Chapitre 10
Ch. 10 v. 1-10 — Salut de Dieu par la foi, d’abord par rapport aux Juifs
Ch. 10 v. 1-4 — Paul désire le salut des Juifs, qui le cherchent par leur propre
justice
Ayant touché ce sujet, l’apôtre qui aimait profondément sa nation, comme peuple
de Dieu, épanche son cœur en exposant la doctrine qui la scandalisait. [10:1]
Son désir, le but des affections de son cœur, était le salut d’Israël. [10:2]
Objets de ses affections, les Juifs sont vus par lui, ayant du zèle pour Dieu,
tout ignorant qu’ils fussent, hélas ! pour ce qui est de l’enseignement de Dieu.
[10:3] Ignorant la justice de Dieu, ils cherchaient, dans leur zèle, à établir
leur propre justice et ne se soumettaient pas à la justice de Dieu ; [10:4] «
car Christ est la fin de la loi pour justice à tout croyant » (verset 4).
Ch. 10 v. 5-8 —
Conseils de Dieu pour Son peuple, quand la loi est mise de côté]
La relation du peuple avec Dieu ne peut se faire que par la foi, une fois la loi
définitivement violée
Cependant l’apôtre déclare sa doctrine nettement et avec fermeté ; il l’annonce
de son côté, mais le Deutéronome viendra lui fournir une preuve inattendue du
principe qu’il expose. [10:6-8] Paul cite un passage de ce livre, qui traite la
question de l’état d’Israël pour le temps où Israël aurait violé la loi et où il
en aurait subi les conséquences. « Les choses cachées », avait dit le
législateur, « sont à l’Éternel, notre Dieu ; et les choses révélées », sont
pour le peuple (Deut. 29:29). Le sens de ce passage est celui-ci : la loi était
donnée clairement et positivement, comme condition de la jouissance des
bénédictions ; ce que Dieu ferait en grâce souveraine, quand Israël serait sous
les conséquences de la violation de cette loi, restait dans le secret de Sa
volonté suprême. Là-dessus cependant le passage révèle distinctement un autre
principe, savoir que, lorsque l’accomplissement de la loi serait devenu
impossible et que, pour avoir violé la loi, Israël aurait été déjà chassé de son
pays, alors, si le cœur du peuple se tournait vers Dieu dans ce pays éloigné,
Dieu accepterait le peuple. C’en était fait de la loi comme condition de
relation avec Dieu : Israël, selon le chapitre 30 du Deutéronome que nous
considérons, était chassé de sa terre, était « Lo-Ammi », n’était plus le peuple
de Dieu [(Os. 1:9)]. Le témoignage de Dieu néanmoins s’adressait à lui : il
pouvait se tourner vers Dieu en esprit et par la foi. [10:6] Or, dans ce cas, sa
relation avec Dieu n’était plus sur le pied de la loi, mais sur celui de la foi.
Mais, dit l’apôtre, c’est Christ qui est l’objet de cette foi, [10:4] comme il
est la fin de la loi. Aucun Juif n’aurait nié que le Messie ne fût l’objet de
l’attente de tout vrai Israélite, quand autrement toute espérance était perdue
pour le peuple.
Christ introduit comme
clé des voies de Dieu, après qu’Israël a manqué à la loi
Le passage du Deutéronome, cité par l’apôtre, s’applique donc directement à
l’état d’Israël dans le temps où l’apôtre a écrit : [10:5] Moïse, ayant terminé
tout ce qui se rapporte aux relations d’Israël avec Dieu, selon la loi, [10:6]
annonce d’autres conseils de Dieu et pose sur eux le principe du retour du cœur
à Dieu, quand tout serait fini à l’égard de la loi et qu’Israël serait dans un
lieu où il serait impossible de l’accomplir, savoir dans la captivité parmi les
Gentils. Ce passage a une portée remarquable dans le raisonnement de l’apôtre et
sa citation est une preuve extraordinaire que le Saint Esprit agit dans ses
raisonnements. [10:6-7] C’est l’apôtre qui introduit Christ : mais la
combinaison des vérités des diverses positions d’Israël, de la loi, et du retour
du cœur du peuple quand ce dernier était perdu sous la loi ; cette combinaison
dont Christ était et pouvait seul être la clef de voûte, montre chez l’apôtre
une vue d’ensemble des voies de Dieu, que l’Esprit de Dieu seul peut donner et
qui exprime évidemment Ses pensées (voir la fin du chapitre 29 et le chapitre 30
du Deutéronome).
