LA PRÉCONNAISSANCE DE
DIEU
par Jean leDuc
Car ceux qu'il a préconnus, il les
a aussi prédestinés à être conformes à l'image de son
Fils, afin qu'il soit le premier-né entre plusieurs
frères.
(Rom. 8:28, Bible Martin)
INTRODUCTION
LE PRINCIPE DE PRÉCONNAÎTRE
LA VIOLATION DU SENS DE
PRÉCONNAÎTRE
L'ÉLÉMENT VITAL DE LA
PRÉCONNAISSANCE
LA PRÉCONNAISSANCE IMPLIQUE LA
PRÉEXISTENCE
L'EXISTENCE ÉTERNELLE DES ÉLUS
L'EXISTENCE TEMPORELLE DES ÉLUS
LES DÉFORMATEURS DE L'ÉLECTION
INTRODUCTION
L'homme simple sait que le Seigneur
Jésus a dit: «Je te loue, ô Père, Seigneur du
ciel et de la terre, parce que tu as caché ces choses
aux sages et aux intelligents, et que tu les as révélées
aux petits enfants. Oui, Père, car c'est ce que tu as
trouvé bon devant toi. » (Matthieu 11; 25, 26.) La
Bible de l'Épée traduit ce même passage: «Je
te loue, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce
que tu as caché ces choses aux obstinés et aux rusés, et
que tu les as révélées à ceux qui sont discrets.»
L'enseignement que nous obtenons du Seigneur ici
est que les sages et les intelligents
de ce monde sont ceux qui le plus souvent méprisent les
simples ou petits enfants car la discrétion est
leur part; en fait ce sont ces derniers, les moins
considérés, les très petits d'ici-bas et non les grands
et les savants à qui le Seigneur donne d'avoir la vraie
sagesse spirituelle. Les scribes, les pharisiens et les
docteurs de la loi du temps de Jésus, tout comme les
pasteurs, les théologiens et les exégètes de notre
temps, étaient presque invariablement dans les ténèbres
tandis que la lumière et la vraie connaissance étaient
la part des humbles. Il en est encore de même
aujourd'hui et quoique nous devons reconnaissance à
certains théologiens qui élaborent certaines vérités
bibliques, il en advient qu'ils se fourvoient dans le
reste. Que les simples sont considérés plutôt que les
savants est fortement attesté dans la Parole de Dieu
par l'apôtre Paul: «Car
il est écrit: Je détruirai la sagesse des sages et
j'anéantirai l'intelligence des intelligents...
Considérez, frères, que parmi vous, qui avez été
appelés, il n'y a pas beaucoup de sages selon la
chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles.
Mais Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages, et
Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre
les fortes.
Et Dieu a choisi les choses viles du monde et les plus méprisées, même
celles qui ne sont point, pour anéantir celles qui sont,
Afin que nulle chair ne se glorifie devant lui.»
(1 Cor. 1:19,26-29).
Le sujet que nous abordons ici est
de cette catégorie de discrétion qui ne veut pas
s'imposer, car il fait parti de la profondeur des
mystères de Dieu devant lequel nous devons nous
humilier, et si le Seigneur daigne il nous en accordera
quelques lumières dans sa grâce. Avec le sujet de la
préconnaissance de Dieu, il est évident que nous
touchons ici à la prédestination et à ses deux
principes: l'élection et la réprobation. Or ces
choses dépassent la raison humaine. Elles sont le fait
d'une volonté de Dieu qui ne peut rationnellement
s'expliquer. Pendant cinq siècles, la question de
l'élection divine constituait un cri de guerre. Durant
la Renaissance se fit jour une tendance humaniste
intellectuelle destinée à réprimer l'âge des ténèbres et
qui consistait à considérer toutes les questions
relatives à la vie sous une perspective humaine. Cette
tendance s'étendit au domaine théologique et des
questions furent posées selon cette perspective; par
exemple: «Si ceux qui ne sont pas élus par Dieu ne sont
pas sauvés, comment peut-on considérer l'offre de salut
selon l'élection Divine comme véritablement sincère et
honnête? Qu'en est-il de la justice que nous associons à
Dieu? Comment osons-nous interférer avec le «libre
arbitre» de l'homme?» La question de l'élection divine
doit être abordée sous une perspective appropriée,
c'est-à-dire selon le point de vue divin. Une fois
l'identité de Dieu clairement perçue, selon sa nature et
ses oeuvres, il ne nous sera pas difficile de comprendre
que son plan d'élection au salut est totalement juste et
équitable. Les étudiants de la Bible qui souhaitent
sincèrement considérer ce problème dans son intégralité
et selon la perspective adéquate feront deux découvertes
passionnantes: 1) cette énigme peut être résolue; et 2)
cette solution favorisera une nouvelle reconnaissance de
cet incompréhensible amour divin et de son magnifique
plan d'élection au salut. Toutes les opinions humanistes
doivent être abandonnées, qu'elles soient issues de
classes laïques contemporaines ou d'une chaire assombrie
par un humanisme théologique. La véritable illumination
et la joie sont accessibles en considérant cette
question, et toutes les autres, selon la bonne
perspective - la perspective divine- c'est-à-dire la
perspective biblique.
