John Nelson Darby

 

Introduction
Bénédictions des saints et de l’Assemblée en relation avec Dieu et Christ
Relation avec Dieu comme Père, en Christ, source de notre bénédiction
L’épître aux Éphésiens nous donne l’exposé le plus riche des bénédictions des saints individuellement et de l’Assemblée, en faisant ressortir en même temps les conseils de Dieu à l’égard de la gloire de Christ. Christ lui-même est envisagé comme celui qui doit tenir toutes choses réunies en un sous sa main, comme chef de l’Assemblée [(1:22)]. On la voit placée dans la relation la plus intime avec Lui, comme ceux qui la composent le sont avec le Père lui-même, et elle est vue dans la position céleste qui lui a été départie par la souveraine grâce de Dieu. Or ces voies de grâce envers elle révèlent Dieu lui-même sous deux caractères distincts, aussi bien en rapport avec le Christ qu’en rapport avec les chrétiens. Dieu est le Dieu et le Père de notre Seigneur Jésus Christ [(1:3)]. Il est le Dieu de Christ, lorsque Christ est envisagé comme homme ; il est le Père de Christ, lorsque Celui-ci est considéré comme le Fils de son amour. Sous le premier caractère, la nature de Dieu est révélée ; sous le second est révélée la relation intime dont nous jouissons avec Celui qui porte ce caractère de Père, et cela selon l’excellence de la propre relation de Christ avec Lui. C’est dans cette relation avec le Père, ainsi que dans celle où nous sommes avec Christ comme son corps et son épouse, que se trouvent les sources de la bénédiction des saints et de l’Assemblée de Dieu, de laquelle la grâce nous a faits membres comme formant un tout.

La simplicité près de Dieu fait jouir des bénédictions des membres de Christ
La forme même de l’épître montre combien l’esprit de l’apôtre était rempli du sentiment de la bénédiction qui appartient à l’Assemblée. [1:1] Après avoir souhaité aux saints et fidèles1 à Éphèse [1:2] la grâce et la paix de la part de Dieu, le Père des vrais chrétiens, et de la part de Jésus Christ leur Seigneur, [1:3] il commence tout de suite à parler des bénédictions auxquelles participent tous les membres de Christ. Son cœur est plein de l’immensité de la grâce : et il n’y avait rien dans l’état des chrétiens d’Éphèse qui exigeât des remarques particulières, adaptées à cet état. C’est la proximité de Dieu qui produit la simplicité, et qui nous rend capables de jouir en simplicité des bénédictions de Dieu, comme Dieu lui-même les dispense, comme elles sortent de son cœur dans toute leur propre excellence, pour en jouir en communion avec Celui qui les accorde, et non d’une manière adaptée à l’état de ceux auxquels elles sont données, ou par une communication qui ne révèle qu’une partie de ces bénédictions, parce que l’âme n’est pas capable de recevoir davantage. Oui, lorsqu’on est près de Dieu on est dans la simplicité ; et toute l’étendue de sa grâce et de nos bénédictions se déroule telle qu’elle se trouve en Lui.

1 Le mot grec traduit par « fidèle » peut être aussi rendu par « croyant ». Il est employé ici et dans l’épître aux Colossiens [(Col. 1:2)] pour désigner les chrétiens de ces deux endroits. Il faut se souvenir que, quand il écrivait ces deux épîtres, l’apôtre était en prison et que le christianisme était établi déjà depuis plusieurs années, et était en butte à toutes sortes d’attaques. Dire qu’on était croyant comme au commencement, c’était dire qu’on était fidèle. Cette expression donc ne dit pas seulement qu’on croyait, ni que chaque individu marchait fidèlement, mais que l’apôtre s’adressait à ceux qui, par grâce, gardaient fidèlement la foi qu’ils avaient reçue.

Importance de l’état moral dans nos relations avec Dieu
Nécessité de la proximité morale avec Dieu, et grâce du Seigneur envers nos besoins
Il est important, en passant, de remarquer ici deux choses. Premièrement, la proximité morale à l’égard de Dieu et la communion avec Lui, sont le seul moyen de croître réellement dans la connaissance de ses voies et des bénédictions dont il fait part à ses enfants, parce que c’est la seule position dans laquelle on peut les saisir, ou dans laquelle on en est moralement capable. Toute conduite qui ne convient pas à cette proximité de Dieu, toute pensée légère qui ne convient pas à sa présence, nous font perdre ces communications de la part de Dieu et nous rendent incapables de les recevoir (comp. Jean 16:21-23). Secondement, ce n’est pas que le Seigneur nous abandonne à cause de nos fautes ou de notre négligence ; il intercède pour nous, et nous faisons l’expérience de sa grâce ; mais ce n’est plus la communion, ni un progrès intelligent dans les richesses de la révélation de Lui-même et de la plénitude qui est en Christ. C’est la grâce adaptée à nos besoins, une réponse à notre misère ; Jésus étend sa main vers nous selon le besoin que nous sentons, besoin produit dans nos cœurs par l’opération du Saint Esprit. Que Jésus s’occupe ainsi de nous, est une grâce infiniment précieuse, une douce expérience de sa fidélité et de son amour ; on apprend par ce moyen à discerner le bien et le mal par le jugement de soi-même ; mais la grâce a dû s’adapter à nos besoins, et recevoir un caractère selon ces besoins auxquels elle répond. Dans ce cas, son effet est de nous faire penser à nous-mêmes.

