Patrimoine Spirituel
des Québécois
par Jean leDuc
Historique de Pénétration
de
la Bible de l’Épée
au
Québec
Je me souviens
Introduction
1- Des Réformés Français émigrent
en Nouvelle France:
2- L’influence des Huguenots au
début de la Colonie:
3- La Persécution et les
tentatives d’exclusion des Huguenots:
Introduction
En 1492, Christophe Colomb posa les
pieds pour la première fois sur le sol du Nouveau Monde;
amenant avec lui tout le savoir de la civilisation
Européenne, autant de ses prestiges que de ses
dépravations. Aussitôt après son arrivée, plusieurs
commencèrent à explorer les vastes territoires de
l’Amérique du Nord, aussi bien que ceux de l’Amérique du
Sud.
Cette période de l’histoire est
marquée par la prise de Constantinople et la Renaissance
littéraire (1453); mais surtout par l’invention de
l’imprimerie par Gutenberg en 1450, ce qui a permis la
diffusion sur une grande échelle et à bas prix de la
Parole de Dieu et des ouvrages des Réformateurs. Jean
Reuchlin (1455-1522) ouvrit la voie à la connaissance de
l’Hébreu. Érasme de Rotterdam publia le premier Nouveau
Testament Grec authentique et intégral de la Parole de
Dieu (1516). Martin Luther, qui fit resurgir la
Justification par la Foi, débuta la Réforme (1517) en
Allemagne qui pénétra en France et en Suisse. Le Synode
des Églises Vaudoises engagea Pierre Robert Olivétan à
publier la première Bible française sur les Originaux
Hébreu et Grec (1535). Le grand Réformateur français,
Jean Calvin, qui fit resurgir la doctrine biblique de la
double-prédestination, s’installa à Genève pour
organiser les Églises Réformées et établir un
gouvernement Théocratique (1536-1564). L’Église
Catholique débuta la Contre-Réforme avec la fondation du
mouvement des Jésuites (1540) pour s’opposer à la
Justification par la foi et au Salut par la grâce sans
les œuvres, enseigné par les Réformés. Cet époque est
notoire aussi pour l’inquisition papale et le massacre
des Cathares Albigeois et Vaudois (1488, 1560, 1655,
1685), la persécution des Réformés par François 1"
(1515-1547), roi de France; le début de l’immigration
des Huguenots (Calvinistes) vers le Nouveau Monde
(1540); et le massacre des Protestants Réformés en
France (1572) dans le but d’assurer le triomphe du
Catholicisme.
1- Des Réformés
Français émigrent en Nouvelle France:
La découverte et l’exploration du
Nouveau Monde ont permis à la foi chrétienne biblique et
authentique d’élargir ses frontières et de s’implanter
dans de nouveaux territoires.
En même temps qu’avaient lieu les
grands bouleversements opérés par la Réforme en Europe,
Jacques Cartier, à partir des années 1530, explorait ce
qui allait devenir la Nouvelle France et ouvrait la
route à la colonisation française de ces nouvelles
terres.
Nous savons que la Réforme avait
trouvé une partie importante de son impulsion dans les
pays francophones d’Europe. Son essor est dû à
l’influence considérable du Christianisme Marginal des
Cathares Albigeois et Vaudois; de Jacques Lefèvre
d’Étaples, de Pierre Robert Olivétan, de Martin Luther,
d’Érasme de Rotterdam, de Jean Calvin, de Guillaume
Farel, de Robert Étienne, de Théodore de Bèze, et de
plusieurs autres. En France, un bon nombre d’Églises
Réformées ont vu le jour au cours du seizième siècles.
Mais dans l’ensemble, le pays est demeuré
malheureusement Catholique Romain et, comme nous savons,
la Foi Réformée fut fortement combattue par les agents
de l’antichrist qui siège à Rome, tout comme elle l’est
encore aujourd’hui par l’Oecuménisme et les Versions
modernes de la Bible. C’est ainsi que, particulièrement
au seizième et au dix-septième siècles, des milliers de
Huguenots (Réformés français), devaient fuir la
persécution de la "Jésabel" (Apoc.2:20) Romaine pour se
réfugier dans différents pays d’Europe, aux États-Unis,
de même qu’en Nouvelle France (le Québec), amenant avec
eux leur précieuse Bible, la Bible de l’Épée, révision
de la Bible Vaudoise d’Olivétan(1535) faite par Calvin
en 1540, et par Théodore de Bèze en 1588, qui devint
connue aussi comme: la Bible Martin et la Bible
Ostervald.
