découverte du vrai sens du
Nom ineffable; car
«je
suis celui qui est»
semble signifier tout simplement que
l’idée d’être, d’existence en soi,
forme l’attribut essentiel de Dieu.
Tandis que
«Je
suis qui je suis»
a un sens beaucoup plus en rapport
avec les circonstances dans lesquelles
se trouvait le peuple de Dieu à l’époque
de cette révélation.
En disant
«Je
suis qui je suis»,
Dieu révèle non seulement son absolue
liberté, c’est-à-dire qu’il est lui-même
la cause de son être, et que
c’est lui aussi qui en détermine la
modalité à chaque moment, idée qui se
retrouve Ésaïe 44:6; mais Dieu
révèle surtout, par la définition de son
nom, qu’il est le Dieu de l’alliance,
comme s’il disait: «Je suis à chaque
moment, Celui comme qui je me révèle
maintenant»; il se révèle comme le
Dieu fidèle, qui a choisi son peuple,
qui se souvient de lui, et qui le
conduit au but en vue duquel il l’a élu.
Les passages parallèles prouvent que
c’est bien là le sens du nom de Dieu.
Exode 33:19, Dieu dit:
«Je
fais grâce à qui je fais grâce».
Comme le dit très-bien M.E. Schulz, ces
paroles doivent se comprendre ainsi: «Je
fais grâce en tel cas particulier à qui
j’ai fait grâce d’une manière générale
et éternelle.» De là les nombreuses
exhortations à la confiance dans le nom
de Jéhovah. Que le lecteur veuille bien
comparer les passages suivants cités par
M. Schulz Psaumes 9:11 (10); 20:8
(7); Ésaïe 26:4; Osée 12:6,7, et
surtout Malachie 3:6:
«Car
je suis Jéhovah,
JE NE CHANGE PAS».
Ce que
nous venons de dire prouve que la
traduction du nom Jéhovah par le
mot Éternel, qui se retrouve dans
toutes nos versions françaises, est
inexacte, et qu’il vaudrait mieux
reproduire ce nom sacré, soit dans sa
forme adoptée par l’usage Jéhovah,
soit dans celle probablement plus
exacte Jahevèh. La version de
Lausanne dans quelques passages dit
Jéhovah; elle aurait dû le faire
partout; seulement, dans ce cas, il ne
faut pas négliger d’ajouter l’h
finale, car le saint tétragramme
(mot à quatre lettres) ne doit pas être
mutilé.
2
—
Différentes manifestations de Jéhovah:
L’ange de
Jéhovah, l’ange de la Face,
la Face
de Jéhovah, la Voix de Jéhovah
On connaît l’importance, surtout au
point de vue christologique, de la
doctrine des diverses manifestations de
Dieu dans l’Ancien Testament. Quelle que
soit la solution qu’on donne à la
question de l’Ange de l’Éternel, ou Ange
de la Face, toujours est-il qu’une
version fidèle doit, dans une aussi
délicate question, indiquer toutes les
nuances du texte hébreu, qu’il s’agisse
de l’Ange de Jéhovah, de la
Face de Jéhovah ou de la
Voix de
Jéhovah.
M. Segond,
qui traduit très exactement certains
passages où il est question de ces
diverses révélations, s’est départi de
cette exactitude dans les passages
suivants:
Genèse
22:11.
—
«Et
l’ange de l’Éternel»
(Lausanne); M. Segond dit:
«Or
un ange de l’Éternel».
Exode
33:14.
—
«MA
FACE IRA, et je te donnerai du repos»
(Lausanne) M. Segond dit:
«JE
MARCHERAI MOI-MÊME avec toi, et
je te...»
Là M. Segond fait dire au texte ce qu’il
ne dit pas. Car d’après l’Ancien
Testament la face de Dieu est
distincte de Dieu tout en étant Dieu:
Même le traducteur qui personnellement
n’admettrait pas cette doctrine est
obligé de traduire le mot Panaï
par face et non par
je.
La même
grave inexactitude se retrouve dans les
passages suivants:
Exode
33:15.
—
«Si
TA FACE
ne vient pas (avec nous), ne nous
fais pas monter d’ici»
(Lausanne). M. Segond dit:
«Si
tu ne marches pas
TOI-MÊME avec nous...»
Deutéronome 4:37:
«Il
t’a fait sortir de l’Égypte par sa
FACE»
(Lausanne). M. Segond:
«Il
t’a fait
LUI-MÊME
sortir d’Égypte…»
Psaumes 21:10 (9):
«Le
jour où tu montreras
TA
FACE...»
(Lausanne) M. Segond:
«Le
jour où
TU TE
montreras».
Une erreur semblable se trouve dans le
passage Ésaïe 63:9.
«L’ANGE
DE SA FACE les a sauvés»
(Lausanne). M. Segond:
«L’ange
qui est devant sa face...»
Les anges en général se tiennent
devant la face de Dieu, mais
l’Ange de sa face est autre chose
dans l’Ancien Testament qu’un
ange qui se tient devant la face de
Dieu.
De même pour la révélation de Dieu par
sa Voix, M. Segond traduit
inexactement en disant, Deutéronome
4:12:
«vous
entendîtes le SON DES paroles»;
tandis qu’il y a dans le texte hébreu:
«Vous
entendîtes la voix des paroles»
(Lausanne). Le son des paroles
serait l’impression produite sur
l’oreille par les paroles prononcées par
Dieu; il ne s’agit nullement de ce fait
physique, mais bien de la voix
qui prononçait des paroles.
3
—
Diverses erreurs
dogmatiques:
Résurrection et Rédemption
M. Segond traduit Psaumes 49:16:
«Dieu
SAUVERA
mon âme du séjour des morts, car il
me RENDRA SOUS SA PROTECTION.»
S’agit-il ici de la résurrection, ou
simplement de la préservation de la mort
dans un danger menaçant la vie du
psalmiste? La fin du verset, selon la
traduction de M. Segond, semble indiquer
qu’il s’agit d’une simple préservation.
Le texte hébreu indique cependant bien
clairement qu’il est question de
résurrection:
«Dieu
RACHÈTERA mon âme de LA PUISSANCE
(littéralement: de la MAIN)
du séjour
des morts; car il me
PRENDRA»
(Lausanne). Les derniers mots ne
signifient pas que Dieu prendra le
psalmiste sous sa protection,
mais qu’il le prendra à lui après
l’avoir racheté de la main
du séjour des morts.
De même au verset 15 (14) du même
psaume, il y a:
«au
MATIN les hommes droits marchent sur
eux.»
C’est au matin de la résurrection que le
psalmiste fait allusion. M. Segond
affaiblit cette belle expression en la
traduisant par bientôt, ce que le
mot hébreu ne signifie pas.
Au Psaumes 68:21, M. Segond dit:
«L’Éternel,
le Seigneur, peut nous
GARANTIR de la mort»;
tandis qu’il y a en hébreu:
«C’est
à l’Éternel, le Seigneur,
de FAIRE SORTIR de la mort»
(Lausanne) C’est toujours la doctrine
de la résurrection qui est éliminée par
ces traductions inexactes.
La notion de la rédemption, du
rachat, est affaiblie dans le
Psaumes 130:7 où M. Segond dit:
«il
multiplie les
DÉLIVRANCES»;
tandis qu’il y a littéralement:
«auprès
de lui est une
ABONDANTE
RÉDEMPTION»
(Lausanne).
De même Psaumes 31:6 (5), il y a:
«tu
me rachètes»;
M. Segond dit:
«tu
me délivreras»
Psaumes 103:3:
«qui
RACHÈTE
ta vie de la fosse»;
M. Segond:
«qui
DÉLIVRE…»
Au Psaumes 79:9, M. Segond fait
dire au psalmiste simplement:
«PARDONNE
nos pêchés.»
Le texte hébreu dit:
«FAIS
PROPITIATION pour nos péchés.»
Le verbe de L’original rappelle le
propitiatoire de l’arche de
l’alliance. De même, Psaumes 65:4 (3),
les mots:
«c’est
toi qui
FAIS PROPITIATION pour nos
transgressions»
(Lausanne), sont rendus par M. Segond
par:
«tu
PARDONNERAS nos
transgressions.»
4
—
Erreurs touchant les choses finales.
Amos 9:11.
—
«En
ce jour-là, je relèverai
LA CABANE de David qui est tombée»
(Lausanne). M. Segond traduit trop
librement et inexactement:
«je
relèverai de sa chute
LA MAISON de David.»
Cette traduction inexacte nuit à
l’harmonie entre les deux Testaments;
car, Actes 15:16, Jacques citant
ce passage dit:
«je
réédifierai
la TENTE
de David qui est tombée.»
Psaumes
110:6.
—
«Il
écrase la
TÊTE: (le
chef) d’une vaste terre»
(Lausanne) M.
Segond dit inexactement:
«il
brise DES TÊTES sur toute
l’étendue du pays.»
Cette traduction inexacte efface le
parallélisme entre ce passage et
Habacuc 3:13, où il s’agit de la
lutte du Christ contre l’Antichrist.
M. Segond, à la vérité, peut ne pas
admettre cette explication, mais il n’a
pas le droit de transformer le singulier
en pluriel.
Zacharie
5:6.
—
«C’est
L’ASPECT qu’ils [présentent] dans
toute la terre»
(Lausanne) M. Segond, dans ce passage,
modifie les consonnes du texte, comme
s’il y avait iniquité, et traduit:
«c’est
leur
INIQUITÉ
dans tout le pays.»
La traduction que donne M. Segond de
Zacharie 2:8:
«après
cela viendra la gloire»,
est en tout cas contestable. Celle de la
version de Lausanne nous semble
préférable:
«c’est
après la gloire qu’il m’a envoyé»;
c’est ainsi que traduit M. Reuss en
paraphrasant un peu trop:
«c’est
pour revendiquer
sa gloire
qu’il m’envoie.»
Zacharie
14:6b.
— M. Segond suit une ancienne variante
et traduit:
«il
y aura du froid et de la glace»,
au lieu de s’attacher au texte qui dit:
«Les
[astres] brillants se figeront
(ou
se cailleront)»; ce qui est d’accord
avec l’ensemble des indications
eschatologiques sur l’immense révolution
cosmique qui précède le jour du Seigneur
(Joël 2:31; Matthieu 24:29;
Apocalypse 6:12-13). Au point de vue
de la théopneustie, cet accord est
important.
5
—
Le dépôt de l’Éternel
Il est
question dans le Nouveau Testament d’un
dépôt que l’Église de Dieu doit
garder: 1 Timothée 6:20; 2 Timothée
1:14.
L’Ancien Testament renferme la même
idée, bien que le mot hébreu
mischmèreth vienne d’une autre
racine que le mot grec paracatathèkè
(dépôt). Cependant le
mot hébreu peut à juste titre être
traduit par dépôt, comme le
fait la version de Lausanne, car il
désigne une chose qu’on doit garder,
conserver, sur laquelle on doit
veiller. Mais, quel que soit le mot
correspondant français que l’on adopte,
l’essentiel c’est qu’on le maintienne
dans tous les cas où cela est possible.
C’est ainsi que la version de Lausanne
traduit rnischmèreth par
dépôt, qu’il s’agisse de l’agneau
pascal (Exode 12:6), ou de la
manne dans l’urne d’or (Exode 16:32),
ou du sanctuaire et de ses meubles
sacrés (Nombres 1:53; 3:28; 3:31;
4:27; 4:31), ou d’une personne qui
est confiée à votre garde (1 Samuel
22:23), ou enfin des oracles de Dieu
(Genèse 26:5;
Lévitique
8:35; 22:9; Deutéronome 11:1; 1 Rois
2:3).
Dans tous ces cas, M. Segond traduit
tantôt par garder, tantôt par
conserver, puis par être chargé
de, remettre aux soins de, observer,
pratiquer les commandements, les
ordres, les préceptes.
Voici un exemple de l’inconvénient qu’il
y a à ne pas traduire le même mot hébreu
par le même mot français: 1 Rois 2:3,
David dit à Salomon:
«GARDE
LE DÉPÔT
(MISCHMÈRETH)
DE L’ÉTERNEL, ton Dieu en marchant
dans ses voies, et en gardant ses
statuts, ses commandements, ses
ordonnances et ses témoignages, selon ce
qui est écrit dans la loi de Moïse...»
(Lausanne). M. Segond dit:
«Observe
les commandements
(au lieu de: garde
le dépôt)
de l’Éternel ton Dieu, en marchant,
dans ses voies, et en gardant ses lois,
ses ordonnances, ses jugements et ses
préceptes, selon ce qui est écrit...»
C’est un pléonasme que de dire: «Observe
les commandements en marchant dans les
lois...» La traduction littérale n’est
pas seulement plus exacte; elle est plus
riche quant au sens, et plus belle quant
à l’expression.
6
—
Inexactitudes diverses choisies au
hasard.
1.
Psaumes
68:12 (11).
—
«Les
MESSAGÈRES DE BONNES NOUVELLES sont une
grande armée»
(Lausanne) M. Segond:
«des
FEMMES proclament en foule la victoire»;
ce qui n’est ni
exact, ni poétique.
* Quoique la Lausanne est grandement
plus précise que la Segond, il semble
toutefois que sa traduction ici reste à
désirer, car dans son contexte immédiat
ce passage dit dans l'Hébreu:
«Le Seigneur fait entendre sa Parole.
Grande est l'armée de ceux qui la
publient.»
(Bible
de l'Épée 2010)
2.
Ésaïe
63:1.
—
«Quel
est
CELUI-CI,
qui arrive
d’Édom?»
(Lausanne) M. Segond:
«Quel
est
ce
GUERRIER?»
mot, qui n’est pas
dans le texte.
À la fin du verset:
«c’est
moi qui parle
EN JUSTICE, [qui] suit grand pour
sauver!»
(Lausanne) M. Segond:
«c’est
moi
qui ai PROMIS LE SALUT, qui ai le
pouvoir de délivrer.»
On dirait que M. Segond avait un autre
texte sous les yeux.
3.
Ésaïe
33:24.
—
«Le
peuple qui l’habite a reçu le pardon de
SON
PÉCHÉ.»
M. Segond met le pluriel de
«ses
iniquités».
4.
Ésaïe
34:4.
—
«Toute
leur armée se
FLÉTRIT, comme se FLÉTRIT la
feuille de la vigne…»
(Lausanne) M. Segond, au lieu de dire
FLÉTRIT (Nabel), dit tomber,
comme s’il y avait naphal:
«toute
leur armée tombe…»
5.
Sophonie
1:4.
—
«Je
retrancherai de ce lieu le
RESTE de Baal, le nom des prêtres
d’idoles avec les sacrificateurs»
(Lausanne). M. Segond met le pluriel
dans la 1re partie de ce
passage:
«RESTES»,
puis il continue:
«le
nom de ses ministres et les prêtres
AVEC».
Cet avec sans complément n’est
pas élégant. Au verset 3 déjà M. Segond
se sert de cette tournure trop
familière:
«les
objets de scandale et les méchants
avec»;
il y a littéralement:
«les
causes de chute, [savoir]
les méchants»,
comme traduit la version de Lausanne.
6.
Deutéronome 8:3.
—
«...Afin
de te faire connaître que L’HOMME
ne vit pas de pain seulement, mais
que L’HOMME vit de tout ce qui
sort de la bouche de L’ÉTERNEL»
(Lausanne). M. Segond efface la
répétition du mot homme dans les
deux membres de phrase, il se trouve
cependant dans l’hébreu; et résume les
deux phrases en une seule:
«afin
de t’apprendre que l’homme
PEUT vivre non seulement de pain,
mais de tout ce qui sort de la bouche de
l’Éternel»;
résumer n’est pas traduire. En 2e
lieu, dans l’original, il y a vit
et non pas
peut
vivre.
7.
Quant aux couleurs du sanctuaire
Exode 25:4-5, etc.; elles sont mieux
rendues par M. Segond que par la version
de Lausanne dans deux cas: Thékéleth,
que Lausanne traduit par pourpre,
est la pourpre bleue, le
bleu foncé; M. Segond bleu. Argaman,
que Lausanne traduit par
écarlate, est la pourpre rouge;
M. Segond: pourpre. Les
autres couleurs sont bien rendues dans
les deux versions: cramoisi et
fin lin; ce dernier était
naturellement de couleur blanche. La
détermination des couleurs véritables
est importante à cause de l’idée
symbolique qu’elles représentent:
Le
bleu foncé, couleur du ciel,
est le type de la fidélité immuable de
Dieu, il répond au nom de Jéhovah.
Le
pourpre rouge, c’est la couleur
royale; celui qui habite ce sanctuaire
est le Roi par excellence.
Le
cramoisi, la couleur de sang,
représente la vie; Dieu est le vivant.
Le fin
lin blanc l’appelle sainteté; Dieu
est le saint.
Mais M.
Segond a-t-il raison de traduire les
peaux de Tachasch par peaux
teintes en bleu? Il a pour lui
l’autorité de la version des Septante,
et d’autres versions grecques,
ainsi que de la vulgate; mais le passage
Ézéchiel 16:10 semblerait plutôt
donner raison à ceux qui croient que
Tachasch est le nom, non d’une
couleur, mais d’une bête; non pas sans
doute du taisson, comme le pense
la version de Lausanne, mais plutôt,
selon MM. Keil et Reuss, du manati,
«cétacé de la famille des dauphins,
fréquent dans la mer rouge» (Reuss,
Hist. sainte et Loi II p. 69). Outre le
passage d’Ézéchiel, la circonstance que
les peaux des Tachasch devaient
servir de couverture extérieure
enveloppant toutes les autres, pour
garantir celles-ci des intempéries
atmosphériques, semble militer en faveur
de cette dernière interprétation.
