Chapitre 7
Ch. 7 v. 1-6 — Effet de la mort et de la résurrection de Christ quant à la loi
Ch. 7 v. 1 — La loi n’est pas affaiblie, mais n’a pas d’autorité sur un mort
Nous avons considéré l’effet de la mort et de la résurrection de Christ en
rapport avec la justification, et avec la vie pratique. Dans la première partie
de l’épître, jusqu’au chapitre 5:11, Christ est mort pour nos péchés. Depuis le
chapitre 5:12, Christ étant mort, nous nous tenons nous-mêmes pour morts au
péché et pour vivants à Dieu par Lui [(6:11)]. Notre état sous les deux chefs,
Adam et Christ, a été discuté. Mais il reste encore à l’apôtre un autre point à
traiter, savoir l’effet de cette doctrine sur la question de la loi : Quelle
place tient la loi en rapport avec le christianisme puisque Christ est
ressuscité ; ou pour mieux dire puisque le croyant a part à Christ comme à un
Christ mort et qui est de nouveau vivant, quelle est la force de cette vérité à
l’égard de la loi ? [7:1] La loi, dit l’apôtre, n’a de puissance sur un homme
qu’aussi longtemps qu’il vit ; lors donc qu’il est mort, elle n’a plus de prise
sur lui. Telle est notre position vis-à-vis de la loi : nous sommes morts, et la
loi ne peut plus nous atteindre. Cela affaiblit-il son autorité ? Non ; — car
nous disons que Christ est mort et que, par conséquent, nous sommes morts aussi
; mais la loi ne s’applique plus à un mort.
Ch. 7 v. 2-4 — Exemple
de la loi du mariage, rompue par la mort
[7:2] En faisant ressortir l’effet de cette vérité, l’apôtre se sert de
l’exemple de la loi du mariage : [7:3] la femme serait adultère si elle était à
un autre homme du vivant de son mari, mais une fois que son mari est mort, elle
est libre. L’application de cette règle change la forme de la vérité. Il est
certain qu’on ne peut pas être sous l’autorité de deux maris à la fois ; l’un
exclut l’autre : la loi et Christ ressuscité ne s’associent pas dans leur
autorité sur l’âme. [7:4] Mais dans le cas du chrétien, ce n’est pas la loi qui
perd sa force, c’est-à-dire ses droits sur nous, en mourant elle-même : c’est
nous qui mourons. Elle ne règne sur nous que pendant que nous vivons. L’apôtre a
commencé par montrer que le lien est détruit par la mort : Le mari meurt ; mais
dans l’application l’apôtre montre que le lien est annulé par le fait que nous
mourons. Nous sommes donc morts à la loi par le corps de Christ (car nous avons
à faire avec un Christ ressuscité après sa mort) pour être à celui qui est
ressuscité, afin que nous portions du fruit pour Dieu. Mais nous ne pouvons être
aux deux maris à la fois, savoir à la loi et à Christ.
Ch. 7 v. 5-6 — La mort
nous soustrait à l’autorité de la loi, nous en délivrant par Christ
[7:5] De plus, quand nous étions dans la chair, dit l’apôtre, quand, comme homme,
chacun de nous était considéré comme marchant dans la responsabilité d’un homme
vivant de la vie de la nature, la loi était, pour lui, la règle et la mesure
parfaite de cette responsabilité et le représentant de l’autorité de Dieu. Les
passions qui poussaient au péché, agissaient dans cette nature, et se présentant
devant cette barrière de la loi, y trouvaient ce qui, en offrant de la
résistance à la chair, excitait la volonté, et suggérait, par la défense même,
le mal que la chair aimait et que la loi défendait. Ainsi ces passions
agissaient dans les membres pour produire du fruit qui amenait la mort. [7:6]
Mais maintenant le croyant est en dehors de l’autorité de la loi ; il a disparu
de devant elle, étant mort1 dans cette loi à l’autorité de laquelle il avait été
soumis. Or, mourir sous la loi eût été pour nous la condamnation, mais Christ a
subi cette condamnation à notre place, tandis que nous avons la délivrance du
vieil homme, laquelle est dans la mort. Notre vieil homme est crucifié avec Lui
[(6:6)], en sorte que c’est notre délivrance de mourir à la loi. La loi ne
faisait que nous condamner, mais son autorité se termine avec la vie de celui
qui y était assujetti. Ainsi la loi ne peut plus atteindre ceux qui avaient été
sous elle, car ils sont morts en Christ : nous appartenons au nouveau mari,
Christ ressuscité, afin de servir en nouveauté d’esprit, selon la bonne volonté
de la grâce dans notre nouvelle vie, et, comme l’apôtre l’expliquera ailleurs
par le Saint Esprit2 et non en vieillesse de lettre : sous l’esclavage de la
lettre.
