Chapitre 9
Ch. 9-11 — Position d’Israël, ayant les promesses, vis-à-vis de Dieu et de
l’évangile
Il restait à l’apôtre une question importante à traiter, savoir comment ce salut
commun du Juif et du Gentil, qui les traite tous les deux comme étant également
éloignés de Dieu, comment cette doctrine qu’il n’y a point de différence entre
eux, se concilie avec les promesses spéciales faites aux Juifs. Les preuves que
l’apôtre avait données de la culpabilité des Juifs ne touchaient pas aux
promesses d’un Dieu fidèle. L’apôtre allait-il déclarer que ces promesses
étaient annulées pour introduire la bénédiction des Gentils ? On ne manquait pas
non plus d’accuser l’apôtre d’avoir méprisé sa nation et ses privilèges. Les
chapitres 9 à 11 répondent à cette question et montrent, avec une rare et
admirable perfection, la position d’Israël vis-à-vis de Dieu et de l’Évangile ;
ils ouvrent ainsi, en même temps, largement la porte à l’intelligence des voies
de Dieu.
Ch. 9 v. 1-18 —
Démonstration aux Juifs de la souveraineté de Dieu
Ch. 9 v. 1-6 — Amour de l’apôtre pour Israël, et souveraineté de Dieu dans Ses
voies
[9:2] L’apôtre commence par protester de son profond intérêt pour la bénédiction
d’Israël : l’état de son peuple était pour lui une source de douleur continuelle
; [9:3] loin de mépriser les Israélites, il les avait aimés autant que Moïse
l’avait fait : il avait souhaité d’être, par anathème, séparé du Christ pour eux
(v. 1-3)1. [9:4-5] Il reconnaît bien que tous les privilèges accordés par Dieu
jusqu’alors leur appartenaient, [9:6] mais il n’admet pas que la parole de Dieu
ait été anéantie (v. 4-6), et il développe des preuves de la libre souveraineté
de Dieu, d’après laquelle, sans porter atteinte aux promesses faites aux Juifs,
Dieu peut admettre les Gentils selon l’élection de grâce.
1 Lisez au verset 3 : « J’ai souhaité ». Moïse dans son angoisse avait dit : « Efface-moi de ton livre » (Ex. 32:32) ; Paul n’était pas resté en arrière de lui dans son amour.
Ch. 9 v. 6-13 —
Souveraineté divine dans la famille d’Abraham
[9:7] L’apôtre donc expose, en premier lieu, que cette vérité de la souveraineté
de Dieu s’est démontrée au sein de la famille d’Abraham. Les Juifs alléguaient
leurs droits exclusifs comme descendants, selon la chair, de ce patriarche
auquel les promesses avaient été faites. [9:6] Mais tous ceux qui sont d’Israël
ne sont pas Israël ; [9:7] et parce qu’on était de la semence d’Abraham, on
n’était pas pour cela enfant, car dans ce cas Ismaël aurait dû être reçu ; or
les Juifs n’entendaient pas cela du tout. Dieu donc était Souverain. Mais on
aurait pu alléguer qu’Agar était une esclave. [9:10] Le cas d’Ésaü excluait même
cette échappatoire. Une même mère, Rebecca, avait eu deux fils d’un seul père ;
[9:13] or Dieu avait choisi l’un, Jacob, et rejeté l’autre, Ésaü. [9:11] C’était
donc sur le principe de sa souveraineté et de l’élection, que Dieu avait décidé
d’appeler une semence dans la famille d’Isaac ; et, avant qu’Ésaü et que Jacob
fussent nés, [9:12] Dieu avait déclaré que l’aîné serait asservi au plus jeune.
Il fallait donc que les Juifs admissent, sur ce point, la souveraineté de Dieu.
Ch. 9 v. 14-18 —
Souveraineté manifestée dans le jugement et la miséricorde
[9:14] Y avait-il donc injustice en Dieu (v. 14) ? [9:15] Dieu annonce
clairement à Moïse sa souveraineté comme principe : c’est le premier de tous les
droits. [9:16] Mais dans quel cas Dieu avait-il exercé ce droit ? Dans un cas,
où il s’agissait du droit d’Israël à la bénédiction, droit dont les Juifs
cherchaient à se prévaloir. Tout Israël aurait dû être retranché si Dieu avait
agi en justice ; seule la souveraineté de Dieu avait été le moyen d’échapper :
Dieu s’était retiré dans sa souveraineté pour épargner qui il voulait et il
avait ainsi épargné Israël. Sa justice aurait dû condamner, tous ensemble, ceux
qu’elle avait trouvés autour du veau d’or qu’ils avaient fait pour l’adorer. «
Ce n’est donc point de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui
fait miséricorde » (v. 16). Voilà pour la miséricorde ! — [9:17] Pour ce qui est
du jugement, le Pharaon sert d’exemple. Ennemi de Dieu et de son peuple, il
avait traité avec mépris les droits de Dieu et s’était élevé avec hauteur contre
Lui. « Qui est l’Éternel pour que j’écoute sa voix… je ne laisserai pas non plus
aller Israël » (Ex. 5:2). L’Éternel se sert du Pharaon, dans cet état de
rébellion et d’orgueil, pour donner un exemple de la colère et du jugement
divins ; [9:18] en sorte qu’il « fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit
qui il veut » (v. 17, 18). [9:19] L’homme se plaint de ce jugement comme il se
plaint de la grâce qui justifie gratuitement.
