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5.3 4 Des genres poétiques

Si on ne considère pas les dictons des sages ni les oracles des prophètes, mais qu'on considère seulement les poésies plus étendues, on trouve trois grands genres poétiques dans l'A.T.:

• les cantiques,
• les chansons de la vie quotidienne
• et quelques poésies de la tradition sapientiale.

Ici nous ne traiterons que des cantiques (psaumes) et de la poésie sapientiale.

Les psaumes sont des textes liturgiques (même la plupart de ceux qui ont une forme individuelle, 1ère personne du singulier, sont des paroles liturgiques). Telle est actuellement une des présuppositions de presque toute recherche sur les psaumes, surtout la recherche qui s'inspire de l'approche de Gunkel (l'analyse des genres), à tel point qu'on appelle souvent le livre des Psaumes "le livre des cantiques du temple de Jérusalem". On peut diviser ces textes liturgiques en quelques grandes catégories par leur contenu: louange dites "hymnes", supplication, action de grâces et psaumes royaux classe plus variée mais unifiée par leur lien avec le roi./111

Essayer de discerner le genre d'un psaume nous force à regarder son contenu, à imaginer son usage dans la vie de l'ancien Israël et à voir s'il correspond à une forme bien définie.

L'hymne se caractérise par sa louange désintéressée, en déclamant sa grandeur il ne demande rien à Dieu. Il est théocentrique. Comparé aux autres genres poétiques sa forme est plus stable. L'hymne commence par une INVITATION à louer Dieu souvent, mais pas toujours, à l'impératif pluriel. Le DEVELOPPEMENT indique les motifs de cette louange elle est souvent liée à l'INTRODUCTION par la préposition כִּי "car". On trouve assez fréquemment une CONCLUSION qui peut reprendre des éléments de l'INTRODUCTION et parfois une bénédiction.

La supplication peut s'exprimer de façon individuelle ou collective, seules les personnes des verbes les distinguent. (La question est discutable, cependant il est possible d'imaginer qu'un représentant de la communauté, parfois peut être le roi, ait chanté la supplication "individuelle". Cette hypothèse convient au moins dans certains cas.) Les supplications présentent parfois une forme semblable à celle des hymnes; l'INTRODUCTION contient un appel à Dieu, qui se résume souvent par une ADRESSE, voir même un simple vocatif. Le DEVELOPPEMENT décrit normalement dans des termes assez généraux et imprécis la situation lamentable du suppliant. Quand la supplication se réfère à une situation dans la vie nationale, il n'est pas surprenant d'y trouver une esquisse historique. La CONCLUSION, souvent assez longue, exprime la confiance d'être exaucé; elle peut devenir même une ACTION DE GRACES.

Le Sitz im Leben des supplications communautaires est indiqué dans l'A.T. Au temps de désastre national, il y avait des journées de lamentation et de supplication (peut être associées aux jeûnes). On les trouve dès l'ancien temps (Jg 20.26-8) et à l'époque après l'exil il y avait régulièrement de supplications (Za 8.19).

Les actions de grâces trouvent probablement leur Sitz im Leben avec les sacrifices d'action de grâces זֶבַח תּוֹדַת (Ps 100.1 et 116.13,17); les psaumes d'action de grâces sous forme communautaire sont aussi à situer avec des sacrifices (cf. 2 Ch 7.1-3, surtout le refrain "Car il est bon, et sa fidélité est pour toujours." avec le Ps 136 dont le refrain est "et sa fidélité est pour toujours.").

Leur forme est assez régulière: une INTRODUCTION (courte ou parfois omise) exprime l'intention de l'utilisateur du psaume de rendre grâce au SEIGNEUR, elle est suivie d'un NARRATIF qui décrit la détresse du fidèle, son cri au SEIGNEUR de l'aider et la délivrance qu'il a reçue; le cantique termine une DECLARATION soit de l'intention du psalmiste de rendre grâce, soit de la miséricorde divine, ou d'une PRIERE qui demande son aide encore à l'avenir.

La poésie sapientiale comprend des psaumes et des poésies avec un contenu semblable aux proverbes ou qui parle de la sagesse et de son acquisition, et des poésies qui discutent un problème philosophique ou théologique. Leurs formes sont très variées. On trouve des exemples dans Pr 1-9; Job (et Job 28) et Ps 1; 37; 49; 73; 112; 128; 133 etc.. C'est par leur contenu (p.ex. d'enseignement), et surtout par la présence des dictons sapientiaux (cf. Ps 37.16) plutôt que par la forme qu'on reconnait leur Sitz im Leben sapiential./113

Prochaine section: 5.3 5 Des genres narratifs

Ce manuel a été rédigé par le Dr Tim Bulkeley à l'intention des étudiants africains de théologie de l'Université protestante du Congo. Il est mis en forme électronique hypertexte par lui en 2003-4.

Toute partie de cet ouvrage peut être copiée par quelque moyen que ce soit, à la seule condition de retenir cette mention intacte sur chaque page.

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