8.
Au Psaumes 23:1, le mot Mismor,
qui est toujours traduit par Psaume,
est rendu par Cantique.
9.
Psaumes
1:6.
—
«La
voie des méchants périra»
(Lausanne). M. Segond affaiblit cette
expression énergique; il explique, au
lieu de traduire, et dit:
«la
voie des pécheurs mène à la ruine.»
Nous ferons observer en passant que M.
Segond confond fréquemment les mots
Raschah (méchant) et Chattah
(pécheur), ainsi que d’autres termes
qui rentrent dans le même ordre d’idées;
dans notre verset, par exemple, le texte
hébreu parle du Raschah (méchant);
M. Segond traduit ainsi au 1er
verset; mais ici il dit pécheur,
comme s’il y avait
Chattah.
10.
Psaumes
10:2.
—
«Par
l’orgueil du méchant, l’affligé est
consumé»
(Lausanne). M. Segond change la
construction de la phrase hébraïque et
dit:
«Le
méchant dans son orgueil poursuit les
malheureux.»
11.
Proverbes
1:2,3,7.
— Dans ces trois versets et dans
d’autres encore, il est question de
discipline (Mousar); M. Segond dit
instruction, bien que,
Proverbes 3:11, il soit bien obligé
de traduire ce mot par
correction.
12.
Lamentations 3:22.
—
«Ce
sont les grâces de l’Éternel, que
NOUS N’AYONS pas entièrement péri»
(Lausanne). M. Segond traduit
comme si, au lieu de la 1re
personne du pluriel (tamenou), il
y avait la 3e personne
(tamou):
«Les
bontés de l’Éternel ne sont pas
épuisées.»
13.
Lamentations 4:22.
—
«Elle
est finie
[la peine de] ton iniquité,
fille de Sion»
(Lausanne). M. Segond dit:
«Ton
iniquité est expiée.»
L’idée d’expiation est, ici,
complètement étrangère au texte; il
s’agit de la fin du châtiment; cela
ressort d’une façon évidente de la suite
du verset; or souvent les mots péché,
iniquité sont pris pour peine du
péché, de l’iniquité, par exemple,
Genèse 4:13.
14.
Ézéchiel
1:22.
— Il est question dans ce passage
«d’une
étendue de cristal redoutable»
(Lausanne), qui se trouve au-dessus des
chérubins. M. Segond dit,
«cristal
resplendissant.»
Cependant le mot norah signifie
redoutable, ce qui inspire la crainte,
la terreur; ce mot est employé dans
Juges 13:6, où il est question de
l’Ange de l’Éternel dont l’aspect est
redoutable, et Job 37:21, où
Élihou parle de la majesté redoutable de
Dieu.
7
—
Inexactitudes dans les quatre premiers
chapitres de la Genèse
Dans le
titre précédent nous avons choisi les
passages au hasard. Voici à quel
résultat on pourrait arriver si l’on
voulait prendre chapitre par chapitre.
Nous choisissons comme exemple les
quatre premiers chapitres de la Bible,
et encore négligerons nous bien des
détails.
Genèse 1
Nous ne
parlerons pas du 2e verset;
il faudrait une longue dissertation.
3. Quoiqu’on soit accoutumé aux mots:
«que
la lumière soit»,
par lesquels M. Segond rend l’original,
«qu’il
y ait de la lumière»
comme dit Lausanne serait plus exact.
Or, dans l’histoire mystérieuse de la
création racontée d’une façon si
concise, chaque nuance du texte doit
être observée.
4. De même au 4e verset M.
Segond dit:
«Dieu
sépara la lumière d’avec les ténèbres.»
La version de Lausanne serre le texte de
plus près en disant:
«Dieu
fit séparation
ENTRE la lumière et les ténèbres.»
Il y a là une nuance qui sous le rapport
cosmogonique peut avoir son importance.
14. La 2e partie de ce verset
est inexactement traduite dans la
version de M. Segond ainsi que dans
celle de Lausanne. Il y a littéralement:
«Et
qu’ils soient pour
SIGNES,
et pour SAISONS
(ou
époques)
et pour
JOURS et ANNÉES»;
c’est-à-dire qu’ils doivent servir 1° de
signes, qu’ils doivent fixer en 2e
lieu les époques ou saisons, 3°
les jours et 4° les années;
c’est ce que dit le texte; c’est à
l’exégèse de rechercher comment les
astres sont des signes indépendamment de
leur but de fixer les saisons, les jours
et les années.
Genèse 2
4.
«Voici
les
GÉNÉRATIONS des cieux et de la terre»
(traduction littérale). Au lieu de
générations M. Segond dit
«origines».
Le mot Toledoth signifie
générations. Ce mot figure en tête des
10 divisions de la Genèse (abstraction
faite de Genèse 1:1-2:3), qui la
coupent en dix livres d’inégale étendue:
Genèse
2:4;
5:1; 6:9;
10:1; 10:10; 11:27; 25:12; 25:19; 36:1;
37:2.
La comparaison
de ces dix titres fait voir qu’il s’agit
de générations dans le sens étymologique
du mot: les événements qui se déroulent
d’un premier fait, comme l’effet de la
cause. Dans une traduction libre le mot
histoire rendrait assez
exactement le sens que possède ici le
mot Toledoth. De Wette et
Perret-Gentil traduisent ainsi. M.
Segond, toujours en violant la règle de
l’uniformité de traduction, traduit
2:4 par origine, ce
qui est inexact, car il ne s’agit pas à
partir de Genèse 2:4 de l’origine
des cieux et de la terre,
mais bien de ce que les cieux et la
terre, une fois créés, sont devenus. À
partir de Genèse 5:1, M. Segond
traduit Toledoth par postérité,
ce qui n’est pas exact non plus; cela
ressort de Genèse 37:2.
7.
«L’homme,
devient une
ÂME
VIVANTE»
(Lausanne). M. Segond dit:
«un
ÊTRE VIVANT»,
quoique dans l’original il y ait
Nephesch, qui signifie âme.
Ce passage est cité 1 Corinthiens
15:45, passage que M. Segond traduit
bien:
«C’est
pourquoi il est écrit: Le premier homme,
Adam, devint une
ÂME VIVANTE.»
Pourquoi dès lors mettre être
vivant dans Genèse 27, malgré le
texte de l’Ancien et celui du Nouveau
Testament?
8.
«ET
l’Éternel, planta»
(Lausanne). M. Segond dit:
«PUIS
l’Éternel planta»,
ce qui n’est pas seulement inexact, mais
donne lieu à une fausse interprétation
de tout ce chapitre. La théorie
rationaliste d’un double récit
contradictoire de la création
est contenue dans ce mot: PUIS; tandis
que la traduction littérale: et,
permet une tout autre interprétation.
20. M. Segond traduit:
«Il
ne trouva pas
D’ÊTRE semblable à lui»;
le texte à la place d’un être
parle d’une
«AIDE»,
ce qui est différent.
Genèse 3
5. Avec Martin et Ostervald M.
Segond traduit
«comme
DES DIEUX»;
le mot du texte hébreu permet
parfaitement de dire
«comme
DIEU».
Adam, et Ève ne connaissaient qu’un seul
Dieu; à moins qu’on n’admette qu’il est
question ici de Dieu et des
anges, ce qui, à la rigueur, pourrait
être le cas.
8.
«Au
vent du jour»
(Lausanne) M. Segond, au lieu de
traduire, explique et dit:
«vers
le soir».
Indépendamment de la question
d’exactitude, ce détail peut avoir son
importance dans la question des
conditions atmosphériques de la terre
avant la chute.
16.
«J’augmenterai
beaucoup ton travail
ET ta grossesse»
(Lausanne). M. Segond traduit trop
librement et inexactement:
«j’augmenterai
la souffrance
DE TES grossesses.»
Le second
membre de
phrase
peut n’être, à la vérité, vis-à-vis du
premier, que dans un simple rapport
d’apposition, et, dans ce cas, M. Segond
donne le vrai sens du texte. Toutefois,
il y a des théologiens qui ont basé sur
ce mot ET la théorie de la présence au
milieu de l’humanité élue d’une
postérité de non-élus. C’est une
question d’exégèse que le traducteur n’a
pas le droit de trancher à priori.
22.
«Et
maintenant il ne faut pas qu’il étende
la main et prenne aussi»
(Lausanne). M. Segond traduit trop
librement: «EMPÊCHONS-LE maintenant
d’avancer sa main…»
24.
«Les
chérubins
ET l’épée flamboyante qui se tournait
ça et là»
(Lausanne). M. Segond dit inexactement:
«les
chérubins
QUI AGITENT UNE épée flamboyante.»
Le texte ne dit nullement que les
chérubins tenaient une épée; il parle
d’un côté des chérubins, et de l’autre,
de l’épée flamboyante qui se
tournait ça et là.
Genèse 4
1.
«J’ai
ACQUIS un homme»
(Lausanne). M. Segond:
«j’ai
FORMÉ un homme.»
Le verbe Kanah signifie
former; mais son premier sens est
acquérir. M. Segond lui-même traduit
ce verbe par acquérir dans
plusieurs passages: Exode 15:16;
Psaumes 74:2; 78:54; Proverbes 4:7;
15:32, etc., etc. Pourquoi pas dans
notre verset? Le choix du verbe
acquérir est plus en rapport avec
les sentiments qui animaient Ève lors de
la venue au monde de son
premier-né. Les derniers mots de son
exclamation font voir que le principal
sujet de sa joie n’est pas la simple
formation de cet enfant, mais
l’acquisition qu’elle fait en lui de
l’homme POUR Jéhovah ou
de l’homme EN VUE de Jéhovah.
C’est là, selon nous, le sens du mot
eth (15), dans notre passage, et non
avec l’aide de, comme traduisent
les versets de Lausanne et M. Segond, ni
par, comme dit Ostervald. C’est
le sens de cette même particule dans les
passages Genèse 5:24; 6:9; Juges
17:11; Psaumes 67:2 (1); Ézéchiel 47:22,
etc. Ève voit en Caïn la postérité
promise par Dieu, qui entreprendra la
lutte contre le serpent. Au point de vue
purement grammatical, on pourrait aussi
traduire:
«J’ai
acquis l’homme, Jéhovah»,
en prenant eth comme signe de
l’accusatif. On pourrait sans doute se
demander, alors, si Ève a déjà connu le
mystère de la future incarnation de
Jéhovah, du Fils de Dieu; mais c’est là
encore une question qui rentre dans le
domaine de l’exégèse, que le traducteur
n’a pas à trancher; il convient donc de
mettre, en tout cas, cette seconde
manière de traduire en note, comme le
fait la version de Lausanne.
8.
«Caïn
S’ÉLEVA contre Abel, son frère»
(Lausanne). M. Segond:
«se
JETA sur son frère Abel.»
Avant de se jeter sur Abel, Caïn s’était
élevé contre lui; l’expression se
jeter sur quelqu’un se trouve dans
Juges 8:21; mais là, il y a un
verbe hébreu tout différent.
15.
«Et
l’Éternel
MIT UN SIGNE à Caïn»
(Lausanne). M. Segond traduit
inexactement:
«et
l’Éternel FIT CONNAÎTRE à
Caïn…»
23.
«Oui,
JE TUE un homme»
(Lausanne). M. Segond, au lieu de faire
prononcer à Lémec une menace pour
l’avenir, lui fait rappeler un événement
passé en traduisant:
«J’AI
TUÉ un homme.»
Cela est grammaticalement possible, mais
répond moins bien au sens général des
paroles de Lémec.
25.
«Dieu
a
MIS une autre POSTÉRITÉ pour
moi à la place d’Abel»
(Lausanne). M. Segond:
«Dieu
m’a
DONNÉ
un autre FILS à la place...»
Cette traduction fait disparaître le
rapport qu’il y a entre les paroles
d’Ève et le nom de Seth, qui signifie
mis. En outre, Ève ne parle pas
simplement d’un fils, mais de toute une
postérité. La nuance entre les deux
termes est assez grande pour
qu’il ne soit pas permis de les
confondre.
Si, au
lieu de choisir au hasard des passages
de la version de M. Segond, comme nous
l’avons fait au titre 6, on examinait
chapitre après chapitre, à quelle somme
d’inexactitudes de traduction
n’arriverait-on pas?
(15)
C’est
ainsi que Hofmann entend eth dans
notre passage: Weiss, n. Erfül. I p. 77.
et à peu près ainsi W. Hoffmann: Adam u.
s. S. Encycl. de Herzog I p. 120.
Nouveau Testament
La
version du Nouveau Testament de M.
Segond est, sans contredit, supérieure à
celle de M. Oltramare, que la Compagnie
des Pasteurs de Genève avait d’abord
jointe à celle de l’Ancien Testament de
M. Segond. Mais la scrupuleuse
exactitude qui convient à un livre
inspiré lui fait également défaut.
1
—
Variantes et Texte reçu
Toute version populaire, doit avoir pour
point de départ le texte reçu,
par la
seule raison que ce texte, ayant servi
de base à toutes les versions
vulgarisées, est entre les mains de
tous. Des notes indiqueraient les
variantes, celles du moins qui influent
d’une manière sensible sur une
traduction. Il faut que le lecteur sache
si la différence qu’il constate entre la
version nouvelle et les anciennes
provient d’une différente manière de
traduire, ou d’un texte différent adopté
par le traducteur.
M.
Segond a abandonné le texte reçu.
Encore s’il avait au moins, comme M.
Rilliet, pris pour base un des grands
anciens textes, ou si, ayant choisi M.
Tischendorf pour guide, — quoique,
parait-il, les savants commencent à
contester les mérites de la méthode
suivie par cet éminent critique, — il
l’avait suivi invariablement, sauf
toujours à indiquer dans des notes:
1)
la leçon
du texte reçu, et
2)
les
leçons non admises par M. Tischendorf,
mais préférées par le
traducteur!
M. Segond
ne fait ni l’un ni l’autre; il est du
même coup traducteur et critique
du texte, sans seulement indiquer en
notes ses préférences et les raisons de
son choix.
Le
lecteur qui n’est pas au courant des
variantes n’a aucun fil conducteur; les
autres ont besoin, pour se former un
jugement sur la valeur de la
traduction de M. Segond, de la lire en
la confrontant à chaque pas
avec le texte de M. Tischendorf. En
outre, on est obligé, si l’on ne veut
pas se tromper dans l’appréciation de
l’exactitude de la traduction, de
rechercher dans les nombreuses variantes
des éditions critiques, si l’étrangeté
de tel passage qui vous frappe, n’a pas
pour raison une variante adopté par M.
Segond, plutôt qu’une trop grande
liberté de traduction. Voir la note:
Note sur 2 Timothée 4:10.
2
—
Divinité de Jésus-Christ
Il faut savoir gré à M. Segond d’avoir
rendu la majuscule au mot Dieu,
dans les premiers versets de
l’Évangile de Jean, là où son
prédécesseur, M. Oltramare, avait mis
dieu; et de s’être écarté de la
ponctuation adoptée par M. Tischendorf,
ainsi que par M. Oltramare, dans le
fameux passage Romains 9:5, que
M. Segond rend, comme il convient, de la
manière suivante:
«de
qui est issu, selon la chair, le Christ,
QUI EST DIEU sur toutes choses, béni
éternellement. Amen!»
Malheureusement dans les passages
suivants, M. Segond, par une traduction
qui ne s’attache pas fidèlement à la
lettre du texte, enlève à Jésus-Christ
la qualification de Dieu.
Tite 2:13.
— Il y a littéralement:
«...attendant la bienheureuse
espérance et l’apparition de la gloire
de NOTRE GRAND DIEU ET SAUVEUR
Jésus-Christ»
(Lausanne). M. Segond
traduit comme si l’article grec était
répété devant le mot Sauveur:
«…la
manifestation de la gloire DU GRAND
DIEU ET DE NOTRE SAUVEUR Jésus-Christ»,
comme si l’apôtre avait voulu parler:
1)
de la
gloire de Dieu, et
2)
de celle
de notre Sauveur Jésus-Christ; tandis
que l’apôtre appelle notre Sauveur
lui-même grand Dieu.
Note 8
— Malheureusement, même des versions
fidèles basées sur le Texte Reçu, comme
la Martin et l’Ostervald, traduisent
dans le même sens que Segond. Il faut
croire que les traducteurs cherchèrent à
protéger l’interprétation doctrinale
orthodoxe de la trinité en utilisant
deux fois l’article grec « et » dans le
texte pour créer une distinction entre
Dieu et le Seigneur Jésus-Christ.
Martin traduit:
«l'apparition
de la gloire du grand Dieu, et
notre Sauveur, Jésus-Christ.»
Ostervald traduit:
«l'apparition
de la gloire du grand Dieu et
notre Sauveur Jésus-Christ.»
De cette façon le Seigneur Jésus peut
être regardé comme étant la deuxième
personne dans une trinité hautement
spéculative qui n’a pas sa place dans
les Saintes-Écritures. Mais une telle
traduction donne aussi la fausse
impression que le Seigneur Jésus ne
serait pas Dieu, puisqu’il est nettement
distingué de Dieu par la seconde
utilisation de l’article grec. La
version Lausanne demeure fidèle au texte
grec original en traduisant correctement
ce passage sans répéter l’article et
rend gloire au Seigneur Jésus comme
étant
«notre Grand Dieu et Sauveur».
