Introduction
Relations de l’homme avec Dieu : responsable, sous la grâce, chrétien dans le
monde
L’épître aux Romains a assez naturellement sa place en tête de toutes les
autres, comme posant systématiquement les fondements des relations de l’homme
avec Dieu, et conciliant en même temps la vérité universelle de la position de
l’homme, d’abord sous le rapport de la responsabilité, puis au point de vue de
la grâce, avec les promesses spéciales faites aux Juifs. Elle pose aussi les
grands principes de la pratique chrétienne : la moralité, non pas celle de
l’homme, mais cette moralité qui est le fruit de la lumière que donne le
christianisme et des révélations positives qu’il apporte. Il est important de
voir que cette Épître envisage toujours le chrétien comme étant dans ce monde.
Il est justifié et a la vie en Christ, mais il est ici-bas et n’est pas envisagé
comme ressuscité avec Christ.
Plan de l’épître
Ch. 1 v. 1 à 3 v. 20 — Introduction et démonstration de la perdition de l’homme
dans toutes ses positions
Voici, je pense, l’ordre du contenu de l’épître : après quelques versets
d’introduction dans lesquels il expose son sujet, versets dont quelques-uns ont
une importance capitale, en donnant la clef de tout l’enseignement de cette
Épître et l’état réel de l’homme devant Dieu (1:1-17), l’apôtre, jusqu’à la fin
du chapitre 3, verset 201, montre l’homme totalement corrompu et perdu, quelles
que soient les circonstances dans lesquelles il se trouve. Sans loi, il était
dans un état de péché effréné ; — avec la philosophie, il jugeait le mal tout en
le commettant ; — sous la loi, il violait la loi tout en se vantant de la
posséder, et il déshonorait le nom de Celui de la gloire duquel il était, pour
ainsi dire, solidaire ; car c’est comme un peuple appartenant à Dieu qu’il a
reçu de lui cette loi.
1 Après l’introduction on trouve, jusqu’à la fin du troisième chapitre, le mal et le remède que Dieu a accordé dans le sang de Christ — ensuite, dans les chapitres 4 et 5, la résurrection de Christ pour notre justification (après qu’il eut été livré pour nos fautes) et ainsi la paix avec Dieu, notre position actuelle dans sa faveur et l’espérance de la gloire avec toutes ses précieuses conséquences dans l’amour de Dieu. Abraham et David, les deux grandes souches de la promesse, ont confirmé le principe de la justification sans les œuvres. Cette partie se termine au verset 11 du chapitre 5 qui divise l’Épître en deux portions distinctes : d’une part la doctrine principale de la justification, d’autre part notre position devant Dieu. Nous y reviendrons.
Ch. 3 v. 21 à ch. 8 v.
39 — Remède à l’état de l’homme
Sang et résurrection de Christ répondant au péché et justifiant, dans la vie
nouvelle en Lui
Depuis le verset 21 du chapitre 3, jusqu’à la fin du chapitre 8, le remède à
l’état de l’homme est clairement exposé en deux parties. Du verset 21 du
chapitre 3, jusqu’à la fin de ce chapitre, le principe général est, que le sang
de Christ est la réponse — dont on jouit par la foi — à tout le péché dont
l’apôtre vient de faire le tableau ; ensuite, au chapitre 4, nous trouvons la
résurrection, sceau de l’œuvre de Christ et témoin de l’efficace de cette œuvre
pour notre justification. Tout cela répond à la responsabilité d’un enfant
d’Adam (responsabilité que la loi aggravait encore) par la grâce pleine et
entière décrite au chapitre 5, versets 1-11. Mais au chapitre 8, ces choses se
trouvent en Christ ressuscité dans le ciel et plaçant celui qui y a part,
c’est-à-dire tout croyant, dans une nouvelle position devant Dieu en Christ qui
lui donne ainsi la liberté et la vie ; la liberté dans laquelle Christ était
lui-même, et la vie que lui-même a vécue. C’est cette nouvelle position en
Christ qui unit inséparablement la justification et la sainteté de vie.
Division des sujets —
ch. 3 v. 21 à 5 v. 11 : les péchés ; ch. 5 v. 12 à 8 v. 39 : le péché, état de
l’homme
Mais ce que nous venons de dire nous fournit l’occasion de noter une division
encore plus importante des sujets traités dans cette Épître. Du chapitre 3:21 au
chapitre 5:11, nous trouvons celui des péchés ; — notre culpabilité individuelle
trouve sa réponse dans le sang de Christ (chap. 4) livré pour nos fautes et
ressuscité pour notre justification. Mais, depuis le chapitre 5:12, l’apôtre
traite la question du péché, non pas la délivrance du jugement à venir, mais
celle de notre état actuel1. La première question se termine par les
bénédictions du chapitre 5:1-11, la seconde par les bénédictions du chapitre 8.
1 Cette seconde question qui a pour sujet le péché dans la chair et la mort au péché implique le sujet de la loi, moyen de découvrir le péché lorsque la spiritualité de la loi est connue.
Ch. 9 à 11 —
Conciliation du salut pour tous et des promesses pour les Juifs
Dans les chapitres 9 à 11, Paul concilie ces vérités du salut, envisagées comme
appartenant à tout croyant indistinctement, avec les promesses faites aux Juifs,
en faisant ressortir la merveilleuse sagesse de Dieu et la manière dont ces
choses étaient prévues et révélées dans la Parole.
Ch. 12 à 16 — Esprit
pratique chrétien, comme vivant devant Dieu
Ensuite il montre (chap. 12 et suivants) l’esprit pratique chrétien. Dans cette
dernière partie seulement l’apôtre fait allusion à l’Église comme corps. Sauf
cela, il traite en général de l’homme, de l’individu devant un Dieu de justice,
et de l’œuvre de Christ, qui place l’homme individuellement dans la présence de
Dieu en paix. Pour la même raison, sauf dans un seul passage, au chapitre 8, en
vue d’introduire l’intercession, il n’est pas parlé dans l’Épître aux Romains,
de l’ascension de Christ. Cette Épître traite de la mort et envisage la
résurrection de Christ comme le fondement, pour l’homme, d’un nouvel état devant
Dieu.
Suite des pensées de
l’épître : évangile amenant Christ, et justice pour l’homme et ses besoins
Examinons maintenant la suite des pensées de l’Esprit dans notre épître. On y
trouve la réponse à la solennelle question de Job, irrité de ce qu’il se
trouvait sans ressource en présence du jugement de Dieu : « En vérité, je sais
qu’il en est ainsi. Mais comment l’homme sera-t-il juste devant Dieu ? » (Job
9:2). Cependant la question de savoir où l’on peut trouver la justice, n’est pas
la première pensée qui se présente : c’est la nécessité de l’homme ; mais
l’Évangile vient d’abord, nous révélant et nous apportant Christ. C’est la grâce
et Jésus dont l’Évangile a les mains pleines : il parle de Dieu comme étant
amour. Cela réveille le sentiment des besoins (*), en apportant aussi ce qui y
répond, et en donne la mesure dans la grâce qui nous présente toute la plénitude
de l’amour de Dieu en Christ. Nous trouvons dans l’Évangile une révélation de
Dieu dans la personne de Christ. L’Évangile met ainsi l’homme à sa place devant
Dieu, l’homme tel qu’il est en lui-même, et tel qu’il est, en grâce, en Christ ;
— aussi, dans la présence de Celui qui est révélé, toutes les promesses trouvent
leur accomplissement, mais il est important de remarquer que l’Évangile commence
par la personne de Christ, et non pas avec le pardon et la justice, bien que ce
point soit ensuite pleinement développé (à commencer par le chap. 1:17).
1 Le cœur et la conscience y entrent tous les deux. La loi peut montrer à la conscience la culpabilité de l’homme et même, quand elle est connue spirituellement, son état de ruine; un besoin suppose que le cœur aussi est en activité.
Chapitre 1er
Ch. 1 v. 1-17 — L’Évangile, ses caractères et son contenu]
Ch. 1 v. 1-7 — Introduction de l’épître]
Ch. 1 v. 1 — Apostolat de Paul selon le conseil de Dieu]
Apostolat et mission de Paul envers tous les Gentils, Rome y compris
[1:1] Il n’y a pas d’épître où l’apôtre place son apostolat sur un pied plus
positif et plus formel que dans celle-ci, car Paul n’avait aucun droit sur les
chrétiens de Rome en vertu de ses travaux. Il n’avait jamais vu les Romains
[(1:10)] ; mais il n’en était pas moins leur apôtre, car il était l’apôtre des
Gentils [(11:13)] : il était « débiteur aux Gentils » [(1:14)]. Il écrit aux
chrétiens de Rome parce qu’il avait reçu une mission de la part du Seigneur
lui-même envers eux tous. Les chrétiens de Rome étaient pour ainsi dire de son
ressort en tant que Gentils. La tâche lui avait été confiée de les présenter
comme une offrande sanctifiée par le Saint Esprit (chap. 15:16). Il avait reçu
cette mission ; Dieu était puissant en Pierre envers les Juifs, Paul était
envoyé vers les Gentils, les douze l’avaient du reste reconnu (Gal. 2:7-9). Si
Dieu a voulu que Paul accomplît sa mission en rapport direct avec le ciel et en
dehors de l’influence séculaire de la capitale du monde, et si Rome a dû être
persécutrice de l’Évangile, cette ville impériale n’en était pas moins Gentile
pour cela. Sous le rapport de l’Évangile, elle appartenait, selon l’Esprit, à
Paul. Pierre, dans l’exercice de son apostolat, s’adresse aux Juifs, Paul aux
Gentils.
Caractère et position
de Paul comme serviteur et apôtre
Tel était, selon Dieu, l’ordre de l’administration de l’Évangile ; occupons-nous
maintenant de ce qui constituait la position de l’apôtre. [1:1] Paul était
serviteur de Christ : — c’était son caractère, sa vie ; mais il y avait d’autres
hommes qui étaient plus ou moins serviteurs du Seigneur. Paul était plus que
cela : il était apôtre par l’appel du Seigneur « apôtre appelé », et non
seulement apôtre appelé de Dieu, et laborieux selon que l’occasion se
présentait, mais rien autre que cela dans la vie d’ici-bas : il était « mis à
part » pour la bonne nouvelle de Dieu.
Appel et mise à part de
Paul pour le service
Ces deux derniers caractères, celui d’être « appelé », et celui d’être « mis à
part », se légitiment d’une manière très définie, le premier par la révélation
du Seigneur à Paul sur la route de Damas [(Act. 9:1-9)] (l’appel de l’apôtre et
la mission dont il était chargé pour les Gentils datent de cette époque) ; le
second, quand le Saint Esprit le mit à part à Antioche d’où il partit pour
accomplir sa mission [(Act. 13:1-3)].
Ch. 1 v. 1-4 —
L’Évangile, révélation de Jésus, Fils de Dieu
Ch. 1 v. 1 — L’Évangile de Dieu, révélation de ce qu’Il est et veut
[1:1] L’apôtre appelle l’Évangile pour lequel il a été mis à part, l’Évangile ou
les bonnes nouvelles « de Dieu » ; le Saint Esprit le présente ici dans sa
source. Cet Évangile ne traite pas de ce que l’homme devrait être pour Dieu, ni
seulement du moyen par lequel l’homme peut s’approcher de Dieu sur son trône ;
il nous révèle les pensées de Dieu et ses actes envers l’homme, ses pensées en
bonté, la révélation de Lui-même en Jésus Christ, son Fils. Dieu s’approche de
l’homme selon ce qu’Il est et ce qu’Il veut en grâce. Dieu vient vers lui :
c’est l’Évangile de Dieu. Tel est le vrai point de vue auquel il faut envisager
l’Évangile ; celui-ci n’est jamais vraiment compris jusqu’à ce qu’il soit pour
nous l’Évangile de Dieu, l’activité et la révélation de Sa nature et de Sa
volonté en grâce envers l’homme.
ch. 1 v. 2-3 — Sujet
propre de l’Évangile, et rapport avec ce qui l’a précédé
Ch. 1 v. 2 — Lien entre les révélations précédentes et l’Évangile actuel
[1:1] Ayant indiqué la source et l’Auteur de l’Évangile, Celui que ce dernier
révèle ainsi comme le Dieu de grâce, [1:2] l’apôtre présente les rapports de cet
Évangile avec les voies de Dieu, qui ont historiquement précédé sa promulgation
ici-bas, [1:3] et d’autre part son sujet propre. Il distingue ainsi le sujet
proprement dit de l’Évangile [1:2] et la place que tenaient à l’égard de
celui-ci les révélations qui l’avaient précédé. En effet, il avait existé avant
l’Évangile un ordre de choses, que ceux auxquels il appartenait voulaient
maintenir comme système positif et indépendant, en rejetant en grâce l’Évangile.
Or l’apôtre introduit ici ce qui a précédé, non comme sujet de controverse, mais
dans son vrai caractère, pour renforcer le témoignage de l’Évangile, anticipant
des objections qui sont ainsi résolues d’avance.
Annonce d’avance de
l’Évangile dans l’Ancien Testament
Pour le Gentil, l’Évangile était la révélation de la vérité et de Dieu en grâce
; pour le Juif, il était bien cela, [1:2] mais en mettant en même temps à sa
vraie place tout ce qui regardait le système judaïque. Le rapport dont nous
parlons entre l’Ancien Testament et l’Évangile, est celui-ci : cet Évangile de
Dieu avait été annoncé d’avance par les prophètes dans de saintes Écritures (v.
2). Remarquez ici que l’Évangile de Dieu n’était pas venu, ni n’avait été
adressé aux hommes, dans ces saintes Écritures, mais qu’il avait été promis ou
annoncé d’avance, comme devant être envoyé. L’Église n’était pas même annoncée ;
l’Évangile était annoncé, mais comme étant encore à venir.
Ch. 1 v. 3-4 — Jésus,
Fils de Dieu, sujet essentiel de l’Évangile
Jésus, objet des promesses et Fils de Dieu en puissance, prouvé par la
résurrection
[1:3] De plus, le sujet de cet Évangile, c’est, avant tout, le Fils de Dieu.
Jésus a accompli une œuvre, mais c’est Lui-même qui est le vrai sujet de
l’Évangile. Or Il est présenté sous un double point de vue : 1° comme objet des
promesses, fils de David selon la chair ; [1:4] 2° comme fils de Dieu en
puissance, comme Celui qui, au milieu du péché, a marché par l’Esprit, dans une
sainteté divine et absolue, la résurrection étant la preuve éclatante et
victorieuse de ce qu’était la personne de Celui qui marchait ainsi. Telle est la
force de ce verset 4. La résurrection de Jésus est une manifestation publique de
cette puissance par laquelle il a marché dans une sainteté absolue pendant sa
vie, la manifestation qu’il est le Fils de Dieu en puissance. Il est clairement
révélé comme Fils de Dieu en puissance, de cette manière. Dans la résurrection,
il ne s’agissait pas de promesse simplement, mais de puissance ; il s’agissait
de Celui qui pouvait engager le combat avec la mort dans laquelle l’homme gisait
et remporter sur elle une victoire complète ; et cela en rapport avec la
sainteté qui rendait témoignage, pendant sa vie, à la puissance de cet Esprit
par lequel il marchait, et dans lequel il se garantissait Lui-même de toute
atteinte du péché. Dans la même puissance par laquelle il était absolument saint
dans sa vie, il a été ressuscité d’entre les morts.
Le Seigneur,
accomplissement des promesses et vainqueur puissant de toutes choses
[1:3] En considérant le Seigneur en rapport avec les voies de Dieu sur la terre,
on le voit l’objet et l’accomplissement des promesses ; [1:4] en le considérant
en rapport avec l’état de l’homme assujetti au péché et à la mort, le Seigneur
était, soit de son vivant, soit en résurrection, déjà complètement victorieux de
tout ce qui s’opposait à lui. En ressuscitant, il se présente comme fils de
Dieu, révélé par la résurrection selon la puissance qui était en lui, puissance
qui se montrait par l’Esprit dans la sainteté dans laquelle il vivait ici-bas.
Anéantissement de la
puissance du mal et de la mort pour le nouvel homme en Christ
Quelle merveilleuse grâce que de voir toute la puissance du mal anéantie — de
voir cette porte effrayante de la mort, qui se ferme sur la vie pécheresse de
l’homme pour laisser celui-ci au jugement inévitable qu’il mérite, brisée,
détruite par Celui qui a bien voulu entrer dans la sombre demeure sur laquelle
elle se ferme ! Quelle vraie délivrance pour le cœur que de voir le Fils de Dieu
prendre sur lui toute la faiblesse de l’homme dans la mort, et affranchir ainsi
complètement et absolument celui dont il avait porté la peine, en se soumettant
lui-même à cette peine ! Cette victoire sur la mort, cette délivrance de l’homme
du pouvoir de la mort par la puissance du Fils de Dieu devenu homme, est la
seule base d’espérance pour l’homme mortel et pécheur. Elle met de côté tout ce
que le péché et la mort ont à dire. Elle détruit, pour celui dont la part est en
Christ, la mort qui était le sceau du jugement prononcé contre le péché ; et un
nouvel homme, une nouvelle vie commence pour l’homme autrefois assujetti à la
mort, et maintenant placé en dehors de toute la scène et de tout l’effet de sa
misère précédente ; une vie fondée sur toute la valeur de ce que le Fils de Dieu
a fait lorsqu’il a subi la mort et le jugement pour nous.
Jésus, fils de David et
Fils de Dieu, sujet de l’Évangile tout entier
En résumé, [1:3] ce passage nous présente, comme sujet de l’Évangile, le fils de
Dieu, né de la semence de David selon la chair, [1:4] et, dans le sein de
l’humanité et de la mort, déterminé fils de Dieu en puissance par la
résurrection1, Jésus Christ, notre Seigneur.
1 Il n’est pas dit : « par sa résurrection », mais d’une manière abstraite par « la résurrection » ; la résurrection de Jésus était la grande preuve de cette vérité que Jésus était fils de Dieu : mais tout homme ressuscité en est aussi la preuve.
Ch. 1 v. 5 — Mission de
l’apôtre]
Mission reçue de Jésus, qui en fixe les limites et le but
[1:1] L’Évangile est l’Évangile de Dieu lui-même ; [1:5] mais c’est par Jésus
Christ, le Seigneur, que l’apôtre avait reçu sa mission : Jésus était le chef de
cette œuvre et envoyait les ouvriers dans la moisson [(Luc 10:2)] à laquelle ils
devaient travailler dans le monde. Le but de la mission de l’apôtre était
l’obéissance de foi (non pas l’obéissance à la loi) parmi toutes les nations,
expression qui montre l’étendue de cette mission. Paul était chargé d’établir
l’autorité et la valeur du nom de Christ dans ce monde : c’est ce nom qui devait
prévaloir et être reconnu.
L’apôtre voit sa
mission comme une grâce et une faveur de Dieu
L’apôtre n’envisageait pas l’accomplissement de sa mission seulement comme un
service ; [1:5] la mission elle-même était pour lui une grâce et une faveur
personnelles de la part de Celui dont il portait le témoignage. Je ne parle pas
ici de salut, quoique dans le cas de Paul le salut et la mission apostolique qui
lui était confiée, fussent identifiés, fait qui donnait un caractère et une
énergie remarquables à sa mission ; je parle de la grâce et de la faveur dont
l’envoi même de l’apôtre était la preuve : il est important de s’en souvenir.
Cela imprime un caractère sur la mission de Paul et sur son accomplissement. Un
ange accomplit une mission providentielle ; un Moïse détaille une loi dans
l’esprit de la loi ; un Jonas recule devant la grâce qui avait l’air de fausser
les menaces qu’il avait adressées aux méchants Gentils, un Jean-Baptiste prêche
la repentance dans le désert [(Luc 3:3)] et applique la cognée à la racine des
arbres stériles du jardin de Dieu [(Matt. 3:10)] ; mais, par Jésus, Paul,
porteur de la bonne nouvelle de Dieu, reçoit, « grâce et apostolat ». Il porte
par la grâce, et comme grâce, le message de la grâce aux hommes où qu’ils
soient, le message de la grâce qui vient dans toute l’étendue des droits que
Dieu a sur les hommes, car dans cette grâce Dieu exerce ses droits souverains.
Ch. 1 v. 6-7 —
Salutation aux croyants, saints par l’appel de Dieu
[1:6] D’entre les Gentils, les Romains croyants étaient aussi les appelés de
Jésus Christ. L’apôtre s’adresse donc à tous les croyants qui étaient dans cette
grande ville ; [1:7] ils étaient bien aimés de Dieu et saints par appel (verset
7)1. Paul, comme il le fait dans toutes ses épîtres, leur souhaite la grâce et
la paix de la part de Dieu, le Père, et du Seigneur Jésus Christ, de la part
desquels il apportait son message : il apportait, dans l’Évangile et dans son
cœur, la parfaite grâce de Dieu par Christ, la parfaite paix de l’homme et cela
avec Dieu. Ce sont les vraies conditions de la relation de Dieu avec l’homme et
de l’homme avec Dieu par l’Évangile, le pied sur lequel l’homme se trouve placé
vis-à-vis de Dieu par le christianisme. Quand on s’adresse à l’individu, une
autre chose doit être prise en considération, savoir les faiblesses et les
infirmités qui se trouvent dans le chrétien individuellement ; aussi les
écrivains sacrés, dans le cas où il s’agit des individus, ajoutent à leur
souhait : « la miséricorde » (voir les épîtres à Timothée [(1 Tim. 1:2 ; 2 Tim.
1:2)] et à Tite [(1:4)], et la seconde épître de Jean, v. 3)2.
1 Le lecteur doit remarquer qu’aux versets 1 et 7 on ne doit pas lire : « appelé à être apôtre » ni « appelés à être saints », mais « apôtre par appel », « saints par appel ». L’apôtre et les saints étaient tels, et ils l’étaient par l’appel de Dieu. Un Juif n’était pas saint par appel ; il était né saint, relativement aux Gentils ; [1:7] ceux dont l’apôtre parle ici, étaient les appelés de Jésus Christ, mais ils n’étaient pas simplement appelés à l’être ; ils étaient tels par appel.
2 L’Épître à Philémon pourrait paraître de prime abord une exception ; mais elle confirme notre remarque, car on trouvera que l’Assemblée qui était dans la maison de Philémon est comprise dans le souhait. Cela rend d’autant plus remarquable l’adresse de l’Épître de Jude [(v. 2)]. Le texte de Tite 1:4 a une leçon contestée.
Ch. 1 v. 8-17 — Ce
qu’est l’Évangile, objet du ministère de Paul
Ch. 1 v. 8-15 — Relations de Paul avec les croyants de Rome
Ch. 1 v. 8 — L’amour s’occupe des objets de la grâce, et en est reconnaissant
[1:8] Lorsque l’amour de Dieu est dans le cœur, c’est devant Dieu qu’on s’occupe
des objets de la grâce ; et, dans ce cas, l’œuvre de Dieu en eux, et la grâce
qui a été déployée, se présentent tout premièrement à l’esprit, soit en amour,
soit en reconnaissance. La foi des Romains devient, pour le cœur de l’apôtre
auquel la renommée en était parvenue, une occasion d’actions de grâces.
Ch. 1 v. 9-13 — Désir
de Paul de voir les frères de Rome, selon sa position apostolique
[1:11] Ensuite Paul exprime son désir de voir ces frères de Rome, désir qui le
préoccupait souvent : il fait ressortir ici sa position apostolique à leur
égard, avec toute la tendresse, toute la délicatesse qui appartiennent à la
grâce et à l’amour qui avaient formé cette relation et qui en faisaient la
force. Paul est de droit apôtre de tous les Gentils, lors même qu’il ne les
aurait pas vus, mais il est de cœur leur serviteur. Avec l’affection fraternelle
la plus vraie et la plus ardente, affection découlant de la grâce qui l’avait
établi dans l’apostolat, l’apôtre désire les voir pour leur communiquer quelque
don spirituel (v. 11). Le pouvoir de le faire était un précieux privilège de
l’apostolat. [1:12] Paul veut jouir ainsi de la foi qui leur était commune à lui
et à eux (tandis que leur foi serait fortifiée par la communication de ces
dons), en vue de leur jouissance mutuelle. [1:13] Souvent l’apôtre s’était
proposé de se rendre à Rome pour avoir du fruit dans cette partie du champ que
Dieu lui avait confié, mais il en avait été empêché jusqu’à ce moment.
Ch. 1 v. 14-15 — Paul
veut accomplir son devoir d’annoncer l’Évangile à tous les Gentils
[1:14] Il se déclare ensuite débiteur de tous les Gentils [1:15] et, pour ce qui
dépendait de lui, prêt à leur annoncer l’Évangile à Rome aussi. La manière dont
l’apôtre réclame tout le champ des Gentils comme sien, et la manière dont Dieu
l’a empêché d’aller à Rome jusqu’à ce qu’il arrivât au bout de sa carrière (et
alors seulement comme prisonnier) est digne de toute attention.
Ch. 1 v. 16-17 — Valeur
et caractère de l’Évangile de Dieu pour Paul
Ch. 1 v. 16 — Puissance de Dieu en salut pour l’homme
Valeur de l’Évangile comme puissance de Dieu
[1:15] Quoi qu’il en fût, il était prêt à y aller, et cela à cause de la valeur
de l’Évangile. [1:16] Cette dernière pensée conduit l’apôtre à constater quelle
était cette valeur, ainsi que le caractère de cet Évangile. Car, dit-il, « il
n’en avait pas honte » : l’Évangile était « la puissance de Dieu en salut » (v.
16).
Tout vient de Dieu,
pour Sa gloire, sans rien de l’homme
Remarquez ici la manière dont l’apôtre présente tout comme venant de Dieu.
[1:16] L’Évangile, c’est l’Évangile de Dieu, la puissance de Dieu en salut ;
[1:17] la justice qui est révélée, est la justice de Dieu ; [1:18] et même la
colère, est la colère de Dieu, aussi est-elle révélée du ciel : cette colère est
autre chose qu’un châtiment terrestre. La place que Dieu tient ici est la clef
de tout, l’apôtre insiste là-dessus et la met en avant, dès l’entrée de l’Épître
; car l’homme tend toujours à avoir quelque confiance en lui-même, à se vanter
lui-même, à chercher quelque mérite, quelque justice en lui-même ; il tend
toujours à judaïser et à s’occuper de lui-même, comme s’il pouvait quelque
chose. C’était la joie de l’apôtre d’exalter son Dieu.
Salut accompli
entièrement par Dieu, et saisi par l’homme par la foi
[1:16] Ainsi, dans l’Évangile, Dieu intervenait, accomplissant un salut qui tout
entier était son œuvre ; un salut dont Dieu était la source et la puissance et
qu’il avait opéré lui-même. [1:17] L’homme y entrait par la foi ; c’était le
croyant qui y participait ; mais participer à ce salut par la foi était
précisément le moyen d’y avoir part sans y ajouter quoi que ce soit, le moyen de
le laisser être tout entier le salut de Dieu. [1:16] Dieu soit béni de ce que ce
salut est tel, soit pour la justice, soit pour la puissance, soit pour le
résultat tout entier ; car ainsi il est parfait, divin. Dieu est intervenu dans
sa toute puissance et dans son amour, pour délivrer les misérables selon la
force qui lui appartient. L’Évangile est l’expression de cette intervention : on
y croit, on y participe.
Ch. 1 v. 17 — Justice
parfaite de Dieu, révélée à l’homme qui n’en a point
Révélation de la justice divine par l’Évangile, pour l’homme pécheur
[1:16] Mais il y a une raison particulière pour laquelle cet Évangile est la
puissance de Dieu en salut. L’homme s’était éloigné de Dieu par le péché. La
justice, seule, pouvait le ramener en la présence de Dieu, le rendre tel qu’il
pût s’y trouver en paix. Pécheur, il n’avait point de justice, mais bien le
contraire ; et si l’homme devait se présenter comme pécheur devant Dieu, le
jugement l’attendait nécessairement : alors la justice serait révélée de cette
manière. [1:17] Mais Dieu, dans l’Évangile, révèle une justice positive de Sa
part. Si l’homme n’a point de justice, Dieu en a une : la sienne propre,
parfaite comme lui, et selon Son cœur : or c’est une telle justice qui est
révélée dans l’Évangile. Il n’y avait pas de justice humaine : la justice de
Dieu est révélée. Cette justice est toute parfaite en elle-même, divine et
complète ; pour être révélée, il faut qu’elle soit telle ; l’Évangile nous
l’annonce.
Participation à la
justice de Dieu par la foi
[1:17] Le principe sur lequel cette justice est annoncée, c’est la foi, parce
que cette justice existe ; et elle est divine. Si l’homme y travaillait ou en
opérait une partie, ou si son cœur y avait aucune part pour l’amener à bonne
fin, ce ne serait pas la justice de Dieu ; mais cette justice est parfaitement,
absolument celle de Dieu : on croit à l’Évangile qui la révèle. Or, si c’est le
croyant qui participe à cette justice, celui qui a la foi, quel qu’il soit, y a
part. C’est sur le principe de la foi qu’on la possède et, par conséquent, elle
se révèle à la foi, où que cette foi se trouve.
La foi, seul moyen de
participer aux bénédictions de Dieu, pour tous, Juifs et Gentils
[1:17] Ce que nous venons de dire est la forme de ce qui est souvent traduit par
: « de foi en foi », mais doit être traduit : « Sur le principe de la foi, pour
la foi » (1:17). Or, ce principe est d’une importance évidente. [1:16] Il a pour
effet d’admettre aux privilèges que Dieu accorde, tout Gentil croyant, sur le
même pied que le Juif qui n’a pas plus le droit d’y entrer que lui. [1:17] Tous
deux, Juif et Gentil, ont la même foi ; l’Évangile ne reconnaît qu’elle comme
moyen d’y participer ; la justice est celle de Dieu ; le Juif n’y entre pas pour
plus que le Gentil ; comme il est écrit : « Le juste vivra de foi ». Les
Écritures des Juifs témoignaient de la vérité du principe de l’apôtre.
Jésus, sujet de
l’Évangile sous Ses deux caractères, et révélant la justice de Dieu
[1:16] L’Évangile annonçait donc ce salut [1:17] et cette justice de la part de
Dieu à l’homme. [1:3] Le sujet initial de l’Évangile était donc la personne de
Christ, fils de David selon la chair (accomplissement de la promesse), [1:4] et
Fils de Dieu en puissance selon l’Esprit de sainteté. [1:17] Mais la justice de
Dieu (non celle de l’homme) y était révélé ; et tel est le grand sujet de tout
ce qui va suivre. [1:16] L’apôtre avait bien raison de ne pas avoir honte de
l’Évangile, tout méprisé qu’il fût par les hommes !
Ch. 1 v. 18-32 — Colère
de Dieu à l’encontre de l’homme pécheur
Ch. 1 v. 18 — Colère de Dieu révélée du ciel, nécessitant Sa justice pour
l’homme
Révélation de la colère de Dieu contre tout homme marchant dans le mal
Or, cette doctrine à l’égard du salut qui venait de Dieu, était confirmée par
une autre considération et se basait sur la grande vérité qui se trouvait
renfermée dans la doctrine elle-même. Dieu, se présentant Lui-même, ne pouvait
envisager les choses d’après des communications partielles, adaptées à
l’ignorance des hommes et aux dispensations passagères par lesquelles il les
gouvernait. [1:18] Sa colère n’était pas seulement son intervention en
gouvernement, comme dans le cas de l’Assyrien ou de la captivité à Babylone.
