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matières profanes et de donner satisfaction à la
soif de savoir éveillée par la Renaissance. On sait
qu'ils s'y appliquèrent avec bonheur, non sans
prendre toutes les précautions nécessaires pour
que ce savoir ne tournât pas contre le but même
de leur enseignement: le maintien des esprits
dans l'obéissance envers l'Église. De là, ce
«grand réseau de prières» dont leurs élèves sont
tout d'abord «enveloppés». Mais il serait
insuffisant si la culture qu'on leur départit
n'était soigneusement expurgée de tout esprit
hétérodoxe. Ainsi, le grec et le latin, ce dernier
surtout fort en honneur dans ces collèges,
seront bien cultivés pour leur valeur littéraire,
mais on n'exposera quelque peu la pensée
antique qu'afin d'établir la prétendue supériorité
de la philosophie scolastique. Ces «humanistes»,
que l'on se propose de former, sauront composer
des discours et des vers latins, mais ils n'auront
pour maître à penser que saint Thomas d'Aquin,
un moine du XIIIe siècle !