La seule autre version qui rend ce
passage de la même façon que nous le
voyons dans la Lausanne est
la Bible de l’Épée
moderne.
De même,
2 Pierre 1:1, il a littéralement:
«…en la justice de NOTRE DIEU ET
SAUVEUR Jésus-Christ»
(Lausanne). M. Segond traduit encore ici
comme si l’article grec était répété
devant Sauveur:
«...par
la justice de
NOTRE DIEU ET DU SAUVEUR Jésus-Christ»,
enlevant encore à Jésus-Christ la
qualification de Dieu que lui
donne l’apôtre.
Note 9
— Ici Martin traduit correctement:
«de notre Dieu et Sauveur Jésus-Christ.»;
mais Ostervald traduit faussement par:
«de notre Dieu et de notre
Sauveur Jésus-Christ.»
L’arminianisme de J.F. Ostervald, qui
cherchait un rapprochement avec le
catholicisme, semble transpirer dans sa
traduction. Toutefois la correction a
été apportée dans l’édition 1996.
Ce qu’il y a de remarquable, et ce qui
prouve bien que si l’apôtre entend
parler séparément de Dieu et de
Jésus-Christ il met deux fois l’article,
c’est que dans le passage qui suit
immédiatement celui dont nous venons de
parler (2 Pierre 1:2), il y a:
«...dans
la pleine connaissance
DE DIEU ET DE Jésus notre Seigneur»
(Lausanne et Segond).
Note 10
— Toutefois la traduction du verset 2
peut se donner aussi comme étant: «dans
la pleine connaissance de Dieu et Jésus,
notre Seigneur.», car le «de» ne se
trouve pas dans le grec entre le nom
«Dieu» et celui de «Jésus». Une
meilleure traduction se ferait par la
transposition de quelques mots, comme il
est souvent nécessaire en traduisant du
grec au français, et donnerait:
«dans la pleine connaissance de Jésus,
notre Dieu et Seigneur.»,
traduction qui supporte fortement la
divinité de Christ.
Contradiction étrange à noter: Au verset
11 du même chapitre, il y a une tournure
exactement semblable à celle de la fin
du 1er verset, avec la seule
différence qu’à la place du mot Dieu,
il y a Seigneur; or, ce
passage-ci, M. Segond le traduit
exactement:
«…l’entrée dans le royaume éternel de
NOTRE SEIGNEUR ET SAUVEUR
Jésus-Christ...»
(et non pas de notre Seigneur et de
notre Sauveur Jésus-Christ). De même
2 Pierre 3:18,
«la
connaissance
DE NOTRE
SEIGNEUR ET SAUVEUR JÉSUS-CHRIST»,
et Jude 1:4:
«notre
seul
MAÎTRE ET SEIGNEUR Jésus-Christ».
Si M. Segond reconnaît qu’il faut
traduire ainsi dans ces trois cas,
pourquoi ne pas le faire dans les
passages Tite 2:13 et 2 Pierre
1:1, où la construction est
identique?
Il y a une phrase semblable, 2
Thessaloniciens 1:12; Jésus-Christ y
est aussi appelé Dieu:
«selon
la grâce de
NOTRE
DIEU ET SEIGNEUR Jésus-Christ.»
Eh bien! Ici, M. Segond traduit de
nouveau comme si l’article grec était
répété:
«selon
la grâce de
NOTRE DIEU ET DU Seigneur
Jésus-Christ.»
Même erreur dans Éphésiens 5:5,
où M. Segond dit:
«dans
le royaume du Christ
ET DE Dieu»,
tandis qu’il y a dans le texte original
littéralement:
«dans
le royaume
DU Christ et Dieu»,
ce qui ne peut se rendre en français que
par la périphrase employée par la
version de Lausanne:
«dans
le royaume de celui qui
EST
CHRIST ET DIEU.»
Cette tournure est un peu pesante, comme
le dit Ad. Monod (Explication de
l’Épître aux Éphésiens p. 326) mais elle
est exacte;
«car nous
croyons, dit le même commentateur avec
Harless et contre l’avis d’Olshausen,
que l’absence de l’article devant le mot
Dieu ne peut s’expliquer qu’en y
voyant un second nom du même être qui
vient d’être appelé Christ, et
que ce passage est de ceux qui rendent
témoignage à la déité du Seigneur.»
Une construction identique se trouve au
20e verset du même chapitre:
«au
Dieu et Père»
(ou, comme dit Lausanne,
«à
celui qui est Dieu et Père»).
M. Segond dit:
«Dieu
le père»;
mais il ne dit pas à Dieu et
au Père, car il est trop
évident qu’il ne s’agit que d’une
personne et non de deux. Mais alors
pourquoi ne pas s’attacher simplement au
texte dans le passage précédent, où
aussi la manière dont l’apôtre emploie
l’article indique qu’il ne s’agit que
d’une personne?
Note 11
—
L’explication est
pourtant simple, le formatage religieux
des traducteurs de ne leur permettait
pas de traduire dans un sens contraire à
l’interprétation courante orthodoxe
concernant la doctrine de la Trinité.
Que les désignations Père et Fils
signifient une seule et même personne ne
pouvait être alloué ni toléré, il
fallait à tous prix protéger ce dogme
essentiel de l’orthodoxie catholique et
protestante, autrement tout l’édifice du
christianisme traditionnel
institutionnalisé s’écroulerait en
ruines. Les traducteurs ne purent donc
«s’attacher simplement au texte» de tels
passages, ils falsifièrent ainsi la
Parole de Dieu en y ajoutant l’article
qui fait dire au texte ce que les
apôtres n’ont pas voulu dire. Cette
pratique déplorable est commune parmi
les traducteurs, ils l’utilisent à
maintes reprises à travers le texte du
Nouveau Testament. La charge est
sérieuse, nous aimerions qu’il en soit
autrement, mais nous avons l’évidence
sous nos yeux. Il n’y a aucun doute que
la Lausanne traduit correctement par
«au Dieu et Père»,
tel qu’il est écrit dans le grec
original. Les traductions fidèles sont
très peu, cela est probablement pourquoi
la Lausanne disparue comme version
utilisée par les chrétiens et remplacée
par des versions frelatées. La seule
autre traduction fidèle de ce genre est
la version moderne de
la Bible de l’Épée
qui traduit Éphésiens 5:20 par:
«dans le nom du Seigneur Jésus-Christ,
le Dieu et Père de nous tous.»
3
—
Uniformité de traduction
Comme
pour l’Ancien Testament, il serait
facile de faire un choix de mots du
Nouveau Testament et de montrer
l’inconvénient qu’il y a à les rendre
sans nécessité absolue par des
expressions française diverses. Nous ne
citerons qu’un exemple:
Le mot
thlipsis (tribulation) est traduit
par M. Segond,
tantôt
par tribulation: Apocalypse
7:14; Actes 14:22, etc.
tantôt
par détresse: Matthieu
24:21,29; 2 Corinthiens 8:13, etc.
tantôt
par persécution: Actes 11:19,
etc.
puis par
affliction Romains 5:3, etc.
par
souffrance: Colossiens 1:24; Jean
16:21, etc.
et enfin par
tourments: (Matthieu 24:9, etc.)
Voilà six expressions différentes, qui
ont d’ailleurs chacune un mot
correspondant en grec, dont M. Segond se
sert pour traduire le même mot. C’est
tout d’abord traduire inexactement;
puis, c’est jeter la confusion dans
l’esprit du lecteur qui aura de la peine
à reconnaître, par exemple, la grande
tribulation mentionnée Apocalypse
7:14 dans la
«détresse
si grande»,
comme dit M. Segond dans Matthieu
24:21, tandis qu’en grec il y a la
même expression:
«Il
y aura une
GRANDE
TRIBULATION»
(Matthieu 24:21; Lausanne)…;
«or
aussitôt après la
TRIBULATION»
(Matthieu 24:29). —
«Ce
sont ceux qui viennent de la
GRANDE
TRIBULATION»
(Apocalypse 7:14; Lausanne).
L’unité dans les termes fait
ressortir l’unité de l’enseignement de
la Bible.
4
—
Confusion des temps des verbes grecs
Nous nous
bornerons à quelques exemples:
M. Segond traduit exactement Jean 5:2:
«à
Jérusalem... il y A une
piscine».
* La bonne traduction est
« un réservoir »
et non
« une piscine ».
Mais, Jean 21:19, il traduit le
futur par le conditionnel: Le texte dit:
«Or
il dit cela pour signifier de quelle
mort il
GLORIFIERA Dieu»
(Lausanne). L’emploi de ce futur prouve
qu’au moment où Jean écrivait ces mots,
Pierre était encore en vie. La rédaction
de l’Évangile doit donc être fixée à
époque bien antérieure à celle qu’on a
coutume de lui assigner. Ce futur, on le
voit, a une grande importance pour
l’histoire du Nouveau Testament et pour
l’apologétique chrétienne. — M. Segond,
comme la généralité des traducteurs, met
le conditionnel:
«...de
quelle mort Pierre
GLORIFIERAIT DIEU»;
ce qui
est inexact, et détruit la valeur
apologétique de notre verset.
Actes
23:27.
— M.
Segond fait dire au commandant Lysias,
dans sa lettre au gouverneur Félix:
«ayant
appris qu’il
ÉTAIT romain.»
Tandis que Lysias a écrit en réalité:
qu’il EST romain (Lausanne).
Ici l’inexactitude du traducteur est
sans conséquence pour l’intelligence de
l’ensemble; le simple bon sens disant au
lecteur que Paul était vivant quand
Lysias écrivait cette lettre. Mais
une inexactitude semblable a une portée
plus grande dans Actes 22:29 où
M. Segond dit:
«le
tribun
voyant que Paul ÉTAIT romain
fut dans la crainte»;
tandis qu’il y a en grec:
«et
le commandant craignit aussi quand il
sut positivement qu’il
EST romain»
(Lausanne) C’est Luc, le
rédacteur des Actes qui parle; et il n’a
pu se servir raisonnablement du
présent que dans le cas où Paul
vivait encore quand il écrivait ces
mots.
De même, Actes 22:30, M. Segond
traduit:
«...de
quoi les Juifs
L’ACCUSAIENT».
Il y a littéralement:
«de
quoi il
EST accusé par les Juifs.»
(Lausanne 1re, 2e
et 3e édition). Luc n’a pu
s’exprimer de la sorte que si, au moment
de la rédaction de son livre, Paul était
encore en vie, et même s’il n’était pas
encore déchargé de l’accusation qui
pesait sur lui. Le livre des Actes a
donc été écrit avant la fin du procès de
Paul. (voir: Louis Burnier. La
version du Nouveau Testament dite
de Lausanne p. 145 et suivantes où
nous avons puisé ces exemples ainsi que
ceux du titre 5.)
Si l’histoire du Nouveau Testament et la
science apologétique sont intéressées à
la traduction exacte des passages cités,
la dogmatique l’est, à son tour, dans le
passage Romains 5:12, où M.
Segond dit:
«parce
que tous
ONT PÉCHÉ».
En grec il y a le temps appelé aoriste,
qui doit se traduire par le passé
défini:
«parce
que tous
PÉCHÈRENT».
L’aoriste se rapporte simplement au
passé, sans allusion quelconque à aucune
autre portion de la durée; de plus, il
exprime ce qui est momentané dans le
passé, par opposition à ce qui est
continu ou souvent répété:
«la
mort a passé sur tous les hommes parce
que tous péchèrent, savoir quand
pécha celui par qui la mort a passé sur
tous les hommes.» (Hodge,
commentaire sur l’Épître aux Romains I
p. 326).
5
—
Traduction inexacte de certaines
prépositions
Il est
parfois difficile de rendre exactement
le sens de certaines prépositions;
d’autres fois, aucune difficulté de ce
genre n’existe; alors le devoir du
traducteur est nettement tracé.
Romains
4:25.
— M.
Segond avec nos anciennes versions
françaises dit:
«lequel
a été livré POUR nos offenses
et est ressuscité POUR notre
justification.»
Il semblerait ainsi que
Jésus-Christ est ressuscité en vue de
notre justification, ce qui au point de
vue dogmatique est une erreur.
Jésus-Christ, notre saint Représentant,
est ressuscité parce que nous avons été
justifiés par sa mort. La préposition
grecque est mal traduite. Voici la
traduction exacte qui confirme
précisément le point de vue dogmatique
que nous venons d’indiquer en quelques
mots:
«Qui
fut livré
À CAUSE de nos péchés, et
qui se réveilla À CAUSE de notre
justification»
(Lausanne).
Dans d’autres cas,
M. Segond affaiblit la pensée de
l’écrivain inspiré,
soit en traduisant
par une préposition française moins
énergique celle de l’orignal, soit en
mettant la même préposition française
dans une même phrase où en grec il y en
a deux avec des nuances différentes.
C’est ainsi qu’il dit dans Romains
5:1:
«Étant
donc justifiés par
(en
grecs: ek)
la foi,
nous avons la paix avec Dieu
PAR (en
grec: dia ton...)
notre
Seigneur Jésus-Christ.»
Tandis qu’il y a littéralement, en
donnant la première préposition (ek)
toute son énergie et en traduisant la
seconde (dia suivi de l’acc.)
comme il convient par:
par le
moyen de:
«Étant
donc justifiés par
L’EFFET de la foi, nous avons
la paix avec Dieu PAR LE MOYEN de
notre Seigneur Jésus-Christ»
(Lausanne).
1 Jean
5:6.
— M. Segond traduit par le même mot
avec deux prépositions différentes.
Il y a
littéralement:
«C’est
lui Jésus, le Christ, qui est
venu AU
TRAVERS de (dia avec le gén.)
l’eau et
du sang, et non
DANS
(ou avec, en grec en)
l’eau
seulement; mais
DANS
(ou avec, en grec en)
l’eau et
le sang.»
M. Segond traduit la première
préposition (dia) par avec,
ainsi que les deux autres.
Matthieu
28:19.
— M. Segond dit:
«BAPTISEZ-LES
AU NOM du Père...»
C’est
ainsi que font nos anciennes versions;
mais il y a en grec:
«baptisez-les
POUR
(eis)
le Nom du
Père»
(Lausanne). Cela constitue un
sens différent.
6
—
Exemples d’erreurs diverses
Les
pacifiques de M. Segond, en
Matthieu 5:9, sont en réalité des
pacificateurs (Lausanne).
Matthieu
5:19.
— M.
Segond dit:
«Celui
donc qui transgressera l’un de ces
petits commandements et qui de la sorte
enseignera aux hommes de les
transgresser...»
Tandis que le texte grec dit:
«Quiconque
donc aura
ÉBRANLÉ (ou renversé)
un seul
de
CES PLUS PETITS commandements et aura
ENSEIGNÉ AINSI les hommes»
(Lausanne). II n’est question de
transgression ni dans le premier ni
dans le second membre de phrase; il est
question d’un docteur qui déclare
périmé tel ou tel commandement, (le
verbe grec lueïn, traduit par la
version de Lausanne par ébranler,
signifie littéralement dissoudre)
et qui enseigne les hommes comme
si ce commandement n’existait plus.
C’est une tout autre idée que celle que
donne au texte la version de M. Segond.
— En
outre, il n’est pas seulement question
d’un petit commandement, comme le
fait croire la version de M. Segond,
mais même d’un des plus petits,
comme dit le texte original. —
Matthieu
5:32.
— M. Segond fait dire au Seigneur:
«celui
qui répudie sa femme, sauf pour cause
d’infidélité,
L’EXPOSE à devenir adultère».
Tandis que le Seigneur dit en
réalité:
«Quiconque
répudiera sa femme, si ce n’est pour
cause de fornication,
LUI FAIT COMMETTRE adultère»
(Lausanne) —
Luc indique très clairement dans le
premier verset du livre des Actes, quel
est le contenu, le but de l’Évangile et
du livre des Actes. Cette
indication est très importante pour
l’interprétation de ces saints livres;
il est dit, Actes 1:1:
«J’ai
FAIT mon premier livre, ô Théophile,
sur toutes les choses que Jésus
COMMENÇA ET DE FAIRE ET
D’ENSEIGNER jusqu’au jour....»
(Lausanne). D’après ces paroles de Luc,
son Évangile raconte le commencement
de l’œuvre et de l’enseignement
de Jésus-Christ. Le second livre
(vulgairement, et à tort, appelé
Actes des Apôtres), exposera par
conséquent la continuation de
l’œuvre et de l’enseignement de
Jésus-Christ. C’est Jésus-Christ qui,
d’après Luc, agit et enseigne dans le
second livre du haut du ciel, comme il
avait agi et enseigné sur la terre, dans
le premier. Cette détermination du sens
général et du but des deux livres de Luc
faite par Luc lui-même, est l’idée-mère
du beau
commentaire allemand de M. Mich.
Baumgarten (16).
Les allures libres que M. Segond a
l’habitude de prendre
vis-à-vis du texte sacré lui ont
fait complètement méconnaître le sens et
la portée de ce verset important pour la
science exégétique. Il traduit:
«Théophile,
j’ai
PARLÉ, dans mon premier livre; de
tout ce que Jésus a fait et enseigné
DÈS LE COMMENCEMENT jusqu’au jour...»
