HÉRÉSIE DU DISPENSATIONALISME ÉVANGÉLIQUE

 

Par Jean leDuc

Avril 2020

 

RÉFUTATION DU DISPENSATIONALISME

 

Qu’est-ce que le dispensationalisme ? 

 

Les faux prophètes du dispensationalisme 

 

L'Enlèvement Secret 

 

Perversion doctrinale de C.I. Scofield 

 

Les Jésuites source du Futurisme 

 

Le faux fondement du Dispensationalisme 

 

La raison d’être du dispensationalisme 

 

La Bible et les dispensations 

 

Le littéralisme du dispensationalisme 

 

Quelques caractéristiques du dispensationalisme 

 

Israël et l’Église 

 

L’Église et le Royaume 

 

La relation entre l’Église et la postérité d’Abraham 

 

L’Église dans le dispensationalisme ? 

 

Le salut dans le dispensationalisme 

 

Récapitulation 

 

Notes de l’article

 


 

RÉFUTATION DU DISPENSATIONALISME

 

"Les écrits et les discours sur la prophétie excitent toujours l'intérêt, parce qu'ils font appel à l'élément de curiosité qui prédomine dans la nature humaine déchue, mais ces écrits et ces discours ne sont utiles que dans la mesure où ils interprètent correctement l'Écriture. D'un autre côté, les écrivains sur des thèmes prophétiques sont constamment tentés de se livrer à des conjectures et à des spéculations, et même à des envolées d'imagination: on a beaucoup parlé d'interprétation de la prophétie qui n'a pas été prouvée, mais ne peut être réfutée sauf, comme dans les cas où des dates ont été fixées pour la venue du Christ, par l'événement lui-même. Il y a aussi le phénomène insensé des prophéties modernes que l'on retrouve surtout parmi les tarés et zigotos du mouvement charismatique où nous trouvons des exagérations et des insanités de tous genres par des imbéciles, des rescapés de la chambre ronde qui croient en leurs propres stupidités. Ce phénomène est populaire surtout parmi ceux qui chassent des démons imaginaires de personnes susceptibles à de telles folies.

 

Le renommé Philip Mauro disait la même chose juste après le tournant du siècle. À cette époque, la populaire et dangereuse Scofield Reference Bible (Bible Scofield) venait d'apparaître sur le marché du livre chrétien avec sa prétention de restaurer la «vérité dispensatrice» à l'Église, donnant naissance à la Grande Apostasie. Avec beaucoup d'habileté et de lisibilité, le travail de Mauro répudie avec justesse la «théorie des parenthèses» qui a été perpétuée de nos jours par les écrivains dispensationalistes modernes sur la prophétie et pose les bases de l'enseignement biblique concernant le destin de la nation d'Israël. Signalons toutefois que l'Israël est un faux Israël. Il s'agit en fait de la résurgence de l'ancien empire des Khazars en 1948, qui par subterfuge politique, prit le nom d'Israël, séduisant le monde entier, sauf les élus. La bête de l'abîme venait d'apparaître (Apocalypse 17:6-7) et tout le christianisme contrefait moderne plia le genou devant elle.

 

Les livres de Philip Mauro sont nécessaires à toute la chrétienté moderne qui s'est égarée suite aux faux enseignements de Darby et de Scofield. Ils sont une grande bénédiction et une instruction saine et compétente du sujet qui ne manqueront pas d'en éclairer un grand nombre.

 

La présentation suivante de la théologie des alliances est d’un point de vue calviniste et une réfutation du dispensationalisme grandement nécessaire de nos jours, c’est pourquoi nous prenons la peine de le relayer dans le contexte de cette étude.

 

Qu’est-ce que le dispensationalisme ?

 

C’est un courant d’interprétation qui divise l’histoire biblique du salut en plusieurs périodes, qui sont nommées dispensations, ou économies. Le dispensationalisme s’est développé progressivement à partir du XVIIe siècle avec les précurseurs protestants, Pierre Poiret (L’Économie divine, 1687), John Edwards (A Complete History or Survey of All the Dispensation, 1699) et Isaac Watts (The Harmony of All the Religions which God ever Prescribed to Men and all its Dispensations towards them). Puis le faux prophète et pseudo-chrétien John Nelson Darby (1800-1882) a systématisé et répandu le schéma dispensationaliste dans les milieux évangéliques. Il établissait un modèle de sept dispensations distinctes:

1ère Dispensation — De l’état paradisiaque au déluge; 2ème Dispensation — Noé; 3ème Dispensation — Abraham; 4ème Dispensation — Israël A. Sous la loi, — B. Sous le sacerdoce, — C. Sous les rois; 5ème Dispensation — Les Gentils; 6ème Dispensation — L’Esprit; 7ème Dispensation — Le Millénium. À celles-ci nous pourrions ajouter une 8ème Dispensation — Celle de la folie des hommes qui s'imaginent détenir la vérité.

 

Par la suite, Cyrus Scofield avec sa Bible assortie de commentaires tendancieux et astucieux, ayant repris le schéma de Watts, a contribué grandement à populariser la vision dispensationaliste (1), au point qu’elle a presque supplanté l’explication théologique de l’Alliance chez les descendants des Réveils évangéliques. Voici son modèle:

1ère Dispensation — L’homme innocent (Eden); 2ème Dispensation — L’homme sous la Conscience (jusqu’au Déluge); 3ème Dispensation — L’homme détenteur de l’autorité sur la terre (descendance de Noé); 4ème Dispensation — L’homme sous la Promesse (les patriarches); 5ème Dispensation — L’homme sous la Loi (alliance de la loi); 6ème Dispensation — L’homme sous la Grâce (temps de l’Église, quoique Scofield ne la mentionne pas expressément); 7ème Dispensation — L’homme sous le règne personnel de Christ (millénium et dernière révolte).

 

Scofield note: «Chacune de ces dispensations peut être considérée comme une nouvelle mise à l’épreuve de l’homme naturel, mais chacune se termine par le jugement, manifestant l’échec complet de l’homme naturel dans chaque dispensation. Cinq de ces dispensations, ou périodes de temps, sont déjà achevées; nous vivons dans la sixième, probablement vers sa fin, et nous avons devant nous la septième et dernière, le millénium».

 

Une dispensation donc est estimée être une période spéciale de temps initiée par une révélation supplémentaire de Dieu, impliquant une responsabilité humaine supplémentaire (2) d’obéissance et de fidélité et dont le déroulement manifeste la faillite inexorable de l’homme envers les engagements que Dieu aurait contractés pour lui. Il s’ensuit donc que face à cet échec – prévu ? – le Tout-Puissant serait dans l’obligation de manifester sa gloire en décrétant un jugement sur l’infidélité qui mettra fin à la dispensation en cours. Mais, et on le trouve surtout dans le courant darbyste, il y a toujours un Reste fidèle, un Résidu qui ne s’est pas corrompu et à cause (ou envers) qui Dieu inaugure une nouvelle dispensation qui sera elle aussi à son tour vouée à l’échec, et ainsi jusqu’au jour de la fin de toutes choses ! Le dispensationalisme dépeint donc une suite de tableaux historiques où l’homme échoue immanquablement dans le test de sa responsabilité, et où Dieu est seul glorifié au final. Dans cette vision, l’Éternel en donnant une mission dont il saurait à l’avance qu’elle ne pourrait être satisfaite, ferait passer la démonstration évidente de sa propre gloire au-dessus de son dessein de grâce envers sa créature déchue, ce que les dispensationalistes eux-mêmes revendiquent: «Pour le théologien de l’alliance, bien que la gloire de Dieu joue un grand rôle dans sa théologie, le dessein de Dieu vise surtout le salut des hommes. En revanche, pour le dispensationaliste le dessein de Dieu est sa propre gloire» (3).

 

Il semblerait bien que ceux-ci ignorent que la gloire de Dieu est manifestée au travers de son dessein salvateur envers le peuple qu’il s’est élu de toute éternité, comme le dit si bien la confession de foi de Wesminster: «Avant que ne soit posé le fondement du monde, Dieu a choisi en Christ, selon son dessein éternel et immuable, et selon le conseil secret et le bon plaisir de sa volonté, les êtres humains prédestinés à la vie et à la gloire éternelle. Il l’a fait par sa seule et pure grâce, par amour, et non par une considération préalable de leur foi, ou de leurs bonnes actions, ou de leur persévérance, ou de quelque autre condition ou cause que ce soit; le tout à la louange de sa grâce glorieuse. Comme Dieu a désigné les élus pour la gloire, il en a aussi, selon le dessein éternel et très libre de sa volonté, pré-ordonné tous les moyens nécessaires. C’est ainsi que les élus, déchus en Adam, sont rachetés par le Christ, et appelés efficacement à la foi en Christ par son Esprit qui agit au temps convenable. Ils sont justifiés, adoptés, sanctifiés, et gardés par son pouvoir, au moyen de la foi, en vue du salut. Il n’est d’autres rachetés par Christ, efficacement appelés, justifiés, adoptés, sanctifiés et sauvés, que les élus (4)».

 

Déjà à la fin du XVIIe siècle, les rédacteurs de la Formule du consensus helvétique (1675) mettaient en garde au canon 25: «Nous condamnons donc la doctrine de ceux qui croient nous étaler trois alliances entièrement distinctes les unes des autres, l’alliance naturelle, l’alliance légale et l’alliance de l’Évangile. Ils s’embarrassent si fort en pensant les expliquer, et en voulant déterminer la différence qu’il y a entre elles, qu’ils répandent une grande obscurité sur ce qu’il y a de plus important dans les vérités de la religion. Ils ne se font aucun scrupule de parler avec trop de relâchement de la nécessité qu’il y avait, sous le Vieux Testament, de connaître Jésus-Christ, de croire en lui, de se reposer sur sa satisfaction. La manière dont ils traitent la théologie nous paraît fort dangereuse».