C’était une « colère révélée du ciel ». L’opposition essentielle qui existe
entre la nature de Dieu et le mal, et sa rétribution pénale où qu’il se trouve,
devait se manifester lorsque Dieu se révélait exactement. Or Dieu se manifestait
dans l’Évangile. Ainsi, quoique la colère divine n’éclatât pas encore dans
l’exécution du jugement (car la grâce annonçait la justice de Dieu en salut pour
les pécheurs qui croiraient), quoique cette colère ne se révélât pas exactement
dans l’Évangile, qui est la révélation de la justice, elle se révélait toutefois
du ciel (en rapport avec cette grâce qui délivre de cette même colère) contre
toute impiété, contre tout ce qui ne respecte pas la présence de Dieu, contre
tout ce que cette présence ne comporte pas, et contre toute injustice ou
iniquité de ceux qui possèdent la vérité, et qui tout de même déshonorent Dieu.
En un mot, la colère de Dieu se révélait contre tout homme, Gentil ou autre, et
en particulier contre les Juifs qui possédaient la connaissance de Dieu selon la
loi, et encore — car le principe est universel et découle de ce que Dieu est
quand Il se révèle — contre tout homme qui, professant le christianisme, marche
dans le mal que Dieu hait.
Révélation de la
justice de Dieu, réponse en grâce pour l’homme pécheur
[1:18] Cette colère contre l’homme pécheur, la colère divine selon la nature de
Dieu dans le ciel, rend la justice de Dieu nécessaire. L’homme a maintenant à
rencontrer Dieu, pleinement révélé, tel qu’Il est ; l’homme est ainsi pleinement
manifesté comme pécheur, [1:17] mais cela fraie le chemin à la grâce, en vue de
donner à l’homme une place nouvelle, une position beaucoup plus excellente,
basée sur la justice de Dieu. L’Évangile révèle cette justice ; [1:18] son
opportunité et sa nécessité sont démontrées par l’état de péché dans lequel tous
les hommes se trouvent, état au sujet duquel la colère est révélée du ciel. Il
ne s’agit plus seulement, pour l’homme, d’avoir affaire au gouvernement de Dieu
et à Sa colère gouvernementale, mais il lui faut paraître devant Dieu. Comment
pourra-t-il s’y tenir ? L’Évangile répond à cette question par la révélation de
la justice de Dieu pour l’homme. Il doit rencontrer Dieu tel qu’Il est. La
révélation de Dieu Lui-même, dans sa nature sainte, dépasse nécessairement les
limites du terrain occupé par les Juifs. En quelque lieu que le péché se trouve,
la justice de Dieu est révélée en faveur du pécheur. Cette révélation manifeste
ce que Dieu est. Vérité glorieuse ! Quelle bénédiction, que la justice divine
puisse être révélée en grâce souveraine ! Dieu étant amour, il ne peut en être
autrement, mais combien il est glorieux que Dieu se révèle de cette manière ! La
thèse de cette épître est donc au verset 17 et ce qui prouve sa nécessité au
verset 18.
Ch. 1 v. 19-32 — Détail
de l’état des hommes, méritant la colère divine
Ch. 1 v. 19-21 — Principe du mal chez les Gentils, et ce qui y répond en grâce
Depuis le verset 19 jusqu’à la fin du verset 20 du chapitre 3, l’état des
hommes, des Juifs et des Gentils, auxquels le jugement moral qui découle de la
présence de Dieu s’applique, est présenté en détail, pour montrer de quelle
manière cette colère était méritée et tout le monde renfermé dans le péché. Les
versets 19 à 21 de ce chapitre nous donnent les principes directeurs du mal en
ce qui concerne les Gentils. Dans les versets 21-31 du chapitre 3, ce qui répond
en grâce, par la justice de Dieu, au moyen du sang de Christ, à ce triste état
de l’homme, est déclaré brièvement, mais avec une grande puissance ; car
d’abord, par le sang de Christ, nous avons la réponse à notre ancien état, puis,
par la mort et la vie avec Christ, l’introduction dans un état nouveau.
Etat des Gentils, puis
des Juifs
En faisant le tableau de l’état des hommes sur la terre, l’apôtre commence par
les Gentils. [1:18] Leur histoire est renfermée dans les mots : « toute iniquité
des hommes ». Je dis que l’apôtre commence par les Gentils (il est évident que
si un Juif tombe dans cet état d’iniquité, la même culpabilité se rattache à lui
aussi ; mais l’état dépeint par l’apôtre jusqu’au verset 17 du chapitre 2 est
celui des Gentils) ; ensuite viennent les Juifs, jusqu’au verset 20 du chapitre
3.
Cause de la colère
divine, synthétisée au v. 18
Le verset 18 du chapitre 1 est la thèse de tout ce qui suit, depuis le verset 19
de ce même chapitre au verset 20 du chapitre 3, cette partie de l’Épître
montrant la cause de la colère divine.
Raisons de la
culpabilité des Gentils, connaissant le mal et le pratiquant
Les Gentils sont inexcusables pour deux motifs : [1:19] l° parce que ce qui peut
être connu de Dieu a été manifesté par la création, [1:20] savoir « sa puissance
éternelle et sa divinité » ; — depuis la création du monde cette preuve a été
devant les yeux des hommes ; [1:21] 2° parce que, ayant la connaissance de Dieu
comme Noé l’a eue, ils n’ont pas glorifié Dieu comme Dieu, et que, dans la
vanité de leur imagination, raisonnant sur leurs propres pensées à cet égard et
sur les idées qui se produisaient au-dedans d’eux, [1:22] ils sont devenus fous
en prétendant à la sagesse, [1:23] et sont tombés dans l’idolâtrie même la plus
grossière. [1:24] Or Dieu a jugé cet état : [1:25] si les hommes n’ont pas voulu
retenir une juste pensée de la gloire de Dieu, [1:24] ils ont subi le jugement
qui les condamne à ne pas pouvoir garder même une juste idée de l’honneur
naturel de l’homme et à se déshonorer eux-mêmes, [1:25] comme ils avaient
déshonoré Dieu. C’est là, en quelques mots puissants et énergiques, l’exacte
description de la mythologie païenne tout entière. [1:28] Les Gentils n’ont pas
eu le discernement, le sens moral, par lequel ils auraient conservé Dieu dans
leur connaissance : Dieu les a livrés à un esprit dépourvu de discernement, et
ils se sont vautrés dans une inconduite qui était le fruit de goûts dépravés et
inconvenants pour la nature même. — [1:32] La conscience naturelle savait que
Dieu jugeait de telles choses comme étant dignes de mort, selon les justes
exigences de la nature divine ; cependant, non seulement les hommes faisaient
ces choses, mais ils prenaient de la satisfaction en ceux qui les faisaient,
lorsque leurs propres convoitises à eux ne les y entraînaient pas. C’est ce qui
laissait sans excuse ceux qui jugeaient le mal — et il ne manquait pas de
personnes de ce caractère parmi les païens — car ces mêmes personnes faisaient
le mal, tout en le jugeant. L’homme donc, en jugeant, se condamne doublement ;
car en jugeant il montre qu’il a la connaissance du mal, et cependant il le
fait. Or le jugement de Dieu est, selon la vérité, sur ceux qui font de
pareilles choses ; ceux qui se font une réputation de sagesse, en les jugeant,
n’échapperont pas à ce jugement.
Chapitre 2
Ch. 2 v. 1-16 — Jugement de Dieu contre le mal
Ch. 2 v. 1-4 — Jugement du mal, et patience envers le pécheur pour qu’il se
repente
Deux choses sont présentées ici à l’égard de Dieu : [2:2] 1° son jugement contre
le mal — [2:3] celui qui fait le mal n’échappera pas. La différence réelle entre
le bien et le mal sera maintenue par le jugement. [2:4] 2° sa miséricorde, sa
patience et sa longue attente à l’égard de l’homme qui fait le mal, sa bonté
conviant celui-ci à la repentance.
Ch. 2 v. 5-11 — Sûres
conséquences du comportement de tout homme
[2:3] Celui qui continue à faire le mal, se trompe en cherchant à oublier le
jugement certain de Dieu, [2:4] et en méprisant sa bonté. [2:8] D’une part, les
conséquences d’une vie opposée à Dieu et à sa vérité, [2:7] de l’autre, celles
de la recherche de ce qui est agréable à Dieu, et partant de la vie éternelle,
sont sûres : [2:9] angoisse et tribulation pour la première ; [2:10] gloire et
honneur pour la seconde ; et cela sans qu’il soit tenu compte du Juif plus que
du Gentil.
Ch. 2 v. 12-16 —
Jugement de Dieu selon l’état moral et les privilèges de l’homme
[2:12] Dieu juge les choses d’après leur vrai caractère moral, et selon les
avantages dont le coupable a joui1. Ceux qui auront péché sans loi, périront
sans loi ; et ceux qui auront péché sous la loi, seront jugés selon la loi,
[2:16] au jour où Dieu jugera les secrets des hommes selon l’Évangile que
prêchait Paul. Le caractère attribué ici au jugement est très important : Ce
n’est pas le gouvernement du monde par un jugement terrestre et extérieur, comme
le Juif le comprenait, mais le jugement de l’individu selon la connaissance que
Dieu a du cœur.
1 Cela fait ressortir une vérité qui perce partout dans la doctrine de cette Épître, c’est-à-dire que toutes choses se trouvent dans leur réalité, devant un Dieu révélé par Christ et l’œuvre de la croix. Elles ont leur vrai caractère et leurs résultats selon ce que Dieu est. Remarquez en outre que les termes : « Chercher la gloire, l’honneur et l’incorruptibilité » [(2:7)], supposent la connaissance de l’Évangile. Ces choses sont connues par le christianisme.
Ch. 2 v. 17-29 — Ce que
Dieu attend de l’homme : une réalité morale
Dieu veut la conformité à ce qu’Il attend, non une prétention qui Le déshonore
Dieu aussi veut des réalités. [2:27] Le Gentil qui accomplissait la loi était
meilleur qu’un Juif qui la violait. [2:17] Si quelqu’un s’appelait Juif,
[2:21-23] et agissait mal (v. 17), [2:23] il ne faisait que déshonorer Dieu
[2:24] et livrer Son nom aux blasphèmes des Gentils, tout en se vantant de ses
propres privilèges (v. 24).
Réalité morale de la
circoncision, pour Dieu, ce qu’Il veut de l’homme
Ensuite l’apôtre insiste sur ce que Dieu veut la réalité morale : [2:26] un
Gentil qui accomplit ce que la loi exige, [2:27] vaut mieux qu’un Juif qui lui
désobéit ; [2:29] le vrai Juif est celui qui a la loi dans son cœur, qui n’a pas
seulement une circoncision extérieure, mais est circoncis spirituellement. C’est
un état que Dieu peut louer, et non pas l’homme seulement.
Chapitre 3
Ch. 3 v. 1-20 — État des Juifs, et constat que tous sont coupables
Ch. 3 v. 1-8 — Jugement de Dieu, malgré les avantages des Juifs et la
démonstration de la fidélité de Dieu
Ayant constaté cette grande vérité que Dieu exigeait une bonté morale véritable,
Paul considère l’état des Juifs. [3:1] N’y avait-il aucun avantage dans le
Judaïsme ? [3:2] Certainement il y en avait, et en particulier celui-ci : c’est
qu’ils possédaient les oracles de Dieu (v. 2). Les voies de Dieu sont en
elles-mêmes pleines de bénédiction, bien que ses voies ne changent pas les
vérités immuables de sa nature : [3:3] et si beaucoup d’entre les Juifs avaient
été incrédules, ce fait n’a rien changé à la fidélité de Dieu. [3:5] D’un autre
côté, le fait que l’incrédulité de plusieurs ne faisait que démontrer plus
clairement la fidélité de Dieu (qui demeure éternellement quand même), n’ôtait
rien aux droits de la justice divine. Les incrédules seront punis selon ce
qu’ils ont été, quoiqu’ils soient un moyen de faire ressortir la force de
l’infaillible fidélité de Dieu. Cette fidélité ne faillira pas, quelle que soit
son inutilité à l’égard de la masse. [3:6] Si l’éclat que la fidélité de Dieu
tire de l’infidélité de l’homme, empêchait Dieu d’exécuter le jugement, il ne
pourrait juger personne, pas même le monde (que le Juif reconnaissait volontiers
devoir être jugé), car l’état du monde aussi rehaussait et mettait en évidence
la fidélité de Dieu envers son peuple. [3:9] Mais si le Juif avait des
avantages, était-il donc meilleur pour cela ? [3:9] Nullement : tous étaient
renfermés sous le péché, Juifs ou Gentils, comme l’apôtre l’avait déjà déclaré
(v. 9)1.
1 Remarquez ici un principe très important : c’est qu’il peut y avoir de grands et réels avantages de position là où il n’y a aucun changement intérieur (comp. 11:17 avec 1 Cor. 10).
Ch. 3 v. 9-20 —
Démonstration du péché des Juifs par leur loi
[3:9] Paul cite maintenant l’Ancien Testament pour démontrer que les Juifs
étaient renfermés sous le péché, eux qui ne niaient pas ce fait à l’égard des
Gentils. La loi, dit l’apôtre, vous appartient et vous vous vantez qu’elle
s’adresse exclusivement à vous. [3:10] Eh bien, voici ce qu’elle dit du peuple,
de vous-mêmes ; elle s’adresse à vous, comme vous le reconnaissez : Dieu du haut
du ciel ne peut pas découvrir un seul juste ; il dit : « Il n’y a point de
juste, non pas même un seul ». [3:10-18] L’apôtre cite le Ps. 14:2, 3 et Ésaïe
59:7, 8 pour démontrer le jugement que portaient sur les Juifs ces oracles dont
ils se vantaient. [3:19] Ainsi toute bouche est fermée, et tout le monde est
coupable devant Dieu (v. 19). [3:20] C’est pourquoi nulle chair ne sera
justifiée devant Dieu par la loi, car si, d’un côté, le monde se vautre dans le
mal au milieu des ténèbres, d’un autre, par le moyen de la loi, le péché est
connu.
Ch. 3 v. 21-26 —
Manifestation de la justice de Dieu hors de la loi
Ch. 3 v. 21 — Témoignage à la justice divine manifestée sans loi
[3:21] Or maintenant, sans loi, toute loi à part, une justice qui est de Dieu a
été manifestée, la loi et les prophètes lui rendant témoignage (verset 21).
Responsabilité de
l’homme quant au péché, et rapport avec la justice de Dieu
Ici donc nous trouvons constaté, non seulement l’état des Gentils et des Juifs,
ainsi que les grands principes immuables du bien et du mal, quelles que fussent
les voies de Dieu, [3:21] mais encore l’effet de la loi elle-même et la justice
qui était introduite par le christianisme, entièrement en dehors de la loi,
quoique la loi et les prophètes rendissent témoignage à cette justice. En un
mot, nous trouvons, traités dans ce passage, l’éternelle vérité quant au péché
et à la responsabilité de l’homme, l’effet de la loi, les rapports de l’Ancien
Testament avec le christianisme, et le vrai caractère de ce dernier pour ce qui
regarde la justice, savoir : que la justice qui se trouve dans le christianisme
est une chose entièrement nouvelle et indépendante, la justice de Dieu lui-même.
Toute la question entre l’homme et Dieu par rapport au péché et à la justice,
est vidée quant à ses principes fondamentaux dans ces quelques paroles.
Maintenant le « comment » de l’accomplissement va être traité1.
1 Le verset 21 du chapitre 3 se rattache de fait au verset 17 du chapitre premier. Tout ce que l’on trouve entre ces deux versets est la démonstration de la vérité établie au chapitre 1:18, vérité qui rendait la justice de Dieu introduite au verset 17, impérativement nécessaire.
Ch. 3 v. 22-24 —
Justice universelle de Dieu, pour tous ceux qui croient en Jésus
[3:22] La justice qui seule fait la base de nos relations avec Dieu, est la
justice de Dieu par la foi en Jésus Christ. L’homme n’a pas accompli cette
justice, l’homme ne l’a pas procurée : elle est de Dieu, elle est Sa justice à
Lui ; en croyant en Jésus Christ, on y participe. Or si la justice par laquelle
l’homme est justifié, était une justice d’homme, elle serait par la loi, règle
de la justice humaine devant Dieu (or cette loi avait été donnée aux Juifs
seuls) ; mais, étant la justice de Dieu lui-même, elle se rapporte à tous, pas
plus à l’un qu’à l’autre. Dans sa portée, elle est « la justice de Dieu, envers
tous » ; un Juif n’était pas plus en relation avec la justice de Dieu qu’un
Gentil. Cette justice est de fait universelle dans son aspect et dans son
applicabilité, une justice de Dieu pour l’homme, parce qu’aucun homme n’avait de
justice pour Dieu. Ensuite cette justice divine est appliquée à « tous ceux qui
croient » : là où il y a la foi, là elle est appliquée. Le croyant la possède.
Elle est envers tous, et sur tous ceux qui croient en Jésus ; car il n’y a pas
de différence : [3:23] tous ont péché, n’atteignent pas à la gloire de Dieu et
sont privés de cette gloire ; [3:24] mais ils sont justifiés gratuitement par sa
grâce, par la rédemption qui est en Jésus Christ. [3:22] Juif ou Gentil, tout
homme est pécheur ; la justice par laquelle l’un et l’autre peuvent être
justifiés, est la justice de Dieu ; la bonté de Dieu est ce qui donne cette
justice, [3:24] la rédemption en Jésus Christ est le moyen divin d’y avoir
part1.
1 Pour faire ressortir combien cette instruction de Paul est complète, j’ajoute ici les éléments qui la composent. [3:21] En soi la justice justifiante est la justice de Dieu, sans loi — la loi et les prophètes lui rendant témoignage ; [3:22] quant à son application, elle est la justice de Dieu par la foi en Jésus Christ, envers tous, et sur tous ceux qui croient. — [3:25] Christ est proposé comme propitiatoire par la foi en son sang, pour montrer cette justice par la rémission des péchés passés (des péchés des Abraham, etc.) selon la patience de Dieu ; [3:26] mais pour la montrer dans le temps présent, afin que Dieu soit juste, et justifie celui qui croit en Jésus.
Ch. 3 v. 25-26 —
Manifestation de la justice de Dieu envers l’homme, par l’œuvre de Jésus
[3:25] Avant l’accomplissement de cette rédemption, Dieu, en vue de ce qu’il
allait accomplir, avait supporté les fidèles dans sa patience, mais maintenant
la justice elle-même a été manifestée : on s’approche de Jésus Christ comme d’un
propitiatoire que Dieu a placé devant les hommes, et on trouve sur ce
propitiatoire le sang qui nous donne libre accès auprès de Dieu en justice —
auprès de Dieu dont la gloire est satisfaite dans l’œuvre que Jésus a accomplie,
son sang sur le propitiatoire rendant témoignage pour toujours à
l’accomplissement de cette œuvre. [3:26] Ces relations actuelles avec Dieu ne
sont plus fondées sur « la patience » de la part de Dieu ; la justice est
manifestée, de sorte que Dieu est juste, et juste en justifiant celui qui est de
la foi en Jésus (v. 23-26).
Ch. 3 v. 27-31 —
Justification par la foi en contraste avec la loi
Ch. 3 v. 27-28 — Exclusion de la vanterie de la propre justice par la foi
[3:27] « Où donc est la vanterie ? » (v. 27). Car les Juifs se vantaient
beaucoup de leur supériorité vis-à-vis des Gentils : la propre justice se vante
toujours. Ce n’est pas une loi d’œuvres qui exclut cette vanterie, c’est « la
loi de la foi », ce principe divin sur lequel nous sommes placés ; [3:28] car
l’œuvre d’autrui, sans les œuvres de loi, nous fait participer, par la grâce, à
la justice divine.
Ch. 3 v. 29-30 —
Justification des Juifs et des Gentils par la foi seule
[3:29] Et est-ce que Dieu est un Dieu limité1, qui ne soit que le Dieu des Juifs
(v. 29) ? Non, il l’est aussi des Gentils ! [3:30] Et comment ? — En grâce ; —
en ce que c’est un seul Dieu qui justifie les Juifs (qui cherchaient la justice)
sur le principe de la foi, et — puisque la justification est sur le principe de
la foi — par la foi aussi, le Gentil qui croit. On est justifié par la foi : le
Gentil qui croyait était donc justifié. — À l’égard des Juifs, le principe sur
lequel on est justifié est constaté, car le Juif cherchait la justice ; à
l’égard des Gentils, l’homme chez qui la foi existe, est justifié, car on
participe à la justification sur le principe de la foi.
1 Remarquez de nouveau ici ce que Dieu est en Lui-même. Comp. Matthieu 15:21-28.
Ch. 3 v. 31 —
Établissement de la loi et de son autorité par la foi
[3:31] La foi renverse-t-elle donc le principe selon lequel une loi possède de
l’autorité ? Non ; elle établit en plein cette autorité, mais fait participer
l’homme à la justice divine, tout en reconnaissant l’état de perdition où
l’homme se trouve et sa juste et totale condamnation par la loi ; condamnation
qui rend nécessaire une autre justice, parce que, selon la loi, l’homme n’en a
pas, n’a pas de justice qui lui soit propre. La loi réclame la justice, mais
elle découvre le péché ; si la justice qu’elle exige n’avait pas été nécessaire
devant Dieu, il n’y aurait pas eu besoin d’une autre justice, quand celle-là ne
pouvait être produite chez l’homme. Or la foi affirme ce besoin et la justice de
la condamnation de l’homme sous la loi, en faisant participer le croyant à cette
autre justice qui est celle de Dieu. Ce que la loi réclame, la loi ne le donne
pas ; et même parce qu’elle le réclame, l’homme manque à ses exigences. Si la
loi donnait ce qu’elle exige, elle effacerait l’obligation qu’elle impose à
l’homme de satisfaire à ces exigences. Dieu agit en grâce quand le principe
d’obligation légale est pleinement maintenu en condamnation : il donne la
justice, parce qu’il faut que l’homme la possède pour demeurer devant Lui. Dieu
n’affaiblit pas le principe d’obligation légale d’après lequel l’homme est
entièrement condamné1 ; mais, reconnaissant et affirmant la justice de cette
condamnation, Dieu se glorifie par grâce en accordant à l’homme une justice,
quand l’homme n’avait pas de justice humaine à lui présenter en rapport avec
l’obligation qu’il était de la nature même d’une loi de lui imposer. Jamais il
n’y eut une sanction divine sur la loi, pareille à la mort de Christ qui en a
porté la malédiction, mais en nous soustrayant à son autorité. La foi n’annule
donc pas le principe de l’autorité d’une loi ; elle l’établit en plein. La foi
prouve que l’homme est justement condamné sous la loi ; elle maintient
l’autorité de la loi quant à cette condamnation, car elle considère tous ceux
qui sont sous la loi comme étant sous la malédiction [(Gal. 3:10)]2.
1 La loi est, en elle-même, la règle parfaite du bien et du mal pour tout enfant d’Adam, bien qu’elle ne soit donnée qu’aux Juifs. Mais elle n’est pas arbitraire; elle comprend toutes les relations dans lesquelles les hommes se trouvent et donne une règle parfaite quant à ces relations, avec la sanction de l’autorité de Dieu à leur égard, et une sanction pénale quand elles sont enfreintes. Mais maintenant nous avons quelque chose de beaucoup plus élevé, non pas ce que l’homme devrait être, mais la glorification de Dieu Lui-même.
2 C’est pourquoi ceux qui placent les chrétiens sous la loi ne maintiennent aucunement son autorité, car ils considèrent les chrétiens comme exempts de sa malédiction, quoiqu’ils lui désobéissent.
Le lecteur remarquera que ce qui est distinctement établi jusqu’à la fin du chapitre 3, c’est d’une part, le sang de Christ s’appliquant au péché du vieil homme et faisant du pardon une chose juste, d’autre part le croyant pur de péché, parce qu’il a été purifié par le sang de Christ, lequel a répondu à toute la culpabilité du vieil homme.
Nous abordons maintenant un autre aspect de la justification. Il ne s’agit cependant pas encore de nous placer dans une position nouvelle de résurrection à la suite de la justification.
Chapitre 4
Ch. 4 v. 1-15 — Impossibilité d’obtenir la justice par la loi, mais par la foi
seule
Ch. 4 v. 1-8 — Justification par la foi confirmée par les pères
Ch. 4 v. 1-5 — Abraham trouvé agréable à Dieu en justice selon la foi
Mais ces considérations à l’égard de la foi ne suffisaient pas pour convaincre
les Juifs ; il y avait une autre considération d’un grand poids, et pour ce
peuple, et dans les voies de Dieu. [4:1] Qu’en était-il d’Abraham, appelé de
Dieu pour être le père et la souche des fidèles ? L’apôtre donc, après avoir
exposé les rapports qui existaient entre la foi et la loi, à la suite de
l’introduction de la justice de Dieu, aborde cette question : Sur quel pied
Abraham se trouvait-il placé comme agréable à Dieu en justice ? Car le Juif
aurait pu admettre son manquement personnel sous la loi, tout en invoquant la
jouissance de ses privilèges comme enfant d’Abraham. En considérant ce point
selon la chair (c’est-à-dire en vue des privilèges qui se rattachent à Abraham
et dont on prétendait jouir comme d’un héritage appartenant à ses enfants, à
ceux qui se trouvaient dans la ligne de succession pour en jouir), sur quel
principe la considération du cas d’Abraham nous place-t-elle ? [4:5] Toujours
sur ce même principe de foi. [4:2] Abraham aurait eu de quoi se vanter, s’il
était justifié par les œuvres, mais devant Dieu il n’en était pas ainsi. [4:3]
Les Écritures disent : « Abraham crut Dieu, et cela lui fut compté à justice ».
[4:4] Or à celui qui fait les œuvres, le salaire n’est pas compté à titre de
grâce, mais à titre de chose due ; [4:5] mais à celui qui ne fait pas des œuvres
et qui croit en celui qui justifie l’impie, « sa foi lui est comptée à justice
», car il glorifie en effet Dieu comme Dieu veut être glorifié et selon la
révélation que Dieu a donnée de lui-même en Christ.
Ch. 4 v. 6-8 —
Béatitude du pécheur justifié par grâce, selon David
[4:5] Le principe donc qu’établit l’exemple d’Abraham est le principe de la
justification par la foi. [4:6] Or David appuie ce témoignage et parle de la
béatitude de celui à qui la justice est comptée sans les œuvres (v. 6-8). [4:7]
Celui dont les iniquités sont pardonnées et les péchés couverts, [4:8] celui
auquel l’Éternel n’impute pas ses péchés, celui-là est l’homme béni, selon
David. Or une pareille bénédiction suppose l’homme pécheur, et non pas juste en
lui-même : il s’agit de ce que Dieu est en grâce pour un tel homme, et non pas
de ce que celui-ci est pour Dieu ; le bonheur d’un tel homme est que Dieu ne lui
impute pas les péchés qu’il a commis, et non pas qu’il soit juste en lui-même
devant Dieu. La justice pour l’homme a sa source dans la grâce de Dieu. Ici
cette justice est identifiée avec la non-imputation des péchés, à l’homme
coupable de les avoir commis. Le péché n’est point compté.
Ch. 4 v. 9-15 — Justice
reçue par Abraham et pour sa semence hors de la circoncision, par la foi
[4:9] Maintenant cette justice était-elle pour la circoncision seulement ? (v.
9). — Or notre thèse est que Dieu a tenu Abraham pour juste par la foi. [4:10]
Mais Abraham était-il circoncis quand Dieu l’a tenu pour juste ? Non : il était
incirconcis. [4:12] La justice donc est par la foi, et pour les incirconcis par
la foi ; témoignage écrasant pour le Juif, car Abraham était le bel idéal auquel
se rapportaient chez les Juifs toutes les idées d’excellence et de privilège.
[4:11] La circoncision n’était qu’un sceau de la justice par la foi, foi
qu’Abraham avait eue étant dans l’incirconcision, afin qu’il fût père de tous
ceux qui croient étant dans le même état, afin que la justice leur fût comptée
aussi ; — [4:12] et qu’il fût père de circoncision, c’est-à-dire premier modèle
d’une vraie mise à part d’un peuple pour Dieu, non seulement à l’égard de ceux
de la circoncision, mais à l’égard de tous ceux qui marcheraient sur les traces
de sa foi qu’il a eue étant incirconcis. [4:13] Car après tout, la promesse
d’être héritier du monde n’était pas faite à Abraham, ni à sa semence, en
rapport avec la loi, mais en rapport avec la justice par la foi. [4:14] Si ceux
qui se fondent sur le principe de la loi sont héritiers, la foi par laquelle
Abraham a reçu la position d’héritier, est vaine et la promesse annulée. [4:15]
Car1, au contraire, la loi produit la colère : or assujettir à la colère n’est
pas faire jouir d’une promesse, car là où il n’y a pas de loi, il n’y a pas de «
transgression ». L’apôtre ne dit pas (que le lecteur y fasse attention) : il n’y
a point de « péché », mais il dit que là où il n’y a pas de commandement, il n’y
a pas de commandement à violer. Or la loi étant donnée à un pécheur, produit
nécessairement la colère.
1 Le lecteur attentif doit tenir compte de l’usage du mot « Car » dans les épîtres de Paul. Dans un grand nombre de cas ce mot n’exprime pas une conclusion, mais aborde un sujet collatéral qui, dans la pensée de l’apôtre, amènerait à la même conclusion, ou bien aussi un principe général plus profond qui forme la base même de l’argument et élargit la sphère de notre vision.
Droit à l’héritage
fondé sur la foi aussi, selon la promesse crue par Abraham
Ces considérations sont le côté négatif de la question. L’apôtre montre qu’à
l’égard des Juifs eux-mêmes le droit à l’héritage ne pouvait être fondé sur le
principe de loi, sans mettre de côté Abraham : [4:13] car l’héritage avait été
donné à Abraham par promesse, et ceci impliquait qu’il y avait part par la foi,
car on croit à une promesse, et celui à qui une promesse a été faite n’est pas
celui qui l’accomplit ; [4:3] aussi la justice d’Abraham se trouvait, selon les
Écritures, par cette même foi. [4:5] Elle lui a été comptée à justice.
Ch. 4 v. 16-25 —
Principe de la justification par la foi en la promesse divine
Ch. 4 v. 16 — Appartenance de l’héritage promis à la foi, sans loi, pour tous
[4:16] Le principe que l’héritage appartient à la foi, admettait les Gentils à
la jouissance de cet héritage ; mais ici le raisonnement va plus loin et le
principe est constaté à l’égard des Juifs eux-mêmes, ou plutôt à l’égard des
voies de Dieu, de manière à exclure la loi comme moyen d’arriver à la possession
de l’héritage de Dieu. La conséquence de ce principe à l’égard des Gentils qui
croiraient à l’Évangile est tirée au verset 16 : « Pour cette raison, c’est sur
le principe de la foi, afin que ce soit selon la grâce, pour que la promesse
soit assurée à toute la semence » d’Abraham à qui la promesse a été faite, non
seulement à l’égard de la semence qui se trouvait sous la loi, mais à l’égard de
tous ceux qui ont la foi d’Abraham qui est le père de nous tous devant Dieu ;
[4:17] ainsi qu’il est écrit : « Je t’ai établi père de plusieurs nations ! »
Fondation du principe
de la justification par la foi
Voilà le grand principe posé. [4:13] C’est donc par la foi, avant et sans la
loi, et n’ayant rien à faire avec elle, que la promesse est faite à un homme non
circoncis, et il est justifié en croyant à la promesse.
