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dans son mysticisme simpliste, en retard sur
son siècle. Il ne l'était pas moins en matière de
discipline ecclésiastique et, d'une façon générale,
dans sa conception de la subordination. Les
«Constitutions», qui sont, avec les «Exercices», le
monument fondamental de la pensée
ignacienne, ne laissaient aucun doute à ce sujet.
Quoi qu'en aient pu dire - aujourd'hui surtout -
ses disciples, pour ne pas heurter de front les
idées modernes en cette matière, l'obéissance
tient dans ce compendium des règles de l'Ordre
une place toute particulière, et, sans contredit,
la première. M. Folliet peut prétendre n'y voir
que «l'obéissance religieuse» tout court,
nécessaire à toute congrégation; le R.P.
Rouquette peut écrire audacieusement: «Loin
d'être une diminution de l'homme, cette
obéissance, intelligente et voulue, est le sommet
de la liberté... elle est une libération de
l'esclavage de nous-mêmes...», il suffit de se
reporter aux textes pour saisir le caractère
outrancier et même monstrueux de cette
soumission de l'esprit et de l'âme imposée aux