Ö profondeur de la
richesse, de la sagesse et de la science de
Dieu!
Que ses jugements sont insondables et ses
voies impénétrables!
Qui en effet a connu la pensée du Seigneur?
Ou bien qui a été son conseiller?
Ou encore qui lui a donné le premier, pour
devoir être payé en retour?
Car tout est de lui, et par lui, et pour
lui. A lui la gloire éternellement! Amen.
(Rom 11:33-36). |
LE PRINCIPE DE
PRÉCONNAÎTRE
Beaucoup de gens associent
faussement le terme préconnaissance à un genre de
prémonition ou de précognition, c'est à dire «la
perception ou vision d'un événement à venir».
Même que la grande majorité de ceux qui se disent
chrétiens lui donne le sens de prévoir d'avance un
évènement futur. Il serait donc plus précis dans un tel
contexte d'utiliser le terme de prévoyance que celui de
préconnaissance si nous voulons nous en tenir à la
fidélité des expressions. Dans le contexte de la
prédestination certains experts en théologie cherchent à
nous dire «qu'il
s'agit pour Dieu de connaître d'avance, c'est-à-dire de
prévoir, non de décider à l'avance.»
En d'autres mots la prédestination
ne serait pas arbitraire et ne dépendrait aucunement de
la souveraineté de Dieu, mais du libre choix de l'homme.
Cela est la position la plus répandue de nos jours au
sein du christianisme, tellement que presque tous sont
unanimes sur ce point. Nous voyons même un pasteur
Réformé moderne, J.P. Morley, déclarer: «il s'agit
non pas d'une décision de la part de Dieu, mais d'un
constat: certains diront oui, d'autres non... cela
dépend de l'équation de chacun.» Mais si Dieu n'a
rien décidé d'avance, comme le prétendent certains
pasteurs et théologiens, cela nous amène à un autre
extrême et voudrait dire que Dieu sait tout ce qui est
connaissable, mais que l'avenir n'étant pas décidé,
n'existant évidemment pas encore, Dieu ne peut
évidemment pas le connaître. Dans un tel cas Dieu ne
serait pas Tout-Puissant ni Omniscient, Dieu ne serait
pas Dieu mais seulement un figement de l'imagination
humaine. Il est triste de reconnaître que tout le
christianisme moderne, traditionnel, évangélique et
dissident, sombre dans une telle apostasie qui attribue
la prédestination non à la souveraineté de Dieu, mais
aux caprices du libre choix de l'homme qui se veut
maître de son destin tout en déclarant sa foi en Dieu.
Une telle foi n'est évidemment pas l'assurance biblique
qui dépend en un Dieu Souverain et Tout-Puissant, mais
une confiance aveugle dans la capacité de raisonner les
Écritures pour leur donner un sens qui élève la dignité
humaine dans toute sa fierté d'existence. Le libre
choix est ainsi selon eux une contribution de l'homme à
son salut dans lequel il coopère avec Dieu. Dieu
n'étant donc pas assez puissant pour administrer la
grâce de son salut aux pécheurs, il aurait besoin de la
participation de l'homme pour accomplir son oeuvre. Qui
ne peut y voir que ce genre de foi blasphématrice est
une faculté intellectuelle et que cela est un salut par
les oeuvres et non par la grâce seule. Le fait même de
dire que «Dieu nous a délivré afin de nous donner le
libre choix de croire» revient à la même chose, cela
demeure une perversion de la vérité par laquelle
l'homme cherche à renverser la Souveraineté de Dieu.