Confession de la bouche
et croyance du cœur, en contraste avec la loi
Ch. 10 v. 8-11 — La parole de la foi, moyen de s’approcher de Dieu
[10:8] La parole de foi donc (que le passage du Deutéronome avait montrée être
l’espérance d’Israël) est celle que l’apôtre annonçait : [10:9] savoir, que si
l’on confesse de sa bouche le Seigneur Jésus, et que l’on croie dans son cœur
que Dieu l’a ressuscité, on sera sauvé (v. 9). Précieuse assertion, assertion
simple et positive, [10:11] appuyée, si cela était nécessaire, par le témoignage
de l’Ancien Testament : « Quiconque croit en Lui ne sera point confus ». [10:10]
Les mots « cœur » et « bouche » des versets 9 et 10 sont en contraste avec la
loi. Dans le cas supposé par le passage du Deutéronome, Israël ne pouvait
accomplir la loi ; [10:8] mais la parole de son Dieu, dit Moïse, pouvait être
dans le cœur et dans la bouche d’Israël. Ainsi maintenant pour le Juif comme
pour tous, la foi du cœur est le moyen de s’approcher de Dieu.
Ch. 10 v. 9 — Croire
avec un cœur qui s’intéresse à la vérité qui lui est présentée
[10:9] Remarquez que l’apôtre ne dit pas ici : « si tu aimes de cœur », ou : «
si ton cœur est ce qu’il devrait être à l’égard de Dieu », mais : « si tu crois
dans ton cœur ». Un homme croit de cœur quand il croit réellement d’un cœur qui
s’intéresse à la chose ; ses affections étant engagées dans la vérité, il
désire, quand il est question de la grâce, que ce qui lui est dit soit la vérité
; il désire la chose, et en même temps, il ne doute pas qu’elle ne soit vraie.
Ce n’est pas au fait qu’il y a part, qu’il croit, mais à l’objet même, à la
vérité de ce qui lui en est dit, y portant de l’intérêt parce que cet objet a de
l’importance pour lui. Ce n’est pas de l’état des affections de l’homme
(question d’ailleurs très importante à sa place) qu’il s’agit ici, mais de
l’importance et de la vérité de ce qui est présenté à l’homme par la Parole ; de
son importance pour l’homme lui-même, qui sent en avoir besoin pour son salut,
salut dont il a conscience d’avoir besoin, et dont il ne saurait se passer ; il
s’agit d’une vérité dont l’homme est assuré, comme se fondant sur un témoignage
de Dieu lui-même. Dieu affirme à cet homme que le salut lui appartient ; ce
n’est pas cela qu’il est appelé à croire comme objet de sa foi ; c’est ce que
Dieu affirme à quiconque croit.