 

Les faux prophètes du dispensationalisme

 

La secte des Frères Darbyste, connue aussi sous l'ancien nom de Piétistes, est néanmoins une présence réelle qui contribue à l'apostasie rampante de nos jours. Ils sont surtout reconnus comme les promoteurs de l'hérésie dangereuse du Prémillénarisme-Dispensationalisme dont ils en sont la source. Il est généralement admis que la première assemblée de la secte des frères s’est formée à Dublin en 1827. Un petit groupe de croyants, quelque peu déçus de la tiédeur de l’Église nationale (anglicane) se réunit là, dans la maison de l’un d’eux pour lire la Bible et prier, mais aussi pour partager la Sainte Cène. On connaît le nom de quatre de ces réprouvés, même si l’histoire les a un peu oubliés, et les darbystes aussi): - Deux étudiants en théologie âgés d’une trentaine d’années: Antony Groves et John-Gifford Bellett -Edward Cronin chez qui ils se réunissent et un dénommé Francis Hutchinson. Mais cette réunion de Dublin n’est que la partie visible de l’iceberg: Pour comprendre leur origine, regardons ce que le Centre de Consultation sur les Nouvelles Religions nous dit sur eux: «Assemblées de Frères ou Assemblées Évangéliques ou Frères de Plymouth. Mouvement de réveil à saveur millénariste, issu de l’Église Anglicane par son fondateur, John Nelson Darby, pasteur anglican (1800-1882). Les fidèles récusent l'appellation de «Darbystes» et ne veulent être que des «Frères». À l'origine, des groupes de «Frères», se forment en 1825 au Royaume-Uni autour d'une lecture assidue de la Bible et spécialement des prophéties, en rupture avec les églises officielles jugées affadies. En 1828, Darby dénonce plus fortement encore la collusion entre son église et l’État, et devient un prédicateur ambulant des «communautés libres» qui surgissent en Europe et en Amérique. Il annonce la proche fin du monde et rassemble le petit troupeau des vrais fidèles. Mais en 1848 son refus intransigeant de toute collaboration avec les autres confessions fait éclater le mouvement en Frères «étroits» et «larges» (ouverts aux autres chrétiens).».

 

La question de la succession apostolique a provoqué divers mouvements au sein de cette secte, dans la première moitié du 19e siècle. Pour Darby (1800-1882), cette succession s'est perdue dès les temps apostoliques. Depuis le Ie siècle, il n'y a plus d'Église visible selon lui. Dieu ne rétablissant jamais ce qui est ruiné, toute organisation ecclésiastique est contraire à la pensée de Dieu. Les supposés chrétiens doivent sortir de leurs diverses églises et se réunir, sans s'organiser, autour de la Table du Seigneur, en attendant son retour. Une assemblée importante, à Plymouth, adopta ses idées. Les membres s'appelaient Frères. Tous peuvent prendre part au culte, qui n'est présidé par personne; mais les femmes ne peuvent y prendre la parole.

 

Darby pratiquait un système d'excommunication très rigide. Les assemblées des Frères ne reconnaissent pas de ministère pastoral institué, l'autorité étant dévolue aux "Frères". Le culte consiste en prières spontanées, cantiques et célébration de la cène réservée strictement aux membres, les visiteurs devant présenter une lettre de recommandation de leur assemblée. Le darbysme prône une interprétation littérale de la Bible, le rigorisme moral, le refus du contact avec d'autres églises et l'abstention d'engagement politique. En ce qui concerne l'avenir de l'Église et l'accomplissement des prophéties bibliques, les Frères adhèrent à un ensemble d'enseignements connus sous le nom de dispensationalisme. Quelques Frères, entre autres George Muller, de Bristol, se séparèrent de lui, prenant le nom de Frères Larges. Une faction s'assembla avec Irving (1792-1834), un complice de Darby, pour renforcir les rangs de la secte des Irvingiens. Un des points saillants dans la vie de Darby est qu'il produisit sa propre traduction de la Bible dans laquelle il fit un grand nombre d'écarts en y changeant plusieurs mots (le mot adoration ne s'y trouve plus, ce qui fait que Jésus n'est plus adoré, et il changea aussi le mot église sans aucune justification). Les grands Réformateurs comme Luther, Calvin, et Bèze ont tous travaillé à produire une traduction intégrale juste et précise des Textes Originaux. Mais Darby ne fut pas un Réformateur, mais plutôt un «Déformateur» apostat qui abandonna le Texte Reçu des Réformateurs pour se prostituer à un texte falsifié qui provient des Codex Vaticanus et Sinaiticus. Cette version se vante dans sa Préface d'avoir abandonné le Texte Reçu des Réformateurs dès sa première édition du Nouveau Testament, publié en 1859, et plus complètement dans celles de 1872, 1875, 1878, ainsi que dans l'édition actuelle. Elle affirme que son Nouveau Testament est basé sur "la découverte de nombreux manuscrits, dont plusieurs fort anciens"; et elle se moque "des personnes qui craignaient que la foi ne fût ébranlée" par sa traîtrise, accusant même subtilement les Réformateurs "d'incurie et de présomption". Les manuscrits les plus anciens, dont elle parle dans sa Préface, correspondent au Codex Vaticanus, et principalement au Codex Sinaiticus découvert par A.F.C. Tishendorf dans les ordures du Couvent de Sainte-Catherine au Mont Sinaï entre 1844 et 1859, correspondant précisément à la date que les traducteurs de la Darby ont abandonné le Texte Reçu pour se prostituer à des manuscrits défectueux et corrompus. Les Frères Darbystes se servent donc d'une Bible Catholique pour propager leurs hérésies, et même là une Bible Catholique falsifiée.

 

L'Enlèvement Secret

 

La fausse doctrine de l’Enlèvement Secret fut introduite par le réprouvé Edward Irving qui a fondé l’Église Catholique Apostolique en 1832. On l’a destitué de l’enseignement à la chaire de prédicateur en 1832 et on l’a privé de la dignité de prêtre dans l’Église d’Écosse en 1833. On l’a expulsé de l’Église d’Écosse à cause de son traité où il a fait la conclusion que Christ possédait la nature humaine déchue. Il a enseigné qu’une grande tribulation devait se passer entre la résurrection des hommes justes et l’Enlèvement des Saints et le renversement de Satan suivant par le règne millénaire de Christ. Depuis, beaucoup de variantes du sujet de l’enlèvement ont surgi, cependant leur base reste le même. Les deux prédicateurs de l’enlèvement de la prétribulation, J.N. Darby et Irving, ont eu une influence considérable. La doctrine d’Irving de l’Enlèvement Secret se trouve être originaire de la vision spirite de Margarette McDonald au mois de mars, 1830, quand elle a parlé, étant en transe, de sa vision de l’avènement de Christ. C’était une occasion hystérique qui a pris la forme d'une rumeur et plus tard, elle est devenue une doctrine qui ne se base nullement sur le texte de la Bible. Cette doctrine diabolique a pénétré dans la Confrérie de Plymouth à l’aide de John Nelson Darby (1800–1882) qui l’a introduit dans l’interprétation prophétique générale. Cette théorie, donc, ne se fonde que sur le délire hystérique d’une jeune femme qui est tombée en transe au mois de mars, 1830, au temps où des visions occultes pareilles étaient à la mode. On nomme Darby le père du Dispensationalisme moderne, c’est pourquoi il est juste de l’accuser de la propagation de ce non-sens dangereux. On l’a élevé à une dignité de diacre à l’Église d’Angleterre en 1825, mais à cause de la liturgie fondamentale du clergé anglican à ce temps-là, lui et d’autres croyants désenchantés, se sont réunis et ont formé un mouvement neuf à Dublin, tout en faisant Plymouth leur centre, et c’est donc pourquoi ils sont devenus connus comme Confrérie de Plymouth. C’est par ce mouvement que Darby a propagé les doctrines d’Irving qui se fondait sur les visions occultes de madame McDonald. (Voir: La fausse doctrine de l'enlèvement et du retour de Jésus).

 

Le dispensationalisme en tant que système herméneutique fut développé par John N. Darby et ses amis vers les années 1830 au Royaume-Uni. John Darby fut l'un des principaux personnages du mouvement appelé «Frères de Plymouth» (Plymouth Brethern). En France, on les appela «Darbystes», un nom qu'ils rejettent. Les Frères se sont éventuellement divisés en deux grands groupes: «Frères étroits» (Darbystes) et «Frères larges» (ceux-ci ressemblent davantage aux Baptistes). Des conférences pour les études prophétiques étaient organisées entre 1831-33 dans le château connu sous le nom de Powerscourt Castle, et plus tard, elles étaient tenues à Dublin jusqu'en 1836. Darby avec d'autres frères assistèrent à ces conférences où Darby joua un rôle très important. Ce fut ici qu'on entendit parler pour la première fois de l'enlèvement de l'Église avant la «tribulation» (Matthieu 24:29). On enseigna aussi que la 70e semaine prophétique de Daniel, chapitre neuf, verrait son accomplissement après l'enlèvement de l'Église. Beaucoup d'évangéliques de diverses confessions suivent cette méthode qui fut ensuite vulgarisée par son incorporation dans les notes de la Bible de Scofield et plus tard par la Ryrie Study Bible. Au travers de leurs missionnaires et de leurs bibles falsifiées, cette façon de voir fut disséminée dans des pays de mission: l'Europe, l'Amérique latine, l'Afrique, etc. Les dispensationalistes interprètent Daniel 9:27 en disant que "celui qui confirmera l'alliance et fera cesser le sacrifice et l'oblation" est l'Antichrist qui, selon eux, fera une alliance de sept ans avec Israël. Mais en vérité, la personne d'importance dans toute cette prophétie des 70 semaines de Daniel est le Christ et non l'Antichrist des délires de névrosés. Le Seigneur Jésus-Christ est celui qui a été désigné pour faire la propitiation pour l'iniquité (Daniel 9:24), qui fit cesser la valeur du sacrifice dans le Temple par son propre sacrifice sur la croix, et qui a établi une nouvelle alliance en son sang (Daniel 9:27). Les dispensationalistes s'attaquent donc au sacrifice de la croix qu'ils attribuent à Satan par leur fausse interprétation, et se retranchent eux-mêmes de la grâce qui nous y est accordée gratuitement. Les Frères Darbystes sont clairement une secte sataniste sous couverture chrétienne, ainsi que les évangéliques qui suivent dans leurs pas.