Nous pouvons donc comprendre pourquoi presque tous ceux
qui se disent chrétiens, à l'exception des élus qui ne
peuvent être séduit sur ce sujet primordial à leur salut
(Matt. 24:24), donnent au sens de «préconnaître» dans le
contexte de la prédestination que Dieu connaît d'avance
toutes choses, et que dans sa vision du futur il savait
qui était pour croire en Christ ou non et les choisis
sur cette base, car une telle position remet à l'homme
la responsabilité de son salut en décidant par lui-même
de croire, ce qui contredit carrément la Parole de Dieu
dans Jean 1:,13; Ac. 13:48; Rom. 9:15,16,18; Phil. 1:29.
LA VIOLATION DU
SENS DE PRÉCONNAÎTRE
Que Dieu connaît toutes choses est
une des grandes vérités des Écritures, mais celles-ci ne
se contredisent jamais, elles affirment clairement aussi
que la prédestination ne provient pas du fait de sa
préconnaissance des choses futurs (Rom. 8:28 ne
mentionne aucunement cela ni ne le laisse-t-il sous
entendre) mais uniquement «du bon plaisir de la volonté
de Dieu» (Éph. 1:5). Évidemment qu'il convient
grandement aux apostasiés de ne jamais mentionner ce
fait. Or puisque la prédestination est selon le bon
plaisir de la volonté souveraine de Dieu et que cela a
été déterminé, résolu ou «arrêté en soi-même» (Éph.
1:9,11), cela défait leurs prétentions mensongères et
annule automatiquement toute contribution de l'homme à
son salut par son libre choix, son obéissance aux
principes bibliques ou son comportement. Ceux qui
déclarent autrement annoncent un faux évangile et
c'est exactement ce que nous voyons particulièrement
dans les sectes dites Évangéliques: Baptiste,
Pentecôtiste, Darbyste, Adventiste et autres, oui et
même parmi les églises Réformées ou Calvinistes qui ont
prostituées leur foi à de tels principes. Pour combattre
le feu avec le feu, comme dit un dicton, prenons les
paroles du théologien Luthérien, J.T. Mueller dans son
livre «La Doctrine Chrétienne» (pages 662-666): «La foi
a été placée avant l'élection par les dogmaticiens...
qui enseignaient que ceux qui seront finalement sauvés
ont été élus par Dieu en prévision de leur foi qu'il
avait connue d'avance... Les théologiens du 17e
siècle se sont écartés de cette doctrine scripturaire de
l'Écriture... en enseignant que Dieu n'a élu ceux qui
seraient réellement sauvés qu'à cause de la prescience
qu'il avait de leur foi finale. Ces théologiens
cherchaient à justifier leur opinion en prenant le verbe
«proginosko» (voir la Concordance Strong Française:(
Grec: 4267 ) Rom. 8:29, dans le sens: connaître
d'avance ou prévoir d'avance; ils interprétaient les
paroles de Paul dans Rom. 8:29 de la façon suivante:
«Ceux dont il a connu d'avance ou prévu la foi finale,
il les a aussi prédestinés». Cette explication a été
adoptée par plusieurs exégètes modernes... soit pour des
motifs d'ordre synergiste, soit à cause de sa prétendue
plus grande clarté. Mais cette substitution des mots
aux mots réels est une violation du texte puisqu'elle
force le sens de l'affirmation de l'apôtre pour lui
faire dire quelque chose qu'elle ne dit nullement.
