Page 314 - LES DEUX BABYLONES

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des vierges maintenues aux frais publics, qui étaient strictement vouées au
célibat
Dans la Rome païenne, les Vierges Vestales qui avaient à remplir le
même devoir que les prêtresses de Freya, occupaient une position semblable.
Même dans le Pérou, pendant le règne des Incas, le même système prévalait, et
cela avec une analogie qui prouve bien que les Vestales de Rome, les nonnes de
la papauté et les saintes vierges du Pérou doivent être sorties de la même origine.
Voici comment Prescott parle des nonnes Péruviennes :
"Les Vierges du soleil,
les élues, comme on les appelle, présentent une autre analogie avec les
institutions catholiques romaines. Ces jeunes vierges étaient consacrées au
service de la déesse ; elles étaient enlevées à leur famille dès l'âge le plus tendre,
et mises dans des couvents où on les remettait aux soins de matrones d'un certain
âge, mamaconas
qui avaient vieilli entre ces murs. Elles devaient veiller
sur le feu sacré qu'on allumait à la fête de Raymi. Dès qu'elles entraient dans
l'établissement, elles n'avaient plus de communication avec le monde, pas même
avec leur famille ou leurs amis. Malheur à la pauvre jeune fille qui était
reconnue coupable d'une intrigue ! Elle était condamnée, d'après la terrible loi
des Incas, à être enterrée vivante !"
C'était exactement le sort de la Vestale
romaine qui violait son voeu. Cependant ni dans le Pérou, ni dans la Rome
païenne, le devoir de la virginité n'était aussi strict que dans la papauté. Il n'était
pas perpétuel, aussi n'était-il pas si profondément démoralisateur. Après un
certain temps, les nonnes pouvaient être délivrées de leur solitude, et se marier.
Dans l'Église de Rome, elles sont absolument privées de ces espérances. Dans
tous ces détails, néanmoins, il est facile de voir que le principe sur lequel
reposaient ces institutions est évidemment le même.
"On est étonné, dit Prescott,
de trouver une pareille ressemblance entre les institutions de l'Inde, de
l'Amérique, de la Rome ancienne et de la Rome catholique moderne
"
Prescott a de la peine à expliquer cette ressemblance ; mais elle s'explique
aisément par un petit passage du prophète Jérémie, que nous avons cité au début
de ce travail :
"Babylone a été dans la main du Seigneur une coupe d'or, qui a
enivré toute la terre."
. C'est là la pierre de Rosette qui a servi
déjà à jeter tant de lumière sur les secrètes iniquités de la papauté, et qui est
destinée à déchiffrer les sombres mystères de chaque système passé ou présent
de la mythologie païenne. Il est facile de prouver la vérité littérale de cette
parole : il est facile de prouver que l'idolâtrie de toute la terre est, la même, que le