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tandis que ses deux mains s'élèvent vers les cieux, la tête horrible d'un dragon
s'agite au-dessus d'elle, son pied droit semble demeurer immobile, fixé sur la
crête brune du monstre qui se débat
"
La constellation qui est ainsi
représentée est ordinairement connue sous le nom de
"celui qui s'agenouille"
,
d'après la description du poète grec ; mais il est évident que comme Engonasis
venait de chez les Babyloniens, il faut l'interpréter non dans un sens Grec, mais
dans un sens Chaldéen ; ainsi interprété, comme l'implique l'action même du
tableau, le nom du mystérieux martyr est
"celui qui écrase le serpent
.
Quelquefois, cependant, l'écrasement du serpent était représenté comme un acte
beaucoup plus facile ; la mort néanmoins en était le résultat ultérieur ; et cette
mort du destructeur du serpent est décrite de manière à ne laisser aucun doute sur
l'origine de cette légende. C'est particulièrement le cas pour le dieu des Hindous,
Crishna, dont parle Wilkinson dans l'extrait que nous avons déjà donné. La
légende qui le concerne contient toute la promesse faite autrefois en Éden, et cela
d'une manière frappante. Tout d'abord ce dieu est représenté sur des tableaux et
dans des statues, comme ayant le pied sur la tête du grand serpent
et ensuite
lorsqu'il l'a détruit, il meurt, dit la fable, frappé au pied d'une flèche ; et, de même
que pour Tammuz, il y a chaque année de grandes lamentations sur sa mort
Même en Grèce, dans l'histoire classique de Paris et d'Achille, nous avons une
allusion évidente à cette partie de la promesse antique concernant l'écrasement du
talon du vainqueur. Achille, fils unique d'une déesse, était invulnérable partout,
excepté au talon. Mais là, la blessure était mortelle. Son ennemi le visa en cet
endroit et le tua.
Or, puisque nous avons la preuve que même les païens savaient que le Messie
promis devait
"par sa mort détruire la mort et celui qui a le pouvoir de la mort,
c'est-à-dire le diable"
, combien l'impression de l'humanité en général, à l'égard
de cette vérité capitale, doit avoir été puissante aux jours de Sémiramis, alors
qu'on était si près de la source de toute la tradition divine ! Quand donc le nom
de Zoroastre, la semence de la femme, fut donné à celui qui périt au milieu d'une
carrière prospère de culte idolâtre et d'apostasie, on ne peut douter du sens qui fut
attaché à ce nom. La mort violente du héros qui dans l'estime de ses partisans
avait tant fait pour l'humanité, afin de rendre l'homme heureux et de le délivrer
de la crainte de la colère à venir, au lieu d'empêcher qu'on ne lui décernât ce titre,
contribua à ce projet audacieux. Tout ce qu'il fallait pour appuyer ce dessein de la
part de ceux qui voulaient une excuse pour se détourner du vrai Dieu et
embrasser l'apostasie, c'était précisément d'annoncer que le grand patron de
l'apostasie, tout en ayant succombé sous la malice des hommes, s'était offert