Chapitre 6
Ch. 6 v. 1-11 — Identification du croyant avec Christ dans Sa mort et Sa
résurrection
Ch. 6 v. 1-4 — Impossibilité de vivre dans le péché en y étant mort avec Christ
[6:1] Mais, hélas ! la perversité de la chair sait trouver dans cette glorieuse
rédemption accomplie par la grâce qui substitue la justice et la personne du
second Adam, au péché et à la personne du premier, la chair, dis-je, y trouve
l’occasion du péché qu’elle aime ou du moins l’occasion d’accuser la doctrine de
favoriser le péché. [5:19] Si c’est par l’obéissance d’un seul que je suis
constitué juste, [5:20] et parce que la grâce surabonde, [6:1] péchons afin que
la grâce abonde, car le péché que nous commettrons ne touche pas cette justice
et ne fait que glorifier la surabondance de la grâce ! Est-ce là la doctrine de
l’apôtre, ou une conséquence légitime de sa doctrine ? [6:2] Nullement : cette
doctrine, c’est que, par la mort, nous sommes introduits dans la présence de
Dieu, en vertu de l’œuvre que Christ y a accomplie, et en ayant part à cette
mort. Pouvons-nous vivre dans le péché auquel nous sommes morts ? C’est une
contradiction dans les termes mêmes. [6:3] Or étant baptisés pour Christ (en son
nom, pour avoir part avec Lui selon la vérité qui est contenue dans la
révélation que nous avons de Lui), nous sommes baptisés pour avoir part à sa
mort (car c’est là que cette justice dans laquelle Christ comparaît devant Dieu,
et nous par lui, a été accomplie). Mais c’est au péché que Christ est mort : en
mourant, il en a fini avec le péché pour tout jamais, il est sorti de la
condition de la vie dans la chair et le sang ; vie dans laquelle nous étions des
pécheurs ; vie dans laquelle Celui qui était sans péché, venu en forme de chair
de péché et comme sacrifice pour le péché, a été fait péché pour nous1. [6:4]
Nous avons donc été ensevelis avec Christ par le baptême pour la mort (v. 4) (c’est-à-dire
nous avons part à la mort, nous y entrons, par le baptême qui la représente), «
afin que, comme Christ a été ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père,
ainsi nous aussi nous marchions en nouveauté de vie ». En un mot, nous
participons à cette justice divine et parfaite, en ayant part à la mort au péché
: c’est pourquoi on ne peut dire que le fait d’avoir part à cette justice
conduise les hommes à vivre dans le péché. Il ne s’agit pas ici d’un devoir,
mais de la nature de la bénédiction à laquelle nous participons. [6:2] Nous ne
pouvons pas mourir à une chose pour y vivre. La doctrine de la justification,
telle que l’apôtre l’enseigne, rejette elle-même, comme un non-sens absolu, le
raisonnement de la chair qui, sous prétexte de justice, ne veut pas reconnaître
le besoin que nous avons de la grâce2.
1 Il ne s’agit pas simplement du fait qu’Il a porté nos péchés : c’est le sujet de la première partie de cette Épître. La condition dans laquelle nous nous trouvions, en tant que race, était celle d’Adam pécheur, après la chute. Christ est venu, sans péché, et a répondu pour nous et pour la gloire de Dieu comme substitut ; c’est-à-dire que, prenant cette place comme sacrifice, il a été fait péché, a subi l’abandon de Dieu et, glorifiant Dieu, en a fini, par la mort, avec cette place — avec toute la condition dans laquelle nous étions et dans laquelle, en tant que fait péché, il nous remplaçait devant Dieu. Cette œuvre, bien qu’accomplie par l’homme et pour l’homme, a une portée, je n’en doute pas, qui dépasse notre salut. Il est venu pour abolir le péché par le sacrifice de lui-même (Héb. 9:26). Son sacrifice est la base de l’établissement des nouveaux cieux et de la nouvelle terre où la justice habite [(2 Pier. 3:13)].
2 Notez que nous ne sommes pas considérés ici comme ressuscités avec Christ. Nous avons dit plus haut que dans cette Épître le croyant est toujours envisagé comme étant sur la terre, bien que vivant en Christ et justifié, et ce fait est employé comme base de la pratique et de la marche ici-bas.
Ch. 6 v. 4 —
Manifestation de la gloire de Dieu dans la résurrection de Jésus
Résurrection de Christ nécessaire pour la gloire de Dieu
Le caractère de cette nouvelle vie dans laquelle la résurrection nous introduit,
est présenté ici d’une manière frappante. Christ avait parfaitement glorifié
Dieu en mourant — aussi, même en mourant, était-il Fils du Dieu vivant. [6:4]
Mais la résurrection était aussi une nécessité de la gloire de Dieu le Père.
