Page 998 - Dictionnaire Westphal

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BARABBAS
(araméen
Bar-Abba
=fils du père, ou d'Abba). Brigand (Jn18:40), mis en prison pour
sédition et meurtre (Lu 23:18), encompagnie d'autres meurtriers (Mr 15:7); personnage
connu àJérusalem (Mt 27:16); fut relâché à l'occasion des fêtes de laPâque, le jour de
la mort de Jésus. Cet épisode est commun aux quatreévangiles, avec de menues
divergences:
1.
Marc (Mr 15:6,14) donne à la foule l'initiative dedemander la grâce
habituelle pour la Pâque. Pilate offre de délivrerJésus; poussée par le clergé, la foule
réclame alors Barabbas.
2.
Matthieu (Mt 27:15-23) montre Pilate se réclamant
del'usage pour offrir d'emblée le choix entre Barabbas et Jésus. Lafoule, guidée par le
clergé, choisit Barabbas.
3.
Luc (Lu 23:18-25) ne parle ni de la coutume, pascale,ni de
l'intervention du clergé. Pilate tire argument de l'innocencede Jésus, et propose de le
relâcher. La foule demande Barabbas.
4.
Jean (Jn 18:39
et suivant
) présente les choses
commeLuc, mais fait faire allusion par Pilate à la coutume pascale. On peuten
conclure que Barabbas a permis au procurateur de tenter unediversion (d'ailleurs
vainement) pour détourner la colère des Juifs,d'un innocent sur un coupable, et que
selon la prophétie (Esa53:12, citée Lu 22:37), non seulement d'une manière
générale,«juste, Jésus est mort pour des injustes» (1Pi 3:18, cf. Ro5:8), mais d'une
manière précise et exacte, le «Saint et le Juste»est mort à la place d'un brigand, le
«Prince de la vie» à la placed'un «meurtrier», comme le dira courageusement Pierre (Ac
3:14). Tous ces témoignages s'opposent aux hypothèses (Jérôme, etc.)d'après
lesquelles le nom de
Bar-A bbas
(fils du père, ou dumaître, ou, suivant une forme
voisine admise par Renan,
Bar-Rabban
=fils du rabbin) aurait représenté réellement
unpersonnage populaire parmi les Juifs, un meneur antiromain. Aussiimprobable est
l'appellation qui se trouve dans quelques manuscritset versions de Mt 27:17:
«Jésus
Barabbas,
ou Jésus qu'onappelle Christ?» Si les noms eux-mêmes avaient
effectivement marquéun contraste aussi dramatique (dont Origène et beaucoup
d'autres à sasuite ont tiré de grands effets d'édification), il aurait été mis enévidence
ailleurs que dans ce seul v. 17: d'abord au verset 20, puisdans les trois autres
évangiles; c'est donc une erreur de copiste,qui pourrait s'expliquer par la répétition des
deux dernières lettresdu mot grec précédent, lesquelles étaient couramment employées
commeabréviation du nom de Jésus. Jq. L.