—
Philippiens 3:21.
— M.
Segond parle de
«notre
corps
VIL»;
Il y a en grec:
«le
corps de notre
HUMILIATION»
(Lausanne). —
Hébreux
10:11.
—
«Tandis
que tout sacrificateur
SE TIENT DEBOUT chaque jour en
exerçant son ministère, et en offrant
plusieurs fois les mêmes sacrifices…
quant à celui-ci, après avoir offert,
pour les péchés, un seul sacrifice, il
S’EST ASSIS à perpétuité à la
droite de Dieu»
(Lausanne). Le
nerf de ce passage c’est la différente
attitude des sacrificateurs de l’une et
de l’autre alliance: celui de l’ancienne
alliance se tient debout chaque
jour, il n’a jamais fini son œuvre, elle
est toujours à recommencer, elle n’est
donc ni parfaite ni définitive. Tandis
que le souverain sacrificateur de la
nouvelle alliance, après avoir offert un
seul sacrifice, s’est assis à
perpétuité à la droite de Dieu, il n’a
plus à recommencer son œuvre sacerdotale
en tant qu’œuvre expiatoire; il n’a plus
rien à faire pour notre réconciliation
avec Dieu; qui est achevée. M. Segond
néglige de traduire les mots se tient
debout et dit très librement, sans
se laisser diriger par les mots du
texte:
«tandis
que tout prêtre fait chaque jour le
service et offre souvent les mêmes
sacrifices…»
Ici cependant, même M. Oltramare et De
Wette auraient pu guider M. Segond, sans
parler de M. Darby et des traducteurs de
Lausanne.
(16)
Apostelgeschichte
oder Entwicklungsgang der Kirche von
Jerusalem bis Rom.
7
—
Exemples d’inexactitudes diverses
La Bible divise les hommes sous le
rapport ethnologique en deux catégories:
les Juifs et les nations.
Cette distinction existe dans le Nouveau
comme dans l’Ancien Testament. M. Segond
fait des nations (ta ethnè) des
païens, ce qui, d’abord, n’est
pas conforme à l’étymologie des mots; en
outre, M. Segond introduit ainsi dans le
texte une idée qui n’y est pas aussi
absolument que dans le mot français
païen. Puis, subitement, ces mêmes
païens deviennent de simples
nations; par exemple: Romains
15:10-12, passage qui est une
citation de l’Ancien Testament où en
effet il aurait été difficile de mettre
païens, et Luc 21:24; tandis
que, Romains 11:25, M. Segond
parle de nouveau de
païens.
Les
chrétiens d’origine non-juive
appartiennent aux nations, sans
être pour cela des païens; d’un
autre côté, les nations christianisées,
sans être païennes, sont
cependant des nations, des
ethnè comme dirait en grec, nations
qui ont besoin d’être évangélisées, et
dont l’Église de Jésus-Christ est
distincte. En traduisant comme fait M.
Segond, on arrive à trouver
inapplicables à la société actuelle des
passages comme Éphésiens 2:11; 3:1,
et à ne considérer ces textes que
comme des textes bons pour des sermons
en faveurs des missions pour les païens.
Ceci n’est pas une simple supposition.
C’est arrivé en présence de l’auteur de
ces lignes en deux circonstances: dans
un auditoire d’exercices homilétiques et
dans une prédication faite par un
ministre plus ou moins orthodoxe. La
traduction uniforme de ta ethnè
par nations a une portée
ecclésiologique. —
Les
êtres vivants d’Apocalypse 4:6,
etc. sont les chérubins de l’Ancien
Testament. Ces êtres occupent la plus
haute position dans la hiérarchie des
esprits célestes; ils sont les porteurs
du trône de Dieu, les médiateurs de la
présence de Dieu dans un lieu
déterminé; ils chantent la gloire
de Dieu et de l’Agneau qui a racheté
l’humanité. M. Segond en fait, avec nos
anciennes versions, des animaux.
Sans doute, le mot grec zoon
signifie animal; mais il signifie
aussi être vivant, non seulement
étymologiquement, mais dans le langage
courant. Le fait que ces êtres chantent
la gloire du Dieu Créateur et du Dieu
Rédempteur prouve surabondamment que,
dans la pensée du prophète, ce ne
sont pas des animaux. — Dans les
passages parallèles de l’Ancien
Testament, dans Ézéchiel, M. Segond
commet, avec beaucoup d’autres, la même
erreur. —
Dans le
même chapitre 4 de l’Apocalypse, les
vingt-quatre anciens qui
sont assis sur des trônes sont chez M.
Segond des vieillards, comme dans
la version d’Ostervald. Il s’agit
cependant, non de l’âge de ces glorieux
personnages, qui, étant des esprits
(17), ne sont ni jeunes ni vieux;
mais de la charge, de la dignité dont
ils sont revêtus; ils forment le conseil
de Dieu, et comme tels, il est déjà
question d’eux dans l’Ancien Testament,
par exemple: Psaumes 89:7-8 (6-7)
et Ésaïe 24:23. Ils sont appelés
anciens parce que leur ministère
dans le ciel correspond sur la terre à
celui des anciens des villes d’Israël,
et des anciens dans les assemblées
chrétiennes. —
L’Écriture parle de l’achèvement du
siècle (Matthieu 28:20; 24:3), ce
qui est tout autre chose que la fin
du monde comme traduit M. Segond.
Cette traduction inexacte met dans
l’impossibilité de comprendre ce que
l’Écriture enseigne sur la première
résurrection, la venue de Jésus-Christ,
le règne millénial et le dernier
jugement; ce dernier seul coïncide avec
la fin du monde. —
Dans le Nouveau Testament, les nombres
sont énoncés en mots et non en chiffres.
Il n’y a que deux exceptions, que nous
sachions, à cette règle: Apocalypse
7:5-8 et 13:18; dans les
autres cas, dans l’Apocalypse elle-même,
ils sont écrits en mots. Quant à
Apocalypse 7:5-8, les manuscrits ne
sont pas d’accord; les uns expriment le
nombre de douze milliers et
de cent quarante-quatre milliers en
mots, les autres en chiffres.
Tischendorf donne la préférence aux
premiers et, alors, ce cas rentre dans
la règle générale. Il n’en est pas de
même d’Apocalypse 13:18, où
l’autorité des manuscrits qui
écrivent le nombre 666 en chiffres;
prévaut sur le manuscrit du Sinaï qui
l’écrit en lettres. Cette particularité
a son importance et doit être reproduite
dans les traductions; c’est ce qu’ont
fait les versions de Lausanne, de M.
Arnaud et de De Wette. En effet, ce
chiffre a, d’abord, un sens typique et
marque l’inachevé dans les unités, les
dizaines et les centaines. C’est en 7
jours que Dieu a achevé son œuvre et
s’est reposé; l’antichrist, malgré tous
les progrès humains dans tous les
domaines, n’arrivera pas à
amener l’humanité au repos, représenté
par le chiffre 7. C’est comme tel
que le chiffre de l’antichrist forme un
contraste avec celui du nom de Jésus,
écrit en caractères grecs, et qui fait
exactement 888, type de la nouvelle
création; le huitième jour ou premier
jour d’une nouvelle semaine étant le
jour de la résurrection, la base et le
commencement de la nouvelle création
(18). Écrit en chiffres, ce type
frappe les yeux mieux que s’il est écrit
en mots. Mais c’est, sans doute, un
autre motif encore qui aura engagé
l’apôtre Jean à écrire ce nombre en
chiffres. M. Godet l’indique dans ses
Études bibliques (19). 666 écrit en
chiffres grecs forme l’abréviation du
nom de Christ (χς) séparé par le (χξς).
Or le ξ a la forme du serpent qui se
déroule. Le chiffre qui caractérisera
l’antichrist, et qui ne sera que
l’addition de la valeur numérique des
lettres de son nom grec, aura cette
particularité, qu’il représentera d’une
façon emblématique la vraie nature de
l’antichrist; il nie Christ, il le
transperce, comme il est dit 1 Jean
2:23 et 4:3. Dans ce dernier
passage, comme le fait judicieusement
observer M. Godet:
«tout
esprit qui ne confesse pas Jésus-Christ»,
il est remarquable que les mots:
ne confesse pas sont remplacés chez
d’anciens écrivains
ecclésiastiques, qui le citent, par les
mots: qui dissout (diluei). Or,
le nom du Christ est dissous par le ξ
dans le chiffre de l’antichrist, dans
Apocalypse 13:18. —
1 Jean
3:1.
— M.
Segond dit:
«Voyez
quel amour le Père nous a
TÉMOIGNÉ».
Or il y a en grec une expression plus
énergique
«nous
a
DONNÉ»
(Lausanne). Si cette traduction
paraît choquante il faut en accuser le
grec, qui l’est tout autant. Au besoin,
si on le préfère, on pourrait, avec M.
Darby, dire:
«de
quel amour le Père nous a fait don»;
ou avec M. Reuss:
«quel
amour le Père nous a accordé...»
Ces traductions sont exactes, mais le
mot: témoigné de M. Segond est
trop faible. —
Au verset 2 du même chapitre, M. Segond
dit:
«lorsque
CELA sera manifesté.»
Il vaudrait mieux dire, avec la version
de Lausanne:
«lorsqu’IL
sera manifesté»;
c’est-à-dire lorsque Jésus-Christ sera
manifesté. Il est vrai, c’est là une
question d’interprétation plutôt que de
traduction; mais les mots suivants qui
motivent notre ressemblance future avec
Jésus-Christ
«parce
que nous le
(Jésus-Christ)
verrons tel qu’il est»,
indiquent bien que
c’est la version de Lausanne qui traduit
bien. —
Dans les versets suivants, M. Segond ne
fait aucune différence entre pécher
(hamartanein) et pratiquer le
péché (poiein hamartian); il traduit
invariablement les deux expressions par
pécher. Puisque le texte inspiré
établit une différence dans les
expressions, le traducteur est tenu de
suivre cette indication. Et certes, dans
ce cas surtout, il en vaut la peine:
«Nous
bronchons tous en beaucoup de choses»,
dit l’Écriture (Jacques 3:2). La
Bible et l’expérience chrétienne
montrent que nous péchons
souvent; la 1re épître de
Jean l’indique elle-même clairement
(1 Jean 1:8 et 3:3). Mais si le
chrétien pèche encore, il ne vit plus
dans le péché, il n’en fait plus son
élément; c’est là ce que veut dire
l’apôtre par l’expression de
pratiquer le péché. En se servant de
cette dernière expression aux versets 4,
8 et 9, l’apôtre détermine clairement
dans quel sens il faut prendre le mot
pécher employé en sous-ordre aux
versets 6 et 9. —
Une autre inexactitude se rencontre chez
M. Segond, dans le même verset 4e
du chapitre 3 de la 1re
épître de Jean:
«quiconque
pratique le
pêché, PRATIQUE AUSSI L’INIQUITÉ, et
le péché est l’iniquité»
(Lausanne). M. Segond, au lieu de:
pratiquer l’iniquité, dans le
premier membre de phrase, dit:
«transgresse
la loi»;
et au lieu de: iniquité dans le 2e
membre de phrase, il met:
«
transgression de la loi.»
Cela n’est pas exact, et n’explique pas
lecteur la pensée de l’apôtre. Que le
péché est une transgression de la loi,
cela ne valait pas la peine d’être dit.
Mais l’apôtre a autre chose en vue. Il
veut montrer comment la pratique du
péché, la vie dans le péché, exclut la
communion avec Jésus-Christ: car la
pratique du péché est
l’antichristianisme en germe. En effet,
celui que Jean appelle l’antichrist,
l’apôtre Paul l’appelle l’Inique
(anomos, c’est-à-dire celui qui
s’élève au-dessus de toute loi). 2
Thessaloniciens 2:7-8; dans le même
passage, il parle du mystère d’iniquité,
(mustèrion tès anomias) qui
déploie déjà son efficace; or, dit
l’apôtre Jean, quiconque pratique le
péché pratique aussi l’iniquité,
c’est-à-dire l’antichristianisme. On
voit combien il est important, pour
faire saisir la pensée de l’apôtre Jean
et pour faire ressortir l’unité de
l’enseignement apostolique, de rendre
exactement les deux termes différents
dont Jean se sert pour indiquer deux
manières différentes de pécher.
À vrai
dire, les mots iniquité et
inique ne nous plaisent guère; ils
ne rendent pas d’une façon adéquate les
mots grecs si énergiques: anomia
(état d’un homme qui est sans loi
aucune) et anomos (un homme sans
loi). Il n’existe toutefois pas de mot
meilleur pour exprimer cette pensée; il
faut donc s’y tenir, sauf à expliquer
dans une note le vrai sens du mot, comme
le fait la version de Lausanne dans 2
Thessaloniciens 2:8.
M. Segond
a bien toujours traduit anomia
par iniquité, excepté dans 1 Jean 2:4,
où il importait tant de le faire.
Quant à
anomos, il le traduit tantôt par
malfaiteur: Marc 15:28; Luc 22:37;
tantôt par impie: Actes 2:23;
2 Thessaloniciens 2:8; tantôt par
méchant: 1 Timothée 1:9;
enfin par criminel: 2 Pierre
2:8, où il figure comme adjectif.
Lausanne traduit toujours par inique,
sauf 1 Corinthiens 9:21, où
l’emploi du mot inique aurait
présenté un contre-sens flagrant; car,
dans ce passage, anomos est pris
dans le sens restreint de «sans la loi
mosaïque.» De même Romains 2:12.
(17)
On
peut objecter que ceci est
l’interprétation particulière de
l’auteur de ces lignes. Il l’appuie,
avec Hofmann, Luthardt, Füller, etc.,
sur le cantique même que les anciens
chantent avec les chérubins, d’après la
leçon résultant de la comparaison des
anciens manuscrits, leçon suivie
d’ailleurs par M. Segond:
«Tu
as été égorgé et tu as acheté pour Dieu
par ton sang
[des hommes] de toute tribu, et
langue, et peuple et nation, et tu as
fait [d’eux] pour notre Dieu un
royaume et des sacrificateurs, et ils
régneront sur la terre.»
(Apocalypse 5:9-10) Ceux qui
chantent ce cantique, et ce sont
précisément les vingt quatre anciens
avec les chérubins, ne sont pas compris
parmi les êtres rachetés par
Jésus-Christ; ce sont donc des êtres
célestes. Ce passage est décisif.
(18)
Comparez
les commentaires sur l’Apocalypse de
Hofmann, Luthardt, Füller, etc.
(19)
II p.
379 et suivantes (1re
édition)
M. Segond dit dans la Préface de sa
traduction qu’une version doit être
exacte, claire et
correcte.
Sous le
rapport du langage, la version de M.
Segond est la version française la plus
claire et dont le style est le plus
limpide. Mais cette clarté et cette
limpidité sont souvent acquises au
détriment de l’exactitude. La
version de M. Segond n’est pas toujours
claire au point de vue du fond, des
idées; vu que souvent elle confond ce
que les textes originaux, dans les deux
Testaments, distinguent; ne rappelons
que ce qui a été dit au sujet des
sacrifices et de la traduction du 3e
chapitre de la 1re épître de
Jean. C’est dire qu’elle n’est, quant au
fond et abstraction faite de la forme,
ni toujours claire, ni exacte. Il y a
plus: elle n’est pas fidèle au
point de vue de la foi et de
l’harmonie des différentes parties des
oracles de Dieu. Les passages
messianiques cités en sont la preuve.
Elle ne saurait donc être un guide sûr
pour le chrétien qui croit à
l’inspiration des Écritures, et veut
les sonder dans leur ensemble et dans
les détails, afin de toujours mieux
connaître la plénitude insondable de la
personne déo-humaine et l’œuvre
rédemptrice de Jésus-Christ, et la vie
qu’il communique à ses rachetés.
Note 12
— N’étant pas fidèle au niveau de la
foi, la version Segond doit être
abandonnée par tous chrétiens sérieux.
Elle ne mérite aucune considération sauf
celle d’être une version dénaturée qui
tord le sens de la vérité.
La version dite de Lausanne.
Il est
certain, — et les adversaires de
l’introduction dans les Églises de
versions infidèles, dans l’intérêt même
de la sainte cause qu’ils défendent,
devraient le reconnaître en toute
franchise, — les versions de
Martin et d’Ostervald ne peuvent pas
servir à une étude approfondie en
particulier des parties prophétiques et
poétiques de l’Ancien Testament. Or,
ce qui distingue avantageusement notre
époque, c’est que la théologie se
vulgarise, comme les autres sciences
humaines; il est donc absolument
indispensable que le simple chrétien ait
entre les mains une version
scrupuleusement exacte, et que, pour
le Nouveau Testament, il soit au courant
au moins des principales variantes du
texte grec.
Il n’y a
qu’une seule version française de la
Bible, on peut même dire qu’il n’y en a
pas d’autre dans les diverses langues
que parlent les Églises de toute la
chrétienté, qui puisse être un guide sûr
pour le croyant qui ne peut pas
directement avoir recours aux textes
originaux: c’est la version de
Lausanne.