Dieu était obligé par sa gloire même à ressusciter Christ d’entre les morts
(comme Christ avait glorifié tout ce qui est en Dieu, sa justice, son amour, sa
vérité, sa puissance). La gloire de Dieu était engagée dans sa résurrection,
comme ne devant pas laisser la victoire à la mort, dans la personne de Celui qui
était fidèle ; la relation de Dieu, comme Père avec Jésus, ne permettait pas que
Dieu laissât son Fils esclave de ce qui était le fruit du péché et de la
puissance de l’Ennemi. En un mot, la résurrection de Jésus d’entre les morts
était due à Jésus de la part de Dieu, était due à la propre gloire de Dieu,
comme Dieu et Père ; était nécessaire aussi pour montrer le reflet de sa gloire
à Lui, pour manifester cette gloire selon ses conseils, et cela dans l’homme.
Christ a donc été ressuscité par la gloire du Père ; tout ce que le Père est,
est descendu en puissance divine dans le tombeau de Jésus et a été tenu de lui
donner le triomphe de la résurrection, de la victoire sur la mort, et à la
résurrection l’éclat de la propre gloire de Dieu. Étant entré dans une position
toute nouvelle, fruit de l’opération de cette gloire, cette position est le
modèle et le caractère de la vie de laquelle nous vivons devant Dieu1.
1 De fait, le Père, le Fils et le Saint Esprit étaient tous engagés dans la résurrection de Christ. Il a relevé le temple de son corps en trois jours (Jean 2:19) ; il a été vivifié par l’Esprit (1 Pierre 3:18) ; il a été ressuscité par la gloire du Père (Rom. 6:4).
Christ glorifié,
révélation et manifestation de la gloire de Dieu
Sans cette manifestation de sa gloire en Christ, Dieu, tout en agissant et en
donnant des témoignages de sa puissance et de sa bonté, restait voilé et caché.
En Christ glorifié, centre de tous les conseils de Dieu, nous voyons la gloire
du Seigneur à face découverte [(2 Cor. 3:18)], et toute bouche reconnaîtra que
Jésus Christ est le Seigneur, à la gloire de Dieu le Père [(Phil. 2:11)].
La vie nouvelle du
croyant doit refléter la gloire du Seigneur
[6:4] Notre vie doit être le reflet pratique de cette gloire du Seigneur dans le
ciel. La puissance qui nous associe à Lui dans le ciel et agit encore en nous,
est développée à la fin du chapitre 1 de l’épître aux Éphésiens [(v. 19-23)],
mais, dans cette épître, avec le but d’introduire notre résurrection avec
Christ. Ici il s’agit de la résurrection de Christ lui-même, de la doctrine de
la résurrection, de la résurrection en elle-même, de ses conséquences et de sa
portée morale à l’égard de l’homme vivant ici-bas, envisagé individuellement et
en vue de ses relations avec Dieu, comme homme responsable. La vie du chrétien
est une vie toute nouvelle : nous sommes vivants à Dieu en Lui [(6:10)].
Ch. 6 v. 5-11 —
Conséquences de notre identification à Christ mort et ressuscité
Ch. 6 v. 5-7 — Mort effective au péché par la mort avec Jésus
[6:5] Étant donc identifiés avec Christ dans la ressemblance de sa mort, nous le
serons aussi dans la ressemblance de sa résurrection. On voit que la
résurrection est présentée ici comme une conséquence tirée de notre
participation à la mort de Christ et non comme une participation mystique à
cette résurrection : [6:6] sachant ceci, dit l’apôtre (ce qui est le grand
fondement de tout), que notre vieil homme (celui qui en nous cherchait à excuser
le péché comme fruit de la grâce parfaite de Dieu, v. 1), est crucifié avec
Jésus afin que tout le corps du péché soit annulé pour que nous ne servions plus
le péché. L’apôtre présente tout l’ensemble et le système du péché dans un
homme, comme un corps, qui, par la mort, est rendu nul ; [6:7] sa volonté est
jugée et ne nous maîtrise plus, « car celui qui est mort est justifié du péché »
(v. 7)1. On ne peut plus mettre le péché à la charge de l’homme mort, comme on
peut le faire à l’égard d’un homme vivant et responsable.