Ch. 4 v. 17-25 — Foi en
Dieu qui a ressuscité Jésus, comptée à justice pour nous
Un autre élément est maintenant introduit. [4:19] Humainement parlant,
l’accomplissement de la promesse était impossible, car Abraham ainsi que Sara
étaient, à cet égard, comme morts ; [4:18] et il s’agissait de croire à la
promesse contre toute espérance, [4:17] en s’appuyant sur la toute puissance de
Celui qui ressuscite les morts et appelle les choses qui ne sont pas comme si
elles existaient. [4:20] Telle a été la foi d’Abraham : il a cru à la promesse
qu’il serait père de plusieurs nations parce que Dieu l’avait dit et qu’il
comptait sur la puissance de Dieu, le glorifiant ainsi, [4:21] sans mettre en
question, en regardant aux circonstances, ce que Dieu lui avait dit ; [4:22]
c’est pourquoi cela aussi lui a été compté pour justice (v. 20-22). Il a
glorifié Dieu selon ce que Dieu était. [4:23] Or que cela ait été écrit, n’a pas
été pour lui seulement ; [4:24] mais la même foi nous sera aussi comptée pour
justice, savoir la foi en Dieu, comme au Dieu qui a ressuscité Jésus d’entre les
morts. J’ai dit la foi en Dieu, car l’apôtre ne parle pas ici de croire en
Jésus, mais de croire en Celui qui est intervenu en puissance dans le domaine de
la mort dans lequel Jésus était à cause de nos péchés, et qui l’en a retiré par
Sa puissance. La résurrection soit de Christ, soit des fidèles, est le fruit de
la puissante activité de l’amour de Dieu qui a fait sortir de dessous les
conséquences du péché Celui qui avait déjà porté toute la peine de nos péchés ;
de sorte qu’en croyant en Dieu qui l’a ressuscité, nous embrassons toute
l’étendue de l’œuvre à laquelle la résurrection a mis le sceau, ainsi que la
grâce et la puissance qui s’y sont déployées. Nous connaissons Dieu de cette
manière. Notre Dieu est le Dieu qui a agi ainsi à l’égard de Jésus et en grâce
envers nous : lui-même, il a ressuscité d’entre les morts Jésus [4:25] qui avait
été livré pour nos fautes, et qui a été aussi ressuscité pour notre
justification. Les conséquences du péché avaient été déjà mises en évidence ;
Jésus les avait subies et il était mort : l’intervention active de Dieu a
délivré de ces conséquences celui qui y avait été soumis parce qu’il avait porté
les péchés. La résurrection, telle qu’elle est connue en Christ, n’est pas
seulement une résurrection des morts, mais une résurrection d’entre les morts,
le fruit de l’intervention de Dieu pour faire sortir en justice de dessous les
dernières conséquences du péché Celui qui avait glorifié Dieu. En croyant à un
tel Dieu, nous comprenons que c’est lui-même qui, en ressuscitant Christ d’entre
les morts, nous a délivrés Lui-même de tout ce à quoi le péché nous avait
assujettis, parce qu’Il a ramené d’entre les morts, par Sa puissance
libératrice, Celui qui était entré dans la mort pour nous sauver.
Ch. 4 v. 24-25 — Foi du
croyant dans ce que Dieu a déjà fait, non dans une promesse
[5:1] Ainsi, ayant été justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu.
Remarquez ici la différence entre la foi d’Abraham et la nôtre. [4:21] Il
croyait que Dieu pouvait accomplir ce qu’Il avait promis ; [4:24] nous sommes
appelés à croire ce qu’Il a accompli. La foi à la parole de Dieu, la foi en
Dieu, la foi qui saisit Sa puissance en résurrection, [4:25] est la foi en ce
qui nous a sortis de dessous toutes les conséquences de nos péchés, sauf, sans
doute, que nos corps ne sont pas actuellement renouvelés. Cette foi repose sur
la puissance de Dieu qui a accompli pour nous une telle délivrance, et nous a
purifiés. Christ a été livré pour nos fautes et ressuscité pour notre
justification1.
1 Je rejette absolument l’interprétation: «ressuscité parce que nous avons été justifiés». Ce n’est pas la force du Grec, et cela contredit le commencement du chapitre 5 en excluant la foi de notre justification.
Chapitre 5, versets 1 à
11
Ch. 5 v. 1-2 — Application de la justification au croyant dans sa vie
Tout est de Dieu : la paix faite, Sa faveur sur nous, et l’espérance future de
Sa gloire
L’apôtre avait posé les grands principes de la vérité à l’égard de la
justification et de la vie ; il en vient maintenant à leur application à
l’homme, c’est-à-dire à l’état de l’âme quant à ses propres sentiments. Paul
nous présente ici l’effet des vérités qu’il vient d’annoncer, lorsqu’elles
seront reçues par la foi, par la puissance de l’Esprit. [5:1] L’œuvre de la
rédemption est faite ; le croyant a part au bénéfice de cette œuvre, et il est
justifié. Ayant été justifiés, nous avons la paix avec Dieu, [5:2] nous sommes
dans Sa faveur et nous nous réjouissons dans l’espérance de Sa gloire. Nous
croyons en un Dieu qui est intervenu en puissance pour ressusciter Celui qui
avait porté nos offenses et qui, ressuscité, est le témoin éternel que nos
péchés sont ôtés et que le seul vrai Dieu est Celui qui nous a ainsi délivrés en
amour. [5:1] J’ai donc, comme croyant, la paix avec Lui : tous mes péchés sont
abolis, annulés par l’œuvre de Christ ; mon cœur déchargé, connaît le Dieu
Sauveur ; je n’ai plus aucune pensée qu’il y ait de la vengeance en Lui à mon
égard ; [5:2] Sa faveur précieuse repose sur moi, faveur qui est meilleure que
la vie (Ps. 63:3). Par Christ entré dans Sa présence, je me trouve actuellement
dans la jouissance de sa faveur, dans une grâce présente. Tout ce qui se
rattachait au vieil homme est annulé par la mort de Christ ; il ne peut y avoir
aucune question entre moi et Dieu quant à mes péchés ; Dieu n’a rien à m’imputer
; cela a été fait dans la mort et la résurrection de Christ ; pour le temps
présent je suis entré dans la présence de Dieu, dans la jouissance de sa faveur
: la grâce caractérise mes relations actuelles avec Lui. Puis, tous mes péchés
ayant été ôtés, selon les exigences de la gloire de Dieu, et Christ étant
ressuscité d’entre les morts, après avoir parfaitement répondu à toute cette
gloire, je me réjouis dans l’espérance de la gloire de Dieu. J’ai une espérance
pleine et bien fondée de m’y trouver, sans aucune crainte d’en être jamais
privé. Tout se rapporte à Dieu : [5:1] la paix est avec Dieu et selon ses
perfections ; [5:2] la faveur dont je jouis est celle de Dieu, et je me réjouis
dans Sa gloire en espérance. [5:1] Tout tient à Sa puissance, déployée en
résurrection : la paix avec Dieu comme une chose faite, [5:2] la faveur présente
de Dieu, et l’espérance de sa gloire.
Dieu, source de tout,
nous justifie et nous sauve, nous donnant les résultats de la grâce
[5:1] Remarquez ici que la justification est distincte de la paix : « Ayant été
justifiés, nous avons la paix » : la justification est notre état réel devant
Dieu en vertu de l’œuvre de Christ, en vertu de sa mort et de sa résurrection.
Or, la foi connaissant ainsi Dieu, est en paix avec Dieu ; mais cette paix est
une conséquence de la justification, [5:2] comme l’est aussi la jouissance
présente de la faveur dans laquelle nous sommes. [5:1] La foi croit au Dieu qui
a fait l’œuvre par laquelle nous sommes justifiés ; mais ce Dieu est un Dieu qui
nous a aimés et qui, exerçant sa puissance en amour et en justice, a ressuscité
celui qui portait nos péchés, l’introduisant dans sa présence comme celui qui a
entièrement aboli ces péchés, et qui a parfaitement glorifié Dieu lui-même en le
faisant [(4:24-25)]. [5:2] Par la même raison, nous sommes, de fait, par Jésus,
dans la pleine faveur de Dieu devant qui nous nous trouvons. Le Dieu devant qui
nous sommes est le Dieu d’amour qui, nous ayant aimés, nous a sauvés. Et quel en
est le résultat ? Nous serons introduits par Jésus là où lui-même est allé. Or
entrer là où il est, c’est entrer dans la gloire ; et déjà nous nous glorifions
dans l’espérance de la gloire de Dieu. Dieu lui-même est la source de tout,
Celui qui a tout opéré : la bonne nouvelle dans laquelle le salut qu’il a
accompli est annoncé, est l’Évangile de Dieu [(1:1)] ; la puissance qui agit
encore par l’Évangile est la puissance de Dieu en salut [(1:16)] ; la justice
qui est révélée est la justice de Dieu [(1:17)] ; la gloire dans laquelle nous
sommes introduits en espérance, est la gloire de Dieu [(5:2)]. Telle est, quant
à nous, l’efficace de cette grâce : c’est la paix, la faveur, la gloire.
Ch. 5 v. 3-11 —
Bénédictions supplémentaires à ces trois choses
Ch. 5 v. 3 — Nécessité de l’expérience pratique et des tribulations
L’esprit de l’homme dira peut-être qu’en possédant ces trois choses, on possède
tout, car Dieu a pourvu au passé, au présent et à l’avenir. Mais non, il reste
encore de nouvelles bénédictions. [5:3] D’abord, il y a l’expérience pratique.
Nous traversons de fait des tribulations parce qu’elles soumettent notre
volonté, l’activité naturelle de nos cœurs, parce qu’elles purifient nos cœurs
des choses qui obscurcissent notre espérance, des choses présentes qui les
remplissent. Les tribulations nous rendent ainsi capables de nous en remettre à
Dieu pour toutes choses ; et de fait, ces dernières sont entièrement dirigées
par Celui dont la fidèle grâce les a ordonnées pour nous.
Ch. 5 v. 3-5 —
Affermissement de l’espérance, selon l’amour reçu de Dieu en nous par l’Esprit
[5:3] Nous savons mieux ainsi que la scène dans laquelle nous nous mouvons,
passe et change, et qu’elle n’est qu’une scène d’exercice, et non pas la sphère
propre de la vie. [5:4] Ainsi l’espérance fondée sur l’œuvre de Christ devient
plus claire, plus dégagée du mélange de ce qui est de l’homme ici-bas ; nous
discernons plus clairement ce qui est invisible et éternel, et les liens de
l’âme avec les choses qui sont devant nous, sont plus complets et entiers.
L’expérience produit l’espérance parce que, à travers tout (car sans la
conscience de cet amour nous pourrions être découragés par les tribulations et
croire que Dieu est contre nous), [5:5] l’amour de Dieu qui nous a donné cette
espérance, est répandu dans nos cœurs. Cet amour est démontré non seulement par
l’œuvre et la résurrection de Christ, mais par la présence du Saint Esprit qui
le répand dans le cœur, du Saint Esprit qui est le Dieu d’amour en nous.
[5:5] Cependant, tout en donnant ce fondement intérieur de joie, l’Esprit est soigneux de le rapporter à Dieu et à ce qu’Il a fait en dehors de nous, quant à la preuve qui nous en est donnée, afin que notre âme puisse être fondée sur ce qui est en Lui, et non pas sur ce qui est en nous-mêmes.
Ch. 5 v. 6-8 — Preuve
de l’amour de Dieu, manifesté pour nous et en nous
[5:5] L’amour de Dieu est bien en nous, Dieu en soit béni, mais l’amour qui est
en nous par la présence du Saint Esprit, est l’amour de Dieu ; [5:6] et la
preuve que nous en possédons, c’est que, lorsque nous étions dépourvus de toute
force, Christ est mort au temps convenable pour des impies (v. 6). Le « temps
convenable » dont il est question ici, était le temps où l’homme avait été
démontré impie, et sans force pour sortir de cette condition, lors même que
Dieu, sous la loi, lui montrait le chemin. [5:7] L’homme peut se dévouer quand
il a un motif assez puissant ; [5:8] Dieu a montré son amour, l’amour qui lui
est propre1, en ce que, lorsqu’il n’y avait pour Lui aucun motif en nous, quand
nous n’étions que pécheurs, Christ est mort pour nous (v. 7, 8). La source de
cet amour est en Dieu lui-même, ou plutôt elle est Lui-même ! Quel bonheur de
savoir que c’est en Lui et de Lui que nous avons toutes ces choses !
1 Le mot « son » est emphatique dans l’original.
Ch. 5 v. 9-11 — Se
glorifier en Dieu, conséquence de la connaissance de Son amour pour nous
[5:10] Si Dieu nous a réconciliés avec lui-même, selon le mouvement de son
propre cœur, lorsque nous étions ennemis — à plus forte raison, nous ayant
réconciliés, il ira jusqu’au bout : [5:9] et nous serons sauvés de la colère par
la vie de Christ. [5:10] Il ajoute donc, en parlant du moyen de la bénédiction :
« Si nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils », par ce qui,
pour ainsi dire, était Sa faiblesse, « beaucoup plutôt serons-nous sauvés par Sa
vie », par la puissante énergie de celui qui vit éternellement. Ainsi l’amour de
Dieu fait la paix à l’égard de ce que nous étions et nous assure à l’égard de
notre avenir, nous rendant heureux dans le présent. C’est ce que Dieu est qui
rend sûres pour nous toutes ces grâces. Dieu est amour, il est plein de
considération pour nous, plein de sagesse. [5:11] Ici vient un second : « Non
seulement cela » (cf. 5:3), après que notre état : la paix, la faveur et la
gloire (un salut qui semblait complet et l’est en effet) a été établi. [5:3] Non
seulement nous nous glorifions dans les tribulations, [5:11] mais nous nous
réjouissons en Dieu, nous nous glorifions en Dieu lui-même. C’est la seconde
partie de la précieuse expérience produite chez le chrétien par la connaissance
de l’amour de Dieu en Christ et de notre réconciliation avec Lui. [5:3] La
première partie était que nous nous glorifions dans les tribulations à cause de
leur résultat, l’amour divin étant connu ; [5:11] la seconde est l’amour de Dieu
lui-même dans l’homme. Cela étant connu, nous nous glorifions [5:2] non
seulement de notre propre salut, [5:3] et même dans les tribulations, [5:11]
mais connaissant un tel Dieu Sauveur (un Dieu qui a ressuscité Jésus [(4:24)] et
qui nous a sauvés dans Son amour [(5:8-9)]) nous nous glorifions en Lui. C’est
la plus haute jouissance qu’on puisse avoir.
Contenu de la première
partie de l’épître
Œuvre de Dieu seul en grâce et en amour, nous donnant la paix, la faveur et la
gloire
Ici se termine la première partie de l’épître dans laquelle, en vertu de la
propitiation faite par Christ [(3:25)], l’abolition de nos péchés a été
pleinement accomplie [(4:24-25)], et l’amour de Dieu pleinement révélé [(5:8)].
[5:1] Nous avons la paix, [5:2] la possession actuelle de la faveur, et la
gloire en espérance — [5:8] et tout cela, par la pure grâce de Dieu et par son
amour, connu dans la mort de Christ pour des pécheurs. C’est exclusivement
l’œuvre de Dieu ; elle est ainsi divinement parfaite. Quelle que soit la joie
qui en découle, ce n’est pas une affaire d’expérience ; c’est l’œuvre de Dieu,
agissant de par Lui-même et se révélant ainsi dans Sa propre nature.
Changement de sujet, de
la culpabilité quant aux péchés à l’état de péché de l’homme
Jusqu’ici l’apôtre a traité la question des péchés et de la culpabilité
personnelle ; il va passer maintenant à la question du péché et à l’état de la
race d’Adam.
Exposé de toute la
faveur de Dieu pour nous en amour
Ces premiers chapitres sont une exposition merveilleuse de la pure faveur de
Dieu envers nous, se manifestant quand nous étions des pécheurs [(5:6)], et nous
amenant à une joie parfaite en Celui qui a été, qui est, qui restera toujours
pour nous le Dieu d’amour.
Chapitre 5, versets 12
à 21
Contraste entre ce que l’homme a fait et ce qu’il est
Règlement de la question des péchés de tout homme, par l’œuvre de Christ
Ayant présenté le fondement et la source du salut, et la confiance et la
jouissance qui en découlent, ayant tout fondé sur Dieu qui a eu à faire avec des
pécheurs dépourvus de force et qui a établi ses relations avec eux sur le
fondement de la mort de Christ, la question de nos péchés est liquidée,
c’est-à-dire ce pourquoi chaque homme aurait dû être jugé selon ce qu’il avait
fait. [3:22-23] Sans loi ou sous la loi, tous étaient coupables : [3:25] un
propitiatoire était établi, et présenté par le précieux sang de Christ ; [5:1]
la paix était faite pour le coupable ; [5:8] Dieu était révélé en amour. Mais
cela nous avait conduits plus haut encore.
État présent de
l’homme, et lien avec la grâce de Dieu
[5:12] Maintenant nous avons affaire à Dieu et à l’homme, tel qu’il est, comme
chose présente. Il s’agit de l’homme pécheur ; le Juif n’a ici aucune
supériorité, il n’a pas de quoi se vanter. Il ne pouvait pas dire que le péché
fût entré par lui et par la loi. C’est l’homme, le péché, et la grâce qui sont
en question. L’apôtre aborde donc ce sujet fondamental et essentiel : non pas
les péchés et la culpabilité qui seront jugés plus tard si l’on ne s’en repent
pas, mais l’état présent de l’homme.
Ch. 5 v. 12-17 —
Comparaison du mal et de la grâce, appliqués à tous
Ch. 5 v. 12-14 — Tout homme est pécheur, même sans loi, et doit donc mourir
L’homme n’a pas à se vanter, pas plus que le Juif [(3:27)] : [5:15] le Dieu de
grâce est devant nos yeux, agissant à l’égard du péché quand il n’y a que du
péché, [5:20] sauf que la loi a aggravé le péché par les transgressions. [5:12]
Or, le péché est entré par un seul homme, et par le péché la mort. Cela nous
amène à considérer, non pas seulement les actes des individus, mais la condition
de la race humaine. Cette condition comportait deux choses : Être exclu de la
présence de Dieu, et posséder une nature mauvaise. En cela tous sont égaux, bien
que chacun y ait encore ajouté ses propres péchés et sa culpabilité personnelle.
Par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et
ainsi la mort a passé sur tous les hommes, parce que tous ont péché (v. 12).
[5:13] Car le péché était au monde avant la loi ; et la loi n’a rien ajouté qui
pût avoir un avantage pour l’homme dans l’état de péché où il se trouvait. La
loi mettait définitivement en compte à l’homme son péché, en lui en donnant
connaissance et en l’interdisant. En même temps, quoiqu’il n’y eût pas
d’imputation d’après le gouvernement de Dieu, en vertu d’une règle imposée et
connue, [5:14] cependant la mort, preuve constante du péché, a régné sans la loi
(l’histoire de la Genèse rendait tout ceci incontestable pour le Juif même) sur
ceux qui, comme Adam1 l’a fait (et les Juifs aussi l’ont fait depuis la loi),
n’ont pas violé une alliance basée sur un commandement connu. Les hommes qui ont
vécu entre Adam et Moïse, au temps où il n’y avait pas de loi, comme il y en a
eu avant et après cet intervalle, c’est-à-dire, pour Adam directement de Dieu,
et par le moyen de Moïse pour les Juifs, sont également morts : — le péché
régnait dans le monde.
1 C’est une citation du chapitre 6:7 d’Osée, selon son vrai sens, qui accuse Israël d’avoir fait la même chose qu’Adam : « Mais eux, comme Adam, ont transgressé l’alliance ».
Ch. 5 v. 15-17 —
Caractère du don supérieur à celui du mal quant à la personne, à la chose et au
résultat
Il faut remarquer ici que depuis la fin du verset 12 jusqu’à la fin du verset 17
nous avons une parenthèse : seulement comme il arrive en pareils cas, l’idée
principale y est développée. Dans cette parenthèse donc, l’apôtre, [5:14] après
avoir présenté Adam comme l’image de celui qui devait venir, savoir du Christ,
[5:17] insiste sur ce que le caractère du don ne saurait être inférieur au
caractère du mal. [5:15] Si le péché du seul premier homme ne s’est pas arrêté
dans ses effets à celui qui l’a commis, mais s’est étendu à tous ceux qui, comme
race, étaient attachés à ce premier homme, ainsi, à plus forte raison, la grâce
qui est par un seul, Jésus Christ, en embrassera plusieurs avec Lui. [5:16] Le
même principe qui a été proclamé à l’égard de la personne s’applique à la chose
: une seule faute a amené la mort, mais la grâce remet une multitude d’offenses.
Ainsi cette grâce peut suffire pour le pardon que les violations nombreuses de
la loi avaient rendu nécessaire. [5:17] Quant au résultat, ce même principe
trouve également son application : la mort a régné ; mais, par la grâce, non
seulement la vie régnera, mais nous régnerons en vie par un seul, Jésus Christ,
selon l’abondance de la grâce (v. 17).
Ch. 5 v. 18-19 —
Étendue et application de la faute ou de la justification
Au verset 18, le passage reprend l’argument général d’une manière très
abstraite. [5:18] « Par une seule faute », dit l’apôtre (pour traduire le
passage littéralement), « envers tous les hommes en condamnation, ainsi aussi
par une seule justice (ou : acte de justice) envers tous les hommes en
justification de vie ». Une seule offense est dans sa portée à l’adresse, pour
ainsi dire, de tous ; et un seul acte de justice l’est de même. Il s’agit de
l’étendue de l’acte en soi. — [5:19] Quant à l’application efficace de cet acte,
voici ce que nous lisons : « Car comme, par la désobéissance d’un seul homme,
plusieurs ont été constitués pécheurs, ainsi aussi, par l’obéissance d’un seul,
plusieurs seront constitués justes ». C’est toujours la pensée que l’acte de
l’individu, quant à son effet, n’est pas limité à sa personne. Il atteint
beaucoup d’autres personnes, les plaçant sous les conséquences de cet acte. Nous
voyons que la Parole dit « tous » (v. 18), quand il s’agit de la portée de
l’acte1, mais qu’elle dit « plusieurs » (v. 19), quand il s’agit de l’effet
définitif de l’application de cet acte aux hommes (c’est-à-dire « les plusieurs
» qui étaient en rapport avec Celui qui avait accompli l’acte).
1 La même distinction, avec la même différence de préposition, se retrouve, en rapport avec la justice de Dieu, quand l’apôtre parle de l’efficace du sang ; seulement il indique qui sont « les plusieurs », parce qu’il présente l’objet de la foi, plutôt que l’efficace de l’œuvre, bien que celle-ci soit supposée : « La justice de Dieu, par la foi en Jésus Christ, envers tous, et sur tous ceux qui croient » (chap. 3:22). [5:18] De même ici, nous trouvons : « Par une seule faute envers tous les hommes en condamnation », [5:19] puis : « Les plusieurs » qui sont en rapport avec Christ sont constitués justes par Son obéissance.
Ch. 5 v. 20-21 —
L’amour et la grâce satisfont la justice de Dieu
La grâce répond à la justice là où règne le péché, selon l’amour divin
[5:18] Ce que l’apôtre dit ici à l’égard des conséquences du péché d’un seul,
[5:19] et de la justice de plusieurs, est donc en dehors de la loi, [5:20]
quoique la loi puisse aggraver le mal. Il s’agit de l’effet des actes d’Adam et
de Christ, et non de la conduite des individus, à laquelle évidemment la loi se
rapporte. [5:19] C’est par la désobéissance d’un seul homme, que les plusieurs
(tous les hommes) ont été constitués pécheurs, et non par leurs propres péchés.
Chaque homme a ses propres péchés, mais ici, c’est un état de péché commun à
tous. [5:20] À quoi donc a servi la loi ? Elle est entrée comme par exception,
et comme accessoire du fait capital, pour faire abonder l’offense1 (v. 20). Or
là, où non seulement l’offense, mais le péché a abondé — car sous la loi et sans
la loi, il a abondé — « la grâce a surabondé afin que, comme le péché a régné
par la mort, ainsi aussi la grâce régnât par la justice pour la vie éternelle,
par Jésus Christ, notre Seigneur » (v. 21). Si la justice était venue régner là
où le péché régnait, elle aurait dû condamner le monde entier ; mais c’est la
grâce qui règne, l’amour souverain de Dieu. Quand la justice s’occupe du mal,
elle est au niveau du mal, par le fait qu’elle est justice ; mais Dieu est
au-dessus du mal, et il agit et peut agir — il a le droit d’agir — selon sa
propre nature : et Dieu est amour [(1 Jean 4:8)] ! Est-ce que Dieu sanctionne
l’injustice et le péché ? [5:21] Non : dans son amour il amène l’accomplissement
de la justice divine par Jésus Christ. Il a accompli en Christ cette justice
divine en l’élevant à Sa droite. Mais c’est en vertu d’une œuvre accomplie pour
nous, dans laquelle Christ a glorifié Dieu. Ainsi Il est notre justice, et nous
sommes la justice de Dieu en Lui [(2 Cor. 5:21)]. C’est la justice de la foi ;
car nous l’avons en croyant en Lui. C’est l’amour qui, prenant le caractère de
grâce quand il s’agit du péché, règne, et donne la vie éternelle, vie qui est
au-dessus et au-delà de la mort, vie qui vient d’en haut et y remonte. L’amour
donne la vie par le moyen de la justice divine et en rapport avec cette justice,
l’exaltant et la manifestant par l’œuvre de Jésus Christ en qui nous avons cette
vie, vie que nous recevons de lui lorsqu’il a accompli la justice pour que nous
possédions la vie éternelle et la gloire qui s’y rapporte. Si la grâce règne,
c’est Dieu qui règne. D’un autre côté, la nature de Dieu exige que la justice
soit maintenue. Mais elle est plus que maintenue, selon la mesure des droits que
Dieu a sur l’homme comme tel. Sûrement Christ était parfait comme homme, mais il
a glorifié ce que Dieu est en Lui-même, et, ayant été ressuscité d’entre les
morts par la gloire du Père, Dieu a glorifié sa justice en le faisant asseoir à
sa droite, comme Il avait glorifié son amour en le donnant pour nous. Mais
maintenant c’est la justice en salut, donnée par la grâce à ceux qui n’avaient
point de justice, donnée en Jésus qui, par son œuvre, en a posé le fondement
pour toujours, en glorifiant Dieu à l’égard même du péché, sur la croix où, à
son sujet, tout ce que Dieu est, a été mis en évidence.
1 Ou « la faute » ; non pas « le péché ». Le péché était là [(5:13)], la loi a fait de chacun de ses mouvements une offense positive.
La grâce donne au
pécheur la vie et la gloire, par l’œuvre de Christ accomplie en justice
L’accomplissement de la loi eût été la justice de l’homme, l’homme eût pu s’en
glorifier : Christ a glorifié Dieu — point des plus importants en rapport avec
la justice, et qui, en même temps, le relie à la gloire. [5:21] La grâce fait
part de cette justice au pécheur, en l’introduisant dans la gloire que Christ a
méritée par son œuvre, gloire dans laquelle ce même Christ a été comme Fils
avant que le monde fût.
Chapitre 6
Ch. 6 v. 1-11 — Identification du croyant avec Christ dans Sa mort et Sa
résurrection
Ch. 6 v. 1-4 — Impossibilité de vivre dans le péché en y étant mort avec Christ
[6:1] Mais, hélas ! la perversité de la chair sait trouver dans cette glorieuse
rédemption accomplie par la grâce qui substitue la justice et la personne du
second Adam, au péché et à la personne du premier, la chair, dis-je, y trouve
l’occasion du péché qu’elle aime ou du moins l’occasion d’accuser la doctrine de
favoriser le péché. [5:19] Si c’est par l’obéissance d’un seul que je suis
constitué juste, [5:20] et parce que la grâce surabonde, [6:1] péchons afin que
la grâce abonde, car le péché que nous commettrons ne touche pas cette justice
et ne fait que glorifier la surabondance de la grâce ! Est-ce là la doctrine de
l’apôtre, ou une conséquence légitime de sa doctrine ? [6:2] Nullement : cette
doctrine, c’est que, par la mort, nous sommes introduits dans la présence de
Dieu, en vertu de l’œuvre que Christ y a accomplie, et en ayant part à cette
mort. Pouvons-nous vivre dans le péché auquel nous sommes morts ? C’est une
contradiction dans les termes mêmes. [6:3] Or étant baptisés pour Christ (en son
nom, pour avoir part avec Lui selon la vérité qui est contenue dans la
révélation que nous avons de Lui), nous sommes baptisés pour avoir part à sa
mort (car c’est là que cette justice dans laquelle Christ comparaît devant Dieu,
et nous par lui, a été accomplie). Mais c’est au péché que Christ est mort : en
mourant, il en a fini avec le péché pour tout jamais, il est sorti de la
condition de la vie dans la chair et le sang ; vie dans laquelle nous étions des
pécheurs ; vie dans laquelle Celui qui était sans péché, venu en forme de chair
de péché et comme sacrifice pour le péché, a été fait péché pour nous1. [6:4]
Nous avons donc été ensevelis avec Christ par le baptême pour la mort (v. 4)
(c’est-à-dire nous avons part à la mort, nous y entrons, par le baptême qui la
représente), « afin que, comme Christ a été ressuscité d’entre les morts par la
gloire du Père, ainsi nous aussi nous marchions en nouveauté de vie ». En un
mot, nous participons à cette justice divine et parfaite, en ayant part à la
mort au péché : c’est pourquoi on ne peut dire que le fait d’avoir part à cette
justice conduise les hommes à vivre dans le péché. Il ne s’agit pas ici d’un
devoir, mais de la nature de la bénédiction à laquelle nous participons. [6:2]
Nous ne pouvons pas mourir à une chose pour y vivre. La doctrine de la
justification, telle que l’apôtre l’enseigne, rejette elle-même, comme un
non-sens absolu, le raisonnement de la chair qui, sous prétexte de justice, ne
veut pas reconnaître le besoin que nous avons de la grâce2.