Ce qui distingue la version de Lausanne,
c’est l’exactitude, la plus
scrupuleuse exactitude, et
l’uniformité de traduction, qui en
est une conséquence nécessaire, mais que
toutes les versions parues jusqu’ici
soit en français, soit en allemand, soit
en anglais, ont négligée; il faut qu’une
concordance française de la Bible,
corresponde autant que cela est possible
avec la concordance hébraïque de
l’Ancien ou avec la grecque du Nouveau
Testament; cela est indispensable pour
que le simple chrétien puisse étudier la
Bible mot après mot. «Comme nous avons
appris par une longue et dure
expérience, est-il dit dans un avis de
la Nouvelle version de l’Ancien
Testament (20), que ce qui manque
avant tout à nos Églises, c’est une
connaissance exacte du contenu de la
révélation, à la pleine inspiration de
laquelle nous croyons de tout notre
cœur, nous nous sommes proposé de rendre
aux Églises le grand service de leur
donner une version de l’Ancien Testament
plus exacte qu’aucune de celles qui
existent jusqu’à ce jour, afin que
les croyants puissent y trouver un
nouveau secours pour se nourrir de la
substance et de la moelle de la
Parole qui peut sauver leurs âmes
(Jacques 1:21)… Vous pouvez avoir
de belles traductions de la Bible, mais
une Bible tout autre que l’original;
et il peut parfaitement arriver que plus
vous étudierez votre Bible, plus vous
vous éloignez de la Bible telle
que Dieu l’avais faite. Comment ne
sacrifierait-on pas volontiers une
élégance aussi dangereuse à l’avantage
inappréciable d’une traduction plus
inculte, il est vrai, mais derrière
laquelle on trouve bien sûrement
les
choses qui nous ont été données de Dieu
(1 Corinthiens 2:12).
La
version de Lausanne a d’ailleurs
l’avantage immense de n’être pas l’œuvre
d’un seul savant; car, si jamais, c’est
principalement ici que deux valent
mieux qu’un (Ecclésiaste 4:9),
contrairement à l’opinion de la
Compagnie des Pasteurs de Genève, qui
disent dans la Préface à la version de
M. Segond, que dès qu’il s’agit d’une
traduction entièrement nouvelle, «il
devient presque indispensable que
l’œuvre prenne un caractère individuel.»
Un seul savant laissera involontairement
percer ses idées favorites dans sa
version. Si la traduction est fait par
plusieurs savants, ce grave inconvénient
disparaît, surtout s’ils appartiennent à
différents pays et à différentes
Églises. C’est le cas de la version de
Lausanne qui a été fait par un
collège de traducteurs. Chaque
partie a été ensuite soumise à des
Réviseurs, dont quelques-uns, comme
la liste suivante le fait voir, étaient
traducteurs eux-mêmes. Puis l’ensemble a
été revu par des Rédacteurs
chargés de veiller particulièrement à
l’unité de l’ensemble et à l’harmonie
des différentes parties. On le voit
aucune précaution n’a été omise.
Voici la
liste alphabétique des pasteurs éminents
et des savants professeurs et docteurs
en théologie dont plusieurs, depuis
lors, se sont endormis au Seigneur:
TRADUCTEURS:
MM. H. Berthoud, pasteur;
A. Cérésole, ancien pasteur et
professeur; G. Cramer, pasteur;
A. de Laharpe, pasteur,
Dr Henri de Laharpe, professeur,
savant orientaliste; A. de
Mestral, ancien pasteur, auteur de
commentaires sur les Psaumes, la Genèse,
l’Exode et le Lévitique; F.
Dumont, ancien pasteur; J.J.
Faure, ancien pasteur et
professeur; E. Guers,
pasteur; Hippolyte Krüger,
pasteur; L. Monastier, pasteur;
Adolphe Monod, professeur à
Montauban et pasteur à Paris; S.
Pilet-Joly, pasteur et professeur
Th.
Rivier,
pasteur;
S.
Thomas,
pasteur.
RÉVISEURS:
MM. Berdèz, professeur;
Burkhardt, pasteur et professeur;
A. Cérésole; R. Clément;
G. Cramer; Dr H. de Laharpe;
A. de Mestral; J.J. Faure;
Lutz, ministres de l’Évangile; Dr
S. Preiswerk, pasteur et professeur,
auteur d’une grammaire hébraïque; Dr
Ruetschi, pasteur; S. Thomas,
pasteur.
RÉDACTEURS:
MM. F. Olivier, ministre de
l’Évangile; H. Berthoud; F.
Reymond, pasteur; R. Clément;
Dr H. De Laharpe; H. Ohvier;
Binder, professeur.
AGENT:
Louis Burnier, ancien pasteur.
Le
Nouveau Testament avait été également
traduit antérieurement par un collège de
Traducteurs, de Réviseurs
et de Rédacteurs. Le lecteur fera
bien d’en lire l’histoire intéressante
et fort instructive publiée à Lausanne
par M. Louis Burnier, en 1866, sous le
titre: La version du Nouveau
Testament dite de Lausanne. Son histoire
et ses critiques. Une autre
publication du même, fort utile à
consulter, est intitulée: Les mots du
Nouveau Testament dans les versions
comparées d’Ostervald et de Lausanne.
Lausanne 1871.
Puisque
la version de Lausanne a réalisé
les conditions essentielles d’une
traduction des Écritures inspirées de
Dieu, il peut paraître regrettable que
la Société biblique de France se
donne la peine, dès lors inutile, et
fasse les frais considérables d’une
révision d’Ostervald. Une révision
ne suffit pas; il faut une version
nouvelle; c’est avec les auteurs de la
version de Lausanne que cette Société
biblique aurait dû s’entendre pour une
nouvelle et définitive révision, d’après
les principes qui sont à la base de
cette version. Il est de toute
importance que les Églises évangéliques
de langue française aient enfin une
version unique, en chaire, sur les
bancs de l’instruction religieuse, et
dans les mains des chrétiens, que
des hommes fidèles réviseraient,
toujours d’après les mêmes principes,
une ou deux fois par siècle. La version
de Lausanne seule peut répondre à cette
fin.
Puisque
la Société biblique de France ne
l’a pas fait, une nouvelle Société
biblique devrait se former pour
réunir les fonds nécessaires à
l’impression en formats divers, et
surtout en format de poche, de la
version de Lausanne. Dans tous ces
formats et éditions différentes il
devrait y avoir la même pagination,
comme c’est le cas pour la Bible
Bagster. Rien ne facilite les recherches
des passages dans la Bible de divers
formats, que si l’œil les retrouve au
même endroit de la page. Dans le Nouveau
Testament il faudrait l’indication en
marge des variantes; dans toute la
Bible, l’indication des passages
parallèles dits de Mackenzie et de très
courtes notes archéologiques,
historiques et géographiques, comme
celles dont M. Segond a accompagné sa
version. Dans les éditions à grand
format, on insérerait aussi des cartes
géographiques.
Voilà des
desiderata dont la réalisation
ne dépend que du concours des
chrétiens jaloux de répandre les oracles
de Dieu dans toute leur pureté. Il
serait temps de s’entendre et d’agir,
avant que des versions infidèles n’aient
commencé leurs ravages dans les Églises.
II ne
faut pas, du reste, confondre la
version dite de Lausanne avec la
Révision de Lausanne, qui n’est
qu’une révision de la Bible d’Ostervald,
faite sous les auspices des sociétés
bibliques de Neuchâtel et de Lausanne,
dont la première édition a paru en 1823
et la 2e en 1836.
L’Ancien
Testament
de la
Version dite de Lausanne a paru en
livraisons successives de 1861 à 1872.
Le
Nouveau Testament en est à sa 4e
édition: cette dernière édition est
double, elle a paru en format in-8° et
en format in-24.
La
première édition parut en 1839; la 2e
en 1849; la 3e en 1859, et la
4e en 1872 in-8° et 1875
in-24°.
La quatrième édition est pour la
première fois accompagnée d’un choix de
variantes; l’édition in-8° les a
consignées à la fin du volume, sans
renvois dans le texte, ce qui est peu
pratique; l’édition in-24 les a
imprimées au bas de la page avec renvois
dans le texte, cela est plus rationnel.
Supérieure, sous ce rapport,
aux éditions précédentes, elle leur est
légèrement inférieure par suite de
quelques corrections malheureuses qui y
ont été faites. Citons quelques
exemples: Marc 3:16 n’est pas
aussi exactement traduit dans la 3e
et la 4e édition que dans les
deux premières; si la traduction
littérale de celles-ci parait étrange,
cet inconvénient se retrouve absolument
au même degré dans le texte grec, où il
y a un manque complet de liaison
syntactique, et cela pour une raison
très importante: grâce à cette absence
de liaison, il n’est pas malaisé de
découvrir l’auteur de l’évangile et la
preuve de la plus scrupuleuse exactitude
avec laquelle le récit a été composé;
que le lecteur veuille lire à ce sujet
ce qu’en dit M. Godet, Études bibliques,
II, p. 37 (1re édition) —
Dans Matthieu 1:18, les 3e
et 4e éditions ont supprimé
un car qui est dans le texte
grec, ainsi que dans les deux premières
éditions; cette conjonction indique
d’une façon très concise que la
naissance de Jésus-Christ s’est faite
dans des conditions toutes
particulières, ce qui est cause que
l’évangéliste s’y arrête. Dans
Philippiens 2:20, le mot mien
est probablement une faute d’impression
pour sien; en tout cas, la
traduction des trois premières éditions
est plus exacte. — Dans 1 Pierre
3:19-20, la quatrième édition
dérange l’ordre des mots de façon à
donner à la phrase un tout autre sens,
en mettant le mot autrefois après
le mot lequel; tandis qu’en grec
et dans les trois premières éditions, il
se trouve après le mot rebelles.
Que la nouvelle génération de
réviseurs, qui se prépare, prenne
garde de ne pas renverser la
belle devise: De bien en mieux.
(20)
Voici le
titre complet de cette petite brochure
qui accompagne la 2e
livraison de l’Ancien Testament:
Nouvelle version de l’Ancien Testament,
publiée à Lausanne par une
Société de pasteurs et de professeurs de
la Suisse et de la France. Avis.
Lausanne 1866. (p. 9 et 11).
Note sur Ésaïe 7:14-16
Le mot
alemah signifie jeune fille
ou vierge, jamais femme
mariée; les textes où il figure dans
l’Ancien Testament le prouvent
incontestablement (voir:
Prophéties messianiques). Il y
a, en outre, le témoignage des anciennes
versions:
Celle des
Septante, achevée environ au milieu
du IIIe siècle avant
l’ère chrétienne, traduit
alemah soit par néanis (jeune
fille) soit par parthenos
(vierge). La date de la version et le
fait que ses auteurs étaient juifs
prouve que ce ne sont pas des idées
chrétiennes qui ont pu donner lieu à
cette traduction
(voir:
Note 5 concernant l’origine
de la Septante.).
Mais une
autre version grecque vit le jour
environ au milieu du second siècle
après Jésus-Christ. Il n’en reste
plus que des fragments. Son auteur.
Aquila l’avait entreprise
dans un but polémique contre l’Église
chrétienne. D’après la Guémara de
Jérusalem, elle aurait même été faite
sous les yeux d’Akiba, fameux
rabbin juif de cette époque, et
adversaire acharné des chrétiens; son
zèle et ses travaux l’avaient fait
surnommer par ses contemporains le
restaurateur de la loi, le second
Esdras. Cette version est d’un
littéralisme excessif; elle essaie même
d’exprimer en grec des particules
intraduisibles. Les Juifs, trouvant la
version des Septante trop favorable à la
doctrine chrétienne, se servaient de
préférence de celle d’Aquila, parce
qu’il avait tâché de donner une autre
tournure à certains passages; aussi
Justin martyr, Irénée, Jérôme et
Épiphane l’accablent-ils de reproches à
ce sujet; bien à tort; au fond, car ses
modifications sont le plus souvent fort
inoffensives, et, si elles trahissent le
désir de déplaire aux chrétiens, elles
n’en démontrent pas moins l’impuissance
dans laquelle il se trouvait de nuire à
leur doctrine, enchaîné qu’il était par
le sens connu des mots, sens qu’il ne
pouvait altérer. Ainsi au Psaumes 2:2,
voulant éliminer le mot christos
(oint), détesté des Juifs depuis que ce
mot fut devenu le titre glorieux
du Seigneur Jésus, il traduit le mot
hébreu Maschiach (oint, d’où le
mot français Messie) par
éleimmenos; qui signifie également
oint. Comment Aquila n’aurait-il
pas essayé d’ôter sa base scripturaire à
la naissance de Jésus-Christ d’une
vierge? Les Septante avaient traduit
dans Ésaïe 7:14 le mot
Alemah par Parthenos
(vierge); que fera Aquila? Il n’a pas
encore l’audace de nos savants modernes;
le sens du mot était trop fixé à cette
époque, Aquila ni Akiba n’y peuvent
rien; Aquila ne dira donc pas jeune
femme; il se sert du mot
néanis, qui signifie jeune fille.
Il a changé le mot, l’idée reste.
Ainsi, soit le contexte des passages où
le mot Alemah figure, soit les
deux plus anciennes versions grecques
faites par des Juifs, dont la seconde a
été faite dans un but de polémique
contre l’Église, fixent d’une façon
certaine le sens de ce mot: jeune
fille ou vierge, jamais
femme mariée.
Mais sur
quoi s’appuient nos contradicteurs pour
enlever au mot en question son sens
évident?
Ils
disent que bethoulah signifie
vierge, et que le prophète ne se
sert pas de ce mot. C’est vrai;
bethoulah signifie vierge; il
exprime l’idée même de la virginité: une
vierge intacte (virgo illibata).
Mais cela ne prouve pas qu’Alemah
puisse désigner une femme mariée. En
français nous avons le mot vierge;
mais nous avons aussi ceux de
jeune fille, de demoiselle.
L’état de jeune fille, de demoiselle,
n’implique-t-il pas, dans l’ordre
normal, la virginité? Et dans ce cas,
jeune fille, demoiselle et vierge
ne sont-ce pas des expressions
synonymes? La seule idée que, d’après
l’étymologie, le mot alemah
renferme à côté de la virginité, c’est
celle de la nubilité.
Mais ce
n’est pas là le véritable argument de
nos adversaires. Au fond ils avouent
eux-mêmes qu’alemah ne
peut pas signifier une femme,
c’est-à-dire une femme mariée. Voici les
téméraires et équivoques paroles d’un
traducteur de la version libérale
entreprise par la Société biblique
protestante de Paris, M. Ath. Coquerel
fils, (La version d’Ostervald et les
sociétés bibliques. Extraits du Lien
par quelques laïques, Paris 1862, p. 9):
«Bien des
gens préfèrent un sens qui, convient à
leur orthodoxie au sens indubitable du
texte sacré. Ainsi dans le fameux
passage d’Ésaïe, où l’on a vu une
prophétie de la naissance miraculeuse
(Ésaïe 7:14), il n’y a rien de
pareil; le mot vierge, qu’on y
introduit, n’y est pas. L’original
hébreu ne porte pas betoula
(vierge), mais alma, qui
signifie toute personne du sexe féminin,
en âge de devenir mère. Il s’agit donc
d’une naissance tout ordinaire; il n’y a
là de miracle, et de prophétie
messianique, qu’au moyen d’une faute de
version qu’on reprocherait à un
commençant.»
M.
Coquerel aurait-il osé avancer qu’alemah
puisse désigner une femme mariée?
Car c’est bien là le nœud de la
question! Non, il dit simplement: «alma
signifie toute personne du sexe
féminin en âge de devenir mère.» À la
rigueur nous pouvons accepter cette
définition, seulement nous serons plus
explicites et nous dirons: toute
personne du sexe féminin en âge de
devenir mère et qui n’est pas une femme
mariée, est, dans l’ordre normal, une
vierge.
Ces
paroles de M. Coquerel donnent la mesure
de la confiance qu’on peut avoir dans
les hautes affirmations de certains
savants. On serait plus franc et plus
sincère si l’on disait tout ouvertement:
alemah, qui, d’après le contexte,
signifie évidemment jeune fille
ou vierge dans tous les passages
où il se rencontre dans l’Ancien
Testament, ne peut pas avoir cette
signification dans le seul passage
Ésaïe 7:14, parce que là le contexte
indique qu’il s’agit non d’une jeune
fille, mais d’une jeune femme mariée, la
jeune épouse du prophète.
C’est à
cela que revient ce que dit le savant
Winer dans son dictionnaire hébraïque,
où, après avoir déclaré qu’alemah
signifie vierge nubile (virgopubes),
il ajoute que ce mot peut aussi
signifier une jeune épouse, et
s’appuie, non pas sur Proverbes 30:19,
passage qui lui semble peu favorable à
sa thèse, mais précisément sur Ésaïe
7:14. Voici, du reste, l’article
complet, avec la seule omission des
citations arabes et syriaques, et des
mots de la fin ne se rapportant plus à
ce sujet:
«Alemah,
virgo pubes. Genèse 24:43; Exode
2:8. Per se quidem non declaratur
hoc vocabulo, nupta sit virgo nec
ne, tori nescia an secus (quanquam in ea
causa non multum tribuendum putaverim
loco, Proverbes 30:19), itaque
potest etiam conjux juvenis
siguificari, ut Jes. 7:14,
secundum multos interpretos, quibus
nuper accessit Genenius.»
