Page 246 - HISTOIRE SECRETE DES JESUITES

Version HTML de base

246
dégradation militaire. Trois mois plus tôt, notre
service de renseignements était entré en
possession, à l'ambassade d'Allemagne, du
bordereau d'envoi de divers documents
intéressant la défense nationale, et il avait
constaté une similitude entre l'écriture de ce
bordereau et celle du capitaine Dreyfus.
Aussitôt, on s'était écrié à l'état-major: «C'est
lui, c'est le juif»
. Il n'existait que cette
présomption et la trahison n'avait pas
d'explication psychologique (Dreyfus était bien
noté, riche, et il menait une vie rangée); le
malheureux n'en a pas moins été incarcéré et
traduit en conseil de guerre après une enquête
d'une légèreté et d'une partialité qu'explique seul
un jugement préconçu. Par surcroît, on
apprendra plus tard qu'un dossier secret a été
communiqué aux juges sans que le défenseur de
l'accusé en ait eu connaissance... «Cependant,
les fuites ont continué à l'état-major après
l'arrestation de Dreyfus, et le commandant
Picquart, chef du service de renseignements à
partir de juillet 1895, prend connaissance d'un