Chapitre 11
Trois preuves que Dieu n’a pas rejeté Israël
L’apôtre donne trois preuves qu’Israël n’est pas rejeté. 1° [11:1] Il montre
d’abord qu’il est lui-même un Israélite, [11:5] qu’il y a un Résidu que Dieu a
réservé [11:4] comme dans les jours d’Élie, [11:6] Résidu dont l’existence est
une preuve de la faveur constante de l’Éternel et de l’intérêt qu’il porte à son
peuple, même quand celui-ci est infidèle. [11:3] Lorsque le plus fidèle et le
plus énergique des enfants d’Israël ne savait trouver personne qui reconnût Dieu
que lui-même, [11:4] Dieu connaissait sept mille hommes qui n’avaient pas fléchi
le genou devant Baal. 2° [11:12] L’apôtre établit que l’appel des Gentils et
leur substitution à Israël n’étaient pas un rejet définitif du peuple dans les
conseils de Dieu, [11:11] car Dieu avait appelé les Gentils pour provoquer
Israël à la jalousie et non, par conséquent, dans le but de le rejeter. 3°
[11:26] L’apôtre en appelle à ce fait que le Seigneur sortirait de Sion et
détournerait les iniquités de Jacob.
Fidélité de Dieu envers
Israël dans Ses voies
Ce que dit l’apôtre, ou plutôt le Saint Esprit, sur la fidélité de Dieu et ses
voies envers Israël, demande à être examiné plus en détail.
Ch. 11 v. 1-10 —
Élection du résidu par la grâce divine pour la bénédiction
[11:2] L’apôtre, en citant le cas d’Élie, montre que lorsque Israël était dans
un tel état, qu’Élie même plaidait contre lui, [11:4] Dieu n’avait cependant pas
rejeté le peuple ; il avait réservé pour lui-même sept mille hommes. [11:5]
C’était l’élection de la grâce souveraine. Il en était de même maintenant ;
[11:6] mais s’il en était ainsi, le salut et la délivrance du Résidu étaient par
grâce et non par les œuvres. [11:7] L’élection a donc obtenu la bénédiction, et
les autres ont été aveuglés ; [11:8] et c’est ce que les Écritures avaient
annoncé : « Dieu leur a donné un esprit d’étourdissement, etc. » (v. 7-10).
Ch. 11 v. 11-24 —
Participations aux promesses par la foi, et retranchement des incrédules
[11:11] Avaient-ils donc bronché pour tomber ? Non : mais par leur chute, le
salut est venu aux nations pour provoquer Israël à jalousie (v. 11) : seconde
preuve que ce n’était pas pour rejeter Israël finalement que Dieu avait permis
qu’il bronchât. [11:12] Or si leur diminution a été en bénédiction aux nations,
quel ne sera pas le fruit de leur restauration ? [11:16] De plus, si les
prémices sont saintes, la masse l’est aussi ; si la racine est sainte, l’arbre
l’est aussi. Or pour ce qui est de la chaîne continue de ceux qui jouissent des
promesses dans ce monde, les nations n’étaient nullement la racine, mais Abraham
était le tronc naturel et les branches, Israël. [11:17] Mais voici ce qui était
arrivé à cet franc olivier des promesses, dont Abraham, ainsi que nous l’avons
vu, était la racine (Dieu lui-même était la source de verdure et de fruit) et
Israël le tronc et l’arbre : il y avait eu de mauvaises branches sur cet olivier
; elles avaient été retranchées et « ceux des nations » avaient été entés à leur
place. Ceux-ci jouissaient ainsi des richesses naturelles à l’arbre des
promesses. [11:20] Or c’est sur le principe de la foi que les Gentils avaient
été greffés, ayant de leur nature fait partie auparavant de l’olivier sauvage.
[11:21] Les branches israélites — les héritiers naturels des promesses — avaient
été en partie retranchées à cause de leur incrédulité, car, quand
l’accomplissement des promesses leur avait été offert, les Juifs n’en avaient
pas voulu : ils se reposaient sur leur propre justice et méprisaient la bonté de
Dieu. [11:20] Ainsi les Gentils, devenus participants des promesses, sont debout
sur le principe de la foi ; [11:24] c’est ainsi qu’ils ont été greffés sur le
franc olivier ; [11:22] mais s’ils abandonnent ce principe, ils perdront leur
place dans l’arbre des promesses, comme les Juifs incrédules ont perdu la leur
(v. 17-21). L’apôtre annonce, en peu de mots, le principe sur lequel est fondé
le gouvernement de Dieu, savoir la bonté envers ceux qui avaient part à la
jouissance de ses promesses, s’ils continuent dans cette bonté — sinon le
retranchement. [11:21] Or le retranchement était arrivé, pour ce qui est des
Juifs ; [11:22] et il en sera de même à l’égard des Gentils, s’ils ne continuent
pas dans la bonté que Dieu a eue pour eux.
Ch. 11 v. 25-36 —
Conseil de Dieu pour sauver Israël comme peuple
Ch. 11 v. 25-27 — Israël sauvé comme peuple, après la bénédiction de l’Église
Tel est le gouvernement de Dieu à l’égard de ce qui se présentait comme son
arbre sur la terre. [11:25] Mais il y a aussi un conseil positif de Dieu,
accompli dans ce qui arrivait, savoir l’aveuglement partiel d’Israël (car Israël
n’était pas rejeté) jusqu’à ce que tous les Gentils qui doivent avoir part aux
bénédictions de ce temps-ci soient entrés : [11:26] après cela Israël sera sauvé
comme un tout. Ce qui arrivera dans ces jours-là ne sera pas des individus
épargnés et ajoutés à l’Église, Israël n’y ayant aucune place comme peuple, mais
Israël sera sauvé comme un tout, comme Israël. Christ sortira de Sion comme du
siège de sa puissance et détournera l’iniquité de Jacob ; [11:27] Dieu
pardonnera à Israël ses péchés.