On voit
le cercle sans issue dans lequel on se
meut. Nos adversaires disent: alemah
doit être traduit dans le passage
Ésaïe 7:14 par jeune femme, parce
qu’il s’agit là de la jeune épouse du
prophète. L’Église chrétienne
universelle, d’accord en cela avec la
toute ancienne synagogue juive, dit: il
traduire Ésaïe 7:14 par jeune
fille ou vierge, parce que partout
ailleurs le mot en question signifie
cela. Puis elle ajoute: donc il ne
s’agit pas ici d’une jeune épouse du
prophète.
Mais
serait-il possible d’appliquer le
passage en question à là naissance d’un
fils du prophète? Que les rationalistes
qui rejettent toute prophétie
s’efforcent de faire d’Emmanuel un
simple fils d’Ésaïe, cela ne doit pas
nous étonner; car du moment qu’on admet
a priori qu’il ne peut pas s’appliquer
au Messie puisqu’il n’y a pas de
prophétie; il faut bien qu’il ait un
sens quelconque, et le plus simple
alors, c’est de l’appliquer à Ésaïe en
supposant qu’il avait une jeune femme
qu’il venait d’épouser. Mais que M.
Segond, qui admet le surnaturel et la
prophétie, puisse partager cette
opinion, c’est là ce qui est étonnant.
C’est bien là, en effet, la pensée de M.
Segond; il le dit ouvertement (Le
prophète Ésaïe, page 41, Sommaire):
«Ésaïe
rassure Achaz, annonce la chute des deux
monarques alliés, et donne pour signe la
naissance d’un enfant de sa jeune femme,
lequel portera le nom d’Emmanuel,
c’est-à-dire, Dieu avec nous:
avant que cet enfant sache discerner le
bien et le mal, la chute des rois de
Syrie et d’Israël sera consommée.»
Est-il
impossible, d’après le contexte, de
reconnaître en Emmanuel le Messie?
Serait-il possible, d’après le contexte,
qu’Emmanuel fût un simple fils du
prophète?
Telle est
la double question que nous allons
rapidement examiner.
Puisque
le sens du mot alemah, tel qu’il
ressort de tous les autres passages où
ce mot figure, parait douteux à nos
contradicteurs, dans notre passage,
malgré la version des Septante et celle
d’Aquila, laissons le 14e
verset de côté.
Dans le
verset 15, traduit comme il l’est
habituellement, l’interprétation
messianique rencontre une difficulté,
qui, pour ne pas être insoluble même
avec la traduction habituelle, est
cependant assez grande pour que la
Bible annotée (p. 75) pense qu’il
pourrait y avoir peut-être une
corruption du texte. Une hypothèse
pareille, qui n’a pas le moindre appui
dans le texte ni dans l’existence
de la moindre variante, n’est pas
permise; ce serait une méthode trop
commode pour se débarrasser des
difficultés si nombreuses dans la Bible,
et elle ouvrirait la voie à un
arbitraire sans frein ni mesure.
Le verset
15 parle d’une dévastation totale du
pays; car se nourrir exclusivement de
crème et de miel, est l’indication que
le pays n’est plus cultivé, qu’il ne
présente que des pâturages (voir les
versets: 21-25). Cette
dévastation est causée par la puissance
orientale que le prophète appelle ici
Assur; plus tard, quand l’horizon
prophétique se sera élargi devant ses
regards (car il y a une loi de
perspective prophétique), il l’appellera
de son vrai nom Babylone, qui à cette
époque-là ne formait encore qu’une
province de l’empire assyrien. En tout
cas, il n’est pas permis de penser à une
incursion temporaire d’une armée
ennemie, car il y en a eu de pareilles à
toutes les époques; il s’agit de la
catastrophe finale, de la chute du
royaume de Juda et de la captivité de
Babylone. Or cela n’arriva
que plus d’un siècle plus tard. Il est
donc absolument impossible d’appliquer à
un simple fils du prophète les paroles
du 15e verset, qui
montrent Emmanuel subissant les
conséquences de la dévastation,
c’est-à-dire ne se nourrissant que de
lait et de miel.
À cette impossibilité chronologique
vient s’enjoindre une autre, que nous
avons déjà indiquée dans l’avant-propos
(16e paragraphe). C’est le
passage Ésaïe 8:8, dont la
tournure est trop grandiose,
trop solennelle, pour qu’on ne ressente
pas un véritable désappointement si les
mots
«le
déploiement de ses ailes remplira la
largeur de ta terre, ô Emmanuel»,
s’appliquaient au petit garçon du
prophète. Nul que Jéhovah lui-même, ou
son Messie, n’a, d’après l’Écriture, le
droit d’appeler la terre d’Israël sa
terre, comme c’est le cas ici.
Cette
interprétation écartée, passons à
l’explication messianique. — Nous n’en
hasarderons pas une qu’on pourrait
donner même avec la traduction
habituelle de notre passage, car nous
croyons celle-ci inexacte. Le préfixe
Le marque la direction vers l’objet
ou la personne désignée par le mot
auquel elle est jointe. Quand elle sert
à désigner le temps, le moment où une
chose se passe, elle peut signifier
jusqu’à ce que; mais elle signifie
aussi lorsque, par
exemple, 2 Samuel 18:29. Avec
Hofmann (Weissag. u. Erfül. I p. 226),
nous pensons que c’est ainsi qu’il faut
traduire ici.
En outre, avec le même savant exégète,
nous pensons que les mots rah (mal)
et tob (bien), étant ici en
rapport avec la nourriture d’Emmanuel,
doivent se traduire par mauvais
et par bon. C’est bien là ce que
signifient ces mots dans le passage 2
Samuel 19:35 (en hébreu 36), où
Barzillaï, invité par David à habiter
son palais et à se laisser entretenir
par lui, lui répond:
«Je
suis aujourd’hui âgé de quatre-vingts
ans, connaîtrais-je ce qui est
bon (tob) d’avec ce qui est
mauvais (rah)? Ton esclave
savourerait-il ce qu’il mangerait et ce
qu’il boirait?...»
Enfin le mot ki; au
commencement du 16e
verset, nous le traduisons par
«oui,
certainement»,
comme par exemple, Genèse 4:23;
31:42; Nombres 22:33; Job 8:6; Ésaïe
15:1, etc.
Nous
obtenons ainsi la traduction suivante:
15.
«Il
mangera de la crème et du miel,
lorsqu’il saura rejeter ce qui est
mauvais et choisir ce qui est bon»;
c’est-à-dire que, tout en étant d’âge à
savoir repousser une nourriture trop
fade pour en choisir une plus
substantielle, Emmanuel sera réduit à ne
tirer sa subsistance que des produits
naturels du sol, à cause de la
dévastation qui a eu lieu, par suite du
châtiment de Dieu sous lequel le pays et
ses habitants se trouvent encore. — Un
détail qui confirme cette manière de
traduire, c’est que, dans toutes les
langues, l’hébreu y compris, quand on
parle du bien et du mal, de ce qui est
bon ou de ce qui est mauvais, c’est
toujours l’idée du bien ou du bon qui se
présente la première à la pensée, et
qu’on énonce la première; on ne dit dans
aucune langue: choisir entre le mal et
le bien, mais entre le bien
et le mal; c’est également ainsi que
s’exprime Barzillaï dans sa réponse à
David:
«pourrai-je
distinguer ce qui est bon d’avec ce qui
est mauvais?»
Or, dans notre passage, les termes sont
renversés. Pourquoi cela? C’est
qu’Emmanuel a devant lui une nourriture
fade qui commence à le fatiguer; la
première idée qui se présente dès lors à
son esprit, c’est de repousser ce qu’il
trouve mauvais pour choisir une
nourriture meilleure. Ce rapport étroit
et logique entre les sensations du
moment et l’idée qui les exprime
disparaîtrait complètement ici s’il
s’agissait de choisir le bien moral et
de repousser le mal moral. On
chercherait en vain pourquoi le prophète
à dérogé à un usage universel en
renversant les termes, en disant
repousser le mal et choisir le bien.
Verset 16.
«Oui,
[même avant cette époque] avant que
l’enfant sache rejeter ce qui est
mauvais et choisir ce qui est bon, la
terre dont tu redoutes les deux rois
sera désolée.»
Voici
maintenant comment l’oracle s’est
accompli:
Dans sa vision, le prophète voit dans le
même horizon lointain, autant que Dieu,
dans ce moment, permet à son regard de
le sonder, et sans qu’il puisse
distinguer aucun intervalle de temps,
deux choses qui distinctes quant au
temps, tel que nous le comptons, se
trouvaient néanmoins dans le rapport de
la plus étroite causalité: l’invasion
dans le pays du Messie d’une puissance
orientale qui le dévaste et le dépeuple,
et le Messie vivant au milieu des
conséquences directes de cette invasion,
forcé, malgré lui, d’en accepter les
conséquences. Dans la puissance
orientale qui envahira le pays, le
prophète, dans ce moment, ne reconnaît
que la première puissance dont Dieu
s’est servi pour châtier définitivement
son peuple, le roi d’Assur, qui a mis
fin à l’existence nationale du royaume
des dix tribus; plus tard, le regard du
prophète discernera derrière cette
puissance celle de Babylone; Daniel et
Zacharie verront d’autres puissances
surgir après Babylone ce seront les
Mèdes et Perses, les Grecs, la Syrie
(Antiochus Épiphane) et finalement Rome.
Ce n’est que quand le pays d’Emmanuel
sera sous la puissance romaine qui,
selon la volonté de Dieu, était
complètement masquée par l’apparition du
roi d’Assur dans le champ de la vision
du prophète, qu’Emmanuel naîtra
miraculeusement. Son pays sera toujours
sous la domination de la puissance du
monde, et il subira malgré lui, en en
souffrant, les conséquences d’un état de
choses qui a ses premières racines dans
l’infidélité de la maison de David,
éclatant au grand jour dans
l’incrédulité railleuse d’Achaz. Le
prophète ayant vu dans sa vision les
premières conséquences de l’exil, la
dévastation du sol, c’est sous la forme
d’un homme qui, malgré lui,
est obligé de se contenter de la
nourriture peu substantielle des
productions naturelles du sol, qu’il
dépeint l’état de pauvreté et de
dénuement du Messie. Dans toute
prophétie il faut savoir saisir l’idée
réelle qui est cachée par l’image. Dans
le même ordre d’idées Ésaïe décrira plus
tard le Messie comme
«défait
de visage, plus qu’aucun homme, et
d’aspect plus que les fils des hommes»
(Ésaïe 52:14), n’ayant, ni
forme ni éclat quand on le regarde, ni
aucune apparence pour qu’on le désire
(Ésaïe 53:2,3). S’il s’agit,
au contraire, de décrire la gloire du
règne messianique, Dieu montrera au
prophète le lion, l’ours et la vache
paissant ensemble; un enfant étendant
ses mains dans le trou d’un basilic,
etc. Pour décrire le même état de choses
le prophète s’écriera:
«heureux
vous qui semez auprès de
toutes les eaux, laissant en liberté le
pied du bœuf et de l’âne»
(Ésaïe 32:20). De même
Jacob bénissant ses fils décrit le
bonheur du temps messianique sous des
images qui indiquent la plus grande
abondance de biens matériels: il y aura
tant de vin, qu’on y lavera ses
vêtements, on attachera l’âne
au cep de vigne, les yeux seront rouges
de vin (Genèse 49:11-12).
D’ailleurs, nous n’hésitons pas à dire
que la parole de Dieu étant infinie, et
certaines prophéties s’étant accomplies
dans l’histoire de Jésus-Christ de la
façon la plus littérale possible (le
partage de ses vêtements, le vinaigre
qu’on lui a offert, son côté percé,
etc.), il se peut que le Seigneur avant
son ministère public, seul soutien de sa
mère, après la mort de Joseph, ait été
parfois réduit malgré lui à la
nourriture la plus simple.
Le verset
bien traduit ne présente donc aucune
difficulté à l’interprétation
messianique pour ceux qui croient à la
prophétie; tandis que, de quelque façon
qu’on le traduise, il ne peut pas
s’appliquer à un simple fils d’Ésaïe; il
serait tout aussi difficile de
l’appliquer à un roi de Juda quelconque.
Le verset
16 ne présente pas non plus de
difficulté à l’interprétation
messianique: avant même que Juda soit
dévasté et dépeuplé, ou pour rester dans
la vision du prophète, avant que le
Messie subisse les conséquences de cette
dévastation (car, comme nous l’avons vu,
ces deux époques se confondent en un
seul moment pour le prophète), le
royaume des dix tribus et la
Syrie seront devenus la proie du roi
d’Assur. Le royaume d’Israël perdit, en
effet, son indépendance. Un grand nombre
de ses habitants furent déportés vint
ans après notre oracle, sous
Salmanassar. Les restes des dix tribus
demeurés dans le pays, ne cessèrent
cependant de former un peuple distinct
que plus tard quand Ésar-haddon
(Esdras 4:2) fit transporter sur le
territoire de l’ancien royaume des dix
tribus les populations énumérées 2
Rois 17:24 et suivant; car alors Ils
se mêlèrent complètement avec ces
peuplades étrangères, et de ce mélange
sortit la nation samaritaine, si hostile
aux Judéens de retour de la captivité
babylonienne. Cela arriva, selon les
calculs des chronologistes juifs, dans
la 22e année de Manassé, roi
de Juda, par conséquent juste
soixante-cinq ans après qu’Ésaïe eut
rendu cet oracle. C’est ainsi que
s’accomplit le verset 8e de
notre chapitre. Là encore la Bible
annotée (p. 72) est prête à admettre
assez facilement une corruption du texte
dont il n’y a cependant aucune trace.
Nous le
répétons, le 7e chapitre
d’Ésaïe ne présente pas de difficulté à
l’interprétation messianique; de plus,
le verset 8 du chapitre 8 ne s’explique
que si le chapitre précédent s’applique
au Messie; enfin le Nouveau Testament,
dans Matthieu 1:22-23, suppose cette
interprétation.
Dès lors la seule raison des exégètes
rationaliste pour détourner le mot
alemah de son sens habituel tombe,
et l’Église chrétienne continuera, dans
ses fêtes commémoratives de la naissance
de Jésus-Christ, à lire, sans réticence
et sans restriction mentale, le passage
d’Ésaïe 7:14 comme on l’a lu de
tout temps:
«VOICI,
LA VIERGE SERA ENCEINTE, ET ELLE
ENFANTERA UN FILS ET L’APPELLERA DU NOM
D’EMMANUEL»!
Extrait d’une publication:
Notes sur la version du Dr
Segond
Intitulée
Quelques Notes sur la traduction de la
Bible par le Dr Louis Segond (Ancien
Testament) par un ancien Pasteur.
Mon
travail était à peu près terminé quand
une critique de la version de M. Segond,
sous le titre transcrit ci-dessus, me
fut remise. Ces Notes forment 24
pages in-4° lithographiées. L’auteur en
est, dit-on, M. Hippolyte Krüger, entré
depuis lors dans le repos de son Dieu.
C’est le dernier service que ce
vénérable serviteur de Dieu aura ainsi
rendu à la cause sacrée la Bible, lui
qui avait déjà été collaborateur
de la Lausanne, et avait également
travaillé à la révision de la version d’Ostervald
entreprise par la Société biblique de
France. Je transcris ici les
passages qui ne sont pas déjà révélés
dans les pages qui précèdent, ne
laissant de côté que quelques passages
douteux ou incriminés à tort et prenant
comme terme de comparaison la version de
Lausanne en tant qu’elle est
l’expression fidèle du texte original,
tandis que l’auteur des Notes a
mis en regard la version d’Ostervald.
Qu’on me
permette une observation: L’auteur parle
en plusieurs endroits de passages chers
aux chrétiens, qui ne se retrouvent pas
dans la version de M. Segond. J’avoue,
que ce n’est pas là un argument. Il ne
s’agit pas de savoir si tel passage nous
est devenu cher, car s’il était mal
traduit, il faudrait évidemment le
sacrifier; il s’agit de savoir ce que
disent la grammaire, le dictionnaire et
l’harmonie des oracles de Dieu. L’auteur
termine son travail par une longue et
intéressante dissertation sur le passage
Daniel 9:24-27. Comme M. Segond
suit au verset 25e la
ponctuation massorétique, si contestable
qu’elle soit ici, il n’y a pas à
l’incriminer de ce chef, selon nous;
toutefois, M. Segond laisse de côté,
précisément dans cette partie du
passage, un et très
important, et traduit inexactement les
mots ve ein lo, qui signifient «et
rien pour lui»
ou aussi «et
non pour lui»
(Lausanne): M. Segond traduit:
et il
n’aura pas de successeurs.
Dans la
seconde partie de son travail, l’auteur
des Notes proteste énergiquement
en faveur des passages messianiques
éclipsés dans la version de M. Segond.
Voici des
erreurs ou de simples inexactitudes de
traduction qui ne sont pas relevées déjà
dans notre travail.
Genèse
6:3.
—
«Ne
contestera pas»
(Lausanne);
M. Segond:
«ne
restera pas».
Genèse
18:11.
—
«Sarah
n’avait plus ce que les femmes
ont coutume d’avoir»
(Lausanne);
M. Segond
«ne
pouvait plus avoir d’enfants»;
tandis que Genèse 31:15, M.
Segond dit comme le texte hébreu:
«j’ai
ce qui est ordinaire aux femmes.»
Genèse
22:18
et 26:4.
—
«seront
bénies»
(Lausanne);
M. Segond:
«voudront
être bénies.»
Genèse
32:28.
—
«avec
les hommes.»
(Lausanne);
M. Segond:
«avec
des hommes.»
