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l'Enfer a la plus large part dans ce défilé de
lanterne magique, avec sa mer de flammes où se
débattent les damnés, l'affreux concert des
hurlements, l'atroce puanteur du soufre et de la
chair grillée. Cependant, le Christ est toujours là
pour soutenir le visionnaire, qui ne sait
comment lui rendre grâces de n'avoir pas été
encore précipité dans la géhenne pour le prix de
ses péchés passés. «Or, a écrit Edgar Quinet, ce
ne sont pas les visions seules qui sont ainsi
imposées; ce que vous ne supposeriez jamais, les
soupirs même sont notés, l'aspiration, la
respiration est marquée, les pauses, les
intervalles de silence sont écrits d'avance comme
sur un livre de musique. Vous ne me croiriez
pas, il faut citer: «Troisième manière de prier en
mesurant d'une certaine façon les paroles et les
temps de silence». Ce moyen consiste à omettre
quelques paroles entre chaque souffle, chaque
respiration; et un peu plus loin: «Que l'on
observe bien les intervalles égaux entre les
aspirations, les suffocations et les paroles». (Et
paria anhelituum ac vocum interstitia observet);