Page 166 - LES DEUX BABYLONES

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veille de la Saint-Jean, sont les feux de la Mi-été. On les allume en France, en
Suisse, dans la catholique Irlande, et dans quelques-unes des îles écossaises de
l'ouest encore asservies à la papauté. On les allume dans toutes les terres des
partisans de Rome, et on promène dans leurs champs de blé des torches
enflammées. Voici comment Bell dans ses Tableaux du dehors, décrit les feux de
Saint-Jean de Bretagne en France :
"Chaque fête est marquée par des traits qui
lui sont particuliers. Celle de Saint-Jean est peut-être après tout la plus
étonnante. Pendant le jour, les enfants quêtent des souscriptions pour allumer les
feux de Monsieur Saint-Jean. Vers le soir, un feu est d'abord suivi d'un autre,
puis de deux, de trois, de quatre ; alors un millier de feux s'élancent, du sommet
des collines, jusqu'à ce qu'enfin tout le pays apparaît enflammé. Parfois, les
prêtres allument le premier feu sur la place du marché ; quelquefois il est allumé
par un ange, qu'on fait descendre par un mécanisme du haut de l'église avec un
flambeau à la main : il met le feu au bûcher, et disparaît ensuite. Les jeunes gens
dansent autour de la flamme avec une rapidité vertigineuse ; car ils disent que si
l'on danse autour de neuf de ces feux avant minuit on se mariera l'année
suivante. On place des sièges auprès des feux pour les morts dont les âmes dit-
on, doivent venir se donner la triste satisfaction d'écouter encore une fois leurs
chants nationaux et contempler les joyeux ébats de la jeunesse. On conserve des
fragments de ces torches comme talismans préservatifs du tonnerre et des
maladies nerveuses ; et la couronne de fleurs qui surmonte le principal feu est
tellement convoitée, qu'on se la dispute bruyamment
"
Voilà comment on
célèbre la fête en France.
Passons maintenant en Irlande.
"Le jour de cette grande fête des paysans
irlandais, la veille de Saint-Jean, nous dit Charlotte Élisabeth, décrivant une fête
particulière dont elle avait été témoin, il est d'usage, au coucher du soleil,
d'allumer dans tout le pays des feux énormes qui s'élèvent comme nos feux de
joie, à une grande hauteur, et forment un bûcher composé de gazon, de roseaux
et de toutes les substances inflammables que l'on peut amasser. Le gazon donne
un élément solide, substantiel, les roseaux une flamme excessivement brillante, et
l'effet de ces grands incendies allumés sur chaque colline est fort curieux. De
bonne heure, le soir, les paysans commencent à se réunir, tous vêtus de leurs