 

Perversion doctrinale de C.I. Scofield

 

Cette perversion doctrinale des Darbystes exerça une grande forte influence sur Cyrus Ingerson Scofield (1843-1921). Scofield a même fait l’éloge de Darby comme un savant de la profondeur la plus grande de son temps. (Dr C I Scofield's Question Box, p 93). Par la production de l’ouvrage de référence de Scofield et, particulièrement, par ses remarques concernant la prophétie, il a contribué à la perpétuation d’une doctrine de perversion qui renverse le Royaume de Dieu et qui fait du tort considérable. En France, la Bible Scofield fit son apparition en 1975 lorsque la Maison de la Bible (Genève) lança une nouvelle édition de la version dénaturée et tendancieuse de Louis Segond, laquelle incorporait ce système interprétatif. Les soixante-dix semaines prophétiques, Daniel 9:24-27, sont expliquées dans la Bible Scofield, pages 962-963. Soixante-neuf semaines sont comptées jusqu'à la manifestation du Messie et sa mort, lorsque la prophétie en indique soixante-dix. Après cela, l'horloge chronologique (quant à Israël) est interrompue et alors s'ouvre une parenthèse imaginaire dans le temps. C'est dans cette parenthèse ou laps de temps que Dieu appelle les membres de l'Église. Lorsque Jésus reviendra la seconde fois, Il enlèvera son Église de la terre pour qu'elle soit avec Lui dans le ciel.

 

Les notes dans la Bible Scofield sont tellement dangereuses que nous devons inclure ici la mise en garde du pasteur Kayayan, ancien directeur de Perspectives Réformées: "J'aimerais ouvrir une parenthèse concernant les versions de la Bible, plus particulièrement sur certaines versions récentes. En effet, depuis peu, le marché est inondé de traduction, de versions, de paraphrases, de Bibles annotées, de Bibles illustrées et d'autres séduisants imprimés qui est à mon avis, la confusion qui règne actuellement au sujet de la Bible... J'avoue que je m'inquiète de cette prolifération de Bibles, qui me rappellent les valises à double-fond des fraudeurs passant par les douanes! Je n'insisterai pas longuement sur l'inutilité des paraphrases dites vivantes ou modernes de la Bible. Rien de plus dangereux pour la Parole de Dieu que celles-ci. Des versions modernes dans toutes les langues, comportent des notes théologiques et dogmatiques propres à obscurcir le sens de la Bible et à égarer le lecteur. J'en connais une qui vient d'être traduite de l'anglais en français (la Bible Scofield), et qui remporte un effarant succès de librairie. Je dirai à son sujet que ses notes marginales ne sont rien moins qu'une cinquième colonne théologique introduite dans la Bible et capable de désintégrer tout l'Évangile... Je ne saurai mettre assez en garde mes lecteurs contre les abus des versions truquées et des paraphrases ingénieuses qui altèrent totalement les sens de la Bible sous prétexte d'en rendre l'interprétation aisée et la lecture moins rebutante''.

 

Les Jésuites source du Futurisme

 

Les études des partisans de l’enlèvement varient à propos de l'identité de l'Antichrist. D’après celles-ci, l'Antichrist est un athée ou un incroyant ou bien un apostat juif. Ces commentaires sont injustes. Ces études prennent source des prophètes d’église du moyen âge et c’est une ruse erronée pour détourner l’attention de sa source réelle. Les arguments pour l’identification juste du Pape comme l'Antichrist du temps de la Réformation sont devenus si intenses que le Cinquième Conseil de Latran a pris une résolution défendant d’écrire des ouvrages ou prêcher sur le sujet de l'Antichrist. En prenant en considération le dommage causé à l’Église Catholique par les Réformateurs Protestants sur le sujet de l’identification du Pape comme l'Antichrist, une contre-interprétation avait à paraître. Les théologiens de la Société de Jésus (les Jésuites) ont produit cette contre-interprétation. L’auteur de cette contre-interprétation était Francisco Ribéra (1537-1591) de l’Espagne Salamanca qui publia un commentaire de 500 pages tâchant de l’opposer aux études protestantes qui présentaient le Pape comme l'Antichrist. Il devient le fondateur logique de l’École Futuriste d’Interprétation (voyez aussi Encycl. Brittannica, Edition 11, Vol.23, p.213, l’article Révélation pour l’information détaillée de l’École Futuriste). Les doctrines de Ribera ont été développées par Robert Bellaremine, cardinal d’Italie, un controversiste Jésuite qui a noté qu’il n’y avait aucune référence au pouvoir du pape en Daniel, Jean et Paul et que leurs prophéties et leurs études se rapportaient à un Antichrist à venir, détournant ainsi les yeux des Protestants contre la Papauté. Joseph Zacchello, un ex-prêtre catholique dit que “les jésuites avaient l’intention de détourner l’attention des hommes et de leur empêcher de comprendre la réalisation des prophéties concernant l'Antichrist à l’Église Catholique et au Pape. Le jésuite Ribera a développé un système futuriste d’après lequel l’Antichrist est encore à venir.” En outre, il a ajouté “Les Protestants qui partagent le système futuriste, font le plaisir du Pape et font le jeu de Rome” (J. Zacchello Qui est l’Anté-Christ- cité par Woodrow).

 

Le Futurisme et les doctrines principales de l’enlèvement étaient une doctrine de l’église catholique, jusqu’à ce que Samuel R. Maitland (1792-1866), le Bibliothécaire de l’Archevêque de Catenbury, soit devenu le premier Protestant qui admis l’interprétation futuriste du Jésuite Ribera. Puis, Edward Irving est venu se joindre à Ribera et ce fut lui qui a développé la doctrine de l’enlèvement Secret. Miatland était un unioniste d’une église anglicane qui gravitait vers le catholicisme et suivait avec mépris les dures batailles où la Réformation remportait des victoires. Au moyen de ses 50 ouvrages, cet homme a fait un dommage irréparable à l’Église d’Angleterre ainsi qu’aux Églises Réformées en général, et a contribué à cette propagande anti-biblique jusqu’à ce qu’elle captive des millions d’hommes. Comme nous le voyons dans l’histoire, cette doctrine est une pièce de la propagande Jésuite incitée et soutenue par des apologistes comme Maitland, Irving, Darby, Scofield, Estep, ainsi que par des auteurs contemporains comme Hal Lindsey et plusieurs autres faux prophètes de ce calibre. Un autre Jésuite du nom de Manuel de Lacunza (1731-1801) écrivit sous le nom Juif de Juan Josafa (Rabbi) Ben-Ezra, un livre intitulé «La Venue du Messie dans la Gloire et la Majesté» pour obscurcir le fait que le Pape est l'Antichrist. Le livre de Manuel de Lacunza (1731-1801) fut traduit en Anglais par Edwar Irving. Luis De Alcazar, un autre Jésuite, écrivit "L'Investigation du sens caché de l'Apocalypse". Son livre devint la base du Prétérisme (voir The Catholic Origins of Furism and Preterism). Toutefois nous savons que l'Antichrist n'est pas un homme, mais un faux peuple de Dieu qui a été désigné pour apparaître à la fin des temps, à savoir le mouvement dit Évangélique.

 

Le dispensationalisme se situe dans le courant eschatologique pré-millénariste, mais il en est une déviation assez spéciale. Ceci est dû à un a priori: vouloir à tout prix maintenir séparés, Israël, l'Église et les nations. Voyez les notes à la page 1222 dans la Bible Scofield, «retour de Christ concerne à la fois l'Église, Israël et les nations». Cette fixation (erreur exégétique) les conduit à commettre une erreur grave concernant l'avènement du Christ, ils s'imaginent une venue secrète et invisible du Christ pour son Église (le corps mystique du Christ). Cette venue (parousia) sera suivie sept années et plus tard par un autre avènement du Christ (l'epiphaneia et l'apocalypsis), lorsque le Christ se révélera au monde. C'est en ce moment-là que le Christ jugera le monde, sauvera la nation d'Israël et établira son règne millénaire sur le trône de David. Les dispensationalistes, cherchant à harmoniser les Écritures avec leur système, veulent nous faire croire qu'il y a une seule venue du Christ mais, en deux étapes. Ces fondamentalistes font fausse route pour quatre raisons évidentes:

 

1) En insistant sur Israël, l'Église perd sa place privilégiée.

 

2) L'Église ou l'Âge de grâce est une période intercalée dans le temps prophétique.

 

3) Ils se trompent au sujet du Royaume de Dieu, et d'ailleurs, le situe, pour une grande part, dans le futur, et ce qui est dommage dans un millénium fictif.

 

4) Leur interprétation de Daniel et de l'Apocalypse est faussée par une exégèse trop littérale ainsi que par leur refus d'envisager les chiffres de l'Apocalypse (douze tribus, 144 000, 42 mois, 1 000 ans) comme chiffres figuratifs, ce qui correspond à la structure de ce livre.