Genèse
35:13.
—
«remonta
d’auprès
de lui»
(Lausanne);
M. Segond:
«s’éleva
au-dessus
de lui.»
Genèse
35:18.
—
«comme
son âme sortait, car elle
mourut»
(Lausanne);
M. Segond:
«comme
elle allait rendre l’âme, car
elle était mourante.»
Lévitique
19:17.
—
«tu
reprendras»
(Lausanne);
M. Segond:
«tu
pourras reprendre.»
Deutéronome 32:43.
—
«Poussez
des cris de joie, nation [qui
êtes] son peuple»
(Lausanne);
M. Segond:
«Nations,
chantez les louanges de son peuple.»
1 Samuel
14:34.
—
«tout
le peuple amena à la main chacun
son bœuf»
(Lausanne);
M. Segond:
«chacun
parmi le peuple amena son bœuf par la
main.»
(!)
Job 11:6.
—
«comment
[elle te dépasse] du double en
prudence»
(Lausanne);
M. Segond:
«de
son immense sagesse.»
Job 12:1.
—
«On
dirait que vous êtes tout un peuple»
(Lausanne);
M. Segond:
«on
dirait que le genre humain c’est
vous.»
Psaumes
4:4 (3).
—
«l’Éternel
distingue celui qui l’aime»
(Lausanne);
M. Segond:
«l’Éternel
s’est choisi un homme pieux.»
Psaumes
8:6.
—
«tu
l’as fait de peu inférieur aux dieux»;
M. Segond et Lausanne traduisent:
«à
Dieu.»
On peut parfaitement mettre le
singulier; mais il n’en est pas moins
vrai qu’on peut mettre le pluriel en
entendant par dieux les êtres
célestes, les anges comme dans
d’autres endroits de l’Ancien et du
Nouveau Testament. La version des
Septante traduit par anges, et
l’auteur inspiré de l’épître aux Hébreux
sanctionne cette manière de traduire.
Psaumes
16:8.
—
«parce
qu’il
est à ma
droite»
(Lausanne);
M. Segond:
«quand
il est.»
Psaumes
22:8.
—
«ils
grimacent des lèvres»
(Lausanne);
M. Segond:
«ils
ouvrent la bouche.»
Psaumes
32:9.
—
«il
n’approche point de toi»
(Lausanne);
M. Segond:
«afin
qu’il
ne
s’approche point de toi.»
C’est un
contre-sens.
Psaumes
45:2 (1).
—
«une
parole excellente»
(Lausanne);
M. Segond:
«des
paroles pleines de charmes.»
Psaumes
45:4 (3).
—
«ceins
sur ta hanche ton épée»
(Lausanne);
M. Segond
omet les
mots «sur
ta hanche»,
quoiqu’ils soient dans le texte.
Psaumes
63:2 (1).
—
«ma
chair»
(Lausanne);
M. Segond:
«mon
corps.»
Psaumes
63:6 (5).
—
«de
moelle et de graisse»
(Lausanne);
M. Segond:
«mets
gras et succulents.»
Psaumes
116:1.
—
«j’aime»
(Lausanne);
M. Segond:
«je
me réjouis.»
Psaumes
118:8.
—
«se
confier dans l’homme»
(Lausanne);
M. Segond:
«à
l’homme.»
Psaumes
118:24.
—
«égayons-nous
et réjouissons-nous en elle»
(Lausanne);
M. Segond:
«qu’elle
nous soit un jour d’allégresse et de
joie.»
Psaumes
119:32.
—
«je
courrai dans la voie de tes
commandements quand tu auras mis
mon cœur au large»
(Lausanne);
M. Segond:
«je
cours... car tu as mis…»
Psaumes
120:5.
—
«en
Méschec»
(Lausanne);
M. Segond:
«à
Méschec»;
comme si Méschec était une ville.
Proverbes
13:3.
—
«celui
qui tient ses lèvres ouvertes»
(Lausanne);
M. Segond:
«celui
qui ouvre de grandes lèvres.»
Ecclésiaste 10:9.
—
«en
est en danger»
(Lausanne);
M. Segond:
«en
éprouvera du danger.»
Ésaïe 6:6.
—
«charbon
ardent»
(Lausanne);
M. Segond:
«pierre
ardente.»
Ésaïe
6:11.
—
«réduit
en désolation»
(Lausanne);
M. Segond:
«ravagé
par la solitude.»
Ésaïe
12:6.
—
«habitante»
(Lausanne);
M. Segond:
«habitant.»
Ésaïe
51:14.
—
«celui
qui est courbé [sous les fers]»
(Lausanne);
M. Segond:
«celui
qui courbe sous les fers.»
Ésaïe
53:5.
—
«percé»
(Lausanne);
M. Segond:
«blessé.»
Ésaïe
53:11.
—
«il
verra [le fruit] du tourment de
son âme et [en] sera rassasié»
(Lausanne);
M. Segond:
«délivré
des tourments de son âme, il
rassasiera ses regards.»
Ésaïe
53:11.
—
«par
sa connaissance le juste, mon
esclave, justifiera beaucoup de gens,»
(Lausanne);
c’est-à-dire par la connaissance qu’on a
de lui, le Messie justifiera beaucoup de
gens.
M. Segond
dit: «par
sa sagesse mon serviteur
justifiera...»
Ésaïe
63:9.
—
«dans
toutes leurs détresses il y a été en
détresse»
(Lausanne);
M. Segond:
«dans
toutes leurs détresses il a été leur
secours.»
Jérémie
10:24.
—
«avec
juste
mesure»
(Lausanne);
M. Segond:
«avec
équité.»
Jérémie
21:6.
—
«grande»
(Lausanne);
M. Segond:
«affreuse.»
Lamentations 3:17.
—
«j’ai
oublié
le
bonheur»
(Lausanne);
M. Segond:
«je
ne connais plus...»
Ézéchiel
5:11.
—
«si,
parce que tu as souillé mon
sanctuaire..., je ne [te]
retranche, moi aussi, sans que mon
œil épargne»
(Lausanne);
M. Segond:
«parce
que tu as souillé mon sanctuaire...,
moi aussi je retirerai mon œil et
mon œil sera sans-pitié.»
L’emploi de la version des Septante
par les auteurs inspirés du Nouveau
Testament.
Une remarque de l’auteur des Notes
ci-dessus (p. 11) sur l’emploi de la
version grecque, dite des Septante,
par les apôtres, comme preuve que
ceux-ci, quoique ayant reçu le Saint
Esprit, «n’étaient pas affranchis de
toutes les erreurs de leur temps», me
paraît assez grave pour traiter ici
cette question aussi brièvement que le
sujet le permet.
* Remarquons de nouveau que les auteurs
inspirés n'ont jamais utilisés la
version des Septantes. Premièrement elle
n'existait pas, et deuxièmement les
premiers disciples étaient des gens du
peuple commun, ils étaient sans
instruction sauf sur la loi de
l'Ancienne Alliance et même là que
partiellement, et leur langage de tous
les jours était l'Araméen. La
connaissance du grec leur était
complètement étrange, même que cette
dernière était considéré comme une
langue barbare d'un peuple païen qu'ils
avaient en aversion, surtout depuis
l'invasion des grecs avec Antiochos IV
Epiphane (175-164/163) et la guerre des
Maccabées. Il a fallu attendre le
ministère de l'apôtre Paul, un homme
grandement instruit, avec son coéquipier
Luc, un disciple Grec, pour que le
message de la grâce soit transmit
oralement de l'Araméen au Grec, rédigé
sur des parchemins et diffusé parmi les
nations de la terre.
L’origine
de la version grecque de l’Ancien
Testament est tellement mêlée de fables
qu’il n’est plus possible de reconnaître
la vérité. Selon la tradition, elle fut
faite à Alexandrie, en Égypte, sous le
roi Ptolémée Philadelphe, qui régna de
285 à 247 avant l’ère chrétienne. Ce qui
est certain, c’est qu’elle existait déjà
sous le règne de son successeur Ptolémée
Évergète (247-222), comme le prouve un
passage du prologue du livre apocryphe
l’Ecclésiastique (versets 7 et
8), où Jésus, fils de Sirach, dit qu’il
est venu en Égypte sous le roi Ptolémée
Évergète et qu’il y trouva une
traduction de la Loi, des
prophètes et des autres livres.
Par suite de la dispersion des Juifs
dans tout le monde grec et romain, cette
antique version se répandit avec eux. Le
texte s’en altéra de bonne heure par
suite du grand nombre de copies qui en
furent faites, à ce point qu’on n’est
pas parvenu à rétablir le texte
authentique. Des variantes, notamment
entre le texte alexandrin et celui du
Vatican, prouvent, en outre, que
des copistes chrétiens ont modifié le
texte dans le but de le rendre plus
conforme, dans une certaine mesure, aux
citations de l’Anciens Testament dans le
Nouveau. Mais il est impossible de
déterminer dans quelle mesure exacte ces
altérations ont été faites.
Si pendant longtemps on a cru, bien à
tort, qu’elle était inspirée, puisque
les apôtres la citent*,
aujourd’hui on tire de ces citations une
preuve contre l’inspiration plénière des
Écritures du Nouveau Testament.
* Cette notion est fausse comme nous
avons vu plus haut.
Chaque
lecteur attentif du Nouveau
Testament est frappé, en effet, de la
différence qui existe entre un grand
nombre de passages cités dans le Nouveau
Testament et ces mêmes passages tels
qu’ils se trouvent dans l’Ancien. On
écarte trop facilement cette difficulté
en disant que, malgré leur inspiration,
les apôtres ont pu parfois se tromper.
Le don du Saint Esprit aux apôtres ne
garantit nullement, cela est vrai, leur
infaillibilité personnelle. Le Nouveau
Testament prouve le contraire:
Galates 2:11-15.
Mais un écrivain du Nouveau Testament
écrivant un livre inspiré, quoiqu’il
s’exprime dans le langage et le style
qui lui sont habituels, et qu’il rédige,
soit de mémoire, soit d’après les
sources qu’il a sous les yeux, est de
telle façon sous l’influence du Saint
Esprit que ce qu’il écrit est comme si
c’était une parole même de Dieu. Cela
ressort du témoignage que le Seigneur
rend à l’Écriture et de celui que
l’Écriture se rend à
elle-même; à savoir: qu’elle est dans
toutes ses parties divinement inspirée
(2 Timothée 3:16), inébranlable
ou inviolable dans chacune de ses
expressions (Jean 10:35; Matthieu
22:29-32), et, comme nous venons de
le dire, que chaque parole de l’Écriture
est en même temps une parole de Dieu,
comme si Dieu l’avait prononcée ou
écrite (Matthieu 19:4-5 comparez avec
Genèse 2:24; et Hébreux 1:5,6,7,8,13).
Que le lecteur ne cherche pas ces
passages dans les versions de Martin ou
d’Ostervald; ce dernier, dans
Matthieu 19:5, met:
«il
est dit»;
le texte porte:
«il
dit»,
c’est-à-dire Dieu dit.» À son
tour, la version de Martin, dans
Hébreux 1:7, met:
«il
est dit»;
tandis que le texte porte:
«il
dit»,
c’est-à-dire Dieu dit. Qu’il
veuille lire ces passages dans la
version de Lausanne ou même dans celles
de M.M. Segond et Oltramare,
quoiqu’elles renferment Jean 10:35,
un si qui n’est pas dans le texte
et qui, selon l’explication qu’on
pourrait en donner affaiblirait le sens
de cette exclamation de Jésus-Christ, et
quoique M. Oltramare, Hébreux 1:6,
mette:
«il
doit dire»,
tandis que le texte porte:
«il dit».
Si donc
un auteur inspiré cite la version des
Septante, c’est Dieu rappelant, par le
moyen de la version grecque, ce qu’il
avait auparavant dit par les auteurs
inspirés qui avaient écrit en hébreu.
Supposons
qu’un Français ait composé un mémoire
qui doit faire foi dans un
procès plaidé en Angleterre. Le mémoire
serait traduit en anglais.
L’avocat citera sans le moindre scrupule
et sans aucun inconvénient des phrases
de ce mémoire, quand même il
renfermerait certaines inexactitudes de
traduction, pourvu que celles-ci ne
portent absolument pas sur le fond même
de la question; il ne voudra pas
interrompre sa plaidoirie ni sa lecture,
en faisant observer sans aucune utilité
que tel mot n’est pas exactement
traduit. Ni les citations de l’avocat,
ni l’acceptation du mémoire par le
tribunal ne garantiront l’exactitude
absolue de tous les mots de la
traduction. Si toutefois dans une phrase
il y avait une erreur
touchant le fond même de la question,
l’avocat rendrait le tribunal attentif
et rétablirait le vrai sens. Dans
d’autres parties de sa plaidoirie, au
lieu de citer textuellement, il se
bornera à résumer ou à rappeler
librement tel fait qui y est mentionné,
ou encore il se servira d’autres termes
que le mémoire pour mieux faire
ressortir la pensée de son client.
C’est à
peu près ainsi que font les auteurs
inspirés du Nouveau Testament,
c’est-à-dire Dieu par leur moyen.
Le Dieu
souverain, qui fait les miracles les
plus étonnants, lui qui à la voix de
Josué dérange le cours des astres
malgré tes lois de la gravitation ou de
la transformation du mouvement en
chaleur, lui qui arrête le cours du
Jourdain devant l’arche de l’alliance,
de sorte que les eaux «s’arrêtent en un
monceau» malgré les lois de la
pesanteur, lui qui fait vivre Jonas dans
le ventre du cétacé, — s’abaisse aussi
aux moyens les plus humbles, les plus
ordinaires quand cela lui convient. Il
aurait pu pousser les écrivains sacrés
du Nouveau Testament à traduire de
l’hébreu les passages de l’Ancien qu’ils
citent; au lieu de cela, il les laissa
se servir, comme tous leurs
contemporains auxquels ils s’adressent,
de la version qui se trouvait entre les
mains de tous, si imparfaite qu’elle
soit sous bien des rapports. Tel a été
son bon plaisir. Était-ce peut-être afin
que le simple chrétien, qui cherche à
édifier ses frères, et à évangéliser le
monde au moyen de la version qu’il a
entre les mains, ne soit pas découragé à
la pensée que le livre n’est pas
l’expression parfaitement correcte de ce
que Dieu a dit en hébreu ou en grec? Je
n’en sais rien; mais c’est probable. Une
traduction parfaitement adéquate, qui
soit un décalque de l’original, est une
impossibilité. Cette impossibilité est
voulue de Dieu; elle est une conséquence
du péché, et durera aussi longtemps que
la confusion des langues, qui date de
Genèse 11. Une traduction inspirée
serait en réalité une nouvelle
révélation nécessairement distincte en
quelque point de l’ancienne, car le
génie d’une langue n’est pas celui d’une
autre; la manière d’envisager les choses
d’un peuple n’est pas celle d’un autre.
Dieu a choisi un seul peuple pour être
l’organe de sa révélation; lui et sa
langue avaient été prédestinés à ce but.
Les
citations de l’Ancien Testament dans le
Nouveau, qui sont au nombre d’environ
deux cent soixante-dix (un chiffre
rigoureusement exact ne saurait être
indiqué; car il n’y a parfois que des
allusions à un texte de l’Ancien
Testament), peuvent être classées à peu
près de la manière suivante:
1.
La citation n’est parfois qu’une
allusion à un passage de l’Ancien
Testament; par exemple: Matthieu 5:31,
comparé avec Deutéronome 24:1; ou
un simple résumé: 1 Corinthiens 1:31
comparé avec Jérémie 9:24; ou,
soit une reproduction libre, soit même
un développement de l’idée exprimée
parmi un passage de l’Ancien Testament:
2 Corinthiens 6:17, comparé avec
Jérémie 31:1.
Dans ces
cas, la citation s’éloigne naturellement
autant du texte hébreu que de la version
grecque. C’est le Saint Esprit résumant
ou développant des oracles antérieurs,
toujours en prenant ces oracles comme
point d’appui.
2.
Parfois le Nouveau Testament modifie un
passage de l’Ancien d’une façon
explicative, au point de vue spécial de
la vérité qui doit être prouvée. Ainsi
dans Actes 7:43, le Saint-Esprit,
parlant par la bouche d’Étienne, voulant
d’un seul mot indiquer, que la nouvelle
dispersion du peuple sera beaucoup plus
étendue que l’ancienne sous
Nabuchodonosor, au lieu de:
«je
vous ferai émigrer au-delà de Damas»,
comme porte le texte hébreu,
Amos 5:27, et la version grecque,
dit:
«au-delà
de Babylone.»
Pour Hébreux
10:5-7,
comparé avec Psaumes 40:7-9
(6-8),
voir l’explication: La sainte et
parfaite obéissance du Messie.
3.
D’autres fois, des prophéties de deux
prophètes différents sont réunies dans
le Nouveau Testament en une seule et
sont citées sous le nom du plus ancien
des prophètes; en effet, le
Saint-Esprit, par la bouche du second
prophète, n’a fait que confirmer ou
développer l’oracle rendu par le
premier; le vrai auteur étant toujours
le Saint-Esprit. Cette classe de
citations prouve bien que l’Écriture
veut être considérée comme un tout
parfaitement lié dans toutes ses
parties. Ainsi il est dit, Marc 1:2:
selon qu’il est écrit dans le
prophète Ésaïe (c’est la vraie
leçon; le texte reçu dit à tort:
«dans
les prophètes»).
