Page 74 - HISTOIRE SECRETE DES JESUITES

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dernière est plus étendue, car elle s'empare
toujours de l'homme tout entier et elle ne se
contente pas, comme la première, de l'acte
extérieur, elle exige le sacrifice de la volonté, la
suspension du jugement propre»(16). Ignace
écrit lui-même dans sa lettre aux Jésuites du
Portugal «que l'on doit voir noir ce qui apparaît
blanc, si l'Église le déclare ainsi.» Tel est ce
«sommet de la liberté», telle est cette «libération
de l'esclavage de nous-mêmes», vantés plus haut
par le R.P. Rouquette. Certes, le jésuite est
vraiment libéré de soi-même, puisqu'il est
entièrement asservi à ses chefs et que tout
doute, tout scrupule lui serait imputé à péché.
«Dans les additions aux «Constitutions», écrit M.
Boehmer, il est conseillé aux supérieurs, pour
éprouver les novices, de leur commander,
comme Dieu à Abraham, des choses en
apparence criminelles, tout en proportionnant
ces tentations aux forces de chacun. On imagine
sans peine quels pouvaient être les dangers
d'une pareille éducation»(17).