 

Le faux fondement du Dispensationalisme

 

Au sens large, le terme "millénariste" caractérise les mouvements religieux qui attendent une rédemption imminente et collective en ce monde; on retrouve cette notion dans d'autres grandes religions. Les fausses notions millénaristes attendent la venue d'un Sauveur qui règnera sur la terre pour milles ans à partir de Jérusalem et séduisent particulièrement les déshérités. Cette doctrine raciste qui prêche un salut Sioniste, a séparé le millénarisme dans la doctrine de l'Église chrétienne, mais les sectes ou les hérétiques, Baptistes, Pentecôtistes, Charismatiques, Frères Darbystes, Adventistes, Messianiques et autres vermines insalubres et porcheries évangéliques, l'ont souvent remis à leur programme. Les dispensationalistes abordent l'Écriture en présupposant que Dieu a un projet terrestre pour Israël, et un projet céleste pour l'église. En un siècle, depuis que John Nelson Darby a lancé l'idée que Dieu a deux desseins séparés dans l'histoire, le dispensationalisme a connu une montée qui l'a rendu populaire au sein du mouvement des croyants bibliques, pour finalement se retrouver au centre du fondamentalisme. Pour mieux voir la continuité des affinités doctrinales chez les partisans du dispensationalisme, et pour mieux voir le rôle central de ce pilier dans leur système, je présente une liste chronologique de citations reliées à la théorie des deux desseins. On doit débuter par John Darby, car l'enseignement trouvé dans ces citations n'a jamais été énoncé de la sorte dans l'histoire avant 1827. C'est donc une perversion de l'histoire que d'affirmer comme le fait le Dr Ernest Pickering: "les principes du dispensationalisme" ne sont pas "des nouveautés théologiques". Ce qui a sûrement été fait au cours de l'histoire de l'église, c'est de diviser l'histoire du salut en plusieurs régimes. Mais l'idée que Dieu a des desseins "séparés" pour Israël et l'Église (telle que définie dans ces citations) est vraiment une nouveauté et elle ne se trouve à nulle part dans les écrits postapostoliques. Pourtant, c'est l'enseignement sur lequel se tient ou s'écroule le dispensationalisme. C'est toujours la présupposition qui guide leur interprétation biblique. S'il s'agit d'un enseignement erroné, tout le système s'écroule:

 

J.N.Darby: L'Église est en relation avec le Père, tandis que les Juifs sont en relation avec Jéhovah... La nation juive n'entrera jamais dans l'Église... L'Église est... une sorte de régime céleste, pendant le rejet du peuple terrestre".

 

E.W.Bullinger: "Il s'en suit... que si nous faisons une lecture de ce peuple et de ces principes de manière à les insérer dans la dispensation actuelle, nous prenons ce que Dieu a dit aux pères (c'est-à-dire à Israël) par les prophètes et nous le lisons comme si cela s'adressait à nous et parlait de nous, dans la dispensation actuelle. Cette procédure ne peut qu'aboutir à la confusion".

 

J.H.Brookes: "Si nous oublions la distinction entre un peuple terrestre et un peuple céleste, ou si, autrement dit, nous perdons de vue la vérité dispensationaliste… nous serons jetés dans une confusion inextricable en essayant de comprendre les Écritures".

 

C.I.Scofield: "Alors, en comparant ce qui est dit dans l'Écriture à propos d'Israël et de l'Église, nous trouvons que tout est contraste: l'origine, l'appel, la promesse, le culte, les principes de conduite et la destinée future".

 

L.S.Chafer: "Le dispensationaliste croit que tout au long des siècles, Dieu poursuit deux buts distincts: l'un se rapporte à la terre avec un peuple terrestre et des objectifs terrestres: le judaïsme; l'autre se rapporte au ciel avec un peuple céleste et des objectifs célestes: le christianisme".

 

John Walvoord: Ce qui est d'une importance primordiale pour l'interprétation prémillénariste de l'Écriture, c'est la distinction qu'apporte le Nouveau Testament entre le dessein de Dieu pour l'Église et Son dessein pour la nation d'Israël" .

 

J.Dwight Pentecost: "L'Église et Israël sont deux groupes distincts".

 

Ernest Pickering: "Le dispensationalisme les voit comme deux différents corps de saints ayant chacun ses promesses, ses responsabilités, et ses attentes".

 

Charles Ryrie: "Un dispensationaliste maintient une distinction entre Israël et l'Église . . . . L'Église est un corps distinct dans l'ère actuelle, ayant des promesses et une destinée différente de celles d'Israël".

 

Sur ce fondement erroné s'est érigé un grand édifice de mensonges et de duplicités. Ce premier principe est central et constitutif. D'autres traits caractéristiques, tel que l'enlèvement, se tiennent ou s'écroulent selon l'exactitude de ce principe directeur. Or ce principe est contraire à la Parole de Dieu qui dit: Éphésiens 2:15-16: «Ayant détruit en sa chair l'inimitié, la loi des préceptes, laquelle consistait en ordonnances; afin qu'il formât en lui-même des deux un seul homme nouveau, après avoir fait la paix; Et qu'en détruisant lui-même l'inimitié, il réconciliât avec Dieu, par la croix, les uns et les autres en un seul corps.»; Éphésiens 3:5-6 «Mystère qui n'a pas été manifesté aux enfants des hommes dans les générations passées, comme il a été révélé maintenant, par l'Esprit, à ses saints apôtres et aux prophètes; Savoir, que les Gentils sont cohéritiers, et qu'ils font un même corps, et qu'ils participent à sa promesse en Christ par l'Évangile» (voir: Israël est l'Église). Ainsi s'écroule cette fausse doctrine sur le roc de la Parole de Dieu. Il est étrange de voir qu'après avoir durant de longs siècles été presque mise en oubli, la doctrine de l'enlèvement de l'Église a bénéficié d'un intérêt renouvelé vers la moitié du 19e siècle, à l'époque de la naissance du Sionisme (voir: Histoire cachée du Sionisme ainsi que Les Khazars et Israël).

 

La raison d’être du dispensationalisme

 

Selon C. Ryrie, le dispensationalisme répond à trois nécessités:

1) opérer des distinctions dans la Bible;

2) établir une philosophie de l’Histoire;

3) employer une herméneutique cohérente.

 

Quant à une herméneutique cohérente (principes d’interprétation), nous sommes d’accord, et nous traiterons ce point plus en détail. Toutefois, opérer des distinctions dans la Bible doit être la conséquence de l’enseignement de la Bible, et non un principe préalable, comme le suggère le titre d’un ouvrage de Cyrus Scofield: Découpant droit la Parole de Vérité. De même la philosophie de l’histoire ne doit pas être un principe d’interprétation, mais découler directement du message des Saintes-Écritures. Car il convient de ne pas lire les Écritures dans l’optique d’une interprétation particulière, mais d’être humblement soumis à leur enseignement pour en recevoir les vérités à partir desquelles nous pourrons formuler la juste doctrine. C’est là ma première objection, une objection sur le principe fondamental du dispensationalisme. Car si cette vision découlait logiquement de l’enseignement biblique, pourquoi est-elle apparue si tard dans l’histoire de l’Église ? Ni les pères de l’Église, ni les Réformateurs ne l’ont partagée, et encore moins soupçonnée… D’aucuns rétorquera qu’une doctrine peut être ancienne et fausse et qu’une autre peut avoir été formulée récemment et être juste. En effet, le christianisme biblique ne partage pas les critères de Lérins (5), lesquels fondent la pertinence d’une doctrine chrétienne sur son antiquité son unanimité et son universalité. Néanmoins, on peut légitimement s’étonner que le dispensationalisme, aussi important soit-il dans l’esprit des tarés qui le professent – et ô combien ils y attachent de l’importance, jusqu’à refuser d’œuvrer avec ceux qui ne le partagent point – le dispensationalisme, donc, n’a jamais été entrevu pendant les seize premiers siècles de l’ère chrétienne ! Dès lors, il convient d’examiner sérieusement les fondements bibliques qui sont allégués par ses zélateurs.

 

La Bible et les dispensations

 

La notion de dispensation est-elle biblique ? Question essentielle puisque les dispensationalistes disent en discerner au moins quatre, généralement sept et parfois huit. Dieu a-t-il divisé le cours de l’histoire du salut en quantités de tronçons, telles les rondelles d’un saucisson ? Si c’était le cas, on devrait pouvoir le vérifier dans les Saintes Écritures, n’est-ce pas ?

 

La Bible Darby en Français n’utilise pas le terme dispensation, mais celui d’administration, qui lui est préférable. Car, en effet, le mot grec utilisé par le Nouveau Testament et traduit quelquefois par dispensation, selon les versions, a le sens de gestion d’un bien, d’une chose. L’économie est donc la règle à appliquer dans la gestion domestique, et l’économe celui qui s’emploie à cet exercice.

 

On le rencontre principalement dans les versets suivants (version Ostervald révisée 1904): «Jésus disait aussi à ses disciples: Un homme riche avait un économe qui fut accusé devant lui de lui dissiper son bien. Et l’ayant fait venir il lui dit: Qu’est-ce que j’entends dire de toi ? Rends compte de ton administration; car tu ne pourras plus désormais administrer mon bien» (Luc 16:1-2). Là, le contexte est très clair, il s’agit de gérer un bien: «Car si je prêche l’évangile, je n’ai pas sujet de m’en glorifier, parce que la nécessité m’en est imposée; et malheur à moi si je ne prêche pas l’évangile ! Que si je le fais volontairement, j’en recevrai la récompense; mais si je le fais à regret la dispensation ne laisse pas de m’en être commise» (1 Corinthiens 9:16-17). Cette dispensation confiée à Paul est une tâche, un ministère, l’apostolat envers les Gentils. «Afin que quand les temps de la dispensation de sa grâce seraient accomplis, il réunît toutes choses en Christ, tant ce qui est dans les cieux, que ce qui est sur la terre» (Éphésiens 1:10). Littéralement: Dans l’économie de la plénitude des temps. Ici le mot temps (kairos) et le mot dispensation (oikonomia) sont séparés, car ils ne sont pas de sens identique. La dispensation n’est pas une période de temps mais un mode d’action. «Car vous avez sans doute appris quelle est la dispensation de la grâce de Dieu, qui m’a été donnée pour vous» (Éphésiens 3:2). Paul parle de la charge qu’il a reçue de Dieu envers les Éphésiens: «Je me réjouis maintenant dans les souffrances que j’endure pour vous, et j’achève de souffrir en ma chair le reste des afflictions de Christ, pour son corps qui est l’Église, de laquelle j’ai été fait ministre, selon la charge que Dieu m’a donnée, de vous annoncer pleinement la parole de Dieu; savoir, le mystère qui avait été caché dans tous les siècles et dans tous les temps, mais qu’il a maintenant manifesté à ses saints» (Colossiens 1:24-26). Encore une fois, l’Apôtre évoque son ministère d’annonce de la Parole au sein de l’Église, mystère dorénavant pleinement révélé.

