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tzar Ivan, qui avait été assassiné, et se déclara
tout prêt à soumettre Moscou à Rome, s'il
devenait le maître du trône des tzars. Sans y
réfléchir davantage, les Jésuites prirent l'affaire
en mains, conduisirent Ostrepjew dans la
maison du palatin de Sandomir, qui lui donna
sa fille en mariage, se firent les avocats de ses
prétentions auprès du roi Sigismond III et du
pape, et obtinrent la levée d'une armée polonaise
contre le tzar Boris Godounov. En récompense
de ces services, le faux Dimitri abjura, dans une
maison des Jésuites à Cracovie, la religion de
ses pères et promit à l'Ordre de lui accorder un
établissement à Moscou, dans le voisinage du
Kremlin, après sa victoire sur Boris.
«Mais ce fut justement la faveur des religieux
catholiques qui déchaîna contre Dimitri la haine
des Russes orthodoxes. Le 27 mai 1606, il fut
massacré avec plusieurs centaines de Polonais.
Jusqu'alors on pouvait à peine parler d'un
sentiment national russe; mais maintenant ce
sentiment se manifestait avec une force énorme,