1 C’est ainsi, je n’en doute pas, qu’il faut lire le verset 6. L’expression « étant morts dans ce en quoi nous étions tenus », fait allusion au verset 4, où il est dit : « Vous avez été mis à mort à la loi ». Christ sous la loi est mort sous la malédiction de la loi. Être dans la chair, c’est vivre dans la responsabilité d’un homme vivant de sa vie naturelle comme enfant d’Adam après la chute. Dans cette vie-là (à moins qu’un homme ne soit sans loi), la loi est pour lui la règle de la justice humaine. Il ne faut pas confondre la chair dans le chrétien avec l’état dépeint par ces paroles : « Être dans la chair » [(7:5)]. Le principe de l’ancienne vie est encore dans le chrétien, mais ce principe n’est nullement celui de sa relation avec Dieu. Quand je suis dans la chair, la chair est le principe de ma relation avec Dieu. Or, la volonté de la chair étant pécheresse, il est impossible que je plaise ainsi à Dieu. Si je pense à chercher la justice dans la chair, ce sera sur le pied de la loi. Or le chrétien est mort par Christ à tout cet état de choses, il ne vit pas de la vie qui forme la base de cette relation ; sa vie est en Christ et il a reçu le Saint Esprit ; la chair n’est plus le principe de ses relations avec Dieu ; il s’est reconnu perdu sur ce pied-là. Nous apprenons, autre part, qu’il est en Christ sur le pied sur lequel Christ est devant Dieu. Le Saint Esprit, comme nous allons voir, place le chrétien là, en puissance, par la foi, Christ étant sa vie.
2 L’apôtre ne dit pas ici : « par l’Esprit », parce qu’il n’a pas encore parlé du don de l’Esprit en vertu de l’œuvre de Christ ; il ne parle que de la manière d’agir, du caractère du service rendu : « En nouveauté d’esprit ».
Ch. 7 v. 7-13 — Le
péché trouve son occasion dans la loi, qui est bonne
Ch. 7 v. 7-9 — Action du péché sur l’âme pour transgresser le commandement donné
Telle est la doctrine ! [7:7] Maintenant quant aux conclusions qu’on en peut
tirer : Est-ce que la loi est péché si nous sommes soustraits à son autorité ?
Nullement ; — mais la loi donne la connaissance du péché et impute le péché.
L’apôtre dit qu’il n’aurait pas compris que la seule impulsion de sa nature
était péché, si la loi n’avait pas dit : « Tu ne convoiteras point » ; [7:8]
mais le commandement fournissant une occasion au péché pour attaquer l’âme, le
péché, ce principe mauvais de notre nature, employant le commandement pour
provoquer l’âme au péché défendu, a produit toutes sortes de convoitises ; car
le péché trouvait dans la défense même l’occasion de suggérer cette convoitise,
agissant en même temps sur la volonté en provoquant sa résistance à la défense.
