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qu'on trouve la pourpre ou le poisson pourpre. La couleur extraite de ce poisson
pourpre était l'écarlate (voir KITTO,
Comment illust. de l'Exode
, XXXV, 35, vol.
I, p. 215) ; et c'est le nom même de ce poisson pourpre de Phénicie,
"arguna"
,
qui est usité dans Daniel
,
"celui qui interprétera l'inscription
faite sur le mur sera vêtu d'écarlate"
. Les Tyriens connaissaient l'art de faire de
la véritable pourpre aussi bien que le cramoisi, et il paraît hors de doute que
purpureus ne soit souvent employé dans le sens attaché d'ordinaire à notre mot
pourpre. Mais le sens original de l'épithète est
"écarlate"
, et comme l'écarlate
brillant est une couleur naturelle qui représente le feu, ainsi nous avons raison de
croire que cette couleur, quand elle était employée pour des vêtements d'apparat
chez les Tyriens, avait spécialement rapport au feu ; car le Tyrien Hercule, qui
était regardé comme l'inventeur de la pourpre (BRYANT, vol. III, p. 485), était
regardé comme le roi du feu,
αναξ πυροζ
(NONNUS,
Dionysiaca
, liv. XL, vol.
II, 1. 369, p. 223).
Or, quand nous voyons que la pourpre de Tyr produisait la couleur écarlate qui
représente naturellement le feu, et que puniceus, qui est l'équivalent de
purpureus, est évidemment employé pour écarlate, rien ne nous empêche de
comprendre purpureus dans le même sens, tout au contraire nous y oblige. Mais
quand même on admettrait que la nuance fût plus foncée, et que purpureus
signifierait la vraie pourpre comme le rouge, dont elle est une variété, est la
couleur reconnue du feu, comme le serpent était le symbole universellement
reconnu du culte du feu, il est fort probable que l'emploi du Dragon rouge sur
l'étendard impérial de Route était l'emblème de ce système du culte du feu sur
lequel, pensait-on, reposait la sûreté de l'empire !