Paul ne dit pas: «Ceux dont il a connu d'avance la foi
finale», mais: «ceux qu'il a connu d'avance», l'objet du
verbe «préconnaître» n'étant pas la foi, mais un certain
nombre de personnes dont l'apôtre dit qu'elles ont été
«appelés par Dieu selon son dessein» (propos arrêté -
v.27 Bible Martin). C'est en ce sens que le même
verbe est employé dans Gal. 4:9: «à présent que vous
avez connu Dieu ou plutôt que vous avez été connus de
Dieu»; et dans Rom. 11:2: «Dieu n'a point rejeté son
peuple qu'il a connu d'avance»... Même si nous
prenions le verbe comme un synonyme, la phrase ne serait
pas tautologique; elle ne ferait que marquer une
progression dans la pensée qu'elle exprime et
signifierait: «Ceux que Dieu a choisis d'avance, il les
a aussi réellement prédestinés à être conformes à
l'image de son Fils»... L'Écriture enseigne formellement
que rien n'a conduit Dieu et n'a motivé le choix de ses
élus pour le salut si ce n'est sa grâce infinie en
Jésus-Christ (fin de citation)».
L'ÉLÉMENT VITAL DE
LA PRÉCONNAISSANCE
Ce qui a été dit plus haut par le
théologien J.T. Mueller confirme amplement ce qui a est
mentionné dans notre Introduction, à savoir que «Durant
la Renaissance se fit jour une tendance humaniste
intellectuelle destinée à réprimer l'âge des ténèbres et
qui consistait à considérer toutes les questions
relatives à la vie sous une perspective humaine. Cette
tendance s'étendit au domaine théologique et des
questions furent posées selon cette perspective.» Mais
n'arrêtons-nous pas là, le grand théologien Réformé,
Louis Berkhof, nous dit dans son livre «Systematic
Theology» que «... la doctrine de la
Prédestination... est soit rejetée ou modifiée à un tel
point (par les Arminiens) qu'elle n'est plus
reconnaissable. Ainsi elle est représentée comme
s'appliquant uniquement à leur enseignement que tous les
hommes doivent être conforme à l'image de Jésus-Christ;
ou comme une Prédestination qui s'applique uniquement à
certains offices ou privilèges. D'autres disent que la
prédestination est basée sur la préconnaissance de Dieu;
c'est à dire, que Dieu savait d'avance que certains
étaient pour croire en Christ et choisi ceux-ci sur
cette base là...» Berkhof ajoute que «le mot "préconnus"
ou "Proginosko" ne signifie point une préconnaissance
intellectuelle ou une connaissance des événements avant
qu'ils arrivent; mais une connaissance sélective qui
favorise une personne et fait de celle-ci l'objet de son
amour (Ac.4:28; Rom.8:28,29; 1 Pi.1:2)». L'élément vital
qui ressort dans tout cela est que dans Rom. 8:28, la
préconnaissance des élus qui ont été prédestinés se
rapporte nullement à un temps futur mais à un temps
passé, à un moment antérieur précis que Dieu a
déterminé et dans lequel il les a choisis en Christ
avant même la fondation du monde. Ce choix antérieur
nous indique que Dieu a établit une Alliance éternelle
avec ses élus. Cela signifie que le l’Alliance n'est pas
que d’une nature seulement contractuelle comme un
quelconque document juridique, mais est en fait un lien
spirituel qui existe entre la manifestation divine de
Christ qui a été prédéterminée et l'âme des élus qui
existe en Lui, pour Lui et par Lui éternellement; lien
qui remonte en d'autres mots à leur préexistence avant
qu'ils naissent en ce monde. Les capacités spirituelles
avec lesquelles l'âme des élus devient consciente en ce
monde constituent un résultat direct de sa préexistence
dans l’Alliance avec Christ qui est l’arbre de la vie
dans l’enclos de sa grâce.
LA PRÉCONNAISSANCE
IMPLIQUE LA PRÉEXISTENCE
Le sujet de la préexistence des
élus est très peu connu, grâce à la fausse notion qui
s'est propagée par les apostasiés sur le principe de la
préconnaissance. Les Écritures nous révèlent clairement
notre présence en Dieu avant la fondation du monde.