Ch. 10 v. 9 —
Confession de Jésus comme témoignage de la foi du cœur
[10:9] Au reste, cette foi dont l’apôtre parle, se manifeste dans la preuve
qu’elle donne de sa sincérité, par la confession du nom de Christ. Si quelqu’un
est convaincu que Jésus est le Christ et refuse de le confesser, la conviction
qu’il a de cette vérité sera évidemment sa plus grande condamnation. La foi du
cœur produit la confession de bouche ; la confession de bouche est la
contre-épreuve de la sincérité de la foi. Cette confession est le témoignage que
Dieu demande tout premièrement ; la rendre, c’est sonner de la trompette dans le
pays en face de l’ennemi (Nomb. 10 [v. 9]), c’est dire que Christ a vaincu et
qu’en droit toutes choses lui appartiennent. Cette confession fait intervenir
Dieu en réponse au nom de Jésus : ce n’est pas ce qui donne la justice, mais
c’est reconnaître le Christ publiquement, [10:10] et ainsi donner une expression
à la foi par laquelle nous avons part à la justice de Dieu, en sorte qu’on
puisse dire de nous : « Celui-là croit en Jésus à salut ; il a la foi qui
justifie ».
Nos affections
dépendent de ce que l’amour de Dieu a fait pour nous
[10:9] Je suis entré ici dans quelques détails, parce que le sens de
l’expression « croire de cœur » est un point sur lequel l’esprit de l’homme
s’embrouille, et s’embrouille d’autant plus que l’homme est sincère, bien que
ses difficultés proviennent d’un reste d’incrédulité et de propre justice. Il
est impossible qu’une âme réveillée ne sente pas la nécessité d’avoir ses
affections réglées et tournées vers Dieu ; et si elle ne se soumet pas à la
justice de Dieu, elle cherche à faire dépendre la faveur de Dieu de l’état de
ses propres affections [(10:3)], tandis que Dieu nous aime lorsque nous ne
sommes que pécheurs. L’état de nos affections est de toute importance, mais cela
suppose une relation qui subsiste déjà et selon laquelle nous aimons. Nous
aimons aussi parce que nous sommes aimés de Dieu [(1 Jean 4:19)]. Or cet amour
de Dieu a fait quelque chose et l’a fait selon nos besoins et selon Sa gloire :
il a donné Jésus, et Jésus a accompli ce qu’il faut pour que nous participions à
la justice divine. Ainsi cet amour a placé dans une relation certaine d’enfant
et d’âme justifiée devant Dieu, selon la perfection de l’œuvre de Christ, celui
qui, reconnaissant qu’il est un pécheur perdu, croit en Jésus. Le salut
appartient à une telle âme, selon la déclaration de Dieu lui-même. Aimée d’un
tel amour, sauvée par une telle grâce, jouissant d’une telle faveur, elle
cultive donc des affections qui conviennent au don de Jésus et à la connaissance
qu’elle a de Lui et de sa bonté.
Ch. 10 v. 11-21 —
L’évangile prêché aux Gentils comme aux Juifs
Ch. 10 v. 11-17 — Annonce de la bonne nouvelle à tous sans différence
Ch. 10 v. 11-13 — Bénédiction pour tous sans différence, comme pour le péché
[10:11] En outre, il est évident que si c’est à « quiconque » croit en Jésus que
la bénédiction appartient, [10:12] le Gentil a part à cette bénédiction comme le
Juif : « Il n’y a pas de différence… le même Seigneur de tous est riche envers
tous ceux qui l’invoquent » (v. 12). Il est beau de retrouver ici cette formule
« il n’y a point de différence ». L’apôtre s’en était servi, chapitre 3:22, en
ajoutant, « car tous ont péché ». Le péché met tous les hommes au même niveau
devant Dieu ; mais quant à la bénédiction aussi « il n’y a pas de différence »
car le même Seigneur est riche envers tous « car quiconque invoquera le nom du
Seigneur sera sauvé » (verset 13).