1 Il ne s’agit pas simplement du fait qu’Il a porté nos péchés : c’est le sujet de la première partie de cette Épître. La condition dans laquelle nous nous trouvions, en tant que race, était celle d’Adam pécheur, après la chute. Christ est venu, sans péché, et a répondu pour nous et pour la gloire de Dieu comme substitut ; c’est-à-dire que, prenant cette place comme sacrifice, il a été fait péché, a subi l’abandon de Dieu et, glorifiant Dieu, en a fini, par la mort, avec cette place — avec toute la condition dans laquelle nous étions et dans laquelle, en tant que fait péché, il nous remplaçait devant Dieu. Cette œuvre, bien qu’accomplie par l’homme et pour l’homme, a une portée, je n’en doute pas, qui dépasse notre salut. Il est venu pour abolir le péché par le sacrifice de lui-même (Héb. 9:26). Son sacrifice est la base de l’établissement des nouveaux cieux et de la nouvelle terre où la justice habite [(2 Pier. 3:13)].
2 Notez que nous ne sommes pas considérés ici comme ressuscités avec Christ. Nous avons dit plus haut que dans cette Épître le croyant est toujours envisagé comme étant sur la terre, bien que vivant en Christ et justifié, et ce fait est employé comme base de la pratique et de la marche ici-bas.
Ch. 6 v. 4 —
Manifestation de la gloire de Dieu dans la résurrection de Jésus
Résurrection de Christ nécessaire pour la gloire de Dieu
Le caractère de cette nouvelle vie dans laquelle la résurrection nous introduit,
est présenté ici d’une manière frappante. Christ avait parfaitement glorifié
Dieu en mourant — aussi, même en mourant, était-il Fils du Dieu vivant. [6:4]
Mais la résurrection était aussi une nécessité de la gloire de Dieu le Père.
Dieu était obligé par sa gloire même à ressusciter Christ d’entre les morts
(comme Christ avait glorifié tout ce qui est en Dieu, sa justice, son amour, sa
vérité, sa puissance). La gloire de Dieu était engagée dans sa résurrection,
comme ne devant pas laisser la victoire à la mort, dans la personne de Celui qui
était fidèle ; la relation de Dieu, comme Père avec Jésus, ne permettait pas que
Dieu laissât son Fils esclave de ce qui était le fruit du péché et de la
puissance de l’Ennemi. En un mot, la résurrection de Jésus d’entre les morts
était due à Jésus de la part de Dieu, était due à la propre gloire de Dieu,
comme Dieu et Père ; était nécessaire aussi pour montrer le reflet de sa gloire
à Lui, pour manifester cette gloire selon ses conseils, et cela dans l’homme.
Christ a donc été ressuscité par la gloire du Père ; tout ce que le Père est,
est descendu en puissance divine dans le tombeau de Jésus et a été tenu de lui
donner le triomphe de la résurrection, de la victoire sur la mort, et à la
résurrection l’éclat de la propre gloire de Dieu. Étant entré dans une position
toute nouvelle, fruit de l’opération de cette gloire, cette position est le
modèle et le caractère de la vie de laquelle nous vivons devant Dieu1.
1 De fait, le Père, le Fils et le Saint Esprit étaient tous engagés dans la résurrection de Christ. Il a relevé le temple de son corps en trois jours (Jean 2:19) ; il a été vivifié par l’Esprit (1 Pierre 3:18) ; il a été ressuscité par la gloire du Père (Rom. 6:4).
Christ glorifié,
révélation et manifestation de la gloire de Dieu
Sans cette manifestation de sa gloire en Christ, Dieu, tout en agissant et en
donnant des témoignages de sa puissance et de sa bonté, restait voilé et caché.
En Christ glorifié, centre de tous les conseils de Dieu, nous voyons la gloire
du Seigneur à face découverte [(2 Cor. 3:18)], et toute bouche reconnaîtra que
Jésus Christ est le Seigneur, à la gloire de Dieu le Père [(Phil. 2:11)].
La vie nouvelle du
croyant doit refléter la gloire du Seigneur
[6:4] Notre vie doit être le reflet pratique de cette gloire du Seigneur dans le
ciel. La puissance qui nous associe à Lui dans le ciel et agit encore en nous,
est développée à la fin du chapitre 1 de l’épître aux Éphésiens [(v. 19-23)],
mais, dans cette épître, avec le but d’introduire notre résurrection avec
Christ. Ici il s’agit de la résurrection de Christ lui-même, de la doctrine de
la résurrection, de la résurrection en elle-même, de ses conséquences et de sa
portée morale à l’égard de l’homme vivant ici-bas, envisagé individuellement et
en vue de ses relations avec Dieu, comme homme responsable. La vie du chrétien
est une vie toute nouvelle : nous sommes vivants à Dieu en Lui [(6:10)].
Ch. 6 v. 5-11 —
Conséquences de notre identification à Christ mort et ressuscité
Ch. 6 v. 5-7 — Mort effective au péché par la mort avec Jésus
[6:5] Étant donc identifiés avec Christ dans la ressemblance de sa mort, nous le
serons aussi dans la ressemblance de sa résurrection. On voit que la
résurrection est présentée ici comme une conséquence tirée de notre
participation à la mort de Christ et non comme une participation mystique à
cette résurrection : [6:6] sachant ceci, dit l’apôtre (ce qui est le grand
fondement de tout), que notre vieil homme (celui qui en nous cherchait à excuser
le péché comme fruit de la grâce parfaite de Dieu, v. 1), est crucifié avec
Jésus afin que tout le corps du péché soit annulé pour que nous ne servions plus
le péché. L’apôtre présente tout l’ensemble et le système du péché dans un
homme, comme un corps, qui, par la mort, est rendu nul ; [6:7] sa volonté est
jugée et ne nous maîtrise plus, « car celui qui est mort est justifié du péché »
(v. 7)1. On ne peut plus mettre le péché à la charge de l’homme mort, comme on
peut le faire à l’égard d’un homme vivant et responsable.
1 « Justifié » est bien le mot. Nous voyons distinctement ici la différence importante entre le péché et les péchés. Vous ne pouvez accuser de péché un homme mort. Il n’a pas de volonté perverse, ni de mauvaises convoitises. Il peut avoir commis beaucoup de péchés pendant sa vie et peut en être ou n’en être pas justifié. Mais vous ne pouvez l’accuser de péché. Or comme nous l’avons vu, l’apôtre, depuis le chapitre 5:12, traite du péché — de l’état de l’homme — et non pas des péchés.
Ch. 6 v. 8-10 —
Victoire complète de Christ sur la mort, amenant la résurrection
[6:8] Ainsi donc, étant morts avec Christ, dans le baptême, par notre
profession, en réalité comme ayant pour vie Celui qui est mort, nous croyons que
nous vivrons avec Christ ; nous appartenons à cet autre monde où Christ vit
ressuscité : l’énergie de la vie de laquelle il vit, est notre partage. [6:9]
Nous croyons cela, sachant que Christ, étant ressuscité d’entre les morts, ne
meurt plus : sa victoire sur la mort est complète et finale ; la mort ne domine
plus sur lui ; c’est pourquoi nous comptons sur la résurrection, sachant que
nous y aurons part nous-mêmes, à cause de cette victoire complète sur la mort
dans laquelle, par grâce, Christ est entré pour nous. Par la foi nous y sommes
entrés avec Lui, ayant notre part à la mort selon la part qu’il y a prise
lui-même. La puissance de la vie d’amour l’a placé là. [6:10] En mourant, Christ
est mort au péché ; il est allé jusqu’à la mort plutôt que de ne pas maintenir
la gloire de Dieu, ayant eu à faire au péché et à la tentation jusque-là, et là
même ; mais là il en a fini pour tout jamais avec l’un et avec l’autre. Nous
mourons au péché en ayant part à la mort de Christ : la conséquence de la mort
du Sauveur — par la gloire du Père — est la résurrection ; or ainsi, « en ce
qu’Il est mort, il est mort une fois pour toutes au péché, mais, en ce qu’il
vit, il vit à Dieu ».
Ch. 6 v. 10-11 — Nous,
en Christ, sommes morts au péché et vivants à Dieu
[6:10] Ainsi, Il n’a plus rien à faire avec le péché ; Il vit uniquement,
parfaitement, à Dieu, sans que Sa vie ait rapport à quoi que ce soit d’autre. En
tant qu’Il vit, Sa vie est en relation avec Dieu seul1. [6:11] Nous aussi donc
nous devrions faire notre compte — car nous jouissons de ces choses par la foi —
que nous sommes morts au péché et vivants à Dieu, n’ayant d’autre objet de vie
que Dieu dans le Christ Jésus. Je dois donc me considérer comme mort : j’ai le
droit de le faire, parce que Christ est mort pour moi ; et, vivant maintenant
pour toujours à Dieu, je dois me considérer comme sorti, par la vie que je
possède et qui est la sienne, du péché auquel je mourus. [6:10] Car tel est le
Christ que je connais : non pas un Christ vivant sur la terre, en rapport avec
moi selon la nature dans laquelle je vis ici-bas. Dans cette nature, je suis
démontré pécheur et incapable d’une vraie relation avec lui. Lui donc est mort
pour moi, en tant que j’étais vivant de cette vie du vieil homme, et il est
entré, par la résurrection, dans un nouvel état de vie, en dehors de la première
; c’est dans cette nouvelle vie que je connais Christ. [6:11] En tant que
croyant j’ai part à la mort et à la vie en Celui qui est ressuscité ; j’ai la
justice par la foi, mais j’ai cette justice en ayant part à Christ mort et
ressuscité ; je possède donc cette justice comme mort au péché par la foi.
1 C’est une expression merveilleuse. Quant à la fidélité, Sa vie ici-bas était employée pour Dieu. Il vivait pour Lui ; mais maintenant Sa vie ne connaît pas autre chose que Dieu.
Ch. 6 v. 12-14 —
Puissance pratique pour vaincre le péché, lui étant morts
Or c’est la différence essentielle qui caractérise cette partie de notre épître.
[6:8] Il ne s’agit plus du fait que Christ a versé son sang pour mes péchés,
mais du fait que je suis mort avec Lui. Notre état et notre position dans la
chair sont terminés pour la foi. [6:10] Le Christ qui est devenu notre vie est
mort, et, en tant que je vis par Lui, ce qu’Il a fait m’appartient. [6:11] J’ai
donc à dire : Je suis mort ; je me tiens moi-même pour mort1. [6:12] L’apôtre
tire de ces vérités la conséquence évidente : « Que le péché donc ne règne point
dans votre corps mortel ! ». [6:13] Ne livrez pas vos membres comme instruments
au péché auquel vous êtes vous-mêmes morts par Christ ; mais comme étant
vivants, comme réveillés d’entre les morts, livrez vos membres, comme des
instruments de justice, à Dieu auquel vous vivez. Notre corps n’est plus,
maintenant, que l’instrument de la vie divine, et comme tel, nous sommes libres
de nous en servir pour Dieu. [6:14] Car, de fait, le péché ne dominera pas sur
nous, parce que nous ne sommes pas sous la loi, mais sous la grâce (v. 12-14).
Ici il s’agit non pas du principe, mais de la puissance. En principe, nous
sommes morts au péché selon la foi : en pratique, il n’a pas de puissance sur
nous. Remarquez que la source de puissance pratique pour vaincre le péché n’est
pas dans la loi, mais dans la grâce.
1 Remarquez que l’Épître aux Romains ne va pas jusqu’à dire : Nous sommes ressuscités avec Christ ; ce qui amènerait nécessairement la pensée de l’union avec Lui, terrain de l’Épître aux Éphésiens. Ici, la mort et la résurrection ne vont jamais jusqu’à l’état céleste, mais sont un état subjectif et expérimental. L’épître aux Éphésiens montre que, lorsque nous étions morts dans nos péchés, nous avons été pris, vivifiés et placés en Christ, comme Lui est ressuscité et placé plus haut que les cieux dans la gloire [(Éph. 2:5-6)]. C’est simplement l’œuvre de Dieu. Ici c’est individuel : nous sommes vivants en Lui ; nous aurons part à Sa résurrection ; nous marchons en nouveauté de vie [(6:4)]. C’est une chose personnelle et pratique, appartenant, comme nous l’avons vu, à l’homme vivant sur la terre.
Ch. 6 v. 15-23 —
Liberté d’être asservi à la justice selon Dieu
[6:15] Or, il est vrai que n’étant pas sous la loi, nous ne sommes pas placés
sous un régime où le péché soit imputé ou pas imputé. Est-ce une raison pour
pécher ? Non, il y a une réalité dans ces choses. [6:16] Nous sommes esclaves
des choses auxquelles nous obéissons (v. 16). Le péché conduit à la mort ;
l’obéissance, à la justice pratique. Nous sommes placés sur le large terrain de
la nouvelle nature et de la grâce. Il ne s’agit plus d’appliquer une règle
extérieure à une nature qui ne lui est pas, ni ne peut lui être assujettie.
[6:17] Et effectivement, ayant été auparavant asservis au péché, les disciples,
à Rome, avaient donné la preuve de la justesse des raisonnements de l’apôtre, en
marchant dans la vérité. [6:18-19] Affranchis de l’esclavage, ils étaient
devenus (pour se servir du langage humain) des esclaves de la justice. [6:21]
Cet esclavage-là n’aboutit pas à une servitude sans fruit : [6:22] la justice
pratique se développe, avec une intelligence croissante, dans la mise à part de
tout l’être pour Dieu. Ils obéissaient dans telle et telle chose ; mais le fruit
de cette obéissance était la sanctification, la capacité spirituelle d’avoir, en
ce qu’ils étaient séparés du mal, une plus profonde connaissance de Dieu1.
[6:21] Le péché ne porte point de fruit ; il finit par la mort ; [6:22] mais si
nous sommes affranchis du péché et asservis à Dieu (la vraie justice
d’obéissance semblable à celle de Christ lui-même) nous avons notre fruit en
sanctification déjà maintenant, et la fin sera la vie éternelle. [6:23] Car les
gages du péché, c’est la mort ; le don de grâce de Dieu, c’est la vie éternelle
dans le Christ Jésus, notre Seigneur. Or cette vie, c’est vivre à Dieu, et vivre
à Dieu n’est pas le péché qu’on dit devoir être le fruit de la doctrine de la
justification par la foi, mais la grâce. Ici l’apôtre, dont le sujet principal
est la justice judiciaire devant Dieu, se rapproche de Jean, et sa doctrine se
rapproche de celle de la première épître de cet apôtre, comme Jean de son côté
aborde la doctrine de la propitiation et de l’acceptation en parlant de la
communication de la vie. Cet appel à l’homme, placé dans une vraie liberté, dans
la liberté de la grâce, parce qu’il est mort au péché, est de toute beauté. Il
est libéré par la mort. À qui ira-t-il donc s’asservir ? Maintenant qu’il est
libre, va-t-il se livrer au péché ? C’est un noble appel ! Or ce n’est pas,
notez-le bien, un appel aux pécheurs, emploi que l’on fait parfois de ce
passage, mais un appel à ceux qui sont déjà affranchis.
1 Comparez Ex. 33:13
Chapitre 7
Ch. 7 v. 1-6 — Effet de la mort et de la résurrection de Christ quant à la loi
Ch. 7 v. 1 — La loi n’est pas affaiblie, mais n’a pas d’autorité sur un mort
Nous avons considéré l’effet de la mort et de la résurrection de Christ en
rapport avec la justification, et avec la vie pratique. Dans la première partie
de l’épître, jusqu’au chapitre 5:11, Christ est mort pour nos péchés. Depuis le
chapitre 5:12, Christ étant mort, nous nous tenons nous-mêmes pour morts au
péché et pour vivants à Dieu par Lui [(6:11)]. Notre état sous les deux chefs,
Adam et Christ, a été discuté. Mais il reste encore à l’apôtre un autre point à
traiter, savoir l’effet de cette doctrine sur la question de la loi : Quelle
place tient la loi en rapport avec le christianisme puisque Christ est
ressuscité ; ou pour mieux dire puisque le croyant a part à Christ comme à un
Christ mort et qui est de nouveau vivant, quelle est la force de cette vérité à
l’égard de la loi ? [7:1] La loi, dit l’apôtre, n’a de puissance sur un homme
qu’aussi longtemps qu’il vit ; lors donc qu’il est mort, elle n’a plus de prise
sur lui. Telle est notre position vis-à-vis de la loi : nous sommes morts, et la
loi ne peut plus nous atteindre. Cela affaiblit-il son autorité ? Non ; — car
nous disons que Christ est mort et que, par conséquent, nous sommes morts aussi
; mais la loi ne s’applique plus à un mort.
Ch. 7 v. 2-4 — Exemple
de la loi du mariage, rompue par la mort
[7:2] En faisant ressortir l’effet de cette vérité, l’apôtre se sert de
l’exemple de la loi du mariage : [7:3] la femme serait adultère si elle était à
un autre homme du vivant de son mari, mais une fois que son mari est mort, elle
est libre. L’application de cette règle change la forme de la vérité. Il est
certain qu’on ne peut pas être sous l’autorité de deux maris à la fois ; l’un
exclut l’autre : la loi et Christ ressuscité ne s’associent pas dans leur
autorité sur l’âme. [7:4] Mais dans le cas du chrétien, ce n’est pas la loi qui
perd sa force, c’est-à-dire ses droits sur nous, en mourant elle-même : c’est
nous qui mourons. Elle ne règne sur nous que pendant que nous vivons. L’apôtre a
commencé par montrer que le lien est détruit par la mort : Le mari meurt ; mais
dans l’application l’apôtre montre que le lien est annulé par le fait que nous
mourons. Nous sommes donc morts à la loi par le corps de Christ (car nous avons
à faire avec un Christ ressuscité après sa mort) pour être à celui qui est
ressuscité, afin que nous portions du fruit pour Dieu. Mais nous ne pouvons être
aux deux maris à la fois, savoir à la loi et à Christ.
Ch. 7 v. 5-6 — La mort
nous soustrait à l’autorité de la loi, nous en délivrant par Christ
[7:5] De plus, quand nous étions dans la chair, dit l’apôtre, quand, comme
homme, chacun de nous était considéré comme marchant dans la responsabilité d’un
homme vivant de la vie de la nature, la loi était, pour lui, la règle et la
mesure parfaite de cette responsabilité et le représentant de l’autorité de
Dieu. Les passions qui poussaient au péché, agissaient dans cette nature, et se
présentant devant cette barrière de la loi, y trouvaient ce qui, en offrant de
la résistance à la chair, excitait la volonté, et suggérait, par la défense
même, le mal que la chair aimait et que la loi défendait. Ainsi ces passions
agissaient dans les membres pour produire du fruit qui amenait la mort. [7:6]
Mais maintenant le croyant est en dehors de l’autorité de la loi ; il a disparu
de devant elle, étant mort1 dans cette loi à l’autorité de laquelle il avait été
soumis. Or, mourir sous la loi eût été pour nous la condamnation, mais Christ a
subi cette condamnation à notre place, tandis que nous avons la délivrance du
vieil homme, laquelle est dans la mort. Notre vieil homme est crucifié avec Lui
[(6:6)], en sorte que c’est notre délivrance de mourir à la loi. La loi ne
faisait que nous condamner, mais son autorité se termine avec la vie de celui
qui y était assujetti. Ainsi la loi ne peut plus atteindre ceux qui avaient été
sous elle, car ils sont morts en Christ : nous appartenons au nouveau mari,
Christ ressuscité, afin de servir en nouveauté d’esprit, selon la bonne volonté
de la grâce dans notre nouvelle vie, et, comme l’apôtre l’expliquera ailleurs
par le Saint Esprit2 et non en vieillesse de lettre : sous l’esclavage de la
lettre.
1 C’est ainsi, je n’en doute pas, qu’il faut lire le verset 6. L’expression « étant morts dans ce en quoi nous étions tenus », fait allusion au verset 4, où il est dit : « Vous avez été mis à mort à la loi ». Christ sous la loi est mort sous la malédiction de la loi. Être dans la chair, c’est vivre dans la responsabilité d’un homme vivant de sa vie naturelle comme enfant d’Adam après la chute. Dans cette vie-là (à moins qu’un homme ne soit sans loi), la loi est pour lui la règle de la justice humaine. Il ne faut pas confondre la chair dans le chrétien avec l’état dépeint par ces paroles : « Être dans la chair » [(7:5)]. Le principe de l’ancienne vie est encore dans le chrétien, mais ce principe n’est nullement celui de sa relation avec Dieu. Quand je suis dans la chair, la chair est le principe de ma relation avec Dieu. Or, la volonté de la chair étant pécheresse, il est impossible que je plaise ainsi à Dieu. Si je pense à chercher la justice dans la chair, ce sera sur le pied de la loi. Or le chrétien est mort par Christ à tout cet état de choses, il ne vit pas de la vie qui forme la base de cette relation ; sa vie est en Christ et il a reçu le Saint Esprit ; la chair n’est plus le principe de ses relations avec Dieu ; il s’est reconnu perdu sur ce pied-là. Nous apprenons, autre part, qu’il est en Christ sur le pied sur lequel Christ est devant Dieu. Le Saint Esprit, comme nous allons voir, place le chrétien là, en puissance, par la foi, Christ étant sa vie.
2 L’apôtre ne dit pas ici : « par l’Esprit », parce qu’il n’a pas encore parlé du don de l’Esprit en vertu de l’œuvre de Christ ; il ne parle que de la manière d’agir, du caractère du service rendu : « En nouveauté d’esprit ».
Ch. 7 v. 7-13 — Le
péché trouve son occasion dans la loi, qui est bonne
Ch. 7 v. 7-9 — Action du péché sur l’âme pour transgresser le commandement donné
Telle est la doctrine ! [7:7] Maintenant quant aux conclusions qu’on en peut
tirer : Est-ce que la loi est péché si nous sommes soustraits à son autorité ?
Nullement ; — mais la loi donne la connaissance du péché et impute le péché.
L’apôtre dit qu’il n’aurait pas compris que la seule impulsion de sa nature
était péché, si la loi n’avait pas dit : « Tu ne convoiteras point » ; [7:8]
mais le commandement fournissant une occasion au péché pour attaquer l’âme, le
péché, ce principe mauvais de notre nature, employant le commandement pour
provoquer l’âme au péché défendu, a produit toutes sortes de convoitises ; car
le péché trouvait dans la défense même l’occasion de suggérer cette convoitise,
agissant en même temps sur la volonté en provoquant sa résistance à la défense.
[7:9] Sans la loi, le péché ne pouvait pas plonger l’âme dans cette lutte, et
lui donner la sentence de mort, en rendant l’homme responsable, dans sa
conscience, du péché que, sans la loi, il n’aurait pas connu. Sous la loi, la
convoitise, accompagnée de la conscience du péché, agissait dans le cœur, et le
résultat en était la mort dans la conscience, sans qu’il y eût pour le cœur
aucune délivrance de la puissance de la convoitise.
Ch. 7 v. 9-10 — Le
commandement devient mort à l’homme par l’effet du péché
[7:9] Sans la loi, le péché n’agitait pas ainsi une volonté qui ne voulait pas
se soumettre à ce qui prétendait s’y opposer ; car une barrière présentée à la
volonté la réveille et la stimule ; et la conscience du péché, en présence de la
défense de Dieu de le commettre est une conscience sous la sentence de mort.
[7:10] Ainsi le commandement, qui était donné pour la vie, est de fait pour la
mort. La déclaration : « Fais ces choses et tu vivras » [(Luc 10:28)] devient la
mort, en montrant les exigences de Dieu envers une nature de péché qui, par sa
volonté, se refuse à ces exigences, et envers une conscience qui ne peut refuser
son témoignage à la justice de la condamnation.
Ch. 7 v. 9-12 — La loi,
défendant le péché, condamne l’homme par sa conscience
[7:9] On marchait dans une paisible indifférence en faisant sa propre volonté,
sans conscience de Dieu, et par conséquent sans sentiment de péché ou de
rébellion : la loi est venue, et on meurt sous son juste jugement qui défend
tout ce qu’on désire. [7:7] La convoitise était mauvaise, mais ne révélait pas
le jugement de Dieu : elle l’oubliait au contraire. [7:11] Mais le péché, quand
la loi est venue (l’apôtre ici considère le péché comme un ennemi qui attaque
quelqu’un ou quelque endroit), sachant que la volonté persistera et que la
conscience condamnera, saisit l’occasion de la loi, pousse l’homme dans la
direction contraire à la loi, et le tue par la conscience du péché que la loi
défend de la part de Dieu — [7:10] la mort, comme jugement de la part de Dieu,
étant pour l’homme le résultat de l’application de cette loi qui lui promet la
vie. [7:12] La loi donc est bonne et sainte, puisqu’elle défend le péché ; mais
elle le défend en condamnant le pécheur.
Ch. 7 v. 13 — Le péché
emploie la loi, bonne, pour produire la mort
[7:13] Est-ce donc ce qui est bon qui amène la mort ?1 Non, mais le péché, afin
qu’il parût dans son vrai jour, emploie ce qui était bon pour donner la mort à
l’âme, et ainsi, par le commandement, il devient excessivement pécheur. — Dans
tout ceci, je le répète, le péché est personnifié et présenté comme quelqu’un
qui veut tuer l’âme.
1 Le péché et la mort sont corrélatifs : la loi est introduite, pour faire ressortir, par des offenses, ce qui en est de tous les deux, du péché et de la mort. [7:7] La première question de l’apôtre est celle-ci : « La loi est-elle péché », puisque le résultat de son intervention est la mort pour l’homme ? Qu’ainsi n’advienne ! Mais la loi fait connaître le péché ; [7:9] et par ce jugement, l’homme étant pécheur, elle place l’âme sous la mort. [7:13] La seconde question posée par Paul est celle-ci : « La loi étant ainsi bonne en elle-même, est-elle devenue la mort pour moi ? » — Non, mais le péché, afin qu’il parût tel dans toute son énormité, m’a donné la mort, en se servant de la loi comme moyen de l’appliquer à ma conscience. Le péché trouvait dans l’état où était l’homme, l’occasion de transformer cette bonne chose en mort pour lui.
Ch. 7 v. 14-25 —
Expérience d’une âme placée sous la loi
Voilà donc, puisque le péché existe dans l’homme, quel est l’effet de la loi de
ce premier mari. Pour faire ressortir davantage ce résultat, l’apôtre nous
présente avec détail l’expérience d’une âme sous la loi.
Incapacité totale de
l’homme à faire le bien, même s’il le désire
Ch. 7 v. 14-19 — Absence de force dans l’homme pour accomplir la loi qu’il
approuve
On doit remarquer que le sujet qui est traité ici, n’est pas le fait du combat
entre les deux natures, mais l’effet que produit la loi sur l’âme, [7:22] en
supposant que la volonté est renouvelée, que la loi obtient le suffrage de la
conscience, et qu’elle est l’objet des affections du cœur — [7:14] d’un cœur qui
sait ce que c’est que la spiritualité de la loi. Ce qui est dépeint dans cette
partie du chapitre n’est ni la connaissance de la grâce, ni la connaissance de
Christ Sauveur, ni celle de l’Esprit1 ; le point capital que l’apôtre a en vue
ici n’est pas la condamnation (quoique la loi laisse bien l’âme sous le poids du
jugement), mais c’est le manque total de force pour accomplir la loi, afin
qu’elle ne nous condamne pas. [7:14] La loi est spirituelle, mais moi, comme
homme, je suis charnel, esclave du péché, quel que puisse être le jugement de
mon homme intérieur : [7:15] car je ne reconnais pas ce que je fais ; ce que je
veux, je ne le fais pas ; et ce que je hais, je le pratique. [7:16] En aimant
ainsi et en haïssant ainsi, j’approuve la loi et je reconnais qu’elle est bonne.
[7:17] Ce n’est pas moi qui pèche quant à l’intention morale de la volonté,
[7:15] car je ne veux pas le mal que je fais ; au contraire, je le hais. [7:17]
C’est le péché donc qui demeure en moi qui fait ce mal, [7:18] car,
effectivement, en moi (c’est-à-dire dans ma chair, dans l’homme naturel tout
entier tel qu’il est), il n’existe pas de bien, car la volonté même étant là
pour le faire, je ne trouve pas le moyen de l’accomplir : la force me manque
totalement.
1 Il y a aussi combat quand le Saint Esprit demeure en nous ; c’est ce que montre le chapitre 5 de l’épître aux Galates. « La chair convoite contre l’Esprit, etc. » [(Gal. 5:17)]. Mais alors nous ne sommes pas sous la loi ; c’est ce que l’apôtre ajoute : « Si vous êtes conduits par l’Esprit, vous n’êtes pas sous la loi » [(Gal. 5:18)]. Dans notre chapitre, au contraire, l’homme dont il est question est sous la loi, tout est en rapport avec la loi : [7:14] la loi est spirituelle, [7:16] nous approuvons la loi, [7:22] nous prenons plaisir à la loi. Ni Christ, ni l’Esprit ne sont mentionnés, jusqu’à ce que la question de la délivrance arrive.
Ch. 7 v. 20-24 —
Principe de mal dans l’homme naturel, le rendant captif du péché
[7:20] L’apôtre ayant donné cette explication met, au verset 20, de l’emphase
sur le je et le moi : « Si ce que je veux, moi »… « Ce n’est plus moi qui
l’accomplis, mais c’est le péché qui habite en moi ». [7:21] Je trouve donc
cette loi pour moi qui veux pratiquer le bien, que le mal est avec moi ; [7:22]
car, quant à l’homme intérieur, je prends plaisir à la loi de Dieu, [7:23] mais
il y a un autre principe constant en moi qui fait la guerre à la loi de mon
esprit et qui me rend captif à cette loi de péché qui est dans mes membres, de
sorte que, quelques bons que soient mes désirs, et plus même ils le sont, [7:24]
je suis moi-même un homme misérable. Étant homme et tel que je suis, je ne peux
être que misérable ! Mais le fait d’être arrivé à la conscience de cet état est
un pas immense.
Conscience du péché en
nous, dont nous sommes délivrés par la mort
[7:18] Le mal signalé dans les versets que nous étudions, est le mal qui est
dans notre nature et le manque de force pour s’en débarrasser. Le pardon des
péchés a déjà été traité à fond. Ici, ce qui caractérise l’âme, c’est l’activité
présente du péché, dont elle ne peut se débarrasser. Ce sentiment est souvent
plus pénible que celui des péchés passés, au sujet desquels tout croyant peut
comprendre qu’ils ont été ôtés par le sang de Christ. Ici, nous avons la
conscience que le péché est encore en nous, bien que nous le haïssions ; et la
question de la délivrance se mêle à notre expérience, tant que nous n’avons pas
appris ce qui nous est enseigné dans cette partie de notre épître, [7:20]
c’est-à-dire de juger le vieil homme, non pas comme étant nous-mêmes, notre moi,
mais comme étant le péché en nous ; et de nous tenir pour morts. Christ, par
lequel nous vivons maintenant, étant mort et étant le sacrifice pour le péché,
notre condamnation est impossible, puisque le péché est condamné et que nous en
sommes affranchis par « la loi de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus »
[(8:2)]. Ceci n’est pas le pardon, mais la délivrance, car le péché dans la
chair a été condamné sur la croix [(8:3)].