La prédestination des élus implique par nécessité leur
préexistence, et conséquemment la non-existence des
réprouvés. Ce sujet mystérieux peut en embêter plusieurs
qui n'hésiteront point de le qualifier comme une
hérésie, tout simplement à cause qu'ils refusent la
vérité sur l'élection au salut qui s'oppose à leur libre
arbitre illusoire. Ils ne peuvent concevoir une
existence autre que celle que nous avons en ce monde car
ils sont charnelles et ennemis de la vérité, ils
préfèrent rendre gloire à la dignité humaine plutôt que
de se soumettre à la Souveraineté de Dieu qu'ils
cherchent à lui dérober. Néanmoins, malgré que le sujet
est mystérieux et qu'il soulève de l'opposition, il est
clairement enseigné dans les Écritures. Nous avons vu
dans Rom. 8:28 (Bible Martin) que le terme «préconnus»
est «Proginosko» en Grec. Or l'apôtre Paul utilise
exactement le même terme dans Rom. 11:2 où il est
dit: «Dieu n'a point rejeté son peuple, lequel il a
auparavant connu.» Il est clair dans le contexte de ce
passage (v.1-5) qu'il s'agit ici d'une préconnaissance
antérieure de certains élus d'entre le peuple d'Israël.
En d'autres mots, ces élus préexistaient ou
existaient avant même que Paul en écrive la révélation,
le fait qu'il mentionne «Ainsi donc il y a aussi à
présent un résidu, selon l'élection de la grâce»
(v.5), en est l'évidence car il n'a pas écrit: «... il y
a aussi un résidu à venir», nous indiquant
clairement que la préconnaissance implique par
nécessité la préexistence. Ce même principe
s'applique dans le contexte de la prédestination que
nous voyons dans Rom. 8:28. Que Dieu a préconnus ceux
qu'il a prédestiné indique que ceux-ci existaient déjà
dans l'éternité, car la prédestination est «d'avant
la fondation du monde» (Éph. 1:4). L'apôtre Pierre nous
dit clairement dans la Parole de Dieu que Christ a été
prédestiné comme l'Agneau de Dieu avant la fondation du
monde (1 Pi. 1:19,20), et Paul ajoute à cette glorieuse
révélation le fait que nous avons été prédestiné en
Christ (Éph. 1:4-11). Puisque nous étions en
Christ avant la fondation du monde, nous faisions parti
de son Corps et notre salut était ainsi assuré (2
Tim. 1:9). Le fait que nous étions en Christ avant la
fondation du monde nous indique que nous faisons aussi
parti éternellement du Royaume de Dieu (Matt. 25:34).
Mais qu'elle fut le genre d'existence que nous avions
dans l'éternité avant de naître en ce monde?
L'EXISTENCE
ÉTERNELLE DES ÉLUS
La question vient ainsi à l'esprit:
«Les hommes existaient-ils déjà dans la pensée de Dieu
comme un concept non encore réalisé lorsqu’ils furent
élus ou réprouvés? L’existence des élus avant le décret
de Création fut-elle une existence idéologique dans la
pensée de Dieu qui ne fut point encore réalisée?» Ces
questions sont légitimes et demandent une réponse.
Puisque la préconnaissance implique la préexistence
comme nous voyons dans Rom. 11:2 qui nous en donne le
principe, nous devons y voir une existence réelle,
substantielle, spirituelle et éternelle des élus avant
la fondation du monde. Dans ce domaine il faut
admettre que notre compréhension est limitée et nous
devons réaliser que nous pouvons saisir que des
partielles de la vérité de ce grand mystère. La
profondeur du sujet échappe à notre imagination, au
point que nous devons nous incliner devant l’infinie
sagesse et connaissance de notre Dieu qui nous accorde,
dans sa grâce merveilleuse, de connaître la grandeur de
sa majesté dans le peu de lumière qu’il nous révèle de
sa gloire dans nos vases mortelles. Il ne faut voir
aucunement en la pensée de Dieu une existence des élus
qui serait qu’un simple système d’idées constituant un
concept philosophique. La pensée de Dieu n’est pas
une combinaison de perspectives vagues et nébuleuses
dont les composantes ne sont que des probabilités.
