LA VIE DE
JÉSUS
CHAPITRE III
Les souffrances et la
mort de Jésus.
131. Immédiatement après la mort de Jésus.
En même temps, le voile
du temple se déchira en deux depuis le haut jusqu'en
bas. Le Père commence de rendre
témoignage à son Fils par des miracles symboliques.
Le lieu très saint, où se trouvaient l'arche de
l'alliance et le propitiatoire, était séparé du lieu
saint par un voile de trente coudées de longueur et
de quatre doigts d'épaisseur. Ce voile devait
rappeler au peuple que ce sont leurs péchés qui ont
fait la séparation entre eux et leur Dieu, et que
les pécheurs ne peuvent avoir aucun accès auprès de
lui. Il était permis au seul souverain sacrificateur
d'entrer une fois l'année dans le lieu très saint,
avec le sang qu'il offrait pour les péchés. C'était
une image de ce qui s'est accompli en Golgotha. Le
vrai souverain sacrificateur, Jésus-Christ, est
entré avec le sang du sacrifice de lui-même dans le
sanctuaire céleste, après avoir délivré son âme du
voile de sa chair. Les pécheurs qui étaient séparés
de Dieu, ont maintenant, grâce au sang de la
réconciliation offert par le Fils de Dieu, un libre
accès an lieu très saint du ciel et au coeur
paternel de Dieu. Le déchirement du voile du temple
signifie que les sacrifices de l'Ancien Testament.
n'ont plus aucune valeur, puisque le Père a accepté
le sacrifice parfait, et que le souverain
sacrificateur, Jésus, peut toujours sauver ceux qui
s'approchent de Dieu par lui.
La terre trembla
et les rochers se fendirent. C'est là un
témoignage de deuil et d'honneur que le
Tout-puissant fait rendre à son Fils. L'ancien et
puissant Jéhovah, le dominateur des forces de la
nature, montre qu'il vit encore. Il prêche par
l'organe des pierres. Ce qu'il y a de plus solide et
de plus dur se brise à la mort de Christ ; mais les
coeurs des hommes sont plus durs que les rochers.
Bien peu en furent émus.
Des sépulcres s'ouvrirent et plusieurs des corps des
saints qui étaient morts ressuscitèrent ; et étant
sortis de leurs sépulcres après la résurrection, ils
entrèrent dans la sainte cité et furent vus de
plusieurs personnes. Le Prince de la vie,
le vainqueur de la mort, brise les prisons de la
mort, pour montrer qu'il lui a ravi sa puissance et
qu'il a mis en évidence la vie et l'immortalité. Les
os desséchés commencent à faire entendre un
bruissement qui est le langage de la grande
résurrection des morts. C'étaient des saints qui
ressuscitaient, non qu'ils fussent sans péchés, mais
parce que le Saint-Esprit les avait amenés à croire
au Sauveur des pécheurs et à mettre en lui toute
leur espérance. Il y en avait certainement parmi eux
qui avaient connu Jésus, qui avaient cru en lui, et
étaient morts avant lui. Ils devaient aussi être
connus de ceux dont leur résurrection était destinée
à fortifier la foi. Car ce que le mauvais riche
avait souhaité pour ses frères, était arrivé à
plusieurs habitants de Jérusalem.
Et le centenier
et ceux, qui gardaient Jésus avec lui, ayant vu le
tremblement de terre et tout ce qui était arrivé,
furent fort effrayés et dirent : Certainement cet
homme était juste, c'était le Fils de Dieu.
Un centurion impérial, qui est en même temps un
confesseur et un adorateur de Christ, comme cela est
précieux ! Y a-t-il aujourd'hui beaucoup de pareils
officiers ? Espérons qu'il y en a plus que nous ne
le pensons. Et tout le
peuple qui s'était assemblé à ce spectacle, voyant
les choses qui étaient arrivées, s'en retournait en
se frappant la poitrine. Le merveilleux
langage du Dieu tout-puissant n'avait cependant pas
été complètement oublié ; il avait agi sur les
coeurs des habitants, et les avait préparés à
écouter la prédication de Pierre le jour de la
Pentecôte. Faut-il donc que les coeurs des chrétiens
d'aujourd'hui soient plus épais que le voile du
temple, plus insensibles que la terre, plus durs que
les rochers, plus fermés que les sépulcres, plus
incrédules que les païens ?
