Page 251 - HISTOIRE SECRETE DES JESUITES

Version HTML de base

251
l'époque, le sont aussi. L'intérêt de l'armée exige
le sacrifice de Dreyfus; il ne faut pas toucher à la
sentence de 1894».
On demeure stupéfait aujourd'hui à là pensée
qu'un pareil argument ait pu être invoqué pour
justifier, si l'on ose s'exprimer ainsi, une
condamnation inique. Il en fut ainsi cependant
tout au long de l'Affaire qui ne faisait que
commencer. Certes,
on se trouvait alors en
pleine fièvre antisémite
. Les violentes diatribes
d'Edouard Drumont, dans la «Libre Parole»,
désignaient chaque jour les enfants d'Israël
comme des agents de corruption et de
dissolution nationales. Le préjugé défavorable
ainsi créé inclinait une bonne, partie de l'opinion
à croire, «a priori», à la culpabilité, de Dreyfus.
Mais, plus tard, quand l'innocence de l'accusé
apparut évidente, l'argument monstrueux, de
l'«infaillibilité» du tribunal militaire, n'en fut pas
moins soutenu, et désormais avec le plus parfait
cynisme.