Le décret de la Création fut sûrement dans la pensée de
Dieu un acte absolu de l’Esprit qui se portait sur
l’objet de son ensemble, incluant ses créatures
rationnelles réprouvées qui ne furent point encore
créées. Mais la préexistence des élus, étant
éternelle, précède le décret de la Création. La
Double Prédestination est ainsi affermit davantage.
Les élus ont une existence éternelle et les réprouvés
ont été créés pour la perdition dans un châtiment sans
fin. Ainsi les réprouvés existent seulement dans le
but d’éprouver les élus pour raffiner leur foi et pour
glorifier Christ dans sa justice. Nous sommes les vases
d'honneur, conservés dans la maison de l'Éternel à
jamais, et les réprouvés sont les vases de déshonneur
qui sont jetés après usage et perdus. Ils n'ont été
créés que pour un usage vulgaire et temporel; tandis que
les élus sont éternel et incorruptible (Rom. 9: 22, 23;
Prov. 16: 4). Nous préexistions, et eux ne
préexistaient point; nous ne sommes pas de ce monde et
eux sont de ce monde (Jean 17: 16). Étant créés
spécifiquement pour accomplir la justice du décret de
réprobation, ils n'ont aucune part à la vie éternelle de
laquelle ils sont éternellement rejetés. Leur
existence, si nous pouvons utiliser ce terme pour
expliquer un tel état d'être, sera une de condamnation
et de souffrances sans fin. Alors que le monde est
détruit dans le jugement de Dieu avec toute la création,
le temps et l'histoire, au dernier jour les élus sont
sauvés dans l'éternité et les réprouvés sont perdus
éternellement: "Ne soyez point étonné de cela: car
l'heure viendra en laquelle tous ceux qui sont dans les
sépulcres, entendrons sa voie; et ils sortiront; savoir,
ceux qui auront bien fait, en résurrection de vie; et
ceux qui auront mal fait, en résurrection de
condamnation (Jean 5: 28, 29). Et ceux-ci s'en iront
aux peines éternelles; mais les justes iront jouir de la
vie éternelle" (Matt. 25: 46; Bible Martin).
L'EXISTENCE
TEMPORELLE DES ÉLUS
Comment donc expliquer la
préexistence éternelle des élus à leur existence
temporelle dans le Corps de Christ en ce monde? Nous
pouvons répondre à ce dilemme en enseignant que le
décret de Création contient deux aspects qui
diffèrent l’un de l’autre dans l’essence et le but pour
lesquels ils furent préordonnés: a) la création
expansionnelle des élus; b) la création
séquestrationnelle des réprouvés. Dans la création
expansionnelle, les élus sont créés directement dans des
corps de chair par la puissance de l’Esprit de Dieu, et
les réprouvés sont créés indirectement par séquestration
charnelle dans l’agencement génétique séquentielle.
Logiquement, lorsque la Tête du Corps des élus détermina
de s’incarner en ce monde à un moment précis de
l’histoire pour accomplir le décret de Rédemption, il
ensuit que le Corps aussi s’incarna, car le Corps ne
peut faire autrement que de suivre la Tête. De
l’éternité les élus furent incarnés individuellement
dans le temps en différentes périodes de l’histoire,
chacun ayant sa fonction ou sa mission prédéterminée
pour réaliser le décret d’Élection. Un tel concept
est concevable par le fait que le temps n’existe point
dans l’éternité. Contrairement à l’incarnation de la
Tête qui fut une incarnation miraculeuse libre du péché,
les membres du Corps des élus furent unis à des corps
charnels défaillants soumis à la corruption. Les élus
furent appelés d’une manière irrésistible à l’existence
en ce monde par un acte de conception de Dieu dans
l’union de l’homme et de la femme. Ils obtinrent la
vie non au-dessus ni en dehors du complexe du péché,
mais participent activement d’une manière efficace et
certaine à son fardeau qui afflige toute la race humaine.