Or les Juifs, de
peur que les corps ne demeurassent sur la croix le
jour du Sabbat, (car c'en était la préparation, et,
ce Sabbat était un jour fort solennel) prièrent
Pilate de leur faire rompre les jambes et qu'on les
ôtât. Ils ont
crucifié le Seigneur de la loi et ils ne se tiennent
pas pour souillés. Maintenant ils se montrent
zélés pour la loi qui défend de laisser les corps
attachés à la croix pendant la nuit, de peur que le
pays ne soit souillé pendant la journée de la pâque
sabbatique ! C'est pourquoi ils prient Pilate de
faire rompre les jambes des suppliciés et de
permettre qu'on descende leurs corps de la croix.
Les soldats
vinrent donc et rompirent les jambes au premier et
ensuite de l'autre qui était crucifié avec lui. Mais
lorsqu'ils vinrent à Jésus, voyant qu'il était déjà
mort, ils ne lui rompirent point les jambes ; mais
un des soldats lui perça le côté avec une lance, et
aussitôt il en sortit du sang et de l'eau.
Le corps de Jésus, qui était sur le point d'être
glorifié par la résurrection, ne devait plus être
maltraité ni mutilé. Le côté ouvert du Seigneur est
une source abondante, permanente et inépuisable de
consolations, de forces et de salut. Comme signe de
la mort du Sauveur, son sang s'était décomposé et
l'élément aqueux s'était séparé.
Et celui qui l'a
vu en a rendu témoignage (et son témoignage est
véritable, et il sait qu'il dit vrai) afin que vous
croyiez. Jean déclare, comme témoin
oculaire, que Jésus a été crucifié sous ses yeux et
qu'il est mort. Et c'est en souvenir de ce qu'il a
vu sur la croix, qu'il écrit dans son Épître : «
C'est ce même Jésus, le Christ, qui est venu avec
l'eau et avec le sang : non seulement avec l'eau,
mais avec l'eau et avec le sang »(l
Jean V, 6). On a eu parfaitement raison de dire
que les sacrements de l'Eglise sont découlés du
flanc ouvert de Jésus. L'eau est celle du baptême,
et le sang celui de la nouvelle alliance dans la
sainte Cène.
Or, cela arriva,
afin. que cette parole de l'Écriture fût accomplie.
« Aucun de ses os ne sera rompu. » Et
ailleurs l'Écriture dit encore :«
Ils verront celui qu'ils ont
percé. Quiconque refuse de le contempler
sur la croix, avec un coeur repentant pendant le
temps de grâce sera obligé de le reconnaître à ses
cicatrices lorsqu'il viendra dans son corps
glorifié, avec une grande puissance et une grande
gloire. » Voici il vient sur les nuées du ciel, et
tout oeil le verra, même ceux qui l'ont percé ; et
toutes les tribus de la terre se frapperont la
poitrine en le voyant. Oui, amen ! (Apoc.
I, 7).
132. Descente de la croix et ensevelissement de
Jésus.
Jésus mourut entre trois et quatre heures de
l'après-midi, et la loi ordonnait que les corps
fussent enlevés de la croix à six heures du soir.
Et le soir étant venu, comme
c'était le jour de lapréparation, c'est-à-dire la
veille du Sabbat, un homme riche, appelé Joseph, qui
était d'Arimathée, ville de Judée, et qui était
sénateur, homme de bien, et juste, qui n'avait point
consenti au dessein des autres, qui attendait aussi
le règne de Dieu, qui était disciple de Jésus, mais
en secret, parce qu'il craignait les Juifs, vint
avec hardiesse vers Pilate et lui demanda le corps
de Jésus pour l'ensevelir. Lorsque Pilate eut appris
par le centenier que Jésus était déjà mort, il donna
le corps à Joseph, et Joseph ayant acheté un
linceul, le descendit de la croix. Nicodème, qui au
commencement était venu de nuit vers Jésus, y vint
aussi, apportant environ cent livres d'une
composition de myrrhe et d'aloès, comme les Juifs
ont accoutumé d'ensevelir. Joseph et
Nicodème étaient tous deux des hommes timides.
Depuis longtemps ils aimaient Jésus, mais leur
crainte des Juifs les empêchait de le confesser.
Maintenant leur foi cachée se montre subitement. Ils
n'osèrent pas la manifester, aussi longtemps que
Jésus vivait, enseignait et faisait des miracles.