Ainsi, contrairement à une certaine
conception populaire, il n’est donc pas exact de
s’imaginer qu’au Québec, être français signifiait être
Catholique Romain. Le Protestantisme n’est pas une
implantation récente au Québec, pas plus qu’il n’est
associé au monde anglophone à son origine. D’ailleurs,
le drapeau même du Québec est de conception Huguenote à
sa base, ce qui est très peu connu des Québécois de nos
jours.
2- L’influence des
Huguenots au début de la Colonie:
L’esprit d’initiative et surtout
l’expertise économique démontrés par les Huguenots, et
leur désir de fonder une colonie où ils seraient libres
d’adorer Dieu et de lire et étudier la Bible Authentique
dans des cultes familiaux et communautaires, ont
grandement contribué à l’établissement du Québec et à la
fierté de son Patrimoine. D’eux nous avons notre
culture, nos traditions, et notre langue qui font de
nous "un peuple distinct", et même l’esprit de
séparation; non une séparation charnelle qui se glorifie
dans sa propre indépendance, mais une séparation
spirituelle qui se glorifie dans sa soumission à la
Parole de Dieu, comme il est écrit : "Séparez-vous de
cette génération perverse (Actes 2:40) ". La liste
suivante des gouverneurs de la Nouvelle France révèle
l’influence des Réformés dans la Colonie aux côtés des
Catholiques Romains:
Jean-François de la Rocque, sieur
de Roberval, Huguenot (1540); le marquis de la Rocque,
Catholique (1598); Pierre Chauvin de Rouen, Huguenot
(1599); De Chaste, gouverneur de Dieppe, Huguenot
(1602); Pierre de Gua, sieur de Monts, gouverneur de
Pons, Huguenot (1604); Charles de Bourbon, comte de
Soissons, Huguenot (1611); le prince de Condé, Huguenot
(1612); l’amiral de Montmorency, Catholique (1620);
Samuel de Champlain, Huguenot (1608); Louis de Kerke,
Huguenot (1629). Au traité de Saint-Germain, la Nouvelle
France est cédée au roi de France par les Anglais.
Les années 1530-1540 marquent les
débuts des expéditions et tentatives françaises de
coloniser en Nouvelle France. François 1" ordonna à
Jacques Cartier de faire instruire les autochtones
(Amérindiens) "en amour et crainte de Dieu et la sainte
foi et doctrine chrétienne". Il n’est aucunement
question de distinguer entre "foi romaine" et "foi
réformée", car avant "l’affaire des placards", le roi
était hésitant d’être indisposé contre la Réforme.
Toutefois, après ce fâcheux incident, Jean Calvin calma
sa colère en lui dédiant son œuvre remarquable de
"l’Institution Chrétienne".
En 1541, le Huguenot sieur de
Roberval reçoit les mêmes instructions que Cartier,
toujours sans distinguer entre foi romaine et foi
réformée, lorsqu’il est nommé vice-roi et
lieutenant-gouverneur de la Nouvelle France. Ce n’est
qu’en 1588, quarante-huit ans plus tard, que Henri III,
sous l’influence de Rome, craignant le pouvoir des
Réformés qui possèdent deux cents villes en France, y
compris La Rochelle, Montauban et Montpellier, déclare
que désormais les Huguenots doivent "abituer, tenir
subjectz et faire vivre en la crainte de Dieu, religion
Catholique Apostolique et Romaine (lettre de Henri III,
le 12 janvier 1588).
Pourtant la Réforme continue à
faire son chemin en France et "Christianisme" n’est plus
nécessairement synonyme de "Catholicisme Romain". C’est
en effet un contresens injuste que d’attribuer ce terme
majestueux à ce dernier qui n’est qu’une religion
solaire du culte de Mithra déguisé en Christianisme. Dix
ans plus tard, les Réformés font à nouveau leur
apparition en force en Nouvelle France. Pierre Chauvin,
de foi réformée, reçoit vers 1600 l’autorisation
d’explorer la vallée du Saint-Laurent en vue d’y fonder
une colonie. Chauvin ne réussit pas lui-même, mais c’est
grâce à ses efforts que Pierre de Gua, Sieur de Monts,
ainsi que Samuel de Champlain, s’intéressèrent à la
Nouvelle France.