Ch. 10 v. 14-17 —
Principe d’évangélisation pour annoncer le salut par la foi
L’apôtre fonde un autre raisonnement sur cette déclaration, justifiant ainsi par
elle les voies de Dieu accomplies dans son ministère. [10:13] Les Écritures des
Juifs déclarent que quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. [10:14]
Or les Juifs reconnaissaient bien que les Gentils ne connaissaient pas le nom du
Dieu vrai et vivant. Il fallait donc annoncer ce nom à ces Gentils pour qu’ils
l’invoquassent ; [10:15] aussi est-il écrit : « Combien sont beaux les pieds de
ceux qui annoncent la paix » (v. 14, 15). En traitant ces questions avec les
Juifs, Paul s’appuie naturellement sur l’autorité de leurs propres Écritures ;
[10:16] mais il applique au Juif comme au Gentil, le principe d’évangélisation
annoncé dans le beau passage qu’il cite. En effet, ce n’est pas dans la loi que
le Juif en trouvait la réalisation, car la loi n’a pas été la publication d’une
bonne nouvelle. Afin de montrer qu’Israël avait été ainsi évangélisé, et de
montrer l’incrédulité de ce peuple, l’apôtre cite Ésaïe qui déclare que c’est à
une prédication, à une vérité publiquement annoncée, qu’Israël n’a pas cru ;
[10:17] en sorte qu’il fallait la foi dans une vérité ainsi prêchée, dans la
parole annoncée.
Ch. 10 v. 18-21 —
Réception des Gentils par Dieu, et rébellion d’Israël
Dieu a toujours eu en vue les Gentils dans Son témoignage, ce qu’Israël refuse
Le verset 18 présente quelque difficulté. [10:18] Il est certain que l’apôtre
veut faire comprendre que cette publication de la vérité de la part de Dieu,
dont il parle, avait eu lieu : Israël était sans excuse, car même le bruit s’en
était répandu partout, et les paroles qui annonçaient Dieu étaient allées
jusqu’au bout de la terre : les Gentils même les avaient entendues en tout lieu.
Cela est clair. Mais est-ce que l’apôtre emprunte seulement les paroles (qui,
dans le passage cité, s’appliquent au témoignage de la création) ; ou veut-il
parler du témoignage même de la nature ? Je crois qu’il emploie ce passage du
Psaume 19 pour montrer que Dieu, dans ses témoignages, avait les Gentils en vue
; qu’il veut suggérer aux Juifs, par une citation de leurs propres Écritures,
que non seulement eux, les Juifs, ont entendu, mais que le témoignage est allé
partout et que cela était dans les pensées de Dieu. L’apôtre ne cite pas le
passage comme une prophétie annonçant ce qui avait lieu au moment où il parle ;
il emprunte les paroles contenues dans le Psaume pour montrer que ce témoignage
universel était dans les pensées de Dieu, quel que fût le moyen employé. [10:19]
Alors précisant la chose davantage pour le Juif, l’apôtre ajoute : « Israël
n’a-t-il pas connu ? » (v. 19). N’a-t-il pas été averti de cette extension du
témoignage aux Gentils, de cette proclamation de la grâce qui leur a été faite,
de la réception du témoignage par eux, témoignage dont l’effet serait de les
mettre en relation avec Dieu ? Oui, Moïse avait déjà dit que Dieu provoquerait
son peuple à la jalousie par une nation sans intelligence ; [10:20] et Ésaïe
avait parlé hardiment, en déclarant formellement que Dieu serait trouvé par une
nation qui ne le cherchait pas, [10:21] et en disant à Israël que Dieu avait
tout le jour étendu ses mains vers un peuple rebelle et contredisant ; [10:20]
en un mot, que les Gentils trouveraient Dieu [10:21] et qu’Israël lui serait
rebelle.
Témoignage quant à la
position des Juifs et des Gentils
Ainsi le témoignage rendu à la position relative des Juifs et des Gentils, bien
que l’apôtre l’aborde doucement et graduellement, est distinct et formel :
[10:20] Les Gentils reçus — [10:21] Israël en inimitié.
Rejet du peuple par
Dieu, question traitée par le chapitre 11
[11:1] Là-dessus la question surgit immédiatement : « Dieu donc a-t-il rejeté
son peuple ? ». C’est à cette question que le chapitre 11 donne la réponse.