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Contrée de Galaad. Ce nom est employé par anticipation dans l'histoire des patriarches, Genèse
31:21,23,26; il s'applique tantôt à la contrée elle-même, tantôt à la chaîne de montagnes qui s'y trouvait. Le
pays de Galaad, au sud de la vallée de Jabbok, et par conséquent au sud du pays de Basan et à l'est du
Jourdain, est ordinairement distingué du pays de Basan, auquel il était du reste uni par une assez grande
conformité de nature, Deutéronome 3:10,13; Josué 12:5; 13:11; 17:1; 2 Rois 10:33; 1 Chroniques 5:16;
Michée 7:14. Il semble désigner le pays de Gad, Juges 5:17, et en être distingué, 1 Samuel 13:7. Cependant,
d'après la plupart des données que nous possédons, il paraît que Galaad comprenait le territoire des
tribus de Gad et de Ruben, et la partie méridionale de Manassé, Nombres 32:26,40; Deutéronome 3:12-13;
Josué 17:1,6; cf. 12:2; 1 Chroniques 6:80. Ses villes principales étaient Ramoth, Jahzer et Jabès, qui sont
presque toujours suivies de la désignation de Galaad (cependant — Voir: Nombres 32:1). Sa surface forme
une espèce de triangle de 8 à 10 lieues de côté: au nord, où il est le plus large, il possède de belles forêts,
un air pur et sain, des plaines fertiles et de gras pâturages où paissent des troupeaux très estimés de bêtes
à corne et à laine; vers le sud, au contraire, la contrée se change en une campagne sans arbres, mais très
fertile, sur laquelle s'élèvent un grand nombre de collines crétacées, isolées et de forme arrondie. Toute
cette région est si riche, les pâturages, en particulier, y sont si bons, que de nos jours encore les Bédouins
ont coutume de dire: Tu ne saurais trouver un pays comme le Belka (nom moderne de Galaad). Le baume
et les plantes aromatiques de Galaad étaient renommés, Jérémie 8:22; 46:41.
— Le nom de Galaad paraît désigner aussi quelquefois tout le pays au-delà du Jourdain, Deutéronome
34:1; cf. 2 Rois 10:33; Juges 20:1. Après l'exil le même nom continua d'exister, mais il ne se donna plus qu'à
la partie la plus méridionale de l'ancien pays, aux frontières de l'Arabie: le nom de Pérée le remplaça, et
comprit une plus grande étendue de pays, quoiqu'il ne désignât pas non plus toute la contrée au-delà du
Jourdain. La ville principale était Gadara.
Les montagnes de Galaad, occupant le nord du pays, étaient couvertes de riches prairies et de gras
pâturages, Deutéronome 3:12; Abdias 19; Cantique 4:1; 6:5; Jérémie 50:19. Elles s'étendaient au travers des
tribus de Gad et Ruben, et s'avançaient même jusque dans celle de Manassé: c'était une contrée
montagneuse comme les montagnes d'Éphraïm, sans être exclusivement une chaîne de montagnes. Les
sommets les plus élevés sont au nord-est; ils ont vue d'un côté sur la plaine d'Hauran jusqu'à l'Hermon,
de l'autre sur les montagnes de Sichem: c'est cette partie qui fut donnée à la moitié de la tribu de
Manassé; elle est située vis-à-vis des montagnes occupées par l'autre moitié de la même tribu, Nombres
32:39-40; Deutéronome 3:15; Josué 17:1; Juges 5:17. Le pays jusqu'au Jabbok est d'une telle beauté, dit
Bræm, que l'Europe méridionale possède bien peu de contrées qui puissent lui être comparées. Le climat
y est excellent, les collines sont couvertes de vignes, et les montagnes des plus belles forêts; des chênes
toujours verts croissent sur leurs flancs, et diverses espèces de pins en couronnent les cimes. En hiver, il y
tombe beaucoup de neige. Dès l'antiquité la plus reculée, les gommes odoriférantes de ces forêts de
montagnes étaient bien connues, et on les recherchait aussi pour leurs propriétés médicinales; des
caravanes arabes les transportaient de Galaad par la plaine de Jizréhel, et le long des côtes de la
Méditerranée, en Égypte, où elles les échangeaient contre du blé. D'après Eusèbe, le mont de Galaad
s'étendait depuis le Liban au nord, jusqu'au pays de Sihon roi des Amorrhéens, ce qui donnerait à la
chaîne une longueur de 60 à 70 lieues.
— Quelques-uns ont cru, à cause de Juges 7:3, que les montagnes de Galaad s'étendaient aussi sur la rive
droite, occidentale, du fleuve; mais la traduction est fautive, il faut lire: quiconque a peur, qu'il s'en aille
dès le matin «de la montagne de Galaad», qu'il s'en éloigne: c'est de ce côté qu'étaient venus les
Madianites, c'est vers ce côté qu'ils devaient être repoussés, et ceux qui avaient peur n'avaient qu'à
s'éloigner de ce but. Il est vrai que de nos jours on trouve encore à l'occident du Jourdain une chaîne de
montagnes appelée Dschabl Dschelaad, ou Dscheland, mais l'identité n'est rien moins que démontrée.
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