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Mais ce n’est rien d’autre que davantage de « moi
». La démarche chrétienne, au contraire,
consiste à se lasser tellement de soi que l’on
peut commencer à regarder à Jésus. Nous avons
tous déjà rencontré ce genre de personne
spirituelle. Le genre merveilleux, qui aime le
Seigneur, qui prie et lit la Bible sans arrêt. Mais
qui ne pense en fait qu’à elle-même. Non qu’elle
soit une personne égoïste aux yeux de ses
pareils. Mais elle est au centre de tout ce qu’elle
fait. « Comment puis-je mieux témoigner?
Comment puis-je mieux faire? Comment puis-je
mieux venir en aide à cette personne? » C’est
moi, moi et moi; un moi si bien déguisé qu’il est
difficile à reconnaître tant son discours spirituel
est désarmant. Une telle personne ne connaît
rien de la grâce du salut, elle s'imagine
simplement être chrétienne à cause des choses
qu'on lui a dit ou qu'elle a entendu, lorsqu'elle
est réellement encore païenne et sur la voie de la
perdition éternelle. On ne peut idolâtrer «le Moi»
et adorer Christ en même temps, le Seigneur
Jésus est clair sur cela, on ne peut servir deux
maîtres (Mat. 6:24).
Il est intéressant que Peterson propose la même
analyse que David Wells de la culture
évangélique, identifiant l’idolâtrie à une
excessive concentration sur soi, qu’il perçoit
comme un problème de la culture ecclésiale et
pas seulement une caractéristique pécheresse de