1 « Justifié » est bien le mot. Nous voyons distinctement ici la différence importante entre le péché et les péchés. Vous ne pouvez accuser de péché un homme mort. Il n’a pas de volonté perverse, ni de mauvaises convoitises. Il peut avoir commis beaucoup de péchés pendant sa vie et peut en être ou n’en être pas justifié. Mais vous ne pouvez l’accuser de péché. Or comme nous l’avons vu, l’apôtre, depuis le chapitre 5:12, traite du péché — de l’état de l’homme — et non pas des péchés.
Ch. 6 v. 8-10 —
Victoire complète de Christ sur la mort, amenant la résurrection
[6:8] Ainsi donc, étant morts avec Christ, dans le baptême, par notre
profession, en réalité comme ayant pour vie Celui qui est mort, nous croyons que
nous vivrons avec Christ ; nous appartenons à cet autre monde où Christ vit
ressuscité : l’énergie de la vie de laquelle il vit, est notre partage. [6:9]
Nous croyons cela, sachant que Christ, étant ressuscité d’entre les morts, ne
meurt plus : sa victoire sur la mort est complète et finale ; la mort ne domine
plus sur lui ; c’est pourquoi nous comptons sur la résurrection, sachant que
nous y aurons part nous-mêmes, à cause de cette victoire complète sur la mort
dans laquelle, par grâce, Christ est entré pour nous. Par la foi nous y sommes
entrés avec Lui, ayant notre part à la mort selon la part qu’il y a prise
lui-même. La puissance de la vie d’amour l’a placé là. [6:10] En mourant, Christ
est mort au péché ; il est allé jusqu’à la mort plutôt que de ne pas maintenir
la gloire de Dieu, ayant eu à faire au péché et à la tentation jusque-là, et là
même ; mais là il en a fini pour tout jamais avec l’un et avec l’autre. Nous
mourons au péché en ayant part à la mort de Christ : la conséquence de la mort
du Sauveur — par la gloire du Père — est la résurrection ; or ainsi, « en ce
qu’Il est mort, il est mort une fois pour toutes au péché, mais, en ce qu’il
vit, il vit à Dieu ».
Ch. 6 v. 10-11 — Nous,
en Christ, sommes morts au péché et vivants à Dieu
[6:10] Ainsi, Il n’a plus rien à faire avec le péché ; Il vit uniquement,
parfaitement, à Dieu, sans que Sa vie ait rapport à quoi que ce soit d’autre. En
tant qu’Il vit, Sa vie est en relation avec Dieu seul1. [6:11] Nous aussi donc
nous devrions faire notre compte — car nous jouissons de ces choses par la foi —
que nous sommes morts au péché et vivants à Dieu, n’ayant d’autre objet de vie
que Dieu dans le Christ Jésus. Je dois donc me considérer comme mort : j’ai le
droit de le faire, parce que Christ est mort pour moi ; et, vivant maintenant
pour toujours à Dieu, je dois me considérer comme sorti, par la vie que je
possède et qui est la sienne, du péché auquel je mourus. [6:10] Car tel est le
Christ que je connais : non pas un Christ vivant sur la terre, en rapport avec
moi selon la nature dans laquelle je vis ici-bas. Dans cette nature, je suis
démontré pécheur et incapable d’une vraie relation avec lui. Lui donc est mort
pour moi, en tant que j’étais vivant de cette vie du vieil homme, et il est
entré, par la résurrection, dans un nouvel état de vie, en dehors de la première
; c’est dans cette nouvelle vie que je connais Christ. [6:11] En tant que
croyant j’ai part à la mort et à la vie en Celui qui est ressuscité ; j’ai la
justice par la foi, mais j’ai cette justice en ayant part à Christ mort et
ressuscité ; je possède donc cette justice comme mort au péché par la foi.
1 C’est une expression merveilleuse. Quant à la fidélité, Sa vie ici-bas était employée pour Dieu. Il vivait pour Lui ; mais maintenant Sa vie ne connaît pas autre chose que Dieu.
Ch. 6 v. 12-14 —
Puissance pratique pour vaincre le péché, lui étant morts
Or c’est la différence essentielle qui caractérise cette partie de notre épître.