 

Il ressort de tous ces passages compris au sens naturel qu’une dispensation n’est pas une période de temps et d’épreuve de la responsabilité humaine, mais une tâche à laquelle doit s’appliquer celui qui l’a reçue en partage. Que celle-là dure un certain laps de temps n’implique pas que l’administration de cette tâche soit une période de temps. Ce sont deux notions différentes. Et jamais la dispensation n’est identifiée à une quelconque alliance conclue par Dieu. Par conséquent, comme l’ont fait remarquer nombre de commentateurs, le dispensationalisme utilise le concept de dispensation dans un sens autre que celui de la Bible. C’est là ma seconde objection, et non la moindre !

 

Le littéralisme du dispensationalisme

 

«Prendre un texte au pied de la lettre conduit à reconnaître l’existence de distinctions; ces distinctions conduisent ensuite à reconnaître des dispensations. L’interprétation normale entraîne la reconnaissance de distinctions claires entre certains mots, concepts, peuples et régimes. En un mot, l’interprétation littérale systématique s’avère le fondement même du dispensationalisme». C’est par cette affirmation que C. Ryrie entend prouver la justesse du dispensationalisme. Pour lui, l’interprétation littérale systématique mène tout naturellement à la compréhension dispensationaliste. Argument aussi simpliste que le littéralisme qu’il confond avec l’interprétation littérale des Écritures. Et aussi cette autre affirmation: «les dispensationalistes affirment utiliser le principe de l’interprétation littérale de façon systématique dans leur étude de toute la Bible tandis qu’à leurs yeux, les non-dispensationalistes ne l’appliquent pas toujours. Ils reconnaissent que ces derniers l’appliquent dans leur interprétation d’une grande partie des Écritures, mais ils leur reprochent de recourir à l’allégorie et à la spiritualisation dans l’interprétation des prophéties».

 

L’allégorie et la spiritualisation seraient l’apanage des non-dispensationalistes ? Mais alors que dire de cette abondante littérature où tout l’Ancien Testament n’est commenté qu’en vertu des allégories et parallèles établis avec le Nouveau Testament ? La typologie, dans les commentaires de Darby et de ses coreligionnaires, par exemple, y est développée à l’envi, et la vie des personnages vétéro-testamentaires n’est décrite qu’au travers des principes moraux pleinement dévoilés dans le Nouveau Testament. Non pas que cela soit inexact, mais comment dès lors revendiquer que les dispensationalistes affirment utiliser le principe de l’interprétation littérale de façon systématique dans leur étude de toute la Bible ? (6)

 

Le chrétien n’est pas appelé à prendre au pied de la lettre chaque parole de la Bible sans référence à son contexte ni à son genre littéraire. Mais c’est avec une intelligence renouvelée par l’Esprit qu’il doit méditer les Écritures. L’image verbale, la parabole ou la forme poétique de nombreux versets bibliques n’invitent pas automatiquement à une compréhension au pied de la lettre ! Prenons par exemple les versets 13 et 17 du Psaume messianique 22: «De nombreux taureaux m’environnent; les puissants taureaux de Basan m’entourent… Car des chiens m’ont environné…» Tous les exégètes chrétiens voient dans ce psaume la description prophétique des souffrances du Messie sur la Croix. Mais y avait-il littéralement des taureaux et des chiens au pied de la croix ? Non, bien-sûr, c’est une formulation imagée, et les dispensationalistes en conviennent aussi. D’ailleurs, quand ils envisagent les septante semaines de la prophétie de Daniel (chapitre 9), ils ne prennent pas le mot semaine au pied de la lettre, mais lui attribuent la valeur symbolique de sept années. Ils ne font donc pas une lecture littérale de ce passage, pas plus que lorsque J. N. Darby interprète la lettre aux sept églises dans l’Apocalypse comme le panorama prophétique des sept époques successives dévolues à l’Église professante (7). Nous avons donc la démonstration par l’exemple que, si la lecture littérale de la Bible mène au dispensationalisme, les dispensationalistes n’arrivent pas à cette compréhension en appliquant rigoureusement ce principe, comme ils le revendiquent… C’est pourquoi l’expression philosophie de l’histoire est tout à fait adaptée au point de vue dispensationaliste. Car nous ne trouvons dans les Écritures aucune notion de dispensation en rapport avec une époque déterminée de mise à l’épreuve et de jugement. Ce genre de distinctions dans le cours de l’histoire du salut, que les Apôtres n’ont pas davantage connues et enseignées, ne procèdent pas d’une méthode herméneutique déductive, mais sont introduites par des commentateurs habiles dans l’art de couper les cheveux en quatre. Le dispensationalisme ne se déduit pas de l’enseignement de la Bible, il est une vision qui lui est surimposée. Notre troisième objection est donc celle-ci: Le dispensationalisme n’est pas fidèle au principe d’interprétation littérale qu’il revendique appliquer en tout point des Saintes Écritures. Il pratique aussi la lecture symbolique et allégorique qu’il réprouve ouvertement. Par conséquent, sa défense sur ce point est prise en défaut par ses pratiques herméneutiques incohérentes.

 

Quelques caractéristiques du dispensationalisme

 

«La caractéristique primordiale de chaque dispensation est l’économie divine et la responsabilité humaine révélée par Dieu pour chacune. Une telle responsabilité constitue en elle-même une mise à l’épreuve. La plupart des hommes échouent, et il en résulte un jugement. Le dispensationalisme comporte deux perspectives: un aspect transversal (parfois mal interprété comme étant une suite de cycles, alors qu’il s’agit en réalité d’une spirale) et un aspect longitudinal (mettant en valeur le progrès continuel de la révélation et la persistance de certains principes à travers des dispensations successives)» (8).

 

Cette citation nous force à considérer que le dispensationalisme altère la conception biblique linéaire du temps. Au lieu de présenter la continuité de la Grâce divine au sein d’une alliance ayant eu plusieurs dispositions, il se figure un cours du temps discontinu, une succession de cycles d’unions et de ruptures entre Dieu et son peuple, de retour massif à la fidélité et d’apostasies collectives (9). Aussi, l’Incarnation n’est plus comprise seulement comme l’aboutissement de la prophétie messianique; la Croix n’est plus estimée être le centre de l’histoire; et la réalité de l’Église est ramenée à la fonction de simple parenthèse dans le temps, en attendant la restauration de l’ancien Israël. La vision dispensationaliste ne met pas l’accent sur l’élection d’un peuple chargé de glorifier Dieu, comme dans la conception réformée, mais sur l’attente eschatologique d’un reste fidèle envers l’instauration du royaume millénaire et du jugement final qui verra le Fils victorieux remettre toutes choses entre les mains du Père. Les dispensationalistes insistent beaucoup sur l’imminence du Retour de Christ – ce qui n’est pas faux – et sur le retour des Juifs sur le devant de la scène pendant la grande Tribulation, à la place des chrétiens qui auront été enlevés auparavant. C’est eux dont ils font les destinataires du royaume de mille ans que le Christ gouvernera ! L’Alliance de Grâce n’est pas estimée à sa juste mesure, tandis que l’attente de l’Avènement du second retour de Jésus-Christ dans un contexte d’apostasie générale est le sujet central du discours dispensationaliste. Ce déplacement de focus de la centralité de la Croix dans le plan rédempteur divin, vers l’accomplissement final des prophéties non encore réalisées, est accompagné d’un piétisme désincarné et d’un désengagement du monde (10) et de ses problèmes. C’est ma quatrième objection.

 

Israël et l’Église

 

On trouve chez Scofield: «Les communications de l’Éternel à Israël en tant que nation, ont trait à la terre… Israël est composé uniquement de descendants naturels d’Abraham… La relation d’Israël avec Dieu est dans une relation d’alliance, tandis que l’église est une relation par naissance… autant Israël est rattaché aux choses temporelles et terrestres, autant l’Église est rattachée aux choses spirituelles et célestes». «Conformément à Éphésiens 3:5-10, l’Église n’est jamais mentionnée dans les prophéties de l’Ancien Testament (elle était alors «un mystère caché en Dieu»). La naissance de l’Église se trouve en Actes 2, et la fin de sa carrière terrestre en 1 Thessaloniciens 4». «Dans les prophéties, la distinction entre Israël et l’Église est éclatante. L’Église sera enlevée de la terre, tandis qu’Israël restauré jouira de la puissance et de la splendeur terrestres» (11). «La prémisse fondamentale du dispensationalisme est l’idée selon laquelle le dessein de Dieu comporte deux buts: la formation de deux peuples qui demeurent distincts pendant toute l’éternité» (12).