Délivrance de l’homme
qui réalise son état par la grâce seule
La grâce nous apprend à nous connaître et à chercher la délivrance en Christ
Sous l’enseignement de la grâce divine, l’homme renouvelé a appris trois choses
: 1° [7:18] Il est arrivé à la découverte qu’en lui, c’est-à-dire en sa chair,
il n’habite point de bien ; mais 2° [7:20] il a appris à distinguer entre
lui-même qui veut le bien, et le péché qui habite en lui ; et 3° [7:23] il a
constaté que, quand il veut le bien, le péché est trop fort pour lui. Ayant
appris ainsi la connaissance de lui-même, [7:24] il ne cherche pas à s’améliorer
dans la chair, mais il cherche la délivrance [7:25] et il l’a en Christ. La
puissance vient après. [7:24] Il est arrivé à la découverte et à la confession
qu’il n’a point de force en lui-même : il a donc recours à un autre que lui. Il
ne dit pas : comment ferai-je mieux, ou comment serai-je meilleur, mais qui
est-ce qui me délivrera ? Or c’est lorsque nous étions privés de toute force,
que Christ est mort pour des impies [(5:6)] : l’impiété est pardonnée, le manque
de force découvert, et nous trouvons lorsque nous en avons fini avec notre
misérable moi, la grâce parfaite de Dieu. À l’égard de ce que nous sommes
nous-même et de tout espoir d’amélioration en nous, la grâce est notre seule
ressource.
La délivrance est déjà
accomplie par Christ pour nous, par la mort
Mais heureusement que, lorsqu’on a recours à cette ressource-là, on n’a que la
grâce devant soi. La délivrance est déjà accomplie par le fait que nous ne
vivons plus du tout dans la chair. [7:6] Nous y sommes morts, [7:4] comme nous
sommes morts à la loi qui nous retenait sous l’esclavage et la condamnation, et
nous sommes à un autre mari, à Christ ressuscité d’entre les morts. [7:24]
Aussitôt que l’âme malheureuse a dit : « Qui me délivrera ? » [7:25] la réponse
est là : « Je rends grâces à Dieu par Jésus Christ, notre Seigneur ». Cette
réponse ne dit pas : Dieu délivrera ; la délivrance est accomplie déjà. L’âme
rend grâces.
Délivrance parfaite de
la part de Dieu
[7:24] L’homme est misérable dans ce conflit avec la loi, sans la connaissance
de la rédemption. Mais, dans la mort de Christ, il est mort à la nature, cause
de sa misère ; il en a complètement fini avec lui-même ; la délivrance de Dieu
est parfaite. Le vieil homme et le nouvel homme restent toujours opposés l’un à
l’autre dans le chrétien ; mais la délivrance n’est pas imparfaite. Cette
délivrance opérée par Dieu, et le progrès de sa manifestation, sont développés
dans le chapitre suivant.
Expérience personnelle
d’un homme renouvelé sous la loi
[7:14] On remarquera ici que l’apôtre ne dit pas : « Nous savons que la loi est
spirituelle, et nous sommes charnels » : c’eût été parler des chrétiens comme
étant charnels dans leur condition propre et normale. Il dit : « Mais moi, je
suis charnel ». C’est l’expérience personnelle de ce que c’est que la chair sous
la loi, pour une âme vivifiée, et non l’état du chrétien comme tel devant Dieu.
Remarquez aussi que la loi est envisagée au point de vue de la connaissance
chrétienne : « Nous savons » — lorsque nous ne sommes plus sous la loi et que
nous sommes capables d’en juger toute la portée selon la spiritualité de celui
qui juge, et qui, étant spirituel, voit aussi ce qu’est la chair, parce qu’il
n’est pas dans la chair, mais dans l’Esprit [(8:9)]1. La fin du chapitre ne
présente pas, à la lettre, l’état d’une personne quelconque, mais elle présente
des principes opposés l’un à l’autre, et dont le résultat est exposé en
supposant un homme placé sous la loi ; sa volonté toujours bonne, le bien jamais
accompli, et le mal toujours. Cependant, pour ce qui regarde la conscience, nous
trouvons ici l’état pratique de tout homme renouvelé sous la loi.
Cette description ne
peut être le fait que d’une personne déjà affranchie
1 Ces mots nous donnent la clef de tout ce passage, si souvent cité, hélas ! par
des âmes qui ne sont pas affranchies. Il ne s’agit pas ici de l’expérience
présente de qui que ce soit, mais c’est une personne affranchie décrivant l’état
d’une personne qui ne l’est pas. Une personne non affranchie ne pourrait parler
exactement de cette manière, étant inquiète pour elle-même du résultat de ce
conflit. Un homme tombé dans un marécage ne décrit pas tranquillement comment on
y tombe, parce qu’il a peur d’y enfoncer définitivement. Quand il en a été
retiré, il décrit comment on y tombe. La fin de Romains 7 nous montre un homme
hors du marécage, démontrant en paix par quel principe et comment on y tombe.
Toute cette partie de l’Épître est plus compliquée que le passage du chapitre
5:1-11, parce que notre propre expérience contredit ce que la foi nous apprend à
dire. Si, par grâce, je suis pardonné et justifié, mon expérience ne me
contredit pas, car c’est ce que Dieu a fait pour moi et en dehors de moi. Ma
dette est payée. Mais quand il me faut dire : « Je suis mort au péché », mon
expérience me contredit. C’est pourquoi l’on ne trouve pas de repos sous ce
rapport tant qu’on n’a pas renoncé au moi et à la chair comme entièrement
mauvais et sans remède, et qu’on n’a pas appris, à la suite de la rédemption
qu’on n’est plus du tout dans la chair. Comparez les chapitres 7 et 8.
La paix trouvée après
avoir appris à se connaître soi-même
L’homme sous la loi est préoccupé de lui-même, non de Christ
On peut remarquer encore un autre principe important : l’homme dans l’état
dépeint à la fin de notre chapitre, est entièrement préoccupé de lui-même ;
[7:19] lui veut le bien ; lui ne l’accomplit pas ; lui fait le mal que lui ne
veut pas. Ni Christ, ni le Saint Esprit ne sont nommés, tandis que le chrétien,
dans son état normal, est occupé de Christ. Or cette préoccupation du moi est la
conséquence naturelle et nécessaire de la loi, quand la conscience est réveillée
et la volonté renouvelée, [7:18] car « le vouloir est avec lui », mais il est
sous la loi, [7:14] la voit spirituellement, [7:16] y consent, [7:22] y prend
plaisir selon l’homme intérieur, [7:21] et ne peut accomplir ce qui est bien.
[7:23] Le péché a domination sur lui. Le sentiment de responsabilité à laquelle
on n’a pas satisfait, et l’absence de paix font que l’âme se reporte
nécessairement sur elle-même. Je dis qu’on est préoccupé de soi ; et ce « je »
et ce « moi », se retrouvent, dans ce chapitre, plus de quarante fois depuis le
verset 14. Il est bien qu’on soit préoccupé de soi plutôt que d’être insensible,
mais ce n’est pas la paix !
La paix vient de ce que
Dieu a tout fait en Christ, alors que nous ne pouvions rien
Cette paix se trouve ailleurs, et voici comment on la trouve : lorsque réduit à
la conscience de son incapacité de faire le bien pour Dieu, on trouve que Dieu a
fait pour nous le bien dont nous avons besoin. Nous avons alors non seulement le
pardon, mais la délivrance ; nous sommes en Christ, et plus du tout dans la
chair.
La délivrance ne vient
que quand tous les efforts de l’homme sont vains
[7:25] La lutte continue encore et l’opposition des deux natures est toujours
là, mais nous rendons grâces à Dieu par Jésus Christ, notre Seigneur1. [7:24]
Remarquez ici que la délivrance n’est trouvée que lorsqu’on a la pleine
conviction de son incapacité et de son manque de force, aussi bien que de ses
péchés ; et il est beaucoup plus difficile d’arriver à cette conviction de son
incapacité qu’à celle qu’on a péché. Or le péché de notre nature (avec sa
perversité sans remède et sa résistance au bien, la loi du péché dans nos
membres), n’est connu dans sa gravité légale que par l’expérience de l’inutilité
de nos efforts à faire le bien. Sous la loi, l’inutilité de ces efforts
tourmente la conscience, la laisse sous l’esclavage, et produit le sentiment de
l’impossibilité de parvenir jusqu’à Dieu. Sous la grâce, ces efforts ne sont pas
inutiles, et la nature mauvaise se montre à nos yeux dans toute sa laideur, soit
dans la communion avec Dieu, soit par des chutes, si nous négligeons cette
communion. Mais ici, au chapitre 7, l’expérience du péché dans la nature est
présentée comme acquise sous la loi pour que l’homme se connaisse par ce moyen,
connaisse ce qu’il est quant à sa chair, et sache que, de fait, il ne peut
réussir par ses propres efforts à venir avec une bonne conscience devant Dieu.
1 Le dernier verset du chapitre 7 parle, d’une manière abstraite, de la pensée et du caractère de ces deux natures opposées. À l’une appartient le désir et la résolution de cœur dans l’homme renouvelé, à l’autre le fait de la présence de la chair. La première nature est « moi-même », la seconde est « ma chair ». Ainsi le « moi-même » est dans le vrai, seulement il n’est considéré, ni comme étant sous la loi, ni comme n’y étant pas.
L'âme sous la loi,
parenthèse dans le sujet de notre identification avec Christ dans Sa mort et Sa
résurrection
Maintenant il faut se souvenir que cette expérience de l’âme sous la loi est
introduite sous forme de parenthèse pour faire voir l’état de péché auquel la
grâce s’applique, et l’effet de la loi. [7:4] Le sujet traité par l’apôtre est
que le croyant, ayant part à la mort, est mort, et qu’il est vivant par un
Christ ressuscité ; que Christ ayant, par la grâce, passé sous la mort, ayant
été fait péché, en a fini pour tout jamais avec l’état dans lequel il avait à
faire au péché et à la mort, en ressemblance de chair de péché ; et qu’ensuite,
en ayant fini avec tout ce qui se rattachait à cet état, Christ est entré par la
résurrection dans un nouvel ordre de choses, dans une nouvelle condition devant
Dieu, totalement en dehors de l’atteinte de tout ce à quoi Christ s’était
assujetti pour nous et de tout ce qui en nous se rattachait à notre vie
naturelle, ainsi qu’en dehors de l’atteinte de la loi qui liait le péché sur la
conscience de la part de Dieu. — En Christ nous sommes dans ce nouvel état de
choses.
Chapitre 8
Ch. 8 v. 1-11 — L’Esprit de Dieu, vie du croyant
Ch. 8 v. 1-3 — Nouvelle position du croyant en Christ, délivré du péché
Affranchissement du péché par la vie reçue dans l’identification avec Christ
Ch. 8 v. 1-2 — Délivrance par notre union avec Christ ressuscité par la
puissance de Dieu
[8:1] « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le
Christ Jésus ». L’apôtre ne parle pas ici de l’efficace du sang (tout essentiel
qu’il soit, comme base de tout le reste), mais de cette nouvelle position qui
est entièrement en dehors de l’atteinte de tout ce à quoi le jugement de Dieu
s’appliquait. Christ a bien été sous l’effet de la condamnation à notre place,
mais quand, ressuscité, il se présente devant Dieu, peut-il être question là de
péché, ou de colère, ou de condamnation, ou d’imputation ? Impossible. La
question a été vidée avant que Christ montât auprès de Dieu. Christ est auprès
de Dieu, parce que la question a été vidée, et telle est la position du chrétien
en Christ. Or, puisque c’est par la résurrection, c’est une vraie délivrance ;
c’est la puissance d’une nouvelle vie, dans laquelle Christ est ressuscité et de
laquelle nous vivons en lui. [8:2] Elle est, quant à la vie du saint, la
puissance efficace et constante par laquelle Christ a été ressuscité : c’est
pourquoi elle est appelée la loi de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus ; et
elle m’a délivré de la loi du péché et de la mort, qui régnait auparavant dans
mes membres pour produire du fruit pour la mort. [8:1] C’est notre union avec
Christ, en résurrection, union produite par le Saint Esprit et rendant
témoignage de la puissance de vie qui est en Lui, qui lie la « non-condamnation
» de notre position [8:2] avec l’énergie d’une nouvelle vie dans laquelle nous
ne sommes plus assujettis à la loi du péché, ou à la loi, dont les droits ont
pris fin aussi, nécessairement pour celui qui est mort, car la loi a pouvoir sur
l’homme aussi longtemps qu’il vit [(7:1)]. Christ, en portant la malédiction de
la loi, l’a, en même temps, pleinement magnifiée. On peut voir à la fin du
chapitre 1 de l’épître aux Éphésiens [(v. 19-20)] que c’est la puissance de Dieu
lui-même qui délivre ; et certes, la puissance qui a opéré ce changement
glorieux pour nous, cette nouvelle création, a dû être la puissance de Dieu.
Ch. 8 v. 2-3 —
Affranchissement du péché connu en Christ, notre vie
[8:2] L’affranchissement de la loi du péché et de la mort n’est pas proprement
une expérience, quoiqu’il produise des expériences précieuses : il est le fruit
d’une opération divine, fruit dont on jouit par la foi dans l’opération de Celui
qui a ressuscité Jésus. Cette opération est connue dans toute sa force par son
accomplissement en Jésus : et par la foi nous participons à l’efficace de cet
accomplissement. La difficulté que nous trouvons à accepter cela provient de ce
que notre expérience s’y oppose. Le fait que Christ a ôté mes péchés et le fait
que Dieu m’a aimé, sont affaire de simple foi ; le fait que je suis mort trouve
dans mon cœur la tendance à le contredire. Pour trouver une paix solide il faut
avoir traversé les expériences du chapitre 7 ; [8:3] avoir vu, dans le sacrifice
de Christ pour le péché, la condamnation du « péché dans la chair » ; il faut,
possédant la vie par Christ, [7:20] avoir jugé le péché comme une chose
distincte de moi, qui n’est pas moi-même, [7:23] mais un ennemi que j’ai à
combattre. Le fait que Christ a ôté mes péchés n’est pas tout ; je vis en un
Christ ressuscité, je suis « lié à ce mari » [(7:4)] ; Christ étant ma vie — mon
vrai « moi » — je puis dire que je suis mort, puisque Lui est mort. « Je suis
crucifié avec Christ ; et je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi » (Gal.
2:20). Si Christ vit en moi, je suis mort, car Lui est mort ; je suis semblable
à un homme, admis comme associé dans une entreprise, et possédant tous les
avantages qui appartenaient à cette affaire, avant qu’il y fût admis. [8:3] Ceci
est évident d’après le verset 3 : ce que la loi ne pouvait pas, dit l’apôtre,
Dieu l’a fait en Christ ; — il ne dit pas, « l’a fait en nous ». [8:4] Le fruit
de cet affranchissement en nous, se trouve au verset 4 — l’opération efficace
par laquelle nous nous tenons pour morts est en Christ, comme sacrifice pour le
péché. C’est là que le péché dans la chair a été condamné. [8:3] Dieu l’a fait,
dit l’apôtre ; car c’est toujours Dieu (et Dieu qui a agi), qu’il met en avant
pour développer l’Évangile de Dieu. La chose à condamner est bien en nous,
l’opération qui y a mis fin a été accomplie en Christ qui, comme nous allons le
voir, a bien voulu, en grâce, se placer dans la position nécessaire pour
l’accomplissement de cette opération. Cependant lorsque nous participons à la
vie qui est en lui cette opération devient une réalité pratique en nous ; [8:4]
seulement la réalisation de la force de la vie de l’Esprit en nous s’accomplit à
travers l’opposition de la chair, mais non pas pour que nous marchions dans la
chair.
Ch. 8 v. 2-3 —
Condamnation de la vieille nature et affranchissement dans la nouvelle vie
Il reste encore à noter un autre point. Au verset 2 nous avons la nouvelle vie,
dans sa puissance en Christ, nous affranchissant « de la loi du péché et de la
mort ». Au verset 3 nous avons la vieille nature (le péché dans la chair)
condamnée, mais dans le sacrifice pour le péché, par lequel Christ a souffert et
est mort ; en sorte que, pour la foi, cette question est entièrement vidée. Cela
complète la délivrance et la connaissance que nous en avons.
Position que Christ a
obtenue pour l’homme devant Dieu, hors du péché
Nouvelle position devant Dieu, hors du péché, obtenue en Christ par grâce
La clef de toute cette doctrine de l’apôtre et ce qui unit la pleine
justification à la sainteté pratique, la vie chrétienne à la grâce absolue et à
une éternelle délivrance de condamnation, c’est la nouvelle position que nous a
faite la résurrection, absolument en dehors du péché, étant maintenant vivants
en Christ devant Dieu. La puissance de Dieu, la gloire du Père, l’action de
l’Esprit, ont agi dans la résurrection de Christ et ont placé Celui qui avait
porté nos péchés, et avait été fait péché pour nous, dans une position nouvelle
devant Dieu, au-delà de la mort et du péché. Or, par la foi, j’ai part à la mort
de Christ, je participe à cette vie nouvelle : je suis quitte du péché et je vis
à Dieu.
Délivrance de l’homme
sous le péché par Christ, comme Israël sortant d’Égypte
[8:3] Ce que l’Évangile nous annonce à l’égard de Christ, n’est pas seulement
que Christ a donné une satisfaction pour les péchés commis (ce qui est la base
de toute son œuvre), mais a opéré la délivrance de la personne qui se trouve
sous le joug du péché, comme lorsque Israël est sorti d’Égypte. Le sang alors
avait arrêté la main de Dieu et détourné son juste jugement ; la main de Dieu,
en puissance, avait délivré le peuple pour toujours à la mer Rouge. Quel qu’ait
été Israël ensuite, il était dès lors avec Dieu qui l’avait conduit à la demeure
de sa sainteté [(Ex. 15:13)].
Ch. 8 v. 1-3 — Résumé
de l’œuvre de Dieu dans les chap. 5:12 à 7
Au reste, les premiers versets de ce chapitre résument les divers effets de
l’œuvre de Dieu, telle qu’elle est exposée dans les chapitres 5 (v. 12-21), 6 et
7, c’est-à-dire : [8:1] Il n’y a point de condamnation pour ceux qui sont en
Christ ; — [8:2] La loi de l’Esprit de vie en Lui, délivre de la loi du péché et
de la mort ; — [8:3] Enfin, ce que la loi ne pouvait faire, Dieu l’a fait.
Affranchissement du
péché comme loi par l’œuvre de Christ
Ch. 8 v. 2 — Joie dans la délivrance de la loi que le péché était pour nous
[8:2] On remarquera que la délivrance dont nous parlons est celle qui nous
affranchit de la loi du péché et de la mort. Sous ce rapport la délivrance est
absolue et complète, le péché n’est plus du tout une loi. Cette délivrance, pour
celui qui aime la sainteté, pour celui qui aime Dieu, est un profond et immense
sujet de joie. Le passage qui nous occupe ne dit pas que la nature de l’homme
soit changée par cette délivrance ; bien au contraire, car on ne dirait pas
qu’on est délivré de la loi d’une chose qui n’existe plus. On a à lutter contre
elle, mais elle n’est plus une loi et ne peut plus nous placer sous la mort dans
notre conscience.
Ch. 8 v. 3 — Délivrance
par Christ, s’abaissant dans notre position et réglant la question du péché pour
nous
La loi ne pouvait pas opérer cette délivrance ; elle pouvait condamner celui qui
était pécheur, mais non pas le péché en délivrant le pécheur. [8:3] Mais ce que
la loi ne pouvait pas — en ce qu’elle exigeait de la force dans l’homme
lorsqu’il n’y avait en lui que la force pour le péché — Dieu l’a fait. Or c’est
en pensant à cette impuissance de l’homme à se délivrer, que la venue de Christ
au milieu de nous, en s’abaissant jusqu’à la mort, est placée devant nos yeux
dans toute son importance, son abaissement vers nous sans péché et jusqu’à la
mort. Tel est le secret de notre délivrance ! Dieu, le Dieu de toute grâce, le
Dieu de gloire, a envoyé celui qui était l’objet éternel de sa dilection, son
propre Fils, celui en qui était toute l’énergie et la puissance divine du Fils
de Dieu lui-même, jusque dans la position où nous étions, pour participer à la
chair et au sang au milieu des hommes [(Héb. 2:14)] ; toujours en lui-même sans
péché ; mais pour descendre jusqu’au fond de la position dans laquelle nous
étions, c’est-à-dire dans la mort ; se dépouillant de Sa propre gloire pour
devenir un homme, « en forme de chair de péché », et, comme tel, s’humiliant
lui-même jusqu’à la mort, pour que toute la question de péché fût décidée avec
Dieu dans sa personne, en ce qu’il était, Lui, considéré comme étant dans notre
position1, lorsque, en ressemblance de chair de péché il a été fait péché pour
nous — (les mots « pour le péché » signifient : « un sacrifice pour le péché »).
Le Seigneur a entrepris de glorifier Dieu, en souffrant pour l’homme, envisagé
au point de vue du péché dans lequel il se trouvait. Le Seigneur a accompli
cette tâche ; — et ainsi « le péché dans la chair » (expression qui dépeint
l’état de l’homme, l’état de son être ; et Christ a été traité comme s’il avait
été dans cet état) a été condamné dans ce qui était un sacrifice de propitiation
pour le pécheur.
1 Le lecteur comprendra que Jésus a pu prendre cette position, parce qu’il était Lui-même, absolument et de toute manière, exempt du péché. La puissance de la résurrection dans un Christ mort était la puissance de la sainteté dans un Christ vivant ici-bas. Elle était ainsi la puissance de l’amour qu’Il manifesta pendant sa vie, amour qui nous est parfaitement révélé dans sa mort. Il était le juste objet des délices divines.
Condamnation du péché
dans la mort de Christ, et délivrance de la conscience par Lui
Le Fils de Dieu, envoyé de Dieu en amour, est venu, et a non seulement porté nos
péchés, mais s’est placé, toujours sans péché (en lui cette position a été
l’effet de la grâce et de l’obéissance), dans la position dans laquelle la chute
a placé l’homme responsable ici-bas ; il a été fait à la ressemblance des hommes
[(Phil. 2:7)] pour glorifier Dieu à l’égard du péché, en sorte que nous sommes
déchargés, par la croix, du fardeau que le péché, qui demeure en nous, faisait
peser sur notre conscience. Il prend sur lui, devant Dieu, toute la charge du
péché, mais il prend cette charge selon la puissance de la vie éternelle qui
était en lui ; il s’offre lui-même comme victime pour le péché. Ainsi placé, il
est fait péché ; et dans sa mort, qu’il subit par grâce, le péché dans la chair
est totalement condamné par le juste jugement de Dieu, et cette condamnation
même est pour le croyant l’abolition de ce péché par l’acte de sacrifice que
Christ a accompli, acte qui est valable pour celui qui croit en Christ qui l’a
accompli. Nous sommes morts avec Lui, et nous sommes vivants par Lui. Nous avons
dépouillé le corps de la chair, le vieil homme ; nous sommes morts à la loi, par
le corps de Christ ; notre vieil homme est crucifié avec Lui, afin que le corps
du péché soit annulé [(6:6)]. Je ne doute pas que le plein résultat de cette
œuvre ne soit l’abolition du péché dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre
où la justice habite [(2 Pier. 3:13)], toute la scène des cieux et de la terre
actuelle ayant disparu ; mais je ne parle ici que de l’état de la conscience par
rapport à la gloire de Dieu.
Perfection, pour Dieu,
de l’œuvre de Christ à la croix
Quelle merveilleuse délivrance ! Quelle œuvre pour la gloire de Dieu ! La portée
morale de la croix, pour la gloire de Dieu, est un sujet qui devient toujours
plus magnifique quand on l’étudie (étude qui ne finit jamais) ; l’œuvre que
Christ a accomplie sur la croix est par sa perfection morale un motif pour
l’affection du Père lui-même envers Jésus. « À cause de ceci, dit-il, le Père
m’aime, c’est que moi je laisse ma vie, afin que je la reprenne » (Jean 10:17).
Délivrance de l’état de
péché devant Dieu, non plus justification du pécheur
Quelle œuvre parfaite que celle-ci pour ôter le péché de devant les yeux de Dieu
(en le remplaçant à ses yeux par cette œuvre, parfaite elle-même, par laquelle
le péché a été ôté) et pour délivrer le pécheur, en le plaçant devant Dieu,
accepté selon la parfaite abolition du péché et la valeur qu’a cette œuvre
elle-même aux yeux de Dieu ! Il est possible que nous ayons connu le pardon des
péchés, avant d’entrer dans les expériences de Romains 7 ; mais ces deux sujets
sont entièrement distincts. Dans la première partie de l’épître nous voyons Dieu
s’occupant en grâce du pécheur, pour le justifier en tant que coupable, et cette
partie est complète en elle-même. Elle se termine par ces mots : « Nous nous
glorifions en Dieu » [(5:11)]. La seconde partie s’occupe de ce que nous sommes
et des expériences qui se rapportent à cet état ; mais l’œuvre du chapitre 7 est
toujours essentiellement légale. C’est le jugement de ce que nous sommes, mais
au sujet de ce qui est en nous, et non de ce que nous avons fait : c’est la
lutte, et non la culpabilité. La forme de cette expérience pourra se modifier ;
ainsi telle âme dira : « J’espère ne pas m’être trompée », ou autre parole
semblable ; mais, de fait, c’est toujours la loi. C’est pourquoi l’apôtre donne
à cette expérience le caractère propre qu’elle possède en elle-même.
Ch. 8 v. 4-11 — Effets
pratiques de la mort et de la résurrection avec Christ
Ch. 8 v. 4 — Accomplissement de la loi par celui qui marche dans l’Esprit
Le croyant n’est plus assujetti à la loi, mais l’accomplit par la grâce reçue
[8:4] Le résultat pratique de cette œuvre de Dieu pour nous est constaté au
verset 4 : « afin que la juste exigence de la loi fût accomplie en nous, qui ne
marchons pas selon la chair, mais selon l’Esprit ». Nous sommes parfaits devant
Dieu en Christ, sans avoir aucune justice selon la loi ; mais la loi est
accomplie en nous qui marchons selon l’Esprit, sans que nous soyons soumis à la
loi : « Celui qui aime les autres a accompli la loi » (13:8). L’apôtre ne pousse
pas plus loin la description des fruits de la justice, parce que la question est
ici l’assujettissement à la loi, et son accomplissement par l’homme. La grâce
produit plus que cela, comme on le voit en Éphésiens, Colossiens et autres
passages ; car elle reproduit le caractère de Dieu ; non pas seulement ce que
l’homme devrait être pour Dieu, mais ce que Christ était. Mais ici l’apôtre
aborde la question de la loi, et montre qu’en marchant par l’Esprit nous
accomplissons la loi.
L’Esprit en nous,
caractère de notre position, et ses effets dans le chrétien
Dans cette nouvelle nature, dans la vie de résurrection et de foi, [8:4] ce que
la loi demande est accompli en nous, parce que nous ne sommes pas sous la loi ;
car nous marchons selon l’Esprit et non pas selon la chair. Les choses qui sont
en opposition sont la chair et l’Esprit ; la règle du joug, dont, comme système,
nous sommes déchargés, est maintenant, de fait, accomplie en nous. Sous la loi,
le péché dominait : maintenant que nous sommes déchargés de la loi celle-ci est
accomplie en nous1. Mais c’est l’Esprit, agissant en nous et nous conduisant,
qui caractérise notre position. Or ce caractère, car c’est ainsi que l’apôtre le
présente, est le résultat de la présence et de la demeure du Saint Esprit en
nous. L’apôtre suppose ici que cette grande vérité est connue et admise.
Écrivant à des chrétiens, il parle du fait — car il s’agissait d’un fait — de la
présence du Saint Esprit, du Consolateur, comme d’un fait bien connu. Cette
présence du Saint Esprit distinguait publiquement le chrétien ; elle était le
sceau et la marque distinctive de sa profession ; l’individu savait pour
lui-même qu’il possédait l’Esprit, il savait que l’Esprit demeurait aussi dans
l’Église. Nous laissons de côté ce dernier sujet, car il ne s’agit ici que des
chrétiens individuellement. — Les chrétiens avaient l’Esprit, et l’apôtre en
appelle partout à la conscience qu’ils avaient de ce fait. — « Ayant cru, vous
avez été scellés du Saint Esprit de la promesse… » (Éph. 1:13) ; « Avez-vous
reçu l’Esprit sur le principe des œuvres de loi, ou de l’ouïe de foi, etc. ? »
(Gal. 3:2). C’est l’effet individuel et moral de la présence du Saint Esprit
dans le chrétien qui est en question ici, effet qui s’étend cependant jusqu’à la
résurrection du corps. Ces deux choses se lient : c’est-à-dire le fait reconnu
de la présence du Saint Esprit, et le déploiement de son énergie dans la vie et
ensuite dans la résurrection du croyant ; cette énergie avait été vue en Christ
; la résurrection elle-même était « selon l’Esprit de sainteté ».
1 Abstraction faite de la chair, au point de vue moral, il n’y a pas de différence entre notre perfection en Christ devant Dieu à l’égard de l’accomplissement de la loi, et l’accomplissement de cette loi en nous, parce que, ce qui agit en nous est la même vie de Jésus dans laquelle il vit dans la présence de Dieu : — Christ est notre vie [(Col. 3:4)]. C’est pourquoi Jean, après avoir montré Christ comme étant cette vie, dit en parlant de celui qui est né de Dieu : « Il ne peut pécher, parce qu’il est né de Dieu » [(1 Jean 3:9)]. C’est le même Christ qui est en nous et qui est dans le ciel. En pratique la vie divine en nous se développe à travers l’opposition de la chair : notre faiblesse, une coupable faiblesse, intervient, ce qui est une tout autre question.
L’Esprit agit comme
effet pratique dans la vie en nous reçue par Christ
Nous entrons donc ici sur le terrain de l’effet pratique, dans le chrétien
ici-bas, de la doctrine de la mort avec Christ et de la vie par Christ, réalisée
par la demeure en nous de l’Esprit qui nous a été donné. L’Esprit est distinct
de nous, car il est l’Esprit, l’Esprit de Dieu. Il agit toutefois dans la vie,
en sorte que cette vie est pratiquement nous-mêmes, pour ce qui est de la vie de
Jésus en nous.
Examinons un peu l’enseignement de l’apôtre sur ce sujet.
Ch. 8 v. 4-8 —
Incapacité de la nature de l’homme dans la chair
La volonté propre de la chair ne peut qu’être opposée à Dieu
[8:4] Paul, sans autre préface, caractérise le chrétien par ces paroles : « Nous
qui ne marchons pas selon la chair, mais selon l’Esprit » (v. 4). [8:5] Ceux qui
sont selon la chair ont leurs pensées aux choses de la chair, mais ceux qui sont
selon l’Esprit, aux choses de l’Esprit (v. 5). Il ne s’agit pas de devoir ici,
mais de la sûre action de la nature selon laquelle on subsiste ; — et cette
tendance, cette affection de la nature, a son résultat immanquable : [8:6] la
pensée de la chair est la mort, celle de l’Esprit vie et paix ; [8:7] parce que
la pensée de la chair est inimitié contre Dieu. La chair a sa volonté et ses
convoitises à elle ; et par le fait qu’elle les a, elle n’est pas soumise à la
loi de Dieu (qui, de son côté, a son autorité à elle) et même elle ne peut pas
l’être. Elle cesserait d’exister, si elle pouvait être soumise à la loi ; car
elle a une volonté propre qui recherche l’indépendance et non la soumission à
l’autorité divine ; une volonté qui ne trouve pas non plus son plaisir dans ce
que la loi ordonne. [8:8] Ainsi ceux qui sont dans la chair, ceux qui ont leur
relation avec Dieu comme des êtres, vivants de cette nature charnelle, de cette
vie naturelle, ne peuvent plaire à Dieu (v. 6-8).