[7:9] Sans la loi, le péché ne pouvait pas plonger l’âme dans cette lutte, et
lui donner la sentence de mort, en rendant l’homme responsable, dans sa
conscience, du péché que, sans la loi, il n’aurait pas connu. Sous la loi, la
convoitise, accompagnée de la conscience du péché, agissait dans le cœur, et le
résultat en était la mort dans la conscience, sans qu’il y eût pour le cœur
aucune délivrance de la puissance de la convoitise.
Ch. 7 v. 9-10 — Le
commandement devient mort à l’homme par l’effet du péché
[7:9] Sans la loi, le péché n’agitait pas ainsi une volonté qui ne voulait pas
se soumettre à ce qui prétendait s’y opposer ; car une barrière présentée à la
volonté la réveille et la stimule ; et la conscience du péché, en présence de la
défense de Dieu de le commettre est une conscience sous la sentence de mort.
[7:10] Ainsi le commandement, qui était donné pour la vie, est de fait pour la
mort. La déclaration : « Fais ces choses et tu vivras » [(Luc 10:28)] devient la
mort, en montrant les exigences de Dieu envers une nature de péché qui, par sa
volonté, se refuse à ces exigences, et envers une conscience qui ne peut refuser
son témoignage à la justice de la condamnation.
Ch. 7 v. 9-12 — La loi,
défendant le péché, condamne l’homme par sa conscience
[7:9] On marchait dans une paisible indifférence en faisant sa propre volonté,
sans conscience de Dieu, et par conséquent sans sentiment de péché ou de
rébellion : la loi est venue, et on meurt sous son juste jugement qui défend
tout ce qu’on désire. [7:7] La convoitise était mauvaise, mais ne révélait pas
le jugement de Dieu : elle l’oubliait au contraire. [7:11] Mais le péché, quand
la loi est venue (l’apôtre ici considère le péché comme un ennemi qui attaque
quelqu’un ou quelque endroit), sachant que la volonté persistera et que la
conscience condamnera, saisit l’occasion de la loi, pousse l’homme dans la
direction contraire à la loi, et le tue par la conscience du péché que la loi
défend de la part de Dieu — [7:10] la mort, comme jugement de la part de Dieu,
étant pour l’homme le résultat de l’application de cette loi qui lui promet la
vie. [7:12] La loi donc est bonne et sainte, puisqu’elle défend le péché ; mais
elle le défend en condamnant le pécheur.
Ch. 7 v. 13 — Le péché
emploie la loi, bonne, pour produire la mort
[7:13] Est-ce donc ce qui est bon qui amène la mort ?1 Non, mais le péché, afin
qu’il parût dans son vrai jour, emploie ce qui était bon pour donner la mort à
l’âme, et ainsi, par le commandement, il devient excessivement pécheur. — Dans
tout ceci, je le répète, le péché est personnifié et présenté comme quelqu’un
qui veut tuer l’âme.
1 Le péché et la mort sont corrélatifs : la loi est introduite, pour faire ressortir, par des offenses, ce qui en est de tous les deux, du péché et de la mort. [7:7] La première question de l’apôtre est celle-ci : « La loi est-elle péché », puisque le résultat de son intervention est la mort pour l’homme ? Qu’ainsi n’advienne ! Mais la loi fait connaître le péché ; [7:9] et par ce jugement, l’homme étant pécheur, elle place l’âme sous la mort. [7:13] La seconde question posée par Paul est celle-ci : « La loi étant ainsi bonne en elle-même, est-elle devenue la mort pour moi ? » — Non, mais le péché, afin qu’il parût tel dans toute son énormité, m’a donné la mort, en se servant de la loi comme moyen de l’appliquer à ma conscience. Le péché trouvait dans l’état où était l’homme, l’occasion de transformer cette bonne chose en mort pour lui.
Ch. 7 v. 14-25 —
Expérience d’une âme placée sous la loi
Voilà donc, puisque le péché existe dans l’homme, quel est l’effet de la loi de
ce premier mari. Pour faire ressortir davantage ce résultat, l’apôtre nous
présente avec détail l’expérience d’une âme sous la loi.