Mais en ce moment où tout est fini, où les plus
forts sont tombés, où les plus fidèles se sont
éloignés de la croix pour se livrer à leur tristesse
dans une solitude silencieuse, en ce moment, ceux
qui jusqu'ici avaient été craintifs, se montrent et
se déclarent publiquement pour le crucifié. Celui
que leurs coeurs aimaient, qu'ils n'ont pas confessé
pendant sa vie, ils le confessent en face du monde
entier, maintenant qu'il est l'objet de la
réprobation générale.
On avait l'intention d'enterrer Jésus
comme un méchant, et d'enfouir ses os dans le sable,
mais il est arrivé, comme l'Écriture l'avait
prédit,« qu'il a été avec le riche en sa mort ». (Ésaïe
LIII, 9.) Jésus a été enrichi deux fois dans sa
pauvreté, d'abord à sa naissance, lorsque les mages
d'Orient lui offrirent leur or, puis à sa mort. Du
reste, il n'avait pas un lieu où reposer sa tête.
C'est Pilate, le gouverneur païen qui livre le corps
de Jésus, puisque les Juifs l'ont rejeté. Pilate le
remet aux mains d'un sénateur Juif. C'est ainsi que
les Juifs ont repoussé Jésus et que les païens l'ont
reçu. Lorsque la plénitude des païens sera entrée
dans le royaume de Dieu, alors ils le rendront aux
Juifs et ainsi tout Israël se convertira et sera
sauvé.
Joseph et Nicodème n'ont pas honte des
membres sanglants du Sauveur. Ils descendirent le
corps de la croix. C'était un douloureux travail que
d'arracher ces clous l'un après l'autre, afin de
dégager le corps du Crucifié. - Les péchés des
enfants sont autant de clous enfoncés dans le
cercueil de leurs parents. - De même nos péchés sont
les clous qui ont attaché Jésus à la croix.
Quiconque sent cela avec honte et douleur, se joint
à Joseph d'Arimathée pour les arracher. Nous en
retirons un chaque fois que, après avoir commis une
faute, nous l'arrosons des larmes de la repentance.
Et lorsque cette repentance nous porte à nous
frapper la poitrine et à nous écrier : « 0 Dieu,
sois apaisé envers moi qui suis pécheur », et que
nous ouvrons les bras de notre foi pour embrasser le
Sauveur crucifié, alors nous le descendons de la
croix pour le faire habiter dans nos coeurs.
Or, il y avait
un jardin au lieu où il avait été crucifié, et dans
ce jardin un sépulcre neuf que Joseph avait fait
tailler pour lui-même dans le roc, et où personne
n'avait été mis. Jésus, qui est mort pour
des péchés commis par d'autres, est inhumé dans un
jardin appartenant à un autre. Celui qui est mort
pour les malfaiteurs, repose dans le tombeau du
pieux Joseph. C'est ainsi que Jésus meurt encore
spirituellement aujourd'hui dans les coeurs des
méchants et repose dans les coeurs des justes. Jésus
a été déposé dans un sépulcre neuf où il se trouve
seul : c'est ainsi qu'il veut aussi tout seul
occuper et remplir nos coeurs. Il ne souffre rien
d'autre à côté de lui. Du sépulcre neuf de Joseph
s'échappe un rayon de gloire qui brille sur tous nos
sépulcres. Dès lors, nos tombeaux ne sont plus les
prisons de la mort, des lieux qui remplissent
d'horreur ; ce sont des semences de résurrection, ce
sont les portes de la vie éternelle.
Et les femmes
qui étaient venues de la Galilée avec Jésus,
Marie-Madeleine et Marie mère de Jose, étaient là
assises vis-à-vis du sépulcre, et elles remarquèrent
où il était et comment le corps de Jésus y avait été
mis. Les femmes furent plus fidèles à
Jésus que les hommes. Elles sont les dernières au
pied de la croix et au sépulcre et les premières à
le voir après sa résurrection.
Joseph roula une pierre à
l'entrée du sépulcre. Et s'en étant allées,elles
préparèrent des drogues aromatiques et des parfums,
et elles se reposèrent le jour du sabbat, selon la
loi. Elles voulaient préserver le corps
du Sauveur des profanations des méchants. Si le
sabbat n'eût pas été aussi rapproché, Joseph et
Nicodème l'eussent certainement transporté beaucoup
plus loin pour le mettre en sûreté ; mais à cause de
la proximité du sabbat, il avait fallu faire usage
de ce sépulcre, qui était tout près du lieu du
supplice. Du moins, ils voulurent protéger ces
précieux restes contre les injures des ennemis, en
fermant l'entrée du caveau par une fort grande
pierre. - Lorsque Christ fut sorti vivant du
tombeau, le sabbat de l'Ancienne-Alliance fut aboli
par Dieu lui-même. Ainsi celui qu'observèrent ces
femmes était le dernier. Le peuple de Dieu célèbre
le jour de la résurrection comme le jour de repos de
la Nouvelle-Alliance.