 

Cette citation témoigne de la rupture d’avec ce que certains nomment la théologie de la substitution (13). Selon les dispensationalistes, Dieu aurait deux peuples et deux promesses, une pour chacun d’eux. Les Juifs incrédules seraient l’Israël terrestre, avec comme héritage le royaume, que Jésus-Christ leur aurait offert et qu’ils auraient rejeté une première fois, mais qui leur sera accordé lors de leur conversion massive pendant la grande Tribulation. Leur héritage serait essentiellement terrestre, leurs bénédictions seraient surtout matérielles. Puis l’Église – L’Assemblée pour Darby, qui a la spécificité d’enseigner la corruption généralisée de l’Église professante – est considérée comme l’Israël céleste, avec des promesses et des bénédictions essentiellement spirituelles et dont la vocation est de régner avec Christ dans les lieux célestes. Les commentateurs, comme le déjà cité J.N. Darby, ne cessent de soulever des subtilités qu’eux seuls entendent dans le Nouveau Testament, distinguant tel enseignement de Jésus de tel autre en ce que l’un ne s’adresserait qu’aux Juifs, et l’autre qu’aux chrétiens. Ce qui est jugé à caractère terrestre leur serait échu, et ce qui revêtirait un caractère céleste, au contraire ne serait que l’apanage des païens convertis. Ainsi le fameux Sermon sur la montagne, s’adresserait principalement aux Juifs ! Ce qui a fait dire à Ladd: «Un système qui refuse d’appliquer directement au chrétien ce grand passage de l’enseignement de Jésus mérite d’être examiné avec une attention particulière» (14). C’est ce à quoi nous nous appliquons, avec bien d’autres.

 

Ma cinquième objection est la suivante: Dieu n’a élu qu’un seul peuple de toute éternité. L’Église n’était pas l’application d’un plan B en cas de refus de l’Israël terrestre (les Juifs). Mais le dessein préétabli de Dieu était de faire entrer en son Alliance d’abord un peuple, qu’il a formé lui-même, accomplissant la promesse donnée aux patriarches de l’Ancienne Alliance, puis des gens de tous les peuples sous la Nouvelle Alliance inaugurée en Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, venu en chair au sein du peuple de Dieu de l’Ancien Testament.

 

L’Église et le Royaume

 

Dans cet article, il a déjà été mentionné que le dispensationalisme dissocie le Royaume de l’Église. Comme dans plusieurs autres vérités bibliques, pour le dispensationalisme deux mots différents ne peuvent désigner que deux notions différentes, car il ne saisit pas la manière d’expression hébraïque, riche en images et en figures de style. Faut-il rappeler que même les rédacteurs du Nouveau Testament, quoi qu’ayant écrit en Grec de la Koiné, sont tellement pétris de leur culture d’origine, que cela se ressent jusque dans leur manière d’écrire ? Or c’est le problème du littéralisme, de ne pouvoir appréhender la juste signification des tournures et richesses linguistiques bibliques, parce que partant d’un principe d’interprétation étroit et adapté à nos langues modernes occidentales, mais non aux langues proche-orientales. La manière qu’ils ont de découper l’Écriture, de faire des distinctions rigoristes à partir de différents mots employés désignant pourtant une même chose, la façon qu’ils ont encore d’adresser artificiellement tel ou tel discours du Christ à telle ou telle catégorie de personnes ne convient pas au lecteur fidèle qui entend méditer la Parole de Dieu en respectant son unité.

 

C. Ryrie déplore que "les amillénaristes et les prémillénaristes de l’Alliance s’accordent pour nier que Jésus offrit le Royaume davidique au cours de son ministère terrestre et pour affirmer qu’il offrit un Royaume spirituel dont la condition d’entrée, d’après Allis, était la repentance et la nouvelle naissance". Il cite Ladd et Berkhof à l’appui de ses dires, avec lesquels nous sommes d’accord: «Jésus n’offrit pas aux Juifs le Royaume terrestre, pas plus qu’il ne se présenta à eux comme leur glorieux Roi terrestre… Le Royaume de Dieu devait d’abord venir dans un sens spirituel, car le Roi-Sauveur vint dans l’humilité pour souffrir et pour mourir, afin de vaincre Satan et d’introduire dans le Royaume de Dieu une foule de personnes rachetées du royaume de Satan et du péché. Par la suite, le Royaume doit être manifesté en puissance et en gloire lorsque le Roi reviendra pour juger et pour régner» (15).

 

«Fait remarquable, le Nouveau Testament – qui constitue l’accomplissement de l’Ancien – ne contient strictement aucune indication du rétablissement par Jésus de la théocratie de l’Ancien Testament [sic !!!]. En revanche il contient de nombreuses indications de l’accomplissement spirituel des promesses données à Israël» (16).

 

Ryrie, quant à lui, déclare que les dispensationalistes nient "l’idée que l’Église, le Corps de Christ, constitue aujourd’hui le Royaume promis à David". Pourtant l’Écriture mentionne ce royaume ouvert aux disciples du Christ. Dans les versets ci-après, un seul et même mot grec du Texte Reçu est traduit par règne, royaume: βασιλεία. C’est pourquoi, les commentateurs dispensationalistes font des distinctions avec les différents compléments du même nom: royaume (règne) de Dieu, des cieux, éternel (17). De même avec le mot évangile; quand ils lisent évangile éternel, ils ne comprennent pas qu’il s’agit de l’évangile unique de Jésus-Christ, mais y voient un autre évangile: le message de repentance qui se fera entendre aux et par les Juifs lors de la grande Tribulation sous le règne de l’Antéchrist. Cependant, ce n’est pas ce que nous lisons dans le Nouveau Testament, quand nous rattachons simplement ces passages, non à une vision préétablie, mais à leur contexte immédiat.

 

«Jésus allait par toute la Galilée, enseignant dans leurs synagogues, prêchant l’évangile du règne de Dieu, et guérissant toutes sortes de maladies et toutes sortes de langueurs parmi le peuple» (Matthieu 4:23). Ici, le qualificatif de Dieu ne fait pas partie du Texte Reçu mais a été rajouté par le traducteur pour la compréhension (ce qu’il n’aurait pas eu besoin de faire en utilisant le mot royaume). Tous ceux qui me disent: «Seigneur ! Seigneur ! n’entreront pas tous au royaume des cieux; mais celui-là seulement qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux» (Matthieu 7:21). Celui-là… le singulier indique que la promesse est individuelle et ne se rattache donc pas à une entité nationale comme celle des Juifs de l’époque du Christ. «Aussi je vous dis que plusieurs viendront d’Orient et d’Occident, et seront à table au royaume des cieux, avec Abraham, Isaac et Jacob. Et les enfants du royaume seront jetés dans les ténèbres de dehors; il y aura là des pleurs et des grincements de dents» (Matthieu 8:11-12). Dans ce verset, il y a en effet une distinction entre ceux des nations qui partageront la promesse du royaume avec les premiers récipiendaires de cette même promesse: les patriarches, et la postérité naturelle de ces mêmes patriarches, à savoir les Juifs incroyants, qui n’y auront pas part. Sans le mentionner ouvertement Jésus-Christ envisage une postérité spirituelle internationale, et la rattache au royaume. «Alors les disciples, s’étant approchés, lui dirent: Pourquoi leur parles-tu par des similitudes ? Il répondit, et leur dit: Parce qu’il vous est donné de connaître les mystères du royaume des cieux; mais cela ne leur est point donné» (Matthieu 13:10-11). Là, il n’y a aucune équivoque, la vérité sur le royaume s’adresse aux disciples du Christ, et pas seulement aux Juifs convertis, mais aussi à ceux des nations appelés au salut, comme en témoigne le verset suivant: «C’est pourquoi je vous dis que le royaume de Dieu vous sera ôté, et qu’il sera donné à une nation qui en rendra les fruits» (Matthieu 21:43); «En vérité, en vérité je te dis que si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu» (Jean 3:3); «Jésus répondit: Mon règne n’est pas de ce monde. Si mon règne était de ce monde, mes gens combattraient, afin que je ne fusse pas livré aux Juifs; mais maintenant mon règne n’est point d’ici-bas. Alors Pilate lui dit: Tu es donc roi ? Jésus répondit: Tu le dis: je suis roi; je suis né pour cela, et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est pour la vérité écoute ma voix» (Jean 18:36-37). Les deux versets précédents mettent en évidence la nature spirituelle et céleste du royaume, auquel seuls les régénérés sont conviés.

 

Même les dispensationalistes affirment que la régénération (nouvelle-naissance) est la caractéristique des chrétiens formant l’Église. Quant aux Juifs dont ils disent qu’ils se convertiront massivement après la dispensation de la Grâce, ils ne parlent nullement de nouvelle naissance à leur sujet, puisque c’est un peuple terrestre censé avoir une espérance et des promesses terrestres, et que la nouvelle-naissance est une réalité spirituelle. Si les dispensationalistes considèrent la vérité énoncée par Jésus dans ces passages de l’évangile de Jean, ils sont obligés d’imaginer qu’il parle d’un autre genre de royaume. Et c’est ce qu’ils font en distinguant un royaume céleste et un royaume terrestre, alors que l’Écriture ne dit pas cela. «Et maintenant je sais qu’aucun de vous tous, parmi lesquels j’ai passé en prêchant le royaume de Dieu, ne verra plus mon visage» (Actes 20:25). Paul n’a prêché qu’un seul évangile, celui de Jésus-Christ crucifié, disait-il aux Corinthiens (2:2), et à Éphèse, il dit qu’il a prêché le royaume de Dieu… N’était-ce pas à d’anciens païens désormais convertis ? Le royaume de Dieu s’adresse donc à l’Église ! «Vous exhortant, vous consolant, et vous conjurant de vous conduire d’une manière digne de Dieu qui vous appelle à son royaume et à sa gloire» (1 Thessaloniciens 2:12); «C’est pourquoi, mes frères, étudiez-vous d’autant plus à affermir votre vocation et votre élection, car en faisant cela vous ne broncherez jamais; et par ce moyen l’entrée au royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ vous sera pleinement accordée» (2 Pierre 1:10-11). Le royaume éternel, encore là, est la part des chrétiens, lesquels ne sont plus considérés comme Grecs, Juifs, hommes, femmes, libres ou serviteurs, mais comme le peuple unique du Dieu unique ! «À celui qui nous a aimés, et qui nous a lavés de nos péchés par son sang, et qui nous a faits rois et sacrificateurs de Dieu, son Père; à lui soient la gloire et la force aux siècles des siècles ! Amen !» (Apocalypse 1:6). La Bible ne parle que d’une seule sorte de royaume, et non de deux, car Dieu est unique et sa volonté de salut ne s’exerce qu’au travers de la foi en son Fils. La part des incrédules, quand bien même ils seraient Juifs, est d’être jetés en Enfer, loin du lieu où le Roi des rois accueillera les siens, lesquels il s’est élu de toute éternité, à la louange de sa Gloire incommensurable.