La loi, règle pour
l’homme naturel dans la chair, amenant la mort
Tel est le jugement prononcé sur l’homme vivant de sa vie naturelle, jugement
qui porte sur la nature même de cette vie. La loi ne faisait pas sortir l’homme
de cette vie de la chair ; il était toujours dans la chair comme auparavant.
Elle avait une règle pour lui tel qu’il est, en tant qu’homme, devant Dieu, une
règle qui donnait la mesure de sa responsabilité dans cette position, mais qui
évidemment ne le faisait pas sortir de la position à laquelle cette règle
s’appliquait ; de sorte que, aussi longtemps que l’homme était dans la chair,
les mouvements du péché agissaient, par la loi même, pour produire la mort.
Ch. 8 v. 9-11 —
L’Esprit de Dieu en nous, caractère de notre nouvelle position
Ch. 8 v. 9 — L’Esprit, principe de nos relations avec Dieu
[8:9] Or le principe de nos relations avec Dieu n’est pas la chair, mais
l’Esprit, si l’Esprit de Dieu demeure en nous : — c’est là ce qui, aux yeux de
Dieu, caractérise notre position. Devant Lui nous ne sommes pas dans la chair :
le dire, suppose bien que la chair existe encore ; mais pour celui qui a reçu le
Saint Esprit et qui en vit, c’est l’Esprit qui forme le principe de sa relation
avec Dieu. Notre existence morale devant Dieu est dans l’Esprit, non pas dans la
chair ou dans l’homme naturel.
Présence de l’Esprit
demeurant en nous, réalisée dans le caractère du croyant
[8:11] Remarquez qu’il ne s’agit pas ici de dons de l’Esprit, ni de
manifestations de puissance, agissant en dehors de nous sur les autres, mais de
l’énergie vitale de l’Esprit, telle qu’elle a été manifestée dans la
résurrection de Jésus et même dans sa vie de sainteté. [8:10] Notre vieil homme
est déjà mort ; nous vivons à Dieu par l’Esprit. [8:9] Ainsi il est parlé de
cette présence de l’Esprit, toute réelle qu’elle soit, d’une manière qui se
rapporte plus au caractère de l’homme en qui elle se réalise, qu’à une présence
distincte et personnelle de l’Esprit ; quoique le caractère spirituel du
chrétien ne puisse exister sans que l’Esprit ne soit personnellement en lui.
Nous lisons au verset 9, littéralement : « Vous êtes en Esprit, si du moins
l’Esprit de Dieu habite en vous » et dans ces paroles l’emphase est sur le mot
Dieu ; et le mot Esprit n’a pas d’article. Cependant il est clairement question
de l’Esprit comme d’une personne, car il est dit : il « habite en vous », en
sorte qu’il est distinct de la personne en qui il demeure.
Nécessité de
l’intervention de l’Esprit pour délivrer l’homme de la chair
L’homme ne peut échapper à la chair, qui est lui-même, même par la loi
Mais voici la vérité sur cette action vitale du Saint Esprit dans l’homme. Il
n’y a rien dans l’homme qui puisse résister à la chair ou le faire sortir de
dessous son influence : la chair c’est lui-même. — La loi ne peut sortir de
cette limite (c’est-à-dire celle de l’homme auquel elle s’adresse) et elle ne le
doit pas, car elle a affaire à la responsabilité de l’homme. Pour que l’homme
soit délivré de la chair, il faut quelque chose qui ne soit pas l’homme et qui
cependant agisse dans l’homme. Nul être créé n’y pourrait rien ; tout être créé
est responsable dans sa propre position.
Ch. 8 v. 9 — L’Esprit,
Dieu dans l’homme, donne et agit dans une vie nouvelle
Il faut Dieu. L’Esprit de Dieu venant dans l’homme, ne cesse pas d’être Dieu, et
ne fait pas que l’homme cesse d’être homme ; mais il produit divinement dans
l’homme une vie, un caractère, un état d’être moral, un homme nouveau, et dans
ce sens un être nouveau en vertu de la purification par le sang de Christ.
Christ ayant accompli l’œuvre de la délivrance dont l’Esprit est la puissance en
nous, l’Esprit demeure dans l’homme, et ainsi l’homme est en Christ et Christ en
lui. Mais, possédant ainsi réellement une nouvelle vie qui a son propre
caractère moral, l’homme est devant Dieu dans ce caractère ; il est, aux yeux de
Dieu, dans cette nature nouvelle inséparable de sa source. [8:9] Comme le
ruisseau découlant de la source, le croyant est dans l’Esprit. En conséquence de
l’œuvre de Christ, le Saint Esprit est actif dans la vie qu’il a donnée et il en
est la puissance. Telle est la place du chrétien devant Dieu. Nous ne sommes
plus dans la chair, mais dans l’Esprit, si l’Esprit de Dieu demeure en nous : il
n’y a pas d’autre moyen de délivrance. Or c’est bien l’Esprit de Christ,
l’Esprit par la puissance duquel Christ a agi, a vécu, s’est offert, par lequel
aussi Christ est ressuscité : toute la vie de Christ a été l’expression de
l’action de l’Esprit, de l’Esprit dans l’homme. Or, si quelqu’un n’a pas
l’Esprit de Christ, il n’est pas de lui ; — être de Christ, en ayant son Esprit,
est le vrai et seul bien, la réalité éternelle.
Christ est notre vie
dans l’Esprit, et c’est notre seul moyen de vivre selon Dieu
Il s’agit de réalité. Le christianisme se réalise en nous dans une conformité de
nature avec Dieu, conformité dont Dieu ne peut se passer et sans laquelle nous
ne saurions être en communion avec lui. — Dieu la donne Lui-même. Comment, en
effet, peut-on être né de Dieu, si Dieu n’opère pas pour nous communiquer la vie
? — « Nous sommes son ouvrage, ayant été créés dans le Christ Jésus pour les
bonnes œuvres » [(Éph. 2:10)] ; or c’est l’Esprit qui est la source et la force
de cette vie. [8:9] Si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ, si l’énergie de
cette vie spirituelle qui s’est manifestée en Christ et qui est par la puissance
de l’Esprit, n’est pas en nous, nous ne sommes pas de Christ, nous n’avons pas
de part en Lui, car c’est par l’Esprit que l’on participe à Christ. [8:10] Mais
si Christ est en nous, l’énergie de notre vie spirituelle est en Celui qui est
notre vie, et le corps est tenu pour mort, car s’il a une volonté, comme étant
vivant, il n’est que péché. L’Esprit est vie : cet Esprit par lequel Christ a
vécu activement ; Christ, en Esprit en nous, est vie (source de pensée,
d’action, de jugement, de tout ce qui constitue moralement l’homme), « à cause
de la justice », c’est-à-dire pour qu’il y ait de la justice, car dans l’action
de cette vie est la seule justice pratique possible : la chair n’en saurait
produire. Nous ne vivons qu’en ayant Christ pour notre vie, car la justice est
en Lui et en Lui seul devant Dieu : ailleurs il n’y a que du péché. Ainsi «
vivre, c’est Christ » [(Phil. 1:21)] ; il n’y a pas d’autre vie, tout le reste
est mort.
Ch. 8 v. 11 — Esprit de
Dieu vu comme Celui qui ressuscite
[8:11] Mais l’Esprit a encore un autre caractère. Il est l’Esprit de Celui qui a
ressuscité Jésus d’entre les morts : c’est Dieu qui a ainsi ressuscité Christ.
Si cet Esprit demeure en nous, Dieu accomplira en nous ce qu’il a accompli en
Christ1, à cause de ce même Esprit. Il ressuscitera nos corps mortels : c’est là
la délivrance finale, la pleine réponse à la question : « Qui me délivrera de ce
corps de mort » ? [(7:24)]
1 Observez ici que Jésus est le nom personnel de Christ. Christ, bien que ce nom soit aussi devenu personnel, est proprement son nom de position et d’office — il est l’Oint. [8:11] Celui qui a ressuscité le Christ vivifiera les corps de ceux qui sont en relation avec Lui.
Désignations de
l’Esprit dans Ses différentes caractéristiques
Remarquez que l’Esprit est désigné ici (v. 9-11) de trois manières différentes.
[8:9] Il est appelé « l’Esprit de Dieu » en contraste avec la chair de péché,
soit l’homme naturel ; — il est appelé « l’Esprit de Christ », le caractère
formel de la vie qui est l’expression de Sa puissance (c’est l’Esprit agissant
dans l’homme selon la perfection des pensées divines) ; — [8:11] enfin, il est
appelé « l’Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts ». Ici
l’apôtre nous parle de la parfaite et finale délivrance du corps même par la
puissance de Dieu agissant par son Esprit. Voilà donc la réponse définitive à la
question : « Qui me délivrera ? » [(7:24)]. On voit que la vie chrétienne, dans
son vrai caractère, c’est-à-dire la vie de l’Esprit, dépend de la rédemption ; —
c’est en vertu de la rédemption que l’Esprit est présent avec nous.
Esprit et vie liés ici,
Lui agissant dans notre vie dépendante
Dans les versets 10 et 11 nous avons la mort présente à la chair et au péché, et
la résurrection actuelle : [8:10] seulement, comme il n’y a rien que le péché,
si nous vivons de notre propre vie naturelle, Christ étant en nous, notre vie,
déjà de notre vivant nous tenons notre corps pour mort. Notre partage, en tant
que vivant par l’Esprit, est ce qui a été montré en Christ lui-même (chap. 1:4)
: l’Esprit de sainteté et la résurrection d’entre les morts. On remarquera
comment (selon la force de l’expression, « l’Esprit est vie »), la personne de
l’Esprit est liée ici à l’état de l’âme, à la vie réelle du chrétien : plus bas
nous verrons la vie et l’Esprit séparés. Ces deux choses, savoir l’union de la
vie et de l’Esprit, et leur séparation se comprennent sans difficulté. L’Esprit
est réellement la personne divine ; mais cette personne divine agit en nous dans
la vie qu’elle nous a communiquée : « Ce qui est né de l’Esprit est Esprit »
[(Jean 3:6)]. Ainsi c’est bien l’Esprit qui produit la justice pratique, les
bonnes pensées, mais il produit ces choses en moi, de sorte qu’elles sont
miennes ; toutefois, je suis entièrement dépendant de Dieu et je lui suis
redevable pour ces choses. La vie est de la même nature que sa source, selon
Jean 3, mais cette vie est dépendante. La puissance tout entière est dans
l’Esprit : par lui nous sommes dépendants de Dieu. Christ lui-même a vécu dans
la dépendance ; seulement la vie était en Lui, sans aucun péché dans la chair,
pour y résister, tandis que si Dieu nous a donné la vie, il reste toujours vrai
que cette vie est dans son Fils : « Celui qui a le Fils a la vie » [(1 Jean
5:12)], et nous savons que la chair convoite contre l’Esprit [(Gal. 5:17)], même
quand nous avons l’Esprit.
Ch. 8 v. 12-28 —
L’Esprit, puissance agissante dans le croyant
Ch. 8 v. 12-15 — Relation de fils que nous avons par l’Esprit
L’Esprit, force pour vivre, nous met dans la relation de fils avec Dieu
Mais poursuivons l’étude de notre chapitre. [8:12] L’apôtre termine son exposé
de la vie spirituelle qui affranchit l’âme, en présentant le chrétien comme
étant débiteur non pas à la chair, qui maintenant n’a plus aucun droit sur lui ;
mais il s’arrête là, ne voulant pas dire d’une manière directe que nous soyons
débiteurs à l’Esprit. C’est, en effet, notre devoir de vivre selon l’Esprit,
mais si nous disions que nous lui sommes débiteurs, ce serait placer l’homme
sous une loi plus élevée que celle de Moïse, à l’accomplissement de laquelle il
serait, partant, plus impossible encore d’atteindre. L’Esprit est la force pour
vivre, et cela par les affections qu’il donne ; il n’est pas une obligation
imposée à l’homme d’avoir de ces affections. [8:13] Si nous vivons selon la
chair, nous marchons vers la mort ; si par l’Esprit nous faisons mourir les
actions du corps, nous vivrons. Le mal est présent en nous, mais la puissance
est en nous pour le vaincre. Ce sont les effets, soit de la nature de Dieu, soit
de la chair. Mais il y a un autre côté du sujet, que l’apôtre traite ici, savoir
la relation dans laquelle cette présence et cette opération du Saint Esprit nous
placent avec Dieu. Au lieu donc de dire : « Vous êtes débiteurs à l’Esprit »,
l’apôtre nous montre que l’Esprit lui-même est la force par laquelle nous
mortifions la chair, sûrs ainsi que nous sommes de vivre avec Dieu. [8:14] Mais,
étant conduits par l’Esprit de Dieu, nous sommes aussi fils de Dieu ; [8:15] car
nous n’avons pas reçu un esprit de servitude pour être encore dans la crainte
(tel était l’état du fidèle sous la loi), mais un Esprit qui répond à notre
adoption pour être fils de Dieu, un Esprit par lequel nous crions : Abba, Père.
L’Esprit d’adoption
nous place dans la relation avec Dieu que Christ nous a faite
L’apôtre lie encore dans la plus étroite union l’Esprit de Dieu avec le
caractère de l’esprit qu’il produit en nous, selon la relation dans laquelle
nous sommes placés par Sa grâce en Christ, dont nous avons la conscience et que
nous réalisons de fait par la présence du Saint Esprit en nous : [8:15] Il est
en nous un Esprit d’adoption, car il nous place dans la vérité selon les pensées
de Dieu. Or, quant à la puissance réelle de cette relation dans nos cœurs, quant
à sa réalité morale en nous, c’est par la présence du Saint Esprit seule qu’elle
s’opère. Nous ne sortons de dessous la loi et l’esprit de servitude, qu’en tant
que l’Esprit demeure en nous, bien que l’œuvre et la position de Christ soient
la cause de notre affranchissement. Cette position qui est la nôtre n’est connue
ou réalisée de notre part que par l’Esprit que Christ a envoyé, quand il est
entré, comme homme, en gloire, dans cette position dans le ciel1. Or cet Esprit
demeure en nous, agit en nous et nous place de fait dans cette relation avec
Dieu qui nous a été acquise par l’œuvre que Jésus a accomplie pour nous, entrant
lui-même dans cette relation comme homme ressuscité.
1 Sans doute Jésus marchait toujours comme Fils ici-bas, et cela, non seulement depuis qu’il est entré publiquement dans son ministère, moment où Dieu proclama qu’Il était son Fils [(Matt. 3:17)], mais à l’âge de douze ans il proclamait cette relation dans le temple [(Luc 2:46-50)]. [8:14] En effet, nous sommes fils [8:15] avant de recevoir l’Esprit d’adoption. C’est parce que nous sommes fils que Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs (Gal. 4:6). Mais Christ, entrant en plein dans la gloire, comme homme, selon le conseil de Dieu, par son œuvre, a reçu le Saint Esprit (Actes 2:33) pour nous le conférer et nous associer avec Lui dans le ciel.
L’Esprit, vie agissant
en nous, mais aussi personne divine
L’apôtre, nous l’avons remarqué, parle de l’Esprit en nous comme d’un certain
caractère, d’une certaine condition dans laquelle nous sommes, parce que
l’Esprit pénètre dans tout notre être moral, en fait de pensées, d’affections,
de but, d’action ; ou plutôt il crée toute ces choses, il en est la source : il
agit en les produisant. [8:15] Ainsi il est pratiquement un Esprit d’adoption,
parce qu’il produit dans nos âmes tout ce qui tient à la relation de fils : s’il
agit, nos pensées, nos affections agissent aussi ; nous jouissons de cette
relation de fils, en vertu de l’action de l’Esprit. L’apôtre donc identifie le
Saint Esprit et tout ce qu’il produit en nous ; cela ne pouvait pas être
autrement : car c’est par la présence et l’action du Saint Esprit que le
chrétien connaît l’Esprit. — Le monde ne le reçoit pas, parce qu’il ne le voit
pas et ne le connaît pas ; mais nous le connaissons, parce qu’il demeure avec
nous et est en nous [(Jean 14:17)] : précieuse condition pour nous, quand le
Saint Esprit lui-même est la source de notre être et de nos pensées, selon les
conseils de Dieu en Christ et la position que Christ nous a acquise. — Mais
ayant parlé de l’Esprit comme caractérisant notre existence morale, l’apôtre
prend bien soin, d’un autre côté, de distinguer l’Esprit comme personne ayant
une existence réellement distincte. [8:16] « L’Esprit lui-même » (c’est le seul
vrai sens des mots, et non pas « ce même Esprit ») rend témoignage avec notre
esprit que nous sommes enfants de Dieu. Les deux choses dont il est question ici
sont également précieuses1 : [8:15] d’un côté, la participation à l’Esprit comme
la puissance de la vie par laquelle nous sommes capables de jouir de Dieu et de
la relation d’enfants avec lui, [8:16] et, d’un autre côté, la présence et
l’autorité de l’Esprit pour nous assurer de cette relation.
1 Nous verrons plus tard que l’Épître aux Colossiens parle seulement de la vie ; celle aux Éphésiens, du Saint Esprit.
Ch. 8 v. 14-16 —
Position de fils et relation d’enfant
Deux mots sont employés pour nous faire comprendre nos privilèges sous ce
rapport, les mots « fils » et « enfants ». [8:14] Notre position est celle de
fils, [8:16] notre relation propre celle d’enfants. [8:14-15] Le mot de fils est
employé en contraste avec la position sous la loi, où l’on était serviteur.
C’est la position de privilège, dans toute son étendue. [8:16] Appeler un fils,
enfant, implique l’intimité et la réalité de la relation elle-même.
Ch. 8 v. 16-19 —
Assurance d’être enfants de Dieu donnée par l’Esprit
Position d’enfant et condition présente ici-bas, et action de l’Esprit s’y liant
Maintenant, à la suite de son exposé de la jouissance de cette relation de fils,
l’apôtre nous présente ces deux choses : savoir la position d’enfant et ses
conséquences, et puis la condition de la créature en relation avec laquelle
l’enfant se trouve. Ceci donne lieu à une double action de l’Esprit : [8:16]
savoir à la communication de l’assurance qu’on est enfant, [8:17] avec toutes
ses glorieuses conséquences ; [8:26] et en second lieu à l’action de l’Esprit,
en sympathie et en grâce, en rapport avec les peines et les infirmités dans
lesquelles l’enfant se trouve ici-bas.
Certitude de la grâce
de Dieu pour Ses enfants — Sujets du chapitre
[8:16] L’apôtre ayant ainsi achevé l’exposition de l’état de « l’enfant »,
termine cette description de sa position en Christ, en montrant la certitude de
la grâce dont l’enfant de Dieu est l’objet, certitude inébranlable, puisqu’elle
dépend de ce qui est en dehors de lui. Cette grâce est en Dieu lui-même, qui met
l’homme en sûreté dans cette position et le garantit, par sa puissance en grâce,
de tout ce qui pourrait lui ravir son bonheur. C’est Dieu qui donne ce bonheur à
l’homme et qui en est l’auteur ; c’est Dieu qui amènera à bonne fin les desseins
de sa grâce envers celui qui en est l’objet. Ce dernier point est traité dans
les versets 31-38. Ainsi, dans les versets 1-11 nous avons l’Esprit comme vie ;
dans les versets 12-30 l’Esprit comme puissance agissant dans le croyant ; dans
les versets 31-38 Dieu agissant pour nous (non pas en nous) pour assurer notre
bénédiction. C’est pourquoi, dans cette dernière partie, il ne parle pas de
sanctification.
Ch. 8 v. 16 —
Témoignage du Saint Esprit en nous, où Il demeure
[8:16] Le premier point dont parle l’apôtre en rapport avec la présentation
personnelle de l’Esprit, c’est que l’Esprit lui-même rend témoignage avec notre
esprit que nous sommes les enfants de la famille de Dieu. Le Saint Esprit
(agissant en nous, en vie, comme nous l’avons vu), a produit en nous les
affections d’un enfant, et par ces affections la conscience que nous sommes
enfants de Dieu ; ainsi le Saint Esprit ne se sépare pas de celui en qui il a
produit cette vie, mais par sa puissante présence, il rend aussi témoignage
Lui-même que nous sommes enfants. Nous avons ce témoignage dans nos cœurs, dans
nos relations avec Dieu ; mais le Saint Esprit lui-même, en tant que distinct de
nous, nous rend ce témoignage, à nous en qui Il demeure. Le vrai chrétien
affranchi sait que son cœur reconnaît Dieu comme Père, mais il sait aussi que le
Saint Esprit lui-même lui rend témoignage. Ce qui est basé sur la Parole, se
réalise et se vérifie dans le cœur.
Ch. 8 v. 17-19 —
Souffrance ici-bas et gloire, avec Christ, comme cohéritiers
[8:17] Or si nous sommes enfants, nous sommes héritiers, héritiers de Dieu et
cohéritiers de Christ (v. 17). Glorieuse position dans laquelle nous sommes
placés avec Christ ! Mais cette position porte ses conséquences, elle a son
caractère ici-bas : Si l’Esprit de Christ est en nous, Il sera en nous la source
des sentiments de Christ. Or Christ souffrait nécessairement dans ce monde de
péché et de misère ; il souffrait aussi pour la justice et à cause de son amour
pour nous. De pareils sentiments sont la conséquence, moralement nécessaire, du
fait qu’on a une nature morale totalement opposée à tout ce qui se trouve dans
le monde. L’amour, la sainteté, le respect pour Dieu, l’amour pour les hommes,
tout devient une source essentielle de souffrance ici-bas : un témoignage actif
fait souffrir extérieurement. Être cohéritiers avec Christ, souffrir avec lui,
être glorifiés avec lui, voilà l’ordre de la vie et de l’espérance chrétiennes ;
et remarquez que c’est en tant que possesseurs de tout l’héritage de Dieu, en
vertu de notre glorieuse position et de notre participation à la vie de Christ
lui-même, que nous souffrons. [8:18] Or les souffrances ne méritent pas d’être
comparées à la gloire à venir qui doit nous être révélée : [8:19] car la
créature attend la manifestation des fils de Dieu (v. 18, 19).
Ch. 8 v. 20-27 — Action
de l’Esprit dans les peines et les infirmités sur la terre
Ch. 8 v. 20-22 — Souffrance comme étant liés à la création, attendant la liberté
de la gloire
[8:21] Alors viendra la délivrance de la création ; car si nous souffrons, c’est
par amour, parce que tout est souffrance autour de nous. L’apôtre donc développe
ce point. [8:20] C’est notre relation avec la création qui nous place dans cette
souffrance, car la création a été assujettie à la misère et à la vanité. [8:22]
Nous qui avons l’Esprit, nous savons que toute la création soupire dans son
éloignement de Dieu, comme en travail, mais en espérance, et n’étant pas
condamnée à y demeurer toujours. [8:21] Quand la gloire mettra les fils en
liberté, la créature aura part à la liberté de la gloire ; mais elle ne peut pas
avoir part à celle de la grâce, car cette liberté-là est une chose qui a trait à
l’âme. Mais la gloire étant le fruit de la puissance de Dieu dans les choses
extérieures, même la créature sera délivrée de la servitude de la corruption en
participant à la liberté de la gloire : [8:20] car ce n’est pas la volonté de la
créature qui l’a assujettie (la créature n’a point de volonté sous ce rapport),
mais la créature est sujette à la vanité à cause de celui qui l’a assujettie,
c’est-à-dire à cause de l’homme.
Sentiment de la misère
de la création par nos corps, et soupirs par l’Esprit
[8:16-17] Or l’Esprit qui nous fait savoir que nous sommes enfants et héritiers
de la gloire, [8:23] nous fait, par ce moyen même, comprendre toute la misère de
la créature ; — or par nos corps nous sommes en rapport avec la créature, de
sorte que le sentiment de sa misère est en nous de la sympathie. Nous aussi
donc, nous attendons l’adoption, savoir la délivrance de notre corps ; [8:24]
car, quant à la possession du plein résultat de la délivrance, c’est en
espérance que nous sommes sauvés. [8:23] Ainsi, en attendant la rédemption, nous
soupirons nous-mêmes, [8:22] et nous savons, selon l’Esprit et selon notre
nouvelle nature, que toute la création soupire. Il y a, d’un côté,
l’intelligence de l’Esprit et les affections de la nature divine, et, de
l’autre, par le corps, le lien avec la création déchue1. Ici donc l’action du
Saint Esprit trouve sa place, [8:16-17] aussi bien que dans le témoignage rendu
par Lui, que nous sommes enfants et héritiers de Dieu en Christ.
1 Combien plus parfaites sont, en cela, les sympathies de Christ ! Bien qu’il fût capable de sympathie, comme étant véritablement un homme, il n’était pas, comme nous, lié par son état avec la créature déchue. Vrai homme, mais homme né du Saint Esprit, il sentait les souffrances de la création, tandis que nous qui, par la foi, ne sommes pas dans la chair, mais au-dessus d’elle, nous sommes cependant liés avec elle par les vases de terre que nous habitons [(2 Cor. 4:7)].
Ch. 8 v. 23-26 —
Soupirs du croyant devant le mal, par l’Esprit
[8:22] Ce n’est donc pas la création seulement qui soupire, [8:21] comme étant à
la suite de notre péché, asservie à la corruption ; [8:23] mais nous-mêmes aussi
qui avons les prémices de l’Esprit (que Dieu a donné en anticipation de
l’accomplissement de ses promesses aux derniers jours, et qui nous met en
rapport avec le ciel), nous soupirons, attendant la rédemption de notre corps
pour prendre possession de la gloire qui nous est préparée. [8:26] Mais nos
soupirs découlent de ce que le Saint Esprit qui est en nous, prend part à notre
peine et nous vient en aide dans nos infirmités. Demeurant en nous, il
intercède, au milieu de cette misère, par des soupirs que les paroles ne peuvent
exprimer. Le sentiment du mal qui nous oppresse et qui est tout autour de nous,
est dans notre cœur ; et plus nous avons la conscience de la bénédiction, et de
la liberté, et de la gloire, plus nous sommes sensibles au poids de la misère
que le péché a introduite. Nous ne savons que demander comme remède au mal, mais
notre cœur exprime son affliction (dans notre petite mesure du moins) comme
Jésus au tombeau de Lazare [(Jean 11:33-35)]. Le sentiment que nous avons du mal
n’est pas l’égoïsme de la chair qui n’aime pas souffrir, c’est l’affection de
l’Esprit.
Ch. 8 v. 26-27 —
Manifestation de l’affection de l’Esprit dans nos cœurs
Identification de la vie en nous avec l’Esprit, dans cette affection
Ici nous voyons d’une manière frappante combien l’Esprit et la vie en nous
s’identifient en pratique. [8:27] Dieu sonde les cœurs, nos cœurs ; il trouve
l’affection de l’Esprit, [8:26] car l’Esprit lui-même intercède ; en sorte que
c’est mon cœur, c’est une affection spirituelle, c’est l’Esprit lui-même qui
intercède. Uni que je suis à la créature par le corps, au ciel par l’Esprit, le
sentiment que j’ai du malheur de la créature n’est pas l’égoïsme de la chair,
mais la sympathie de l’Esprit qui est sensible à ce malheur selon Dieu.
Dieu reçoit
l’intercession de l’Esprit en nous dans nos infirmités
Quelle douce et fortifiante pensée que, quand Dieu sonde le cœur, même alors que
nous sommes chargés du sentiment de la misère au milieu de laquelle ce cœur se
meut, Dieu trouve là, non la chair, mais l’affection de l’Esprit, et que
l’Esprit lui-même en nous s’occupe en grâce de toutes nos infirmités. Quelle
attention Dieu ne doit-il pas prêter à de tels soupirs !
Action de l’Esprit en
nous et en notre faveur, par grâce
[8:16] L’Esprit donc est le témoin en nous que nous sommes enfants, [8:17] et
partant héritiers ; [8:23] il prend part à la douloureuse expérience que nous
sommes liés à la création par nos corps, [8:26] et il devient en nous la source
d’affections qui s’expriment par des soupirs, divins dans leur caractère, aussi
bien qu’humains, et qui ont la valeur de Sa propre intercession. Cette œuvre de
grâce s’opère en rapport avec notre ignorance et notre faiblesse. De plus, si
après tout nous ne savons pas que demander, [8:28] nous savons que tout concourt
de la part de Dieu lui-même à notre plus grand bien (verset 28).
Ch. 8 v. 28-39 — Ce que
Dieu est et fait pour les croyants
Opérations de l’Esprit en nous, et maintien de nos privilèges par ce que Dieu
est
Ceci introduit un autre côté de la vérité, savoir ce que Dieu fait et ce que
Dieu est pour nous, en dehors de nous, pour nous assurer toute bénédiction.
[8:10] Le Saint Esprit est vie en nous ; [8:16] il rend témoignage à notre
position glorieuse ; [8:26] et il agit en sympathie divine en nous, dans notre
position actuelle d’infirmité : dans ce pauvre corps et dans cette création
souffrante ; [8:27] il devient et il fait de nous la voix de cette souffrance
auprès de Dieu. Toutes ces opérations de l’Esprit ont lieu en nous ; mais Dieu
maintient tous nos privilèges par ce qu’Il est en Lui-même. C’est de ce point
que traite la dernière partie du chapitre, depuis le verset 28 jusqu’à la fin.
Ch. 8 v. 28-30 —
Bénédiction de Dieu pour nous, selon Son conseil
Dieu a tout accompli pour nous amener jusqu'à la gloire
[8:28] Dieu dispose de tout en faveur de ceux qui sont appelés selon Son propos
arrêté : car ce propos arrêté est la source de tout bien et de tout bonheur en
nous et pour nous. C’est pourquoi, dans cette belle et précieuse conclusion de
tout le chapitre, la sanctification et la vie en nous sont omises : — [8:10]
l’Esprit avait instruit nos âmes sur ces points au commencement du chapitre : Si
Christ est en nous, l’Esprit est vie, le corps est mort. Maintenant l’Esprit
présente les conseils, les desseins, les actes, l’opération de Dieu lui-même
pour nous bénir et assurer notre position, mais ils ne sont pas la vie en nous.
La réalité intérieure de la vie spirituelle avait été déjà développée, je le
répète ; [8:28] nous trouvons ici la certitude, la sécurité, en vertu de ce que
Dieu est et de ses conseils. [8:29] Dieu a préconnu ses enfants ; il les a
prédestinés à une gloire certaine, à une merveilleuse bénédiction, savoir, à
être conformes à l’image de son Fils. [8:30] Il les a appelés, il les a
justifiés, il les a glorifiés. Dieu a fait tout cela, et tout est parfait et
stable comme Celui qui l’a voulu et qui l’a accompli. Aucun anneau de la chaîne
ne manque ; tout ce qui est nécessaire s’y trouve pour lier nos âmes à la gloire
selon les conseils de Dieu.