Quoique le corps individuel d’un élu soit engendré de
son père et donné une forme dans le sein de sa mère, son
esprit est incarné directement de Dieu pour préserver
son dessein d’Élection. Ceci même s’il advenait que les
parents seraient des réprouvés, car la certitude du
Décret Divin ne dépend aucunement de ce que l’homme fait
ou ne fait pas, il est complètement indépendant des
agissements de la nature humaine. Cela indique que la
création expansionnelle des élus signifie qu’ils furent
préordonnés à se multiplier à l’infini dans la majesté
de la gloire de Dieu. L’Écriture indique ceci dans les
passages qui démontrent que les enfants de la promesse
seront comme les étoiles dans les cieux et comme les
grains de sable sur le bord de la mer. Le salut d’un élu
étant assuré par le sacrifice parfait de Christ et par
sa résurrection corporelle d’entre les morts, nous
comprenons mieux ainsi que lors de la mort physique
d’un élu, il sort hors du temps et retourne dans
l’éternité où le temps n’existe point. Étant en
Christ qui est l’Alpha et l’Oméga, le commencement et la
fin, l’élu qui est retourné dans l’éternité se
retrouve instantanément au commencement et à la fin de
toutes choses. Il est éternel du fait qu’il est en
Christ et que Christ est l’Éternel, le Jéhovah de
gloire. Ainsi le cercle du Décret Divin est accomplit.
LES DÉFORMATEURS
DE L'ÉLECTION
Certains exégètes introduisent dans
le passage de Rom. 8:28 comme prétendu objet de la
préconnaissance divine, non pas la foi comme le font la
grande majorité des apostasiés, mais les bonnes oeuvres
ou l'amour, ou encore la bonne disposition ou la
disponibilité, les fruits de l'Esprit et les ministères,
c'est à dire quelque qualité bonne propre aux élus qui
expliquerait pourquoi quelques-uns sont choisis et non
les autres. Les déformateurs de l'élection sont
légions et leur poison a infectée presque toute la masse
du christianisme sur la terre. La doctrine de la
prédestination apparaît à beaucoup de gens obscure et
dangereuse. Ils y voient une prétention téméraire à
pénétrer dans le mystère caché de la volonté de Dieu. En
réalité, il s'agit d'une dimension essentielle de
l'Évangile, donc d'une bonne nouvelle ou plutôt d'une
proclamation de la puissance de la grâce, qui doit
encourager, réconforter et stimuler. Le but de cette
doctrine n'est pas de pénétrer témérairement dans le
mystère de la volonté divine, mais de rappeler que tout
concourt au bien de ceux qui aiment Dieu, qui sont
appelés selon son dessein (Rom. 8:28), si bien que rien
ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu en
Jésus-Christ, notre Seigneur (cf. Rom. 8:39). Ce message
constitue un ultime recours aux élus dans les adversités
du monde. Il dit que Dieu est de toute éternité le
Seigneur Jésus-Christ, seule et unique Personne en Dieu,
Père Éternel et Roi de gloire qui s'est manifesté dans
la chair comme seul Fils engendré qui a été donné le nom
d'Emmanuel, Dieu avec nous et pour nous. Cette glorieuse
proclamation concerne uniquement les élus et non tous
les hommes sans exception. La volonté divine de salut
n'est point universelle. «Dieu désire que tous genres
d'hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance
de la vérité» (l Tim 2:4; Bible de l'Épée 2007), et cela
n'implique pas tous les hommes mais uniquement un
groupe particulier d'entre tous genres d'hommes. Les
déformateurs de l'élection ne se gênent pas pour accuser
Dieu d'exclusivisme en ce qu'il privilégierait certaines
personnes par rapport à d'autres, il accorderait ses
faveurs et ses grâces seulement à quelques-uns et pas à
tous. Ils le déclarent comme un Dieu despote, injuste
et scandaleux, et enseignent que ce genre d'élection
qui dépend entièrement du bon plaisir de sa volonté
souveraine, est «une surestimation de soi qui n'est
autre qu'un orgueil démesuré qui excite la jalousie des
autres et provoque des tensions et des guerres
fratricides». D'un coeur tortueux, ils déforment
l'élection et la présente dans un nouveau format subtil
et subversif qui plaît à tous dans le but d'en séduire
le plus grand nombre face à la vérité. Nous vous
présentons ici la position officielle du Vatican et
celle-ci s'accorde avec la grande majorité du
christianisme dit Évangélique, et quoiqu'elle peut
variée dépendant de l'église ou de la dénomination,
l'essence de son contenu demeure toujours pareille. En
voici les grandes lignes:
«L'élection et la vocation de
l'homme, de tout être humain, signifie également que
Dieu accepte et prend au sérieux l'homme tel qu'il est.