 

La sixième objection est donc que l’Écriture Sainte, correctement interprétée, nous montre que le royaume n’est pas la promesse faite aux Juifs en vue de leur future restauration, mais s’adresse pleinement aux membres de l’Église, c'est-à-dire aux élus ou enfants de la promesse. Ce qui nous indique aussi que la nation d'Israël supposément restaurée en 1948 est un faux Israël, une contrefaçon politique du mouvement Sioniste qui a rétablis l'ancien empire de Khazarie sous le nom d'Israël (voir: Les Khazars et Israël).

 

La relation entre l’Église et la postérité d’Abraham

 

«La foi et la justification sont des questions personnelles et individuelles, et l’appartenance à la postérité spirituelle d’Abraham est également une question personnelle et individuelle sans rapport avec sa race. La postérité spirituelle d’Abraham ne constitue pas Israël, car Abraham est physiquement le père de la nation d’Israël tandis qu’il est le père spirituel des croyants de toutes les nations, y compris de la nation juive. Ainsi tous les croyants qui composent l’Église ne constituent pas l’Israël spirituel, mais seulement ceux physiquement descendus d’Abraham» (18).

 

Cette affirmation est erronée, reposant sur une comparaison biaisée. Tout d’abord attention de ne pas identifier directement Israël à Abraham. Israël est le nom acquis par Jacob, petit-fils d’Abraham, et père véritable du peuple Hébreu que l’on a appelé du nouveau nom donné par l’Éternel à Jacob. De plus, Abraham n’est pas que le père de la nation d’Israël, mais de plusieurs nations dont Israël, l’héritier de la promesse d’un héritage en Canaan. Les Ismaélites et les Édomites étaient aussi des descendants physiques d’Abraham, mais non les héritiers de la promesse comme les Hébreux. Paul établit un parallèle entre ce fait et celui que tous les Juifs descendaient bien d’Abraham (à l’époque apostolique, mais plus maintenant…), mais seuls ceux qui avaient cru au Messie étaient les héritiers de la promesse du salut par la justification au travers de la foi, à l’instar d’Abraham: «Puis il [l’Éternel] le mena dehors et lui dit: Regarde vers le ciel, et compte les étoiles, si tu peux les compter. Et il lui dit: Ainsi sera ta postérité. Et Abram crut à l’Éternel, qui lui imputa cela à justice» (Genèse 15:5-6). Il est intéressant de noter que la comparaison d’une myriade d’étoiles avec une descendance humaine suggère que celle-ci portera les caractéristiques de celles-là, c’est-à-dire que, comme les astres qui sont des corps célestes, la postérité promise à Abraham aura une espérance céleste. La mention de la justice conférée par Dieu au croyant, vient renforcer cette idée. «Car tous ceux qui descendent d’Israël ne sont pas pour cela d’Israël» (Romains 9:6); «Ce sont les enfants de la promesse qui sont réputés être la postérité d’Abraham» (Romains 9:8); «Quand le nombre des enfants d’Israël égalerait le sable de la mer, il n’y en aura qu’un petit reste de sauvé» (Ésaïe 10:22, cité par Romains 9:29). Ce reste correspond à la fraction des Juifs qui ont reconnu le Christ (19). De plus, un reste n’étant pas la totalité, on ne peut donc point en conclure que les Juifs contemporains du Messie, et ayant cru en lui, étaient à eux seuls l’accomplissement de la promesse d’une descendance innombrable. «Que dirons-nous donc ? C’est que les gentils, qui ne cherchaient point la justice sont parvenus à la justice: je dis la justice qui est par la foi; et qu’Israël, qui cherchait la loi de la justice, n’est point parvenu à la loi de la justice. Pourquoi ? Parce qu’ils ne l’ont point cherchée par la foi, mais par les œuvres de la loi» (Romains 9:30-32). Ce dernier verset établit qu’Israël (ici, celui de l’Ancien Testament) a manqué le but, qui n’était pas d’obtenir la justice par la Loi, mais par la Foi. Et ce but, ceux des nations qui ont cru l’ont atteint. «Car Christ est la fin de la loi, pour justifier tous ceux qui croient» (Romains 10:4). Christ était le but visé par la loi, à savoir le moyen de salut à saisir pour échapper à la sentence de mort d’une Sainte Volonté que personne ne pouvait parfaitement accomplir.

 

L’Ancienne Alliance, pendant la durée d’application de la loi mosaïque, n’avait pas en vue seulement des bénédictions terrestres, mais aussi une promesse spirituelle de pardon au travers de la prophétie du Messie à venir. Dès lors la distinction rigoureuse opérée par les dispensationalistes entre l’économie de la Loi et l’économie de la Grâce apparaît comme un contraste exagéré qui ne cadre pas exactement avec l’enseignement de la Bible. «Ainsi, il n’y a point de distinction entre le Juif et le Grec, parce qu’ils ont tous un même Seigneur, qui est riche pour tous ceux qui l’invoquent. Car quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé» (Romains 10:12-13). S’il n’y a pas de distinction entre les croyants d’origine juive (hébraïque) et ceux d’origine grecque (païenne), c’est parce qu’ils font partie d’un seul et même peuple, l’Israël de Dieu, l’Israël spirituel, l’Église. Et pourquoi mentionne-t-on un Israël spirituel ? Justement pour signifier que le peuple de Dieu désormais ne descend plus physiquement de Jacob (Israël), mais spirituellement, c’est-à-dire par l’action régénératrice de l’Esprit-Saint intégrant des gens appelés de toute nation dans l’Alliance divine et leur donnant part à la promesse de l’héritage d’un royaume incorruptible. «Béni soit le Dieu et le Père de notre Seigneur Jésus-Christ… de posséder l’héritage qui ne se peut corrompre, ni souiller, ni flétrir, et qui est réservé dans les cieux pour nous» (1 Pierre 1:4).

 

Notre septième objection est donc que, selon l’enseignement biblique, la postérité spirituelle d’Abraham, en tant que père des croyants, est aussi la postérité spirituelle de Jacob, c'est-à-dire les enfants de la promesse, et donc peut porter également le nom donné à ce dernier, à savoir: Israël. Par conséquent l’Église est bien un seul peuple, l’Israël spirituel, comprenant et les Juifs convertis, et les gens des nations convertis.

 

L’Église dans le dispensationalisme ?

 

"L’ecclésiologie (la doctrine de l’Église) est la pierre de touche du dispensationalisme" (20)… Elle constitue en effet une part très importante du discours dispensationaliste. Toutefois, il est indispensable de remarquer que cette pierre de touche, chez eux, est largement rognée en ses angles ! Comment en effet ne pas considérer l’amputation qui lui est faite en niant son caractère prophétique vétéro-testamentaire, comme l’atteste la citation suivante ? «L’Église en tant qu’organisme vivant dans lequel les Juifs, et les païens se trouvent sur un pied d’égalité constitue un mystère révélé seulement à l’époque du Nouveau Testament, et qui put devenir une réalité seulement après la mort de Christ. Voici ce qui distingue l’Église du peuple de Dieu dans l’Ancien Testament» (21).

 

Or il est flagrant que celui qui a affirmé cela ignorait le dessein divin inscrit dans les Saintes Écritures d’ouvrir son Alliance aux nations. Les prophéties de l’Ancien Testament annonçaient déjà ce projet divin (22), mais le nationalisme des Juifs les incitait à refuser cette vérité, car leurs préoccupations étaient plus politiques et temporelles que spirituelles. C’est aussi ce qui les a poussés à rejeter le Messie, qui ne répondait pas à leurs attentes (23). Il est vrai toutefois que ce mystère était encore voilé… mais non dissimulé; c’est là toute la différence. L’accomplissement messianique des prophéties était nécessaire pour que la réalité de l’Église soit pleinement révélée en son temps.

 

L’Église, dans le dispensationalisme est vue comme un simple épisode dans le feuilleton en sept actes qu’il nous livre. Or ce n’est pas ce que la Bible nous révèle. Comment ne pas en conclure qu’il nous présente une vision tronquée du dessein divin ?

 

Le salut dans le dispensationalisme

 

Les tenants de la Théologie de l’Alliance peuvent affirmer avec Hodge: «Nous apprenons par l’ensemble des Écritures (du Nouveau Testament et de l’Ancien Testament interprété en accord avec l’autorité infaillible du Nouveau) que le plan du salut a toujours été identique, comportant la même promesse, le même Sauveur, la même condition et le même salut» (24).