La grâce veut nous
bénir avec Jésus, comme Lui, associés à Lui
[8:29] Quelle gloire, quelle position, pour de pauvres créatures comme les
rachetés, que d’être conformes à l’image du Fils de Dieu lui-même ! C’est là, en
effet, la pensée de la grâce, non pas seulement de nous bénir par Jésus, mais de
nous bénir avec Lui. Jésus est descendu jusqu’à nous, sans péché, en amour et en
justice, pour nous associer à Lui dans la jouissance du fruit de son œuvre
glorieuse : Son amour a voulu que nous eussions une même portion avec Lui, ce
que les conseils du Père, grâces lui en soient rendues, avaient aussi déterminé.
Ch. 8 v. 31-39 —
Réalisation que Dieu est pour nous, et conséquences
Paix et repos donnés par l'amour et la puissance de Dieu pour nous
[8:31] La conclusion que l’apôtre tire de toutes ces voies de Dieu que nous
venons de repasser, c’est que nous savons que Dieu est pour nous : glorieuse et
douce conclusion qui donne au cœur une paix ineffable, et un repos qui dépend de
la puissance et de la stabilité de Dieu ; un repos à l’abri de toute inquiétude
au sujet des choses qui pourraient nous troubler ; car si Dieu est pour nous,
qui sera contre nous ? [8:32] Ce repos exclut toute pensée qu’il y ait une
limite quelconque à la libéralité de Dieu : car Celui qui a donné son Fils,
comment avec lui ne nous donnera-t-il pas toutes choses ? [8:33] Que Dieu soit
pour nous ôte aussi toute crainte à l’égard de notre justice devant lui, ou des
accusations qui pourraient être portées contre les saints, comme aussi à l’égard
de toutes les difficultés du chemin. C’est Dieu lui-même qui justifie. [8:34]
Qui condamnera ? Christ est mort, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu,
et il intercède pour nous. [8:35] Qui est-ce qui nous séparera de son amour ?
Les ennemis ? Il les a vaincus ! La hauteur ? Il est en haut pour nous. La
profondeur ? Il a été dans les profondeurs de la mort : c’est la preuve de Son
amour. [8:37] Les difficultés ? Nous sommes plus que vainqueurs : ces
difficultés sont l’occasion immédiate du déploiement de son amour et de sa
fidélité, et nous font sentir où est notre part et quelle est notre force.
[8:39] L’épreuve ne fait qu’affermir le cœur, qui connaît l’amour de Christ,
dans la conviction que rien ne pourra séparer le croyant de l’amour de Dieu qui
est en Jésus. Toute autre chose n’est que « créature » et ne saurait nous
séparer de l’amour de Dieu, de l’amour d’un Dieu qui est entré dans la misère de
la créature et a remporté pour nous la victoire sur tout ce qui s’opposait à son
œuvre en notre faveur. Nous avons donc une exposition complète de la délivrance,
de la liberté, de la sécurité des saints, en vertu de la grâce et de la
puissance divines.
Démonstration
incontestable que Dieu est pour nous
[8:31] Le fait que Dieu est pour nous est démontré de trois manières : [8:32] Il
donne, [8:33] Il justifie, [8:39] il n’y a pas de séparation possible. Deux
questions triomphantes établissent le second et le troisième point, car nos
cœurs pourraient aisément les mettre en question : les questions sont : [8:34]
Qui condamnera ? [8:35] Qui séparera ?
Rien de la création ne
peut nous séparer de l’amour qui est de Dieu
[8:34] En effet, qui pourrait condamner, [8:33] quand Dieu lui-même justifie ?
Il n’est pas dit ici que nous sommes justifiés devant Dieu, [8:31] mais que Dieu
est pour nous. [8:35] La réponse à la question : « qui nous séparera ? » se
trouve dans le fait précieux qu’en tout ce qui semblerait devoir nous séparer de
Lui, nous avons vu, au contraire, la preuve de son amour. [8:38-39] Bien plus ce
serait « la créature » seule qui pourrait tendre à nous séparer, tandis que
l’amour est l’amour de Dieu.
Comparaison entre les
chapitres 5 et 8
État expérimental de l’homme dans ces chapitres
L’état expérimental, décrit dans ce chapitre, est plus complet que celui du
chapitre 5. L’apôtre y est arrivé en suivant d’abord, aux chapitres 5 et 7 les
exercices d’une âme qui apprend ce qu’elle est en elle-même, sous l’action de la
loi, et ce que c’est que d’être mort avec Christ, de vivre par Lui et d’être
associé avec Lui. Elle arrive enfin, au chapitre 8, comme étant en Christ devant
Dieu, [8:31] à la certitude que Dieu est pour nous.
Ce que Dieu est en
grâce, ou notre position devant Lui en Christ
Cependant le chapitre 5 nous présente davantage la simple grâce de Dieu, ce
qu’Il est dans sa propre nature et dans ses pensées, au-dessus du péché et
envers le pécheur. Au chapitre 8 la position du chrétien avec Dieu est
développée plus complètement, mais au chapitre 5 nous trouvons davantage ce que
Dieu est simplement en grâce, connu ainsi par l’œuvre de Christ. Au chapitre 8
c’est davantage notre position en Christ devant Dieu. Nous possédons à la fois
ces deux parts précieuses.
Chapitre 9
Ch. 9-11 — Position d’Israël, ayant les promesses, vis-à-vis de Dieu et de
l’évangile
Il restait à l’apôtre une question importante à traiter, savoir comment ce salut
commun du Juif et du Gentil, qui les traite tous les deux comme étant également
éloignés de Dieu, comment cette doctrine qu’il n’y a point de différence entre
eux, se concilie avec les promesses spéciales faites aux Juifs. Les preuves que
l’apôtre avait données de la culpabilité des Juifs ne touchaient pas aux
promesses d’un Dieu fidèle. L’apôtre allait-il déclarer que ces promesses
étaient annulées pour introduire la bénédiction des Gentils ? On ne manquait pas
non plus d’accuser l’apôtre d’avoir méprisé sa nation et ses privilèges. Les
chapitres 9 à 11 répondent à cette question et montrent, avec une rare et
admirable perfection, la position d’Israël vis-à-vis de Dieu et de l’Évangile ;
ils ouvrent ainsi, en même temps, largement la porte à l’intelligence des voies
de Dieu.
Ch. 9 v. 1-18 —
Démonstration aux Juifs de la souveraineté de Dieu
Ch. 9 v. 1-6 — Amour de l’apôtre pour Israël, et souveraineté de Dieu dans Ses
voies
[9:2] L’apôtre commence par protester de son profond intérêt pour la bénédiction
d’Israël : l’état de son peuple était pour lui une source de douleur continuelle
; [9:3] loin de mépriser les Israélites, il les avait aimés autant que Moïse
l’avait fait : il avait souhaité d’être, par anathème, séparé du Christ pour eux
(v. 1-3)1. [9:4-5] Il reconnaît bien que tous les privilèges accordés par Dieu
jusqu’alors leur appartenaient, [9:6] mais il n’admet pas que la parole de Dieu
ait été anéantie (v. 4-6), et il développe des preuves de la libre souveraineté
de Dieu, d’après laquelle, sans porter atteinte aux promesses faites aux Juifs,
Dieu peut admettre les Gentils selon l’élection de grâce.
1 Lisez au verset 3 : « J’ai souhaité ». Moïse dans son angoisse avait dit : « Efface-moi de ton livre » (Ex. 32:32) ; Paul n’était pas resté en arrière de lui dans son amour.
Ch. 9 v. 6-13 —
Souveraineté divine dans la famille d’Abraham
[9:7] L’apôtre donc expose, en premier lieu, que cette vérité de la souveraineté
de Dieu s’est démontrée au sein de la famille d’Abraham. Les Juifs alléguaient
leurs droits exclusifs comme descendants, selon la chair, de ce patriarche
auquel les promesses avaient été faites. [9:6] Mais tous ceux qui sont d’Israël
ne sont pas Israël ; [9:7] et parce qu’on était de la semence d’Abraham, on
n’était pas pour cela enfant, car dans ce cas Ismaël aurait dû être reçu ; or
les Juifs n’entendaient pas cela du tout. Dieu donc était Souverain. Mais on
aurait pu alléguer qu’Agar était une esclave. [9:10] Le cas d’Ésaü excluait même
cette échappatoire. Une même mère, Rebecca, avait eu deux fils d’un seul père ;
[9:13] or Dieu avait choisi l’un, Jacob, et rejeté l’autre, Ésaü. [9:11] C’était
donc sur le principe de sa souveraineté et de l’élection, que Dieu avait décidé
d’appeler une semence dans la famille d’Isaac ; et, avant qu’Ésaü et que Jacob
fussent nés, [9:12] Dieu avait déclaré que l’aîné serait asservi au plus jeune.
Il fallait donc que les Juifs admissent, sur ce point, la souveraineté de Dieu.
Ch. 9 v. 14-18 —
Souveraineté manifestée dans le jugement et la miséricorde
[9:14] Y avait-il donc injustice en Dieu (v. 14) ? [9:15] Dieu annonce
clairement à Moïse sa souveraineté comme principe : c’est le premier de tous les
droits. [9:16] Mais dans quel cas Dieu avait-il exercé ce droit ? Dans un cas,
où il s’agissait du droit d’Israël à la bénédiction, droit dont les Juifs
cherchaient à se prévaloir. Tout Israël aurait dû être retranché si Dieu avait
agi en justice ; seule la souveraineté de Dieu avait été le moyen d’échapper :
Dieu s’était retiré dans sa souveraineté pour épargner qui il voulait et il
avait ainsi épargné Israël. Sa justice aurait dû condamner, tous ensemble, ceux
qu’elle avait trouvés autour du veau d’or qu’ils avaient fait pour l’adorer. «
Ce n’est donc point de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui
fait miséricorde » (v. 16). Voilà pour la miséricorde ! — [9:17] Pour ce qui est
du jugement, le Pharaon sert d’exemple. Ennemi de Dieu et de son peuple, il
avait traité avec mépris les droits de Dieu et s’était élevé avec hauteur contre
Lui. « Qui est l’Éternel pour que j’écoute sa voix… je ne laisserai pas non plus
aller Israël » (Ex. 5:2). L’Éternel se sert du Pharaon, dans cet état de
rébellion et d’orgueil, pour donner un exemple de la colère et du jugement
divins ; [9:18] en sorte qu’il « fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit
qui il veut » (v. 17, 18). [9:19] L’homme se plaint de ce jugement comme il se
plaint de la grâce qui justifie gratuitement.
Ch. 9 v. 19-33 —
Exercice de la souveraineté en grâce envers tous, Juifs ou non
Ch. 9 v. 19-21 — Sa souveraineté, droit premier de Dieu, que la créature ne peut
contester
Si l’on veut parler de droits, il faut comparer ceux de Dieu et de la créature
qui a péché contre lui. [9:20] Comment l’homme, fait d’argile, ose-t-il
contester avec Dieu ? [9:21] Le potier a le pouvoir sur l’argile pour faire de
la même masse ce qu’il veut. Personne ne peut dire à Dieu : Que fais-tu [(És.
45:9)] ? La souveraineté de Dieu est le premier des droits, le fondement d’eux
tous, le fondement de toute moralité. Si Dieu n’est pas Dieu, que sera-t-il ?
Ch. 9 v. 22-25 —
Support de Dieu envers les méchants, et démonstration de Sa gloire dans
l’élection
Le fond de la question est ceci : Est-ce que Dieu jugera l’homme ou bien l’homme
jugera-t-il Dieu ? Dieu peut faire ce qu’il veut. Il n’est pas objet de
jugement. Voilà son droit ; mais quand, de fait, l’apôtre propose les deux cas :
[9:22] celui de la colère et celui de la grâce, il nous présente Dieu usant
d’une grande patience envers celui qui est déjà tout préparé pour la
destruction, afin de donner enfin aux hommes un exemple de sa colère dans
l’exécution de son jugement. [9:23] Ensuite, Paul nous fait voir Dieu donnant à
connaître les richesses de sa gloire dans des vases de miséricorde que Lui a
préparés pour la gloire. Ces trois principes sont donc établis ici avec une
merveilleuse exactitude, savoir : [9:20] que Dieu a le pouvoir de tout faire et
que personne n’a un mot à dire ; [9:22] en second lieu que Dieu use d’un support
merveilleux envers les méchants envers lesquels sa colère, à la fin, se
manifeste ; [9:23] enfin que Dieu démontre sa gloire dans des vases qu’Il a
lui-même préparés, par miséricorde, pour la gloire, [9:24] et qu’il a appelés,
soit d’entre les Juifs, soit d’entre les Gentils, [9:25] selon la déclaration
d’Osée.
L’établissement de la
souveraineté de Dieu anéantit la prétention à l’exclusivité des bénédictions
La doctrine établie est donc celle de la souveraineté de Dieu, doctrine qui
anéantit les prétentions des Juifs à la jouissance exclusive de toutes les
promesses. Ces prétentions étaient fondées sur le fait qu’ils étaient descendus
d’Abraham [(9:4-5)] ; mais d’entre ces descendants, plus d’un, par l’exercice de
cette souveraineté, avait été exclu des privilèges attachés à la promesse
[(9:7-13)] ; et ce n’était rien autre que l’exercice de cette souveraineté qui,
à l’occasion du veau d’or, avait épargné ceux qui prétendaient avoir droit aux
promesses comme descendants d’Abraham [(9:14-16)]. Il fallait donc que le Juif
reconnût cette souveraineté ou qu’il admît, de plein droit, les Iduméens ainsi
que les Ismaélites à la jouissance des promesses et renonçât lui-même à ses
privilèges, à l’exception, peut-être, des familles de Moïse et de Josué. [9:24]
Mais si telle était la souveraineté de Dieu, il voulait maintenant l’exercer en
faveur des Gentils aussi bien que des Juifs. Ainsi donc Il appelle qui il veut.
Ch. 9 v. 25-26 —
Application des citations d’Osée aux Gentils et aux Juifs
[9:25-26] Si l’on examine de près les citations d’Osée qui sont faites ici, on
trouvera que Pierre, qui n’écrit qu’aux Juifs convertis, ne cite que le passage
qu’on lit à la fin du chapitre 2 [(1 Pier. 2:10)], où Lo-Ammi et Lo-Rukhama
deviennent Ammi et Rukhama. [9:26] Mais Paul rapporte aussi ce qui est dit à la
fin du chapitre premier : « Dans le lieu où il leur a été dit : Vous n’êtes pas
mon peuple, là ils seront appelés », non pas mon peuple, mais « fils du Dieu
vivant ». C’est ce dernier passage que Paul applique aux Gentils appelés par la
grâce.
Ch. 9 v. 27-33 —
Jugement annoncé sur les Juifs cherchant la justice par la loi
Au reste, d’autres passages des prophètes confirment amplement le jugement que
l’apôtre, par l’Esprit, porte sur les Juifs. [9:29] Ésaïe déclare formellement
que si Dieu ne leur avait pas laissé un petit Résidu, ils auraient été comme
Sodome ou Gomorrhe. [9:27-28] Un Résidu seul serait sauvé, quelque nombreux que
fût le peuple, car Dieu ferait une affaire abrégée sur la terre, par le
jugement. Et voici le jugement moral que porte déjà l’Esprit sur l’état relatif
des Juifs et des Gentils : [9:30] Les Gentils avaient obtenu la justice qu’ils
n’avaient pas cherchée ; ils l’avaient obtenue par la foi ; [9:31] et Israël
cherchant à obtenir la justice par l’accomplissement d’une loi, n’était pas
parvenu à cette loi. [9:32] Pourquoi ? Parce qu’ils cherchaient la justice, non
pas par la foi, mais par des œuvres de loi ; car ils avaient heurté contre la
pierre d’achoppement, [9:33] comme il est écrit : « Je mets en Sion une pierre
d’achoppement, et un rocher de chute », et « celui qui croit en lui ne sera pas
confus » (v. 30-33).
Chapitre 10
Ch. 10 v. 1-10 — Salut de Dieu par la foi, d’abord par rapport aux Juifs
Ch. 10 v. 1-4 — Paul désire le salut des Juifs, qui le cherchent par leur propre
justice
Ayant touché ce sujet, l’apôtre qui aimait profondément sa nation, comme peuple
de Dieu, épanche son cœur en exposant la doctrine qui la scandalisait. [10:1]
Son désir, le but des affections de son cœur, était le salut d’Israël. [10:2]
Objets de ses affections, les Juifs sont vus par lui, ayant du zèle pour Dieu,
tout ignorant qu’ils fussent, hélas ! pour ce qui est de l’enseignement de Dieu.
[10:3] Ignorant la justice de Dieu, ils cherchaient, dans leur zèle, à établir
leur propre justice et ne se soumettaient pas à la justice de Dieu ; [10:4] «
car Christ est la fin de la loi pour justice à tout croyant » (verset 4).
Ch. 10 v. 5-8 —
Conseils de Dieu pour Son peuple, quand la loi est mise de côté]
La relation du peuple avec Dieu ne peut se faire que par la foi, une fois la loi
définitivement violée
Cependant l’apôtre déclare sa doctrine nettement et avec fermeté ; il l’annonce
de son côté, mais le Deutéronome viendra lui fournir une preuve inattendue du
principe qu’il expose. [10:6-8] Paul cite un passage de ce livre, qui traite la
question de l’état d’Israël pour le temps où Israël aurait violé la loi et où il
en aurait subi les conséquences. « Les choses cachées », avait dit le
législateur, « sont à l’Éternel, notre Dieu ; et les choses révélées », sont
pour le peuple (Deut. 29:29). Le sens de ce passage est celui-ci : la loi était
donnée clairement et positivement, comme condition de la jouissance des
bénédictions ; ce que Dieu ferait en grâce souveraine, quand Israël serait sous
les conséquences de la violation de cette loi, restait dans le secret de Sa
volonté suprême. Là-dessus cependant le passage révèle distinctement un autre
principe, savoir que, lorsque l’accomplissement de la loi serait devenu
impossible et que, pour avoir violé la loi, Israël aurait été déjà chassé de son
pays, alors, si le cœur du peuple se tournait vers Dieu dans ce pays éloigné,
Dieu accepterait le peuple. C’en était fait de la loi comme condition de
relation avec Dieu : Israël, selon le chapitre 30 du Deutéronome que nous
considérons, était chassé de sa terre, était « Lo-Ammi », n’était plus le peuple
de Dieu [(Os. 1:9)]. Le témoignage de Dieu néanmoins s’adressait à lui : il
pouvait se tourner vers Dieu en esprit et par la foi. [10:6] Or, dans ce cas, sa
relation avec Dieu n’était plus sur le pied de la loi, mais sur celui de la foi.
Mais, dit l’apôtre, c’est Christ qui est l’objet de cette foi, [10:4] comme il
est la fin de la loi. Aucun Juif n’aurait nié que le Messie ne fût l’objet de
l’attente de tout vrai Israélite, quand autrement toute espérance était perdue
pour le peuple.
Christ introduit comme
clé des voies de Dieu, après qu’Israël a manqué à la loi
Le passage du Deutéronome, cité par l’apôtre, s’applique donc directement à
l’état d’Israël dans le temps où l’apôtre a écrit : [10:5] Moïse, ayant terminé
tout ce qui se rapporte aux relations d’Israël avec Dieu, selon la loi, [10:6]
annonce d’autres conseils de Dieu et pose sur eux le principe du retour du cœur
à Dieu, quand tout serait fini à l’égard de la loi et qu’Israël serait dans un
lieu où il serait impossible de l’accomplir, savoir dans la captivité parmi les
Gentils. Ce passage a une portée remarquable dans le raisonnement de l’apôtre et
sa citation est une preuve extraordinaire que le Saint Esprit agit dans ses
raisonnements. [10:6-7] C’est l’apôtre qui introduit Christ : mais la
combinaison des vérités des diverses positions d’Israël, de la loi, et du retour
du cœur du peuple quand ce dernier était perdu sous la loi ; cette combinaison
dont Christ était et pouvait seul être la clef de voûte, montre chez l’apôtre
une vue d’ensemble des voies de Dieu, que l’Esprit de Dieu seul peut donner et
qui exprime évidemment Ses pensées (voir la fin du chapitre 29 et le chapitre 30
du Deutéronome).
Confession de la bouche
et croyance du cœur, en contraste avec la loi
Ch. 10 v. 8-11 — La parole de la foi, moyen de s’approcher de Dieu
[10:8] La parole de foi donc (que le passage du Deutéronome avait montrée être
l’espérance d’Israël) est celle que l’apôtre annonçait : [10:9] savoir, que si
l’on confesse de sa bouche le Seigneur Jésus, et que l’on croie dans son cœur
que Dieu l’a ressuscité, on sera sauvé (v. 9). Précieuse assertion, assertion
simple et positive, [10:11] appuyée, si cela était nécessaire, par le témoignage
de l’Ancien Testament : « Quiconque croit en Lui ne sera point confus ». [10:10]
Les mots « cœur » et « bouche » des versets 9 et 10 sont en contraste avec la
loi. Dans le cas supposé par le passage du Deutéronome, Israël ne pouvait
accomplir la loi ; [10:8] mais la parole de son Dieu, dit Moïse, pouvait être
dans le cœur et dans la bouche d’Israël. Ainsi maintenant pour le Juif comme
pour tous, la foi du cœur est le moyen de s’approcher de Dieu.
Ch. 10 v. 9 — Croire
avec un cœur qui s’intéresse à la vérité qui lui est présentée
[10:9] Remarquez que l’apôtre ne dit pas ici : « si tu aimes de cœur », ou : «
si ton cœur est ce qu’il devrait être à l’égard de Dieu », mais : « si tu crois
dans ton cœur ». Un homme croit de cœur quand il croit réellement d’un cœur qui
s’intéresse à la chose ; ses affections étant engagées dans la vérité, il
désire, quand il est question de la grâce, que ce qui lui est dit soit la vérité
; il désire la chose, et en même temps, il ne doute pas qu’elle ne soit vraie.
Ce n’est pas au fait qu’il y a part, qu’il croit, mais à l’objet même, à la
vérité de ce qui lui en est dit, y portant de l’intérêt parce que cet objet a de
l’importance pour lui. Ce n’est pas de l’état des affections de l’homme
(question d’ailleurs très importante à sa place) qu’il s’agit ici, mais de
l’importance et de la vérité de ce qui est présenté à l’homme par la Parole ; de
son importance pour l’homme lui-même, qui sent en avoir besoin pour son salut,
salut dont il a conscience d’avoir besoin, et dont il ne saurait se passer ; il
s’agit d’une vérité dont l’homme est assuré, comme se fondant sur un témoignage
de Dieu lui-même. Dieu affirme à cet homme que le salut lui appartient ; ce
n’est pas cela qu’il est appelé à croire comme objet de sa foi ; c’est ce que
Dieu affirme à quiconque croit.
Ch. 10 v. 9 —
Confession de Jésus comme témoignage de la foi du cœur
[10:9] Au reste, cette foi dont l’apôtre parle, se manifeste dans la preuve
qu’elle donne de sa sincérité, par la confession du nom de Christ. Si quelqu’un
est convaincu que Jésus est le Christ et refuse de le confesser, la conviction
qu’il a de cette vérité sera évidemment sa plus grande condamnation. La foi du
cœur produit la confession de bouche ; la confession de bouche est la
contre-épreuve de la sincérité de la foi. Cette confession est le témoignage que
Dieu demande tout premièrement ; la rendre, c’est sonner de la trompette dans le
pays en face de l’ennemi (Nomb. 10 [v. 9]), c’est dire que Christ a vaincu et
qu’en droit toutes choses lui appartiennent. Cette confession fait intervenir
Dieu en réponse au nom de Jésus : ce n’est pas ce qui donne la justice, mais
c’est reconnaître le Christ publiquement, [10:10] et ainsi donner une expression
à la foi par laquelle nous avons part à la justice de Dieu, en sorte qu’on
puisse dire de nous : « Celui-là croit en Jésus à salut ; il a la foi qui
justifie ».
Nos affections
dépendent de ce que l’amour de Dieu a fait pour nous
[10:9] Je suis entré ici dans quelques détails, parce que le sens de
l’expression « croire de cœur » est un point sur lequel l’esprit de l’homme
s’embrouille, et s’embrouille d’autant plus que l’homme est sincère, bien que
ses difficultés proviennent d’un reste d’incrédulité et de propre justice. Il
est impossible qu’une âme réveillée ne sente pas la nécessité d’avoir ses
affections réglées et tournées vers Dieu ; et si elle ne se soumet pas à la
justice de Dieu, elle cherche à faire dépendre la faveur de Dieu de l’état de
ses propres affections [(10:3)], tandis que Dieu nous aime lorsque nous ne
sommes que pécheurs. L’état de nos affections est de toute importance, mais cela
suppose une relation qui subsiste déjà et selon laquelle nous aimons. Nous
aimons aussi parce que nous sommes aimés de Dieu [(1 Jean 4:19)]. Or cet amour
de Dieu a fait quelque chose et l’a fait selon nos besoins et selon Sa gloire :
il a donné Jésus, et Jésus a accompli ce qu’il faut pour que nous participions à
la justice divine. Ainsi cet amour a placé dans une relation certaine d’enfant
et d’âme justifiée devant Dieu, selon la perfection de l’œuvre de Christ, celui
qui, reconnaissant qu’il est un pécheur perdu, croit en Jésus. Le salut
appartient à une telle âme, selon la déclaration de Dieu lui-même. Aimée d’un
tel amour, sauvée par une telle grâce, jouissant d’une telle faveur, elle
cultive donc des affections qui conviennent au don de Jésus et à la connaissance
qu’elle a de Lui et de sa bonté.
Ch. 10 v. 11-21 —
L’évangile prêché aux Gentils comme aux Juifs
Ch. 10 v. 11-17 — Annonce de la bonne nouvelle à tous sans différence
Ch. 10 v. 11-13 — Bénédiction pour tous sans différence, comme pour le péché
[10:11] En outre, il est évident que si c’est à « quiconque » croit en Jésus que
la bénédiction appartient, [10:12] le Gentil a part à cette bénédiction comme le
Juif : « Il n’y a pas de différence… le même Seigneur de tous est riche envers
tous ceux qui l’invoquent » (v. 12). Il est beau de retrouver ici cette formule
« il n’y a point de différence ». L’apôtre s’en était servi, chapitre 3:22, en
ajoutant, « car tous ont péché ». Le péché met tous les hommes au même niveau
devant Dieu ; mais quant à la bénédiction aussi « il n’y a pas de différence »
car le même Seigneur est riche envers tous « car quiconque invoquera le nom du
Seigneur sera sauvé » (verset 13).
Ch. 10 v. 14-17 —
Principe d’évangélisation pour annoncer le salut par la foi
L’apôtre fonde un autre raisonnement sur cette déclaration, justifiant ainsi par
elle les voies de Dieu accomplies dans son ministère. [10:13] Les Écritures des
Juifs déclarent que quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. [10:14]
Or les Juifs reconnaissaient bien que les Gentils ne connaissaient pas le nom du
Dieu vrai et vivant. Il fallait donc annoncer ce nom à ces Gentils pour qu’ils
l’invoquassent ; [10:15] aussi est-il écrit : « Combien sont beaux les pieds de
ceux qui annoncent la paix » (v. 14, 15). En traitant ces questions avec les
Juifs, Paul s’appuie naturellement sur l’autorité de leurs propres Écritures ;
[10:16] mais il applique au Juif comme au Gentil, le principe d’évangélisation
annoncé dans le beau passage qu’il cite. En effet, ce n’est pas dans la loi que
le Juif en trouvait la réalisation, car la loi n’a pas été la publication d’une
bonne nouvelle. Afin de montrer qu’Israël avait été ainsi évangélisé, et de
montrer l’incrédulité de ce peuple, l’apôtre cite Ésaïe qui déclare que c’est à
une prédication, à une vérité publiquement annoncée, qu’Israël n’a pas cru ;
[10:17] en sorte qu’il fallait la foi dans une vérité ainsi prêchée, dans la
parole annoncée.
Ch. 10 v. 18-21 —
Réception des Gentils par Dieu, et rébellion d’Israël
Dieu a toujours eu en vue les Gentils dans Son témoignage, ce qu’Israël refuse
Le verset 18 présente quelque difficulté. [10:18] Il est certain que l’apôtre
veut faire comprendre que cette publication de la vérité de la part de Dieu,
dont il parle, avait eu lieu : Israël était sans excuse, car même le bruit s’en
était répandu partout, et les paroles qui annonçaient Dieu étaient allées
jusqu’au bout de la terre : les Gentils même les avaient entendues en tout lieu.
Cela est clair. Mais est-ce que l’apôtre emprunte seulement les paroles (qui,
dans le passage cité, s’appliquent au témoignage de la création) ; ou veut-il
parler du témoignage même de la nature ? Je crois qu’il emploie ce passage du
Psaume 19 pour montrer que Dieu, dans ses témoignages, avait les Gentils en vue
; qu’il veut suggérer aux Juifs, par une citation de leurs propres Écritures,
que non seulement eux, les Juifs, ont entendu, mais que le témoignage est allé
partout et que cela était dans les pensées de Dieu. L’apôtre ne cite pas le
passage comme une prophétie annonçant ce qui avait lieu au moment où il parle ;
il emprunte les paroles contenues dans le Psaume pour montrer que ce témoignage
universel était dans les pensées de Dieu, quel que fût le moyen employé. [10:19]
Alors précisant la chose davantage pour le Juif, l’apôtre ajoute : « Israël
n’a-t-il pas connu ? » (v. 19). N’a-t-il pas été averti de cette extension du
témoignage aux Gentils, de cette proclamation de la grâce qui leur a été faite,
de la réception du témoignage par eux, témoignage dont l’effet serait de les
mettre en relation avec Dieu ? Oui, Moïse avait déjà dit que Dieu provoquerait
son peuple à la jalousie par une nation sans intelligence ; [10:20] et Ésaïe
avait parlé hardiment, en déclarant formellement que Dieu serait trouvé par une
nation qui ne le cherchait pas, [10:21] et en disant à Israël que Dieu avait
tout le jour étendu ses mains vers un peuple rebelle et contredisant ; [10:20]
en un mot, que les Gentils trouveraient Dieu [10:21] et qu’Israël lui serait
rebelle.
Témoignage quant à la
position des Juifs et des Gentils
Ainsi le témoignage rendu à la position relative des Juifs et des Gentils, bien
que l’apôtre l’aborde doucement et graduellement, est distinct et formel :
[10:20] Les Gentils reçus — [10:21] Israël en inimitié.
Rejet du peuple par
Dieu, question traitée par le chapitre 11
[11:1] Là-dessus la question surgit immédiatement : « Dieu donc a-t-il rejeté
son peuple ? ». C’est à cette question que le chapitre 11 donne la réponse.
