Introduction
Relations de l’homme avec Dieu : responsable, sous la grâce, chrétien dans le
monde
L’épître aux Romains a assez naturellement sa place en tête de toutes les autres,
comme posant systématiquement les fondements des relations de l’homme avec Dieu,
et conciliant en même temps la vérité universelle de la position de l’homme,
d’abord sous le rapport de la responsabilité, puis au point de vue de la grâce,
avec les promesses spéciales faites aux Juifs. Elle pose aussi les grands
principes de la pratique chrétienne : la moralité, non pas celle de l’homme,
mais cette moralité qui est le fruit de la lumière que donne le christianisme et
des révélations positives qu’il apporte. Il est important de voir que cette
Épître envisage toujours le chrétien comme étant dans ce monde. Il est justifié
et a la vie en Christ, mais il est ici-bas et n’est pas envisagé comme
ressuscité avec Christ.
Plan de l’épître
Ch. 1 v. 1 à 3 v. 20 — Introduction et démonstration de la perdition de l’homme
dans toutes ses positions
Voici, je pense, l’ordre du contenu de l’épître : après quelques versets
d’introduction dans lesquels il expose son sujet, versets dont quelques-uns ont
une importance capitale, en donnant la clef de tout l’enseignement de cette
Épître et l’état réel de l’homme devant Dieu (1:1-17), l’apôtre, jusqu’à la fin
du chapitre 3, verset 201, montre l’homme totalement corrompu et perdu, quelles
que soient les circonstances dans lesquelles il se trouve. Sans loi, il était
dans un état de péché effréné ; — avec la philosophie, il jugeait le mal tout en
le commettant ; — sous la loi, il violait la loi tout en se vantant de la
posséder, et il déshonorait le nom de Celui de la gloire duquel il était, pour
ainsi dire, solidaire ; car c’est comme un peuple appartenant à Dieu qu’il a
reçu de lui cette loi.
1 Après l’introduction on trouve, jusqu’à la fin du troisième chapitre, le mal et le remède que Dieu a accordé dans le sang de Christ — ensuite, dans les chapitres 4 et 5, la résurrection de Christ pour notre justification (après qu’il eut été livré pour nos fautes) et ainsi la paix avec Dieu, notre position actuelle dans sa faveur et l’espérance de la gloire avec toutes ses précieuses conséquences dans l’amour de Dieu. Abraham et David, les deux grandes souches de la promesse, ont confirmé le principe de la justification sans les œuvres. Cette partie se termine au verset 11 du chapitre 5 qui divise l’Épître en deux portions distinctes : d’une part la doctrine principale de la justification, d’autre part notre position devant Dieu. Nous y reviendrons.
Ch. 3 v. 21 à ch. 8 v.
39 — Remède à l’état de l’homme
Sang et résurrection de Christ répondant au péché et justifiant, dans la vie
nouvelle en Lui
Depuis le verset 21 du chapitre 3, jusqu’à la fin du chapitre 8, le remède à
l’état de l’homme est clairement exposé en deux parties. Du verset 21 du
chapitre 3, jusqu’à la fin de ce chapitre, le principe général est, que le sang
de Christ est la réponse — dont on jouit par la foi — à tout le péché dont
l’apôtre vient de faire le tableau ; ensuite, au chapitre 4, nous trouvons la
résurrection, sceau de l’œuvre de Christ et témoin de l’efficace de cette œuvre
pour notre justification. Tout cela répond à la responsabilité d’un enfant
d’Adam (responsabilité que la loi aggravait encore) par la grâce pleine et
entière décrite au chapitre 5, versets 1-11. Mais au chapitre 8, ces choses se
trouvent en Christ ressuscité dans le ciel et plaçant celui qui y a part,
c’est-à-dire tout croyant, dans une nouvelle position devant Dieu en Christ qui
lui donne ainsi la liberté et la vie ; la liberté dans laquelle Christ était
lui-même, et la vie que lui-même a vécue. C’est cette nouvelle position en
Christ qui unit inséparablement la justification et la sainteté de vie.