Marc cite, après
ce préambule, la prophétie de
Malachie 3:1, mêlée à celle d’Ésaïe
40:3. Un cas analogue se trouve dans
Matthieu 27:9-10 comparé avec
Zacharie 11:12-13, et le chapitre 19
de Jérémie tout entier, surtout les
versets 11 et 12. Comme cet exemple a
souvent été cité comme preuve d’une
erreur manifeste de la part de l’apôtre
écrivant un livre inspiré, nous en
donnerons une explication développée
d’après Hofmann (dans Weiss. u. Erf. II
p. 124 et 127). Les lecteurs qui croient
à l’inspiration plénière nous en
remercieront; ceux qui prennent
facilement leur parti des prétendues
erreurs de l’Écriture, la trouveront
subtile. Nous leur dirons que l’Écriture
est souvent très subtile aussi, surtout
dans l’Épître aux Galates; ce sera un
nouvel exemple que parfois l’Écriture,
par un seul mot, révèle ce que nous ne
pouvons expliquer que par de longs
développements:
À
première vue l’on s’aperçoit aisément
que Matthieu 27:9,10 diffère
tellement de Zacharie 11:12-13,
qu’il ne se peut pas que l’évangéliste
n’ait eu en vue que ce passage-là. Dans
le chapitre 11 de Zacharie, le Berger de
Jéhovah, après avoir exercé ses
jugements sur les bergers des nations
qu’il avait établi (verset 11), voyant
que son propre troupeau, Israël, ne se
convertit pas, lui annonce qu’il ne veut
plus le paître et lui demande son
salaire (verset 12); on lui donne trente
pièces d’argent, le prix de rachat d’un
esclave. Jéhovah est indigné de ce
salaire dérisoire et dit au Berger de le
jeter au potier; c’est comme si
nous disions: jette-le à la rue, dans la
boue; s’exprimer, ainsi eût, sans doute,
été plus clair; mais Dieu dit: jette-le
au potier, d’abord pour rappeler la
prophétie antérieure de Jérémie 19,
où il est question d’un potier, et
ensuite, en vue de l’accomplissement
qu’elle a trouvé par suite de la
trahison de Judas. Pour jeter l’argent
au potier, le Berger le jette «dans
la maison de Jéhovah pour le potier»;
celle-ci est donc pour lui
l’équivalent d’un champ de potier. Le
Berger, dans Zacharie, accomplit ainsi
la prophétie de Jérémie 19. Le
prophète dans ce chapitre descend à
Thophet, champ d’où les potiers de
Jérusalem tiraient l’argile, dans la
vallée des fils de Hinnom, près la porte
des Potiers; il y brise une cruche qu’il
venait d’acheter, et en jette les
morceaux en proclamant que toutes les
maisons de Jérusalem seront comme Tophet
et qu’on y enterrera ses habitants.
Zacharie, par l’acte symbolique du
Berger, indique que la maison de Jéhovah
elle-même deviendra un Tophet; elle
l’est même déjà à ses yeux puisqu’il y
jette son salaire. Matthieu indique ce
rapport entre les deux
prophéties en ajoutant à la citation des
mots qui ne se trouvent pas dans
Zacharie:
«ils
les ont données pour le champ
DU potier
(celui de la prophétie; non d’un potier)
selon que le Seigneur m’a commandé»,
et en mentionnant, au verset 7, la
circonstance que ce champ DU potier fut
affecté par eux à la sépulture
des étrangers. Or Judas, étranger à
Jérusalem, a été, sans doute, le premier
enterré dans ce champ, car il s’étrangla
aussitôt après avoir jeté l’argent; Dieu
dirigea les choses de façon à ce que ce
fût à Thophet même qu’il accomplit le
suicide, car, Actes 1:18-19, il
est dit:
«qu’il
a
ACQUIS UNE TERRE du salaire de
l’injustice.»
Or Judas est
appelé le guide de ceux qui ont
saisi Jésus; et ces derniers dans un
sens général, se composent de tout le
peuple incrédule (voir: Actes 2:23;
3:14,15; 4:10) dont les chefs
spécialement sont appelés traîtres
et meurtriers (Actes 7:52).
Judas n’est donc que le représentant de
l’ensemble des autorités et des
habitants incrédules de Jérusalem; de
même qu’il a été enterré dans ce champ
et se l’est ainsi acquis, de même tous
les habitants seront enterrés de cette
façon, en dehors de leurs propres
sépultures, quand, par suite de
la trahison et du meurtre de
Jésus-Christ, tout Jérusalem sera devenu
comme Thophet, un champ couvert
de débris, comme Jérémie l’a indiqué en
y jetant les morceaux de la cruche qu’il
y avait brisée.
La
citation de Matthieu étant le résumé de
deux prophéties, c’est, comme dans le
premier exemple, au prophète antérieur,
à Jérémie, qu’elle est attribuée.
Matthieu inspiré du Saint-Esprit, savait
donc fort bien ce qu’il faisait en
parlant de Jérémie. S’il avait mentionné
Zacharie, personne ne se serait donné la
peine de rechercher si, avec l’oracle de
Zacharie, un autre oracle indiquant
toutes les conséquences du rejet de
Jésus pour Jérusalem ne s’était pas
accompli en même temps. On aurait
simplement été étonné de trouver dans la
citation de Matthieu des éléments que
Zacharie ne mentionne pas. Sans doute le
Saint-Esprit s’exprime d’une façon
énigmatique; il présente au lecteur des
oracles de Dieu un véritable
hiéroglyphe. C’est que Dieu, qui
s’enveloppe de lumière comme d’un
manteau (Psaumes 104:2), habite
dans son sanctuaire terrestre dans
l’obscurité (1 Rois 8:12), et
Jésus-Christ s’exprime en paraboles dans
le but indiqué Matthieu 13:10-15,
afin que tous ceux qui ne cherchent pas
avec la foi humble de l’enfant ne le
trouvent pas. Toute l’Écriture, surtout
l’ancien Testament, n’est qu’une série
d’hiéroglyphes.
4.
Quand la version des Septante est
conforme à l’hébreu, le Nouveau
Testament la cite exactement si les
passages sont très-courts, par exemple:
Romains 4:18, comparé avec
Genèse 15:5; dans d’autres cas, avec
quelques légères modifications dans la
forme Matthieu 1:23 comparé avec
Ésaïe 7:14; dans ce passage le
teste hébreu dit:
«elle
l’appellera»;
la version des Septante:
«tu
l’appelleras»;
le Nouveau Testament:
«on
l’appellera».
5.
Dans les cas où la version grecque, ne
correspond pas exactement au texte
hébreu, le Nouveau Testament suit
souvent la version grecque quand les
mots dont le sens est autre que l’hébreu
ne touchent pas au fond même de la
question: Romains 3:4 comparé
avec Psaumes 51:6 (4).
6.
Dans des cas de ce genre, il arrive
aussi que le Nouveau Testament s’empare
d’une expression qui ne se trouve pas
dans le texte hébreu, pour donner un
tour plus énergique à la citation, ou
comme thème explicatif. Mais si l’on
cherche bien, on trouvera que
l’expression empruntée à la version des
Septante se trouve dans un autre passage
du texte hébreu parent de celui qui est
cité. Il est même permis de se demander
si, dans plusieurs de ces cas, telle
expression de la version grecque qui ne
se trouve pas dans le texte hébreu ne
s’y est pas glissée par la faute des
copistes qui l’avaient trouvée dans le
Nouveau Testament. Dans Actes 13:41
comparé avec Habacuc 1:5, le mot
contempteur du passage du Nouveau
Testament ne se trouve pas dans
Habacuc 1:5, mais bien dans la
version grecque.
M.
Baumgarten (Apostelg. I p. 380) voit
dans
l’adoption du mot contempteur à
cette place, une réminiscence de
Habacuc 2:4, où il est question de
ceux qui s’enflent et qui par orgueil
méprisent la parole de Dieu. (Voir aussi
le commentaire de Calvin sur ce
passage.)
7.
Enfin, dans les cas où la version
grecque traduit mal le texte hébreu, le
Nouveau Testament la corrige d’après
l’original:
Matthieu
2:15
comparé avec Osée 11:1; les
Septante
traduisent là:
«j’ai
appelé ses fils de l’Égypte.»
Romains 10:15
comparé avec Ésaïe 52:7, où les
Septante n’ont pas bien saisi le sens du
passage hébreu, l’apôtre reproduit
exactement le texte hébreu en le
résumant à la fin. Romains 11:35
comparé avec Job 41:3 (2),
où les Septante disent tout autre
chose.
Romains
12:19
et Hébreux 10:30 comparé avec
Deutéronome 32:35, où la version
grecque
traduit également inexactement, tandis
que le Nouveau Testament est conforme à
l’hébreu.
Tout ce
que nous avons vu, mais surtout cette
dernière classe de citations, prouve que
les auteurs inspirés du Nouveau
Testament ne se laissent nullement
influencer par la version grecque en
aveugles: ils la citent, ou bien ils la
modifient, ou la laissent même
complètement de côté, selon les motifs
particuliers qui les guident, et qui ont
leur raison d’être soit dans
l’exactitude ou l’inexactitude de la
version des Septante, soit dans le sens
spécial qu’ils veulent donner à la
citation. Ici encore, comme le dit M.
Gaussen (Théopneustie p. 240),
l’objection bien examinée se transforme
en preuve de l’indépendance dans
laquelle le Saint-Esprit, a su demeurer
à l’égard des versions humaines,
lorsqu’il a voulu citer dans le Nouveau
Testament ce qu’il avait auparavant fait
écrire dans l’Ancien.
Béni soit Dieu qui, dans ce monde où il
n’y a qu’incertitude, nous a donné une
base inébranlable, sa Parole écrite,
pour que par son moyen nous apprenions à
toujours mieux connaître la Parole
vivante, Jésus-Christ, et à demeurer en
lui par le Saint-Esprit qu’il nous a
donné! Si des difficultés parfois
insolubles se dressent devant le
chrétien dans l’étude de l’Écriture,
qu’elles n’ébranlent pas sa foi au
témoignage que Jésus-Christ rend à la
Bible. Il y a aussi bien des difficultés
insolubles que le chrétien rencontre sur
le chemin de la vie; il croit néanmoins
«que
toutes choses travaillent ensemble en
bien pour ceux qui aiment Dieu, vu que
Dieu les a appelés selon son dessein
arrêté.»
(Romain 8:28)
Tu me
réponds, ô Dieu, mais encore des nuages
Me
voilent les splendeurs, céleste Vérité.
Que ne
puis-je bientôt sur de plus purs
rivages,
Par delà
tous les âges,
Contempler ta beauté!
(P.
Corneille)
Un coup d’œil sur
la révision d’Ostervald de la Société
biblique de France
Ce travail était
sous presse quand, grâce à l’offre
généreuse faite par la Société biblique
de France, à tous les pasteurs, d’un
exemplaire de la Révision d’Ostervald,
qui vient de paraître, il me fut
possible de jeter un coup d’œil sur
celle-ci. Les prophéties messianiques
s’y reconnaissent parfaitement, cela va
sans dire; il n’y a que Genèse 3:15; 2
Samuel 7:19 et le passage parallèle des
Chroniques et Aggée 2:7, qui pourraient
être plus exactement traduits. Le
passage Ésaïe 8:23, inintelligible dans
l’ancien Ostervald, présente un sens
parfaitement clair et bien rendu dans la
Révision. Dans Philippiens 3:21, le
corps vil a cédé la place au corps de
notre humiliation. Ce qu’il convient
surtout de relever, c’est que les
passages où le Seigneur Jésus est appelé
Dieu sont exactement traduits, sauf
Éphésiens 5:5 et 2 Thessaloniciens 1:42.
* Notons
que depuis le début de la Réforme,
commençant avec la Bible d'Olivétan, que
toutes les versions protestantes de la
Bible étaient calvinistes. Or J.F.
Ostervald était un Arminien qui
cherchait un rapprochement avec le
catholicisme et il était grandement
respecté par plusieurs d'eux. Sa
révision du texte de la Bible d'Olivétan,
à partir de la version de Théodore de
Bèze en 1588, quoiqu'elle demeure
calviniste en grande partie, reflète ses
tendances arminiennes en plusieurs
endroits et fut souvent utilisée par les
ennemis du calvinisme qui modifièrent
son texte de plus en plus dans les
révisions qui suivirent. Celle de
Charles Frossard est une des pires
altération du texte original de la Bible
Ostervald que nous retrouvons dans
l'édition 1996. Parmi les meilleures
éditions de l'Ostervald, celles de 1867
et de 1887, sont dignes de mention. La
Bible Martin, quoique d'un français
archaïque, est vastement supérieure dans
sa précision sur les originaux que celle
d'Ostervald, en plus que la Martin est
une Bible purement calviniste qui n'a
pas dévoyée.
Mais il est très
regrettable que, comme M. Segond, le
réviseur de Genèse 2:8, ait traduit le
premier mot du verset par puis; il
signifie et. Or, comme nous l’avons fait
observer ci-dessus (voir: 7 —
Inexactitudes dans les quatre premier
chapitres de la Genèse, Genèse 2, 8.),
ce mot puis oblige d’accepter
l’hypothèse d’un double récit
contradictoire de la création, tandis
qu’en laissant au mot ve son seul sens
et, on a simplement un exemple de plus
du style narratif de la Bible qui lui
est particulier; selon ses convenances,
l’auteur sacré observe ou n’observe pas
l’ordre chronologique, reprend de plus
haut un événement antérieur quand il
passe à l’exposition d’une des
conséquences de cet événement. C’est le
cas pour Juges 1:10-36, comparé avec
Josué 14:13-15; 15:13-19; 17:11-15;
16:10; et surtout Juges 2:6-9, comparé
avec Josué 24:29-31; tous ces événements
sont antérieurs à Juges 1:1-9; 1 Rois
7:13 et suivants rentre probablement
aussi dans cette catégorie de passages,
cela semble bien ressortir de la
comparaison avec 2 Chroniques 2:11-16,
où l’on voit que dès le commencement des
constructions Hiram-Abi fut envoyé par
le roi Hiram. Ne permettons pas que des
théories fausses se glissent peu à peu
dans la manière de voir des chrétiens
par le moyen de traductions inexactes.
Les nations, dans
le Nouveau Testament, sont tantôt des
nations, tantôt des Gentils.
— Si les
vieillards dans l’Apocalypse ont disparu
dans la Révision, les êtres vivants par
contre sont restés des animaux.
— Le Paracletos de
l’Évangile de Jean est traduit par
consolateur; tandis que dans l’épître le
traducteur dit Avocat. — Dans 1 Jean
3:4-10, l’importante différence établie
par le texte entre pratiquer le péché et
pécher, est effacée.
— Les noms des
couleurs du sanctuaire sont plus
exactement traduits dans Ostervald que
dans la Révision; nous en appelons à
l’autorité de De Wette, Stier, MM. Keil,
Reuss, etc.
— La biche de
Psaumes 42:1, est un cerf.
— Le Scheol
(séjour des morts) dans l’Ancien
Testament est traduit par sépulcre, ce
qui est décidément une erreur; de même
l’Hadès du Nouveau Testament, qui a le
même sens, est traduit quelquefois par
sépulcre, ce qui est encore une erreur,
d’autres fois par enfer, ce qui donne
lieu à une équivoque.
— Une version du
Nouveau Testament doit nécessairement
indiquer les principales variantes; le
respect même pour la parole inspirée de
Dieu l’exige; la Révision n’indique que
celle des trois témoins célestes dans 1
Jean 1:5, passage qu’elle met entre
crochets. Enfin il ne faut pas chercher
dans la Révision, pas plus que dans
Ostervald, l’uniformité de traduction;
le lecteur qui ne peut pas recourir aux
textes originaux se trouve ainsi dans
l’impossibilité de comparer Écriture
avec Écriture.
— La Révision nous
rendra l’immense service de préserver
les Églises protestantes évangéliques de
langue française de l’introduction de la
version M. Segond, introduction qui
serait un désastre, car les oracles de
Dieu y sont altérés dans certaines de
leurs parties essentielles. Mais la
Révision ne saurait remplacer la version
de Lausanne, dont on ne peut plus se
détacher, une fois qu’on en a
l’habitude; elle remplace presque le
texte original. C’est pour cela que,
tout en étant reconnaissant envers la
Société biblique de France de ce qu’elle
a publié une Bible qui préservera des
erreurs de la version de M. Segond les
personnes trop délicates encore pour
aimer la nourriture substantielle de la
version de Lausanne, on peut toutefois
regretter que cette Société ait fait
tant de frais pour une simple Révision
qui sera toujours insuffisante; elle
aurait mieux fait, selon nous, de
s’entendre avec les auteurs de la
version Lausanne pour une dernière
révision de cette œuvre unique.
Note sur 2 Timothée 4:10
On peut
regretter que M. Segond ait abandonné le
texte de Tischendorf dans le passage
2 Timothée 4:10 où, d’après le
Sinaïticus, M. Tischendorf dit:
Crescens est allé en Gaule. Eusèbe,
Jérôme, Épiphane, qui lisent Galatie,
déclarent cependant que ce terme
doit désigner non la Galatie de l’Asie
Mineure, mais la Gaule. Cette variante
dit Sinaïticus a sa place marquée dans
une version française de la Bible.
FIN
A Christ seul soit la Gloire
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