Chapitre 11
Trois preuves que Dieu n’a pas rejeté Israël
L’apôtre donne trois preuves qu’Israël n’est pas rejeté. 1° [11:1] Il montre
d’abord qu’il est lui-même un Israélite, [11:5] qu’il y a un Résidu que Dieu a
réservé [11:4] comme dans les jours d’Élie, [11:6] Résidu dont l’existence est
une preuve de la faveur constante de l’Éternel et de l’intérêt qu’il porte à son
peuple, même quand celui-ci est infidèle. [11:3] Lorsque le plus fidèle et le
plus énergique des enfants d’Israël ne savait trouver personne qui reconnût Dieu
que lui-même, [11:4] Dieu connaissait sept mille hommes qui n’avaient pas fléchi
le genou devant Baal. 2° [11:12] L’apôtre établit que l’appel des Gentils et
leur substitution à Israël n’étaient pas un rejet définitif du peuple dans les
conseils de Dieu, [11:11] car Dieu avait appelé les Gentils pour provoquer
Israël à la jalousie et non, par conséquent, dans le but de le rejeter. 3°
[11:26] L’apôtre en appelle à ce fait que le Seigneur sortirait de Sion et
détournerait les iniquités de Jacob.
Fidélité de Dieu envers
Israël dans Ses voies
Ce que dit l’apôtre, ou plutôt le Saint Esprit, sur la fidélité de Dieu et ses
voies envers Israël, demande à être examiné plus en détail.
Ch. 11 v. 1-10 —
Élection du résidu par la grâce divine pour la bénédiction
[11:2] L’apôtre, en citant le cas d’Élie, montre que lorsque Israël était dans
un tel état, qu’Élie même plaidait contre lui, [11:4] Dieu n’avait cependant pas
rejeté le peuple ; il avait réservé pour lui-même sept mille hommes. [11:5]
C’était l’élection de la grâce souveraine. Il en était de même maintenant ;
[11:6] mais s’il en était ainsi, le salut et la délivrance du Résidu étaient par
grâce et non par les œuvres. [11:7] L’élection a donc obtenu la bénédiction, et
les autres ont été aveuglés ; [11:8] et c’est ce que les Écritures avaient
annoncé : « Dieu leur a donné un esprit d’étourdissement, etc. » (v. 7-10).
Ch. 11 v. 11-24 —
Participations aux promesses par la foi, et retranchement des incrédules
[11:11] Avaient-ils donc bronché pour tomber ? Non : mais par leur chute, le
salut est venu aux nations pour provoquer Israël à jalousie (v. 11) : seconde
preuve que ce n’était pas pour rejeter Israël finalement que Dieu avait permis
qu’il bronchât. [11:12] Or si leur diminution a été en bénédiction aux nations,
quel ne sera pas le fruit de leur restauration ? [11:16] De plus, si les
prémices sont saintes, la masse l’est aussi ; si la racine est sainte, l’arbre
l’est aussi. Or pour ce qui est de la chaîne continue de ceux qui jouissent des
promesses dans ce monde, les nations n’étaient nullement la racine, mais Abraham
était le tronc naturel et les branches, Israël. [11:17] Mais voici ce qui était
arrivé à cet franc olivier des promesses, dont Abraham, ainsi que nous l’avons
vu, était la racine (Dieu lui-même était la source de verdure et de fruit) et
Israël le tronc et l’arbre : il y avait eu de mauvaises branches sur cet olivier
; elles avaient été retranchées et « ceux des nations » avaient été entés à leur
place. Ceux-ci jouissaient ainsi des richesses naturelles à l’arbre des
promesses. [11:20] Or c’est sur le principe de la foi que les Gentils avaient
été greffés, ayant de leur nature fait partie auparavant de l’olivier sauvage.
[11:21] Les branches israélites — les héritiers naturels des promesses — avaient
été en partie retranchées à cause de leur incrédulité, car, quand
l’accomplissement des promesses leur avait été offert, les Juifs n’en avaient
pas voulu : ils se reposaient sur leur propre justice et méprisaient la bonté de
Dieu. [11:20] Ainsi les Gentils, devenus participants des promesses, sont debout
sur le principe de la foi ; [11:24] c’est ainsi qu’ils ont été greffés sur le
franc olivier ; [11:22] mais s’ils abandonnent ce principe, ils perdront leur
place dans l’arbre des promesses, comme les Juifs incrédules ont perdu la leur
(v. 17-21). L’apôtre annonce, en peu de mots, le principe sur lequel est fondé
le gouvernement de Dieu, savoir la bonté envers ceux qui avaient part à la
jouissance de ses promesses, s’ils continuent dans cette bonté — sinon le
retranchement. [11:21] Or le retranchement était arrivé, pour ce qui est des
Juifs ; [11:22] et il en sera de même à l’égard des Gentils, s’ils ne continuent
pas dans la bonté que Dieu a eue pour eux.
Ch. 11 v. 25-36 —
Conseil de Dieu pour sauver Israël comme peuple
Ch. 11 v. 25-27 — Israël sauvé comme peuple, après la bénédiction de l’Église
Tel est le gouvernement de Dieu à l’égard de ce qui se présentait comme son
arbre sur la terre. [11:25] Mais il y a aussi un conseil positif de Dieu,
accompli dans ce qui arrivait, savoir l’aveuglement partiel d’Israël (car Israël
n’était pas rejeté) jusqu’à ce que tous les Gentils qui doivent avoir part aux
bénédictions de ce temps-ci soient entrés : [11:26] après cela Israël sera sauvé
comme un tout. Ce qui arrivera dans ces jours-là ne sera pas des individus
épargnés et ajoutés à l’Église, Israël n’y ayant aucune place comme peuple, mais
Israël sera sauvé comme un tout, comme Israël. Christ sortira de Sion comme du
siège de sa puissance et détournera l’iniquité de Jacob ; [11:27] Dieu
pardonnera à Israël ses péchés.
Ch. 11 v. 28-36 — Dieu
accomplit Son conseil par pure grâce envers tous
C’est ici la troisième preuve qu’Israël n’est pas rejeté ; [11:28] car tout en
étant ennemis à l’égard de l’Évangile pour le temps présent, les Israélites sont
bien-aimés à cause des pères, [11:29] car ce que Dieu a une fois choisi et
appelé, il ne le rejette plus ; Dieu ne se repent pas de ses conseils, ni de
l’appel qui donne à ces conseils leur effet. Mais si le conseil de Dieu demeure
immuable, la manière dont il s’accomplit, fait ressortir la sagesse merveilleuse
de Dieu. [11:30] Les Gentils sont restés longtemps dans la désobéissance de
l’incrédulité ; Dieu intervient en grâce ; les Juifs s’opposent à ce que la
grâce agisse ; [11:31] ils perdent tout droit aux promesses par leur
incrédulité, de sorte que, comme un pauvre Gentil, ils doivent recevoir l’effet
de la promesse sur le pied de la pure miséricorde et de la souveraine grâce de
Dieu1. [11:32] Dieu avait renfermé tous les hommes, Juifs et Gentils, dans
l’incrédulité, afin qu’il pût être fait miséricorde à tous. [11:33] C’est pour
cela que l’apôtre s’écrie : « Ô profondeur des richesses et de la sagesse et de
la connaissance de Dieu ! ». Les promesses sont accomplies et la prétention à
une justice de l’homme anéantie ; [11:31] les Juifs qui ont tout perdu,
recouvrent tout sur le vrai fondement de la bonté de Dieu ; [11:32] une
apparente perte de tout n’est que le moyen de leur faire tout recevoir de la
grâce souveraine, au lieu qu’ils en jouissent en vertu de la justice humaine.
Tout est grâce ; Dieu, toutefois, reste toujours fidèle malgré l’infidélité de
l’homme : l’homme est béni, le Juif reçoit l’effet de la promesse ; mais l’un et
l’autre doivent attribuer à la pure miséricorde de Dieu leur jouissance de la
bénédiction. Il ne s’agit nullement de l’Église ici, mais de l’arbre de la
promesse et de ceux qui, en vertu de leur position, ont successivement part à la
jouissance des promesses sur la terre. Les Juifs incrédules n’ont jamais été
retranchés de l’Église ; ils n’en avaient jamais été. Ils avaient été dans la
position d’héritiers naturels du droit aux promesses ; mais l’Église n’est pas
l’olivier franc auquel, selon la nature, appartiennent des Juifs, en sorte que
les Juifs y soient greffés de nouveau selon les versets 23, 24. Rien de plus
clair que ceci : [11:16] depuis Abraham la chaîne des ayants droit aux promesses
était Israël. [11:17] Ensuite, dit l’apôtre, quelques-unes des branches de
l’olivier franc ont été retranchées, mais l’arbre des promesses demeure sur la
terre ; les Gentils y sont greffés en lieu et place des Juifs. [11:22] Les
Gentils devenant aussi infidèles — le cas est supposé — ils seront retranchés à
leur tour, [11:23] et les Juifs seront réintégrés dans l’ancien olivier, selon
les promesses, et pour en jouir, mais par pure miséricorde. [11:28] Évidemment
ce n’est pas par l’Évangile qu’ils reçoivent la bénédiction, car, « en ce qui
concerne l’Évangile, ils sont ennemis à cause de vous (Gentils) ; mais, en ce
qui concerne l’élection, ils sont bien-aimés, à cause des pères » (v. 28).
1 Il faut traduire le verset 31 : « De même ceux-ci aussi (les Juifs) ont été maintenant désobéissants à votre miséricorde, afin qu’eux aussi deviennent des objets de miséricorde ». Votre miséricorde, c’est la grâce en Christ qui s’étendait aux Gentils. Ainsi les Juifs étaient des objets de miséricorde, ayant perdu tout droit à jouir de l’effet de la promesse. Dieu ne voulait pas manquer de l’accomplir ; [11:26] il leur en fera part, en miséricorde, à la fin, [11:25] quand il aura admis la plénitude des Gentils.
Responsabilité liée aux
privilèges dont on jouit
Remarquez en outre un principe important : La jouissance des privilèges, en
vertu de notre position, nous en rend responsables, sans qu’individuellement
l’on soit né de nouveau. [11:17] Les branches juives étaient sur l’arbre des
promesses, et elles ont été retranchées — [11:22] il en sera de même des
Gentils. Il n’est pas question de vie ou de réalité, mais les Gentils sont dans
le lieu de la bénédiction, participants de la racine et de la graisse de
l’olivier, étant entés sur lui.
Fin de la partie
montrant la grâce aux pécheurs conciliée avec la fidélité de Dieu à Son peuple
Ces communications des pensées de Dieu à l’égard du rejet temporaire et partiel
d’Israël et de sa réintégration dans la jouissance des promesses, terminent
cette partie de notre Épître, savoir celle dans laquelle l’apôtre concilie la
grâce souveraine faite aux pécheurs (et qui les place tous sur le même niveau
dans la commune ruine due au péché) avec les privilèges particuliers du peuple
d’Israël, basés sur la fidélité de Dieu. Les Juifs avaient perdu tout droit :
Dieu accomplira ses promesses en grâce et par miséricorde.
Chapitre 12
Ch. 12 v. 1-2 — Conséquences morales de la doctrine présentée auparavant
Service de Dieu et non-conformité au monde, selon la vie nouvelle
L’apôtre reprend le fil de ses instructions générales en établissant, ainsi
qu’il le fait dans toutes ses épîtres, les conséquences morales de sa doctrine.
[12:1] Il place le croyant sur le terrain de la miséricorde de Dieu, point qu’il
avait déjà pleinement développé. Le principe de la grâce qui sauve avait été
établi par lui comme fondement du salut. La base de toute la moralité chrétienne
est maintenant posée dans le principe fondamental qui consiste à présenter nos
corps en sacrifice, vivant, saint, agréable à Dieu, à offrir à Dieu un service
intelligent, non pas un service d’activité extérieure, ni qui consiste en des
cérémonies que le corps puisse accomplir. Ce principe est simple, mais d’une
vaste portée et d’une efficace absolue. Voilà ce qui concerne l’homme
personnellement. [12:2] Quant à ses rapports extérieurs, le croyant ne doit pas
se conformer au monde ; cette non-conformité ne doit pas être non plus
extérieure ou machinale, mais elle doit être le résultat du renouvellement de
l’entendement, en sorte que l’on recherche et discerne quelle est la volonté de
Dieu, bonne, agréable et parfaite, et qu’ainsi la vie du chrétien soit
transformée.
Se livrer à Dieu pour
Lui obéir, exhortation selon le caractère de l’épître
Ce passage se relie à la fin du chapitre 6, verset 22. Il n’est pas question ici
d’être assis dans les lieux célestes [(Éph. 2:6)], d’être imitateurs de Dieu
comme de bien-aimés enfants [(Éph. 5:1)] ; mais il est question d’hommes sur la
terre, affranchis par la puissance libératrice de la rédemption et par la grâce,
[12:1] et se livrant eux-mêmes à Dieu [12:2] pour faire Sa volonté.
L’exhortation est en rapport avec le caractère de toute cette épître.
Formes du dévouement et
de l’obéissance dans la marche chrétienne
Le dévouement donc et l’obéissance sont les caractères de la marche chrétienne.
[12:2] La vie du chrétien est une vie soumise à la volonté d’autrui, savoir à la
volonté de Dieu, donc empreinte d’humilité et de dépendance ; mais il y a
dévouement de cœur absolu dans le sacrifice de soi-même ; [12:3] car le danger,
découlant de la puissance qui agit dans cette vie, est que la chair s’y mêle et
se prévale de cette puissance. À cet égard, chacun doit avoir un esprit de
sagesse et de modération et agir dans les limites du don que Dieu lui a départi,
en s’occupant de l’exercice de ce don, selon la volonté de Dieu ; [12:4-5] car
chaque membre a sa propre place dans le corps, [12:6-8] et doit y accomplir la
fonction que Dieu lui a assignée. [12:9-15] L’apôtre passe insensiblement à
toutes les formes que prend le devoir chez le chrétien, dans les diverses
positions dans lesquelles celui-ci se trouve, [12:16-21] et à l’esprit dans
lequel il devrait marcher sous tous les rapports.
Ch. 12 v. 4-5 — Seul
passage de l’épître traitant de l’Église comme corps
[12:5] L’idée de l’Église envisagée comme un corps, se trouve donc dans le
chapitre 12. C’est le seul passage de notre épître où nous la trouvions [12:4]
et cela en rapport avec les devoirs individuels des membres, devoirs qui
découlent de leur position comme tels. Ce passage excepté, l’épître en général
traite de la position de l’homme dans sa responsabilité individuelle devant
Dieu.
Chapitre 13
Ch. 13 v. 1-6 — Soumission aux autorités comme établies de Dieu
[13:1] Les directions données par l’apôtre s’étendent aux relations du chrétien
avec les autorités sous lesquelles il se trouve placé ; il les reconnaît, comme
accomplissant le service de Dieu et comme armées d’autorité de Sa part, [13:2]
de sorte qu’en leur résistant on résisterait à ce qui a été établi de Dieu.
[13:5] La conscience donc, non seulement la force, obligent le chrétien à leur
obéir.
Ch. 13 v. 7-10 —
Réalisation et manifestation de l’amour dans l’humilité
[13:7] Enfin le chrétien doit rendre à tout homme, ce qui est dû à chacun, en
vertu de sa position ; [13:8] il ne lui faut rien devoir à personne, quel que
soit le caractère de cette dette — sauf l’amour, dette qui ne peut jamais être
liquidée. [12:16] Quant à leurs rapports mutuels, les chrétiens sont exhortés à
ne pas chercher les choses élevées de ce monde, mais à marcher fraternellement
avec les simples — préceptes trop oubliés, à son grand détriment, dans l’Église
de Dieu. Si le chrétien haut placé exige que l’honneur lui soit rendu selon la
chair, qu’on le fasse de bon cœur. Heureux celui qui, selon l’exemple du Roi des
rois et le précepte de notre apôtre, sait cheminer avec les humbles dans leur
marche à travers le désert. [13:10] Or l’amour est l’accomplissement de la loi
(v. 10) ; car l’amour ne fait pas de mal au prochain et accomplit ainsi la loi.
Ch. 13 v. 11-14 —
Marche en accord avec le jour du Seigneur, tout proche
[13:11] Un autre principe agit aussi sur l’esprit du chrétien : il est temps de
se réveiller ; la délivrance de ce présent siècle mauvais, et que le Seigneur
accomplira pour nous, s’approche ; [13:12] la nuit est fort avancée, le jour
s’est approché (v. 12) ; Dieu en sait le moment. Les caractères qui signalaient
l’approche de ce jour, au temps de l’apôtre, ont bien autrement mûri depuis
lors, quoique Dieu, en vue de ceux qu’il rassemble, mette encore jusqu’à
maintenant une bride à la puissance du mal. [13:13] Marchons donc comme enfants
du jour, rejetant les œuvres des ténèbres. Nous appartenons au jour, dont Christ
lui-même sera la lumière ; marchons d’une manière qui convienne à ce jour,
[13:14]en revêtant Christ lui-même et en ne prenant pas soin de ce qui convient
à la volonté et aux convoitises de la chair.
Chapitres 14 et 15
Ch. 14 à 15 v. 7 — Marche ensemble dans l’amour malgré les faiblesses
Liberté chrétienne et égards de l’amour pour la conscience des faibles
Depuis le commencement du chapitre 14 à la fin du verset 7 du chapitre 15, un
autre point est touché. Les positions différentes du Juif et du Gentil donnent
lieu aux observations de l’apôtre. [14:2, 5] Le Juif avait de la peine à
renoncer à faire une différence entre les jours et entre les aliments : un
Gentil ayant abandonné tout son système religieux comme idolâtre, ne tenait plus
à rien. Sous ce rapport la nature humaine peut pécher de deux côtés ; elle peut
manquer de conscience, avoir une volonté sans frein ; ou avoir une conscience
cérémonielle. [14:14] Le christianisme ne reconnaît ni l’une ni l’autre de ces
choses ; il nous délivre de l’observation des jours et de la distinction entre
les viandes en nous rendant célestes avec Christ ; [14:15] mais il enseigne en
même temps à supporter la faiblesse consciencieuse et à être consciencieux
soi-même. [14:12] La conscience d’autrui n’a pas le droit de nous prescrire,
comme devoir, une chose nouvelle, [14:14] mais elle peut, pour son propre
compte, tenir par ignorance une chose traditionnelle comme obligation. On a
réellement, en pareil cas, pleine liberté : [14:13] mais on doit supporter la
faiblesse de foi dans un autre et ne pas lui présenter une pierre d’achoppement.
Paul donne à cet égard trois directions : 1° [14:1] Il veut qu’on reçoive le
faible, mais non pas pour discuter les questions qui restent à décider. 2°
[14:4] Il ne veut pas que nous jugions notre frère, car il est serviteur de
Christ et non pas notre serviteur ; [14:12] chacun rendra compte pour lui-même à
Dieu. 3° [15:1] Il enseigne que nous devons porter les infirmités des faibles et
ne pas nous plaire à nous-mêmes ; [15:2] que nous devons marcher dans un esprit
d’amour, [15:7] et que, si nous sommes dans un état supérieur à celui d’autres
frères, nous avons à le montrer en nous recevant l’un l’autre comme Christ nous
a reçus, à la gloire de Dieu. Or cette gloire efface l’homme et ses petites
supériorités sur ceux qui l’entourent ; elle allume la charité et la rend
ardente, empressée à chercher le bien d’autrui, plaçant l’âme assez en dehors
d’elle-même, et au-dessus des petites choses extérieures, pour la rendre capable
de s’adapter aux besoins et aux faiblesses des autres, dans les choses où la
volonté de Dieu et sa gloire ne sont pas en question.
Responsabilité de
chacun devant Dieu quant à la conscience
Plusieurs principes importants sont mis en avant dans ces exhortations : [14:12]
Chacun rendra compte de lui-même à Dieu. [14:5] Chacun, dans les cas de
conscience, doit être pleinement persuadé dans sa propre pensée, [14:13] et ne
pas juger un autre. [14:14] Si quelqu’un a une foi qui le délivre des habitudes
traditionnelles, et qu’il voie que ces habitudes ne sont absolument rien, ce qui
est le cas, [14:22] qu’il ait sa foi par devers lui-même, devant Dieu, [14:21]
et qu’il ne scandalise pas son frère.
Ne pas juger son frère,
mais faire toutes choses pour Christ
[14:7] Nul ne vit, ayant égard à lui-même, et nul ne meurt ayant égard à
lui-même : [14:8] nous sommes au Seigneur. [14:6] Le faible donc a égard au jour
pour l’amour du Seigneur ; un autre ne regarde pas au jour à cause du Seigneur.
[14:4] C’est donc la raison pour ne pas juger, car celui que je juge est au
Seigneur. [15:2] C’est pourquoi aussi je dois chercher à plaire à mon frère pour
son édification, car il est au Seigneur ; [15:7] et je dois recevoir mon frère
comme j’ai été reçu moi-même, pour avoir part à la gloire de Dieu qui lui est
conférée comme elle l’a été à moi. Nous servons Christ en ces choses en pensant
au bien de notre frère. [14:22] Quant à l’énergie de notre foi, nous devons
l’avoir entre nous-mêmes et Dieu ; [14:15] c’est l’amour qui est la règle pour
l’emploi de notre liberté, si elle est la liberté et non pas le joug du manque
d’égards envers les autres. À l’inverse de ce principe, quand l’observation de
ces formes est employée pour détruire la liberté en Christ, l’apôtre nous montre
(Gal. 4 [v. 9-11]) qu’enseigner comme principe l’observance des ordonnances
traditionnelles, c’est réellement retourner au paganisme.
Ch. 15 v. 8-33 — Fin de
l’épître et circonstances de l’apôtre
Ch. 15 v. 8-13 — Résumé des voies de Dieu envers les Juifs et les Gentils
Ces instructions terminent l’épître. Depuis le chapitre 15, verset 8, nous
trouvons la péroraison et les circonstances personnelles de l’apôtre, ainsi que
les salutations. Au verset 8 et suivants, Paul résume sa pensée quant aux voies
de Dieu envers le Juif et envers le Gentil, voies qui se sont accomplies lors de
la venue de Jésus. [15:8] Jésus était ministre de la circoncision pour la vérité
de Dieu, pour accomplir les promesses faites aux pères : car aux Juifs, Dieu
avait fait des promesses et n’en avait point fait aux Gentils. [15:9] Pour ces
derniers ce n’était donc pas la vérité qui était en question ; mais, par la
grâce, ils pouvaient, par Jésus, glorifier Dieu pour sa miséricorde. Pour
montrer que la grâce envers les Gentils était dans les pensées de Dieu, [15:10]
Paul cite des passages du Deutéronome (c’est-à-dire de la loi), [15:9, 11] des
Psaumes [15:12] et des Prophètes.
Ch. 15 v. 14-17 —
Ministère de Paul envers les Romains, par et pour Dieu
[15:14] Au verset 14, il se tourne affectueusement vers les Romains pour leur
exprimer ses vœux pour eux, et sa confiance dans la bénédiction qu’ils avaient
reçue de Dieu et qui les rendait capables de s’exhorter mutuellement. [15:15]
L’apôtre exprime toutefois sa hardiesse, en quelque sorte, à cause de la grâce
que Dieu lui avait accordée [15:16] d’être le ministre de Jésus Christ envers
les Gentils, pour remplir une fonction publique à leur égard, et être, pour
ainsi dire, un sacrificateur pour offrir les Gentils comme offrande à Dieu, une
offrande « agréable », étant sanctifiée par le Saint Esprit1. Ce ministère était
sa gloire devant Dieu. Cette sanctification par le Saint Esprit était ce qui
vient remplacer une sanctification par naissance, et valait bien celle-ci.
1 Voyez Nombres 8:11, où se trouve l’oblation des Lévites, à laquelle l’apôtre fait allusion.
Ch. 15 v. 18-26 —
Service et voyages de Paul pour prêcher Christ
[15:19] Au reste, Paul avait accompli sa tâche depuis Jérusalem, et tout à
l’entour, jusqu’en Illyrie, [15:20] non pas dans les lieux où Christ avait été
prêché, [15:21] mais là où Il n’avait pas été annoncé. [15:22] C’est ce qui
avait empêché l’apôtre d’aller à Rome ; [15:23] mais maintenant qu’il n’avait
plus de place dans les contrées où il travaillait, maintenant qu’il n’y avait là
plus rien à faire pour lui selon le Saint Esprit, Paul qui depuis longtemps
désirait voir les Romains, [15:24] pensait à visiter Rome en allant en Espagne.
[15:25] Pour le moment il allait à Jérusalem, [15:26] portant la collecte qui
s’était faite en Macédoine et en Achaïe pour les saints.
Ch. 15 v. 27-33 —
Service de Paul pour les Juifs, et résultats de son voyage à Jérusalem
[15:27] On voit que le cœur de l’apôtre se tourne vers les Juifs et qu’il est
préoccupé d’eux : [15:28] et tout en désirant mettre le sceau de l’exécution sur
la grâce dont la collecte était la preuve, [15:27] il était préoccupé des Juifs
comme ayant des droits. Nous voyons ici dans l’apôtre le sentiment, peut-être
mélangé, d’un cœur qui tenait à montrer qu’il n’oubliait pas les Juifs, car
effectivement il aimait sa nation. Reste à savoir si, en exécutant ce service
(proprement celui d’un diacre), tout aimable qu’il fût, Paul était à la hauteur
de sa mission comme apôtre. Quoi qu’il en soit, la main de Dieu était dans ce
qui lui est arrivé, afin de se servir de tout pour le bien de celui qui était
son cher serviteur et son enfant, et pour Sa propre gloire. [15:31] Paul a le
pressentiment que, peut-être, son voyage à Jérusalem n’aura pas un heureux
résultat ; [15:30] et il demande les prières des saints qui étaient à Rome,
[15:32] afin qu’il pût voir leur face avec joie, [15:31] étant délivré des mains
des incrédules (v. 30-32). Nous savons ce qui en a été ; et nous nous sommes
occupés de ce sujet dans l’étude des Actes. Paul a vu les Romains ; il a été
délivré des Juifs, mais comme prisonnier, et nous ne savons pas qu’il ait visité
l’Espagne. Les voies de Dieu sont selon ses conseils éternels et selon sa grâce
et sa sagesse parfaites.
Chapitre 16
Ch. 16 v. 1-16 — Salutations de l’apôtre, soulignant les détails du service de
chacun
N’ayant jamais connu, comme assemblée, les chrétiens qui étaient à Rome, Paul
leur adresse beaucoup de salutations personnelles. Elles formaient le lien entre
lui et l’assemblée qui était à Rome. On voit de quelle manière touchante le cœur
de l’apôtre s’arrête à tous les détails de service qui l’attachaient à ceux et à
celles qui en avaient rendu. Lui qui, par la grâce, sondait tous les conseils de
Dieu, lui, qui avait été admis à voir ce qui ne pouvait être communiqué à
l’homme ici-bas [(2 Cor. 12:4)], il se rappelle tout ce que ces humbles
chrétiens, ces femmes dévouées, avaient fait pour lui et pour le Seigneur. Tel
est l’amour, et la vraie preuve de la puissance de l’Esprit de Dieu : le lien de
la charité.
Ch. 16 v. 17-20 —
Simplicité quant au mal, règle des chrétiens
[16:19] Nous avons ici aussi une règle précieuse et des plus parfaites pour
notre marche : savoir, d’être sages quant au bien, et simples quant au mal
(verset 19). Il n’y a que le christianisme qui puisse donner une pareille règle,
car il montre la marche qui est positivement bonne, et donne la sagesse
nécessaire pour la réaliser. Alors on peut être simple quant au mal, puisqu’on
connaît ce qui est bon. Quelle délivrance ! Tandis que l’homme du monde doit
bien connaître le mal pour y échapper, dans ce monde de pièges et de ruses ; il
lui faut se corrompre l’esprit, s’habituer à penser au mal, pour ne pas en être
la dupe. [16:20] Mais il y aura une délivrance complète : « Bientôt, dit
l’apôtre, Satan sera brisé sous vos pieds » (verset 20).
Ch. 16 v. 22 —
Salutation finale de Paul pour signer ses lettres
[16:22] On voit encore ici que l’apôtre n’écrivait pas lui-même ses lettres,
mais qu’il employait un frère pour le faire. Ce frère est ici un nommé Tertius
(v. 22). [Gal. 6:11] Profondément ému de l’état des Galates, Paul a écrit
lui-même la lettre qu’il leur a adressée ; [16:22] mais ici, comme en d’autres
épîtres, la salutation est, à la fin seule, de la propre main de Paul, pour
garantir le contenu de l’épître. C’était l’habitude de l’apôtre de faire ainsi,
comme on peut le voir encore en 1 Cor. 16:21 et 2 Thess. 3:17, où la prétendue
épître de Paul (voyez chap. 2:2), lui a donné l’occasion de constater toujours
ainsi, qu’une épître était vraiment sienne. On voit aussi, par cette petite
circonstance, que Paul tenait à donner à ses épîtres un caractère solennel et
d’autorité, et qu’elles n’étaient pas seulement les effusions d’un cœur
spirituel, mais qu’en les écrivant l’apôtre savait et désirait faire comprendre
qu’il valait la peine de les considérer et de les conserver comme faisant
autorité, comme expression et exercice de sa mission apostolique. Elles devaient
être reçues comme ayant ce caractère : en d’autres termes, elles possédaient
l’autorité du Seigneur, dont Paul était muni par la puissance du Saint Esprit.
C’étaient des lettres écrites de la part du Seigneur par le moyen de l’apôtre,
comme les paroles de l’apôtre étaient aussi les paroles du Seigneur (1 Thess.
2:13 et 1 Cor. 14:37).
Ch. 16 v. 25-27 —
Doxologie finale présentant le mystère de l’Église
Révélation du mystère de l’Église, corps de Christ, par les écrits prophétiques
de Paul
Il reste à remarquer que les trois versets qui terminent l’épître sont détachés
de tout le reste, [16:25] comme introduisant, sous forme de doxologie, la
suggestion d’une vérité, dont la communication distingue l’enseignement de
l’apôtre. [16:26] Paul ne développe pas cette vérité ici, car la tâche que le
Saint Esprit accomplissait dans cette épître est autre, c’est-à-dire le moyen de
présenter l’âme, individuellement, devant Dieu, selon les pensées divines. Ce
sujet cependant se lie immédiatement à la position du corps de Christ, et à la
doctrine à l’égard de ce corps, de l’Église, et ne saurait en être séparée.
[16:25] Or l’apôtre nous informe positivement que le mystère, savoir l’Église,
et la réunion de toutes choses en un, sous Christ, était entièrement inconnu
dans les siècles passés. Dieu s’était tu sur ce sujet dans les temps qui sont
indiqués par l’expression « les temps éternels ». L’Église ne faisait pas partie
du cours d’événements ainsi désignés, ni des voies de Dieu sur la terre. [16:26]
Maintenant le mystère était révélé et communiqué aux Gentils « par des écrits
prophétiques » — non pas « par les écrits des prophètes » comme nous lisons dans
quelques versions. Les épîtres adressées aux Gentils avaient ce caractère ;
c’étaient des écrits prophétiques, et nous trouvons ici une nouvelle preuve du
caractère des épîtres du Nouveau Testament.
Complément à l’épître
présentant la grâce et la justice divines, et les conseils de Dieu pour Israël
Celui qui aura saisi la doctrine de l’épître et des écrits de Paul en général,
saisira facilement la portée de ce post-scriptum. L’épître que nous venons
d’étudier développe avec une perfection et une plénitude divines, de quelle
manière l’homme peut se tenir devant Dieu dans ce monde. Elle montre la grâce et
la justice de Dieu. Elle maintient, en même temps, ses conseils à l’égard
d’Israël.
Commentaire entier
John Nelson Darby