Ch. 11 v. 28-36 — Dieu
accomplit Son conseil par pure grâce envers tous
C’est ici la troisième preuve qu’Israël n’est pas rejeté ; [11:28] car tout en
étant ennemis à l’égard de l’Évangile pour le temps présent, les Israélites sont
bien-aimés à cause des pères, [11:29] car ce que Dieu a une fois choisi et
appelé, il ne le rejette plus ; Dieu ne se repent pas de ses conseils, ni de
l’appel qui donne à ces conseils leur effet. Mais si le conseil de Dieu demeure
immuable, la manière dont il s’accomplit, fait ressortir la sagesse merveilleuse
de Dieu. [11:30] Les Gentils sont restés longtemps dans la désobéissance de
l’incrédulité ; Dieu intervient en grâce ; les Juifs s’opposent à ce que la
grâce agisse ; [11:31] ils perdent tout droit aux promesses par leur incrédulité,
de sorte que, comme un pauvre Gentil, ils doivent recevoir l’effet de la
promesse sur le pied de la pure miséricorde et de la souveraine grâce de Dieu1.
[11:32] Dieu avait renfermé tous les hommes, Juifs et Gentils, dans
l’incrédulité, afin qu’il pût être fait miséricorde à tous. [11:33] C’est pour
cela que l’apôtre s’écrie : « Ô profondeur des richesses et de la sagesse et de
la connaissance de Dieu ! ». Les promesses sont accomplies et la prétention à
une justice de l’homme anéantie ; [11:31] les Juifs qui ont tout perdu,
recouvrent tout sur le vrai fondement de la bonté de Dieu ; [11:32] une
apparente perte de tout n’est que le moyen de leur faire tout recevoir de la
grâce souveraine, au lieu qu’ils en jouissent en vertu de la justice humaine.
Tout est grâce ; Dieu, toutefois, reste toujours fidèle malgré l’infidélité de
l’homme : l’homme est béni, le Juif reçoit l’effet de la promesse ; mais l’un et
l’autre doivent attribuer à la pure miséricorde de Dieu leur jouissance de la
bénédiction. Il ne s’agit nullement de l’Église ici, mais de l’arbre de la
promesse et de ceux qui, en vertu de leur position, ont successivement part à la
jouissance des promesses sur la terre. Les Juifs incrédules n’ont jamais été
retranchés de l’Église ; ils n’en avaient jamais été. Ils avaient été dans la
position d’héritiers naturels du droit aux promesses ; mais l’Église n’est pas
l’olivier franc auquel, selon la nature, appartiennent des Juifs, en sorte que
les Juifs y soient greffés de nouveau selon les versets 23, 24. Rien de plus
clair que ceci : [11:16] depuis Abraham la chaîne des ayants droit aux promesses
était Israël. [11:17] Ensuite, dit l’apôtre, quelques-unes des branches de
l’olivier franc ont été retranchées, mais l’arbre des promesses demeure sur la
terre ; les Gentils y sont greffés en lieu et place des Juifs. [11:22] Les
Gentils devenant aussi infidèles — le cas est supposé — ils seront retranchés à
leur tour, [11:23] et les Juifs seront réintégrés dans l’ancien olivier, selon
les promesses, et pour en jouir, mais par pure miséricorde. [11:28] Évidemment
ce n’est pas par l’Évangile qu’ils reçoivent la bénédiction, car, « en ce qui
concerne l’Évangile, ils sont ennemis à cause de vous (Gentils) ; mais, en ce
qui concerne l’élection, ils sont bien-aimés, à cause des pères » (v. 28).
1 Il faut traduire le verset 31 : « De même ceux-ci aussi (les Juifs) ont été maintenant désobéissants à votre miséricorde, afin qu’eux aussi deviennent des objets de miséricorde ». Votre miséricorde, c’est la grâce en Christ qui s’étendait aux Gentils. Ainsi les Juifs étaient des objets de miséricorde, ayant perdu tout droit à jouir de l’effet de la promesse. Dieu ne voulait pas manquer de l’accomplir ; [11:26] il leur en fera part, en miséricorde, à la fin, [11:25] quand il aura admis la plénitude des Gentils.
Responsabilité liée aux
privilèges dont on jouit
Remarquez en outre un principe important : La jouissance des privilèges, en
vertu de notre position, nous en rend responsables, sans qu’individuellement
l’on soit né de nouveau. [11:17] Les branches juives étaient sur l’arbre des
promesses, et elles ont été retranchées — [11:22] il en sera de même des Gentils.
Il n’est pas question de vie ou de réalité, mais les Gentils sont dans le lieu
de la bénédiction, participants de la racine et de la graisse de l’olivier,
étant entés sur lui.
Fin de la partie
montrant la grâce aux pécheurs conciliée avec la fidélité de Dieu à Son peuple
Ces communications des pensées de Dieu à l’égard du rejet temporaire et partiel
d’Israël et de sa réintégration dans la jouissance des promesses, terminent
cette partie de notre Épître, savoir celle dans laquelle l’apôtre concilie la
grâce souveraine faite aux pécheurs (et qui les place tous sur le même niveau
dans la commune ruine due au péché) avec les privilèges particuliers du peuple
d’Israël, basés sur la fidélité de Dieu. Les Juifs avaient perdu tout droit :
Dieu accomplira ses promesses en grâce et par miséricorde.