En 1605, De Monts fonda une colonie
à Port-Royal, en Acadie (Nouvelle-Écosse). Malgré
d’énormes difficultés dans les premières années, des
Français habitèrent à Port-Royal jusqu’à leur expulsion
par les Anglais à la fin du dix-huitième siècle. Des
Protestants furent parmi les premiers colons.
Samuel de Champlain
Samuel de Champlain, le géographe
engagé par Chauvin en 1603, accompagna De Monts et
devient par la suite son lieutenant. Quand Champlain
fonde la ville de Québec en 1608, il est accompagné à
son tour de Réformés. Il épouse deux ans plus tard,
selon les Écritures, une Réformée, Hélène Boullé, avec
le plein accord de De Monts. Jusqu’en 1625, l’économie
est dominée par une forte présence Huguenote, et la vie
quotidienne en est grandement influencée. Les Réformés
ne sont pas encore organisés en Église et, tout comme
dans l’Église primitive du temps des Apôtres, ils se
rencontrèrent dans des foyers pour partager la Parole de
Dieu. La Bible de l’Épée avait une place centrale dans
ces rencontres et détenait une position de respect et
d’autorité parmi les premières familles Québécoises.
3- La Persécution
et les tentatives d’exclusion des Huguenots:
En 1625, avec l’arrivée des
Jésuites, champions de la Contre-Réforme et ennemis du
Christianisme Biblique, on constate une campagne suivie
et persistante en vue de "libérer" la Nouvelle France de
l’influence et de la présence des Huguenots. On leur
accorde le droit de prier, mais non celui de chanter
leurs psaumes, ni de s’assembler autour de la Bible.
En France, le cardinal Richelieu
accède à l’éminence sur le plan politique et procède
avec les Jésuites, à l’écrasement des Huguenots. La
Rochelle tombe sous ses forces armés et Richelieu
demande que désormais les Huguenots soient considérés
ennemis de la couronne de France à cause de "leur fausse
religion", car la Lumière de la Vérité menaçait
l’emprise de Rome avec ses idoles, ses superstitions et
son dieu galette.
En 1627, Richelieu révoque la
charte de De Caen, gouverneur de la Nouvelle France. De
Caen, qui est Réformé, voit sa position de gouverneur,
aussi bien que son monopole commercial, cédés à une
nouvelle compagnie Catholique Romaine. Richelieu crée la
"Compagnie des cents associés" afin de promulguer la foi
romaine dans la Colonie. A partir de 1628, cinquante ans
avant la révocation de l’édit de Nantes en France, le
culte Réformé et conséquemment la Bible de l’Épée, sont
interdits dans les colonies et les Protestants exclus de
la Nouvelle France.
Citons ici deux historiens qui
estiment que cette exclusion fut la cause principale de
la perte par la France de sa colonie en Amérique du
Nord: "Richelieu commit une grave erreur lorsqu’il
consentit à exclure les Protestants des colonies. S’il
fallait éliminer une des religions pour la cause de la
paix, la nécessité de la colonisation exigeait que ce
soit le Catholicisme Romain. Les Catholiques à cette
époque ne désiraient pas émigrer, tandis que les
Protestants ne demandaient pas mieux que de quitter la
France" (F.X. Garneau, Histoire du Canada, tome 1.
p.71). Selon Francis Parkman (Pioneers of France in the
New World, p.431), si au lieu d’exclure les Huguenots,
la France leur avait créé un asile (en Amérique), si
elle avait laissé choisir librement leur destin, le
Canada ne serait jamais tombé entre les mains des
Britanniques, et les États-Unis partageraient
aujourd’hui le Continent avec une forte population de
francophones.
En effet, nous pourrions dire
qu’aujourd’hui le Canada serait une nation française
Chrétienne basée uniquement sur la Parole de Dieu, qui
incorporerait au-moins le tiers des États-Unis.
Carte de la Nouvelle France,
maintenant le Québec, tel qu'était déjà notre
territoire.
De 1629 à 1632, les Anglais
occupent Québec. Durant cette brève période, les deux
religions coexistent en paix. Après le retour au pouvoir
des Français, la décision prise par Richelieu de faire
du Canada un domaine Catholique Romain sans exception
est de nouveau mise à exécution. Les pressions exercées
sur les Huguenots par les autorités et par les Jésuites
seront d’une telle virulence qu’on peut s’étonner de ce
qu’on pourra encore trouver des Protestants au Québec
jusqu’en 1763, quand le Canada passera définitivement
aux mains des Anglais.