Incapacité totale de
l’homme à faire le bien, même s’il le désire
Ch. 7 v. 14-19 — Absence de force dans l’homme pour accomplir la loi qu’il
approuve
On doit remarquer que le sujet qui est traité ici, n’est pas le fait du combat
entre les deux natures, mais l’effet que produit la loi sur l’âme, [7:22] en
supposant que la volonté est renouvelée, que la loi obtient le suffrage de la
conscience, et qu’elle est l’objet des affections du cœur — [7:14] d’un cœur qui
sait ce que c’est que la spiritualité de la loi. Ce qui est dépeint dans cette
partie du chapitre n’est ni la connaissance de la grâce, ni la connaissance de
Christ Sauveur, ni celle de l’Esprit1 ; le point capital que l’apôtre a en vue
ici n’est pas la condamnation (quoique la loi laisse bien l’âme sous le poids du
jugement), mais c’est le manque total de force pour accomplir la loi, afin
qu’elle ne nous condamne pas. [7:14] La loi est spirituelle, mais moi, comme
homme, je suis charnel, esclave du péché, quel que puisse être le jugement de
mon homme intérieur : [7:15] car je ne reconnais pas ce que je fais ; ce que je
veux, je ne le fais pas ; et ce que je hais, je le pratique. [7:16] En aimant
ainsi et en haïssant ainsi, j’approuve la loi et je reconnais qu’elle est bonne.
[7:17] Ce n’est pas moi qui pèche quant à l’intention morale de la volonté,
[7:15] car je ne veux pas le mal que je fais ; au contraire, je le hais. [7:17]
C’est le péché donc qui demeure en moi qui fait ce mal, [7:18] car,
effectivement, en moi (c’est-à-dire dans ma chair, dans l’homme naturel tout
entier tel qu’il est), il n’existe pas de bien, car la volonté même étant là
pour le faire, je ne trouve pas le moyen de l’accomplir : la force me manque
totalement.
1 Il y a aussi combat quand le Saint Esprit demeure en nous ; c’est ce que montre le chapitre 5 de l’épître aux Galates. « La chair convoite contre l’Esprit, etc. » [(Gal. 5:17)]. Mais alors nous ne sommes pas sous la loi ; c’est ce que l’apôtre ajoute : « Si vous êtes conduits par l’Esprit, vous n’êtes pas sous la loi » [(Gal. 5:18)]. Dans notre chapitre, au contraire, l’homme dont il est question est sous la loi, tout est en rapport avec la loi : [7:14] la loi est spirituelle, [7:16] nous approuvons la loi, [7:22] nous prenons plaisir à la loi. Ni Christ, ni l’Esprit ne sont mentionnés, jusqu’à ce que la question de la délivrance arrive.
Ch. 7 v. 20-24 —
Principe de mal dans l’homme naturel, le rendant captif du péché
[7:20] L’apôtre ayant donné cette explication met, au verset 20, de l’emphase
sur le je et le moi : « Si ce que je veux, moi »… « Ce n’est plus moi qui
l’accomplis, mais c’est le péché qui habite en moi ». [7:21] Je trouve donc
cette loi pour moi qui veux pratiquer le bien, que le mal est avec moi ; [7:22]
car, quant à l’homme intérieur, je prends plaisir à la loi de Dieu, [7:23] mais
il y a un autre principe constant en moi qui fait la guerre à la loi de mon
esprit et qui me rend captif à cette loi de péché qui est dans mes membres, de
sorte que, quelques bons que soient mes désirs, et plus même ils le sont, [7:24]
je suis moi-même un homme misérable. Étant homme et tel que je suis, je ne peux
être que misérable ! Mais le fait d’être arrivé à la conscience de cet état est
un pas immense.
