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9. LES ANNÉES D'AVANT-GUERRE
Ainsi, comme l'écrit l'abbé Brugerette: «Sous
l'image de Jésus crucifié, symbole divin de l'idée
de justice, «La Croix» avait coopéré avec passion
à l'œuvre du mensonge et au crime contre la
vérité, le droit et la justice.»(106) Cette dernière
avait cependant triomphé, à la fin, et l'abbé
Frémont, qui ne craignait pas d'évoquer à
propos de l'Affaire la sinistre croisade suscitée
par Innocent III contre les Albigeois, se montrait
bon prophète quand il disait: «Les catholiques
triomphent et s'imaginent qu'ils vont renverser
la République sous la haine des Juifs. Ils ne
renverseront qu'eux-mêmes, je le crains.»(107)
En effet, l'opinion une fois éclairée, la réaction
était fatale. Ranc tirait la leçon de l'Affaire en
s'écriant: «Ou la République brisera le pouvoir
congréganiste ou elle sera étranglée». En 1899,
un ministère «de défense républicaine» est
constitué: le Père Picard, supérieur des
Assomptionnistes, le Père Bailly, directeur de «La
Croix» et dix autres religieux de cet Ordre
passent en jugement devant le tribunal