En effet, malgré une telle
pression, les Huguenots continuent de venir en Nouvelle
France avec leur Bible précieuse. Les archives du
Vatican contiennent deux actes datés de 1635 et de 1637
insistant auprès des autorités françaises pour que les
non-catholiques romains ne puissent s’établir dans la
Colonie. Sur le plan pratique, il est impossible
d’appliquer avec rigueur la défense de 1627. En 1661,
Mgr. de Laval écrit à Rome pour se plaindre que les
autorités françaises oublient d’observer à la lettre les
désirs du roi concernant le non-établissement des
"Protestants". Mais en 1665, après une série de mesures
diaboliques prises contre les Réformés (abjuration,
obligation de participer au sacrilège de la messe
Romaine, obligation de se marier devant un prêtre,
dragonnades, exclusion explicite de certaines
professions et occupations, calomnies, etc.), Mgr. de
Laval écrit au pape Alexandre VII, que presque tous les
"Protestants" quittent l’hôpital pour "entrer au ciel ou
dans l’Église Romaine". Mais cinq ans plus tard, en
1670, Mgr. de Laval fait parvenir en France un nouveau
mémoire visant l’interdiction d’accès à la Colonie aux
Réformés. La même année, de Laval fait exécuter Daniel
Veiel, un des premiers martyres Québécois, sans doute à
titre d’exemple, pour avoir embrassé à nouveau la foi
Réformée. Veiel resta fidèle au Seigneur Jésus-Christ
jusqu’à son dernier souffle.
Pourtant, malgré les efforts "des
ministres de Satan qui se déguisent en ministres de
justice" (2 Cor.11:14,15), d’extirper du Québec les
vrais enfants de Dieu et la Bible Authentique, la
présence Réformée en Nouvelle France est désormais
redevenue si importante que le clergé romain juge
nécessaire d’en avertir le conseil de la Marine.
Plusieurs entreprises Protestantes de la Rochelle, de
Montauban et de Rouen y ont installé leur commerce. En
1757, l’évêque Mgr. de Pont Briand se plaint toujours du
très grand nombre de "Protestants" établis au Québec,
ceci malgré les décrets explicites et malgré les
pressions réitérées du clergé romain.
En 1759, la Nouvelle France est
prise par les Anglais. Un soldat britannique note dans
son journal que lors d’une célébration Protestante,
plusieurs Protestants français y assistent avec les
soldats anglais (journal du capitaine Knox). Le
Protestantisme français fut assimilé graduellement et
plusieurs partirent pour des nouveaux territoires. Le
Patrimoine Spirituel des Québécois, la Bible de l’Épée,
fut délaissé et négligé jusqu’à nos jours. En effet, la
grande majorité des chrétiens modernes se sont
prostitués à des Bibles polluées et dénaturées comme la
Segond, la Darby, la Bible en Français Courant, la TOB,
la Jérusalem, la Traduction du Monde Nouveau; tous
issues de la Critique Textuelle Néologique des plus
grands apostasiés: Westcott et Hort.
S’il restait en effet quelques
adhérents de la foi Réformée, il n’existait pas pour
autant d’Église organisée autre que Catholique Romaine.
La première Église Protestante française au Québec, fut
une Église Baptiste Calviniste fondée en 1837 à Grande
Ligne.
Mais, de nos jours, le drapeau des
Huguenots flotte encore sur notre territoire pour nous
annoncer le commencement d’un nouveau millénaire, dans
lequel la Bible de l’Épée jouera un rôle prépondérant
jusqu’au retour éminent du Seigneur Jésus-Christ "qui
apparaîtra du ciel avec les anges de sa puissance, dans
un feu flamboyant, pour exercer la vengeance contre ceux
qui ne connaissent point Dieu, et qui n’obéissent pas à
l’Évangile…" (2 Thess. 1:7,8).
Jean leDuc
(Adapté du livre de A.R. Kayayan:
L’Église dans l’Histoire.)
"Car vous êtes sauvés par la grâce,
par le moyen de la foi; et cela ne vient pas de vous,
c’est le don de Dieu; ce n’est point par les œuvres
méritoires, afin que personne ne se glorifie" (Éph.
2:8,9). |