Le jour suivant,
qui était le lendemain de la préparation du sabbat,
les principaux sacrificateurs et les pharisiens
allèrent ensemble vers Pilate et lui dirent :
Seigneur, nous nous souvenons que quand ce séducteur
vivait, il disait : Je ressusciterai le troisième
jour. Ils traitent Jésus de séducteur.
Nous l'appelons, nous, un guide qui conduit au
salut. Le Christ mort leur cause presque, plus de
frayeur que le Christ vivant. Il parait maintenant
qu'ils avaient très bien compris la parole de Jésus
relative à la reconstruction du temple au bout de
trois jours. Ils l'avaient donc tordue
intentionnellement pour en faire un sujet de
condamnation.
Commande donc
que le sépulcre soit gardé sûrement jusqu'au
troisième jour, de peur que ses disciples ne
viennent de nuit et n'enlèvent son corps, et qu'ils
ne disent au peuple : Il est ressuscité des morts.
Cette dernière séduction serait pire que la première.
La parole du Seigneur était restée dans leurs coeurs
comme une épine acérée et douloureuse, puisqu'ils se
demandaient :« Que serait-ce si cela était vrai ?
Que serait-ce s'il était réellement le Messie et
qu'il fût ressuscité ? Que nous arriverait-il ? »
Les ennemis actuels de la croix de Christ ne sont
pas non plus exempts de ces soucis rongeurs dans les
profondeurs de leur conscience. Ils cherchent bien à
calmer cette inquiétude de leurs coeurs ; ils
regimbent contre l'aiguillon. Mais nul ne peut
parvenirà la ferme assurance que tout l'Évangile
n'est que mensonge et tromperie. Ils sont incapables
de chasser cette pensée qui revient toujours :« Cet
Évangile pourrait cependant être vrai ! »
Pilate leur dit
: Vous avez la garde : allez, et faites-le garder
comme vous l'entendrez. Les Juifs
espèrent par ce moyen empêcher le Seigneur de
ressusciter.« Quelque action, disent-ils, telle
qu'en commettent les méchants, s'est attachée à lui,
et celui qui est couché ne se relèvera plus ! »
Mais après que le sabbat fut
passé, comme le premier jour de la semaine
commençait à luire, il se fit un grand tremblement
de terre, car un ange du Seigneur descendit du ciel
et vint rouler la pierre de devant l'entrée du
sépulcre ; et de la frayeur que les gardes en
eurent, ils furent tout émus et devinrent comme
morts. Mais quelques-uns de ceux de la garde vinrent
en ville et rapportèrent aux principaux
sacrificateurs tout ce qui était arrivé.
Cette déposition de leurs propres témoins leur
suffit à peine pour calmer leur conscience
angoissée. Alors ils
s'assemblèrent avec les sénateurs, et après qu'ils
eurent délibéré, ils donnèrent une bonne somme
d'argent aux soldats et leur dirent : Dites : Ses
disciples sont venus de nuit et ont dérobé son corps
pendant que nous dormions. Et si ceci vient à la
connaissance du gouverneur, nous l'apaiserons et
nous vous tirerons de peine. Et les soldats ayant
pris l'argent, firent comme ils avaient été
instruits ; et ce bruit a été divulgué parmi les
Juifs jusqu'à aujourd'hui. Ce que les
Juifs font pour empêcher la propagation de ce
prétendu mensonge, Dieu s'en sert pour établir
d'autant plus fortement la vérité.
Ils ont gardé le sépulcre et scellé la
pierre ! - Ce que les Juifs font par une incrédulité
hostile, nous voulons le faire par une fidélité
convaincue. Si nous avons reçu Christ dans nos
coeurs, nous voulons l'y enfermer par le sceau des
sacrements, et prier le Saint-Esprit de le garder
lui-même. Le sépulcre n'a pas pu retenir le Seigneur
de gloire. Nous n'adorons pas une grandeur tombée
qui repose dans la poussière. Nous avons un Sauveur
vivant. Alléluia !
Il s'est
assis à la droite du Père. À lui soit gloire
d'éternité en éternité ! Amen ! |