d'après les mêmes auteurs, Meni (de manah, compter, ranger, ordonner) serait la planète de Vénus,
fortuna minor: d'autres pensent qu'il s'agit peut-être du zodiaque, d'autres du système planétaire en
entier; Calmet, enfin, traduit Gad par le soleil et Meni par la lune. Peut-être ne faut-il pas chercher un
objet général et déterminé pour ces deux divinités; le culte auquel le prophète fait allusion pouvait être
un simple culte domestique, un hommage rendu au génie de la maison et de la famille; Gad, chez les Juifs
postérieurs, exprime ce que nous appellerions un génie, tandis que la planète de Jupiter a un nom
particulier, Tsèdek; on trouve mentionnée dans le Lexic, talmudic, de Buxtorf, f° 387, une habitude qui
semble avoir tiré son origine de la même cérémonie contre laquelle le prophète adresse aux Juifs ces
reproches: «Ils avaient anciennement, dit-il, dans leurs maisons, un lit splendide (pour se mettre à table),
qui ne servait absolument à personne qu'au chef de la maison, ou à la constellation de la fortune, pour se
la rendre favorable; on l'appelait en conséquence lit de la bonne fortune».
— Dans ces deux chapitres d'Ésaïe, 65 et 66, le culte illicite reproché aux Juifs ne paraît pas être l'idolâtrie
proprement dite, mais un culte extérieur de Jéhova, 66:1,3, entremêlé de cérémonies païennes, et un
commerce avec les démons, défendu par la loi, 65:3-4; 66:17; mais aucun de ces passages ne parle
explicitement de fausses divinités ou idoles. D'après l'étymologie de Gad et de Meni, il paraîtrait donc
que la meilleure traduction de ces deux mots serait la fortune et le destin.
— L'opinion de Calvin, du reste, est bonne à enregistrer comme toujours: traduisant Gad par troupes, cf.
Genèse 30:11 (dans Martin), il lit: Vous dressez la table à une multitude (de divinités), vous offrez des
libations à un grand nombre; c'est-à-dire, vos superstitions n'ont pas de fin, ceux qui abandonnent le vrai
Dieu ne savent plus où s'arrêter. On voit la même chose chez les papistes, ajoute le réformateur.
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GADARA,
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ville fortifiée, et d'après Flavius Josèphe, chef-lieu de la Pérée, située sur une montagne, à 60 stades de la
mer de Galilée; il s'y trouvait des bains chauds, et dix sources d'eau chaude entre elle et le lac. Pline dit
qu'elle était située sur le fleuve Hiéromax, mais elle était plus au midi. Détruite par quelques rois juifs,
elle fut rétablie par Pompée, en considération de son affranchi Démétrius, qui en était originaire. Auguste
la donna à Hérode, et après la mort de ce dernier, elle échut à la Syrie, selon quelques-uns à la Cœlésyrie,
selon d'autres à la Décapole. Seetzen et Burkhardt croient en avoir trouvé les restes dans le village
d'Omkeis.
— C'est dans cette contrée que, d'après Marc 5:1; Luc 8:26, notre Seigneur arriva après avoir passé la mer
de Tibériade, et qu'il guérit un possédé dont il envoya les démons dans un troupeau de pourceaux.
Il
s’agit ici d’un homme (deux dans un autre texte) qui avait un esprit troublé par une disposition de culpabilité, et
non de démons mythiques imaginaires. Jésus lui permit de se défouler parmi les pourceaux, un animal considéré
impur selon la loi, et le troupeau se précipita violemment d'une falaise dans la mer.
D'après Matthieu 8:28, ce
n'est pas dans le pays des Gadaréniens, mais dans celui des Gergéséniens qu'il arriva; et une troisième
variante porte dans celui des Géraséniens. Gergésa était située, selon Origène, sur le bord de la mer de
Tibériade, près d'un précipice, mais c'est le seul auteur qui en fasse mention, et elle est complètement
inconnue. Gérasa était encore plus au sud-ouest du lac que Gadara, entre la Pérée et l'Arabie, entre
Gadara et Rabbath-Hammon (ou Philadelphie); d'après Ritter le géographe, elle porterait aujourd'hui le
nom de Dscherasch.
— Origène préféra la leçon Gergésa, parce que, selon lui, Gérasa et Gadara étaient trop éloignées; il avoue
cependant que Gérasa était de son temps la leçon la plus répandue pour le passage de Matthieu, et c'est la
même qui se trouve encore dans nos manuscrits occidentaux; quant à la leçon Gadaréniens, elle se trouve
dans les manuscrits B, C, M, les meilleurs instruments, et dans les versions syriaques, et doit être préférée,
soit pour le sens, puisque Gergésa est inconnu et que Gérasa est trop loin, soit à cause de l'importance des
autorités.
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