 

La doctrine biblique de l’Élection est à la base de notre sotériologie. Mais il n’en est pas de même pour le dispensationalisme qui est souvent arminien et rejette la doctrine de la Grâce souveraine, développée, entre autres, par Augustin, les Réformateurs et les Puritains. Or le développement du dispensationalisme dans les églises évangéliques a eu pour conséquence le retour en force des thèses d’Arminius et la proclamation d’un évangile édulcoré, laissant croire que le salut des individus serait suspendu à leur bon vouloir ! Je vous laisse deviner les suites désastreuses résultant de ce déficit de simple connaissance biblique…

 

Récapitulation

 

Par cet article, je n’ai fait, j’en conviens, qu’effleurer le sujet. D’autres thèmes auraient pu être développés, et des réfutions bibliques supplémentaires auraient pu être ajoutées. Toutefois, comme il convenait de se limiter aux aspects essentiels du problème, j’espère que cet exposé vous aura suffisamment éclairé sur la nature et l’erreur du dispensationalisme. Voici donc, pour résumer, les sept objections que j’ai formulées:

 

1. – Une bonne herméneutique ne pose pas comme principes préalables, la nécessité d’une philosophie de l’histoire ni de faire des distinctions (ou découpages) dans la Bible. Si ceux-ci étaient justifiés, ils devraient ressortir d’une lecture sans grille d’interprétation préétablie. Mais ce n’est pas le cas, et le dispensationalisme est donc obligé de les postuler.

2. – La notion de dispensation (ou économie), dans la compréhension du dispensationalisme, n’est pas celle de la Bible, qui y attache un sens de gestion et non de période de temps déterminée en rapport avec une alliance.

3. – L’interprétation dispensationaliste est inconsistante avec les principes herméneutiques dont ce système revendique l’usage en tout point des Écritures.

4. – Dans le dispensationalisme, la centralité de la Croix dans l’histoire du salut est reléguée à l’arrière-plan au profit d’une focalisation sur l’imminence du retour de Jésus-Christ et l’accomplissement des desseins attribués à Dieu envers les Juifs.

5. – Dieu n’a pas deux peuples distincts, mais un seul, l’Église, pour laquelle Christ s’est sacrifié, à savoir l’ensemble des élus de tous les temps et de tous les lieux.

6. – La promesse du royaume appartient au peuple de Dieu, l’Église qu’il s’est acquise au travers de l’œuvre rédemptrice de son Fils à la Croix de Golgotha.

7. – L’Église, selon les Écritures, est la postérité spirituelle d’Abraham et de Jacob; elle est l’accomplissement final de la promesse d’un peuple innombrable issu d’un seul homme. L’Église est donc l’Israël spirituel, le nouvel Israël de la Nouvelle Alliance !

 

Il est à remarquer que de nombreux théologiens s’opposent également au dispensationalisme. Les amillénaristes calvinistes et pneumilénaristes hyper-calvinistes reconnaissent le dispensationalisme comme obligatoirement prémillénariste et une hérésie subtile et extrêmement dangereuse. Arthur Pink accuse avec raison les dispensationalistes d’imposer «à leurs pauvres dupes des interprétations rudimentaires et fantaisistes, présentées comme une merveilleuse découverte permettant de «dispenser droitement la parole de la vérité». Le caractère terriblement superficiel et erroné de leurs découvertes se voit dans la "Bible Scofield", dont le prétendu renom est en réalité trop grand pour qu’elle puisse posséder une grande valeur, voir Luc 16:15». Plus récemment, John Gerstner affirma que le dispensationalisme est «une secte et non une branche de l’Église», et assimila les dispensationalistes à des «faux docteurs» et à des «hérétiques», ce qu'ils sont vraiment et pire encore. Sans aucun doute le prémillénarisme dispensationaliste détient à ses origines des affinités avec l'occultisme des mouvances spirites, et doit être rejeté comme une innovation récente au niveau historique et un poison subtil qu'il faut éviter à tout prix. Le dispensationalisme est la doctrine de l'Antichrist qui attribue le sacrifice de la croix à Satan par son interprétation de Daniel 9:27 et qui est maintenue par les réprouvés ou pseudo-chrétiens.

 

A Christ seul soit la Gloire

 

 

 


Notes de l'article

1 Ces renseignement proviennent de l'ouvrage cité précédemment. Pour le modèle et la citation suivante, ils sont extraits de Découpant droit la Parole de vérité, Cyrus Scofield. Rien que le titre est tout un programme…
2 Une connaissance nouvelle, apportée par une nouvelle révélation divine, entraînerait une responsabilité accrue par rapport à l'ancienne dispensation.
3 Selon C. Ryrie; et aussi cette citation qu'il rapporte: «Tous les événements qui se déroulent dans le monde créé par Dieu ont pour but de manifester la gloire de Dieu. L’erreur des théologiens de l’alliance est de fondre toutes les nombreuses facettes du dessein de Dieu dans l’unique but d’accomplir l’alliance de la grâce. Sur le plan de la logique, ils commettent l’erreur de désigner un seul aspect d’un tout comme le facteur déterminant.» (John F. Walvoord, The Millennial Kingdom, Finlay, Ohio: Durham, 1959, p. 92).
4 Confession de foi de Wesminster, ch. 3 (Le décret de Dieu), § 5 et 6. références bibliques: Éphésiens 1:4,9,11; Romains 8:30; 2 Timothée 1:9; 1 Thessaloniciens 5:9; Romains 9:11,13,16; Éphésiens 1:4,9; Éphésiens 1:6,12; 1 Pierre 1:2; Éphésiens 1:4,5; 2:10; 2 Thessaloniciens 2:13; 1 Thessaloniciens 5:9,10; Tite 2:14; Romains 8:30; Éphésiens 1:5; 2 Thessaloniciens 2:13; 1 Pierre 1:5; Jean 17:9; Romains 8:28-39; Jean 6:64,65; 10:26; 8:47; 1 Jean 2:19.
5 En usage dans la tradition papale romaine. En savoir plus sur le Commonitorium de Vincent de Lérins.
6 Dans Notes sur les cinq livres de Moïse de C.H. Mackintosh (Éditions Bibles et traités chrétiens, Vevey, 1983 pour la onzième édition), l'auteur n'interprète pas les six jours de la Création de manière littérale, mais «spiritualise» le déroulement des débuts du monde et de l'humanité, faisant moult renvois aux vérités du Nouveau Testament. Il ne commente pas le fait même de la Création, mais s'en sert comme si c'était une parabole destinée à nous parler de la relation du chrétien au Christ et à son Assemblée. Le livre de W. Kelly, Notes sur le livre de la Genèse, va plus loin et introduit les ères géologiques dans les six jours de la Genèse !
7 Lire à ce sujet Méditations sur les épîtres prophétiques aux sept églises, de J.N. Darby, Londres 1852.
8 Citation de l'ouvrage de C. Ryrie.
9 Bien que C. Ryrie parle plutôt de spirale, vision du temps propre à la théosophie soit-dit en passant, il y a effectivement une succession de cycles où se répètent toujours le même schéma à chaque nouvelle dispensation: révélation, responsabilité, faillite humaine, jugement et préservation d'un reste fidèle. En ajoutant le progrès de la Révélation comme une troisième dimension, la succession de cycles s'étire en une forme de spirale, comme une frise de papier coupée en cercles concentriques et que l'on déplie.
10 En invoquant la condamnation du système mondain sous la domination satanique, cette forme de piétisme se fait un devoir spirituel de s'en détacher absolument, au point de ne s'engager dans le témoignage pour les humains meurtris par le péché que de manière distante et sans considération de ce que la pensée réformée a appelé le mandat créationnel. C'est une des raisons pour laquelle le protestantisme évangélique a perdu rapidement son influence sur la société au début du XXème siècle, lui étant reproché de ne s'occuper que des fins dernières et de la félicité future et non des solutions concrètes à apporter aux problèmes concrets des hommes et des femmes de la terre. Ce désintérêt pour le monde, dont chaque croyant tout de même est issu, a laissé le champ libre aux philosophies matérialistes et idéologies anti-chrétiennes qui désormais règnent en maître sur les sphères intellectuelles et politiques de notre société occidentale. Toutefois, pour être juste, rappelons quand-même que le courant dispensationaliste a, à l'époque, grandement œuvré sur le terrain des missions, et qu'on ne peut lui reprocher un manque de zèle dans l'évangélisation des peuples.
11 Découpant droit la Parole, Cyrus Scofield, version numérique, Ch. 2.
12 Fuller, The Hermeneutics of Dispensationalism, p. 25.
13 La théologie des églises traditionnelles romaines, orthodoxes et des églises protestantes luthériennes et calvinistes converge sur le fait que l’Église est le nouvel Israël, et que les juifs ont été mis à part du plan du salut, conformément à l'enseignement apostolique.
14 George E. Ladd, Crucial Questions About the Kingdom of God, Grand Rapids, 1952, Eerdmans, p. 104.
15 Ibid, p. 114.
16 Berkhof, Systematic Theology, p. 713.
17 Mots grecs de la même racine utilisés: βασιλεία = règne, royaume; βασιλεύς = roi, empereur; βασιλεύω = régner, être roi. La précision de Dieu, des cieux, éternel, n'avait que le seul but de spécifier que le Christ ne parlait pas d'un royaume humain, comme les Juifs de son temps l'espéraient.
18 Citation de C. Ryrie.
19 La prophétie d'Ésaïe envisageait le tri qui allait s'opérer avec la fin du royaume d'Israël et du royaume de Juda et les deux exils dont les premiers ne reviendront jamais et les seconds en nombre bien amoindri. Mais sa citation en Romains implique également que cette prophétie était en train de connaître un nouvel accomplissement avec la mise à l'écart du judaïsme au profit d'un peuple inter-ethnique composé uniquement de croyants au Messie, Grecs et Juifs confondus.
20 Citation de C. Ryrie dans l'ouvrage déjà cité.
21 Idem.
22 Deutéronome 18:18; Ésaïe 8:23; 11:10; 42:1; 49:6; 55:5; 66:18; Osée 1:10 (Cf Romains 9:25-29); Amos 9:12; Zacharie 2:11.
23 Luc 24:21; Jean 11:47-50.
24 Charles Hodge, Systematic Theology, Londres, 1872, vol. 2, p. 368.