[6:8] Il ne s’agit plus du fait que Christ a versé son sang pour mes péchés,
mais du fait que je suis mort avec Lui. Notre état et notre position dans la
chair sont terminés pour la foi. [6:10] Le Christ qui est devenu notre vie est
mort, et, en tant que je vis par Lui, ce qu’Il a fait m’appartient. [6:11] J’ai
donc à dire : Je suis mort ; je me tiens moi-même pour mort1. [6:12] L’apôtre
tire de ces vérités la conséquence évidente : « Que le péché donc ne règne point
dans votre corps mortel ! ». [6:13] Ne livrez pas vos membres comme instruments
au péché auquel vous êtes vous-mêmes morts par Christ ; mais comme étant vivants,
comme réveillés d’entre les morts, livrez vos membres, comme des instruments de
justice, à Dieu auquel vous vivez. Notre corps n’est plus, maintenant, que
l’instrument de la vie divine, et comme tel, nous sommes libres de nous en
servir pour Dieu. [6:14] Car, de fait, le péché ne dominera pas sur nous, parce
que nous ne sommes pas sous la loi, mais sous la grâce (v. 12-14). Ici il s’agit
non pas du principe, mais de la puissance. En principe, nous sommes morts au
péché selon la foi : en pratique, il n’a pas de puissance sur nous. Remarquez
que la source de puissance pratique pour vaincre le péché n’est pas dans la loi,
mais dans la grâce.
1 Remarquez que l’Épître aux Romains ne va pas jusqu’à dire : Nous sommes ressuscités avec Christ ; ce qui amènerait nécessairement la pensée de l’union avec Lui, terrain de l’Épître aux Éphésiens. Ici, la mort et la résurrection ne vont jamais jusqu’à l’état céleste, mais sont un état subjectif et expérimental. L’épître aux Éphésiens montre que, lorsque nous étions morts dans nos péchés, nous avons été pris, vivifiés et placés en Christ, comme Lui est ressuscité et placé plus haut que les cieux dans la gloire [(Éph. 2:5-6)]. C’est simplement l’œuvre de Dieu. Ici c’est individuel : nous sommes vivants en Lui ; nous aurons part à Sa résurrection ; nous marchons en nouveauté de vie [(6:4)]. C’est une chose personnelle et pratique, appartenant, comme nous l’avons vu, à l’homme vivant sur la terre.
Ch. 6 v. 15-23 —
Liberté d’être asservi à la justice selon Dieu
[6:15] Or, il est vrai que n’étant pas sous la loi, nous ne sommes pas placés
sous un régime où le péché soit imputé ou pas imputé. Est-ce une raison pour
pécher ? Non, il y a une réalité dans ces choses. [6:16] Nous sommes esclaves
des choses auxquelles nous obéissons (v. 16). Le péché conduit à la mort ;
l’obéissance, à la justice pratique. Nous sommes placés sur le large terrain de
la nouvelle nature et de la grâce. Il ne s’agit plus d’appliquer une règle
extérieure à une nature qui ne lui est pas, ni ne peut lui être assujettie.
[6:17] Et effectivement, ayant été auparavant asservis au péché, les disciples,
à Rome, avaient donné la preuve de la justesse des raisonnements de l’apôtre, en
marchant dans la vérité. [6:18-19] Affranchis de l’esclavage, ils étaient
devenus (pour se servir du langage humain) des esclaves de la justice. [6:21]
Cet esclavage-là n’aboutit pas à une servitude sans fruit : [6:22] la justice
pratique se développe, avec une intelligence croissante, dans la mise à part de
tout l’être pour Dieu. Ils obéissaient dans telle et telle chose ; mais le fruit
de cette obéissance était la sanctification, la capacité spirituelle d’avoir, en
ce qu’ils étaient séparés du mal, une plus profonde connaissance de Dieu1.
[6:21] Le péché ne porte point de fruit ; il finit par la mort ; [6:22] mais si
nous sommes affranchis du péché et asservis à Dieu (la vraie justice
d’obéissance semblable à celle de Christ lui-même) nous avons notre fruit en
sanctification déjà maintenant, et la fin sera la vie éternelle. [6:23] Car les
gages du péché, c’est la mort ; le don de grâce de Dieu, c’est la vie éternelle
dans le Christ Jésus, notre Seigneur. Or cette vie, c’est vivre à Dieu, et vivre
à Dieu n’est pas le péché qu’on dit devoir être le fruit de la doctrine de la
justification par la foi, mais la grâce. Ici l’apôtre, dont le sujet principal
est la justice judiciaire devant Dieu, se rapproche de Jean, et sa doctrine se
rapproche de celle de la première épître de cet apôtre, comme Jean de son côté
aborde la doctrine de la propitiation et de l’acceptation en parlant de la
communication de la vie. Cet appel à l’homme, placé dans une vraie liberté, dans
la liberté de la grâce, parce qu’il est mort au péché, est de toute beauté. Il
est libéré par la mort. À qui ira-t-il donc s’asservir ? Maintenant qu’il est
libre, va-t-il se livrer au péché ? C’est un noble appel ! Or ce n’est pas,
notez-le bien, un appel aux pécheurs, emploi que l’on fait parfois de ce
passage, mais un appel à ceux qui sont déjà affranchis.
1 Comparez Ex. 33:13