Aussi attend-il de sa part une réponse et un
consentement libres à son appel. Dans son amour pour
nous. Dieu va jusqu'à faire dépendre de notre liberté
la réalisation de sa volonté de salut. Cela signifie
que nous pouvons aussi manquer le salut par notre faute.
La prédestination au sens strict s'entend uniquement de
ceux qui, avec la grâce de Dieu, obtiennent
effectivement le salut éternel. Malheureusement, cette
bonne nouvelle a souvent été mêlée dans le passé à un
message terrifiant, générateur d'angoisse. On s'est
appuyé sur saint Augustin, le grand docteur de la grâce,
pour déduire de certains passages de l'Écriture sur
l'endurcissement de quelques-uns (cf. Ex 7,3; 9,12; ls
6,10; Me 4,12; Rm 9,18), et surtout des déclarations de
l'apôtre Paul en Rm 9-11, une doctrine de la double
prédestination: les uns seraient de toute éternité
promis au salut, les autres non. Certains prétendaient
même savoir qu'un tout petit nombre d'hommes seulement
était prédestiné au salut, tandis que l'immense majorité
constituait la masse des damnés. L'Église a rejeté
cette conception outrancière de la prédestination
(par exemple chez le moine Gottschalk au IX° siècle, ou
chez Calvin au XVI siècle), d'après laquelle Dieu aurait
volontairement prédestiné certains hommes à la
damnation. Elle a affirmé au contraire: Le Dieu
tout-puissant veut que tous les hommes sans exception
soient sauvés, bien que tous ne le soient pas
effectivement. Que certains se sauvent, c'est le don
de celui qui sauve; que certains se perdent, c'est
le salaire de ceux qui se perdent (DS 623; cf. 1567; FC
547/3). Jésus-Christ n'est pas mort pour les élus
seulement, ni pour les croyants seulement, mais pour
tous les hommes (cf. DS 2005; 2304; FC 599; 639). C'est
pourquoi on dit que tous possèdent la grâce suffisante,
mais qu'elle ne devient pas chez tous une grâce
efficace.»
Quel mépris de Dieu et de la
vérité, quel blasphème audacieux de la part des
réprouvés. En réalité, ils renient la doctrine de
l'élection du salut par la grâce puisqu'ils détruisent
totalement son contenu scripturaire en la faisant
dépendre de la conduite de l'homme ou de quelques
facultés en lui. Ainsi nous ne sommes pas surpris de
voir qu'ils rejettent la Réprobation à la perdition, car
elle les exposent pour ce qu'ils sont et montre
qu'ils ont été créé pour un tel but (Prov. 16:4; Rom.
9:21,22). Ce mystère ne doit point nous scandaliser. En
effet, tous les hommes ont mérité d'être réprouvés;
comment donc accuser Dieu de ce qu'il sauve une partie
d'entre eux? D'où vient en nous l'idée de justice que
froisse la réprobation? N'est-ce pas de Dieu, la justice
absolue? Comment la justice absolue pourrait-elle être
injuste? Dieu n'a pas révélé aux hommes tous ses
secrets. Comment donc nous étonner de ne pas tout
comprendre? La doctrine de l'élection au salut est reçue
dans sa vérité et sa pureté uniquement par ceux qui
rejettent in toto toute forme de Pélagianisme,
d'Arminianisme et de rationalisme. Seuls les vrais
élus répondent à l'appel efficace de la grâce pour leur
salut. Tant qu'aux réprouvés, ceux-ci sont privés
d'y répondre et forment une contrefaçon de l'élection
pour la déformer à leur perdition.
«Or au Roi des siècles, immortel,
invisible, à Dieu seul sage soit honneur et gloire aux
siècles des siècles, Amen !»
(1 Tim. 1:17)
A CHRIST SEUL SOIT LA GLOIRE |