Ch. 9 v. 19-33 —
Exercice de la souveraineté en grâce envers tous, Juifs ou non
Ch. 9 v. 19-21 — Sa souveraineté, droit premier de Dieu, que la créature ne peut
contester
Si l’on veut parler de droits, il faut comparer ceux de Dieu et de la créature
qui a péché contre lui. [9:20] Comment l’homme, fait d’argile, ose-t-il
contester avec Dieu ? [9:21] Le potier a le pouvoir sur l’argile pour faire de
la même masse ce qu’il veut. Personne ne peut dire à Dieu : Que fais-tu [(És.
45:9)] ? La souveraineté de Dieu est le premier des droits, le fondement d’eux
tous, le fondement de toute moralité. Si Dieu n’est pas Dieu, que sera-t-il ?
Ch. 9 v. 22-25 —
Support de Dieu envers les méchants, et démonstration de Sa gloire dans
l’élection
Le fond de la question est ceci : Est-ce que Dieu jugera l’homme ou bien l’homme
jugera-t-il Dieu ? Dieu peut faire ce qu’il veut. Il n’est pas objet de jugement.
Voilà son droit ; mais quand, de fait, l’apôtre propose les deux cas : [9:22]
celui de la colère et celui de la grâce, il nous présente Dieu usant d’une
grande patience envers celui qui est déjà tout préparé pour la destruction, afin
de donner enfin aux hommes un exemple de sa colère dans l’exécution de son
jugement. [9:23] Ensuite, Paul nous fait voir Dieu donnant à connaître les
richesses de sa gloire dans des vases de miséricorde que Lui a préparés pour la
gloire. Ces trois principes sont donc établis ici avec une merveilleuse
exactitude, savoir : [9:20] que Dieu a le pouvoir de tout faire et que personne
n’a un mot à dire ; [9:22] en second lieu que Dieu use d’un support merveilleux
envers les méchants envers lesquels sa colère, à la fin, se manifeste ; [9:23]
enfin que Dieu démontre sa gloire dans des vases qu’Il a lui-même préparés, par
miséricorde, pour la gloire, [9:24] et qu’il a appelés, soit d’entre les Juifs,
soit d’entre les Gentils, [9:25] selon la déclaration d’Osée.
L’établissement de la
souveraineté de Dieu anéantit la prétention à l’exclusivité des bénédictions
La doctrine établie est donc celle de la souveraineté de Dieu, doctrine qui
anéantit les prétentions des Juifs à la jouissance exclusive de toutes les
promesses. Ces prétentions étaient fondées sur le fait qu’ils étaient descendus
d’Abraham [(9:4-5)] ; mais d’entre ces descendants, plus d’un, par l’exercice de
cette souveraineté, avait été exclu des privilèges attachés à la promesse
[(9:7-13)] ; et ce n’était rien autre que l’exercice de cette souveraineté qui,
à l’occasion du veau d’or, avait épargné ceux qui prétendaient avoir droit aux
promesses comme descendants d’Abraham [(9:14-16)]. Il fallait donc que le Juif
reconnût cette souveraineté ou qu’il admît, de plein droit, les Iduméens ainsi
que les Ismaélites à la jouissance des promesses et renonçât lui-même à ses
privilèges, à l’exception, peut-être, des familles de Moïse et de Josué. [9:24]
Mais si telle était la souveraineté de Dieu, il voulait maintenant l’exercer en
faveur des Gentils aussi bien que des Juifs. Ainsi donc Il appelle qui il veut.
Ch. 9 v. 25-26 —
Application des citations d’Osée aux Gentils et aux Juifs
[9:25-26] Si l’on examine de près les citations d’Osée qui sont faites ici, on
trouvera que Pierre, qui n’écrit qu’aux Juifs convertis, ne cite que le passage
qu’on lit à la fin du chapitre 2 [(1 Pier. 2:10)], où Lo-Ammi et Lo-Rukhama
deviennent Ammi et Rukhama. [9:26] Mais Paul rapporte aussi ce qui est dit à la
fin du chapitre premier : « Dans le lieu où il leur a été dit : Vous n’êtes pas
mon peuple, là ils seront appelés », non pas mon peuple, mais « fils du Dieu
vivant ». C’est ce dernier passage que Paul applique aux Gentils appelés par la
grâce.
Ch. 9 v. 27-33 —
Jugement annoncé sur les Juifs cherchant la justice par la loi
Au reste, d’autres passages des prophètes confirment amplement le jugement que
l’apôtre, par l’Esprit, porte sur les Juifs. [9:29] Ésaïe déclare formellement
que si Dieu ne leur avait pas laissé un petit Résidu, ils auraient été comme
Sodome ou Gomorrhe. [9:27-28] Un Résidu seul serait sauvé, quelque nombreux que
fût le peuple, car Dieu ferait une affaire abrégée sur la terre, par le jugement.
Et voici le jugement moral que porte déjà l’Esprit sur l’état relatif des Juifs
et des Gentils : [9:30] Les Gentils avaient obtenu la justice qu’ils n’avaient
pas cherchée ; ils l’avaient obtenue par la foi ; [9:31] et Israël cherchant à
obtenir la justice par l’accomplissement d’une loi, n’était pas parvenu à cette
loi. [9:32] Pourquoi ? Parce qu’ils cherchaient la justice, non pas par la foi,
mais par des œuvres de loi ; car ils avaient heurté contre la pierre
d’achoppement, [9:33] comme il est écrit : « Je mets en Sion une pierre
d’achoppement, et un rocher de chute », et « celui qui croit en lui ne sera pas
confus » (v. 30-33).