Conscience du péché en
nous, dont nous sommes délivrés par la mort
[7:18] Le mal signalé dans les versets que nous étudions, est le mal qui est
dans notre nature et le manque de force pour s’en débarrasser. Le pardon des
péchés a déjà été traité à fond. Ici, ce qui caractérise l’âme, c’est l’activité
présente du péché, dont elle ne peut se débarrasser. Ce sentiment est souvent
plus pénible que celui des péchés passés, au sujet desquels tout croyant peut
comprendre qu’ils ont été ôtés par le sang de Christ. Ici, nous avons la
conscience que le péché est encore en nous, bien que nous le haïssions ; et la
question de la délivrance se mêle à notre expérience, tant que nous n’avons pas
appris ce qui nous est enseigné dans cette partie de notre épître, [7:20]
c’est-à-dire de juger le vieil homme, non pas comme étant nous-mêmes, notre moi,
mais comme étant le péché en nous ; et de nous tenir pour morts. Christ, par
lequel nous vivons maintenant, étant mort et étant le sacrifice pour le péché,
notre condamnation est impossible, puisque le péché est condamné et que nous en
sommes affranchis par « la loi de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus »
[(8:2)]. Ceci n’est pas le pardon, mais la délivrance, car le péché dans la
chair a été condamné sur la croix [(8:3)].
Délivrance de l’homme
qui réalise son état par la grâce seule
La grâce nous apprend à nous connaître et à chercher la délivrance en Christ
Sous l’enseignement de la grâce divine, l’homme renouvelé a appris trois choses
: 1° [7:18] Il est arrivé à la découverte qu’en lui, c’est-à-dire en sa chair,
il n’habite point de bien ; mais 2° [7:20] il a appris à distinguer entre
lui-même qui veut le bien, et le péché qui habite en lui ; et 3° [7:23] il a
constaté que, quand il veut le bien, le péché est trop fort pour lui. Ayant
appris ainsi la connaissance de lui-même, [7:24] il ne cherche pas à s’améliorer
dans la chair, mais il cherche la délivrance [7:25] et il l’a en Christ. La
puissance vient après. [7:24] Il est arrivé à la découverte et à la confession
qu’il n’a point de force en lui-même : il a donc recours à un autre que lui. Il
ne dit pas : comment ferai-je mieux, ou comment serai-je meilleur, mais qui
est-ce qui me délivrera ? Or c’est lorsque nous étions privés de toute force,
que Christ est mort pour des impies [(5:6)] : l’impiété est pardonnée, le manque
de force découvert, et nous trouvons lorsque nous en avons fini avec notre
misérable moi, la grâce parfaite de Dieu. À l’égard de ce que nous sommes
nous-même et de tout espoir d’amélioration en nous, la grâce est notre seule
ressource.
La délivrance est déjà
accomplie par Christ pour nous, par la mort
Mais heureusement que, lorsqu’on a recours à cette ressource-là, on n’a que la
grâce devant soi. La délivrance est déjà accomplie par le fait que nous ne
vivons plus du tout dans la chair. [7:6] Nous y sommes morts, [7:4] comme nous
sommes morts à la loi qui nous retenait sous l’esclavage et la condamnation, et
nous sommes à un autre mari, à Christ ressuscité d’entre les morts. [7:24]
Aussitôt que l’âme malheureuse a dit : « Qui me délivrera ? » [7:25] la réponse
est là : « Je rends grâces à Dieu par Jésus Christ, notre Seigneur ». Cette
réponse ne dit pas : Dieu délivrera ; la délivrance est accomplie déjà. L’âme
rend grâces.
Délivrance parfaite de
la part de Dieu
[7:24] L’homme est misérable dans ce conflit avec la loi, sans la connaissance
de la rédemption. Mais, dans la mort de Christ, il est mort à la nature, cause
de sa misère ; il en a complètement fini avec lui-même ; la délivrance de Dieu
est parfaite. Le vieil homme et le nouvel homme restent toujours opposés l’un à
l’autre dans le chrétien ; mais la délivrance n’est pas imparfaite. Cette
délivrance opérée par Dieu, et le progrès de sa manifestation, sont développés
dans le chapitre suivant.
