Page 204 - Dictionnaire de la Bible de J.A. Bost 1849 - 2014

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Il est possible que Caïn n'ait pas voulu tuer son frère; il ne savait peut-être pas même bien ce que c'est que
la mort. Il a voulu le frapper, le blesser, le faire souffrir, lui faire autant de mal que possible, mais sans
penser que sa vie dût s'écouler par ses blessures et par ses souffrances; la haine a causé la mort sans peut-
être même la soupçonner, et notre Sauveur l'a répété plus tard par la bouche d'un de ses apôtres: celui qui
hait son frère est un meurtrier, 1 Jean 3:15.
Quant au signe que Dieu mit sur Caïn afin qu'on ne le tuât pas, nous ne le connaissons pas; ce pouvait
être simplement l'air de son visage; il est d'ailleurs beaucoup plus dans l'analogie de la langue hébraïque
de traduire «Dieu donna un signe à Caïn», lui garantissant sa protection contre la vengeance des autres
hommes. La crainte qu'éprouvait ce meurtrier nous est une révélation bien remarquable de ce que
devient un homme lorsque sa conscience est troublée; il perd cette dignité qui est l'apanage du maître du
monde, il craint tous les êtres créés, parce que Dieu lui a ôté l'assurance intime de sa protection. Les
promesses que Dieu fait au fugitif nous montrent aussi la longue patience de Dieu, qui garantit même au
pécheur son existence, et qui ne veut pas faire tomber tous ses jugements sur sa tête coupable, avant
d'avoir épuisé les trésors de sa miséricorde. On peut dire aussi, avec Schrœder, que ces promesses de
Dieu ne s'adressaient pas à Caïn lui-même; elles avaient pour but d'empêcher le développement de
l'esprit de vengeance humaine.
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CAÏNAN ou Kenan,
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fils d'Énos, naquit l'an du monde 325; à l'âge de 70 ans il eut Mahalaléel, ce qui ne veut pas dire que ce fut
là son fils aîné, car l'Écriture ne nomme que les patriarches desquels descendit Noé. Caïnan eut encore
beaucoup d'autres enfants, Genèse 5:13, puis il mourut, à l'âge de 910 ans, Genèse 5:9-14. Il est nommé
dans la généalogie de Marie, Luc 3:37.
— Dans la même généalogie, au verset 36e, on retrouve un autre Caïnan, évidemment distinct du
premier; fils d'Arphaxad, est-il dit, et père de Sala, le père d'Héber; mais dans toute la généalogie de
l'Ancien Testament, Arpacsad est nommé, sans intermédiaire, père de Sélah (ou Sala), Genèse 10:24;
11:12; 1 Chroniques 1:24, sans que ce Caïnan soit même indiqué dans aucune des anciennes versions,
grecque, samaritaine, chaldaïque, syriaque, ni dans Philon, ni dans Flavius Josèphe, ni dans Jérôme. On
pourrait expliquer ce fait en supposant, ce qui est possible aussi, que les anciennes généalogies ont omis
le nom de ce Caïnan comme elles omettaient fréquemment des générations peu importantes; mais alors
on devrait se demander pourquoi Luc l'a donné, et surtout comment il se l'est procuré. L'explication la
plus simple et la plus vraisemblable, c'est que Helléniste lui-même, et écrivant son Évangile pour des
Grecs, saint Luc aura suivi la version grecque des Septante, qui ajoute le nom de Caïnan dans la
généalogie de Sem, Genèse 10:22; 11:13. On ne sait, du reste, pas comment ce nom a pu se glisser ou
s'introduire dans cette dernière traduction.
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CAÏPHE,
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successeur de Simon fils de Camith, exerça la souveraine sacrificature dès l'an 25 de l'ère chrétienne,
pendant les dernières années de notre Sauveur, et dans la première période de l'âge apostolique. Il était
redevable de la noble charge qu'il exerçait à un fonctionnaire païen, le procurateur romain Valerius
Gratus, et l'on peut dire qu'il l'exerça en païen, dévoué au pouvoir qui l'avait élevé. Il était Sadducéen,
Actes 5:17, et avait épousé la fille de l'ancien sacrificateur Anne. Il fut l'un des plus ardents ennemis du
Christianisme, et lorsque les sacrificateurs et les pharisiens, effrayés de l'effet que produisait la
résurrection de Lazare, consultèrent entre eux pour faire mourir Jésus, Caïphe prononça ce mot bien
connu, qui n'était dans son esprit que le fruit de sa politique toute romaine, mais qui, dans la pensée du
Seigneur, était une prophétie: Il est de notre intérêt qu'un seul homme meure pour le peuple, Jean 11:49-
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