Le péché nécessite un retour sur soi, mais l’état normal est la communion avec Dieu
Le Saint Esprit nous occupe de nous-mêmes, en grâce sans doute ; mais quand on a perdu la communion avec Dieu, on ne peut pas négliger ce retour sur soi-même sans se tromper et s’endurcir. Hélas ! les rapports de bien des âmes avec Christ ne vont guère au delà de ce caractère. Pour tous ce n’est que trop souvent le cas. En un mot, quand cela arrive, la pensée du péché ayant été admise dans le cœur, nos rapports avec le Seigneur, pour être vrais, doivent avoir lieu sur le pied de ce triste fait que nous nous sommes laissés aller au péché, au moins dans nos pensées. C’est la grâce qui seule nous permet d’avoir encore à faire avec Dieu. Le fait qu’il nous restaure, rehausse sa grâce à nos yeux ; mais cela n’est pas la communion. Quand on marche avec Dieu, quand on marche selon l’Esprit sans le contrister, il nous maintient dans la communion, dans la jouissance de Dieu, source positive de joie, d’une joie éternelle. C’est une position dans laquelle Dieu peut nous occuper — comme étant intéressés nous-mêmes à tout ce qui l’intéresse — de tout le développement de ses conseils, de sa gloire et de sa bonté dans la personne de Jésus, le Christ, de Jésus, le Fils de son amour. Le cœur s’élargit dans la mesure des objets qui l’occupent. Telle est notre condition normale. Tel était, au fond, le cas des Éphésiens.

Caractère de l’enseignement de Paul dans cette épître
Relations avec Dieu comme étant en Christ, individuellement et comme Assemblée
Nous avons déjà remarqué que Dieu a spécialement doué Paul pour communiquer ses conseils et ses voies en Christ, de même qu’il a doué Jean pour révéler son caractère et la vie telle qu’elle a été manifestée en Jésus. Le résultat du don particulier accordé à l’apôtre Paul se voit naturellement dans l’épître que nous étudions. Toutefois nous y trouvons, comme étant nous-mêmes en Christ, un développement remarquable de nos relations avec Dieu, de l’intimité de ces relations, et de l’effet de cette intimité. Christ est le fondement sur lequel toutes nos bénédictions sont assises. C’est comme étant en Lui que nous en jouissons. Nous devenons ainsi l’objet présent et actuel de la faveur de Dieu le Père, comme Christ lui-même en est l’objet. Le Père nous a donnés à Lui ; Christ est mort pour nous, nous a rachetés, lavés, vivifiés, et nous présente, selon l’efficacité de son œuvre et selon l’acceptation de sa personne, devant Dieu son Père. Le secret de toute la bénédiction de l’Assemblée, c’est qu’elle est bénie avec Jésus lui-même ; et ainsi — de même que Lui, envisagé comme homme — elle est acceptée devant Dieu ; car l’Assemblée est son corps [(1:23)] et jouit en Christ et par Lui de tout ce que le Père Lui a conféré. Individuellement, le chrétien est aimé comme Jésus a été aimé par le Père, ici-bas ; il aura part plus tard, à la vue du monde, à la gloire de Christ, preuve qu’il était aimé ainsi en relation avec le Père, nom que Dieu prend à cet égard (voyez Jean 17:23-26). C’est pourquoi en général dans cette épître, le croyant est vu en Christ, et non Christ dans le croyant, bien que naturellement cela soit vrai. On est ainsi conduit à considérer les privilèges du croyant et de l’Assemblée plus que la plénitude de Christ lui-même, et nous trouvons davantage ici le contraste de cette nouvelle position avec celle où nous étions dans le monde, que le développement de la vie de Christ, sujet plus largement traité dans l’épître aux Colossiens, qui considère davantage Christ en nous. Mais l’épître aux Éphésiens, qui nous place en Christ en relation avec Dieu le Père, et assis dans les lieux célestes [(2:6)], donne le caractère le plus élevé à notre témoignage ici-bas.

Double relation, avec Dieu et avec le Père, comme celle du Seigneur
Or Christ est dans une double relation avec Dieu son Père : il est homme parfait devant son Dieu ; il est Fils avec son Père. Nous chrétiens, nous devons participer à l’une et l’autre de ces deux relations. Christ l’a annoncé à ses disciples avant de retourner au ciel. Il le montre pleinement en leur disant : « Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu » [(Jean 20:17)]. Cette précieuse, cette inappréciable vérité, fait ici la base de l’enseignement de l’apôtre. Il considère Dieu sous le double point de vue de Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, et de Père de notre Seigneur Jésus Christ [(1:3)] ; nos bénédictions se rapportent à ces deux titres.

La vérité est présentée en partant des conseils et des voies de Dieu
Les conseils de Dieu sont la base de l’enseignement de l’épître
Mais avant de tenter d’exposer en détail la pensée de l’apôtre, remarquons qu’il commence ici entièrement avec Dieu, ses pensées et ses conseils, et non pas avec ce qu’est l’homme. On peut saisir la vérité par l’un ou l’autre de ces deux bouts, si je peux m’exprimer ainsi : on peut partir de l’état du pécheur, en rapport avec la responsabilité de l’homme, ou partir des pensées et des conseils éternels de Dieu en vue de sa propre gloire. C’est par ce dernier côté que l’Esprit nous fait ici envisager la vérité. La rédemption même, toute glorieuse qu’elle est en elle-même, est reléguée à la seconde place comme n’étant que le moyen par lequel nous jouissons de l’effet des conseils de Dieu.

Voies de Dieu vues depuis Ses pensées, à l’inverse de l’épître aux Romains
Il était nécessaire que les voies de Dieu fussent envisagées au point de vue de ses propres pensées, et non seulement simplement au point de vue des moyens d’amener l’homme dans la jouissance et le résultat de ces pensées. C’est l’épître aux Éphésiens qui nous les présente ainsi. Quant à celle aux Romains, après avoir dit que c’est la bonté de Dieu, elle commence par la fin de l’homme ; démontrant le mal et présentant la grâce pour y faire face et pour en délivrer.