Division des sujets —
ch. 3 v. 21 à 5 v. 11 : les péchés ; ch. 5 v. 12 à 8 v. 39 : le péché, état de
l’homme
Mais ce que nous venons de dire nous fournit l’occasion de noter une division
encore plus importante des sujets traités dans cette Épître. Du chapitre 3:21 au
chapitre 5:11, nous trouvons celui des péchés ; — notre culpabilité individuelle
trouve sa réponse dans le sang de Christ (chap. 4) livré pour nos fautes et
ressuscité pour notre justification. Mais, depuis le chapitre 5:12, l’apôtre
traite la question du péché, non pas la délivrance du jugement à venir, mais
celle de notre état actuel1. La première question se termine par les
bénédictions du chapitre 5:1-11, la seconde par les bénédictions du chapitre 8.
1 Cette seconde question qui a pour sujet le péché dans la chair et la mort au péché implique le sujet de la loi, moyen de découvrir le péché lorsque la spiritualité de la loi est connue.
Ch. 9 à 11 —
Conciliation du salut pour tous et des promesses pour les Juifs
Dans les chapitres 9 à 11, Paul concilie ces vérités du salut, envisagées comme
appartenant à tout croyant indistinctement, avec les promesses faites aux Juifs,
en faisant ressortir la merveilleuse sagesse de Dieu et la manière dont ces
choses étaient prévues et révélées dans la Parole.
Ch. 12 à 16 — Esprit
pratique chrétien, comme vivant devant Dieu
Ensuite il montre (chap. 12 et suivants) l’esprit pratique chrétien. Dans cette
dernière partie seulement l’apôtre fait allusion à l’Église comme corps. Sauf
cela, il traite en général de l’homme, de l’individu devant un Dieu de justice,
et de l’œuvre de Christ, qui place l’homme individuellement dans la présence de
Dieu en paix. Pour la même raison, sauf dans un seul passage, au chapitre 8, en
vue d’introduire l’intercession, il n’est pas parlé dans l’Épître aux Romains,
de l’ascension de Christ. Cette Épître traite de la mort et envisage la
résurrection de Christ comme le fondement, pour l’homme, d’un nouvel état devant
Dieu.
Suite des pensées de
l’épître : évangile amenant Christ, et justice pour l’homme et ses besoins
Examinons maintenant la suite des pensées de l’Esprit dans notre épître. On y
trouve la réponse à la solennelle question de Job, irrité de ce qu’il se
trouvait sans ressource en présence du jugement de Dieu : « En vérité, je sais
qu’il en est ainsi. Mais comment l’homme sera-t-il juste devant Dieu ? » (Job
9:2). Cependant la question de savoir où l’on peut trouver la justice, n’est pas
la première pensée qui se présente : c’est la nécessité de l’homme ; mais
l’Évangile vient d’abord, nous révélant et nous apportant Christ. C’est la grâce
et Jésus dont l’Évangile a les mains pleines : il parle de Dieu comme étant
amour. Cela réveille le sentiment des besoins (*), en apportant aussi ce qui y
répond, et en donne la mesure dans la grâce qui nous présente toute la plénitude
de l’amour de Dieu en Christ. Nous trouvons dans l’Évangile une révélation de
Dieu dans la personne de Christ. L’Évangile met ainsi l’homme à sa place devant
Dieu, l’homme tel qu’il est en lui-même, et tel qu’il est, en grâce, en Christ ;
— aussi, dans la présence de Celui qui est révélé, toutes les promesses trouvent
leur accomplissement, mais il est important de remarquer que l’Évangile commence
par la personne de Christ, et non pas avec le pardon et la justice, bien que ce
point soit ensuite pleinement développé (à commencer par le chap. 1:17).
1 Le cœur et la conscience y entrent tous les deux. La loi peut montrer à la conscience la culpabilité de l’homme et même, quand elle est connue spirituellement, son état de ruine; un besoin suppose que le cœur aussi est en activité.
John Nelson Darby