Expérience personnelle
d’un homme renouvelé sous la loi
[7:14] On remarquera ici que l’apôtre ne dit pas : « Nous savons que la loi est
spirituelle, et nous sommes charnels » : c’eût été parler des chrétiens comme
étant charnels dans leur condition propre et normale. Il dit : « Mais moi, je
suis charnel ». C’est l’expérience personnelle de ce que c’est que la chair sous
la loi, pour une âme vivifiée, et non l’état du chrétien comme tel devant Dieu.
Remarquez aussi que la loi est envisagée au point de vue de la connaissance
chrétienne : « Nous savons » — lorsque nous ne sommes plus sous la loi et que
nous sommes capables d’en juger toute la portée selon la spiritualité de celui
qui juge, et qui, étant spirituel, voit aussi ce qu’est la chair, parce qu’il
n’est pas dans la chair, mais dans l’Esprit [(8:9)]1. La fin du chapitre ne
présente pas, à la lettre, l’état d’une personne quelconque, mais elle présente
des principes opposés l’un à l’autre, et dont le résultat est exposé en
supposant un homme placé sous la loi ; sa volonté toujours bonne, le bien jamais
accompli, et le mal toujours. Cependant, pour ce qui regarde la conscience, nous
trouvons ici l’état pratique de tout homme renouvelé sous la loi.
Cette description ne
peut être le fait que d’une personne déjà affranchie
1 Ces mots nous donnent la clef de tout ce passage, si souvent cité, hélas ! par
des âmes qui ne sont pas affranchies. Il ne s’agit pas ici de l’expérience
présente de qui que ce soit, mais c’est une personne affranchie décrivant l’état
d’une personne qui ne l’est pas. Une personne non affranchie ne pourrait parler
exactement de cette manière, étant inquiète pour elle-même du résultat de ce
conflit. Un homme tombé dans un marécage ne décrit pas tranquillement comment on
y tombe, parce qu’il a peur d’y enfoncer définitivement. Quand il en a été
retiré, il décrit comment on y tombe. La fin de Romains 7 nous montre un homme
hors du marécage, démontrant en paix par quel principe et comment on y tombe.
Toute cette partie de l’Épître est plus compliquée que le passage du chapitre
5:1-11, parce que notre propre expérience contredit ce que la foi nous apprend à
dire. Si, par grâce, je suis pardonné et justifié, mon expérience ne me
contredit pas, car c’est ce que Dieu a fait pour moi et en dehors de moi. Ma
dette est payée. Mais quand il me faut dire : « Je suis mort au péché », mon
expérience me contredit. C’est pourquoi l’on ne trouve pas de repos sous ce
rapport tant qu’on n’a pas renoncé au moi et à la chair comme entièrement
mauvais et sans remède, et qu’on n’a pas appris, à la suite de la rédemption
qu’on n’est plus du tout dans la chair. Comparez les chapitres 7 et 8.
La paix trouvée après
avoir appris à se connaître soi-même
L’homme sous la loi est préoccupé de lui-même, non de Christ
On peut remarquer encore un autre principe important : l’homme dans l’état
dépeint à la fin de notre chapitre, est entièrement préoccupé de lui-même ;
[7:19] lui veut le bien ; lui ne l’accomplit pas ; lui fait le mal que lui ne
veut pas. Ni Christ, ni le Saint Esprit ne sont nommés, tandis que le chrétien,
dans son état normal, est occupé de Christ. Or cette préoccupation du moi est la
conséquence naturelle et nécessaire de la loi, quand la conscience est réveillée
et la volonté renouvelée, [7:18] car « le vouloir est avec lui », mais il est
sous la loi, [7:14] la voit spirituellement, [7:16] y consent, [7:22] y prend
plaisir selon l’homme intérieur, [7:21] et ne peut accomplir ce qui est bien.
[7:23] Le péché a domination sur lui. Le sentiment de responsabilité à laquelle
on n’a pas satisfait, et l’absence de paix font que l’âme se reporte
nécessairement sur elle-même. Je dis qu’on est préoccupé de soi ; et ce « je »
et ce « moi », se retrouvent, dans ce chapitre, plus de quarante fois depuis le
verset 14. Il est bien qu’on soit préoccupé de soi plutôt que d’être insensible,
mais ce n’est pas la paix !
La paix vient de ce que
Dieu a tout fait en Christ, alors que nous ne pouvions rien
Cette paix se trouve ailleurs, et voici comment on la trouve : lorsque réduit à
la conscience de son incapacité de faire le bien pour Dieu, on trouve que Dieu a
fait pour nous le bien dont nous avons besoin. Nous avons alors non seulement le
pardon, mais la délivrance ; nous sommes en Christ, et plus du tout dans la
chair.
La délivrance ne vient
que quand tous les efforts de l’homme sont vains
[7:25] La lutte continue encore et l’opposition des deux natures est toujours là,
mais nous rendons grâces à Dieu par Jésus Christ, notre Seigneur1. [7:24]
Remarquez ici que la délivrance n’est trouvée que lorsqu’on a la pleine
conviction de son incapacité et de son manque de force, aussi bien que de ses
péchés ; et il est beaucoup plus difficile d’arriver à cette conviction de son
incapacité qu’à celle qu’on a péché. Or le péché de notre nature (avec sa
perversité sans remède et sa résistance au bien, la loi du péché dans nos
membres), n’est connu dans sa gravité légale que par l’expérience de l’inutilité
de nos efforts à faire le bien. Sous la loi, l’inutilité de ces efforts
tourmente la conscience, la laisse sous l’esclavage, et produit le sentiment de
l’impossibilité de parvenir jusqu’à Dieu. Sous la grâce, ces efforts ne sont pas
inutiles, et la nature mauvaise se montre à nos yeux dans toute sa laideur, soit
dans la communion avec Dieu, soit par des chutes, si nous négligeons cette
communion. Mais ici, au chapitre 7, l’expérience du péché dans la nature est
présentée comme acquise sous la loi pour que l’homme se connaisse par ce moyen,
connaisse ce qu’il est quant à sa chair, et sache que, de fait, il ne peut
réussir par ses propres efforts à venir avec une bonne conscience devant Dieu.
1 Le dernier verset du chapitre 7 parle, d’une manière abstraite, de la pensée et du caractère de ces deux natures opposées. À l’une appartient le désir et la résolution de cœur dans l’homme renouvelé, à l’autre le fait de la présence de la chair. La première nature est « moi-même », la seconde est « ma chair ». Ainsi le « moi-même » est dans le vrai, seulement il n’est considéré, ni comme étant sous la loi, ni comme n’y étant pas.
L'âme sous la loi,
parenthèse dans le sujet de notre identification avec Christ dans Sa mort et Sa
résurrection
Maintenant il faut se souvenir que cette expérience de l’âme sous la loi est
introduite sous forme de parenthèse pour faire voir l’état de péché auquel la
grâce s’applique, et l’effet de la loi. [7:4] Le sujet traité par l’apôtre est
que le croyant, ayant part à la mort, est mort, et qu’il est vivant par un
Christ ressuscité ; que Christ ayant, par la grâce, passé sous la mort, ayant
été fait péché, en a fini pour tout jamais avec l’état dans lequel il avait à
faire au péché et à la mort, en ressemblance de chair de péché ; et qu’ensuite,
en ayant fini avec tout ce qui se rattachait à cet état, Christ est entré par la
résurrection dans un nouvel ordre de choses, dans une nouvelle condition devant
Dieu, totalement en dehors de l’atteinte de tout ce à quoi Christ s’était
assujetti pour nous et de tout ce qui en nous se rattachait à notre vie
naturelle, ainsi qu’en dehors de l’atteinte de la loi qui liait le péché sur la
conscience de la part de Dieu. — En Christ nous sommes dans ce nouvel état de
choses.